dimanche, 11 août 2024
11 août. Sainte Suzanne de Rome, Martyre. 295.
- Sainte Suzanne, martyre à Rome. 295.
Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Orient : Dioctétien. Empereur romain d'Occident : Maximien-Hercule.
" Ce monde est digne de mépris, même lorsqu'il flatte et qu'il caresse le cœur par la prospérité."
Saint Grégoire le Grand.
Sainte Suzanne. Bois polychrome.
Eglise Sainte-Suzanne. Sainte-Suzanne. Maine. XVIe.
Sainte Suzanne était fille de saint Gabinius et nièce de saint Caïus, pape, son frère, qui étaient d'une race très illustre et proches parents de l'empereur Dioclétien. Son père, qui, depuis sa naissance, s'était fait prêtre, l'eleva avec beaucoup de soin dans la crainte de Dieu et dans l'amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, et, étant devenue grande, elle se consacra entièrement elle-même à son service, et résolut de n'avoir jamais d'autre époux que le Roi des Vierges et des âmes saintes.
Il arriva cependant que Valérie, fille de Dioclétien, que Maximien-Galère avait épousée, mourut et cet empereur, lui voulant donner une autre femme de sa parenté, jeta pour cela les yeux sur Suzanne, dont l'esprit, la sagesse et la beauté étaient extraordinaires et ravissaient tout le monde. Il savait que Caïus, son oncle, était le souverain Pontife des chrétiens, et que Gabinius, son père, était prêtre mais, en ce temps-là, il ne s'était pas encore élevé contre son propre sang, et il n'était pas si ennemi des fidèles qu'il ne préférât l'établissement et l'agrandissement de sa maison et de ses parents à la ruine du Christianisme.
Dans cette pensée, il appela un seigneur romain, nommé Claude, qui était aussi son cousin, et qui touchait encore de plus près aux deux frères, le père et l'oncle de Suzanne, et le pria d'aller chez Gabinius et de lui faire honnêtement la proposition du mariage de sa fille avec Maximien. Claude se tint fort honoré de cette mission, et s'en chargea avec joie. Il vint donc trouver Gabinius, et lui proposa l'affaire qu'il croyait lui devoir être très agréable.
Le saint prêtre ne le rebuta pas, mais lui demanda seulement quelques jours de délai pour en parler au Pape et a sa fille. Ils en conférèrent donc ensemble, et d'abord ces bienheureux frères n'étaient pas éloignés de consentir à l'alliance que l'empereur souhaitait, dans la vue qu'elle pouvait rendre ce prince, et Maximien, son gendre, qui'lui devait succéder, plus favorables aux chrétiens. Mais Notre-Seigneur, qui ne voulait pas établir sa religion par ces moyens humains et politiques, donna une autre pensée à Suzanne. Elle leur déclara donc " que, selon les bonnes instructions qu'elle avait reçues de leur charité, elle s'était consacrée au Roi des rois et qu'elle n'aurait jamais d'autre époux que lui quand elle n'aurait pas résolu de garder inviolablement sa chasteté, elle ne voudrait pas épouser un homme souillé par les abominations de l'idolâtrie et par le massacre d'un nombre infini de chrétiens, comme était Maximien, qui avait souvent pris part à la persécution que Dioclétien leur avait faite ainsi, elle les suppliait de rompre entièrement tous ces pourparlers de mariage ". Caïus et Gabinius louèrent infiniment sa résolution et l'exhortèrent à y persévérer constamment, sans que ni les promesses, ni les menaces, la fissent jamais changer de résolution.
Sainte Suzanne. Gravure italienne. XVIIe.
Claude étant revenu après trois jours répéta, en présence du Pape, la proposition qu'il avait faite. Les saints frères lui dirent qu'il fallait voir là-dessus la volonté de la jeune fille, et la firent en effet appeler sur-le-champ. Lorsqu'elle entra dans la chambre, Claude la voulut baiser par honneur comme sa parente mais elle le repoussa lui disant que sa bouche n'avait jamais été souillée d'aucun baiser d'homme, et qu'elle n'avait garde d'en recevoir un d'une personne que le culte des faux dieux et le meurtre des chrétiens rendaient sale et abominable devant Dieu. Claude, surpris de ces paroles, s'excusa de son action, sur ce qu'il lui avait semblé qu'étant son proche parent, il pouvait bien user de cette familiarité avec elle. Et, pour ce qui était des souillures qu'elle lui imputait, il la prit de lui dire par quels moyens il en pourrait être délivré :
" Ce sera, répondit Suzanne, en faisant pénitence, et en recevant le saint baptême."
Caïus et Gabinius appuyèrent ce discours, et parlèrent si efficacement à ce seigneur des avantages de notre religion, que, ne se mettant plus en peine de sa mission, il embrassa le Christianisme et se fit baptiser, avec Prépédigne, sa femme, et deux fils qu'il avait nommés Alexandre et Cuthias.
Cependant, l'empereur ne recevant point de réponse de la proposition qu'il lui avait envoyé faire à Gabinius, s'informa du sujet de son retard. On lui dit qu'il était tombé malade, et que cela l'avait empêché de venir trouver Sa Majesté ; l'empereur, qui l'aimait, et qui était impatient de savoir la solution de son message, lui envoya Maxime, comte de ses affaires domestiques, pour le visiter et pour apprendre de lui le succès de cette négociation. Maxime, qui était son frère, fut fort surpris de le trouver dans un état de pénitent, les larmes aux yeux, le cilice sur le dos, et prosterné devant un oratoire ; il lui demanda d'où venait ce changement. Claude lui dit ouvertement que Dieu lui avait fait la grâce de lui ouvrir les yeux pour connaître les vérités de la religion chrétienne, et que, reconnaissant combien il était coupable d'avoir adoré les idoles, et d'avoir répandu le sang innocent des chrétiens, il en faisait pénitence. Maxime, touché de ses paroles et de son exemple, lui demanda d'être éclairé des mystères de notre foi. Il le mena à saint Caïus qui le baptisa, et lui donna en même temps les sacrements de la Confirmation et de l'Eucharistie. Claude et Maxime étant ainsi entrés dans le sein de l'Eglise, vendirent tous leurs biens pour avoir de quoi secourir les pauvres fidèles que les longues persécutions avaient réduits à une pauvreté extrême.
Sainte Suzanne. Historia scolastica. XIIIe.
L'empereur en fut averti, et apprit en même temps qu'au lieu de décider Gabinius à donner sa fille en mariage à Maximien, ils avaient embrassé sa religion, et étaient des premiers à persuader à cette sainte fille de demeurer vierge. Ces nouvelles l'irritèrent. Il oublia qu'ils étaient ses proches parents et il les fit arrêter avec Prépédigne, Alexandre et Cuthias, et les relégua au port d'Ostie, où ils furent mis à mort.
Il fit aussi emprisonner Gabinius avec Suzanne, et, après cinquante-cinq jours de prison, il pria l'impératrice Prisca, sa femme, de faire en sorte que cette illustre fille consentît à ses volontés. Prisca la fit venir dans son appartement ; mais, comme elle-même était chrétienne, bien loin de lui rien conseiller contre sa résolution et son vœu, elle la fortifia au contraire dans son généreux dessein.
Dioclétien, apprenant qu'elle était inébranlable, la fit reconduire dans sa maison, et permit à Maximien d'y aller pour user de violence. Ce prince y alla ; mais, lorsqu'il entra dans sa chambre, il aperçut un ange d'un éclat merveilleux qui était auprès d'elle et qui la gardait. L'effroi le saisit, et il se retira tout confus sans avoir osé rien entreprendre. Dioclétien attribua cet effet à la magie, et envoya un de ses officiers nommé Macédonius pour contraindre la Sainte d'adorer les idoles. Cet officier lui présenta une image de Jupiter, lui ordonnant, de la part de l'empereur, de lui offrir de l'encens. Suzanne éleva, alors ses yeux et son cœur vers le ciel, et au même instant la statue disparut, et on la trouva dans la rue jetée contre terre.
Macédonius, ne pouvant rien gagner par douceur, eut recours aux menaces et aux supplices ; il la maltraita dans sa propre maison, la battit cruellement et lui déchira le corps à coups de fouets. Enfin, l'empereur apprenant encore qu'elle était inflexible, commanda qu'elle fût décapitée, ce qui fut exécuté secrètement, chez elle, le 11 août 295.
L'impératrice Prisca fut bientôt avertie de ce qui s'était passé ; elle eut une joie extrême de savoir que Suzanne s'était maintenue dans sa foi et dans son innocence, malgré tous les efforts des puissances de la terre. Elle se transporta elle-même la nuit dans le lieu de son supplice, et l'ayant trouvée baignée dans son sang, elle enleva le voile de dessus sa tête, qu'elle trempa dans cette liqueur précieuse. Depuis, elle fit enchâsser ce voile dans une boîte d'argent, et le mit à son oratoire, où elle faisait assidûment sa prière à l'insu de Dioclétien, son mari. Pour le corps de notre Sainte, elle l'embauma, l'ensevelit de ses propres mains, et le fit inhumer dans la grotte même de saint Alexandre, auprès d'une infinité d'autres martyrs.
Sainte Suzanne. Imagerie populaire. Pellerin. XIXe.
La maison qui avait été le lieu de sa naissance, de sa conversion sur la terre et de sa mort très-précieuse, fut changée par saint Caïus en une église où il dit la messe en son honneur. Elle était au Quirinal, dans la rue de Mammure, devant le marché de Salluste. Cette église subsiste encore et est occupée par des religieuses Cisterciennes ; c'est aussi un titre de cardinal, et quelques-unes des Eminences qui l'ont possédée ont eu soin de la faire embellir.
On voit sainte Suzanne dans ses images avec une couronne à ses pieds. Elle ne voulut pas épouser le fils de Dioctétien, par amour pour la virginité ; c'est une allusion à ce fait.
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samedi, 10 août 2024
10 août. Saint Laurent, archidiacre de l'église de Rome, martyr. 259.
- Saint Laurent, archidiacre de l'église de Rome, martyr. 259.
Pape : Vacance (saint Sixte II, 258+ ; saint Denys 260). Empereurs romains : Valérien ; Gallien (Trente tyrans).
" Le feu qui dévore son corps n'est rien par rapport à celui qui embrase son âme."
Saint Léon. Serm. de S. Laurentio.
Saint Laurent. Giovanni di Piero. XVe.
Saint Laurent fut l'un des plus illustres martyrs de l'Église. Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l'affection du Pape Sixte II, qui le choisit comme son premier diacre.
L'an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort. Comme on le conduisait au supplice, Laurent, son diacre, le suivait en pleurant :
" Où allez-vous, mon père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre diacre? Jamais vous n'offriez le sacrifice sans que je vous servisse à l'autel. En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ?"
Le saint Pape, ému, lui dit :
" Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées ; vous me suivrez dans trois jours."
Puis il lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l'Église, pour les soustraire aux persécuteurs : mission que Laurent accomplit avec joie.
" J'avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer."
Le préfet accorda trois jours de délai.
Saint Laurent & saint Etienne. Mariotto di Nardo. Début XVe.
Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant :
" Voilà les trésors que je vous ai promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l'Église n'a point d'autres richesses.
– Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet ; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ?"
Puis il le fit déchirer à coups de fouets.
Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et convertit l'officier de ses gardes, nommé Hippolyte. Rappelé au tribunal, il fut étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c'est alors qu'un soldat de la garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du martyr :
" Vos tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices."
Laurent fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout brûlé :
" Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l'autre."
Francesco di Cenni. XIVe.
Accusé, il ne se déroba pas, mais frappé résonna comme font les trompettes retentissantes : ainsi, dans les tortures, objet de ses vœux, tressaillait-il, résonnait-il en divines louanges.
Comme la corde rend sous l'archet sa mélodie, ainsi, tendu sur la lyre des tourments, il fit monter vers Jésus-Christ sa confession harmonieuse.
Vois, tyran, comme par la foi il demeure invincible parmi les coups, les menaces et les flammes : une intime espérance, une voix d'en haut le consolent, affermissent son courage.
Car les trésors que tu recherches, ce n'est pas à toi, mais à Laurent que tes tourments les acquièrent : il les entasse dans le Christ ; pour son combat, le Christ les lui garde comme récompense de triomphe.
La nuit du saint ignore l'ombre, rien dans sa peine dont le mélange puisse laisser quelque doute à sa foi : rendrait-il la lumière aux aveugles, si la lumière elle-même ne l'inondait pas ?
C'est la foi dont la confession resplendit en lui ; la lumière, il la place, non sous le boisseau, mais au milieu devant tous. Rôti comme un aliment, il plaît au serviteur de Dieu, au porteur de sa croix, d'être donné en spectacle aux Anges et aux nations.
Il ne craint pas d'être roulé sur les charbons, celui qui désire être affranchi de la chair et vivre avec le Christ ; il ne redoute pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme.
Comme la fournaise éprouve le travail des potiers, endurcit la substance : ainsi le feu, cuisant le martyr, en fait par la constance un vase affermi.
Quand le vieil homme en effet se dissout, un autre se répare au bûcher qui consume l'ancien ; c'est ainsi qu'au service de Dieu s'est fortifiée merveilleusement la puissance de l'athlète.
L'ardeur dont on l'entoure n'est que rosée pour son puissant amour et son zèle de justice; un feu brûlant, non consumant, surmonte tes brasiers assemblés, ministre impie.
Si tu ne le prends, si tu ne le brises, le grain de sénevé a peu de saveur ; c'est lorsqu'il brûle sur les charbons, que l'encens exhale mieux son parfum : ainsi pressé, ainsi brûlé, le Martyr plus pleinement, sous ce labeur, sous ces ardeurs, livre l'arôme de ses vertus.
Ô Laurent, fortuné à l'excès, roi magnifique ayant vaincu le roi du monde, fort chevalier du Roi des rois, tu réputas pour rien la souffrance dans ton combat pour la justice ; tu as surmonté tant de maux en contemplant les biens du Christ : par la grâce de tes mérites, fais-nous mépriser le mal, fais-nous mettre au bien notre joie.
Amen."
Pierre-Paul Rubens. XVIe.
" Trois fois heureux le Romain, qui t'honore au lieu où tes ossements reposent ! il se prosterne en ton sanctuaire ; pressant de sa poitrine la terre, il l'arrose de ses larmes et y répand ses vœux. Nous que séparent de Rome Alpes et Pyrénées, à peine pouvons-nous soupçonner de combien de trésors elle est pleine, combien son sol est riche en sépultures sacrées. Privés de ces biens, ne pouvant voir de près les traces du sang, nous contemplons le ciel de loin. O saint Laurent, c'est là que nous allons chercher le souvenir de tes souffrances ; car tu as deux palais pour demeure : celui du corps en terre, celui de l'âme au ciel. Le ciel, ineffable cité qui te fait membre de son peuple, qui, dans les rangs de son éternel sénat, place à ton front la couronne civique ! A tes pierreries resplendissantes, on dirait l'homme que Rome céleste élit pour perpétuel consul ! Tes fonctions, ton crédit, ta puissance paraissent, aux transports des Quirites exaucés dans leurs requêtes à toi présentées. Quiconque demande est entendu ; tous prient en liberté, formulent leurs vœux ; nul ne remporte avec lui sa douleur.
Sois toujours secourable à tes enfants de la cité reine : qu'ils aient pour ferme appui ton amour de père ; qu'ils trouvent en toi la tendresse et le lait du sein maternel. Mais parmi eux, ô toi l'honneur du Christ, écoute aussi l'humble client qui confesse sa misère et avoue ses fautes. Je me sais indigne, je le reconnais, indigne que le Christ m'exauce; mais protégé par les Martyrs, on peut obtenir le remède à ses maux. Ecoute un suppliant : dans ta bonté, délie mes chaînes, affranchis-moi de la chair et du siècle. ( Prudent, ubi supra.)."
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vendredi, 09 août 2024
9 août. Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars, au diocèse de Belley. 1859.
- Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars, au diocèse de Belley. 1859.
Pape : Pie IX. " Empereur des Français " : Napoléon III.
" Tout ce que le Fils demande au Père lui est accordé. Tout ce que la Mère demande au Fils lui est pareillement accordé."
" Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes."
" Ce n'est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c'est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui."
Saint Jean-Marie Vianney.
Né le 8 mai 1786 à Dardilly, près de Lyon, dans une famille de cultivateurs, Jean-Marie Vianney connaît une enfance marquée par la ferveur et l'amour de ses parents. Le contexte de la Révolution française va cependant fortement influencer sa jeunesse : il fera sa première confession au pied de la grande horloge, dans la salle commune de la maison natale, et non pas dans l'église du village, et il recevra l'absolution d'un prêtre clandestin.
Deux ans plus tard, il fait sa première communion dans une grange, lors d'une messe clandestine, célébrée par un prêtre réfractaire. A 17 ans, il choisit de répondre à l'appel de Dieu : " Je voudrais gagner des âmes au Bon Dieu ", dira-t-il à sa mère, Marie Béluze. Mais son père s'oppose pendant deux ans à ce projet, car les bras manquent à la maison paternelle.
Il commence à 20 ans à se préparer au sacerdoce auprès de l'abbé Balley, Curé d'Écully. Les difficultés vont le grandir : il navigue de découragement en espérance, va en pèlerinage à la Louvesc, au tombeau de saint François Régis. Il est obligé de devenir déserteur lorsqu'il est appelé à entrer dans l'armée pour aller combattre pendant la guerre en Espagne. Mais l'Abbé Balley saura l'aider pendant ces années d'épreuves. Ordonné prêtre en 1815, il est d'abord vicaire à Écully.
En 1818, il est envoyé à Ars. Là, il réveille la foi de ses paroissiens par ses prédications mais surtout par sa prière et sa manière de vivre. Il se sent pauvre devant la mission à accomplir, mais il se laisse saisir par la miséricorde de Dieu. Il restaure et embellit son église, fonde un orphelinat, La Providence, et prend soin des plus pauvres.
Très rapidement, sa réputation de confesseur lui attire de nombreux pèlerins venant chercher auprès de lui le pardon de Dieu et la paix du cœur. Assailli par bien des épreuves et des combats, il garde son cœur enraciné dans l'amour de Dieu et de ses frères ; son unique souci est le salut des âmes. Ses catéchismes et ses homélies parlent surtout de la bonté et de la miséricorde de Dieu.
Saint Jean-Marie Vianney recevant saint Pierre-Julien Eymard.
Il y aurait bien des choses à dire sur la vie et la sainte dévotion de notre magnifique saint. Il fut un coeur consumé d'amour pour le coeur de Jésus et pour celui de Notre Dame et eut toute sa vie une dévotion particulièrement fervente pour sa " chère petite sainte, sainte Philomène ".
Prêtre consumé d'amour devant le Saint-Sacrement, tout donné à Dieu, à ses paroissiens et aux pèlerins, il meurt le 4 août 1859, après s'être livré jusqu'au bout de l'Amour. Sa pauvreté n'était pas feinte. Il savait qu'il mourrait un jour comme " prisonnier du confessionnal ". Il avait par trois fois tenté de s'enfuir de sa paroisse, se croyant indigne de la mission de Curé, et pensant qu'il était plus un écran à la bonté de Dieu qu'un vecteur de cet Amour. La dernière fois, ce fut moins de six ans avant sa mort. Il fut rattrapé au milieu de la nuit par ses paroissiens qui avaient fait sonner le tocsin. Il regagna alors son église et se mit à confesser, dès une heure du matin. Il dira le lendemain : " j'ai fait l'enfant ". Lors de ses obsèques, la foule comptait plus de mille personnes, dont l'évêque et tous les prêtres du diocèse, venu entourer celui qui était déjà leur modèle.
Béatifié le 8 janvier 1905, il est déclaré la même année, “ patron des prêtres de France ”. Canonisé en 1925 par Pie XI (comme sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus), il sera proclamé en 1929 “ patron de tous les Curés de l'univers ”.
Rq : Biographie recommandée : " Le Curé d'Ars ". Mgr Francis Trochu, 1925. Cependant, celle que lui a consécrée Alphonse Germain peut être une bonne introduction, " Le bienheureux Jean-Marie-Baptiste Vianney : le curé d'Ars ". Elle est disponible sur le site de la Bibliothèque nationale de France : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k66529r
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jeudi, 08 août 2024
8 août. Saint Cyriaque, diacre, et ses compagnons, martyrs. 303.
" Seigneur mon Dieu, je Vous louerai de tout mon coeur, je glorifierai Votre nom à jamais."
Psalm. LXXXV, 11.
Saint Cyriaque délivrant Artémie. Matthias Grünewald.
Lorsque Dioclétien eut associé Maximien Hercule à l'empire, ce dernier, pour plaire à son bienfaiteur, entreprit de lui bâtir un beau palais avec des bains magnifiques. Il résolu de faire travailler à cette construction tous les Chrétiens. L'on vit donc bientôt travailler comme esclaves des hommes du plus haut rang, des personnes faibles et délicates, des vieillards consumés d'années, des ecclésiastiques et des prêtres ; de même qu'au temps de Pharaon, les enfants d'Israël étaient contraints de travailler aux ouvrages publics d'Egypte.
Les uns creusaient des fondations, d'autres portaient du sable et des pierres, ceux-ci faisaient du mortier et ceux-là servaient de manoeuvres aux maçons, sans que, malgré l'ardeur du soleil, la faiblesse de leur âge ou de leur complexion, on leur donnât aucun soulagement. On voyait bien à la manière dont leur persécuteurs les nourissaient, que leur dessein était de s'en défaire. Ce palais, appelé les Thermes, fruit des sueurs de ces glorieux confesseurs, a depuis été changé sous le nom de Notre Dame des Anges.
Cependant Thrason, seigneur romain, à qui Dieu avait donné de grands biens, apprenant les cruautés qu'on exercait contre les saints et la disette de toutes choses où ils étaient, leur envoyait de temps en temps de quoi se soulager dans leur misère ; il se servait pour cela de saint Sisinie, de saint Cyriaque, de saint Large et de saint Smaragde, qui leur portaient de saumones au risque de la vie, et se servaient aussi de cette occasion pour les animer à la persévérance et les fortifier contre les découragements de la nature et les tentations du démon.
Le Pape qui, selon Baronius, était saint Marcellin, bien que les Actes disent saint Marcel, étant informé de ce qui se passait, reconnut le mérite des deux premiers en les élevant à l'ordre de diacre.
Saint Cyriaque délivrant Jobie, la fille du roi de Perse. Martyre de
Peu de temps après, ils furent tous quatre surpris comme ils portaient sur leurs épaules des vivres aux bienheureux confesseurs, et on les condamna eux-mêmes à travailler aux Thermes avec ceux qu'ils avaient prétendu soulager.
Ces excellents Chrétiens n'en eurent aucune douleur ; ils prirent volontiers la hotte pour porter du sable, ils traînèrent avec joie le chariot pour charrier les pierres, et leur zèle étaient si grand, que, ne se contentant pas de leur tâche, s'ils voyaient un Chrétien accablé sous la pesanteur de son fardeau, ils couraient pour l'aider et faisaient une partie de son ouvrage.
C'est ce qu'ils firent à l'égard d'un vieillard nommé Saturnin, qui succombait sous le faix des travaux qu'on lui ordonnait. Les officiers qui présidaient à la construction, admirant cette action et voyant que ces saints dans leurs plus grands accablements ne laissaient pas de chanter avec allégresse des cantiques et des hymnes en l'honneur de Dieu, en donnèrent avis à Maximien Hercule. Mais ce prince barbare, bien loin d'être touché de quelque compassion pour eux, commanda qu'on les mît dans un cachot, et qu'on fît au plus tôt leur procès. Ce n'est pas ici le lieu de parler de saint Sisinie, qui fut bientôt après décapité avec le vieillard Saturnin, qu'il avait soulagé dans la rigueur du travail de ce superbe édifice.
Pour saint Cyriaque, il demeura plus longtemps en prison : il y guérit des aveugles et plusieurs autres malades qui eurent recours à lui pour obtenir la santé par ses prières. Cependant Dieu, voulant le glorifier sur la terre avant de le consacrer par le glaive du martyre, permit qu'Artémie, fille de l'empereur Dioclétien, fût saisie par un démon furieux qui la tourmentait très cruellement. Jetant de grands cris, elle dit qu'elle ne pouvait être délibrée que par le moyen de Cyriaque, diacre de l'Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Dioclétien qui l'aimait tendrement, oublia alors sa férocité et naturelle et sa rage contre les Chrétiens, et envoya tirer saint Cyriaque de sa prison, avec saint Large et saint Smaragde, ses compagnons, qui étaient enfermés avec lui. Etant venu vers la princesse, notre saint commanda au démon de sortir de son corps. Il en sortit immédiatement et Artémie crut en la Très Sainte Trinité, suivant les pieuses exhortations de sainte Sérène, sa mère, qui était une fidèle disciple de Jésus-Christ. Dioclétien, pour témoigner sa reconnaissanceà saint Cyriaque, lui donna une maison dans Rome, où il lui premit de demeurer en toute sûreté.
Quelques temps après, la fille du roi de Perse, nommée Jobie, étant aussi possédée par un démon, s'acria comme Artémie qu'elle ne pouvait être délivrée par d'autre que par le diacre Cyriaque qui était à Rome. Ce roi envoya un ambassadeur à Rome au même Dioclétien, pour le prier de lui envoyer Cyriaque. Dioclétien pria alors son épouse Sérène de persuader au diacre de faire ce voyage. Notre saint l'netreprit joyeusement avec saint Large et saint Smaragde, ses bienheureux compagnons. Il fit une partie du chemin par mer et le reste à pied et le bâton à la main, chantant continuellement les louanges de Dieu et implorant Son secours et Sa béndiction.
Lorqu'il fut arrivé, le roi se jeta à ses pieds et le supplia d'avoir pitié de sa fille. Cyriaque lui promit de la délivrer ; et, en effet, ayant conjurer le démon par le nom redoutable de Jésus-Christ, il le força de sortir de son corps et de la laisser en liberté ; ce qui fut cause de sa conversion, de celle du roi son père, et de quatre cents infidèles, qui recurent le baptême des mains du bienheureux diacre. Ce prince voulut reconnaître un s grand bienfait par de riches présents ; mais nul de ces trois saints ne voulut rien accepter, et ils lui dirnt que c'était une maxime des Chrétiens de donner gratuitement ce qu'ils avaient reçus gratuitement, et de ne point vendre les dons de Dieu. Leur dépense était aussi très minimes, puisqu'ils ne mangeaient que du pain et ne buvaient qu'un peu d'eau.
Quarante-cinq jours après, ils se rembarquèrent et revinrent à Rome, avec des lettres de remerciement que le Persan écrivait à l'empereur. L'empereur les laissa encore vivre en paix. Mais lorqu'il fut sorti de Rome pour visiter les provinces de son empire, Maximien, n'oubliant point qu'ils avaient secouru les Chrétiens lors de la construction des Thermes, les fit de nouveau arrêter prisonniers. Carpase, vicaire de Rome, fut chargé de les examiner, de les porter à l'adoration des faux dieux, et, en cas de refus, de terminer leur procès et de les faire mourir.
Jamais refus ne fut plus constant et plus généreux. Ils protestèrent tous trois qu'ils ne connaissaient point d'autre divinité que celle de Jésus-Christ, et qu'il mourraient pour une confession si sainte et si glorieuse :
" Nous ne connaissons, dit Cyriaque, que Jésus-Christ, Maître du Ciel et de la terre, mort sur la Croix pour notre salut !"
Carpase commanda aux bourreaux de jeter de la poix fondue et bouillante sur la tête de saint Cyriaque. Le saint souffrit ce tourment avec une patience héroïque : il fut aussi étendu sur le chevalet et rompu à coups de bâton ; au milieu des supplices, il disait :
" Gloire à Vous, Jésus, mon Souverain Seigneur ; ayez pitié de moi, qui ne suis qu'un pêcheur très indigne."
Et encore :
" Gloire à Vous, Seigneur, qui me jugez digne de souffrir pour Votre nom !"
Enfin, par ordre de Maximien, il fut décapité avec ses compagnons saint Large et saint Smaragde, et vingt autres confesseurs qui devinrent par ce supplice de très illustres martyrs.
Saint Cyriaque dit encore juste avant l'exécution de la sentence :
" Seigneur Jésus, gloire à Vous ! Ayez pitié de moi, Votre indigne serviteur ; je Vous rends grâces, mon Dieu, qui me permettez de souffrir pour Votre saint nom !"
Cette exécution fut faite hors des murs de la ville, sur la voie Salaria, en un lieu nommé les Thermes de Salluste. Les saints corps furent transférés par le pape saint Marcellin dans le champs de Lucine sue la voie d'Ostie : ce qui arriva le 8 août.
Le martyrologe romain en fait une très honorable mémoire, et remarque que leurs corps ont été depuis transféré dans la ville et déposés avec honneur dans la diaconnie de la bienheureuse Vierge Marie, in via Lata.
En 1049, le pape Léon IX accorda le bras de saint Cyriaque à l'abbaye d'Altorf en Alsace. C'est de là que cette ancienne abbaye porte dans ses titres celui de Saint-Cyriaque.
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mercredi, 07 août 2024
7 août. Saint Gaëtan de Thiène, fondateurs des Clercs réguliers dits Théatins. 1547.
Saint Gaëtan de Thiène.
Saint Gaëtan de Thiène d'après un portrait exécuté de son vivant.
Ce saint mérite que l'on relève particulièrement l'importance de sa vie et de ses oeuvres. En effet, il fait partie de ces grands personnages qui fondèrent un corps de clercs combattants pour défaire les hérétiques du XVIe siècle et pour réformer les mœurs dépravées des catholiques de leur temps.
Notre saint naquit à Vicenze, ville de la république de Venise, en 1480. Fruit de l'illustre famille des Thiène, très célèbre par d'excellents personnages qui en étaient sortis et que l'on avait vus se distinguer dans les dignités de l’Église et dans la profession des armes, il fut consacré à Marie dès le sein de sa mère, puis ensuite à sa naissance. On lui donna le nom de Gaétan, pour conserver un célèbre nom familial ; mais on y ajouta le nom de Marie, pour marquer sa consécration à la Reine du Ciel.
En effet, outre le fameux Gaëtan de Thiène, chanoine de Padoue, qui a laissé des Commentaires sur la philosophie naturelle d'Aristote et qui passait pour le prince des théologiens de son siècle (XIVe), il y eu plusieurs prélats, vice-légats et cardinaux de cette maison, des gouverneurs de Milan et des vice-rois de Naples. La France a connu en particulier le seigneur Nicolas de Thiène, page de François Ier, qui fut un fameux capitaine d'ordonnance sous Henri II puis un Ligueur habile, et qui en épousant Jeanne de Villars, fille du marquis de Villars, Grand amiral de France, forma la souche de la branche tourangelle des Thiène.
Gaétan de Sainte-Marie montra de bonne heure un grand amour pour les pauvres ; ce fut là, du reste, un des beaux caractères de toute sa vie. Son coeur d'enfant, tendre et délicat, le faisait pleurer souvent à la vue des misères qui s'offraient à lui ; les pauvres, qui le connaissaient tous, l'appelait leur petit ami, en attendant qu'il fût leur père. L'enfant leur rendait mille petits services, et lorsqu'il recevait quelque argent de ses parents à titre de récompense, il n'avait rien de plus pressé que de le distribuer à ses chers mendiants. La petite somme était toujours vite épuisée ; alors Gaétan mettait en mouvement tous les ressorts de sa jeune politique, et il finissait toujours par reconstituer son petit trésor. À bout d'expédients, il demandait l'aumône à ses parents pour l'amour de Dieu.
Saint Gaëtan de Thiène à l'autel. Jacopo Palma le Jeune. XVIe.
Après avoir fait de brillantes études - il devint un excellent orateur, un philosophe de tout premier ordre et un jurisconsulte très doué : il obtint le grade de docteur en droit canon et en droit civil -, il bâtit une église sous l'invocation de sainte Marie-Madeleine dans ses domaines à Rampazzo, avec l'aide de son frère aîné Jean-Baptiste, pour y exercer le saint ministère et permettre aux villageois trop éloignés de l'église paroissiale d'assister plus commodément à la sainte messe.
Comme il était très simple et même négligé dans ses vêtements, son père se fâchait souvent et l'accusait de déshonorer son nom en se mêlant aux mendiants. Le plus souvent Gaétan répondait à ce reproche par son silence. Il s'occupa avec zèle des ouvriers, ce qui lui attira la persécution de ses proches, puis l'admiration de tous, quand on vit son ministère opérer de grands fruits de sanctification. Partout où il allait, sa première visite était pour les pauvres et les malades.
A Rome, à l'invitation du pape Jules II qui le pria de demeurer à sa cour, Gaétan, plein du désir de donner au clergé des modèles à imiter quoique peu enclin à vivre ainsi dans la proximité du gouvernement de l'Eglise (il fut néanmoins protonotaire), contribua à la réformation des moeurs douteuses qui régnaient alors dans la ville sainte et en particulier hélas dans certaines branches de la curie.
Par un bref d'extra tempora (lequel permet de surseoir au cursus traditionnel de formation du prêtre) et une dispense des interstices (qui permet d'éviter le temps traditionnel entre chaque réception des degrés de l'ordre), le pape lui permit de recevoir la prêtrise en trois fêtes proches les unes des autres.
Un jour de Noël, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un petit enfant ; il Le prit dans ses bras et Le caressa longtemps, pendant que son cœur se fondait d'amour.
Il se mit dès lors sous la conduite spirituelle du Révérend Père Jean-Baptiste de Crema, dominicain, et sa vertu d'obéissance s'y exerça avec une très sainte ponctualité, faisant l'admiration même de son directeur.
Bientôt, il fonda, de concert avec quelques saints prêtres, la congrégation des Théatins. Le premier des compagnons de saint Gaëtan fut Gian-Pietro (Jean-Pierre) Caraffa della Stadera, alors évêque de Théate (ou Chieti) dans le royaume de Naples, et archevêque de Brindes puis cardinal et pape sous le nom de Paul IV, un des grands pape de la lutte contre l'hérésie et auteur de la fameuse bulle Cum ex apostolatus. Le deuxième fut Paul Consiglieri, de la famille des Ghisleri, qui joignit toute sa vie une éminente sainteté à une sagesse et une prudence consommées. Le troisième fut Boniface de Colle, d'une ancienne maison de la ville d'Alexandrie dans le Milanais.
La confiance absolue en Dieu valait plus pour lui que tous les conseils de la prudence humaine, et nulle part la Providence ne le laissa manquer du nécessaire. Il convient de noter que jamais, et ce fut la volonté de notre saint, le service des pauvres et des malades ne fut séparés du combat contre l'hérésie ; l'un étant la source de charité de l'autre.
Voici les principales fins de ce saint institut :
1. donner un modèle aux clercs, qui vivaient à cette époque dans de graves désordres et avaient grand besoin de réforme ;
2. donner l'exemple d'une parfaite pauvreté ;
3. rétablir la propreté des églises et des autels et la majesté des saintes cérémonies, qui se faisaient alors sans révérences et donnaient lieu aux hérétiques de les décrier et de les faire passer pour des superstitions ;
4. animer les fidèles à la fréquentation des Sacrements qui étaient alors si peu en usage qu'un nombre scandaleux de Chrétiens ne se confessait et ne communiait qu'une fois l'an sans grand dessein d'un amendement sincère, et avec une nonchalance qui faisait gémir le peu de gens de bien qu'il restait ;
5. d'annoncer d'une manière savante et pieuse la parole de Dieu, que les prédicateurs d'alors mêlaient souvent à un langage profane et ridicule ;
6. de visiter les malades pour les disposer à recevoir les Sacrements et surtout fortifier les agonisants contre les tentations du démon et les assauts de la mort ;
7. accompagner les malfaiteurs au supplice, afin de leur faire éviter la rigueur des châtiments éternels ;
8. poursuivre partout les hérésies qui s'étaient renouvelées depuis quelques années par l'impiété de Luther et de quelques autres apostats d'Allemagne et d'ailleurs.
Le Saint était déjà âgé quand il tomba malade, à Naples ; il refusa un matelas et voulut mourir sur la cendre et le cilice ; il refusa aussi un médecin extraordinaire, disant :
" Je suis un pauvre religieux, qui ne vaut pas la peine d'être assisté."
Urbain VIII béatifia saint Gaëtan en 1629 et Clément X le canonisa en 1669.
Les Théatins reçurent de grands privilèges de la part de l'un de leur fondateur, le pape Paul IV. Ils donnèrent à l’Église un nombre conséquent de prélats aussi saints que savants, dont le fameux TRP Ventura de Raulica au XIXe siècle auteur entre autres de ce mot fameux ; " la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas ".
CULTE ET RELIQUES
Saint Gaëtan fut enterré au cimetière Saint-Paul à Naples. Il est devenu l'un des principaux patrons de cette ville où il est en grande dévotion. Sa statue est au côté de celle de saint Janvier sur toutes les portes de cette ville.
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mardi, 06 août 2024
6 août. La Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ. 32.
Saint Grégoire le Grand.
La Transfiguration. Fra Angelico. Florence. XVe.
Le mont Thabor, où s'accomplit la Transfiguration du Sauveur, est la plus haute montagne de la Galilée ; on y jouit d'un magnifique panorama sur toute cette partie de la Terre Sainte. C'est là que Jésus manifesta Sa gloire aux trois disciples qui devaient être témoins de Sa douloureuse agonie au jardin des Oliviers, Pierre, Jacques et Jean. Son visage devint éclatant comme le soleil, Ses habits blancs comme la neige : la gloire de Sa divinité rejaillit sur tout Son corps. Moïse et Élie parurent à Ses côtés et s'entretenaient avec Lui de la mort qu'Il devait souffrir à Jérusalem.
La Transfiguration. David Gérard. XVIe.
Les Apôtres furent ravis d'un si merveilleux spectacle, et Pierre s'écria :
" Seigneur, nous sommes bien ici ; faisons-y trois tentes, une pour Vous, une pour Moïse et une pour Élie."
Il parlait encore, quand une nuée lumineuse les couvrir, et une voix se fit entendre :
" Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en qui J'ai mis toutes Mes complaisances ; écoutez-Le."
Les trois Apôtres furent saisis de frayeur et tombèrent par terre ; mais Jésus, S'approchant d'eux, les toucha et leur dit de se lever ; ils le firent et n'aperçurent plus que le Sauveur dans Son état ordinaire. Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne pas divulguer ce qu'il avaient vu, jusqu'à ce qu'Il fût ressuscité.
La Transfiguration. Pietro Perugini. XVe.
Les trois témoins gardèrent le secret, mais plus tard ce fait extraordinaire servit admirablement à tous les Apôtres pour prouver la divinité du Sauveur ; il leur servit aussi pour supporter avec courage les épreuves de leur apostolat.
Basilique de la Transfiguration. Mont Thabor. Terre Sainte.
Ce mystère confirme plusieurs articles de notre foi. La Trinité nous apparaît dans les trois personnes divines qui interviennent : le Père, qui rend témoignage à Son Fils ; le Fils, qui montre Sa gloire ; le Saint-Esprit, qui couvre tout ce tableau sous la forme d'une nuée resplendissante. L'Incarnation brille avec éclat dans la Transfiguration, puisque Jésus nous apparaît en même temps comme Homme et comme Dieu, vrai Fils de Dieu : " Celui-ci est Mon Fils bien-aimé ".
Nef et choeur de la basilique de la Transfiguration.
Enfin nous y voyons une image de la résurrection du Sauveur et de la résurrection de tous les justes à la vie glorieuse ; et c'est ce qui fait dire à l'Église cette belle prière :
" Ô Dieu, qui, dans la glorieuse Transfiguration de Jésus Votre Fils unique, avez confirmé les mystères de notre foi et avez marqué l'adoption parfaite de Vos enfants par la voix céleste qui est partie de la nue, rendez-nous cohéritiers de ce Roi de gloire, et donnez-nous part aux splendeurs de Son règne."
Fresque de la Transfiguration. Basilique de la Transfiguration.
Le mont Thabor a toujours été en vénération dans l'Église ; les pèlerins de Terre Sainte ne manquent jamais de le visiter. Une nouvelle basilique y a été construite au début du siècle dernier.
Vue de la vallée depuis le Mont Thabor. Terre Sainte.
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lundi, 05 août 2024
5 août. Notre-Dame des Neiges, dédicace de la basilique Sainte-Marie-Majeure. 366.
" La neige la plus pure n'est qu'un emblème imparfait de la pureté virginale de la très-sainte Virge Marie."
Sophrom. epise., de Assumpt. B. M. V.
Fresque du couronnement de la très-sainte Vierge Marie. Détail.
Rome, que Pierre, au premier de ce mois, a délivrée de la servitude, offre un spectacle admirable au monde. Sagesse, qui depuis la glorieuse Pentecôte avez parcouru la terre, en quel lieu fut-il vrai à ce point de chanter que vous avez foulé de vos pieds victorieux les hauteurs superbes (Eccli. XXIV, 8-11.) ? Rome idolâtre avait sur sept collines étalé son faste et bâti les temples de ses faux dieux ; sept églises apparaissent comme les points culminants sur lesquels Rome purifiée appuie sa base désormais véritablement éternelle.
Or cependant, par leur site même, les basiliques de Pierre et de Paul, celles de Laurent et de Sébastien, placées aux quatre angles extérieurs de la cité des Césars, rappellent le long siège poursuivi trois siècles autour de l'ancienne Rome et durant lequel la nouvelle fut fondée. Hélène et son fils Constantin, reprenant le travail des fondations de la Ville sainte, en ont conduit plus avant les tranchées ; toutefois l'église de Sainte-Croix-en-Jérusalem, celle du Sauveur au Latran, qui furent leur œuvre plus spéciale, n'en restent pas moins encore au seuil de la ville forte du paganisme, près de ses portes et s'appuyant aux remparts : tel le soldat qui, prenant pied dans une forteresse redoutable, investie longtemps, n'avance qu'à pas comptés , surveillant et la brèche qui vient de lui donner passage, et le dédale des voies inconnues qui s'ouvrent devant lui.
Façade de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Rome.
Qui plantera le drapeau de Sion au centre de Babylone ? Qui forcera l'ennemi dans ses dernières retraites, et chassant les idoles vaincues, fera son palais de leurs temples ? Ô vous à qui fut dite la parole du Très-Haut : Vous êtes mon Fils, je vous donnerai les nations en héritage (Psalm. II.) ; Ô très puissant, aux flèches aiguës renversant les phalanges (Psalm. XLIV.), écoutez l'appel que tous les échos de la terre rachetée vous renvoient eux-mêmes : Dans votre beauté, marchez au triomphe, et régnez (Ibid.) Mais le Fils du Très-Haut a aussi une mère ici-bas ; le chant du Psalmiste, en l'appelant au triomphe, exalte aussi la reine qui se tient à sa droite en son vêtement d'or (Ibid.) : si de son Père il tient toute puissance (Matth. XXVIII, 18.), de son unique mère il entend recevoir sa couronne (Cant. III, 11.), et lui laisse en retour les dépouilles des forts (Psalm. LXVII, 13 ; Isai. LIII, 12.). Filles de la nouvelle Sion, sortez donc, et voyez le roi Salomon sous le diadème dont l'a couronné sa mère au jour joyeux où, prenant par elle possession de la capitale du monde, il épousa la gentilité (Cant. III, 11.).
Jour, en effet, plein d'allégresse que celui où Marie pour Jésus revendiqua son droit de souveraine et d'héritière du sol romain ! A l'orient, au plus haut sommet de la Ville éternelle, elle apparut littéralement en ce matin béni comme l'aurore qui se lève, belle comme la lune illuminant les nuits, plus puissante que le soleil d'août surpris de la voir à la fois tempérer ses ardeurs et doubler l'éclat de ses feux par son manteau de neige, terrible aussi plus qu'une armée (Cant. VI, 9.) ; car, à dater de ce jour, osant ce que n'avaient tenté apôtres ni martyrs, ce dont Jésus même n'avait point voulu sans elle prendre pour lui l'honneur, elle dépossède de leurs trônes usurpés les divinités de l'Olympe. Comme il convenait, l'altière Junon, dont l’autel déshonorait l'Esquilin, la fausse reine de ces dieux du mensonge fuit la première à l'aspect de Marie, cédant les splendides colonnes de son sanctuaire souillé à la seule vraie impératrice de la terre et des deux.
Arrière de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Rome.
Quarante années avaient passé depuis ces temps de Silvestre où " l'image du Sauveur, tracée sur les murs du Latran, apparut pour la première fois, dit l'Eglise, au peuple romain " (Lectiones IIi Noct. in Dedic. basilicae Salvatoris.). Rome, encore à demi païenne, voit aujourd'hui se manifester la Mère du Sauveur; sous la vertu du très pur symbole qui frappe au dehors ses yeux surpris, elle sent s'apaiser les ardeurs funestes qui firent d'elle le fléau des nations dont maintenant elle aussi doit être la mère, et c'est dans l'émotion d'une jeunesse renouvelée qu'elle voit les souillures d'autrefois céder la place sur ses collines au blanc vêtement qui révèle l'Epouse (Apoc. XIX, 7-8.).
Déjà, et dès les temps de la prédication apostolique, les élus que le Seigneur, malgré sa résistance homicide, recueillait nombreux dans son sein, connaissaient Marie, et lui rendaient à cet âge du martyre des hommages qu'aucune autre créature ne reçut jamais: témoin, aux catacombes, ces fresques primitives où Notre-Dame, soit seule, soit portant l'Enfant-Dieu, toujours assise, reçoit de son siège d'honneur, la louange, les messages, la prière ou lès dons des prophètes, des archanges et des rois (Cimetières de Priscille, de Néréc et Achillée, etc.). Déjà dans la région transtibérine, au lieu où sous Auguste avait jailli l'huile mystérieuse annonçant la venue de l'oint du Seigneur, Calliste élevait vers l'an 222 une église à celle qui demeure à jamais le véritable fons olei, la source d'où sort le Christ et s'écoule avec lui toute onction et toute grâce. La basilique que Libère, aimé de Notre-Dame, eut la gloire d'élever sur l'Esquilin, ne fut donc pas le plus ancien monument dédié par les chrétiens de Rome à la Mère de Dieu ; la primauté qu'elle prit dès l'abord, et conserva entre les églises de la Ville et du monde consacrées à Marie, lui fut acquise par les circonstances aussi solennelles que prodigieuses de ses origines.
La basilique de Sainte-Marie-des-Neiges, appelée aussi de Libère son fondateur, ou de Sixte troisième du nom qui la restaura, dut à ce dernier de devenir le monument de la divine maternité proclamée à Ephèse ; le nom de Sainte-Marie-Mère, qu'elle reçut à cette occasion, fut complété sous Théodore Ier (642-649), qui l'enrichit de sa relique la plus insigne, par celui de Sainte-Marie de la Crèche : nobles appellations que résume toutes celle de Sainte-Marie Majeure, amplement justifiée par les faits que nous avons rapportés, la dévotion universelle, et la prééminence effective que lui maintinrent toujours les Pontifes romains.
Fresque du couronnement de la très-sainte Vierge Marie.
La dernière dans l'ordre du temps parmi les sept églises sur lesquelles Rome chrétienne est fondée, elle ne cédait le pas au moyen âge qu'à celle du Sauveur ; dans la procession de la grande Litanie au 25 avril, les anciens Ordres romains assignent à la Croix de Sainte-Marie sa place entre la Croix de Saint-Pierre au-dessous d'elle et celle de Latran qui la suit (Museum italicum : Joann. Diac. Lib. de Eccl. Lateran. XVI, de episcopis et cardinal, per patriarchatus dispositis ; romani Ordin. XI, XII.). Les importantes et nombreuses Stations liturgiques indiquées à la basilique de l'Esquilin, témoignent assez de la piété romaine et catholique à son endroit. Elle eut l'honneur de voir célébrer des conciles en ses murs et élire les vicaires de Jésus-Christ ; durant un temps ceux-ci l'habitèrent, et c'était la coutume qu'aux mercredis des Quatre-Temps, où la Station reste toujours fixée dans son enceinte, ils y publiassent les noms des Cardinaux Diacres ou Prêtres qu'ils avaient résolu de créer (Paulus de Angelis, Basilicae S. Mariœ Maj. descriptio, VI, v.).
Quant à la solennité anniversaire de sa Dédicace, objet de la fête présente, on ne peut douter qu'elle n'ait été célébrée de bonne heure sur l'Esquilin. Elle n'était pas encore universelle en l'Eglise, au XIIIe siècle ; Grégoire IX en effet, dans la bulle de canonisation de saint Dominique qui était passé le six août de la terre au ciel, anticipe sa fête au cinq de ce mois comme étant libre encore, à la différence du six occupé déjà, comme nous le verrons demain, par un autre objet. Ce fut seulement Paul IV qui, en 1558, fixa définitivement au quatre août la fête du fondateur des Frères Prêcheurs ; or la raison qu'il en donne est que la fête de Sainte-Marie-des-Neiges, s'étant depuis généralisée et prenant le pas sur la première, aurait pu nuire dans la religion des fidèles à l'honneur dû au saint patriarche, si la fête de celui-ci continuait d'être assignée au même jour (Pauli IV Const. Gloriosus in Sanctis suis.). Le bréviaire de saint Pie V promulguait peu après pour le monde entier l'Office dont voici la Légende.
Sous le pontificat du Pape Libère, Ie patrice romain Jean et son épouse d'égale noblesse, n'ayant point eu d'enfants auxquels ils pussent laisser leurs biens après eux, vouèrent leur héritage à la très sainte Vierge Mère de Dieu, la suppliant par de ferventes et assidues prières de signifier en quelque manière l'œuvre pie à laquelle elle préférait qu'on employât cet argent. La bienheureuse Vierge Marie, écoutant avec bonté ces prières et ces vœux partis du cœur, y répondit par un miracle.
Fresque de l'Epiphanie. Basilique Sainte-Marie-Majeure. Rome.
Aux nones d'août, époque habituelle pour Rome des plus grandes chaleurs, la neige couvrit de nuit une partie de la colline Esquiline. Cette même nuit, la Mère de Dieu donnait en songe avis à Jean et à son épouse, séparément, qu'ils eussent à construire au lieu qu'ils verraient couvert de neige une église qui serait consacrée sous le nom de la Vierge Marie : ainsi voulait-elle être instituée leur héritière. Jean l'ayant fait savoir au Pape Libère, celui-ci déclara avoir eu la même vision.
Solennellement accompagné des prêtres et du peuple, il vint donc à la colline couverte de neige, et y détermina l'emplacement de l'église qui fut élevée aux frais de Jean et de son épouse. Sixte III la restaura plus tard. On l'appela d'abord de divers noms, basilique de Libère, Sainte-Marie de la Crèche. Mais de nombreuses églises ayant été bâties dans la Ville sous le nom de la sainte Vierge Marie, pour que la basilique qui l'emportait sur les autres de même nom en dignité et par l'éclat de sa miraculeuse origine, fût aussi distinguée par l'excellence de son titre, on la désigna sous celui d'église de Sainte-Marie- Majeure. On célèbre la solennité anniversaire de sa dédicace en souvenir du miracle de la neige tombée en ce jour.
Monument du Pape Paul V. Chapelle Borghese.
" Quels souvenirs, Ô Marie, ravive en nous cette fête de votre basilique Majeure ! Et quelle plus digne louange, quelle meilleure prière pourrions-nous vous offrir aujourd'hui que de rappeler, en vous suppliant de les renouveler et de les confirmer à jamais, les grâces reçues par nous dans son enceinte bénie ? N'est-ce pas à son ombre, qu'unis à notre mère l'Eglise en dépit des distances, nous avons goûté les plus douces et les plus triomphantes émotions du Cycle inclinant maintenant vers son terme ?
C'est là qu'au premier dimanche de l'Avent a commencé l'année, comme dans " le lieu le plus convenable pour saluer l'approche du divin Enfantement qui devait réjouir le ciel et la terre, et montrer le sublime prodige de la fécondité d'une Vierge " (Temps de l'Avent). Débordantes de désir étaient nos âmes en la Vigile sainte qui, dès le matin, nous conviait dans la radieuse basilique " où la Rose mystique allait s'épanouir enfin et répandre son divin parfum. Reine de toutes les nombreuses églises que la dévotion romaine a dédiées à la Mère de Dieu, elle s'élevait devant nous resplendissante de marbre et d'or, mais surtout heureuse de posséder en son sein, avec le portrait de la Vierge Mère peint par saint Luc, l'humble et glorieuse Crèche que les impénétrables décrets du Seigneur ont enlevée à Bethléhem pour la confier à sa garde. Durant la nuit fortunée, un peuple immense se pressait dans ses murs, attendant l'heureux instant où ce touchant monument de l'amour et des abaissements d'un Dieu apparaîtrait porté sur les épaules des ministres sacrés, comme une arche de nouvelle alliance, dont la vue rassure le pécheur et fait palpiter le cœur du juste " (Le Temps de Noël).
Tombeau de saint Pie V. Détail. Chapelle Sixtine.
Basilique Sainte-Marie-Majeure. Rome.
Hélas ! Quelques mois écoulés à peine nous retrouvaient dans le noble sanctuaire, " compatissant cette fois aux douleurs de notre Mère dans l'attente du sacrifice qui se préparait " (La Passion ; Station du Mercredi saint). Mais bientôt, quelles allégresses nouvelles dans l'auguste basilique !
" Rome faisait hommage delà solennité pascale à celle qui, plus que toute créature, eut droit d'en ressentir les joies, et pour les angoisses que son cœur maternel avait endurées, et pour sa fidélité à conserver la foi de la résurrection durant les cruelles heures que son divin Fils dut passer dans l'humiliation du tombeau." ( Le Temps Pascal, t. I,p. 185.).
Eclatant comme la neige qui vint du ciel marquer le lieu de votre prédilection sur terre, Ô Marie, un blanc troupeau de nouveau-nés sortis des eaux formait votre cour gracieuse et rehaussait le triomphe de ce grand jour. Faites qu'en eux comme en nous tous, ô Mère, les affections soient toujours pures comme le marbre blanc des colonnes de votre église aimée, la charité resplendissante comme l’or qui brille à ses lambris, les œuvres lumineuses comme le cierge de la Pâque, symbole du Christ vainqueur de la mort et vous faisant hommage de ses premiers feux."
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