UA-75479228-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 20 mai 2024

20 mai. Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.

- Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.

Pape : Clément VII ; Eugène IV. Empereurs d'Allemagne : Wenceslas ; Frédéric III.

" On pressait un jour Jean d'Avila, l'apôtre de l'andalousie, de donner des règles pour enseigner l'art de prêcher :
" Je ne connais d'autre art que l'amour de Dieu et le zèle pour Sa gloire."
Il avait coutume de dire aux jeunes ecllésiastiques qu'un mot prononcé par un homme de prière toucherait plus que des discours éloquents."


Saint Bernardin de Sienne. Antonio Vivarini. XVe.

Bernardin Albizesca, issu d'une noble famille de Sienne, donna dès son enfance des marques éclatantes de sainteté. Elevé dans des habitudes honnêtes par ses parents qui étaient vertueux, il négligea les jeux de l'enfance, et dès ses premières études sur la grammaire on le vit se livrer aux Oeuvres de la piété, au jeune, à l'oraison, et particulièrement au culte de la très sainte Vierge. La charité envers les pauvres éclatait en lui.

Après quelques années, dans le but de mieux pratiquer encore toutes ces vertus, il voulut être du nombre des confrères qui servent Dieu à Sienne dans l'hôpital de Notre-Dame de la Scala, d'où sont sortis plusieurs personnages célèbres par leur sainteté. Il s'y exerça avec une ferveur et une charité incroyables à la mortification de son corps et au soin des malades, durant une peste qui sévissait cruellement sur la ville, si bien qu’on lui confia la direction de l'établissement.


Bartolomeo della Gatta. XVe.

Entre autres vertus, il garda inviolablement la chasteté, malgré les dangers que pouvait lui susciter la rare beauté de ses traits ; et tel fut le respect qu'il inspira, que les plus licencieux n'auraient osé prononcer un mot déshonnête en sa présence.

Après une grave maladie qu'il avait endurée avec la plus héroïque patience pendant quatre mois, il conçut le dessein d'embrasser la vie religieuse. Afin de s'y disposer, il loua une petite maison à l'extrémité de la ville, où il vécut inconnu, menant la vie la plus austère, et priant Dieu continuellement de lui faire connaître le parti qu'il devait prendre.


Dario di Giovanni. XVe.

En 1402, il entra chez les Franciscains de l’Étroite-Observance ; y fit profession le 8 septembre 1403 et fut ordonné prêtre le 8 septembre 1404. Il excella en humilité, en patience et en toutes les autres vertus religieuses. Le gardien du couvent ayant remarqué cette haute vertu, et connaissant d'ailleurs la science à laquelle ce religieux était arrivé dans les saintes lettres, lui imposa le devoir de la prédication. Le saint accepta humblement cet emploi, bien qu'il s'y reconnût peu propre, à cause de la faiblesse et de l'enrouement de sa voix. Mais ayant imploré le secours de Dieu, il se trouva délivré miraculeusement de cet obstacle.

Il se consacra donc à la prédication, surtout dans l’Italie du Nord. A cette époque, un débordement de crimes était répandu en Italie, et de sanglantes factions y foulaient aux pieds toutes les lois divines et humaines. Bernardin parcourut les villes et les villages au nom de Jésus qu'il avait toujours à la bouche et dans le coeur, et vint à bout par ses discours et ses exemples de rétablir presque partout la piété et les bonnes mœurs qui avaient disparu. Plusieurs villes considérables le demandèrent au pape pour leur évêque ; mais Bernardin refusa constamment cette dignité par une humilité invincible.


Aux pieds de saint Bernardin, les évêchés qu'il refusa.
Heures à l'usage de Paris. XVe.

Il résidait, de préférence, dans les ermitages. À partir de 1417, ayant prêché à Milan, sa renommée de prédicateur devint manifeste et on l’appelait donc de toutes les villes de l’Italie, pour des auditoires de plusieurs milliers de personnes. Il était contraint de prêcher sur les places publiques, car aucune église ne pouvait contenir ces foules.

Il prêchait essentiellement la pénitence, l’invitation à la conversion des moeurs et s’adressait aussi bien au peuple qu’aux responsables des cités, provoquant parfois des réformes des législations locales, notamment en ce qui concerne les pratiques usuraires qui pesaient lourdement sur le pauvre peuple.


Une prédication de saint Bernardin de Sienne.
Domenico Mecarino. XVIe.

Le saint Nom de Jésus

Il invitait les édiles à inscrire le nom de Jésus sur les murs des édifices, au moins les 3 lettres IHS (Iesus humani salvator, Jésus sauveur des hommes). Il prêchait en montrant aux foules un panneau portant le monogramme du Christ IHS peint en lettres d'or dans un soleil symbolique. En effet sa prédication était centrée sur le nom de Jésus dont il recommandait la dévotion. Quelques religieux, jaloux de ses succès, le dénoncèrent à Rome, l’accusant de déviation doctrinale. Saint Jean de Capistran prit sa défense auprès du pape Martin V. Celui-ci approuva la dévotion au Nom de Jésus et voulut faire de Bernardin l’évêque de Sienne. Mais Bernardin refusa, préférant continuer ses prédications en Italie. Le 7 janvier 1432, malgré de nouvelles attaques contre Bernardin, le pape Eugène IV imposa le silence à ses détracteurs. En 1530, la fête du Saint Nom de Jésus fut accordée aux Frères mineurs, et étendue à l’Église universelle en 1722.


Statue votive. Bois polychrome. Lorenzo di Pietro. XVe.

Le réformateur

En 1438, Bernardin devint vicaire général de l’Ordre franciscain, et y développa la réforme dont il devint l’ardent promoteur, y gagnant de nombreux couvents et ermitages d’Italie. Il envoya des missionnaires en Orient, dans l’espoir de permettre un rapprochement avec les chrétiens séparés, ce qui devint la visée du Concile de Florence où il eut l’occasion de s’adresser lui-même aux pères Grecs (1439). Le pape Eugène IV, en 1443, le désigna comme prédicateur d’une croisade contre les Turcs, mais il ne semble pas avoir eu l’occasion de s’acquitter de cette charge.

Ayant résigné sa charge de Vicaire de l’Ordre, il reprit ses tournées de prédication vers le Royaume de Naples, mais il était très fatigué et usé. Il attrapa une fièvre maligne, à Aquila où il mourut, le 20 mai 1444, dans le couvent de cette ville, tandis que les frères chantaient l’antienne :
" Père, j’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m'avez donnés ; maintenant je prie pour eux et non pour le monde, parce que je viens à vous."


Saint Bernardin de Sienne et saint Louis de Toulouse.
Alessandro Boncivino. XVe.

Il fut inhumé dans l’église du couvent. De nombreux miracles lui furent attribués, si bien que le pape Nicolas V le canonisa le 24 mai 1450. Notons que jeune, saint Bernardin avait assisté à un sermon de saint Vincent Ferrier à Alexandrie en Lombardie et que ce dernier avait prédit sa sainteté sans le connaître puisqu'il avait dit :
" Il y a un personnage en cet auditoire qui sera la lumière de l'Ordre de Saint-François, de toute l'Italie et de l'Eglise, et qui sera déclaré Saint."

Son saint corps est conservé dans une double-châsse au couvent des Franciscain d'Aquila.

L’Italie le considère comme son plus grand prédicateur. Dès sa canonisation, les peintres et les sculpteurs les plus illustres le représentèrent très fréquemment.

Bernardin prêchait habituellement en langue vulgaire, dans un style populaire et plein d’images et d’interpellations des auditeurs. Mais les sermons écrits en latin que nous possédons sont certainement des recompositions, un peu savantes, qui laissent mal transparaître la verve de l’orateur. Ils furent publiés à partir de 1501, à Lyon, puis à Paris en 1536, enfin à Venise en 1745. Les éditions franciscaines de Quaracchi en ont fait une édition critique entre 1950 et 1965.


Lorenzo d'Alessandro. XVe.

PRIERE

" Qu'ils sont beaux, Ô Bernardin, les rayons qui forment le nom de Jésus ! Que leur lumière est douce, au moment où le Fils de Dieu reçoit ce nom sauveur, le huitième jour après sa naissance! Mais quel oeil mortel pourrait supporter leur éclat, lorsque Jésus opère notre salut, non plus dans l'humilité et la souffrance, mais par le triomphe de sa résurrection ? C'est au milieu des splendeurs pascales du nom de Jésus que vous nous apparaissez, Ô Bernardin ! Ce nom que vous avez aimé et glorifié vous associe désormais à son immortelle victoire. Maintenant donc répandez sur nous, plus abondamment encore que vous ne le faisiez sur la terre, les trésors d'amour, d'admiration et d'espérance dont ce divin nom est la source, et purifiez les yeux de notre âme, afin que nous puissions un jour contempler avec vous ses magnificences.

Apôtre de la paix, l'Italie, dont vous avez si souvent apaisé les factions, a droit de vous compter au rang de ses protecteurs. Voyez-la en ces jours livrée en proie aux ennemis du Sauveur des hommes, rebelle à la voix de la sainte Eglise, et tristement abandonnée à son sort. Ne vous souviendrez-vous pas que c'est dans son sein que vous avez pris naissance, qu'elle fut docile à votre voix, et que longtemps votre mémoire lui fut chère? Intervenez en sa faveur ; arrachez-la à ceux qui l'oppriment, et montrez qu'au défaut des armées de la terre, les milices célestes peuvent toujours sauver les villes et les provinces.

Illustre fils du grand patriarche d'Assise, l'Ordre séraphique vous vénère comme l'une de ses principales colonnes. Vous avez ravivé dans son sein l'observance primitive ; continuez du haut du ciel à protéger l'œuvre commencée par vous ici-bas. La famille de saint François est l'un des plus fermes appuis de la sainte Eglise ; faites-la fleurir toujours, soutenez-la dans les tempêtes, multipliez-la en proportion des besoins du peuple fidèle ; car vous êtes le second père de cette famille sacrée, et vos prières sont puissantes auprès du Rédempteur dont vous avez confessé le nom glorieux sur la terre."


Saint Bernardin de Sienne. El Greco. XVIIe.

SERMON SUR LE NOM GLORIEUX DE JESUS

" Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu’il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi si grande, si rapide et si fervente, sinon parce qu’on a prêché Jésus ? N‘est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière ? A ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l’Apôtre peut bien dire : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière.

Par conséquent, il faut faire connaitre ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un cœur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un vase choisi. C’est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul : " Cet homme est le vase que j’ai choisi afin qu’il porte mon Nom auprès des nations paiennes, auprès des rois, et des fils d’lsraël. Le vase que j’ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu’on ait envie de le boire parce qu’il brille et resplendit dans des vases de choix : afin qu’il porte mon nom, dit le Seigneur ".

Lorsqu’on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler ; lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C’est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l’incroyanee, dissipait l’erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense.

En effet, il mettait partout le nom de Jésus : dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grace.

De plus, l’Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d’Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s’écriait : La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le ombat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié.


Aussi l’Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète : Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse et je redirai tes merveilles jusqu’à présent, c’est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant : Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c’est-à-dire Jésus le Sauveur."

00:30 Publié dans B | Lien permanent | Commentaires (1)

dimanche, 19 mai 2024

Dimanche de la Pencôte.

- Le dimanche de la Pencôte.

" Veni Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium, et tui amoris in eis ignem accende."
" Venez , Ô Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour."


Duccio di Buoninsegna. XIVe.

La grande journée qui consomme l'oeuvre divine sur la race humaine a lui enfin sur le monde. " Les jours de la Pentecôte sont accomplis ." (Act II, 1.).

Depuis la Pâque, nous avons vu se dérouler sept semaines ; voici le jour qui fait suite et amène le nombre mystérieux de cinquante. Ce jour est le Dimanche, consacré par les augustes souvenirs de la création de la lumière et de la résurrection du Christ ; son dernier caractère lui va être imposé, et par lui nous allons recevoir " la plénitude de Dieu " (Voir la Mystique du Temps Pascal, tome 1, pages 20 à 23.).

Sous le règne des figures, le Seigneur marqua déjà la gloire future du cinquantième jour. Israël avait opéré, sous les auspices de l'agneau de la Pâque, son passage à travers les eaux de la mer Rouge. Sept semaines s'écoulèrent dans ce désert qui devait conduire à la terre promise, et le jour qui suivit les sept semaines fut celui où l'alliance fut scellée entre Dieu et son peuple. La Pentecôte (le cinquantième jour) fut marquée par la promulgation des dix préceptes de la loi divine, et ce grand souvenir resta dans Israël avec la commémoration annuelle d'un tel événement. Mais ainsi que la Pâque, la Pentecôte était prophétique : il devait y avoir une seconde Pentecôte pour tous les peuples, de même qu'une seconde Pâque pour le rachat du genre humain. Au Fils de Dieu, vainqueur de la mort, la Pâque avec tous ses triomphes ; à l'Esprit-Saint, la Pentecôte, qui le voit entrer comme législateur dans le monde placé désormais sous sa loi.


Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.

Mais quelle dissemblance entre les deux Pentecôtes ! La première sur les rochers sauvages de l'Arabie, au milieu des éclairs et des tonnerres, intimant une loi gravée sur des tables de pierre ; la seconde en Jérusalem, sur laquelle la malédiction n'a pas éclaté encore, parce qu'elle contient dans son sein jusqu'à cette heure les prémices du peuple nouveau sur lequel doit s'exercer l'empire de l'Esprit d'amour. En cette seconde Pentecôte, un feu divin s'est emparé d'eux, et ce feu embrasera la terre entière. Jésus avait dit :
" Je suis venu apporter le feu sur la terre, et quel est mon vœu, sinon de le voir s'éprendre ?" (Luc. XII, 49.).
L'heure est venue, et celui qui en Dieu est l'Amour, la flamme éternelle et incréée, descend du ciel pour remplir l'intention miséricordieuse de l'Emmanuel.

En ce moment où le recueillement plane sur le Cénacle tout entier, Jérusalem est remplie de pèlerins accourus de toutes les régions de la gentilité, et quelque chose d'inconnu se remue au fond du cœur de ces hommes. Ce sont des Juifs venus pour les fêtes de la Pâque et de la Pentecôte de tous les lieux où Israël est allé établir ses synagogues. L'Asie, l'Afrique, Rome elle-même, ont fourni leur contingent mêlés à ces Juifs de pure race, on aperçoit des gentils qu'un mouvement de piété a portés à embrasser la loi de Moïse et ses pratiques : on les appelle Prosélytes. Cette population mobile qui doit se disperser sous peu de jours, et que le seul désir d'accomplir la loi a rassemblée dans Jérusalem, représente, par la diversité des langages, la confusion de Babel ; mais ceux qui la composent sont moins influencés que les habitants de la Judée par l'orgueil et les préjugés. Arrivés d'hier, ils n'ont pas, comme ces derniers, connu et repoussé le Messie, ni blasphémé ses oeuvres qui rendaient témoignage de lui. S'ils ont crié devant Pilate avec les autres Juifs pour demander que le Juste fût crucifié, c'est qu'ils étaient entraînés par l'ascendant des prêtres et des magistrats de cette Jérusalem vers laquelle leur piété et leur docilité à la loi les avaient amenés.


Missel à l'usage d'Aix-en-Provence. XIVe.

Soudain un vent violent qui venait du ciel se fait entendre ; il mugit au dehors et remplit le Cénacle de son souffle puissant. Au dehors il convoque autour de l'auguste édifice que porte la montagne de Sion une foule d'habitants de Jérusalem et d'étrangers ; au dedans il ébranle tout, il soulève les cent-vingt disciples du Sauveur, et montre que rien ne lui résiste. Jésus avait dit de lui : " C'est un vent qui souffle où il veut, et vous entendez retentir sa voix " (Johan III, 8.) ; puissance invisible qui creuse jusqu'aux abîmes dans les profondeurs de la mer, et lance les vagues jusqu'aux nues. Désormais ce vent parcourra la terre en tous sens, et rien ne pourra l'arrêter dans son domaine.

Nos yeux tout d'abord cherchent respectueusement Marie, Marie plus que jamais " pleine de grâce ". Une nouvelle mission s'ouvre pour Marie : à cette heure, la sainte Eglise est enfantée par elle ; Marie vient de mettre au jour l'Epouse de son Fils, et de nouveaux devoirs l'appellent. Jésus est monté seul dans les cieux ; il l'a laissée sur la terre, afin qu'elle prodigue à son tendre fruit ses soins maternels.


Anonyme. Flandres. XVIe.

Qu'elle est touchante, mais aussi qu'elle est glorieuse cette enfance de notre Eglise bien-aimée, reçue dans les bras de Marie,allaitée par elle, soutenue de son appui dès les premiers pas de sa carrière en ce monde ! Il faut donc à la nouvelle Eve, à la véritable " Mère des vivants ", un surcroît de grâces pour répondre à une telle mission : aussi est-elle l'objet premier des faveurs de l'Esprit-Saint.
Il la féconda autrefois pour être la mère du Fils de Dieu ; en ce moment il forme en elle la mère des chrétiens. " Le fleuve de la grâce, comme parle le Roi-prophète, submerge de ses eaux cette Cité de Dieu qui les reçoit avec délices " ; l'Esprit d'amour accomplit à ce moment l'oracle divin du Rédempteur mourant sur la croix. Il avait dit, en désignant l’homme : " Femme, voilà votre fils " ; l'heure est arrivée, et Marie a reçu avec une plénitude merveilleuse cette grâce maternelle qu'elle commence à appliquer dès aujourd'hui, et qui l'accompagnera jusque sur son trône de reine, lorsqu'enfin la sainte Eglise ayant pris un accroissement suffisant, sa céleste nourrice pourra quitter la terre, monter aux cieux et ceindre le diadème qui l'attend.

Regardons maintenant le collège apostolique. Ces hommes que quarante jours de relations avec leur Maître ressuscité avaient relevés, et que nous trouvions déjà si différents d'eux-mêmes, que sont-ils devenus depuis l'instant où l'Esprit divin les a saisis ? Tout ce que le Maître leur avait annoncé est accompli en eux ; et c'est véritablement la Vertu d'en haut qui est descendue pour les armer au combat.
Où sont-ils ceux qui tremblaient devant les ennemis de Jésus, ceux qui doutaient de sa résurrection ? La vérité que le Maître leur a enseignée brille aux regards de leur intelligence ; ils voient tout, ils comprennent tout. L'Esprit-Saint leur a infus le don de la foi dans un degré sublime, et désormais, ils n'aspirent qu'à affronter tous les périls en prêchant, comme Jésus le leur a commandé, à toutes les nations son nom et sa gloire.


Anonyme. Eglise Saint-Christophe, ancien prieuré bénédictin.
Châteaufort. Île-de-France. XVIe.

Il fallait rompre, en effet, avec les siens, mériter par le sacrifice les faveurs de la nouvelle Pentecôte, passer de la Synagogue dans l'Eglise. Plus d'un combat se livra dans les cœurs de ces hommes ; mais le triomphe de l'Esprit-Saint fut complet en ce premier jour. Trois mille personnes se déclarèrent disciples de Jésus, et furent marquées aujourd'hui même du sceau de l'adoption. Demain c'est au temple même que Pierre parlera, et à sa voix cinq mille personnes se déclareront à leur tour disciples de Jésus de Nazareth.

Salut donc, Ô Eglise, noble et dernière création de l'Esprit-Saint, société immortelle qui militez ici-bas, en même temps que vous triomphez dans les cieux.
Ô Pentecôte, jour sacré de notre naissance, vous ouvrez avec gloire la série des siècles que doit parcourir en ce monde l'Epouse de l'Emmanuel. Vous nous donnez l'Esprit divin qui vient écrire, non plus sur la pierre, mais dans nos cœurs, la loi qui régira les disciples de Jésus.
Ô Pentecôte promulguée dans Jérusalem, mais qui devez étendre vos bienfaits à ceux " qui sont au loin ", c'est-à-dire aux peuples de la gentilité, vous venez remplir les espérances que nous fit concevoir le touchant mystère de l'Epiphanie. Les mages venaient de l'Orient ; nous les suivîmes au berceau de l'Entant divin, et nous savions que notre tour viendrait.
Votre grâce, Ô Esprit-Saint, les avait secrètement attirés à Bethléhem ; mais dans cette Pentecôte qui déclare votre souverain empire avec tant d'énergie, vous nous appelez tous ; l'étoile est transformée en langues de feu, et la face de la terre va être renouvelée. Puissent nos cœurs conserver les dons que vous nous apportez, ces dons que le Père et le Fils qui vous envoient nous ont destinés !


Heures à l'usage de Rouen. XVe.

L'importance du mystère de la Pentecôte étant si principale dans l'économie du christianisme, on ne doit pas s'étonner que l'Eglise lui ait assigné dans la sainte Liturgie un rang aussi distingué que celui qu'elle attribue à la Pâque elle-même.
La Pâque est le rachat de l'homme par la victoire du Christ : dans la Pentecôte l'Esprit-Saint prend possession de l'homme racheté ; l'Ascension est le mystère intermédiaire. D'un côté, elle consomme la Pâque en établissant l'Homme-Dieu, vainqueur de la mort et chef de ses fidèles, à la droite du Père ; de l'autre, elle détermine l'envoi de l'Esprit-Saint sur la terre. Cet envoi ne pouvait avoir lieu avant la glorification de Jésus, comme nous dit saint Jean (Johan. VII, 39.), et de nombreuses raisons alléguées par les Pères nous aident à le comprendre. Il fallait que le Fils de Dieu, qui avec le Père est le principe de la procession du Saint-Esprit dans l'essence divine, envoyât personnellement aussi cet Esprit sur la terre.

La mission extérieure de l'une des divines personnes n'est qu'une suite et une manifestation de la production mystérieuse et éternelle qui a lieu au sein de la divinité. Ainsi le Père n'est envoyé ni par le Fils ni par le Saint-Esprit, parce qu'il n'est pas produit par eux. Le Fils a été envoyé aux hommes par le Père, étant engendré par lui éternellement. Le Saint-Esprit est envoyé par le Père et par le Fils, parce qu'il procède de l'un et de l'autre. Mais pour que la mission du Saint-Esprit s'accomplit de manière à donner plus de gloire au Fils, il était juste qu'elle n'eût lieu qu'après l'intronisation du Verbe incarné à la droite du Père, et il était souverainement glorieux pour la nature humaine qu'au moment de cette mission elle fût indissolublement unie à la nature divine dans la personne du Fils de Dieu, en sorte qu'il fût vrai de dire que l'Homme-Dieu a envoyé le Saint-Esprit sur la terre.


Heures à l'usage de Rouen. XVIe.

Cette auguste mission ne devait être donnée à L'Esprit divin que lorsque les hommes auraient perdu la vue de l'humanité de Jésus. Ainsi que nous l'avons dit, il fallait désormais que les yeux et les cœurs des fidèles poursuivissent le divin absent d'un amour plus pur et tout spirituel. Or, à qui appartenait-il d'apporter aux hommes cet amour nouveau, sinon à l'Esprit tout-puissant qui est le lien du Père et du Fils dans un amour éternel ? Cet Esprit qui embrase et qui unit est appelé dans les saintes Ecritures le " don de Dieu " ; et c'est aujourd'hui que le Père et le Fils nous envoient ce don ineffable. Rappelons-nous la parole de notre Emmanuel à la femme de Samarie, au bord du puits de Sichar.


Psautier à l'usage d'Arras. XIIIe.

" Oh ! Si tu connaissais le don de Dieu !" (Johan. IV, 10.).
Il n'était pas descendu encore ; il ne se manifestait jusqu'alors aux hommes que par des bienfaits partiels. A partir d'aujourd'hui, c'est une inondation de feu qui couvre la terre: l'Esprit divin anime tout, agit en tous lieux. Nous connaissons le don de Dieu ; nous n'avons plus qu'à accepter, qu'à lui ouvrir l'entrée de nos cœurs, comme les trois mille auditeurs fidèles que vient de rencontrer la parole de Pierre que nous rappelons ici (Act. II.) :
" Hommes juifs, s'écrie dans la plus haute éloquence le pêcheur du lac de Génézareth, hommes juifs et vous tous qui habitez en ce moment Jérusalem, apprenez ceci et prêtez l'oreille à mes paroles. Non, ces hommes que vous voyez ne sont pas ivres comme vous l'avez pensé ; car il n'est encore que l'heure de tierce ; mais en ce moment s'accomplit ce qu'avait prédit le prophète Joël :
" Dans les derniers temps, dit le Seigneur, je répandrai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens seront favorisés de visions, et vos vieillards auront des songes prophétiques. Et dans ces jours, je répandrai mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront."
Hommes Israélites, écoutez ceci. Vous vous rappelez Jésus de Nazareth, que Dieu même avait accrédité au milieu de vous par les prodiges au moyen desquels il opérait par lui, ainsi que vous le savez vous-mêmes. Or, ce Jésus, selon le décret divin résolu à l'avance, a été livré à ses ennemis, et vous-mêmes vous l'avez fait mourir par la main des impies. Mais Dieu l'a ressuscite, en l'arrachant à l'humiliation du tombeau qui ne pouvait le retenir.
David n'avait-il pas dit de lui :
" Ma chair reposera dans l'espérance ; car vous ne permettrez pas, Seigneur, que celui qui est votre Saint éprouve la corruption du tombeau ?"
Ce n'était pas en son propre nom que David parlait ; car il est mort, et son sépulcre est encore sous nos yeux ; mais il annonçait la résurrection du Christ qui n'a point été laissé dans le tombeau, et dont la chair n'a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu lui-même l'a ressuscité, et nous en sommes tous témoins. Elevé à la droite de Dieu, il a, selon la promesse qu'en avait faite le Père, répandu sur la terre le Saint-Esprit, ainsi que vous le voyez et l'entendez. Sachez donc, maison d'Israël, et sachez-le avec toute certitude, que ce Jésus crucifié par vous, Dieu en a fait le Seigneur et le Christ."
" Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, et vous aurez part, vous aussi, au don du Saint-Esprit. La promesse a été faite pour vous et pour vos fils et également pour ceux qui sont loin, c'est-à-dire les gentils : en un mot, pour tous ceux qu'appelle le Seigneur notre Dieu."


Giotto di Bondone. Sienne. XIVe.

Mais voyons à quel moment de l'année l'Esprit divin vient prendre possession de son domaine. Nous avons vu notre Emmanuel, Soleil de justice, s'élever timidement du sein des ombres du solstice d'hiver et monter d'une course lente à son zénith. Dans un sublime contraste, l'Esprit du Père et du Fils a cherche d'autres harmonies. Il est feu, feu qui consume (Deut. IV, 24.) ; il éclate sur le monde au moment où le soleil brille de toute sa splendeur, où cet astre contemple couverte de fleurs et de fruits naissants la terre qu'il caresse de ses rayons. Accueillons de même la chaleur vivifiante du divin Esprit, et demandons humblement qu'elle ne se ralentisse plus en nous. A ce moment de l'Année liturgique, nous sommes en pleine possession de la vérité par le Verbe incarné ; veillons à entretenir fidèlement l'amour que l'Esprit-Saint vient nous apportera son tour.

Fondée sur un passé de quatre mille ans quant aux figures, la Pentecôte chrétienne, le vrai quinquagénaire, est du nombre des fêtes instituées par les Apôtres eux-mêmes. Nous avons vu qu'elle partagea avec la Pâque, dans l'antiquité, l'honneur de conduire les catéchumènes à la fontaine sacrée, et de les en ramener néophytes et régénérés. Son Octave, comme celle de Pâques, ne dépasse pas le samedi par une raison identique. Le baptême se conférait dans la nuit du samedi au dimanche, et pour les néophytes la solennité de la Pentecôte s'ouvrait au moment même de leur baptême. Comme ceux de la Pâque, ils revêtaient alors les habits blancs, et ils les déposaient le samedi suivant, qui était compté pour le huitième jour.


Chapelle du château de Meillant. Meillant. Berry. XVe.

Le moyen âge donna à la fête de la Pentecôte le gracieux nom de Pâque des roses ; nous avons vu celui de Dimanche des roses imposé dans les mêmes siècles de foi au Dimanche dans l'Octave de l'Ascension. La couleur vermeille de la rose et son parfum rappelaient à nos pères ces langues enflammées qui descendirent dans le Cénacle sur chacun des cent vingt disciples, comme les pétales effeuillés de la rose divine qui répandait l'amour et la plénitude de la grâce sur l'Eglise naissante. La sainte Liturgie est entrée dans la même pensée en choisissant la couleur rouge pour le saint Sacrifice durant toute l'Octave. Durand de Mende, dans son Rational si précieux pour la connaissance des usages liturgiques du moyen âge, nous apprend qu'au treizième siècle, dans nos églises, à la Messe de la Pentecôte, on lâchait des colombes qui voltigeaient au-dessus des fidèles en souvenir de la première manifestation de l'Esprit-Saint au Jourdain, et que l'on répandait de la voûte des étoupes enflammées et des fleurs en souvenir de la seconde au Cénacle.


Heures à l'usage de Paris. XIVe.

A LA MESSE

A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Pierre. Il était juste de rendre hommage au prince des Apôtres en ce jour où son éloquence inspirée par l'Esprit-Saint conquit à l'Eglise les trois mille chrétiens dont nous sommes les descendants. Actuellement, la Station demeure toujours fixée à Saint-Pierre avec les indulgences qui s'y rapportent ; mais le Souverain Pontife et le sacré Collège se rendent pour la Fonction à la Basilique du Latran, Mère et Chef de toutes les églises de la ville et du monde.

Le moment de célébrer le saint Sacrifice est arrivé. Remplie de l'Esprit divin, l'Eglise va payer le tribut auguste de sa reconnaissance en offrant la victime qui nous a mérité un tel don par son immolation. Déjà l'Introït retentit avec un éclat et une mélodie non pareils. Le chant grégorien s'élève rarement à un tel enthousiasme. Les paroles contiennent un oracle du livre de la Sagesse, qui reçoit son accomplissement aujourd'hui. C'est l'Esprit divin se répandant sur le monde, et comme gage de sa présence donnant aux saints Apôtres la science de la parole dont il est la source.

ÉPÎTRE

Lecture des Actes des Apôtres. Chap. II.


Louis Galloche. Nantes. XVIIIe.

" Les jours de la Pentecôte étant accomplis, et tous les disciples se trouvant réunis dans un même lieu, il se fit tout à coup un grand bruit, comme d'un vent impétueux qui venait du ciel, et qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent apparaître comme des langues de feu qui se partagèrent, et s'arrêtèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et commencèrent à parler diverses langues, selon que le Saint-Esprit leur en mettait l'expression dans la bouche. Or, il y avait à Jérusalem des Juifs remplis de religion, et appartenant à toutes les nations qui sont sous le ciel. Le bruit de ce qui venait de se passer s'étant répandu, il s'en rassembla un grand nombre, et ils furent très étonnés de ce que chacun d'eux les entendait parler en sa propre langue. Ils en étaient tous hors d'eux-mêmes, et dans leur étonnement, ils se disaient les uns aux autres : Tous ces gens qui nous parlent ne sont-ils pas Galiléens ? Comment donc les entendons nous parler chacun la langue de notre pays ? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux d'entre nous qui ha bitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce.le Pont et l'Asie, la Phrygie et la Pamphylie, l'Egypte et la contrée de la Libye qui est proche de Cyrène ; et ceux d'entre nous qui sont venus de Rome, Juifs et Prosélytes; Crétois et Arabes, nous les entendons parler chacun en notre langue les merveilles de Dieu."


Psautier à l'usage d'Arras. XIIIe.

Quatre grands événements signalent l'existence de la race humaine sur la terre, et tous les quatre témoignent de la bonté infinie de Dieu envers nous. Le premier est la création de l'homme et sa vocation à l'état surnaturel, qui lui donne pour fin dernière la vision et la possession éternelle de Dieu. Le second est l'incarnation du Verbe divin qui, unissant la nature humaine à la nature divine dans le Christ, élevé l'être créé à la participation de la divinité, et fournit en même temps la victime nécessaire pour racheter Adam et sa race de leur prévarication. Le troisième événement est la descente du Saint-Esprit, dont nous célébrons l'anniversaire en ce jour. Enfin le quatrième est le second avènement du Fils de Dieu qui viendra délivrer l'Eglise son épouse, et l'emmènera au ciel pour célébrer avec elle les noces éternelles. Ces quatre opérations divines, dont la dernière n'est pas accomplie encore, sont la clef de l'histoire humaine ; rien n'est en dehors d'elles ; mais l'homme animal ne les voit même pas, il n'y songe pas.
" La lumière a lui dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas comprise." (Johan. I, 5.).

Béni soit donc le Dieu de miséricorde qui " nous a appelés des ténèbres à l'admirable lumière de la foi " (I Petr. II, 9.). Il nous a faits enfants de cette génération " qui n'est ni de la chair et du sang, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu " (Johan. I, 3.). Par cette grâce, nous voici aujourd'hui attentifs à la troisième des opérations divines sur ce monde, à la descente de l'Esprit-Saint, et nous avons entendu le récit émouvant de sa venue. Cette tempête mystérieuse, ce feu, ces langues, cette ivresse sacrée, tout nous transporte au centre même des divins conseils, et nous nous écrions :
" Dieu a-t-il donc tant aimé ce monde ?"
Jésus, quand il était avec nous sur la terre, nous le disait :
" Oui, Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique." (Ibid. III, 16.).

Aujourd'hui il nous faut compléter cette sublime parole et dire :
" Le Père et le Fils ont tant aimé le monde, qu'ils lui ont donné leur Esprit-Saint."
Acceptons un tel don, et comprenons enfin ce qu'est l'homme. Le rationalisme, le naturalisme, prétendent le grandir en s'efforçant de le captiver sous le joug de l'orgueil et de la sensualité ; la foi chrétienne nous impose l'humilité et le renoncement ; mais pour prix elle nous montre Dieu lui-même se donnant à nous.

ÉVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. XIV.


Peinture monumentale. Eglise Saint-Etienne.
Vallouise. Comté de Nice. XIVe.

" En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples :
" Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole ; et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Celui qui ne m'aime pas, ne garde pas mes paroles ; et la parole que vous avez entendue n'est pas ma parole, mais celle de mon Père qui m'a envoyé. Je vous ai dit ceci, demeurant encore avec vous ; mais le Paraclet, l'Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je vous la donne, non comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point et ne s'effraie point.
Vous avez entendu que je vous ai dit :
" Je m'en vais, et je reviens à vous. Si vous m'aimez, vous vous réjouirez de ce que je vais au Père, parce que le Père est plus grand que moi."
Je vous le dis maintenant, avant que cela arrive, afin que quand ce sera arrivé, vous croyiez. Je ne vous parlerai plus beaucoup ; car le Prince de ce monde vient, et il n'a rien en moi qui soit à lui ; mais c'est afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et que, selon le commandement que le Père m'a donné, ainsi je fais."


Anonyme. Eglise Saint-Christophe, ancien prieuré bénédictin.
Châteaufort. Île-de-France. XVIe.

La venue de l'Esprit-Saint n'est pas seulement un événement qui intéresse la race humaine considérée en général ; chaque homme est appelé à recevoir cette même visite qui aujourd'hui " renouvelle la face de la terre entière " (Psalm. CLI, 30.). Le dessein miséricordieux du souverain Seigneur de toutes choses s'étend jusqu'à vouloir contracter une alliance individuelle avec chacun de nous. Jésus ne demande de nous qu'une seule chose : il veut que nous l'aimions et que nous gardions sa parole. A cette condition, il nous promet que son Père nous aimera, et viendra avec lui habiter notre âme. Mais ce n'est pas tout encore. Il nous annonce la venue de l'Esprit-Saint, qui par sa présence complétera l'habitation de Dieu en nous. L'auguste Trinité tout entière se fera comme un nouveau ciel de cette humble demeure, en attendant que nous soyons transportés après cette vie au séjour même où nous contemplerons l'hôte divin, Père, Fils et Saint-Esprit, qui a tant aimé sa créature humaine.

Jésus nous enseigne encore dans ce passage, tiré du discours qu'il adressa à ses disciples après la Cène, que le divin Esprit qui descend sur nous aujourd'hui est envoyé par le Père, mais par le Père " au nom du Fils " ; de même que dans un autre endroit Jésus dit que " c'est lui-même qui enverra l'Esprit-Saint " (Johan. XV, 26.). Ces diverses manières de s'exprimer ont pour but de nous révéler les relations qui existent dans la Trinité divine entre les deux premières personnes et le Saint-Esprit. Ce divin Esprit est du Père, mais il est aussi du Fils ; c'est le Père qui l'envoie ; mais le Fils l'envoie aussi ; car il procède de l'un et de l'autre comme d'un même principe.


Heures à l'usage de Rome. XVe.

En ce grand jour de la Pentecôte, notre reconnaissance doit donc être la même envers le Père qui est la Puissance, et envers le Fils qui est la Sagesse ; car le don qui nous arrive du ciel vient de tous les deux. Eternellement le Père a engendré son Fils, et quand la plénitude des temps fut venue, il l'a donné aux hommes pour être dans la nature humaine leur médiateur et leur sauveur ; éternellement le Père et le Fils ont produit l'Esprit-Saint, et, à l'heure marquée, ils l'ont envoyé ici-bas pour être dans les hommes le principe d'amour, comme il l'est entre le Père et le Fils. Jésus nous enseigne que la mission de l'Esprit est postérieure à la sienne, parce qu'il a fallu que les hommes fussent d'abord initiés à la vérité par celui qui est la Sagesse. En effet, ils n'auraient pu aimer ce qu'ils ne connaissaient pas. Mais lorsque Jésus a consommé son œuvre tout entière, qu'il a fait asseoir son humanité sur le trône de Dieu son Père, de concert avec le Père il envoie l'Esprit divin pour conserver en nous cette parole qui est " esprit et vie " (Ibid. VI, 64.), et qui est en nous la préparation de l'amour.


Missel à l'usage d'Autun. XVe.

PRIERE

" Que vous êtes belle, Ô Eglise de Dieu, rendue sensible dans cet auguste prodige de l'Esprit divin qui agit désormais sans limites ! Vous nous retracez le magnifique spectacle qu'offrait la terre, lorsque la race humaine ne parlait qu'un seul langage. Et cette merveille ne sera pas seulement pour la journée de la Pentecôte, et elle ne durera pas seulement la vie de ceux en qui elle éclate en ce moment. Après la prédication des Apôtres, la forme première du prodige s'effacera peu à peu, parce qu'elle cessera d'être nécessaire ; mais jusqu'à la fin des siècles, Ô Eglise, vous continuerez de parler toutes les langues ; car vous ne serez pas confinée dans un seul pays, mais vous habiterez tous les pays du monde. Partout on entendra exprimer une même foi dans la langue de chaque peuple, et ainsi le miracle de la Pentecôte, renouvelé et transformé, vous accompagnera toujours, Ô Eglise ! Et demeurera l'un de vos principaux caractères.

C'est ce qui fait dire au grand docteur saint Augustin parlant aux fidèles, ces paroles admirables :
" L'Eglise répandue parmi les nations parle toutes les langues. Qu'est cette Eglise, sinon le corps du Christ ? Dans ce corps vous êtes un membre. Etant donc membre d'un corps qui parle toutes les langues, vous avez droit de vous considérer vous-même comme participant au même don."
(In Johan. Tract. XXII.).


Juan De Flandes. Madrid. XVe.

Durant les siècles de foi, la sainte Eglise, source unique de tout véritable progrès dans l'humanité, avait fait plus encore ; elle était parvenue à réunir dans une même forme de langage les peuples qu'elle avait conquis. La langue latine fut longtemps le lien du monde civilisé. En dépit des distances, les relations de peuple à peuple, les communications de la science, les affaires même des particuliers lui étaient confiées ; l'homme qui parlait cette langue n'était étranger nulle part dans tout l'Occident et au delà. La grande hérésie du XVIe siècle émancipa les nations de ce bienfait comme de tant d'autres, et l'Europe, scindée pour longtemps, cherche, sans le trouver, ce centre commun que l'Eglise seule et sa langue pouvaient lui offrir.

Mais méditons sur le Cénacle dont les portes sont désormais ouvertes, et continuons à y contempler les merveilles du divin Esprit."


Le Titien. XVIe.

02:30 Publié dans H | Lien permanent | Commentaires (1)

19 mai. Saint Yves, tertiaire franciscain, juge, avocat, official et prêtre. 1303.

- Saint Yves, tertiaire franciscain, juge, avocat, official et prêtre. 1303.

Pape : Boniface VIII. Duc de Bretagne : Jean II*. Roi de France : Philippe IV, Le Bel.

" Prenez bien garde, juges, à ce que vous ferez : car ce n'est pas la justice de l'homme que vous exercez, mais la justice du Seigneur, et tout ce que vous aurez jugé retombera sur vous."
II Par. XIX, 5, 6.


Saint Yves. Roger van der Weyden. Flandres. XVe.

Nous craindrions d'imposer une privation à la piété de nos lecteurs, si nous omettions aujourd'hui la mémoire d'un saint dont le culte n'est que local, il est vrai, mais qui n'en a pas moins été, durant des siècles, l'objet d'une vénération presque universelle. Au reste, la catholique Bretagne, sa patrie, n'a rien perdu du fervent amour qu'elle portait autrefois à son saint Yves ; et cette noble province a bien le droit que l'on recommande ici sa fidélité à ses saintes et antiques traditions. Dans ses églises, l'image patriotique d'un si célèbre patron est entourée d'un culte particulier ; dans ses villes et ses gros bourgs, le nom de saint Yves désigne et consacre toujours quelque rue ou quelque place ; et d'innombrables familles se transmettent, de génération en génération, ce nom béni comme un précieux héritage.


Chapelle de l'hôpital Frémeur. Quimperlé. Diocèse de Quimper. XVIe.

Yves est monté en ce jour vers son Sauveur ressuscité, après l'avoir représenté sur la terre par le sacerdoce dont il fut revêtu, par son zèle pour le salut des âmes, et par son héroïque charité envers les pauvres. Mais ce qui a frappé le plus vivement l'imagination des peuples, c'est le justicier qui rendait ses sentences avec une équité à laquelle nul n'eût osé contredire ; c'est l'avocat qui ne plaida jamais que dans un but charitable ; car saint Yves s'est assis sur le siège du magistrat durant une partie de sa vie, et plus tard on l'a entendu plaider au palais, non seulement dans les villes de la Bretagne, mais au loin, jusque dans Paris. Cette vie étonnante, qui est une merveille du XIIIe siècle et s'achève dans le XIVe, se rehausse encore de l'éclat des miracles, avec un luxe qui est en juste rapport avec la vive foi des Bretons ; et l'on peut affirmer qu'après saint Martin, saint Yves est le thaumaturge de la France.


Saint Yves. Imagerie populaire. XIXe.

Honorons cet homme aux entrailles de miséricorde qui fut le modèle des magistrats, et ne porta jamais une sentence pénale que l'on ne vît des larmes couler de ses yeux, parce qu'il faisait réflexion sur lui-même, et pensait qu'il serait jugé à son tour ; cet homme qui, changeant de rôle, fit si souvent entendre sa voix au palais dans l'intérêt du pauvre et de l'opprimé; vrai gentilhomme breton devenu plus tard, sous la robe du prêtre, l'émule des chevaliers de son sang; cet homme en tin qui voua sa vie et ses forces aux saintes fonctions de curé de campagne, et réalisa l'idéal de ce touchant ministère avec une perfection qui a rendu son nom impérissable. L'amour de la pauvreté et les habitudes de la plus sévère pénitence en firent un personnage tout céleste ; et quand l'heure fut venue, il s'élança vers le souverain bien avec toute l'ardeur de l'exilé auquel il est permis de rentrer dans sa patrie.


Saint Yves. Panneau peint. Cathédrale de Florence. XIVe.

Né le 13 octobre 1253 au manoir de Kermartin, près de Tréguier, Yves Hélory de Kermartin était fils d'Hélorius et d'Hadone, tous deux de race noble. Dès son enfance, il se distingua par sa piété, visitant les églises soir et matin, et se montrant empressé à servir les prêtres et les autels. Sa pieuse mère l'exhortant un jour à tendre à la sainteté, il lui répondit qu'il n'avait pas d'autre désir. En effet, lorsqu'il lui arrivait de lire la Vie des saints, s'il y rencontrait quelque trait de perfection, il s'efforçait de l'imiter autant qu'il lui était possible.

Il fit ses premières études à Paris à partir de 1267, accompagné de son précepteur Jean de Kerhos. Tout en étudiant la dialectique et la théologie, Yves fréquentait les églises parisiennes de Saint-Julien-le-Pauvre et de Saint-Séverin, et se privait volontiers de tout pour venir en aide aux pauvres.


Eglise Saint-Pierre & Saint-Ebons. Sarrancolin. Béarn. XVIe.

En 1277, il se rendit à Orléans pour étudier la jurisprudence sous la direction de Pierre de La Chapelle, depuis évêque de Toulouse puis cardinal (1277), et, muni de tous ses grades, il fut appelé en 1280 par un archidiacre de Rennes pour occuper une charge de conseiller juridique du diocèse. Dans l'exercice de ses charges, Yves abandonnait le tiers de ses droits de chancellerie aux pauvres. Il recueillit deux orphelins dont l'un deviendra dominicain et l'autre gardien de la cathédrale de Tréguier.

Fuyant le vin et la bonne chère, ainsi que tous les plaisirs, il domptait son corps par les austérités, en sorte qu'à cet âge si dangereux de la jeunesse il maintint son âme agréable à Dieu par une entière chasteté.


Saint Yves défendant les pauvres. Isaac Moillon.
Collégiale Notre-Dame. Beaune. Bourgogne. XVIIe.

En 1284, l'évêque de Tréguier, Alain de Bruc, le choisit comme official (en ce temps, il suffisait d'être clerc pour pouvoir être official), c'est-à-dire comme juge ecclésiastique, l'ordonna prêtre et lui confia les paroisses de Trédez, près de Lannion, puis de Lohanet, sur la baie de Perros. Son sens de la justice le rendit rapidement populaire, aussi bien auprès des grands que chez les pauvres, car il défendait les uns et les autres avec une parfaite impartialité. Il s'employait aussi à apaiser les querelles et parvenait à éviter bien des procès.

Il est peu connu que saint Yves exerça sa charge tant au tribunal ecclésiastique que civil, et avec la même et inébranlable intégrité.

Il vécut de la manière la plus frugale et la plus austère, vêtu d'un habit grossier qui couvrait un cilice. Son sommeil était court ; il le prenait sur la terre nue ou sur des morceaux de bois étendus à terre, avant pour chevet une Bible, ou d'autres fois une pierre. Il se levait à minuit pour réciter l'Office divin, célébrait la Messe chaque jour, à moins qu'il n'en tût empêché par de très graves affaires ou par la nécessite. Il portait dans cette sainte action au plus haut degré la pureté de conscience et la ferveur de l'esprit. Un jour, au moment où il élevait la sainte hostie afin que le peuple l'adorât, chacun la vit entourée d'un cercle de feu qui répandait une admirable splendeur.


Saint Yves plaidant. Legenda aurea. Bx. J. de Voragine. XVe.

Son attrait pour l'oraison et la contemplation était si grand, que souvent il lui fit oublier de prendre sa nourriture. On le vit quelquefois passer la semaine entière dans sa chambre, fixe dans une oraison continuelle. Son oraison jaculatoire favorite était :
" Jésus, Fils de Dieu ; Seigneur, créez en moi un coeur pur."

Sa libéralité envers les pauvres, son hospitalité à l'égard des étrangers, sa compassion pour les malades, étaient merveilleuses ; il servait chacun avec tout l'empressement de son âme. Il vouait tous ses efforts et consacrait son patronage à secourir les orphelins et les veuves dans leurs nécessités, et souvent il plaidait leurs causes dans les tribunaux, en sorte qu'on l'appelait volontiers le père et l'avocat des pauvres. Non seulement il annonçait avec assiduité la parole de Dieu dans son église ; mais il prêchait encore dans les paroisses environnantes.

Un jour qu'il s'était mis en route pour remplir cette fonction, il trouva tout couvert d'eau un pont sur lequel il avait coutume de passer la rivière. Il fit le signe de la croix sur les eaux, qui s'écartèrent aussitôt pour le laisser passer, et revinrent dès qu il eut traversé le pont.

Saint Yves était doué " d'un extérieur avantageux et d'une haute taille ; son air était imposant ; le feux qui brillait dans ses yeux marquait la pureté de son âme et de son corps, et prévenait l'auditoire en sa faveur."

En 1298, il abandonna sa charge d'official et se retira au manoir de Kermartin qui l'avait vu naître. Il s'y fit construire une chapelle et se consacra à la prière jusqu'à sa mort, le 19 mai 1303.

Peu de jours avant son départ pour le ciel, il se trouvait au château de Coatredan, chez Typhaine de Pestivien, dame de Kéraurais :
" Depuis quelque temps, dit-il à la pieuse femme, je me sens très affaibli ; je m'attends à mourir sous peu, et je m'en réjouis fort, si c'est le bon plaisir de Dieu.
- Ne dites pas cela, s'écria la noble châtelaine ; quel malheur pour moi et pour tant d'autres qui tirons un si grand profit de vos exemples et de vos enseignements !
- Vous vous réjouiriez, répondit le saint Recteur, si vous aviez terrassé votre ennemi ; laissez-moi donc me réjouir de mon trépas ; car j'ai la confiance d'avoir, par la grâce de Dieu, vaincu mon adversaire."


Saint Yves. Imagerie populaire. XIXe.

Tel fut dans toute sa vie cet homme simple et fort, au milieu d'une population digne de le comprendre. Mais non seulement il commandait aux hommes ; la nature elle-même obéissait à sa voix. Son procès de canonisation, ouvert en 1330, fut conclu en 1347 sous le pontificat de Clément VI ; et, lorsque les prélats commis par le Souverain Pontife pour instruire la cause de sa canonisation, eurent à présenter dans le consistoire le résultat de leur enquête sur les lieux, ils déclarèrent que, sur le nombre des miracles avérés qu'ils avaient à constater, ils s'étaient contentés d'en recueillir cent dont ils apportaient les procès-verbaux.

Son corps fut transporté à la cathédrale de Tréguier, où Jean V, duc de Bretagne, lui fit élever un tombeau magnifique. Les miracles se multipliant bientôt sur son tombeau, celui-ci ne tarda pas à devenir un lieu de pèlerinage.


Cathédrale Saint-Yves. Tréguier. Trégor. Bretagne.

CULTE

Son culte, resté très vivace en Bretagne, s'est répandu dans toute l'Europe, jusqu'à Rome où une église lui est consacrée, en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.

Saint Yves est l'un des patrons des marins, mais c'est surtout le patron des juristes, des magistrats, avocats, avoués et des professeurs de droit.

Au cours de l'hiver 1794, le bataillon des " volontaires d'Étampes ", composé des bêtes féroces révolutionnaires, mit à sac tous les monuments religieux de la ville de Tréguier : ainsi disparurent presque tout le mobilier, la statuaire, l'orfèvrerie, les vitraux et surtout la presque totalité des reliques.


Saint Yves-de-Vérité. Imagerie populaire. XIXe.

La cathédrale servit d'écurie et fut tellement saccagée, abîmée, vandalisée et dégradée qu'elle ne put servir au culte de l'Être suprême, lequel, pour mémoire et pour souligner qu'il y a mille manières d'adorer Satan, s'opposait au culte de la Raison instauré par Chaumette en 1793.

Tréguier fut ruinée par la perte de son statut, au point qu'avant la Révolution, elle était plus peuplée que Saint-Brieuc et que de nos jours elle est douze fois moins peuplée.

REPRESENTATIONS

L'iconographie de saint Yves, postérieure à sa canonisation, ne s'épanouit guère avant le XVe siècle.

Yves apparaît en robe de docteur en droit ou d'avocat, coiffé d'une barrette (bonnet carré). Il tient à la main le rouleau de parchemin, ou une sacoche contenant une bible ou des rôles de procès. Il est représenté isolément (statue, XVe siècle, cathédrale de Barcelone ; statue, XVIe siècle, église Saint-Jean à Chaumont, Haute-Marne ; statue, XVIe siècle, Sainte-Chapelle de la collégiale Notre-Dame à Dôle, Jura).


Vitrail provenant de la chapelle du château de
La Meilleraye-de-Bretagne. XVIe.

Un second type, très répandu, présente saint Yves rendant la justice, debout ou assis, entre deux plaideurs : l'un est riche et l'autre pauvre (vitrail, église de Moncontour, XVIe siècle). Parfois le saint avocat a, d'un côté, une veuve qui l'implore, de l'autre, un riche bourgeois qui lui tend une bourse ; il se penche vers la veuve et sa juste cause et tourne le dos à l'argent. Souvent, il est entouré de pauvres, il leur donne conseils et aumônes, il mange avec eux et une colombe descend du ciel et vient planer au-dessus de sa tête.


Le saint crâne de saint Yves, vénéré et exposé une fois l'an
en la cathédrale de Tréguier.

De nombreuses églises de Bretagne ont conservé de très belles statues populaires de saint Yves.

Les attributs de saint Yves sont la robe d'avocat, la barrette et la sacoche.

Le pélerinage de Tréguier a rassemblé près de 20 000 personnes le dimanche 18 mai 2003 pour célébrer le 700e anniversaire de la mort de saint Yves.

La restauration de l'église Saint-Yves-des-Bretons (Sant'Ivo dei Bretoni) à Rome. Bien avant le rattachement de la Bretagne à la France, qui date du mariage de Louis XI avec Anne de Bretagne, une bulle du Pape Callixte III, en 1455, attribue l'église Sant'Andrea dei Mormorariis, construite au XIIe siècle, aux Bretons de Rome. En 1875, l'église, trop délabrée, est démolie et rebâtie dans un style néo-renaissance florentine élégant et pur. Elle vient de faire l'objet d'une restauration avec l'aide des Bretons.


Eglise Saint-Yves-des-Bretons. Université pontificale de La Sapienza.
Ch. Borromini. Rome.

PRIERES

" Puissant serviteur de Dieu, vous à qui la voix r du peuple chrétien a décerné le beau nom d'Avocat des pauvres, écoutez l'humble prière des fidèles qui viennent aujourd'hui remettre entre vos mains la cause de leur salut. Vous avez été cher au Christ, " notre Avocat auprès du Père " (I Johan. II, I.), parce que vous avez été comme lui le protecteur du faible contre l'oppresseur (Psalm. LXXI, 12-14.) ; vous avez attiré sur vous les regards miséricordieux de Marie, que la sainte Eglise appelle " notre Avocate " ; plaidez maintenant en notre faveur en présence du fils et de la mère. Votre charité si vive et si agissante ici-bas est plus ardente encore dans les cieux ; nous la réclamons en ce jour où vous avez quitté la terre de l'exil pour la patrie.

Tant de prodiges opérés à votre glorieux tombeau montrent assez que vous êtes demeuré attentif et compatissant aux besoins des habitants de la terre. Nous vous demandons d'élever nos cœurs jusqu'à Jésus ressuscité que vos yeux contemplent maintenant, et vers lequel vous avez constamment aspiré ici-bas. Obtenez que nous soyons affranchis comme vous des convoitises terrestres, et que nous aimions la justice comme vous l'avez aimée.

Inspirez aux magistrats qui recourent à vous le sentiment que vous éprouviez vous-même sur votre tribunal, en pensant à la suprême judicature du Christ qui doit, au dernier jour, reviser toutes les sentences de la terre. Suscitez des défenseurs qui plaident la cause de l'opprimé, non pour un vain renom d'éloquence ou pour un intérêt mondain, mais pour rendre hommage au bon droit. Aimez toujours, Ô grand Yves, la noble terre qui vous a produit pour l'Eglise et pour le ciel.

Jusqu'ici votre protection l'a maintenue catholique et fidèle (rappelons que dom Guéranger écrit au milieu du XIXe siècle...) ; en retour du culte fervent et patriotique dont elle vous honore, demandez au Seigneur qu'il lui conserve la foi, qu'il la préserve de la séduction, qu'il la maintienne ferme et loyale dans un temps où les caractères défaillent parce qu'ils sont moins chrétiens. La Bretagne est demeurée votre héritage ; ne la laissez pas déchoir.

Ainsi soit-il."


Tombeau de saint Yves. Cathédrale de Tréguier.

" Saint-Yves, tant que vous avez vécu parmi nous
Vous avez été l’avocat des pauvres,
Le défenseur des veuves et des orphelins,
La Providence de tous les nécessiteux ;
Écoutez aujourd’hui notre prière.

Obtiens nous d’aimer la justice comme vous l'avez aimée.
Faites que nous sachions défendre nos droits sans porter préjudice aux autres,
En cherchant avant tout la réconciliation et la paix.
Suscitez des défenseurs qui plaident la cause de l’opprimé
Pour que " justice soit rendue dans l’amour ".

Donnez nous un coeur de pauvre, capable de résister à l’attrait des richesses,
Capable de compatir à la misère des autres et de partager.
Vous, le modèle des prêtres, qui parcourais nos campagnes
Bouleversant les foules par le feu de votre parole et le rayonnement de votre vie,
Obtennez à notre pays les prêtres dont il a besoin.

Saint-Yves, priez pour nous,
Et priez pour ceux que nous avons du mal à aimer."


Prière à saint Yves à l'enclos paroissial de Guimillau. Bretagne.

* Relevons que Jean II s'était allié à Philippe Le Bel au temps où ce malheureux prince fit sa guerre aux droits de l'Eglise et au souverain pontife, affaiblissant par-là l'indépendance du duché de Bretagne.
En 1305, il se rendit à Lyon pour le sacre du pape Clément V, deuxième successeur du pape Boniface VIII que l'émissaire du roi de France, Guillaume de Nogaret, assassinat. Pendant la cérémonie, il tenait la bride de la mule pontificale, quand un pan de mur s'effondra et l'ensevelit. On l'en retira mourant, et il expira quatre jours plus tard.

00:20 Publié dans Y | Lien permanent | Commentaires (2)

19 mai. Saint Pierre-Célestin, Célestin V, pape, fondateur de la branche bénédictine des Célestins. 1296.

- Saint Pierre-Célestin, Célestin V, pape, fondateur de la branche bénédictine des Célestins. 1296.
 
Papes : Nicolas IV (préd.) ; Boniface VIII (succ.). Roi de France : Philippe IV, Le Bel.
 
" On est dans l'étonnement de m'avoir vu quitter la papauté, et moi j'admire ma simplicité de l'avoir accepter."
Saint Pierre-Célestin.
 

Statue de saint Pierre-Célestin.
Bois polychrome. Saint-Amarin. Alsace. XVIe.

Jésus ressuscité appelle en ce jour l'humble Pierre-Célestin, Pontife suprême, mais à peine assis sur la chaire apostolique, qu'il en est descendu pour retourner au désert.

Entre tant de héros dont est formée la chaîne des Pontifes romains, il devait s'en rencontrer à qui fût donnée la charge de représenter plus spécialement la noble vertu d'humilité ; et c'est à Pierre Célestin que la grâce divine a dévolu cet honneur. Arraché au repos de sa solitude pour être élevé sur le trône de saint Pierre et tenir dans ses mains tremblantes les formidables clefs qui ouvrent et ferment le ciel, le saint ermite a regardé autour de lui ; il a considéré les besoins de l'immense troupeau du Christ, et sondé ensuite sa propre faiblesse.


Saint Pierre-Célestin. Livre d'heures de Jean de Vy. XIVe.

Oppressé sous le fardeau d'une responsabilité qui embrasse la race humaine tout entière, il s'est jugé incapable de supporter plus longtemps un tel poids ; il a déposé la tiare, et imploré la faveur de se cacher de nouveau à tous les regards humains dans sa chère sollicitude. Ainsi le Christ, son Maître, avait d'abord enfoui sa gloire dans une obscurité de trente années, et plus tard sous le nuage sanglant de sa Passion et sous les ombres du sépulcre. Les splendeurs de la divine Pâque ont tout à coup dissipé ces ténèbres, et le vainqueur de la mort s'est révélé dans tout son éclat.

Mais il veut que ses membres aient part à son triomphe, et que la gloire dont ils brilleront éternellement soit, comme la sienne, en proportion de leur empressement à s'humilier dans les jours de cette vie mortelle. Quelle langue pourrait décrire l'auréole qui entoure le front de Pierre Célestin, en retour de cette obscurité au sein de laquelle il a cherché l'oubli des hommes avec plus d'ardeur que d'autres ne recherchent leur estime et leur admiration ? Grand sur le trône pontifical, plus grand au désert, sa grandeur dans les cieux dépasse toutes nos pensées.

Les cardinaux viennent chercher saint Pierre-Célestin après
son élection. Anonyme. Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles.
Thiais. Île-de-France. XVIIe.

Pierre de Morone, nommé Célestin, du nom qu'il prit lorsqu'il fut créé pape, naquit de parents honnêtes et pieux à Isernia dans les Abruzzes. il était le onzième des douze enfants de cet humble couple chrétien. Il reçut une éducation plus soignée que ses frères, grâce aux dispositions extraordinaires d'intelligence et de piété qu'il montra dès son bas âge.

A peine entré dans l'adolescence, il se retira au désert pour garantir son âme des séductions du monde. Il la nourrissait dans cette solitude par la contemplation, et réduisait son corps en servitude, portant sur sa chair une chaîne de fer.

Pendant trois ans, malgré son jeûne quotidien, il fut assailli de toutes sortes de pensées de découragement, de sensualité, de volupté ; mais il était fortifié par les fréquentes visions des Anges. Il consentit à recevoir le sacerdoce, afin de trouver dans l'Eucharistie un soutien contre les tentations.

La sainteté du solitaire lui attira des disciples : ce fut l'origine de cette branche de l'Ordre de Saint-Benoît, dont les religieux sont appelés Célestins. Ils vivaient sous des huttes faites avec des épines et des branches, mais Dieu réjouissait leur affreuse solitude par de suaves harmonies célestes et par la visite des bienheureux esprits.

Bien plus austère que ses religieux, Pierre ne mangeait que du pain de son très noir et très dur ; jeûnant quatre carêmes, ne prenant généralement que des herbes crues, une seule fois tous les trois jours. Couvert d'instruments de pénitence, il couchait sur le fer plutôt que sur la terre : une voix céleste vint lui ordonner de diminuer cette pratique excessive de la mortification.


Couronnement de Célestin V. Anciennement au couvent des
Célestins de Marcoussis. Île-de-France. XVIe.

L'Eglise Romaine ayant été longtemps sans pasteur, après une vacance du Saint-Siège pendant vingt-sept mois, le choix des cardinaux alla chercher l'humble moine au fond de son désert. Âgé de soixante-douze ans, notre Saint subit en pleurant son élection sur la chaire de saint Pierre.
Comme on place la lumière sur le chandelier, cet événement peu ordinaire ravit tout le monde de joie et d'admiration.

Mais lorsque Pierre, élevé à cette dignité sublime, sentit que la multitude des affaires préoccupant son esprit, il pouvait à peine vaquer comme auparavant à la méditation des choses célestes, il renonça volontairement à la charge et à la dignité.


Anonyme français du XVIIe.

Il reprit donc son ancien genre de vie, et s'endormit dans le Seigneur, par une mort précieuse, qui fut rendue plus glorieuse encore par l'apparition d'une croix lumineuse que l'on vit briller dans les airs au-dessus de l'entrée de sa cellule. Pendant sa vie et après sa mort, il éclata par un grand nombre de miracles qui, ayant été soigneusement examinés, portèrent Clément V à l'inscrire au nombre des Saints, onze ans après sa mort.

On ira lire avec profit les pages que les Petits Bollandistes, Rhorbacher, Alzog et Darras consacrent, dans leurs notices, consacrent à la fin de la vie de saint Pierre-Célestin et à sa réclusion volontaire qui fut organisée et surveillée fermement par son successeur Boniface VIII qui craignait que le parti de Philippe Le Bel n'instrumentalisât notre saint pour sa cause. La suite de l'histoire lui donnera raison au point de mourir des suites des blessures infligées par le fils de Cathares manichéen Nogaret, mandaté par ce prince si nuisible à l'histoire de France et à l'histoire de l'Eglise.


Mort de Boniface VIII des suites des blessures infligées
par Nogaret et sa suite. De Casibus. Boccace. XVe.
 
PRIERE
 
" Vous avez obtenu l'objet de votre ambition, Ô Célestin ! Il vous a été accordé de descendre les degrés du trône apostolique, et de rentrer dans le calme de cette vie cachée qui avait si longtemps fait toutes vos délices. Jouissez des charmes de l'obscurité que vous aviez tant aimée ; elle vous est rendue avec tous les trésors de la contemplation, dans le secret de la face de Dieu. Mais cette obscurité n'aura qu'un temps, et quand l'heure sera venue, la Croix que vous avez préférée à tout se dressera lumineuse à la porte de votre cellule, vous invitant à prendre part au triomphe pascal de celui qui est descendu du ciel pour nous apprendre que quiconque s'abaisse sera élevé.

Votre nom, Ô Célestin, brillera jusqu'au dernier jour du monde sur la liste des Pontifes romains ; vous êtes l'un des anneaux de cette chaîne qui rattache la sainte Eglise à Jésus son fondateur et son époux ; mais une plus grande gloire vous est réservée, celle de faire cortège à ce divin Christ ressuscité. La sainte Eglise, qui un moment s'est inclinée devant vous pendant que vous teniez les clefs de Pierre, vous rend depuis des siècles et vous rendra jusqu'au dernier jour l'hommage de son culte, parce qu'elle reconnaît en vous un des élus de Dieu, un des princes de la céleste cour.
 

Prophétie illustrée de saint Pierre-Célestin.
Vaticinia de summis pontificibus. XVe.

Et nous aussi, Ô Célestin ! nous sommes appelés à monter là où vous êtes, à contempler éternellement comme vous le plus beau des enfants des hommes, le vainqueur de la mort et de l'enfer. Mais une seule voie peut nous y conduire : celle que vous avez vous-même suivie, la voie de l'humilité. Fortifiez en nous cette vertu, Ô Célestin ! Et allumez-en le désir dans nos cœurs. Substituez le mépris de nous-mêmes à l'estime que nous avons trop souvent le malheur d'en faire. Rendez-nous indifférents à toute gloire mondaine, fermes et joyeux dans les abaissements, afin qu'ayant " bu l'eau du torrent ", comme notre Maître divin, nous puissions un jour, comme lui et avec vous, " relever notre tête " et entourer éternellement le trône de notre commun libérateur."


Boniface VIII publiant les Décrétales. Liber sextus Decretalium. XIVe.

00:15 Publié dans P | Lien permanent | Commentaires (0)

samedi, 18 mai 2024

18 mai. Saint Venant de Camerino, martyr. 250.

- Saint Venant de Camerino, martyr. 250.

Pape : Saint Fabien. Empereur : Dèce.

" Les dieux que vous adorez ne sont que des inventions du démon. Reconnaissez donc un seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre, dont le Fils unique s'est fait homme et est mort sur la croix pour nous délivrer de la tyrannie du péché."
Saint Venant à Antiochus, gouverneur de Camerino.

Nicola di Filotesia. XVe.

Le martyr d'aujourd'hui nous reporte aux persécutions des empereurs romains. C'est en Italie, à Camerino, qu'il a rendu son témoignage ; et la dévotion que lui portent les peuples de cette contrée, soumise au sceptre temporel du Pontife romain, a obtenu que sa fête se célébrerait dans toute l'Eglise. Accueillons donc avec joie ce nouveau champion de notre Emmanuel, et félicitons-le d'avoir soutenu loyalement le combat, en ces jours du Temps pascal, tout retentissant de la victoire que la vie a remportée sur la mort.

Le récit que la Liturgie a consacré aux mérites de saint Venant étincelle de prodiges. Plus d'une fois la puissance de Dieu a semblé faire assaut avec la fureur des bourreaux, afin de glorifier leurs victimes. Ces moyens merveilleux servaient à la conquête des âmes, et souvent les témoins de ces miracles qui sembleraient superflus, s'écriaient tout à coup qu'eux aussi voulaient être chrétiens, et donnaient leurs noms à une religion aussi favorisée du ciel qu'illustrée par la patience surhumaine de ses martyrs.

Saint Venant, né à Camérino, n'était âgé que de quinze ans, lorsqu'il fut accusé d'être chrétien devant Antiochus, qui était gouverneur de la ville sous l'empire de Dèce. Il se présenta lui-même près des portes de la ville à ce magistrat qui, après l'avoir tenté longtemps, mais inutilement, par les promesses et les menaces, le fit fouetter et charger de chaînes. Le saint ayant été délié miraculeusement par un Ange, on le brûla avec des torches ardentes, et on le suspendit la tête en bas, pour recevoir la fumée d'un feu qu'on avait allumé sous lui. Le greffier Anastase, saisi d'admiration pour la constance du saint dans les tourments, et surpris de le voir délié une seconde fois par l'Ange et marchant au-dessus de la fumée avec un habit blanc, crut en Jésus-Christ, et se fit baptiser, ainsi que sa famille, par le bienheureux prêtre Porphyre, dans la compagnie duquel il remporta, peu de temps après, la palme du martyre.

Saint Venant fut de nouveau amené devant le gouverneur, qui l'ayant encore sollicité en vain d'abandonner la foi du Christ, le fit reconduire en prison. Là il lui envoie un héraut nommé Attale, qui vient dire au martyr que lui aussi a été chrétien, mais qu'il a renoncé à cette profession, parce qu'il a reconnu la vaine illusion de cette foi, au nom de laquelle les chrétiens se privent des biens présents dans l'espérance d'autres biens futurs qui ne sont pas réels. Mais le noble athlète du Christ, qui n'ignorait pas les embûches de notre perfide ennemi, rejeta bien loin ce ministre du diable. Il  fut donc ramené devant le président, par ordre duquel on lui cassa toutes les dents, et on lui rompit les mâchoires ; après quoi on le jeta sur un fumier. Ayant encore été tiré de là par un Ange, on le fit comparaître de nouveau devant le juge qui, à la voix de Venant, tomba de son siège, et expira en poussant ce cri :
" Le Dieu de Venant est le vrai Dieu ; vous devez l'adorer et il faut détruire nos fausses divinités."

Martyre de saint Venant. Fresque murale. Eglise Saint-Venant.
Horgenzell. Bade-Würtemberg. Allemagne. XVIIe.

Cette nouvelle ayant été portée au gouverneur, il fit aussitôt exposer Venant aux lions ; mais ces animaux, oubliant leur cruauté naturelle, se jetèrent à ses pieds. Comme le saint profitait de la circonstance pour enseigner au peuple la foi de Jésus-Christ, on l'enleva et on le reconduisit en prison.

Le lendemain, Porphyre ayant raconté au gouverneur une vision qu'il avait eue durant la nuit, et dans laquelle il avait vu Venant tout éclatant de lumière et administrant le baptême au peuple, tandis que le gouverneur était couvert d'un brouillard épais et ténébreux, celui-ci, transporté de colère, lui fit aussitôt trancher la tête, et ordonna que l'on traînât Venant jusqu'au soir par des lieux couverts de buissons épineux et de chardons. On le laissa à demi mort après ce supplice ; mais le lendemain matin il se présenta encore au gouverneur, qui le fit aussitôt précipiter du haut d'un rocher.

Inhumation de saint Venant. Fresque murale. Eglise Saint-Venant.
Horgenzell. Bade-Würtemberg. Allemagne. XVIIe.

Ayant encore été sauvé miraculeusement, on le traîna de nouveau jusqu'à un mille de la ville par les plus rudes sentiers. Les soldats eurent soif ; Venant s'agenouilla sur une pierre dans une vallée, et l’en fit sortir de l'eau par le signe de la Croix. Il laissa sur cette pierre la marque et la forme de ses genoux, ainsi qu'on peut le voir encore dans son église, où elle est conservée. Touchés de ce miracle, plusieurs des soldats crurent en Notre Seigneur Jésus-Christ. Le gouverneur leur fit trancher la tête, ainsi qu'à saint Venant lui-même, dans le lieu du prodige.

Aussitôt des éclairs sillonnèrent le ciel, et il se fit un si terrible tremblement de terre, que le gouverneur prit la fuite ; mais il ne put se dérober à la justice divine, et il périt peu de jours après d'une mort très honteuse.

Cependant les Chrétiens ensevelirent dans un lieu honorable le corps de saint Venant et ceux de ses compagnons, lesquels reposent encore aujourd'hui à Camerino, dans l'église dédiée au saint martyr.

Basilique Saint-Venant. Camerino. Marches. Italie.

PRIERE

" Priez pour nous, jeune martyr, vous que les saints Anges aimaient, et qu'ils assistèrent dans le combat ! Comme vous, nous sommes les soldats du divin Ressuscité, et comme vous nous sommes appelés à rendre témoignage de sa divinité et de ses droits en présence du monde. Si le monde n'est pas toujours armé d'instruments de torture comme aux jours de vos luttes, il n'est pas moins redoutable par ses séductions. A nous aussi il voudrait ravir cette vie nouvelle que Jésus a communiquée à ses membres ; défendez-nous de ses atteintes, Ô Martyr ! La divine chair de l'Agneau vous avait nourri dans les jours de la Pâque, et la force qui a paru en vous était toute à la gloire de ce céleste aliment.

Nous nous sommes assis à la même table ; veillez sur tous les convives du festin pascal. Ainsi que vous, nous avons connu le Seigneur dans la fraction du pain : obtenez-nous l'intelligence du divin mystère dont nous reçûmes les prémices en Bethléhem, et qui s'est développé sous nos yeux et en nous-mêmes par les mérites de la Passion et de la Résurrection de notre Emmanuel. D'autres merveilles nous attendent ; nous ne sortirons pas de la saison pascale sans avoir été initiés à la plénitude du don divin de l'Incarnation. Obtenez, ô saint Martyr, que nos cœurs soient ouverts de plus en plus, et qu'ils gardent fidèlement tous les trésors que les augustes mystères de l'Ascension et de la Pentecôte doivent encore verser en eux."

Saint Venant. Imagerie populaire. Allemagne. XIXe.

00:15 Publié dans V | Lien permanent | Commentaires (0)

vendredi, 17 mai 2024

17 mai. Saint Pascal Baylon, Franciscain. 1592.

- Saint Pascal Baylon, Franciscain. 1592.

Papes : Paul III ; Clément VIII. Rois de France : François Ier ; Henri IV*.

" On doit avoir pour Dieu le coeur d'un enfant, pour le prochain le coeur d'une mère, pour soi-même le coeur d'un juge."
Saint Pascal Baylon.


Saint Pascal Baylon - Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul.
Quasquara. Corse. XVIIe.

Saint Pascal Baylon naquit en Espagne, le 17 mai 1540, d'humbles cultivateurs, riches des vertus chrétiennes. Occupé dès l'âge de sept ans, à la garde des troupeaux, il passait son temps en prières et en lectures ; on dit que les Anges eux-mêmes lui donnèrent des leçons.

Le petit Pascal se plaisait surtout à réciter le Pater. Quoique pauvre, il trouvait le moyen de faire l'aumône en donnant une partie de sa nourriture à ceux qui en avaient besoin. Il était le modèle aimé et respecté de tous les bergers de la contrée. Dans un âge si tendre, il connaissait l'usage assidu des cilices, des jeûnes, des disciplines sanglantes ; on le voyait marcher pieds nus à travers les ronces et les épines, en expiation de ses péchés. Le maître chez qui ses parents l'avaient placé voulait le faire héritier de tous ses biens, mais Pascal ne convoitait que l'héritage de l'amour de Dieu et la pauvreté religieuse.

Vers l'âge de vingt ans, Pascal se sentait appelé à la vie religieuse, se rendit dans le royaume de Valence pour rejoindre le couvent des franciscains " Soccolans ", construit dans un lieu désert, près de la ville de Montforte.


Eglise Saint-Luxor. Zicavo. Corse. XVIIe.

Les " Soccolans " ou les " Alcantarins ", constituaient une réforme particulièrement austère des Francisains observants, faite par Pierre Garavito dit Pierre d’Alcantara. Pierre Garavito né en 1499 à Alcantara (Estramadure) où son père était gouverneur. A quatorze ans, il perdit son père, sa mère se remaria et il partit étudier les arts libéraux, la philosophie et le droit canon à Salamanque où il décida d'entrer chez les Frères Mineurs dont il reçut l'habit, en 1515, au couvent de Los Majaretes.
En 1519 il fut choisi comme gardien du couvent de Badajoz ; ordonné prêtre en 1524, il commença une si brillante carrière de prédicateur qu'on l'appelât à la cour du Portugal. Elu provincial de son Ordre (province Saint-Gabriel) en 1538, il instaura un régime très austère et, son mandat terminé, il se retira dans un désert, à l'embouchure du Tage, où il fonda un couvent d'ermites (1542).
Rappelé dans sa province (1544), il y fonda, près de Lisbonne, un couvent qui sera le germe d'une province nouvelle (1550). Lors d'un voyage à Rome, il reçut l'approbation de Jules III pour expérimenter une réforme radicale, sous la juridiction des mineurs observants dont le commissaire général le nomme commissaire général des mineurs réformés d'Espagne (1556) ; Paul IV lui donna tous pouvoirs pour ériger de nouveaux couvents (1559).

Pour revenir à notre Saint, son allure un peu gauche et son accoutrement bizarre, mirent en défiance les supérieurs qui lui refusèrent l'entrée du couvent. Il reprit alors son métier de berger chez des cultivateurs du voisinage, sans s'éloigner pour ne pas perdre des vue le petit campanile du couvent vers lequel se portaient ses aspirations, suivant par la pensée les offices dont il entendait les sonneries, et s’unissant profondément à la messe. Un jour que la cloche annonçait l'approche de 1'élévation, et qu’il était à genoux une hostie lui apparut soutenue par deux anges.

Les vertus de l'enfant, déjà si extraordinaires, devinrent dans le religieux, des vertus véritablement merveilleuses. Son obéissance était aussi parfaite que possible. Traité rigoureusement par son supérieur, il disait à ceux qui le plaignaient :
" Taisez-vous : le Saint-Esprit a parlé par la bouche de notre supérieur."

Quand on lui proposait de faire quelque chose, il disait souvent :
" Je ferai comme l'obéissance dira."


Anonyme espagnol du XVIIe.

Sa mortification était effrayante et ne le cédait en rien à celle des anciens solitaires. Sa charité pour les pauvres, quand il était portier, dépassait les limites ; du moins ses supérieurs le blâmaient à ce sujet ; mais il leur répondait naïvement :
" S'il se présente douze pauvres et que je donne à dix, il est bien à craindre que l'un de ceux que je renvoie ne soit précisément Jésus-Christ."

Il avait aussi une dévotion particulière envers la très Sainte Vierge Marie. Quand il le pouvait, il conduisait son troupeau auprès du sanctuaire de Notre-Dame de la Sierra. Sur sa houlette, il avait sculpté l'image de Notre-Dame, surmontée d'une hostie rayonnante, afin d'avoir toujours sous les yeux le double objet de sa dévotion. A genoux, au milieu des champs, devant sa houlette, il priait avec autant de piété que s'il se fût trouvé à l'église. Tout ce qui se présentait à son regard servait à exciter sa foi. Sans cesse il méditait sur les merveilles de la création, et s'élevait, vers Dieu qu'il contemplait dans toutes ses œuvres. Il eut plusieurs fois des ravissements et ne put pas toujours cacher aux yeux des hommes les faveurs dont il était comblé par Dieu.

Pascal prononça ses vœux perpétuels le jour de la Purification de la sainte Vierge de l'an 1565, n'ayant pas encore vingt-cinq ans accomplis. Son père gardien aimait à dire qu'il n'avait connu personne qui fût à la fois plus dur et plus doux que frère Pascal :
" plus dur à lui-même et plus doux pour les autres."
L'idéal qu'il se proposait était d'avoir " pour Dieu un cœur de fils, pour le prochain un cœur de mère, et pour lui-même un cœur de juge ".


Pascuale Lienzo. Espagne. XVIIe.

Quand il changeait de couvent, conformément à la coutume de son ordre qui veut ainsi prévenir les attaches secrètes du cœur, on ne l'entendait jamais émettre la moindre plainte. Il trouvait là une excellente occasion de se regarder comme un étranger sur la terre. En quelque lieu qu'il allât, il était toujours le même, gai, doux, affable et très déférent pour tous. Dans les différents couvents où il passait, Pascal était ordinairement chargé de la porterie et du réfectoire, parce qu'on le savait affable, discret, vigilant, actif et fidèle. Comme portier, il devait distribuer aux pauvres les restes de la table des religieux, et pour que cette aumône fût profitable à leur âme autant qu’à leur corps, il adopta l’usage de prier avec eux avant et après chaque repas.

A l'ombre du cloître, son amour pour la sainte Eucharistie grandit encore. Le plus souvent, quand ses fonctions ne le retenaient pas ailleurs, on le trouvait à 1'église, tout absorbé en Dieu. Le premier, il était debout au milieu de la nuit pour les saintes veilles ; le dernier, il regagnait sa pauvre couche pour y prendre un très court repos.

Pendant quelques temps aussi, il remplit l'office de quêteur. Sa première visite, en arrivant dans un village, était pour l'hôte divin du tabernacle. Et quand, le soir, il rentrait au monastère, épuisé de fatigue, pour se dédommager de n'avoir pu passer auprès de son bien-aimé tout le temps de ses courses, il consacrait une grande partie de la nuit à l'adoration du Très Saint-Sacrement.


Imagerie populaire du XIXe.

Le général de son ordre, Christophe de Cheffontaines, étant à Paris, il fut député vers lui pour les affaires de sa province. Il partit pour la France, sans se laisser effrayer par les dangers qu'il aurait à affronter de la part des huguenots, maîtres de presque toutes les villes qu'il lui fallait traverser. Maintes fois il fut exposé à la fureur des hérétiques qui le poursuivirent à coups de pierres et de bâton. C’est en une de ces occasions qu’il reçut à l’épaule une blessure dont il souffrit tout le reste de sa vie. Deux fois il fut arrêté comme espion et menacé de mort. Mais Dieu le délivra de tout danger.

Etant près d'Orléans, il se vit environné d'une troupe de gens qui lui demandèrent s'il croyait que le corps de Jésus-Christ était dans le sacrement de l'Eucharistie. Sur la réponse qu'il leur fit, ils voulurent entrer en controverse avec lui, pour se donner le plaisir de l'embarrasser par leurs subtilités. Mais quoiqu'il n'eût de la science théologique qu'autant qu'il avait plu à Dieu de lui en communiquer par infusion, et qu'il ne sût point d'autre langue que celle de son pays, il les confondit de telle sorte, qu'ils ne purent lui répliquer qu'à coups de pierres. Il en fut quitte pour quelques blessures dont une à la bouche qui lui donna l’air d’un éternel sourire.


Basilique Saint-Pascal Baylon. Villareal. Espagne.

Etant heureusement sorti de leurs mains, il passa devant la porte d'un château où il demanda par aumône un morceau de pain, comme il avait coutume de faire lorsqu'il était pressé par la faim. Le maître du lieu était un gentilhomme huguenot, grand ennemi des catholiques, et il était à table lorsqu'on lui dit qu'il y avait à la porte une espèce de moine en fort mauvais équipage qui demandait l'aumône.
Il le fit entrer, et après avoir longtemps considéré son habit déchiré, et son visage basané, il jura que c'était un espion espagnol, et il l’aurait tué si sa femme, qui en eut compassion, ne l'eût fait secrètement mettre à la porte, mais sans songer à lui donner un morceau de pain. Une pauvre femme catholique du village voisin lui fit cette charité ; lorsqu'après avoir repris ses forces, il se croyait en quelque sureté, il pensa être sacrifié de nouveau à la fureur de la populace que son habit avait attirée.
Un de la bande le saisit, sans s'expliquer sur ce qu'il voulait faire, et le jeta dans une étable qu'il ferma à la clef. Pascal se prépara toute la nuit à mourir le lendemain ; mais au lieu de la mort qu'il attendait, celui qui l'avait renfermé vint lui apporter l'aumône, et le fit sortir deux heures après le soleil levé.

Lorsqu'il se fut acquitté de sa mission auprès de son général, saint Pascal retourna en Espagne. En chemin, il vit venir à lui un cavalier qui, sans le saluer, lui mit la pointe de la lance contre la poitrine, et lui demanda :
" Où est Dieu ?"
Pascal, sans s'effrayer, mais aussi sans avoir le temps de réfléchir, lui répondit :
" Dans le ciel."
Le cavalier retira aussitôt sa lance, et partit sans rien dire de plus. Pascal, d'abord étonné de cette conduite, la comprit en réfléchissant davantage : le soldat l'avait épargné, parce qu'il s'était contenté de dire que Dieu est dans le ciel ; s'il avait ajouté qu'il est aussi dans l’Eucharistie, il l'aurait percé de sa lance.
Notre Saint crut alors que Dieu l’avait jugé indigne de la couronne du martyre.
On ne l'entendit jamais parler des dangers qu'il avait courus ; il se contentait de répondre en peu de mots aux questions qu’on lui posait, en supprimant avec soin tout ce qui aurait pu lui attirer quelques louanges.

Cellule où saint Pascal Baylon passa les dernières années
de sa vie et mourut. Sanctuaire Saint-Pascal Baylon.
Villareal. Espagne.

Il passa les dernières années de sa vie au couvent Notre-Dame-du-Rosaire de Villareal, près de Valence. Un jour, au cours du saint sacrifice de la messe, Dieu lui révèla sa mort prochaine dont il conçut une vive joie.

Quelques jours après, il tomba gravement malade. Transporté à l’infirmerie, il y reçut les derniers sacrements avec une tendre piété, et il s'endormit doucement dans le Seigneur en prononçant le nom de Jésus. C'est le dimanche de la Pentecôte, 17 mai 1592, au moment de l'élévation de la sainte hostie dans la chapelle du couvent.


Sépulcre de saint Pascal Baylon. Les ossements sauvés des ignobles
profanations révolutionnaires de 1936 y sont désormais conservés.
Basilique Saint-Pascal Baylon. Villareal. Espagne.

De nombreux miracles, accomplis à son sépulcre, y attirèrent de grands concours de peuple. Le 29 octobre 1618, le pape Paul V le déclara bienheureux et permit au royaume de Valence de célébrer son office. En 1621, Grégoire XV accorda cette même faveur à tous les religieux de l'ordre de Saint-François. Le 16 octobre 1690, Alexandre VIII l'inscrivit au catalogue des saints. Enfin il fut proclamé patron des congrès et oeuvres eucharistiques, le 28 novembre 1897, par Léon XIII.

Le 13 août 1936, sa tombe fut ignoblement profanée par les bêtes féroces révolutionnaires espagnoles qui brûlèrent sa dépouille incorrompue. Les ossements calcinés furent recueillis et déposés dans une nouvelle châsse le 3 juin 1952.


Retable de saint Pascal Baylon. Basilique Saint-Pascal Baylon.
Villareal. Espagne.

Saint Pascal Baylon est célèbre par sa dévotion à la Sainte Eucharistie ; il passait des heures entières, souvent ravi en Dieu, devant le Tabernacle, et parfois on le voyait suspendu en l'air par l'effet du divin amour. Quand il ne pouvait être de corps devant le Très Saint-Sacrement, il y était ordinairement en esprit. Pendant la Messe de ses funérailles, on vit ses yeux s'ouvrir deux fois, à l'élévation de l'hostie et du calice.


Custode-reliquaire de saint Pascal Baylon. XIXe.

 

PRIERE

" Les cieux se sont ouverts pour vous recevoir, Ô Pascal ! Dès ici-bas, l'ardeur de votre contemplation vous fit souvent pressentir les délices de l'éternité ; mais aujourd'hui tous les voiles sont abaissés, et vous contemplez pour jamais celui que vous avez tant désiré. Il ne s'agit plus pour vous de s'unir à lui par la souffrance et les abaissements ; c'est sa propre gloire, sa félicité, sa victoire, qu'il vous invite à partager.

Daignez jeter un regard sur nous qui n'avons pas votre empressement à suivre les traces du Rédempteur, et qui ne possédons encore que l'espérance d'être réunis à lui dans son éternité. Soutenez notre faiblesse, et obtenez-nous cet amour qui fait aller droit à Jésus, qui passe par-dessus les obstacles de la chair et du sang, et établit l'homme dans une parfaite conformité avec son modèle divin Faites-nous aspirera la transformation en Jésus ressuscité, qui ne peut plus mourir. Les arrhes de cette transformation sont déjà en nous par la communion au mystère pascal ; qu'elles se complètent par notre fidélité à nous tenir près de notre chef triomphant. S'il nous laisse encore dans la vallée des larmes, son œil nous suit, son amour aspire à nous voir fidèles ; encore un peu de temps, et il paraîtra.

" Voici que j'arrive vite, nous dit-il ; tiens ferme ce que tu as reçu ; je suis à la porte, et je frappe déjà. Celui qui entendra ma voix et m'ouvrira la porte, j'entrerai près de lui, et je ferai festin avec lui, et lui avec moi." (Apoc. III, 11, 20.). Ainsi la Pâque du temps se résoudra dans la Pâque éternelle. Priez, Ô Pascal, afin qu'à votre exemple nous tenions ferme ce que nous possédons déjà par la grâce de notre divin Ressuscité."

* On ne répètera jamais assez que les conditions d'accession au trône de France d'Henri de Navarre relèvent plus de l'usurpation que d'autre chose. An France, c'est le sacre qui fait le roi, la primogéniture mâle n'étant qu'une pratique admise tacitement par tous avec le temps. De ce point de vue, les formules employées lors du " sacre " d'Henri de Navarre (nous parlons ici des formules précises rédigées par saint Remi), et en particulier les serments que le souverain prête lors de ce sacramental - celui " d'exterminer les hérétiques " notamment -, ne furent pas tous prononcés. C'est Louis XIII, par sa consécration de la France à Notre Dame qui légitimera et affermira un peu plus la légitimité douteuse, contestable et contestée des Bourbons sur l'auguste trône des Francs chrétiens.

00:15 Publié dans P | Lien permanent | Commentaires (0)

jeudi, 16 mai 2024

16 mai. Saint Simon de Stock, général des Carmes. 1265.

- Saint Simon de Stock, général des Carmes. 1265.
 
Pape : Clément IV. Roi d'Angleterre : Henri III.
 
" Que chacun de vous rende service aux autres, selon le don qu'il a reçu, comme de fidèles dispensateurs des grâces que Dieu vous a accordées de tant de manières."
 

Saint Simon de Stock intercédant pour les âmes du purgatoire.
Corrado Giaquetti. XVIIIe.
 

Jacques Van Oost. Eglise Saint-André. Lille. Flandres. XVIIe.

S'étant privé volontairement de la conversation des hommes, il jouissait de celle de la Très Sainte Vierge Marie et des anges qui l'exhortaient à persévérer dans sa vie de renoncement et d'amour. La Reine du Ciel l'avertit qu'il verrait bientôt débarquer en Angleterre des ermites de la Palestine. Elle ajouta qu'il devait s'associer à ces hommes qu'Elle considérait comme Ses serviteurs.

En effet, Jean lord Vesoy et Richard lord Gray de Codnor revinrent de Terre Sainte, ramenant en effet avec eux quelques ermites du Mont-Carmel. Docile aux directives de la Mère de Dieu, saint Simon Stock se joignit à ces Pères, en 1212.

Élu vicaire général de l'Ordre des Carmes en 1215, le Saint travailla de toutes ses forces à obtenir de Rome la confirmation de son Ordre pour l'Occident. Il ne manquait pas d'adversaires pour en empêcher l'extension en Europe. Mais Simon Stock supplia la Vierge Marie par d'instantes prières et beaucoup de larmes de défendre Elle-même cet Ordre qui Lui était consacré. Apparaissant en songe au pape Honorius III, la Mère de Dieu lui fit connaître Ses volontés, et en 1226, ce pape confirma la Règle des Carmes.

La Mère de miséricorde apparut un jour à Son serviteur, toute éclatante de lumière et accompagnée d'un grand nombre d'esprits bienheureux, Elle lui remit un scapulaire en disant :
" Reçois Mon fils ce scapulaire, comme le signe d'une étroite alliance avec Moi. Je te le donne pour habit de ton ordre ; ce sera pour toi et pour tous les Carmes un excellent privilège et celui qui le portera ne souffrira jamais l'embrasement éternel. C'est la marque du salut dans les dangers et de l'heureuse possession de la vie qui n'aura jamais de fin."

La dévotion au scapulaire de Notre-Dame du Mont-Carmel se répandit non seulement parmi le peuple, mais aussi parmi les rois et les princes qui se trouvèrent fort honorés de porter cette marque des serviteurs de la Très Sainte Vierge.


Notre Dame donnant le Rosaire à saint Dominique et le Scapulaire
à saint Simon de Stock. Eglise Saint-Pierre-et-Saint-Paul (ancien
couvent des Cordeliers). Lons-le-Saulnier. Jura. XVIIIe.

Saint Simon Stock, présent au concile général de Lyon tenu sous le règne du pape Innocent IV, y prononça un éloquent discours contre les divisions qui agitaient alors l'Église. Il mourut dans la vingtième année de son généralat et la centième de son âge, après avoir laissé d'admirables exemples de vertu. La mort le cueillit dans la ville de Bordeaux, alors qu'il visitait ses monastères. L'Église ajouta ses dernières paroles à la salutation angélique :
" Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort."

00:25 Publié dans S | Lien permanent | Commentaires (2)