dimanche, 01 juin 2025
Dimanche dans l'octave de l'Ascension.
- - Le dimanche dans l'octave de l'Ascension.
" Ô Roi de gloire. Seigneur des armées,
Qui aujourd'hui êtes monté triomphant au-dessus de tous les cieux,
Ne nous laissez pas orphelins ;
Mais envoyez-nous l'Esprit de vérité, selon la promesse du Père,
Alleluia."
Bible. Picardie. XIe.
Jésus est monté aux cieux. Sa divinité n’en avait jamais été absente, mais aujourd'hui son humanité y est intronisée, elle y est couronnée d'un diadème de splendeur; et c'est là encore une nouvelle face du glorieux mystère de l'Ascension. A cette humanité sainte le triomphe ne suffisait pas ; le repos lui était préparé sur le trône même du Verbe éternel auquel elle est unie éternellement dans une même personnalité, et c'est du haut de ce trône qu'elle doit recevoir les adorations de toute créature. Au nom de Jésus Fils de l'homme et Fils de Dieu, de Jésus assis à la droite du Père tout-puissant, " tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers " (Philip. II, 10.).
Habitants de la terre, c'est là cette nature humaine qui apparut autrefois dans l'humilité des langes, qui parcourut la Judée et la Galilée n'ayant pas où reposer sa tête, qui fut enchaînée par des mains sacrilèges, flagellée, couronnée d'épines, clouée à une croix ; mais tandis que les hommes qui l'avaient méconnue la foulaient aux pieds comme un ver de terre, elle acceptait le calice des douleurs avec une entière soumission et s'unissait à la volonté du Père ; elle consentait, devenue victime, à réparer la gloire divine en donnant tout son sang pour la rançon des pécheurs. Cette nature humaine, issue d'Adam par Marie l'immaculée, est le chef d'œuvre de la puissance de Dieu. Jésus, " le plus beau des enfants des hommes " (Psalm. XLIV.), est l'objet de l'admiration extatique des Anges ; sur lui se sont reposées les complaisances de la suprême Trinité ; les dons de la grâce déposés en lui surpassent ce qui a été accordé à tous les hommes et à tous les esprits célestes ensemble ; mais Dieu l'avait destiné à la voie de l'épreuve, et Jésus qui aurait pu racheter l'homme à moins de frais, s'est plongé volontairement dans une mer d'humiliations et de douleurs, afin de payer avec surabondance la dette de ses frères. Quelle sera la récompense ? l'Apôtre nous le dit dans ces fortes paroles :
" Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix ; à cause de cela Dieu l'a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom." (Philip. II.).
Bas-relief. Benedetto Buglioni. XVe.
Ô vous donc qui compatissez ici-bas aux douleurs par lesquelles il nous a rachetés, vous qui aimez à le suivie dans les stations de son pèlerinage jusqu'au Calvaire, levez la tête aujourd'hui, et regardez au plus haut des cieux. Le voici, " parce qu'il a souffert la mort, le voici couronné de gloire et d'honneur " (Heb. II, 9.). " Plus il s'est anéanti sous la forme d'esclave, lui qui dans son autre nature pouvait sans injustice se dire égal à Dieu " (Philip, II, 6, 7.) ; plus le Père prend plaisir à l'élever en gloire et en puissance. La couronne d'épines qu'il a portée ici bas est remplacée par le diadème d'honneur (Psalm. XX.). La croix qu'il laissa imposer sur son épaule est désormais le signe de sa principauté (Isai. XII.). Les plaies que les clous et la lance ont imprimées sur son corps resplendissent comme des soleils. Gloire soit donc rendue à la justice du Père envers Jésus son Fils ! mais réjouissons-nous aussi de voir en ce jour " l'Homme des douleurs " (Ibid. LIII.) devenu le Roi de gloire, et répétons avec transport l'Hosannah que la cour céleste fait retentir à son arrivée.
Heures à l'usage de Rome. Dijon. XVe.
A LA MESSE
Le Dimanche dans l'Octave de l'Ascension était appelé à Rome, au moyen âge, le Dimanche des Roses, parce que l'on avait coutume en ce jour de joncher de roses le pavé des basiliques, comme un hommage au Christ qui s'élevait au ciel dans la saison des fleurs. On sentait alors toutes les harmonies. La fête de l'Ascension si riante et si remplie de jubilation, lorsqu'on la considère sous son principal aspect, qui est le triomphe du Rédempteur, venait embellir les radieuses journées du printemps sous un ciel fortuné. On cessait un moment de sentir les tristesses de la terre, veuve de son Emmanuel, pour ne se souvenir que de la parole qu'il a dite à ses Apôtres, afin qu'elle nous fût répétée : " Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Père " (Johan. XIV, 28.). Imitons cet exemple ; offrons à notre tour la rose à celui qui l'a faite pour l'embellissement de notre séjour, et sachons nous aider de sa beauté et de son parfum pour nous élever jusqu'à lui, qui nous dit dans le divin Cantique : " Je suis la fleur des champs et le lis des vallons " (Cant IV, 1.). Il voulut être appelé Nazaréen, afin que ce nom mystérieux réveillât en nous le souvenir qu'il retrace, le souvenir des fleurs dont il n'a pas dédaigné d'emprunter le symbole, pour exprimer le charme et la suavité que ceux qui l'aiment trouvent en lui.
EPÎTRE
Lecture de l'Epître de saint Pierre, Apôtre. I, Chap. IV.
Chute de Simon le Magicien. Eglise abbatiale de l'abbaye Saint-Oyend aujourd'hui cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul et Saint-André. Saint-Claude. Franche-Comté. XVIIe.
" Mes bien-aimés, soyez prudents et veillez dans la prière ; mais avant tout. ayez une charité persévérante les uns envers les autres : car la charité couvre la multitude des péchés. Exercez entre vous l'hospitalité sans murmurer. Que chacun se rende utile aux autres, selon la grâce qu'il a reçue, comme étant de fidèles dispensateurs des diverses grâces de Dieu. Si quelqu'un parle, que ce soit comme des paroles de Dieu ; si quelqu'un exerce un ministère, que ce soit comme par la vertu que Dieu lui donne; afin qu'en toutes choses Dieu soit honoré par Jésus-Christ notre Seigneur."
Homéliaire. XIIe.
Tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme, et attendant la venue de l'Esprit-Saint, le prince des Apôtres qui présidait cette assemblée sainte se tourne vers nous qui attendons ici-bas la même faveur, et nous recommande la charité fraternelle. Il nous promet que cette vertu couvrira la multitude de nos péchés ; quelle heureuse préparation pour recevoir le don divin ! L'Esprit-Saint arrive afin d'unir les hommes en une seule famille ; arrêtons donc toutes nos discussions, et préparons-nous à la fraternité universelle qui doit s'établir dans le monde à la prédication de l'Evangile. En attendant la descente du Consolateur promis, l'Apôtre nous dit que nous devons être prudents et veiller dans la prière. Reçevons la leçon : la prudence consistera à écarter de nos cœurs tout obstacle qui repousserait le divin Esprit ; quant à la prière, c'est elle qui les ouvrira, afin qu'il les reconnaisse et s'y établisse.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. XV.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.
" En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples :
" Lorsque viendra le Consolateur que je vous enverrai du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues ; et vient l'heure où quiconque vous tuera croira rendre service à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi, parce qu'ils ne connaissent ni le Père, ni moi. Je vous ai dit ces choses, afin que lorsque l'heure sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites."
Recueil d'images pieuses. Ethiopie. XVIIe.
A la veille de nous envoyer son Esprit, Jésus nous annonce les effets que ce divin Consolateur produira dans nos âmes. S'adressant aux Apôtres dans la dernière Cène, il leur dit que cet Esprit leur rendra témoignage de lui, c'est-à-dire qu'il les instruira sur la divinité de Jésus et sur la fidélité qu'ils lui doivent, jusqu'à mourir pour lui. Voilà donc ce que produira en eux cet hôte divin que Jésus, près de monter aux cieux, leur désignait en l'appelant la Vertu d'en haut. De rudes épreuves les attendent ; il leur faudra résister jusqu'au sang. Qui les soutiendra, ces hommes faibles ? L'Esprit divin qui sera venu se reposer en eux. Car lui ils vaincront, et l'Evangile fera le tour du monde.
Speculum humanae salvationis. Lyon. XVe.
Or, il va venir de nouveau, cet Esprit du Père et du Fils; et quel sera le but de sa venue, sinon de nous armer aussi pour le combat, de nous rendre forts pour la lutte ? Au sortir de la Saison pascale, où les plus augustes mystères nous illuminent et nous protègent, nous allons retrouver en face le démon irrité, le monde qui nous attendait, nos passions calmées un moment qui voudront se réveiller. Si nous sommes " revêtus de la Vertu d'en haut ", nous n'aurons rien à craindre ; aspirons donc à la venue du céleste Consolateur, préparons-lui en nous une réception digne de sa majesté ; quand nous l'aurons reçu, gardons-le chèrement ; il nous assurera la victoire, comme il l'assura aux Apôtres.
Missel à l'usage de Nantes. XVe.
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1er juin. Sainte Angèle de Mérici, vierge, fondatrice des Ursulines. 1540.
Ch. de Sainte-Foi, Vie des premières Ursulines de France.

Sainte Angèle de Mérici. Italie. XVIIe.
Sainte Angèle de Mérici naquit à Desonzano, sur le lac de Garde. Ses parents, de petite noblesse (son père était Jean de Mérici et sa mère de la famille des Biancosi de Salo), était profondément chrétiens. Ils désiraient que leurs cinq enfants trouvassent leur bonheur dans la gloire de Dieu. Pour réaliser cet idéal, ils avaient fait un vrai sanctuaire de la maison paternelle où chacun travaillait sous le regard de Dieu et récitait la prière en commun. Une lecture dans un livre de piété ou dans la Vie des Saints terminait la journée.

Slovénie, XVIIIe.
A ces pieuses pratiques, Angèle ajoutait les rigueurs de la pénitence. Elle voua sa virginité au Seigneur à l'âge de neuf ans et renonça le jour même à toute parure. Elle perdit son père vers l'âge de treize ans ; sa mère mourut deux ans plus tard. Un oncle nommé Barthélémy la prit alors chez lui et s'attacha à favoriser ses pratiques de dévotion. Six ans s'écoulèrent avant que Dieu vienne lui ravir son unique soeur de sang et de sentiments ; le décès de l'oncle Barthélémy suivit de près cette perte vivement ressentie.
Doublement orpheline, Angèle, cette jeune fille d'une " beauté hors du commun " rentra à la maison paternelle, acheva de se dépouiller de tout ce qu'elle possédait et se livra aux plus grandes austérités. Elle était alors âgée de vingt-deux ans. Afin de se sanctifier plus sûrement, elle s'affilia au Tiers-Ordre de Saint-François d'Assise.

En 1506, un jour qu'elle travaillait aux champs, une lumière éclatante l'environna soudain. Angèle vit une échelle s'élever du sol jusqu'au ciel et une troupe innombrable de vierges qui en parcouraient les échelons, soutenues par des anges. Une des vierges se tourna vers elle et lui dit :
" Angèle, sache que Dieu t'a ménagé cette vision pour te révéler qu'avant de mourir tu fonderas, à Brescia, une société de vierges semblable à celles-ci."
Dieu fournit à Sa servante les moyens de réaliser cet oracle, seulement vingt ans après la mémorable vision.

Statue japonaise. XIXe.
La réputation de sainteté d'Angèle Mérici s'était répandue jusque dans la ville de Brescia. Les Patengoli, riche famille et grands bienfaiteurs des oeuvres pies, habitaient cette cité. En 1516, ayant perdu coup sur coup leurs deux fils, ils invitèrent Angèle à venir habiter avec eux pour les consoler dans leur peine. A partir de ce moment, sainte Angèle se fixa à Brescia, édifiant la ville par ses vertus. Chaque jour, on la voyait en compagnie de jeunes filles de son âge, rassembler les fillettes et leur enseigner la doctrine chrétienne, visiter les pauvres et les malades, instruire les grandes personnes qui venaient, en foule, écouter leurs conférences. Ces pieuses filles s'ingéniaient à rechercher les pécheurs jusque dans leur lieu de travail.
Suivant une pratique très usitée à cette époque, sainte Angèle Mérici entreprit plusieurs pèlerinages. Comme elle se rendait un jour à Jérusalem avec un groupe de pèlerins, une mystérieuse cécité se déclara dans la ville de Candie, l'affligeant tout le reste du parcours, pour ne cesser qu'à son retour exactement au même endroit où elle avait perdu l'usage de la vue. Dans cette pénible circonstance, la Sainte vit comme un symbole du renoncement qui devait être à la base de tous ses projets. Le pape Clément VII, instruit des vertus et des miracles de sainte Angèle, lui réserva un accueil des plus bienveillants.

Statue thaïlandaise. Début du XXe.
Le souvenir de la merveilleuse vision demeurait toujours au fond de son coeur. Un jour, Angèle réunit douze jeunes filles qui désiraient tendre à la vie parfaite. Elle leur proposa de mener une vie retirée dans leurs demeures et les rassemblaient fréquemment pour les former à la pratique des vertus chrétiennes. En 1533, ce noviciat achevé, sainte Angèle Mérici leur révéla son plan, leur démontrant que l'ignorance religieuse était la cause des ravages exercés par le protestantisme et que la fondation d'une société de religieuses d'une forme nouvelle pour l'époque, unissant la vie contemplative à l'instruction des enfants, constituerait un remède efficace à l'état déplorable qui régnait dans l'Église.
Afin de mieux atteindre toutes les âmes dans le besoin, la fondatrice implanta les bases d'un Ordre sans clôture. Ses soeurs parcouraient les prisons et les hôpitaux, recherchaient les pauvres pour les instruire et rompaient généreusement leur pain avec eux. Remontant le cours du mal jusqu'à sa source, sainte Angèle Mérici pensait qu'on ne pouvait réformer les moeurs que par la famille, laquelle dépendait surtout de la mère. Elle réalisait que la mauvaise éducation des jeunes filles provenait de la carence de mères chrétiennes. Dans les desseins de Dieu, la congrégation des Ursulines devait rayonner à travers le monde par l'éducation des jeunes filles.

Statue de sainte Angèle de Mérici au Vatican.
Le 25 novembre 1535, à Brescia, les premières religieuses du nouvel institut prononcèrent les trois voeux traditionnels de pauvreté, chasteté et obéissance, ajoutant celui de se consacrer exclusivement à l'enseignement. Sainte Angèle Mérici plaça sa congrégation sous le patronage de sainte Ursule.
Dieu l'avait gratifiée des dons éminents de science infuse et de prophétie. Elle parlait latin sans l'avoir étudié, expliquait les passages les plus difficiles des Livres Saints et traitait les questions théologiques avec une si admirable fermeté et précision, que les plus doctes personnages recouraient volontiers à ses lumières. Ses dernières années furent marquées par de fréquentes extases.

Sainte Angèle Mérici mourut le 28 janvier 1540 à lâge de 65 ans. Pendant trois nuits, toute la ville de Brescia contempla une lumière extraordinaire au-dessus de la chapelle où reposait le corps de la Sainte qui s'est conservé intact de toute corruption. Le pape Pie VII l'a canonisée en 1807.
Sa dernière demeure était située non loin de l'église Sainte-Afre, desservie par les chanoines de Saint-Jean-de-Latran. Son corps y fut exposé pendant 30 jours et aucune corruption ne se constata ; son visage conservait ses couleurs naturelles et son expression de douceur et de modestie éclatait toujours.
La vile de Desenzano del Garda, qui l'avait vu naître la choisie comme avocate et patronne et l'ajouta à ses autres saints patrons.

Statue de sainte Angèle de Mérici. Desenzano del Garda.
Les Ursulines se sont répandues dans le monde entier et à une vitesse miraculeuse. Le Canada français leur doit la permanence de la foi jusqu'à l'effondrement récent. Mais il serait incomplet et injuste de limiter leur sainte influence à ce continent, comme en témoigne les belles et touchantes représentations de sainte Angèle illustrant cette notice.
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