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dimanche, 17 mars 2024

Le dimanche de la Passion.

- Le dimanche de la Passion.

Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Graduel à l'usage de l'abbaye Notre-Dame de Fontevrault. XIIIe.

Durant les semaines qui ont précédé, nous avons vu monter chaque jour la malice des ennemis du Sauveur. Sa présence, sa vue même les irrite, et l'on sent que cette haine concentrée n'attend que le moment d'éclater. La bonté, la douceur de Jésus continuent d'attirer à lui les âmes simples et droites ; en même temps que l'humilité de sa vie et l'inflexible pureté de sa doctrine repoussent de plus en plus le Poldève superbe qui rêve un Messie conquérant, et le pharisien qui ne craint pas d'altérer la loi de Dieu, pour en faire l'instrument de ses passions.

Cependant Jésus continue le cours de ses miracles ; ses discours sont empreints d'une énergie nouvelle ; ses prophéties menacent la ville et ce temple fameux dont il ne doit pas rester pierre sur pierre. Les docteurs de la loi devraient du moins réfléchir, examiner ces œuvres merveilleuses qui rendent un si éclatant témoignage au fils de David, et relire tant d'oracles divins accomplis en lui jusqu'à cette heure avec la plus complète fidélité.

Hélas ! Ces prophétiques oracles, ils s'apprêtent à les accomplir eux-mêmes jusqu'au dernier iota. David et Isaïe n'ont pas prédit un trait des humiliations et des douleurs du Messie que ces hommes aveugles ne s'empresseront de réaliser.

En eux s'accomplit donc cette terrible parole : " Celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle futur " (Matth. XII, 32.).

La synagogue court à la malédiction. Obstinée dans son erreur, elle ne veut rien écouter, rien voir ; elle a faussé à plaisir son jugement : elle a éteint en elle la lumière de l'Esprit-Saint ; et on la verra descendre tous les degrés de l'aberration jusqu'à l'abîme. Lamentable spectacle que l'on retrouve encore trop souvent de nos jours, chez ces pécheurs qui, à force de résister à la lumière de Dieu, finissent par trouver un affreux repos dans les ténèbres !

Et ne soyons pas étonnés de rencontrer en d'autres hommes les traits que nous observons dans les coupables auteurs de l'effroyable drame qui va s'accomplir à Jérusalem. L'histoire de la Passion du Fils de Dieu nous fournira plus d'une leçon sur les tristes secrets du cœur humain et de ses passions. Il n'en saurait être autrement : car ce qui se passe à Jérusalem se renouvelle dans le cœur de l'homme pécheur. Ce cœur est un Calvaire sur lequel, selon l'expression de l'Apôtre, Jésus-Christ est trop souvent crucifié. Même ingratitude, même aveuglement, même fureur ; avec cette différence que le pécheur, quand il est éclairé des lumières de la foi, connaît celui qu'il crucifie, tandis que les Juifs, comme le dit encore saint Paul, ne connaissaient pas comme nous ce Roi de gloire (I Cor II, 8.) que nous attachons à la croix. En suivant les récits évangéliques qui vont, jour par jour, être mis sous nos yeux, que notre indignation contre les Juifs se tourne donc aussi contre nous-mêmes et contre nos péchés. Pleurons sur les douleurs de notre victime, nous dent les fautes ont rendu nécessaire un tel sacrifice.

 

Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Roman de Dieu et de sa Mère. Hermann de Valenciennes. XVe.

En ce moment, tout nous convie au deuil. Sur l'autel, la croix elle-même a disparu sous un voile sombre; les images des Saints sont couvertes de linceuls ; l'Eglise est dans l'attente du plus grand des malheurs. Ce n'est plus de la pénitence de l’Homme-Dieu qu'elle nous entretient ; elle tremble à la pensée des périls dont il est environné. Nous allons lire tout à l'heure dans l'Evangile que le Fils de Dieu a été sur le point d'être lapidé comme un blasphémateur ; mais son heure n'était pas venue encore. Il a dû fuir et se cacher. C'est pour exprimer à nos yeux cette humiliation inouïe du Fils de Dieu que l'Eglise a voilé la croix. Un Dieu qui se cache pour éviter la colère des hommes ! Quel affreux renversement ! Est-ce faiblesse, ou crainte de la mort ? La pensée en serait un blasphème ; bientôt nous le verrons aller au-devant de ses ennemis.

En ce moment, il se soustrait à la rage des Juifs, parce que tout ce qui a été prédit de lui ne s’est pas encore accompli. D'ailleurs ce n'est pas sous les coups de pierres qu'il doit expirer ; c'est sur l'arbre de malédiction, qui deviendra dès lors l'arbre de vie. Humilions-nous, en voyant le Créateur du ciel et de la terre réduit à se dérober aux regards des hommes, pour échapper à leur fureur. Pensons à cette lamentable journée du premier crime, où Adam et Eve, coupables, se cachaient aussi, parce qu'ils se sentaient nus. Jésus est venu pour leur rendre l'assurance par le pardon : et voici qu'il se cache lui-même ; non parce qu'il est nu, lui qui est pour ses saints le vêtement de sainteté et d'immortalité ; mais parce qu'il s'est rendu faible, afin de nous rendre notre force. Nos premiers parents cherchaient à se soustraire aux regards de Dieu ; Jésus se cache aux yeux des hommes ; mais il n'en sera pas toujours ainsi. Le jour viendra où les pécheurs, devant qui il semble fuir aujourd'hui, imploreront les rochers et les montagnes, les suppliant de tomber sur eux et de les dérober à sa vue ; mais leur vœu sera stérile, et " ils verront le Fils de l'homme assis sur les nuées du ciel, dans une puissante et souveraine majesté " (Matth. XXIV, 30.).

Ce dimanche est appelé Dimanche de la Passion, parce que l'Eglise commence aujourd'hui à s'occuper spécialement des souffrances du Rédempteur. On le nomme aussi Dimanche Judica, du premier mot de l'Introït de la messe ; enfin Dimanche de la Néoménie, c'est-à-dire de la nouvelle lune pascale, parce qu'il tombe toujours après la nouvelle lune qui sert à fixer la fête de Pâques.

Dans l'Eglise grecque, ce Dimanche n'a pas d'autre nom que celui de cinquième Dimanche des saints jeûnes.

A LA MESSE

A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Pierre. L'importance de ce Dimanche, qui ne cède la place à aucune fête, quelque solennelle qu'elle soit, demandait que la réunion des fidèles eût lieu dans l'un des plus augustes sanctuaires de la ville sainte.

CONTRE LES PERSÉCUTEURS DE L'ÉGLISE

" Daignez, Seigneur, vous laisser fléchir par les prières de votre Eglise, afin que toutes les adversités et toutes les erreurs ayant disparu, elle puisse vous servir dans une paisible liberté."

OU POUR LE PAPE

Nous donnons ici cette prière (ainsi que les deux autres que l’Eglise dit à la messe de ce jour à l’Offertoire et après la communion) à titre documentaire. La vacance du siège de Pierre – Ô Seigneur ! Votre humble troupeau Vous supplie d’y remédier – ne permet guère d’autre prière que celle qui consiste à crier au ciel que Notre Père des Cieux, par Notre Dame, saint Michel Archange, les saints Apôtres Pierre et Paul et saint Jean-Baptiste, daigne rétablir pleinement son Eglise.

" Ô Dieu, qui êtes le Pasteur et le Conducteur de tous les fidèles, regardez d'un œil propice votre serviteur N., que vous avez mis à la tête de votre Eglise en qualité de Pasteur ; donnez-lui, nous vous en supplions, d'être utile par ses paroles et son exemple à ceux qui sont sous sa conduite, afin qu'il puisse parvenir à la vie éternelle avec le troupeau qui lui a été confie. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."


Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Summa aurea. Henricus de Segusia. XIVe.

EPÎTRE

Lecture de l'Epître de saint Paul, Apôtre, aux Hébreux. Chap. IX.

" Mes Frères, Jésus-Christ, le Pontife des biens futurs, étant venu à paraître, est entré une fois dans le sanctuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point été fait de main d'homme, c'est-à-dire qui n'a point été formé par la voie commune et ordinaire. Il est entré une fois dans le Saint des Saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang ; nous ayant acquis une rédemption éternelle ; car si le sang des boucs et des taureaux, et l'aspersion de l'eau mêlée avec la cendre d'une génisse, sanctifient ceux qui ont été souillés, et leur donnent une pureté extérieure et charnelle ; combien plus le sang du Christ qui par l'Esprit-Saint s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience de ses œuvres mortes, pour nous rendre capables de servir le Dieu vivant ? Et c'est pourquoi il est le médiateur du Testament nouveau, afin que, par la mort qu'il a subie pour racheter les prévarications commises sous le premier Testament, ceux qui y sont appelés reçoivent l'héritage éternel, en Jésus-Christ notre Seigneur."

C'est seulement par le sang que l'homme peut être racheté. La majesté divine offensée ne s'apaisera que par l'extermination de la créature rebelle qui, par son sang épanché à terre avec sa vie, rendra témoignage de son repentir et de son abaissement extrême devant celui contre lequel elle s'est révoltée. Autrement la justice de Dieu se compensera par le supplice éternel du pécheur. Tous les peuples l'ont compris, depuis le sang des agneaux d'Abel jusqu'à celui qui coulait à flots dans les hécatombes de la Grèce, et dans les innombrables immolations par lesquelles Salomon inaugura la dédicace de son temple.

Cependant Dieu dit :
" Ecoute, Israël, je suis ton Dieu. Je ne te ferai pas de reproches sur tes sacrifices : tes holocaustes s'accomplissent fidèlement devant moi ; mais je n'ai pas besoin de tes boucs ni de tes génisses. Toutes ces bêtes ne sont-elles pas à moi ? Si j'avais faim, je n'aurais pas besoin de te le dire : l'univers est à moi, et tout ce qu'il renferme. Est-ce que la chair des taureaux est ma nourriture ? Est-ce que le sang des boucs est un breuvage pour moi ?" (Psalm. XLIX.).

Ainsi Dieu commande les sacrifices sanglants, et il déclare qu'ils ne sont rien à ses yeux. Y a-t-il contradiction ? Non : Dieu veut à la fois que l'homme comprenne qu'il ne peut être racheté que par le sang, et que le sang des animaux est trop grossier pour opérer ce rachat. Sera-ce le sang de l'homme qui apaisera la divine justice ? Non encore : le sang de l'homme est impur et souillé ; d'ailleurs, fût-il pur, il est impuissant à compenser l'outrage fait à un Dieu. Il faut le sang d'un Dieu ; et Jésus s'apprête à répandre tout le sien.

En lui va s'accomplir la plus grande figure de l'ancienne loi. Une fois l'année, le grand-prêtre entrait dans le Saint des Saints, afin d'intercéder pour le peuple. Il pénétrait derrière le voile, en lace de l'Arche sainte ; mais cette redoutable faveur ne lui était accordée qu'à la condition qu'il n'entrerait dans cet asile sacré qu'en portant dans ses mains le sang de la victime qu'il venait d'immoler.

En ces jours, le Fils de Dieu, Grand-Prêtre par excellence, va faire son entrée dans le ciel, et nous y pénétrerons après lui ; mais il faut pour cela qu'il se présente avec du sang, et ce sang ne peut être autre que le sien. Nous allons le voir accomplir cette prescription divine. Ouvrons donc nos âmes, afin que ce sang " les purifie des œuvres mortes, comme vient de nous dire l'Apôtre, et que nous servions désormais le Dieu vivant ".

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. VIII :



Bernardino Luini. XVIe.

" En ce temps-là, Jésus disait à la foule des Juifs :
" Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu, écoute la parole de Dieu. Vous ne l'écoutez point, parce que vous n'êtes pas de Dieu."
Les Juifs lui dirent :
" N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain, et que vous êtes possédé du démon ?"
Jésus répondit :
" Je ne suis point possédé du démon ; mais j'honore mon Père, et vous me déshonorez. Pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il est un autre qui la cherchera et qui jugera. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort."
Les Juifs lui dirent donc :
" Maintenant nous voyons bien que le démon est en vous. Abraham est mort, et les Prophètes aussi ; et vous dites : " Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ". Etes-vous donc plus grand que notre père Abraham, qui est mort, et que les Prophètes qui aussi sont morts ? Que prétendez-vous être ?"
Jésus répondit :
" Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon Père qui me glorifie. Vous dites qu'il est votre Dieu, et vous ne le connaissez pas ; mais moi je le connais. Et si je disais que je ne le connais pas, je serais comme vous un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole. Abraham votre père a désiré ardemment de voir mon jour : il l'a vu, et il en a été comblé de joie."
Les Juifs lui dirent :
" Vous n'avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ?"
Jésus leur dit :
" En vérité, en vérité, je vous le dis : avant qu'Abraham fût créé, je suis."
Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple."


On le voit, la fureur des Juifs est au comble, et Jésus est réduit à fuir devant eux. Bientôt ils le feront mourir ; mais que leur sort est différent du sien ! Par obéissance aux décrets de son Père céleste, par amour pour les hommes, il se livrera entre leurs mains, et ils le mettront à mort ; mais il sortira victorieux du tombeau, il montera aux cieux, et il ira s'asseoir à la droite de son Père.
Eux, au contraire, après avoir assouvi leur rage, ils s'endormiront sans remords jusqu'au terrible réveil qui leur est préparé. On sent que la réprobation de ces hommes est sans retour. Voyez avec quelle sévérité le Sauveur leur parle :
" Vous n'écoutez pas la parole de Dieu, parce que vous n'êtes pas de Dieu."
Cependant il fut un temps où ils étaient de Dieu : car le Seigneur donne sa grâce à tous ; mais ils ont rendu inutile cette grâce ; ils s'agitent dans les ténèbres, et ils ne verront plus la lumière qu'ils ont refusée.

" Vous dites que le Père est votre Dieu ; mais vous ne le connaissez même pas."
A force de méconnaître le Messie, la synagogue en est venue à ne plus connaître même le Dieu unique et souverain dont le culte la rend si chère ; en effet, si elle connaissait le Père, elle ne repousserait pas le Fils. Moïse, les Psaumes, les Prophètes sont pour elle lettre close, et ces livres divins vont bientôt passer entre les mains des gentils, qui sauront les lire et les comprendre.

" Si je disais que je ne connais pas le Père, je serais comme vous un menteur."

A la dureté du langage de Jésus, on sent déjà la colère du juge qui descendra au dernier jour pour briser contre terre la tête des pécheurs. Jérusalem n'a pas connu le temps de sa visite ; le Fils de Dieu est venu à elle, et elle ose dire qu'il est " possédé du démon ". Elle dit en face au Fils de Dieu, au Verbe éternel qui prouve sa divine origine par les plus éclatants prodiges, qu'Abraham et les Prophètes sont plus que lui. Etrange aveuglement qui procède de l'orgueil et de la dureté du coeur !

La Pâque est proche ; ces hommes mangeront religieusement l'agneau figuratif ; ils savent que cet agneau est un symbole qui doit se réaliser. L'Agneau véritable sera immolé par leurs mains sacrilèges, et ils ne le reconnaîtront pas. Son sang répandu pour eux ne les sauvera pas. Leur malheur nous fait penser à tant de pécheurs endurcis pour lesquels la Pâque de cette année sera aussi stérile de conversion que celle des années précédentes ; redoublons nos prières pour eux, et demandons que le sang divin qu'ils foulent aux pieds ne crie pas contre eux devant le trône du Père céleste.

 

Giotto di Bondone. XIVe.

CONTRE LES PERSÉCUTEURS DE L’ÉGLISE

" Protégez-nous, Seigneur, nous qui célébrons vos mystères, afin que, nous attachant aux choses divines, nous vous servions dans le corps et dans l'âme. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."


OU POUR LE PAPE (voir suppra)

" Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l'offrande de ces dons, et daignez gouverner par votre continuelle protection votre serviteur N., que vous avez voulu établir Pasteur de votre Eglise. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."


CONTRE LES PERSÉCUTEURS DE L'ÉGLISE


" Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de ne pas laisser exposés aux périls de la part des hommes, ceux à qui vous accordez de participer aux mystères divins."

OU POUR LE PAPE (voir suppra)

" Que la réception de ce divin Sacrement nous protège, Seigneur ; qu'elle sauve aussi et fortifie à jamais, avec le troupeau qui lui est confié, votre serviteur N., que vous avez établi Pasteur de votre Eglise. Par Jésus-Christ notre Seigneur."

HYMNE (aux Vêpres)

" Elle attire nos regards, la Croix bénie, sur laquelle le Sauveur fut suspendu par sa chair ; sur laquelle il lava nos blessures dans son sang.

C'est par elle que l'Agneau sacré, douce victime, dans son amour pour nous, a arraché les brebis de la gueule du loup.

C'est sur elle que, ayant les mains clouées, il a racheté le monde de sa perte, et, en mourant, fermé ses voies à la mort.

Sur elle fut traversée d'un clou sanglant cette main qui arracha Paul à ses crimes, et sauva Pierre du trépas.

Doux et noble bois, qu'elle est riche, ta fécondité, quand tu portes sur tes rameaux un fruit si nouveau !

A l'odeur merveilleuse que tu répands, les corps morts se lèvent de leurs tombeaux, et ceux qui ne voyaient plus la lumière reviennent a la vie.

Sous le feuillage de cet arbre, on ne sent plus les ardeurs dévorantes, ni la lune pendant la nuit, ni le soleil dans son midi brûlant.

Dans ton éclat tu t'élèves au bord des eaux ; c'est là que tu étales ta verdure embellie de fleurs nouvelles.

A tes branches est suspendue la vigne qui donne un vin si doux, dans le sang vermeil du Christ."

17 mars. Saint Patrick, apôtre de l'Irlande. 464.

- Saint Patrick, apôtre de l'Irlande. 464.

Papes : Saint Damase, saint Célestin Ier, saint Léon le Grand, saint Hilaire. Rois d'Irlande : Lóegaire Mac Neill ; Oilioll Molt Mac Dathí.

" J'enverrai les héraut de ma parole en Grèce, en Italie et jusque dans les îles les plus reculées, vers ceux qui n'ont pas entendu parler de moi et n'ont pas vu ma gloire."
Isaïe. LXVI, 19.

" Je suis Patrick, pécheur, très peu instruit, le moindre de tous les fidèles et extrêmement méprisé par beaucoup."
" Et j'allais par la Force de Dieu qui dirigeait bien ma voie."

Confession de saint Patrick.


Saint Patrick devant le purgatoire.
Leganda aurea. Bx J. de Voragine. XVe.

Nous donnons ici des éléments sur saint Patrick paraphrasés de " l'Hymne de Saint Patrick " par saint Fiacc. Saint Fiacc, commémoré le 12 octobre, fut barde avant que saint Patrick ne le fît évêque.

Saint Patrick naquit à la fin du IVe siècle. Son père était Calpurnius, un Breton et un diacre ; sa mère, Concess, était Franque et de la proche parenté de saint Martin de Tours. A l'âge de 16 ans, Patrick et nombre d'autres furent enlevés dans la propriété familiale près de Bannavem Taburniae (certains disent que c'était dans l'ouest de la Grande-Bretagne, d'autres disent que c'était en Bretagne), par sept revanchards, des fils exilés d'un roi des Bretons. Ceci eut lieu après que Rome eut exigé que tous les soldats Britanniques sous l'autorité Romaine viennent à Rome pour défendre la ville contre les barbares, abandonnant la Grande-Bretagne sans armée ni police, comme le rapporte saint Bède. Nombre d'actes de violence et d'extorsions eurent lieu à cette époque, ce que saint Bède appelle une terrible honte pour la Grande-Bretagne, un pays qui avait été longtemps Chrétien.

Le père de Patrick fut tué ; sa soeur disparut. Patrick fut vendu comme esclave en Irlande. Sa vie se transforma de l'insouciance de la jeunesse en une leçon pour nous tous. Il fut un esclave, mais obéit à son maître. Il ne parlait pas avant qu'on ne le lui eût permis.

C'est par des miracles que s'accomplit l'évasion de saint Patrick hors de l'esclavage. Il fut visité en songe par un Ange de la forme d'un oiseau, Victor, le conquérant, qui lui arrangea une fuite miraculeuse. Patrick dit qu'il avait besoin de la permission de son maître pour rentrer chez lui, mais son maître exigea une rançon d'or aussi grosse que sa tête. L'Ange dit à Patrick de suivre un sanglier. En fouinant, le sanglier lui sortit l'or dont il avait besoin comme rançon. L'Ange l'emmena à la côte maritime à 60 miles de là en une seule journée, à la rencontre d'un navire, mais au lieu de cela, le seigneur du port vendit Patrick aux autres. Et là, le paiement de la trahison, une douzaine de chaudrons en cuivre, tourmenta le traître et sa famille. Pendant qu'ils admiraient les chaudrons, leurs mains s'attachèrent au métal. Le seigneur du port se repentit, et fut pardonné par Patrick. Il se convertit à la volonté de Dieu, racheta Patrick des esclavagistes, et renvoya Patrick à la maison. Plus tard, il fut baptisé par Patrick, après le retour du saint. Patrick avait été esclave 6 ans durant.

Saint Patrick avait fait un rêve lui disant qu'il devrait prêcher l'Evangile aux Irlandais, mais Victor lui dit de chercher à être éduqué d'abord. Il trouva sa formation auprès de saint Germain d'Auxerre, qui vivait dans la partie sud des Gaules qui était proche de la Mer Méditerranée.

La ville de Saint-Patrick près de Tours affirme qu'elle fut visitée par saint Patrick au milieu de l'hiver. Il était épuisé et frigorifié, et l'aubépinier couvert de givre sous lequel il dormait se mit à fleurir, se couvrant de douces et chaudes fleurs au dessus de lui. En décembre, chaque année, jusqu'à ce que l'arbre soit détruit, les " Fleurs de saint Patrick " y fleurissaient. Les archéologues Français et sociétés d'agriculture ont attesté la vérité de ce phénomène jusqu'à ce siècle.


Saint Patrick prêchant. Vies de saints. Jeanne de Montbaston. XIVe.

Saint Germain emmena son élève vers la Grande-Bretagne pour sauver ce pays des erreurs du Pélagianisme. Rappelons que l'erreur du Pélagianisme est la croyance qu'on pourrait atteindre le Salut à travers nos propres efforts sans l'aide de Dieu, comme si l'image de Dieu en nous était complètement séparée de l'aide de l'Esprit Saint, la grâce du Dieu vivant. Cette hérésie se retrouve de nos jours en confondant l'Esprit Saint avec les caprices ou les émotions de la foule ; zeitgeist au lieu d'Esprit Saint.

Saint Fiacc note que Patrick travailla en Grande-Bretagne sous saint Germain afin de montrer l'avancement de sa capacité à diriger saintement, mais saint Patrick, dans sa Confession, ne le mentionne pas, peut-être parce que le centre d'intérêt de l'oeuvre de sa vie se trouvait en Irlande. Saint Germain, avec un groupe de prêtres dont Patrick, voyagea à travers la Grande-Bretagne pour convaincre les gens de se tourner vers Dieu, rejetant les faux prêtres Pélagiens en les reconnaissant comme des serpents. Saint Bède rapporte cela dans son Histoire Ecclésiastique du Peuple Anglais que cela fut réalisé en accomplissant de grands miracles de guérison. Saint Patrick suggéra de jeûner pour détourner une ville de son hérésie, mais elle ne s'en détourna pas, et durant les offices nocturnes de la 3e nuit, la terre avala la ville.

Plus tard, l'endroit où saint Germain et saint Patrick avaient jeûné avec leur groupe deviendra le lieu où les clercs viendront pour jeûner. Patrick, qui obéissait à la volonté de Dieu, défendit la révérence envers la grâce de Dieu qui est nécessaire pour le Salut.


Saint Patrick et le roi Laoghaire.
Legenda aurea. Bx. J. de Voragine. R. de Monbaston. XIVe.

Saint Patrick expliqua à saint Germain qu'il avait souvent entendu la voix des enfants Irlandais l'appelant :
" Viens, saint Patrick et fais que nous soyons sauvés."

Saint Germain dit que Patrick aurait à aller à Rome auprès du pape Célestin (évêque de Rome de 422 à 432), pour être consacré, qu'il devait en être ainsi. Mais un autre avait été envoyé pour être évêque d'Irlande avant lui (l'évêque Pallade), et saint Patrick eut à attendre. L'évêque Pallade commença ses missions, mais il ne vécut pas longtemps.

Saint Patrick partit pour l'île d'Alanensis sur la mer Méditerranée, dans le district de Lérins, appelé Saint-Honorat, près de Cannes en France. Il y alla pour prier, et reçut le propre bâton de Jésus-CHrist sur le Mont Arnum pour le soutenir. Une pierre gravée sur le côté du monastère principal sur l'île rapporte que saint Patrick, Apôtre de l'Irlande, vint là au Ve siècle pour y étudier les sciences sacrées en préparation de sa mission en Irlande. Le bâton de Jésus-Christ fut brûlé publiquement à Dublin en 1548 durant le règne du roi Henri VIII d'Angleterre. En 432, saint Patrick revint auprès de saint Germain, lui rapportant sa vision et le bâton. Saint Patrick avait alors la soixantaine.


Saint Colomban, saint Patrick, sainte Brigitte :
trois grands saints d'Irlande. Gravure du XIXe.

Il fut envoyé au pape Célestin, qui avait entendu dire que Pallade était mort. Le principal consécrateur de saint Patrick fut l'évêque Amateur d'Autissiodorens. Le pape Célestin ne vécut que 6 semaines après la consécration de Patrick, puis reçut Sixte III (432-440) comme successeur. Célestin donna à saint Patrick des reliques et nombre de livres.

En 432, Pâques coïncida avec la fête païenne des Druides. Il était interdit d'allumer un feu autre que l'illumination du nouveau feu païen. Mais saint Patrick alluma la flamme Pascale le premier. La tradition rapporte qu'on avertit le roi Laoghaire que si ce feu n'était pas éteint, jamais on n'arriverait à l'éteindre en Eirin.

Le roi invita l'évêque Patrick à Tara le lendemain. Patrick était occupé à réciter sa prière du Bouclier, " Le cri du daim ", pendant qu'il était en chemin de Slane à Tara le Dimanche Pascal. Le roi Laoghaire avait stationné des soldats au long du chemin, afin d'intercepter Patrick avant qu'il n'arrive à Tara. La Vie Tripartie dit :
" Saint Patrick partit avec huit jeunes clercs et saint Benen (9 novembre) comme accompagnateur aidant, et saint Patrick leur donna sa bénédiction avant le départ. Une profonde obscurité les enveloppa, de sorte qu'on ne put en voir aucun. Au même moment, l'ennemi qui les attendait en embuscade vit huit daims passer devant, suivis par un faon qui portait un colis sur son dos. C'était saint Patrick et ses huit compagnons, et saint Benen derrière avec ses tablettes sur son dos."
La Vie Tripartite est un livre du VIIIe siècle, en 3 parties, qui devait être lu durant les 3 jours de la célébration du Jour de Saint Patrick.


Statue de saint Patrick à Tara. Irlande.

Avant l'époque de saint Patrick, les devins (Druides) avaient prédit qu'une " tête d'hermine " viendrait sur la mer déchaînée (chevelure blanche), portant un manteau ouvert pour laisser passer la tête (et non pas comme les vêtements enveloppant les Druides), son bâton avec une tête recourbée (Le bâton pastoral des pasteurs de Jésus-Christ et non pas tout droit comme la canne des Druides), sa table dans la partie antérieur de sa maison (un autel), et toute sa maisonnée (l'Eglise) répondrait toujours " Amen, Amen !". Ils dirent au roi qu'ils ne lui cacheraient pas la vérité, que la postérité de cet homme demeurerait jusqu'au Jour du Jugement, parce qu'il est le héraut du Prince de la Paix.

Saint Patrick fut appelé par le Seigneur et partit pour l'Irlande. Il enseigna que la Trinité était toujours avec nous pour nous soutenir, même quand tout autour n'était que misère. Il savait tout à l'avance. Il enseigna que Dieu nous aime, malgré les déferlements de violence du monde.

Saint Patrick s'appliqua à la tâche jusqu'à sa mort. Il chassa l'iniquité. Il prêcha, il baptisa, il pria, il loua constamment Dieu avec les Psaumes, il chantait 100 Psaumes chaque nuit, il dormait sur une dalle de pierre nue avec une couverture humide sur lui, et son oreiller était une pierre. Il prêcha 30 ans durant, compte tenu des années avant sa consécration comme évêque, quand il était prêtre sous saint Germain. Saint Secundinus rapporte dans son Hymne que saint Patrick portait les stigmates du Christ dans sa chair de juste.


Saint Patrick devant le purgatoire.
Vies de saints. Maître de Fauvel. XIVe.

Le peuple d'Irlande adorait les " si-de " (esprits). Ils ne croyaient pas dans la véritable Divinité de la vraie Trinité. Mais quand saint Patrick eut terminé, toute l'Irlande croyait dans la Sainte Trinité, croyait en Jésus-Christ, ne suivant plus les esprits de la nature, et la court de Tara fut remplacée par la court du Christ à Armagh. Dans sa Confession (voir la notice reproduisant ce testament que notre saint écrivit à la fin de sa vie), saint Patrick dit qu'il était le débiteur de Dieu pour la grande grâce d'avoir pu baptiser tant de milliers de gens, pour tous ces gens nés de nouveau en Dieu puis confirmés, et pour ces clercs ordonnés pour eux un peu partout. " Ne voulant pas ennuyer ses lecteurs ", saint Patrick ne donne que peu de détails sur les persécutions endurées, jusque dans les fers, les dangers dans sa vie, et nombre de complots contre lui. Par exemple, saint Odran (19 février), conducteur de chariot pour Patrick, fut avertit d'un danger imminent et prétendit se sentir mal, ce qui fit que Patrick prit les rennes du chariot, et Odran à la place d'honneur fut tué par la lance qui était destinée à Patrick.

Quand Saint Patrick tomba malade, il décida de partit pour Armagh. Il fut visité par un Ange, qui l'emmena voir Victor, et Victor, parlant de lui hors d'un buisson en feu, dit :
" Primauté pour Armagh ; au Christ rendre grâce. Bientôt au Ciel tu iras. Tes prières ont été exaucées : l'hymne que tu as choisie durant ta vie sera une cuirasse pour tous. Ceux d'Irlande qui sont avec toi, au jour du Jugement seront à tes côtés."

Concernant le clergé, saint Tassach (14 avril) demeura avec lui et lui donna la Communion. Saint Fiacc rappelle Joshua : si le soleil pouvait demeurer immobile dans le ciel pour la mort du maudit, à plus forte raison, pour la clarté, il sera approprié de briller à la mort des saints. Les clercs d'Irlande vinrent par toutes les routes pour veiller saint Patrick ; le son du chant (des Anges) les vit se prosterner. Ils dirent que l'endroit était envahit d'oiseaux chantants : comme Victor était apparu sous la forme d'un oiseau, ils pensèrent que les Anges ailés étaient des oiseaux. L'âme de saint Patrick s'était séparée de son corps après les souffrances. Les Anges de Dieu veillèrent dessus la première nuit, sans discontinuer.


Quand il partit, il alla vers l'autre saint Patrick (de Glastonbury, appelé Patrick l'Ancien, 24 août), parce que Patrick, fils de Calpurnius, avait promis à Patrick l'Ancien qu'il partiraient ensemble au Ciel. On dit que du 18 mars jusqu'au 23 août, jusqu'à la fin du premier mois d'automne, saint Patrick était avec les Anges à attendre le vieux Patrick, et ensemble ils s'élevèrent vers Jésus, le Fils de Marie.

Saint Fiacc a donné de notre saint ce bel hommage :
" Saint Patrick, sans faire preuve de vaine gloire, méditait bien et bon. Etre au service du Fils de Marie, telle était la pieuse circonstance pour laquelle il était né."

PRIERE

" Votre vie, Ô Patrice, s'est écoulée dans les pénibles travaux de l'Apostolat ; mais qu'elle a été belle, la moisson que vos mains ont semée, et qu'ont arrosée vos sueurs ! Aucune fatigue ne vous a coûté, parce qu'il s'agissait de procurer à des hommes le précieux don de la foi ; et le peuple à qui vous l'avez confié l'a gardé avec une fidélité qui fera à jamais votre gloire. Daignez prier pour nous, afin que cette foi, " sans laquelle l'homme ne peut plaire à Dieu " (Heb. XI, 6.), s'empare pour jamais de nos esprits et de nos cœurs. " C'est de la foi que le juste vit " (Habac. II, 4.), nous dit le Prophète ; et c'est elle qui, durant ces saints jours, nous révèle les justices du Seigneur et ses miséricordes, afin que nos cœurs se convertissent et offrent au Dieu de majesté l'hommage du repentir. C'est parce que notre foi était languissante, que notre faiblesse s'effrayait des devoirs que nous impose l'Eglise. Si la foi domine nos pensées, nous serons aisément pénitents. Votre vie si pure, si pleine de bonnes œuvres, fut cependant une vie mortifiée ; aidez-nous à suivre de loin vos traces.


Image commémorative des 1500 ans de la venue de saint Patrick en Irlande. 1932.

Priez, Ô Patrice, pour l'Ile sainte dont vous êtes le père et qui vous honore d'un culte si fervent. De nos jours, elle est menacée encore ; plusieurs de vos enfants sont devenus infidèles aux traditions de leur père. Un fléau plus dangereux que le glaive et la famine a décimé de nos jours votre troupeau ; Ô Père ! Protégez les enfants des martyrs, et défendez-les de la séduction. Que votre œil aussi suive jusque sur les terres étrangères ceux qui, lassés de souffrir, sont allés chercher une patrie moins impitoyable. Qu'ils y conservent le don de la foi, qu'ils y soient les témoins de la vérité, les dociles enfants de l'Eglise ; que leur présence et leur séjour servent à l'avancement du Royaume de Dieu. Saint Pontife, intercédez pour cette autre Ile qui fut votre berceau ; pardonnez-lui ses crimes envers vos enfants ; avancez par vos prières le jour où elle pourra rentrer dans la grande unité catholique. Enfin souvenez-vous de toutes les provinces de l'Eglise ; voire prière est celle d'un Apôtre ; elle trouvera accès auprès de celui qui vous a envoyé."


Rq : Nous engageons vivement le lecteur à lire la notice très complète et pleine de détails précieux dans les Petits Bollandistes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30733g

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