mardi, 07 mai 2024
7 mai. Saint Stanislas, évêque de Cracovie, martyr. 1079.
Papes : Jean XIX ; Grégoire VII. Souverains de Pologne : Miecillas II ; Boleslas II, le Farouche. Rois de France : Robert II, le Pieux ; Philippe Ier.
" Si je dis au pécheur : " Tu périras ! Et si tu n'ouvres pas la bouche pour l'avertir et le faire revenir de son égarement, le pécheur périra à cause de son péché, mais je te redemanderai son sang à toi-même. Si, au contraire, tu as averti le pécheur pour le faire revenir de son égarements et s'il n'a pas voulu t'écouter, alors il sera seul cause de sa perte et ton âme sera sauvée "."
Ezéchiel, XXXIII, 8 & 9.
Le XIe siècle, siècle de luttes pour le Sacerdoce contre la barbarie, envoie aujourd'hui un nouveau martyr à Jésus ressuscité. C'est Stanislas, que la noble Pologne place aux premiers rangs de ses défenseurs. Un prince chrétien dont il reprenait les vices l'a immolé à l'autel ; le sang du courageux Pontife s'est mêlé à celui du Rédempteur dans un même Sacrifice. Quelle invincible force dans ces agneaux que Jésus a envoyés au milieu des loups (Matth. X, 16.) ! Tout à coup le lion se révèle en eux, comme il s'est montré dans notre divin Ressuscité. Pas de siècle qui n'ait eu ses martyrs, les uns pour la foi, les autres pour l'unité de l'Eglise, d'autres pour sa liberté, d'autres pour la justice, d'autres pour la charité, d'autres pour le maintien de la sainteté des moeurs, comme notre grand Stanislas.
Le XIXe siècle [le XXe n'est naturellement pas à exclure de l'assertion de dom Prosper Guéranger qui écrit ici] a vu aussi ses martyrs ; il les voit chaque année dans l'Extrême Orient ; est-il appelé, avant de finir son cours, à en voir dans l'Europe ? Dieu le sait. Le siècle dernier, à son début, ne semblait pas destiné à fournir l'abondante moisson que produisit le champ de la France catholique. Quoi qu'il advienne, soyons assurés que l'Esprit de force ne ferait pas défaut aux athlètes de la vérité. Le martyre est un des caractères de l'Eglise, et il ne lui a manqué à aucune époque. Les Apôtres qui entourent en ce moment Jésus ressuscité ont bu tour à tour le calice après lui ; et nous admirions hier comment le disciple de prédilection est lui-même entré dans la voie préparée à tous.
Saint Stanislas naquit le 26 juillet 1030, de parents fort avancés en âge, mariés depuis trente ans et encore sans postérité. Ses parents étaient de haute condition, ce qui ne les empêchait pas d'avoir une aussi haute réputation de piété. Dieu, qui avait des vues élevées sur cet enfant, lui inspira dès son bas âge de grandes vertus, surtout la charité pour les pauvres, et une mortification qui le portait à jeûner souvent et à coucher sur la terre nue, même par les plus grands froids.
Après de brillantes études, il n'aspirait qu'au cloître ; à la mort de ses parents, il vendit leurs vastes propriétés et en donna le prix aux pauvres. Stanislas dut se soumettre à son évêque, qui l'ordonna prêtre et le fit chanoine de Cracovie.
Il fallut avoir recours au Pape pour lui faire accepter le siège de Cracovie, devenu vacant. Il fut sacré en 1072. Ses vertus ne firent que grandir avec sa dignité et ses obligations; il se revêtit d'un cilice, qu'il porta jusqu'à sa mort ; il se fit remettre une liste exacte de tous les pauvres de la ville et donna l'ordre à ses gens de ne jamais rien refuser à personne.
La plus belle partie de la vie de Stanislas est celle où il fut en butte à la persécution du roi de Pologne, Boleslas II. Ce prince menait une conduite publiquement scandaleuse. Seul l'évêque osa comparaître devant ce monstre d'iniquité, et d'une voix douce et ferme, condamner sa conduite et l'exhorter à la pénitence. Au début, Boleslas le Cruel, parut rentrer en lui-même, mais ses résolutions ne tinrent pas et il reprit sa conduite scandaleuse.
Boleslaw II. D'après une monnaie du XIe.
Un des combles de sa conduite arriva lorsqu'il fit enlever Christine, l'épouse du seigneur Miécislas, réputée tant pour sa beauté que pour sa piété. Toute la noblesse polonaise en fut scandalisée et elle encouragea le primat de Pologne, archevêque de Gnesne, et la plupart des évêques à intervenir hautement auprès de ce roi tyrannique. Ces grand prélats préférèrent se taire...
La noblesse se vengea de ces piteux personnages en publiant partout qu'ils avaient des âmes mercenaires, plus attachées à leurs privilèges et à leur fortune qu'à la cause de Dieu.
Saint Stanislas résolut alors de parler pour la seconde fois à Boleslas. Escorté de plusieurs grands seigneurs et de quelques écclésiastiques, il remontra au roi sa conduite impie et l'avertit qu'il encourait les censures de l'Eglise s'il ne réglait pas sa conduite et ne réparait pas ses fautes. Le roi dit à notre saint :
" Quand on sait parler si peu convenablement à un roi, on devrait être porcher et non évêque."
Notre saint lui répondit sans se troubler :
" N'établissez aucune comparaison entre la dignité royale et la dignité épiscopale ; car en ce cas je vous dirai que la première est à la seconde ce que la lune est au soleil, ou le plomb à l'or."
Saint Stanislas. Panneau du maître-autel de la cathédrale de Breslau.
Pour se venger, et comme saint Stanislas était irréprochable, Boleslas eut recours à la calomnie pour se venger.
Le pontife avait acheté pour son évêché, devant témoins, et il avait payé une terre dont le vendeur était mort peu après. Le roi, ayant appris qu'il n'y avait pas d'acte écrit et signé, gagna les témoins par promesses et par menaces, et accusa Stanislas d'avoir usurpé ce terrain. L'évêque lui dit :
" Au bout de ces trois jours, je vous amènerai comme témoin le vendeur lui-même, bien qu'il soit mort depuis trois ans."
Le jour venu, le saint se rendit au tombeau du défunt ; en présence d'un nombreux cortège, il fit ouvrir la tombe, où on ne trouva que des ossements. Stanislas, devant cette tombe ouverte, se met en prière, puis touche de la main le cadavre :
" Pierre, dit-il, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, viens rendre témoignage à la vérité outragée."
A ces mots, Pierre se lève, prend la main de l'évêque devant le peuple épouvanté, et l'accompagne au tribunal du roi. Le ressuscité convainc de calomnie le roi et les témoins, et de nouveau accompagne l'évêque jusqu'au tombeau, qu'on referme sur son corps, redevenu cadavre.
Une fois encore, Boleslas fut impressionné par cet impressionnant miracle au point qu'il sembla se ranger de ses vices pendant quelques temps. Il retomba pourtant hélas bientôt dans ses excès à la faveur d'une expédition victorieuse contre les Russes lors de laquelle il se rendit maître de leur capitale, Kiev.
Remontrances de saint Stanislas à Boleslaw II.
Saint Stanislas résolut alors de tout faire pour faire cesser les débordements permanents du roi. Après l'avoir plusieurs fois admonesté, il finit par l'excommunier et par lui interdire d'assister à l'office divin. Comme Boleslas continuait de s'y rendre, il déclara que l'office serait suspendu si le roi s'y présentait et qu'il ne reprendrait qu'une fois son départ ou sa conversion serait dûment constatée.
Toutefois, un jour, saint Stanislas partit discrètement dire l'office divin dans l'église Saint-Michel. Le roi le fit suivre par ses créatures en leur enjoignant d'entrer dans l'église et de l'assassiner. Par trois fois, une lumière intense apparut à l'autel et épouvanta les soldats au moment où il s'apprêtait à exécuter leurs ordres. C'était le 8 mai 1079.
Boleslas vint alors lui-même exécuter saint Stanislas. Non content d'avoir commis ce crime atroce, le roi déchira de ses mains les lèvres et le nez de notre saint, le fit traîner par toute l'église et disperser son corps dans des champs alentours afin qu'il servît de pâture aux animaux. Dieu envoya alors quatre aigles qui gardèrent les précieuses reliques de saint Stanislas pendant deux jours.
De pieux écclésiastiques vinrent pendant la nuit retirer le saint corps duquel émanait une brillante lumière et qui exhalait des parfums d'une suavité miraculeuse.
Le pape, Grégoire VII, ne pouvait laisser impuni ce crime monstrueux. Il jeta l'interdit sur le royaume, anathématisa Boleslas et le déchut de sa royauté. Poursuivit par la vindicte de son peuple, il s'enfuit en Hongrie où le roi Ladislas l'accueillit avec bonté. Là, enfin, son âme fut profondément touchée par le repentir et il rentra sincèrement en lui-même, se décidant à entreprendre le pélerinage de Rome pour implorer l'absolution du souverain pontife.
La cathédrale Saint-Stanislas et Saint-Wenceslas de Cracovie.
Il partit avec un habit très simple et un seul serviteur. Bientôt, dissimulant sa condition, il fit une halte en Carinthie et demanda l'aumône aux Bénédictins du couvent d'Ossiach. Eclairé par Dieu, il résolut d'y passer le restant de ses jours. Il entra dans un silence perpétuel et ne s'occupa que de tâches très humbles. Comme il était maladroit, il endura longtemps les rudesses de bien des moines.
" C'est ainsi qu'il était devant Dieu plus grand dans la cuisine qu'il n'avait été sur le trône."
Dit un chroniqueur contemporain.
Il vécut ainsi sept ans et, quelques heures avant de rejoindre le divin Juge, il rompit le silence, fit venir l'abbé du monastère, et lui fit une confession générale pleine de profond repentir, lui remettant en gage l'anneau royal qu'il avait toujours conservé en le dissimulant.
Les moines avaient remarqué que Boleslas priait des heures entières une image de la Très Sainte Vierge Marie. C'est elle qui lui obtint la grâce de sa conversion et celle de faire une bonne mort. Le corps de Boleslas est toujours enterré dans le monastère d'Ossiach.
Saint Stanislas fut enterré à la porte de l'église Saint-Michel. Dix ans plus tard, il fut transféré dans l'église de la forteresse de Cracovie puis dans la cathédrale de cette ville.
PRIERE
" Vous fûtes puissant en œuvres et en paroles, Ô Stanislas ! Et le Seigneur vous a donné pour récompense la couronne de ses martyrs. Du sein de la gloire dont vous jouissez, jetez un regard sur nous, et demandez au Seigneur le don de force qui brilla en vous, et dont nous avons tant besoin pour vaincre les obstacles qui entravent notre marche. Notre divin Ressuscité ne veut à sa suite que des soldats vaillants. Le royaume dont Il est le souverain Maître, Il l’a pris d'assaut ; et Il nous avertit que si nous prétendons l'y suivre, nous devons nous préparer à la violence.
Fortifiez-nous, soldat du Dieu vivant, soit qu'il nous faille à force ouverte soutenir la lutte pour la foi ou l'unité de l'Eglise, soit que le combat doive se passer contre les ennemis invisibles de notre salut. Bon pasteur, qui n'avez ni reculé, ni tremblé devant le loup, obtenez-nous des pasteurs semblables à vous. Soutenez la sainte Eglise, qui est en butte à ses ennemis par toute la terre. Convertissez ses persécuteurs, comme vous avez converti Boleslas votre meurtrier, qui a trouvé le salut dans votre sang.
Souvenez-vous de votre chère Pologne, qui vous honore d'un culte si fervent. Brisez enfin, Ô Stanislas, le joug de fer qui l'accable. N'est-il pas temps qu'elle reprenne son rang parmi les nations ? Dans les épreuves que ses fautes avaient méritées, elle a conservé le lien sacré de la foi et de l'unité catholique, elle a été patiente et fidèle ; suppliez le divin Ressuscité d'avoir pitié d'elle, de récompenser sa patience et sa fidélité. Qu'il daigne lui donner part à sa résurrection ; et ce jour sera un jour de joie pour toutes les Eglises qui sont sous le ciel ; car elle est leur sœur chérie ; et si elle revit, nous chanterons partout au Seigneur un cantique nouveau."
00:15 Publié dans S | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
J'ai prié saint Stanislas pour obtenir une faveur. Maintenant je connais sa vie. Et j'ai connue Ladislas.
Écrit par : Mariette Lepage | dimanche, 09 mai 2010
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