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dimanche, 26 novembre 2023

26 novembre. Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.

- Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.

Pape : Saint Eusèbe. Empereur romain d'Orient : Galère. Empereur romain d'Occident : Licinius.

" Ce saint a combattu jusqu'à la mort pour la loi de son Dieu, et n'a point craint les menaces des impies ; car il était fondé sur la pierre ferme."
Antienne.
 

Maximin Daïa persécutant les Chrétiens.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Saint Pierre succéda à saint Théonas (23 août) vers l'été de l'an 300 comme évêque d'Alexandrie, et mourut martyr de la grande persécution, très probablement le 25 novembre 311. Il aurait versé son sang le dernier, et c'est pour cela qu'on l'appela en Orient le " sceau des martyrs ".

Eusèbe, dans son Histoire ecclésiastique, nous dit :
" Après Théonas qui avait servi 19 ans, Pierre reçoit la succession de l'épiscopat sur Alexandrie ; il se distingue lui aussi pendant 12 années entières. Avant la persécution, il dirigea cette Église pendant 3 ans ; le reste de sa vie, il le passe dans des exercices assez durs et pourvoit, sans se cacher, au bien général des Églises. C'est pourquoi, la IXe année de la persécution, il a la tête coupée et il est paré de la couronne du martyre... " (L. 7, c. 32, 31.).

" Parmi ceux qui moururent glorieusement à Alexandrie, dans toute l'Égypte et la Thébaïde, il faut citer en premier lieu Pierre, l'évêque de cette Alexandrie, l'un de ces docteurs divins de la piété Chrétienne..." (L. 8, c. 13, 7.).
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Vision de saint Pierre d'Alexandrie. VIIe.
Eglise Comblée d'Ivanovo. Bulgarie.

" Pierre présidait très brillamment aux Églises d'Alexandrie, l'un de ces évêques divins par sa vie vertueuse et ses exercices dans les paroles sacrées. Sans nul motif, il est appréhendé contre toute attente ; subitement, sans jugement, comme sur ordre de Maximin, il est décapité. Avec lui, plusieurs évêques d'Égypte subissent même traitement." (L. 9, c. 6, 2.).

Saint Jérôme, dans sa traduction de la Chronique d'Eusèbe, note qu'il aurait été le XVIe évêque d'Alexandrie. On trouve aussi des indications précieuses dans saint Athanase (Apol. c. Ar., § 59 ; Ep. ad episc., § 22.) et saint Épiphane (Adv. haer., 63.).

En dehors de ces textes trop brefs, la documentation est d'allure légendaire. Par exemple, vers la fin du Xe siècle, dans l'Histoire des patriarches d'Alexandrie, Sévère Ibn al Moqaffa, évêque d'El-Eschmounein (Haute-Égypte), nous conte que Pierre, après avoir banni Arius, fut emprisonné. Mais tous les fidèles d'Alexandrie voulaient mourir avant lui.

La femme d'un apostat nommé Socrate, qui vivait à Antioche, tenait absolument à se rendre à Alexandrie pour faire baptiser ses enfants. Socrate refusait. Elle s'embarqua malgré tout avec ses deux fils. Éclate une tempête. La vaillante Chrétienne se fait une incision au sein droit et avec 3 gouttes de son sang elle trace une croix sur le front et le coeur de ses petits, puis elle les baptise dans l'eau salée en prononçant les paroles sacramentelles, et les embrasse. On atteint enfin Alexandrie. Elle présente ses garçons au baptême. Mais l'eau du baptistère, pour eux, se congèle subitement. Pierre s'informe, et conclut que le Ciel a ratifié le baptême maternel.
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Saint Pierre d'Alexandrie en prison.
Martyre de saint Pierre d'Alexandrie.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Arius est de nouveau repoussé par Pierre, qui est décapité dans sa prison, à travers un trou dans le mur.

Un autre épisode (une vision) que l'on trouve d'abord dans la Passion grecque - du Ve siècle ? - éditée par Viteau, est intéressant parce qu'il a inspiré des artistes byzantins. Pierre est censé parler :
" Je vis un enfant entrer par la porte de cette cellule. Il avait environ 12 ans. Son visage brillait d'un tel éclat que toute la pièce en était éclairée. Il portait un colobium de lin, mais déchiré du cou jusqu'aux pieds ; des 2 mains il en serrait les morceaux sur la poitrine, et couvrait ainsi sa nudité. A cette vue, tout effrayé, je dis :
" Seigneur, qui t'a déchiré ta tunique ?"
Il répondit :
" Arius m'a tout déchiré. Attention ! ne l'admets pas à ta communion. On fera des démarches en sa faveur, ne te laisse pas influencer... Toi, tu es appelé au martyre."

Arius étant le grand hérésiarque du IVe siècle, la légende a fait de lui le grand adversaire de Pierre. Mais c'est Mélèce que Pierre combattit. Mélèce, évêque de Lycopolis, en Haute-Égypte, venait le premier après l'évêque d'Alexandrie. Dès 305 (?), il se permit d'intervenir en maître dans les territoires de quatre évêques emprisonnés et de Pierre, qui était très gêné par la persécution. Sans tenir compte d'une protestation collective des quatre prisonniers, Mélèce se rendit à Alexandrie et substitua ses créatures aux délégués de Pierre. Celui-ci défendit au peuple de communier avec Mélèce, et annonça un synode pour connaître de cette affaire. Mélèce s'installa dans le schisme.

En 306 (?), Pierre écrivit une circulaire pleine de charité concernant les Chrétiens qui avaient plus ou moins renié leur foi durant la persécution. Mélèce se posa en rigoriste. Et pourtant, au dire de saint Athanase, il avait faibli au début de la tourmente. Le conflit entre indulgence et rigueur sévissait jusqu'en prison, jusque dans les mines où les Chrétiens étaient mis aux travaux forcés. Mélèce, Pierre se retrouvaient, avec des clercs, sous les verrous.
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Cathédrale d'Alexandrie.

Saint Épiphane nous raconte que Pierre, au milieu de la prison, étendit par terre un manteau qui lui servait de couverture, et fit crier par un diacre :

" Ceux qui pensent comme moi, qu'ils passent de mon côté ! Ceux qui pensent comme Mélèce, qu'ils passent du côté de Mélèce !"

Le grand nombre fut pour Mélèce.

Au printemps de 311, un édit de Galère libéra les captifs, mais bientôt Maximin Daïa reprit la persécution. Le 25 novembre, Pierre fut décapité. Malheureusement, son oeuvre écrite a péri en très grande partie. Il fut l'adversaire des idées d'Origène, condamna la préexistence des âmes et l'interprétation allégorique de la Genèse. Il n'admettait pas le subordinatianisme.

Le corps de Pierre fut porté non à un tombeau isolé, mais dans un cimetière suburbain. Le bréviaire syriaque a placé la mention de Pierre au 24 novembre. Le martyrologe hiéronymien au 25. Le synaxaire copte au 25. Le martyrologe syriaque de Rabban Sliba (XIVe siècle) l'offre aux 28 octobre, 19 novembre, 20 décembre ; au 29 mai, il a le " couronnement de Pierre qui fut libéré à travers le mur défoncé ".
 
Un papyrus d'Oxyrhynque en Égypte pour l'an 535-536 l'indique au 28 décembre. Rufin (Hist. eccl. d'Eusèbe, 10, 15 = P. L., t. 21, col. 487 A.) note qu'on célébrait la fête de Pierre à Alexandrie sous l'évêque Alexandre (312-328), et Sozomène (Hist. eccl., 2, 17.) dit que le martyr avait en cette ville une panégyrie ou assemblée " officielle et très brillante ". A Antioche on chantait une hymne en son honneur. L'éloge élaboré par Bède d'après Rufin-Eusèbe, transmis par Usuard, a été déplacé dans le martyrologe romain du 25 au 26 à cause de sainte Catherine.

Dans l'iconographie, notre Pierre, avec sa barbe ronde, ressemble fort à son homonyme le grand apôtre. La vision de Jésus au vêtement déchiré a été peinte plus d'une fois. A Mistra (région du Taygète, dans le Péloponnèse), l'artiste a pris soin d'écrire auprès de Jésus les paroles que lui prête la légende " Arius m'a dépouillé ".

Ici, le Sauveur est un bel adolescent un peu grêle : sa posture rappelle l'Apollon de Cassel. En Serbie, c'est un tout petit enfant qui apparaît sur l'autel, un Ange en diacre lève sur lui le ripidion (un éventail au long manche) en usage avant et après l'épiclèse (cf. Fr.-J. Moreau, Liturgies euchar., 1924, p. 100, 144-145.).

00:25 Publié dans P | Lien permanent | Commentaires (0)

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