mercredi, 10 avril 2024
10 avril. Saint Macaire d'Antioche, archevêque de cette ville. 1012.
- Saint Macaire d'Antioche, archevêque de cette ville. 1012.
Pape : Serge IV. Roi de France : Robert II, le Pieux.
" Il y a de l'honneur à exposer et confesser les oeuvres de Dieu."
Tob., XII, 7.
Saint Macaire secourant des pestiférés à Gand.
Jacob Van Oost. XVIIe.
Saint Macaire était arménien, de parents nobles et illustres ; son père s'appelait Michel et sa mère Marie. Il avait un parent nommé Macaire, archevêque d'Antioche.
A ce propos, On ne sait pas au juste si c'est d'Antioche de Pisidie, simple archevêché dépendant du patriarcat de Constantinople, ou d'Antioche de Syrie, un des trois grands patriarcats d'Orient. Nons avons suivi la première opinion, par la raison qu'au moyen âge la désignation d'Arménie s'étendait à la Natolle (l'actuelle Anatolie). Ce qui est dit dans la vie du Saint, qu'Antioche est la fleur des villes d'Arménie, ne s'oppose point à notre opinion, car au point de vue chrétien, Antioche de Pisidie a sa noblesse : elle fut évangélisée par saint Paul (Acta. chap. XIII) ; un grand nombre de ses enfants furent d'illustres Martyrs de Jésus-Christ, et au XIe siècle il est probable que la décadence d'Antioche de Syrie était commencée, puisque ce n'est plus aujourd'hui qu'une humble ville, et qu'Antioche de Pisidie est encore un chef-lieu de gouvernement et la résidence d'un préfet turc.
Ce saint archevêque voulut être parrain de notre Saint, et, lui ayant donné le nom de Macaire, il le prit chez lui pour l'élever dans la piété et le former aux belles-lettres et à tous les exercices qui en pouvaient faire un excellent ecclésiastique et un ministre fidèle de Notre Seigneur Jésus-Christ. Le jeune Macaire fit de tels progrès dans son école, qu'il se rendit bientôt capable, par sa science et par sa vertu, des emplois les plus importants et des premières dignités de l'Eglise. Aussi, l'archevêque, se voyant près de mourir, crut qu'il ne pouvait procurer un plus grand avantage à Antioche, que de l'y laisser pour son successeur. Il en fit la proposition à son clergé et à son peuple, qui y consentirent tout d'une voix de sorte qu'après la mort de l'ancien Macaire, le jeune prit possession de sa chaire et fut intronisé comme archevêque d'Antioche.
Vestiges de l'église Saint-Pierre. Antioche de Pisidie. Anatolie.
Fondée à la fin du Ier siècle, de récentes excavations ont révélé
que l'église Saint-Pierre fut construite sur la synagogue où
saint Paul prêcha lors de son deuxième séjour à Antioche de Pisidie
(Act. XIII, 14-52). En effet, le premier séjour de saint Paul et de
saint Barnabé ne dura que le temps nécessaire pour les Juifs,
nombreux dans cette ville, de les expulser.
Alors ses vertus, qu'une vie privée avait tenues plus secrètes, parurent avec un merveilleux éclat. On vit en lui un détachement parfait de toutes les choses de la terre, qu'il regardait avec mépris, parce qu'il en connaissait la vanité une aversion pour tous les plaisirs et les divertissements de la vie une assiduité continuelle à mortifier ses sens et ses appétits, et à crucifier sa chair par des jeûnes, des veilles et d'autres austérités ; une tendresse et une compassion pour tous les malheureux, auxquels il distribuait libéralement ses biens, n'ayant rien qui ne lui fût commun avec les pauvresune douceur et une bénignité si constantes, que ni les injures, ni les mauvais traitements, ni les persécutions ne la pouvaient altérer une prudence de vieillard dans le gouvernement de son diocèse enfin, une piété si tendre envers Dieu, que les larmes lui coulaient sans cesse des yeux. Ces insignes vertus étaient aussi accompagnées du don des miracles deux lépreux furent guéris par le seul attouchement de ses mouchoirs trempés de ses saintes larmes, et l'eau qu'il avait touchée était un souverain remède contre toutes sortes de maladies.
Il gouverna quelque temps l'Eglise d'Antioche ; mais craignant que l'honneur qu'il recevait à tous moments ne lui fît perdre ce que l'humilité lui avait acquis, il résolut d'en fuir au plus tôt les occasions. Il distribua, pour cet effet, tous ses' biens aux églises et aux pauvres et s'étant, par un mouvement divin, démis de sa charge entre les mains d'un prêtre de grand mérite, nommé Eleuthère, il s'associa quatre de ses plus fidèles amis, et quitta secrètement sa ville pour passer en un autre lieu, où la Providence divine le conduirait.
Collégiale Sainte-Waudru. La plus grande part des reliques de
saint Macaire y sont vénérées. Mons. Hainaut.
Il prit son chemin par la Palestine, pour y arroser de ses larmes les lieux sanctifiés par celles de Jésus-Christ et il n'y perdit aucune occasion de s'entretenir et de discuter avec les Juifs et les Sarrasins, afin de les convaincre de leurs erreurs et de les attirer à la connaissance de l'Evangile. Mais ces infidèles, qui ne pouvaient répondre à ses raisonnements, conçurent une telle rage contre lui, que, s'étant saisis de sa personne, ils le traînèrent en prison, l'étendirent en forme de croix, lui attachèrent les pieds et les mains avec de longs clous Echés en terre, et lui firent souffrir toutes les ignominies et tous les tourments imaginables. Ils lui mirent même sur la poitrine une grosse pierre qu'ils avait fortement chauffée. Mais la terre rejeta ses clous, et Dieu réduisit tous les artifices que l'impiété de ces infidèles avait inventés le Saint sortit libre de prison, sans aucun dommage ce qui étonna si fort ces Sarrasins, qu'ils lui demandèrent pardon quelques-uns, reconnaissant le pouvoir de la Croix, reçurent la foi de Celui qui avait souffert pour leur salut.
Cependant, les parents de Macaire, affligés de son éloignement, envoyèrent après lui pour le détourner de son dessein et le faire revenir à Antioche mais Dieu frappa leurs courriers de cécité, et ils furent obligés de se jeter aux pieds du Saint pour lui demander son assistance dans une si grande misère il en eut compassion, et par le signe de la croix, leur rendit la vue, à condition qu'ils s'en retourneraient sans l'inquiéter dans la poursuite de son voyage.
Il prit donc son chemin vers l'Occident traversant plusieurs pays, il vint jusqu'en Bavière et, passant par Mayence, Cologne, Malines, Maubeuge, Cambrai et Tournai, il se rendit enfin dans la ville de Gand. Partout ce ne furent que miracles dans le Levant il avait rendu l'usage de la parole et de l'ouïe à un vieux Sarrasin, qui était muet et sourd depuis l'âge de neuf ans ; rencontrant un pèlerin qui se faisait conduire à Jérusalem, il lui avait obtenu la vue par ses prières. En Bavière, il délivra du mal caduc la femme du seigneur Adalbert, qui, par charité, l'avait logé chez elle. A Cologne, il guérit son hôte du même mal. A Malines, il éteignit, par ses prières, un grand incendie qui menaçait de réduire toute la ville en cendres.
A Tournai, il apaisa, par sa prudence, une sédition populaire si furieuse, que toutes les industries du prince Baudoin le Vieux n'avaient pu détourner cet orage. A Cambrai, l'entrée de l'église de Notre-Dame lui ayant été refusée, les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes pour lui faire passage. A Maubeuge, un valet qui l'avait méprisé fut frappé d'une lèpre dont il ne put
guérir.
On en finirait pas si on voulait écrire toutes les particularités de son voyage ; et insistons sur son dernier séjour, qui fut en la ville de Gand, où il arriva l'an de Notre Seigneur Jésus-Christ 1011. Il se retira au monastère de Saint-Bavon étant tombé en une dangereuse maladie, il en fut guéri dans une vision saint Bavon, Saint Landoald et d'autres bienheureux lui apparurent durant son sommeil.
Il arriva en ce temps-là, à Gand, une peste si cruelle, qui se formait dans la bouche, qu'il y mourait chaque jour plus de six'cents personnes. On publia un jeûne universel et des processions publiques pour apaiser la colère de Dieu. Notre-Seigneur, qui voulait faire de saint Macaire une victime pour expier les péchés de son peuple, permit qu'il fût frappé de ce fléau. Il perdit d'abord l'usage de la parole, prédisant néanmoins par signes, que lui avec deux autres mourraient encore de cette maladie, et qu'ensuite elle serait éteinte. Il ne fit point de testament, parce qu'il était trop pauvre et ne laissait rien.
On le porta dans l'église de Notre-Dame, où il marqua, avec son bâton, le lieu de sa sépulture devant l'autel de saint Paul puis, ayant donné sa bénédiction au peuple, il se retira en sa chambre. Plusieurs y étant demeurés, ils furent extrêmement effrayés d'un certain tremblement qui y arriva par la descente des esprits bienheureux, pareil à celui que le grand saint Grégoire rapporte en la vie de saint Paulin, évêque de Noie. Enfin, il mourut le 10 avril, l'an de Notre-Seigneur 1012. Sa prophétie fut accomplie il fut le dernier qui mourut de cette maladie pestilentielle.
La grande fête de Saint-Macaire, le 9 mai, est l'occasion
d'une procession et d'une grande foire à Mons. Hainaut.
RELIQUES
En 1067, le corps du Saint fut levé de terre en présence de Philippe Ier roi de France, de Baudouin, comte de Flandre, et des évoques de Noyon et de Cambrai. On vit, en cette circonstance, paraître en l'air deux cercles en forme de couronne.
On transporta de ses reliques à Thielt, dans la châtellenie de Courtrai, en 1634 à Geerberg ou Gérardmont, dans la baronie de Boulaers et à Oudenarde, en 1637 chez les chanoines de Saint-Pierre de Lille (un bras), en 1067 une partie de l'autre bras fut donnée, en 1611, par l'évêque de Gand, Charles de Maes, à la paroisse de Laerne, qui est à deux lieues de la ville, sur le territoire de Termonde, où notre Saint est patron de l'Eglise.
En l'an 1617, les ossements de ce saint Patriarche furent transportés de Gand à Mons, en Hainaut, afin d'y apaiser une cruelle épidémie qui ravageait tout le pays ; en reconnaissance, les habitants de Mons lui offrirent une riche châsse d'argent, dans laquelle, l'année suivante, ils reportèrent ses vénérables reliques à Gand, où elles sont religieusement conservées en l'église cathédrale.
Une chapelle lui est consacrée dans cette église. On y voit une belle toile de Crayer représentant saint Macaire, en habits pontificaux, qui implore à genoux la miséricorde divine pour la guérison des pestiférés, au moment où cette cruelle maladie fait planer la mort sur sa propre tête. Un bas-relief en marbre blanc, placé sur le devant de l'autel, montre saint Macaire porté en procession.
Au milieu du château dit des Espagnols, on voit encore quelques ruines très-intéressantes de l'ancienne abbaye de Saint-Bavon, entre autres la chapelle et le puits de Saint-Macaire.
On l'honore par deux fêtes principales qui sont fixées au 10 avril et au 9 mai. Celle du 9 mai, qui rappelle le jour où ses reliques furent levées de terre, se fait avec beaucoup plus de solennité tant à cause des nombreux miracles qui se sont alors opérés, que pour éviter la rencontre des fêtes de Pâques. Il se tient une foire le 9 mai, comme cela se pratique pour un grand ncmbre de fêtes d'autres Saints.
Saint Macaire est toujours en grande vénération parmi les Flamands.
Siger, abbé de Saint-Bavon, fit composer la vie de saint Macaire en 1067 à l'époque de son élévation : Surius et les Bollandistes l'ont reproduite. Ces derniers en donnent une seconde qui fut composée peu de temps après la mort du Saint. Baronius, dans ses Annales ; Molanus, dans son Catalogue des Saints de Flandre ; Mathieu Rader, dans sa Bavière sainte ; Aubert Lemire, dans son Calendrier de Saints de Flandre et de Bourgogne, se sont occupés de ce grand Thaumaturge qui faisait encore des miracles au temps du Père François Giry. Cf. encore Mgr de Ram, Vie des Saints.
00:10 Publié dans M | Lien permanent | Commentaires (0)
mardi, 09 avril 2024
9 avril. Sainte Valtrude ou Waudru, première abbesse de Mons et fondatrice de cette ville. 686.
" A la fondation de toute maison, il faut une femme sage."
Prov. XIV, I.
Sainte Waltrude était soeur aînée de sainte Aldegonde (qui se fête au 30 janvier), et, comme elle, fille du comte Walbert et de la princesse Bertille. Dès sa jeunesse, elle se montra si portée à la dévotion, qu'elle se séparait souvent de la société pour faire ses prières et pour assister aux divins offices : ce qui ne pouvait être que très agréables à ses parents, personnes d'une piété rares.
Lorsqu'elle fut en état de se marier, elle épousa par obéissance le comte Madelgaire, aussi appelé Voncent, un des principaux seigneurs de la cour de Dagobert Ier. Elle en eut quatre enfants, dont trois ont été illustre par leur sainteté :
- saint Landry, que les uns font évêque de Metz en Lorraine, et les autres évêque de Meaux en Brie ;
- sainte Aldetrude et sainte Madelberte, qui se firent religieuses sous la conduite de leur tante sainte Aldegonde ;
- le petit Dentlin, qui mourut peu après avoir reçu le saint baptême.
Le progrès admirable de ses enfants dans toute sorte de vertus montre bien le soin que sainte Waltrude apporta à leur éducation. Mais elle ne les instyruisit pas moins par son exemple que par ses paroles ; car elle était fort adonnée à la prière, fuyait le luxe,, la bonne chère et tous les divertissements de la vie ; elle jeûnait souvent et donnait à tous moments, par son hospitalité et par ses aumônes abondantes, des marques de sa charité et de sa miséricorde envers les pauvres.
Chef-reliquaire de sainte Valtrude. Collégiale Sainte-Waudru. Mons.
Elle ne se contenta pas de s'adonner à ces exercices de la piété chrétienne : elle y engagea aussi son mari et le dégoûta si bien de tous les plaisirs et de toutes les grandeurs du monde, qu'ayant fait voeu avec elle d'une continence perpétuelle, il se retira enfin, par le conseil de saint Aubert, évêque de Cambrai, dans le monastère de Haumont, près de Maubeuge, et prit le nom de Vincent. Lui aussi est honoré d'un culte public, au 14 juillet, sous le nom de saint Vincent de Soignies, ville qui possède encore aujourd'hui ses reliques.
Pour sa sainte femme dont nous parlons, elle fut encouragée d'abord par saint Géry, ancien évêque de Cambrai, qui lui apparut en songe ; puis par un ange envoyé du ciel pour la consoler dans une persécution que le démon suscita contre elle ; elle abandonna entièrement le monde et, par le conseil de saint Guislin, qui était alors abbé de Celle-lès-Mons, elle fit bâtir une maison à l'écart, sur une montagne appelée depuis Châteaulieu (Castri locus), et où l'on voit à présent la grande ville de Mons, en Hainaut. Mais comme elle trouva cette maison plus grande et plus magnifique qu'elle ne le désirait et qu'elle l'avait ordonné, parce qu'elle voulait observer les règles de la pauvreté évangélique, elle n'y voulut pas demeurer ; et, la nuit même où elle en, sortit, le toit du bâtiment tomba à terre. C'est pourquoi celui à qui elle avait donné la charge de cet édifice en fit faire un autre moins somptueux et plus pauvre, avec un oratoire en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul. Lorsqu'il fut achevé, saint Waltrude reçut l'habit de religion et le voile sacré des mains de saint Aubert, évêque de Cambrai, et se retira pour y vivre seule et solitaire, et ne s'y occuper que de la contemplation des vérités éternelles.
Mais le démon, qui travaille perpétuellement à la perte des hommes, ne la laissa pas en repos. Tantôt il lui mettait devant les yeux les délices et les honneurs qu'elle avait abandonnés, et dont elle pouvait encore jouir si elle retournait dans le monde, d'autres fois, il lui représentait l'amour de son mari, l'affection de ses enfants, la douceur de la conversation de tant de personnes qu'elle avit autrefois fréquentées. D'autre sfois encore, il lui faisait une peinture affreuse de la solitude afin de lui en donner du dégoût avec le désir de chercher compagnie hors de l'enceinte qu'elle s'était prescrite. Enfin, il lui apparut encore sous forme humaine et prit la hardiesse de la toucher de la main. Mais notre Sainte sortit victorieuse et triomphante de toutes ces tentations, et, par l'oraison, le jeûne, les larmes, les macérations du corps et le signe de la croix, elle défit si bien cet ennemi, qu'il se retira toujours d'ellle avec honte et confusion.
Sainte Waltrude et sainte Gertrude.
Après ces victoires, Dieu la reconnaissant digne de porter la qualité de maîtresse dans la conduite spirituelle, suscita des saintes femmes et des jeunes filles qui vinrent se mettre sous sa direction. Ainsi, elle assembla en peu de temps une communauté de servantes de Dieu, avec lesquelles elle vécut dans une grande humilité, patience, douceur, charité et ferveur d'esprit.
Sainte Aldegonde, sa soeur, qui, par ses bons avis, avait fait un autre établissement à Maubeuge, la visistait aussi fort souvent, pour en recevoir des instruction et lui rendre ses respects comme à sa mère ; mais comme la maison de Maubeuge était plus belle, plus riche et mieux fondée que celle de Waltrude, elle lui voulut persuader de venir avec elle, et d'abandonner ce pauvre lieu où elle devait souffrir continuellement de grandes incommodités. Ce fut néanmoins inutilement : car sainte Waltrude, qui avait l'amour de la pauvreté fortement imprimée dans le coeur, lui répondit que " Jésus-Christ n'ayant eu à sa naissance qu'une pauvre étable, et ayant passé toute sa vie dans une grande indigence des choses les plus nécessaires au grand soulagement du corps, il n'était pas raisonnable qu'une vile créature comme elle recherchât ses commodités ; qu'enfin elle espérait vivre aussi tranquillement dans sa petite solitude, que celles qui avaient de beaux monastères et de riches abbayes ".
En effet, toute pauvre qu'elle était, elle ne laissait pas de trouver de quoi faire beaucoup de charités aux mendiants, aux malades et aux prisonniers ; et Dieu, pour seconder son zèle, a quelquefois multiplié l'argent entre les mains de celui qu'elle chargeait de la distribution de ses aumônes. Elle fit aussi d'autres miracles : car elle délivra un pauvre homme, qui l'invoqua dans sa misère, de la puissance d'un démon dont il était extrêmement maltraité, et elle le guérit ensuite d'une violente maladie qui le tourmentait. Deux enfants, déjà moribonds, lui ayant été présentés par leurs mères, elle leur rendit la santé par ses prières, son attouchement sacré et l'impression du signe de la croix.
Enfin, après une vie si sainte, Dieu l'appela au ciel pour lui en donner une éternelle ; ce qui arriva le 6 avril 686.
Dans les gravures et statues de sainte Waltrude, elle est représentée ainsi :
1. Saint Géry lui apparaît et lui présente une coupe, symbole du sacrifice dont le Seigneur lui demandait la consommation ;
2. payant la rançon de quelque(s) prisonnier(s) ; oeuvre de miséricorde qui était particulièrement chère à sainte Waltrude ;
3. portant une église en sa qualité de fondatrice et de patronne de Mons ;
4. avec ses deux filles, encore enfants, sainte Adeltrude et sainte Madelberte.
CULTE ET RELIQUES
Comme sa petite communauté a été environnée d'une grande ville qui porte le nom de Mons, sainte Waltrude (ou Waudru) en est devenue la patronne, est regardée comme sa fondatrice, et est honorée en ces qualité par tous ses habitants.
Son culte remonte à l'époque même de son bienheureux trépas. Il a été de tout temps célèbre, non seulement à Mons où ses reliques sont conservées, mais encore dans tous les pays circonvoisins.
En 1349, le 7 octobre, les reliques de sainte Waltrude furent portées en procession dans les rues de Mons, pour implorer la miséricorde de Dieu contre la peste qui faisait d'affreux ravages. Une multitude d'habitants de la ville et des villages voisins accourut en cette circonstance pour rendre hommage à l'auguste patronne ; " de sorte que véritablement, c'est à son culte que cette ville est redevable qu'elle soit la capitale de la province, et que les faveurs continuelles qu'en reçoivent les habitants méritent leurs respects et leurs vénérations " (P. de Boussu. Histoire de Mons).
Les reliques de saint Waltrude reposent toujours à Mons, dans une magnifique châsse d'un merveilleux travail. Un reliquaire particulier renferme le chef de notre Sainte qui a été séparé du corps.
Chaque année, le lendemain de la fête de la Très-Sainte-Trinité, on fait une procession dans Mons, dans laquelle les précieuses reliques sont portées par un char (appelé aussi le Car d'or) et tiré par les plus beaux chevaux des brasseurs de la ville. La collégiale Sainte-Waudru est l'un des plus remarquables monuments religieux de la Belgique. Elle fut construite au XVe siècle sur les dessins et les plans de l'architecte Jean Dethuin.
00:15 Publié dans V | Lien permanent | Commentaires (1)
lundi, 08 avril 2024
8 avril. Saint Gautier de Pontoise, abbé. 1099.
- Saint Gautier de Pontoise, abbé. 1099.
Pape : Pascal II. Roi de France : Philippe Ier.
" C'est de Dieu et non pas de votre majesté que je reçois le gouvernement de cette église."
Saint Gautier recevant la crosse abbatiale des mains du roi Philippe Ier.
Saint Gautier naquit à Adainville, village du Vimeu, vers la fin du règne de Robert Ier le Pieux, ou au commencement de celui d'Henri Ier. Il était fild de Dreux, comte d'Amiens, de Mantes, de Pontoise et de Chaumont.
La précocité de son esprit lui fit faire de rapides progrès dans les arts libéraux. Pour s'y perfectionner, il quitta la maison paternelle et alla, dans divers pays lointains, reccueillir les enseignements de maîtres éprouvés. Ensuite il se fit recevoir docteur, professa avec distinction la grammaire, la réthorique et la philosophie, et attira autour de sa chaire un auditoire d'élite.
Arrivé au faîte de la renommée et craignant de se laisser entraîner par le vertige de la vanité, il se rappela le conseil de l'Evangile qui nous donne pour modèle Notre Seigneur Jésus pauvre et crucifié ; il résolut alors de renoncer aux agitations du siècle, pour goûter le calme et la sérénité de la vie claustrale. Voulant y préluder par degré, pour mieux éprouver ses forces, ce ne fut qu'après avoir longtemps subi les rigueurs du cilice qu'il entra à l'abbaye de Rebais-en-Brie (au diocèse de Meaux, près de Coulommiers) où, dès les premières années de son noviciat, il dépassa tous les religieux par la maturité de ses vertus.
Nous ne pouvons cependant donner une complète approbation à un acte exagéré de charité, que l'un des deux biographes contemporains de saint Gautier loue sans restriction.
Un paysan expiait ses méfaits dans la prison du monastère et y souffrait souvent de la faim et de la soif ; le religieux picard, ému de compassion, lui réservait une partie de son pain. Une nuit, à la faveur des ténèbres, il pénétra dans son cachot, brisa ses liens, le chargea sur ses épaules et l'aida à s'enfuir. Toutefois il lui fit promettre de ne point tirer vengeance de la juste punition qu'il avait subie dans le mo,astère. Gautier, selon qu'il s'y attendait, fut sévèrement châtié par l'Abbé, pour cette violation de la règle.
Vers cette même époque, Amaury III, frère de Gautier, comte d'Amiens et de Pontoise en Vexin, venait de fonder, près du château de cette dernière ville, un monastère daont les quelques religieux n'avaient point encore d'Abbé. Entendant vanter les vertus de saint Gautier, ils le choisirent pour leur supérieur. Ce ne fut qu'après bien des refus que notre Saint se décida enfin à se rendre au voeu de la communauté naissante. Notons que du vivant de saint Gautier, Amaury se retirera dans ce même monastère pour y finir saintement le cours de sa vie terrestre.
Tour de l'abbaye Saint-Martin. Pontoise.
Après que le saint religieux eut reçu la bénédiction épiscopale, le roi Philippe Ier, en qualité d'avoué, ou proctecteur de l'abbaye, lui remit, comme marque d'investiture, la crosse abbatiale, en la tenant par le noeud ; Gautier mit la main non pas au-dessous mais au-dessus de celle du roi, en disant :
" C'est de Dieu et non pas de votre majesté que je reçois le gouvernement de cette église."
Bien loin de se formaliser de cette liberté, le roi et sa suite ne firent qu'admirer cette indépendance de sentiment et de langage. Le nouvel abbé de Pontoise fit dédier son église sous le vocable de Saint-Germain, qu'elle échangea plus tard pour celui de Saint-Martin.
D'une taille élevée, d'une physionomie pleine de douceur, Gautier ne cherchait point à accentuer ces avantages par une mise soignée. Juste envers tous, sans prévention pour personne, miséricordieux pour les autres, sévère pour lui-même, humble devant les petits, ferme devant les grands, supportant d'un visage égla la joie et le chagrin, le saint Abbé était un continuel sujet d'admiration pour tous ceux qui l'approchaient, d'autant plus qu'il alliait la vivacité de l'intellligence et la sagesse des pensées à l'habileté de l'éloquence.
La considération qui l'entourait lui fit craindre les suggestions de l'amour-propre ; aussi, vers l'an 1072, après avoir bâti un oratoire à Saint-Martin, dont l'abbaye devait bientôt prendre le vocable, il s'enfuit secrètement de Pontoise pour aller se caher à Cluny qui était alors, sou sl'abbatiat de saint Hugues, la plus florissante école des vertus monastiques. Bien qu'il eût pris soin de dissimuler son nom et sa qualité, les moines de Pontoise finirent par découvrir sa retraite. Munis d'une ordonnance de Jean de Bayeux, archevêque de Rouen, ils allèrent trouver l'abbé de Cluny et ramenèrent le fugitif à leur monastère.
Vers l'an 1080, Gaultier, évêque de Meaux, confirma la donation, qui avait été faite à saint Gautier, de la terre de Maurissac (ou Moressart et aujourd'hui Morcerf, près de Coulommiers) pour y fonder un prieuré.
A l'imitation de plusieurs autres saints Bénédictins, Gautier se retirait souvent dans une grotte voisine pour y vivre la vie austère des anachorètes ; mais, troublé par les visites, il résolut de s'enfuir une seconde fois.
Ce fut dans une île de la Loire, près de Tours, où se trouvait une chapelle dédiée aux saints Côme et Damien (c'est cette île de Saint-Côme que devait bientôt rendre célèbre le séjour et la mort de l'hérésiarque Bérenger, qui y mourut repentant en 1088), que saint Gautier crut pouvoir, loin du regard des hommes, se livrer à toute l'ardeur de ses mortifications ; là encore, il fut trompé dans ses espérances ; la renommée publia bientôt les vertus du solitaire ; on venait solliciter ses conseils, admirer ses exemples ; on lui apportait de nombreux présents qu'il s'empressait de distribuer aux pauvres, habitués à prendre le chemin de son ermitage. Un jour, il leur donna des livres à vendre ; une autre fois, il se dépouilla pour eux de la tunique et de la coule que lui avaient données les moines de Marmoutiers.
Un pélerin, nommé Garin, qui, selon la coutume du temps, voyageait pour visiter les sanctuaires renommés, reconnut Gautier et signala aussitôt sa retraite aux moines de Pontoise. Ceux-ci accoururent à Tours, se jetèrent aux pieds de leur Abbé et le supplièrent de revenir, pour rendre la vie à son abbaye qui dépéressait. Notre Saint se rendit à leurs prières ; mais peu de temps après (1075), il partit pour Rome et, après avoir vénéré les tombeaux des Apôtres, il conjura le pape Grégoire VII de le déchrager du fardeau qui l'accablait et de l'honneur dont il se proclamait indigne. Le souverain Pontife, en le retenant quelques jours, put apprécier l'exagration de son humilité ; il lui reprocha alors de ne pas mettre en oeuvre les aptitudes qu'il avait reçu de la Providence et lui enjoigna, sous peine d'anathème, de reprendre la directyion de son troupeau abandonné. Le saint Abbé renonça dès lors à ses prédiolections et, retournant au bercail, ne songea plus désormais à déserter les devoirs que lui avait imposés le suprême arrêt du souverain Pontife.
Plus d'une fois, l'abbé de Pontoise eut occasion de mettre la fermeté de son caractère au service de la justice. Ainsi, il ne craignit point de reprocher ouvertement à Philippe Ier ses investitures simoniaques :
" Il ne vous est point permis de trafiquer des choses saintes : en vendant ainsi les bénéfices, vous autorisez les autres à en faire un commerce sacrilège, et vous vous rendez coupable de toutes les simonies qu'encouragent vos exemples."
Saint Gautier ne montra pas moins d'énergie pour faire respecter par le concile de Paris (1092) la décision du Saint-Siège qui interdisait d'entendre la messe d'un prêtre concubinaire. Les évêques l'accusèrent d'être en cela rebelle aux ordres du roi et le firent mettre en prison ; mais l'intervention de ses amis lui rendirent bientôt la liberté qu'il avait été heureux de sacrifier pour la cause de la justice.
Ce n'était certes pas par esprit d'ostentation qu'il se déterminait à contrecarrer l'autorité des puissances civiles et religieuses ; il aimait au contraire le silence et l'oubli, quand la voix de sa conscience ne lui prescrivait pas d'affirmer nettement ses convictions. Son humilité était si réelle que sa main gauche ignorait ce qu'avait donné sa main droite ; c'était ordinairement par l'entremise des autres qu'il distribuait ses libéralités. Un jour, recevant la visite d'un prêtre et d'un diacre de Pontoise, il les chargea de donner aux indigents une forte somme qu'il feignit d'avoir reçut d'un ami, pour cette destination ; il leur demanda le secret sur l'origine de ce don. En d'autres circonstances, il usait de la même dissimulation pour déguiser sa charité. S'il était abordé par un mendiant, en face de témoins, il le repoussait avec une vivacité qui pouvait le faire accuser de dureté ; mais, bientôt après, il rejoignait le pauvre sans qu'on l'aperçût, et le comblait de ses bienfaits.
Toujours disposé à servir les autres, saint Gautier remplissait volontiers les fonctions de lecteur hebdomadaire au réfectoire, et même de cuisiner et de boulanger. Un jour, exténué de fatigue, il tomba en défaillance devant l'ouverture du four et fut trouvé en cet état par les moines, qui s'empressèrent de le transporter à sa cellule.
Vers l'anné e1092, la bienheureuse Vierge Marie lui apparut et lui dit :
" Lève-toi, Gautier, rends-toi à Bertaucourt et construits-y un monastère. J'ai choisi cet endroit pour qu'une communauté de vierges s'y consacre à mon service."
L'apparition évanouie, notre saint craignit d'être le jouet d'une illusion et différa d'agir. Mais une seconde vision vint lever tous ses doutes ; cette fois, comme témoignange d'une réalité irrécusable, il garda plusieurs jours sur les joues l'empreinte des doigts de la Vierge Marie qui lui avait appliqué sa main.
Le monastère fut effectivement bâti en 1094 à Bertaucourt, près d'Amiens ; deux nobles et pieuses femmes, Godelinde et Hewilge, consacrant leurs richesses à exécuter le projet de Notre Dame et de saint Gautier.
Saint Gautier avait aussi le don de prophétie. Un jour qu'il prêchait devant Mathieu Ier, comte de Beaumont-sur-Oise, une dame scandalisa l'assistance par l'inconvenance de sa toilette et surtout par la robe à queue qui balayait la poussière. L'homme de Dieu ne put s'empêcher de lui reprocher son immodeste étalage. Cette évaporée se récria et annonça que le dimanche suivant, elle reviendrait en plus grand falbalas :
" Vous reviendrez en effet, mais dans un état bien différent de celui que vous afficher aujourd'hui." lui dit notre Saint.
Saint Gautier tomba malade le lendemain et, expira le 8 avril 1099, jour du Vendredi Saint. Son inhumation eut lieu dans l'abbatiale Saint-Martin. Quelques jours plus tard, la dame qui avait scandalisé les fidèles fut transporté aux pieds du tombeau du saint Abbé et regretta amèrement ses inconduites.
Le Carmel de Pontoise conserve une relique de saint Gautier. Vexin.
RELIQUES ET CULTE
Le tombeau de saint Gautier devint bientôt un rendez-vous de pélerinage pour les aveugles, les boîteux, les sourds, les paralytiques et les malades de toutes catégories. Bien des guérisons aussi subites que miraculeuses s'y produisirent.
Bientôt, le jour de la fête de notre Saint fut déclaré jour chômé.
Saint Louis avait une grande vénération pour saint Gautier. Un tableau, récemment restauré, le montre aux pieds du tombeau de saint Gautier, dans l'église Notre-Dame de Pontoise.
Pendant la révolution, de pieuses mains pontoisiennes enlevèrent le corps de saint Gautier de son tombeau et l'enterrèrent secrêtement et anonymement dans le cimetière paroissial.
Il reste une parcelle de ses reliques que l'on vénère toujours dans l'église Notre-Dame de Pontoise. Une autre est vénérée qu Carmel de la même ville.
On conserve à Pontoise une crosse historiée que l'on dit avoir appartenu à saint Gautier. Ce serait même le bâton pastoral que notre Saint prit si fièrement des mains du roi de France.
Rq : Les représentations de saint Gautier sont rares. Nous serons très reconnaissants aux lecteurs qui voudront bien nous en faire tenir.
00:15 Publié dans G | Lien permanent | Commentaires (3)