samedi, 20 juillet 2024
20 juillet. Saint Wulmer (ou saint Wilmer ou encore saint Wilmar), fondateur de l'abbaye de Samer au diocèse d'Arras. 689.
- Saint Wulmer (ou saint Wilmer ou encore saint Wilmar), fondateur de l'abbaye de Samer au diocèse d'Arras. 689.
Pape : Saint Serge Ier. Roi des Francs : Thierry III.
" C'est ravir une belle proie au monde que de travailler à s'arracher de lui."
S. Eus. Emiss., serm. de Castigat.
S. Eus. Emiss., serm. de Castigat.
Eglise Saint-Omer. Wierre-au-Bois. Boulonnais. XVIIe.
Au commencement du VIIe siècle de l'ère Chrétienne, sur le territoire du Boulonnais, et dans un lieu nommé " Sylviacum ", aujourd'hui " Samer " (Pas-de-Calais), naquit de parents Chrétiens et nobles un homme que ses vertus éclatantes et sa sainteté admirable devaient placer au rang des Saints. Walhert et Dude, ses parents, avaient encore un autre fils, auquel ils avaient donné le nom de Wamer.
La jeunesse du Saint se passa dans la résidence féodale de ses pères, au milieu des occupations toutes barbares encore des anciens Francs. Mais Dieu, dont les secrets sont impénétrables, se sert de toutes sortes de moyens pour parvenir à ses fins : comme il avait dessein de couronner un jour Wilmar d'une gloire immortelle, il l'humilia d'abord pour l'élever ensuite à ce haut degré d'honneur.
Le jeune franc rechercha en mariage une noble fille nommée Osterhilda, ignorant qu'elle avait été promise à Wilmer, un de ses compatriotes. Il était au moment de voir ses voeux accomplis, quand, en vertu du droit des fiançailles, son rival recourut au roi des Francs.
Le jeune franc rechercha en mariage une noble fille nommée Osterhilda, ignorant qu'elle avait été promise à Wilmer, un de ses compatriotes. Il était au moment de voir ses voeux accomplis, quand, en vertu du droit des fiançailles, son rival recourut au roi des Francs.
Celui-ci le soutint dans ses prétentions, et, sur son ordre, Wilmar dut renoncer à celle que son coeur avait choisi. Froissé dans ses plus tendres affections, le jeune homme prit en dégoût le monde, qui s'ouvrait à lui avec de telles déceptions; et, brisant tout ce qui pouvait encore l'attacher à la vie du siècle, il résolut de se consacrer à Dieu dans la nuit et l'obscurité du cloître.
Ainsi donc, la Providence l'humilia aux yeux du monde, pour l'exalter à la vue des Anges, s'emparer entièrement de son coeur et l'attirer plus fortement au service de Jésus-Christ.
Ainsi donc, la Providence l'humilia aux yeux du monde, pour l'exalter à la vue des Anges, s'emparer entièrement de son coeur et l'attirer plus fortement au service de Jésus-Christ.
Wilmar partit sur-le-champ et se rendit en Hainaut, vers le monastère de Hautmont, où l'abbé le reçut avec la plus grande bienveillance (642). A peine fut-il revêtu des livrées du Seigneur, que l'on put remarquer en lui un changement extraordinaire.
Ce n'était plus ce barbare au regard fier et audacieux, ce courtisan assidu de son prince ; cet homme qui avait de vaines complaisances pour le siècle. Prosterné aux pieds des autels du Christ, son véritable roi et son maître, il apprenait à mourir aux choses de la terre. C'était alors qu'il pouvait dire, avec le grand Apôtre :
" Le monde est crucifié au fond de mon coeur, et je le suis au monde."
Eglise Saint-Martin de Samer. Une partie des reliques
de saint Wulmer y sont vénérées. Boulonnais.
Voilà quels durent être les sentiments de Wilmar nouvellement converti ; mais ce n'était que le commencement d'un changement si heureux. Pour éprouver le jeune novice, et voir si sa vocation venait d'en haut, l'abbé s'appliqua d'abord à lui faire pratiquer les vertus les plus difficiles : l'humilité de Jésus-Christ, le mépris de soi-même, et le renoncement à sa propre volonté.
Il avait bien compris qu'à l'ombre du cloître il n'était plus question de rang ou de condition, que là il n'y avait plus de pauvre ni de riche, de serf ni de suzerain ; parce qu'entre l'âme de l'esclave et celle de l'homme libre, il n'y a point de différence devant Dieu. Aussi, soumis et obéissant à ceux qui devaient le guider dans la voie du salut, pratiquait-il avec bonheur les conseils les plus sublimes de la perfection évangélique.
Son supérieur lui donna la conduite des boeufs et lui confia le soin d'aller chercher tout le bois nécessaire pour les besoins du monastère. Wilmar s'acquitta de ces pénibles fonctions avec tant de joie et de ferveur, que toute la communauté en fut extrêmement édifiée.
Son zèle alla plus loin encore ; car, se levant la nuit et entrant doucement dans la grande chambre du dortoir, il enlevait les chaussures des frères, pour les nettoyer. L'abbé, à qui ceux-ci donnèrent connaissance du fait, fut fort édifié de tant de simplicité de coeur et de charité. Voulant en connaître l'auteur, il veilla lui-même secrètement, et parvint à le découvrir. Wilmar, en effet, s'étant approché de la cellule de son supérieur, pour lui rendre furtivement le même service, fut aussitôt saisi par la main, et reçut l'ordre de déclarer à l'instant qui il était. Interdit et confus à celte demande, mais pressé par l'obéissance qu'il devait à son supérieur, le serviteur de Dieu répondit à regret qu'il était ce jeune homme venu des bords de la mer, et à qui il avait donné depuis quelque temps le saint habit de la religion.
L'abbé, heureux de voir tant de modestie dans un si jeune religieux, lui dit :
" Allez, mon fils, faites ce que vous souhaitez."
C'était l'autoriser à continuer son humble et pieux exercice. Toutefois, pour ne pas offenser sa modestie, il ne révéla cette action qu'après le départ de Wilmar.
Telles étaient donc chaque jour les occupations par lesquelles l'athlète du Christ s'exerçait à la pratique des vertus chrétiennes, dans l'abbaye de Hautmont. Mais le Ciel, qui avait sur lui des vues plus grandes, et qui voulait le réserver pour la conduite des âmes et la fondation d'un nouveau monastère, ne permit pas qu'il restât plus longtemps chargé de ces humbles fonctions. L'Esprit-Saint, qui s'était fait de cet homme un temple choisi, lui inspira la pensée de se livrer à l'étude des lettres, afin de le mettre à même de rendre de plus grands services à l'Eglise de Dieu. Wulmer, docile à l'inspiration de la grâce, se fit initier par les frères à cette étude, dont il ignorait même les premiers principes. Sans se relâcher en rien de son exactitude à accomplir les autres travaux qui lui étaient imposés, il donnait à ce nouveau genre d'occupation tout le soin dont il était capable.
Eglise Saint-Martin. Condette. Boulonnais. XVIe.
Un jour cependant, selon son habitude, conduisant son chariot dans la forêt voisine, il marchait devant ses boeufs, tenant en main ses tablettes et étudiant avec ardeur. La méditation profonde dans laquelle il était plongé l'absorbait tellement, que son chariot s'arrêta sans qu'il s'en aperçût. Après avoir ainsi cheminé seul quelque temps, il tourna instinctivement la tête, et vit ce qui lui était arrrivé. Alors, comprenant l'avertissement qui lui venait d'en haut, il retourne sur ses pas, ramène son attelage, et s'occupe uniquement du labeur qui lui était confié. L'abbé, ayant appris le fait, et reconnaissant l'impossibilité d'allier ensemble le travail des mains et celui de l'esprit, donna à un autre le soin d'aller chercher le bois, et ordonna à Wilmar de s'appliquer exclusivement à l'étude des lettres. Les progrès rapides qu'il fit en peu de temps, ainsi que les bons exemples qu'il donnait à la communauté, par son humilité et sa douceur, engagèrent l'abbé à l'élever à la dignité sacerdotale.
Quand, prosterné sur les dalles du sanctuaire, le front incliné sous la main du pontife consécrateur, Wilmar se releva prêtre, il sentit tout le poids du fardeau que cette dignité faisait peser sur lui. Le grand honneur et le profond respect que sa sainteté lui attirait de la part des frères, effrayait son humilité.
Dès ce moment, une résolution sublime fut prise par Wilmar. Le silence du cloître, l'abnégation de la vie cénobitique, ne suffisaient plus à son âme. Consacré désormais au service de Jésus crucifié, il sentait le besoin de se retremper dans une vie plus dure et plus solitaire. C'est pourquoi il pria fortement son abbé de lui permettre de se retirer dans quelque affreuse solitude, pour ne penser qu'à Dieu seul et y vivre inconnu de tous. Sa vertu et son mérite lui firent obtenir facilement ce qu'il souhaitait avec tant d'ardeur. Aussi, après s'être prosterné aux pieds de son supérieur pour recevoir sa bénédiction, il partit emportant les regrets de tous les religieux.
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