UA-75479228-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 16 septembre 2007

16 septembre 2007. IIIe dimanche de septembre, dimanche de Notre Dame des 7 douleurs.

- IIIe dimanche de septembre, dimanche de Notre Dame des 7 douleurs.



Extraits de l'Année liturgique de dom Prosper Guéranger.


Ô vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s'il est douleur pareille à ma douleur (1) ! Est-ce donc le premier cri de la douce enfant dont la venue a causé joie si pure à la terre ; et fallait-il arborer si tôt le drapeau de la souffrance sur le berceau où repose tant d'innocence et d'amour ? Le cœur de l'Eglise pourtant ne l'a pas trompée; cette fête, à cette date, est toujours la réponse à la question de l'humanité dans l'attente : Que sera cette enfant ?

Raison d'être de Marie, le Sauveur à venir doit en être en tout l'exemplaire. C'est à titre de Mère que fut annoncée, qu'est apparue la Vierge bénie, et dès lors à titre de Mère de douleurs, parce que le Dieu dont la naissance prochaine est le motif de sa propre naissance sera en ce monde l’homme des douleurs et de l'infirmité (2). A qui vous comparer ? chante le prophète des lamentations: ô Vierge, votre affliction est comme l'océan (3). Sur la montagne du Sacrifice, comme mère elle donna son fils, comme épouse elle s'offrit avec lui ; par ses souffrances d'épouse et de mère, elle fut la corédemptrice du genre humain. Une première fête des Douleurs de Marie, préludant aux récits de la grande Semaine, a gravé dans nos âmes cet enseignement et ces souvenirs.

Le Christ ne meurt plus (4) ; pour Notre-Dame, de même, a cessé la souffrance. Néanmoins la passion du Christ se poursuit dans ses élus, dans son Eglise contre laquelle, à son défaut, se rue l'enfer. A cette passion du corps mystique dont elle est aussi mère, la compassion mystérieuse de Marie reste acquise; que de fois ne l'ont pas attesté les larmes coulant des yeux de ses images les plus vénérées ! Là encore, là surtout, est aujourd'hui l'explication de cette reprise inaccoutumée par la Liturgie sainte d'une fête célébrée déjà dans une autre saison sous un titre identique.

Le lecteur qui compulse le recueil des ordonnances du Siège apostolique sur les Rites sacrés, s'étonne d'y rencontrer après le 20 mars 1809 une interruption prolongée ; lacune insolite, ne prenant fin que le 18 septembre 1814 par le décret qui institue au présent Dimanche une nouvelle commémoration des Douleurs de la Bienheureuse Vierge (5). 1809-1814 : lustre fatal, où le gouvernement de la chrétienté demeura suspendu ; années de sang, qui revirent l'agonie de l'Homme-Dieu dans son Vicaire captif. Toujours debout près de la Croix cependant, la Mère des douleurs offrait à Dieu les souffrances de l'Eglise ; à la suite de l'épreuve, n'ignorant pas d'où lui venait la miséricorde reconquise, Pie VII dédiait ce jour à Marie comme mémorial nouveau de la journée du Calvaire.

Dès le XVII° siècle, les Servîtes étaient par privilège en possession de cette seconde fête, qu'ils célèbrent sous le rit Double de première classe avec Vigile et Octave. C'est d'eux que l'Eglise voulut en emprunter l'Office et la Messe. Honneur et privilège bien dus à cet Ordre, établi par Notre-Dame sur le culte de ses souffrances, et qui s'en était fait l'apôtre. Héritier des sept bienheureux fondateurs, Philippe Benizi propagea la flamme allumée par eux sur les hauteurs du mont Senario ; grâce au zèle de ses successeurs et fils, la dévotion des sept Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie, jadis pour eux patrimoine de famille, est aujourd'hui le trésor de la terre entière.

La prophétie du vieillard Siméon, la fuite en Egypte, la perte de l'Enfant divin dans Jérusalem, le portement de Croix, le crucifiement, la descente de Croix, la sépulture de Jésus : septuple mystère, autour duquel Notre-Dame aime à voir grouper les aspects quasi infinis des souffrances qui firent d'elle la Reine des Martyrs, la première rose et la plus belle du champ de Dieu. Ayons à cœur la recommandation du livre de Tobie, dont l'Eglise fait lecture cette semaine en l'Office du Temps: Honorez votre Mère, et n'oubliez jamais les douleurs qu'elle a endurées pour vous donner la vie (6).

A LA MESSE

Sous les magnificences de la sainte Liturgie, le Sacrifice quotidien n'est autre substantiellement que celui du Calvaire. Comme assistance au pied de la Croix dans la journée de la grande oblation, le chant d'entrée nous montre quelques femmes, un seul homme, faisant cortège en larmes à la Mère des douleurs. Nous retrouverons dans l'Evangile cet Introït et jusqu'à son Verset qui, contre l'usage, n'est pas emprunté des Psaumes.

EPITRE

Lecture du livre de Judith. CHAP. XIII.

" Le Seigneur vous a bénie dans sa force, réduisant par vous à néant nos ennemis. Ô fille de notre race, le Seigneur Dieu très haut vous a bénie plus que toutes les femmes qui sont sur la terre. Béni soit le Seigneur qui a créé le ciel et la terre ; car il a en ce jour exalté votre nom de telle sorte que votre louange ne cessera plus dans la bouche des humains : à jamais ils auront souvenir de la puissance du Seigneur, et comment, n'épargnant point votre âme en présence du malheur et de l'angoisse de votre peuple, vous êtes intervenue devant notre Dieu pour empêcher sa ruine."


Ô grandeur de notre Judith entre les créatures !

" Dieu, dit le pieux et profond Père Faber, Dieu semble choisir en lui les choses qui sont le plus incommunicables pour les communiquer à Marie d'une manière mystérieuse. Voyez comme il l'a déjà mêlée aux desseins éternels de l'univers dont il la rend presque cause et type partiel. La coopération de la sainte Vierge au salut du monde nous présente un nouvel aspect de sa magnificence. Ni l'Immaculée Conception, ni l'Assomption ne nous donnent une plus haute idée de Marie que le titre de corédemptrice. Ses douleurs n'étaient pas nécessaires à la rédemption, mais dans les conseils de Dieu elles en étaient inséparables. Elles appartiennent à l'intégrité du plan divin. Les mystères de Jésus ne sont-ils pas ceux de Marie, et les mystères de Marie ne sont-ils pas ceux de Jésus ? La vérité paraît être que tous les mystères de Jésus et ceux de Marie n'étaient pour Dieu qu'un seul mystère. Jésus lui-même est la douleur de Marie sept fois répétée, sept fois agrandie. Durant les heures de la Passion, l'offrande de Jésus et celle de Marie étaient réunies en une seule. Quoique de dignité, de valeur évidemment différentes, elles étaient offertes avec des dispositions semblables, allant du même pas, embaumées des mêmes parfums, consumées par le même feu; oblation simultanée faite au Père par deux cœurs sans tache pour les péchés d'un monde coupable, dont ils avaient librement assumé les démérites (7)."

Aux tourments de la grande Victime, aux pleurs de Marie, sachons unir nos larmes. C'est dans la mesure où nous l'aurons fait en cette vie, que nous pourrons nous réjouir au ciel avec le Fils et la Mère ; si Notre-Dame, comme chante le Verset, est elle-même aujourd'hui reine du ciel et souveraine du monde, il n'est personne parmi les élus dont les souvenirs de souffrance puissent être comparés aux siens.

A la suite du Graduel, la touchante complainte attribuée au bienheureux franciscain Jacopone de Todi, le Stabat Mater, nous donnera une belle formule de prière et d'hommage à la Mère des douleurs.

STABAT MATER

Stabat Mater dolorosa
Juxta crucem lacrymosa,
Dura pendebat filius.

Cujus animam gementem,
Contristatam, et dolentem,
Pertransivit gladius.

O quam tristis et afflicta
Fuit illa benedicta
Mater unigeniti !

Quœ maerebat, et dolebat,
Pia Mater du m videbat
Nati poenas inclyti.

Quis est homo qui non fleret,
Matrem Christisi videret
Intanto supplicio ?

Quis non posset contristari,
Christi Matrem contemplari
Dolentem cum filio ?

Pro peccatis suae gentis
Vidit Jesumin tormentis,
Et flagellis subditum.

Viditsuum dulcem natum
Moriendo desolatum,
Dum emisit spiritum.

Eia, Mater, fons amoris,
Me sentire vim doloris
Fac, ut tecum lugeam.

Fac ut ardeat cor meum
In amando Christum Deum,
Ut sibi complaceam.

Sancta Mater, istud agas,
Crucifixi fige plagas
Cordi meo valide.

Tui nati vulnerati,
Tam dignati pro me pati,
Pœnas mecum divide.

Fac me tecum pieflere,
Crucifixo condolere,
Donec ego vixero.

Juxta crucem tecum stare,
Et me tibi sociare
In planctu desidero.

Virgo virginum praeclara,
Mihi jam non sis amara :
Fac me tecum plangere.

Fac ut portem Christi mortem,
Passionis fac consortem,
Et plagas recolere.

Fac me plagis vulnerari,
Fac me cruce inebriari,
Et cruore filii.

Flammis ne urar succensus,
Per te, Virgo, sim defensus,
In die judicii.

Christe, cum sit hinc exire,
Da per Matrem me venire
Ad palmam Victoriae.

Quando corpus morietur,
Fac ut animae donetur
Paradisi gloria.

Amen. Alleluia.


Debout au pied de la croix
A laquelle son fils était suspendu,
La Mère des douleurs pleurait.

Son âme,
En proie aux gémissements et a la désolation,
Fut alors transpercée d'un glaive.

Oh ! qu'elle fut triste et affligée,
Cette Mère bénie
D'un fils unique !

Elle gémissait et soupirait,
Cette tendre Mère,
A la vue des angoisses de cet auguste fils.

Qui pourrait retenir ses larmes,
En voyant la Mère du Christ
En proie à cet excès de douleur ?

Qui pourrait contempler,
Sans une tristesse profonde,
Cette Mère du Sauveur souffrant avec son fils ?

Elle avait sous les yeux Jésus livré aux tourments,
Déchiré de coups de fouets,
Pour les péchés de ses frères.

Elle voyait ce tendre fils mourant,
Et sans consolation,
Jusqu'au dernier soupir.

Ô Mère, ô source d'amour,
Faites que je sente votre douleur,
Que je pleure avec vous.

Faites que mon cœur aime avec ardeur
Le Christ mon Dieu,
Et ne songe qu'à lui plaire.

Mère sainte,
Imprimez profondément dans mon cœur
Les plaies du Crucifié.

Donnez-moi part
Aux douleurs que votre fils
A daigné endurer pour moi.

Faites que je pleure de compassion avec vous,
Que je compatisse à votre Crucifié,
Tous les jours de ma vie.

Mon désir est de demeurer
Avec vous près de la croix,
Et de m'associer pour toujours à votre deuil.

Vierge, la plus noble des vierges,
Ne me soyez pas sévère ;
Laissez-moi pleurer avec vous.

Que je porte en moi la mort du Christ ;
Que je partage sa Passion ;
Que je garde le souvenir des plaies qu'il a souffertes.

Faites que ses blessures soient miennes ;
Que je sois enivré de la croix
Et du sang de votre fils.

Ô Vierge, gardez-moi des feux dévorants ;
Défendez-moi vous-même
Au jour du jugement.

Ô Christ, quand il me faudra sortir de cette vie,
Accordez-moi, par votre Mère,
La palme victorieuse.

Et lorsque mon corps devra subir la mort,
Daignez accorder à mon âme
La gloire du paradis.

Amen. Alleluia.




(1). Thren. I, 12.(2). Isai. LIII.(3). Thren. II, 13.(4). Rom. VI, 9.(5). Gardellini, Decreta authentica Congr. Sacr. Rit.(6). Tob. IV, 3-4.(7). FABER, Le Pied de la Croix, IX, I, II.

EVANGILE


Crucifixion. Livre d'heures. XVe.

La suite du saint Evangile selon saint Jean Chap. XIX.


" En ce temps-là, debout près de la Croix de Jésus, étaient sa Mère et la sœur de sa Mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant vu sa Mère, et debout près d'elle, le disciple qu'il aimait, il dit à sa Mère : Femme, voilà votre fils. Et ensuite il dit au disciple : Voilà votre mère. Et depuis cette heure, le disciple la prit chez lui."

Femme, voilà votre fils. — Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? Paroles de Jésus sur la Croix. N'a-t-il donc plus ni Père au ciel, ni Mère ici-bas ! Mystère de justice, et encore plus d'amour : Dieu a tant aimé le monde qu'il adonné pour lui son Fils (1), jusqu'à le substituer aux hommes pécheurs dans la malédiction (2) due au péché (3) ; et Notre-Dame, dans son union sublime au Père, n'a pas épargné davantage, mais livré comme lui (4) pour nous tous ce même Fils de sa virginité. Si de ce chef nous appartenons au Père souverain, nous sommes bien aussi à Marie désormais ; nous avons été, des deux parts, achetés d'un grand prix (5) : le Fils unique, échangé pour les fils d'adoption.

C'est au pied de la Croix que Notre-Dame est devenue véritablement la Reine de la miséricorde. Au pied de l'autel où le renouvellement du grand Sacrifice se prépare, recommandons-nous de sa toute-puissance sur le divin Cœur.

(1). Johan. III, 16.(2). Gal. III, 13.(3). I Cor. V, 21.(4). Rom. VIII, 32.(5). I Cor. VI, 20.

Les commentaires sont fermés.