UA-75479228-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 14 octobre 2024

14 octobre. Saint Calixte Ier, pape et martyr. 222.

- Saint Calixte Ier, pape et martyr. 222.

Papes : Saint Zéphirin ; saint Urbain Ier. Empereur romain : Alexandre Sévère.

" Corona aurea super mitram ejus expressa signo sanctitatis."
" Vous verrez au-dessus de sa mitre une couronne d'or ; ce sera pour vous une preuve de sa sainteté."

Eccli., XXXIX, 14.

Saint Calixte. Missel Romain. Avignon. XIVe.

Celui-là fut un signe de contradiction dans Israël (Luc. II, 34.). Autour de lui ou contre lui se groupèrent de son temps les baptisés ; or, l'émoi qu'excitait son nom il y a seize cents ans n'apparut pas moindre, lorsqu'au milieu du siècle qui finit, la découverte d'un livre fameux offrit aux sectaires de nos jours l'occasion de se compter comme ceux d'autrefois contre Calixte et l'Eglise. Philosophumena ou réfutation des hérésies : c'était le titre du livre, qui remontait par sa date décomposition au troisième siècle de notre ère ; Calixte, dont on présentait le caractère et la vie sousles plus sombres couleurs, y était rangé parmi les pires corrupteurs de la doctrine.

Au IIIe siècle cependant, l'auteur des Philosophumena s'attaquant au Pontife qu'il eût voulu supplanter, dressant dans Rome, comme il l'avoue, chaire contre chaire, ne fit qu'afficher devant l'Eglise sa propre honte, en prenant place lui-même parmi les dissidents dont son ouvrage se donnait comme la réfutation et l'histoire. Le nom de ce premier des antipapes ne devait pas arriver jusqu'à nous ; mais, suprême châtiment ! dédaignée des contemporains, l'oeuvre de sa plume envieuse viendrait à l'heure voulue réveiller l'attention endormie de la lointaine postérité ; l'impartiale critique des derniers âges, écartant les insinuations, mais retenant les faits apportés par l'accusateur, les apprécierait à la lumière des multiples données de la science, et dégagerait de ses perfidies les éléments de la glorification la plus inattendue pour son rival détesté. Ainsi, une fois de plus, l'iniquité se serait menti à elle-même (Psalm. XXVI, 12.) ; ainsi se vérifierait la parole de l'Evangile du jour : Il n'y a rien de caché qui ne se découvre enfin, rien de secret qui ne doive être connu (Matth. X, 26.).

Saint Calixte. Gravure. Rome. XVIe.

Ecoutons le plus grand des archéologues chrétiens ; l'enthousiasme s'empare de son intelligence si sûre, si réservée, à tant de lumière jaillissant d'une telle source :

" Tout cela, s'écrie le Commandeur de Rossi dans l'étude de l'odieux document, tout cela me fait clairement voir pourquoi l'accusateur dit de Calixte avec ironie qu'il fut réputé le très admirable ; pourquoi, lorsque toute connaissance des actes de celui-ci était perdue, son nom pourtant est venu jusqu'à nous si grand et si vénéré ; pourquoi dans les siècles troisième et quatrième, où la mémoire de son gouvernement était fraîche encore, il fut plus honoré qu'aucun de ses prédécesseurs ou successeurs de l'âge des persécutions. Calixte régit l'Eglise quand elle était à l'apogée du premier stade de sa course divine, et s'acheminait à de nouveaux et plus grands triomphes. La foi chrétienne, embrassée d'abord par chaque croyant en son nom propre, était devenue la foi des familles, et les pères en faisaient profession pour eux et pour leurs enfants.

Ces familles formaient la presque majorité déjà dans chaque ville ; la religion du Christ était à la veille de devenir la religion publique du peuple et de l'empire. Que de problèmes nouveaux de droit social chrétien, de droit ecclésiastique, de discipline morale, ne surgissaient pas tous les jours dans le champ de l'Eglise, étant donnée sa grande situation de l'heure présente, étant donné l'avenir encore plus grand qui s'ouvrait devant elle !

Calixte résolut ces doutes ; il régla les jugements relatifs à la déposition des clercs, prit les mesures qui s'imposaient pour ne pas détourner les catéchumènes du baptême, les pécheurs de la pénitence ; il définit la notion de l'Eglise que le génie d'Augustin devait développer plus tard (Quo referendum aiebat Apostoli verbum : Tu quis es qui judices servum alienum ? Atque etiam lolii parabolam, Sinite zizania crescere cum tritico, id est, sinite peccatores in Ecclesia manere. Dicebat etiam Ecclesiae instar arcam Noe fuisse, qua canes, lupi, corvi, aliaque omnia pura et impura animantia comprehendebantur ; oportere autem item esse de Ecclesia. Philosophumena, Lib IX, de Callisto.). En face des lois civiles, il affirma le droit de la conscience chrétienne et celui de l'Eglise touchant le mariage de ses fidèles. Il ne connut esclaves ni libres, grands ou petits, nobles ou plébéiens dans la fraternité évangélique qui minait les bases de la société romaine et adoucissait l'inhumanité des mœurs. Et c'est pourquoi son nom est grand jusqu'à nos jours ; et c'est pourquoi la voix des jaloux ou de ceux qui mesuraient les temps à l'étroitesse de leur esprit superbe, fut étouffée sous le cri de l'admiration et méprisée." (De Rossi, Bullettino, 1866, N. 1, 2, 5, 6.).

Saint Calixte instituant les jeûnes.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Montbaston. XIVe.

L'espace nous manque pour faire suivre des développements qu'il comporterait cet exposé magistral. On sait comment, à l'heure où Cécile vierge et martyre céda aux Pontifes le lieu primitif de son repos dans la mort, Calixte, alors diacre de Zéphyrin, disposa l'hypogée des Cœcilii pour ses destinées nouvelles. Auguste crypte en laquelle, pour la  première fois, l'Etat reconnut à l'Eglise son droit de posséder sur terre ; sanctuaire autant que nécropole, où jusqu'au triomphe de la Croix Rome chrétienne accumula pour le lourde la résurrection ses  trésors. Jugé le plus digne de rappeler tant de gloires, le nom donné à ce Cimetière par excellence fut celui de notre grand Pontife martyr, bien que la Providence eût arrêté que lui-même n'y reposerait jamais. Sous le règne bienveillant d'Alexandre Sévère, il perdit la vie au quartier du Transtévère, dans une sédition des païens contre lui.

La cause en fut sans doute l'acquisition qu'il avait faite de la  fameuse Taberna meritoria du sol de laquelle, au temps d'Auguste, une fontaine d'huile avait jailli  et coulé tout un jour. Le Pontife érigea ce lieu en église, et le dédia à la Mère du Sauveur ; c'est la basilique de Sainte-Marie au delà du Tibre. La propriété en fut disputée à Calixte, et la cause déférée à l'empereur, qui décida pour les chrétiens (Lamprid. in Alex. Severo, C  XIX.), La mort violente de Calixte semble une vengeance des adversaires, et elle eut lieu tout près de l'édifice que sa fermeté avait conservé à l'Eglise. Les séditieux le précipitèrent dans un puits, que l'on  voit encore dans l'église de Saint-Calixte, à quelques pas seulement de la basilique Transtibérine. La sédition ne permit pas de transporter le corps du martyr sur la voie  Appienne; on le déposa dans un cimetière déjà ouvert  sur la voie Aurélia, où sa sépulture donna origine à un nouveau centre historique de Rome souterraine (Histoire de sainte Cécile, 1849, p. 5 ; Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, 1874, p. 424.).

Saint Calixte baptisant Palmatius et sa famille. Le consul Palmatius
sacrifiait aux idoles, il les brûla désormais. Speculum historiale.
V. de Beauvais. XVe.

Calixte, né à Rome, gouverna l'Eglise au temps de l'empereur Antonin Héliogabale. Il établit les Quatre-Temps, ordonnant que le jeûne dont la tradition venait des Apôtres y serait observé par tous. Il construisit la basilique de Sainte-Marie au delà du Tibre, et agrandit sur la voie Appienne un ancien cimetière où grand nombre de saints Pontifes et de Martyrs furent ensevelis ; on l'appela de lui le cimetière de Calliste.

De son temps, la partie la plus élevée de la ville de Rome fut détruite par un incendie, et la main gauche de la statue d'or de Jupiter fut fondue. Tous les prêtres vinrent alors demander à Alexandre qu'on apaisât la colère des dieux par des sacrifices. Or, pendant la cérémonie, tout à coup, par un ciel calme, le matin du jour de Jupiter (jeudi), quatre prêtres des idoles furent écrasés par la foudre, l’autel de Jupiter fut brûlé et le soleil s'obscurcit, au point que le peuple de Rome s'enfuit hors des murs de la ville.

Sous le prétexte de la purifier, le consul Palmatius, informé que Calixte avec ses clercs était caché au delà du Tibre, sollicita la destruction totale des chrétiens, auxquels on attribuait ces malheurs. Palmatius ayant pris le pouvoir s'y rendit en toute hâte, accompagné de soldats ; mais ceux-ci furent aussitôt frappés d'aveuglement ; alors, le consul effrayé eu apporta de suite la nouvelle à Alexandre.

L'empereur ordonna donc que le jour dédié à Mercure (mercredi), tout le peuple se rassemble pour sacrifier à ce dieu, afin d'obtenir de lui une réponse au sujet de ces accidents. Sur ces entrefaites, une vierge du temple, nommée Julienne, fut saisie par le démon, et s'écria :
" Le Dieu de Calixte est le Dieu vivant et véritable ; il est indigné de notre corruption."
Quand Palmatius eut entendu ces paroles, il alla, au delà du Tibre, trouver à Ravenne saint Calixte et se fit baptiser par lui, avec sa femme et sa famille.

Saint Calixte instituant les jeûnes. Vies de Saints. XIVe.

L'empereur, à cette nouvelle, manda le consul et l’adressa au sénateur Simplicius, afin qu'il le gagnât par des avis insinuants, car ce personnage était fort utile à l’Etat. Or, comme Palmatius persévérait dans les jeûnes et dans la prière, un soldat vint lui promettre que, s'il guérissait sa femme paralytique, il croirait aussitôt. Palmatius ayant prié, la femme fut guérie et accourut lui dire :
" Baptisez-moi an nom du Christ, qui m’a pris par la main et m’a fait lever."
Alors Calixte vint la baptiser avec son mari, Simplicius et beaucoup d'autres.
Quand l’empereur l’apprit, il ordonna de couper la tête de tous les baptisés. Privatus venait à peine d'embrasser la foi, qu'il mourait lui aussi pour elle sous les coups de fouets armés de plomb.

Pour Calixte, il le fit rester cinq jours sans manger ni boire. Mais lorsqu'il vit que le Saint était loin de perdre ses forces, il ordonna de le fouetter chaque jour ; ensuite, il le fit jeter du haut d'une fenêtre dans un puits, avec une pierre attachée au cou.

Le prêtre Astérius retira le corps du saint pape hors du puits, et l’ensevelit dans le cimetière de Calépodius, au troisième mille sur la voie Aurélia. C'était la veille des ides d'octobre. Son corps fut par la suite ramené dans la basilique de Sainte-Marie-Au-Delà-Du-Tibre, qu'il avait bâtie, et placé sous l'autel majeur où on l'entoure d'une grande vénération.
Quelques temps auparavant en effet, le corps du bienheureux Calépodius (ou Callopodius), prêtre et Martyr, ayant été jeté au Tibre, saint Calixte dans sa piété l'avait fait rechercher avec grand soin, et, l'ayant trouvé, ensevelit avec honneur.

Calliste avait siégé cinq ans, un mois et douze jours. Il avait notamment institué et fixé l'essentiel des jeûnes annuels. En cinq ordinations au mois de décembre, il avait créé seize prêtres, quatre diacres, huit évêques.

Abside de la basilique Sainte-Marie-Au-Delà-Tibre, construite par
saint Calixte ; on y vénère toujours ses saintes reliques. Rome IIIe-Ve.

PRIERE

" L'Esprit-Saint, qui garde l'Eglise, vous prépara comme un auxiliaire d'élite dans la souffrance et l'humiliation. Vous naquîtes esclave ; la fourberie judaïque sema de bonne heure les embûches sous vos pas ; jeune encore, les mines de Sardaigne comptaient en vous un forçat déplus, mais c'était pour le Seigneur. Serf de la peine, comme disait l'ancienne Rome, vous ne l'étiez plus de votre ancien maître ; et délivré des mines à l'heure marquée par Celui qui conduit les événements au gré de sa providence, le titre de Confesseur, en vous ennoblissant pour jamais, vous recommandait à l'attention maternelle de l'Eglise.

Tels apparurent dès lors votre mérite et vos vertus, qu'inaugurant le plus long pontificat de l'époque des martyrs, Zéphyrin vous choisit pour le conseiller, l'appui, le suppléant de sa vieillesse ; en attendant que l'Eglise, suffisamment instruite par l'expérience de ces dix-huit années, vous élût à son tour comme pasteur suprême.

Saint Calixte. Missel Romain. Berry. XIVe.

Combien grande vous la laissez aujourd'hui, cette noble Epouse du Fils de Dieu ! Toute la noblesse des anciens âges, toute la valeur morale, tout l'essor intellectuel de l'humanité apparaissent concentrés en elle à cette heure. Où sont les mépris de jadis, les calomnies d'antant ? Le monde n'ignore plus qu'il a devant lui la reine de l'avenir ; l'atrocité des persécutions que l'Etat païen lui réserve encore viendra de cette conviction qu'il s'agit pour lui de la lutte, et d'une lutte désespérée, pour la vie. Aussi hésite-t-il, et semble-t-il plutôt vouloir aujourd'hui transiger avec les chrétiens.

Vous fûtes l'initiateur des voies nouvelles, pleines de péril comme de grandeur, où entrait l'Eglise. De l'absolu et brutal Non licet esse vos (Il ne vous est pas permis d'être) des jurisconsultes bourreaux, vous sûtes le premier amener l'empire à reconnaître en quelque chose officiellement les droits de la communauté chrétienne : Cécile assurait par vous à celle-ci la propriété de la tombe, la faculté de se réunir, de se cotiser, pour honorer ses morts ; à Marie, Fons olei, et ce fut l'occasion de votre martyre, il vous était donné de consacrer le premier sanctuaire légalement acquis dans Rome aux chrétiens. Or, loin de céder, quoi que ce fût des droits de Dieu, en pactisant avec César, vous affirmiez dans le même temps à l'encontre de celui-ci, comme nul ne l'avait fait encore, l'indépendance absolue de l'Eglise concernant cette question du mariage soustraite de par le Christ-roi à la juridiction des pouvoirs civils. D'ores et déjà, " ne dirait-on pas une nation dans la nation ?" oui ; jusqu'à ce que la nation elle-même ait  passé tout entière  dans les rangs de ce peuple nouveau ". (Le Temps pascal, t. II ; Jeudi de la troisième semaine après Pâques).

Crypte des papes. Catacombes Saint-Calixte. IIIe.

Au sein de l'Eglise, autres soucis, l'ardeur des luttes doctrinales est à son comble et s'est portée sur le premier de nos mystères : Sabellius, condamné pour son audace à déclarer incompatible avec l'unité de Dieu la réelle distinction de la Trinité sainte, laisse le champ libre à l'école qui sépare les augustes personnes au risque de multiplier Dieu même. Puis c'est Montan, dont les disciples, ennemis des théories sabelliennes antérieurement à Sabellius même, escomptent la faveur du premier Siège pour leur système de fausse mystique et de réforme outrée. Mais comme le pilote expérimenté déjoue les écueils, entre les subtilités des dogmatisants, les prétentions des rigoristes, les utopies des politiques, vous dirigiez d'une main dont la sûreté était celle de l'Esprit-Saint lui-même la barque de Pierre à ses immortelles destinées. En la mesure où Satan vous déteste et vous poursuit jusqu'à nos jours, soyez glorifié à jamais ; bénissez en nous vos disciples et vos fils."

00:15 Publié dans C | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Calixte.

Écrit par : Schaffner | dimanche, 25 janvier 2015

Répondre à ce commentaire

Écrire un commentaire