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10 janvier. Saint Guillaume, archevêque de Bourges.

- Saint Guillaume, archevêque de Bourges. 1209.
 
Pape : Innocent III. Roi de France : Philippe II Auguste.

" Lorsque vous jeûnez, ne soyez point tristes comme les hypocrites ; ils montrent un visage exténués afin que leurs jeûnes paraissent devant les hommes."
Math., VI, 16.


Saint Guillaume. Heures à l'usage de Rome. Paris. XVe.

Guillaume de Donjeon (ou Berruyer), issu de l'antique maison des comtes de Nevers, vint au monde vers le milieu du XIIe siècle au bourg d'Arthel. Il fut élevé avec soin dans la crainte de Dieu sous la conduite de son oncle, Guillaume, archidiacre de Soissons et surnommé l'Ermite à cause de ses vertus, auquel sa mère Maëncia l'avait confié. Le Seigneur lui avait donné toutes les dispositions de la nature et de la grâce nécessaires à l'accomplissement des grands desseins qu'Il avait sur lui ; aussi fit-il des progrès rapides et acquit-il en peu de temps des connaissances au-dessus de son âge et un trésor croissant de sainteté.

Le monde lui souriait, avec sa gloire et ses plaisirs ; il renonça à tout, il s'éloigna même des honneurs ecclésiastiques qui semblaient le poursuivre, tant comme chanoine à Soissons qu'ensuite à Paris. Il résigna ses bénéfices et parti au monastère de Grand-Mont d'abord, au diocèse de Limoges, puis à l'abbaye de Pontigny, deuxième fondation de Cîteaux à Chablis, car il avait fuit Grand-Mont à cause des querelles qui opposaient les moines autour de la place des affaires spirituelles soutenues par les moines de choeur par rapport aux affaires temporelles, soutenues par les frères converts.


Abbaye cistercienne de Pontigny.
IIe fondation de l'ordre de Citeaux. 1114.

Après avoir édifié Pontigny par ses vertus où il fut amené à en devenir l'abbé, il alla implanter deux fondations de Pontigny, l'abbaye de Fontaine-Jean au diocèse de Sens, où saint Guillaume fit tant l'admiration de ses frères qu'ils en firent leur prieur claustral. Il fut ensuite élu abbé de Fontaine-Saint-Jean, au diocèse de Sens. Et plus tard abbé de Chalis en 1136, qu'il fonda aussi. Ces monastères durent leur naissance, comme beaucoup d'autres d'ailleurs, à la générosité du grand et trop méconnu roi Louis VI.

Tous les frères conservèrent de lui le souvenir d'un moine doux et gai, encore que constamment préoccupé de la mortification des sens et des passions. Au demeurant, il exerçait avec talent ses fonctions de gouvernement et enseignait bien. Il vécut dans cette sainte retraite de Chalis jusqu'en 1099.

Non content d'avoir quitté le monde, il en perdit jusqu'au souvenir, et vécut dans la présence continuelle de Dieu ; sa modestie, sa dévotion, sa régularité, ranimaient la ferveur de ses frères ; il suffisait de le regarder au choeur ou à l'autel pour être embrasé du saint désir de marcher sur ses traces. Il avait surtout un grand amour pour le Saint-Sacrement, près duquel il trouvait ses délices, et ses larmes ne tarissaient pas durant le saint sacrifice de la Messe.


Saint Guillaume. Chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Saint Merd-la-Breuille. Limousin. XVIIe.

Or, il advint que mourut Henry de Sully, l'archevêque de Bourges, dont la succession s'avérait si difficile que le chapitre s'en remit à Eudes de Sully, évêque de Paris, pour choisir le nouvel archevêque entre les trois abbés de l'Ordre de Cîteaux.

Eudes de Sully se retira dans la prière puis s'en vint à Notre-Dame-de-Sales où, après écrit le nom de chaque abbé sur un papier différent, les déposa sur l'autel avant que de célébrer la messe. A la fin de la messe, il tira au sort et Guillaume fut désigné comme le nouvel archevêque de Bourges ; Eudes de Sully se rendit à Saint-Etienne de Bourges où l'attendait le chapitre qui proclama son nouvel archevêque le 23 novembre 1200.

Effrayé par le poids de sa nouvelle charge, il ne l'accepta, à la demande du légat pontifical, qu'en obéissance à l'abbé de Cîteaux. Il fut sacré en présence des évêques dont il devenait le primat pour la part de l'Aquitaine qui lui revenait. Notre saint dut donc bientôt se résigner à s'élever et répondre à l'appel du Ciel clairement manifesté. Sacré archevêque de Bourges, Guillaume montra, dès les premiers jours, toutes les vertus des plus illustres Pontifes. Il demeura moine dans son palais, moine par l'habit et plus encore par les austérités. Il sut concilier les exercices de sa piété avec les immenses occupations de sa charge ; il parcourait son diocèse, prêchait, instruisait les petits et les humbles, administrait les sacrements, visitait les hôpitaux, délivrait les captifs, et multipliait les prodiges. Quand on lui demandait un miracle, il disait : " Je ne suis qu'un pauvre pécheur " ; mais il cédait aux larmes des malades et les guérissait par sa bénédiction.


Saint Guillaume agenouillé devant l'évêque de Soissons.
Dessin de Giovanni Francesco Barbieri. XVIIe.

Archevêque, il continuait de vivre comme un moine, dans une grande austérité, touchant les cœurs par sa grande humilité, sa douceur et sa joie, autant que par ses mortifications et sa grande charité.

Dans l'exercice de sa charge pastorale, il se montrait toujours si ferme sur les principes qu'il s'attira la colère de Philippe II Auguste quand le roi était interdit par Innocent III pour avoir répudié Ingelburge et épousé Agnès de Méranie et que l'archevêque suspendit le culte dans son diocèse. Il connut aussi la haine d'une large partie de son clergé qui ne voulait pas se plier à la discipline. Philippe Auguste rentra enfin en lui-même et fit pénitence, recouvra par là la pleine amitié de saint Guillaume, et bien des clercs depuis firent pénitence publique.


Eglise Saint-Guillaume. Saint-Gonlay. Bretagne.

Saint Guillaume gouverna l'archidiocèse de Bourges pendant dix ans où il fut remarquable dans les missions qu'il prêchait contre des hérétiques de l'espèce manichéenne, et c'est en se préparant à partir pour une nouvelle tournée pastorale qu'il fut saisi par la maladie et dut s'aliter pour la première fois de sa vie, le 9 janvier 1209. Il dicta son testament, reçut les derniers sacrements et entra en agonie ; il eut encore la force de se lever pour recevoir la Sainte Communion à genoux sur le pavé ; il fit jurer à son chapitre de remettre son cadavre aux cisterciens, puis, au moment d'expirer, exigea qu'on le couchât par terre, sur la cendre, et mourut le 10 janvier 1209.


Saint Guillaume. Faïence de Nevers. Bourgogne. XVIIIe.

On a conservé de lui quelques belles paroles :
" Tel pasteur, telles brebis."
" J'ai à expier et mes propres péchés et ceux de mon peuple."

Sa mort fut digne de sa vie ; il expira revêtu du cilice qu'il avait toujours porté, et couché sur la cendre. Il avait commencé par ses écrits à mener le combat contre les ignobles cathares. Au moment de sa mort, il vit distinctement les anges battant des ailes au-dessus de sa tête, et il rendit l'âme en leur tendant les bras. Pendant ses obsèques, la foule aperçut au-dessus de l'église un globe de feu planant dans les airs.


Retable de saint Guillaume. Bas-relief en bois polychrome.
Chapelle Saint-Guillaume de Loudéac. Bretagne. XVIIe.

La population prit le deuil et refusa de rendre la dépouille du saint aux moines de Chalis qui s'inclinèrent à partir du moment où le pape Honorius III l'inscrivit au livre des saints, en 1218, et que son corps fut déposé dans une chasse magnifique derrière le maître-autel de sa cathédrale. Les moines de Chalis eurent un os du bras, et le collège de Navarre, puisque l'université de Paris avait choisi saint Guillaume comme patron et protecteur, eut une côte. Pendant les guerres de religion, les bêtes féroces calvinistes détruisirent la chasse, mais les reliques furent recueillies et exposées en l'église Saint-Léger-d'Auvergne, au diocèse du Puy, où elles opérèrent de nombreux miracles avant que d'être profanées et détruites par les non moins féroces bêtes de la révolution.

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mercredi, 10 janvier 2024 | Lien permanent

5 janvier. Saint Télesphore, pape et martyr. 138.

- Saint Télesphore, pape et martyr. 138.

Papes : Saint Sixte Ier (prédécesseur) ; saint Hygin (successeur). Empereurs romains : Hadrien (+138) ; Antonin le Pieux (dit).

" Frère bien-aimés, nous avons la confiance que vous gardez intacte la foi des Apôtres."
Epître de saint Télesphore aux évêque de la catholicité. (Patrol. grecque, T. V.).


Saint Télesphore. Frise des papes.
Basilique Saint-Pierre. Rome.

Saint Télesphore était Grec de nation et anachorète. C'est une tradition, dans l'ordre des Carmes, que le lieu où il exerça sa vie solitaire, avant d'entreprendre la prédication de l'Evangile, était le mont Carmel célèbre par le séjour des saints prophètes Elie et Elisée.

Etant venu à Rome pour travailler à l'établissement de la religion chrétienne, il donna des marques si visibles d'une sagesse et d'une sainteté consommées, qu'après le martyre de saint Sixte, premier de ce nom, il fut mis en sa place, et créé souverain Pontife, sous l'empire d'Adrien.

Entre plusieurs beaux réglements qu'il fit pour l'avancement de l'Eglise, l'un des principaux fut celui du jeûne de quarante jours avant Pâques, que nous appelons le Carême. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de cette observance ; car saint Ignace, martyr, qui vivait avant lui, en fait mention dans son Epître aux Philippiens ; et c'est le sentiment commun des Pères de de l'Eglise, qu'elle est de tradition apostolique : plusieurs même en parlent comme d'une institution divine, en tant que Notre Seigneur Jésus-Christ nous l'a apprise par son exemple. Mais ce que fit ce saint pape, fut d'établir par un décret ce qui n'était gardé que par l'autorité de la tradition, de réveiller la ferveur des Chrétiens qui commençait à se relâcher dans cette sainte pratique : on peut voir à ce sujet un traité fort curieux touchant les jeûnes, que la père Thomassin, si connu par sa pénétration dans l'antiquité ecclésiastique, a donné au public.

On dit aussi que notre Saint ordonna qu'à la sollennité de Noël, on célèbrerait la messe au milieu de la nuit, au lieu qu'aux autres temps, on ne la célébrait qu'à l'heure de tierce c'est-à-dire sur les neuf heures du matin : ce qui se doit entendre de la messe solennelle, et de ce qui se faisait le plus ordinairement dans les églises.


Vierge de la Très Sainte Trinité. Cimabue. Italie.. XIIIe.

On lui attribue encore le commandement de chanter l'hymne des anges, Gloria in excelcis, avant l'action du sacrifice. On sait, à ce sujet, que les premières paroles de ce cantique ont été chantées par les anges, lorsqu'ils annoncèrent la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, Notre Divin Sauveur. De là lui est venu le nom d'hymne angélique. L'origine des paroles qui suivent n'est pas tout à fait certaine : on les attribuent aux Apôtres, à saint Télesphore, au pape Symnaque à saint Hilaire, évêque de Poitiers. Il est facile de voir l'analogie qu'il y a entre notre Gloria in excelcis et celui des Constitutions apostoliques, tel que le transcrit le docteur Grancolas :
" Gloria in excelcis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis."

Toutes ces ordonnances sont rapportées dans le Liber pontificalis.

Il s'éleva, du temps de ce bienheureux pontife, trois hérétiques très permicieux, savoir : Valentin, Marcion et Appelès, dont les dogmes gnostiques, impies et sacrilèges sont rapportés par saint Epiphane et par les auteurs ecclésiastiques qui ont écrit sur les hérésies.

Cet homme apostolique ne manqua pas de les combattre avec toute la vigueur que l'on pouvait attendre d'un chef de l'Eglise aussi savant et aussi pieux qu'il l'était, et il fut aider dans ce combat par le grand saint Justin, philosophe chrétien, qui présenta aussi, depuis, aux empereurs, deux excellentes apologies, pour justifier notre sainte religion des crimes que les païens lui imputaient, poussés qu'ils étaient par leur propre malice, et par la doctrine diabolique et les moeurs corrompues de ces hérétiques qui se donnaient pour chrétiens.


Couronnement de la sainte Vierge.
Maître de la vie de Marie. Flandres. XVe.

Enfin, saint Télesphore, après avoir gouverné l'Eglise onze ans, trois mois et vingt-deux jours, fut couronné d'un très glorieux martyre, comme le dit expressément saint Irénée. Il avait fait trois fois les ordres au mois de décembre, et créé douze prêtres, huit diacres et treize évêques. Son corps fut enterré au Vatican, proche de celui du Prince des Apôtres, et sa mémoire est célébrée dans l'Eglise au jour même de son martyre, selon l'ordre du bréviaire réformé par Clément VIII.

On représente saint Télesphore avec un calice surmonté de trois hosties, pour rappeler qu'il institua la pratique de dire trois messes le jour de Noël.

MEMOIRE DE SAINT TELESPHORE

" Ô Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, accordez à nous qui célébrons sa Naissance, de jouir de sa protection."

" Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont offerts ; et, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, qu'ils vous apaisent et attirent sur nous vos regards."

" Rassasiés par la participation du don sacré, nous vous prions, Seigneur notre Dieu, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l'effet du Mystère que nous célébrons."

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vendredi, 05 janvier 2024 | Lien permanent

Dimanche de L'Epiphanie. Sainte Famille.

- Dimanche de l'Epiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ ; Sainte Famille.

Extraits de L'année liturgique de dom Prosper Guéranger :


L'adoration des mages. Rogier van der Weyden. XVe.

A LA MESSE

C’est encore la Royauté du divin Enfant que l'Eglise proclame en tête des Cantiques qui doivent accompagner la célébration du saint Sacrifice, en ce Dimanche dans l'Octave de l'Epiphanie. Elle chante le Trône de l'Emmanuel, et s'unit aux concerts des Anges qui célèbrent son empire éternel. Adorons aussi avec les Esprits bienheureux le Roi des siècles, dans son Epiphanie.

INTROÏT



Lorenzo Monaco. XVe.

" Sur un trône élevé, j'ai vu assis un homme ; la multitude des Anges l'adorent, répétant en chœur : C'est lui dont l'Empire est éternel.
Ps. Jubilez à Dieu, habitants de la terre ; servez le Seigneur dans l'allégresse. Gloire au Père. Sur un trône élevé."


COLLECTE

Les vœux que la sainte Eglise exprime au Père céleste dans la Collecte, sont d'avoir part à la lumière de notre divin Soleil, qui seul peut nous révéler la voie où nous devons marcher, et par sa chaleur vivifiante nous donner les forces pour arriver jusqu'à lui.

" Recevez, Seigneur, dans votre céleste bonté, les vœux et les supplications de votre peuple ; et faites que vos fidèles connaissent ce qu'ils doivent faire, et deviennent forts pour accomplir ce qu'ils auront connu. Par notre Seigneur Jésus-Christ."

Mémoire de l'Epiphanie

" Ô Dieu, qui avez manifesté aujourd'hui, par une étoile, votre Fils unique aux Gentils ; faites, dans votre bonté, que nous qui vous connaissons déjà par la foi, nous arrivions un jour à contempler l'éclat de votre gloire. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
"

EPÎTRE

Epître du bienheureux Apôtre Paul aux Romains. CHAP. XII.



Joos van Wassenhove. Flandres. XVe.

" Mes Frères, je vous conjure, parla miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, capable d'un culte spirituel. Ne vous conformez point au siècle présent ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, pour reconnaître la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable à ses yeux et parfait. Je vous exhorte donc vous tous, par la grâce qui m'a été donnée, de ne point être sages plus qu'il ne faut être sage ; mais d'être sages avec sobriété, chacun selon la mesure du don de la foi que Dieu vous a départie. Car, comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous ces membres n'ont pas la même fonction : ainsi, quoique nous soyons plusieurs, nous ne sommes néanmoins qu'un seul corps en Jésus-Christ, étant réciproquement les membres les uns des autres, en Jésus-Christ notre Seigneur."

L'Apôtre nous invite à faire notre offrande au Dieu nouveau-né, à l'exemple des Mages ; mais l'offrande que désire ce Seigneur de toutes choses n'est pas une offrande inerte et sans vie. Il se donne tout entier, lui qui est la Vie ; en retour, présentons-lui, dans notre cœur, une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, dont l’obéissance à la grâce divine soit raisonnable, c'est-à-dire fondée sur l'intention formelle de s'offrir. Comme les Mages encore qui revinrent dans leur patrie par un autre chemin, évitons tout rapport avec les idées de ce siècle, c'est-à-dire du monde, ennemi secret de notre aimable Roi. Réformons notre vaine prudence sur la divine sagesse de Celui qui, étant la Sagesse éternelle du Père, peut bien, sans doute, être aussi la nôtre. Comprenons que nul ne fut jamais sage sans la foi, qui nous révèle que l'amour doit nous unir tous pour ne former qu'un même corps en Jésus-Christ, participant de sa vie, de sa sagesse, de sa lumière et de sa royauté.

GRADUEL

Dans les chants qui suivent, l'Eglise continue d'exalter l'ineffable merveille du Dieu avec nous, la paix et la justice descendues du ciel sur nos humbles collines.

" Béni notre Seigneur, le Dieu d'Israël, qui seul opère de telles merveilles à jamais.

V/. Que les montagnes de votre peuple soient visitées par la paix ; que les collines reçoivent la justice."

ALLELUIA

" Alleluia, alleluia.
V/. Jubilez à Dieu, habitants de la terre ; servez le Seigneur dans l'allégresse. Alleluia.
"

EVANGILE

Suite du saint Evangile selon saint Luc. CHAP. II.



Adoration des rois mages. Gérard David. Flandres. XVIe.

" Jésus étant âgé de douze ans, Marie et Joseph montèrent à Jérusalem, selon qu'ils avaient accoutumé à cette fête. Comme ils s'en retournaient, les jours de la fête étant passés, l'Enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et ses parents ne s'en aperçurent pas. Mais, pensant qu'il serait avec ceux de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs parents et ceux de leur connaissance. Et ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent a Jérusalem pour l'y chercher. Et il arriva que, après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Or, ceux qui l'entendaient étaient dans la surprise de sa sagesse et de ses réponses. Lors donc qu'ils le virent, ils furent dans l'étonnement, et sa mère lui dit : Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà votre père et moi qui vous cherchions tout affligés. Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois vaquer à ce qui regarde le service de mon Père ? Et ils ne comprirent pas cette parole qu'il leur disait. Et il descendit avec eux et vint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère conservait dans son cœur toutes ces paroles. Et Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes."



Albrecht Dürer. XVIe.

C'est ainsi, Ô Jésus, que pour nous enseigner vous êtes venu du ciel La faiblesse de l'enfance, sous les traits de laquelle vous vous montrez à nous, n'arrête point votre ardeur à nous faire connaître le seul Dieu qui a fait toutes choses, et vous, son Fils, qu'il a envoyé. Etendu dans la crèche, d'un seul regard vous avez instruit les bergers ; sous vos humbles langes, dans votre silence volontaire, vous avez révélé aux Mages la lumière qu'ils cherchaient en suivant l'étoile.

A douze ans, vous expliquez aux docteurs d'Israël les Ecritures qui rendent témoignage de vous ; peu à peu vous dissipez les ombres de la Loi par votre présence et par vos paroles. Pour accomplir les ordres de votre Père céleste, vous ne craignez pas d'inquiéter le cœur de votre Mère, en cherchant ainsi des âmes à éclairer. Votre amour pour les hommes transpercera bien plus durement encore ce tendre cœur, au jour où, pour le salut de ces mêmes hommes, Marie vous verra suspendu au bois de la croix, expirant dans toutes les douleurs. Soyez béni, ô Emmanuel, dans ces premiers mystères de votre enfance, où vous apparaissez déjà uniquement occupé de nous, et préférant à la société même de votre Mère ces hommes pécheurs qui doivent un jour conspirer votre mort.

OFFERTOIRE

Pendant l'Offrande, l'Eglise continue de faire entendre les cantiques de joie que lui inspire la présence de l'Enfant divin.

" Jubilez à Dieu, habitants de la terre : servez le Seigneur dans l'allégresse : entrez en sa présence avec des transports de joie ; car ce Seigneur Enfant c'est Dieu lui-même."

SECRETE

" Faites, Seigneur, que le Sacrifice qui vous est offert nous vivifie et nous fortifie à jamais. Par notre Seigneur Jésus-Christ."

Mémoire de l'Epiphanie

" Regardez, s’il vous plaît, d'un œil favorable, Seigneur, les dons de votre Eglise, qui ne vous offre pas de l'or, de l'encens et de la myrrhe, mais Celui-là même qui est figuré par ces présents, et qui maintenant est immolé et donné en nourriture, Jésus-Christ votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec vous.

En distribuant le Pain de vie descendu du ciel, l'Eglise répète les paroles de Marie à son divin Fils : qu’avez-vous fait ? Votre père et moi, nous vous cherchions. Le bon Pasteur, qui nourrit ses brebis de sa propre chair, répond qu'il se doit aux ordres de son Père céleste. Il est venu pour être notre Vie, notre lumière, notre nourriture : voilà pourquoi il quitte tout pour se donner à nous. Mais les docteurs du Temple ne firent que le voir et l'entendre, et nous, dans ce Pain vivant, nous le possédons, et nous goûtons sa douceur."

COMMUNION

" Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voici votre père et moi qui vous cherchions, tout affligés. — Pourquoi me cherchiez-vous ? ne saviez-vous pas que je dois vaquer à ce qui regarde le service de mon Père ?"

POSTCOMMUNION

La sainte Eglise, qui vient de voir ses enfants ranimés par cette nourriture d'un si haut prix, demande pour eux la grâce de devenir agréables à Celui qui leur donne la preuve d'un si grand amour.

"Nous vous supplions humblement, Dieu tout-puissant, de faire que ceux que vous nourrissez par vos Sacrements, vous puissent servir par une vie et des actes qui vous soient agréables. Par Jésus-Christ notre Seigneur."

Mémoire de l'Epiphanie

" Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant, que, par l'intelligence d'un esprit purifié, nous puissions goûter le Mystère que nous célébrons parce solennel service. Par Jésus-Christ notre Seigneur."

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dimanche, 07 janvier 2024 | Lien permanent

13 mars. Sainte Euphrasie, vierge dans la Thébaïde. 412.

- Sainte Euphrasie, vierge dans la Thébaïde. 412.
 
Pape : Innocent Ier. Empereur d'Occident : Honorius.

" O virginalis nuptiae
Per quas caro fit spiritus !
O dulce vinculum, jungitur
Quo mens Deo, menti Deus."
" Ô noces de la virginité
Par laquelle la chair devient esprit !
Ô doux noeuds, par lesquels
Dieu s'unit à l'âme et l'âme à Dieu."
Santeuil. Hymnes.
 

Sainte Euphrasie (ou Eupraxie, ou encore Euphrosine) était de race royale. Son père sénateur, Antigone, occupait l'une des charges les plus importantes à la cour de Constantinople. Sa mère, prénommée Euphrasie aussi, encouragea son époux à renoncer au monde, et à la mort de celui-ci, supplia l'empereur Théodose de prendre sa fille sous sa protection.

Notre sainte renonça bientôt à une brillante alliance, et fit distribuer aux pauvres ses immenses richesses pour ne penser plus qu'à servir Jésus-Christ. C'est un monastère de la Thébaïde qui eut la joie de la recevoir, et elle en devint bientôt, malgré sa jeunesse, l'édification et le modèle.

Dès sa douzième année, elle pratiqua les jeûnes du monastère, et ne mangea qu'une fois le jour ; plus tard, elle demeura jusqu'à deux ou trois jours sans prendre de nourriture ; elle put même parfois jeûner sans manger, une semaine entière. Les occupations les plus viles avaient sa préférence : cette fille de prince balayait le couvent, faisait le lit de ses soeurs, tirait de l'eau pour la cuisine, coupait du bois, et faisait tout cela avec une joie parfaite.


Sainte Euphrasie prenant l'habit. Vies de Saints. Henri. XIIIe.

Pour éprouver son obéissance, l'abbesse lui commanda un jour de transporter d'un endroit du jardin à l'autre d'énormes pierres que deux soeurs ensemble pouvaient à peine mouvoir. Elle obéit sur-le-champ, saisit les pierres les unes après les autres et les transporta sans difficulté au lieu indiqué. Le lendemain, elle dut les reporter à leur première place. Pendant trente jours on l'employa au même travail, sans qu'on put remarquer sur son visage aucune marque d'impatience.

Le démon, furieux de voir tant de vertu dans une frêle créature, lui fit une guerre acharnée. Un jour, il la jetait dans le puits où elle tirait de l'eau ; une autre fois il la renversait sur la chaudière d'eau bouillante où elle faisait cuire le maigre repas de ses soeurs ; mais la jeune sainte appelait Jésus à son secours et se riait des vains efforts de Satan. Les attaques les plus terribles furent celles où le malin esprit lui représentait, pendant son sommeil, les vanités et les plaisirs du siècle qu'elle avait quittés ; mais elle en triomphait par un redoublement de mortifications et par le soin de découvrir à son abbesse tous les pièges de son infernal ennemi.
 

Sainte Euphrasie. Gravure. Jacques Callot. XVIe.
 
L'existence d'Euphrasie était un miracle perpétuel ; car, malgré ses effrayantes austérités, elle n'était jamais malade, et son teint ne perdit rien de sa beauté ni de sa fraîcheur. Pendant un an, on ne la vit jamais s'asseoir, et elle ne prit qu'un peu de sommeil sur la terre nue. Dieu lui accorda le don de guérir les sourds-muets et de délivrer les possédés.
 
La mémoire de sainte Euphrasie est en telle vénération chez les Grecs que lorsqu'on reçoit les voeux d'une religieuse, le prêtre demande à Dieu pour elle qu'Il lui fasse part des grâces et des bénédictions dont Il a comblé sainte Thècle, sainte Euphrasie et sainte Olympiade.
 

On représente sainte Euphrasie embrassant un crucifix, pour rappeler cette circonstance de sa vie où, considérant un crucifix, elle crut voir dans ses bras ouverts une invitation à l'embrasser, et où elle courut l'environner de ses bras d'enfant, pour lui promettre de n'avoir jamais d'autre amour.
 
On la représente aussi foulant aux pieds le démon qui s'efforce de la jeter dans un puits.

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mercredi, 13 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)

10 février. Sainte Scholastique, vierge. 543.

- Sainte Scholastique, vierge. 543.

Pape : Vigile. Empereur romain d'Orient : Justinien Ier. Roi des Goths d'Italie : Totila.

" Que toutes vos paroles soient telles qu'on puisse les écrire, pour les relire à haute voix, au jugement dernier, devant le genre humain et devant les esprits célestes réunis."

" Taisez-vous, ou parlez de Dieu ; car quelle chose en ce monde est digne qu'on en parle ?"
Sainte Scholastique.


Sainte Scholastique. Détail d'un dyptique. Andrea Mantegna. XVe.

La sœur du Patriarche des moines d'Occident vient nous réjouir aujourd'hui de sa douce présence ; la fille du cloître apparaît sur le Cycle à côté de la martyre! toutes deux épouses de Jésus, toutes deux couronnées, parce que toutes deux ont combattu et ont remporté la palme. L'une l'a cueillie au milieu des rudes assauts de l'ennemi, dans ces heures formidables où il fallait vaincre ou mourir ; l'autre a dû soutenir durant sa vie entière une lutte de chaque jour, qui s'est prolongée, pour ainsi dire, jusqu'à la dernière heure. Apolline et Scholastique sont sœurs ; elles sont unies à jamais dans le cœur de leur commun Epoux.

Il fallait que la grande et austère figure de saint Benoît nous apparût adoucie par les traits angéliques de cette sœur que, dans sa profonde sagesse, la divine Providence avait placée près de lui pour être sa fidèle coopératrice. La vie des saints présente souvent de ces contrastes, comme si le Seigneur voulait nous faire entendre que bien au-dessus des régions de la chair et du sang, il est un lien pour les âmes, qui les unit et les rend fécondes, qui les tempère et les complète. Ainsi, dans la patrie céleste, les Anges des diverses hiérarchies s'unissent d'un amour mutuel dont le souverain Seigneur est le nœud, et goûtent éternellement les douceurs d'une tendresse fraternelle.


Cloître du noviciat de Sainte-Scholastique à Subiaco.
François-Marie Granet. XIXe.

La vie de Scholastique s'est écoulée ici-bas, sans laisser d'autre trace que le gracieux souvenir de cette colombe qui, se dirigeant vers le ciel d'un vol innocent et rapide, avertit le frère que la sœur le devançait de quelques jours dans l'asile de l'éternelle félicité. C'est à peu près tout ce qui nous reste sur cette admirable Epouse du Sauveur, avec le touchant récit dans lequel saint Grégoire le Grand nous a retracé l'ineffable débat qui s'éleva entre le frère et la sœur, trois jours avant que celle-ci fût conviée aux noces du ciel. Mais que de merveilles cette scène incomparable ne nous révèle-t-elle pas! Qui ne comprendra tout aussitôt l'âme de Scholastique à la tendre naïveté de ses désirs, à sa douce et ferme confiance envers Dieu, à l'aimable facilité avec laquelle elle triomphe de son frère, en appelant Dieu même à son secours ? Les anciens vantaient la mélodie des accents du cygne à sa dernière heure ; la colombe du cloître bénédictin, prête à s'envoler de cette terre, ne l'emporte-t-elle pas sur le cygne en charme et en douceur ?

Mais où donc la timide vierge puisa-t-elle cette force qui la rendit capable de résister au vœu de son frère, en qui elle révérait son maître et son oracle ? qui donc l'avertit que sa prière n'était pas téméraire, et qu'il pouvait y avoir en ce moment quelque chose de meilleur que la sévère fidélité de Benoît à la Règle sainte qu'il avait donnée, et qu'il devait soutenir par son exemple ? Saint Grégoire nous répondra. Ne nous étonnons pas, dit ce grand Docteur, qu'une sœur qui désirait voir plus longtemps son frère, ait eu en ce moment plus de pouvoir que lui-même sur le cœur de Dieu ; car, selon la parole de saint Jean, Dieu est amour, et il était juste que celle qui aimait davantage se montrât plus puissante que celui qui se trouva aimer moins.


Saint Benoît et sainte Scholastique.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Sainte Scholastique sera donc, dans les jours où nous sommes, l'apôtre de la charité fraternelle. Elle nous animera à l'amour de nos semblables, que Dieu veut voir se réveiller en nous, en même temps que nous travaillons à revenir à lui. La solennité pascale nous conviera à un même banquet ; nous nous y nourrirons de la même victime de charité. Préparons d'avance notre robe nuptiale ; car celui qui nous invite veut nous voir habiter unanimes dans sa maison (Psalm. LXVII.).

La sainte Eglise nous fait lire aujourd'hui la narration que saint Grégoire a consacrée à la dernière entrevue du frère et de la sœur. Du second livre des Dialogues de saint Grégoire, Pape :


Mort de sainte Scholastique. Jean Restout. XVIIIe.

Scholastique était sœur du vénérable Père Benoît. Consacrée au Seigneur tout-puissant dès son enfance , elle avait coutume de venir visiter son frère une fois chaque année. L'homme de Dieu descendait pour la recevoir dans une maison dépendante du monastère, non loin de la porte. Scholastique étant donc venue une fois, selon sa coutume, son vénérable frère descendit vers elle avec ses disciples. Ils passèrent tout le jour dans les louanges de Dieu et les pieux entretiens ; et, quand la nuit fut venue, ils prirent ensemble leur repas. Comme ils étaient encore à table, et que le temps s'écoulait vite dans leur entretien sur les choses divines, la vierge sacrée adressa cette prière à Benoît :
" Je te prie, mon frère, de ne me pas abandonner cette nuit, afin que nous puissions jus-ce qu'au matin parler encore des joies de la vie céleste."
Le saint lui répondit :
" Que dis-tu là, ma sœur ? Je ne puis en aucune façon passer la nuit hors du monastère."
Dans ce moment, le ciel était si pur qu'il n'y paraissait aucun nuage. La servante de Dieu, ayant entendu le refus de son frère, appuya sur la table ses doigts entrelacés ; et, cachant son visage dans ses mains, elle s'adressa au Seigneur tout-puissant. Au moment où elle releva la tête, des éclairs, un violent coup de tonnerre, une pluie à torrents, se déclarèrent tout à coup : au point que ni le vénérable Benoit, ni les frères qui étaient avec lui ne purent mettre le pied hors du lieu où ils étaient.


Saint Benoît et sainte Scholastique. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. Jean Le Tavernier. XVe.

La pieuse servante de Dieu, pendant qu'elle avait tenu sa tête appuyée sur ses mains, avait versé sur la table un ruisseau de larmes ; il n'en avait pas fallu davantage pour charger de nuages le ciel serein jusqu'à cette heure. Après la prière de la sainte, l'orage ne s'était pas fait longtemps attendre ; mais cette prière et les torrents de pluie qu'elle amenait s'étaient si parfaitement rencontrés ensemble, que, au même instant où Scholastique levait sa tête de dessus la table, le tonnerre grondait déjà : en sorte qu'un même instant vit la sainte faire ce mouvement, et la pluie tomber du ciel. L'homme de Dieu, voyant que ces éclairs, ces tonnerres, cette inondation ne lui permettaient plus de rentrer au monastère, en fut contristé, et exhala ainsi ses plaintes :
" Que le Dieu tout-puissant te pardonne, ma sœur ! Que viens-tu défaire ?"
Elle répondit :
" Je t'ai adressé une demande, et tu n'as pas voulu m'écouter : j'ai eu recours à mon Dieu, et il m'a exaucée. Maintenant sors, si tu peux, laisse-moi, et retourne à ton monastère."
Mais le saint était dans l'impossibilité de sortir de la maison, et lui qui n'avait pas voulu y rester volontairement, demeura contre son gré. Ainsi, les deux saints passèrent la nuit entière dans les veilles, et reprenant leurs pieux entretiens sur la vie spirituelle, ils se rassasièrent à loisir par l'échange des sentiments qu'ils éprouvaient.


Statue de sainte Scholastique. Arnold Hontoire.
Abbaye de La Paix-Notre-Dame. Liège. Flandres. XVIIe.

Le lendemain, la vénérable Mère retourna à son monastère, et l'homme de Dieu reprit le chemin de son cloître. Trois jours après, étant dans sa cellule, et ayant élevé ses yeux en haut, il vit l'âme de sa sœur, qui venait de briser les liens du corps, et qui, sous la forme d'une colombe, se dirigeait vers les hauteurs mystérieuses du ciel. Ravi dé joie pour la gloire dont elle était entrée en possession, il rendit grâces au Dieu tout-puissant par des hymnes et des cantiques, et annonça aux frères le trépas de Scholastique. Il les envoya aussitôt au lieu qu'elle avait habité, afin qu'ils apportassent le corps au monastère, et qu'il fût déposé dans le tombeau qu'il s'était préparé pour lui-même. Il arriva ainsi que ceux dont l'âme avait toujours été unie en Dieu ne furent point séparés par la mort, leurs corps n'ayant eu qu'un même tombeau.

RÉPONS ET ANTIENNES

Nous placerons ici quelques pièces liturgiques de l'Office monastique en l'honneur de la sœur du grand Benoît :
 
 Anne d'Autriche, reine de France, avec le futur Louis XIV et le duc
d'Orléans aux pieds de saint Benoît et de sainte Scholastique.
Philippe de Champaigne. XVIIe.

R/. L'illustre Scholastique fut la sœur du très saint Père Benoît : * Consacrée dès l'enfance au Seigneur tout-puissant, elle ne quitta jamais la voie de la justice.

V/. Louez le Seigneur, enfants, louez le Nom du Seigneur. * Consacrée dès l'enfance.

R/. Désirant se régler sur les exemples de la sainte vie de son frère, et selon la doctrine de ses sacrés enseignements, elle avait coutume de venir à lui une fois chaque année : * Et l'homme de Dieu l'instruisait de ses célestes leçons.

V/. Heureux qui écoute ses paroles et observe les règles qu'il a écrites. * Et l'homme de Dieu.

R/. La sainte vierge Scholastique était comme un jardin diligemment arrosé ; * La rosée des célestes grâces la rafraîchissait continuellement.

V/. Comme une source d'eau qui ne tarit jamais. * La rosée des célestes grâces.

R/. Le Seigneur lui accorda le désir de son cœur:* Elle obtint de lui ce qu'elle n'avait pu obtenir de son frère.

V/. Le Seigneur est bon envers tous ceux qui espèrent en lui, envers l'âme qui le cherche. * Elle obtint de lui.

R/. L'Epoux tardant à paraître, Scholastique gémissait et disait : * Qui me donnera des ailes comme à la colombe, et je volerai et je me reposerait.

V/. Voici mon bien-aimé, il me dit : Lève-toi, mon amie, et viens * Qui me donnera.

R/. Scholastique parut sous la forme d'une colombe; l'âme de son frère témoigna son allégresse par des hymnes et des cantiques : * Béni soit ce départ ! mais bien plus encore soit bénie cette entrée !

V/. Le vénérable Père Benoit demeura tout inondé d'une joie céleste. * Béni soit.

R/. L'âme de Scholastique sortit de l'arche de son corps, comme la colombe portant le rameau d'olivier, signe de paix et de grâce ; * Elle s'envola dans les cieux.

V/. Comme elle ne trouvait pas où reposer son pied, * Elle s'envola dans les cieux.


Saint Benoît et sainte Scholastique.
Giovanni Giacomo Pandolfi. XVIIe.

Ant. Que l'assemblée des fidèles tressaille d'allégresse pour la gloire de l'auguste vierge Scholastique ; que la troupe des vierges sacrées se livre à une joie plus grande encore, en célébrant la fête de celle qui par ses larmes fléchit le Seigneur, et fut plus puissante sur lui que son frère, parce qu'elle eut plus d'amour.

Ant. Aujourd'hui la sacrée vierge Scholastique monte au ciel toute joyeuse, sous la forme d'une colombe. Aujourd'hui elle jouit pour jamais avec son frère des délices de la vie céleste.

HYMNE

Voici deux Hymnes empruntées au même Office bénédictin :

" Heureuse épouse du Christ , Scholastique, colombe des vierges , les habitants du ciel te comblent de louanges ; nos cœurs te saluent en faisant monter vers toi l'hommage d'un joyeux concert.

Tu foulas aux pieds les honneurs du monde et ses couronnes ; dirigée par les enseignements de ton frère et les préceptes de sa Règle sainte, attirée par l'odeur des grâces célestes, tu appris de bonne heure à prendre le chemin de la patrie.

Ô force invincible de l'amour ! Ô victoire à jamais glorieuse, en ce jour où par la force de tes larmes tu fais descendre les pluies du ciel, et contrains le Patriarche de Nursie à continuer ses entretiens célestes.

Aujourd'hui tu brilles, au plus haut des cieux, de l'éclat de cette lumière vers laquelle tu soupirais ; les feux de la charité, les splendeurs de la grâce embellissent ton front; unie à l'Epoux, tu reposes au sein de la gloire.

Daigne donc maintenant écarter du cœur des fidèles les nuages d'ici-bas, afin que le Soleil éternel, versant sur nous sa splendeur sereine, nous comble des joies de la lumière sans fin.

Chantons gloire au Père et gloire au Fils unique ; hommage égal au Paraclet divin ; honneur éternel à celui qui créa les siècles et qui les gouverne.

Amen."


Sainte Scholastique. Eglise Saint-Jean-Baptiste.
Chaource. Champagne. XVIe.

HYMNE

" Les ombres de la nuit disparaissent, le jour désiré se lève, auquel l'Epoux éternel s'unit à la vierge Scholastique.

Le temps des frimas est passé, les nuages pluvieux ont disparu, les plaines du ciel s'émaillent de fleurs éternelles.

A l'appel du Dieu qui est amour, la bien-aimée déploie ses ailes ; conviée au baiser mystique, la colombe s'élance d'un vol rapide.

Que tu es belle dans ta marche triomphante, fille chérie du grand Roi ! L'œil de ton frère contemple ton départ ; son cœur rend grâces au Dieu éternel.

De sa droite l'Epoux la presse sur son sein ; elle recueille les couronnes qui lui sont dues ; plongée dans un fleuve de gloire, elle s'enivre des joies divines.

Ô Christ, fleur des vallons, que tous les siècles vous adorent, avec le Père et le Paraclet, dans toute l'étendue de cet univers.

Amen."


Scènes de la vie de saint Benoît. Mort de sainte Scholastique.
Ecrits sur saint Benoît. Jean de Stavelot. XIIIe.

PRIERE

" Colombe chérie de l'Epoux, que votre vol fut rapide, lorsque, quittant cette terre d'exil, vous prîtes votre essor vers lui ! L'œil de votre illustre frère, qui vous suivit un instant, vous perdit bientôt de vue ; mais toute la cour céleste tressaillit de joie à votre entrée. Vous êtes maintenant à la source de cet amour qui remplissait votre cœur, et rendait ses désirs tout-puissants sur celui de votre Epoux. Désaltérez-vous éternellement à cette fontaine de vie ; et que votre suave blancheur devienne toujours plus pure et plus éclatante, dans la compagnie de ces autres colombes, vierges de l'Agneau comme vous, et qui forment un si noble essaim autour des lis du jardin céleste.

Souvenez-vous cependant de cette terre désolée qui a été pour vous, comme elle l'est pour nous, le lieu d'épreuve où vo

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samedi, 10 février 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

1er décembre. Fête des saints Aïeux.

- Fête des saints Aïeux.

" Vous êtes béni, Ô Dieu de nos Pères !"
Moïse et autres prophètes.
 

La foi d'Adam transmise par Dieu. Speculum animae. Espagne. XIVe.

L’Eglise Romaine ne célèbre en ce jour la fête particulière d'aucun Saint ; elle y fait simplement l'Office de la Férie, à moins que le premier Dimanche de l'Avent ne vienne à tomber précisément aujourd'hui. Dans ce cas, on devra recourir au Propre du Temps, où se trouve tout au long l'Office de ce Dimanche.


Noé prêchant. Speculum historiale. V. de Beauvais. J. de Vignay. XVe.

Si le Ier Décembre est une simple Férié de l'Avent, on pourra commencer dès ce jour à considérer, dans un esprit de foi, les préludes de l'Avènement miséricordieux du Sauveur des hommes.


Noé cultivant la Vigne. Ivresse de Noé. Speculum historiale.
V. de Beauvais. J. de Vignay. XVe.

Quatre mille ans d'attente ont précédé cet Avènement, et ils sont figurés dans les quatre Semaines qu'il nous faut traverser avant d'arriver à la glorieuse Nativité de notre Sauveur. Considérons la religieuse impatience dans laquelle ont vécu tous les Saints de l'ancienne Alliance, qui se transmirent de génération en génération une espérance dont ils ne pouvaient que saluer de loin le divin objet. Traversons par la pensée cette longue suite des témoins de la promesse : Adam et les premiers Patriarches antérieurs au déluge ; Noé, Abraham, Isaac, Jacob, et les douze Patriarches du peuple hébreu ; Moïse, Samuel, David et Salomon ; puis les Prophètes et les Machabées ; et arrivons à Jean-Baptiste et à ses disciples.


Abraham et Melchisédek. Mare historiarum. Johannes de Columna. XVe.

Ce sont là ces aïeux sacrés desquels le livre de l’Ecclésiastique nous dit : " Louons nos pères, ces hommes pleins de gloire dont nous sommes les descendants " (Eccli. XLIV, 1.) ; et dont l'Apôtre dit aux Hébreux : " Ce sont là ceux dont la foi a été éprouvée, mais qui n'ont cependant pas reçu l’objet des promesse ; Dieu ayant réservé pour nous son don excellent, et n'ayant pas voulu qu'ils arrivassent sans nous à l'objet de leurs désirs " (Hebr. XI, 39, 40.).


Dieu et Isaac. Bible historiale. Guiard des moulins. XIVe.

Rendons hommage à leur foi, glorifions-les nos Pères véritables dans cette foi même par laquelle ils ont mérité que le Seigneur qui les a éprouvés se souvînt enfin de ses promesses ; honorons-les aussi comme les ancêtres du Messie selon la chair. Entendons leur dernier cri sur la entiche funèbre, cet appel si solennel qu'ils faisaient à Celui qui seul pouvait détruire la mort : " Ô Seigneur, je vais attendre votre Salut ! Salutare tuum exspectabo, Domine !"

C'est Jacob lui-même, à sa dernière heure, qui suspend un moment les Bénédictions prophétiques qu'il répand sur ses enfants, pour jeter vers Dieu cette exclamation :
" Et ayant fini son discours, il rapprocha ses pieds sur sa couche et mourut, et il fut réuni à son peuple." (Moïs. in Genes., XLIX, 32.).
.

Isaac envoyant Jacob à Laban. Orationes encomiasticae in ss.
Virginem Dei param. Jacobus Kokkinobaphi. Constantinople. XIIe.

Et tous ces saints hommes, en sortant de cette vie. allaient attendre, loin de la Lumière éternelle, Celui qui devait paraître en son temps et rouvrir la porte du ciel. Contemplons-les dans ce lieu d'attente, et rendons gloire et amour au Dieu qui nous a conduits à son admirable lumière, sans nous faire passer par ces ombres ; mais prions ardemment pour la venue du Libérateur qui enfoncera, avec sa croix, les portes de la prison, et l'illuminera des rayons de sa gloire ; et puisque, dans ce saint temps, l'Eglise, par notre bouche, emprunte si souvent les expressions enflammées de ces Pères du peuple Chrétien pour appeler le Messie, adressons-nous aussi à eux pour être aidés de leur intercession dans le grand œuvre de la préparation de nos cœurs à Celui qui doit venir. Nous emprunterons pour cet effet à l'Eglise grecque le beau chant par lequel elle célèbre la mémoire de tous les Saints de l'ancienne Loi, au Dimanche qui précède immédiatement la fête de Noël.


Moïse recevant la loi. Speculum historiale.
V. de Beauvais. J. de Vignay. XVe.

HYMNE POUR LA FÊTE DES SAINTS AÏEUX
Tirée des Menées des Grecs.

" Célébrons, en ce jour, Ô Fidèles, la mémoire des Aïeux, chantons un nouveau cantique au Christ Rédempteur qui les a glorifiés parmi tous les peuples, et qui a opéré par leur foi d'incroyables prodiges, le Seigneur fort et puissant. Il nous a manifesté par eux le sceptre de sa puissance, la Femme unique, celle qui ne connut point d'homme. la Mère de Dieu, la chaste Marie, de laquelle est sortie la divine fleur, le Christ qui donne à tous la vie et le salut éternel.

C'est vous qui avez délivré les saints Enfants de la fournaise, Ô Seigneur, et Daniel de la gueule des lions ; qui avez béni Abraham, Isaac votre serviteur, et son fils Jacob ; qui avez daigné naître parmi nous de leur sang pour sauver nos aïeux déchus aux premiers jours ; qui avez été crucifié, enseveli ; qui avez rompu les liens de la mort, et avez ressuscité tous ceux qui adoraient, Ô Christ, votre règne éternel.
 

Jacob et Joseph se retrouvant. Bible historiale.
Guiard des Moulins. XIVe.

Vénérons, avant tous les autres, Adam honoré de la main de Dieu et notre premier père à tous, habitant présentement dans les célestes tabernacles, reposant parmi les saints Elus.

Le Dieu et Seigneur de toutes choses a daigné accueillir Abel, qui, d'un cœur généreux, lui offrait des présents ; immolé autrefois par une main homicide, il a été reçu à la céleste lumière comme le divin Martyr.
 

Songe de Jacob. Speculum historiale. V. de Beauvais. J. de Vignay. XVe.

Seth est chanté dans tout l’univers pour son zèle ardent envers le Créateur, qui le sauva en récompense de sa vie irréprochable et de l'admirable disposition de son âme ; et voilà qu'il s'écrie dans la région des vivants : Vous êtes Saint, Ô Seigneur !

Enos, que ses entretiens et son âme divine ont fait surnommer l'admirable, espéra en esprit dans le Seigneur de toutes choses, et mourut plein de gloire après une vie passée sur la terre en faisant le bien.
 

Dieu et Samuel. David terrassant Goliath. Speculum historiale.
V. de Beauvais. J. de Vignay. XVe.

Célébrons par de sacrés cantiques et de ferventes prières la bienheureuse mémoire d'Enoch, lequel ayant plu au Seigneur, fut transporté dans la gloire, paru supérieur à la mort, ainsi qu'il est écrit ; étant de Dieu le serviteur le plus fidèle.

Rendons à Dieu nos louanges, et célébrons dans nos chants Noé qui fut juste et qui, honoré en toutes des divins commandements, fut agréable au Christ, auquel nous chanterons avec foi : Gloire à votre puissance, Ô Seigneur !
 
David priant Dieu. Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.

Dieu, voyant tes : qualités, et la sincérité de ton âme, et ta grande perfection, Ô Noé, te fait paraître comme le Père d'un second monde, toi qui sauvas du déluge les races des animaux divers, ainsi qu'il te l'avait commandé.

Chantons par de pieux cantiques la bienheureuse mémoire de Noé, qui conserva intacte la loi de Dieu, qui fut trouvé juste en sa génération, et qui par un merveilleux arrangement sut conserver autrefois dans une arche de bois les espèces différentes des animaux privés de raison.
 

David chantant les psaumes. Bible historiale. Guiard des Moulins.
Maître de Fauvel. XIVe.

Ta joyeuse mémoire, Ô bienheureux Noé, répand en nous, qui t'honorons à cette heure, le vin de la componction, lequel réjouit et nos âmes et nos cœurs, pendant que nous exaltons avec sincérité l'admirable intégrité de tes mœurs et ta vie toute divine.

Honorons encore de nos louanges Sem qui fit fructifier la bénédiction paternelle ; dont la douceur fut agréable à Dieu, et qui, réuni aux chœurs des aïeux, repose plein de joie en la région des vivants.
 

Jugement de Salomon. Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.

Abraham, l'ami de Dieu, mérita de voir le jour de son Créateur, et d'être rempli comme ses pères d'une joie ; honorons-le en la sincérité de nos cœurs, disons-le tous bienheureux et fidèle serviteur de Dieu.

Autant qu'il est permis à un homme de la voir, tu as vu la Trinité, et lui as offert l'hospitalité ; et tu en as été pensé en devenant le Père dans la foi de nations innombrables.
 

Job est ses amis d'hier. Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
Jean Bourdichon. XVIe.

Tu fus, par un sage conseil de Dieu, le type du Christ souffrant, Ô bienheureux Isaac! conduit parla foi simple de ton père, pour être offert en sacrifice ; c'est pourquoi tu es devenu bienheureux et fidèle ami de Dieu, tu as mérité de avec les justes en ses saints tabernacles.

Jacob fut le plus fidèle des serviteurs de Dieu ; c'est pourquoi il lutta avec l’Ange, vit Dieu en esprit, et changea de nom ; il vit en dormant la divine échelle au haut de laquelle était assis le Dieu qui, dans sa bonté, s'est appuyé sur notre chair.
 

Daniel, l'idole et le serpent. Speculum humanae salvationis. XIVe.

Joseph, suivant avec amour le précepte de son père, est jeté dans la citerne, et vendu comme le prototype de Celui qui a été immolé et jeté dans la citerne, le Christ. Il fut le sauveur de l'Egypte et le sage distributeur des blés ; il fut juste et le vrai roi de ses passions.

Job a reçu de justes éloges pour la lutte qu'il soutint contre la tentation incessante à laquelle il fut soumis ; il fut de Dieu le serviteur sincère, homme doux, sans nulle malice, d'une grande droiture et perfection non pareille, et sans nul reproche : Vous êtes béni, Ô mon Dieu !
 

Daniel dans la fosse aux Lions. Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.

Honorons en la foi Moïse, Aaron et Hor, puis Josué et Lévi le très saint, et Samson ; et disons à haute voix : " Vous êtes béni, Ô Dieu de nos Pères !"

Célébrons la phalange chère au Seigneur des divins Pères, Baruch, Nathan et Eléazar, Josias et David, Jephté et Samuel qui lisait dans le passé et s'écriait : " Que toute créature bénisse le Seigneur !"
 

Enlèvement d'Hénoch. Recueil d'images pieuses. Ethiopie. XVIIe.

Louons encore dans nos chants les Prophètes de Dieu : Osée, Michée, Sophonie, Habacuc, Zacharie, Jonas, Aggée et Amos, Abdias, Malachie, Nahum, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel, Elie et Elisée.

Elles opérèrent aussi par votre vertu, Seigneur, des prodiges de courage, nos sœurs Anne, Judith, Debbora, Olda, Jahel, Ester, Sara, Marie, sœur de Moïse, Rachel et Rébecca, et Ruth, femmes magnanimes.
 

Ezéchiel et Joaquin prisonniers. Bible historiale.
Guiard des Moulins. XVe.

Venez tous, exaltons avec foi les louanges des anciens Père, avant la loi : célébrons la mémoire d'Abraham et de tous ceux qui l'accompagnent ; honorons la tribu de Juda, et les jeunes hommes, image de la Trinité, qui, dans Babylone, éteignirent les flammes de la fournaise ; célébrons avec eux Daniel ; gardons religieusement les oracles des Prophètes ; crions à haute voix avec Isaïe : Voici qu'une Vierge concevra et enfantera un fils, l'Emmanuel, c'est-à-dire, le Dieu avec nous."


Vocation de Jérémie. Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.

Rq : Cette fête est l'occasion de rappeler que ces saints et vénérables aïeux avaient la même foi que nous. Ils croyaient en particulier et très certainement à la Très Sainte Trinité. Elie et Hénoch, qui sont toujours vivants, sont très certainement horrifiés des mensonges énormes et délibérés, voire des hérésies, proférées par l'usurpateur actuel du siège de Pierre et par le clergé de la secte qui usurpe le si beau et si saint nom catholique ; pour le plus grand péril des pauvres âmes ainsi abusées et qui risquent ainsi de ne point faire leur salut.

On téléchargera et lira avec profit " De l'harmonie e

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vendredi, 01 décembre 2023 | Lien permanent | Commentaires (2)

14 février. Saint Valentin, prêtre et martyr. 268.

- Saint Valentin, prêtre et martyr. 268.

Pape : Saint Denys Ier (dit aussi " de Calabre "). Empereurs romains : Gallien ; Claude II le Gothique.

" Vita carnum, sanitas cordis."
" La santé du coeur est la vie du corps."

Prov., XIV, 80.


Saint Valentin. Legenda aurea. Bx J. de Voragines.
R. de Montbaston. XIVe.

L'Eglise honore aujourd'hui la mémoire de ce saint prêtre de Rome, qui souffrit le martyre vers le milieu du troisième siècle. L'injure du temps nous a privés de la plupart des circonstances de sa vie et de ses souffrances ; à peine quelques traits en sont venus jusqu'à nous. C'est la raison pour laquelle la Liturgie romaine ne contient pas de Légende en son honneur. Le culte de saint Valentin n'en est pas moins célèbre dans l'Eglise, et nous devons le regarder comme l'un de nos protecteurs en la saison liturgique où son nom et ses mérites viennent se joindre à ceux de tant d'autres martyrs, pour nous animer à chercher Dieu, au prix de tous les sacrifices qui peuvent nous faire rentrer en grâce avec lui.La vertu de saint Valentin, prêtre, était si éclatante, qu'il fut arrêté par l'empereur Claude II.

Valentin vient de valorem tenens, c'est-à-dire qui persévère dans la sainteté. Ou bien de valens tiro, soldat vaillant qu'il fut de Notre Seigneur Jésus-Christ. On appelle un soldat vaillant celui qui n'a jamais succombé, qui frappe avec force, qui se défend avec valeur, qui remporte de grandes victoires. Valentin ne succomba pas en fuyant le martyre, il frappa l’idolâtrie. en l’anéantissant, il défendit la foi en la confessant, et il vainquit en souffrant.

Après deux jours de prison, l'empereur le fit comparaître à son tribunal :
" Pourquoi, Valentin, voulez-vous ainsi être l'ami de nos ennemis et rejetez-vous notre amitié ?
- Seigneur, dit le prêtre chrétien, si vous saviez le don de Dieu, vous seriez heureux, et votre empire aussi ; vous rejetteriez le culte que vous rendez aux esprits immondes et à leurs idoles que vous adorez, et vous sauriez qu'il n'y a qu'un Dieu qui a créé le ciel et la terre et que Notre Seigneur Jésus-Christ est son fils unique."

Un des juges, prenant la parole, demanda au martyr ce qu'il pensait de Jupiter et de Mercure :
" Qu'ils ont été des misérables, et qu'ils ont passé toute leur vie dans la débauche et le crime."
Le juge, furieux de cette réponse, s'écria :
" Il a blasphémé contre les dieux et contre l'empire !"

L'empereur continua ses questions avec curiosité, heureux de cette occasion de savoir ce que pensaient les chrétiens ; Valentin, de son côté, avait le courage d'exhorter le prince à faire pénitence pour le sang des chrétiens qu'il avait répandu :
" Croyez en Jésus-Christ, faites-vous baptiser, vous serez sauvé, et dès cette vie vous assurerez la gloire de votre empire et le triomphe de vos armes."
Claude commençait à se laisser persuader, et dit à ceux qui l'entouraient :
" Écoutez la belle doctrine que cet homme nous apprend."
Mais le préfet, mécontent, s'écria :
" Voyez-vous comment ce chrétien séduit notre prince ! Quitterons-nous la religion que nos pères nous ont enseignée ?"


Saint Valentin. Missel romain. XIVe.

Le faible Claude, craignant des troubles, abandonna le martyr, qui eut à subir un autre interrogatoire devant un nouveau juge qui l'interrogea ainsi :
" Comment peux-tu dire que Jésus-Christ est la vraie lumière ?
- Il n'est pas seulement la vraie lumière, mais l'unique lumière.
- S'il en est ainsi, rends la vue à ma petite fille adoptive, aveugle depuis deux ans ; je croirai en Jésus-Christ, et je ferai tout ce que tu voudras."

L'enfant fut amenée ; le prêtre, lui mettant la main sur les yeux, fit cette prière :
" Ô Jésus-Christ, qui êtes la vraie lumière, éclairez cette aveugle."

A ces paroles, l'aveugle voit ; le juge Astérius, avec toute sa famille, confesse Jésus-Christ et reçoit bientôt le baptême. L'empereur, averti de ces merveilles, aurait bien voulu fermer les yeux sur les conversions nouvelles ; mais la crainte lui fit trahir sa conscience et le sentiment de la justice ; Valentin et les autres chrétiens furent livrés aux supplices - saint Valentin fut battu et brisé à coups de bâtons noueux puis décapité - et allèrent recevoir au Ciel la récompense de leur courage, en l'année 268, le 14 février, sur la voie Flaminienne.

Le pape Jean Ier fit construire bientôt une église sous son invocation, près du Ponte Mole. Ruinée, elle fut remplacé par une autre église par le pape Théodose, dont il ne reste plus de trace aujourd'hui. La porte du Peulple à Rome s'appelait autrefois la porte Saint Valentin. Ses reliques sont gardées dans l'église Sainte Praxède.

Il existe encore, à Rome, une catacombe de Saint-Valentin, témoin de la vénération dont fut, de tout temps, entouré cet illustre martyr.


Saint Valentin. Bartholomäus Zeitbloom. Munich. XVIIe.

Saint Valentin, nommé Illustre martyr dans le Sacramentaire de saint Grégoire Le Grand, est représenté tenant une épée et une palme ou guérissant la fille du juge Astérius.
Il est le patron des jeunes gens à marier et l'on se met sous sa protection pour se garder de la peste et de l'épilepsie.

Saint Valentin est le patron de la ville de Tarascon en Provence.


Buste reliquaire conservant le chef de saint Valentin.
Basilique Notre-Dame-de-Bonne-Garde.
Longpont-sur-Orge. Île-de-France.
 

PRIERE

" Priez donc, Ô saint Martyr, pour les fidèles qui, après tant de siècles, conservent encore votre mémoire. Au jour du jugement, nos yeux vous reconnaîtront dans l'éclat de la gloire que vos combats vous ont acquise ; obtenez par votre suffrage que nous soyons placés à la droite et associés à votre triomphe."

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mercredi, 14 février 2024 | Lien permanent

16 février. Saint Grégoire X, pape. 1275.

- Saint Grégoire X, pape. 1276.

Papes : Clément IV (prédécesseur) ; Innocent V (successeur). Roi de France : Philippe III le Hardi. Empereur du Saint Empire : Rodolphe Ier de Habsbourg. Roi d'Aragon : Jacques Ier le Conquérant. Roi de Castille : Alphonse X le Sage. roi d'Angleterre : Edouard Ier Plantagenêt.

" Bous avons vécu en ce monde avec la simplicité du coeur et la sincérité de Dieu ; non selon la sagesse de la chair, mais selon la grâce de Dieu."
Saint Paul ; IIe aux Cor., chap. I, 12.


Saint Grégoire X. Gravure. XVIe.

Théobald, depuis Grégoire X, naquit à Plaisance, de la noble famille des Visconti. On remarqua en lui, dès sa jeunesse, une vertu peu commune et une application extraordinaire à l'étude ; il acquit surtout une connaissance parfaite du droit canon.

Ayant entendu parler de la sainteté de Jacques de Pécoraria, cardinal-évêque de Préneste, il alla le trouver et se mit humblement à son service. Il en eut d'autant plus de joie que le cardinal lui parut encore plus saint que ne le disait la renommée.

Il le suivit dans la légation de France, l'an 1239, sous le pape Grégoire IX. Il y fut successivement chanoine de Lyon et archidiacre de Liège. Il refusa l'évêché de Plaisance, que lui offrait le pape Innocent IV. Il revenait de Rome, quand l'archevêque de Lyon, Philippe, le supplia instamment de rester auprès de lui pendant le concile général, afin de lui apprendre comment se conduire à l'égard du pape et des cardinaux.


Grace aux révélations de Nicolas Donin, Juif converti à la vraie foi,
Grégoire IX, célèbre notamment pour ses décrétales, donne ordre de
bruler tous les exemplaires du Talmud que les rois de France,
d'Angleterre et d'Espagne, et tous les évêques de la Chrétienté
pourront récupérer.

Le pieux archidiacre de Liège passait une partie de son temps à l'Université de Paris, pour s'y perfectionner dans les sciences convenables à son état. Le roi saint Louis lui témoignait une affection et une vénération si grandes, que beaucoup s'étonnaient qu'un si excellent roi honorât tant un ecclésiastique qui n'occupait point une haute dignité (Théobald n'était pas prêtre et ne le deviendra qu'à l'occasion de son élection sur le siège de Pierre). Mais le saint roi savait bien ce qu'il faisait ; il avait appris de lui et vu lui-même tant de choses merveilleuses, qu'il le regardait comme un temple de Dieu et un sanctuaire de l'Esprit-Saint.

Le cardinal-légat Ottobon, passant en Angleterre pour rétablir la paix entre le roi et barons, emmena Théobald avec lui à cause de son amour de la paix et de sa grâce particulière pour y amener les autres.

Saint Louis et les barons de France s'étant croisés pour la seconde fois, le pieux Théobald regarda comme une honte pour les clercs et les prélats de ne pas suivre l'exemple des laïques. Il prit donc la croix avec beaucoup de dévotion, et se rendit en Palestine. Le prince Edouard d'Angleterre et sa soeur Béatrice, comtesse de Bretagne, l'y reçurent avec beaucoup de joie. Et de fait sa présence n'y fut pas inutile. Il ranima le courage des pusillanimes, apaisa les différends et confirma un grand nombre dans leurs sainte résolution.


Hommage d'Edouard Ier Plantagenêt, roi d'Angleterre à
Philippe III le Hardi, roi de France. Grandes chroniques de France.
Jean Fouquet. XVe.

C'était en 1271. Tout à coup, l'on apprit en Palestine que le saint archidiacre de Liège avait été élu pape. Il y avait près de trois ans que la chaire apostolique était vacante, les cardinaux assemblés à Viterbe n'ayant pu s'accorder sur le choix d'un pontife. Ennuyés, à la fin, de ne pouvoir rien terminer, jeûnant au pain et à l'eau, ils eurent recours à un compromis, et les six cardinaux, auxquels tous les autres avaient remis leurs pouvoirs, élurent à l'unanimité notre Saint, le 1er septembre 1271. C'est après cet épisode de vacance long et difficile que fut institué le conclave pour ordonner plus précisément l'élection des papes.

Le nouveau pape reçut l'acte de son élection à Saint-Jean d'Acre (ou Ptolémaïde) ; il y acquiesça le 27 octobre et prit le nom de Grégoire X. La nouvelle de son élection donna beaucoup de joie aux Chrétiens de la Terre-Sainte ; ils espéraient qu'il leur enverrait un grand secours. Lui-même, dans un sermon qu'il fit au moment de partir, s'écria avec le Psalmistes :
" Si je t'oublie, Ô Jérusalem ! Que ma main droite soit mise en oubli ! Que ma langue s'attache à mon palais, si je ne te garde pas dans mon souvenir, si je ne mets pas Jérusalem au commencement de toutes mes joies !"

La première chose que le nouveau pape, saint Grégoire X, eut à faire, ce fut de répondre, comme chef de l'Eglise catholique, et d'envoyer des nonces au grand khan des Tartares, l'empereur de Chine, Koubilaï (ou Chi-Tsou).


Koubilaï khan, empereur des Tartares et de la Chine. Estampe. XIVe.

Ce puissant monarque, de l'avis de ses princes, envoya au Pape les deux frères vénitiens Paolo, avec un seigneur de l'empire chinois nommé Gogak. Ces trois ambassadeurs devaient demander au Pontife suprême cent hommes savants et bien instruits dans la loi chrétienne, qui pusse montrer que la foi des Chrétiens doit être préférée à toutes les sectes diverses, qu'elle est l'unique voie du salut et que les dieux des Tartares sont des démons qui en imposent aux Orientaux.

En effet, l'empereur, ayant beaucoup entendu parler de la foi catholique, mais voyant avec quelle témérité les savants de la Tartarie et de la Chine soutenaient leur créance, ne savait de quel côté pencher, ni quelle voie embrasser comme la véritable. Il pria, de plus, les ambassadeurs de lui apporter un peu d'huile de la lampe qui brûlait devant le Seigneur au Saint Sépulcre, persuadé qu'elle ne lui serait pas peu utile si Notre Seigneur Jésus-Christ était le Sauveur du monde.

Après trois ans de voyage, le seigneur tartare étant demeuré en route pour maladie, les deux autres ambassadeurs arrivèrent à Saint-Jean-d'Acre. Y ayant appris la mort du pape Clément IV (franc originaire d'Auvergne, Guy Foucault, ancien évêque du Puy, ami de saint Thomas d'Aquin et conseiller de saint Louis, avait règné du 5 février 1265 au 29 novembre 1268), ils s'adressèrent à l'archidiacre Théobald, qui faisait les fonctions d'internonce apostolique en Palestine. Il leur conseilla d'attendre qu'il y eut un nouveau pape. Dans l'intervalle, ils allèrent à Venise, leur patrie, et, après deux ans d'attente, repassèrent à Saint-Jean d'Acre, avec le fils de l'un d'eux, le célèbre Marco Paolo qui fit une relation de leur voyage. Le nonce Théobald leur donna des lettres avec une exposition de la foi chrétienne.

Saint Grégoire X envoyant les frères Paolo, les célèbres marchands,
munis de lettres et accompagnés de plusieurs théologiens à
l'empereur des Tartares et de la Chine, Koubilaï khan.
Livres des merveilles. Maître de la Mazarine. XVe.

A peine s'étaient-ils mis en route, que Théobald, devenu Grégoire X, les rappela, leur donna d'autres lettres pour le suprême empereur des Tartares, et leur adjoignit deux Frères Prêcheurs, Nicolas et Guillaume de Tripoli. Après leur long périple, ils furent reçus avec une extrême bienveillance par l'empereur des Tartares et de la Chine. Ils lui présentèrent les lettres du nouveau Pape, ainsi que l'huile de la lampe du Saint Sépulcre, qu'il fit placer dans un lieu honorable. C'est ce que témoigne Marco Paolo qui était présent.

Saint Grégoire X s'embarqua au milieu de l'hiver, à Saint-Jean-d'Acre. Le prince Edouard d'Angleterre le fournit abondamment de toutes choses. L'empereur grec, Michel Paléologue, se plaignit amicalement de ce qu'il n'avait point passé par Constantinople, où il eût été reçu avec la pompe et la joie les plus grandes. Enfin, il arriva heureusement au port de Brindes (Brindisi), le 1er janvier 1272. Son arrivée répandit la joie dans toutes l'Italie et dans toute la Chrétienté. A Bénévent, le roi Charles de Sicile vint à sa rencontre et l'accompagna par tout son royaume, lui servant d'écuyer. A Cépérano, il trouva plusieurs cardinaux qui venaient au-devant de lui, entra avec eux à Viterbe le 10 février, y revêtit le manteau papl, et prit solennellement le nom de Grégoire, tant à cause de sa dévotion pour saint Grégoire le Grand, que parce que sa fête était proche.


Charles Ier de Sicile. Tombeau dans la basilique de Saint-Denis.

Etant encore sur les terres du roi de Sicile, il avait reçu une députation des plus grands de Rome, qui le priaient instamment d'y venir. Mais il considéra qu'à Rome, il pourraient trouver d'autres affaires qui le détourneraient de celle de la Terre-Sainte, à laquelle il voulait donner ses premiers soins. Il étaiot donc allé à Viterbe où résidaient les cardinaux et la cour de Rome. Là, sans se donner le temps de se reposer après un si long voyage, et fermant la porte à toutes les autres affaires, il travailla uniquement, pendant huit jours, au secours de la Terre-Sainte, qu'il avait laissée réduite à l'extrémité. Il engagea Pise, Gênes, Marseille et Venise, à fournir chacune trois galères armées ; et, pour subvenir aux frais de la guerre, il donna ordre au recouvrement des legs pieux qui étaient destinés à cet effet et qui étaient considérables.

Il envoya ensuite l'archevêque de Corinthe en France, avec une lettre au roi Philippe III le Hardi, où il parle avec effusion du roi saint Louis qu'il témoigne avoir aimé de tout son coeur, et où il rapelle au fils le zèle de son père pour la délivrance de la Terre-Sainte. Il ajoute aussi :
" Quand nous y étions, nous avons conféré avec les chefs de l'armée chrétienne, avec les Templiers, les Hospitaliers et les grands du pays, sur les moyens d'en empêcher la ruine totale. Nous en avons encore traîté depuis avec nos frères les cardinaux, et nous avons trouvé qu'il faut y envoyer dès à présent une certaine quantité de troupes et de galères, en attendant un plus grand secours, que nous espérons de lui procurer par un concile général."


Philippe le Hardi au début du procès de canonisation de saint Louis.
Vie de saint Louis. Guillaume de Saint-Pathus. XIVe.

Saint Grégoire X fut sacré à Rome, dans la basilique Saint-Pierre, le 27e jour de mars 1272 qui était le troisième dimanche de Carême. Il fut reconduit avec pompe de la basilique au palais de Latran ; le roi Charles de Sicile marchait à sa droite, faisant les fonctions d'écuyer. Au repas qui eut lieu ensuite, le même prince voulut servir au Pape le premier plat. A la fin de la solennité, le roi fut au Pape l'hommage et le serment de fidélité qu'il devait pour le royaume de Sicile.

Deux jours après, le Pape fit expédier une lettre circulaire à tous les évêques, pour leur faire part de son ordination, suivant la coutume. Cette lettre fut suivi de près d'une autre, également adressée aux évêques, afin d'assembler un concile général. Le saint Pape en marque principalement trois causes :
- le schisme des Grecs ;
- le mauvais état de la Terre-Sainte ;
- les vices et les erreurs qui se multipliaient dans l'Eglise.

Saint Grégoire X arrivant en procession au château
Saint-Ange à Rome après son sacre. Giovanni di Paolo. XVe.

Dans cette bulle, qui est datée du dernier jour de mars 1272, saint Grégoire y précise notamment :
" Voulant donc remédier à tant de maux par un concile commun, nous vous demandons de vous trouver le 1er mai de l'an 1274 au lieu que nous vous indiquerons dans le temps convenable. Nous voulons qu'en chaque province demeurent un ou deux évêques pour exercer les fonctions épiscopales, et que ceux qui demeureront envoient des députés au concile, aussi bien que les Chapîtres, tant des cathédrales que des collégiales. Cependant, vous examinerez et mettrez par écrit ce qui a besoin de correction pour l'apporter au concile."

Pour prendre soin du spirituel dans la Terre-Sainte, le pape Grégoire donna le titre de patriarche de Jérusalem au frère Thomas de Lentini, en Sicile, dominicain, précédemment évêque de Béthléem. Il le fit encore son légat en Arménie, en Chypre, dans la principauté d'Antioche, les îles voisines et toute a côte d'Orient. Il lui recommanda surtout de travailler à la réformation des moeurs des chrétiens latins de ces provinces. Voici comme il lui en parle dans une de ses lettres :
" Vous savez par vous-mêmes les crimes énormes qui s'y commettent, et que les malheureux esclaves de la volupté, s'abandonnent aux mouvements de la chair, ont attiré la colère de Dieu sur Antioche et tant d'autres lieux que les ennemis ont détruits. Il est étonnant que nos frères soient si peu touchés de ces exemples qu'ils continuent les mêmes désordres, sans s'en repentir, jusqu'à ce qu'ils périssent eux-mêmes."


Le frères Paolo remettant les lettres de saint Grégoire X
à Koubilaï khan. Voyage de Marco Paolo. XIIIe.

En attendant le concile général qui devait se tenir à Lyon, le pape Grégoire travaillait à pacifier les villes d'Italie. Sa sainte vie était bien propre à gagner les coeurs. Tous les jours il lavait les pieds à plusieurs pauvres avec une humilité qui tirait les larmes des yeux de tous les assistants. Il avait des officiers pour aller à la découverte des malheureux et leur distribuer des aumônes. Il ne fit jamais qu'un repas par jour, uniquement pour soutenir la faiblesse du corps, non pour aucun plaisir. A table, il était si attentif à la lecture, qu'en sortant il n'aurait pu dire ce qu'il avait mangé. Tout le temps que lui laissaient ses affaires, il le consacrait à la prière et à la contemplation.

De son vivant, on rapporte de lui ce miracle : étant à Lyon pendant une inondation de la Saône, il vit de saa fenêtre une pauvre femme tombée dans le fleuve et submergée par les flots, à tel point que des mariniers partis à son secours s'en revinrent sans aucun espoir ; mais dès le premier moment, le saint pontife avait prié la Miséricorde divine, qui a soutenu saint Pierre marchant sur les flots et sauvé trois fois saint Paul du naufrage, de tendre une main secourable à cette pauvre femme et de la délivrer d'une mort aussi fâcheuse. Bientôt la femme reparaît sur les eaux ; les mariniers surpris retournent à son secours et la sauvent dans leur barque, n'ayant pas plus de mal que si elle avait pris un bain. Le Pape envoya un de ses chambellans (ou camériers) interroger la femme, qui lui raconta qu'elle été délivrée par un personnage vénérable qu'elle ne connaissait pas.


Edouard Ier Plantagenêt, roi d'Angleterre. Gravure. XVIIIe.

A cette tendre charité pour les pauvres, saint Grégoire X joignait une fermeté invincible envers les grands coupables. Le roi Edouard d'Angleterre lui avait demandé justice du meurtre commis sur la personne d'Henri d'Allemagne, son cousin, par Guy de Montfort. Voici comment le saint Pape lui rendit compte, le 29 novembre 1273, de ce qui s'était passé en cette affaire :

" Quand nous fûmes à Florence, Guy de Montfort nous envoya sa femme et plusieurs autres personnes demander instamment la permission de venir en notre présence, assurant qu'il était prêt à obéir à nos ordres ; mais nous voul

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vendredi, 16 février 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

24 février. Saint Matthias, Apôtre et martyr. 63.

- Saint Matthias *, Apôtre et martyr. 63.

Pape : Saint Pierre. Empereur romain : Néron.

" Apprenons par la vie de saint Matthias à consulter Dieu dans toutes nos entreprises."
Mgr Guérin.


Artus Wolffort. Flandres. XVIe.

Le Fils de Dieu, qui était venu en ce monde pour attirer les coeurs des hommes à Son amour, voulut être suivi par douze hommes pauvres et de peu d'apparence, mais puissants en oeuvres et en paroles, appelés Apôtres, qu'Il anima de Son esprit et de Sa grâce, afin que, comme de braves et vaillants capitaines, ils fissent la guerre au péché, au prince des ténèbres et à tous ses suppôts.


Saint Matthias. Eglise abbatiale de l'abbaye Saint-Oyend,
aujourd'hui cathédrale Saint-Pierre & Saint-Paul et
Saint-André. Saint-Claude. Franche-Comté. XVIIe.

Parmi ces douze Apôtres, il s'en trouva un, nommé Judas Iscariote, qui après avoir été élevé à cette éminente dignité de l'apostolat, et être demeuré quelques temps dans l'école d'un si bon et si adorable Maître, prêché et fait plusieurs miracles dans la Judée, étant enfin dominé par l'avarice, vendit à vil prix le Prix infini de la Rédemption de tous les hommes, Le livrant à Ses ennemis ; mais lorsqu'il Le vit condamné à mort, il ajouta crime sur crime, et, désespérant de Son pardon, il se pendit et s'étrangla de ses propres mains. En effet, il n'y en avait point d'assez infâmes dans toute la nature pour donner la mort à ce misérable.


Bartolomeo Bulgarini. XIVe.

Cet enfant de perdition ayant fait une si malheureuse fin, et étant déchu du rang que Notre Seigneur Jésus-Christ lui avait donné, les Apôtres et tous les autres Disciples, après l'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les cieux, s'assemblèrent ; saint Pierre, comme chef et pasteur universel de l'Eglise, prit la parole ; et, après avoir représenté l'impiété et la punition de Judas, leur dit que " pour accomplir la prophétie de Daniel, il fallait choisir un de ceux qui étaient présents et qui avaient conversé avec Notre Seigneur Jésus-Christ depuis le baptême de saint Jean jusqu'au jour où Lui-même était monté au cieux ; afin que celui qu'on élirait de nouveau fût mis en la place de ce désespéré, pour être témoin avec les autres de la vie miraculeuse de leur Maître et de la tromphante victoire qu'Il avait remporté sur la mort " (Act. I.).

Telle fut cette première allocution pontificale, dont les Consistoires romains ont retenu la forme solennelle et dont les Papes conserveront jusqu'à la fin des siècles le fraternel langage.


Election de saint Matthias. Domenico Tiepolo. XVIIIe.

L'avis de saint Pierre fut trouvé bon par toute l'assistance, composée d'environ cent-vingt personnes ; et, d'un commun accord, ils en choisirent deux, savoir : Joseph, dit Barsabas, et, à cause de sa sainteté, surnommé Juste ; et Matthias, l'un des soixante-douze Disciples. Ensuite, tous se mirent en oraison et demandèrent à Celui qui pénètre le fond des coeurs qu'Il lui plût de déclare lequel des deux Il avait choisi pour succéder à l'apostolat du traitre Judas.


Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.

" Aussitôt ils tirèrent leurs noms au sort : le sort tomba sur Matthias, et il fut compté parmi onze Apôtres."
Deux choses rendent légitimes l'emploi que les Apôtres firent du sort : ils avaient à choisir entre deux sujets d'un égal mérite ; mais le mérite ne suffit pas pour le ministère ecclésiastique, il faut la vocation ; il s'agissait donc de savoir lequel, de Joseph ou de Matthias, était appelé de Dieu à l'apostolat ; il plut à Dieu de déclarer cette fois Sa volonté par le sort, et c'est Lui sans doute qui inspira aux Apôtres d'employer ce moyen.


Estampe allemande du XVe.

Hors ces cas extraordinaires où, le mérite égal des sujets jetant dans l'incertitude, une lumière surnaturelle inspire d'avoir recours au sort, l'emploi en est illégitime. Ce serait tenter Dieu, qui a laissé à Son Eglise d'autres marques pour s'assurer de la vocation de ses ministres, et qui, dans la suite, est souvent venu à son secours par des miracles.

Il faut dire aussi que tous les interprètes ne voient pas dans ce passage de l'Ecriture un emploi du sort. Quelques-uns, s'appuyant sur d'autres passages, donnent au mot sort un autre sens : celui de vocation, de lot ; de sorte qu'il faudrait traduire : Et ce fut Matthias qui eut, pour vocation, pour lot, l'apostolat.


Saint Matthias & saint Marc. Psalterium. Tigré. Ethiopie. XVe.

Quoiqu'il en soit, notre Saint ayant été élu Apôtre, reçut le Saint-Esprit avec les autres, et commença à prêcher aux peuples le mystère ineffable de la Croix, avec une grande sainteté de vie et une admirable ferveur d'esprit ; puis, lorsque les Apôtres divisèrent entre eux les provinces pour savoir où chacun d'eux devait aller annoncer l'Evangile, la Judée échut à saint Matthias. Il se mit aussitôt à y prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ : il le fit avec tant d'ardeur, qu'il convertit beaucoup de monde à la foi comme le ramrque saint Isidore en sa vie.

Au rapport de saint Sophrone, de Nicphore et de Dorothée, il alla, en continuant toujours sa prédication, jusqu'au fond de l'Ethiopie.


Lapidation de saint Matthias. Vies de saints. Maître de Fauvel. XIVe.

Cependant les Juifs ne cessèrent de lui faire la guerre, parce qu'il leur faisait voir, par les Ecritures, la venue du Messie. Les persécutions de ces perfides furent plus difficiles et à vaincre que les traverses du monde les plus insupportables : car, après avoir prêcher l'espace de trente-trois années, il fut assommé par ces Juifs et par les Gentils à coups de pierres et ensuite décapité. Quelques-uns disent qu'il fut crucifié, puis détaché de la croix pour avoir la tête tranchée.


Décolation de saint Matthias.
Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.

Il mourut l'an 63 de notre salut, sous l'empire de Néron. Son saint corps fut apporté à Rome par sainte Hélène, mère de Constantin, et une partie des ossements de son chef et de ses autres membres se voient encore aujourd'hui dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure ; l'autre partie fut donnée par cette sainte impératrice, comme un riche présent, à saint Agrice, archevêque de Trèves, qui la mit en l'ancienne église de Saint-Eucher, hors les murs de cette ville : c'est pourquoi cette église a changé son nom, et a pris celui de Saint-Matthias. Il s'y est fait un grand nombre de miracles par les mérites de l'intercession de notre Saint.


Saint Matthias. Panneau droit d'un dyptique.
Bernard van Orley. Flandres. XVe.

Une partie du vénérable chef de saint Matthias a longtemps été conservé à Barbezieux, en Saintonge. Déplorons que les bêtes féroces calvinistes l'aient arrachée de son reliquaire, jetée dans le feu et réduite en cendres.

Peut-être était-ce " vengeance " sur le succès triomphal de Jean Eck sur Luther qui invoquait saint Matthias avant toute dispute, puisqu'une autre partie des reliques de notre Saint avait été apportée et était vénérée à Augsbourg.


Gravure de Théophile et Rodolphe Deckherr. Montbéliard. XIXe.

Dans les groupes formés de douze Apôtres, on reconnaît saint Matthias à la hache ou hallebarde, comme on reconnaît saint Pierre aux clefs. Isolé, il tient une crois à longue hampe, souvenir du genre de mort qu'il endura pour Notre Seigneur Jésus-Christ.

En considération de sa hache, saint Matthias a été choisi pour patron des charpentiers et des taillandiers.


Saint Grégoire le Grand et saint Matthias. Masolino. XVe.

Trèves et Goslar, en Hanovre, comptent saint Matthias parmi leurs patrons.

* Les années bissextiles, saint Matthias se fête le 25 février. Il est honoré ordinairement le 24 de ce mois et anticipé ou repoussé si  ce jour est le mercredi des Cendres.

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samedi, 24 février 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

21 janvier. Sainte Agnès, vierge et martyre. 304.

- Sainte Agnès, vierge et martyre. 304.
 
Pape : Saint Marcelin. Empereur romain d'Occident : Maximien-Hercule. Empereur romain d'Orient : Dioclétien.

" Sainte Agnès, la bien-aimée des Romains."
Mgr Gaume, Les trois Rome, T. II.
 
" Son nom même est une louange."
Saint Ambroise, Livre des vierges. I.
 
" Bienheureuse Agnès, vous étiez belle de visage ; mais combien vous êtes plus belle par la foi. Vous avez méprisé le siècle, vous vous réjouirez avec les anges. Intercédez pour nous."
Liturgie dominicaine.
 

Lorenzo di Niccolo di Martino. XVe.

Nous n'avons pas épuisé encore la splendide constellation de Martyrs qui se rencontre en ces jours sur le Cycle. Apparaît aujourd'hui, tressée de lis et de roses, la gracieuse couronne d'Agnès. C'est à une enfant de treize ans que l'Emmanuel a donné ce mâle courage du martyre, qui l'a fait marcher dans l'arène d'un pas aussi ferme que le vaillant chef de la cohorte prétorienne, saint Sébastien, et que l'intrépide Diacre de Sarragosse, saint Vincent. S'ils sont les soldats du Christ, elle en est la chaste amante. Tels sont les triomphes du Fils de Marie. A peine s'est-il manifesté au monde, que tous les nobles cœurs volent vers lui, selon la parole qu'il a dite : " Où sera le corps, les aigles se rassembleront ". (Matth. XXIV, 28.).

Fruit admirable de la virginité de sa Mère, qui a mis en honneur la fécondité de l'âme, bien au-dessus de la fécondité des corps, et ouvert une voie ineffable par laquelle les âmes choisies s'élancent rapidement jusqu'au divin Soleil, dont leur regard épuré contemple, sans nuage, les rayons; car il a dit aussi : " Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu ". (Matth. V, 8.).

Gloire immortelle de l'Eglise catholique, qui, seule, possède en son sein le don de la virginité, principe de tous les dévouements, parce que la virginité procède uniquement de l'amour ! Honneur sublime pour Rome chrétienne d'avoir produit Agnès, cet ange de la terre, devant laquelle pâlissent ces anciennes Vestales, dont la virginité comblée de faveurs et de richesses ne fut jamais éprouvée par le fer ni le feu !

Quelle gloire est comparable à celle de cette enfant de treize ans, dont le nom retentira jusqu'à la fin des siècles dans le Canon sacré du Sacrifice universel ! La trace de ses pas innocents, après tant de siècles, est empreinte encore dans la ville sainte. Ici, sur l'ancien Cirque Agonal, un temple somptueux s'élève avec sa riche coupole, et donne entrée sous ces voûtes jadis souillées par la prostitution, maintenant tout embaumées des parfums de la virginité d'Agnès. Plus loin, sur la voie Nomentane, hors des remparts de Rome, une élégante Basilique, bâtie par Constantin, garde, sous un autel revêtu de pierres précieuses, le chaste corps de la vierge. Sous terre, autour de la Basilique, commencent et s'étendent de vastes cryptes, au centre desquelles Agnès reposa jusqu'au jour de la paix, et où dormirent, comme sa garde d'honneur, des milliers de Martyrs.


Psautier cistercien. XIIIe.

Nous ne devons pas taire non plus le plus gracieux hommage que rend, chaque année, la sainte Eglise Romaine à notre illustre Vierge, au jour de sa fête. Deux agneaux sont placés sur l'autel de la Basilique Nomentane, rappelant à la fois la mansuétude du divin Agneau et la douceur d'Agnès. Après qu'ils ont été bénis par l'Abbé des Chanoines réguliers qui desservent cette église, ils sont conduits ensuite dans un monastère de vierges consacrées au Seigneur, qui les élèvent avec soin ; et leur laine sert à tisser les Pallium que le Pontife suprême doit envoyer, comme signe essentiel de leur juridiction, à tous les Patriarches et Métropolitains du monde catholique. Ainsi le simple ornement de laine que ces Prélats doivent porter sur leurs épaules comme symbole de la brebis du bon Pasteur, et que le Pontife Romain prend sur le tombeau même de saint Pierre pour le leur adresser, va porter jusqu'aux extrémités de l'Eglise, dans une union sublime, le double sentiment de la vigueur du Prince des Apôtres et de la douceur virginale d'Agnès.

Nous donnerons maintenant les admirables pages que saint Ambroise, dans son livre des Vierges, a consacrées à la louange de sainte Agnès. L'Eglise en lit la plus grande partie dans l'Office d'aujourd'hui ; et la vierge du Christ ne pouvait désirer un plus aimable panégyriste que le grand évêque de Milan, le plus éloquent des Pères sur la virginité, et le plus persuasif ; car l'histoire nous apprend que, dans les villes où il prêchait, les mères renfermaient leurs filles, dans la crainte que les attrayantes paroles du prélat n'allumassent en elles un si ardent amour du Christ, qu'on les vît renoncer à tout hymen terrestre.

" Ayant à écrire un livre de la Virginité, dit le grand évêque, je m'estime heureux de l'ouvrir par l'éloge de la vierge dont la solennité nous réunit. C'est aujourd'hui la fête d'une Vierge : recherchons la pureté. C'est aujourd'hui la fête d'une Martyre : immolons des victimes. C'est aujourd'hui la fête de sainte Agnès : que les hommes soient dans l'admiration, que les enfants ne perdent pas courage, que les épouses considèrent avec étonnement, que les vierges imitent. Mais comment pourrons-nous parler dignement de celle dont le nom même renferme l'éloge ? Son zèle a été au-dessus de son âge, sa vertu au-dessus de la nature; en sorte que son nom ne semble pas un nom humain, mais plutôt un oracle qui présageait son martyre."

Le saint Docteur fait ici allusion au mot agneau, dont on peut dériver le nom d'Agnès. Il le considère ensuite comme formé du mot grec agnos, qui signifie pur, et continue ainsi son discours :
" Le nom de cette vierge est aussi un titre de pureté : j'ai donc à la célébrer et comme Martyre et comme Vierge. C'est une louange abondante que celle que l'on n'a pas besoin de chercher, et qui existe déjà par elle-même. Que le rhéteur se retire, que l'éloquence se taise ; un seul mot, son nom seul, loue Agnès. Que les vieillards, que les jeunes gens, que les enfants la chantent. Tous les hommes célèbrent cette Martyre ; car ils ne peuvent dire son nom sans la louer.

On rapporte qu'elle avait treize ans quand elle souffrit le martyre. Cruauté détestable du tyran, qui n'épargne pas un âge si tendre ; mais, plus encore, merveilleuse puissance de la foi, qui trouve des témoins de cet âge ! Y avait-il place en un si petit corps pour les blessures ? A peine le glaive trouvait-il sur cette enfant un lieu où frapper ; et cependant Agnès avait en elle de quoi vaincre le glaive.

A cet âge, la jeune fille tremble au regard irrité de sa mère ; une piqûre d'aiguille lui arrache des larmes, comme ferait une blessure. Intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, Agnès se tient immobile sous le fracas des lourdes chaînes qui l'écrasent ; ignorante encore de la mort, mais prête à mourir, elle présente tout son corps à la pointe du glaive d'un soldat furieux. La traîne-t-on, malgré elle, aux autels : elle tend les bras au Christ, à travers les feux du sacrifice ; et sa main forme, jusque sur les flammes sacrilèges, ce signe qui est le trophée du Seigneur victorieux. Son cou, ses deux mains, elle les passe dans les fers qu'on lui présente ; mais on n'en trouve pas qui puissent serrer des membres si petits.
 

Verrière de l'église des Saints-François. Montpellier. Languedoc.

Nouveau genre de martyre ! La Vierge n'a pas encore l'âge du supplice, et déjà elle est mûre pour la victoire ; elle n'est pas mûre pour le combat, et déjà elle est capable de la couronne ; elle avait contre elle le préjugé de son âge, et déjà elle est maîtresse en fait de vertu. L'épouse ne marche pas vers le lit nuptial avec autant de vitesse que cette Vierge qui s'avance, pleine de joie, d'un pas dégagé, vers le lieu de son supplice ; parée, non d'une chevelure artificieusement disposée, mais du Christ ; couronnée, non de fleurs, mais de pureté.

Tous étaient en larmes ; elle seule ne pleure pas ; on s'étonne qu'elle prodigue si facilement une vie qu'elle n'a pas encore goûtée ; qu'elle la sacrifie , comme si elle l'eût épuisée. Tous admirent qu'elle soit déjà le témoin de la divinité, à un âge où elle ne pourrait encore disposer d'elle-même. Sa parole n'aurait pas valeur dans la cause d'un mortel : on la croit aujourd'hui dans le témoignage qu'elle rend à Dieu. En effet, une force qui est au-dessus de la nature ne saurait venir que de l'auteur delà nature. Quelles terreurs n'employa pas le juge pour l'intimider ! que de caresses pour la gagner ! Combien d'hommes la demandèrent pour épouse ! Elle s'écrie : " La fiancée fait injure à l'époux, si elle se fait attendre. Celui-là m'aura seul, qui, le premier, m'a choisie. Que tardes-tu, bourreau ? Périsse ce corps que peuvent aimer des yeux que je n'agrée pas ".

Elle se présente, elle prie, elle courbe la tête. Vous eussiez vu trembler le bourreau, comme si lui-même eût été condamné. Sa main était agitée, son visage était pâle sur le danger d'un a autre, pendant que la jeune fille voyait, sans crainte, son propre péril. Voici donc, dans une seule victime, un double martyre : l'un de chasteté, l'autre de religion. Agnès demeura vierge, et elle obtint le martyre."

Agnès, nous l'avons vu, vient d'agneau, parce qu'elle fut douce et humble comme un agneau. Agnos en grec veut aussi dire pieux, et Agnès fut remplie de piété et de miséricorde. Agnès viendrait encore de agnoscendo, connaître, parce qu'elle connut la voie de la vérité. Or, la vérité, d'après saint Augustin, est opposée à la vanité, à la fausseté et à l’irrésolution, trois vices dont Agnès sut se préserver par son courage.

Agnès ; vierge d'une très haute prudence, au témoignage de saint Ambroise qui a écrit son martyre, à l’âge de treize ans souffrit la mort et gagna la vie. A ne compter que ses années elle était une enfant, mais par son esprit, elle était d'une vieillesse avancée : jeune de corps, mais vieille de coeur, belle de visage, mais plus belle encore par sa foi. Un jour qu'elle revenait des écoles, elle rencontra le fils du préfet, qui en fut épris d'amour. Il lui promit des pierreries, des richesses immenses, si elle consentait à devenir sa femme. Agnès lui répondit :
" Eloigne-toi de moi, foyer de péché, aliment de crime, pâture de mort ; déjà un autre amant s'est assuré de mon coeur."

Et elle commença à faire l’éloge de cet amant, de cet époux par cinq qualités exigées principalement par les épouses de leurs époux, savoir : noblesse de race, beauté éclatante, abondance de richesses, courage et puissance réelle, enfin amour éminent.
" J'en aime un, dit-elle, qui est bien plus noble et de meilleure lignée que toi : sa mère est vierge, son père l’a engendré sans femme ; il a des anges pour serviteurs ; sa beauté fait l’admiration du soleil et de la lune ; ses richesses sont intarissables ; elles ne diminuent jamais. Les émanations de sa personne ressuscitent les morts, son toucher raffermit les infirmes ; quand je l’aime, je suis chaste, quand je m’approche de lui, je suis pure ; quand je l’embrasse, je suis vierge."

" Sa noblesse est plus éminente, sa puissance plus forte, son aspect plus beau, son amour phis suave et plus délicat que toute grâce."


Sainte Agnès vêtue par l'ange. Vies de saints.
Maître de Fauvel. XIVe.

Ensuite elle exposa cinq avantages que son époux avait accordés à elle et à ses autres épouses. Il leur donne des arrhes avec l’anneau de foi ; il les revêt et les orne d'une variété infinie de vertus ; il les marque du sang de sa passion ; il se les attache par le lien de l’amour, et les enrichit des trésors de la gloire céleste.
 
" Celui, ajouta-t-elle, qui s'est engagé à moi par l’anneau qu'il a mis à ma main droite, et qui a entouré mon cou de pierres précieuses, m’a revêtue d'un manteau tissu d'or, et m’a parée d'une prodigieuse quantité de bijoux : il a imprimé un signe sur mon visage, afin que je ne prisse aucun autre amant que lui ; et le sang de ses joues s'est imprimé sur les miennes. Ses chastes embrassements m’ont déjà étreinte ; déjà son corps s'est uni au mien ; il m’a montré des trésors incomparables qu'il m’a promis de me donner, si je lui suis fidèle à toujours."
 
En entendant cela le jeune homme tout hors de lui se mit au lit : ses profonds soupirs indiquent aux médecins qu'il est malade d'amour ; son père en informe la jeune vierge ; et sur ce qu'elle l’assure qu'il n'est pas en son pouvoir de violer l’alliance jurée à son premier époux, le préfet cherche à savoir quel est cet époux que se vantait de posséder Agnès.

Quelqu'un assura que l’époux dont elle parlait était Notre Seigneur Jésus-Christ, et alors le préfet voulut l’ébranler d'abord par de douces paroles et enfin par la crainte.
Agnès lui dit :
" Quoi que tu veuilles, fais-le ; tu ne pourras pas obtenir ce que tu réclames."
Et elle se riait aussi bien de ses flatteries que de ses menaces.
Le préfet lui dit :
" Choisis de deux choses l’une : ou bien sacrifie à la déesse Vesta avec les vierges, si ta virginité t'est chère, ou bien tu seras exposée dans un lieu de prostitution."
Or, comme elle était noble, il ne pouvait la condamner ainsi ; il allégua donc contre elle sa qualité de chrétienne.
Mais Agnès répondit :
" Je ne sacrifierai pas plus à tes dieux que je ne serai souillée par les actions infâmes de qui que ce soit, car j'ai pour gardien de mon corps un ange du Seigneur."

Le préfet ordonna alors de la dépouiller et de la mener toute nue au lupanar ; Mais le Seigneur rendit sa chevelure si épaisse qu'elle était mieux couverte par ses cheveux que par ses vêtements. Et quand elle entra dans le lieu infâme, elle trouva un ange du Seigneur qui l’attendait et qui remplit l’appartement d'une clarté extraordinaire, en même temps qu'il lui préparait une robe resplendissante de blancheur. Ainsi le lieu de, prostitution devint un lieu d'oraison ; et l’on en sortait plus pur que l’on y était entré, tant cette lumière immense vous revêtait d'honneur.

Or, le fils du préfet vint au lupanar avec d'autres jeunes gens et il les engagea à entrer les premiers. Mais ils n'y eurent pas plutôt mis les pieds que, effrayés du miracle, ils sortirent pleins de componction. Il les traita de misérables, et entra comme un furieux : mais comme il voulait arriver jusqu'à elle, la lumière se rua sur lui, et parce qu'il n'avait pas rendu honneur à Dieu, il fut étranglé par le diable et expira. A cette nouvelle, le préfet vient tout en pleurs trouver Agnès et prendre des renseignements précis, sur la cause de la mort de son fils.
Agnès lui dit :
" Celui dont il voulait exécuter les volontés, s'est emparé de lui et l’a tué ; car ses compagnons, après avoir été témoins du miracle qui les avait effrayés, sont sortis sans éprouver aucun malaise."
Le préfet dit :
" On verra que tu n'as pas usé d'arts magiques en cela, si tu peux obtenir qu'il ressuscite."
Agnès se met en prière, le jeune homme ressuscite et prêche publiquement la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ. Là-dessus, les prêtres des temples excitent une sédition parmi le peuple et crient hautement :
" Enlevez cette magicienne, enlevez cette malfaitrice, qui change les esprits et égare les coeurs."

Le préfet, à la vue d'un pareil miracle, voulut la délivrer, mais craignant la proscription ; il la confia à son suppléant ; et il se retira tout triste de ne pouvoir pas la sauver. Le suppléant, qui se nommait Aspasius, la fit jeter dans un grand feu, mais la flamme, se partageant en deux, brûla le peuple séditieux qui était à l’entour, sans atteindre, Agnès. Aspasius lui fit alors plonger une épée dans la gorge. Ce fut ainsi que le Christ, son époux éclatant de blancheur et de rougeur, la sacra son épouse ; et, sa martyre. On croit qu'elle souffrit du temps de Constantin le Grand qui monta sur le trône l’an 309 de Notre Seigneur Jésus-Christ Quand les chrétiens et ses parents lui rendirent les derniers devoirs avec joie, c'est à peine s'ils purent échapper aux païens qui les accablèrent de pierres.

Emérentienne, sa soeur de lait, vierge remplie de sainteté, mais qui n'était encore que catéchumène, se tenait debout auprès du sépulcre d'Agnès et argumentait avec force contre les gentils qui la lapidèrent mais il se fit des éclairs et un tonnerre si violent que plusieurs d'entre eux périrent, et dorénavant, on n'assaillit plus ceux qui venaient au tombeau de la sainte. Le corps d'Emérentienne fut inhumé à côté de celui de sainte Agnès. Huit jours après, comme ses parents veillaient auprès du tombeau, ils virent un choeur de vierges tout brillant d'habits d'or ; au milieu d'elles ils reconnurent Agnès vêtue aussi richement et à sa droite se trouvait un agneau plus éclatant encore. Elle leur dit :
" Gardez-vous de pleurer ma mort, réjouissez-vous au contraire avec moi et me félicitez de ce que j'occupe un trône de lumière avec toutes celles qui sont ici."
C'est pour cela que l’on célèbre une seconde fois la fête de sainte

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dimanche, 21 janvier 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

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