UA-75479228-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 05 septembre 2023

5 septembre. Saint Laurent Justinien, premier patriarche de Venise, confesseur. 1455.

- Saint Laurent Justinien, premier patriarche de Venise, confesseur. 1455.

Papes : Nicolas V ; Calixte III. Roi de France : Charles VII. Souverain du Saint-Empire : Frédéric III de Habsbourg. Roi de Castille et de Léon : Henri IV. Roi d'Aragon et de Naples : Alphonse V le Magnanime.

" Le premier sacrifice de justice que l'homme doit faire à Dieu, celui qui Lui est le plus agréable et qui le fait avancer davantage dans la perfection, c'est le sacrifice d'un coeur contrir à cause de ses péchés passés."
Esprit de saint Laurent Justinien.

Buste de saint Laurent Justinien. Venise.
 
Laurent naquit à Venise de l'illustre famille des Justiniani (ou Giustiniani). Il montra dès l'enfance une gravité rare. Son adolescence se passait dans les exercices de la piété, lorsque, invité par la Sagesse divine aux noces très pures du Verbe et de l'âme, il conçut la pensée d'embrasser l'état religieux. C'est pourquoi, préludant secrètement à cette milice nouvelle, il affligeait son corps en différentes manières et couchait sur la planche nue. Puis, comme un arbitre appelé à prononcer, il prenait séance entre, d'une part, les austérités du cloître, de l'autre, les douceurs du siècle et le mariage que lui préparait sa mère ; alors, tournant les yeux vers la croix du Christ souffrant : " C'est vous, disait-il, Seigneur, qui êtes mon espérance ; c'est là que vous avez placé pour moi votre asile très sûr."

Ce fut vers la congrégation des chanoines réguliers de Saint-Georges-in-Alga que le porta sa ferveur. On l'y vit inventer de nouveaux tourments pour sévir plus durement contre lui-même, se déclarant une guerre d'ennemi acharné, ne se permettant aucun plaisir.

Plus jamais il n'entra dans le jardin de sa famille, ni dans la maison paternelle, si ce n'est pour rendre les derniers devoirs à sa mère mourante, ce qu'il fit sans une larme. Non moindre était son zèle pour l'obéissance, la douceur, l'humilité surtout : il allait au-devant des offices les plus abjects du monastère ; il se plaisait à mendier par les lieux les plus fréquentés de la ville, cherchant moins la nourriture que l'opprobre ; les injures, les calomnies ne pouvaient l'émouvoir ni lui l'aire rompre le silence.

Quand, par une grande chaleur, on lui proposait de boire :
" Si nous ne pouvons supporter la soif, disait-il, comment supporterons-nous le feu du purgatoire ?"

Saint Laurent Justinien général de son ordre.
Francesco Morone. XVIe.
 
Il dut un jour subir une opération par le fer et par le feu ; aucune plainte ne sortit de sa bouche : " Allons, disait-il au chirurgien dont la main tremblait, coupez hardiment ; cela ne vaut pas les ongles de fer avec lesquels on déchirait les martyrs."

A un frère qui se lamentait parce que le grenier de la communauté avait brûlé : " Pourquoi donc, dit-il, avons-nous fait le voeu de pauvreté ? Cet incendie est une grâce de Dieu pour nous !"
Ses vertus l'élevèrent bientôt aux fonctions de général de son Ordre.

Saint Laurent Justinien adorant le Saint Enfant Jésus
dans une vision. Giordano Luca.
Eglise Sainte Marie-Madeleine. Rome. XVII.

Son grand secours était dans la prière continuelle ; souvent l'extase le ravissait en Dieu ; telle était l'ardeur dont brûlait son âme, qu'elle embrasait ses compagnons, les prémunissant contre la défaillance, les affermissant dans la persévérance et l'amour de Jésus-Christ.

Vision de saint Laurent Justinien. A. Pellegrini. XVIIe.
 
Elevé par Eugène IV à l'épiscopat de sa patrie, l'effort qu'il fit pour décliner l'honneur ne fut dépassé que par le mérite avec lequel il s'acquitta de la charge. Il ne changea en rien sa manière de vivre, gardant jusqu'à la fin pour la table, le lit, l'ameublement, la pauvreté qu'il avait toujours pratiquée. Il ne retenait à ses gages qu'un personnel réduit de familiers, disant qu'il avait une autre grande famille, par laquelle il entendait les pauvres du Christ. Quelle que fût l'heure, on le trouvait toujours abordable ; sa paternelle charité se donnait a tous, n'hésitant pas à s'endetter pour soulager la misère.

Comme on lui demandait sur quelles ressources il comptait, ce faisant, il répondait :
" Sur celles de mon Seigneur, qui pourra facilement payer pour moi."

Saint Laurent Justinien donnant la sainte communion
à des religieuses cloîtrées. F. Morone.
 
 Et toujours, par les secours les plus inattendus, la Providence divine justifiait sa confiance : " Allons quêter des mépris, disait-il à son compagnon de quête, lorsqu'il y avait quelque avanie à souffrir ; nous n'avons rien fait, si nous n'avons renoncé au monde."

Il bâtit plusieurs monastères de vierges, et forma diligemment leurs habitantes à marcher dans les voies de la vie parfaite. Son zèle s'employa à détourner les matrones vénitiennes des pompes du siècle et des vaines parures, comme à réformer la discipline ecclésiastique et les mœurs.

Aussi fût-ce à bon droit que le même Eugène IV l'appela, en présence des cardinaux, la gloire et l'honneurde la prélature. Ce fut également pour reconnaître son mérite, que le successeur d'Eugène, Nicolas V, ayant transféré le titre patriarcal de Grado à Venise, l'institua premier patriarche de cette ville.

Saint Laurent Justinien prenant possession de
l'archevêché-patriarcat de Venise. Domenico Corvi.
Basilique Saint-Marc. Venise. XVIIe.
 
Honoré du don des larmes, il offrait tous les jours au Dieu tout-puissant l'hostie d'expiation. C'est en s'en acquittant une fois dans la nuit de la Nativité du Seigneur, qu'il mérita de voir sous l'aspect d'un très bel enfant le Christ Jésus. Efficace était sa garde autour du bercail à lui confié ; un jour, on sut du ciel que l'intercession et les mérites du Pontife avaient sauvé la république. Eclairé de l'esprit de prophétie, il annonça d'avance plusieurs événements que nul homme ne pouvait prévoir.

Maintes fois ses prières mirent en fuite maladies et démons. Bien qu'il n'eût presque point étudié la grammaire, il a laissé des livres remplis d'une céleste doctrine et respirant l'amour.

Cependant la maladie qui devait l'enlever de ce monde venait de l'atteindre ; ses gens lui préparaient un lit plus commode pour sa vieillesse et son infirmité ; mais lui, manifestant sa répulsion pour des délices trop peu en rapport avec la dure croix de son Seigneur mourant, voulut qu'on le déposât sur sa couche ordinaire. Sentant venue la fin de sa vie : " Un chrétien, dit-il avec saint Martin, doit mourir sur la cendre et le cilice." " Je viens à vous, Ô bon Jésus !" dit-il, les yeux levés au ciel. Ce fut le huit janvier qu'il s'endormit dans le Seigneur.

Saint Laurent Justinien sur son lit de mort. F. Morone.

Combien sa mort avait été précieuse, c'est ce qu'attestèrent les concerts angéliques entendus par plusieurs Chartreux, et la conservation de son saint corps qui, pendant plus de deux mois que la sépulture en fut dilférée, demeura sans corruption, avec les couleurs de la vie et exhalant un suave parfum. D'autres miracles suivirent aussi cette mort, lesquels amenèrent le Souverain Pontife Alexandre VIII à l'inscrire au nombre des Saints. Innocent XII désigna pour sa fête le cinquième jour de septembre, où il avait été d'abord élevé sur la chaire des pontifes.

EXTRAITS DE SAINT LAURENT JUSTINIEN

" Venez, vous tous que sollicite l'attrait du bien immuable, et qui vainement le demandez à ce siècle qui passe ; je vous dirai ce que le ciel a fait pour moi. Comme vous jadis je cherchais fiévreusement ; et ce monde extérieur ne donnait point satisfaction à mon désir brûlant. Mais, par la divine grâce qui nourrissait mon angoisse, enfin m'est apparue, plus belle que le soleil, plus suave que le baume, Celle dont alors le nom m'était ignoré. Venant à moi, combien son visage, était doux ! combien pacifiante était sa voix, me disant : " Ô toi dont la jeunesse est toute pleine de l'amour que je t'inspire, pourquoi répandre ainsi ton cœur ? La paix que tu cherches par tant de sentiers divers est avec moi ; ton désir sera comblé, je t'en donne ma foi : si, cependant, tu veux de moi pour épouse."

J'avoue qu'à ces mots défaillit mon cœur ; mon âme fut transpercée du trait de son amour. Comme toutefois je désirais savoir son nom, sa dignité, son origine, die me dit qu'elle se nommait la Sagesse de Dieu, laquelle, invisible d'abord au sein du Père, avait pris d'une Mère une nature visible pour être plus facilement aimée. Alors, en grande allégresse, je lui donnai consentement ; et elle, me donnant le baiser, se retira joyeuse."

[...] " Depuis, la flamme de son amour a été croissant, absorbant mes pensées. Ses délices durent toujours ; c'est mon épouse bien-aimée, mon inséparable compagne. Par elle, la paix que je cherchais fait maintenant ma joie. Aussi, écoutez-moi, vous tous : allez à elle de même; car elle met son bonheur à ne rebuter personne."

Saint Laurent Justinien. Fasciculus amoris, chap. XVI.

PRIERE ET ELOGE DE SAINT LAURENT JUSTINIEN

" Ô Sagesse qui résidez sur votre trône sublime, Verbe par qui tout fut fait, soyez-moi propice dans la manifestation des secrets de votre saint amour."

C'était, Laurent, votre prière, lorsque craignant d'avoir à répondre du talent caché si vous gardiez pour vous seul ce qui pouvait profitera plusieurs, vous résolûtes de divulguer d'augustes mystères. Soyez béni d'avoir voulu nous faire partager le secret des cieux. Par la lecture de vos dévots ouvrages, par votre intercession près de Dieu, attirez-nous vers les hauteurs comme la flamme purifiée qui ne sait plus que monter toujours. Pour l'homme, c'est déchoir de sa noblesse native que de chercher son repos ailleurs qu'en Celui dont il est l'image. Tout ici-bas n'est que pour nous traduire l'éternelle beauté, nous apprendre à l'aimer, chanter avec nous notre amour.

Quelles délices ne furent pas les vôtres, à ces sommets de la charité, voisins du ciel, où conduisent les sentiers de la vérité qui sont les vertus ! C'est bien de vous-même en cette vie mortelle que vous faites le portrait, quand vous dites de l'âme admise à l'ineffable intimité de la Sagesse du Père : Tout lui profite ; où qu'elle se tourne, elle n'aperçoit qu'étincelles d'amour ; au-dessous d'elle, le monde qu'elle a méprisé se dépense à servir sa flamme ; sons, spectacles, suavités, parfums, aliments délectables, concerts de la terre et rayonnement des cieux, elle n'entend plus, elle ne voit plus dans la nature entière qu'une harmonie d'épithalame et le décor de la fête où le Verbe l'a épousée. Ô ! Puissions-nous marcher comme vous à la divine lumière, vivre d'union et de désir, aimer plus toujours, pour toujours être aimé davantage."

De castoconnubio Verbi et animae.

00:05 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 10 août 2023

10 août. Saint Laurent, archidiacre de l'église de Rome, martyr. 259.

- Saint Laurent, archidiacre de l'église de Rome, martyr. 259.

Pape : Vacance (saint Sixte II, 258+ ; saint Denys 260). Empereurs romains : Valérien ; Gallien (Trente tyrans).

" Le feu qui dévore son corps n'est rien par rapport à celui qui embrase son âme."
Saint Léon. Serm. de S. Laurentio.


Saint Laurent. Giovanni di Piero. XVe.

Saint Laurent fut l'un des plus illustres martyrs de l'Église. Ses vertus, son mérite, lui gagnèrent l'affection du Pape Sixte II, qui le choisit comme son premier diacre.

L'an 258, le Pape fut arrêté et condamné à mort. Comme on le conduisait au supplice, Laurent, son diacre, le suivait en pleurant :
" Où allez-vous, mon père, disait-il, sans votre fils ? Où allez-vous, saint Pontife, sans votre diacre? Jamais vous n'offriez le sacrifice sans que je vous servisse à l'autel. En quoi ai-je eu le malheur de vous déplaire ?"
Le saint Pape, ému, lui dit :
" Je ne vous abandonne point, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse vous sont réservées ; vous me suivrez dans trois jours."
Puis il lui ordonna de distribuer aux pauvres tous les trésors de l'Église, pour les soustraire aux persécuteurs : mission que Laurent accomplit avec joie.
Le préfet de Rome, à cette nouvelle, fit venir Laurent et lui demanda où étaient tous les trésors dont il avait la garde, car l'empereur en avait besoin pour l'entretien de ses troupes :
" J'avoue, lui répondit le diacre, que notre Église est riche et que l'empereur n'a point de trésors aussi précieux qu'elle; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer."
Le préfet accorda trois jours de délai.
 

Saint Laurent & saint Etienne. Mariotto di Nardo. Début XVe.

Pendant ce temps, Laurent parcourut toute la ville pour chercher les pauvres nourris aux dépens de l'Église ; le troisième jour, il les réunit et les montra au préfet, en lui disant :
" Voilà les trésors que je vous ai promis. J'y ajoute les perles et les pierres précieuses, ces vierges et ces veuves consacrées à Dieu ; l'Église n'a point d'autres richesses.
– Comment oses-tu me jouer, malheureux ? dit le préfet ; est-ce ainsi que tu outrages en moi le pouvoir impérial ?"
Puis il le fit déchirer à coups de fouets.

Laurent, après ce supplice, fut conduit en prison, où il guérit un aveugle et convertit l'officier de ses gardes, nommé Hippolyte. Rappelé au tribunal, il fut étendu sur un chevalet et torturé cruellement ; c'est alors qu'un soldat de la garde, nommé Romain, vit un Ange essuyer le sang et la sueur du martyr :
" Vos tourments, dit Laurent au juge, sont pour moi une source de délices."
Laurent fut ensuite rôti à petit feu sur un gril de fer, et quand il eut un côté tout brûlé :
" Je suis assez rôti de ce côté, dit-il au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l'autre."
 
Bientôt, les yeux au Ciel, il rendit l'âme.
 
http://i22.servimg.com/u/f22/09/04/27/32/st_lau10.jpg
Saint Laurent libère une âme du Purgatoire.
Francesco di Cenni. XIVe.
SEQUENCE
 
" Sur ses charbons Laurent paraît,méritant le laurier que signifiait son nom : admirons-le, vénérons-le dans nos louanges ; vénérons avec tremblement l'illustre Martyr, implorons-le avec amour.

Accusé, il ne se déroba pas, mais frappé résonna comme font les trompettes retentissantes : ainsi, dans les tortures, objet de ses vœux, tressaillait-il, résonnait-il en divines louanges.

Comme la corde rend sous l'archet sa mélodie, ainsi, tendu sur la lyre des tourments, il fit monter vers Jésus-Christ sa confession harmonieuse.

Vois, tyran, comme par la foi il demeure invincible parmi les coups, les menaces et les flammes : une intime espérance, une voix d'en haut le consolent, affermissent son courage.

Car les trésors que tu recherches, ce n'est pas à toi, mais à Laurent que tes tourments les acquièrent : il les entasse dans le Christ ; pour son combat, le Christ les lui garde comme récompense de triomphe.

La nuit du saint ignore l'ombre, rien dans sa peine dont le mélange puisse laisser quelque doute à sa foi : rendrait-il la lumière aux aveugles, si la lumière elle-même ne l'inondait pas ?

C'est la foi dont la confession resplendit en lui ; la lumière, il la place, non sous le boisseau, mais au milieu devant tous. Rôti comme un aliment, il plaît au serviteur de Dieu, au porteur de sa croix, d'être donné en spectacle aux Anges et aux nations.

Il ne craint pas d'être roulé sur les charbons, celui qui désire être affranchi de la chair et vivre avec le Christ ; il ne redoute pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l'âme.

Comme la fournaise éprouve le travail des potiers, endurcit la substance : ainsi le feu, cuisant le martyr, en fait par la constance un vase affermi.

Quand le vieil homme en effet se dissout, un autre se répare au bûcher qui consume l'ancien ; c'est ainsi qu'au service de Dieu s'est fortifiée merveilleusement la puissance de l'athlète.

L'ardeur dont on l'entoure n'est que rosée pour son puissant amour et son zèle de justice; un feu brûlant, non consumant, surmonte tes brasiers assemblés, ministre impie.

Si tu ne le prends, si tu ne le brises, le grain de sénevé a peu de saveur ; c'est lorsqu'il brûle sur les charbons, que l'encens exhale mieux son parfum : ainsi pressé, ainsi brûlé, le Martyr plus pleinement, sous ce labeur, sous ces ardeurs, livre l'arôme de ses vertus.

Ô Laurent, fortuné à l'excès, roi magnifique ayant vaincu le roi du monde, fort chevalier du Roi des rois, tu réputas pour rien la souffrance dans ton combat pour la justice ; tu as surmonté tant de maux en contemplant les biens du Christ : par la grâce de tes mérites, fais-nous mépriser le mal, fais-nous mettre au bien notre joie.

Amen."
 

Pierre-Paul Rubens. XVIe.
PRIERE

" Trois fois heureux le Romain, qui t'honore au lieu où tes ossements reposent ! il se prosterne en ton sanctuaire ; pressant de sa poitrine la terre, il l'arrose de ses larmes et y répand ses vœux. Nous que séparent de Rome Alpes et Pyrénées, à peine pouvons-nous soupçonner de combien de trésors elle est pleine, combien son sol est riche en sépultures sacrées. Privés de ces biens, ne pouvant voir de près les traces du sang, nous contemplons le ciel de loin. O saint Laurent, c'est là que nous allons chercher le souvenir de tes souffrances ; car tu as deux palais pour demeure : celui du corps en terre, celui de l'âme au ciel. Le ciel, ineffable cité qui te fait membre de son peuple, qui, dans les rangs de son éternel sénat, place à ton front la couronne civique ! A tes pierreries resplendissantes, on dirait l'homme que Rome céleste élit pour perpétuel consul ! Tes fonctions, ton crédit, ta puissance paraissent, aux transports des Quirites exaucés dans leurs requêtes à toi présentées. Quiconque demande est entendu ; tous prient en liberté, formulent leurs vœux ; nul ne remporte avec lui sa douleur.

Sois toujours secourable à tes enfants de la cité reine : qu'ils aient pour ferme appui ton amour de père ; qu'ils trouvent en toi la tendresse et le lait du sein maternel. Mais parmi eux, ô toi l'honneur du Christ, écoute aussi l'humble client qui confesse sa misère et avoue ses fautes. Je me sais indigne, je le reconnais, indigne que le Christ m'exauce; mais protégé par les Martyrs, on peut obtenir le remède à ses maux. Ecoute un suppliant : dans ta bonté, délie mes chaînes, affranchis-moi de la chair et du siècle.
( Prudent, ubi supra.)."

01:15 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (0)

lundi, 03 juillet 2023

3 juillet. Saint Léon II, pape et confesseur. 683.

- Saint Léon II, pape et confesseur. 683.
 
Papes : Saint Agathon (prédécesseur) ; Benoît II (successeur). Empereurs romain d'Orient : Constantin IV.
 
" La force n'est pas la vertu d'une âme médiocre ; c'est elle seule qui défend toutes les vertus ; elle est la gardienne de la justice."
Saint Ambroise. Lib. I, Offic., C, XXXIX.
 

Saint Léon II. Missel romain. Bologne. XIVe.

Après la mort du pape saint Agathon, le siège apostolique demeura vacant pendant dix-neuf mois. Ce fut après cette longue vacance que fut élu un des derniers papes du Moyen-Age, saint Léon II originaire de la Grande-Grèce, à Piano-di-San-Martino, près de Reggio. Fils de médecin, parfaitement versé dans les Saintes Ecritures, il était aussi pieux que savant, et ses bons exemples portaient tout le monde à la vertu. Devenu chanoine régulier, il prit un soin particulier des pauvres, des orphelins et des veuves.

Son court pontificat qui dura dix mois seulement, fut marqué par la confirmation du sixième concile oecuménique que son prédécesseur avait fait assembler à Constantinople pour combattre les hérétiques Monothélites ainsi appelés parce qu'ils ne reconnaissaient en Jésus-Christ qu'une volonté et une seule opération. Connaissant aussi bien la langue grecque que latine, saint Léon traduisit les actes de ce concile pour les Occidentaux, du grec au latin.

Le saint pape Léon II ordonna qu'on donnerait la paix à tous les assistants pendant la messe. Cette pieuse coutume avait été pratiquée et observée dès les premiers siècles de l'Eglise, comme on peut le constater dans les écrits de saint Denis et de saint Justin.

Le plain-chant que saint Grégoire le Grand avait composé et établi dans l'Église se trouvait alors dans une extrême confusion et décadence. Saint Léon II réforma lui-même le chant grégorien et composa aussi quelques nouvelles hymnes que l'Eglise a conservées jusqu'à nos jours.

Bien qu'il n'ait tenu le siège que dix mois et dix-sept jours, saint Léon II est un des plus excellents papes qui aient gouverné l'Eglise. Aimé et respecté de tout le monde, tant à cause de sa vertu que pour son naturel doux, affable et bienveillant, il ne manquait d'aucune des qualités requises pour exercer la charge de Pasteur suprême. Tous les fidèles le regrettèrent comme un père véritable.

On inhuma son corps dans l'église Saint-Pierre, tombeau ordinaire des souverains pontifes. On le représente embrassant un mendiant, par allusion à sa charité envers les malheureux, ou tenant un livre où se lisent des notes musicales.

00:15 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (1)

mardi, 27 juin 2023

27 juin. Saint Ladislas Ier, roi de Hongrie. 1095.

- Saint Ladislas Ier, roi de Hongrie. 1095.
Les Hongrois l'appellent saint Lazlo. Les Francs l'honorèrent longtemps sous le nom de saint Lancelot.
 
Pape : Urbain II. Roi de France : Philippe Ier. Empereur germanique : Henri IV. Anti-empereur germanique : Conrad le Franc.
 
" Un bon prince doit être pour ses sujets ce qu'est un bon père pour ceux de sa maison."
 
 
Ce grand roi, Dieu l'a rendu plus illustre encore par d'insignes miracles. Quoique nous sachions peu de chose des vertus chrétiennes qu'il a pratiquées pendant sa vie, nous en connaissons assez pour dire qu'il n'a pas été moins relevé devant Dieu par sa sainteté, qu'il l'a été devant les hommes par le sage gouvernement de ses Etats.

Il ne descendait pas en ligne directe de saint Etienne, roi et apôtre de Hongrie, dont nous donnerons la vie au 20 août, mais de Ladislas, dit le Chauve, son cousin-germain, dont il était petit-fils. Béla, son père, fut quelque temps fugitif en Pologne, pour éviter la cruauté de Pierre le Germanique, gendre du même saint Etienne, que les Hongrois avaient fait leur roi. Mais André, son frère aîné et oncle de notre Saint, étant monté sur le trône, ce dernier revint en son pays, où il eut la qualité de duc, qui était la seconde de tout le royaume. Il avait épousé, en Pologne, pendant son exil, la fille de Mesco, duc de ce royaume, et il en avait eu deux fils : Geiza, l'aîné, et Ladislas, notre illustre confesseur ; il les amena tous deux avec lui.

L'éducation de ces enfants, tant en Pologne qu'en Hongrie, fut si avantageuse, qu'ils donnèrent, dès leur enfance, de grands présages de la vertu qu'ils ont fait paraître toute leur vie. Notre Saint était si chaste, si modeste, si dévot et si plein de tendresse et de charité pour les pauvres, qu'il était admiré de tout le monde.

Ce ne fut qu'avec douleur qu'il vit son père monter sur le trône, parce qu'il n'y monta qu'en faisant la guerre au roi, son frère, et en gagnant une victoire signalée contre lui car ce saint jeune homme était si éloigné de l'amour des grandeurs de la terre, qu'il eût mieux aimé vivre banni de son pays et dans la disette de toutes choses, que de posséder un royaume par des voies si peu légitimes. Il est vrai qu'André avait attenté à la vie de Béla, pour mieux assurer la couronne à Salomon, son fils, âgé seulement de douze ans ; mais Ladislas ne pensait pas que ce fût un sujet suffisant à son père pour prendre les armes contre son souverain, et il croyait qu'en cette rencontre il devait faire seulement comme David qui, poursuivi par Saùl, se contenta de fuir et de se cacher, sans jamais attenter à sa couronne ni à sa vie.
 

Vie de saint Ladislas. Manuscrit angevin de Hongrie. XIVe siècle.

Aussi, après sa mort, il ne se laissa nullement aller à l'ambition de régner en sa place; au contraire, il céda très-volontiers cet honneur, premièrement à Salomon, flls d'André, son cousin-germain, et en second lieu à Geiza II, son frère aîné, quoique, le royaume étant en quelque manière électif, il eût pu y prétendre par la faveur de tous les gens de bien qui avaient une affection singulière pour lui.

Mais Geiza ayant chassé Salomon, prince cruel et sanguinaire, qui mutait tout à feu et à sang dans ses Etats, et lui-même étant mort depuis, dans la troisième année de son règne, tous les prélats, les seigneurs et les magistrats des principales villes de Hongrie, qui s'assemblèrent pour lui donner un successeur, supplièrent unanimement Ladislas d'accepter la couronne et de prendre le gouvernement du royaume. Il avait en effet toutes les qualités du corps et de l'esprit que l'on peut souhaiter dans un grand prince.

Il n'y avait personne dans toute la Hongrie, ni plus grand, ni d'un port plus majestueux que lui ; il était capable de toutes les affaires, tant de la paix que de la guerre, et il en supportait aisément toutes les fatigues. Il recevait tout le monde avec tant d'affabilité, que le moindre de ses vassaux avait la liberté de l'approcher et de lui représenter son droit. Il montrait tant de modération dans ses jugements, qu'on le regardait plutôt comme un père qui accommodait quelque différend de ses enfants, que comme un prince qui jugeait souverainement les causes de ses sujets ce qui lui avait fait donner le surnom de Pieux. La qualité de fils et de frëre de rois, ni celle de duc du premier duché du royaume, ne l'empêchèrent pas de se rendre familier avec les moins considérables de ses sujets, et de donner en toute occasion des marques d'une humilité vraiment chrétienne.

Statue de saint Ladislas. Hongrie.

Dans tous les besoins de l'Etat, qui fut souvent attaqué par les barbares, on le voyait toujours le premier à cheval pour le défendre, et, allant lui-même à la tête des armées sans rien craindre, il y remplissait le devoir du plus brave soldat et du plus intrépide capitaine ; il n'avait pas même fait difficulté, pour épargner le sang humain, d'appeler les généraux des armées ennemies en des combats singuliers dont il était toujours sorti victorieux.

Il demeura toujours très-chaste, malgré les dangers auxquels sa vertu fut exposée dans les cours. La sobriété était en lui la compagne inséparable de la continence, et, si sa qualité de prince l'obligeait ordinairement d'avoir une table bien servie, il n'y prenait que ce qui lui était absolument nécessaire pour vivre. Il jeûnait même souvent, couchait sur la dure et faisait d'autres mortifications pour dompter son corps et l'empêcher de se révolter contre l'esprit. S'il était si sévère à l'égard de lui-même, personne n'était plus doux et plus charitable que lui envers les nécessiteux.

Sa maison passait pour l'asile commun de tous les misérables, et, en effet, pas un n'en sortait sans y avoir reçu quelque soulagement à sa misère. Les pauvres montraient de tous côtés les habits dont il les avait revêtus et l'argent qu'il leur avait donné. Il prenait le soin de la subsistance des veuves, des pupilles et des orphelins, et leur faisait distribuer de grandes aumônes. Il mariait les pauvres filles qu'il voyait en danger de perdre leur honneur ; il relevait les familles ruinées par de fâcheux accidents ; et, pour tout dire en un mot, on trouvait auprès de lui un. secours assuré pour toute sorte de besoins. Les églises magnifiques qu'il avait fait construire après la défaite de Salomon, étaient une marque évidente de sa piété envers Dieu ; mais il l'avait fait paraître encore davantage en soutenant constamment par toute la Hongrie la religion chrétienne, pour laquelle la plus grands partie du peuple, et surtout des paysans accoutumés à leurs idoles, n'avaient pas grande inclination.



Vie de saint Ladislas. Manuscrit angevin de Hongrie. XIVe siècle.

Ce furent sans doute ces rares qualités qui obligèrent les seigneurs hongrois à lui présenter la couronne avec tant d'instance. Cependant il leur résista autant qu'il lui fut possible. Il considérait, d'un côté, que les rois sont exposés à une infinité de dangers de se perdre, parce que leurs obligations sont très-grandes et qu'ils ont devant les yeux mille attraits qui les empêchent de s'en acquitter ; et, d'autre part, il avait de la peine à prendre la qualité de roi pendant que Salomon, son cousin, à qui cette couronne semblait appartenir légitimement, était en vie ; et, en effet, Geiza, son frère, avant de mourir, avait tenté un accommodement avec ce prince, et n'était mort que dans la résolution de le faire s'il était possible.

Mais les Hongrois lui soutinrent que, ce royaume étant plutôt électif qu'héréditaire, ils avaient eu le droit de le donner à Geiza plutôt qu'à Salomon, et qu'ils avaient encore le droit de le préférer lui-même à ce prince cruel, qui ne pouvait monter sur le trône sans mettre toute la Hongrie en combustion ; d'ailleurs, ils lui protestèrent qu'ils n'auraient point d'autre roi que lui ; il fut donc enfin contraint de se rendre et d'accepter le gouvernement qu'ils lui offraient. Mais il garda encore en cela une modération digne d'un grand prince ; car, tant qu'il sut que son cousin était en vie, il ne voulut point être couronné ni porter le diadème montrant par là que, s'il était chargé de l'administration de l'Etat, il ne l'avait pas fait par un désir ambitieux de régner, mais seulement par nécessité et pour le grand amour qu'il portait à sa patrie.

Aussi, dès qu'il eut établi la paix et la piété dans le royaume, il n'épargna aucun moyen, ni divin, ni humain, pour gagner l'esprit de Salomon, et pour lui faire quitter cette humeur farouche et cruelle qui le faisait redouter de tout le monde ; il lui donna des pensions suffisantes pour entretenir, un train royal ; il lui envoya souvent des prélats et des hommes d'Etat qui devaient avoir du crédit sur son esprit, pour essayer de l'adoucir et de lui faire prendre des inclinations de père pour les peuples, et il était prêt à lui céder la couronne, s'il eût vu du changement dans ses moeurs.



Statue de saint Ladislas. Place des Héros. Budapest.

Mais ce prince, bien loin de correspondre aux saintes inclinations de Ladislas, fit ce qu'il put pour le détruire et lui dressa même des embûches où, sous prétexte d'un pourparler, il devait le tuer. Cela obligea notre Saint, averti de sa perfidie, de s'assurer de sa personne, et de le mettre en prison dans Vizzegrad, place forte de Hongrie; mais ce ne fut pas pour longtemps ; car, ayant appris d'une sainte religieuse que cette conduite n'était pas agréable à Dieu, et que c'était pour cela que la pierre du tombeau de saint Etienne, qu'il avait voulu faire lever pour transférer son corps sacré, était demeurée immobile, il le mit en liberté et le traita avec toute sorte d'humanité.

Depuis, ce roi dépouillé entra en diverses guerres contre les princes voisins, plutôt en chef de bandits qu'en grand capitaine ; mais, ayant un jour été entièrement défait, il fut contraint de s'enfuir tout seul dans une épaisse forêt, d'où il ne revint point. Les historiens disent qu'il y fut si puissamment touché de l'esprit de pénitence, qu'il y passa plusieurs années en solitude dans les larmes et des gémissements continuels, et sans avoir d'autre lit que les feuilles des arbres, d'autre vêtement qu'un cilice et quelques peaux de bêtes sauvages, ni d'autre nourriture que des herbes qu'il trouvait dans les bois, ou quelques pommes sauvages avec l'eau croupie des marais ; et qu'enfin il y mourut fort saintement et fut enterré à Pola, ville de l'Istrie. Cela nous donne sujet d'admirer la bonté infinie de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui abaisse les hommes pour les élever, qui les blesse pour les guérir, et qui les réduit à l'extrémité de la misère pour les faire entrer dans le chemin du véritable bonheur.

Salomon étant disparu de cette manière, Ladislas n'eut plus rien dans ses Etats qui pût s'opposer aux bons règlements qu'il y voulait établir. Ainsi il fit assembler un synode, où on fit en sa présence plusieurs belles ordonnances pour contenir ses sujets dans la justice et dans l'observance de la loi divine et elles furent ensuite réduites en trois livres que nous avons à la fin de l'Histoire de Hongrie, par Bonfinius. Son exemple fut encore plus efficace pour maintenir les Hongrois dans leur devoir, que toutes ses lois ; car il n'ordonnait rien qu'il ne fît le premier, et il était si fidèle observateur de tous les commandements de Dieu et de l'Eglise, qu'on pouvait l'appeler lui-même une loi vivante, qui représentait à chacun ce qu'il était obligé de faire. Son palais était si bien réglé, qu'on entendait ni jurement, ni blasphème, ni paroles déshonnëtes les jeûnes ecclésiastiques y étaient exactement gardés, et on y vivait avec tant de retenue, qu'il ressemblait plutôt à une maison religieuse qu'à la cour d'un roi.

Buste-reliquaire de saint Ladislas. Basilique Notre-Dame de Varadin.

Il avait été fort zélé à bâtir des églises, où les louanges de Dieu fussent chantées continuellement il en fonda encore d'autres depuis son avénement à la couronne, surtout la célèbre basilique de Notre-Dame de Varadin, qui fut érigée en évêché ; il assistait fort assidûment aux divins offices, et passait souvent plusieurs heures en prières en ces lieux de dévotion. Sa miséricorde pour les nécessiteux, bien loin de diminuer par son exaltation, s'augmenta au contraire notablement, et non-seulement il s'étudia a n'en point faire de nouveaux par la multiplication des impôts et des subsides, mais il s'appliqua aussi de tout son pouvoir à soulager ceux qui l'étaient ou qui le devenaient par le malheur de leurs affaires.

Il eut de grandes guerres pendant son règne il fut attaqué par les Huns, les Russes, les Polonais, les Bohémiens, et d'autres peuples voisins. Mais il les repoussa toujours, et remporta même sur eux des victoires signalées, principalement sur les Huns qu'il défit deux fois entièrement, et sur les Polonais, à qui il prit Cracovie, qui était la capitale du royaume. Avant de partir pour la guerre, il faisait toujours faire des prières publiques et un jeûne de trois jours; et, quoiqu'il eût soin d'assembler de bonnes troupes, qu'il marchât toujours à la tête et qu'il se jetât lui-même courageusement sur les ennemis, il ne mettait pas néanmoins sa confiance en ses forces, mais seulement dans le secours de Dieu, qu'il implorait avec de grandes instances. Il avait en particulier une grande dévotion à Notre Dame qui fut toujours sa meilleure alliée. Avant chaque bataille, il faisait toujours des prières publiques et les faisaient précéder de trois jours de jeûne.

Après tant de généreux exploits, son plus grand désir était de conduire une armée contre les infidèles, pour reprendre sur eux la Terre sainte, et délivrer de leurs mains le tombeau de Notre Seigneur Jésus-Christ. L'espérance qu'il avait de répandre son sang pour la gloire de son Maître, et de devenir martyr l'animait principalement à cette expédition. Il s'en présenta une occasion très favorable car le célèbre Pierre l'Ermite avait prêché de-tous côtés la croisade par l'ordre du pape Urbain II. Les princes de France, d'Espagne et d'Angleterre, qui s'étaient croisés, envoyèrent une célèbre ambassade à notre saint roi, pour le prier d'être le chef de l'armée qu'ils préparaient, et qui ne devait pas être moindre de trois cent mille hommes.



La couronne de saint Etienne.
 
Ladislas reçut cette offre avec une joie incroyable, et, ayant aussi engagé le duc de Bohême, son neveu, dans une si noble entreprise, il s'y prépara avec toute la diligence possible mais Dieu en avait disposé autrement car, lorsqu'il n'attendait que le temps de l'aller faire régner dans la Palestine, en exterminant les Sarrasins, qui s'en était rendus les maîtres, il fut appelé lui-même dans le ciel pour y régner éternellement avec Jésus-Christ. Bonfinius dit que ce fut le 30 juillet et la dix-huitième année de son règne mais le martyrologe romain a mis sa mémoire le 27 juin, qui est le jour auquel se fit la translation de ses reliques.

On ne peut exprimer la douleur dont toute la Hongrie fut remplie lorsque la nouvelle de sa mort y fut répandue chacun le regrettait comme le père des pauvres, comme le soutien de l'Etat, comme le restaurateur de la piété et de la justice, comme le défenseur de la virginité, comme l'appui de l'Eglise et comme le modèle de toute sainteté. On en porta le deuil pendant trois ans, et, durant tout ce temps, on ne fit aucune réjouissance ni publique ni particulière dans tout le royaume.

Son corps fut porté solennellement à Varadin, pour y être enterré dans l'église Notre-Dame, qu'il avait fondée. Deux miracles rendirent le convoi fort célèbre. Ceux qui le conduisaient s'endormirent si profondément dans le dernier gîte, par la grande lassitude où ils étaient, qu'ils ne se levèrent qu'à trois heures de jour ; le chariot où était le saint corps marcha tout seul vers Varadin, sans être traîné par aucun cheval, et se rendit si vite au lieu que le bienheureux roi avait marqué pour sa sépulture, qu'il y arriva avant que les conducteurs le pussent atteindre. Quelqu'un de la troupe ayant dit que le même corps sentait mauvais, contre le témoignage de tous les autres, qui assuraient qu'il exhalait une odeur très agréable, la bouche lui tourna aussitôt, et son menton s'attacha tellement à son épaule, qu'il lui fut impossible de se lever jusqu'à ce qu'il eût reconnu sa faute et demandé pardon au Saint.

Statue du pape Urbain II (Eudes de Châtillon)
prêchant la première croisade. Châtillon-sur-Marne.
 
Depuis il se fit tant de miracles à son tombeau, que, personne ne pouvant douter de sa sainteté, le pape Célestin III, ou Innocent III, son successeur, le canonisa l'an il99; et, la même année, il donna des pieds et des mains à un petit enfant qui était venu au monde sans avoir aucun de ces membres.

On représente ordinairement notre Saint avec deux anges à ses côtés ce sont les deux anges protecteurs que Salomon, parent du jeune prince, vit auprès de Ladislas quand il lui faisait la guerre. On rapporte d'ailleurs que Ladislas étant mort, son cercueil fut porté par deux anges jusqu'à l'église que ce Saint avait fait bâtir en l'honneur de la très-sainte Vierge.

On le voit parfois tenant de la même main son chapelet et son sabre ; c'était sa manière ordinaire de charger l'ennemi ; heureuse et salutaire inspiration qui trouverait aujourd'hui bien des critiques, mais dont il n'eut jamais à se repentir. Assez ordinairement on le peint avec l'étendard hongrois, pour montrer que sa charité, ses prières et ses fondations pieuses ne l'empêchaient pas d'être un redoutable et vaillant prince. Rien n'empêche de lui mettre une église dans les mains, puisqu'il est le fondateur de nombreuses basiliques et notamment de la cathédrale dédiée à Notre-Dame dans la ville de Varadin. Les estampes hongroises nous le présentent fréquemment faisant jaillir d'une roche abrupte, avec sa lance, une fontaine d'eau vive dont il désaltère ses soldats qu'il conduit à la guerre.

Les artistes ne dédaignent pas de le peindre quelquefois avec le globe impérial timbré de la croix, parce qu'il refusa l'empire que lui offraient les princes allemands. Enfin, la hache d'armes ou la lance qu'on lui met assez souvent à la main est une allusion soit à son duel avec un chef ennemi, soit au coup de lance qui fit jaillir la fontaine miraculeuse dont nous avons parlé, soit, en général, à ses vertus guerrières.

Saint Ladislas. Statue. Budapest. Royaume de Hongrie.

00:15 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (0)

mercredi, 21 juin 2023

21 juin. Saint Louis de Gonzague, prêtre de la Compagnie de Jésus. 1591.

- Saint Louis de Gonzague, prêtre de la Compagnie de Jésus. 1591.
 
Papes : Saint Pie V ; Innocent IX. Roi de France : Henri IV.
 
" Celui qui néglige d'aider l'âme de son prochain ne sait pas aimer Dieu puisqu'il ne cherche pas à augmenter sa gloire."
Saint Louis de Gonzague.
 

Saint Louis de Gonzague et saint François de Paule. Venise. XVIIIe.

Saint Louis de Gonzague eut pour père Ferdinand de Gonzague, marquis de Castiglione degli Stivere. Il naquit en l'an 1568. Avant sa naissance, sa mère, en danger de mort, avait fait voeu de consacrer son enfant à Notre-Dame de Lorette, si elle obtenait une heureuse délivrance. Encore au berceau, s'il se présentait un pauvre, Louis pleurait jusqu'à ce qu'on lui eût fait l'aumône ; son visage respirait un tel air de vertu, que ceux qui le portaient dans leurs bras croyaient tenir un Ange.

A l'âge de cinq ans, il avait retenu et répété quelques paroles grossières qu'il avait entendues sortir de la bouche des soldats de son père, sans les comprendre; il en fut repris et en montra tant d'horreur, qu'il pleura cette faute, la plus grande de sa vie, et qu'il en fit pénitence jusqu'à la mort. Le père de Louis, qui songeait à la fortune de son fils, l'envoya successivement chez plusieurs princes, en qualité de page ; mais Dieu, qui avait d'autres vues, voulait ainsi montrer ce jeune Saint aux cours d'Europe, pour leur faire voir que la piété est de toutes les conditions, et l'innocence de tous les âges. Dans ces milieux mondains où il vivait comme n'y vivant pas, ses progrès dans la sainteté furent surprenants.


Saint Louis de Gonzague pendant la peste à Rome.
Louis Dorigny. XVIIe.

A huit ou neuf ans, il fit le voeu de virginité perpétuelle ; sa délicatesse était si angélique, que jamais il ne regarda une femme en face, pas même sa mère ; jamais il ne permit à son valet de chambre de l'aider à s'habiller, et sa pudeur était si grande, qu'il n'osa même pas lui laisser voir le bout de ses pieds nus. Vers l'âge de onze ans, il fit sa Première Communion des mains de saint Charles Borromée.

A seize ans, il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Peu de vocations ont été aussi éprouvées que la sienne : son père fut pour lui, pendant quelques temps, d'une dureté sans pareille ; mais il dut enfin céder devant la Volonté de Dieu, et Louis entra au noviciat des Jésuites, à Rome. Il y parut dès les premiers jours comme un modèle digne d'être proposé aux plus parfaits ; on vit en lui un prodige de mortification, un ange de pureté, une merveille d'amour de Dieu. La seule vue de Louis dissipait chez les autres les plus violentes tentations de la chair. Jamais il n'avait ressenti la concupiscence charnelle, et malgré cela il était cruel pour son propre corps à l'égal des Saints les plus austères.

Obligé par ses supérieurs, pour cause de santé, à ne pas se laisser absorber dans la pensée de Dieu, il devait s'écrier souvent, emporté par l'amour au-delà de l'obéissance :
" Éloignez-Vous de moi, Seigneur !"
 
Saint Louis de Gonzague reçut du Ciel l'annonce de sa mort et fut bientôt victime de sa charité pendant la peste de Rome, l'an 1591.

Son premier miracle après sa mort fut la guérison de sa mère, à laquelle il apparut souriant et resplendissant de gloire. Ce fut le signal d'une dévotion qui fut récompensée par de nombreux prodiges.
 
PRIERE
 
" La prudence de l'homme lui tient lieu de cheveux blancs, dit le Sage ; la vieillesse vraiment vénérable ne s'estime point au nombre des années." (Sap. IV, 8.). Et c'est pourquoi, ô Louis, vous occupez une place d'honneur parmi les anciens de votre peuple. Gloire de la Compagnie sainte au milieu de laquelle, en si peu de temps, vous remplîtes la course d'une longue  existence,  obtenez  qu'elle continue de garder précieusement, pour elle et les autres, l'enseignement qui se dégage de votre vie d'innocence  et  d'amour.  Le  seul vrai gain  de l'homme à la fin de sa carrière est la sainteté, et c'est au dedans que la sainteté s'acquiert ; les œuvres du dehors n'entrent en compte,pour Dieu, que selon la pureté du souffle intérieur qui les inspire ; si l'occasion fait défaut pour ces œuvres, l'homme peut y suppléer en se rapprochant du Seigneur, dans le secret de son âme, autant et plus qu'il n'eût fait par elles. Ainsi l'aviez-vous compris ; et l'oraison, qui vous tenait absorbé dans ses inénarrables délices, en vint à égaler votre mérite à celui des martyrs.

Aussi, de quel prix n'était pas à vos yeux ce céleste trésor de l'oraison, toujours à notre portée comme il le fut à la vôtre ! Mais pour y trouver comme vous la voie abrégée de toute perfection, selon vos propres paroles, il y faut la persévérance et le soin d'éloigner de l'âme, par  une répression généreuse de la nature, toute émotion qui ne serait pas de Dieu. Comment une eau bourbeuse ou  agitée par les  vents,  reproduirait-elle l'image de celui qui se tient sur ses bords ? Ainsi l'âme souillée, et celle-là même qui, sans être l'esclave des passions, n'est point maîtresse encore de toute agitation provenant  de la terre, n'arrivera point au but de l'oraison qui est de reproduire en elle l'image tranquille de son Dieu.

La reproduction du grand modèle fut parfaite en vous ; et l'on put constater combien la nature en ce qu'elle a de bon, loin de pâtir et de perdre, gagne au contraire à cette refonte au divin creuset. Même en ce qui touche les plus légitimes affections, vous n'aviez plus de regards du côté de la terre ; mais voyant tout en Dieu, combien les sens n'étaient-ils pas dépasses dans leur infirmité menteuse, et combien aussi par là même croissait votre amour ! Témoin vos suaves prévenances, ici-bas et du haut du ciel, pour l'admirable mère que vous avait donnée le Seigneur : où trouver plus de tendresse que dans les épanchements de la lettre si belle écrite par vous à cette digne mère d'un saint, dans les derniers jours de votre pèlerinage ? et quelle délicatesse exquise ne vous conduisait pas à lui réserver votre premier miracle, une fois dans la gloire ! Par ailleurs, l'Esprit-Saint, en vous embrasant de tous les feux de la divine charité, développait en vous pour le prochain un amour immense; caria charité est une; et on le vit bien, quand vous sacrifiâtes votre vie pour les malheureux pestiférés.

Ne cessez pas, illustre Saint, d'assister nos misères ; soyez propice à tous. Conduite par le successeur de Pierre au pied de votre trône, la jeunesse surtout se réclame de votre puissant patronage. Dirigez ses pas sollicités en tant de sens contraires ; que la prière et le travail pour Dieu soient sa sauvegarde ; éclairez-la, lorsque s'impose à elle le choix d'un état de vie. Puissiez-vous, durant ces critiques années de l'adolescence, user pour elle largement de votre beau privilège et protéger dans vos dévots clients l'angélique vertu ! Enfin, ô Louis, que ceux-là même qui ne vous auront pas imité innocent, vous suivent du moins dans la pénitence, ainsi que l'Eglise le demande au Seigneur en ce jour de votre fête."

00:15 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 10 juin 2023

10 juin. Saint Landry, évêque de Paris. 656.

- Saint Landry, évêque de Paris. 656.
 
Pape : Saint Eugène Ier. Roi d'Austrasie : Childebert. Roi de Neustrie et de Bourgogne : Clovis II.
 
" Quidquid tribuitur pauperi non est donum, sed mutuum, quia quod datur multiplicato sine dubio fructu recipitur."
" L'aumône que l'on fait au pauvre n'est pas un don, mais un prêt, car ce que nous donnons nous est rendu au centuple."
Saint Grégoire le Grand, ép. 20, Ad Joann. procons.
 

Statue de saint Landry. Cathédrale Notre-Dame de Paris.

Parmi les évêques Francs qui florissaient le plus sur la fin du règne de Clovis II, saint Landry, évêque de Paris, fut un des plus remarqués pour ses actions vertueuses. Il était Franc de nation : on ne parle pas de sa naissance. Dès son jeune âge, il s’adonna tellement à la vertu, qu’il pouvait servir à tous d’un rare exemple de perfection. Notre Seigneur, qui l'avait choisi pour servir de lumière à plusieurs, l’éleva au siège épiscopal de Paris, par l’élection qu’en fit le clergé, l’an de Notre Seigneur 650, du temps de Clovis II, roi des Francs, fils de Dagobert et de Nantilde.

Sa très sainte vie le rendit plus illustre que l’antiquité ou la noblesse de sa race, puisque l’histoire a remarqué l’un et non pas l’autre. Il se comporta dignement dans sa charge, s’employant assidûment à la prédication, et à la pratique des actions héroïques et vertueuses. Il avait un soin particulier pour soulager les pauvres, nourrir les pèlerins, marier les filles pauvres, assister les malades et s’employer à toutes sortes d’oeuvres charitables, avec tant de ferveur et d’affection, que pour ses pieuses et grandes libéralités, il fut appelé prodigue par les mondains.

Pendant une horrible famine qui, en 651, désola son diocèse, il vendit ou engagea non seulement tous ses meubles, mais aussi les vases sacrés de l’église, pour donner du pain à ceux qui en manquaient, et il trouvait sa joie à le leur distribuer lui-même.

Mais s’il avait de la tendresse et de la charité pour les pauvres, il en avait particulièrement pour les malades, qui, étant dans l’impuissance de se secourir eux-mêmes, demandent à être assistés avec plus de soin et de libéralité que les autres. Il ne se contenta pas de les visiter dans leurs maisons, et de leur envoyer les remèdes et les aliments qui leur étaient nécessaires et de susciter des personnes charitables pour leur rendre les bons offices dont ils avaient besoin ; il voulut étendre sa miséricorde dans les années et dans les siècles suivants.

Avant lui, Paris ne possédait, pour le soulagement des malades, que les " Matriculae ", asiles soutenus par les aumônes viagères des riches : Landry, suivant une tradition généralement reçue dans le diocèse de Paris, fit, le premier, pour cette capitale, ce que la constitution des empereurs avait fait pour l’empire romain : il fonda, auprès de son palais épiscopal, avec des revenus fixes et assurés, un établissement longtemps appelé l’hôpital Saint-Christophe, et auquel le Moyen Âge imposa le beau nom d’Hôtel-Dieu. Cette maison fut bâtie sur l’emplacement même de celle d’Erchinoald, maire du palais.


Saint Landry faisant distribuer des aumônes.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. XVe.

Son bonheur, après les fonctions indispensables de sa charge, était de se transporter dans cet hôpital, pour y rendre à ces membres de Jésus-Christ les assistances corporelles et spirituelles que sa prudence lui inspirait : il est imité tous les jours, non seulement par une sainte communauté de moniales qui est chargée de ce grand nombre de malades, mais aussi par beaucoup de nobles dames qui se font gloire de servir Jésus-Christ en Ses pauvres, et de leur présenter de leurs propres mains les mets et les remèdes que la charité de ces saintes filles leur a préparés.

Ce fut aussi durant l’épiscopat de saint Landry que la célèbre abbaye de Saint-Denis, en France, que le roi Dagobert avait fait bâtir, fut remplie d’un grand nombre de saints moines de l’Ordre Bénédictin, pour y chanter jour et nuit les louanges de Dieu " Laus perenis ", et y honorer continuellement les glorieux martyrs saints Denys, saint Rustique et saint Eleuthère, dont les reliques y avaient été déposées. Notre saint pontife reçut avec joie cette bienheureuse colonie dans son diocèse; et, afin que les moines puissent vivre plus tranquilles dans une plus grande séparation et un plus grand oubli du monde sous l’obéissance et la correction de leur abbé, il les exempta de sa juridiction directe et de celle de ses successeurs.

Ce privilège fut confirmé dans un concile tenu à Clipy, qui est maintenant le bourg qu’on appelle Saint-Ouen, où il y avait une maison royale, dont il est souvent parlé dans l’Histoire de France.


Clovis II affranchissant la basilique Saint-Denis en présence
de saint Landry notamment. Jean Fouquet.
Grandes chroniques de France. XVe.

Notre saint évêque s’envola au Ciel le 10 juin 656. C’est après sa mort que Dieu Se réservait de glorifier Son illustre serviteur. De nombreux miracles, dus à son invocation et à l’attouchement de son suaire et d’une de ses dents vinrent attester sa sainteté : qu’il nous suffise d’en rapporter quelques-uns.

Plusieurs infirmes, atteints de maladies incurables, et abandonnés des médecins, en ont été miraculeusement guéris ; comme un nommé Raoul, natif de Gonesse, devenu lépreux ; un soldat nommé Odon, natif de Villejuif, paralytique ; une femme appelée Aveline, tourmentée d’une fièvre et d’hydropisie ; un autre homme encore de Bagnolet, du nom d’Etienne ; un prêtre appelé Hervé, demeurant à l’hôpital des lépreux, situé près de Montmartre, affligés de l’esquinancie. Jean de Soliac ayant été porté en l’église de Saint-Germain l’Auxerrois, le suaire de saint Landry avec sa dent lui furent imposés, et il les toucha avec respect, puis s’en retourna avec une grande confiance d’en recevoir du soulagement. Il ne fut pas plus tôt arrivé à la maison épiscopale, que son esquinancie se dissipa. Il fut guéri en présence de l’évêque Maurice son oncle, qui, sachant bien que c’était une chose honorable de manifester les oeuvres que Dieu fait par l’entremise de Ses Saints, publia lui-même ce miracle au peuple, dans ses prédications.

Il arriva un jour que le feu ayant pris à une certaine maison, au lieu où est à présent le grand Châtelet de Paris, appelé alors la porte Royale, il s’alluma avec une telle violence, par la force du vent, qui était très grand, qu’il menaçait la ville d’un incendie général. Cependant, voyant que quelque remède qu’on y pût apporter, il ne laissait pas de s’accroître, et que déjà plusieurs maisons étaient embrasées et consumées, on eut recours au suaire de saint Landry, qui était gardé dans l’église de Saint-Germain : il fut promptement apporté par le doyen de cette église, nommé Hervé. Cette précieuse relique ayant donc été attachée au bout d’une perche, et opposée aux flammes les plus violentes, aussitôt le feu commença à se retirer et à diminuer, et s’éteignit peu à peu, sans faire un plus grand dommage.

Comme un des paroissiens de l’église Saint-Germain l’Auxerrois violait la sainteté du lieu, en jouant aux dés avec quelques autres, jurant et y faisant des festins pendant la nuit, saint Landry lui apparut et lui parla en ces termes :
" Ne savez-vous pas que notre Seigneur a dit " Ma maison est la maison de prière !" Pourquoi donc avez-vous été si téméraire que de profaner ce saint lieu !?"
Et il le fouetta si rudement, que les marques lui demeurèrent longtemps imprimées sur la peau. Ce qui nous apprend avec quel respect nous devons être dans l’église, puisque Dieu et Ses saints punissent si rigoureusement les irrévérences qui s’y commettent.

Un soldat s’étant blessé le genoux d’une épine qu’il s’y était enfoncée, en ressentait de très grandes douleurs ; de sorte que, faute de l’avoir soigneusement pansée, il s’y était fait un dangereux apostème : toutefois, s’étant fait porter sur le tombeau de saint Landry, il en fut guéri par son intercession, en appliquant le suaire du Saint sur son mal.

La charité inépuisable de notre Saint a inspiré les artistes : ils le représentent ayant à ses côtés un grand panier d’osier, d’où il puise des pains qu’il distribue aux pauvres, ou tenant un livre sur lequel est un couteau ouvert


Saint Landry. Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.

CULTE ET RELIQUES

Le saint corps fut inhumé dans l’église de Saint—Germain l’Auxerrois. En 1171, Maurice de Sully leva son corps de terre et le renferma dans une châsse de bois doré. Mais le 16 septembre 1408, Pierre d’Orgemont tira ces ossements sacrés de cette première châsse, qui n’était que de bois, et les mit dans une châsse d’argent, que l’on voyait encore avant 1793, élevée sur une colonne, derrière le grand Autel de cette église collégiale de Saint-Germain. Il en sépara néanmoins 2 petits ossements, l’un du cou et l’autre d'un doigt, qui furent donnés à l’église paroissiale de Saint-Landry, dans la cité : on croit qu’il y avait là primitivement une chapelle servant d’oratoire au Saint.

Cette châsse a été pillée par les bêtes féroces révolutionnaires, et les saintes reliques ont disparu, ainsi que celles de l’église Saint-Landry, qui fut détruite en 1828.

Quelques auteurs pensent que c'est saint Landry dont on voit la statue au portail de Saint-Germain l'Auxerrois à Paris. Cette statue, du XIVe ou XVe siècle, aurait été trouvée dans les fouilles de l'église de Saint-Landry, en 1829.

00:05 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (4)

vendredi, 28 avril 2023

28 avril. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionaire apostolique, instituteur des prêtres missionaires de la compagnie de Marie et de la congrégation des Filles de la Sagesse. 1716.

- Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionaire apostolique, instituteur des prêtres missionaires de la compagnie de Marie et de la congrégation des Filles de la Sagesse. 1716.
 
Pape : Clément XI. Roi de France : Louis XV, le Bien-Aimé.
 
" Vous vous appelez “ Amis de la Croix ”. Que ce nom est grand ! Je vous avoue que j’en suis charmé et ébloui. Il est plus brillant que le soleil, plus élevé que les cieux, plus glorieux et plus pompeux que les titres les plus magnifiques des rois et des empereurs. C’est le grand nom de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme tout ensemble : c’est le nom sans équivoque du Chrétien."
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Lettre circulaire aux Amis de la Croix.
 

Statue de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Détail. Saint-Laurent-sur-Sèvres.

Louis-Marie Grignion de La Bacheleraie naquit à Montfort-la-Cane, alors du diocèse de Saint-Malo, aujourd'hui de celui de Rennes, le 31 janvier 1673. Par esprit de religion et d'humilité, il abandonna plus tard le nom de sa famille, pour prendre celui du lieu de sa naissance et de son baptême. Sa première éducation fut pieuse et forte ; il la compléta chez les Jésuites de Rennes, où il acquit la réputation d'un saint Louis de Gonzague.

La Providence le conduisit ensuite à Paris, pour y étudier en diverses maisons tenues par les Sulpiciens, et à Saint-Sulpice même. Dans ce séminaire, où il brilla par son intelligence et sa profonde piété, on ne comprit pas assez les vues de Dieu sur lui. Dieu le permit ainsi pour le former à l'amour de la Croix, dont il devait être l'apôtre passionné. C'est à l'école de Saint-Sulpice qu'il puisa toutefois son merveilleux amour de Marie et qu'il se prépara à devenir Son apôtre et Son docteur.


Verrière de l'église de Clayes. Diocèse de Rennes.

Jeune prêtre, il fut d'abord aumônier à l'hôpital de Poitiers, où il opéra une réforme aussi prompte qu'étonnante. Ballotté ensuite pendant quelques temps par les persécutions que lui suscitaient les Jansénistes, il se rendit à Rome en vue de s'offrir au Pape pour les missions étrangères, et il reçut du Souverain Pontife l'ordre de travailler à l'évangélisation de la France.

Dès lors, pendant dix ans, il va de missions en missions, dans plusieurs diocèses de l'Ouest, qu'il remue et transforme par sa parole puissante, par la flamme de son zèle et par ses miracles. Il alimente sa vie spirituelle dans une prière continuelle et dans des retraites prolongées, il est l'objet des visites fréquentes de la Sainte Vierge. Ses cantiques populaires complètent les fruits étonnants de sa prédication ; il plante partout la Croix ; il sème partout la dévotion au Rosaire : il prépare providentiellement les peuples de l'Ouest à leur résistance héroïque au flot destructeur de la Révolution, qui surgira en moins d'un siècle.


Statue de saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Dol-de-Bretagne.

Après seize ans d'apostolat, il meurt en pleine prédication, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), à quarante-trois ans, laissant, pour continuer son oeuvre, une Société de missionnaires, les Soeurs de la Sagesse, et quelques Frères pour les écoles, connus partout aujourd'hui sous le nom de Frères de Saint-Gabriel. C'est un des plus grands saints des temps modernes, et le promoteur des prodigieux développements de la dévotion à la Sainte Vierge à notre époque.


Détail d'une verrière de la cathédrale Saint-Louis de La Rochelle.

Consécration à la très sainte Vierge Marie de saint Louis-Marie Grignon de Montfort :

" Marie, Mère de Dieu et Mère des hommes je vous prends aujourd'hui comme modèle de ma consécration à Dieu.
 
Soyez pour moi le signe lumineux qui m'appelle sans cesse à vivre la Foi, l'Espérance et la Charité.
 
Vous êtes la nouvelle Ève, la Mère des vivants.
 
C'est pourquoi j'ose faire appel à votre puissante intercession.
 
Mère de l'Église, je vous prie : acceptez ce don de moi-même.
 
Prenez-moi comme votre enfant, formé à votre image, porté par votre amour, soutenu par votre prière.
 
Montrez-moi Jésus, le Fils béni de vos entrailles, l'Avent de Dieu en ce temps.
 
Montrez-moi votre Fils que je veux suivre par la force de l'Esprit-Saint jusqu'en la maison du Père, Dieu qui vit dans l'éternité.
 
Amen."
 
Rq : on trouvera une notable partie des oeuvres de saint Louis-Marie Grignon de Montfort sur ce site : http://jesusmarie.free.fr/grignion_de_montfort.html

00:15 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (2)