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IIIe dimanche de l'Avent.

- IIIe dimanche de l'Avent.

Extraits de L'année liturgique de dom Prosper Guéranger :



Saint Jean-Baptiste. Paolo Veneziano. XIVe.

La joie de l'Eglise s'accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu'il approche, et elle croit pouvoir tempérer l'austérité de cette carrière de pénitence par l'innocente allégresse des pompes religieuses. D'abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l'orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l'Evoque assiste, paré de la mitre précieuse.

Admirable condescendance de l'Eglise, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd'hui, à cause de l'approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu'il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore.

La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l'asile universel du peuple chrétien ; il convient qu'il soit témoin des joies comme des tristesses de l'Eglise. L'Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l'Eglise ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d'allégresse; tous les jours, jusqu'à la Vigile de Noël, elle ouvre les Nocturnes par ces grandes paroles :

" Prope est jam Dominus : venite, adoremus."
" Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le."


Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Eglise, du Prophète Isaïe. Chap. XXVI :

" En ce jour-là on chantera ce cantique en la terre de Juda : Sion est la ville de notre force : le Sauveur en sera la muraille et le rempart. Ouvrez les portes et qu'un peuple juste y entre, un peuple observateur de la vérité. L'erreur ancienne est passée : vous nous conserverez la paix ; la paix, car nous avons espéré en vous. Vous avez mis à jamais votre espérance dans le Seigneur, dans le Seigneur Dieu, toujours invincible ; car il abaissera ceux qui sont dans l'élévation, il humiliera la cité superbe. Il l'humiliera jusqu'en terre, il la fera descendre jusqu'à la poussière. Le pied la foulera, le pied des pauvres, le pas de l'indigent. Le sentier du juste est droit, le chemin où il marche est sans détour : aussi nous vous avons attendu, Seigneur, dans le sentier de votre justice ; votre Nom et votre souvenir sont les délices de l'âme. Mon âme vous a désiré pendant la nuit, et je m'éveillerai vers le point du jour, pour m'occuper de vous dans mon esprit et dans mon cœur."

Ô sainte Eglise Romaine, Cité de notre force ! Nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t'éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c'est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d'enceinte ; car c'est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c'est par lui que les puissances de l'enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s'oppose à la foi finir bientôt, et la paix s'étendre sur tout le troupeau !

Ô sainte Eglise Romaine ! tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d'orgueil. Où sont les Césars qui crurent t'avoir noyée dans ton propre sang ? Où sont les Empereurs qui voulurent forcer l'inviolable virginité de ta foi ? Où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s'attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? Où sont les princes ingrats qui tentèrent de t'asservir, toi qui les avais faits ce qu'ils étaient ? Où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l'orgueil de ses conquêtes ? Où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? Où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n'étais plus qu'un fantôme impuissant et vermoulu ? Où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l'Eglise, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Eglise Romaine, assise sur la pierre inébranlable.


Saint Jean-Baptiste. Luca di Tommè. XIVe.

Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n'as cessé de l'être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n'éclaire que les variations de l'humanité. D'où te vient cette solidité, si ce n'est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t'apporte de nouveaux dons, pour t'aider à achever le pèlerinage ; et jusqu'à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l'objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l'Epoux. Nous prions avec toi, Ô notre Mère ! Et nous disons : " Venez, Seigneur Jésus !" Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous réveillons pour songer à vous.

A LA MESSE

Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l'Apôtre :

INTROÏT

" Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications."
Ps. Seigneur, vous avez béni la terre qui est à vous ; vous avez ramené Jacob de la captivité,
V/. Gloire au Père, ...


Saint Jean-Baptiste. Hans Memling. XVe. 

EPITRE

Lecture de l'Epître de saint Paul, Apôtre, aux Philippiens. Chap. IV.

" Mes Frères, réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur; je vous le dis encore : réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tout le monde: le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications accompagnées d'actions de grâces. Et que la paix de Dieu, laquelle est au-dessus de toutes nos pensées, garde vos cœurs et vos intelligences, en Jésus-Christ notre Seigneur."


Nous devons, en effet, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l'Apôtre s'accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l'un et l'autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche; il est proche de son Eglise ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d'un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l'Apôtre.

GRADUEL

Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Eglise, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d'abord avec elle :

" Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez.
V/. Ecoutez-nous, Ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis.
Alleluia, alleluia.
V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alleluia."

EVANGILE

Suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. I.



Prédication de saint Jean-Baptiste. Filippo d'Angeli. XVIIe. 

" En ce temps-là, les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour lui demander :
" Qui êtes-vous ?"
Et il confessa, et il ne nia pas ; et il confessa qu'il n'était pas le Christ.
Et ils l'interrogèrent de nouveau, disant :
" Quoi donc ? Êtes-vous Elie ?"
Et il leur dit :
" Je ne le suis point."
- Etes-vous prophète ?
Et il répondit :
" Non."
Ils lui dirent donc :
"Qui êtes-vous, afin que nous puissions rendre réponse a ceux qui nous ont envoyés ? Que dites-vous de vous-même ?
- Je suis, dit-il, la voix qui crie dans le désert : " Rendez droites les voies du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe."
Or, ceux qu'on lui avait envoyés étaient Pharisiens. Et ils l'interrogèrent, et ils lui dirent :
" Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n'êtes ni le Christ, ni Elie, ni prophète ?
Jean leur fit cette réponse, disant :
" Pour moi, je baptise dans l'eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ignorez. C'est celui-là même qui doit venir après moi, et qui est avant moi : et je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure."
Ces choses se passèrent en Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait."


" Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas ", dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n'être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l'Eglise et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l'arrivée de l'Epoux ; mais il est entouré d'hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s'il n'était pas.

Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l'Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l'arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l'aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? Les collines songent-elles à s'abaisser ? La cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l'attente du divin Enfant, nous les conjurerions d'ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d'une visite qui sera pour eux, dans le temps, l'objet d'une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. Ô Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d'abondance encore; forcez-les d'entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : " Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas ".

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dimanche, 15 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

15 décembre. Sainte Chrétienne, vierge et esclave, apôtre des Ibériens. 309.

- Sainte Chrétienne, ou Christiane, ou Nina ou Ninon, vierge et esclave, apôtre des Ibériens. 309.

Papes : Saint Marcel Ier (+ 309) ; saint Eusèbe Ier. Empereur romain d'Orient : Maximin II Daïa (+ 310) . Empereur romain d'Occident : Constantin Ier. Roi d'Ibérie (Géorgie) : Mirian III.

" Etonnante est la puissance de la prière."
Saint Bonaventure.

Sainte Chrétienne ou Nina. Icone du XXe.

Parmi les industries dont la sagesse divine s'est servie pour convertir les peuples les plus barbares qui étaient hors les bornes de l'empire romain, une des plus merveilleuses a été d'y envoyer des bannis, des fugitifs, des captifs et des esclaves chrétiens, lesquels, par la pureté de leurs moeurs, par l'éclat de leurs miracles et par la lumière de leurs exhortations, ont converti leurs propres maîtres et leur ont fait ouvrir les yeux pour connaître la vérité de l'Evangile.

Nous en avons un grand nombre d'exemples dans toute l'histoire ecclésiastique ; mais un des principaux et des plus illustres est celui de sainte Chrétienne, qui se trouva captive et esclave chez les Ibériens, au-delà du Pont-Euxin, du temps de l'empereur Constantin le Grand. On ne dit point de quel pays elle était, ni par quel malheur elle tomba entre les mains de ces barbares ; son nom même n'a pu être connu, et celui de Chrétienne est plutôt le nom de la religion qu'elle professait et qu'elle fit recevoir dans l'Ibérie, que celui de son baptême.

Dans la servitude, son esprit ne fut point captif ; elle y servait Dieu avec une innocence et une pureté admirables. L'oraison était sa vie et le jeûne sa nourriture. Elle obéissait à son maître et à sa maîtresse avec une douceur, une patience et une modestie qui les ravissaient ; elle méprisait l'or, l'argent et les ornements du corps, et ne se mettait en peine que de parer son âme des plus nobles vertus ; on la voyait, après avoir fait le devoir de sa condition, se rtirer dans un coin de la maison et y passer des heures entières, tant de jour que de nuit, les larmes aux yeux, et dans une prière très fervente.

Mtskheta. Géorgie : autrefois appelée Ibérie.

Cette conduite étonna d'abord les femmes du pays. Elles ne pouvaient assez admirer qu'elle vécût chaste dans un corps corruptible, et qu'elle fût joyeuse et contente dans une condition si misérable. Ses prières et ses abstinences, si longues et si constantes, les effrayaient, et elles ne comprenaient pas pourquoi elle refusait tous les plaisirs de la vie, lors même qu'ell en pouvait jouir et qu'ils lui étaient offerts. Elles l'interrogèrent sur toutes ces choses, et elle leur dit que le Dieu qu'elle adorait était un Dieu d'une pureté infinie ; que Notre Seigneur Jésus-Christ, son Fils, étant descendu sur la terre pour le salut des hommes, leur avait donné, par son exemple et sa parole, des leçons de mortification et de pénitence qu'elle était obligée de pratiquer, et qu'elle attendait après cette vie de misère un bonheur éternel, qui récompenserait abondamment toutes ses bonnes actions.

Cette réponse les étonna encore davantage, mais elles n'y comprenaient rien. Comme elles avaient coutume, lorsqu'un enfant était malade, de le porter à leurs voisines pour savoir si elles n'avaient point quelque remède à son mal, une de ces barbares lui apporta un jour son fils et lui demanda si elle ne savait point un moyen pour le guérir. Elle lui dit qu'elle n'en savait point de naturel, mais que Jésus-Christ, son Seigneur et son Dieu, le pouvait faire, et qu'elle espérait qu'il ne lui refuserait point cette grâce. En effet, elle le prit, le mit sur le cilice qui lui servait de lit et par une fervente prière, elle le rendit à la santé.

Ce miracle fit grand bruit dans la ville. La reine, qui était extrêmement malade, en fut avertie, et elle envoya aussitôt chercher la captive pour recevoir d'elle le même bienfait ; mais cette sage Chrétienne refusant d'y aller par modestie et par humilité, la reine se fit porter dans sa chambre, où, s'étant couchée sur son cilice, elle guérit semblablement par sa prière.

Mirian III, premier roi chrétien d'Ibérie.
Fresque de la cathédrale de Mtskheta. Géorgie. Ve.

Notre sainte lui dit aussitôt que Jésus-Christ l'ayant guérie, elle devait croire en Lui si elle voulait éviter les peines éternelles préparées aux idolâtres et aux infidèles. Dès qu'elle fut retournée au palais, elle raconta au roi ce qui s'était passé, et ce prince voulant envoyer de grands présents à Chrétienne, en reconnaissance d'une grâce si considérable, la reine lui dit que la captive ne voulait ni or, ni argent, ni habits précieux, parce qu'elle aimait la pauvreté et les souffrances ; mais qu'elle demandait seulement que l'on reconnût Jésus-Christ pour vrai Dieu, et que l'on quittât la superstition de l'idolâtrie, qui n'est qu'un culte abominable des démons.

Le roi fit d'abord la sourde oreille à ces propositions ; mais étant allé à la chasse et s'y trouvant en grand danger de mort, il fit voeu, s'il en était délivré, d'embrasser la religion de la captive et de croire en Jésus-Christ. Sa délivrance suivit aussitôt son voeu ; ainsi, étant retourné sain et sauf dans son palais, il fit appeler notre Sainte et lui demanda les avis nécessaires pour embrasser cette nouvelle religion. Elle lui expliqua nos mystères, selon les instructions qu'elle avait reçues dans l'Eglise et les lumières surnaturelles qui lui avaient été données dans l'oraison, et le pria de faire bâtir une église dont elle lui donna le plan. Il se rendit à tout ce qu'elle voulut, assembla son peuple avec les seigneurs de son Etat, leur fit la proposition de tout ce qu'il avait appris d'une si sainte femme, leur rapporta les miracles que Jésus-Christ avait déjà faits par son moyen, et les exhorta comme un apôtre à quitter les erreurs où il avait vécu jusqu'alors, pour reconnaître la vérité d'un seul Dieu.

Cathédrale de Mtskheta. Géorgie. IVe-Xe.

La reine, de son côté, et notre sainte, prêchèrent les femmes d'une manière très forte et très touchante. Ainsi, tout le monde convint qu'il fallait embrasser le Christianisme, détruire les idoles et leurs temples et bâtir une église où on adorerait Notre Seigneur Jésus-Christ. Le roi et la reine s'appliquèrent avec un grand zèle à cette construction, où il arriva que l'enceinte des murs étant faite et deux colonnes déjà placées sur leur base et leur piédestal, la troisième devint tellement immobile, que ni les hommes, ni les boeufs ne la purent jamais remuer ; mais la nuit, à la prière de la captive, elle s'éleva d'elle-même au-dessus de sa base, de telle sorte, néanmoins, qu'elle était suspendue en l'air à un pied au-dessus de son assiette. Le matin, tout le monde fut témoin de cette merveille, et l'on vit la colonne descendre peu à peu au lieu où elle devait être placée. Les Ibériens ayant vu ce nouveau miracle, furent parfaitement confirmés dans la foi. Le roi, par le conseil de  sainte Chrétienne, envoya des ambassadeurs à Constantin pour avoir un évêque et des prêtres, et il obtint ce qu'il demandait, avec de grands honneurs que l'empereur lui fit de son propre mouvement. Il se fit baptiser avec tout son peuple, et se maintint toute sa vie dans le zèle ardent qu'il avait pour la religion chrétienne.

Quant à notre bienheureuse captive, elle continua jusqu'à la mort la vie sainte qu'elle avait menée parmi ces peuple, et elle les confirma toujours de plus en plus dans la foi par ses paroles et ses miracles. Enfin, Notre Père des Cieux, le Grand Père de famille l'appela dans le ciel pour la récompenser des services qu'elle lui avait rendus sur la terre, et tout le pays l'honora depuis comme une sainte.

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dimanche, 15 décembre 2024 | Lien permanent

16 décembre. Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.

- Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.

Pape : Saint Damase Ier. Empereur romain d'Occident : Valentinien Ier. Empereur romain d'Orient : Valens.

" Avec l'austérité du jeûne, il gouvernait son Eglise."
Saint Ambroise de Milan.

" Les pasteurs doivent exhorter les fidèles à ne pas considérer les villes du monde comme leur demeure stable, mais à chercher la Cité future, la Jérusalem du Ciel définitive."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.

" Je vous recommande chaudement de conserver la foi avec le plus grand soin, de préserver la concorde, d'être assidus dans la prière."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.


Les Ariens lapidant saint Eusèbe de Verceil.
Bréviaire romain. Auvergne. XVe.

Né en Sardaigne, d'une famille noble - fils de sainte Restitute -, saint Eusèbe se retira en Italie après la mort de son père et fit ses études à Verceil (alors sous l'autorité de l'intendance de Novare). Il se distingua tellement dans le clergé de cette ville, que, le siège épiscopal étant venu à vaquer, il fut élu à l'unanimité pour le remplir.

Le nouvel évêque s'appliqua de tout son pouvoir à former de dignes ministres de Notre Seigneur Jésus-Christ. Sa conduite fut justifiée par le succès : plusieurs églises voulurent être gouvernées par ses disciples, et l'on vit sortir de son clergé un grand nombre de saints prélats aussi reccommandables par leurs vertus que par leurs lumières.


Verceil se situe à la frontière du Piémont et de la Savoie.

Saint Eusèbe s'était déjà acquis une haute réputation de sainteté : celle-ci allait être éprouvée par les persécutions. En 355 se tint à Milan un concile où plusieurs Catholiques, intimidés par les menaces de l'empereur Constance et les fureurs des Ariens, signèrent la sentence qui fut pronocée par les hérétiques contre saint Athanase d'ALexandrie. Notre saint résista ouvertement à l'empereur et lui reprocha hautement son impiété. Constance répondit par des violences : saint Eusèbe fut exilé à Scythopolis, en Palestine ; plus tard, on le transféra en Cappadoce, et quelques temps après, il fut conduit dans la Haute-Thébaïde. En ces différents endroits, les Ariens l'accablèrent d'outrages et lui firent souffrir les plus cruels traitements dont une lapidation pendant laquelle notre saint ne fléchit jamais.


Baptême de saint Eusèbe de Verceil par le pape saint Sylvestre (?).
Avec le pape saint Libère. Avec une pénitente.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Cependant, l'heure de la délivrance vint à sonner. Constance étant mort en 361, Julien l'Apostat permit à l'illustre exilé de retourner dans son diocèse : il revint en effet, et l'Italie quitta ses habits de deuil. Eusèbe ne resta pas inactif : de concert avec saint Hilaire de Poitiers, il dépensa tout son zèle à combattre l'Arianisme dans ses derniers retranchements. Enfin, rempli de jours et de mérites, il s'endormit plein d'espérance dans le Seigneur, le 1er août 370.

On garde dans la cathédrale de Verceil la châsse qui renferme ses précieuses reliques.


Cathédrale Saint-Eusèbe de Verceil.

Il ne nous reste des écrits de saint Eusèbe que deux lettres, adressées, l'une à son Eglise, pendant son exil à Scythopolis ; l'autre à Grégoire, évêque d'Elvire, rédigée dans son exil en Haute-Thébaïde. Il y exhorte Grégoire à s'opposer courageusement à Osius, qui avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie, ainsi qu'à tous ceux qui avaient abandonné la foi de l'Eglise, et (exhorte) de ne point craindre la puissance des princes. Ces deux lettres se trouvent dans les Annales de Baronius et dans le tome XII de la Patrologie de M. l'abbé Migne.

On trouve aussi, dans la même Patrologie un traîté sur la Très Sainte Trinité, De Sanctissima Trinitate Confessio, attribué à notre saint évêque.

PRIERE

" Athlète invincible du Christ que nous attendons, Eusèbe, Martyr et Pontife, que vos fatigues et vos souffrances pour la cause de ce divin Messie ont été grandes ! Elles vous ont cependant paru légères, en comparaison de ce qui est dû à ce Verbe éternel du Père, que son amour a porté à devenir, par l'Incarnation,le serviteur de sa créature. Nous avons, envers ce divin Sauveur, les mêmes obligations que vous. C'est pour nous qu'il va naître d'une Vierge aussi bien que pour vous ; priez donc, afin que notre cœur lui soit toujours fidèle dans la guerre comme dans la paix, en face de nos tentations et de nos penchants, comme s'il s'agissait de le confesser devant les puissances du monde. Fortifiez les Pontifes de la sainte Eglise, afin que nulle erreur ne puisse tromper leur vigilance, nulle persécution lasser leur courage. Qu'ils soient fidèles imitateurs du souverain Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qu'ils paissent toujours le troupeau dans l'unité et la charité de Jésus-Christ."

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lundi, 16 décembre 2024 | Lien permanent

17 décembre. ” O Sapientia ”. Commencement des Grandes Antiennes.

- " O Sapientia ". Commencement des Grandes Antiennes.


La Très Sainte Trinité. Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.

COMMENCEMENT DES GRANDES ANTIENNES

L'Eglise ouvre aujourd'hui la série septenaire des jours qui précèdent la Vigile de Noël, et qui sont célèbres dans la Liturgie sous le nom de Féries majeures. L'Office ordinaire de l'Avent prend plus de solennité ; les Antiennes des Psaumes, à Laudes et aux Heures du jour, sont propres au temps et ont un rapport direct avec le grand Avènement. Tous les jours, à Vêpres, on chante une Antienne solennelle qui est un cri vers le Messie, et dans laquelle on lui donne chaque jour quelqu'un des titres qui lui sont attribués dans l'Ecriture.

Le nombre de ces Antiennes, qu'on appelle vulgairement les " O " de l'Avent, parce qu'elles commencent toutes par cette exclamation, est de sept dans l'Eglise romaine, une pour chacune des sept Féries majeures, et elles s'adressent toutes à Jésus-Christ. D'autres Eglises, au moyen âge, en ajoutèrent deux autres : une à la Sainte Vierge, " O Virgo Virginum !", et une à l'Ange Gabriel, " O Gabriel !", ou encore à saint Thomas, dont la fête tombe dans le cours des Fériés majeures. Cette dernière commence ainsi : " O Thomas Didyme !". Elle est plus moderne ; mais à partir du XIIIe siècle elle remplaça presque universellement celle : " O Gabriel !".

Il y eut même des Eglises qui portèrent jusqu'à douze le nombre des grandes Antiennes, en ajoutant aux neuf dont nous venons de parler, trois autres, savoir : une au Christ, " O Rex pacifice !", une seconde à la Sainte Vierge, " O mundi Domina !", et enfin une dernière en manière d'apostrophe à Jérusalem, " O Hierusalem !".

L'instant choisi pour faire entendre ce sublime appel à la charité du Fils de Dieu, est l'heure des Vêpres, parce que c'est sur le Soir du monde, vergente mundi vespere, que le Messie est venu. On les chante à Magnificat, pour marquer que le Sauveur que nous attendons nous viendra par Marie. On les chante deux fois, avant et après le Cantique, comme dans les fêtes Doubles, en signe de plus grande solennité ; et même l'usage antique de plusieurs Eglises était de les chanter trois fois, savoir : avant le Cantique lui-même, avant Gloria Patri, et après Sicut erat.

Enfin, ces admirables Antiennes, qui contiennent toute la moelle de la Liturgie de l'Avent, sont ornées d'un chant plein de gravité et de mélodie ; et les diverses Eglises ont retenu l'usage de les accompagner d'une pompe toute particulière, dont les démonstrations toujours expressives varient suivant les lieux. Ajoutons en toute fin que la deuxième lettre de chacune de ces sept antiennes  forment un acrostiche en partant de celle qui précède la venue du Sauveur, " ERO CRAS " qui signifie littéralement en latin " JE SERAI DEMAIN ".

Entrons dans l'esprit de l'Eglise et recueillons-nous, afin de nous unir, dans toute la plénitude de notre cœur, à la sainte Eglise, lorsqu'elle fait entendre à son Epoux ces dernières et tendres invitations, auxquelles il se rend enfin.

PREMIÈRE ANTIENNE

" O Sapientia, quae ex ore Altissimi prodiisti, attingens a fine usque ad finem fortiter, suaviterque disponens omnia : veni ad docendum nos viam prudentiae."

" O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut , qui atteignez d'une extrémité à l'autre, et disposez toutes choses avec force et douceur : venez nous apprendre les voies de la prudence."


La Très Sainte Trinité. Agnolo Gaddi. XIVe.

" O Sagesse incréée qui bientôt allez vous rendre visible au monde, qu'il apparaît bien en ce moment que vous disposez toutes choses ! Voici que, par votre divine permission, vient d'émaner un Edit de l'empereur Auguste pour opérer le dénombrement de l'univers. Chacun des citoyens de l'Empire doit se faire enregistrer dans sa ville d'origine. Le prince croit dans son orgueil avoir ébranlé à son profit l'espèce humaine tout entière. Les hommes s'agitent par millions sur le globe, et traversent en tous sens l'immense monde romain ; ils pensent obéir à un homme, et c'est à Dieu qu'ils obéissent. Toute cette grande agitation n'a qu'un but : c'est d'amener à Bethléhem un homme et une femme qui ont leur humble demeure dans Nazareth de Galilée ; afin que cette femme inconnue des hommes et chérie du ciel, étant arrivée au terme du neuvième mois depuis la conception de son fils, enfante à Bethléhem ce fils dont le Prophète a dit : " Sa sortie est dès les jours de l'éternité ; Ô Bethléhem ! Tu n'es pas pas la moindre entre les mille cités de Jacob ; car il sortira aussi de toi ".

Ô Sagesse divine ! que vous êtes forte, pour arriver ainsi à vos fins d'une manière invincible quoique cachée aux hommes ! que vous êtes douce, pour ne faire néanmoins aucune violence à leur liberté! mais aussi, que vous êtes paternelle dans votre prévoyance pour nos besoins ! Vous choisissez Bethléhem pour y naître, parce que Bethléhem signifie la Maison du Pain. Vous nous montrez par là que vous voulez être notre Pain, notre nourriture, notre aliment de vie. Nourris d'un Dieu, nous ne mourrons plus désormais. Ô Sagesse du Père, Pain vivant descendu du ciel, venez bientôt en nous, afin que nous approchions de vous, et que nous soyons illuminés de votre éclat ; et donnez-nous cette prudence qui conduit au salut."


La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste. José Vergara. XVIIIe.

PRIERE POUR LE TEMPS DE L’AVENT

D'après le bréviaire Mozarabe, IVe dimanche de l’Avent, oraison :

" Ô Christ, Fils de Dieu, né d'une Vierge en ce monde, vous qui ébranlez les royaumes par la terreur de votre Nativité, et contraignez les rois à l'admiration : donnez-nous votre crainte qui est le commencement de la sagesse ; afin que nous y puissions fructifier et vous présenter en hommage un fruit de paix. Vous qui, pour appeler les nations, êtes arrivé avec la rapidité d'un fleuve, venant naître sur la terre pour la conversion des pécheurs, montrez-nous le don de votre grâce, afin que toute frayeur étant bannie, nous vous suivions toujours dans le chaste amour d'une intime charité. Amen."

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mardi, 17 décembre 2024 | Lien permanent

17 décembre. Saint Lazare de Béthanie, Ier évêque de Marseille et martyr. Ier siècle.

- Saint Lazare de Béthanie, Ier évêque de Marseille et martyr. Ier siècle.

Pape : Saint Clément Ier. Empereur romain : Domitien.

" Fortis ligatum mors tenet,
Sed fortior dilectio.
Amore victa mors fugit,
Vitamque vita contulit."

" Dans les formidables étreintes de la mort,
Lazare gémissait captif ;
Plus fort que la mort, l'amour a vaincu sa rivale,
Et une vie nouvelle, puisée à la source même de la vie est venue ranimer cette victime de la mort."
Propre de Marseille.


La résurrection de saint Lazare. Sebastiano Luciani del Piombo. XVIe.

L'Evangile renferme un grand nombre de récit pleins de grandeur et de simplicité : nous ne sachions pas qu'il en soit de plus calme et de plus puissant, de plus familier et de plus divin, que celui de la résurrection de Lazare, l'ami de Jésus.

" Il y avait un malade appelé Lazare, qui était du bourg de Béthanie, où demeuraient Marie (Marie-Madeleine) et sa soeur Marthe. C'était cette Marie qui avait répandu des parfums sur le Seigneur et qui lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade était son frère.

Les deux soeurs envoyèrent donc vers Jésus :
" Seigneur, lui mandèrent-elles, celui que vous aimez est malade."
"Cette maladie ne va point à la mort, répondit Jésus à cette nouvelle ; mais elle advient pour la gloire de Dieu, c'est-à-dire afin que le fils de Dieu soit glorifié par son moyen."


Résurrection de saint Lazare. Fleur des histoires. Jean Mansel. XVe.

Or Jésus aimait Marthe, et Marie sa soeur, et Lazare. Et pourtant, lorsqu'il eut appris qu'il était malade, il demeura, malgré cela, encore deux jours dans le lieu où il était. Après avoir laissé écouler ce laps de temps :
" Retournons en Judée, dit-il à ses disciples.
- Maître, lui répondirent-ils, les Juifs vous cherchaient pour vous lapider, et vous voulez de nouveau aller vous mettre entre leurs mains ?"
" N'y a-t-il pas douze heures au jour ? Luer répartit Jésus. Si quelqu'un marche durant le jour, il ne trébuche point parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais s'il marche pendant la nuit, il trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui."


Grandes heures d'Anne de Bretagne. Jean Bourdichon. XVe.

Puis il ajouta :
" Notre ami Lazare dort ; mais je vais pour le secouer de son sommeil."
"Seigneur, lui dirent alors les disciples, s'il dort, il sera sauvé."
Mas Jésu avait parlé de sa mort ; et ils crurent qu'il parlait du sommeil ordinaire.
Alors Jésus expliqua ouvertement :
" Lazare est mort, et je me félicite à cause de vous, de ne m'être point trouvé là-bas, afin que vous croyiez. Maintenant, allons vers lui."
Sur ce mot, Thomas, surnommé Didyme, s'adressant aux autres disciples :
" Et nous aussi allons ! Et nous aussi allons ! Afin de mourir avec lui !"

" Jésus étant arrivé, il trouva Lazare enseveli depuis quatre jours dans le tombeau. Et, comme Béthanie n'était éloignée de Jérusalem que d'environ quinze stades, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie pour les consoler au sujet de la perte de leur frère. Marthe, dès qu'elle eût apprit que Jésus arrivait, courut au-devant de lui, cependant que Marie demeurait à la maison.
" Seigneur, dit Marthe Jésus, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait point mort ; mais je sais que, même en ce moment, tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l'accordera."
Jésus lui répondit :
" Votre frère ressuscitera.
- Oui, je sais qu'il ressuscitera à la résurrection du dernier jour.
- Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et pour toujours ne mourra point, quiconque vit et croit en moi. Croyez-vous en cela ?
- Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant qui est venu en ce monde."


La résurrection de saint Lazare. Petrus Christus. XVe.

Ayant dit ces paroles, elle s'éloigne et va appeler sa soeur :
" Le Maître est là, et il te demande, lui dit-elle tout bas."
A ces mots, Marie se lève précipitemment et va vers Jésus ; car il n'était pas encore entré dans la bourgade, et se trouvait toujours en ce même endroit où Marthe l'avait rencontré.

" Cependant, les Juifs qui étaient avec Marie dans la même maison et la consolaient, l'ayant vue se lever si vite et partir, la suivirent.
" Elle va sans doute pleurer au tombeau, dirent-ils."
A peine arrivée à l'endroit où était Jésus, Marie, l'apercevant, se précipita à ses pieds.
" Seigneur, dit-elle, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait point mort."
Jésus, la voyant pleurer, et les Juifs venus avec elle pleurer aussi, fut saisit par le frémissement de l'Esprit et se troubla lui-même.
" Où l'avez-vous déposé ?
- Venez et voyez."
Et Jésus pleura.
Les Juifs dirent alors :
" Voyez combien il l'aimait !"
" Eh quoi ! Reprenaient cependant quelques-uns d'entre eux, ne pouvait-il donc pas empêcher qu'il mourût, lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle-né ?"


La résurrection de saint Lazare. Maître de Coetivy. XVe.

" Jésus donc, frémissant à nouveau en lui-même, vint au sépulcre. C'était une caverne dont l'entrée était fermée par une pierre tumulaire. Jésus dit alors :
" Otez la pierre !
" Seigneur, lui dit Marthe, il sent déjà mauvais, car il est mort depuis quatre jours.
- Ne vous ai-je pas assuré que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ?"
Et ils otèrent la pierre.

Alors Jésus, élevant les yeux vers le ciel :
" Mon Père, je vous rends grâce de ce que vous m'avez écouté. Pour moi, je savais bien que vous m'écoutez toujours ; mais je parle ainsi à cause de ce peuple qui m'environne, afin que l'on ait foi que c'est vous qui m'avez envoyé."
Et, ayant dit ces paroles, il cria à pleine voix :
" Lazare, sors du tombeau !"
Et soudain le mort se leva et apparut. Ses pieds et ses mains étaient liés par des bandelettes, et son visage enveloppé du suaire.
" Déliez-le et laissez-le aller, dit Jésus."
Alors, plusieurs des Juifs qui étaient venus voir Marthe et Marie, et qui se trouvait témoin de ce que Jésus avait fait, crurent en lui."


La résurrection de saint Lazare. Pseudo-Monvearni. XVe.

En rappelant Lazare à la vie, Jésus voulait bien moins conserver un ami que se ménager un propagateur zélé de ses sublimes enseignements. La vocation du nouvel élu était miraculeuse, et il ne devait point y faiblir ; aussi bien la persécution est l'épreuve ordinaire des vocations élevées : elle ne manqua point à l'ami de Jésus. Dix ans environ après l'Ascension de Notre Seigneur Jésu-Christ, Lazare fut jeté par les Juifs sur un vaisseau sans voiles et sans rames, avec ses soeurs Marthe et Marie-Madeleine, avec sainte Marcelle, saint Maximin et d'autres Chrétiens.

Exposée ainsi sans ressources à la merci des flots, cette frêle embarcation devait, dans l'esprit des Juifs, sombrer à quelques pas du rivage et engloutir avec elle toutes les espérances de la troupe naissante des fidèles.

Mais les méchants furent déçus et le vaisseau qu'ils avaient voués au naufrage, conduit par la main de Celui qui avait dirigé l'Arche de Noé, aborda heureusement sur la terre hospitalière de Provence. Marseille lui ouvrit son port, et acclama Lazare son évêque.


Saint Lazare arrivant en Provence avec ses soeurs sainte Marthe
et sainte Marie-Madeleine, sainte Marcelle et saint Maximin.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Le nouvel apôtre planta sur cette terre le drapeau de la foi, et autour de cet étendard du Christ, il travailla pendant trente années entières à réunir une foule compacte de néophytes. Le paganisme s'effraya des progrès de l'Evangile, et les infidèles s'étant emparés de la personne de Lazare, le conduisirent devant le juge de la ville. Celui-ci le somma de sacrifier sur-le-champ aux idoles : s'il refusait, il lui faudrait mourir. Le vénérable vieillard répondit qu'il était serviteur de Jésus-Christ, par lequel il avait déjà été ressuscité une fois, et qu'il ne reconnaitrait jamais d'autre Dieu que lui, avec son Père, Créateur de toutes choses. Cette confession si généreuse mérita au bienheureux apôtre la palme du martyre.

On lui déchira le corps avec des peignes de fer, on jeta sur ses épaules une cuirasse de fer embrasée, on le coucha violemment, pour être rôti, sur un gril rouge de feu, sur sa poitrine on décocha plusieurs flèches qui néanmoins furent impuissantes à pénétrer les chairs ; enfin, sa tête roula sous le glaive du bourreau.


La résurrection de saint Lazare. Pierre-Paul Rubens. XVIIe.

On représente saint Lazare :
1. sortant du tombeau à la voix de Notre Seigneur Jésus-Christ ;
2. en costume épiscopal, tenant sur la main une petite bière qui rappelle sa résurrection ;
3. en groupe avec ses deux soeurs Marthe et Marie-Madeleine ;
4. abandonné sur la mer dans un vaisseau désempara.

Saint Lazare est le patron, notamment, de Marseille, d'Autun, d'Avallon et de Carcassonne.

Rq : On lira avec fruit et passion la notice consacrée à saint Lazare par Mgr Gaume dans le tome Ier  (pp 392 et suiv.) de ses " Biographies évangéliques " en téléchargeant ce monument d'érudition sur le site de la bibliothèque Saint-Libère : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=182

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mardi, 17 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)

18 décembre. ” O Adonai ”.

- " O Adonai ".

" O Adonaï, et dux domus Israël , qui Moysi in igne flammae rubi apparuisti, et ei in Sina legem dedisti : veni ad redimendum nos in brachio extento."

" Ô Adonaï, Seigneur, chef de la maison d'Israël, qui avez apparu à Moïse, dans la flamme du buisson ardent, et lui avez donné la loi sur le Sinaï ; venez nous racheter dans la force de votre bras."


Statuette votive de la Très Sainte Trinité. Art franc du XVe.

PRIERE

" Ô Seigneur suprême ! Adonaï ! Venez nous racheter, non plus dans votre puissance, mais dans votre humilité. Autrefois vous vous manifestâtes à Moïse, votre serviteur, au milieu d'une flamme divine ; vous donnâtes la Loi à votre peuple du sein des foudres et des éclairs : maintenant il ne s'agit plus d'effrayer, mais de sauver. C'est pourquoi votre très pure Mère Marie ayant connu, ainsi que son époux Joseph, l'Edit de l'Empereur qui va les obliger d'entreprendre le voyage de Bethléhem, s'occupe des préparatifs de votre heureuse naissance. Elle apprête pour vous, divin Soleil, les humbles langes qui couvriront votre nudité, et vous garantiront de la froidure dans ce monde que vous avez fait, à l'heure où vous paraîtrez, au sein de la nuit et du silence. C'est ainsi que vous nous délivrerez de la servitude de notre orgueil, et que votre bras se fera sentir plus puissant, alors qu'il semblera plus faible et plus immobile aux yeux des hommes. Tout est prêt, Ô Jésus ! Vos langes vous attendent : partez donc bientôt et venez en Bethléhem, nous racheter des mains de notre ennemi."

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mercredi, 18 décembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

8 avril. Saint Gautier de Pontoise, abbé. 1099.

- Saint Gautier de Pontoise, abbé. 1099.

Pape : Pascal II. Roi de France : Philippe Ier.

" C'est de Dieu et non pas de votre majesté que je reçois le gouvernement de cette église."
Saint Gautier recevant la crosse abbatiale des mains du roi Philippe Ier.

Plaque de dévotion. Cuivre. Reproduction. Allemagne. XXe.

Saint Gautier naquit à Adainville, village du Vimeu, vers la fin du règne de Robert Ier le Pieux, ou au commencement de celui d'Henri Ier. Il était fild de Dreux, comte d'Amiens, de Mantes, de Pontoise et de Chaumont.

La précocité de son esprit lui fit faire de rapides progrès dans les arts libéraux. Pour s'y perfectionner, il quitta la maison paternelle et alla, dans divers pays lointains, reccueillir les enseignements de maîtres éprouvés. Ensuite il se fit recevoir docteur, professa avec distinction la grammaire, la réthorique et la philosophie, et attira autour de sa chaire un auditoire d'élite.

Arrivé au faîte de la renommée et craignant de se laisser entraîner par le vertige de la vanité, il se rappela le conseil de l'Evangile qui nous donne pour modèle Notre Seigneur Jésus pauvre et crucifié ; il résolut alors de renoncer aux agitations du siècle, pour goûter le calme et la sérénité de la vie claustrale. Voulant y préluder par degré, pour mieux éprouver ses forces, ce ne fut qu'après avoir longtemps subi les rigueurs du cilice qu'il entra à l'abbaye de Rebais-en-Brie (au diocèse de Meaux, près de Coulommiers) où, dès les premières années de son noviciat, il dépassa tous les religieux par la maturité de ses vertus.

Nous ne pouvons cependant donner une complète approbation à un acte exagéré de charité, que l'un des deux biographes contemporains de saint Gautier loue sans restriction.

Un paysan expiait ses méfaits dans la prison du monastère et y souffrait souvent de la faim et de la soif ; le religieux picard, ému de compassion, lui réservait une partie de son pain. Une nuit, à la faveur des ténèbres, il pénétra dans son cachot, brisa ses liens, le chargea sur ses épaules et l'aida à s'enfuir. Toutefois il lui fit promettre de ne point tirer vengeance de la juste punition qu'il avait subie dans le mo,astère. Gautier, selon qu'il s'y attendait, fut sévèrement châtié par l'Abbé, pour cette violation de la règle.

Vers cette même époque, Amaury III, frère de Gautier, comte d'Amiens et de Pontoise en Vexin, venait de fonder, près du château de cette dernière ville, un monastère daont les quelques religieux n'avaient point encore d'Abbé. Entendant vanter les vertus de saint Gautier, ils le choisirent pour leur supérieur. Ce ne fut qu'après bien des refus que notre Saint se décida enfin à se rendre au voeu de la communauté naissante. Notons que  du vivant de saint Gautier, Amaury se retirera dans ce même monastère pour y finir saintement le cours de sa vie terrestre.


Tour de l'abbaye Saint-Martin. Pontoise.

Après que le saint religieux eut reçu la bénédiction épiscopale, le roi Philippe Ier, en qualité d'avoué, ou proctecteur de l'abbaye, lui remit, comme marque d'investiture, la crosse abbatiale, en la tenant par le noeud ; Gautier mit la main non pas au-dessous mais au-dessus de celle du roi, en disant :
" C'est de Dieu et non pas de votre majesté que je reçois le gouvernement de cette église."

Bien loin de se formaliser de cette liberté, le roi et sa suite ne firent qu'admirer cette indépendance de sentiment et de langage. Le nouvel abbé de Pontoise fit dédier son église sous le vocable de Saint-Germain, qu'elle échangea plus tard pour celui de Saint-Martin.

D'une taille élevée, d'une physionomie pleine de douceur, Gautier ne cherchait point à accentuer ces avantages par une mise soignée. Juste envers tous, sans prévention pour personne, miséricordieux pour les autres, sévère pour lui-même, humble devant les petits, ferme devant les grands, supportant d'un visage égla la joie et le chagrin, le saint Abbé était un continuel sujet d'admiration pour tous ceux qui l'approchaient, d'autant plus qu'il alliait la vivacité de l'intellligence et la sagesse des pensées à l'habileté de l'éloquence.

La considération qui l'entourait lui fit craindre les suggestions de l'amour-propre ; aussi, vers l'an 1072, après avoir bâti un oratoire à Saint-Martin, dont l'abbaye devait bientôt prendre le vocable, il s'enfuit secrètement de Pontoise pour aller se caher à Cluny qui était alors, sou sl'abbatiat de saint Hugues, la plus florissante école des vertus monastiques. Bien qu'il eût pris soin de dissimuler son nom et sa qualité, les moines de Pontoise finirent par découvrir sa retraite. Munis d'une ordonnance de Jean de Bayeux, archevêque de Rouen, ils allèrent trouver l'abbé de Cluny et ramenèrent le fugitif à leur monastère.

Vers l'an 1080, Gaultier, évêque de Meaux, confirma la donation, qui avait été faite à saint Gautier, de la terre de Maurissac (ou Moressart et aujourd'hui Morcerf, près de Coulommiers) pour y fonder un prieuré.

A l'imitation de plusieurs autres saints Bénédictins, Gautier se retirait souvent dans une grotte voisine pour y vivre la vie austère des anachorètes ; mais, troublé par les visites, il résolut de s'enfuir une seconde fois.

Eglise Notre-Dame où le saint corps de saint Gautier fut
transférer au XIIIe siècle. Il s'y vénère toujours une insigne
mais infime relique de notre Saint. Pontoise.

Ce fut dans une île de la Loire, près de Tours, où se trouvait une chapelle dédiée aux saints Côme et Damien (c'est cette île de Saint-Côme que devait bientôt rendre célèbre le séjour et la mort de l'hérésiarque Bérenger, qui y mourut repentant en 1088), que saint Gautier crut pouvoir, loin du regard des hommes, se livrer à toute l'ardeur de ses mortifications ; là encore, il fut trompé dans ses espérances ; la renommée publia bientôt les vertus du solitaire ; on venait solliciter ses conseils, admirer ses exemples ; on lui apportait de nombreux présents qu'il s'empressait de distribuer aux pauvres, habitués à prendre le chemin de son ermitage. Un jour, il leur donna des livres à vendre ; une autre fois, il se dépouilla pour eux de la tunique et de la coule que lui avaient données les moines de Marmoutiers.

Un pélerin, nommé Garin, qui, selon la coutume du temps, voyageait pour visiter les sanctuaires renommés, reconnut Gautier et signala aussitôt sa retraite aux moines de Pontoise. Ceux-ci accoururent à Tours, se jetèrent aux pieds de leur Abbé et le supplièrent de revenir, pour rendre la vie à son abbaye qui dépéressait. Notre Saint se rendit à leurs prières ; mais peu de temps après (1075), il partit pour Rome et, après avoir vénéré les tombeaux des Apôtres, il conjura le pape Grégoire VII de le déchrager du fardeau qui l'accablait et de l'honneur dont il se proclamait indigne. Le souverain Pontife, en le retenant quelques jours, put apprécier l'exagration de son humilité ; il lui reprocha alors de ne pas mettre en oeuvre les aptitudes qu'il avait reçu de la Providence et lui enjoigna, sous peine d'anathème, de reprendre la directyion de son troupeau abandonné. Le saint Abbé renonça dès lors à ses prédiolections et, retournant au bercail, ne songea plus désormais à déserter les devoirs que lui avait imposés le suprême arrêt du souverain Pontife.

Plus d'une fois, l'abbé de Pontoise eut occasion de mettre la fermeté de son caractère au service de la justice. Ainsi, il ne craignit point de reprocher ouvertement à Philippe Ier ses investitures simoniaques :
" Il ne vous est point permis de trafiquer des choses saintes : en vendant ainsi les bénéfices, vous autorisez les autres à en faire un commerce sacrilège, et vous vous rendez coupable de toutes les simonies qu'encouragent vos exemples."

Saint Gautier ne montra pas moins d'énergie pour faire respecter par le concile de Paris (1092) la décision du Saint-Siège qui interdisait d'entendre la messe d'un prêtre concubinaire. Les évêques l'accusèrent d'être en cela rebelle aux ordres du roi et le firent mettre en prison ; mais l'intervention de ses amis lui rendirent bientôt la liberté qu'il avait été heureux de sacrifier pour la cause de la justice.

Tombeau de saint Gautier. Saint Louis s'agenouilla à plusieurs
reprises à ses pieds ; il avait en effet une grande dévotion à
saint Gautier. Eglise Notre-Dame. Pontoise.

Ce n'était certes pas par esprit d'ostentation qu'il se déterminait à contrecarrer l'autorité des puissances civiles et religieuses ; il aimait au contraire le silence et l'oubli, quand la voix de sa conscience ne lui prescrivait pas d'affirmer nettement ses convictions. Son humilité était si réelle que sa main gauche ignorait ce qu'avait donné sa main droite ; c'était ordinairement par l'entremise des autres qu'il distribuait ses libéralités. Un jour, recevant la visite d'un prêtre et d'un diacre de Pontoise, il les chargea de donner aux indigents une forte somme qu'il feignit d'avoir reçut d'un ami, pour cette destination ; il leur demanda le secret sur l'origine de ce don. En d'autres circonstances, il usait de la même dissimulation pour déguiser sa charité. S'il était abordé par un mendiant, en face de témoins, il le repoussait avec une vivacité qui pouvait le faire accuser de dureté ; mais, bientôt après, il rejoignait le pauvre sans qu'on l'aperçût, et le comblait de ses bienfaits.

Toujours disposé à servir les autres, saint Gautier remplissait volontiers les fonctions de lecteur hebdomadaire au réfectoire, et même de cuisiner et de boulanger. Un jour, exténué de fatigue, il tomba en défaillance devant l'ouverture du four et fut trouvé en cet état par les moines, qui s'empressèrent de le transporter à sa cellule.

Vers l'anné e1092, la bienheureuse Vierge Marie lui apparut et lui dit :
" Lève-toi, Gautier, rends-toi à Bertaucourt et construits-y un monastère. J'ai choisi cet endroit pour qu'une communauté de vierges s'y consacre à mon service."

L'apparition évanouie, notre saint craignit d'être le jouet d'une illusion et différa d'agir. Mais une seconde vision vint lever tous ses doutes ; cette fois, comme témoignange d'une réalité irrécusable, il garda plusieurs jours sur les joues l'empreinte des doigts de la Vierge Marie qui lui avait appliqué sa main.

Le monastère fut effectivement bâti en 1094 à Bertaucourt, près d'Amiens ; deux nobles et pieuses femmes, Godelinde et Hewilge, consacrant leurs richesses à exécuter le projet de Notre Dame et de saint Gautier.

Saint Gautier avait aussi le don de prophétie. Un jour qu'il prêchait devant Mathieu Ier, comte de Beaumont-sur-Oise, une dame scandalisa l'assistance par l'inconvenance de sa toilette et surtout par la robe à queue qui balayait la poussière. L'homme de Dieu ne put s'empêcher de lui reprocher son immodeste étalage. Cette évaporée se récria et annonça que le dimanche suivant, elle reviendrait en plus grand falbalas :
" Vous reviendrez en effet, mais dans un état bien différent de celui que vous afficher aujourd'hui." lui dit notre Saint.

Saint Gautier tomba malade le lendemain et, expira le 8 avril 1099, jour du Vendredi Saint. Son inhumation eut lieu dans l'abbatiale Saint-Martin. Quelques jours plus tard, la dame qui avait scandalisé les fidèles fut transporté aux pieds du tombeau du saint Abbé et regretta amèrement ses inconduites.


Le Carmel de Pontoise conserve une relique de saint Gautier. Vexin.

RELIQUES ET CULTE

Le tombeau de saint Gautier devint bientôt un rendez-vous de pélerinage pour les aveugles, les boîteux, les sourds, les paralytiques et les malades de toutes catégories. Bien des guérisons aussi subites que miraculeuses s'y produisirent.
Bientôt, le jour de la fête de notre Saint fut déclaré jour chômé.

Saint Louis avait une grande vénération pour saint Gautier. Un tableau, récemment restauré, le montre aux pieds du tombeau de saint Gautier, dans l'église Notre-Dame de Pontoise.

Pendant la révolution, de pieuses mains pontoisiennes enlevèrent le corps de saint Gautier de son tombeau et l'enterrèrent secrêtement et anonymement dans le cimetière paroissial.

Il reste une parcelle de ses reliques que l'on vénère toujours dans l'église Notre-Dame de Pontoise. Une autre est vénérée qu Carmel de la même ville.

On conserve à Pontoise une crosse historiée que l'on dit avoir appartenu à saint Gautier. Ce serait même le bâton pastoral que notre Saint prit si fièrement des mains du roi de France.

Rq : Les représentations de saint Gautier sont rares. Nous serons très reconnaissants aux lecteurs qui voudront bien nous en faire tenir.

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lundi, 08 avril 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)

10 avril. Saint Fulbert, évêque de Chartres. 1028.

- Saint Fulbert, évêque de Chartres. 1028.
 
Pape : Jean XIX. Roi de France : Robert II, le Pieux.
 
" Cherchez d'abord le royaume de Dieu et la justice qui y mène, et les autres choses dont vous avez besoin vous serons données par surcroît."
Math. VI, 33.
 

Saint Fulbert de Chartres. Manuscrit du XIIe.

Parmi tous les grands hommes qui ont paru sur le trône épiscopal de l'église de Chartres, saint Fulbert est de ceux qqui se sont rendus les plus recommandables. Ses historiens en parlent toujours en termes avantageux ; ses écrits respirent la piété et l'érudition, et ses vertus héroïques confirment tout le bien que la postérité nous a dit de ce grand Saint.

Il possédait les qualités de l'esprit les plus avantageuses ; et il fut si fidèle à faire profiter les talents naturels dont Dieu l'avait favorisé, qu'il devint l'un des plus grands hommes de son siècle. Il donna des preuves de sa grande capacité et de l'étendue de son esprit, avant même d'entrer dans les Ordres et d'être admis au nombre des clercs. Il contribua beaucoup en France à renforcer l'étude des sciences, et spécialement de la philosophie, dont l'étude s'était considérablement corrompue.

Ce qui rendait cet homme digne d'une plus grande admiration, c'était de voir qu'il n'avait pas de jugement moins solide pour les affaires qui demandaient de la conduite, que l'esprit vif et pénétrant pour exceller dans les hautes sciences. Cependant il ne se prévalut jamais de l'avantage qu'il possédait au-dessus des autres, fuyant, au contraire, la vaine gloire, et évitant les vains applaudissements dans les assemblées. Il ne se servait de ses belles connaissances que pour mieux pénétrer les devoirs de la religion, et pour inspirer aux autres de l'estima et du respect pour la majesté souveraine de Dieu et pour toutes les choses qui pouvaient contribuer à sa gloire.
 
On est mal renseigné sur la famille et le lieu de naissance de Fulbert ; on a voulu déduire de ses écrits qu'il était Romain d'origine (P. Giry, Petits Bollandistes), on serait mieux fondé à le croire originaire d'Aquitaine (divers autres hagiographes tout aussi hésitants sur le sujet). Qouiqu'il en soit, il était né, comme il le dit lui-même dans " les rangs de la société le splus humbles ".
 

Gerbert d'AUrillac, le futur pape Sylvestre II, enseignant à
saint Fulbert et à ses condisciples, dont le futur roi de France,
Robert le Pieux. Codex allemand du XIIe.

Jeune, on le trouve étudiant à Reims, où il eut pour professeur de mathématiques et de philosophie, Gerbert, le futur pape, Silvestre II, et pour condisciple le futur roi Robert II le Pieux. Après son élévation sur le trône pontifical romain, Sylvestre II se souvint de son disciple et le fit venir à Rome auprès de lui et se servit de ses grands talents pour gouverner l'Eglise.

A la mort de Gerbert, Fulbert rentra en France pour la plus grande joie de ses nombreux amis qui avait admiré sa sagesse, son humilité et sa sagacité dans ses fonctions auprès du défunt pape.

Il devint chancelier de l'Eglise de Chartres en 1003 sous la conduite de l'évêque Odon, puis sous celle de Rodolphe son successeur, et établit dans cette ville une école de théologie qui ne tarda pas à devenir célèbre.

C'est à cette époque que des troubles s'élevèrent dans l'abbaye de Saint-Pierre de Chartres. Abbon de Fleury, pour être renseigné, s'adressa à Fulbert. Celui-ci, dans une lettre remarquable, exposa comment, à la mort de l'abbé Gislebert, un moine ambitieux, nommé Magenard, se fit installer à sa place. L'intrus, chassé du monastère, se réfugia à l'évêché : sa disgrâce contribua à le rendre plus édifiant, au point que les moines eux-mêmes le rappelèrent et lui restituèrent le bâton pastoral.
 

Statue de Sylvestre II (Gerbert d'Aurillac). Aurillac.

Devenu évêque de Chartres en 1007, et sacré par son métropolitain Léothéric de Sens, Fulbert continua son enseignement et l'école de Chartres devint la plus célèbre académie de France. Elle formera une élite théologique qui comptera dans ses rang, entre autres, Bernard de Chartres, Gilbert de La Porrée, Thierry de Chartres, Guillaume de Conches et Jean de Salisbury.

L'évêque vit le danger de l'erreur de l'hérésiarque Bérenger (dont nous avons vu dans la vie de saint Gautier de Pontoise qu'il finit sa vie repentant sur l'île Saint-Côme non loin de Tours) sur la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie, il se mit en devoir de réfuter celui qui avait été son élève ; il prévint en même temps Léothéric de Sens de ce que la nouvelle formule pour donner la sainte communion, présentait de dangereux au point de vue de la foi orthodoxe :
" Pilote du vaisseau du Roi, lui écrivit-il, soyez circonspect et sur vos gardes : si vous vous, écartez de la route prescrite par la foi, vous ferez certainement un triste naufrage."

Fulbert, évêque, devint l'oracle de presque toute la France. Les princes, les évêques, les simples fidèles avaient recours à ses conseils et ils trouvaient en lui une source de lumière. C'est ce qui ressort du recueil de ses lettres. Peu après son élévation à l'épiscopat, en mai 1008, il se trouva au Concile que le roi Robert avait convoqué dans son palais de Chelles. On voulut qu'il souscrivît immédiatement après les métropolitains, et avant 11 évêques dont plusieurs, comme Adalbéron de Laon, étaient très anciens dans l'épiscopat ; ce qui nous montre en quelle estime le tenaient ses collègues.


Le roi Robert II le Pieux et saint Fulbert de Chartres.
Grandes Chroniques de France. XIVe.

Sa correspondance dénote en sa personne l'alliance d'une fermeté vraiment épiscopale avec une noble douceur et une humilité sans bassesse. Obligé de recourir à un zèle ardent pour réprimer les désordres ou corriger les abus, il le faisait toujours sans blesser le respect dû aux autorités civiles. Il aimait tendrement son prince, le roi Robert, et lui témoigna toujours un sincère attachement : quand il eut encouru sa disgrâce, il fit tous ses efforts pour gagner de nouveau son amitié.

Tout en s'occupant beaucoup à l'extérieur, Fulbert ne négligea pas pour cela le soin de son diocèse : il prêcha la parole de Dieu à son peuple, dressa des canons pénitentiaux, composa des hymnes et des proses. L'an 1020, l'ancienne cathédrale fut consumée dans l'incendie de la ville de Chartres. Fulbert entreprit de la rebâtir avec une magnificence qui dépassait de beaucoup les ressources d'un évêque sans patrimoine. Il fut aidé dans cette oeuvre par des princes, comme saint Canut IV de Danemark, Guillaume comte de Poitiers. Il la plaça sous le vocable de Notre-Dame pour laquelle il avait une dévotion particulière ; il établit dans son église la fête de la Nativité de Marie dont l'institution était assez récente.

Saint Fulbert mourut, comblé de grâces et de mérites, le 10 avril 1028, après avoir gouverné l'Église de Chartres pendant près de 14 ans. Il fut enterré à Saint-Père-en-Vallée, monastère où, durant sa vie, il aimait à se retirer, pour se dérober au tumulte des affaires, et donner à son âme les moyens de se retremper dans la retraite spirituelle.


Saint Fulbert enseignant.
Vitrail de la crypte de la cathédrale de Chartres.

CULTE

On trouve en deux épitaphes l'éloge de ce saint évêque. Cependant l'Eglise de Chartres fut longtemps sans lui décerner un culte public : on se contentait de rappeler sa mémoire par un anniversaire pour le repos de son âme. On lui a attribué plusieurs miracles après sa mort ; G. Bucelin, dans son ménologe bénédictin, lui a donné le titre de bienheureux. De nos jours on trouve sa mémoire dans les nouveaux propres de Chartres et de Poitiers.

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mercredi, 10 avril 2024 | Lien permanent

10 avril. Saint Macaire d'Antioche, archevêque de cette ville. 1012.

- Saint Macaire d'Antioche, archevêque de cette ville. 1012.

Pape : Serge IV. Roi de France : Robert II, le Pieux.

" Il y a de l'honneur à exposer et confesser les oeuvres de Dieu."
Tob., XII, 7.

Saint Macaire secourant des pestiférés à Gand.
Jacob Van Oost. XVIIe.

Saint Macaire était arménien, de parents nobles et illustres ; son père s'appelait Michel et sa mère Marie. Il avait un parent nommé Macaire, archevêque d'Antioche.

A ce propos, On ne sait pas au juste si c'est d'Antioche de Pisidie, simple archevêché dépendant du patriarcat de Constantinople, ou d'Antioche de Syrie, un des trois grands patriarcats d'Orient. Nons avons suivi la première opinion, par la raison qu'au moyen âge la désignation d'Arménie s'étendait à la Natolle (l'actuelle Anatolie). Ce qui est dit dans la vie du Saint, qu'Antioche est la fleur des villes d'Arménie, ne s'oppose point à notre opinion, car au point de vue chrétien, Antioche de Pisidie a sa noblesse : elle fut évangélisée par saint Paul (Acta. chap. XIII) ; un grand nombre de ses enfants furent d'illustres Martyrs de Jésus-Christ, et au XIe siècle il est probable que la décadence d'Antioche de Syrie était commencée, puisque ce n'est plus aujourd'hui qu'une humble ville, et qu'Antioche de Pisidie est encore un chef-lieu de gouvernement et la résidence d'un préfet turc.

Ce saint archevêque voulut être parrain de notre Saint, et, lui ayant donné le nom de Macaire, il le prit chez lui pour l'élever dans la piété et le former aux belles-lettres et à tous les exercices qui en pouvaient faire un excellent ecclésiastique et un ministre fidèle de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le jeune Macaire fit de tels progrès dans son école, qu'il se rendit bientôt capable, par sa science et par sa vertu, des emplois les plus importants et des premières dignités de l'Eglise. Aussi, l'archevêque, se voyant près de mourir, crut qu'il ne pouvait procurer un plus grand avantage à Antioche, que de l'y laisser pour son successeur. Il en fit la proposition à son clergé et à son peuple, qui y consentirent tout d'une voix de sorte qu'après la mort de l'ancien Macaire, le jeune prit possession de sa chaire et fut intronisé comme archevêque d'Antioche.

Vestiges de l'église Saint-Pierre. Antioche de Pisidie. Anatolie.
Fondée à la fin du Ier siècle, de récentes excavations ont révélé
que l'église Saint-Pierre fut construite sur la synagogue où
saint Paul prêcha lors de son deuxième séjour à Antioche de Pisidie
(Act. XIII, 14-52). En effet, le premier séjour de saint Paul et de
saint Barnabé ne dura que le temps nécessaire pour les Juifs,
nombreux dans cette ville, de les expulser.

Alors ses vertus, qu'une vie privée avait tenues plus secrètes, parurent avec un merveilleux éclat. On vit en lui un détachement parfait de toutes les choses de la terre, qu'il regardait avec mépris, parce qu'il en connaissait la vanité une aversion pour tous les plaisirs et les divertissements de la vie une assiduité continuelle à mortifier ses sens et ses appétits, et à crucifier sa chair par des jeûnes, des veilles et d'autres austérités ; une tendresse et une compassion pour tous les malheureux, auxquels il distribuait libéralement ses biens, n'ayant rien qui ne lui fût commun avec les pauvresune douceur et une bénignité si constantes, que ni les injures, ni les mauvais traitements, ni les persécutions ne la pouvaient altérer une prudence de vieillard dans le gouvernement de son diocèse enfin, une piété si tendre envers Dieu, que les larmes lui coulaient sans cesse des yeux. Ces insignes vertus étaient aussi accompagnées du don des miracles deux lépreux furent guéris par le seul attouchement de ses mouchoirs trempés de ses saintes larmes, et l'eau qu'il avait touchée était un souverain remède contre toutes sortes de maladies.

Il gouverna quelque temps l'Eglise d'Antioche ; mais craignant que l'honneur qu'il recevait à tous moments ne lui fît perdre ce que l'humilité lui avait acquis, il résolut d'en fuir au plus tôt les occasions. Il distribua, pour cet effet, tous ses' biens aux églises et aux pauvres et s'étant, par un mouvement divin, démis de sa charge entre les mains d'un prêtre de grand mérite, nommé Eleuthère, il s'associa quatre de ses plus fidèles amis, et quitta secrètement sa ville pour passer en un autre lieu, où la Providence divine le conduirait.

Collégiale Sainte-Waudru. La plus grande part des reliques de
saint Macaire y sont vénérées. Mons. Hainaut.

Il prit son chemin par la Palestine, pour y arroser de ses larmes les lieux sanctifiés par celles de Jésus-Christ et il n'y perdit aucune occasion de s'entretenir et de discuter avec les Juifs et les Sarrasins, afin de les convaincre de leurs erreurs et de les attirer à la connaissance de l'Evangile. Mais ces infidèles, qui ne pouvaient répondre à ses raisonnements, conçurent une telle rage contre lui, que, s'étant saisis de sa personne, ils le traînèrent en prison, l'étendirent en forme de croix, lui attachèrent les pieds et les mains avec de longs clous Echés en terre, et lui firent souffrir toutes les ignominies et tous les tourments imaginables. Ils lui mirent même sur la poitrine une grosse pierre qu'ils avait fortement chauffée. Mais la terre rejeta ses clous, et Dieu réduisit tous les artifices que l'impiété de ces infidèles avait inventés le Saint sortit libre de prison, sans aucun dommage ce qui étonna si fort ces Sarrasins, qu'ils lui demandèrent pardon quelques-uns, reconnaissant le pouvoir de la Croix, reçurent la foi de Celui qui avait souffert pour leur salut.

Cependant, les parents de Macaire, affligés de son éloignement, envoyèrent après lui pour le détourner de son dessein et le faire revenir à Antioche mais Dieu frappa leurs courriers de cécité, et ils furent obligés de se jeter aux pieds du Saint pour lui demander son assistance dans une si grande misère il en eut compassion, et par le signe de la croix, leur rendit la vue, à condition qu'ils s'en retourneraient sans l'inquiéter dans la poursuite de son voyage.

Il prit donc son chemin vers l'Occident traversant plusieurs pays, il vint jusqu'en Bavière et, passant par Mayence, Cologne, Malines, Maubeuge, Cambrai et Tournai, il se rendit enfin dans la ville de Gand. Partout ce ne furent que miracles dans le Levant il avait rendu l'usage de la parole et de l'ouïe à un vieux Sarrasin, qui était muet et sourd depuis l'âge de neuf ans ; rencontrant un pèlerin qui se faisait conduire à Jérusalem, il lui avait obtenu la vue par ses prières. En Bavière, il délivra du mal caduc la femme du seigneur Adalbert, qui, par charité, l'avait logé chez elle. A Cologne, il guérit son hôte du même mal. A Malines, il éteignit, par ses prières, un grand incendie qui menaçait de réduire toute la ville en cendres.

A Tournai, il apaisa, par sa prudence, une sédition populaire si furieuse, que toutes les industries du prince Baudoin le Vieux n'avaient pu détourner cet orage. A Cambrai, l'entrée de l'église de Notre-Dame lui ayant été refusée, les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes pour lui faire passage. A Maubeuge, un valet qui l'avait méprisé fut frappé d'une lèpre dont il ne put
guérir.

On en finirait pas si on voulait écrire toutes les particularités de son voyage ; et insistons sur son dernier séjour, qui fut en la ville de Gand, où il arriva l'an de Notre Seigneur Jésus-Christ 1011. Il se retira au monastère de Saint-Bavon étant tombé en une dangereuse maladie, il en fut guéri dans une vision saint Bavon, Saint Landoald et d'autres bienheureux lui apparurent durant son sommeil.

Il arriva en ce temps-là, à Gand, une peste si cruelle, qui se formait dans la bouche, qu'il y mourait chaque jour plus de six'cents personnes. On publia un jeûne universel et des processions publiques pour apaiser la colère de Dieu. Notre-Seigneur, qui voulait faire de saint Macaire une victime pour expier les péchés de son peuple, permit qu'il fût frappé de ce fléau. Il perdit d'abord l'usage de la parole, prédisant néanmoins par signes, que lui avec deux autres mourraient encore de cette maladie, et qu'ensuite elle serait éteinte. Il ne fit point de testament, parce qu'il était trop pauvre et ne laissait rien.

On le porta dans l'église de Notre-Dame, où il marqua, avec son bâton, le lieu de sa sépulture devant l'autel de saint Paul puis, ayant donné sa bénédiction au peuple, il se retira en sa chambre. Plusieurs y étant demeurés, ils furent extrêmement effrayés d'un certain tremblement qui y arriva par la descente des esprits bienheureux, pareil à celui que le grand saint Grégoire rapporte en la vie de saint Paulin, évêque de Noie. Enfin, il mourut le 10 avril, l'an de Notre-Seigneur 1012. Sa prophétie fut accomplie il fut le dernier qui mourut de cette maladie pestilentielle.

La grande fête de Saint-Macaire, le 9 mai, est l'occasion
d'une procession et d'une grande foire à Mons. Hainaut.

RELIQUES

En 1067, le corps du Saint fut levé de terre en présence de Philippe Ier roi de France, de Baudouin, comte de Flandre, et des évoques de Noyon et de Cambrai. On vit, en cette circonstance, paraître en l'air deux cercles en forme de couronne.

On transporta de ses reliques à Thielt, dans la châtellenie de Courtrai, en 1634 à Geerberg ou Gérardmont, dans la baronie de Boulaers et à Oudenarde, en 1637 chez les chanoines de Saint-Pierre de Lille (un bras), en 1067 une partie de l'autre bras fut donnée, en 1611, par l'évêque de Gand, Charles de Maes, à la paroisse de Laerne, qui est à deux lieues de la ville, sur le territoire de Termonde, où notre Saint est patron de l'Eglise.

En l'an 1617, les ossements de ce saint Patriarche furent transportés de Gand à Mons, en Hainaut, afin d'y apaiser une cruelle épidémie qui ravageait tout le pays ; en reconnaissance, les habitants de Mons lui offrirent une riche châsse d'argent, dans laquelle, l'année suivante, ils reportèrent ses vénérables reliques à Gand, où elles sont religieusement conservées en l'église cathédrale.

Une chapelle lui est consacrée dans cette église. On y voit une belle toile de Crayer représentant saint Macaire, en habits pontificaux, qui implore à genoux la miséricorde divine pour la guérison des pestiférés, au moment où cette cruelle maladie fait planer la mort sur sa propre tête. Un bas-relief en marbre blanc, placé sur le devant de l'autel, montre saint Macaire porté en procession.

Au milieu du château dit des Espagnols, on voit encore quelques ruines très-intéressantes de l'ancienne abbaye de Saint-Bavon, entre autres la chapelle et le puits de Saint-Macaire.

On l'honore par deux fêtes principales qui sont fixées au 10 avril et au 9 mai. Celle du 9 mai, qui rappelle le jour où ses reliques furent levées de terre, se fait avec beaucoup plus de solennité tant à cause des nombreux miracles qui se sont alors opérés, que pour éviter la rencontre des fêtes de Pâques. Il se tient une foire le 9 mai, comme cela se pratique pour un grand ncmbre de fêtes d'autres Saints.

Saint Macaire est toujours en grande vénération parmi les Flamands.

Siger, abbé de Saint-Bavon, fit composer la vie de saint Macaire en 1067 à l'époque de son élévation : Surius et les Bollandistes l'ont reproduite. Ces derniers en donnent une seconde qui fut composée peu de temps après la mort du Saint. Baronius, dans ses Annales ; Molanus, dans son Catalogue des Saints de Flandre ; Mathieu Rader, dans sa Bavière sainte ; Aubert Lemire, dans son Calendrier de Saints de Flandre et de Bourgogne, se sont occupés de ce grand Thaumaturge qui faisait encore des miracles au temps du Père François Giry. Cf. encore Mgr de Ram, Vie des Saints.

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11 avril. Saint Léon Ier le Grand, pape, docteur de l'Eglise. 461.

- Saint Léon Ier le Grand, pape, docteur de l'Eglise. 461.
 
Papes : Saint Sixte III (prédécesseur) ; saint Hilaire (successeur). Empereur d'Occident : Valentinien III.
 
" J'ai prié pour vous le Seigneur, et il a pardonné tous vos péchés. Seulement vous aurez à vous informer de ceux auxquels vous avez imposé les mains, c'est-à-dire que vous aurez à rendre compte si vous vous êtes bien ou final acquitté de cette fonction envers autrui."
Saint Pierre à saint Léon.
 

Saint Léon le Grand. Maître autel de l'église Saint-Martin-Notre-Dame.
Sondersdorf. Alsace.

Saint Léon le Grand naquit à Rome, d'une des premières familles de la Toscane, vers la fin du IVe siècle. Son rare mérite l'éleva promptement au titre d'archidiacre de l'Église romaine ; il n'avait guère plus de quarante ans, quand il fut appelé, par les voeux du clergé et du peuple, sur le siège de saint Pierre. Toutes les qualités d'un Pape remarquable parurent dans sa personne, et c'est à juste titre que la postérité, après ses contemporains, lui a donné le nom de Grand.


Atelier de Raphaël. XVIe.

La cérémonie de son exaltation se fit un dimanche à la saint Michel, le 29 septembre 440. Si l'on veut connaître les sentiments qui animaient le nouveau Pape, qu'on lise les sermons qu'ils prononçait à chaque anniversaire de son pontificat. Dans l'un, il dit qu'il a été effrayé en entendant la voix de Dieu, qui l'appelait à gouverner l'Eglise ; il se proclame trop faible pour un si lourd fardeau, trop petit pour une telle grandeur, trop dénué de mérite pour une si auguste dignité. Cependant il ne perd pas courage, parce qu'il n'attend rien de lui-même, et tout de celui qui opère en lui.


Apparition des saints Pierre et Paul à Attila et à Léon Ier.
Atelier de Raphaël. XVIe.

Ce qui, sans décourager le pontife, l'effrayait néanmoins, c'est que l'Eglise se trouvait attaqué de tous côtés par le vice et l'erreur. Il eut dès lors soin d'associer à ses combats des personnes pleines de piété et de doctrine, entre autres, saint Prosper d'Aquitaine, le plus savant homme de son temps ; il en fit son conseiller et son secrétaire, comme autrefois saint Damase avait fait de saint Jérôme. Ensuite, saint Léon le Grand commenca par la réforme du peuple romain, afin que l'église mère fût le modèle de toutes les autres églises. Non content de l'exciter à la vertu par ses propres exemples, il l'instruisit encore par ses prédications, imitant en cela, dit-il, l'exemple de ses prédécesseurs. Cette partie du minsitère épiscopal était alors bien plus obligatoire qu'aujourd'hui, parce que les évêques seuls pouvaient l'exercer.


Raphaël (Rafaelo Alessandro Algardi).
Basilique Saint-Pierre. Rome. XVIe.

L'époque était difficile : les manichéens, les donatistes, les ariens, les priscillianistes, les nestoriens et les eutychiens infestaient l'Église de leurs hérésies. Le saint et docte Pontife, armé du glaive de la parole infaillible, combattit avec vigueur la doctrine impie de tous les côtés à la fois ; par ses lettres, par ses légats, par des conciles, il suscita un grand mouvement de résistance à l'erreur et le retour d'une grande multitude d'âmes à la justice et à la vérité. Sa magnifique lettre au concile de Chalcédoine produisit un tel effet que les six cents évêques, après en avoir entendu la lecture, s'écrièrent d'une voix unanime :
" C'est Pierre qui a parlé par Léon !"


Vision de saint Léon, Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. R. de Monbaston. XIVe.

L'un des faits les plus imposants de son beau et si fécond pontificat, c'est sa procession solennelle au-devant d'Attila, roi des Huns, surnommé le fléau de Dieu, qui avançait vers Rome pour la détruire. Attila l'accueillit avec respect et lui promit de laisser en paix la Ville éternelle, moyennant un faible tribut annuel. Les barbares, murmurant de voir leur chef reculer, lui demandèrent raison de sa conduite et il s'en ex^liqua ainsi :
" Pendant que le Pontife leur me parlait, je voyais à ses côtés un autre Pontife d'une majesté toute divine ; il se tenait debout, ses yeux lançaient des éclairs, et il me menaçait du glaive qu'il brandissait dans sa main ; j'ai compris que le Ciel se déclarait pour la ville de Rome."


Saint Léon le Grand. Bréviaire de Martin d'Aragon. XIVe.

Ce personnage n'était autre que saint Pierre. Les Romains firent une réception enthousiaste au Pontife victorieux. Le génie de Raphaël a immortalisé cette scène dans une peinture célèbre.


Saint Léon Ier Grand allant au devant d'Attila.
Raphaël. Basilique Saint-Pierre. Vatican.

L'humanité, la douceur et la charité furent les principales vertus de saint Léon. Ses écrits, qui suffiraient à l'illustrer par la splendeur du style comme par l'élévation des pensées, montent à une hauteur plus grande encore quand il traite de l'Incarnation, et c'est pourquoi on lui a donné le titre de Docteur de l'Incarnation. Il surpassa tous les Pontifes qui l'ont précédé, et il eut peu de successeurs dont le mérite ait approché du sien.


Saint Léon Le Grand. Sermones et epistulae. XVe.

La liturgie doit beaucoup à saint Léon ; il a introduit, ratifié par saint Pierre à la suite de la prière que saint Léon lui avait faite à ce sujet, dans le canon de la messe ces paroles :
" Sanctum sacrificium, immaculatam hostiam ".
Il sut faire régner dans les cérémonies saintes un ordre, une pompe, une majesté admirables.

Nous avons encore de saint Léon 101 sermons sur les différentes fêtes de l'année. Il y recommande souvent le jeûne et l'aumône, qu'il ne veut pas que l'on sépare, parce que ces deux bonnes oeuvres se soutiennent mutuellement.


Miracle de saint Léon. Ta'amra Mâryâm. Ethiopie. XVIIe.

On trouve ainsi neuf sermons sur le jeûne du dixième mois, ou des quatre-temps de décembre. Selon notre saint docteur, l'Eglise a institué les quatre-temps dans les quatre saisons de l'année, afin de les sanctifier toutes par le jeûne. Elle a voulu encore par là fournir des armes à ses enfants contre le démon, et les porter à remercier Dieu des fruits et des autres bienfaits qu'ils reçoivent continuellement de son amour.

Le saint Pape revient souvent à l'obligation de faire l'aumône :
" Cette obligation ne souffre point de dispense. Dieu n'a donné des richesses aux hommes que pour qu'ils les versent dans le sein de l'indigence. C'est donc aller contre son intention que de les entasser par avance ou de les consumer en superfluités. Aussi la sentence que Jésus-Christ doit prononcer au dernier jour portera-t-elle principalement sur la conduite qu'on aura tenue à l'égard des pauvres. Le Sauveur a voulu nous apprendre par là que l'aumône est la clef du ciel et le canal des grâces. L'obligation de faire l'aumône ne se mesure pas sur la quantité des biens, mais sur les sentiments du coeur. Elle est commune à tous les hommes, puisque tous doivent aimer leurs semblables et désirer de les secourir. Quant aux riches, ils sont tenus de rechercher les pauvres honteux et de les assister sans les mettre dans le cas de rougir de leur misère."


Saint Léon montre que l'institution des collectes ou quêtes pour les pauvres vient des Apôtres même, et que l'on n'a jamais cessé dans l'Eglise de composer un fonds des libéralités des fidèles pour soulager ceux qui étaient dans le besoin.

HYMNE

L'Eglise grecque, dans ses Menées, consacre à saint Léon un solennel Office, auquel nous empruntons les strophes suivantes. Composées avant le schisme, elles expriment l'antique foi de l'Eglise de Constantinople dans la primauté du Pontife romain, et montrent d'une manière irréfutable que ce ne sont pas les Latins qui ont changé la foi. Les Grecs célèbrent la mémoire de saint Léon le dix-huit février.
 

Apparition de Notre Dame à saint Léon.
Ta'amra Mâryâm. Ethiopie. XVIIe.

" Heureux Pontife, illustre Léon, tu as été le compagnon des Pontifes fidèles et des Martyrs ; invincible dans les combats, tu t'es montré inébranlable comme la tour et la citadelle de la religion ; dans ton orthodoxie et ta science, tu as proclamé l'ineffable génération du Seigneur.

Recteur de l'orthodoxie, docteur de la piété et de la sainteté, flambeau de la terre tout entière, inspiré de Dieu,gloire des vrais fidèles, sage Léon, lyre du Saint-Esprit, tu as éclairé tous les hommes par ta doctrine.

Héritier de la Chaire de Pierre, comme lui tu as présidé à l'Eglise entière ; son esprit a été en toi, et son zèle t'enflammait pour la foi.

Eclatant d'une splendide lumière, très saint Léon, tu as éclairci le mystère de l'ineffable et divine incarnation, proclamant la double nature et la double volonté du Dieu fait chair.

Tout resplendissant de la science divine, tu as lancé partout les rayons de l'orthodoxie ; après avoir dissipé les ténèbres de l'hérésie, tu as quitté cette vie, Ô bienheureux, et tu habites la lumière qui ne connaît pas de couchant.

Par ta prédication merveilleuse, tu nous as montré le Christ Fils unique et Seigneur, engendré du Père avant les siècles, né pour nous de la Vierge, et apparaissant sur la terre semblable à nous, Ô ministre inspiré des divins mystères !

Assis glorieux sur le trône du pontificat, tu as fermé la gueule des lions ; en proclamant le dogme sacré de l'adorable Trinité, tu as fait briller aux yeux de ton troupeau la lumière de la connaissance de Dieu ; c'est pour cela que tu as été glorifié comme un divin Pontife initié à la grâce de Dieu.

Tu t'es levé de l'Occident, comme un soleil rayonnant : ta science a dissipé le sophisme d'Eutychès qui confondait les deux natures, et celui de Nestorius qui les divisait ; tu nous as appris à adorer un seul Christ en deux natures indivisibles, immuables et sans confusion.

Inspiré de Dieu, tu as présenté comme de nouvelles tables écrites du doigt de Dieu ; semblable à Moïse apparaissant aux yeux du peuple divin, tu t'es écrié dans l'assemblée des Maîtres vénérables : " Pontifes, célébrez le Christ ; bénissez-le et exaltez-le à jamais !".

Maintenant, Ô Pontife du Christ, tu portes une couronne éclatante de beauté ; prêtre fidèle, la justice est ton vêtement, et tu tressailles d'une joie ineffable dans le paradis des délices; daigne supplier sans cesse le Seigneur pour ton troupeau.

Dans le séjour où sont les sièges, les trônes et les rangs pour les Patriarches, tu as mérité d'entrer comme un Père, comme un vrai Patriarche, entouré des rayons de la foi et de la grâce, heureux Léon ! Et nous proclamons tous l'éternelle félicité qui est ton partage."

PRIERE

" Gloire soit à vous, Ô Christ, Lion de la tribu de Juda, qui avez suscité dans votre Eglise un Lion pour la défendre aux jours où la sainte foi courait de si grands dangers. Vous aviez chargé Pierre de confirmer ses frères ; et nous avons vu Léon, en qui Pierre était vivant, remplir cet office avec une autorité souveraine. Nous avons entendu retentir l'acclamation du saint Concile, qui, en s'inclinant devant la doctrine toute céleste de Léon, proclamait le bienfait signalé que vous avez, en ces jours, conféré à votre troupeau, lorsque vous donnâtes à Pierre le soin de paître les brebis comme les agneaux.

Ô Léon ! vous avez dignement représenté Pierre dans sa chaire. Votre parole apostolique n'a cessé d'en descendre, toujours vraie, toujours éloquente et majestueuse. L'Eglise de votre temps vous honora comme le maître de la doctrine, et l'Eglise de tous les siècles vous reconnaît pour l'un des plus savants docteurs qui aient enseigné la divine Parole.

Du haut du ciel où vous siégez maintenant, répandez sur nous l'intelligence du divin mystère que vous avez été chargé d'exposer. Sous votre plume inspirée, ce mystère s'éclairât, son harmonie sublime se révèle ; et la foi se réjouit de percevoir si distinctement le divin objet auquel elle adhère. Fortifiez en nous cette foi, Ô Léon ! Le Verbe incarné est encore blasphémé de nos jours; vengez sa gloire, en nous envoyant de nouveaux docteurs.

Vous avez triomphé de la barbarie, Ô noble Pontife ! Attila vous rendit les armes. De nos jours, il s'est levé de nouveaux barbares, les barbares civilisés qui nous vantent comme l'idéal des sociétés celle qui n'est plus chrétienne, celle qui dans ses lois et ses institutions ne confesse plus Jésus-Christ roi de l'humanité, auquel toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre.

Ô ! Venez à notre secours ; car le mal est monte à son comble. Beaucoup sont séduits et s'en vont à l'apostasie sans s'en douter. Obtenez que la lumière ne s'éteigne pas totalement chez nous, que le scandale s'arrête enfin. Attila n'était qu'un païen ; les modernes utopistes sont chrétiens, ou du moins quelques uns voudraient l'être ; prenez pitié d'eux, et ne permettez pas qu'ils soient plus longtemps victimes de leurs illusions.

En ces jours de la Pâque qui vous rappellent, Ô Léon, les labeurs de votre ministère pastoral, alors qu'entouré de vos néophytes vous les nourrissiez de vos immortels discours, priez pour les fidèles qui, dans cette même solennité, sont ressuscites avec Jésus-Christ. Ils ont besoin de connaître de plus en plus ce divin Sauveur de leurs âmes, afin de s'attacher à lui et de ne plus jamais s'en séparer. Révélez-leur tout ce qu'il est, et dans sa nature divine et dans sa nature humaine : comme Dieu, leur fin dernière, et leur juge après cette vie ; comme homme, leur frère, leur Rédempteur et leur modèle. Ô Léon ! bénissez, soutenez votre successeur sur la Chaire de Pierre, et montrez-vous en ces jours l'appui de cette Rome dont vous avez célébré avec tant d'éloquence les saintes et éternelles destinées."

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