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jeudi, 05 décembre 2024

5 décembre. Saint Sabas de Mutalasque, abbé en Palestine. 531.

- Saint Sabas de Mutalasque, abbé en Palestine. 531.

Pape : Boniface II. Empereur romain d'Orient : Justinien Ier, le Grand.

" Discite a me quia mitis sum et humilis corde."
" Apprenez de Moi que je suis doux et humble de coeur."
Matth., XI, 29.


Saint Sabas. Horologium du XVe siècle.

L’Eglise Romaine se borne aujourd'hui à l'Office de la Férié ; mais elle y joint la commémoration de saint Sabbas, Abbé de la fameuse laure de Palestine, qui subsiste encore aujourd'hui sous son nom. Ce Saint, qui mourut en 533, est le seul personnage de l'Ordre monastique dont l'Eglise fasse mention en ses Offices dans tout le cours de l'Avent ; on pourrait même dire que parmi les simples Confesseurs, saint Sabbas est le seul dont on lise le nom au Calendrier liturgique en cette partie de l'année, puisque le glorieux titre d'Apôtre des Indes semble mettre saint François-Xavier dans une classe à part. Nous devons voir en ceci l'intention de la divine Providence qui, pour produire une plus salutaire impression sur le peuple chrétien, s'est appliquée à choisir, d'une manière caractéristique, les Saints qui devaient être proposés à notre imitation dans ces jours de préparation à la venue du Sauveur.

Nous y trouvons des Apôtres, des Pontifes, des Docteurs, des Vierges, glorieux cortège du Christ Dieu, Roi et Epoux ; la simple Confession n'y est représentée que par un seul homme, par l'Anachorète et Cénobite Sabbas, personnage qui, du moins, par sa profession monastique, se rattache à Elie et aux autres solitaires de l'ancienne Alliance, dont la chaîne mystique vient aboutir à Jean le Précurseur.

Saint Sabas, né près de Césarée, en Cappadoce, de parents nobles et pieux, fut mis, à l'âge de cinq ans, sous la tutelle d'un oncle fort méchant ; il s'enfuit et se réfugia dans un couvent. C'était la Providence qui avait conduit ses pas ; il embrassa généreusement toutes les saintes rigueurs de la vie monastique. Dix ans plus tard, le désir de visiter les Lieux sanctifiés par la vie mortelle du Sauveur le conduisit à Jérusalem. Ayant fait son pèlerinage, il résolut de se fixer au milieu des célèbres anachorètes de la Palestine et vécut jusqu'à l'âge de trente ans sous la direction du saint solitaire Théoctiste. Mais il lui semblait que Dieu demandait de lui davantage, et, croyant n'avoir encore rien fait, il s'enfonça dans la solitude voisine pour y vivre avec Dieu seul.

Renfermé dans une petite grotte, il y passait cinq jours de la semaine sans prendre aucune nourriture, uniquement appliqué à la prière, au chant des psaumes et au travail manuel. Chaque samedi, il apportait au monastère qu'il avait habité tous les paniers qu'il avait tressés, passait le dimanche avec ses frères et revenait à son ermitage. Plus tard, il se retira sur les bords du Jourdain, où le démon le tourmenta par des spectres horribles, des hurlements affreux, des menaces, des coups, et surtout des apparitions séduisantes. Le Saint, armé de la prière, remporta autant de victoires qu'il eut à livrer de combats, jusqu'à décourager son redoutable ennemi.

Sabas, toujours poussé par le désir d'une solitude de plus en plus profonde, se retira sur des rochers abrupts ; il y établit, pour monter et pour descendre, un gros câble à noeuds qui lui servait de rampe. Il lui fallait aller chercher de l'eau à deux lieues de là et la monter sur ses épaules. Sa nourriture consistait uniquement en racines sauvages; mais, en revanche Dieu nourrissait son âme de l'abondance de Ses consolations.

Sabas fut découvert par la vue de la corde qui pendait du rocher, et dès lors sa solitude se changea en affluence énorme de pèlerins qui venaient lui demander communication des biens célestes dont il était rempli. Beaucoup demeuraient ses disciples, et il groupa dans la vallée un grand nombre de petites cellules pour les recevoir. De grands Saints, attirés par la renommée de ses vertus, vinrent eux-mêmes le visiter. Il s'arrachait parfois à sa solitude, quand la gloire de Dieu le demandait, et plusieurs fois la cour de Constantinople fut édifiée de ses vertus.


Laure de Saint-Sabas ou monastère Mar Saba,
fondé par notre saint au VIe siècle. Palestine.

ORAISON

Honorons donc ce grand Abbé, pour lequel l'Eglise grecque professe une vénération filiale, et sous l'invocation duquel Rome a placé une de ses Eglises ; et appuyons-nous de son suffrage auprès de Dieu, en disant avec la sainte Liturgie :

" Que l'intercession, Seigneur, du bienheureux Sabbas nous recommande, s'il vous plaît, auprès de vous ; afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons prétendre par nos mérites. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen."

" Glorieux Sabbas, nomme de désirs, qui, dans l'attente de Celui qui a dit à ses serviteurs de veiller jusqu'à sa venue, vous êtes retiré au désert, de peur que les bruits du monde ne vinssent vous distraire de vos espérances, ayez pitié de nous qui, au milieu du siècle et livrés à toutes ses préoccupations, avons cependant reçu, comme vous, l'avertissement de nous tenir prêts pour l'arrivée de Celui que vous aimiez comme Sauveur, et que vous craigniez comme Juge. Priez, afin que soyons dignes d'aller au-devant de lui, quand il va paraître. Souvenez-vous aussi de l'Etat monastique, dont vous êtes l'un des principaux ornements ; relevez ses ruines au milieu de nous suscitez des hommes de prière et de foi comme aux anciens jours ; que votre esprit se repose sur eux, et qu'ainsi l'Eglise, veuve d'une partie de sa gloire, la recouvre par votre intercession."

Considérons encore la Prophétie du Patriarche Jacob, qui n'annonce pas seulement que le Messie doit être l’attente des nations, mais exprime aussi que le sceptre sera ôté de Juda, à l'époque où paraîtra le Libérateur promis. L'oracle est maintenant accompli. Les étendards de César Auguste flottent sur les remparts de Jérusalem ; et si le Temple a été réservé jusqu'à ce jour, si l'abomination de la désolation n'a pas encore été établie dans le lieu saint, si le sacrifice n'a pas encore été interrompu, c'est que le véritable Temple de Dieu, le Verbe incarné, n'a pas non plus été inauguré ; la Synagogue n'a pas renié Celui qu'elle attendait ; l'Hostie qui doit remplacer toutes les autres n'a pas encore été immolée. Mais Juda n'a plus de chef de sa race, la monnaie de César circule dans toute la Palestine ; et le jour est proche où les chefs du peuple juif confesseront, devant un gouverneur romain, qu'il ne leur est pas permis de faire mourir qui que ce soit. Il n'y a donc plus de Roi sur le trône de David et de Salomon, sur ce trône qui devait durer à jamais.


Saint Jean Damascène se fit moine à la laure de Saint-Sabas.
Manuscrit palestinien du XIe.

" Ô Christ ! Fils de David, Roi Pacifique, il est temps que vous paraissiez et veniez prendre ce sceptre arraché par la victoire aux mains de Juda, et déposé pour quelques jours en celles d'un Empereur. Venez ; car vous être Roi, et le Psalmiste, votre aïeul, a chanté de vous :
" Ceignez votre épée sur votre cuisse, Ô très vaillant ! Montrez votre beauté et votre gloire ; avancez-vous, et régnez ; car la vérité, la douceur, la justice sont en vous, et la puissance de votre bras vous produira. Lancées par ce bras vainqueur, vos flèches perceront le cœur des ennemis de votre Royauté, et feront tomber à vos pieds tous les peuples. Votre trône sera éternel ; le sceptre de votre Empire sera un sceptre d'équité ; Dieu vous a sacré. Dieu vous-même, d'une huile de joie qui coule plus abondamment sur vous, Ô Christ ! Qui en tirez votre nom, que sur tous ceux qui jamais s'honorèrent du nom de Roi." (Psalm. XLIV.).

Ô Messie ! Quand vous serez venu, les hommes ne seront plus errants comme des brebis sans pasteur ; il n'y aura qu'un seul bercail où vous régnerez par l'amour et la justice ; car toute puissance vous sera donnée au ciel et sur la terre ; et quand, aux jours de votre Passion, vos ennemis vous demanderont : Es-tu Roi ? Vous répondrez suivant la vérité :
" Oui, je suis Roi."

Ô Roi ! Venez régner sur nos cœurs ; venez régner sur ce monde qui est à vous parce que vous l'avez fait, et qui bientôt sera une fois de plus à vous, parce que vous l'aurez racheté. Ô ! Régnez donc sur ce monde, et n'attendez pas, pour y déployer voire royauté, le jour dont il est écrit :
" Vous brisera contre la terre la tête des Rois."
(Psalm. CIX.).

Régnez dès à présent, et faites que tous les peuples soient à vos pieds dans un hommage universel d'amour et de soumission."

SÉQUENCE POUR LE TEMPS DE L’AVENT

Composée au XIe siècle, et tirée des anciens Missels Romains-Français :

" Vous qui seul, dans la force de votre bras, régnez sur tous les sceptres,
Réveillez votre puissance et faites-la éclater sous les yeux de votre peuple ;
Accordez-lui les dons du salut.

Celui qu'ont annoncé les oracles prophétiques,

Envoyez-le du radieux palais d'en haut ;
Seigneur, envoyez Jésus sur notre Terre.

Amen."

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vendredi, 29 novembre 2024

29 novembre. Saint Sernin (Saturnin), évêque de Toulouse et martyr. Ier s. Vigile de saint André, apôtre. Ier.

- Saint Sernin ou Saturnin, évêque de Toulouse et martyr. Ier siècle. Vigile de saint André, apôtre. Ier.

Pape : Saint Anaclet. Emepreur romain : Titus.

" Celui qui a goûté véritablement les biens célestes, ne trouve plus rien à aimer sur la terre."
Saint Jean Chrysostome.


Eglise Saint-Saturnin de Gentilly. Île-de-France.

Saint Saturnin (connu aussi à Toulouse sous le nom de saint Sernin) était fils de prince et d'origine grecque. On croit qu'attiré d'abord par la réputation de saint Jean-Baptiste, il fut ensuite l'un des soixante-douze disciples du Sauveur et eut le bonheur d'être témoin de la plupart des faits de sa vie, ainsi que de Sa Résurrection et de Son Ascension.


Confrérie de Saint-Saturnin. Estampe du XIXe.

Après la Pentecôte et après avoir quitté l'influence satanique de Simon le magicien qu'il avait un temps suivi, il accompagna souvent saint Pierre dans ses courses apostoliques, puis fut envoyé par lui dans les Gaules, en qualité d'évêque. Chemin faisant, il prêchait l'Évangile, fondait des chrétientés et détruisait l'empire du démon. À Arles et à Nîmes, il obtint de grands succès. À Carcassonne, il fut emprisonné pour Jésus-Christ, mais délivré par un ange. À Toulouse, une femme lépreuse fut guérie en sortant de la piscine baptismale, et ce prodige fut suivie de la conversion d'une bonne partie de la cité. De toutes parts on apportait au Saint des malades, il les guérissait par le signe de la Croix.


Saint Saturnin. Eglise Saint-Denis-Saint-Nicolas.
Tramezaïgues. Haute-Pyrénées.

Saturnin prêcha encore à Auch, puis à Pampelune, en Espagne; mais il revint à Toulouse, centre de son apostolat, qu'il devait arroser de son sang. Là, les dieux ne rendaient plus d'oracles. Les prêtres païens se concertèrent :
" Si on laisse cet homme prêcher son Christ, dirent-ils, c'en est fait de notre culte."
Saturnin vient à passer. La foule, ameutée par les prêtres, se saisit de lui; on lui crie :
" Sacrifiez à nos dieux, ou malheur à vous !"
Pour toute réponse, Saturnin prêche Jésus-Christ. Dieu même confirme Sa doctrine par un éclatant miracle, car au même moment les idoles du temple tombent de leur piédestal et se brisent. À cette vue, la rage des païens ne se contient plus.


Martyre de saint Saturnin. Legenda aurea. Bx. J. de Voragine.
Mâcon. XVe.

Il y avait au Capitole un taureau sauvage amené pour être immolé en sacrifice ; on entoure son corps d'une grosse corde au bout de laquelle on attache le saint évêque par les pieds ; puis l'animal est lâché et frappé à coups d'aiguillons ; il se précipite, entraînant sa victime, dont le crâne est fracassé sur les marches du temple.

Le taureau, poursuivant sa course effrénée à travers les rues, réduit en lambeaux le corps du martyr, jusqu'à ce qu'enfin la corde se brise et la victime reste étendue sans vie sur le chemin. C'est à cet endroit que s'élève aujourd'hui l'église qui, en souvenir, porte le nom de Notre-Dame-du-Taur. Le tombeau de l'apôtre de Toulouse est devenu célèbre par la dévotion populaire et par de nombreux prodiges.


Martyre de saint Saturnin. Legenda aurea. Bx. J. de Voragine.
Jacques de Besançon. XVe.

Vigile de saint André, apôtre, saint Saturnin.

Noël apparaît à l'horizon. Le dernier Dimanche après la Pentecôte a clos pour nous les enseignements du Cycle mobile. Depuis déjà le XXVII de ce mois, les jours appartiennent selon les années au Cycle naissant ou à celui qui expire.

La dernière Leçon de l'Ecriture du Temps (au samedi précédant l'Avent) se termine par la déclaration solennelle du dernier des Prophètes, annonçant les temps nouveaux : " Du lever du soleil à son couchant, mon Nom est grand chez les nations, dit le Seigneur des armées, et en tout lieu s'offre à mon Nom le sacrifice d'une oblation pure " (Malach. I, II.).


Basilique Saint-Sernin. Toulouse.

Faisant écho à Malachie, et rejoignant les temps aux temps, Jean-Baptiste s'écrie dans l'Evangile du jour : " Voici l’Agneau de Dieu !"
Et il nous montre tout près de nous déjà le Messie (Evangile de la Vigile de saint André, Johan. I, 36.).

A la demande qu'André, frère de Pierre, et un autre disciple de Jean lui adressent : Maître, où habitez-vous ? Jésus répond : Venez et voyez. Et ils vinrent, poursuit en son Evangile le disciple bien-aimé, et ils virent où il demeurait, et ils demeurèrent chez lui ce jour-là (Ibid. 38, 39.).


Eglise Notre-Dame du Taur. Jusqu'au Ve siècle,
les reliques de saint Saturnin y furent conservées. Toulouse.

Sur quoi saint Augustin nous dit en cette Vigile, au nom de notre Mère l'Eglise :
" Elevons-lui une demeure dans nos cœurs, pour qu'il y vienne, et qu'il nous enseigne, et qu'il vive avec nous (Homilia Vigiliae, ex Aug. Tract. VII in Johan.)."
C'est tout l'Avent qui se dessine.

Mettons-en la saison bénie sous la protection de l'Apôtre de la Croix, et du saint Martyr que l'Eglise honore de temps immémorial en ce jour.

ORAISON

" Dieu tout-puissant, nous vous en supplions : puisse le bienheureux Apôtre André, dont nous prévenons la fête, implorer pour nous votre secours ; afin qu'absous de nos péchés, nous soyons aussi délivrés de toute crainte. Par Jésus-Christ."


Sarcophage de saint Sernin (saint Saturnin). Abbaye Saint-Hilaire.
Saint-Hilaire. On y conserva un temps les restes de notre saint. Aude.

ORAISON

" Dieu qui nous donnez de jouir du jour natal du bienheureux Saturnin, votre Martyr : accordez-nous d'éprouver l'aide de ses mérites. Par Jésus-Christ."


Martyre de saint Saturnin. Legenda aurea.
Bx. J. de Voragine. Richard de Montbaston. XIVe.

Rq : A propos de l'identité et du siècle ou saint Saturnin vécut et souffrit le martyre, la majorité des spécialistes contemporains de l'hagiographie concluent aujourd'hui dans le même sens que la tradition et que les plus rigoureux compilateurs des siècles passés. Saint Saturnin a bien vécut au Ier siècle et c'est bien en ce siècle qu'il fut évêque de Toulouse.

On lira cette traduction de la passion de saint Saturnin :

http://www.societes-savantes-toulouse.asso.fr/samf/memoir...

Une tradition digne d'être reçue avec sérieux met saint Saturnin au nombre des 72 disciples que Notre Seigneur se choisit après Sa résurection. On lira avec fruit Les hommes illustres de la primitive Eglise de M. l'abbé Maistre pages 446 à 450 du tome II : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=83

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samedi, 09 novembre 2024

9 novembre. Dédicace de l'église du Sauveur, aujourd'hui archibasilique Saint-Jean de Latran. 324.

- Dédicace de l'église du Sauveur, aujourd'hui archibasilique Saint-Jean de Latran. 324.

Pape : Saint Sylvestre Ier. Empereur romain d'Occident : Constantin Ier. Empereur romain d'Orient : Licinius.

" Domus Dei nos ipsi ; nos in hoc saeculo aedificamur, ut in fine saeculi edificemur."
" Nous sommes les temples de Dieu, nous avons été édifiés dans le temps pour être dédiés à la fin des temps."
Saint Augustin. Serm. CCCXXXVI in dedicat.


Archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

Le Maître-autel, sur lequel seul le pape peut offrir le saint sacrifice de la messe, est l'autel sur lequel saint Pierre disait la messe lorsqu'il était à Rome. C'est l'unique autel sous lequel il n'y ait point de relique.
Au trésor de lapremière église du monde, on trouve entre autre la table sur laquelle Notre Seigneur institua le saint sacrifice de la Messe, un morceau du linge de pourpre dont les soldat le revêtirent lors de Sa Passion, les crânes de saint Pierre et de saint Paul, etc.
Jean Sobieski, après sa victoire à Vienne contre les Mahométans, insista pour que sa bannière fut exposée dans la première église du monde en signe de son dévouement à l'Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Au quatrième siècle de notre ère, la fin des persécutions sembla au monde un avant-goût de sa future entrée dans la cité de la paix sans fin. " Gloire au Tout-Puissant ! gloire au Rédempteur de nos âmes !" s'écrie, en tête du dixième et dernier livre de son Histoire, le contemporain Eusèbe. Et témoin du triomphe, il décrit l'admirable spectacle auquel donna lieu partout la dédicace des sanctuaires nouveaux.

De villes en villes, s'assemblaient les évêques et s'empressaient les foules. De peuples à peuples, une telle bienveillance de mutuelle charité, de commune foi, d'allégresse recueillie harmonisait les cœurs, que l'unité du corps du Christ apparaissait aux yeux, dans cette multitude animée d'un même souffle de l'Esprit-Saint ; c'était l'accomplissement des anciennes prophéties : cité vivante du Dieu vivant où tout sexe et tout âge exaltaient l'auteur de tous biens. Combien augustes apparurent alors les rites de notre Eglise ! La perfection achevée qu'y déployaient les Pontifes, l'élan de la psalmodie, les lectures inspirées, la célébration des ineffables Mystères formaient un ensemble divin (Euseb. Hist. eccl. X, I-IV.).


Frontispice de l'archibasilique Saint-Jean de Latran (détail). Rome.

Constantin avait mis les trésors du fisc à la disposition des évêques, et lui-même stimulait leur zèle pour ce qu'il appelait dans ses édits impériaux l'œuvre des églises (Euseb. De Vita Constantini, II, XLV, XLVI.). Rome surtout, lieu de sa victoire par la Croix et capitale du monde devenu chrétien, bénéficia de la munificence du prince. Dans une série de dédicaces à la gloire des Apôtres et des saints Martyrs, Silvestre, Pontife de la paix, prit possession de la Ville éternelle pour le vrai Dieu.

Aujourd'hui fut le jour natal de l'Eglise Maîtresse et Mère, dite du Sauveur, Aula Dei (Palais de Dieu.), Basilique d'or ; nouveau Sinaï (Inscriptio vetus olim in apside majori.), d'où les oracles apostoliques et tant de conciles notifièrent au monde la loi du salut. Qu'on ne s'étonne pas d'en voir célébrer la fête en tous lieux.


Choeur de l'archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

Si depuis des siècles les Papes n'habitent plus le palais du Latran, la primauté de sa Basilique survit dans la solitude à tout abandon. Comme au temps de saint Pierre Damien, il est toujours vrai de dire qu'" en la manière où le Sauveur est le chef des élus, l'Eglise qui porte son nom est la tête des églises ; que celles de Pierre et de Paul sont, à sa droite et à sa gauche, les deux bras par lesquels cette souveraine et universelle Eglise embrasse toute la terre, sauvant tous ceux qui désirent le salut, les réchauffant, les protégeant dans son sein maternel ". (Petr. Dam. Epist. L. II, 1.).

Et Pierre Damien appliquait conjointement au Sauveur et à la Basilique, sacrement de l’unité, les paroles du prophète Zacharie : Voici l’ homme dont le nom est Orient ; il germera de lui-même, et il bâtira un temple au Seigneur ; il bâtira, dis-je, un temple au Seigneur, et il aura la gloire, et il s'assiéra : et sur son trône il sera Roi, et sur son trône il sera Pontife (Zach. VI, 12, 13.).


Abside de saint Jean. Archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

C'est au Latran que, de nos jours encore, a lieu la prise de possession officielle des Pontifes romains. Là s'accomplissent chaque année en leur nom, comme Evêques de Rome, les fonctions cathédrales delà bénédiction des saintes Huiles au Jeudi saint et, le surlendemain, de la bénédiction des fonts, du baptême solennel, de la confirmation, de l'ordination générale.

Prudence, le grand poète de l'âge du triomphe, reviendrait en nos temps qu'il dirait toujours :
" A flots pressés le peuple romain court à la demeure de Latran, d'où l'on revient marqué du signe sacré, du chrême royal ; et il faudrait douter encore, Ô Christ, que Rome te fût consacrée !" (Prudent. Lib. I contra Symmachum, 586-588.).

Ce fut le bienheureux Pape Silvestre qui établit le premier les rites observés par l'Eglise romaine dans la consécration des églises et des autels. Il y avait bien dès le temps des Apôtres, en effet, certains lieux voués à Dieu, et nommés Oratoires par les uns, Eglises par d'autres ; on y tenait l'assemblée le premier jour de la semaine, et le peuple chrétien avait la coutume d'y prier, d'y entendre la parole de Dieu, d'y recevoir l'Eucharistie : cependant on ne les consacrait pas avec autant de solennité ; on n'y élevait pas d'autel fixe qui, oint du chrême, exprimât le symbole de notre Seigneur Jésus-Christ, pour nous autel, hostie et pontife.


Abside de saint Jean (détail).
Archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

Mais lorsque l'empereur Constantin eut par le sacrement du baptême obtenu la santé du corps et le salut de l'Âme, une loi émanant de lui fut portée qui pour la première fois permettait dans tout l'univers aux Chrétiens de bâtir des églises. Non content de cet édit, le prince voulut même leur donner l'exemple et inaugurer les saints travaux. C'est ainsi que dans son propre palais de Latran, il dédia une église au Sauveur, et fonda le baptistère contigu sous le nom de saint Jean-Baptiste, dans le lieu où lui-même, baptisé par saint Silvestre, avait été guéri de la lèpre.

C'est cette église que le Pontife consacra le cinq des ides de novembre ; et nous en célébrons la mémoire en ce même jour où pour la première fois à Rome une église fut ainsi publiquement consacrée, où l'image du Sauveur apparut visible sur la muraille aux yeux du peuple romain.


Baldaquin de l'archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

Plus tard, ayant à consacrer l'autel du Prince des Apôtres, le bienheureux Silvestre ordonna que les autels ne fussent plus désormais que de pierre. Si cependant l'autel de la basilique de Latran fut de bois, on ne doit pas s'en étonner : de saint Pierre à Silvestre, en effet, les persécutions ne laissaient pas aux Pontifes de demeure stable ; partout donc où les amenait la nécessité, soit dans les cryptes ou les cimetières, soit dans les maisons des chrétiens, c'était sur cet autel de bois, creux en forme de coffre, qu'ils offraient le Sacrifice.

Quand la paix fut rendue à l'Eglise, par honneur pour le Prince des Apôtres qu'on dit avoir célébré sur cet autel, et les autres Pontifes qui jusqu'alors s'en étaient servis de même dans les Mystères sacrés, saint Silvestre le plaça dans la première église, au Latran, défendant que nul autre n'y célébrât par la suite, si ce n'est le Pontife romain. Ebranlée et ruinée par les incendies, les incursions ennemies, les tremblements de terre, cette église fut toujours réparée avec grand zèle parles Souverains Pontifes ; à la suite d'une nouvelle restauration, le Pape Benoît XIII, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, la consacra derechef en grande pompe, le vingt-huitième jour d'avril de l'an mil sept cent vingt-six, assignant à la mémoire de cette solennité le présent jour.


Vue du cloître de l'archibasilique Saint-Jean de Latran. Rome.

De grands travaux que Pie IX avait entrepris furent menés à bonne fin par Léon XIII ; à savoir : l'agrandissement et le prolongement de l'abside qui tombait de vétusté ; la réfection sur le modèle primitif de l'antique mosaïque déjà précédemment renouvelée dans beaucoup de ses parties, et son transfert dans ta nouvelle abside magnifiquement et à grands frais décorée ; le renouvellement delà charpente et des lambris du transept embelli ; œuvre complétée, l'an mil huit cent quatre-vingt-quatre, d'une sacristie, d'habitations pour les chanoines et d'un portique rejoignant les nouvelles constructions au baptistère de Constantin.

Tant de détails courent le risque de sembler superflus aux profanes. En la manière cependant que le Pape est notre premier et propre pasteur à tous, son Eglise de Latran est aussi notre Eglise ; rien de ce qui la concerne ne saurait, ne devrait du moins, laisser le fidèle indifférent. Inspirons-nous à son endroit des belles formules qui suivent, et que nous donne le Pontifical romain au jour de la consécration des Eglises ; elles ne sauraient s'appliquer mieux qu'à l'Eglise Mère.


Entrée de Martin V au château Saint-Ange (détail). Il mit fin au
schisme d'Occident. Son tombeau se trouve dans l'archibasilique
Saint-Jean de Latran. Giovanni di Palolo. XVe.

ANTIENNES ET REPONS

R/. " La maison du Seigneur est fondée au sommet des monts; elle est élevée sur les collines ; toutes les nations viendront à elle. Et elles diront : Gloire à vous, Seigneur !"
V/. " Elles viendront avec transport, portant leurs moissons. Et elles diront."
R/. " Seigneur de toutes choses, qui n'avez nul besoin, vous voulez avoir au milieu de nous votre temple. Gardez pure à jamais cette maison, Seigneur."
V/. " Seigneur, c'est la maison que vous choisîtes pour qu'y fût invoqué votre nom : maison de la prière et des supplications de votre peuple. * Gardez."
Ant. " Paix éternelle à cette maison par l'Eternel! Paix soit à cette maison la Paix sans fin, Verbe du Père ! Paix donne à cette maison le divin Consolateur !"
Ant. " Oh ! combien redoutable est ce lieu ! c'est véritablement ici la maison de Dieu et la porte du ciel."
Ant. " C'est la maison du Seigneur solidement bâtie, bien établie sur la pierre ferme."
Ant. " Jacob vit une échelle dont le sommet atteignait les cieux, et les Anges qui descendaient, et il dit : Ce lieu est vraiment saint."
R/. " Voici Jérusalem, la grande cité, céleste, ornée comme l'Épouse de l'Agneau. C'est le vrai tabernacle. Alléluia."
V/. " Ses portes ne se fermeront point durant le jour ; quant à la nuit, elle y sera inconnue. C'est le vrai."
R/. " Vos places, Jérusalem, seront pavées d'or pur, Alléluia, et l'on chantera en vous le cantique de joie, Alléluia. * Et par vos rues chacun dira : Alléluia, Alléluia."
V/. " Vous brillerez d'une lumière éclatante, et, vous voyant, toute la terre adorera. Et par vos rues."
Ant. " Faites le tour de Sion , parcourez son enceinte , racontez ses merveilles en ses tours."
V/. " Le Seigneur est grand, et digne de toute louange en la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte."
R/. " Le Seigneur vous a revêtue d'un vêtement d'allégresse ; à votre front il a mis le diadème. Il vous a parée de saints ornements."
V/. " Vous brillerez d'une lumière éclatante, et, vous voyant, toute la terre adorera. Il vous a parée."
V/. " Les nations viendront à vous des plus lointains pays, apportant leurs dons et adorant le Seigneur ; votre terre sera pour elles la sainte terre ; elles invoqueront en vous le grand Nom. Il vous a parée."
V/. " Bénis seront vos constructeurs. Pour vous, vos fils seront votre joie ; car la bénédiction sera sur eux tous, et tous ensemble ils viendront au Seigneur. Il vous a parée."

Saint André Corsini (détail). La majeure partie de ses reliques sont
dans la chapelle que le pape Clément XII lui dédia dans l'archibasilique.
Guido Reni. XVIIe.

ORAISON

" Dieu tout-puissant et éternel, qui par Votre Fils, la Pierre d'angle, Avez joint les deux murs divergents de la circoncision et de la gentilité, qui, sous un même et seul pasteur, Avez uni par Lui les deux troupeaux distincts ; Ayez égard à notre dévotion : Donnez à Vos serviteurs l'indissoluble lien de la charité, pour qu'aucune division des âmes, pour qu'aucune perversion d'aucune sorte ne vienne à séparer ceux que rassemble en un troupeau unique la houlette de l’unique pasteur, ceux que gardent sous Votre protection les barrières de l'unique bercail. Par le même Jésus-Christ, ... "


L'obélisque de Saint-Jean de Latran. Rome.

" L'obélisque de Saint-Jean de Latran, destiné à symboliser le triomphe, après trois siècles de combats, du christianisme sur le paganisme, a 99 pieds d'élévation au-dessus du piédestal. Amené d'Egypte par les empereurs Constantin et Constance, son fils, il fut brisé par les barbares, puis réédifier, en 1588, à la place qu'il occupe aujourd'hui, par le génie si puissant et si poétique de Sixte V."
Mgr J.-J. Gaume in " Les trois Rome ".


Rq : On lira avec fruits les lignes superbes d'érudition, de style et de pénétration chrétiennes de Mgr Jean-Joseph Gaume dans le tome I de son livre " Les trois Rome " pages 324 à 354 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k105827c/f237.table

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