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24 septembre. Notre Dame de la Merci et l'Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Merci pour la rédemption des capti

- Notre Dame de la Merci et l'Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Merci pour la rédemption des captifs. 1218 ; 1621.
.
Papes : Honorius III ; Paul V.

" Redemit eos de manu inimici."
" Elle les a délivré des mains de l'ennemi."
Psalm. CV, 10.


Chapelle Notre Dame de la Merci.
Cathédrale Saint-Pierre. Montpellier.

Dans l’expression Notre-Dame de la Merci, le mot Merci traduit l’espagnol merced qui signifie grâce, ou le latin merces qui signifie rançon. A l’origine de l’Ordre des Mercédaires qui s’occupèrent de racheter les chrétiens captifs des musulmans, Notre-Dame apparut à saint Pierre Nolasque (fête le 31 janvier), à saint Raymond de Penyafort (fête le 23 janvier) et au roi Jacques I° d’Aragon.

Au milieu de la nuit du 1er août 1218, alors que l’Eglise célébrait la fête de Saint-Pierre-aux-Liens, la vierge Marie, accompagnée d’anges et de saints, apparut à saint Pierre Nolasque et lui dit :
" Mon fils, je suis la Mère du Fils de Dieu qui, pour le salut et la liberté du genre humain, répandit tout son sang en souffrant la mort cruelle de la Croix ; je viens ici chercher des hommes qui veuillent, à l’exemple de mon Fils, donner leur vie pour le salut et la liberté de leurs frères captifs. C’est un sacrifice qui lui sera très agréable. Je désire donc que l’on fonde en mon honneur un Ordre dont les religieux, avec une foi vive et une vraie charité, rachètent les esclaves chrétiens de la puissance et de la tyrannie des Turcs, se donnant même en gage, s’il est nécessaire, pour ceux qu’ils ne pourront racheter autrement. Telle est, mon fils, ma volonté ; car, lorsque dans l’oraison tu me priais avec des larmes de porter remède à leurs souffrances, je présentais tes vœux à mon Fils qui, pour ta consolation et pour l’établissement de cet Ordre sous mon nom, m’a envoyée du ciel vers toi."


Saint Pierre Nolasque et l'apparition de l'ange.

Saint Pierre Nolasque répondit :
" Je crois d’une foi vive que vous êtes la Mère du Dieu vivant et que vous êtes venue en ce monde pour le soulagement des pauvres chrétiens qui souffrent dans une barbare servitude. Mais que suis-je, moi, pour accomplir une œuvre si difficile au milieu des ennemis de votre divin Fils et pour tirer ses enfants de leurs cruelles mains ?"
Et Notre-Dame de lui répondre :
" Ne crains rien, Pierre, je t’assisterai dans toute cette affaire et, pour que tu aies foi en ma parole, tu verras bientôt l’exécution de ce que je t’ai annoncé et mes fils et mes filles de cet Ordre se glorifieront de porter des habits blancs comme ceux dont tu me vois revêtue."
En disant cela, la Vierge disparut.


Saint Raymond de Penyafort.

Pierre Nolasque passa en prière le reste de la nuit puis rejoignit Raymond de Penyafort qui lui dit :
" J’ai eu cette nuit la même vision que vous : j’ai été aussi favorisé de la visite de la Reine des anges et j’ai entendu de sa bouche l’ordre qu’elle me donnait de travailler de toutes mes forces à l’établissement de cette religion et d’encourager dans mes sermons les catholiques fidèles à venir en aide à une œuvre de charité si parfaite. C’est pour remercier Dieu et la très sainte Vierge que j’étais venu si matin à la cathédrale."
Le roi Jacques Ier d’Aragon entra alors dans la cathédrale et leur dit :
" La glorieuse Reine des anges m’est apparue cette nuit, avec une beauté et une majesté incomparables, m’ordonnant d’instituer, pour la rédemption des captifs, un Ordre qui porterait le nom de Sainte-Marie de la Merci ou de la Miséricorde ; et, comme je connais en toi, Pierre Nolasque, un grand désir de racheter les esclaves, c’est toi que je charge de l’exécution de cette œuvre. Pour toi, Raymond, dont je sais la vertu et la science, tu seras le soutien de l’Ordre par tes prédications."

Le 10 août donc de l'an du Seigneur 1218, le roi Jacques Ier exécuta le dessein précédemment mûri par ces saints personnages ; par un quatrième vœu, les nouveaux religieux s'obligeaient à rester en gage sous puissance des païens, s'il était nécessaire pour la délivrance des chrétiens. Le roi leur accorda de porter sur la poitrine ses propres armes ; il prit soin d'obtenir de Grégoire IX la confirmation d'un institut religieux que recommandait une charité si éminente envers le prochain.

Mais lui aussi Dieu même, par la Vierge Mère, donna tels accroissements à l'œuvre, qu'elle fut bientôt heureusement connue dans le monde entier ; elle compta nombre de sujets remarquables en sainteté, piété, charité, recueillant les aumônes des fidèles du Christ et les employant au rachat du prochain, se livrant eux-mêmes plus d'une fois pour la délivrance d'un grand nombre. Il convenait que pour une telle institution, pour tant de bienfaits, de dignes actions de grâces fussent rendues à Dieu et à la Vierge Mère ; et c'est pourquoi le Siège apostolique, après mille autres privilèges dont il avait comblé cet Ordre, accorda la célébration de cette fête particulière et de son Office.


Statue du roi Jacques Ier d'Aragon. Madrid.

Septembre se termine avec la lecture du livre de Judith et de celui d'Esther en l'Office du Temps. Libératrices glorieuses, qui figurèrent Marie dont la naissance illumine ce mois d'un éclat si pur, dont, sans plus tarder, le secours est acquis au monde.

" Adonaï, Seigneur, Vous êtes grand ; nous Vous admirons, Dieu qui remettez le salut aux mains de la femme " (Ant. ad Magnificat in Iis Vesp. Dom. IV septembr.) : ainsi l'Eglise ou re l'histoire de l'héroïne qui sauva Béthulie par le glaive, tandis que, pour arracher son peuple à la mort, la nièce de Mardochée n'employa qu'attraits et prières. Douceur de l'une, vaillance de l'autre, beauté des deux, la Reine que s'est choisie le Roi des rois éclipse tout dans sa perfection sans rivale ; or, la fête présente est un monument de la puissance qu'elle déploie pour délivrer, elle aussi, les siens.

Le Croissant ne grandissait plus. Refoulé sur la terre des Espagnes, contenu en Orient par le royaume latin de Jérusalem, on le vit, dans le cours du XIIe siècle, demander plus que jamais à la piraterie les esclaves que la conquête avait cessé de lui fournir. Moins inquiétée par les croisés d'alors, l'Afrique sarrasine courut la mer pour alimenter le marché musulman. L'âme frémit à la pensée des innombrables infortunés de toute condition, de tout sexe, de tout âge, enlevés sur les côtes des pays chrétiens ou capturés sur les flots, et subitement distribués entre le harem ou le bagne.

.Il y eut là pourtant, sous l'affreux secret de geôles sans histoire, d'admirables héroïsmes où Dieu ne fut pas moins honoré que dans les luttes des anciens martyrs remplissant à bon droit le monde de leur renommée ; sous l'œil surpris des Anges, après douze siècles, il y eut là pour Marie l'occasion d'ouvrir, dans le domaine de la charité, des horizons nouveaux où les chrétiens restés libres, se dévouant à sauver leurs frères, feraient preuve eux-mêmes d'héroïsmes encore inconnus. Et n'est-ce point là, amplement justifiée, la raison qui permet le mal passager de cette terre ? sans lui, le ciel, qui doit durer toujours, eût été moins beau à jamais.

Lorsque, en 1696, Innocent XII étendit la fête de ce jour à l'Eglise entière, il ne fit qu'offrir à la reconnaissance du monde le moyen de s'exprimer dans un témoignage aussi universel que l'était le bienfait.

A la différence de l'Ordre de la Très Sainte Trinité qui l'avait précédé de vingt ans, celui de la Merci, fondé pour ainsi dire en plein champ de bataille contre les Maures, compta plus de chevaliers que de clercs à son origine. On le nomma l'Ordre royal, militaire et religieux de Notre-Dame de la Merci pour la rédemption des captifs. Ses clercs vaquaient plus spécialement à l'accomplissement de l'Office du chœur dans les commanderies ; les chevaliers surveillaient les côtes, et s'acquittaient de la mission périlleuse du rachat des prisonniers chrétiens. Saint Pierre Nolasque fut le premier Commandeur ou grand Maître de l'Ordre ; on le retrouva, lors de l'invention de ses précieux restes, armé encore de la cuirasse et de l'épée.
 
PRIERE
 
" Soyez bénie, ô vous, l'honneur de votre peuple et notre joie (Judith, XV, 10.) ! Au jour de votre Assomption glorieuse, c'était bien pour nous que vous montiez prendre possession de votre titre de Reine (Esther, IV, 14.) ; les annales de l'humanité sont pleines de vos interventions miséricordieuses. Ils se comptent par millions ceux dont vous fîtes tomber les chaînes, les captifs arrachés par vous à l'enfer du Sarrasin, vestibule de celui de Satan.
 
En ce monde qui tressaille au souvenir récemment renouvelé de votre bénie naissance, votre sourire a suffi toujours pour dissiper les nuages, pour sécher les pleurs. Que de douleurs encore cependant sur cette terre où, dans les jours de votre mortalité, vous-même voulûtes goûter à si longs traits au calice des souffrances ! Douleurs sanctifiantes pour quelques-uns, douleurs fécondes ; hélas ! aussi, douleurs stériles et pernicieuses d'infortunés qu'aigrit l'injustice sociale, pour qui l'asservissement de l'usine, l'exploitation aux mille formes du faible par le fort, apparaît bientôt pire que n'eût été l'esclavage d'Alger ou de Tunis.
 
Vous seule, Ô Marie, pouvez dénouer ces inextricables liens dont l'ironie du prince du monde enserre une société qu'il a dévoyée au nom des grands mots d'égalité et de liberté. Daignez intervenir ; montrez que vous êtes Reine. La terre entière, l'humanité vous dit comme Mardochée à celle qu'il avait nourrie : Parler au Roi pour nous, et délivrez-nous de la mort (Ibid. XV, 1-3.).

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dimanche, 24 septembre 2023 | Lien permanent | Commentaires (3)

7 novembre. Saint Willibrord, apôtre de la Frise, de la Zélande, de la Flandre et du Brabant. 738.

- Saint Willibrord, apôtre de la Frise, de la Zélande, de la Flandre et du Brabant. 738.

Pape : Saint Grégoire III. Roi des Francs : Thierry IV.

" C'est à la moisson qu'ils savent faire des âmes que l'on juge de la vertu des prédicateurs."
Saint Grégoire le Grand.


Saint Willibrord. Peinture sur bois.
Eglise Saint-Willibrord. Gravelines. Flandres.

Né en Northumbrie, Angleterre, 658 ; mort à Echternach, Luxembourg, 739. Son nom indique qu'il est de lignée Saxonne (Willi est une grande divinité de la mythologie nordique ; brord indique " sous la protection de ").

Willibrord, premier archevêque d'Utrecht, est un des missionnaires envoyés par les Chrétiens Anglo-saxons un siècle après qu'ils aient eux-même été christianisés par des missionnaires dans le Sud et l'Est de l'Angleterre, venus de Rome et du Continent, et par le nord et l'ouest via les peuples Celtiques d’Écosse, Irlande et Pays de Galles.

Notre information sur Willibrord provient de Bède le Vénérable (Histoire de l'Eglise et du peuple Anglais, 5, 10-11.) et d'une biographie de son jeune parent, le bienheureux Alcuin, ministre de l'éducation sous l'empereur Charlemagne. Willibrord naquit en Northumbrie vers 658, et étudia en France et en Irlande.

Bien que leur nom de famille était clairement païen, ses parents étaient Chrétiens. Le père de Willibrord était un si pieux Chrétien qu'à ses frais, il fonda un petit monastère près de la mer et partit y vivre.


Basilique Saint-Willibrord : ancienne abbatiale bénédictine fondée
par saint Willibrord. Echternach, Grand-duché de Luxembourg.

Comme beaucoup d'enfants de l'époque, à 7 ans, Willibrord fut envoyé dans un autre monastère, à Ripon, pour y être éduqué sous saint Wilfrid. (La Règle de saint Benoît parle d'oblats offerts au monastère par leurs parents. La mère de Willibrord était soit morte, soit avait pris le voile.

A cette époque, les moines interprétaient fort librement leur vœu d'attachement à une communauté, et nombre d'entre eux partaient complèter leur éducation en Irlande, si célèbre pour son érudition. Durant 12 ans, Willibrord étudia à Rathmelsigi sous les Saints Egbert et Wigbert, et y fut ordonné prêtre en 688.

C'est à Rathmelsigi que commence la véritable histoire de Willibrord, car Egbert avait un but favori qu'il partageait avec nombre de ses moines. Il planifiait d'envoyer des missionnaires sur le Continent, et en particulier auprès des païens Germains en Frise. C'était une excellente opportunité pour gagner un peuple entier à Dieu, et aussi pour gagner la couronne du martyr. Willibrord, âgé de 32 ans, fut choisit par Egbert pour diriger 11 autres moines Anglais, par delà la Mer du Nord jusqu'en Frise.


Saint Willibrord. Troparium epternacense prov. de sacramentarium. Xe.

On décrit Willibrord comme plus petit que la moyenne et joyeux. Il apprenait vite une langue, avait bonne éducation, soif d'aventure, et un grand sens de l'humour. Et surtout, Foi, espérance et charité.

A l'automne 690, les 12 arrivèrent à Katwijk-aan-Zee, à l'une des embouchures du Rhin. De là ils suivirent le fleuve jusque Wij-bij Durstede (Hollande), et cherchèrent Pépin II d'Herstal, maire du palais de Clovis II, roi des Francs. Pépin venait juste d'arracher la Basse Frise au duc païen Radbod, considéré comme un ours sauvage, qui régnait en tyran sur des étendues de boues sablonneuses et empoisonnait ses ennemis.

A peine avait-il rencontré Pépin et reçut son soutien pour la conversion des Frisons, qu'il partit pour Rome afin de demander conseil au pape Serge Ier, et recevoir ses ordres pour la mission. Avant son départ, il fut consacré pour cette oeuvre par ce pape.

Pour sa seconde visite à Rome, en 695, Willibrord arriva à convaincre le pape Serge II que la jeune mission avait besoin d'un évêque indépendant tant de York que de Pépin II ; et Serge, pour sa part, réalisa que la seule personne capable de remplir une telle tâche, qui nécessitait autant de tact que d'énergie, était Willibrord.


Consécration de saint Willibrord. Gravure du XVIIIe.

Et c'est ainsi qu'il fut consacré archevêque le 22 novembre - le jour de la fête de sainte Cécile, dans l'église Sainte-Cécile. Probablement parce qu'un Sicilien ne parvenait pas à prononcer convenablement " Willibrord ", Serge insista pour changer le nom du saint en " Clément ", un choix qui pourrait avoir été influencé par la douceur flegmatique de l'Anglois. Serge le renvoya dans son troupeau, avec quelques reliques et le titre d'archevêque des Frisons.

De retour dans ses brumes nordiques, Clément-Willibrord, qui utilisait rarement son nom latin, créa son siège à Utrecht. Ainsi, il inaugura une colonie anglaise en Europe continentale, qui eut une forte influence religieuse durant 100 ans.

Au contraire des évêchés modernes, remplis d'administrateurs et d'équipement, l'archiépiscopat de Willibrord était vivant. Il était sans arrêt en chemin, comme ses moines missionnaires, prêchant de village en village. Progressivement, il fonda dans chaque hameau une paroisse, avec son propre prêtre et les liturgies illuminées par l'esprit Bénédictin. Willibrord et saint Boniface de Crediton furent ensemble responsables de l'institution de chorepiscopi, " évêques régionnaires ", dans cette partie de l'Europe occidentale, afin de les aider dans leur travail.

Willibrord était adroit pour traiter avec les puissants du lieu, qui avaient les terres, l'argent et la puissance nécessaire pour soutenir son œuvre. Il utilisa ces grands, en fit des serviteurs de l’Évangile, mais ne leur fut jamais subordonné, ni prêt à donner sa bénédiction pour leurs folies. Il obtint d'eux de grandes étendues de terres qu'il transforma en villages et paroisses, comme Alphen dans le nord Brabant. Avec leur argent, il fonda des monastères qui servirent de centres d'illumination intellectuelle et religieuse.

Willibrord était apparemment opposé au travail des Culdees, qu'il rencontra.

 


Église Saint-Willibrord. Gravelines. Flandres.

Vers 700, il fonda un second important centre missionnaire, à Echternach, sur les bords de la Sure, dans l'actuelle jonction entre le Grand-Duché de Luxembourg et l'Allemagne. Il continua à évangéliser, en particulier la zone nord des pays de l'actuel Benelux, bien qu'il semble qu'il aie aussi exploré le Danemark et peut-être la Thuringe (Haute Frise). Un jour, il faillit mourir en mission - il fut attaqué par un prêtre païen à Walcheren, pour avoir détruit une idole.

C'est en 714 que Willibrord baptisa Charles Martel, le fils de Pépin le Bref.

Durant la période 715-719, Willibrord expérimenta des revers durant la révolte des Frisons contre les Francs. A la mort de Pépin 2, le 16 décembre 714, le duc Radbod, qui lui avait fait allégeance mais n'avait jamais été convertit, envahit les territoires qu'il avait perdus contre Pépin d'Herstal. Il massacra, pilla, brûla et vola tout ce qu'il put trouver portant la marque Chrétienne.


Tombeau de saint Willibrord.
Basilique Saint-Willibrord. Grand-duché de Luxembourg.

Mais bien vite, la querelle de succession interne à la famille de Pépin ayant été résolue par l'habileté de Charlemagne, Radbod et ses alliés de Neustrie furent battus par Charlemagne et ses Austrasiens, dans la forêt de Compiègne, le 26 septembre 715. Il y aura encore d'autres soulèvements jusqu'à la mort de Radbod en 719, mais Willibrord et ses missionnaires seront à même de réparer les dégâts et de renouveler leur œuvre. Vers 719, Boniface les rejoignit et travailla avec eux en Frise durant 3 ans, avant de partir pour la Germanie.

La réussite missionnaire de Willibrord ne fut pas spectaculaire - la rapidité et le nombre des conversions ont été exagérées par les auteurs postérieurs - mais ce furent de solides fondations posées ; " sa charité était manifeste dans son incessant travail quotidien pour l'amour du Christ " (Alcuin). On l'appelle l'Apôtre des Frisons.

Il mourut alors qu'il faisait retraite à Echternach, le 7 novembre 739. Son maigre corps fut placé dans un sarcophage de pierre, que l'on peut toujours y voir.

Durant le début du VIIIe siècle, un moine d'Echternarch composa un calendrier des saints, dont nombre étaient en relation avec les passages de la vie de Willibrord. Le Calendrier de saint Willibrord est à présent à la Bibliothèque Nationale à Paris, manuscrit latin ms. 10.837, et est du plus haut intérêt pour les étudiants en hagiographie ; à la date du 21 novembre 728 (folio 39) on trouve plusieurs lignes autobiographiques rédigées par Willibrord en personne, donnant les dates de son arrivée en France et son ordination comme évêque. (Attwater, Delaney, Encyclopaedia, Grieve, Verbist).


Buste reliquaire de saint Willibrord.
Eglise Saint-Willibrord. Gravelines. Flandres.

Dans l'art, l'emblème de Saint Willibrord est un tonneau sur lequel il pose sa croix. L'abbaye d'Echternach est derrière lui, et il est vêtu de la tenue épiscopale. On trouve aussi les variantes suivantes :
1. en tenue épiscopale, il pose sa croix sur une source, avec un tonneau, 4 flacons, et l'abbaye en arrière-plan ;
2. évêque portant un enfant, ou avec un enfant à proximité ;
3. évêque avec la cathédrale d'Utrecht derrière lui ;
4. en moine, avec un bateau et un arbre.

On l'invoque contre les convulsions et l'épilepsie (Roeder).

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mardi, 07 novembre 2023 | Lien permanent

22 décembre. Bienheureuse Marie Mancini, de Pise, de l'ordre de Saint-Dominique. 1431.

- Bienheureuse Marie Mancini, de Pise, de l'ordre de Saint-Dominique. 1431.

Papes : Martin V (+1431) ; Eugène IV.

" Placez vos richesses dans le ciel, et le poids de votre veuvage deviendra tolérable."
Saint Jean Chrysostome.


Bienheureuse Marie Mancini. Imagerie populaire.
D'après un anonyme italien du XVIIe.

La bienheureuse Marie, que le monde appelait Catherine, naquit à Pise vers la fin du XIVe siècle. Son père, nommé Barthélémy, était de la noble famille des Mancini, fameuse alors en Toscane. Humble et pure, ses premières années s'écoulèrent dans la paix et les soins pieux de la famille. Encore au berceau, elle reçut de son ange un avertissement qui préserva ses jours. Plus tard, ce même ange lui apparut dans une autre vision, et dès lors entre elle et lui s'établit un mystérieux échange de prières, de grâces et de pieux avis.

Bien jeune encore, notre bienheureuse - qui était d'une grande beauté - fut mariée, et de cette union eut deux filles qui, après quelques jours de vie, s'envolèrent au ciel. Son mari lui-même passa bientôt de ce monde à l'autre. La bienheureuse avait pris un époux non par choix mais par obéissance ; l'obéïssance lui fit accepter un second mariage. Elle en eut cinq fille et un fils.

Marie sut joindre à ses travaux de mère, à ses devoirs d'épouse, la contemplation la plus haute, la plus large, et la plus tendre charité. Les pauvres étrangers et les malades trouvaient dans la maison de cette pieuse dame les secours les plus empressés et les soins les plus affectueux : elle aimait à remplir envers les membres souffrants de Notre Seigneur Jésus-Christ tous les devoirs de la charité.


Primatiale Notre-Dame-de-l'Assomption. Pise.

Veuve une seconde fois, et ayant vu mourir tous ses enfants, elle refusa désormais les alliances terrestres et résolut de mener une vie plus austère. Aussi fit-elle voeu de jeûner quatre fois la semaine, de flageller son corps par des disciplines quotidiennes, de ne s'accorder que le sommeil nécessaire sur un lit de bois, et de s'adonner nuit et jour à l'oraison. Elle ajoutait à ces pieux exercice le travail manuel qui lui procurait les aliments nécessaires, et souvent elle les donnait, pleine de joie, aux malades et aux indigents. Elle demandaient sans cesse à Dieu de se conformer en tout à sa sainte volonté.

Vers ce temp-là, sainte Catherine de Sienne vint à Pise : Marie eut avec elle des rapports très intimes et en reçut de salutaires avis. A son exhortation, elle prit l'habit des soeurs de l'ordre de Saint-Dominique, que l'on nommait alors soeurs de la Pénitence, et peu après elle résolut d'entrer dans une maison d'observance. Car, comme toutes les religieuses vivaient de leurs propres revenus, Marie mena une vie commune avec six compagnes qui étaient à sa charge, et qu'elle dirigeait avec prudence. Son amour pour la perfection lui fit quitter ce couvent pour passer, avec la bienheureuse Claire, dans celui de Saint-Dominique que venait de fonder Pierre Gambacorti, père de celle-ci.


Bienheureuse Claire Gambacorti.
Imagerie populaire. D'après un anonyme italien du XVIIe.

Alors, de concert avec quelques compagnes embrasées de la même ardeur, elle fit tous ses efforts pour mettre en vigueur la stricte observance de la règle, et tel fut son zèle qu'à la moirt de la bienheureuse Claire, les religieuses l'urent prieure.

On raconte mille choses merveilleuses dont fut remplie la vie cloîtrée de notre bienheureuse Marie Mancini : visions célestes, étranges et terribles assauts de l'enfer, excès héroïques de pénitence, immense charité, tendre et généreuse compassion pour les pauvres âmes du purgatoire.

Enfin, avancée en âge, elle s'envola au ciel en l'année 1431.

Son corps, tiré du tombeau quelques années après sa mort, fut placé sur les autels et devint l'objet d'un culte perpétuel. La souverain pontife Pie IX, après avoir consulté la sacrée Congrégation des Rites, l'approuva canoniquement le 2 août 1855, et accorda à tout l'ordre des Frères Prêcheurs, ainsi qu'au diocèse de Pise, le privilège d'une messe et d'un office en l'honneur de la bienheureuse Marie Mancini. Cette fête a été fixée le 30 janvier.

Elle est considérée comme une des saintes patronnes des familles et des religieuses.

Rq : On veillera à éviter l'outrage de confondre notre merveilleuse bienheureuse avec son homonyme, nièce de Mazarin, maîtresse du jeune Bourbon, Louis, XIVe du nom, roi de France...

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vendredi, 22 décembre 2023 | Lien permanent

30 avril. Sainte Catherine de Sienne. Vierge de l'Ordre de Saint-Dominique. 1380.

- Sainte Catherine de Sienne. Vierge de l'Ordre de Saint-Dominique. 1380.
 
Papes : Clément VI ; Clément VII. Empereurs : Charles IV ; Wenceslas.
 
" Alleluia, Alleluia.
Sideribus conctis fulgentior est Catharina,
Et decus aeternum est haec quoque virginibus."
" Alleluia, Alleluia.
Catherine l'emporte en éclat sur tous les astres,
Et sa gloire rehausse éternellement celle des vierges."
Missel dominicain.
 

Sainte Catherine de Sienne. Giovanni di Pietro. XVIe.

Il y avait autrefois à Sienne, une honnête et laborieuse famille d'artisans qui habitait une humble maison que l'on voit encore dans cette ville dans la rue de dell'Oca non loin de l'ancien monastère de l'ordre de Saint-Dominique. Le chef de cette honnête famille était Giacomo di Benincasa, membre de la noble famille de Benincasa, mais qui exerçait le métier de teinturier. Son épouse Lapa était un modèle de femme chrétienne, et elle éleva dans la piété et le travail, vingt-cinq enfants. Sainte Catherine de Sienne fut le vingt-troisième.

Prévenue de grâces extraordinaires dès l'âge le plus tendre, à sept ans elle fit le voeu de virginité perpétuelle, et à douze ans elle sut résister aux instances qu'on lui faisait pour la marier. Sur une révélation divine, elle décida de se consacrer à Dieu en embrassant la règle du Tiers-Ordre de saint Dominique dont elle reçut l'habit, à l'âge de quinze ans. Dès lors elle s'avança à pas de géant dans les voies de la perfection. Sa vie unit au plus haut point les deux caractères de la famille dominicaine : l’action et la contemplation.


Sainte Catherine de Sienne recevant les stigmates.
Domenico Mecarino. XVIe.

Se trouvant à Pise, un dimanche, après avoir reçu la nourriture céleste, elle fut ravie en extase, et vit le Seigneur crucifie qui venait à elle environne d'une grande lumière. Cinq rayons partaient des cicatrices de ses plaies: ils se dirigèrent sur cinq endroits du corps de Catherine. Elle comprit le mystère; mais elle pria le Seigneur que les stigmates ne parussent pas. Aussitôt les rayons changèrent leur couleur de sang en une autre très éclatante , et sous la forme d'une lumière très pure ils atteignirent ses mains, ses pieds et son cœur. La douleur qu'elle éprouva des plaies qu'ils lui laissèrent était si poignante, qu'elle pensa que si Dieu ne l’eût modérée, elle devait promptement succomber. Le Seigneur plein d'amour pour son épouse lui accorda cette nouvelle grâce, que tout en ressentant la douleur des plaies, les marques sanglantes ne fussent pas visibles. La servante de Dieu rendit compte de ce phénomène à Raymond de Capoue son confesseur : ce qui a été cause que la piété des fidèles voulant représenter ce miracle, a eu soin de peindre sur les images de sainte Catherine des rayons lumineux partant des cinq parties stigmatisées de son corps.


Giovanni di Matteo. XVe.

Aussi le démon l'assaillait à tout instant : il voyait en cette jeune fille un adversaire des plus redoutables. Elle eut raison de tous ces assauts. Ses veilles, ses jeûnes et toutes ses pratiques de pénitence surpassaient ce que peuvent les forces humaines.

Catherine ne pensait qu'à se dérober aux regards du monde, lorsque Notre Seigneur lui ordonna de s'occuper activement du salut des âmes :
" Il ne l'a fait monter si haut que pour lui donner cette mission étonnante pour une humble femme, de travailler à la paix de l'Église."

Sa science était infuse et non acquise. Des professeurs en théologie lui proposèrent les plus difficiles questions sur la théologie; elle sut y satisfaire. Personne n'approcha d'elle qu'il n'en devînt meilleur ; elle étouffa beaucoup de haines, et fit cesser plusieurs inimitiés mortelles.


Heures à l'usage d'Autun. XVe.

Elle se rendit à Avignon auprès du pape Grégoire XI, pour obtenir la paix des Florentins qui étaient en différend avec l’Eglise, et qui pour ce sujet avaient été frappés d'interdit. Elle fit connaître à ce pape qu'elle savait par révélation le voeu qu'il avait fait de se rendre à Rome, et qui n'était connu que de Dieu seul. Ce fut à sa persuasion que le Pontife se résolut à revenir en personne s'asseoir sur son siège : ce qu'il accomplit enfin en janvier 1377. Elle fut tellement considérée de Grégoire et d'Urbain VI, son successeur, qu'ils l'employèrent en diverses ambassades.

Son successeur Urbain VI invitera Catherine à Rome où elle décédera le 29 avril 1380, victime de son zèle et consumée par les flammes du divin amour, à l'âge de trente-trois ans, dans sa petite maison de la via del Papa, non loin de l'église de la Minerve (Santa Maria sopra Minerva) où elle sera enterrée.


Mort de sainte Catherine de Sienne à Rome.
Girolamo di Benvenuto. XVIe.

Ses dialogues imprimés en 1492, également intitulés " Livre de la divine doctrine ", s'accompagnent de plus de 380 lettres adressées aux citoyens et aux clercs, aux prêtres et moniales, mais aussi aux cardinaux et papes. Le pape Pie II canonisera Catherine en 1461. Elle sera déclarée co-patronne de Rome en 1866 et deviendra patronne d'Italie, avec saint François d'Assise, en 1939.


La communion miraculeuse de sainte Catherine de Sienne.
Giovanni di Paolo di Grazia. XVe.
 
PRIERE
 
" Tout entière aux joies de la résurrection de son Epoux, la sainte Eglise s'adresse à vous, Ô Catherine, à vous qui suivez ce divin Agneau partout où il va (Apoc. X, 4.). Dans ce lieu d'exil où il ne doit plus s'arrêter longtemps, elle ne jouit que par intervalles de sa présence ; elle vous demande donc : " L'avez-vous rencontré, celui que chérit mon âme ?" (Cant. III, 3.).
 

Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne.
Giovanni di Paolo di Grazia. XVe.

Vous êtes son Epouse, elle l'est aussi ; mais pour vous il n'y a plus de voiles, plus de séparation, tandis que pour elle la jouissance est rare et rapide, et la lumière tempérée encore par les ombres. Mais quelle vie a été la vôtre, ô Catherine ! Elle a uni la plus poignante compassion pour les douleurs de Jésus, aux délices les plus enivrantes de sa vie glorifiée. Vous pouvez nous initier aux mystères sanglants du Calvaire et aux magnificences de la Résurrection. Ces dernières sont en ce moment l'objet de notre méditation respectueuse ; parlez-nous donc de notre divin Ressuscité. N'est-ce pas lui qui a passé à votre doigt virginal l'anneau nuptial, cet anneau orné d'un diamant non pareil qu'entourent quatre pierres précieuses ? Les rayons lumineux qui jaillissent de vos membres stigmatisés ne nous disent-ils pas que vous l'avez vu tout resplendissant de l'éclat de ses plaies glorieuses, lorsque l'amour vous transforma en lui ?


Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne.
Fra Bartolomeo Baccio della Porta. XVIe.

Fille de Madeleine, vous annoncez comme elle à l'Eglise qu'il est ressuscité, et vous allez achever au ciel cette dernière Pâque, cette Pâque de votre trente-troisième année. Ô Catherine, mère des âmes ici-bas, aimez-les jusque dans le séjour de la gloire où vous brillez entre les épouses du grand Roi. Nous aussi, nous sommes dans la Pâque, dans la vie nouvelle ; veillez sur nous, afin que la vie de Jésus ne s'éteigne jamais dans nos âmes, mais qu'elle croisse toujours par l'amour dont votre vie toute céleste nous offre l'admirable modèle.


Vie de sainte Catherine de Sienne. Raymond de Capoue. XVe.

Faites-nous part, ô Vierge, de cet attachement filial que vous eûtes pour la sainte Eglise, et qui vous fit entreprendre de si grandes choses. Vous vous affligiez de ses afflictions, et vous vous réjouissiez de ses joies comme une fille dévouée, parce que vous saviez qu'il n'est point d'amour de l'Epoux sans l'amour de l'Epouse, et que l'Epoux donne à ses enfants par l'Epouse tout ce qu'il a résolu de leur donner. Nous aussi, nous voulons aimer notre Mère, confesser toujours le lien qui nous unit à elle, la défendre contre ses ennemis, lui gagner de nouveaux fils généreux et fidèles.


Eglise Saint-Pierre. Baye. Champagne. XVIIe.

Le Seigneur se servit de votre faible bras, Ô femme inspirée, pour replacer sur son siège le Pontife dont Rome regrettait l'absence. Vous fûtes plus forte que les éléments humains qui s'agitaient pour prolonger une situation désastreuse pour l'Eglise. La cendre de Pierre au Vatican, celle de Paul sur la voie d'Ostie. celle de Laurent et de Sébastien, celle de Cécile et d'Agnès, et de tant de milliers de martyrs, tressaillirent dans leurs glorieux tombeaux, lorsque le char triomphal qui portait Grégoire entra dans la ville sainte. Par vous, ô Catherine, soixante-dix années d'une désolante captivité avaient en ce jour leur terme, et Rome expirante revenait à la vie. Aujourd'hui les temps sont changés, et l'enfer a dressé de nouvelles embûches. Rome a vu détrôner le Pontife dont le choix imprescriptible de Pierre a fixé pour jamais la chaire dans la ville éternelle, le Pontife qui ne peut être à Rome que roi. Souffrirez-vous, Ô Catherine, que l'œuvre du Seigneur, qui est aussi la vôtre, éprouve un démenti en nos jours, au scandale des faibles, au triomphe insultant des impies? Hâtez-vous donc d'accourir au secours ; et si votre Epoux, dans sa trop juste colère, nous a destinés à subir d'humiliantes épreuves, suppliez du moins, ô notre mère, afin qu'elles soient abrégées.


Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne.
Anonyme italien du XVe.

Priez aussi, Ô Catherine, pour la malheureuse Italie qui vous a tant aimée, qui fut si fière de vos grandeurs. L'impiété et l'hérésie circulent aujourd'hui librement dans son sein ; on blasphème le nom de votre Epoux, on enseigne à un peuple égaré les doctrines les plus perverses, on lui apprend à maudire tout ce qu'il avait vénéré, l'Eglise est outragée et dépouillée, la foi dès longtemps affaiblie menace de s'éteindre ; souvenez-vous de votre infortunée patrie, Ô Catherine! Il est temps devenir à son aide et de l'arracher des mains de ses mortels ennemis. L'Eglise entière espère en vous pour le salut de cette illustre province de son empire : fille immortelle de Sienne, calmez les tempêtes, et sauvez la foi dans ce naufrage qui menace de tout engloutir."

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mardi, 30 avril 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)

18 mars. Saint Cyrille de Jérusalem, évêque de Jérusalem, Docteur de l'Eglise. 386.

- Saint Cyrille de Jérusalem, évêque de Jérusalem, Docteur de l'Eglise. 386.

Papes : Saint Sylvestre Ier, saint Sirice. Empereurs : Constantin, Licinius, Valentinien II.
 
" Si jamais notre foi s'alarme, qu'il suffise de ces paroles de notre divin Maître pour calmer nos inquiétudes : " Le ciel et la terre passeront, mais ma parole ne passera pas "."
Matth., XXIV, 35.


Saint Jérôme apparaissant à saint Cyrille de Jérusalem.
(Détail). Sano di Pietro. Sienne. XVe.
 
Il était juste qu'en ces jours consacrés à l'instruction des catéchumènes, la sainte Eglise honorât le Pontife dont le nom rappelle, mieux qu'aucun autre, le zèle et la science que doivent déployer les pasteurs dans la préparation de ses futurs membres au baptême.

Longtemps cependant, la chrétienté latine borna ses hommages envers un si grand Docteur à la mention faite de lui, chaque année, en son martyrologe. Mais voici qu'à l'antique expression de sa reconnaissance pour des services rendus en des temps éloignés déjà de quinze siècles, se joint chez elle aujourd'hui, vis-à-vis de Cyrille, la demande d'une assistance rendue maintenant non moins nécessaire qu'aux premiers âges du christianisme Le baptême, il est vrai, se confère aujourd'hui dès l'enfance ; il met l'homme, par la foi infuse, en possession de la pleine vérité avant que son intelligence ait pu rencontrer le mensonge. Mais trop souvent, de nos jours, l'enfant ne trouve plus près de lui la défense dont ne peut se passer sa faiblesse ; la société moderne a renié Jésus-Christ, et son apostasie la pousse à étouffer, sous l'hypocrite neutralité de prétendues lois, le germe divin dans toute âme baptisée, avant qu'il ait pu fructifier et grandir.

En face de la société comme dans l'individu, le baptême a ses droits cependant ; et nous ne pouvons honorer mieux saint Cyrille, qu'en nous rappelant, au jour de sa fête, ces droits du premier Sacrement au point de vue de l'éducation qu'il réclame pour les baptisés. Durant quinze siècles les nations d'Occident, dont l'édifice social reposait sur la fermeté de la foi romaine, ont maintenu leurs membres dans l'heureuse ignorance de la difficulté qu'éprouve une âme pour s'élever des régions de l'erreur à la pure lumière. Baptisés comme nous à leur entrée dans la vie, et dès lors établis dans le vrai, nos pères avaient sur nous l'avantage de voir la puissance civile défendre en eux, d'accord avec l'Eglise, cette plénitude de la vérité qui formait leur plus grand trésor, en même temps qu'elle était la sauvegarde du monde.

La protection des particuliers est en effet le devoir du prince ou de quiconque, à n'importe quel titre, gouverne les hommes, et la gravité de ce devoir est en raison de l'importance des intérêts à garantir ; mais cette protection n'est-elle pas aussi d'autant plus glorieuse pour le pouvoir, qu'elle s'adresse aux faibles, aux petits de ce monde ? Jamais la majesté de la loi humaine n'apparut mieux que sur les berceaux, où elle garde à l'enfant né d'hier, à l'orphelin sans défense, sa vie, son nom, son patrimoine. Or, l'enfant sorti de la fontaine sacrée possède des avantages qui dépassent tout ce que la noblesse et la fortune des ancêtres, unies à la plus riche nature, auraient pu lui donner. La vie divine réside en lui ; son nom de chrétien le fait l'égal des anges ; son patrimoine est cette plénitude de la vérité dont nous parlions tout à l'heure, c'est-à-dire Dieu même, possédé par la foi ici-bas, en attendant qu'il se découvre à son amour dans le bonheur de l'éternelle vision.
 
Mort de saint Jérôme. Saint Jérôme apparaissant à
saint Cyrille de Jérusalem. Sano di Pietro. Sienne. XVe.
 
Saint Cyrille naquit à Jérusalem ou aux environs. Il s'adonna diligemment dès l'âge le plus tendre à l'étude des divines Ecritures, et il fit tant de progrès dans leur connaissance, qu'il devint pour la foi orthodoxe un vaillant défenseur. Formé à la discipline monastique, il s'astreignit à la continence perpétuelle et au plus sévère genre de vie. Il se rendit la sainte doctrine si familière, que ses discours, même ceux qu'il n'écrivait pas, n'étaient qu'un tissu de passages des Livres inspirés. Il joignit à cette étude celle des saints Pères et même celle des auteurs profanes, où il trouvait de puissantes armes contre l'erreur et pour la défense de la vérité.
 
Saint Maxime, Evêque de Jérusalem, l'ordonna prêtre et lui confia la charge de prêcher la parole de Dieu aux fidèles et d'instruire les catéchumènes. Ce fut avec la plus grande gloire qu'il s'en acquitta et composa ces Catéchèses vraiment admirables, dans lesquelles, embrassant avec abondance et clarté toute la doctrine de l'Eglise, il établit solidement tous les dogmes de la religion contre les ennemis de la foi. Il y parle avec tant d'évidence et de précision, que non seulement les hérésies déjà nées, mais celles encore à venir y sont réfutées comme par une sorte de présage, par exemple dans son affirmation de la présence réelle du Corps et du Sang de Jésus-Christ au merveilleux sacrement de l'Eucharistie.


Saint Cyrille de Jérusalem. Francesco Bartolozzi. XVIIIe.

Saint Maxime étant mort, il fut établi en sa place par les évêques de la province. Dans son épiscopat, non moins que saint Athanase, son contemporain, il subit pour la cause de la foi de nombreuses injustices et des persécutions de la part des Ariens. Souffrant impatiemment la véhémence de Cyrille contre l'hérésie, ils le poursuivirent de leurs calomnies, et, l'ayant déposé dans un conciliabule, le chassèrent de son siège. Pour se soustraire à leur fureur, il s'enfuit à Tarse de Cilicie et supporta la rigueur de l'exil tout le temps que vécut Constance. Après la mort de celui-ci, Julien l'Apostat étant devenu empereur, il put revenir à Jérusalem où il employa toute l'ardeur de son zèle à retirer son troupeau de l'erreur et du vice.

Mais sous l'empire de Valens, il dut de nouveau prendre la route de l'exil, jusqu'à ce que Théodose le Grand eût rendu la paix à l'Eglise et réprimé la cruauté et l'audace des Ariens. Cet empereur reçut Cyrille avec de grands honneurs, comme le très courageux athlète du Christ, et le rendit à son siège. Avec quelle force et quelle sainteté il accomplit les devoirs de son sublime office, c'est ce qui ressort nettement de l'état prospère alors de l'Eglise de Jérusalem, tel que le décrit saint Basile qui, étant venu vénérer les saints lieux, y demeura quelque temps.

Saint Cyrille de Jérusalem et la destruction du Temple
rebâti sur les ordres de Julien l'Apostat. Gravure. XVIIe.

Dieu fit ressortir la sainteté du vénérable Pontife par des signes célestes dont la mémoire est venue jusqu'à nous. On compte parmi eux la merveilleuse apparition d'une croix plus brillante que les rayons du soleil, qui illustra les commencements de son épiscopat. Ce prodige eut les païens et les chrétiens pour témoins oculaires avec Cyrille lui-même, qui, en ayant rendu grâces à Dieu dans l'église, le raconta ensuite par lettre à l'empereur Constance.

Non moins digne d'admiration est ce qui arriva aux Juifs, lorsque, par l'ordre impie de l'empereur Julien, ils voulurent relever le temple que Titus avait renversé. Car il se fit sentir un violent tremblement de terre, et, d'immenses tourbillons de flammes sortant de terre, le feu dévora tous les travaux, de telle sorte que les Juifs et Julien épouvantés durent renoncer à l'entreprise, selon que Cyrille l'avait prédit comme devant arriver infailliblement.
 
Enfin, peu de temps avant sa mort, il assista au concile œcuménique de Constantinople, dans lequel fut condamnée l'hérésie de Macédonius et, de nouveau, celle des Ariens. De retour à Jérusalem, il mourut saintement presque septuagénaire, la trente-cinquième année de son épiscopat.


Saint Athanase et saint Cyrille de Jérusalem.
Questions d'Athanase d'Alexandrie, réponses de Cyrille de Jérusalem.
Proche-Orient. XVIIe.

Il nous reste de lui vingt-trois instructions familières sur l'ensemble des vérités chrétiennes, le symbole de la foi et les sacrements. Ces instructions sont une de ses gloires les plus pures, car c'est un arsenal où l'apologiste chrétien trouve, même aujourd'hui, des armes puissantes et invincibles. Nous y voyons en particulier, que l'usage de faire le signe de la Croix était connu dès les premiers siècles :
" Ne rougissez pas, disait-il, de la Croix de Jésus-Christ ; imprimez-la sur votre front, afin que les démons, apercevant l'étendard du Roi, s'enfuient en tremblant. Faites ce signe, et quand vous mangez, et quand vous buvez, et quand vous êtes debout ou assis, quand vous vous couchez, quand vous vous levez et quand vous marchez ; en un mot, faites-le dans toutes vos actions."

La gloire de saint Cyrille est d'avoir été l'ami et le défenseur de saint Athanase et du dogme chrétien contre les hérétiques. Trois fois exilé de Jérusalem, dont il était devenu évêque, trois fois rétabli sur son siège, il restera comme l'un des beaux modèles de la fermeté pastorale.

Le Souverain Pontife Léon XIII a ordonné qu'on en célébrât l'Office et la Messe dans l'Eglise universelle.


Saint Augustin et saint Cyrille de Jérusalem.
Enluminure d'un manuscrit du XVIe.

PRIERE

" Vous avez été, Ô Cyrille, un vrai fils de la lumière (Eph. V, 8.). La Sagesse de Dieu avait dès l'enfance conquis votre amour ; elle vous établit comme le phare éclatant qui brille près du port, et sauve, en l'attirant au rivage, le malheureux ballotté dans la nuit de l'erreur. Au lieu même où s'étaient accomplis les mystères de la rédemption du monde, et dans ce IVe siècle si fécond en docteurs, l'Eglise vous confia la mission de préparer au baptême les heureux transfuges que la victoire récente du christianisme amenait à elle de tous les rangs de la société. Nourri ainsi que vous l'étiez des Ecritures et des enseignements de la Mère commune, la parole s'échappait de vos lèvres, abondante et pure, comme de sa source ; l'histoire nous apprend qu'empêché par les autres charges du saint ministère de consacrer vos soins exclusivement aux catéchumènes, vous dûtes improviser ces vingt-trois admirables discours, vos Catéchèses, où la science du salut se déroule avec une sûreté, une clarté, un ensemble inconnus jusque-là et, depuis lors, jamais surpassés. La science du salut, c'était pour vous, saint Pontife, la connaissance de Dieu et de son Fils Jésus-Christ, contenue dans le symbole de la sainte Eglise ; la préparation au baptême, à la vie, à l'amour, c'était pour vous l'acquisition de cette science unique, seule nécessaire, profonde d'autant plus et gouvernant tout l'homme, non par l'impression d'une vaine sentimentalité, mais sous l'empire de la parole de Dieu reçue comme elle a droit de l'être, méditée jour et nuit, pénétrant assez l'âme pour l'établir à elle seule dans la plénitude de la vérité, la rectitude morale et la haine de l'erreur.

Sûr ainsi de vos auditeurs, vous ne craigniez point de leur dévoiler les arguments et les abominations des sectes ennemies. Il est des temps, des circonstances dont l'appréciation reste aux chefs du troupeau, et où ils doivent passer par-dessus le dégoût qu'inspirent de telles expositions, pour dénoncer le danger et tenir leurs brebis en garde contre les scandales de l'esprit ou des mœurs. C'est pour cela, Ô Cyrille, que vos invectives indignées poursuivaient le manichéisme au fond même de ses antres impurs ; vous pressentiez en lui l'agent principal de ce mystère d'iniquité (II Thess. II, 7.) qui poursuit sa marche ténébreuse et dissolvante à travers les siècles, jusqu'à ce qu'enfin le monde succombe par lui de pourriture et d'orgueil. Manès en nos temps règne au grand jour ; les sociétés occultes qu'il a fondées sont devenues maîtresses. L'ombre des loges continue, il est vrai, de cacher aux profanes son symbolisme sacrilège et les dogmes qu'il apporta de Perse jadis ; mais l'habileté du prince du monde achève de concentrer dans les mains de ce fidèle allié toutes les forces sociales. Dès maintenant, le pouvoir est à lui ; et le premier, l'unique usage qu'il en fasse, est de poursuivre l'Eglise en haine du Christ. Voici qu'à cette heure il s'attaque à la fécondité de l'Epouse du Fils de Dieu, en lui déniant le droit d'enseigner qu'elle a reçu de son divin Chef ; les enfants mêmes qu'elle a engendrés, qui déjà sont à elle par le droit du baptême, on prétend les lui arracher de vive force et l'empêcher de présider à leur éducation.


Papyrus grec de saint Cyrille. IVe, Ve.

Ô saint Cyrille, vous qu'elle appelle à son secours en ces temps malheureux, ne faites pas défaut à sa confiance. Vous compreniez si pleinement les exigences du sacrement qui fait les chrétiens ! Protégez le saint baptême en tant d'âmes innocentes où l'on veut l'étouffer. Soutenez, réveillez au besoin, la foi des parents chrétiens ; qu'ils comprennent que si leur devoir est de couvrir leurs enfants de leur propre corps plutôt que de les laisser livrer aux bêtes, l'âme de ces chers enfants est plus précieuse encore. Déjà plusieurs, et c'est la grande consolation de l'Eglise en même temps que l'espoir de la société battue en brèche de toutes parts, plusieurs ont compris la conduite qui s'imposait a mute âme généreuse en de telles circonstances : s'inspirant de leur seule conscience, et forts de leur droit de pères de famille, ils subiront la violence de nos gouvernements de force brutale, plutôt que de céder d'un pas aux caprices d'une réglementation d'Etat païen aussi absurde qu'odieuse. Bénissez-les, Ô Cyrille ; augmentez leur nombre. Bénissez également, multipliez, soutenez, éclairez les fidèles qui se dévouent à la tâche d'instruire et de sauver les pauvres enfants que trahit le pouvoir ; est-il une mission plus urgente que celle des catéchistes, en nos jours ? En est-il qui puisse vous aller plus au cœur ?

La sainte Eglise nous rappelait, tout à l'heure, l'apparition de la Croix qui vînt marquer les débuts de votre épiscopat glorieux. Notre siècle incrédule a été, lui aussi, favorisé d'un prodige semblable, lorsque, à Migné, au diocèse d'Hilaire, votre contemporain et votre émule dans la lutte pour le Fils de Dieu, le signe du salut parut au ciel, resplendissant de lumière, à la vue de milliers de personnes. Mais l'apparition du 7 mai 351 annonçait le triomphe : ce triomphe que vous aviez prévu sans nul doute pour la sainte Croix, lorsque sous vos yeux, quelques années plus tôt, Hélène retrouvait le bois rédempteur; ce triomphe qu'en mourant vous laissiez affermi par le dernier accomplissement des prophéties sur le temple juif. L'apparition du 17 décembre 1826 n'aurait-elle, hélas ! Annonce que défaites et ruines ? Confiants dans votre secours si opportun, nous voulons espérer mieux, saint Pontife ; nous nous souvenons que ce triomphe de la Croix dont vous fûtes le témoin heureux, a été le fruit des souffrances de l'Eglise, et que vous dûtes l'acheter pour votre part au prix de trois dépositions de votre siège et de vingt ans d'exil. La Croix, dont le Cycle sacré nous ramène les grands anniversaires, la Croix n'est point vaincue, mais grandement triomphante au contraire, dans le martyre de ses fidèles et leurs épreuves patiemment supportées ; c'est victorieuse à jamais qu'elle apparaîtra sur les ruines du monde, au dernier jour."
 
Rq :
- On trouvera une notice très complète sur notre Saint dans les Petits Bollandistes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30733g
- On trouvera les Catéchèses

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lundi, 18 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

13 février. Sainte Catherine de Ricci, de l'Ordre de Saint-Dominique, vierge. 1590.

- Sainte Catherine de Ricci, de l'Ordre de Saint-Dominique, vierge. 1590.
 
Pape : Sixte Quint (V). Grand-duc de Toscane : Ferdinand Ier de Médicis. Roi de France : Empereur du Saint-Empire : Rodolphe II de Habsbourg. Roi de France : Henri de Navarre (usurpateur sous le nom d'Henri IV. C'est Louis XIII qui légitimera les Bourbons sur le trône Très Chrétien en consacrant la France à Notre Dame et en faisant de la fête de l'Assomption la fête nationale de la France).

" Non est mortale quod opto."
" Mes voeux s'élèvent bien au-dessus des chose mortelles."
Sainte Catherine de Ricci.

" On ne donne pas des joyaux et des perles à ceux qui n'en connaissent pas le prix. Ni moi non plus, je ne livre pas mes dons et mes faveurs à ceux qui ne savent pas les apprécier. Je ne les donne qu'aux âmes qui les recherchent et me les demandent instamment."
Notre Seigneur Jésus-Christ à Sainte Catherine de Ricci.


Sainte Catherine de Ricci.

La vie de notre grande sainte est l'une des plus prodigieuses, par les ravissements, les extases, les grâces extraordinaires et variées qui la remplissent.

Sainte Catherine (" Alexandrine " avant d'entrer en religion) de Ricci naquit à Florence en 1522.
Dès l'âge de trois ans, on la voyait s'exercer à la prière, rechercher la solitude et le silence pour s'y livrer plus à l'aise, et sa prière était si recueillie, qu'elle y paraissait l'esprit absorbé en Dieu, et comme plongée dans la contemplation de Ses mystères.

La Passion de Jésus-Christ était déjà l'objet des vives ardeurs de son amour, et elle préludait par ses exercices enfantins à cette admirable dévotion envers Jésus crucifié, qui est le caractère le plus éclatant de sa vie.

Elle prit le voile à treize ans, chez les Dominicaines. C'est à l'âge de dix-neuf ans qu'elle reçut cette grâce inouïe de voir changer par Notre-Seigneur son coeur en celui de Marie. Quelques mois après, elle eut une mémorable extase de la Passion, qui dura vingt-huit heures, et dans laquelle elle assista successivement au détail de toutes les scènes de la Passion du Sauveur, paraissant elle-même, par ses gestes, subir chacun des supplices dont elle était témoin. Ce spectacle devait se renouveler toutes les semaines pendant les douze dernières années de sa vie. On entendait, dans ces extases, la Sainte pousser des exclamations de douleur et d'amour. Quelle impression pour les innombrables témoins de ces merveilles !

Le cachet de la vertu véritable, c'est l'humilité ; un seul fait montrera que Catherine était bien conduite par l'esprit de Dieu. Elle avait appris que ses soeurs s'étaient plu à écrire, pour en garder le souvenir, la relation de toutes les grâces et faveurs extraordinaires dont le Ciel l'avait comblée. Elle n'eut point de repos avant d'avoir mis la main sur tous ces écrits. Un jour, pendant que ses soeurs étaient à l'office, elle entra dans leurs cellules, s'empara de tous les manuscrits qu'elle put rencontrer, les mit dans un sac, et, le portant à la soeur boulangère, qui chauffait le four :
" Tenez, lui dit-elle, brûlez vite tout ceci, car malheur à nous si on le trouvait dans la maison !"

Notre sainte eut une influence très importante sur saint Pie V, saint Charles Borromée, saint Philippe Neri et sainte Marie-Madeleine de Pazzi.

Au cours de l'une de ses extases, la Sainte Vierge la prend par la main et l'amène à son Fils :
" Ô mon Fils, voici que je vous présente notre très chère vierge Catherine, qui sollicite de votre tendresse la grâce de changer son cœur de chair en un cœur tout céleste, afin qu'elle soit plus digne de vous, en prenant un cœur semblable au vôtre. O ma chère Mère, vous ai-je jamais refusé quelque chose, et votre cœur n'est-il pas le chemin naturel qui mène à mon cœur ? Il sera fait comme vous avez demandé. Et vous, ma très chère fille Catherine, souvenez-vous que dès cet instant vous ne vous appartenez plus, et que vous êtes toute à moi ; car voici que je purifie votre cœur de toute affection qui n'est pas la mienne, et que je le remplis de mon seul amour."

Extase et vision de sainte Catherine de Ricci.
Bronze de Massimiliano Soldani Benzi. Florence. XVIIe.

Sa dernière prière fut le Pater Noster. Le couvent retentit alors des chants harmonieux des anges. En différents lieux, de saints personnages eurent la vision d'une magnifique procession de Saints et de Saintes ; au bout du cortège, Jésus conduisait en triomphe Sa glorieuse épouse.

Il faut relever que sainte Catherine de Ricci était une amie de saint Philippe de Néri, le fondateur de l'Oratoire, avec lequel elle entretint des rapports épistolaires, et qu'elle communia avec lui dans un même culte pour la mémoire de Savonarole.

On représente sainte Catherine de Ricci recevant de Notre Seigneur Jésus Christ l'anneau des vierges, une couronne d'épines sur la tête, priant devant le crucifix - Notre Seigneur semblant s'en détaché pour embrasser notre sainte.

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mardi, 13 février 2024 | Lien permanent

29 janvier. Saint François de Sales, évêque et prince de Genève, Docteur de l'Eglise. 1622.

- Saint François de Sales, évêque et prince de Genève, Docteur de l'Eglise. 1622.

Pape : Grégoire XV. Duc de Savoie, prince de Piémont : Charles-Emmanuel Ier. Roi de France : Louis XIII. Empereur du Saint Empire : Ferdinand II.

" Monsieur de Genève est vraiment le phénix des prélats. Il y a presque toujours chez les autres quelque côté faible : dans l'un c'est la science, dans un autre la piété, dans d'autres la naissance, au lieu que Monsieur de Genève réunit tout au plus haut degré, et naissance illustre, et science rare, et piété éminente."
Jugement de l'usurpateur Henri de Navarre, plus connu sous le nom d'Henri IV, roi de France.

" Si vous avez des hérétiques à convaincre, vous pouvez me les envoyer ; si vous en avez à convertir, adressez-les à M. de Genève."
Cardinal du Perron.


Eglise Saint-Thomas. La Flèche. Maine. XVIIe.

Voici venir au berceau du doux Fils de Marie l'angélique évêque François de Sales, digne d'y occuper une place distinguée pour la suavité de sa vertu, l'aimable enfance de son cœur, l'humilité et la tendresse de son amour. Il arrive escorté de ses brillantes conquêtes : soixante-douze mille hérétiques soumis à l'Eglise par l'ascendant de sa charité ; un Ordre entier de servantes du Seigneur, conçu dans son amour, réalisé par son génie céleste ; tant de milliers d'âmes conquises à la piété par ses enseignements aussi sûrs que miséricordieux, qui lui ont mérité le titre de Docteur.

Dieu le donna à son Eglise pour la consoler des blasphèmes de l'hérésie qui allait prêchant que la foi romaine était stérile pour la charité ; il plaça ce vrai ministre évangélique en face des âpres sectateurs de Calvin ; et l'ardeur de la charité de François de Sales fondit la glace de ces cœurs obstinés.


Saint Francois de Sales enfant se consacrant à Marie.

François de Sales parut donc, au milieu de son siècle, comme une vivante image du Christ ouvrant ses bras et convoquant les pécheurs à la pénitence, les errants à la vérité, les justes au progrès vers Dieu, tous à la confiance et à l'amour. L'Esprit divin s'était reposé sur lui dans sa force et dans sa douceur : c'est pourquoi, en ces jours où nous avons célébré la descente de cet Esprit sur le Verbe incarné au milieu des eaux du Jourdain, nous ne saurions oublier une relation touchante de notre admirable Pontife avec son divin Chef.

Un jour de la Pentecôte, à Annecy, François était debout à l'autel, offrant l'auguste Sacrifice ; tout à coup une colombe qu'on avait introduite dans la Cathédrale, effrayée des chants et de la multitude du peuple, après avoir voltigé longtemps, vint, à la grande émotion des fidèles, se reposer sur la tête du saint évêque : symbole touchant de la douceur de l'amour de François, comme le globe de feu qui parut, au milieu des Mystères sacrés, au-dessus de la tête du grand saint Martin, désignait l'ardeur du feu qui dévorait le cœur de l'Apôtre des Gaules.


Eglise Saint-Pierre de La Croisille-sur-Briance. Limousin. XIXe.

Une autre fois, en la Fête de la Nativité de Notre-Dame, François officiait aux Vêpres, dans la Collégiale d'Annecy. Il était assis sur un trône dont les sculptures représentaient cet Arbre prophétique de Jessé, qui a produit, selon l'oracle d'Isaïe, la branche virginale, d'où est sortie la fleur divine sur laquelle s'est reposé l’Esprit d'amour. On était occupé au chant des Psaumes, lorsque, par une fente du vitrail du chœur, du côté de l'Epître, une colombe pénètre dans l'Eglise. Après avoir voleté quelque temps, de l'historien, elle vint se poser sur l'épaule du saint Evêque, et de là sur ses genoux, d'où les ministres assistants la prirent. Après les Vêpres, François, jaloux d'écarter de lui l'application favorable que ce symbole inspirait naturellement à son peuple, monta en chaire, et s'empressa d'éloigner toute idée d'une faveur céleste qui lui eût été personnelle, en célébrant Marie qui, pleine de la grâce de l'Esprit-Saint, a mérité d'être appelée la colombe toute belle, en laquelle il n'y a pas une tache.

Quand on cherche parmi les disciples du Sauveur le type de sainteté qui fut départi à notre admirable Prélat, l'esprit et le coeur ont tout aussitôt nommé Jean, le disciple bien-aimé. François de Sales est comme lui l'Apôtre de la charité; et la simplesse du grand Evangéliste pressant un innocent oiseau dans ses mains vénérables, est la mère de cette gracieuse innocence qui reposait au cœur de l'Evêque de Genève. Jean, par sa seule vue, par le seul accent de sa voix, faisait aimer Jésus ; et les contemporains de François disaient :
" Ô Dieu ! Si telle est la bonté de l’évêque de Genève, quelle ne doit pas être la vôtre !"


Saint François de Sales écrivant. Gravure du XVIIIe.

Ce rapport merveilleux entre l'ami du Christ et François de Sales se révéla encore au moment suprême, lorsque le jour même de saint Jean, après avoir célébré la sainte Messe et communié de sa main ses chères filles de la Visitation, il sentit cette défaillance qui devait amener pour son âme la délivrance des liens du corps. On s'empressa autour de lui ; mais déjà sa conversation n'était plus que dans le ciel. Ce fut le lendemain qu'il s'envola vers sa patrie, en la fête des saints Innocents, au milieu desquels il avait droit de reposer éternellement, pour la candeur et la simplicité de son âme.

La place de François de Sales, sur le Cycle, était donc marquée en la compagnie de l'Ami du Sauveur, et de ces tendres victimes que l'Eglise compare à un gracieux bouquet d'innocentes roses ; et s'il a été impossible de placer sa mémoire à l'anniversaire de sa sortie de ce monde, parce que ces deux jours sont occupés par la solennité de saint Jean et celle des Enfants de Bethléhem, du moins la sainte Eglise a-t-elle pu encore placer sa fête dans l'intervalle des quarante jours consacrés à honorer la Naissance de l'Emmanuel.


C'est donc à cet amant du Roi nouveau-né qu'il appartient de nous révéler les charmes de l'Enfant de la crèche. Nous chercherons la pensée de son cœur, pour en nourrir le nôtre, dans son admirable correspondance, où il rend avec tant de suavité les sentiments pieux qui débordaient de son cœur, en présence des mystères que nous célébrons.

Vers la fin de l'Avent 1619, il écrivait à une religieuse de la Visitation, pour l'engager à préparer son cœur à la venue de l'Epoux céleste :

" Ma très chère fille, voilà le tant petit aimable Jésus qui va naître en notre commémoration, ces fêtes-ci prochaines ; et puisqu'il naît pour nous visiter de la part de son Père éternel, et que les pasteurs et les rois le viendront réciproquement visiter au berceau, je crois, qu'il est le Père et l'Enfant tout ensemble de cette Sainte Marie de la Visitation.


Saint François de Sales visitant des religieuses de la Visitation.
Emile Hirsch. Verrière de l'église Saint-Séverin. Paris. XIXe.

Or sus, caressez-le bien ; faites-lui bien l'hospitalité avec toutes nos sœurs, chantez-lui bien de beaux cantiques, et surtout adorez-le bien fortement et doucement, et en lui sa pauvreté, son humilité, son obéissance et sa douceur, à l'imitation de sa très sainte Mère et de saint Joseph ; et prenez-lui une de ses chères larmes, douce rosée du ciel, et la mettez sur votre cœur, afin qu'il n'ait jamais de tristesse que celle qui réjouit ce doux Enfant ; et quand vous lui recommanderez votre âme, recommandez-lui quant et quant la mienne, qui est certes toute vôtre.

Je salue chèrement la chère troupe de nos sœurs, que je regarde comme de simples bergères veillant sur leurs troupeaux, c'est-à-dire sur leurs affections ; qui, averties par l'Ange, vont faire l'hommage au divin Enfant, et pour gage de leur éternelle servitude, lui offrent le plus beau de leurs agneaux, qui est leur amour, sans réserve ni exception."


Saint François de Sales recevant les bulles du pape
Clément VIII confirmant son élévation à l'épiscopat. XVIIe.

La veille de la Naissance du Sauveur, saisi par avance des joies de la nuit qui va donner son Rédempteur à la terre, François s'épanche déjà avec sa fille de prédilection, Jeanne-Françoise de Chantal, et la convie à goûter avec lui les charmes de l'Enfant divin et à profiter de sa visite :

" Le grand petit Enfant de Bethléhem soit à jamais les délices et les amours de notre cœur, ma très chère mère, ma fille ! Hélas ! comme il est beau, ce pauvre petit poupon ! Il me semble que je vois Salomon sur son grand trône d'ivoire, doré et ouvragé, qui n'eut point d'égal es royaumes, comme dit l'Ecriture : et ce roi n'eut point de pair en gloire ni en magnificence. Mais j'aime cent fois mieux voir le cher enfançon en la crèche, que de voir tous les rois en leurs trônes.


Armoiries épiscopale de saint François de Sales.
Sa devise complète : " Nunquam excidet " que l'on peut traduire,
se raportant à la foi, à l'espérance et à la charité, par :
" Il ne tomde jamais ".

Mais si je le vois sur les genoux de sa sacrée Mère ou entre ses bras, ayant sa petite bouchette, comme un petit bouton de rose, attachée au lis de ses saintes mamelles, Ô Dieu ! Je le trouve plus magnifique en ce trône, non seulement que Salomon dans le sien d'ivoire, mais que jamais même ce Fils éternel du Père ne le fut au ciel ; car si bien le ciel a plus d'être visible, la Sainte Vierge a plus de perfections invisibles ; et une goutte du lait qui flue virginalement de ses sacrés sucherons, vaut mieux que toutes les affluences des cieux. Le grand saint Joseph nous fasse part de sa consolation, la souveraine Mère de son amour : et l'Enfant veuille à jamais répandre dans nos cœurs ses mérites !

Je vous prie, reposez le plus doucement que vous pourrez auprès du petit céleste enfant : il ne laissera pas d'aimer votre cœur bien-aimé tel que vous l'avez, sans tendreté et sans sentiment. Voyez-vous pas qu'il reçoit l'haleine de ce gros bœuf et de cet âne qui n'ont sentiment ni mouvement quelconque ? Comment ne recevra-t-il pas les aspirations de notre pauvre coeur, lequel, quoique non tendrement pour le présent, solidement néanmoins et fermement, se sacrifie à ses pieds pour être à jamais serviteur inviolable du sien, et de celui de sa sainte Mère, et du grand gouverneur du petit Roi ?"


Anonyme. Bavière. XVIIe.

La nuit sacrée s'est écoulée, apportant avec elle la Paix aux hommes de bonne volonté ; François cherche encore le cœur de la fille que Jésus lui a confiée, pour y verser toutes les douceurs qu'il a goûtées dans la contemplation du mystère d'amour :

" Hé, vrai Jésus ! Que cette nuit est douce, ma très chère fille ! Les cieux, chante l'Eglise, distillent de toutes parts le miel ; et moi, je pense que ces divins Anges, qui résonnent en l'air leur admirable cantique, viennent pour recueillir ce miel céleste sur les lis où il se trouve, sur la poitrine de la très douce Vierge et de saint Joseph. J'ai peur, ma chère fille, que ces divins Esprits ne se méprennent entre le lait qui sort des mamelles virginales, et le miel du ciel qui est abouché sur ces mamelles. Quelle douceur de voir le miel sucer le lait !


Portrait en tête d'une édition des oeuvres complètes
de saint François de Sales. Paris. 1866.

Mais je vous prie, ma chère fille, ne suis-je pas si ambitieux que de penser que nos bons Anges, de vous et de moi, se trouvèrent en la chère troupe de musiciens célestes qui chantèrent en cette nuit ? Ô Dieu ! S'il leur plaisait d'entonner derechef, aux oreilles de notre cœur, cette même céleste chanson, quelle joie ! Quelle jubilation ! Je les en supplie, afin que gloire soit au ciel, et en terre paix aux cœurs de bonne volonté.

Revenant donc d'entre les sacrés Mystères, je donne ainsi le bonjour à ma chère fille : car je crois que les pasteurs encore, après avoir adoré le céleste poupon que le ciel même leur avait annoncé, se reposèrent un peu. Mais, Ô Dieu ! Que de suavité, comme je pense, à leur sommeil ! Il leur était avis qu'ils oyaient toujours la sacrée mélodie des Anges qui les avaient salués si excellemment de leur cantique, et qu'ils voyaient toujours le cher Enfant et la Mère qu'ils avaient visités.


Saint François Sales remet les règles aux
sœurs de la Visitation. Anonyme. XVIIe.

Que donnerions-nous à notre petit Roi, que nous n'ayons reçu de lui et de sa divine libérait lité ? Or sus, je lui donnerai donc, à la sainte Grand'Messe, la très uniquement fille bien-aimée qu'il m'a donnée. Hé ! Sauveur de nos âmes, rendez-la toute d'or en charité, toute de myrrhe en mortification, toute d'encens en oraison ; et puis recevez-la entre les bras de votre sainte protection ; et que votre cœur dise au sien : " Je suis ton salut aux siècles des siècles "."

Parlant ailleurs à une autre épouse du Christ, il l'exhorte, en ces termes, à se nourrir de la douceur du nouveau-né :

" Que jamais votre âme, comme une abeille mystique, n'abandonne ce cher petit Roi, et qu'elle fasse son miel autour de lui, en lui, et pour lui ; et qu'elle le prenne sur lui, duquel les lèvres sont toutes détrempées de grâce, et sur lesquelles, bien plus heureusement que l'on ne vit sur celles de saint Ambroise, les saintes avettes, amassées en essaim, font leurs doux et gracieux ouvrages."

Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal
priant le Sacré Coeur de Jésus.
Hospice des Ursulines de Baugé. Baugé. Maine. XVIIe.

Mais il faut bien s'arrêter ; écoutons cependant encore une dernière fois notre séraphique Pontife nous raconter les charmes du très saint Nom de Jésus, imposé au Sauveur dans les douleurs de la Circoncision ; il écrit encore à sa sainte coopératrice :

" Ô Jésus, remplissez notre cœur du baume sacré de votre Nom divin, afin que la suavité de son odeur se dilate en tous nos sens, et se répande en toutes nos actions. Mais pour rendre ce cœur capable de recevoir une si douce liqueur, circoncisez-le, et retranchez d'icelui tout ce qui peut être désagréable à vos saints yeux. Ô Nom glorieux ! Que la bouche du Père céleste a nommé éternellement, soyez à jamais la superscription de notre âme, afin que, comme vous êtes Sauveur, elle soit éternellement sauvée ! Ô Vierge sainte, qui, la première de toute la nature humaine, avez prononcé ce Nom de salut, inspirez-nous la façon de le prononcer ainsi qu'il est convenable, afin que tout respire en nous le salut que votre ventre nous a porté.

Ma très chère fille, il fallait écrire la première lettre de cette année à Notre-Seigneur et à Notre-Dame ; et voici la seconde par laquelle, Ô ma fille, je vous donne le bon an, et dédie notre cœur à la divine bonté. Que puissions-nous tellement vivre cette année, qu'elle nous serve de fondement pour l'année éternelle ! Du moins ce matin, sur le réveil, j'ai crié à vos oreilles : vive Jésus ! Et eusse bien voulu épandre cette huile sacrée sur toute la face de la terre."


Saint François de Sales écrivant.

Quand un baume est bien fermé dans une fiole, nul ne sait discerner quelle liqueur c'est, sinon celui qui l'y a mise ; mais quand on a ouvert la fiole, et qu'on en a répandu quelques gouttes, chacun dit : C'est du baume. Ma chère fille, notre cher petit Jésus était tout plein du baume de salut; mais on ne le connaissait pas jusqu'à tant qu'avec ce couteau doucement cruel on a ouvert sa divine chair ; et lors on a connu qu'il est tout baume et huile répandue, et que c'est le baume de salut. C'est pourquoi saint Joseph et Notre-Dame, puis tout le voisinage, commencent à crier : Jésus,

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lundi, 29 janvier 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

4 avril. Saint Isidore de Séville, archevêque de Séville, docteur de l'Eglise. 639.

- Saint Isidore de Séville, archevêque de Séville, docteur de l'Eglise. 639.

Pape : Honorius Ier. Rois d'Espagne : Sisebut ; Récarède II.

" Celui-là est heureux qui est sage selon Dieu : la vie heureuse c'est la connaissance de la divinité : la connaissance de la divinité est le fruit des bonnes oeuvres."
Saint Isidore de Séville.


Saint Isidore de Séville. Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.

Isidore était de Carthagène d'Espagne : son père Sévérien souvent désigné comme préfet de cette ville, et sa mère Théodora étaient de la plus haute noblesse. Le plus jeune d'une famille de saints, Isidore eut deux frères, saint Léandre (27 février), saint Fulgence (14 janvier) et une soeur sainte Florentine (20 juin et 14 mars) ; tous 3 honorés comme lui d'un culte public.

L'incertitude plane sur le lieu de la naissance d'Isidore ; quelques auteurs se prononcent pour Carthagène, d'autres pour Séville où Sévérien était venu s'établir pour échapper aux vexations des ariens. Sur le berceau de l'enfant plane le merveilleux : ainsi on raconte que sa nourrice l'ayant oublié sous un arbre, un essaim d'abeilles vint se poser au-dessus de la tête d'Isidore et déposa sur ses lèvres un rayon de miel, présage de son génie. On dit aussi que sa soeur Florentine le voyait quelquefois tout petit enfant s'élever dans les airs, agiter ses mains comme quelqu'un qui lutte et veut terrasser un adversaire.


Saint Isidore de Séville. Imagerie populaire. XIXe.

Isidore était tout jeune lorsqu'il perdit ses parents : il devint le disciple chéri de Léandre son aîné, qui lui servit de père et eut toujours pour lui une singulière affection. Écrivant à la vierge Florentine sa soeur, Léandre s'exprimait ainsi :
" Je vous prie de vous souvenir de moi dans vos oraisons et de ne point oublier notre jeune frère Isidore. Nos parents nous l'ont confié et ils sont retournés au Seigneur sans crainte parce qu'ils le laissaient à la garde d'une soeur et de deux frères. Vous savez que je l'aime comme un tendre fils."

Et pourtant Léandre, dans l'éducation du jeune Isidore, usait de la verge, genre de correction que l'élève ne goûtait pas trop. On raconte, à ce sujet, que trouvant très peu d'attraits aux éléments des lettres, et redoutant le fouet, Isidore s'enfuit un jour secrètement de l'école ; il erra longtemps dans la plaine, s'arrêta exténué de fatigue et de soif auprès d'un puits : tout en se reposant, il regardait avec curiosité les sillons creusés sur la margelle et ne pouvait se rendre compte de la manière dont ils s'étaient produits. Une femme venue pour puiser de l'eau lui expliqua comment la corde toute faible qu'elle était avait fini par user la pierre elle-même. Le jeune fugitif en conclut que l'étude finirait par vaincre la dureté de son esprit et creuser aussi son sillon.


Saint Isidore de Séville. Jean Hey ou Jean Pichore.
Heures à l'usage de Rome. XVe.

Une volonté ferme et un travail sans relâche eurent raison des difficultés qui le rebutaient, les facultés intellectuelles d'Isidore se développèrent et, bientôt, il dépassa ses maîtres eux-mêmes. Sa réputation commença à s'étendre ; on venait de loin écouter le jeune écolier, on le faisait disserter sur les sujets les plus élevés, ses auditeurs et ses interlocuteurs s'en retournaient étonnés de la sagesse de ses réponses.

A l'âge où les autres enfants songent encore à s'amuser, Isidore avait déjà parcouru le Trivium et le Quadrivium, les livres des philosophes et les traités des législateurs. On pouvait déjà, dit le chroniqueur Arevalo, admirer en lui l'élévation de Platon, la science d'Aristote, l'éloquence de Cicéron, l'abondance de Didyme, l'érudition d'Origène, la gravité de Jérôme, la doctrine d'Augustin et la sainteté de Grégoire. On dit même que ce dernier, ayant lu une lettre d'Isidore, dont les pensées et le style étaient également remarquables, s'écria dans un enthousiasme prophétique :
" Voici un autre Daniel, voici quelqu'un qui dépassera Salomon !"


Saint Isidore de Séville. Manuscrit du XIe.

La vie studieuse et retirée d'Isidore a fait croire à quelques-uns qu'il avait été moine. Au XVIe siècle, des religieux d'Espagne l'ont revendiqué pour leur ordre ; les carmes l'ont disputé aux bénédictins, les chanoines de Saint-Augustin ont prétendu qu'il avait été des leurs : tout cela reste fort douteux et discutable.

De bonne heure Isidore mit ses connaissances au service de son pays ; associé aux travaux et aux persécutions dont ses frères furent les ouvriers et les victimes pour un temps, il apporta à la conversion des Goths ariens l'ardeur d'une conviction de famille, la générosité d'un apôtre. A peine admis aux premiers ordres de l'Église, il suivit saint Léandre, évêque Séville, dans les conciles et les assemblées publiques ; comme lui, il confondit les arguments et les fausses interprétations de l'erreur ; comme lui, il fut entouré de la vénération du peuple et des bénédictions des confesseurs de la foi. Pendant l'exil de son frère, il soutint les intérêts de l'Église opprimée, prémunit les fidèles contre les séductions de l'hérésie : aussi, lorsque saint Léandre vint à manquer à l'Espagne, Isidore parut le seul digne d'occuper le siège de Séville.


Saint Isidore prêchant. Maître François.
Speculum historiale. V. de Bauvais. XVe.

L'épiscopat de ce grand homme dura près de 40 ans : il fut fécond en heureux résultats pour l'Église et la société civile. Plein de zèle et d'amour pour son peuple, Isidore ne négligea rien de ce qui pouvait favoriser les progrès de la civilisation et de la foi. Il fit de sages règlements pour prévenir les abus, tint des conciles pour maintenir l'intégrité de la doctrine chrétienne, se montra partout le défenseur du droit et de la justice. Ses prédications apostoliques achevèrent de détruire les restes de l'arianisme ; sa vigilance étouffa en naissant les erreurs des hérétiques acéphales, négateurs de la dualité des Natures en Jésus-Christ. De fréquents miracles donnaient à sa parole persuasive par elle-même un force et une autorité nouvelle : plus d'une fois, à sa prière, le ciel s'ouvrit pour envoyer aux campagnes arides une pluie bienfaisante, des infirmes retrouvèrent la santé du corps avec celle de l'âme, la mort même obéit à sa voix et rendit ses victimes.

Une des grandes sollicitudes d'Isidore fut de continuer l'enseignement de son frère, de procurer à la jeunesse de son pays une instruction solide et chrétienne. Il fit construire en dehors des murs de Séville, un collège de magnifique apparence : il voulut ètre lui-même le premier professeur de son école. On se pressait autour de sa chaire pour entendre ses gloses sur l'Écriture sainte et les poètes profanes. Il eut soin de s'adjoindre des collaborateurs zélés, prévit et régla avec beaucoup de sagesse les détails de l'organisation intérieure. La discipline était paternelle ; les dispositions pénales étaient rigoureuses, la vie commune, la retraite et le silence rentraient dans les règles fondamentales. Cependant un libre cours était laissé aux douces effusions de la confiance et de l'amitié : tous les disciples d'Isidore conservèrent pour lui un amour filial jusqu'à la mort. Au IVe concile de Tolède qu'il présida, il rendit obligatoires pour toute l'Espagne de semblables institutions.

Ce digne évêque s'occupa aussi de la réglementation des offices de l'Église : il voulut qu'ils fussent célébrés avec majesté et dévotion, comme l'exige la grandeur infinie du Dieu que l'on y honore. On a considéré Isidore comme le créateur de cette liturgie espagnole, si poétique et si imposante, qui, sous le nom de mozarabe, survécut à la ruine de l'Eglise wisigothe, et mérita d'être ressuscitée par le grand Ximenès. Isidore dressa lui-même le Missel et le Bréviaire à l'usage de l'Église d'Espagne ; écrivain fécond, infatigable, prodigieusement érudit, il rédigea encore, entre autres travaux, l'Histoire des Goths, de leurs conquêtes et de leur domination.


Dessin à la plume de Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.

On a associé son nom à un soi-disant décret de Gunthiniar, roi goth, et aux actes d'un concile de Tolède en 610, qui assignait le rang de métropole au siège de Tolède ; Isidore aurait signé le second les actes de ce concile, c'est-à-dire immédiatement après le roi, ce qui eût été porter quelque atteinte à l'Église de Séville. D'autre part, sous le règne de Sisebut, Isidore présida le IIe concile de Séville en novembre 618 ou 619. Là, l'Église de Séville est caractérisée de sainte Jérusalem. La conclusion de ce concile met en pleine lumière la doctrine concernant la personne de Jésus-Christ contre les acéphales ; on en appelle contre eux à l'Écriture sainte, au symbole des Apôtres, aux écrits des Pères.

Saint Isidore assista-t-il à un concile de Tolède vers 625 ? L'incertitude règne sur ce point. Isidore paraît bien faire allusion à ce concile dans une lettre à saint Braulion ; mais l'éditeur de ses oeuvres, Arevalo, suppose que cette réunion fut ajournée et tenue seulement huit ans plus tard. De fait, le IVe concile de Tolède fut tenu en 633, peu d'années avant la mort d'Isidore : celui-ci y présida comme métropolitain de Séville. Le roi goth, Swintila, avait été récemment déposé et remplacé par Sisenand : on ignore pour quelle raison Isidore favorisa la cause de ce dernier. En tout cas, ce prince assista au concile qui se tint dans la basilique de Sainte-Léocadie et se composa non seulement de prélats espagnols, mais aussi d'évêques de Gaule, de la province de Narbonne. On y rédigea 75 canons.


Saint Isidore de Séville écrivant. Bestiaire d'Aberdeen. Ecosse. XIe.

Parvenu à une extrême vieillesse et atteint de nombreuses infirmités, Isidore comprit que le temps du labeur était fini pour lui : il se prépara par la prière et la pénitence à paraître devant son juge. On dit qu'il prévit les malheurs de sa patrie et prononça des paroles effrayantes sur les futures destinées de l'Espagne ?

Au dernier terme de sa vie, il distribua en aumônes tout ce qui lui restait ; il manda auprès de son lit ses collègues dans l'épiscopat Jean et Epartius. Il se fit ensuite transporter dans la basilique de Saint Vincent, et étendre au milieu du choeur en face de l'autel. Là, couché sur la cendre, revêtu d'un cilice, entouré des clercs de son église, des élèves de son école, des religieux et des fidèles, il implora la miséricorde de Dieu :
" Seigneur, vous qui connaissez les coeurs des hommes, qui avez pardonné au publicain ses péchés, lorsque éloigné par respect de vos autels, il se frappait humblement la poitrine ; vous qui avez rendu la vie à Lazare mort depuis quatre jours, recevez maintenant ma confession, détournez vos yeux des péchés sans nombre que j'ai commis contre votre Majesté. C'est pour moi et non pas pour les justes que vous avez mis dans l'Église le bain salutaire de la pénitence."

Après avoir été absous par un des évêques, il reçut le saint viatique avec de grands sentiments d'humilité et de contrition. Il se recommanda aux prières de toute l'assistance, pria aussi pour son peuple, fit venir tous ses débiteurs et leur rendit leurs obligations. Enfin il donna le baiser de paix à ses prêtres, fit à son Église ses suprêmes adieux. On le reporta dans sa cellule où il expira quatre jours après (4 avril 639).

ÉCRITS

Les oeuvres d'Isidore ont un caractère encyclopédique : peu d'hommes ont eu une aussi grande variété de connaissances, toutes les sciences lui sont familières ; il a été le savant universel du Moyen Age. C'est bien ainsi que le présente son Livre des étymologies (20 livres), appelé aussi le Livre des origines des choses, manuel composé à la fin de sa vie, sur des notes anciennes, pour perpétuer parmi ses disciples le souvenir de ses explications orales ; les citations nombreuses qu'on y trouve attestent une vaste lecture. Isidore n'eut pas le temps de le corriger, il l'envoya à Braulion auquel l'oeuvre est dédiée pour qu'il y mît la dernière main. Cet inventaire de toutes les connaissances humaines fut très apprécié au Moyen Age. Il y en eut diverses éditions : Arevalo n'en compte pas moins de 10 entre les années 1470 et 1529.


Carte du monde connu. Etimologiae. Augsbourg. XVe.

Il a donné aussi des ouvrages de morale comme les Discours de consolation à un pénitent trop effrayé des jugements de Dieu, la Lamentation d'un pénitent sur ses péchés (en vers), la Prière pour demander à Dieu la grâce de se corriger, la Prière pour ne pas tomber dans les pièges du démon.

Isidore a donné aussi une série de traités sur l'Écriture sainte : Dissertations sur les noms de l'Écriture, sur les saints de l'Ancien et du Nouveau Testament, interprétations mystiques des principaux faits. Les deux livres des Offices divins, adressés à son frère saint Fulgence, sont une explication de l'ancienne liturgie espagnole. La règle des moines divisée en 24 chapitres est adressée aux religieux de la province Bétique.

On mentionnera aussi les deux livres contre les Juifs, De fide catholica contra judaeos, un des principaux monument de son génie, dédié à sa soeur sainte Florentine.

Saint Isidore de Séville présentant le livre " De fide catholica
contra judaeos " à sa soeur, sainte Florentine. De fide catholica
contra judaeos. Saint Isidore de Séville. Abbaye de Corbie. VIIIe.

Les écrits historiques d'Isidore lui ont donné une des premières places parmi les abréviateurs de son temps.

Cependant, on a exagéré les travaux d'Isidore et on lui a attribué toutes sortes d'écrits apocryphes. La meilleure édition de ses oeuvres est celle donnée en 7 volumes par F. Arevalo à Rome en 1797-1803. Voir aussi P. L., t. 81-84.

Pour une liste complète de ses écrits, on se reportera à la notice que consacrent les Petits Bollandistes à notre saint (T. IV, pp 189 et suiv.) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30734t.pagination

CULTE

Le corps d'Isidore fut déposé dans un des caveaux de sa métropole de Séville, entre celui de Léandre son frère et de Florentine sa soeur. Les biographes attribuent à saint Ildefonse l'épitaphe qui se lisait sur le tombeau d'Isidore ; elle est cependant d'une date postérieure.

Plus tard, les cendres d' Isidore furent transférées dans la ville de Léon par le roi Ferdinand Ier : on célébra cette translation le 22 décembre. Le nom d'Isidore fut inscrit au 4 avril dans les martyrologes à partir du IXe siècle. Le grand pape Benoît XIV a déclaré saint Isidore docteur de l'Eglise.


Saint Isidore et Isabelle la Catholique. Pedro Marcuello.

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jeudi, 04 avril 2024 | Lien permanent

25 octobre. Saint Chrysanthe et sainte Darie, vierges, martyrs. 284.

- Saint Chrysanthe et sainte Darie, vierges, martyrs. 284.

Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Occident : Carin.

" Livrez-vous avec soin et avec ardeur à des travaux honorables pour ne pas vous assujétir à la fatigue de vains travaux."
Saint Ephrem.

Saint Chrysanthe et sainte Darie. Bas relief.
Monastère de Bad Munstereifel. Archidiocèse de Cologne.

Chrysanthe, fils d'un sénateur romain, était né en Egypte. Jeune encore, il accompagna son père dans la grande Rome, où sa haute intelligence fut bientôt apprécié. Convaincu de la vanité des idoles, il cherchait, par tous les moyens, à connaître la véritée, afin de délivrer son âmes des doutes qui la désolaient.

Saint Chrysanthe que l'on essaye de séduire.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.

Un vieillard lui fut indiqué comme un sage ; Chrysanthe d'adressa à lui. Le vieillard, qui était chrétien, n'eut pas de peine à dessiller les yeux du jeune néophyte. La vérité connue fut à l'instant même embrassée avec ardeur : Chrysanthe devint apôtre.

Son père s'étonna, s'irrita, et jura de faire revenir son fils de ce qu'il appelait ses superstitions et ses erreurs. Caresses, prières, menaces, tout fut mis en oeuvre ; mais tout resta inutile. Cédant alors aux instigations de ses proches, le père de Chysanthe enferma son fils dans son palais, et tendit à sa vertu le piège le plus dangereux.

Saint Chrysanthe et sainte Darie.
Bas relief du monastère de Bad Munstereifel.

Les personnes amenées pour le séduire n'ayant pu l'ébranler, on fit le choix d'une Vestale, également fameuse par ses attraits, par ses connaissance et par le charme de son élocution. Prêtresse d'une idole, dont le culte était regardé comme la sauvegarde de l'empire, Darie déploya tous ses artifices pour corrompre le jeune chrétien, et l'amener comme une conquête à l'autel des dieux ; mais elle devint elle-même la conquête de la grâce. Chrysanthe et Darie, se voyant unis par les liens de la foi, de l'espérance et de la charité, s'unirent alors par les liens sacrés d'un mariage virginal. Cette résolution mit Chrysanthe en liberté, et lui donna les moyens, ainsi qu'à sa chaste épouse, de continuer à prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ. De nombreuses conversions dans les hauts rangs de la société devinrent le fruit de leur apostolat ; une des plus remarquables fut celle du tribun Claudius, avec sa femme, ses deux fils, ses domestiques et soixante-dix soldats.

Martyr de st Chrysanthe et de ste Darie.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Des plaintes furent portées au préfet Célérin qui fit arrêter les jeunes époux. Après d'autres supplices, on exposa saint Chrysanthe ensuite, cousu dans la peau d'un boeuf, aux rayons d'un soleil brûlant ; puis, les pieds et les mains chargés de chaînes, on le jeta au fond d'un obscur cachot ; mais les chaînes tombèrent, et une lumière éclatante remplit la prison. Pour Darie, enfermée dans un lieu de débauche, elle eut recours à la prière, et fut protégée contre toute injure par un lion divinement envoyé.

Le Seigneur veillat sur eux comme Il veillat sur tant d'autres ; et ils sortirent intacts et purs. Pour en finir, l'empereur irrité les condamna à être enterrés vivants. Tous deux furent donc enfin conduits dans un arénaire de la voie Salaria, y furent précipités dans une fosse que l’on remplit de pierres ; ce fut ainsi qu'ensemble ils gagnèrent la couronne du martyre.

Enterrement vivants par lapidation de saint Chrysanthe et
de sainte Darie. Vies de saints. Maître de fauvel. XIVe.

Il est vraisemblable que cet affreux supplice fut choisi afin de faire subir à Darie le genre de mort réservée aux Vestales infidèles. Cette conjecture devient d'autant plus probable qu'on fit expirer les saints Martyrs près de la porte Salaria, lieu désigné pour le supplice des Vestales.

Monastère de Bad Munstereifel.
Archidiocèse de Cologne, Westphalie. Allemagne.

Les principales reliques de saint Chrysanthe et de sainte Darie furent portées en 842 à l'abbaye de Pruym (province Rhénane). Deux ans après on les transféra à l'abbaye de Saint-Avold, au diocèse de Metz. Une partie de leur reliques se trouvent aussi à l'abbaye de Bad Munstereifel à l'Ouest de l'archidiocèse de Cologne.

Eglise abbatiale Saint-Chrysanthe-et-Sainte-Darie
du monastère de Bad Munstereifel.

Saint Chrysanthe et sainte Darie sont les saints patrons des villes d'Eissel, de Reggio-di-Modena, de Salzbourg et d'Oria, entre autres.

PRIERE

" Chrysanthe, époux vierge de la vierge Daria, s'unit dans la confession du Seigneur à celle qu'il a conquise au christianisme et à l'amour de l'angélique vertu. Nos pères entouraient d'une vénération fervente les saints époux qui ne connurent d'autre lit nuptial que la carrière de sable où Rome païenne les ensevelit vivants pour venger ses faux dieux (Sponsus torus, fossa capit vivos : Sequentia ex Proprio Eiffliensi, Munstereifel.)."

Chapelle Saint-Chrysanthe. Cléden-Cap-Sizun. Cornouailles. Bretagne.

La fosse meurtrière, se refermant sur eux, leur avait donné la fécondité du martyre. Au jour anniversaire de leur triomphe, un groupe nombreux de fidèles s'était porté à l'arénaire de la via Salaria pour la synaxe liturgique, quand des païens survenant murèrent l'entrée du souterrain. Bien des années s'écoulèrent. Lorsque l'heure de la victoire eut sonné pour l'Eglise et que les chrétiens retrouvèrent le chemin de la crypte sacrée, un spectacle unique s'offrit à leurs yeux : en face de la tombe où reposaient Chrysanthe et Daria, la famille engendrée par eux au martyre était rangée dans l'attitude où l'avait saisie le moment suprême ; près des ministres de l'autel, qu'entouraient les hommes, les femmes et les enfants formant l'assistance de cette Messe solennelle s'il en fut, se voyaient encore les vases d'argent du Sacrifice auquel l'Agneau vainqueur avait si pleinement associé tant de nobles victimes.

Damase orna de monumentales inscriptions ce lieu vénérable. Nul cependant n'osa toucher les corps saints, ni rien changera la disposition de l'incomparable scène. La crypte fut de nouveau murée ; mais une étroite ouverture permettait au pèlerin de plonger la vue dans l'auguste sanctuaire, et de s'animer pour les luttes de la vie en contemplant ce qu'avaient exigé de nos devanciers dans la foi les siècles du martyre
(Greg. Turon. De gloria Martyrum, I, XXXVIII.).

La chapelle Saint-Chrysanthe de Cléden-Cap-Sizun est construite
sur une fontaine miraculeuse dédiée à saint Chrysanthe.

Je donnerai à mes Saints une place de marque dans le royaume de mon Père, dit le Seigneur (Ant. Ia IIe Noct. plurim. Mart.). Ainsi chante l'Epouse, célébrant les Martyrs. Et voulant elle-même se conformer en ce qui vous concerne à la parole de l'Epoux, elle fait de l'insigne basilique du Latran votre demeure sur terre, et vous assigne comme lit d'honneur et de repos le réduit sacré, la confession même sur laquelle repose l'autel majeur de l'Eglise maîtresse et mère des Eglises !

Digne récompense de vos labeurs et de vos souffrances, en cette Rome où il vous fut donné de participer à la prédication des Apôtres et de sceller comme eux de votre sang la parole sainte. Ne cessez pas de justifier la confiance de la Ville éternelle : rendez sans cesse plus féconde sa foi qui fut toujours pure ; jusqu'au moment où sonnera l'heure de chasser l'étranger, maintenez inaltérable son dévouement au Pontife-roi dont le séjour fait d'elle la capitale du monde, le vestibule du ciel. Mais vos reliques saintes ont aussi, par la munificence de Rome, porté au loin leur protection puissante. Daignez appuyer de votre crédit la prière que nous empruntons à vos dévots clients d'Eifflia
(Bad Munstereifel, monastère et ville de l'archidiocèse de Cologne, honorant comme patrons saint Chrysanthe et sainte Daria) :
" Ô Dieu qui avez dans vos saints Chrysanthe et Daria relevé l'honneur de la virginité par la consécration du martyre, faites que, soutenus de leur intercession, nous éteignions en nous la flamme des vices et méritions d'être votre temple en la compagnie des cœurs purs."

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mercredi, 25 octobre 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

22 avril. Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.

- Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.
 
Empereur : Marc-Aurèle.
 
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir supporter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession."
Saint Caïus.
 
Saint Caïus bénissant pendant le sacrement
de la transmission des pouvoirs de l'Ordre.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. Jean le Tavernier. Flandres. XVe.

Deux Papes martyrs croisent aujourd'hui leurs palmes sur le Cycle. Soter souffrit pour le Christ au deuxième siècle, et Caïus au troisième ; cent années les séparent, et l'énergie de la foi, la fidélité au divin dépôt ; se retrouvent les mêmes. Quelle société humaine a jamais produit des siècles entiers de héros ? La nôtre est fondée sur ce dévouement traditionnel qui se prouve par le sang. Nos chefs n'ont pas voulu laisser aux soldats le monopole du sacrifice ; les trente premiers successeurs de Pierre ont payé de leur vie l'honneur du pontificat. Quel trône que celui de notre divin Ressuscité entouré de tous ces rois revêtus de la pourpre triomphale !

Soter fut le successeur immédiat d'Anicet, dont nous avons honoré la mémoire il y a peu de jours. Le temps nous a dérobé la connaissance de ses actions. Un trait seulement est arrivé jusqu'à nous. Eusèbe nous a conservé un fragment d'une lettre de saint Denys, évêque de Corinthe, dans laquelle il remercie notre saint pontife des largesses qu'il a envoyées aux fidèles de cette Eglise qui souffraient d'une famine. Une lettre apostolique accompagnait ces aumônes, et saint Denys atteste qu'on la lisait dans l'assemblée des fidèles, avec celle que saint Clément avait adressée à la môme Eglise au siècle précédent. La charité des pontifes romains s'est toujours unie à leur fidélité à conserver le dépôt de la foi. Quant à Caius. il fut enlevé dans la terrible tempête suscitée par Dioclétien contre l'Eglise, et ses gestes occupent à peine quelques lignes dans les annales de Rome chrétienne. Nous ne serons donc pas étonnés de trouver tant de concision dans le récit liturgique que l'Eglise consacre à ces deux Papes martyrs, et dont voici la teneur.


Saint Soter. Fresque de la chapelle Sixtine. Rome.

Saint Soter fut le successeur du Pape saint Anicet (que l'on fête au 17 avril). Il naquit à Fundi, ville de l'Italie méridionale. Son père se nommait Concorde.

Saint Soter décréta que les religieuses et les vierges consacrées ne toucheraient pas les vases de l'autel, ni les linges sacrés, et qu'elles n'offriraient pas l'encens ni ne tiendraient elle-même l'encensoir à l'Eglise. Rappelons qu'en ce temps-là, l'hérésie des Montanistes était cause de désordre et de confusion, et que, parmi eux, les femmes elle-même se permettaient d'administrer les saints Mystères.
Si ensuite dans l'histoire, certaines permissions de toucher aux linges sacrés furent concédées à de particulièrement saintes religieuses, ce ne fut que par exception, tout en maintenant que les dits linges sacrés devait être lavés au moins par un sous-diacre.

Il ordonna aussi que le Jeudi saint, tous les fidèles recevraient le corps du Christ, hors ceux qui en seraient empêchés pour quelques péchés graves. Il déclara que les serments faits contre la justice ne devaient pas être gardés.

Il déploya une ardente charité pour les Églises qui souffraient de la persécution. Il subvenait, par des aumônes, aux nécessités des chrétiens exilés pour la foi et n'oubliait pas les indigents des provinces. Il accueillait, avec la tendresse d'un père, les étrangers qui venaient à Rome, et leur prodiguait toutes les consolations qui étaient en son pouvoir.

Il se montra intrépide défenseur de la foi contre les hérésies, en particulier contre celle des Montanistes, qui se répandait alors partout. Il écrivit aux évêques d'Italie une lettre où il traite de la foi en Jésus-Christ.

Il siégea sur la chaire pontificale trois ans, onze mois et dix-huit jours. Il fut enveloppé dans la cruelle persécution qui s'éleva sous Marc-Aurèle et reçut la couronne du martyre le 22 avril 170. Il fut enseveli dans le cimetière appelé plus tard de Calliste. Il avait, selon la coutume de ses prédécesseurs, ordonné, au mois de décembre, dix-huit prêtres, neuf diacres et onze évêques pour les divers lieux.


Le martyre de saint Caïus. Lorenzo Monaco. XIVe.

Saint Caius était de Dalmatie et de la famille de l'empereur Dioclétien. Son père se nommait Caïus et il avait un frère nommé Gabinus (Gabin). Ce fut un Pontife d'une rare prudence et d'une vertu courageuse.

Il ordonna que dans l'Eglise, avant de monter à l'épiscopat, on passerait par les degrés des ordres et rangs de portier, de lecteur, d'exorciste, d'acolythe, de sous-diacre, de diacre et de prêtre.
Saint Caïus n'est assurément pas le premier auteur de cette ordonnance puisqu'on la pratiquait du temps des apôtres et que Notre Seigneur Jésus-Christ le leur enseigna ainsi. Mais il la rappela et la renouvela afin que perosnne ne fût admis à l'épiscopat sans avoir auparavant officié et servi le temps qui était precrit dans les ordres inférieurs.

On attribue de plus à saint Caïus, une épître fort grave touchant le mystère de l'incarnation du Verbe éternel.

La persécution contre les chrétiens sévissait alors dans toute sa fureur : les fidèles, pour s'y soustraire, étaient obligés de se tenir cachés dans les cavernes et les tombeaux. Saint Caïus mit tout son zèle à confirmer dans la foi les serviteurs de Jésus-Christ. Il conseilla au patricien Chromatius de recevoir dans sa villa les fidèles qui voudraient échapper aux bourreaux et alla les y visiter afin de soutenir leur courage. Ce fut alors qu'il fit diacres Marc et Marcellin, qu'il éleva leur père Tranquillin à la prêtrise et établit Sébastien défenseur de l'Église.

Monnaie de Dioclétien, le parent - et néanmoins persécuteur
cruel des Chrétiens - de saint Caïus et de saint Gabin son frère.
Monnaie du IIIe.

En cette occasion, notre saint Pape dit à tous ceux qui étaient assemblés chez Chromatius :
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir suppoter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession.
Que ceux qui veulent demeurer dans la maison de Chromatius, y demeurent avec Tiburce ; et que ceux qui préfèrent alle ravec moi à la ville y viennent."

Afin d'éviter lui-même les cruautés de Dioclétien, il se tint caché quelques temps dans une caverne ; mais, huit ans plus tard, il remporta la couronne du martyre avec son frère Gabinus, après avoir siégé douze ans, quatre mois et cinq jours. Il avait ordonné vingt-cinq prêtres, huit diacres et cinq évêques.
Il fut enseveli dans le cimetière de Calliste, le dix des calendes de mai.

Son corps fut retrouvé en 1622, avec une inscription propre à le faire reconnaître et avec deux monnaies de l'empereur Dioclétien son parent. Le pape Grégoire XV en donna la majeure partie à Alphonse de Gonzaque, archevêque de Rodhes, qui la fit transporter à Novellara en Lombardie.
En 1631, Urbain VIII a renouvelé sa mémoire à Rome et rétabli son église qui était ruinée et qui avait été bâtie peu après son martyre sur la maison qu'il habitait, y créant un Titre avec une Station, et l'ayant enrichie d'une autre partie des reliques du saint pape.

 
PRIERE
 
" Saints Pontifes, vous êtes du nombre de ceux qui ont traversé la grande tribulation, et qui ont passé par l'eau et par le feu pour aborder au rivage de l'éternité. La pensée de Jésus vainqueur de la mort soutenait votre courage ; vous saviez que les gloires delà Résurrection ont succédé aux angoisses de la Passion. Immolés comme Jésus pour votre troupeau, vous nous avez appris par votre exemple que la vie et les intérêts de ce monde ne doivent compter pour rien, quand il s'agit de confesser la foi.

Armez-nous de ce courage. Le Baptême nous a enrôlés dans la milice du Christ ; la Confirmation nous a donné l'Esprit de force : nous devons donc être prêts pour les combats. Saints Pontifes, nous ignorons si nos temps sont appelés à voir l'Eglise exposée à la persécution sanglante; quoi qu'il advienne, nous avons à lutter avec nous-mêmes, avec l'esprit du monde, avec les démons ; soutenez-nous par vos prières. Vous avez été les pères de la chrétienté ; la charité pastorale qui vous anima ici-bas vit toujours dans vos cœurs. Protégez-nous, et rendez-nous fidèles à tous les devoirs qui nous lient au souverain Maître dont vous avez soutenu la cause."

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lundi, 22 avril 2024 | Lien permanent

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