vendredi, 28 février 2025
28 février. Saint Romain & saint Lupicin, frères, abbés de Condat, fondateurs des monastères du Mont Jura. 460.
" Il n'y a qu'une seule, vraie et douce patrie ; en dehors de celle-là, tout n'est que déplacement et pèlerinage."
St. Aug. sup. Psalm. XLI.

Saint Romain et saint Lupicin naquirent d'une honnête famille, vers la fin du IVe siècle, dans l'ancienne province des Séquanais, le Haut-Bugey, dans le diocèse actuel de Belley. Quelques auteurs pensent que la ville d'Izernore, considérable à l'époque, fut la patrie de deux frères. La jeunesse de Romain demeura pure de toute corruption du siècle. Après s'être mis quelques temps sous la conduite du saint abbé Sabin, qui gouvernait le monastère d'Ainay à Lyon, et qui lui fit étudier sérieusement la vie cénobitique, il se retira, âgé de trente-cinq ans, à Condat, dans les forêts du Jura, où il mena la vie des anciens anachorètes, au milieu des bêtes féroces, et oublié du monde, qu'il avait oublié le premier.

Saint Romain. Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.
Mais ce n'était là, dans les desseins de Dieu, qu'une préparation : la vocation de Romain, c'était de fonder des monastères où l'on verrait fleurir toutes les merveilles de sainteté accomplies depuis plus de deux siècles dans les déserts d'Orient. Le premier de ses disciples fut son frère Lupicin.Dieu avait donné aux deux frères des caractères fort différents ; autant Romain était doux et indulgent, autant Lupicin était ferme et rigide, et on eût pu l'accuser d'excès, s'il n'avait encore été plus dur pour lui que pour les autres. Chez les deux Saints, ces divergences étaient toujours, chose étonnante, accompagnées d'une parfaite union. Si Lupicin avait paru dépasser la mesure, Romain était là pour tout concilier ; s'il était besoin d'un coup d'énergie, Romain avait recours à Lupicin, dont le bras de fer brisait tout obstacle.
Une année que les récoltes avaient été très abondantes, les religieux se relâchèrent de leur abstinence et ne se rendirent point aux douces observations de Romain. Le saint abbé confia l'affaire à son frère, qui ne fit servir à la communauté, pendant un certain temps, que de la bouillie d'orge sans apprêt. Douze moines quittèrent le monastère, les autres retrouvèrent leur ferveur. Romain pleura ses douze religieux et se plaignit à son frère ; il versa tant de larmes et fit tant de prières, que les douze fugitifs revinrent et menèrent une vie austère et pleine d'édification.
Un des plus anciens religieux lui reprocha un jour de recevoir trop facilement tous les sujets qui se présentaient, au risque de n'avoir plus de place pour accueillir les sujets d'élite :
" Mon frère, lui dit le Saint, Dieu seul discerne le fond des cœurs, confions-nous en Lui. Accueillons toutes ces brebis que nous envoie le divin Pasteur, et, par notre zèle, conduisons-les avec nous aux portes du Paradis."
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jeudi, 27 février 2025
27 février. Saint Léandre, archevêque de Séville. 596.
- Saint Léandre, archevêque de Séville. 596.
Pape : Saint Grégoire Ier le Grand. Empereur romain d'Orient : Maurice Ier *. Roi d'Espagne : Récarède Ier le Catholique. Rois de France : Théodebert II ; Thierry II.
" Celui-ci a échangé les ténèbres de cette vie contre la lumière éternelle."
Rossi, I, 76. Epitap. des catac. de l'année 354.
Saint Léandre. Murillo. XVIe.
Saint Léandre, d'une famille princière, naquit en Espagne. Il embrassa de bonne heure la vie monastique et y puisa l'esprit de dévouement et de discipline qui devait lui valoir l'honneur d'exercer une influence prépondérante sur l'avenir de son pays.
Séville fut le théâtre de son zèle et de ses vertus. Moine d'abord, puis archevêque de cette cité, il créa, à l'ombre de sa métropole, une école destinée à propager, en même temps que la foi catholique, l'étude de toutes les sciences et de tous les arts. Il présidait lui-même aux exercices des maîtres savants et des nombreux élèves qu'il avait su attirer.
Parmi ses disciples, le plus célèbre fut son jeune frère, saint Isidore, qui devint son successeur, et surpassa sa gloire. Mais une autre illustration de l'école de Léandre fut saint Herménégilde, un des fils du roi arien Leuvigilde ; c'est lui qui avait gravé au cœur de l'illustre jeune homme cette foi invincible qui fit de lui la victime de son propre père.
Une des gloires de saint Léandre est d'avoir été un ami du grand Pape saint Grégoire le Grand. On aime à trouver ces tendres et fortes amitiés, dont la vie des Saints fournit tant d'exemples; elles seules sont vraies et solides, parce qu'elles reposent sur la seule base ferme et inébranlable, l'amour de Dieu.

Statue de saint Léandre. Cartagène. Espagne.
Rien de plus attendrissant que la correspondance intime de ces deux grands personnages :
" Absent par le corps, écrivait le Pape à son fidèle ami, vous êtes toujours présent à mes regards, car je porte gravés au fond de mon âme les traits de votre visage… Ma lettre est bien courte, mais elle vous montrera combien je suis écrasé par le poids de ma charge, puisque j'écris si peu à celui que j'aime le plus au monde."
Quel éloge de notre Saint sous la plume d'un si grand Pape !
Saint Léandre, éprouvé par la persécution, eut enfin le bonheur de voir le triomphe de son Église. Le roi Leuvigilde se convertit avant de mourir, et mit son fils Récarède sous la conduite du saint archevêque, qu'il avait exilé. Récarède eut la gloire de ramener tout son peuple à l'Église romaine ; cette gloire, il faut le dire, rejaillit en grande partie sur Léandre, qui s'empressa d'annoncer la nouvelle au Pape saint Grégoire.
On ne connaîtrait qu'à demi ce docteur et cet apôtre de l'Espagne, si l'on ignorait que sa vie fut toujours mortifiée et recueillie comme celle d'un moine, sans faste comme celle d'un pauvre de Jésus-Christ, laborieuse comme celle d'un soldat de la foi.
La conversion de Récarède Ier. Muñoz Degrain. XIXe. Madrid. Espagne.
* Maurice Ier est fameux pour être l'auteur du Strategikon, l'un des grands classiques de la stratégie et de la tactique militaire. Il présente une théorie sophistiquée de l'utilisation des armes combinées. Il est toujours enseigné dans les écoles de guerre digne de ce nom.
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mercredi, 26 février 2025
26 février. Saint Porphyre, évêque de Gaza en Palestine, et sainte Irène, vierge. 420.
- Saint Porphyre, évêque de Gaza en Palestine, et sainte Irène, vierge. 420.
Pape : Saint Boniface Ier. Empereur romain : Flavius Honorius.
" Les hommes sont étrangers et pélerins sur la terre."
Heb., XI, 14.

Saint Porphyre de Gaza.
Saint Porphyre, né à Thessalonique en 353, de parents riches et vertueux, fut élevé dans la piété, dans la crainte de Dieu ainsi que dans les sciences divines et humaines.
A l'âge de vingt-cinq ans, l'amour divin lui fit abandonner toutes les richesses de la terre, quitter son pays et ses parents pour embrasser la vie religieuse dans un monastère de Scété en Egypte. Après cinq ans de vie austère, ayant reçu de ses supérieurs l'ordre de partir, à cause de sa santé délabrée, il se rendit en Terre Sainte, et parvint extrêmement malade à Jérusalem.
A Thessalonique, il n'avait pu faire le partage de ses richesses avec ses frères qui étaient trop jeunes, il n'avait pas encoore exécuté le précepte de l'Evangile de vendre tout son bien et de le distribuer aux pauvres. Il envoya donc, depuis Jérusalem, un jeune homme nommé Marc, afin qu'il fît procéder à ce partage. Marc, qui deviendra son fidèle disciple, rapporta le lot de saint Porphyre qui consistait en 4 400 écus d'or et quantité de meubles précieux.

Quant Marc arriva, il fut très heureusement surpris de trouver notre Saint en pleine santé. Saint Porphyre lui raconta qu'il s'était, presque à l'article de la mort, traîné jusqu'au Calvaire, que Notre Seigneur Jésus-Christ lui était apparu sur la Croix, lui avait mis une croix sur les épaules et que d'un coup il avait été guéri et ne ressentait plus depuis aucune souffrance.
Les richesses rapportées de Thessalonique furent distribuer aux pauvres de jérusalem et aux monastères environnants. C'est bien Dieu Lui-même qui dirigeait Son serviteur vers la Palestine, où la réputation de ses vertus et de son mérite le fit bientôt élever au siège épiscopal de Gaza.
A l'âge de quarante ans, Prayle, patriarche de Jérusalem, l'ordonna prêtre, et lui confia la garde du bois adorable de Notre Sauveur. Trois ans plus tard, il fut fait évêque de Gaza, en Palestine, par Jean, archevêque de Césarée, métropolitain de cette province, saint homme, auquel le clergé et le peuple avaient remis cette élection, parce qu'il n'avaient pu s'accorder. Ainsi, au lieu de ne penser qu'à expier ses péchés, comme il le disait lui-même, il se trouva engagé à travailler à l'expiation de ceux des autres. Dès qu'il fut sacré, il se rendit à Gaza, où les idolâtres, dont cette ville était toute remplie, le regardèrent comme le plus grand ennemi de leurs dieux.

Eglise de La Nativité. Gaza.
Reconnaissant l'évêque, la jeune fille, qui se trouvait seule à ce moment, se jeta à ses pieds et le vénéra. L'évêque lui demanda le nom de ses parents.
" Je n'ai plus ni père ni mère, j'ai seulement une vieille grand-mère que je nourris avec moi de mon travail.
- Etes-vous Chrétienne mon enfant ?
- Non, mais je désire le devenir.
Que ce peuple est porté au bien ! Si l'ennemi n'y mettait pas obstacle... Mais Dieu sera le maître !"
Puis, il pria Irène de leur prêter une place sur la terrasse de la maison pour se reposer et de ne dire à personne qu'ils y fussent. Sainte Irène s'exécuta et fit preuve d'une grande générosité et d'un zèle si touchant dans le service de notre Saint que celui-ci en pleura tendrement.

Autel d'une chapelle de l'église de La Nativité. Gaza.
Saint Porphyre ordonna des prières spéciales. Un jour de jeûne fut fixé, et on se réunit un soir dans la plus grande église de la ville, où l'assemblée chrétienne chanta durant toute la nuit, dans l'attitude de la pénitence, des invocations à Dieu et aux Saints.

Eglise Notre-Dame édifiée dans une grotte sur le lieu-dit " Aïn el habis ".
" Le Christ a vaincu !"
Ce prodige détermina la conversion d'un très grand nombre d'idolâtres.
Tous les nombreux miracles de Porphyre avaient pour but la conversion des âmes. Un jour qu'il traversait la mer sur un navire, une tempête affreuse éclata, le naufrage était inévitable. Mais Porphyre, éclairé de Dieu, déclara au pilote que la tempête cesserait dès qu'il aurait abjuré l'hérésie d'Arius. Le pilote, étonné de voir un homme qui lisait dans les coeurs, abjura aussitôt l'erreur, et les flots devinrent calmes.

L'église de La Nativité. Les Chrétiens de Gaza gardent leur église...
Le saint évêque demanda alors à sainte Irène si elle ne voulait pas s'établir, en lui promettant de la doter et de lui présenter un futur mari chrétien.
" Mais, saint père, vous m'avez déjà donner un Epoux, et vous ne voudrez pas que j'en accepte un autre.
- Mais quel Epoux ma fille ?
- Le Sauveur de mon âme, l'Epoux des vierges."
Le saint prélat se mit à pleurer de joie. Il la renvoya donc en sa maison, lui recommandant de mener une vie et une conduite digne de sa vocation.
Quelques temps plus tard, à la suite du décès de sa grand-mère, saint Porphyre confia sainte Irène à la conduite de la diaconesse Manaris. Un grand nombre de jeunes filles suivirent l'exemple de sainte Irène, qui mourut dans sa virginité baptismale en 490.
Porphyre, en mourant le 26 février 420, laissa Gaza entièrement chrétienne et délivrée des Idolâtres comme des hérétiques.
* Merci à " Basile ", qui a bien voulu nous corriger et nous préciser que le lieu-dit " Aïn el habis " signifie " la source de l'ermite " et se trouve au monastère Saint-Jean-du-Désert près de Jérusaleme et non pas près de Gaza. Selon la tradition, c'est dans ce désert que saint Jean-Baptiste enfant et sa mère sainte Élisabeth se soustrayèrent à la fureur du roi Hérode.
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mardi, 25 février 2025
25 février. Saint Félix III, pape. 483-492.
- Saint Félix III, pape. 483-492.
Papes : Saint Simplice (prédecesseur, +483) ; saint Gélase Ier (successeur). Empereur romain d'Orient : Zénon. Rois d'Italie : Odoacre ; Théodoric.
" La croix assure la victoire."
Saint Félix III. Mosaïque. Anonyme.
Basilique Saint-Côme-et-Saint-Damien. Rome. VIe.
Saint Félix appartenait à la famille Anicia, la plus puissante, la plus riche et la plus noble de Rome. Son père avait été marié avant que d'être prêtre. Mais, en s'engageant dans les liens du sacerdoce, il avait, selon les règles canoniques, renoncé à ceux du mariage. Félix lui-même avait été marié avant d'entrer dans les Ordres et de devenir Pape.
Saint Grégoire le Grand, qui était de la même famille patricienne des Anicii, rappelle ce fait en ces termes dans une homélie prononcée devant le peuple romain à la basilique de Saint-Clément :
" Mon père eut trois sœurs, Tharsilla, Gordiana et Amiliana, qui, éprises d'une même ardeur de perfection, se consacrèrent le même jour au Seigneur, prirent le voile des vierges et vécurent ensemble dans leur maison, observant les règles monastiques. Ma tante Tharsilla se distinguait par son assiduité à la prière, ses mortifications, son abstinence et l'édification d'une vie consommée en Dieu. Une nuit, dans une vision, mon quatrisaïeul le pontife Félix, qui me précéda sur ce siège de Rome, lui apparut, et découvrant à ses regards les magnifiques splendeurs du royaume des cieux, lui dit : " Ma fille, l'heure est venue où je dois t'introduire dans ce séjour de la gloire éternelle ".
Quelque temps après, Tharsilla fut prise d'une maladie soudaine, et bientôt on comprit qu'elle allait mourir. Selon la coutume dans les familles nobles, une foule considérable remplit la demeure pour assister la malade et consoler ses proches. Ma mère se trouvait au chevet de la mourante. Elle la vit tout à coup lever les yeux au ciel, comme dans une extase ; puis, en se tournant vers les assistants, elle dit : " Retirez-vous, retirez-vous, Jésus vient à moi !" A ces mots, cette âme sainte se dégagea des liens du corps; un parfum céleste se répandit dans l'appartement, comme si l'auteur de toute suavité qui venait d'apparaître à son humble servante eût voulu laisser à tous cette marque de sa présence."
Félix succéda à Simplicius et fut élu le 8 mars de l'année 483, par le sénat, le clergé et le peuple assemblés dans la basilique de Saint-Pierre. Durant l'interrègne qui fut de six jours, selon les uns, de vingt-six jours, suivant les autres, Odoacre, en sa qualité de roi d'Italie, intrigua pour diriger les affaires de l'assemblée et s'arroger le droit de confirmer l'élection. Le mémoire qui contenait ces prétentions fut condamné vingt ans plus tard comme impie et sacrilége par un concile de Rome toute l'antiquité ecclésiastique ratifia cette condamnation quant aux manoeuvres d'Odoacre, elles échouèrent complètement.
Le début du pontificat de saint Félix coïncida avec la nouvelle apportée à Rome du rétablissement de l'hérétique Pierre Monge (1) sur le siège épiscopal d'Alexandrie, par l'influence d'Acace, archevêque de Constantinople. Le vénérable Félix cita Acace à son tribunal et déposa Pierre Monge. Il fit partir pour Constantinople les deux évêques Misenus et Vital, les chargeant de notifier la sentence. Mais ces légats furent circonvenus par les intrigues des deux prélats schismatiques. Ils se laissèrent corrompre, moyennant une somme d'argent, et n'exécutèrent pas les ordres du Saint-Siège. A leur retour en Italie, Félix réunit un synode où ils furent convaincus de simonie et excommuniés. Après la déposition des légats, les Pères du concile prononcèrent de nouveau la déposition solennelle de Pierre Monge. Le Pape ne voulait point encore sévir contre Acace dont les derniers événements lui avaient fait connaître la mauvaise foi. Cependant, comme il ne daignait pas même répondre aux lettres paternelles du souverain Pontife et qu'il continuait à demeurer en communion avec Pierre Monge, Félix fut obligé de le ranger parmi les hérétiques et de le séparer de la communion catholique.
Pour porter ce décret à Constantinople, le Pape fit choix du prêtre Tutus. Il lui remit de plus deux lettres, l'une pour l'empereur Zénon, l'autre. pour le clergé et le peuple de Constantinople cette dernière était destinée à réparer le scandale donné publiquement par ses précédents légats. Acace refusa obstinément de recevoir le décret du Pape pour qu'il ne pût pas prétexter de son ignorance sur une sentence qui l'excommuniait, un moine du couvent où le légat avait trouvé un refuge fut assez hardi pour attacher le décret à son manteau pontifical, un dimanche qu'il entrait dans la basilique pour y célébrer. Cet acte de courage attira la vengeance d'Acace sur tous les moines de Constantinople un certain nombre d'entre eux furent égorgés par ses affidés. C'est ainsi qu'Acaco eut le triste honneur de commencer la séparation entre Rome et Constantinople. Ce premier schisme dura trente-cinq ans (484-519). Qui pourrait dire toutes les violences, toutes les persécutions, toutes les cruautés des Eutychiens triomphants contre les catholiques ? Trois intrus, trois apostats occupaient les trois grands sièges d'Orient : Pierre le Foulon à Antioche, Pierre Monge à Alexandrie, Acace à Constantinople tout puissants à la cour de Zénon et unis dans leur révolte contre le Saint-Siège, ils durent croire avoir triomphé et regarder l'eutychianisme implanté pour jamais en Orient. Mais Dieu allait confondre leurs orgueilleuses pensées. Pierre le Foulon mourut le premier en 488 Acace le suivit au tombeau quelques mois après il expira chargé de la malédiction de Dieu et des hommes. Quant à Zénon, qui n'avait pas eu le courage de se montrer ce qu'il était au fond, un prince vraiment catholique, il fut enterré tout vif par sa propre femme il mourut dans son tombeau de faim et de rage.
Félix ne se contenta pas de donner des soins tendres et bienveillants aux intérêts de l'Eglise d'Orient il se tourna avec compassion vers cette malheureuse Eglise d'Afrique foulée aux pieds par les Vandales. Il écrivit à l'empereur pour qu'il intervînt auprès de Hunéric, leur roi, et qu'il l'engageât à cesser ses cruautés envers les catholiques. Le roi persécuteur vécut de courtes années, et Gondamond, son successeur, rendit la paix à l'Eglise.
Ceux qui étaient tombés pendant la persécution demandèrent à rentrer en grâce Félix régla les conditions de leur pénitence et rétablit les anciens Canons.
Dans le domaine politique, le pontificat de saint Félix III fut marqué par l'invasion de Théodoric, roi des Ostrogoths, en Italie, et l'expulsion d'Odoacre, roi des Hérules. Les habitants des provinces et des villes, horriblement pressurés par les barbares, n'avaient d'autres ressources que la charité des évêques. L'Eglise ne faillit pas à sa mission. Saint Félix mourut pendant cette lutte qui amenait une domination arienne en Italie (492).
D'un caractère énergique, prudent et modéré, il sut, au milieu des difficultés de l'Orient agité par l'hérésie, et de l'Occident déchiré par des guerres sanglantes, maintenir l'autorité du Siége apostolique, et la faire respecter malgré les intrigues, malgré les défections. Le talent, la capacité, la vertu qu'il déploya sur le trône, lui valurent les honneurs de la canonisation. Il fut inhumé dans la basilique du bienheureux Paul, apôtre.
Saint Félix III. Gravure. Anonyme. XVIe.
ACTES DE SON ADMINISTRATION
Il établit que les églises seraient consacrées par les évêques seulement.
Il défendit de rebaptisé ceux qui l'avaient été une première fois.
Il construisit la basilique Saint-Agapet, près de clele de Saint-Laurent.
Le premier, il donna aux empereurs le nom de Fils. Le premier encore, il employa comme date l'indiction, c'est-à-dire une manière de compter par périodes de quinze années, à partir de l'an 312 de Jésus-Christ, epoque de la conversion de Constantin.
Sous son pontiticat et la troisième année de son règne, saint Barnabé. apôtre, apparut à Anthème, évêqne de Salamine, en Chypre, tenant en main l'Evangile de saint Matthieu ; cette révélation se renouvela trois fois et le corps de saint Barnabé fut trouvé avec un exemplaire de cet Evangile.
C'est encore sous son pontificat que les habitants du Norique, fuyant leur pays, apportèrent en Italie les reliques du grand saint Séverin.
(1). Son hérésie était l'Eutychianisme. Voir sur cette question le concile de Chalcédoine dans les conciles généraux et particuliers, par Mgr Guérin.
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lundi, 24 février 2025
24 février. Saint Matthias, Apôtre et martyr. 63.
- Saint Matthias *, Apôtre et martyr. 63.
Pape : Saint Pierre. Empereur romain : Néron.
" Apprenons par la vie de saint Matthias à consulter Dieu dans toutes nos entreprises."
Mgr Guérin.
Le Fils de Dieu, qui était venu en ce monde pour attirer les coeurs des hommes à Son amour, voulut être suivi par douze hommes pauvres et de peu d'apparence, mais puissants en oeuvres et en paroles, appelés Apôtres, qu'Il anima de Son esprit et de Sa grâce, afin que, comme de braves et vaillants capitaines, ils fissent la guerre au péché, au prince des ténèbres et à tous ses suppôts.

Saint Matthias. Eglise abbatiale de l'abbaye Saint-Oyend,
Parmi ces douze Apôtres, il s'en trouva un, nommé Judas Iscariote, qui après avoir été élevé à cette éminente dignité de l'apostolat, et être demeuré quelques temps dans l'école d'un si bon et si adorable Maître, prêché et fait plusieurs miracles dans la Judée, étant enfin dominé par l'avarice, vendit à vil prix le Prix infini de la Rédemption de tous les hommes, Le livrant à Ses ennemis ; mais lorsqu'il Le vit condamné à mort, il ajouta crime sur crime, et, désespérant de Son pardon, il se pendit et s'étrangla de ses propres mains. En effet, il n'y en avait point d'assez infâmes dans toute la nature pour donner la mort à ce misérable.

Bartolomeo Bulgarini. XIVe.
Cet enfant de perdition ayant fait une si malheureuse fin, et étant déchu du rang que Notre Seigneur Jésus-Christ lui avait donné, les Apôtres et tous les autres Disciples, après l'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les cieux, s'assemblèrent ; saint Pierre, comme chef et pasteur universel de l'Eglise, prit la parole ; et, après avoir représenté l'impiété et la punition de Judas, leur dit que " pour accomplir la prophétie de Daniel, il fallait choisir un de ceux qui étaient présents et qui avaient conversé avec Notre Seigneur Jésus-Christ depuis le baptême de saint Jean jusqu'au jour où Lui-même était monté au cieux ; afin que celui qu'on élirait de nouveau fût mis en la place de ce désespéré, pour être témoin avec les autres de la vie miraculeuse de leur Maître et de la tromphante victoire qu'Il avait remporté sur la mort " (Act. I.).
Telle fut cette première allocution pontificale, dont les Consistoires romains ont retenu la forme solennelle et dont les Papes conserveront jusqu'à la fin des siècles le fraternel langage.

Election de saint Matthias. Domenico Tiepolo. XVIIIe.
L'avis de saint Pierre fut trouvé bon par toute l'assistance, composée d'environ cent-vingt personnes ; et, d'un commun accord, ils en choisirent deux, savoir : Joseph, dit Barsabas, et, à cause de sa sainteté, surnommé Juste ; et Matthias, l'un des soixante-douze Disciples. Ensuite, tous se mirent en oraison et demandèrent à Celui qui pénètre le fond des coeurs qu'Il lui plût de déclare lequel des deux Il avait choisi pour succéder à l'apostolat du traitre Judas.

Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
" Aussitôt ils tirèrent leurs noms au sort : le sort tomba sur Matthias, et il fut compté parmi onze Apôtres."
Deux choses rendent légitimes l'emploi que les Apôtres firent du sort : ils avaient à choisir entre deux sujets d'un égal mérite ; mais le mérite ne suffit pas pour le ministère ecclésiastique, il faut la vocation ; il s'agissait donc de savoir lequel, de Joseph ou de Matthias, était appelé de Dieu à l'apostolat ; il plut à Dieu de déclarer cette fois Sa volonté par le sort, et c'est Lui sans doute qui inspira aux Apôtres d'employer ce moyen.

Estampe allemande du XVe.
Hors ces cas extraordinaires où, le mérite égal des sujets jetant dans l'incertitude, une lumière surnaturelle inspire d'avoir recours au sort, l'emploi en est illégitime. Ce serait tenter Dieu, qui a laissé à Son Eglise d'autres marques pour s'assurer de la vocation de ses ministres, et qui, dans la suite, est souvent venu à son secours par des miracles.
Il faut dire aussi que tous les interprètes ne voient pas dans ce passage de l'Ecriture un emploi du sort. Quelques-uns, s'appuyant sur d'autres passages, donnent au mot sort un autre sens : celui de vocation, de lot ; de sorte qu'il faudrait traduire : Et ce fut Matthias qui eut, pour vocation, pour lot, l'apostolat.

Saint Matthias & saint Marc. Psalterium. Tigré. Ethiopie. XVe.
Quoiqu'il en soit, notre Saint ayant été élu Apôtre, reçut le Saint-Esprit avec les autres, et commença à prêcher aux peuples le mystère ineffable de la Croix, avec une grande sainteté de vie et une admirable ferveur d'esprit ; puis, lorsque les Apôtres divisèrent entre eux les provinces pour savoir où chacun d'eux devait aller annoncer l'Evangile, la Judée échut à saint Matthias. Il se mit aussitôt à y prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ : il le fit avec tant d'ardeur, qu'il convertit beaucoup de monde à la foi comme le ramrque saint Isidore en sa vie.
Au rapport de saint Sophrone, de Nicphore et de Dorothée, il alla, en continuant toujours sa prédication, jusqu'au fond de l'Ethiopie.
Cependant les Juifs ne cessèrent de lui faire la guerre, parce qu'il leur faisait voir, par les Ecritures, la venue du Messie. Les persécutions de ces perfides furent plus difficiles et à vaincre que les traverses du monde les plus insupportables : car, après avoir prêcher l'espace de trente-trois années, il fut assommé par ces Juifs et par les Gentils à coups de pierres et ensuite décapité. Quelques-uns disent qu'il fut crucifié, puis détaché de la croix pour avoir la tête tranchée.

Décolation de saint Matthias.
Il mourut l'an 63 de notre salut, sous l'empire de Néron. Son saint corps fut apporté à Rome par sainte Hélène, mère de Constantin, et une partie des ossements de son chef et de ses autres membres se voient encore aujourd'hui dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure ; l'autre partie fut donnée par cette sainte impératrice, comme un riche présent, à saint Agrice, archevêque de Trèves, qui la mit en l'ancienne église de Saint-Eucher, hors les murs de cette ville : c'est pourquoi cette église a changé son nom, et a pris celui de Saint-Matthias. Il s'y est fait un grand nombre de miracles par les mérites de l'intercession de notre Saint.

Saint Matthias. Panneau droit d'un dyptique.
Une partie du vénérable chef de saint Matthias a longtemps été conservé à Barbezieux, en Saintonge. Déplorons que les bêtes féroces calvinistes l'aient arrachée de son reliquaire, jetée dans le feu et réduite en cendres.
Peut-être était-ce " vengeance " sur le succès triomphal de Jean Eck sur Luther qui invoquait saint Matthias avant toute dispute, puisqu'une autre partie des reliques de notre Saint avait été apportée et était vénérée à Augsbourg.

Gravure de Théophile et Rodolphe Deckherr. Montbéliard. XIXe.
Dans les groupes formés de douze Apôtres, on reconnaît saint Matthias à la hache ou hallebarde, comme on reconnaît saint Pierre aux clefs. Isolé, il tient une crois à longue hampe, souvenir du genre de mort qu'il endura pour Notre Seigneur Jésus-Christ.
En considération de sa hache, saint Matthias a été choisi pour patron des charpentiers et des taillandiers.

Saint Grégoire le Grand et saint Matthias. Masolino. XVe.
Trèves et Goslar, en Hanovre, comptent saint Matthias parmi leurs patrons.
* Les années bissextiles, saint Matthias se fête le 25 février. Il est honoré ordinairement le 24 de ce mois et anticipé ou repoussé si ce jour est le mercredi des Cendres.
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dimanche, 23 février 2025
23 février. Saint Pierre Damien, cardinal-évêque d'Ostie, docteur de l'Eglise. 1072.
" Ce vigilant ne fuyait pas quand il voyait venir le loup : il allait au contraire l'attaquer dans sa retraite et lui donner la mort avant qu'il vint fondre sur son bercail, retranchant, par le glaive de l'excommunication, ceux qui voulaient introduire des erreurs dans l'esprit de ses diocésains. Il était le fléau des hérétiques, et il savait si efficacement réprimer leur audace et leur témérité, que les autres prélats l'envoyaient prier avec instance de venir à leur secours, pour les aider à dissiper les pernicieuses doctrines qui s'étaient glissées dans leurs églises."
Petits Bollandistes.

Antiveduto Grammatica. XVIIe.
L'austère réformateur des mœurs chrétiennes au XIe siècle, le précurseur du saint pontife Grégoire VII, Pierre Damien en un mot, paraît aujourd'hui sur le Cycle. A lui revient une partie de la gloire de cette magnifique régénération qui s'accomplit en ces jours où le jugement dut commencer par la maison de Dieu (I Petr. IV, 17.). Dressé à la lutte contre les vices sous une sévère institution monastique, Pierre s'opposa comme une digue au torrent des désordres de son temps, et contribua puissamment à préparer, par l'extirpation des abus, deux siècles de foi ardente qui rachetèrent les hontes du Xe siècle. L'Eglise a reconnu tant de science, de zèle et de noblesse, dans les écrits du saint Cardinal, que, par un jugement solennel, elle l'a placé au rang de ses Docteurs. Apôtre de la pénitence, Pierre Damien nous appelle à la conversion, dans les jours où nous sommes ; écoutons-le et montrons-nous dociles à sa voix.
Pierre, né à Ravenne, de parents aisés, étant encore à la mamelle, fut rejeté par sa mère qui était mécontente d'avoir un grand nombre d'enfants. Il fut recueilli demi-mort et soigné par une personne de la maison, qui le rendit à la mère, après l'avoir rappelée aux sentiments de l'humanité. Ayant perdu ses parents, il se vit réduit à une dure servitude, sous la tutelle d'un de ses frères qui le traita comme un vil esclave. Ce fut alors qu'il donna un rare exemple de religion envers Dieu, et de piété filiale. Ayant trouvé par hasard une pièce de monnaie, au lieu de l'employer à soulager sa propre indigence, il la porta à un prêtre, lui demandant d'offrir le divin Sacrifice pour le repos de l'âme de son père. Un autre de ses frères nommé Damien, dont on dit qu'il a tiré son nom, l'accueillit avec bonté, et l'instruisit dans les lettres. Pierre y fit de si rapides progrès, qu'il devint l'objet de l'admiration des maîtres eux-mêmes.
Son habileté et sa réputation dans les sciences libérales l'ayant fait connaître, il les enseigna lui-même avec honneur. Dans cette nouvelle situation, afin de soumettre les sens à la raison, il portait un cilice sous des habits recherchés, se livrant avec ardeur aux jeûnes, aux veilles et aux oraisons. Etant dans l'ardeur de la jeunesse, et se sentant vivement pressé des aiguillons de la chair, il allait la nuit éteindre ces flammes rebelles dans les eaux glacées d'un fleuve ; puis il se mettait en marche pour visiter les sanctuaires en vénération, et récitait le Psautier tout entier. Il soulageait les pauvres avec un zèle assidu, et les servait de ses propres mains dans des repas qu'il leur donnait fréquemment.
Désirant mener une vie plus parfaite, il entra dans le monastère d'Avellane. au diocèse de Gubbio, de l'Ordre des moines de Sainte-Croix de Fontavellane, fondé par le bienheureux Ludolphe, disciple de saint Romuald. Peu après, envoyé par son Abbé à l'abbaye de Pomposia, puis à celle de Saint-Vincent de Petra-Pertusa, il édifia ces deux monastères par ses prédications saintes, par son enseignement distingué et par sa manière de vivre. A la mort de son Abbé, la communauté d'Avellane le rappela pour le mettre à sa tête ; et il développa d'une manière si remarquable cette famille monastique par les nouvelles maisons qu'il créa, et par les saintes institutions qu'il lui donna, qu'on le regarde avec raison comme le second père de cet Ordre et son principal ornement.
Plusieurs monastères d'institut différent, des chapitres de chanoines, des populations entières, éprouvèrent les salutaires effets du zèle de Pierre Damien. Il rendit de nombreux services au diocèse d'Urbin ; il secourut l'évêque Theuzon dans une cause importante, et l'aida par ses conseils et par ses travaux dans la bonne administration de son évêché. La contemplation des choses divines, les macérations du corps et les autres traits d'une sainteté consommée élevèrent à un si haut point sa réputation, que le pape Etienne IX, malgré la résistance du saint, le créa Cardinal de la sainte Eglise Romaine et Evoque d'Ostie. Pierre éclata dans ces hautes dignités par des vertus et des œuvres en rapport avec la sainteté du ministère épiscopal.
Par sa doctrine, ses légations et toute sorte de travaux, il fut d'un secours merveilleux à l'Eglise Romaine et aux Souverains Pontifes, dans des temps très difficiles. Il combattit jusqu'à la mort avec un zèle intrépide l'hérésie Simoniaque et celle des nicolaïtes. Après avoir purgé de ce double fléau l'Eglise de Milan, il la réconcilia avec l'Eglise Romaine. Il s'opposa courageusement aux antipapes Benoît et Cadalous. Il retint Henri IV, roi de Germanie, qui était sur le point de divorcer injustement avec son épouse. La ville de Ravenne fut ramenée par lui à l'obéissance au Pontife Romain, et rétablie dans la jouissance des choses saintes.
Il mit la réforme chez les chanoines de Vellétri. Dans la province d'Urbin, presque toutes les Eglises épiscopales éprouvèrent ses services ; celle de Gubbio, qu'il administra pendant quelque temps, fut par lui soulagée d'un grand nombre de maux ; quant aux autres, il les soigna toujours autant qu'il lui fut possible, comme si elles eussent été confiées à sa garde. S'étant démis du cardinalat et de la dignité épiscopale, il ne relâcha rien de son empressement à soulager le prochain.
Il fut le propagateur du jeûne du Vendredi, en l'honneur du mystère de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, et du petit Office de la Mère de Dieu, ainsi que de son culte le jour du Samedi. Il étendit par son zèle l'usage de la discipline volontaire, pour l'expiation des péchés qu'on a commis.
Enfin, après une vie tout éclatante de sainteté, de doctrine, de miracles et de grandes actions, lorsqu'il revenait de la légation de Ravenne, son âme s'envola vers le Christ, à Faënza, le huit des calendes de mars. Son corps, gardé dans cette ville chez les Cisterciens, est honoré d'un grand nombre de miracles, du concours et de la vénération des peuples. Plus d'une fois les habitants de Faënza ont éprouvé son secours dans les calamités ; et pour ce motif, leur ville l'a choisi pour patron auprès de Dieu. Son Office et sa Messe, qui se célébraient déjà comme d'un Confesseur Pontife dans plusieurs diocèses et dans l'Ordre des Camaldules, ont été étendus à l'Eglise universelle, de l'avis de la Congrégation des Rites sacrés, par le pape Léon XII, qui a ajouté la qualité de Docteur.

On a représenté saint Pierre Damien :
- avec une discipline à la main, pour exprimer l'ardeur avec laquelle il s'adonnait à la mortification ;
- sous les costumes divers de cardinal, d'ermite et de pélerin ;
- en pélerin, on lui met un diplôme ou une bulle à la main pour rappeler les diverses légations dont il fut chargé par les Papes.
Fortifiez dans les brebis le respect, la fidélité et l'obéissance envers ceux qui les conduisent dans les pâturages du salut. Vous qui fûtes non seulement l'apôtre, mais l'exemple de la pénitence chrétienne, au milieu d'un siècle corrompu, obtenez que nous soyons empressés à racheter, par les œuvres satisfactoires, nos péchés et les peines qu'ils ont méritées. Ranimez dans nos âmes le souvenir des souffrances de notre Rédempteur, afin que nous trouvions dans sa douloureuse Passion une source continuelle de repentir et d'espérance. Accroissez encore notre confiance en Marie, refuge des pécheurs, et donnez-nous part à la tendresse filiale dont vous vous montrâtes animé pour elle, au zèle avec lequel vous avez publié ses grandeurs."
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samedi, 22 février 2025
22 février. Chaire de saint Pierre à Antioche. 59.
" Pierre est l'organe du collège des Apôtres, l'axe et la clef de voute de la société."
Saint Jean Chrysostome, hom. LV in cap XVI Matth.

Pour la seconde fois, Pierre reparaît avec sa Chaire sur le Cycle de la sainte Eglise ; mais aujourd'hui ce n'est plus son Pontificat dans Rome, c'est son épiscopat à Antioche que nous sommes appelés à vénérer. Le séjour que le Prince des Apôtres fit dans cette dernière ville fut pour elle la plus grande gloire qu'elle eût connue depuis sa fondation ; et cette période occupe une place assez notable dans la vie de saint Pierre pour mériter d'être célébrée par les chrétiens, Cornélius avait reçu le baptême à Césarée des mains de Pierre, et l'entrée de ce Romain dans l'Eglise annonçait que le moment était venu où le Christianisme allait s'étendre en dehors de la race juive.
Quelques disciples, dont saint Luc n'a pas conservé les noms, tentèrent un essai de prédication à Antioche, et le succès qu'ils obtinrent porta les Apôtres à diriger Barnabé de Jérusalem vers cette ville. Celui-ci étant arrivé ne tarda pas à s'adjoindre un autre Juif converti depuis peu d'années, et connu encore sous le nom de Saül, qu'il devait plus tard échanger en celui de Paul, et rendre si glorieux dans toute l'Eglise. La parole de ces deux hommes apostoliques dans Antioche suscita au sein de la gentilité de nouvelles recrues, et il fut aisé de prévoir que bientôt le centre de la religion du Christ ne serait plus Jérusalem, mais Antioche ; l'Evangile passant ainsi aux Gentils, et délaissant la ville ingrate qui n'avait pas connu le temps de sa visite.
La voix de la tradition tout entière nous apprend que Pierre transporta sa résidence dans cette troisième ville de l'Empire romain, lorsque la foi du Christ y eut pris le sérieux accroissement dont nous venons de raconter le principe. Ce changement de lieu, le déplacement de la Chaire de primauté montraient l'Eglise avançant dans ses destinées, et quittant l'étroite enceinte de Sion, pour se diriger vers l'humanité tout entière.

Nous apprenons du pape saint Innocent Ier qu'une réunion des Apôtres eut lieu à Antioche. C'était désormais vers la Gentilité que le vent de l'Esprit-Saint poussait ces nuées rapides et fécondes, sous l'emblème desquelles Isaïe nous montre les saints Apôtres. Saint Innocent, au témoignage duquel se joint celui de Vigile, évêque de Thapsus, enseigne que l'on doit rapporter au temps de la réunion de saint Pierre et des Apôtres à Antioche ce que dit saint Luc dans les Actes, qu'à la suite de ces nombreuses conversions de gentils, les disciples du Christ furent désormais appelés Chrétiens.
Antioche est donc devenue le siège de Pierre. C'est là qu'il réside désormais ; c'est de là qu'il part pour évangéliser diverses provinces de l'Asie ; c'est là qu'il revient pour achever la fondation de cette noble Eglise. Alexandrie, la seconde ville de L'empire, semblerait à son tour réclamer l'honneur de posséder le siège de primauté, lorsqu'elle aura abaissé sa tête sous le joug du Christ ; mais Rome, préparée de longue main parla divine Providence à l'empire du monde, a plus de droits encore. Pierre se mettra en marche, portant avec lui les destinées de l'Eglise ; là où il s'arrêtera, là où il mourra, il laissera sa succession. Au moment marqué, il se séparera d'Antioche, où il établira pour évêque Evodius son disciple.
Evodius sera le successeur de Pierre en tant qu'Evêque d'Antioche ; mais son Eglise n'héritera pas de la principauté que Pierre emporte avec lui. Ce prince des Apôtres envoie Marc son disciple prendre possession d'Alexandrie en son nom ; et cette Eglise sera la seconde de l'univers, élevée d'un degré au-dessus d'Antioche, par la volonté de Pierre, qui cependant n'y aura pas siégé en personne. C'est à Rome qu'il se rendra, et qu'il fixera enfin cette Chaire sur laquelle il vivra, il enseignera, il régira, dans ses successeurs.

Chaire de saint Pierre. Cathédrale Sainte-Pierre. Poitiers.
Telle est l'origine des trois grands Sièges Patriarcaux si vénérés dans l'antiquité : le premier, Rome, investi de la plénitude des droits du prince des Apôtres, qui les lui a transmis en mourant ; le deuxième, Alexandrie, qui doit sa prééminence à la distinction que Pierre en a daigné faire en l'adoptant pour le second ; le troisième, Antioche, sur lequel il s'est assis en personne, lorsque, renonçant à Jérusalem, il apportait à la Gentilité les grâces de l'adoption. Si donc Antioche le cède pour le rang à Alexandrie, cette dernière lui est inférieure, quant à l'honneur d'avoir possédé la personne de celui que le Christ avait investi de la charge de Pasteur suprême. Il était donc juste que l'Eglise honorât Antioche pour la gloire qu'elle a eue d'être momentanément le centre de la chrétienté : et telle est l'intention de la fête que nous célébrons aujourd'hui.
Les solennités qui se rapportent à saint Pierre ont droit d'intéresser particulièrement les enfants de l'Eglise. La fête du père est toujours celle de la famille tout entière ; car c'est de lui qu'elle emprunte et sa vie et son être. S'il n'y a qu'un seul troupeau, c'est parce qu'il n'y a qu'un seul Pasteur ; honorons donc la divine prérogative de Pierre, à laquelle le Christianisme doit sa conservation, et aimons à reconnaître les obligations que nous avons au Siège Apostolique. Au jour où nous célébrions la Chaire Romaine, nous avons reconnu comment la Foi s'enseigne, se conserve, se propage par l'Eglise-Mère, en laquelle résident les promesses faites à Pierre. Honorons aujourd'hui le Siège Apostolique, comme source unique du pouvoir légitime par lequel les peuples sont régis et gouvernés dans l'ordre du salut éternel.

Saint Pierre et les clefs du Royaume.
Le Sauveur a dit à Pierre :
" Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux."
C'est-à-dire de l'Eglise.
Il lui a dit encore :
" Pais mes agneaux, pais mes brebis."
Pierre est donc prince : car les Clefs, dans l'Ecriture, signifient la principauté ; il est donc Pasteur, et Pasteur universel : car, dans le troupeau, il n'y a rien en dehors des brebis et des agneaux. Mais voici que, par la bonté divine, nous rencontrons de toutes parts d'autres Pasteurs : les Evêques, " que l'Esprit-Saint a posés pour régir l'Eglise de Dieu ", gouvernent en son nom les chrétientés, et sont aussi Pasteurs. Comment ces Clefs, qui sont le partage de Pierre, se trouvent-elles en d'autres mains que dans les siennes ? L'Eglise catholique nous explique ce mystère dans les monuments de sa Tradition. Elle nous dit par Tertullien que le Seigneur a " donné les Clefs à Pierre, et par lui à l'Eglise " ; par saint Optât de Milève, que, " pour le bien de l'unité, Pierre a été préféré aux autres Apôtres, et a reçu seul les Clefs du Royaume des cieux, pour les communiquer aux autres " ; par saint Grégoire de Nysse, que " le Christ a donné par Pierre aux Evêques les Clefs de leur céleste prérogative " ; par saint Léon le Grand, que " le Sauveur a donné par Pierre aux autres prince ces des Eglises tout ce qu'il n'a pas jugé à propos de leur refuser ".
L'Episcopat est donc à jamais sacré ; car il se rattache à Jésus-Christ par Pierre et ses successeurs ; et c'est ce que la Tradition catholique nous atteste de la manière la plus imposante, applaudissant au langage des Pontifes Romains qui n'ont cessé de déclarer, depuis les premiers siècles, que la dignité des Evêques était d'être appelés à partager leur propre sollicitude, in partem sollicitudinis vocatos.
C'est pourquoi saint Cyprien ne fait pas difficulté de dire que " le Seigneur, voulant établir la dignité épiscopale et constituer son Eglise, dit à Pierre : " Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux " ; et c'est de là que découle l'institution des Evêques et la disposition de l'Eglise ". C'est ce que répète, après le saint Evêque de Carthage, saint Césaire d'Arles, dans les Gaules, au Ve siècle, quand il écrit au saint pape Symmaque :
" Attendu que l'Episcopat prend sa source dans la personne du bienheureux Apôtre Pierre, il suit de là, par une conséquence nécessaire, que c'est à Votre Sainteté de prescrire aux diverses Eglises les règles auxquelles elles doivent se conformer."
C'est ainsi qu'il écrit au concile de Carthage que " l'Episcopat et toute son autorité émanent du Siège Apostolique " ; au concile de Milève, que " les Evêques doivent considérer Pierre comme la source de leur nom et de leur dignité " ; à saint Victrice, Evêque de Rouen, que " l'Apostolat et l'Episcopat prennent en Pierre leur origine ".
Nous n'avons point ici à composer un traité polémique ; notre but, en alléguant ces titres magnifiques de la Chaire de Pierre, n'est autre que de réchauffer dans le cœur des fidèles la vénération et le dévouement dont ils doivent être animés envers elle. Mais il est nécessaire qu'ils connaissent la source de l'autorité spirituelle qui, dans ses divers degrés, les régit et les sanctifie. Tout découle de Pierre, tout émane du Pontife Romain dans lequel Pierre se continuera jusqu'à la consommation des siècles. Notre Seigenur Jésus-Christ est le principe de l'Episcopat, l'Esprit-Saint établit les Evêques ; mais la mission, l'institution, qui assigne au Pasteur son troupeau et au troupeau son Pasteur, Jésus-Christ et l'Esprit-Saint les donnent par le ministère de Pierre et de ses successeurs.
Qu'elle est divine et sacrée, cette autorité des Clefs, qui, descendant du ciel dans le Pontife Romain, dérive de lui par les Prélats des Eglises sur toute la société chrétienne qu'elle doit régir et sanctifier ! Le mode de sa transmission par le Siège Apostolique a pu varier selon les siècles ; mais tout pouvoir n'en émanait pas moins de la Chaire de Pierre.
Au commencement, il y eut trois Chaires : Rome, Alexandrie et Antioche ; toutes trois, sources de l'institution canonique pour les Evêques de leur ressort ; mais toutes trois regardées comme autant de Chaires de Pierre, fondées par lui pour présider, comme l'enseignent saint Léon, saint Gélase et saint Grégoire le Grand. Mais, entre ces trois Chaires, le Pontife qui siégeait sur la première ne recevait que du Ciel son institution, tandis que les deux autres Patriarches n'exerçaient leurs droits qu'après avoir été reconnus et confirmés par celui qui occupait à Rome la place de Pierre.
Plus tard, on voulut adjoindre deux nouveaux Sièges aux trois premiers ; mais Constantinople et Jérusalem n'arrivèrent à un tel honneur qu'avec l'agrément du Pontife Romain. Puis, afin que les hommes ne fussent pas tentés de confondre les distinctions accidentelles dont avaient été décorées ces diverses Eglises, avec la divine prérogative de l'Eglise de Rome, Dieu permit que les Sièges d'Alexandrie, d'Antioche, de Constantinople et de Jérusalem fussent souillés par l'hérésie ; et que, devenues autant de Chaires d'erreur, elles cessassent de transmettre la mission légitime, à partir du moment où elles avaient altéré la foi que Rome leur avait transmise avec la vie.
Nos pères les ont vues tomber successivement, ces colonnes antiques que la main paternelle de Pierre avait élevées ; mais leur ruine lamentable n'atteste que plus haut combien est solide l'édifice que la main du Christ a bâti sur Pierre. Le mystère de l'unité s'est alors révélé avec plus d'éclat ; et Rome, retirant à elle les faveurs qu'elle avait versées sur des Eglises qui ont trahi cette Mère commune, n'en a paru qu'avec plus d'évidence le principe unique du pouvoir pastoral.

Eglise Chaire-de-saint-Pierre-à-Antioche.
C'est donc à nous, prêtres et fidèles, à nous enquérir de la source où nos pasteurs ont puisé leur pouvoir, de la main qui leur a transmis les Clefs. Leur mission émane-t-elle du Siège Apostolique ? S'il en est ainsi, ils viennent de la part de Notre Seigneur Jésus-Christ qui leur a confié, par Pierre, son autorité ; honorons-les, soyons-leur soumis. S'ils se présentent sans être envoyés par le Pontife Romain, ne nous joignons point à eux ; car le Christ ne les connaît pas. Fussent-ils revêtus du caractère sacré que confère l'onction épiscopale, ils ne sont rien dans l'Ordre Pastoral ; les brebis fidèles doivent s'éloigner d'eux.
C'est ainsi que le divin Fondateur de l'Eglise ne s'est pas contenté de lui assigner la visibilité comme caractère essentiel, afin qu'elle fût cette Cité bâtie sur la montagne, et qui frappe tous les regards ; il a voulu encore que le pouvoir céleste qu'exercent les Pasteurs dérivât d'une source visible, afin que chaque fidèle fût à même de vérifier les titres de ceux qui se présentent à lui pour réclamer son âme au nom du Christ. Le Seigneur ne devait pas moins faire pour nous, puisque d'autre part il exigera au dernier jour que nous ayons été membres de son Eglise, et que nous ayons vécu en rapport avec lui par le ministère des pasteurs légitimes. Honneur donc et soumission au Christ en son Vicaire ; honneur et soumission au Vicaire du Christ dans les pasteurs qu'il envoie !

Le pape saint Libère - qui ne tomba jamais dans l'hérésie,
Rq : La basilique Sainte-Marie-Majeure fut le siège du patriarche latin d'Antioche à Rome. Mgr Roberto Vicentini fut le dernier prélat à porter le titre de patriarche latin d'Antioche entre 1925 et 1953. Ensuite le titre resta vacant jusqu'à sa " suppression " (!?) en 1964.
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