jeudi, 08 novembre 2007
L'Octave de la Toussaint.
- L'Octave de la Toussaint.
Le paradis céleste. Bas-relief. Andrea Briosco. XVIe.
Quelle conclusion donner aux enseignements de l'Octave qui va finir, sinon celle que formule elle-même aujourd'hui la Liturgie sainte ?
" Etrangers et pèlerins sur la terre, saluons du cœur et de la pensée le jour qui doit nous rendre à tous une demeure stable en nous ouvrant le paradis. Qui, loin de la patrie, ne hâterait le retour ? Qui, naviguant vers les siens, n'appellerait lèvent favorable et ne souhaiterait d'embrasser au plus tôt ses bien-aimés? Parents, frères, fils, amis nombreux, nous attendent et désirent en la patrie des cieux : foule fortunée, déjà sûre de l'immortalité bienheureuse, encore anxieuse à notre endroit. Quelle joie pour eux, quelle joie pour nous, quand nous pourrons les voir enfin, quand ils pourront nous serrer dans leurs bras ! Plus rien, dans ce royaume du ciel, que bonheur à goûter ensemble ; plus de crainte de mourir; plus rien que l'éternelle et souveraine félicité ! Que tous nos désirs tendent à cet unique but : rejoindre les saints, pour avec eux posséder le Christ (Lectiones IIi Noct. ex Cypriano, de Mortalitate, XXVI.)."
A ces effusions que l'Eglise emprunte au beau livre de saint Cyprien sur la Mortalité, font écho, dans l'Office de la nuit, les fortes paroles de saint Augustin rappelant, consolation sublime, au fidèle que l'exil menace de retenir encore, la vraie compensation, la grande béatitude de cette terre : la béatitude de ceux que le monde persécute et maudit. Souffrir pour le Christ avec joie, c'est la gloire du chrétien, l'invisible beauté qui vaut à son âme les divines complaisances et lui assure une grande récompense dans les cieux (Homilia IIIi Noct. ex Augustino, de Sermone Domini in monte, Apoc. XXII, 11-13.).
Que celui qui nuit nuise encore, dit le Seigneur, et que le souillé se souille encore ; et que le juste se justifie encore ; et que le saint se sanctifie encore. Voici que je viendrai bientôt, et ma récompense avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres, moi l'Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin (I Cor. VII, 29-31.). Patience donc à nous chrétiens, patience aux méprisés de l'heure présente ! Le temps est court ; la figure de ce monde passe (4. II Thess. II, 8.). Voyons du haut de notre baptême les insensés qui se croient forts parce qu'ils ont à leur disposition la violence, qui se disent sages parce que le plaisir est leur unique loi. Quand d'un souffle de sa bouche l'Homme-Dieu fera justice de leur chef (4), leur part sera la sentence indignée qu'entendit le prophète de Pathmos : Arrière, chiens ! dehors les empoisonneurs et les menteurs (Apoc. XXII, 15.) !
Et ce pendant la création entière, la création dont ils avaient fait l'esclave gémissante de leur corruption (Rom. VIII, 20-22.), répondra par un chant de délivrance à leur chute honteuse. Elle-même, réhabilitée, se transformera en de nouveaux cieux, en une terre nouvelle (Apoc. XXI, 1.). Elle participera de la gloire des enfants de Dieu délivrés comme elle (Rom. ibid.) et portera dignement la nouvelle Jérusalem, la sainte cité où dans nos corps nous verrons Dieu (Job. XIX, 26.), où siégeant à la droite du Père dans le Christ Jésus (Eph. I, 20; II, 6.), l'humanité glorifiée jouira pour jamais des honneurs d'Epouse.
Entrons parla pensée dans Rome, et dirigeons nos pas vers l'antique église qui porte, au mont Cœlius,le nom des Quatre saints couronnés. Il est peu de Martyrs dont les Actes aient été plus que les leurs dédaignés " par une critique superficielle et ignorante de la science archéologique " (De Rossi, Bulletin, 1879, II édition française, pages 45-91.), comme le fut trop souvent celle des XVIe, XVIIe et XVIII° siècles. Mais" aujourd'hui, l'histoire et les traditions relatives à l'auguste monument du Cœlius ont été remises en honneur par des savants et des antiquaires que nul ne saurait taxer de superstition ou d'une aveugle crédulité pour les légendes du moyen âge (Ibid.)."
SEQUENCE
Le paradis céleste. Ivoire. Sous saint Charlemangne. IXe.
Prions toujours pour nos chers disparus. Les Missels de diverses Eglises nous fournissent à cette fin la pièce qui suit, aux accents d'une supplication si instante.
" Qu'a l’honneur du Sauveur chante cette assemblée ; qu'elle chante au dedans en son cœur, que sa voix retentisse au dehors ; douce sera la mélodie, pourvu que s'accordent ces trois : le cœur, la bouche et la conduite.
Admirable est Dieu dans ses saints. Si cependant pour finir il les comble de tant de biens, comment donc en cette vie les laisse-t-il respirer à peine sous l'épreuve et sous la douleur ?
Comment s'accorde, ô Christ,avec l'amour une haine qui vous fait juger bon de les accabler par tous les genres de souffrance, de les laisser broyer dans les tourments, de permettre qu'ils meurent de la plus cruelle mort ?
Mais non, ce n'est pas haine: il veut savoir de quel amour chacun à son service est animé ; lui les aime tous, et cependant éprouve dans la fatigue et le combat leur degré de fidélité.
Ils luttent donc contre le monde, contre l'ennemi réprouvé et immonde, contre les vices aussi de la chair : lutte virile où se forment à la vertu confesseurs et aussi martyrs.
Au martyr le combat spécial que lui vaut le dernier supplice; mais au confesseur parfois c'est le licteur qui se dérobe, pour le laisser aux prises avec les passions.
Combattent donc pour l'amour du Christ et ceux-ci, et ceux-là, quel que soit leur sexe : à qui peine plus en la lutte, revient pour son labeur plus belle couronne et meilleure récompense.
Tous ils sont les élus de Dieu ; qu'il daigne se laisser fléchir en considération de leurs mérites et prières, pour qu'au jour du terrible avènement, son courroux ne nous livre pas aux bourreaux d'enfer.
Mais que notre lyre soit admise à le louer dans la compagnie des habitants des cieux.
Amen."
HYMNE
Saint Pierre et Notre Seigneur Jésus-Christ. Giovanni Battista Pittoni. XVIe.
Séville nous donnera, pour honorer les Saints, la Séquence qu'elle chanta longtemps en ce jour de l'Octave.
" Du fond de l'abîme nous crions ; Christ, Entendez nos voix du haut des Cieux : pour tous les fidèles défunts la Mère Eglise Vous prie et supplie à cette heure.
Que Votre oreille soit donc attentive, et qu'Elle écoute cette voix suppliante : Ô Roi de gloire, cette voix Vous prie pour Vos fidèles et Vous demande d'alléger aujourd'hui leurs maux.
Bien que pécheurs, bien qu'indignes même de subsister, si Vous considérez nos vices : que produise cependant ses fruits de salut ; victime offerte par nous à cette heure pour les trépassés.
L'hostie offerte par Vous au Père, c'est elle que nous-mêmes aussi nous offrons : qu'elle leur soit secourable ; oui, Soyez-leur secourable, Ô Jésus, Déliez les liens de leurs péchés dans Votre puissance.
A cause de la loi que Vous avez donnée, ceux qui furent l'œuvre de Vos mains Vous attendent : Ecartez d'eux les supplices ; ils Vous attendent, Délivrez-les ; en Vous ils espèrent, Conduisez-les aux palais des Cieux.
En Vous ils espèrent, en Vous ils croient, vers Vous ils tendent et ils soupirent du fond de leur misère ; qu'en Vous le jour, qu'en Vous la nuit, qu'en Vous le matin et le soir ils se confient.
Nous Vous le demandons : qu'abonde en Vous la miséricorde implorée; Christ, cette assemblée vous supplie prosternée de les délivrer de tout mal.
Daigne vous prier la reine des reines, l'impératrice Votre mère ; que par Marie nous soient obtenues nos demandes. Bon Jésus, Roi de gloire, que tous les Saints, spécialement en ce jour, implorent de Vous pour eux la grâce désirée.
C'est par pitié pour les pécheurs que sur la croix Vous êtes monté : Ecoutez miséricordieusement les prières et les cris de notre dévote assemblée. Que par Vous soient brisées les chaînes, détruites les portes de la mort, confondus les démons : que par Vous les âmes entrent en possession des joies éternelles.
Amen."
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