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mardi, 16 avril 2024

16 avril. Saint Paterne ou saint Pair, évêque d'Avranches, et saint Scubilion, le compagnon de sa solitude. 565.

- Saint Paterne ou saint Pair, évêque d'Avranches, et saint Scubilion, le compagnon de sa solitude. 565.

Pape : Jean III. Roi de France : Sigebert Ier.

" Efforcez-vous d'affermir votre vocation et votre élection par les bonnes oeuvres."
II Pet., I, 10.


Saint Paterne et saint Scubilion.
Verrière de l'église Saint-Patrice. Rouen. Normandie.

Saint Paterne, dit autrement saint Pair, naquit à Poitiers, ville de Guyenne, vers l'an 480, de parents fort illustres par leur noblesse et par les charges qu'ils possédaient. Son père y remplissait des fonctions importantes. Après la mort de celui-ci, Julite, sa veuve, éleva son fils dans les principes qu'une mère vertueuse peut inspirer à ses enfants, et le jeune Paterne fit de grands progrès dans l'exercice de la loi chrétienne.

Il avait ainsi atteint sa vingtième année, lorsque cédant à une inspiration du ciel, il prit l'habit religieux au monastère d'Ansion, appelé depuis Saint-Jouin-de-Marnes. Son esprit d'ordre, sa discrétion, son amour de la régularité persuadèrent à son abbé qu'il remplirait bien la charge de cellérier, et en effet il s'en acquitta de manière à prouver qu'un jour il pourrait diriger des affaires autrement importantes.

Bientôt, il voulut chercher une solitude plus retirée, afin d'y vivre selon une pratique plus parfaite de l'humilité, de la mortification et de la pénitence. Il s'en ouvrit à son confrère nommé Scubilion et ils s'enfuirent en secret dans une région lointaine pour se fixer dans la Normandie, non loin de la ville de Coutances, ville déjà pourvue d'un évêché. Il n'y vécurent pas longtemps sans que le peuple, attiré vers eux par des vertus qui l'édifiait, ne leur rendît bientôt importunes des visites journalières qui leur ôtaient la liberté de la prière et des saints exercices.


Eglise Saint-Pair. Saint-Pair-sur-Mer
(cette commune s'appelait autrefois Scicy). Cotentin.

Ils y vécurent quelques temps comme des ermites, en un lieu fort solitaire ; enfin, un homme de bien de ce pays les pria d'aller à un village nommé Scicy, pour en convertir les habitants qui vivaient encore dans les ténèbres du paganisme. Ils y allèrent et y semèrent le bon grain de l'Evangile ; mais cette terre, n'étant pas disposée à le recevoir, ne produisit pas le fruit qu'on pouvait en attendre. Au contraire, les habitants, féroces comme des bêtes sauvages, les accablèrent d'outrages.

Cependant, les deux saints personnages se retirèrent dans une caverne où il vécurent pendant trois. Au bout de ce temps, l'abbé d'Ansion, Générosus, qui, admirant l'excès de leur pénitence, essaya néanmoins de la modérer : il reconduisit saint Scubilion au monastère poitevin, et recommanda saint Paterne à l'évêque de Coutances, Léontien. Ce prélat, connaissant les talents que Dieu vait donné pour la prédication de l'Evangile à notre Saint, l'ordonna diacre d'abord, puis prêtre en 512.


Saint Paterne. Eglise Saint-Paterne.
Louvigné-de-Bais. Marches de Bretagne.

Saint Paterne fit bien profiter le talent du Seigneur et, rejoint par saint Scubilion sur ordre de l'abbé d'Ansion, il entreprit de convertir la contrée de Scicy, d'arracher les restes de l'idolâtrie, et, de faire ainsi pour toutes les contrées qu'il parcourut avec son saint confrère : le Cotentin, le Bessin, le pays du Mans, d'Avranches, de Rennes en Bretagne (à ce sujet, on ne confondra pas saint Patern, dit l'Ancien, premier évêque de Vannes au Ve siècle, que l'on fête au 15 avril, et dont une magnifique église de cette ville porte le nom et conserve une infime et précieuse partie de ses reliques). Il établit dans toutes ces provinces des monastères qu'il peupla de saints religieux dont il fut le supérieur et l'abbé.

Dieu l'honora de si grands et de si fréquents miracles, que le bruit de sa sainteté se répandit bientôt à la cour de Childebert, roi de France ; et ce prince l'envoya prier de venir à Paris. Ce ne fut sur son parcours que miracles : par ses prières et le signe de la croix, il rendait la vue aux aveugles, délivrait les possédés, etc.


Eglise Saint Paterne. Louvigné-de-Bais. Marches de Bretagne.

Après avoir satisfait à ce que le roi désirait de lui, il s'en retourna en sa première solitude du Cotentin, près de Scicy, jusqu'à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ lui fit voir en songe trois saints évêques décédés depuis peu, saint Melaine, saint Léontien et saint Vigor le consacré lui-même évêques. Pensant être trompé par une illusion, saint Paterne n'en parla à personne, mais bientôt l'évêque d'Avranches décéda et il fut porté sur le siège épiscopal par la volonté unanime du clergé et du peuple.

Saint Paterne gouverna cette église l'espace de treize ans avec tout le zèle et toute la sollicitude d'un vigilant prélat. Il assista au troisième concile de Paris, en 557, et, de retour à Avranches, il tomba malade le lendemain de Pâques, alors qu'il se disposait à rendre visite au monastère de Scicy qu'il avait fondé et qui était si cher à son coeur puisque c'est saint Scubilion qui en était l'abbé.

Se sentant en danger, il envoya prier saint Scubilion de le venir assister en ce dernier passage. Mais son messager en rencontra un autre en chemin, qui venait de la part de ce saint abbé, aussi tombé malade, lui faire la même prière. Ainsi, l'évêque et l'abbé moururent le même jour, le 16 avril 565, pour se rencontrer ensemble à une même heure devant le tribunal de Dieu et dans la posssession de l'éternité bienheureuse.

Nos deux Saints choisirent leur sépulture dans l'église du monastère de Scicy. Il arriva de plus, que les convois, dont l'un était conduit par saint Lô (ou Laud), évêque de Coutances, et l'autre par Lascivius, évêque d'un autre lieu, arrivèrent ensemble et au même moment devant la porte de l'église du monastère.


Tombe renfermant le sarcophage de saint Pair.
Eglise Saint-Pair. Saint-Pair-sur-Mer. Cotentin.

RELIQUES

Les reliques de saint Paterne et de saint Scubilion se toruvent toujours dans l'église de Scicy - devenue aujourd'hui Saint-Pair-sur-Mer -, qui est depuis longtemps l'église paroissiale.

Des parties de ces reliques ont été détachées et ont été transportées à Issoudun et à Orléans, où l'on bâtit des églises du nom de saint Paterne. Il faut mentionner que celle d'Issoudun n'existe plus : elle fut ravagée pendant la tempête révolutionnaire. Les saintes reliques ont été sauvé par un brave homme et existent toujours et sont conservées dans l'église Saint-Cyr de la même ville. Cette ville avait aussi reçu des reliques de saint Patern l'Ancien, premier évêque de Vannes ; les bêtes sauvages révolutionnaires s'en emparèrent et les détruisirent.


Eglise Saint-Paterne. Orléans.

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lundi, 15 avril 2024

15 avril. Saint Pierre Gonzalez, appelé plus usuellement saint Elme ou saint Telme, dominicain. 1248.

- Saint Pierre Gonzalez, appelé plus usuellement saint Elme ou saint Telme, dominicain. 1248.
 
Papes : Clément III ; Innocent IV. Rois de Léon : Alphonse IX ; Ferdinand III, de Castille.
 
" Il est bon Seigneur que Vous m'ayez humilié."
Saint Elme.
 

Saint Pierre Gonzalez naquit, l'an 1190, dans la ville d'Astorga, en Espagne, d'une famille distinguée. Son oncle, évêque de Palencia, charmé de ses talents, le pourvut d'un canonicat et le fit ensuite nommer doyen du Chapitre de sa cathédrale.

Le jour de sa prise de possession, Gonzalez, naturellement vaniteux, voulut traverser la ville sur un cheval superbement paré. C'est là que la Providence l'attendait : sa vanité se repaissait des applaudissements de la foule, quand le cheval se cabra, renversant dans la boue l'orgueilleux cavalier, au milieu des huées de la populace. Cette humiliation fut un coup de la grâce. Pierre se releva tout confus, et dit à haute voix :
" Puisque le monde se moque de moi, je me moquerai de lui à mon tour."
Il tint parole.
 

Saint Pierre Gonzalez. Eglise Saint-Dominique.
San Cristobal de las Casas. Chiapas. Mexique. XVIIIe.

Dans la solitude, le jeûne et la prière, il dompta son orgueil et devint un modèle de pénitence et d'humilité. Décidé à rompre entièrement avec le siècle, il se démit de sa dignité pour se faire humble enfant de Saint-Dominique et employer ses talents à gagner des âmes au Ciel.

Il passait la plus grande partie des nuits à méditer, à prier, à étudier, et consacrait le jour à instruire les fidèles. Les libertins fondaient en larmes à ses sermons, et venaient à ses pieds avouer leurs désordres : il fut l'instrument d'une multitude de conversions.


Saint Ferdinand III de Castille et Leon. Enluminure anonyme. XIIIe.

Le roi d'Espagne, saint Ferdinand III (il fut canonisé en 1671), voulut attacher Gonzalez à sa personne et l'emmener partout avec lui, même à la guerre. Le saint religieux profita de la confiance du prince pour procurer la gloire de Dieu et il vint à bout de réformer bien des désordres, vivant toujours à la cour ou dans les camps, avec la même austérité et la même régularité que dans le cloître.

Notre Saint accompagna Ferdinand III dans toutes ses expéditions contre les Maures, et eut une grande part à ses victoires par ses prières, par ses conseils, mais aussi par les réformes qu'il lui inspira et qui touchaient aux moeurs des soldats et de leurs chefs.


Gravure de Manuel Pablo Nunez. XVIe.

La prise de Cordoue, en 1236, fut pour lui une occasion de déployer son zèle. Il modéra l'ardeur des vainqueurs, sauva l'innocence des vierges de l'insolence des soldats, et fit épargner le sang ennemi. Il exorcisa et purifia les mosquées dont beaucoup avaient été des églises aux premiers temps des Espagnes.

La grande mosquée de Cordoue fut ainsi changée en cathédrale. On y trouva les cloches et les ornements que les Maures avaient fait apporter de Compostelle, deux cents ans auparavant, sur les épaules des Chrétiens. Ferdinand III obligea les vaincus à les rapporter à Compostelle de la même manière.


Saint Pierre Gonzalez. Statue votive. Ecouen. XVIIe.

Quelques seigneurs licencieux résolurent de le perdre et gagnèrent à prix d'argent une courtisane pour le séduire. Gonzalez, comprenant les intentions de la malheureuse, allume un grand feu et se place au milieu, enveloppé de son manteau. A la vue de ce prodige, la misérable tombe à genoux et se convertit sincèrement ; les seigneurs qui l'avaient gagnée en firent autant.

Cependant, malgré toutes les sollicitations du roi, Gonzalez quitta la cour : ayant assez fait pour les grands, il aspirait à instruire et à consoler les pauvres habitants des campagnes. Il passa le reste de sa vie à les évangéliser, avec un incroyable succès : les montagnes les plus escarpées, les lieux les plus inaccessibles, la grossièreté ou l'ignorance des populations enflammaient sa charité ; des miracles accompagnaient ses paroles et leur faisaient porter de merveilleux fruits, surtout parmi les marins espagnols.


Un jour qu'il prêchait, le démon souleva un orage épouvantable, et la foule s'enfuyait déjà cherchant un abri, quand Gonzalez, par un grand signe de Croix, divisa les nuages, de sorte qu'il ne tomba pas une goutte d'eau. Il délivra très souvent par miracle des matelots qui avaient imploré son secours dans le danger.

Pierre Gonzalez connaissant, par révélation, sa fin prochaine, voulut se retirer à Compostelle, pour y mourir entre les bras de ses frères en religion ; mais il tomba gravement malade à Tuy où il prêchait le carême, et y mourut le jour de Pâques, l'an 1248, à l'âge de cinquante-huit ans. Ses reliques reposent dans la cathédrale de cette localité.


Cathédrale Sainte-Marie. Les reliques de saint Pierre Gonzalez
y sont toujours vénérées. Tuy. Galice. Espagne.

Saint Pierre Gonzalez, connu en Espagne sous le nom de saint Elme, est représenté marchant sur les eaux et tenant une flamme. Cette flamme désigne le feu de saint Elme. Il est quelquefois représenté avec cette flamme sur le front. Il est le patron des marins.

Le pape Innocent IV béatifia saint Pierre Gonzalez en 1254 et accorda au dominicains d'Espagne d'en faire l'office. Benoît XIV, au XVIIIe siècle, approuva son office pour tout l'Ordre de Saint-Dominique.

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