lundi, 11 décembre 2023
11 décembre. Saint Damase d'Espagne, pape. 384.
- Saint Damase Ier d'Espagne, pape. 384.
Papes : Saint Libère (prédécesseur, +366) ; saint Sirice (successeur). Empereurs romain d'Occident : Gratien (367 - 383) ; Valentinien II (375 - 392) ; Maxime (384 - 388). Empereur romain d'Orient : Théodose Ier.
" Damase est un personnage éminent, fort versé dans la connaissance des saintes écritures."
Saint Jérôme, Epître à Eustochium.
Saint Damase. Missel romain. Bologne. XIVe.
Ce grand Pontife apparaît au Cycle, non plus pour annoncer la Paix comme saint Melchiade, mais comme un des plus illustres défenseurs du grand Mystère de l'Incarnation. Il venge la foi des Eglises dans la divinité du Verbe, en condamnant, comme son prédécesseur Libère, les actes et les fauteurs du trop fameux concile de Rimini ; il atteste par sa souveraine autorité l'Humanité complète du Fils de Dieu incarné, en proscrivant l'hérésie d'Apollinaire. Enfin, nous pouvons considérer comme un nouvel et éclatant témoignage de sa foi et de son amour envers l'Homme-Dieu, la charge qu'il donna à saint Jérôme de travailler à une nouvelle version du Nouveau Testament sur l'original grec, pour l'usage de l'Eglise Romaine. Honorons un si grand Pontife que le Concile de Chalcédoine appelle l'ornement et la force de Rome par sa piété, et que son illustre ami et protégé saint Jérôme qualifie d'homme excellent, incomparable, savant dans les Ecritures, Docteur vierge d'une Eglise vierge.
Saint Damase. Litographie du XIXe siècle.
Si saint Jéröme a été si heureux de trouver à Rome saint Damase, qui a su reconnaître son mérite et lui donner en cette ville des emplois convenables à sa piété et à son érudition, nous pouvons dire aussi que ce n'a pas été un petit avantage à saint Damase d'y recevoir ce grand docteur, qui a été l'admirateur de ses vertus et le grand héraut de ses louanges.
Saint Damase était espagnol, quoiqu'on ne sache pas exactement en quelle ville ni en quelle province il est né. Son père s'appelait Antoine ; il eut une soeur parfaitement belle et vertueuse nommée Irène. Etant venu à Rome avec sa famille, il y entra dans les ordres sacrés, et, s'étant rendu par ses mérites un des plus considérables membres du clergé, il fut premièrement fait nonce apostolique auprès des empereurs Valens et Valentinien ; puis il exerca dans la ville même l'office de vicaire du souverain pontife. Après la mort de Libérius, il fut élu en sa place à l'âge de soixante-deux ans.
Apotéose de saint Damase. Détail. Anonyme. XVIIIe.
Ursin, ou Ursicin, homme turbulent et qui ambitionnait cette haute dignité, ne pût souffrir qu'il lui eût été préféré. Aussi, ayant assemblé quelques clercs factieux, il se fit élire antipape et tâcha de se conserver par la violence un rang que le droit d'une élection canonique ne lui donnait pas. Dans ce tumulte, beaucoup de personnes furent tuées, et on trouva en un seul jour jusqu'à 137 corps étendus sur la place, sans néanmoins que saint Damase y eut contribué en aucune manière, parce qu'il était d'un esprit fort doux et qu'il aurait plutôt renoncé au souverain Pontificat que de le conserver par les armes.
L'empereur Valentinien, persuadé du bon droit de notre saint, envoya Prétextat à Rome pour en chasser Ursicin et ses adhérents, et le maintenir dans la paisible possession de son siège. Cette paix ne dura pas longtemps ; Ursicin eut permission de retourner dans Rome, et, sa malice ne diminuant point avec le temps, il eut l'âme assez noire pour faire accuser le saint Pontife d'adultère? Concordius et Calliste, diacres, furent les instruments de sa calomnie. Ils ouvrirent la bouche contre l'oint du Seigneur et lui imputèrent ce crime pour le faire juger indigne de la souveraine prélature. Damase ne se troubla point ; il assembla à Rome un synode de 44 évêques, où il se justifia si parfaitement, que ses accusateurs furent excommuniés et chassés de la ville, et qu'on décréta que, dans la suite, ceux qui accuseraient injustement quelqu'un seraient sujet à la peine du talion.
Saint Damase dictant à saint Jérôme. Bible. Italie du Nord. XIe.
Les schismatiques ne laissèrent pas de le persécuter pendant tout le reste de son pontificat ; mais leurs traverses en l'empêchèrent pas de s'acquiter dignement de sa charge et de combattre perpétuellement les hérésies. Il convoqua pour cela divers conciles dans la même ville : l'un en 369, où il fit condamner les décrets du faux concile de Rimini et déposer Auxence, évêque de Milan, grand fauteur de l'Arianisme, lequel, néanmoins, se maintint toujours dans son siège par la faveur de Valentinien l'aîné, dont il avait su gagner l'esprit par flatterie ; l'autre, en 373, contre un grand nombre d'hérésies qui infectaient l'Orient ; surtout contre celle d'Apollinaire, qui renfermait une infinité d'extravagances, entre autres, que Notre Seigneur Jésus-Christ n'avait point d'âme ou du moins d'entendement, mais que le Verbe, uni à ce corps, lui tenait lieu de ces parties essentielles de l'homme ; que sa chair venait du ciel et n'avait fait que passer par le sein de Marie comme par un canal ; le troisième, en 382, pour remédier au schisme qui affligeait depuis longtemps l'Eglise d'Antioche.
De plus, il en fit tenir un à Aquilée, en 381, où, en une seule session, qui dura depuis une heure après midi jusqu'à sept heures du soir, Pallade et Secondien, évêques d'Illyrie, furent convaoincus d'hérésie, confondus dans la discussion et condamnés comme coupables des blasphèmes d'Arius. Il envoya aussi à Constantinople le célèbre saint Zénobe, depuis évêque de Florence, pour consoler les fidèles cruellement persécutés par l'empereur Valens, qui s'était déclarés pour l'Arianisme. Enfin, ce fut par son autorité qu'en la même année 381 et en la même ville, se tint le deuxième concile général de l'Eglise, composé de cent cinquante évêques d'Orient, où Arius et Macédonius furent condamnés, et où la foi orthodoxe, que la cruauté de ce prince semblait avoir éteinte et réduite au tombeau, fut heureusement ressuscitée. Saint Damase le confirma et le reçut, en ce qui touchait la doctrine, comme une des règles de la foi : ce quilui a donné le nom et la force de concile oecuménique, quoiqu'en effet les évêques d'Occident n'y fussent pas, et qu'il ne s'y fût trouvé qu'un assez petit nombre de ceux de l'Eglise grecque.
Saint Damase. Gravure du XIXe.
Outre le soin et la diligence qu'apporta ce généreux Pontife à bannir les hérésies de toutes la terre, il s'étudia aussi à retrancher les abus qui s'étaient glissés dans l'Eglise? Entre les épîtres qui lui sont attribuées dans la collection des conciles, il y en a une aux évêques d'Afrique, où, après avoir établi la primauté du Saint-Siège, il fait de très sages constitutions, principalement touchant les accusations des clercs et des évêques, dont quelques-unes ont été insérées dans le corps du droit canon. Il y en a une autre aux évêques de Numidie, où il condamne l'usurpation des chorévêques, lesquels, n'étant que simples prêtres, et n'ayant pas reçu la consécration épiscopale, ne laissaient pas de s'attribuer le droit d'ordonner des prêtres et des ministres, de bénir des religieuses, de consacrer les églises, de faire le saint Chrême, de conférer la confirmation et de réconcilier publiquement les pénitents : ce qui n'appartient qu'aux véritables évêques.
Saint Damase régla la psalmodie et fit chanter en Occident les psaumes de David, selon la correction des Septante, que saint Jérôme avait faite par son ordre. Il introduisit aussi la coutume de dire Alleluïa dans l'Eglise hors le temps de Pâques, au lieu qu'auparavant on ne le disait qu'à Rome qu'en ce temps de réjouissance extraordinaire. Il bâtit deux église dans la ville : l'une de Saint-Laurent, auprès du théâtre de Pompée, l'autre sur la voie Ardéatine. Il orna le lieu où les bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul avaient longtemps reposé, et que l'on appelait la Platonie. Il trouva plusieurs corps saints et les fit mettre dans les tombeaux honorables, autour desquels il fit graver des vers qui faisaient mention de leurs triomphes. Il fit aussi construire un baptistère magnifiquen dont le poëte Prudence fait une riche description dans la huitième de ses hymnes.
Saint Damase donne l'instruction de rédiger les psaumes
En cinq ordinations qu'il célébra, selon la coutume, au mois de décembre, il créa 31 prêtre, 2 diacres et 62 évêques. Enfin, après avoir gouverné saintement l'Eglise au milieu de tant de tribulations, 18 ans, 2 mois et 10 jours, il fut appelé au ciel pour recevoir la récompense de ses travaux, le 11 décembre 384. Dieu le rendit illustre par plusieurs miracles ; car à son invocation des malades furent guéris et des énergumènes délivrés des démons qui les possédaient. Il avait aussi pendant sa vie rendu la vue à un aveugle qui l'avait perdus despuis 13 ans.
Les Pères de l'Eglise lui ont donné de grands éloges. Saint Ambroise dit qu'il fut élu par un coup du ciel. Saint Jérôme témoigne qu'il était demeuré vierge ; ce qui montre encore plus la malice des schismatiques, qui ne craignirent point de l'accuser d'adultère. Théodoret assure qu'il avait mérité le nom d'homme admirable. Enfin, le même saint Jérôme, qui lui avait servi de secrétaire, le met au nombre des écrivains ecclésiastiques.
Son corps fut d'abord déposé près du tombeau de sa mère et de sa soeur, dans la basilique élevée par lui sur la voie Ardéatine. Plus tard, vers l'époque d'Adrien Ier (772-795), ses reliques furent transférées dans celle de Saint-Laurent in Damaso, à l'intérieur de la ville. Elles y reposent encore aujourd'hui sous le maître-autel, à l'exception du chef du bienheureux Pape, qui est conservé à Saint-Pierre de Rome.
Saint Damase et saint Jérôme. Bible de Fressac. XIIe.
On représente saint Damase :
1. tenant un écrit sur lequel se lisent ces paroles : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, etc., parce qu'il a établi dans l'Eglise l'usage de terminer tous les psaumes par cette doxologie ;
2. ayant près de lui un portail d'église, qu'il montre comme pour en prendre possession, ou pour indiquer qu'il en est le fondateur.
LE PAPE SAINT DAMASE ET LES CATACOMBES
Jusqu'à nos temps, on ne connaissait de la sollicitude et de la dévotion de saint Damase pour les reliques des martyrs que les Carmina ou Inscriptiones qui lui étaient attribués, et reccueillis, au nombre de 37, probablement par les pélerins du Ve et VIe siècle qui les avient transcrits pour la satisfaction de leur piété personnelle sur les monuments catacombaires. Encore devons-nous ajouter que la critique se montrait assez difficile sur leur authenticité.
Statue de saint Damase. Paroquial de la Santa Asuncion. Espagne.
Mais, de nos jours, l'étude des catcombes a singulièrement modifié la question. Les travaux de saint Damase dans nos hypogées chrétiens, dit M. de Rossi, ne furent pas seulement partiels, et ne se localisèrent pas sur un point déterminé, ils s'étendirent à toute la Rome souterraine. Son nom se retrouve dans chacune des catacombes, sur le tombeau de tous les martyrs illustres. Les constructions pour l'ornement ou la solidité, les escaliers de marbres méagés dans chaque crypte insigne, portent tous l'empreinte de sa pieuse main.
C'est à sa haute intelligence que nous devons la conservation des hypogées chrétiens, parce que c'est lui qui fit abandonner le système vicieux adopté pour la construction des basiliques Constantiniennes. Ce système consistait à raser les étages superposés d'une catacombe jusqu'à ce qu'on fût arrivé au niveau de la crypte inférieure, où d'ordinaire se trouvait la sépulture des martyrs les plus illustres. On dégageait ainsi une tombe principale sur laquelle s'élevait un édifice somptueux ; mais il avait fallu sacrifier un nombre immense d'autres loculi pour arriver à ce résultat.
Saint Jérôme quittant Rome après le décès de saint Damase.
Saint Damase comprit que si les reliques des martyrs ont droit à notre culte, la tombe des simples fidèles doit être aussi l'objet d'un respect inviolable. Dès lors, il étendit sa sollicitude pontificale à tout l'ensemble des monuments chrétiens de l'âge héroïque. Les trésors que la piété des matrones mettait à sa disposition, et que lui reprochait la jalousie païenne d'Ammien Marcellin, il les consacrait non pas à la satisfaction de son luxe personnel, mais à la décoration des lieux sanctifiés par la présence des martyrs.
On sait que, par un sentiment d'admirable d'humilité, ce grand Pontife ne voulut point choisir sa sépulture au milieu des tombes des martyrs dont il avait si religieusement fait décorer les monuments.
" J'avoue, j'aurai ardemment souhaité ce bonheur ; mais j'ai craint de profaner le lieu auguste où reposent les Saints."
Après un tel scrupule, si modestement exprimé par un grand Pape, par un thaumaturge et un Saint, on comprend que les sépultures dans les catacombes devinrent fort rares. Elles ne furent plus autorisées que dans des circonstances exceptionnelles.
Nous nous réjouissons de la récompense infinie que le Prince des Pasteurs a octroyée à votre intégrité, Ô Docteur vierge de l'Eglise vierge ! Du haut du ciel, faites descendre jusqu'à nous un rayon de cette lumière dans laquelle le Seigneur Jésus se fait voir à vous en sa gloire ; afin que nous puissions aussi le voir, le reconnaître, le goûter dans l'humilité sous laquelle il va bientôt se montrer à nous. Obtenez-nous et l'intelligence des saintes Ecritures, dans la science desquelles vous fûtes un si grand Docteur, et la docilité aux enseignements du Pontife romain, auquel il a été dit, en la personne du Prince des Apôtres : " Duc in altum !" : " Avancez dans la haute mer !".
Faites, Ô puissant successeur de ce pêcheur d'hommes, que tous les Chrétiens soient animés des mêmes sentiments que Jérôme, lorsque, s'adressant à votre Apostolat, dans une célèbre Epître, il disait :
" C'est la Chaire de Pierre que je veux consulter ; je veux que d'elle me vienne la foi, nourriture démon âme. La vaste étendue des mers, la distance des terres, ne m'arrêteront point dans la recherche de cette perle précieuse : là où se trouve le corps, il est juste que les aigles s'y rassemblent. C'est à l'Occident que maintenant se lève le Soleil de justice : c'est pourquoi je demande au Pontife la Victime du salut ; du Pasteur, moi brebis, j'implore le secours. Sur la Chaire de Pierre est bâtie l'Eglise : quiconque mange l'Agneau hors de cette Maison est un profane ; quiconque ne sera pas dans l'Arche de Noé, périra dans les eaux du déluge. Je ne connais pas Vital ; je n'ai rien de commun avec Mélèce ; Paulin m'est inconnu : quiconque ne recueille pas avec vous, Ô Damase, dissipe ce qu'il a amassé ; car celui qui n'est pas au Christ est à l'Antéchrist."
Considérons notre divin Sauveur au sein de la très pure Marie sa Mère ; et adorons, avec les saints Anges, le profond anéantissement auquel il s'est réduit pour notre amour. Contemplons-le s'offrant à son Père pour la rédemption du genre humain, et commençant dès lors à remplir l'office de Médiateur dont il a daigné se charger. Admirons avec attendrissement cet amour infini, qui n'est pas satisfait de ce premier acte d'abaissement dont le mérite est si grand qu'il eût suffi pour racheter des millions de mondes.
Le Fils de Dieu veut accomplir, comme les autres enfants, le séjour de neuf mois au sein de sa Mère, naître ensuite dans l'humiliation, vivre dans le travail et la souffrance, et se faire obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la Croix. Ô Jésus ! Soyez béni, Soyez aimé pour un si grand amour. Vous voici donc descendu du ciel, pour être l'Hostie qui remplacera tant d'autres hosties stériles, par lesquelles n'a pu être effacée la faute de l'homme. La terre porte maintenant son Sauveur, bien qu'elle ne l'ait pas contemplé encore. Dieu ne la maudira pas, cette terre ingrate, enrichie qu'elle est d'un tel trésor. Mais reposez encore, Ô Jésus, dans les chastes entrailles de Marie, dans cette Arche vivante, au sein de laquelle vous êtes la véritable Manne destinée à la nourriture des enfants de Dieu. Toutefois, Ô Sauveur ! l'heure approche où il vous faudra sortir de ce sanctuaire. Au lieu de la tendresse de Marie, il vous faudra connaître la malice des hommes ; et cependant, nous vous en supplions, nous osons vous le rappeler, il est nécessaire que vous naissiez au jour marqué : c'est la volonté de votre Père ; c'est l'attente du monde, c'est le salut de ceux qui vous auront aimé."
00:05 Publié dans D | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Admirable notice d’un vrai Pasteur de son troupeau et qui le défend contre les loups avec la vigilance de Pierre à qui il a été confié et la collaboration de saint Jérôme dont les traductions des Ecritures et notamment des Psaumes sont si clairement assistées par l’Esprit de Vérité qu’elles font les délices de quiconque les lit et les médite. C’est bien la raison pour laquelle, sous l’inspiration de l’esprit des ténèbres, les loups déguisés en pasteurs ont tout mis en œuvre pour supprimer le latin, langue de l’unité et de l’union des catholiques du monde entier, pour la remplacer par la confusion de toutes les langues, sources de toutes les fantaisies démoniaques et de tous les blasphèmes contre la sainteté infinie de la Très Sainte Trinité. C’est d’autant plus démoniaque que cette démolition systématique intervient à l’époque où il était possible de relier les catholiques du monde entier par les moyens de communication par ondes en leur offrant chaque jour la Messe du jour en latin avec traduction simultanée en chaque langue. Les centaines de millions dépensés pour l’impression des nouveaux livres liturgiques démolisseurs auraient été employés pour procurer aux plus démunis l’appareil pour lire la Messe et les prières de la liturgie catholique inspirées par l’Esprit Saint depuis les temps apostoliques. Les décombres accumulés notamment depuis le conciliabule sont tels que cette liturgie ne pourra jamais être rétablie.
Écrit par : Michel Mottet | lundi, 11 décembre 2017
Les commentaires sont fermés.