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12 novembre. Saint René, évêque d'Angers. 450.
- Saint René, évêque d'Angers. 450.
Pape : Saint Léon Ier, le Grand. Roi des Francs : Mérovée. Empereur romain d'Occident : Valentinien III.
" La foi ne se laisse corrompre ni par les séductions, ni par les persécutions ; elle ne font que la purifier."
Saint Jean Chrysostome.

Un jour que saint Maurille, évêque d'Angers (que l'on fête au 13 septembre), passait dans le village de La Possonnière, une dame de haute naissance, nommée Bononia, vint se jeter à ses pieds et le conjura de lui obtenir du ciel un enfant, objet de tous ses désirs. Le saint pontife se mit en prière, et, un an après, Bononia mit au monde un fils qu'elle offrit à Dieu et dont elle confia l'éducation aux mnistres du sanctuaire.
Il avait sept ans lorsqu'une maladie cruelle le conduisit aux portes du tombeau. Or, il n'était pas encore baptisé ; sa mère se rendit en toute hâte à l'église de Saint-Pierre d'Angers où saint Maurille célébrait le saint sacrifice, et le suplia de conférer sans retard le saint baptême à son fils qui se mourait. " Aussitôt le saint sacrifice achevé, je ferai droit à votre désir ", lui dit le saint évêque. Hélas ! Avant que le moment fixé fût arrivé, l'enfant expira.

Statue de saint René. Rennes. Bretagne. XVIIIe.
Cet accident jeta une profonde tristesse dans le coeur de saint Maurille qui, se persuadant qu'il était désormais indigne d'exercer les fonctions de l'épiscopat, et qu'une longue pénitence au fond d'une solitude inconnue pouvait seule expier sa faute, s'enfuit dans les forêts d'Armorique, et il ne revint au milieu de son troupeau que quand Dieu lui fit connaître dans l'oraison qu'il lui accorderait la vie de cet enfant qui faisait depuis si lngtemps l'objets de ses regrets et de ses larmes.
Maurille se dirigea aussitôt vers l'église Saint-Pierre où il avait fait enterrer le jeune fils de Bononia. Tandis qu'on ouvrait la tombe, il versait un torrent de larmes accompagnées d'une prière fervente ; après quelques instants, le corps du petit défunt revint à la vie et se leva en parfaite santé. Le bienheureux évêque le baptisa et lui imposa, en souvenir d'un si grand événement, le nom de René (Rénatus), rappelé à la vie).
Placé dès lors à l'école épiscopale, René y fit des progrès rapides ; il fut bientôt élevé à la dignité d'archidiacre, puis à celle d'administrateur de l'église jadis si célèbre de Chalonges-sur-Loire. Enfin, quand saint Maurille se fut endormi dans le Seigneur (426), René, à peine agé de trente ans, fut appelé à lui succéder. Toutefois, son bien-aimé troupeau ne put conserver longtemps ce trésor. Le fardeau de l'épiscopat parut bientôt insupportable au nouvel évêque qui, prétextant la nécessité de faire le pélerinage de Rome, quitta Angers et se fixa dans une solitude, à quelques pas de Sorento (royaume de Naples). On prétend qu'il devint plus tard évêque de ce siège.
Saint René. Chambéry. Savoie. XIXe.
Quoi qu'il en soit, il mourut dans cette ville (6 octobre 450) et fut enterré près des murs de la cité, sous la cellule qu'il avait habitée. Quand la nouvelle en fut parvenue à Angers, les habitants de cette ville firent de nombreuses démarches pour recouvrer ce précieux trésor : ils obtinrent en effet qu'une grande partie du corps leur fût restituée. On le déposa dans l'église cathédrale. Il se fit d'autres translations de ces reliques en 1012, 1082, 1150 et 1255. A cette dernière époque, les reliques furent placées dans une châsse d'argent doré et déposée sous l'autel de Saint-René, au milieu du choeur de la cathédrale.
CULTE ET RELIQUES
En 1562, les bêtes féroces protestantes brisèrent cette châsse et brûlèrent les reliques qu'elle contenait. On sauva toutefois quelques ossements que l'on renferma dans une petite châsse en argent doré. Celle-ci disparut en 1793 lorsque d'autres bêtes féroces ravagèrent la cathédrale d'Angers.
Il est conservé toutefois un os du pied de notre saint dans l'église Notre-Dame de Chalonnes dont on a détaché un petit morceau pour la cathédrale d'Angers et un autre pour l'église Saint-Maurille de Chalonnes.
Le culte de saint René était, avant la révolution, l'un des plus populaires de France. L'évêque solitaire jouissait aussi d'une grande vénération dans le royaume de Naples. La chapelle de Saint-René à la Possonnière était fréquentée par de nombreux pélerins : on invoquait le saint évêque pour l'heureuse délivrance des femmes enceintes. Ajoutons qu'une confrérie célèbre, sous le patronnage de saint René, avait été érigée dans la cathédrale d'Angers, vers la fin du XVe siècle : les papes Léon X et Clément VII l'avaient enrichie de nombreuses indulgences.
On représente ordinairement saint René aux pieds de saint Maurille qui vient de le ressusciter ; ce qui n'empêche pas que l'on peut s'inspirer des autres circonstances saillantes de sa vie.
mardi, 12 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)
13 novembre. Saint Brice, archevêque de Tours. 444.
- Saint Brice, archevêque de Tours. 444.
Pape : Saint Léon Ier le Grand. Rois des Francs Saliens : Clodion le Chevelu. Empereur romain d'Occident : Valentinien III.
" La variété des saints, aussi bien que leurs différents degrés, exaltent dans le silence l'Ouvrier de tant de sainteté ; les petits augmentent la grandeur des grands, et ils honorent tous ensemble la très-pure Marie, qui les surpasse glorieusement par son incomparable sainteté, et au bonheur de laquelle ils participent sous le rapport sous lequel ils l'ont imitée."
Vénérable Marie d'Agreda.
Dieu aime la variété. Il ne fait évidemment pas ses saints dans le même creuset. Chaque saint est unique, comme l'est le résultat de chaque nouvelle idée. Comme le dit la Liturgie : " Non est inventus similis illis ", " il n'en existe pas deux qui soient exactement semblables ". C'est notre manque d'imagination qui peint la même auréole à tous les saints.
Dieu aime la variété. Parfois, Il semble prendre plaisir à faire cohabiter deux saints dont les caractères sont si dissemblables qu'il nous semblerait impossible de les voir vivre ensemble. Sans aucun doute, Dieu veut leur apprendre l'humilité, en leur montrant que chacun d'entre eux ne représente qu'une infîme partie du mystère de la sainteté ; probablement Dieu veut-il aussi nous rassurer, en nous montrant qu'en matière de caractère il y a de très nombreuses demeures dans le Ciel.
Et c'est ainsi qu'en Touraine, dans la Gaule française du IVe siècle, Dieu suscita l'impeccable saint Martin de Tours (11 novembre), et à ses côtés, le difficile saint Brice. Contrairement à son maître, Brice était un clerc fier et d'un caractère bilieux et colérique.
Brice entra étant encore fort jeune au monastère que Martin avait fondé à Marmoutier, à la sortie de Tours. Au départ, il était un moine ordinaire quoique turbulent. A 18 ans, il devint diacre, et eut bientôt ses propres étables et esclaves.
Les ennemis de saint Martin lui reprochaient ce qu'ils considéraient comme une excessive pauvreté. Saint Martin était inquiet au sujet de la manière dont le jeune diacre se comportait, et il le réprimandait paternellement.
Brice se hérissait, et répliquait à son évêque de manière sarcastique. Comment un " barbare venu des sauvages plaines de Hongrie " lui apprendrait à lui, qui était né sur les rives de la Loire, la manière de se tenir ? Etait-ce à lui, qui avait reçu une bonne éducation, de recevoir des leçons d'un ancien légionnaire mal éduqué ?
Cependant, contrairement à la plupart des adultes, Martin écoutait calmement et répondait avec douceur. Il prédit même à Brice qu'un jour il deviendrait évêque, mais que son épiscopat ne serait pas pacifique. Les vicaires généraux et les chanoines de Tours, qui ne pouvaient pas supporter l'idée qu'un jour ils auraient à être dirigés par ce " soupe-au-lait ", pressaient Martin de l'admonester et de le reprendre durement.
Mais saint Martin répondit :
" Si le Christ a dû supporter Judas, alors moi, pourquoi ne pourrais-je pas supporter Brice ? "
Brice continua à mépriser Martin, mais malgré l'attitude de Brice, Martin le supportait avec patience, et pour finir, Brice se repentit avec grands remords, et supplia le pardon de Martin.
A la mort de saint Martin, Brice lui succéda comme évêque de Tours. 30 ans durant, Brice enseigna, baptisa, confirma, administra, et remplit toutes ses charges d'évêque.
Mais Brice n'oubliait pas que Martin lui avait prédit qu'il serait soumis aux épreuves et que son gouvernement n'irait pas sans tribulation. Chaque jour, 30 ans durant, Brice attendit l'accomplissement de la prophétie. C'était peu confortable, mais Dieu avait choisit cette voie pour affaiblir l'excessive suffisance de la jeunesse.
Un jour une rumeur courrut à travers les rues de Tours, comme quoi une lingère occupée au palais de l'évêque, avait eu un fils de lui. Quelle aubaine pour les commérages de la ville !
L'accusation était fausse, mais comment le prouver ?
Saint Brice se fit amener l'enfant, et d'une voix ferme, il dit :
" Je te somme, au Nom de Jésus-Christ, de dire, en présence de tous, si je suis l'homme qui t'a enfanté."
Ce à quoi le bébé répondit :
" Tu n'es pas mon père."
Une telle précocité sembla suspecte aux gens présents, et ils pensèrent qu'il devait y avoir malice (tout cela est rapporté par saint Grégoire de Tours). En tout cas, les fidèles de Brice étaient à ce point convaincus de l'adultère qu'ils expulsèrent leur évêque par la force.
Brice ne résista pas, mais il réalisa que la prophétie de Martin venait de s'accomplir. Vers 430, étant libre, il en profita pour faire un pélerinage à Rome, ce qui dura sept ans. Durant son exil, Brice eut l'occasion de se repentir de ses manières, et de changer complètement son style de vie. Sur son chemin de retour, il fonda plusieurs centres Chrétiens.
Les sept ans étant passés, Brice revint à Tours. A peine était-il en vue de la ville de Tours, une fièvre tua l'évêque qui avait été élu comme son successeur. Ne voulant pas manquer de politesse, Brice hâta son pas, et arriva à temps pour accomplir les rites funéraires. Puis il reprit son épiscopat pour le restant de sa vie et dirigea dans l'humilité, la sainteté et l'habilité.
Saint Brice. Eglise Saint-Brice. Mareuil.
A sa mort, il fut tenu pour saint, avec raison, vu son changement si radical de vie. Il fut enterré dans la même église que Saint Martin, car à présent que tous 2 étaient tenus pour saints, il n'y avait pas de raison qu'ils ne reposent point côte à côte. Dieu avait voulu que tous deux soient ensemble et servent comme fondations de l'Eglise de Tours. En additionnant la sérénité de Martin à la vigueur de Brice, l'harmonie fut assurée à cette ville où la Loire et le Vouvray se rencontrent.
Dans l'art, on représente saint Brice qui porte des charbons ardents dans ses vêtements. Parfois on le dépeint :
1. portant du feu dans sa main ;
2. avec un enfant dans ses bras ou près de lui ;
3. avec Saint Martin de Tours.
mercredi, 13 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
17 novembre. Saint Grégoire, archevêque de Tours. 595.
- Saint Grégoire, archevêque de Tours. 595.
Pape : Saint Grégoire Ier, le Grand. Roi d'Austrasie, de Bourgogne et de Paris : Childebert II.
" L'humilité est la reine des vertus comme l'orgueil est le roi des vices."
Saint Bonaventure.

Saint Grégoire écrivant. Missel à l'usage de Clermont-Ferrand. XIIIe.
Fils du sénateur Florent, il naquit à Clermont le 30 novembre 539. Par son aïeule paternelle, Léocradie, Grégoire descendait de Vettius Epagathus qui fut un des martyrs de Lyon, et, par sa mère, Armentaire, il était un arrière-petit-fils de saint Grégoire qui fut évêque de Langres.
Grégoire, seizième évêque de Langres, membre d’une des grandes familles sénatoriales de la Gaule romaine, naquit vers 450 et fut très jeune comte d'Autun, charge qu'il exerça pendant une quarantaine d'années avec beaucoup de conscience et une fermeté que certains jugèrent quelque peu excessive.
Veuf, il fut élu évêque de Langres en 506. Son épiscopat dura près de 33 ans. Langres ayant été dévastée, il fixa sa résidence au castrum de Dijon. Evêque très zélé, il menait une vie fort mortifiée et consacrait de longues heures à la prière.
Il avait l'habitude de passer une partie de la nuit dans le baptistère de Saint-Vincent, où étaient exposées de nombreuses reliques. Ayant redécouvert (à la suite d'une vision) les reliques de saint Bénigne, il fit construire sur la tombe du martyr une église (consacrée en 535) et il fonda pour la desservir l'abbaye de Saint-Bénigne, qu'il dota de terres prises sur son patrimoine.
Il assista aux conciles d'Epaonne de 517, de Lyon vers 519 et de Clermont en 535 ; il se fit représenter par un de ses prêtres à celui d'Orléans (538). Lorsque l’abbé Jean, fondateur du monastère de Réomé, voulut se retirer à Lérins, il le rappela par une lettre sévère.
Pris de fièvre en se rendant de Dijon à Langres pour y célébrer la fête de l'Epiphanie, il mourut le 4 janvier 539. Conformément à son désir, on ramena son corps à Dijon, où il fut inhumé dans le baptistère. Venance Fortunat composa son épitaphe. Des miracles ne tardèrent pas à se produire par son intercession.
Il avait eu trois enfants, dont l'un, Tetricus, lui succéda comme évêque de Langres et fit construire un tombeau répondant mieux au culte dont son père était l'objet (l'anniversaire de cette translation se célébrait le 6 novembre) ; un autre fut le père de saint Euphrone, évêque de Tours ; et un troisième fut le grand-père de Grégoire de Tours qui a évoqué à diverses reprises avec de nombreux détails la figure de son aïeul.

Miracle de saint Grégoire de Tours.
A cinq ans, saint Grégoire de Tours fut confié à son oncle paternel, saint Gall, évêque de Clermont, et, dès ce temps-là, il paraissait si saint que son cousin Nizier, saint évêque de Lyon, le regardait comme un saint et un prédestiné ; en effet, dans son enfance, instruit en songe par un ange, il guérit deux fois son père des maux dont il était tourmenté : une fois, en mettant sous le chevet du lit paternel une tablette où était écrit le nom de Jésus, et une autre fois, à l'exemple de l'ange Raphaël, dans le livre de Tobie, par l'odeur du foie d'un poisson qu'il fit rôtir.
Etant lui-même tombé malade, il se fit porter au tombeau de saint Alyre qui fut évêque de Clermont ; n’ayant obtenu aucun résultat la première fois, il promit à la seconde d'entrer dans l'Eglise et recouvra la santé. En 569, il reçut le diaconat des mains de Cautin, successeur de saint Gall.
Comme un bourgeois de Clermont qui avait apporté de Tours un morceau de bois détaché du tombeau de saint Martin, ne le gardait pas dans sa maison avec la révérence convenable, tous ses domestiques tombèrent malades. Lorsqu’il eut recours à Dieu pour savoir la cause du mal, un visage indigné lui apparut en songe pour lui dire que le peu de respect porté à la relique était la cause de ses maladies qui cesseraient quand il remettrait le précieux dépôt entre les mains du diacre Grégoire. Il le fit et il vit l’accomplissement de la promesse. Grégoire visitait alors souvent des religieux pénitents dont la conversation le dégoûta entièrement du monde ; il s’adonna à la prière continuelle et de grandes austérités qui altérèrent tant sa santé que l’on désespéra de le guérir ; il se fit transporter au tombeau de saint Martin où il reçut une parfaite guérison, miracle qui se reproduisit si souvent qu'on eût dit qu'il ne tenait la vie que de ce grand saint.
Ses fréquents pèlerinages à Tours l’y rendirent si familier qu’après la mort d'Euphrone (4 août 573), malgré sa résistance, selon les vœux du roi Sigebert et de la reine Brunehaut, on l’élit évêque de Tours où, après les guerres qui avaient désolé le pays, les églises étaient ruinées, les mœurs corrompues et la discipline altérée.
Avec un zèle merveilleux, il fit remédier à tous ces désordres, surmontant les obstacles qu'il trouva d'abord à ses desseins. Il fit restaurer sa cathédrale et fit bâtir d'autres églises. Il corrigea dans le peuple un grand nombre d'abus et réforma son clergé. Il avait le don du discernement des esprits dont il se servait utilement pour délivrer ses ouailles de leurs maladies spirituelles ; ainsi, ayant découvert à deux religieux, Sénoch et Liobard, dont chacun vantait la sainteté, leurs plus secrètes pensées, il les guérit d'une vanité dangereuse qu'ils entretenaient dans leur cœur sans la bien connaître.

Saint Grégoire enseignant. Missel de Quincy. XIIe.
Il secourait les pauvres plutôt selon la grandeur de sa charité, qui était sans bornes, que selon la force de son bien et du revenu de son évêché. Il soutenait avec un courage intrépide les immunités ecclésiastiques et le droit d'asile des temples sacrés contre les plus grands seigneurs et contre les rois eux-mêmes ; ainsi ne voulut-il jamais livrer au roi Chilpéric son fils Mérovée qui s'était réfugié au pied de l'autel de Saint-Martin ; quand le duc Bladaste et le comte Badachaire eurent recours au même asile, il s’en fut trouver le roi Gontran qui, refusant de pardonner, s’entendit dire :
" Puisque vous ne voulez pas, Sire, m'accorder ce que je vous demande, que souhaitez-vous que je réponde à mon Seigneur qui m'a envoyé vers vous ?"
Le roi Gontran demanda :
" Et qui est ce seigneur ?"
Grégoire répondit en souriant :
" C'est le glorieux saint Martin, il a pris ces deux princes sous sa protection, et lui-même vous demande leur grâce."
Ces paroles touchèrent tellement Gontran qu'il pardonna et fit rendre les biens qu'il avait confisqués.
Cet excellent prélat ne montra pas moins de constance dans un synode tenu à Paris contre saint Prétextat, évêque de Rouen, qui avait pour partie adverse le roi Chilpéric et la reine Frédégonde (577) ; les autres évêques n'osant pas parler en faveur de l'accusé, de peur de déplaire à la cour, Grégoire eut le courage d'exhorter ceux qui étaient les mieux venus auprès du roi à le persuader de se départir de cette affaire qui ne ferait que lui attirer le blâme des hommes, aussi bien que la colère et les justes vengeances de Dieu ; et comme Chilpéric le fit appeler devant lui pour se plaindre de ce qu'il soutenait un évêque qui lui était désagréable, il lui fit cette excellente réponse :
" Si quelqu'un de vos sujets s'écarte de son devoir et commet quelque injustice, vous êtes au-dessus de lui pour le châtier ; mais si vous-même vous vous éloignez du droit sentier de la justice, il n'y a personne qui ait le droit de vous punir. Nous donc, à qui Dieu a commis le soin des âmes, nous prenons alors la liberté de vous en faire de très humbles remontrances, et vous nous écoutez si vous voulez ; que, si vous ne nous écoutez pas, vous aurez à répondre à un souverain juge qui, étant le maître absolu des rois, vous traitera selon vos mérites."
Ce discours n'empêcha certes pas la condamnation de Prétextat, mais comme Frédégonde connut par là la vigueur épiscopale de Grégoire, elle fit ce qu'elle put par des promesses et des menaces pour l'attirer dans ses intérêts. Il fut insensible aux uns et aux autres, et, dans l'état déplorable où était alors le pays, troublé par les démêlés de quatre rois, et presque ruiné par les cruautés de deux reines ambitieuses, il sut se maintenir inviolablement dans la défense de la vérité et de la justice.
Il éprouva néanmoins combien il était dangereux de déplaire à Frédégonde quand, trois ans après l'affaire de saint Prétextat, elle le fit citer devant un synode que l'on tenait à Brenni, près de Compiègne, sous prétexte qu'il avait mal parlé d'elle ; mais, n'ayant aucune preuve contre lui et son serment le purgeant entièrement, elle fut obligée de le laisser renvoyer absous, contrairement à celui qui l'avait accusé qui fut excommunié comme calomniateur.

Messe de saint Grégoire de Tours. Heures à l'usage de Langres. XVe.
En 594 il partit en pèlerinage à Rome pour vénérer les tombeaux des saints Apôtres. Saint Grégoire le Grand, qui était nouvellement élu pape, le reçut avec beaucoup d'honneurs ; cependant, le voyant de très petite taille, il admirait que Dieu eût enfermé une si belle âme et tant de grâces dans un si petit corps. L'évêque connut par révélation cette pensée, et lui dit : Le Seigneur nous a faits, et nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes, mais il est le même dans les petits que dans les grands. Le Pape fut étonné de voir qu'il eût pénétré le secret de son cœur, et depuis il l'honora comme un saint, lui donna une chaîne d'or, pour mettre dans son église de Tours, et accorda en sa faveur de beaux privilèges à la même église.
Saint Grégoire de Tours a fait durant sa vie un très grand nombre de miracles et de guérisons surnaturelles ; mais, comme il était extrêmement humble, pour cacher la grâce des guérisons dont Dieu l'avait favorisé, il appliquait toujours sur les malades qu'il voulait guérir les reliques qu'il portait sur lui. Il a aussi reçu de la bonté de Dieu des faveurs et des assistances tout à fait extraordinaires.
Des voleurs étant venus pour le maltraiter, ils furent contraints de s'enfuir par une terreur panique dont ils furent saisis. Un orage, accompagné d'éclairs et de tonnerres, s'étant élevé en l'air tandis qu'il était en voyage, il ne fit que lui opposer son reliquaire, et il se dissipa en un moment. Dans la même occasion, ce miracle lui ayant donné quelque vaine joie et quelque sorte de complaisance, il tomba aussitôt de cheval et apprit par là à étouffer dans son cœur les plus petits sentiments d'orgueil. Etant un jour de Noël, le matin, dans un grand assoupissement pour avoir veillé toute la nuit, une personne lui apparut en songe et le réveilla par trois fois, lui disant à la troisième fois, par allusion à son nom de Grégoire, qui signifie vigilant :
" Dormirez-vous toujours, vous qui devez éveiller les autres ?"
Enfin, sa vie a été remplie de tant de merveilles, qu'il faudrait un volume entier pour les rapporter.
Depuis son retour de Rome, il s'appliqua plus que jamais à la visite de son diocèse, à la correction et à la sanctification des âmes qui lui étaient commises, à la prédication de la parole de Dieu et à toutes les autres fonctions d'un bon évêque. Ce fut dans ces exercices qu'il acheva le cours de sa vie, étant seulement âgé de cinquante-six ans, le 17 novembre de l'an 595, qui était la vingt et unième de son épiscopat. L'humilité qu'il avait pratiquée pendant sa vie parut encore après son décès, par le choix qu'il fit de sa sépulture.
Saint Grégoire de Tours a beaucoup écrit mais son principal ouvrage est son Historia Francorum sans laquelle l’histoire et les mœurs de la seconde moitié du VIe siècle nous seraient presque inconnues. On peut le considérer comme le père de l’histoire de France.
Rq : On peut lire et télécharger l'Histoire des Francs de saint Grégoire de Tours :
- Tome I : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94600f ;
- Tome II : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94598q.
dimanche, 17 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (4)
14 novembre. Saint Josaphat Kuncewicz de Wladimir, archevêque de Polotsk et martyr. 1623.
- Saint Josaphat Kuncewicz de Wladimir, archevêque de Polotsk et martyr. 1623.
Papes : Grégoire XV (+ 8 juillet 1623) ; Urbain VIII. Roi de Pologne : Sigismond III.
" Plût à Dieu que je pusses être le ravisseur de toutes les âmes !"
Saint Josaphat Kuncewicz.

Josaphat Kuncewicz naquit de parents catholiques et nobles d'origine à Wladimir en Volhinie. Un jour de son enfance que sa mère lui parlait de la passion du Seigneur, il fut blessé au cœur d'un trait parti du côté de l'image de Jésus crucifié. Embrasé de l'amour divin, il se livra dès lors de telle sorte à la prière et autres œuvres pieuses, qu'il était l'exemple et l'admiration de ses compagnons plus âgés.
A vingt ans il embrassa la règle monastique dans le cloître basilien, et fit dans la perfection évangélique des progrès merveilleux. Il marchait nu-pieds dans les plus grands froids des rigoureux hivers de ces régions. L'usage de la viande lui était inconnu ; et pareillement celui du vin, sauf quand l'y contraignait l'obéissance. Il garda jusqu'à la mort sur sa chair un rude cilice. Inviolable demeura la fleur de pureté que dès l'adolescence il avait vouée à la Vierge Mère de Dieu.
Ordonné prêtre, le saint basilien se fit l'apôtre de la contrée, s'appliqua au ministère de la prédication et de la confession tout en pratiquant une exacte observance de ses Règles. Dieu avait doté saint Josaphat d'un talent particulier pour assister les condamnés à mort. Il visitait aussi les malades pauvres, lavait leurs pieds couverts d'ulcères et tâchait de procurer des remèdes et de la nourriture à ces miséreux.
La renommée de sa vertu et de sa science devint telle en peu de temps, qu'on le mit malgré sa jeunesse à la tête du monastère de Byten, et que bientôt archimandrite du couvent de la Trinité de Vilna, qui se composait surtout de jeunes religieux, et qu'il forma à la vie monastique avec une vigilance toute paternelle.
Il fut enfin, à l'âge de trente-huit ans et contre son gré, mais à la grande joie des catholiques, sacré archevêque de Polotsk à Vilna.

Cette dignité nouvelle ne changea rien à son genre de vie ; le culte divin, le salut des brebis à lui confiées eurent tout son cœur. Champion infatigable de l'unité catholique et de la vérité, il consacra ses forces à ramener schismatiques et hérétiques à la communion du Siège de saint Pierre.
Des erreurs impies, d'impudentes calomnies étaient répandues contre le Souverain Pontife et la plénitude de sa puissance ; il ne faillit jamais à la tâche de les défendre, soit par ses discours, soit en des écrits pleins de piété et de doctrine. Il revendiqua les droits épiscopaux et les biens d'Eglise que des laïques avaient usurpés.
Incroyable fut le nombre des hérétiques ramenés par lui au sein de la Mère commune. Que surtout Josaphat ait été le promoteur incomparable de l'union de l'Eglise grecque avec l'Eglise latine, c'est ce qu'attestent expressément les déclarations du pontificat suprême. En outre, c'était à restaurer la splendeur du temple de Dieu, à construire des asiles pour les vierges sacrées, à mille œuvres pies, qu'allaient comme d'eux-mêmes tous les revenus de son évêché.
Sa charité envers les malheureux était si grande qu'un jour, ne trouvant rien pour soulager la misère d'une pauvre veuve, il fit mettre en gage son omophorion ou pallium épiscopal.
Tels furent les progrès de la foi catholique, que des hommes pervers en vinrent dans leur haine contre l'athlète du Christ à conspirer sa mort ; lui-même, dans un discours à son peuple, l'avait annoncée.
Vitebsk en fut le lieu.

Pendant que le saint archevêque se trouvait à la diète de Varsovie où plusieurs évêques avaient été convoqués, un évêque schismatique s'empara de son siège à l'improviste. Saint Josaphat s'empressa de revenir vers son troupeau pour rappeler les brebis rebelles à l'obéissance. Au moment où il voulut prendre la parole, la foule excitée par les schismatiques se rua impétueusement sur lui. Il aurait été impitoyablement massacré si la force armée n'était intervenue pour le dégager des mains des insoumis.
Au matin du 12 novembre 1623, alors qu'il priait dans la chapelle du palais épiscopal de Vitebsk, la foule en furie envahit la sainte demeure.
Lui très doux cependant vint de lui-même au-devant de ceux qui le cherchaient, et leur parlant avec amour :
" Mes petits enfants, dit-il, pourquoi frappez-vous mes gens ; si vous avez quelque chose contre moi, me voici."
Deux hommes s'avancèrent alors vers lui. L'un d'eux le frappa au front avec une perche et l'autre lui asséna un coup de hallebarde qui lui fendit la tête. Enfin, deux coups de fusil lui percèrent le crâne ; il finirent par emporter son corps pour le jeter dans le fleuve. Saint Josaphat avait quarante-quatre ans lorsqu'il fut victime de ce crime sacrilège.
C'était donc le douzième jour de novembre, et l'an 1623 ; Josaphat était dans sa 44e année. Son corps, enveloppé d'une lumière miraculeuse, fut retiré du fond des eaux. Ce fut aux parricides mêmes que profita tout d'abord le sang du Martyr ; condamnés à mort, presque tous abjurèrent le schisme, en détestant leur crime.
La mort du grand évêque fut suivie d'éclatants et nombreux miracles, qui portèrent le Souverain Pontife Urbain VIII à lui décerner les honneurs des Bienheureux.
Le trois des calendes de juillet de l'an mil huit cent soixante-sept, en la solennité centenaire des Princes des Apôtres, étant présent le collège des Cardinaux avec près de cinq cents Patriarches, Métropolitains ou Evêques de tous rites assemblés de toutes les parties du monde en la basilique vaticane, Pie IX inscrivit solennellement parmi les Saints ce défenseur de l'unité de l'Eglise.
Il fut le premier des Orientaux glorifiés en cette sorte. Léon XIII, Souverain Pontife, étendit son Office et sa Messe à l'Eglise entière.

Contemporain de saint François de Sales et de saint Vincent de Paul, saint Josaphat Kuncewiez a l'allure d'un moine grec du XIe siècle, pénitent à la façon d'un ascète de la Thébaîde. Etranger à la culture intellectuelle de l'Occident, il ne connaît que les livres liturgiques et les textes sacrés à l'usage de son église; prêtre, archimandrite, réformateur de son Ordre basilien, et enfin archevêque, il combat toute sa vie contre les conséquences du schisme de Photius; et martyr, il cueille enfin dans cette lutte la palme de la victoire. Cependant la scène se passe en pleine Europe, dans des contrées soumises alors à la Pologne catholique, sous le règne du plus pieux de ses rois. Comment expliquer ce mystère ?
" Au lendemain des invasions mongoles, la Pologne reçut dans ses bras bien plus qu'elle ne conquit la nation ruthène, c'est-à-dire les Slaves du rit grec du Dnieper et delà Dwina, qui avaient formé autour de Kiew, leur métropole religieuse et leur capitale, le noyau primitif de cette puissance, appelée aujourd'hui la Russie. En faisant participer à sa vie nationale ces frères séparés, mais non pas ennemis de l'unité romaine, qui venaient à elle pleins de confiance dans sa force et dans son équité, la Pologne aurait assuré le triomphe de la cause catholique et sa propre hégémonie dans le monde slave tout entier. L'union au Pontife romain des nouveaux arrivants, qui avec plus d'esprit politique et de zèle religieux, aurait dû être conclue dès le XIVe siècle, ne fut proclamée qu'en 1595.
Ce fut l'Union de Brzesc. Par le pacte signé dans cette petite ville de Lithuanie, le métropolite de Kiew et les autres évêques grecs, sujets de la Pologne, déclaraient rentrer dans la communion du Saint-Siège apostolique. Chefs spirituels de la moitié de la nation, ils achevaient ainsi la fusion des trois peuples ruthène, lithuanien et polonais, réunis alors sous le sceptre de Sigismond III. Or une réforme religieuse, fût-elle décrétée dans un concile, ne devient une réalité que si des hommes de Dieu, de vrais apôtres et , au besoin, des martyrs apparaissent pour la consommer. Tel fut le rôle de saint Josaphat, l'apôtre et le martyr de l'Union de Brzesc. Ce qu'il ne fit pas lui-même, ses disciples l'achevèrent. Un siècle de gloire était assuré à la nation, et sa ruine politique en fut de deux cents ans retardée.
Mais la Pologne laissa dans un état d'infériorité humiliante ce clergé et ce peuple du rit gréco slave, qui s'abritaient dans son sein ; ses politiques n'admirent jamais dans la pratique que des chrétiens du rit grec pussent être de véritables catholiques, égaux à leurs frères latins. Bientôt cependant un duel à mort allait s'engager entre la Moscovie, personnifiant l'influence gréco-slave, et la Pologne latine. On sait comment cette dernière fut vaincue. Les historiens signalent les causes de sa défaite ; mais ils oublient d'ordinaire la principale, celle qui l'a rendue irrémédiable : la destruction presque totale de l'Union de Brzesc, le retour forcé au schisme de l'immense majorité des Ruthènes ramenés autrefois à l'Eglise catholique par saint Josaphat. La consommation de cette œuvre néfaste, bien plus que les circonstances politiques et les triomphes militaires, a rendu définitive la victoire de la Russie. La Pologne, réduite à ses neuf ou dix millions de Latins, ne peut plus lutter contre sa rivale d'autrefois, devenue sa rude dominatrice d'aujourd'hui.
La puissance des Slaves séparés de l'unité catholique grandit chaque jour. De jeunes nations, émancipées du joug musulman, se sont formées dans la presqu'île des Balkans ; la fidélité au rite gréco-slave, dans lequel s'identifiaient pour eux leur nationalité et le christianisme, a été la force unique qui a. empêché ces peuples d'être broyés sous les pieds des escadrons turcs ; victorieux de l'ennemi séculaire, ils ne peuvent oublier d'où leur est venu le salut : la direction morale et religieuse de ces nations ressuscitées appartient à la Russie. Profitant de ces avantages avec une habileté constante et une énergie souveraine, elle développe sans cesse son influence en Orient. Du côté de l'Asie, ses progrès sont plus prodigieux encore. Le tzar qui, à la fin du XVIIIe siècle, commandait seulement à trente millions d'hommes, en gouverne aujourd'hui cent vingt-cinq ; et par la seule progression normale d'une population exceptionnellement féconde, avant un demi-siècle, l'Empire comptera plus de deux cents millions de sujets.
Pour le malheur de la Russie et de l'Eglise, cette force est dirigée présentement par d'aveugles préjugés. Non seulement la Russie est séparée de l'unité catholique, mais l'intérêt politique et le souvenir des luttes anciennes lui font croire que sa grandeur est identifiée avec le triomphe de ce qu'elle appelle l'orthodoxie et qui est simplement le schisme photien. Pourtant, toujours dévouée et généreuse, l'Eglise romaine ouvre les bras pour recevoir sa fille égarée ; et, oubliant les affronts qu'elle en a reçus, elle réclame seulement qu'on la salue du nom de mère. Que ce mot soit prononcé, et tout un douloureux passé sera effacé.
La Russie catholique, c'est la fin de l'Islam et le triomphe définitif de la Croix sur le Bosphore, sans péril aucun pour l'Europe ; c'est l'empire chrétien d'Orient relevé avec un éclat et une puissance qu'il n'eut jamais ; c'est l'Asie évangélisée, non plus seulement par quelques prêtres pauvres et isolés, mais avec le concours d'une autorité plus forte que celle de Charlemagne. C'est enfin la grande famille slave réconciliée dans l'unité de foi et d'aspirations pour sa propre grandeur. Cette transformation sera le plus grand événement du siècle qui la verra s'accomplir et changera la face du monde.
De pareilles espérances ont-elles quelque fondement ? Quoi qu'il arrive , saint Josaphat sera toujours le patron et le modèle des futurs apôtres de l'Union en Russie et dans tout le monde gréco-slave. Par sa naissance, son éducation, ses études, toutes les allures de sa piété et toutes les habitudes de sa vie, il ressemblait plus aux moines russes d'aujourd'hui qu'aux prélats latins de son temps.
Il voulut toujours la conservation intégrale de l'antique liturgie de son Eglise, et, jusqu'à son dernier soupir, il la pratiqua avec amour sans altération, sans diminution aucune, telle que les premiers apôtres de la foi chrétienne l'avaient apportée à Kiew de Constantinople.
Puissent s'effacer les préjugés, fils de l'ignorance ; et si décrié que soit aujourd'hui son nom en Russie, saint Josaphat sera, aussitôt que connu, aimé et invoqué par les Russes eux-mêmes.
Nos frères gréco-slaves ne peuvent fermer plus longtemps l'oreille aux appels du Pontife suprême. Espérons donc qu'un jour viendra et qu'il n'est pas éloigné, dans lequel la muraille de division s'écroulera pour jamais, et le même chant d'action de grâces retentira à la fois sous le dôme de Saint-Pierre et les coupoles de Kiew et de Saint-Pétersbourg." (Rme D. A. Guépin, Un apôtre de l'union des Egl. au XVIIe siècle, saint Josaphat ; en l'Avant-propos, passim.).
" Daignez, Seigneur, nous écouter et susciter en votre Eglise l'Esprit dont fut rempli le bienheureux Josaphat, votre Martyr et Pontife (Collecte de la fête)."
Ainsi prie aujourd'hui la Mère commune ; et l'Evangile achève de montrer son désir d'obtenir des chefs qui vous ressemblent (Johan. X, 11-16.).
Le texte sacré nous parle du faux pasteur qui fuit dès qu'il voit le loup venir ; mais l'Homélie qui l'explique dans l'Office de la nuit flétrit non moins du titre de mercenaire le gardien qui, sans fuir, laisse en silence l'ennemi faire son oeuvre à son gré dans la bergerie (Chrys. in Johan. Homil. LIX.).
PRIERE
" Ô Josaphat, préservez-nous de ces hommes, fléau du troupeau, qui ne songent qu'à se paître eux-mêmes (Ibid.). Puisse le Pasteur divin, votre modèle jusqu'à la fin (Johan. XIII, I.), jusqu'à la mort pour les brebis (Ibid. X, II.), revivre dans tous ceux qu'il daigne appeler comme Pierre en part d'un plus grand amour (Ibid. XXI, 15-17.).
Apôtre de l'unité, secondez les vues du Pontife suprême rappelant au bercail unique ses brebis dispersées (Ibid. X, 16.). Les Anges qui veillent sur la famille Slave ont applaudi à vos combats : de votre sang devaient germer d'autres héros ; les grâces méritées par son effusion soutiennent toujours l'admirable population des humbles et des pauvres de la Ruthénie, faisant échec au schisme tout-puissant ; tandis que, sur les confins de cette terre des martyrs, renaît l'espérance avec le renouvellement de l'antique Ordre basilien dont vous fûtes la gloire. Puissent-elles ces grâces déborder sur les fils des persécuteurs ; puisse l'apaisement présent préluder au plein épanouissement de la lumière, et les ramener à leur tour vers cette Rome qui a pour eux les promesses du temps comme de l'éternité !"
jeudi, 14 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
15 novembre. Saint Malo, évêque de l'ancien siège d'Aleth, en Bretagne, confesseur. 630.
- Saint Malo, évêque de l'ancien siège d'Aleth, en Bretagne, confesseur. 630.
Malo est aussi connu sous ces équivalents : Macout, Maclou, Macoux, Mahout, Mahut, Machutes, Mochutus, Maclovius, Macilliavus, etc.
Pape : Honorius Ier. Roi de Domnonée, puis roi de Bretagne : Saint Judicaël.
" In omnium ore virtutum ejus fama versabatur."
" Son éloge était sur toutes les lèvres."
Office de Saint Malo, à Rennes.

Saint Malo. Verrière de l'église de Saint-Père-Marc-en-Poulet.
La datation de saint Malo est très discutée. Saint Malo, d'après Dom Lobineau (Vies des Saints de Bretagne) ne serait né qu'en 547. Il aurait cependant été évêque d'Aleth, d'après L'art de vérifier les dates, en 540 ; d'après Feller, en 541 ; d'après d'Argentré, en 560. Feller, Godescard et L'art de vérifier les dates le font mourir en 565.
Saint Malo, plus connu en Saintonge sous le nom de Macout (Maclovius, Machutus), était probablement d'origine Irlandaise, à en juger par la forme primitive de son nom, qui, selon toute apparence, a dû être Mac-Low. On ignore quelle circonstance avait amené ses parents sur le Continent ; mais il naquit à Raux ou Roc, près d'Aleth, selon Bili, le plus ancien de ses biographes.
Sa naissance aurait été accordée aux prières de son père et de sa mère. Celle-ci, nommée Darval, avait déjà 66 ans quand elle mit au monde notre Saint, le jour de Pâques 497. Dieu voulait que tout fût surnaturel dans cet enfant. Son père, nommé Owent, était seigneur de l'ancienne province des Silures. Il passe pour le fondateur de la ville de Castel-Gwent, aujourd'hui Cherstow, dans le golfe de Bristol.

Saint Malo. Bréviaire à l'usage de Langres. Leroquais. XVe.
A cette époque, de saints anachorètes, tels que les Cadoc, les Illtut, les Brendan, avaient fait de leurs monaslères autant d'écoles, où ils travaillaient à la civilisation de l'Irlande et de la Grande-Bretagne par l'éducation Chrétienne des enfants des premières familles du pays. Ils préparaient aussi la réévangélisation du Continent. Macout, dès qu'il fut en âge d'étudier, fut confié aux soins de saint Brendan, abbé de Lan-Carvan. Les légendes ont dit, et la Liturgie ancienne se plaisait à répéter les traits de vertu et les faits merveilleux de son enfance.
Dieu montra un jour, par une préservation merveilleuse, avec quel soin sa Providence veillait sur cet enfant. Un soir, les jeunes élèves de Lan-Carvan prenaient leurs ébats sur le rivage de la mer, voisine du monastère. Malo, cédant à son attrait pour la solitude, était allé, loin de ses compagnons, sur un tertre où il s'endormit, couché sur des algues. Le reflux de la mer avait forcé la jeune troupe de s'éloigner, et avait envahi le lieu où dormait Malo. On ne s'aperçut de son absence que lorsqu'on fut de retour au monastère. Le saint abbé, plein d'anxiété, court alors au rivage qu'il fait retentir de ses cris répétés. Il appelle Malo. Malo ne répond pas. Sans doute, hélas ! il est noyé. En proie à sa douleur, Brendan regagne sa cellule, et il y passe la nuit à prier pour son cher enfant qu'il croit mort.
Le lendemain, de grand matin, moins dans l'espoir de le retrouver que pour satisfaire un élan de son coeur, il retourne au rivage. Des points les plus élevés, il jette un regard anxieux sur l'immensité des flots. Ô prodige ! Le jeune Malo, debout sur les algues que les eaux ont soulevées sans même mouiller ses habits, chante les louanges du Créateur. Le maître et le disciple se trouvent assez rapprochés pour s'entendre ; au dialogue s'établit entre eux. L'enfant raconte comment la divine Bonté l'a préservé de tout péril, et Brendan, attendri et joyeux, remerciant Dieu du fond du coeur, ramène au monastère son cher élève, dont les condisciples attendaient le retour.
Le moine Sigebert, de Gembloux, autre biographe du Saint, dit que la motte de terre, sur laquelle dormait Malo, s'accrut au moment de reflux, et forma une île qui domine encore les flots.

Saint Malo dit la messe de Pâques sur le dos d'une baleine.
Gravure du XVIIIe.
Cependant les Anglo-Saxons avaient envahi toute la partie orientale de la Grande-Bretagne. Vers l'an 536, les ravages qu'ils exerçaient sur la côte occidenlale forcèrent Malo et plusieurs saints personnages à émigrer en Armorique. De ce nombre était saint Samson, qui avait reçu déjà la consécration épiscopale à titre d'évêque régionnaire, et qui fut premier évêque de Dol ; puis saint Magloire, saint Brieuc, saint Pol et saint Méen (Mewan).
Ces nouveaux Apôtres abordèrent dans une île peu éloignée du Continent, appelée l'île d'Aaron (aujourd'hui la ville de Saint-Malo-de-l'île), du nom d'un saint anachorète qui l'habitait. Malo, sous la conduite de Samson, ne songeait qu'à s'appliquer aux vertus monastiques et à vivre dans la solitude, quand les Chrétiens de la ville d'Aleth, séparée de cette île par un étroit canal, le choisirent unanimement pour évêque, avec l'assentiment de leur prince que Bili nomme Judelus, et qui est connu dans l'histoire sous le nom de Judwal ou Alain. Le roi Childebert 1er (557) venait de rétablir ce prince dans les Etats de ses pères, usurpés en 546 par Canao.

Saint Malo. Verrière de l'église Saint-Malo
de Saint-Malo-de-Phily. Bretagne.
Sigebert, parlant de l'élection de Malo, dit qu'on le fit asseoir sur la chaire épiscopale. Cette expression ne paraît pas indiquer la création d'un nouvel évêché. Il n'en aurait donc pas été le premier titulaire, comme plusieurs l'ont prétendu. Les actes de saint Samson nomment Gurval, l'évêque d'Aleth qui assista aux funérailles de ce Saint en 565. Manet donne pour prédécesseur à saint Malo un prélat du nom de Budoc. Il eût été plus vrai de dire que notre Saint fut le premier évêque d'Aleth d'origine britonnique ; tous les autres avant lui ayant appartenu à des familles armoricaines.
C'était en 575. Jusqu'en 594, année de la mort de Judwal, le saint évêque ne cessa d'exercer en paix son apostolat, et d'édifier son diocèse et l'Armorique tout entière par sa parole, ses exemples et ses miracles.
Hailoch ou Hoël 3, fils et successeur de Judwal, n'avait pas hérité de la piété de son père. Il fut le premier persécuteur du saint évêque. Voici à quelle occasion. Malo avait fait tout exprès le voyage de Luxeuil pour prendre de la bouche de saint Colomban connaissance de sa Règle, déjà célèbre
De retour à Aleth, il construisit à Raux, lieu de sa naissance, un monastère qu'il plaça sous cette Règle. Il aimait à y mener lui-même la vie cénobitique. L'apparente prospérité de cette abbaye bientôt florissante avaient tenté la cupidité d'Hoël. Il voulut détruire l'église ; mais Dieu le frappa de cécité. Forcé de se reconnaître coupable, il implore son pardon et sa guérison.
Saint Malo, toujours disposé à faire du bien à ses ennemis, lui lave les yeux avec de l'huile et de l'eau qu'il a bénites et lui rend la vue. Le prince se montra toute sa vie reconnaissant de ce bienfait.

Saint Malo tourmenté puis chassé par ses certaines de ses ouailles.
Il s'embarque avec quelques religieux pour atteindre la Saintonge.
Speculum historiale. J. de Vignay. XVe.
A sa mort, arrivée en 612 la persécution recommença. Saint Malo avait eu d'abord la douleur de voir massacrer, dans sa propre cellule, où on l'avait caché, un des enfants du comte. L'auteur de ce meurtre, nommé Rethwel, voulait faire périr ainsi tous les fils d'Hoël III. Trois jours après, en punition de son crime, il était lui-même frappé d'une mort honteuse. Les esprits n'en étaient pas moins soulevés contre Malo. Dieu permit, pour l'éprouver, qu'il trouvât des adversaires jusque chez ses collègues dans l'épiscopat. Il se vit chassé de son siège ; le prince osa même renverser sa cathédrale.
Le Saint résolut alors de quitter cette terre ingrate qu'il cultivait depuis près de 40 ans. Il appela sur elle, en partant, les malédictions du Ciel, non dans un esprit de vengeance, mais dans le but de faire rentrer les pécheurs en eux-mêmes sous le coup des punitions divines. Il s'embarqua avec 33 moines qui voulurent partager son exil. Après plusieurs jours de navigation vers les côtes d'Aquitaine, on aborda dans une île de Saintonge, que Bili nomme Agenis, et qui nous paraît être l'île d'Aix (Aia, Agia, Aias, Ais, Ayensis, Aquensis).
Saint Malo s'informe des moeurs et des religions locales. Apprenant qu'ils sont Chrétiens, il leur demande s'il trouverait dans la cité voisine une personne exerçant les oeuvres de miséricorde, qui voulût bien leur donner asile, à lui et à ses compagnons. On lui nomme Léonce, évêque de Saintes, en ce moment dans une autre île appelée Euria, et que nous croyons être celle d'Hiers. On fait voile aussitôt vers ce lieu. Léonce, apprenant quelle considération saint Malo s'était acquise par ses vertus, l'accueillit avec empressement et lui donna , pour sa demeure et celle de ses moines, un magnifique domaine près de sa ville épiscopale. A cela, les habitants du voisinage ajoutèrent un âne destiné à porter le bois pour l'usage de la communauté. Un jour, l'âne mal gardé fut dévoré par un loup. Saint Malo contraignit alors la bête à se charger du bât de l'âne et à en remplir les différents offices. Ce qu'il fit volontiers, dit la légende, tant que vécut le Saint.

Saint Malo. Saint-Benoît-des-Ondes. Bretagne.
Dieu se plaisait à manifester par des miracles une vertu qui s'efforçait de se faire oublier des hommes. Une nouvelle circonstance la fit connaitre davantage.
La fille du gouverneur de Saintes, mordue par un serpent venimeux, était sur le point d'expirer. Saint Malo, ému de compassion, accourt, trempe dans l'eau bénite une feuille de lierre qu'il applique sur la plaie, et en fait entièrement découler le venin. Le gouverneur, par reconnaissance, donna à saint Malo des terres considérables, pour l'aider dans les aumônes qu'il distribuait chaque jour aux indigents.
Un autre jour, saint Léonce avait mis en réserve de l'eau dans laquelle Malo s'était lavé les mains. Une femme aveugle en baigna ses yeux et recouvra la vue.
Léonce, désirant faire jouir tout son diocèse des bienfaits et de l'édification que procurait la présence de saint Malo, l'invita à faire avec lui la visite des paroisses. Le cours de cette visite avait amené les deux évêques dans une ville que Sigebert nomme Brea, le manuscrit d'Hérouval Briage, et le Bréviaire de 1542 Brya. Il y avait dans cette ville deux églises ou chapelles.
L'analogie du nom, l'ancienne importance du lieu attestée par les restes imposants d'un antique donjon, et surtout l'existence de deux églises, dédiées, l'une à saint Pierre, et l'autre à saint Eutrope, comme en font foi des chartes de Notre-Dame de Saintes, toutes ces circonstances réunies nous portent à croire qu'il s'agit ici de l'ancienne ville de Broue. Elle était alors fièrement assise, dans le golfe de Brouage, sur un promontoire élevé que battaient les flots de l'Océan.
Léonce avait assigné à saint Malo une des deux églises pour y exercer les fonctions sacrées, pendant qu'il les remplirait dans l'autre. Or, il arriva qu'un jeune garçon de 12 ans, de la maison de l'évêque de Saintes, tomba dans un puits et s'y noya.
Emu par ce triste événement, touché des larmes de la famille de l'enfant, Léonce fait porter le corps du défunt dans l'église qu'il avait assignée à saint Malo. Celui-ci a compris ce qu'on lui demande. Il passe toute la nuit en prières, et le lendemain, se prosternant 7 fois sur l'enfant, à l'exemple du prophète Elisée, il lui rend la vie. Par humilité, il attribuait ce miracle aux seules prières de Léonce.

Cathédrale Saint-Maclou de Pontoise.
Pendant que la Saintonge était heureuse de posséder une si éclatante lumiére, le diocèse d'Aleth présentait le plus déplorable aspect. Jamais on n'y avait vu autant de boiteux, d'aveugles et de lépreux, et d'absence de Foi. Des miasmes infects répandaient dans toutes les maisons des maladies contagieuses. La terre était devenue stérile : la famine était générale. Les habitants, touchés de repentir, demandent au Ciel le retour de leur saint pasteur.
On le prie instamment de revenir vers son troupeau. En même temps un Ange l'avertit de ne point différer de se rendre aux désirs de son diocèse. A son arrivée, tous les fléaux cessent ; les effets des malédictions du saint évêque ont fait place à d'abondantes bénédictions.
En quittant la Saintonge, saint Malo avait promis d'y revenir pour y finir ses jours. La fin de sa vie terrestre approchait. Dieu lui fit connaître que Sa volonté était qu'il reprît le chemin de Saintes. A peine Léonce a-t-il appris l'heureux débarquement de saint Malo, qu'il accourt à sa rencontre jusqu'en un lieu nommé alors Archembiacum.
Le père Giry a traduit ce mot par Archembray ; mais il n'existe en Saintonge aucune localité de ce nom. Nous croyons trouver Archembiacum, dont le nom s'est perdu, à Lugon, autrement dit Saint-Malo, aux environs de Nancras, non loin de Broue, où le Saint a pu fort bien aborder. Dans une charte du XIe siècle, relative au monastère de Sainte-Gemme, il est question de celui de Lucum (Lugon). C'était encore, au siècle dernier, un prieuré. Ce lieu, situé dans l'antique forêt de Baconais, offrait à saint Malo des charmes qui l'y fixêrent. Léonce et lui s'entretinrent longtemps du bonheur de l'autre vie. Il fallut se séparer.
L'évêque de Saintes avait à peine gagné sa ville épiscopale, que le Bienheureux tomba malade. Il ne voulut point d'autre lit que la cendre et le cilice, disent ses biographes. Il tint constamment ses mains et ses yeux dirigés vers le ciel. C'est dans cette attitude qu'il expira doucement, le 15 novembre 630, à l'âge de 133 ans , comme l'affirment certaines Vies, le Bréviaire de Saintes de 1542 et le Martyrologe de France.

Eglise Saint-Maclou de Rouen. Normandie.
On représente saint Malo
1. guérissant un seigneur qui avait perdu la vue pour s'être efforcé de renverser une église élevée par le saint évêque ;
2. porté par une motte de terre qui flotte sur les eaux, comme nous l'avons raconté ;
3. faisant travailler un loup qui lui avait mangé son âne, et le contraignant à porter des fagots ;
4. disant la Messe sur le dos d'une baleine.
Les Bretons veulent que dans une navigation prolongée, le saint se soit trouvé en mer le jour de Pâques. Alors, désirant pouvoir célébrer la Messe, il se serait fait débarquer sur une île qui se trouva n'être qu'une baleine. Il put cependant célébrer sur ce pied-à-terre singulier, sans trop d'accidents , si l'on en croit la légende, et l'animal ne plongea qu'après la Messe finie.
Saint Malo est le patron de Rouen, de Saint-Malo, de Valognes, de Conflans-sur-Oise, de Dinan. On l'invoque avec succès contre l'hydrophisie.
CULTE ET RELIQUES
Saint Léonce accourut rendre à son ami les derniers devoirs. Il fit transporter à Saintes ses restes précieux, et leur donna la sépulture qui convient à ceux d'un grand Saint, dans la belle église qu'il fit construire, hors des murs, à l'occident de la ville, dans le quartier qui porte encore aujourd'hui le nom de Saint-Macout.
A cette translation, le Saint opéra plusieurs miracles, délivrant un possédé, rendant la vue à 2 aveugles, redressant un contrefait. L'église construite par saint Léonce, ajoute le Bréviaire de Saintes de 1542, a été ruinée par les Anglais quand ils envahirent l'Aquitaine au XVe siècle. Après la guerre, elle fut réédifiée ; mais elle était loin d'avoir sa splendeur première.

Eglise Saint-Malo de Dinan. Bretagne.
Nous apprennons, par les mémoires du chanoine Tabourin, que le Chapitre de Saint-Pierre de Saintes venait en procession à Saint-Malo la veille et la jour de la fète du Saint, le j
vendredi, 15 novembre 2024 | Lien permanent
18 novembre. Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul. 1626.
- Dédicace des basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul. 1626.
Pape : Urbain VIII.
" Quod duce te mundus surrexit in astra triumphans, hanc constantinus victor tibi condidit aulam."
" Parce que le monde sous ta conduite s'est élevé triomphant jusqu'aux cieux, Constantin vainqueur construisit ce temple à ta gloire."
Inscription qui, dans l'ancienne basilique vaticane, se détachait en lettres d'or au sommet de l'arc triomphal.
Jamais en moins de mots le génie romain ne s'exprima si magnifiquement ; jamais n'apparut mieux la grandeur de Simon fils de Jean sur les sept collines. En 15o6, la sublime dédicace tombant de vétusté périt avec l'arc sous lequel, à la suite du premier empereur chrétien, peuples et rois, le front dans la poussière, s'étaient pressés durant douze siècles en présence de la Confession immortelle, centre et rendez-vous du monde entier. Mais la coupole lancée dans les airs par le génie de Michel-Ange, désigne toujours à la Ville et au monde le lieu où dort le pêcheur galiléen, successeur des Césars, résumant dans le Christ dont il est le Vicaire les destinées de la ville éternelle.
La seconde gloire de Rome est la tombe de Paul sur la voie d'Ostie. Cette tombe, à la différence de celle de Pierre qui continue de plonger dans les profondeurs de la crypte vaticane, est portée jusqu'à fleur de terre par un massif de maçonnerie, sur lequel pose le vaste sarcophage. On fut à même de constater cette particularité en 1841, lorsque l'on reconstruisit l'autel papal. Il parut évident que l'intention de soustraire le tombeau de l'apôtre aux inconvénients qu'amènent les débordements du Tibre, avait obligé de soulever ainsi le sarcophage de la place où d'abord Lucine l'avait établi (Voir XVI Septembre, en la Légende de saint Corneille.).
Le pèlerin n'a garde de s'en plaindre, lorsque par le soupirail qui s'ouvre au centre de l'autel, son œil respectueux peut s'arrêter sur le marbre qui ferme la tombe, et y lire ces imposantes paroles, tracées en vastes caractères de l'époque constantinienne :
" PAULO APOSTOLO ET MARTYRI."
" A Paul Apôtre et Martyr."
(Dom Guéranger, Sainte Cécile et la Société romaine aux deux premiers siècles, ch. VI.).

Reliquaire contenant une part importante des reliques de saint Pierre. Basilique Saint-Pierre.
Ainsi Rome chrétienne est protégée au nord et au midi par ces deux citadelles. Associons-nous aux sentiments de nos pères, lorsqu'ils disaient de la cité privilégiée :
" Janitorante fores fixit sacraria Petrus :
Quis neget has arces instar esse poli ?
Parte alia Pauli circumdant atria muros :
Hos inter Roma est: hic sedet ergo Deus."
" Pierre, le portier, fixe ! à l'entrée sa demeure sainte ;
Qui niera que cette ville soit pareille aux cieux ?
A l'autre extrémité, Paul, de son temple, en garde les murs ;
Rome est assise entre les deux : là donc est Dieu."

Tombe de saint Paul. Basilique Saint-Paul-Hors-Les-Murs. Rome.
Donc aussi la présente fête méritait d'être plus qu'une solennité locale; l'Eglise mère, en l'étendant à toute Eglise dans ces derniers siècles, a mérité la reconnaissance du monde. Grâce à elle, nous pouvons tous ensemble aujourd'hui faire en esprit ce pèlerinage ad limina (Ad limina Apostolorum, aux seuils des basiliques des Apôtres, où l'on se prosternait avant d'entrer dans les basiliques mêmes) que nos aïeux accomplissaient au prix de tant de fatigues, ne croyant jamais en acheter trop cher les saintes joies et les bénédictions.
" Célestes monts, sommets brillants de la Sion nouvelle ! Là sont les portes de la patrie, les deux lumières du monde en sa vaste étendue ! Là, Paul comme un tonnerre fait entendre sa voix ; là, Pierre retient ou lance la foudre. Par celui-là les cœurs des hommes sont ouverts, par celui-ci les cieux. Celui-ci est la pierre de fondement, celui-là l'ouvrier du temple où s'élève l'autel qui apaise Dieu. Tous deux, fontaine unique, épanchent les eaux qui guérissent et désaltèrent." (Venant. Fortunat. Miscellanea, III, 7.).

Plaque de la tombe de saint Paul. Basilique Saint-Paul-Hors-Les-Murs. Rome.
L'Eglise romaine a consigné, dans les Leçons qui suivent, ses traditions concernant les basiliques dont la dédicace fait l'objet de la fête de ce jour.
Parmi les lieux sacrés qui attirèrent autrefois la vénération des chrétiens, les plus célèbres et les plus fréquentés furent ceux où l'on gardait les corps des saints, ou quelque reste ou mémoire des Martyrs. Au nombre et en tête de ces saints lieux fut toujours cette partie glorieuse du Vatican qu'on appelait la Confession de saint Pierre. Là, en effet, de toutes les parties du monde affluaient les chrétiens ; là était pour eux la pierre de la foi, le fondement de l'Eglise ; leur vénération pour le lieu consacré parle tombeau du Prince des Apôtres se traduisait par les plus religieuses et les plus pieuses démonstrations.
Là, l'empereur Constantin le Grand vint le huitième jour après son baptême, et déposant le diadème et se prosternant, répandit une grande abondance de larmes ; puis s'armant de la pioche et du hoyau, il creusa le sol et en retira douze charges de terre en l'honneur des douze Apôtres, désignant ainsi l'emplacement de la basilique qu'il voulait construire à leur Prince. Elle fut dédiée par le Pape saint Silvestre le quatorze des calendes de décembre, en la manière que, le cinq des ides de novembre, il avait consacré l'église du Latran, mais en y élevant un autel de pierre qu'il oignit du chrême, et prescrivant que désormais tout autel devrait être de pierre. Le bienheureux Silvestre dédia pareillement sur la voie d'Ostie la basilique de saint Paul Apôtre, que l'empereur Constantin avait de même construite avec magnificence l'enrichissant ainsi que la première de biens-fonds, d'ornements, et de présents considérables.
Or, comme la basilique vaticane tombait de vétusté, elle fut par la piété de nombreux Pontifes réédifiée depuis les fondations plus magnifique et plus grande ; l'an 1626, en ce même jour, Urbain VIII la consacrait solennellement. L'an 1823, un violent incendie consumait entièrement la basilique de la voie d'Ostie ; relevée plus belle qu'auparavant par le zèle persévérant de quatre Pontifes et comme reconquise sur la destruction, Pie IX mit à profit pour sa consécration la très heureuse circonstance de la définition de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie qu'il venait de proclamer, et qui des contrées les plus éloignées de l'univers catholique avait attiré à Rome nombre d'évêques et de cardinaux ; ce fut le dixième jour de décembre de l'année mil huit cent cinquante-quatre, qu'entouré d'une si brillante couronne de prélats et de princes de l'Eglise il accomplit la solennelle dédicace, en en fixant la mémoire annuelle au présent jour.
lundi, 18 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
26 novembre. Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.
- Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.
Pape : Saint Eusèbe. Empereur romain d'Orient : Galère. Empereur romain d'Occident : Licinius.
Antienne.

Maximin Daïa persécutant les Chrétiens.
Saint Pierre succéda à saint Théonas (23 août) vers l'été de l'an 300 comme évêque d'Alexandrie, et mourut martyr de la grande persécution, très probablement le 25 novembre 311. Il aurait versé son sang le dernier, et c'est pour cela qu'on l'appela en Orient le " sceau des martyrs ".
" Après Théonas qui avait servi 19 ans, Pierre reçoit la succession de l'épiscopat sur Alexandrie ; il se distingue lui aussi pendant 12 années entières. Avant la persécution, il dirigea cette Église pendant 3 ans ; le reste de sa vie, il le passe dans des exercices assez durs et pourvoit, sans se cacher, au bien général des Églises. C'est pourquoi, la IXe année de la persécution, il a la tête coupée et il est paré de la couronne du martyre... " (L. 7, c. 32, 31.).
" Parmi ceux qui moururent glorieusement à Alexandrie, dans toute l'Égypte et la Thébaïde, il faut citer en premier lieu Pierre, l'évêque de cette Alexandrie, l'un de ces docteurs divins de la piété Chrétienne..." (L. 8, c. 13, 7.).

Vision de saint Pierre d'Alexandrie. VIIe.
" Pierre présidait très brillamment aux Églises d'Alexandrie, l'un de ces évêques divins par sa vie vertueuse et ses exercices dans les paroles sacrées. Sans nul motif, il est appréhendé contre toute attente ; subitement, sans jugement, comme sur ordre de Maximin, il est décapité. Avec lui, plusieurs évêques d'Égypte subissent même traitement." (L. 9, c. 6, 2.).
En dehors de ces textes trop brefs, la documentation est d'allure légendaire. Par exemple, vers la fin du Xe siècle, dans l'Histoire des patriarches d'Alexandrie, Sévère Ibn al Moqaffa, évêque d'El-Eschmounein (Haute-Égypte), nous conte que Pierre, après avoir banni Arius, fut emprisonné. Mais tous les fidèles d'Alexandrie voulaient mourir avant lui.
La femme d'un apostat nommé Socrate, qui vivait à Antioche, tenait absolument à se rendre à Alexandrie pour faire baptiser ses enfants. Socrate refusait. Elle s'embarqua malgré tout avec ses deux fils. Éclate une tempête. La vaillante Chrétienne se fait une incision au sein droit et avec 3 gouttes de son sang elle trace une croix sur le front et le coeur de ses petits, puis elle les baptise dans l'eau salée en prononçant les paroles sacramentelles, et les embrasse. On atteint enfin Alexandrie. Elle présente ses garçons au baptême. Mais l'eau du baptistère, pour eux, se congèle subitement. Pierre s'informe, et conclut que le Ciel a ratifié le baptême maternel.

Saint Pierre d'Alexandrie en prison.
Arius est de nouveau repoussé par Pierre, qui est décapité dans sa prison, à travers un trou dans le mur.
" Je vis un enfant entrer par la porte de cette cellule. Il avait environ 12 ans. Son visage brillait d'un tel éclat que toute la pièce en était éclairée. Il portait un colobium de lin, mais déchiré du cou jusqu'aux pieds ; des 2 mains il en serrait les morceaux sur la poitrine, et couvrait ainsi sa nudité. A cette vue, tout effrayé, je dis :
" Seigneur, qui t'a déchiré ta tunique ?"
Il répondit :
" Arius m'a tout déchiré. Attention ! ne l'admets pas à ta communion. On fera des démarches en sa faveur, ne te laisse pas influencer... Toi, tu es appelé au martyre."
Arius étant le grand hérésiarque du IVe siècle, la légende a fait de lui le grand adversaire de Pierre. Mais c'est Mélèce que Pierre combattit. Mélèce, évêque de Lycopolis, en Haute-Égypte, venait le premier après l'évêque d'Alexandrie. Dès 305 (?), il se permit d'intervenir en maître dans les territoires de quatre évêques emprisonnés et de Pierre, qui était très gêné par la persécution. Sans tenir compte d'une protestation collective des quatre prisonniers, Mélèce se rendit à Alexandrie et substitua ses créatures aux délégués de Pierre. Celui-ci défendit au peuple de communier avec Mélèce, et annonça un synode pour connaître de cette affaire. Mélèce s'installa dans le schisme.
En 306 (?), Pierre écrivit une circulaire pleine de charité concernant les Chrétiens qui avaient plus ou moins renié leur foi durant la persécution. Mélèce se posa en rigoriste. Et pourtant, au dire de saint Athanase, il avait faibli au début de la tourmente. Le conflit entre indulgence et rigueur sévissait jusqu'en prison, jusque dans les mines où les Chrétiens étaient mis aux travaux forcés. Mélèce, Pierre se retrouvaient, avec des clercs, sous les verrous.

Cathédrale d'Alexandrie.
Saint Épiphane nous raconte que Pierre, au milieu de la prison, étendit par terre un manteau qui lui servait de couverture, et fit crier par un diacre :
" Ceux qui pensent comme moi, qu'ils passent de mon côté ! Ceux qui pensent comme Mélèce, qu'ils passent du côté de Mélèce !"
Le grand nombre fut pour Mélèce.
Au printemps de 311, un édit de Galère libéra les captifs, mais bientôt Maximin Daïa reprit la persécution. Le 25 novembre, Pierre fut décapité. Malheureusement, son oeuvre écrite a péri en très grande partie. Il fut l'adversaire des idées d'Origène, condamna la préexistence des âmes et l'interprétation allégorique de la Genèse. Il n'admettait pas le subordinatianisme.
Dans l'iconographie, notre Pierre, avec sa barbe ronde, ressemble fort à son homonyme le grand apôtre. La vision de Jésus au vêtement déchiré a été peinte plus d'une fois. A Mistra (région du Taygète, dans le Péloponnèse), l'artiste a pris soin d'écrire auprès de Jésus les paroles que lui prête la légende " Arius m'a dépouillé ".
Ici, le Sauveur est un bel adolescent un peu grêle : sa posture rappelle l'Apollon de Cassel. En Serbie, c'est un tout petit enfant qui apparaît sur l'autel, un Ange en diacre lève sur lui le ripidion (un éventail au long manche) en usage avant et après l'épiclèse (cf. Fr.-J. Moreau, Liturgies euchar., 1924, p. 100, 144-145.).
mardi, 26 novembre 2024 | Lien permanent
27 novembre. Notre Dame de la Médaille miraculeuse. 1830.
- Notre Dame de la Médaille miraculeuse. 1830.
Pape : Pie VIII. Roi de France : Charles X.
" Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous."
Prière transmise par Notre Dame à sainte Catherine Labouré.
Extrait du récit de l'apparition à Ste Catherine Labouré :
En ce moment, je sentis l'émotion la plus douce de ma vie, et il me serait impossible de l'exprimer. La Sainte Vierge m'expliqua comment je devais me conduire dans mes peines, et, me montrant de la main gauche le pied de l'autel, elle me dit de venir me jeter là et d'y répandre mon coeur, ajoutant que je recevrais là toutes les consolations dont j'aurais besoin.
Puis elle me dit encore :
" Mon enfant, je veux vous charger d'une mission ; vous y souffrirez bien des peines, mais vous les surmonterez à la pensée que c'est pour la gloire du Bon Dieu. Vous serez contredite, mais vous aurez la grâce, ne craignez point ; dites tout ce qui se passe en vous, avec simplicité et confiance. Vous verrez certaines choses ; vous serez inspirée dans vos oraisons, rendez-en compte à celui qui est chargé de votre âme."
Je demandai alors à la Sainte Vierge l'explication des choses qui m'avaient été montrées. Elle me répondit :
" Mon enfant, les temps sont très mauvais ; des malheurs vont fondre sur la France ; le trône sera renversé, le monde entier sera bouleversé par des malheurs de toutes sortes. (La Sainte Vierge avait l'air très peinée en disant cela). Mais venez au pied de cet autel : là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont, sur les grands et sur les petits."
" Un moment viendra où le danger sera grand ; on croira tout perdu. Je serai avec vous, ayez confiance ; vous reconnaîtrez ma visite, la protection de Dieu et celle de saint Vincent sur les deux communautés. Ayez confiance, ne vous découragez pas, je serai avec vous !"
Il y aura des victimes dans d'autres communautés. (La Sainte Vierge avait les larmes aux yeux en disant cela). Dans le clergé de Paris, il y aura des victimes, Monseigneur l'Archevêque mourra (à ces mots, ses larmes coulèrent de nouveau). Mon enfant, la croix sera méprisée, on la jettera par terre, on ouvrira de nouveau le côté de Notre Seigneur ; les rues seront pleines de sang ; le monde entier sera dans la tristesse."

Sainte Catherine Labouré.
(...) Je ne saurais dire combien de temps je suis restée auprès de la Sainte Vierge ; tout ce que je sais, c'est qu'après m'avoir parlé longtemps, elle s'en est allée, disparaissant comme une ombre qui s'évanouit.
Le 27 novembre 1830, qui était un samedi et la veille du premier dimanche de l'Avent, à cinq heures et demie du soir, faisant la méditation dans un profond silence, j'ai cru entendre, du côté droit du sanctuaire, comme le bruit d'une robe de soie.
J'aperçus alors la Sainte Vierge auprès du tableau de saint Joseph ; sa taille était moyenne et sa figure si belle, qu'il me serait impossible d'en décrire la beauté. Elle était debout, vêtue d'une robe blanc-aurore, de la forme qu'on appelle " à la Vierge ", c'est-à-dire montante et à manches plates. La tête était couverte d'un voile blanc qui descendait de chaque côté jusqu'aux pieds. Elle avait les cheveux en bandeaux, et, par-dessus, une espèce de serre-tête garni d'une petite dentelle posée à plat sur les cheveux. La figure était assez découverte, et les pieds reposaient sur un globe, ou mieux, une moitié de globe ; du moins, je n'en vis que la moitié. Ses mains, élevées à la hauteur de la poitrine, tenaient d'une manière très aisée un autre globe. Elle avait les yeux élevés vers le ciel, et sa figure s'illumina pendant qu'elle offrait le globe à Notre Seigneur.
Tout à coup, ses doigts se sont remplis d'anneaux et de pierres précieuses très belles ... Les rayons qui en jaillissaient se reflétaient de tous côtés, ce qui l'enveloppait d'une telle clarté, que l'on ne voyait plus ni ses pieds, ni sa robe. Les pierreries étaient plus ou moins grosses, et les rayons qui en sortaient étaient proportionnellement plus ou moins éclatants.
Je ne saurais dire ce que j'éprouvai, ni tout ce que j'ai appris en si peu de temps.
Comme j'étais occupée à la contempler, la Sainte Vierge abaissa les yeux sur moi et une voix me dit au fond du coeur :
" Ce globe que vous voyez représente le monde entier et particulièrement la France et chaque personne en particulier."
Et la Sainte Vierge ajouta :
" Voilà le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent, me faisant entendre ainsi combien elle est généreuse envers ceux qui la prient."
Dans ce moment, j'étais ou je n'étais pas ... je ne sais ... je jouissais ! Il se forma alors, autour de la Sainte Vierge, un tableau un peu ovale, sur lequel on lisait, écrites en lettres d'or, ces paroles :
" Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous."
Alors une voix se fit entendre qui me dit :
" Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle, toutes les personnes qui la porteront recevront de grandes grâces ; en la portant au cou, les grâces seront abondantes pour les personnes qui la porteront avec confiance."
A l'instant le tableau m'a paru se retourner où j'ai vu le revers de la médaille ; inquiète de savoir ce qu'il fallait mettre du côté du revers de la médaille, après bien des prières, un jour, dans la méditation, il m'a semblé entendre une voix qui me disait :
" L'M et les deux coeurs en disent assez."
LE SYMBOLISME DE LA MEDAILLE MIRACULEUSE
In Le message du Coeur de Marie à Sainte Catherine Labouré, par Edmond Crapez, Lazariste.
Premier symbole : Le serpent
Le premier et le plus apparent de ces divers symboles est " un serpent de couleur verdâtre, avec des taches jaunes " que sainte Catherine a remarqué sous le pied de la Vierge qui l'écrase.
La piété populaire ne se trompe pas, en désignant sous ce geste le privilège de l'Immaculée-Conception, ainsi que l'a démontré un artiste catholique, Maurice Vlogerg.
" La prédiction de la Genèse est à l'origine de cette symbolique. On connaît le texte biblique ; " Je mettrai une inimitié entre toit et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête et tu la meurtriras au talon." (Genèse 111, 15.)
Qu'on rapporte l'acte d'écraser le serpent à la Femme, suivant le texte de la Vulgate, ou, conformément à l'original hébreu, à la postérité de la Femme, c'est-à-dire le Messie, l'oracle proclame de toutes manières le triomphe de Marie sur la Bête." (La Vierge, notre médiatrice, p.10 Editions Arthaud, Grenoble.).
Saint-Pierre Fourier, au XVIIe siècle, "répandait des médailles où le serpent, placé plus bas que le pied de Marie, encerclait de sa tête jusqu'à sa queue le globe du monde ". Trait vraiment bien choisi pour attester que la Mère de Dieu échappe à la malédiction universelle.
Marie semble avoir approuvé cette image, car c'est la même dont la soeur Catherine Labouré vit l'empreite sur la Médaille miraculeuse.(1830). Depuis cette apparition, le thème iconographique de la Vierge au reptile est fixé pour longtemps." (Vlogerg, ibid.p.58-69.).
Deuxième Symbole : La robe
La Vierge est habillé de blanc vêtue d'une robe de soie " blanche aurore ", montante, manches plates, taillée " à la Vierge ", c'est-à-dire dans la simplicité qui épouse au cou, aux épaules, aux bras, directement les formes du corps.
Ce deuxième symbole n'évoque-t-il pas l'autre aspect, l'aspect positif de l'Immaculée Conception, à savoir la première grâce, la sainteté initiale du Coeur de Marie ? L'introït de la Messe du 8 décembre place, en effet sur les lèvres de l'Immaculée, ces paroles d'Isaie :
" Je me réjouirai avec effusion dans le Seigneur et mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu, car il m'a revêtue des ornements du salut, il m'a enveloppée du manteau de justice, comme une épouse parée de ses joyaux." (Isaie, 61, v.10.).
Troisième Symbole : Le voile
Un voile blanc couvrait la tête de l'Apparition et descendait de chaque côté jusqu'aux pieds.
Ce voile paraît bien signifier la consécration virginale du Coeur Immaculée de Marie. L'usage du voile, dans l'Eglise, est spécialement réservé aux vierges qui se donnent à Dieu dans la vie religieuse.
Peut-être pourrait-on y voir aussi une image de la " Vierge au manteau ", de la Mère de miséricorde, de la toute-puissante intercession de Marie, telle qu'on la représentait avec les sarcasmes de la Réforme. " Méprisée des esprits forts et des coeurs durs, l'image fut délaissée par l'art et la dévotion ", (Vloberg, p. 129.). Marie aurait-elle voulu, sous ce symbole, introduire l'idée de sa Médiation, qu'elle va préciser plus loin jusqu'à l'évidence ?
Quatrième Symbole : La figure, les yeux
La figure, bien découverte, si belle que la voyante n'en pouvait dépeindre ou exprimer la beauté ravissante, révèle l'éclat des vertus et privilèges de Marie, au cours de sa vie mortelle.
Les yeux, tantôt élevés vers le ciel, tantôt baissés, sont le symbole scripturaire de la piété, du recours à Dieu, surtout au milieu des dangers.
Cinquième Symbole : Le Globe d'or
Que faut-il entendre par cette boule d'or, surmontée d'une petite croix d'or, que Marie portait dans ses mains et offrait à Dieu ?
Ce globe, si proche du Coeur de chair de l'Immaculée, ne pourrait-il figurer l'âme, le Coeur de Marie Elle-même : sa charité envers Dieu et envers les hommes, sa maternité divine et spirituelle ; son fruit par excellence, la Rédemption du monde ? Tel le tabernacle de l'ancienne alliance, recouvert de lames d'or, au dedans et au dehors, auquel on a souvent comparé le Coeur de Marie.
Ce globe surmonté de la Croix symbolise aussi les âmes renfermées dans le Coeur de la Vierge et purifiées par le sang de Jésus qui y prend sa source.
" Cette boule que vous voyez représente le monde entier, la France particulièrement et chaque personne en particulier." (Témoignage de sainte Catherine Labouré).
Si l'on parle du globe terrestre entre les mains de la Très Sainte Vierge, cette terre, entrevue par la voyante de 1830, ne serait-elle point la terre virginale, bénie et sacerdotale, dont parle l'Hymne de Sexte, au petit office de l'Immaculée Conception, c'est-a-dire le Coeur Immaculée de Marie sur lequel est planté l'arbre de la Croix, par opposition à la terre maudite, qui est sous les pieds de l'apparition, terre qu'enveloppe de ses replis tortueux l'infernal serpent ?
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort déclare à plusieurs reprises :
" Je dis avec les Saints : Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam..., elle est cette terre vierge et bénie, dont Adam et Eve pécheurs ont été chassés; elle ne donne entrée chez elle qu'à ceux et celles qu'il lui plaît pour les faire devenir saints." (Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge n°6, 45.).
Sixième Symbole : Les mains étendues
Le globe a disparu, les mains se sont étendues, dans l'attitude reproduite par le Médaille miraculeuse. C'est cette attitude que reproduira la Sainte Vierge, à Lourdes, au jour de la gande apparition (25 mars 1858) ; c'est celle que Marie prendra encore, durant l'apparition de Pontmain (17 janvier 1871), au témoignage réitéré de Joseph Barbedette, l'un des petits voyants devenu Oblat de Marie Immaculée.
Que signifie cette attitude ? Quel est le symbolisme de cette extension des bras et des mains ?
Marie, à n'en pas douter, veut affirmer par ce geste le fait de sa céleste médiation, de son intercession, de sa prière.
" Un fort mouvement s'est fait sentir, ces derniers temps, en faveur de cette consolante vérité, à savoir que toutes les grâces nous viennent par l'intercession de Marie, passant pour ainsi dire par ses mains maternelles ", écrivait, en 1928, le cardinal Lépicier dans son ouvrage, édité à Rome, sur la Vierge Immaculée, Corédemptrice, Médiatrice (p.7.).
Et il ajoutait :
" Depuis que cette Mère miséricordieuse a daigné se faire voir à Catherine Labouré, dans la chapelle des Filles de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, les mains étendues dans l'acte de faire pleuvoir d'abondantes grâces sur le genre humain, la confiance dans la bonté et la puissance sans limites de cette très aimable Mère a été croissant au sein du peuple chrétien, à telle enseigne que, de nombreux endroits, sont parvenus au Siège Apostolique des supppliques pour cette vérité de la médiation universelle de Marie soit définie comme dogme de foi." (Ibid.).
La Vierge porte, à chaque main, quinze anneaux, revêtus d'autant de pierreries, d'où jaillissent de toutes parts des rayons proportionnés, " de manière que l'on ne voyait plus les pieds de la Sainte-Vierge ".
Quelle est la signification de ces quinze anneaux ornés de pierreries ?
On peut y voir, avec le P.Gasnier, o.p., un symbole des quinze mystères du Rosaire.
" L'émouvante randonnée de Notre-Dame du Rosaire commence à Paris, chez les Filles de Saint Vincent de Paul, rue du Bac. Là elle évoque sa médiation et, nous montrant ses mains ornées de quinze anneaux desquels ruissellent des flots de grâces, elle laisse entendre de quelles richesses sont chargés les mystères du Rosaire." (Rosaire et Apparitions mariales, p.4.).
À Lourdes, l'Apparition demande à Bernadette de venir durant quinze jours; à Pellevoisin, elle fera pareillement quinze visites à Estelle Faguette.
Il y a plus et "l'histoire va nous fournir une donnée complémentaire qui renforce l'interprétation. Dans bien des foyers, on conserve, dans le coffret des souvenirs de famille, un anneau semblable à ceux qui paraient les doigts de la Vierge de la rue du Bac. C'est le chapelet dont se servait un lointain aïeul.
En 1830, c'était l'instrument dont on se servait pour compter les AVE du Rosaire. L'on passait à l'index de la main droite cet anneau recouvert de dix grains ou perles, et avec le pouce de la même main, on le faisait tourner pour scander les dizaines. C'était donc bien un rosaire complet de quinze dizaines que Notre-Dame portait à chacune de ses mains. Et par conséquent c'est à la prière du Rosaire que doit s'appliquer le symbolisme de cette scène. Le Rosaire lui plaît tellement qu'elle s'en revêt comme d'une parure. Par-dessus toutes les autres prières il a tant d'efficacité qu'il fait jaillir des mains de la Médiatrice sur nos âmes une immense pluie de grâces."(Ibib.p.7.).
Comme si elle voulait montrer dans la récitation du chapelet l'un des plus précieux exercices en l'honneur de sa maternelle médiation.
Quant aux rayons, la voyante ne savait exprimer leur beauté, leur éclat. Mais une voix du ciel, la parole de Marie elle-même, en donnait la signification :
"C'est le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent."
Et " les pierreries d'où il ne sort pas de rayons, ce sont des grâces que l'on oublie de me demander ".
Huitième Symbole : Une boule blanche sous les pieds
La Sainte Vierge était debout, les pieds appuyés sur une boule blanche, c'est-à-dire une moitié de boule, ou du moins il ne m'a paru que la moitié, dit la soeur.
Voici l'explication donnée par M. Chevalier :
" Interrogée si elle voyait encore le globe dans les mains de la Sainte Vierge, lorsque les gerbes lumineuses jaillissaient de tous les côtés, soeur Catherine répondit qu'il ne rstait plus que les rayons; et quand la Sainte Vierge parle du globe, elle désigne celui qui est sous ses pieds et il n'est plus question du premier... Le petit globe que la Très Sainte Vierge porte dans ses mains, et le grand qui la porte elle-même, sont l'un et l'autre inondés des mêmes rayons éblouissants ou enrichis des mêmes grâces. L'auguste Marie semble seulement indiquer par la figure du petit globe celle de l'univers sont la forme imparfaite se cache sous ses pieds. Elle vient en quelque sorte rappeler qu'elle est la Reine toute miséricordieuse du genre humain." (La médaille Miraculeu
mercredi, 27 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)
29 novembre. Saint Sernin (Saturnin), évêque de Toulouse et martyr. Ier s. Vigile de saint André, apôtre. Ier.
- Saint Sernin ou Saturnin, évêque de Toulouse et martyr. Ier siècle. Vigile de saint André, apôtre. Ier.
Pape : Saint Anaclet. Emepreur romain : Titus.
" Celui qui a goûté véritablement les biens célestes, ne trouve plus rien à aimer sur la terre."
Saint Jean Chrysostome.

Eglise Saint-Saturnin de Gentilly. Île-de-France.
Saint Saturnin (connu aussi à Toulouse sous le nom de saint Sernin) était fils de prince et d'origine grecque. On croit qu'attiré d'abord par la réputation de saint Jean-Baptiste, il fut ensuite l'un des soixante-douze disciples du Sauveur et eut le bonheur d'être témoin de la plupart des faits de sa vie, ainsi que de Sa Résurrection et de Son Ascension.

Confrérie de Saint-Saturnin. Estampe du XIXe.
Après la Pentecôte et après avoir quitté l'influence satanique de Simon le magicien qu'il avait un temps suivi, il accompagna souvent saint Pierre dans ses courses apostoliques, puis fut envoyé par lui dans les Gaules, en qualité d'évêque. Chemin faisant, il prêchait l'Évangile, fondait des chrétientés et détruisait l'empire du démon. À Arles et à Nîmes, il obtint de grands succès. À Carcassonne, il fut emprisonné pour Jésus-Christ, mais délivré par un ange. À Toulouse, une femme lépreuse fut guérie en sortant de la piscine baptismale, et ce prodige fut suivie de la conversion d'une bonne partie de la cité. De toutes parts on apportait au Saint des malades, il les guérissait par le signe de la Croix.

Saint Saturnin. Eglise Saint-Denis-Saint-Nicolas.
Saturnin prêcha encore à Auch, puis à Pampelune, en Espagne; mais il revint à Toulouse, centre de son apostolat, qu'il devait arroser de son sang. Là, les dieux ne rendaient plus d'oracles. Les prêtres païens se concertèrent :
" Si on laisse cet homme prêcher son Christ, dirent-ils, c'en est fait de notre culte."
Saturnin vient à passer. La foule, ameutée par les prêtres, se saisit de lui; on lui crie :
" Sacrifiez à nos dieux, ou malheur à vous !"
Pour toute réponse, Saturnin prêche Jésus-Christ. Dieu même confirme Sa doctrine par un éclatant miracle, car au même moment les idoles du temple tombent de leur piédestal et se brisent. À cette vue, la rage des païens ne se contient plus.
Il y avait au Capitole un taureau sauvage amené pour être immolé en sacrifice ; on entoure son corps d'une grosse corde au bout de laquelle on attache le saint évêque par les pieds ; puis l'animal est lâché et frappé à coups d'aiguillons ; il se précipite, entraînant sa victime, dont le crâne est fracassé sur les marches du temple.
Le taureau, poursuivant sa course effrénée à travers les rues, réduit en lambeaux le corps du martyr, jusqu'à ce qu'enfin la corde se brise et la victime reste étendue sans vie sur le chemin. C'est à cet endroit que s'élève aujourd'hui l'église qui, en souvenir, porte le nom de Notre-Dame-du-Taur. Le tombeau de l'apôtre de Toulouse est devenu célèbre par la dévotion populaire et par de nombreux prodiges.

Martyre de saint Saturnin. Legenda aurea. Bx. J. de Voragine.
Vigile de saint André, apôtre, saint Saturnin.
Noël apparaît à l'horizon. Le dernier Dimanche après la Pentecôte a clos pour nous les enseignements du Cycle mobile. Depuis déjà le XXVII de ce mois, les jours appartiennent selon les années au Cycle naissant ou à celui qui expire.
La dernière Leçon de l'Ecriture du Temps (au samedi précédant l'Avent) se termine par la déclaration solennelle du dernier des Prophètes, annonçant les temps nouveaux : " Du lever du soleil à son couchant, mon Nom est grand chez les nations, dit le Seigneur des armées, et en tout lieu s'offre à mon Nom le sacrifice d'une oblation pure " (Malach. I, II.).
Faisant écho à Malachie, et rejoignant les temps aux temps, Jean-Baptiste s'écrie dans l'Evangile du jour : " Voici l’Agneau de Dieu !"
Et il nous montre tout près de nous déjà le Messie (Evangile de la Vigile de saint André, Johan. I, 36.).
A la demande qu'André, frère de Pierre, et un autre disciple de Jean lui adressent : Maître, où habitez-vous ? Jésus répond : Venez et voyez. Et ils vinrent, poursuit en son Evangile le disciple bien-aimé, et ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent chez lui ce jour-là (Ibid. 38, 39.).

Eglise Notre-Dame du Taur. Jusqu'au Ve siècle,
les reliques de saint Saturnin y furent conservées. Toulouse.
Sur quoi saint Augustin nous dit en cette Vigile, au nom de notre Mère l'Eglise :
" Elevons-lui une demeure dans nos cœurs, pour qu'il y vienne, et qu'il nous enseigne, et qu'il vive avec nous (Homilia Vigiliae, ex Aug. Tract. VII in Johan.)."
C'est tout l'Avent qui se dessine.
Mettons-en la saison bénie sous la protection de l'Apôtre de la Croix, et du saint Martyr que l'Eglise honore de temps immémorial en ce jour.
ORAISON
" Dieu tout-puissant, nous vous en supplions : puisse le bienheureux Apôtre André, dont nous prévenons la fête, implorer pour nous votre secours ; afin qu'absous de nos péchés, nous soyons aussi délivrés de toute crainte. Par Jésus-Christ."
ORAISON
" Dieu qui nous donnez de jouir du jour natal du bienheureux Saturnin, votre Martyr : accordez-nous d'éprouver l'aide de ses mérites. Par Jésus-Christ."

Martyre de saint Saturnin. Legenda aurea.
Rq : A propos de l'identité et du siècle ou saint Saturnin vécut et souffrit le martyre, la majorité des spécialistes contemporains de l'hagiographie concluent aujourd'hui dans le même sens que la tradition et que les plus rigoureux compilateurs des siècles passés. Saint Saturnin a bien vécut au Ier siècle et c'est bien en ce siècle qu'il fut évêque de Toulouse.
On lira cette traduction de la passion de saint Saturnin :
http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoir...
Une tradition digne d'être reçue avec sérieux met saint Saturnin au nombre des 72 disciples que Notre Seigneur se choisit après Sa résurection. On lira avec fruit Les hommes illustres de la primitive Eglise de M. l'abbé Maistre pages 446 à 450 du tome II : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=83
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28 novembre. Saint Jacques de la Marche, Franciscain. 1476.
- Saint Jacques de la Marche, Franciscain. 1476.
Pape : Sixte IV. Roi de France : Louis XI. Empereur romain germanique : Frédéric III de Habsbourg. Roi d'Aragon, de Castille, de Léon, de Naples, etc. : Ferdinand II d'Aragon.
" Le trésor des vertus doit être enfermé dans l'arche du coeur avec la clef de l'humilité."
Saint Bonaventure.

Saint Jacques de la Marche. Francisco de Zurbaran. XVIIe.
Ce grand religieux était originaire de la Marche d'Ancône ; il naquit à Mont-Brandon en 1386. Son berceau fut entouré d'une vive lumière qui présageait d'une manière évidente son glorieux avenir. Quand il fut en âge de choisir un état de vie, sa première pensée fut de se faire Chartreux : mais quelques relations qu'il eut avec les Franciscains le décidèrent à entrer dans leur Ordre. Il fut, dès son noviciat, le modèle des vertus héroïques. Il ne donnait que trois heures au sommeil et passait le reste de la nuit à prier au pied du crucifix, pendant que des larmes inondaient son visage.
C'est dans la méditation des souffrances de son Sauveur qu'il puisa cette énergie surhumaine dont il montra de si beaux exemples durant ses courses apostoliques. Jamais il ne mangeait de viande ; un peu de pain et quelques herbes étaient sa nourriture. Tous les jours il se donnait la discipline jusqu'au sang, et, pendant dix-huit ans, il porta sur sa chair nue un cilice avec une cotte de mailles armée de pointes de fer aiguës. Telle fut la préparation de l'apôtre.

Ces austérités lui ruinèrent tellement la santé qu'il se vit atteint de quatorze maladies différentes, toutes très douloureuse, comme la pierre, la goutte, le mal d'estomac, etc. Mais il endurait tous ces maux avec une patience héroïque, sans s'exempter pour cela de dire la messe, ni d'assister au choeur, ni de réciter la couronne de Notre-Dame, ni de faire ses autres exercices de dévotion et même de pratiquer les pénitences qui les luia vaient causés. La seule peine qu'il ressentait, c'était de ne pouvoir s'appliquer à la prédication, qui était l'unique emploi qu'il désirait dans son Ordre. Il alla pour cela à Notre-Dame de Lorette, y célébra les saints mystères, et, après la consécration, cette puissante avocate lui apparut et l'assura que sa prière avait été exaucée.

Saint Jacques de la Marche. Couvent Saint-Jacques apôtre.
En effet, il prêcha depuis avec tant de ferveur et d'onction, qu'il ne montait jamais en chaire sans toucher les coeurs les plus endurcis et sans faire des conversions insignes et toutes miraculeuses ?
Prêchant un jour à Milan sur saint Marie-Magdeleine, il parla si fortement contre le vice de l'impureté, qu'à la fin de son sermon trente-six courtisanes renoncèrent à leur infâme commerce et résolurent de mener une vie pénitente.
Son ardeur et le poids décisif de ses paroles firent qu'il fut associé à saint Jean de Capistran pour prêcher la croisade contre les Turcs, qui, étant devenus les maîtres de Constantinople, remplissaient de terreur toute la chrétienté.

Saint Jacques prêchant. E. Tegli. XVIIIe.
Il eut d'immenses succès, en Allemagne, contre les hérétiques ; dans une seule ville, deux cents jeunes gens, entraînés par ses exemples embrassèrent la vie religieuse. Une fois, les hérétiques tentèrent de l'empoisonner ; mais voyant le plat se briser, au seul signe de la Croix fait par le Saint, ils s'écrièrent : " Le doigt de Dieu est là !", et ils se convertirent.
Il consacra près de treize ans à parcourir les provinces du Nord, en trois différents voyages qu'il fit par les ordres d'Eugène IV, de Nicolas V et de Calixte III. Il alla entre autres en Allemagne, en Dalmatie, en Pologne, en Norvège et en Danemark. Dans ce pays, il administra le Baptême à deux cent mille personnes.
La Bohème était la proie de l'hérésie. A Prague, les hérétiques, pleins d'admiration pour l'éloquence de l'apôtre, lui promirent de se convertir s'il faisait un miracle. Après avoir invoqué Dieu et fait le signe de la Croix, il avala un breuvage empoisonné sans en ressentir aucun mauvais effet.

Saint Jacques de la Marche entrant à Prague avec
Callixte III le rappela un temps pour en faire l'inquisiteur général contre les hérésies qui nâvraient une partie de l'Italie, et en particulier celle de ceux que l'on appelaient les Frérots, qui, sous le masque de la piété, enseignaient une doctrine très perverse et proche du manichéïsme. Il s'acquitta avec succès de cette fonction et une foule de personnes, touchées par ses paroles, convaincues par les miracles que Notre Seigneur faisait par son intercession, détestèrent leurs erreurs et rentrèrent dans le sein de l'Eglise.
Un jour, ayant affaire à un batelier qui refusait de lui faire traverser le Pô, Jacques n'hésita pas, étendit son manteau sur le fleuve et vogua heureusement vers l'autre rive.

La tentative d'attentat sur saint Jacques de la Marche. E. Tegli. XVIIIe.
Un autre jour qu'il avait combattu avec véhémence le vice de l'impureté, un auditeur, qui s'était cru visé personnellement, alla se poster sur son passage, dans un sanctuaire dédié à Marie, pour l'assassiner ; mais il entendit une voix irritée qui lui cria :
" Malheureux ! Que fais-tu en Ma présence ? Tu veux faire mourir Mon serviteur et le serviteur de Mon Fils !"
Le coupable, demi-mort de peur, renonça à son criminel dessein.
L'un des prodiges les plus étonnants de l'illustre apôtre fut la découverte et la résurrection d'un enfant assassiné par un juif et coupé en morceaux.

Notre Dame approuve les écrits de saint Jacques de la Marche sur
Après avoir parcouru une partie de l'Italie, il arriva enfin à Rome, où il fut honorablement reçu par le pape Paul II, qui avait succéder à Calixte III et à Pie II.
Dans une visite qu'il fit au cardinal de Savone, qui avait été génral de son Ordre, comme il parlait d'un traité qu'il avait fait sur la Conception de Jésus-Christ, une imege de la sainte Voerge Marie baissa la tête à la vue de tous les assistants, pour témoignange de la vérité de tout ce qu'il avait écrit sur le sujet.
Ayant le don de prophétie, il prédit au cardinal de Savone qu'il serait élevé au souverain Pontificat ; ce qui arriva bientôt après, car François de Savone succéda à Paul II sous le nom de Sixte IV.

La réputation d'un si saint homme fit que Ferdinand, roi de Naples, souhaita de le posséder dans ses états. Il le fit donc prier par le duc de Calabre, son fils, de s'y transporter ; et, sur ce qu'il s'en excusa, à cause de son âge et de ses infirmités, il eut recours au pape, à qui il savait bien que notre saint ne manquerait pas d'obéir.
Lorsqu'il fut à Naples, il eut la révélation qu'il y finirait ses jours. Il ne se retira pas au couvent de l'Observance de la ville, appelé Notre-Dame la Neuve, de peur d'y être accablé de visites, mais à celui qui est hors de la ville, où il espérait trouver un peu plus de solitude. Il n'en sortait que pour aller travailler au salut des âmes par la prédication et par les autres fonctions évangéliques. Il fit plusieurs miracles dans ce royaume. On dit même qu'il délivra le roi de la mort et qu'il guérit le duc de Calabre d'une maladie dangereuse.

Mort de saint Jacques.E. Tegli. XVIIIe.
Enfin, étant âgé de 90 ans, dont il avait passé 70 dans l'observance inviolable de sa Règle, il fut violemment attaqué d'une maladie à laquelle il était sujet, et, après en avoir souffert quelques jours les douleurs aigües avec une patience invincible et s'être muni des sacrements de l'Eglise, il perdit tout à coup ses forces dans des transports d'amour par lesquels tout son corps semblait se vouloir élancer vers le ciel. Ce fut au milieu de ces efforts dignes d'une âme déjà toute céleste qu'il rendit son esprit à Dieu le 28 novembre 1476.

Saint Jacques de la Marche. Giovanni Francesco Guerrieri. XVIIe.
Saint Jacques de la Marche est représenté :
1. en tenant un calice où se voit un serpent ou dragon, pour indiquer qu'il fut préservé des atteintes d'un breuvage empoisonné ;
2. discutant avec un le cardinal de Savone sur le mystère de l'Incarnation.
CULTE ET RELIQUES
Son corps, qui était demeuré plusieurs jours aussi beau, aussi éclatant et aussi vermeil que s'il avait été peint, fut enfin enterré à Naples, dans l'église Sainte-Marie la Neuve ; mais quelque temps après, il fut levé de terre et exposé à la vénération des fidèles par la permission du pape Sixte IV.
La ville de Naples l'a mis au nombre de ses saints patrons, et Urbain VIII a accordé à tout l'Ordre de saint François d'en faire l'office comme d'un bienheureux confesseur.

La chapelle Saint-Jacques où se conserve son corps incorrompu.
Il s'est fait beaucoup de miracles, non seulement à son tombeau, mais aussi en divers lieux, par le mérite de son intercession. Des possédés ont été délivrés, des malades guéris, des aveugles illuminés, et même des morts ressuscités.
L'an 1631, le mont Vésuve ayant jeté des flammes qui menaçaient la ville de Naples d'un incendie général, des foules considérables virent en l'air, par deux fois, ce bienheureux vieillard repousser ce feu dévorant et protéger la ville d'un si grand danger [nous rappelons au(x) sceptique(s) qu'à l'occasion des apparitions de Notre Dame à Fatima, une foule considérable de plus de dix milles personnes vit le soleil danser dans le ciel].

Le corps incorrompu de saint Jacques de la Marche. Sanctuaire
Il fut canonisé en 1726 par Benoît XIII, qui avait été témoin occulaire d'un miracle opéré par son intercession.
jeudi, 28 novembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)