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vendredi, 08 mars 2024

8 mars. Saint Jean de Dieu, fondateurs des religieux hospitaliers dits de la Charité. 1550.

- Saint Jean de Dieu, fondateurs des religieux hospitaliers dits de la Charité. 1550.
 
Papes : Alexandre VI, Jules III. Roi d'Espagne : Charles-Quint (Charles Ier en Espagne).

" L'aumône est une fleur dont les fruits se récolte au Ciel."


Statue de saint Jean de Dieu vénérée à l'hôpital
Saint-Jean-de-Dieu de Barcelone. XVIIe.

Le même esprit qui avait inspire Jean de Matha se reposa sur Jean de Dieu, et le porta à se faire le serviteur de ses frères les plus délaissés. Tous deux, dans ce saint temps, se montrent à nous comme les apôtres de la charité fraternelle. Ils nous enseignent, par leurs exemples, que c'est en vain que nous nous flatterions d'aimer Dieu, si la miséricorde envers le prochain ne règne pas dans notre coeur, selon l'oracle du disciple bien-aimé qui nous dit :
" Celui qui aura reçu en partage les biens de ce monde, et qui, voyant son frère dans la nécessité, tiendra pour lui ses entrailles fermées, comment la charité de Dieu demeurerait-elle en lui ?" (I Johan. III, 17.).

Mais, s'il n'est point d'amour de Dieu sans l'amour du prochain, l'amour des hommes, quand il ne se rattache pas à l'amour du Créateur et du Rédempteur, n'est aussi lui-même qu'une déception. La philanthropie, au nom de laquelle un homme prétend s'isoler du Père commun, et ne secourir son semblable qu'au nom de l'humanité, cette prétendue vertu n'est qu'une illusion de l'orgueil, incapable de créer un lien entre les hommes, stérile dans ses résultats. Il n'est qu'un seul lien qui unisse les hommes : c'est Dieu, Dieu qui les a tous produits, et qui veut les réunir à lui. Servir l'humanité pour l'humanité même, c'est en faire un Dieu ; et les résultats ont montré si les ennemis de la charité ont su mieux adoucir les misères auxquelles l'homme est sujet en cette vie, que les humbles disciples de Jésus-Christ qui puisent en lui les motifs et le courage de se vouer à l'assistance de leurs frères.


Le héros que nous honorons aujourd'hui fut appelé Jean de Dieu, parce que le saint nom de Dieu était toujours dans sa bouche. Ses oeuvres sublimes n'eurent pas d'autre mobile que celui de plaire à Dieu, en appliquant à ses frères les effets de cette tendresse que Dieu lui avait inspirée pour eux. Imitons cet exemple ; et le Christ nous assure qu'il réputera fait à lui-même tout ce que nous aurons fait en faveur du dernier de nos semblables.

Le patronage des hôpitaux a été dévolu par l'Eglise à Jean de Dieu, de concert avec Camille de Lellis que nous retrouverons au Temps après la Pentecôte.


Moulage de cire du visage de saint Jean de Dieu d'après nature. XVIe.

Le 8 mars 1495, à Monte-Mayor-El-Nuovo au diocèse d'Evora en Portugal, naissait Jean Ciudad. Il fut élevé dans la foi par ses parents, André et Thérèse Ciudad, qui n'avaient pour seule grande richesse leur piété et leurs vertus.

Jeune encore, notre saint s'enfuya de la maison et commença une vie aventureuse faite hélas de toutes sortes de vices.

Lorsque André, qui l'avait cherché longtemps, revint chez lui, il découvrit son épouse à l'article de la mort. Elle venait d'avoir la visite de l'anbge gardien de notre saint qui l'avait rassuré quant au sort de leur fils en lui signifiant qu'il vivrait de terribles épreuves avant que de devenir un grand saint. Elle demanda à son époux, qui la chérissait et se lamentait d'avoir presque perdu son fils et d'être sur le point de perdre son épouse, d'entrer dans le Tiers-Ordre de Saint-François après sa mort.

Notre saint encore enfant se retrouva un jour affamé et pleurant sur un chemin de Castille non loin de la ville d'Oropeza. Un Mayoral (berger en chef) s'approcha de lui et, après avoir écouter l'histoire de saint Jean de Dieu, le prit à son service.


Saint Jean de Dieu. Détail. Murillo. XVIIe.

Quelques années plus tard, satisfait de son dévouement, il lui fit la proposition d'épouser sa fille. Après une nuit passé en prière devant une image de la Sainte Vierge, saint Jean de Dieu, décida de s'enfuir, se jugeant indigne de cette marque de bienveillance.

Arrivé dans la ville d'Oropeza, il aperçu une troupe de milicien qui vaquait à des exercices militaires, et il s'engagea. La vie militaire qu'il mena fut troublée et dissipée. Il finit même par avoir honte d'être vertueux et s'adonna à toutes sortes de passions et de vices.

Un jour que la troupe se trouvait aux alentours de Fontarabie, à la frontière française, une chute de cheval - qu'il avait volé - lui fit perdre connaissance. A son réveil, il reçu une effusion de grâces qui lui fit ressentir la protection divine et lui permit de regagner la troupe. Il fut bientôt accusé injustement d'avoir dérobé un butin et fut contraint de quiter le service militaire.


Saint Jean de Dieu apportant des soins à un pauvre malade.
Mosaïque anonyme. Résidence de saint Jean de Dieu à Séville. XVIIe.

Ses pas le ramenèrent alors chez le bon mayoral qui le reçut avec force affection malgré son ancienne défection. Saint Jean de Dieu s'en expliqua en présentant à son bienfaiteur, toujours disposé à lui donner sa fille :
" Pourquoi me tentez-vous ainsi par tant de générosité ? Ne comprenez-vous pas que je ne suis point appelé ici-bas à jouir du repos que donne la richesse ? Quelle que soit ma destinée, je sens qu'elle n'est point accomplie. Il y a en moi des pressentiments vagues qui s'agitent et dont je ne me rends pas bien compte. Ô mon cher maître ! Si je suis revenu ici c'est pour vous voir et non pour devenir votre héritier."

Il raconta au mayoral les circonstances qui avaient présidé à son départ du service militaire et ajouta que le roi d'Espagne voulant se croisé contre les Turcs, il voulait y combattre pour la sainte foi lui-même. S'il revenait vivant de ces combats, alors il retournerait à Monte-Mayor-El-Nuovo, embrassé les êtres chers qu'il avait follement abandonnés.

Quelques années plus tard, notre saint rentra enfin pour découvrir que ses parents avaient trépassé.
Résolu d'expier ce qu'il considérait comme un crime - avoir tué ses parents de chagrin -, il passa en Andalousie et s'engagea bientôt au service d'un gentilhomme portugais que le roi Jean III avait banni avec sa famille et faisait conduire sur les côtes africaines à Ceuta.

Saint Jean de Dieu secourant de pauvres malades.

Là-bas, il se multiplia pour subvenir aux besoins de son maître. Dieu avait en effet laissé à Jean Ciudad une solide santé. Il trouvait encore le temps de visiter les prisons afin de faire entendre des paroles consolantes aux prisonniers, et ne manquait jamais à ses devoirs de piété.

Bientôt, le gentilhomme fut à l'extrémité. Il remercia Jean de ses soins constants et dévoués et lui proposa de rejoindre l'Espagne avec le reste de sa famille car le roi venait d'accepter leur retour et leur réintagration dans une partie de leurs biens confisqué à la faveur du bannissement dont ils avait été l'objet.

Jean ne céda point à cette perspective de confort et repassa seul en Espagne. Quelques temps après, notre saint se retrouva à nouveau affamé, quoiqu'il eut trouvé pour subsister l'activité de vendre des images pieuses et des cathéchismes par les routes.


Saint Jean de Dieu. Pedro de Raxis. Grenade. XVIe siècle.

Il croisa un jour un petit enfant miséreux et exténué qu'il prit sur son dos pour le conduire au village le plus proche. Il faisait tellement chaud que Jean s'arrêta à une fontaine et demanda au petit enfant de descendre. Cet enfant n'était autre que Notre Seigneur ! Ceuillant une grenade sur un arbre alentour, Notre Seigneur montra à notre nouveau saint Christophe le fruit ouvert et au milieu duquel se voit une croix et lui dit :
" Jean de Dieu, Grenade sera ta croix !"

Notre saint comprit la volonté du Seigneur et se rendit bien vite à Grenade où il loua une petite boutique depuis laquelle il continua son commerce d'images et de livres pieux.

Le docteur Jean d'Avila, célèbre par sa science et par ses vertus, prêcha un jour de la saint Sébastien et toucha le coeur de saint Jean de Dieu.
Il résolu de supporter toute sorte d'injures comme saint Sébastien et partit dans les rues en criant sans cesse :
" Miséricorde ! Miséricorde !"
Il fut prit pour fou et on l'enferma bientôt dans un hospice où il reçut pendant des semaines plus de cinq mille coups de bâtons.

Bientôt, on se rendit compte qu'il n'était pas fou et, à la faveur du dévouement qu'il montrait pour les pauvres, on lui fit des aumônes conséquentes. Il ne les accepta que pour fonder un hôpital destiné à soulager les misères des pauvres.


Le panier ou capacha du Saint pour le soin des pauvres.
Maison Pisa. Grenade.

Pour procurer des aliments à ses nombreux malades, Jean, une hotte sur le dos et une marmite à chaque bras, parcourait les rues de Grenade en criant :
" Mes frères, pour l'amour de Dieu, faites-vous du bien à vous-mêmes."
Sa sollicitude s'étendait à tous les malheureux qu'il rencontrait ; il se dépouillait de tout pour les couvrir et leur abandonnait tout ce qu'il avait, confiant en la Providence, qui ne lui manqua jamais.

Mais Jean, appelé par la voix populaire Jean de Dieu, ne suffisait pas à son oeuvre ; les disciples affluèrent ; un nouvel Ordre se fondait, qui prit le nom de Frères Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, et s'est répandu en l'Europe entière. Peu de Saints ont atteint un pareil esprit de mortification, d'humilité et de mépris de soi-même.

Le bâton de saint Jean de Dieu. Quand on entendait son bruit sur
le pavé, on préparait ses aumônes pour les remettre à notre saint.
Maison Pisa. Grenade.

Un jour, la Mère de Dieu lui apparut, tenant en mains une couronne d'épines, et lui dit :
" Jean, c'est par les épines que tu dois mériter la couronne du Ciel.
- Je ne veux, répondit-il, cueillir d'autres fleurs que les épines de la Croix ; ces épines sont mes roses."

Aux derniers jours de sa vie (il faut absolument lire la notice que les petits bollandistes lui consacrent), une pieuse dame de la famille Pisa, le persuada de prendre une chambre dans sa maison. Il accepta et y mourrut très saintement. Après avoir demandé à tous de sortir de la chambre, il se leva, se mit à genoux, et dit :
" Jésus ! Jésus ! Je recommande mon âme entre vos mains !"
Il embrassa le crucifix et expira ainsi, le samedi 8 mars 1550, peu avant minuit.


Chambre et lit où saint Jean de Dieu passa les dermiers jours
de son pélerinage ici-bas et où il mourut. Maison Pisa. Grenade.

Saint Jean de Dieu est un des patrons des pauvres et des affligés, il l'est aussi des libraires.
Ses reliques sont vénérées dans la basilique Saint-Jean-de-Dieu à Grenade. La maison Pisa, où il mourut, est aujourd'hui un musée dédié à notre grand saint.
PRIERE
 
" Qu'elle est belle, Ô Jean de Dieu ! Votre vie consacrée au soulagement de vos frères ! Qu'elle est grande en vous, la puissance de la charité ! Sorti, comme Vincent de Paul, de la condition la plus obscure, ayant comme lui passé vos premières années dans la garde des troupeaux, la charité qui consume votre cœur arrive à vous faire produire des oeuvres qui dépassent de beaucoup l'influence et les moyens des puissants selon le monde. Votre mémoire est chère à l'Eglise ; elle doit l'être à l'humanité tout entière, puisque vous l'avez servie au nom de Dieu, avec un dévouement personnel dont n'approchèrent jamais ces économistes qui savent disserter, sans doute, mais pour qui le pauvre ne saurait être une chose sacrée, tant qu'ils ne veulent pas voir en lui Dieu lui-même.

Basilique Saint-Jean-de-Dieu à Grenade.

Homme de charité, ouvrez les yeux de ces aveugles, et daignez guérir la société des maux qu'ils lui ont faits. Longtemps on a conspiré pour effacer du pauvre la ressemblance du Christ ; mais c'est le Christ lui-même qui l'a établie et déclarée, cette ressemblance ; il faut que le siècle la reconnaisse, ou il périra sous la vengeance du pauvre qu'il a dégradé. Votre zèle, Ô Jean de Dieu, s'exerça, avec une particulière prédilection, sur les infirmes ; protégez-les contre les odieux attentats d'une laïcisation qui poursuit leurs âmes jusque dans les asiles que leur avait préparés la charité chrétienne. Prenez pitié des nations modernes qui, sous prétexte d'arriver à ce qu'elles appelaient la sécularisation, ont chassé Dieu de leurs mœurs et de leurs institutions : la société, elle aussi, est malade, et ne sent pas encore assez distinctement son mal; assistez-la, éclairez-la, et obtenez pour elle la santé et la vie. Mais comme la société se compose des individus, et qu'elle ne reviendra à Dieu que par le retour personnel des membres qui la composent, réchauffez la sainte charité dans le cœur des chrétiens : afin que, dans ces jours où nous voulons obtenir miséricorde, nous nous efforcions d'être miséricordieux, comme vous l'avez été, à l'exemple de celui qui, étant notre Dieu offensé, s'est donné lui-même pour nous, en qui il a daigné voir ses frères.

Protégez aussi du haut du ciel le précieux institut que vous avez fondé, et auquel vous avez donné votre esprit, afin qu'il s'accroisse et puisse répandre en tous lieux la bonne odeur de cette charité de laquelle il emprunte son beau nom."

00:10 Publié dans J | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Impossible de lire une telle notice sans pleurer. Vraiment les voies de Dieu sont impénétrables : Il retire le malheureux du fumier dans lequel il croupissait pour en faire un prince de sa Cour céleste, pour autant que ce malheureux se repente de ses péchés et en fasse pénitence.

Écrit par : Michel Mottet | vendredi, 08 mars 2019

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