lundi, 05 novembre 2007
Ve jour dans l'Octave de la Toussaint. Appelé aussi fête des Saintes reliques.
- Ve jour dans l'Octave de la Toussaint. Appelé aussi fête des Saintes reliques.
Âmes emmenées du purgatoire en paradis. Très riches heures du duc de Berry. XIVe.
On entend par Reliques des Saints tout ce qui reste d'eux après leur mort : leurs ossements, leurs cendres, leurs vêtements et autres objets à leur usage. Les protestants se sont avisés de condamner le culte des Reliques des Saints, comme emprunté aux coutumes païennes et n'ayant pas une origine apostolique. La décision du concile de Trente suffit pour montrer la fausseté et la perfidie de leurs raisons. Ce concile, en effet, a décrété contre eux que les corps des martyrs et autres Saints, qui ont été les membres vivants de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit, doivent être honorés par les fidèles, et que, par eux, Dieu accorde un grand nombre de bienfaits aux hommes. Il fonde sa décision sur l'usage établi dès le Ier siècle et demeuré constant dans l'Église, ainsi que sur l'enseignement des Pères et des Conciles.
Le culte des saintes Reliques n'est donc pas seulement permis, mais ordonné ; il n'est pas seulement un droit, mais un devoir. Remarquons-le bien, le culte des reliques diffère des pratiques païennes parce qu'il est surnaturel ; nous n'honorons pas les restes des Saints pour des motifs puisés dans la nature ; mais pour des motifs puisés dans la foi. Qu'on honore la mémoire et les restes des grands hommes dignes de ce nom, c'est justice ; mais qu'on honore la mémoire et les restes des Saints c'est plus que justice, c'est oeuvre de religion, et l'objet final du culte des saintes Reliques, c'est Dieu sanctifiant les Saints, c'est Jésus-Christ, dont les saints sont les membres.
Ce culte est si légitime, que Dieu souvent ordinairement même, glorifie Lui-même les Reliques de Ses Saints par des parfums célestes, par d'autres merveilleux privilèges, par d'innombrables miracles. Ajoutons à cela que le culte des saintes Reliques a aussi son fondement dans la résurrection glorieuse qui attend les corps des Saints ; ces restes, Dieu les recueillera Lui-même à la fin du monde et leur donnera tout l'éclat et toute la beauté dont ils sont susceptibles.
Vénérons donc avec respect, dévotion, confiance, ces Reliques précieuses, qui furent autrefois animées par de grandes âmes, ont été les instruments de belles et saintes oeuvres, d'étonnantes vertus, et seront un jour honorées d'une brillante et immortelle gloire. Aimons les pèlerinages aux tombeaux des saints, célébrons religieusement la fête des saintes Reliques, qui suit avec tant d'à-propos la fête de la Toussaint, fête des saintes âmes qui sont au Ciel.
Extraits de l'Année litugique de dom Prosper Guéranger.
Sainte Couronne d'épine. Conservée au Trésor de Notre-Dame de Paris et anciennement à la Sainte Chapelle.
Et l’Esprit et l'Epouse disent : " Venez. Que celui qui écoute dise aussi : Venez " (Apoc. XXII, 17.)
" Oui ; je viendrai bientôt " (Ibid. 20.).
" Amen ! Venez Seigneur Jésus " (Ibid.).
Sans négliger de faire monter vers l'Eglise triomphante l'hommage de nos chants, sans cesser d'apporter nos suffrages à l'Eglise souffrante, n'omettons pas de considérer l'Eglise militante, en ces jours où l'évolution du Cycle sacré nous la montre à la veille d'achever son œuvre sur terre.
Modèle de ses fils, c'est surtout à l'heure où finira notre pèlerinage d'ici-bas qu'il convient que son attitude soit la nôtre. Or le dialogue précité, qui terminera l'histoire du monde, fait assez voir les sentiments auxquels dès maintenant l'Esprit la dispose en prévision du moment suprême.
Comme sont brisés dans l'homme, par la souffrance de ses derniers jours, les liens qui le retenaient à la vie des sens ; de même, si violemment qu'elle en doive être heurtée, les dernières convulsions sociales auront pour résultat de dégager l'Eglise des entraves d'un monde qu'elle devra renoncer à disputer davantage à la ruine.
Et c'est pourquoi rendue au libre essor, si l'on peut dire ainsi, de sa spontanéité native, elle se consumera de l'unique désir qu'avaient, semblait-il, comprimé les siècles, maintenu à l'arrière-plan tant de labeurs ; elle n'aura plus qu'un mot : " Venez !" Et dans le cataclysme où, le soleil obscurci, la lune refusant sa lumière, les vertus des cieux seront ébranlées (Matth. XXIV, 29.), elle tressaillira, n'ignorant point qu'au milieu de cette nuit-là même va retentir le cri : " Voici l'Epoux (Ibid. XXV, 6.) !"
Que celui donc qui écoute, que chacun de nous dise aussi : " Venez !" Si nous aimons le Seigneur, si l'on doit reconnaître en nous les membres de son Eglise bien-aimée, justifions ce beau titre, en ne voyant que par les yeux de l'Eglise, en n'appréciant que par son cœur toutes choses et, plus que tout, la mort : dans le suprême passage saluons, pour les nôtres et pour nous, l'entrée des noces éternelles. Nous le savons : à qui veut loyalement le Seigneur, le Seigneur ne saurait manquer ; fallût-il, par delà cette vie, solder à sa justice quelques dettes encore, rectifier l'un ou l'autre détail de parure avant de nous asseoir au banquet des cieux, le béni passage n'en donne pas moins sans nul retard et de plain-pied, pour tous les justes, accès dans l'impeccabilité, dans la sécurité de l'amour à jamais sauf.
Comme nous le verrons, c'est bien ainsi que l'entendaient nos pères.
SEQUENCE
Dessin d'un reliquaire destiné à recevoir la Sainte Couronne d'épines. Viollet-Le-Duc. XIXe.
Les Eglises de France, de Suisse, d'Angleterre avaient, en grand nombre, fait choix de cette Séquence pour chanter les Saints.
" Au Christ glorieux nos blanches phalanges adressent leurs chants dans cette fête auguste, célébrant tous les Saints.
Que notre voix nomme Marie la première : par elle la vie nous fut conquise. Mère et vierge, Ô notre Reine, délivrez-nous par votre Fils des liens de nos péchés.
Que tous les Anges et les Archanges, leurs glorieux princes, toutes fautes effacées, nous disposent à goûter les surhumaines délices des cieux.
Vous qui, héraut du Christ et son flambeau, fûtes prophète et plus que prophète, conduisez-nous dans le chemin de la lumière et purifiez-nous.
Prince des Apôtres, avec tout le collège sacré, affermissez pour toujours les cœurs du peuple chrétien dans la véritable doctrine.
Illustre Etienne à la couronne resplendissante, vaillante armée des saints Martyrs, donnez-nous l'intrépidité des cœurs et des corps pour abattre l'ennemi sous les traits de notre foi sainte.
Glorieux Martin, dans l'assemblée des saints Pontifes, en ce jour, à cette heure, agréez bénignement nos humbles prières.
Reine des Vierges, et incomparablement la plus grande, vous êtes mère et la souillure ne vous atteint pas, vous êtes vierge et portez votre fruit ; pour le Seigneur la pureté est sacrée : gardez purs nos âmes et nos corps.
Que les Moines parleurs pieux suffrages, que tous les ordres des Saints par leurs prières assidues, gouvernent nos temps ; qu'ils nous conduisent par delà ce monde aux joies non menteuses.
Amen !"
HYMNE
Fresque de la chapelle haute de la Sainte Chapelle. Paris.
Le dixième Chant du Cathemerinon de Prudence fournit l'Hymne qui suit à l'Office mozarabe des Vêpres des morts.
" Source embrasée des âmes, Ô Dieu, c'est dans l'union de deux principes, immortel et mortel, que Vous fîtes l'homme, en Vous nommant son Père.
Tous les deux sont à Vous, bien à Vous, Ô Seigneur suprême : comme par Vous leur union s'accomplit, c'est pour Vous qu'elle subsiste et qu'ils vivent, c'est Vous que servent ensemble l'esprit et la chair.
S'ils se séparent, l'homme se dissout et il meurt : le corps retourne au terrestre limon ; L'âme subtile est emportée vers les cieux.
C'est une nécessité que toute créature se débilite et qu'elle vieillisse enfin, que l’assemblage se disjoigne, que l'union d'éléments dissonants ne dure pas.
De là les soins si grands donnés aux tombeaux, et le suprême honneur rendu à ces membres inanimés qu'exalte la pompe des funérailles.
Ainsi veut que soit fait, en vue de l'avenir, la piété des disciples du Christ : elle croit que revivront soudain tous ces corps plongés maintenant dans le glacial sommeil.
Quiconque pieusement recouvre de terre ces dépouilles humaines que la mort disperse en tous lieux, celui-là fait oeuvre de miséricorde, œuvre que bénit comme faite à lui-même le Christ tout-puissant.
La commune loi nous avertit assez qu'un même douloureux sort étant ici celui de tous, la mort d'un étranger doit comme celle de nos proches attendrir nos coeurs.
Mais nous nous attachons à Vos paroles, Ô Rédempteur, quand, terrassant la sombre mort, Vous mander au compagnon de votre croix, au larron*, de Vous suivre.
Voici qu'enfin s'ouvre devant Vos fidèles la voie brillante qui mène au paradis sans bornes ; voici qu'à l'homme est rendu l'accès du jardin de délices dont le serpent l'avait fait exclure.
Ô Guide très bon, Recevez ma prière : cette âme Votre servante, ordonnez que, par Vous sanctifiée, elle rentre en ce séjour originel qu'elle avait quitté pour l'exil et ses égarements.
Et c'est pourquoi aussi, souvenez-Vous, ô Dieu, des âmes dont nous faisons mémoire à cette heure : Faites, nous Vous en supplions, que purifiées de leurs souillures, elles échappent aux brasiers d'enfer.
Honneur soit à Vous, source de miséricorde ! Louange, gloire, puissance souveraine au Père, au Fils, au Dominateur qui régit l'univers : un seul Dieu.
Amen."
*. " Hodie mecum eris in paradiso."
07:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
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