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9 septembre. Saint Omer, ou Audomar, moine de Luxeuil, évêque de l'ancien siège de Thérouanne, au diocèse d'Arras. 670.

- Saint Omer, ou saint Audomar, moine de Luxeuil, évêque de l'ancien siège de Thérouanne, au diocèse d'Arras. 670.

Pape : Saint Vitalien. Roi de France : Clotaire III.

" Le Christ est la vérité, et celui qui suit le Christ aime la vérité."

Thomas a Kempis.


Saint Omer. Anonyme des Flandres. XVIe.

Saint Omer naquit, vers la fin du VIe siècle, à Guldindal, ou Goldenthal (le Val d'Or), près de Constance, de parents illustres par leur piété et leur naissance. Son père s'appelait Friulphe et sa mère Domitta. Ils eurent grand soin de former dans les lettres et la vertu ce cher fils, qui était l'unique fruit de leur mariage. Après la mort de Domitta, la grâce croissant en lui avec l'âge, il résolut de renoncer au monde et de se faire religieux ; il détermina ùêùe son père à l'y suivre. Ils vendirent donc leurs biens pour en distribuer l'argent aux nécessiteux ; et ainsi, pauvres des biens de la terre, mais riches des biens du ciel, morts au monde et ne vivant qu'en Jésus-Christ, fidèle à la grâce et ennmis du démon, il se rendirent au monastère de Luxeuil, dans la Franche-Comté, où, en 612 ou 615, ils furent cordialement accueillis par l'abbé, saint Eustaise, qui, après les avoir soumis à de rudes épreuves pour les débarrasser de tous lien terrestre et surtout de leur mutuel attachement, les admit ensemble à la profession. Friulphe y persévéra jusqu'à la fin et mourut saintement.


Réception d'Omer et de son père Friulf à Luxeuil.
Vie de Saint Omer. XIe.

Saint Omer se rendit bientôt le modèle des autres frères. Il était chaste de corps et d'esprit, le premier à l'obéissance et à la pratique de l'humilité, le plus éclairé dans la science de Jésus crucifié, le plus aimable par sa charité et par sa douceur, et le plus exact dans l'austérité des jeûnes et des veilles. Cette ferveur ne se ralentit point dans la suite des années, comme il n'arrive que trop souvent aux jeunes gens qui commence à servir Dieu avec beaucoup d'ardeur, et se relâchent a^rès pâr leur négligence ; elle augmenta tellement, que sa réputation se répandit par toute la France. Le roi Dagobert, étant informé de la haute vertu de notre saint, le fit élire évêque de Thérouanne, par les suffrages libres du clergé et du peuple ; saint Achaire, évêque de Noyon, y contribua beaucoup.


Saint Omer et saint Bertin arrivent dans le pays des Morins ;
édification du monastère.
Porte du trésor de l'abbaye Saint-Bertin-Saint-Omer. XVIe.

Saint Omer trouva dans son diocèse une occupation digne de son zèle. Les Morins (c'est ainsi que l'on appelle les peuples du diocèse de Thérouanne) étaient retombés dans l'idolâtrie, d'où ils avaient été tirés par les prédications de saint Victoric et de saint Fuscien, illustres martyrs de Notre Seigneur Jésus-Christ, à Amiens, où ils furent mis à mort par la cruauté du préfet Rictiovare. Il travailla avec tant d'application à ramener ses ouailles à la religion chrétienne, qu'après les avoir éclairés des lumières de l'Evangile, il fit brûler leurs idoles et bannit entièrement de son diocèse le culte des faux dieux. Il fut assisté, dans cette sainte expédition, par saint Bertin, saint Mommolin et saint Bertrand, qui, tous trois, secondèrent merveilleusement son zèle comme ses fidèles disciples.


Saint Omer convertissant les Morins. Vie de saint Omer. XIe.

On rapporte de saint Omer un événement surprenant qui arriva lorsqu'il était à Boulogne, petite ville de son diocèse ; et, comme il peut servir d'un grand exemple pour montrer l'obéissance que l'on doit à ses supérieurs, nous avons cru devoir le mettre ici. Un clerc lui demanda la permission d'aller se divertir sur le bord de la mer. Le Saint, à qui Dieu avait révélé le malheur qu'il lui arriverait s'il y allait, lui défendit de le faire.


Le clerc désobéissant vient demander à saint Omer la permission,
qu'il lui refuse, de se promener au bord de la mer.
Vie de saint Omer. XIe.

Le clerc ne laissa pas de passer outre, et, ayant trouvé un petit bateau qui servait à passer la rivière à l'endroit où elle se jette dans la mer, il se mit dedans pour se promener le long du rivage. Mais un furieuse tempête s'éleva soudainement et il se vit bientôt en danger de faire naufrage. Le péril le fit rentrer en lui-même ; il eut regret de sa faute, et, se voyant à la merci des flots et des vents, il implora l'assistance du saint évêque

Après sa prière, il aborda à terre, mais il fut bien surpris de se voir sur la côte d'Angleterre. La crainte de tomber entre les mains des pirates, dans ce peys éloigné, lui fit redoubler ses prières ; il conjura à nouveau le ciel de ne point l'abandonner. Il remonte dans son bateau et, après une navigation heureuse, le ciel le comble et il revient à l'endroit même d'où il était parti.

Notre clerc courut alors vers saint Omer, se prosterna devant lui pour lui demander pardon de sa désobéissance, lui raconta tout ce qui s'était passé et le remercia des grâces qu'il avait reçues par son intercession. Saint Omer le reprit sévèrement de sa faute, et, lui ayant fait faire réflexion sur la punition que Dieu tire de ceux qui méprisent les ordres de leurs supérieurs, il lui fit défense de dire à qui que ce fût la merveille qui était arrivé : ce que le jeune ckerc exécuta fidèlement, puisqu'il ne raconta le fait qu'après la mort de saint Omer.


Saint Omer pardonne au clerc désobéissant. Vie de saint Omer. XIe.

Mais, quoiqu'il fît son possible pour demeurer caché aux yeux des hommes, le ciel découvrit, par le prodige suivant, combien notre saint était agréable à Dieu. Faisant la visite de son docèse, il se reposa sous un arbre près d'un village appelé Jernac, ou Journy, pour se délasser un peu de la fatigue du chemin. A son réveil, il fit planter, au même endroit où il s'était assis, une croix de bois sur laquelle, la nuit suivante, on vit paraître une admirable clarté. Depuis, les fidèles honorèrent singulièrement ce même lieu, comme ayant été consacré par la présence d'un si saint homme. Tous les malades qui le visitent par dévotion y reçoivent la guérison de leurs maux.


Saint Omer fait planter une croix à Journy. Vie de saint Omer. XIe.

Entre les conversions qu'il fit, on remarque particulièrement celle d'Adroald. C'était un seigneur des plus considérables du pays par sa naissance et par ses richesses, mais il faisait cruellement une guerre aux Chrétiens. Saint Omer entreprit cette conversion qui eut un plein succès. Dès lors, Adroald pratiqua généreusement les conseils évangéliques : car, n'ayant point d'enfant, il donna tous ses biens à l'Eglise, et particulièrement sur la terre de Sithiü, où notre Saint fit bâtir un monastère en l'honneur de la sainte Vierge. Un historien de la vie de notre Saint s'exclame d'ailleurs :
" Que vous êtes louable et heureux, Adroald, de vous être ainsi dépouillé des biens de la terre pour en revêtir Notre Seigneur Jésus-Christ ! Vous avez renoncé à un héritage temporel pour vous rendre l'héritier du ciel ; vous n'aviez point de postérité, et, par votre libéralité, vous en avez acquis une si nombreuse, qu'elle se substituera jusqu'à la fin des siècles."


Saint Omer baptisant Adroald. Vie de saint Omer. XIe.

Après avoir gouverné avec une vigilance vraiment pastorale l'église de Thérouanne près de trente années, la Providence divine priva notre Saint de la vue du corps afin qu'étant éclairé spirituellement des lumières de la foi, il s'approchât davantage du ciel, où il devait bientôt recevoir la récompense de tous ses travaux. Cette cécité néanmoins ne l'ayant pas empêcher d'assister, avec plusieurs autres évêques, à la translation du corps de saint Vaast qui se fit environ l'an 667, il y recouvra la vue par l'attouchement des reliques et l'intercession du grand saint. Mais saint Omer, qui avait déjà goûté à l'avantage qu'il y a d'avoir les yeux fermés à toutes les choses du monde, supplia le saint, par son intercession, de lui renvoyer son infirmité.


Saint Omer. Sacramentaire à l'usage
de Saint-Bertin-Saint-Omer. XIIe.

En 667 selon certains, en 670 selon d'autres, saint Omer étant en tournée, fut pris de fièvre dans un lieu nommé Wavrans, ou Wauvrans (à quelque distance de Saint-Omer et à trois milles de Saint-Bertin) : il comprit alors que sa dernière heure était proche. Il se fit porter à l'église, où, fondant en larmes, il offrit à Dieu l'encens de ses prières, et reçut, avec les sentiments de la plus touchantes piété, le corps et le sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après la communion, il se mit au lit, où, parmi le chant d'une mélodie céleste, son âme quitta sa demeure pour aller se présenter devant la majesté de Dieu. Il s'exhala en ce moment de son corps une si suave odeur qu'elle surpassait celle des plus excellents parfums.


Décès de saint Omer, pleuré par ses disciples et
un grand concours de peuple. Vie de saint Omer. XIe.

CULTE ET RELIQUES

Dans les sceaux de la ville de Saint-Omer, il tient souvent un écusson chargé de la croix à deux branches qui est le blason de la cité. Comme on le voit, cet attribut indique le patronage du Saint, et non une circonstance de sa vie.


Tombeau de saint Omer. Cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer. XIVe.

On le représente faisant sourdre une fontaine pour baptiser un enfant maladif et aveugle qu'on lui présenta lorsqu'il œuvrait à la nouvelle conversion de ses ouailles et qui recouvra la vue et la santé en recevant le sacrement.


Le baptême administré à l'enfant aveugle lui rend
la vue et la santé. Vie de saint Omer. XIe.

On le voit aussi tantôt ayant dans les mains une petite église et à ses pieds un petit enfant qui semble sortir de terre, tantôt tenant sa crosse épiscopale et deux grappes de raisin et avec une châsse à ses pieds.


Cathédrale, aujourd'hui basilique Notre-Dame. Saint-Omer.

Saint Bertin, averti du décès de saint Omer par révélation, s'empressa de se rendre à Wavrans, à la tête de tous ses religieux. Notre Saint lui avait spécialement recommandé de l'ensevelir dans l'église de la sainte Vierge qu'il avait construite dans ce but entre autres.

L'église où il fut enterré devint plus tard la cathédrale de Saint-Omer. Son corps y fut conservé, moins quelques parties concédées à diverses églises et monastères. Au XVIIe siècle, on voyait encore au monastère Saint-Bertin le pluvial de saint Omer, espèce de manteau ainsi appelé à cause du capuchon qui servait à se protéger de la pluie.

Hugues, abbé de Saint-Quentin, ayant essayé d'enlever le corps de saint Omer pour en enrichir son monastère, ne put dépasser le village de Lisbourg car tout à coup, la bière devint si lourde qu'il ne fut plus possible de la déplacer. Hugues fit alors rappeler l'évêque de Thérouanne, Folquin, afin qu'il rapporte les précieuses reliques. Ce dernier le fit enterrer dans un lieu secret et institua une fête au cour du mois de juin pour commémorer cet événement.

La bière fut retrouvée en 955, et l'authenticité de ces reliques fut plusieurs fois reconnue dans l'église Notre-Dame.

En 1269, le chef de saint Omer fut mis à part. Avant la malheureuse révolution qui eut lieu en France, il était encore conservé dans un buste-reliquaire de vermeil offert par Mahaut, comtesse de Flandre.


Saint Omer. Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.

Un pieux orfèvre racheta ce reliquaire pendant la révolution et le remit, avec ses précieuses reliques à des personnes de confiance. L'authenticité fut reconnue en 1803, et l'on transféra le chef de saint Omer dans un nouveau buste-reliquaire représentant l'évêque. Une partie de son chef fut transférer dans la cathédrale d'Arras par Mgr de La Tour d'Auvergne qui céda en contrepartie à Thérouanne des reliques de saint Vaast.


Saint Omer. Eglise Saint-Omer. Orval. Cotentin. XVIIe.
 
Rq : Pendant les guerres effroyables que menèrent les Protestants par toute l'Europe, Charles Quint pris et détruisit Thérouanne ; laquelle était hélas devenue un nid de féroces Calvinistes qui avaient purgé et massacré tout ce qui était catholique. Le siège épiscopal fut transféré à cette époque à Saint-Omer, bastion catholique.

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lundi, 09 septembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

23 septembre. Saint Libère, pape, fondateur de l'église Sainte-Marie-des-Neiges (basilique Sainte-Marie-Majeure). 366.

- Saint Libère, pape, fondateur de l'église Sainte-Marie-des-Neiges (aujourd'hui basilique Sainte-Marie-Majeure) de Rome. 366.

Papes : Saint Jules Ier (prédécesseur) ; saint Damase Ier (successeur). Empereur romain d'Orient : Valens. Empereur romain d'Occident : Valentinien Ier.

" Soyez ferme comme l'enclume que l'on frappe : un grand athlète doit recevoir les coups et vaincre."
Saint Ignace d'Antioche. Epist. XI ad Polycarp.

Saint Libère. Détail.
Giovanni Battista Cima da Conegliano. XVIe.

Le pontificat de saint Libère, successeur de saint Jules Ier (du 22 mai 353 au 24 septembre 366), fut l'un des plus tourmentés que présentent les annales de l'Eglise. Deux grandes persécutions vinrent successivement l'agiter l'une, suscitée par les Ariens, qui conduisit saint Libère en exil et laissa un moment incertaine la foi du Siége apostolique ; l'autre, suscitée par Julien l'Apostat, persécution astucieuse et savante, qui aurait fait de tristes ravages, si Dieu n'avait abrégé l'épreuve en interrompant bientôt le règne du persécuteur. Il ne devait manquer aucun genre de lutte à la gloire de l'Eglise et du souverain Pontificat.

Libère était Romain il avait été ordonné diacre par le pape saint Sylvestre, et s'était fait remarquer par ses vertus et par son humilité dans les fonctions de son ordre. Lorsqu'il fut élu Pape, il résista longtemps avant d'accepter la redoutable charge mais il était réservé, hélas à en porter tout le poids. Constance II, deuxième fils de Constantin, et seul maître de l'empire, allait faire triompher l'arianisme avec lui. Dès la première année du pontificat de Libère, ce prince, prévenu contre Athanase, demanda sa condamnation. Le Pape assembla à Rome un concile qui reconnut l'innocence d'Athanase, et Libère écrivit dans ce sens à l'empereur. Constance entra en fureur ; le Pape lui délégua Vincent de Capoue, qui se rendit à Arles, où il eut la faiblesse de souscrire à la condamnation du saint patriarche.
La chute de Vincent afiligea profondément le Pape :
" J'espérais beaucoup de son intervention, écrit-il à Osius de Cordoue, il était personnellement connu de l'empereur, à qui il avait précédemment porté les actes du concile de Sardique, et non seulement il n'a rien obtenu, mais il s'est laissé entraîner à une déplorable faiblesse. J'en suis doublement affligé, et je demande à Dieu de mourir, plutôt que de me prêter au triomphe de l'injustice."
Il désavoua hautement le légat prévaricateur, et supplia l'empereur de consentir à la réunion d'un concile général.

Saint Athanase le Grand exilé en Prison. Un messager de saint
Athanase apporte la défense de celui-ci au pape saint Jules Ier.
Livre des merveilles. Jean Mandeville. Maître de la Mazarine. XVe.

Le concile s'assembla à Milan, mais des scènes tumultueuses et la conduite de Constance lui enlevèrent toute liberté. Lucifer de Cagliari, légat du Pape, montra une grande fermeté :
" Quand même Constance, dit-il, armerait contre nous tous ses soldats, il ne nous forcera jamais à renier la foi de Nicée et à signer les blasphèmes d'Arius.
- C'est moi, lui dit Constance, qui suis personnellement l'accusateur d'Athanase croyez donc à la vérité de mes assertions.
- Il ne s'agit pas ici, répondit Lucifer avec les évêques catholiques, d'une affaire temporelle, où l'autorité
de l'empereur serait décisive, mais d'un jugement ecclésiastique, où l'on doit agir avec une impartialité égale envers l'accusateur et l'accusé. Athanase est absent il ne peut être condamné sans avoir été entendu. La règle
de l'Eglise s'y oppose.
- Mais ce que je veux, dit Constance, doit servir de règle. Les éveques de Syrie le reconnaissent. Obéissez, ou vous serez exilés."


Les trois légats du Pape, Lucifer de Cagliari, saint Eusèbe de Verceil et saint Hilaire furent en effet exilés. Hilaire, dont la fermeté avait déplu davantage, fut même fouetté sur la place publique avant de partir pour le lieu de son exil. La persécution s'étendit à tout l'empire ; saint Athanase se réfugia au désert ; les femmes et les vierges chrétiennes d'Alexandrie furent indignement outragées ; quarante-six évêques d'Egypte furent bannis de leurs sièges on déclara criminels de lèse-majesté tous les défenseurs du consubstantiel, et un grand nombre de catholiques fidèles obtinrent la gloire du martyre (356).

Le pape Libère écrivit aux évêques exilés une lettre pleine de tendresse et de charité :
" Quelles louanges puis-je vous donner, partagé que je suis entre la douleur de votre absence et la joie de votre gloire ? La meilleure consolation que je puisse vous offrir, c'est que vous veuillez me croire exilé avec vous. J'aurais souhaité, mes bien-aimés frères, être le premier immolé pour vous tous, et vous donner l'exemple de la gloire que vous avez acquise ; mais cette prérogative a été la récompense de vos mérites."

Saint Hilaire, saint Eusèbe de Verceil, Lucifer de Cagliari combattant
les hérétiques ariens. Speculum historiale. V. de Beauvais. François. XVe.

La tempête que Libère déplorait vint l'atteindre à son tour. On lui demanda directement la condamnation d'Athanase il refusa alors on le conduisit à Milan, où se trouvait Constance, et l'empereur essaya lui-même de faire uéehir le courage du saint Pontife. Le récit de cette entrevue forme l'une des plus belles pages de l'histoire des Papes ; nous l'empruntons à Théodoret, évêque de Tyr, qui vivait au commencement du siècle suivant.

L'empereur : Comme vous êtes chrétien et évêque de notre ville, nous avons jugé à propos de vous faire venir pour vous exhorter à renoncer à cette maudite extravagance, à la communion de l'impie Athanase. Toute la terre l'ajugé ainsi, et il a été retranché de la communion de l'Eglise parle jugement du concile de Milan.
Saint Libère : Seigneur, les jugements ecclésiastiques se doivent faire avec une grande justice. Ordonnez donc que l'on établisse un tribunal, et si Athanase est trouvé coupable, sa sentence sera prononcée selon la procédure ecclésiastique car nous ne pouvons condamner un homme que nous n'avons pas jugé.
L'empereur : Toute la terre a condamné son impie Lé il ne chercha qu'a gagner du temps, comme il l'a toujours fait.
Saint Libère : Tous ceux qui ont souscrit à sa condamnation n'ont point vu de leurs yeux tout ce qui s'est passé ils ont été touchés du désir de la gloire que-vous leur promettiez, ou de la crainte de l'infamie dont vous les menaciez.
L'empereur : Que voulez-vous dire par la gloire, la crainte et l'infamie ?
Saint Libère : Tous ceux qui n'aiment pas la gloire de Dieu, préférant vos bienfaits, ont condamné sans le juger celui qu'ils n'ont point vu ; cela ne convient pas à des chrétiens.
L'empereur : Il a été jugé au concile de Tyr, où il était présent, et dans ce concile tous les évÊques l'ont condamné.
Saint Libère : Jamais il n'a été jugé en sa présence à Tyr, on l'a condamné sans raison, après qu'il se fut retiré.
L'empereur : Pour combien donc vous comptez-vous dans le monde, de vous élever seul avec un impie pour troubler l'univers ?
Saint Libère : Quand je serais seul, la cause de la foi ne succomberait pas pour cela.
L'empereur : Ce qui a été une fois réglé ne peut être renversé le jugement de la plupart des évoques doit l'emporter, vous êtes le seul qui vous attachiez à l'amitié de cet impie.
Saint Libère : Seigneur, nous n'avons jamais entendu dire qu'un accusé n'étant pas présent, un juge le traitât d'impie comme étant son ennemi particulier.
L'empereur : Il a offensé généralement tout le monde, et moi plus que personne. Je m'applaudis plus d'avoir éloigné ce scélérat des affaires de l'Eglise que d'avoir vaincu Maxence.
Saint Libère : Seigneur, ne vous servez pas des évoques pour vous venger de vos ennemis ; les mains des ecclésiastiques doivent être occupées à sanctifier.
L'empereur : Il n'est question que d'une chose je veux vous envoyer à Rome quand vous aurez embrassé la communion des Eglises. Cédez au bien de la paix, souscrivez, et retournez à Rome.
Saint Libère : J'ai déjà pris congé des frères de Rome, car les liens de l'Eglise sont préférables au séjour de Rome.
L'empereur : Vous avez trois jours pour délibérer si vous voulez souscrire ou retourner à Rome ; or, voyez en quel lieu vous voulez être mené.
Saint Libère : L'espace de trois jours ou de trois mois ne change point ma résolution ; envoyez-moi donc où il vous plaira."

Saint Libère. Giuseppe Franchi. Milan. XVIe.

Deux jours après, Constance envoya chercher Libère, et, comme il n'avait pas changé de sentiment, il le fit reléguera Bérée, en Thrace. Quand Libère fut sorti, l'empereur lui fit offrir cinq cents sous d'or pour sa dépense : " Allez, dit saint Libère à celui qui les apportait, rendez-les à l'empereur, il en a besoin pour ses soldats." L'impératrice lui en envoya autant : " Rendez-les à l'empereur, dit encore Libère, il en a besoin pour la dépense de ses armées." L'eunuque Eusèbe voulut à son tour lui faire accepter de l'argent. Le saint Pontife refusa en disant : " Tu as rendu désertes les Eglise du monde, et tu m'offres une aumône comme à un criminel ; va, commence par te faire chrétien." Et, sans avoir rien accepté, il partit trois jours après pour son exil.

L'hérésie triomphait. Aussitôt que Libère eut quitté l'Italie, l'empereur flt sacrer un anti-pape, Félix, archidiacre de l'Eglise romaine. Le peuple romain ne voulut pas communiquer avec ce Pape, à qui l'on doit rendre du reste cette justice que, tout en favorisant le parti des Ariens, il n'abandonna pas la foi de Nicée et fut irrépréhensible dans sa conduite (355). Aussi plusieurs écrivains ecclésiastiques, parmi lesquels on compte Bellarmin et Roncaglia, ne le considèrent-ils pas comme anti-pape. D'après eux, saint Libère ne voulant pas que Rome restât sans pasteur pendant son exil, avait provisoirement abdiqué et conseillé l'élection de Félix, qui, à son retour, aurait volontairement renoncé a u souverain pontificat. Lorsque Grégoire XIII fit faire, en 1582, une nouvelle édition du martyrologe romain, le nom de saint Félix II fut conservé par son ordre après celui de saint Libère. L'épreuve dura plus d'un an. Constance finit par céder à l'opinion publique. Libère revint à Rome, en 359, et Félix se retira dans une autre ville.

Le retour de saint Libère à Rome ne mit pas fin aux douleurs de l'Eglise les Ariens continuèrent leurs intrigues des évêques catholiques donnèrent de tristes exemples de faiblesse Constance fit assembler conciles sur conciles pour imposer l'erreur, mais Libère se conduisit avec tant de prudence et de fermeté, que l'erreur ne put jamais triompher que partiellement. Constance avait été persécuteur il était peu probable qu'il mourût au milieu des prospérités. Il était en effet occupé dans une guerre contre les Perses, lorsqu'il apprit que les légions des Gaules s'étaient révoltées, et avaient proclamé empereur, à Lutèce, le César Julien, neveu de Constantin. Constance, furieux, se mit en marche pour punir le rebelle, dont il avait été le bienfaiteur, et à qui il avait donné sa propre sœur en mariage ; mais il mourut en route, à Mopsucrène, en Cilicie, après avoir reçu le baptême d'un évêque arien, et Julien resta seul maître de l'empire (361).

Saint Libère. Frise. Basilique Saint-Pierre. Rome.

A la persécution sanglante et à l'hérésie succéda une persécution plus raffinée, plus savante et mille fois plus dangereuse celle de Julien l'Apostat. Mais devant le roc inébranlable de l'Eglise, elle resta impuissante comme les autres saint Libère put assister à l'horrible agonie de l'Apostat (26 juin 363) et contempler, au milieu des ruines accumulées de toutes parts, le triomphe du Christianisme et, quoique les dernières années de son Pontificat aient encore été troublées par les intrigues des Ariens et par celles des Macédoniens, partisans de l'intrus Macédonius, qui, développant l'hérésie arienne, avait fini par nier la divinité du Saint-Esprit, il eut la consolation de voir enfin la paix rendue à l'Eglise, les év6qucs orthodoxes rétablis sur leurs sièges, et la puissance politique disposée à soutenir la vraie foi.

C'est au milieu de ces lueurs d'espérance que saint Libère rendit à Dieu son âme héroïque, le 8 des calendes d'octobre (24 septembre 366). Il avait occupé le siège pontifical, dans une première période, du 22 mai 332, au 10 mars 358 ; et, dans une seconde, au retour de son exil, de 359 à 366.

Rome doit à ce Pontife, entre autres monuments, la basilique de Sainte-Marie-Majeure, ainsi appelée parce qu'elle tient le premier rang parmi les églises dédiées à la sainte Vierge. La nuit du 4 au 5 août 356, la sainte Vierge apparut en rêve à saint Libère, ainsi qu'à un riche romain nommé Jean. Elle demanda d'ériger un sanctuaire à un lieu déterminé. Au matin, constatant qu'il avait neigé en plein mois d'août, à l'endroit que la Vierge leur avait indiquée, le pape ordonna de construire la basilique Liberiana de Santa-Maria-ad-Nives (Sainte-Marie-des-Neige) sur la surface enneigée en haut de la colline Esquilin.

Basilique Sainte-Marie-Majeure. Fondée par saint Libère
sous la dédicace de Sainte-Marie-des-Neiges. Chevet. Rome.

NOTE CRITIQUE SUR LA PRETENDUE CHUTE DU PAPE SAINT LIBERE DANS L'HEHESIE ARIENNE.

Tout le monde connait le fameux mensonge historique qui se trouve même dans le Liber Pontificalis, et qui consiste à placer à l'époque du retour de Libère, de Bérée à Rome (359), un double acte de faiblesse de ce pape : la souscription à la condamnation de saint Athanase, et la souscription à une formule de foi arienne. Que faut-il penser de cette chute, qui a été admise par des auteurs graves, et qu'on appuie du témoignage de saint Jérôme, de saint Hilaire, de saint Athanase. et de Libère lui-même ? C'est ce que nous allons examiner.

Les témoignages que l'on cite de saint Athanase, de saint Jérôme, de saint Hilaire, de Libère lui-même, s'ils étaient authentiques, perdent toute leur force devant une saine critique historique. Saint Athanase parle de la chute de Libère dans son Apologie contre les ariens et dans son Histoire des Ariens. Or, l'Apologie a été écrite au plus tard en 350, c'est-à-dire deux ans avant que Libère fût pape il est donc évident qu'il y a eu une interpolation postérieure, et faite par une main malhabile, car cette addition rend l'Apologie inepte et ridicule.

L'Histoire des Ariens a été également écrite avant l'époque où l'on place la chute de Libère, c'est-à-dire en 357 ou 358, et le passage où l'on en parle ne peut être qu'une addition faite après coup. Les Ariens ont fait pour Libère ce que les Donatistes firent pour le pape saint Marcellin. On voit d'ailleurs poindre, cinquante ans seulement après, les commencements de la calomnie. Rufin, prêtre d'Aquilée, qui avait pu connaître Libère dans sa jeunesse, et qui avait certainement connu Fortunatien, l'auteur prétendu de la prétendue chute de Libère, écrit, un demi-siècle après cet événement :
" Libère, évêque de Rome, était rentré du vivant de Constance, mais je ne sais au juste si l'empereur le lui accorda, ou parce qu'il avait consenti à souscrire, ou pour faire plaisir au peuple romain, qui l'en avait prié avant son départ."
Ainsi Rufin connaît le bruit répandu sur la mémoire de Libère, et il reste dans le doute, lui qui avait été à même de connaitre le fait de la bouche même de Fortunatien !
Ce doute serait-il possible si Libère avait réellement souscrit une formule arienne ?

Saint Libère bénissant son légat saint Eusèbe de Verceil.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Le témoignage de saint Athanase contre Libère n'existe donc pas. Celui de saint Hilaire n'existe pas davantage, car les passages que l'on cite n'ont aucune authenticité, pas plus que les lettres de Libère qui se trouvent dans les Fragments attribués à saint Hilaire, et il est reconnu que ces Fragments ont été l'objet d'audacieuses et nombreuses falsifications. Saint Jérôme a écrit ces mots dans sa Chronique : " Libère, vaincu par les ennuis de l'exil, souscrivit à l'hérésie, et entra dans Rome en triomphateur ". Ce témoignage, qui paraît avoir une grande force, n'en a plus aucune, lorsque l'on considère que la Chronique a été écrite plus de trente ans après l'exil de Libère, et en Orient, où l'on répandait sur

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lundi, 23 septembre 2024 | Lien permanent

18 septembre. Saint Joseph de Copertino, de l'ordre des frères mineurs, confesseur. 1663.

- Saint Joseph de Copertino, de l'ordre des frères mineurs, confesseur. 1663.
 
Pape : Alexandre VII. Roi d'Espagne, roi des Deux Siciles : Philippe IV. Roi de France : Louis XIV. Empereur d'Autriche, roi de Hongrie : Léopold Ier.

" Si vous désirez mener une vie sainte, exercez-vous à l'humilité, sans laquelle toute sainteté de vie est impossible."
Saint Ephrem. De recta viv. rat.


Saint Joseph de Copertino.

Tandis qu'en France le jansénisme naissant reléguait Dieu par delà d'inexorables barrières, un humble fils du patriarche d'Assise montrait aux foules de l'Italie méridionale combien peu la terre est distante du ciel pour qui sait aimer. Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi, disait le Seigneur (Johan. XII, 32.).
 
De toutes les prophéties, ce fut la plus universelle ; les siècles l'ont vérifiée. Nous l'avons vu dans le domaine même des revendications politiques et sociales, au jour encore récent de l'Exaltation de la Croix sainte. Nous l'éprouverons jusque dans nos corps, au jour de la grande espérance dont il est dit que nous y serons ravis sur les nuées, à travers les airs, au-devant du Christ (I Thess. IV, 16.). Mais Joseph de Copertino n'attend pas la résurrection pour en faire la preuve : preuve de fait, dont les garants sont les innombrables témoins de cette vie d'extases aériennes qui se passe dans ce qu'on aime à nommer le plein jour de l'histoire.

Joseph naquit de parents pieux à Copertino, ville du territoire de Salente, au diocèse de Nardo, l'an du salut mil six cent trois. Prévenu de l'amour de Dieu, il y passa en grande simplicité et innocence de mœurs les années de l'enfance et de l'adolescence. La Vierge Mère de Dieu l'ayant délivré d'une opiniâtre et cruelle maladie patiemment supportée, il se donna tout entier à la pratique de la piété et des vertus.
 

Basilique Saint-Joseph de Copertino à Osimo. Marche.

Dieu l'appelait à une voie supérieure, et pour s'unir plus intimement à lui, il résolut de donner son nom à l'Ordre séraphique. Après divers incidents, ses désirs furent enfin exaucés au couvent de la Grotella des Mineurs Conventuels.

D'abord rangé parmi les frères lais pour son ignorance des lettres, une disposition d'en haut le fit ensuite admettre au nombre des clercs. En effet, notre Saint n'était pas satisfait de n'être que simple religieux ; il aspirait au sacerdoce. Ambition étrange, et, selon toute apparence, présomptueuse et insensée ! à peine savait-il lire, et de toute l'Écriture, il ne put jamais expliquer qu'un texte : l'Évangile des messes de la Sainte Vierge : “ heureuses entrailles qui Vous ont porté ".

Marie cependant, contente de l'amour de Son serviteur, le seconda dans ses desseins. Car, par une disposition merveilleuse de la Providence, dans tous ses examens, il ne fut jamais interrogé que sur cet évangile, qu'il avait si bien approfondi, et sur lequel il répondit de manière à satisfaire pleinement les examinateurs les plus exigeants. Cela fait de saint Joseph de Copertino l'un des saints majeurs auquel eurent longtemps recours les étudiants....

Après ses vœux solennels on l'éleva au sacerdoce au mois de mars 1628. Notre saint se sépara complètement du monde. Il recherchait les emplois les plus humbles du couvent, il pratiquait des austérités inouïes, ne mangeait que tous les 3 ou 4 jours, et cela avec tant de modération, qu'il était facile de voir que son corps même vivait d'une nourriture cachée, que les hommes ne connaissaient pas. En effet, son corps, aussi bien que son âme, était soutenu par la sainte Eucharistie ; et après la messe qu'il célébrait tous les jours, avec une grande dévotion, l'augmentation de force qu'il avait puisée dans la sainte communion se manifestait par l'animation de ses traits et la vigueur de sa démarche. Comme à saint François, les animaux lui obéissaient, les éléments étaient dociles à sa voix ; à son attouchement, les malades étaient guéris. En un mot, la nature semblait n'avoir plus de lois en présence des désirs de Joseph.


Reliquaire de saint Joseph de Copertino.
Eglise Saint-Médard de Saint-Médard-sur-Ille. Bretagne.

Brisant dès lors toutes les attaches du monde et se dépouillant pour ainsi dire du nécessaire même, il affligea son corps par les cilices, les chaînes, les disciplines, par tous les genres de châtiments et de tourments, tandis qu'il nourrissait assidûment son esprit des saintes douceurs de la prière dans la plus haute contemplation. Aussi la divine charité, qui dès le plus jeune âge était déjà répandue dans son cœur, prenait-elle en lui chaque jour d'admirables et tout extraordinaires accroissements.

L'ardeur de son très grand amour parut spécialement dans les très suaves extases qui l'emportaient vers Dieu et les ravissements prodigieux qui lui étaient ordinaires. Chose admirable ! si prononcée que fût l'extase, la seule obéissance le rappelait à lui aussitôt. Il se distinguait en effet par son zèle pour la pratique de cette vertu, ayant coutume de dire qu'elle le menait et ramenait comme un aveugle, et qu'il eût préféré mourir plutôt que de ne pas obéir.

La pauvreté du patriarche séraphique l'avait pour imitateur si fidèle que, près de mourir, il put en toute vérité déclarer à son supérieur qu'il n'avait rien à résigner comme font d'autres religieux. Mort donc au monde comme a lui-même, il manifestait dans sa chair la vie du Seigneur Jésus. Lui qui sentait en quelques-uns la honteuse odeur du vice impur, exhalait de son corps un parfum miraculeux ; c'était le signe de cette pureté resplendissante que, malgré les efforts prolongés de l'esprit immonde pour l'obscurcir, il avait conservée sans une tache, opposant à la violence des assauts une garde étroite de ses sens, une macération continuelle de son corps.

Mais cette victoire, il la devait encore à la particulière protection de la très pure Vierge Marie, qu'il avait coutume d'appeler sa mère, qu'il entourait en effet comme une très douce mère de sa vénération et des plus tendres sentiments de son cœur. Combien grand n'était pas son désir de la voir aussi vénérer par d'autres, pour qu'avec son patronage, comme il disait, ils trouvassent tous les biens !

Cette sollicitude du bienheureux provenait de sa très ardente charité pour le prochain ; le zèle des âmes qui le pressait lui faisait chercher par tous les moyens à procurer le salut de tous. Sa charité s'étendait aussi aux besoins des pauvres, des malades, des affligés de toutes sortes, qu'il soulageait autant qu'il était en lui. Il n'en excluait pas ceux qui le poursuivaient de reproches, d'injures, d'outrages de tout genre ; il les supportait avec cette même patience, cette même douceur, cette même affabilité joyeuse qu'on vit briller en lui au milieu des vicissitudes infinies de ces changements de résidence que lui imposèrent les supérieurs de l'Ordre ou la sainte Inquisition.
 

Lévitation de saint Joseph de Copertino. Nicola Bertuzzi. XVIIIe.
 
Pour lui, les lois de la pesanteur étaient suspendues, ou plutôt le centre qui l'attirait, ce n'était pas, comme pour nous pauvres misérables, la terre, mais le ciel. Aussi était-il souvent élevé, à la vue de ses Frères, à une distance considérable au sol, et là, il demeurait en contemplation, tout absorbé en Dieu. Chaque fois qu'on récitait en sa présence les Litanies de la Sainte Vierge, il s'élevait en l'air et allait embrasser l'image de la Mère de Dieu.

Ces transports aériens, ces vols dans l'espace furent si habituels à notre Saint que les actes du procès de canonisation en rapportent plus de soixante-dix survenus dans le seul territoire de Cupertino, aussi peut-on affirmer sans crainte, que durant la moitié peut-être de sa vie, ses pieds n'ont point touché le sol.

Non seulement les peuples, mais aussi les princes admiraient son éminente sainteté, ses dons surnaturels ; telle était cependant son humilité, que s'estimant un grand pécheur il priait Dieu instamment d'éloigner de lui les grâces extraordinaires, et suppliait les hommes de jeter son corps après trépas en un lieu où sa mémoire fût entièrement effacée.
 

Le corps incorrompu de saint Joseph de Copertino,
conservé dans la basilique d'Osimo.

Mais Dieu exalte les humbles : il avait durant la vie comblé son serviteur, l'enrichissant de la sagesse du ciel, de l'esprit de prophétie et de discernement des cœurs, de la puissance des miracles, de tous les dons ; il rendit aussi sa mort précieuse et son sépulcre glorieux.
 
Pour chasser les démons, il avait recours à trois armes peu conformes au rituel, mais efficaces : les Litanies de la Vierge, la feuille d’obédience que lui remettait son supérieur et le Répons de saint Antoine : " Si quæris miracula ". Il recommandait d’ailleurs cette prière, comme tout simple dévot, pour aider à retrouver objets ou animaux égarés.

 

Un jour, dans une ferme deux bœufs avaient disparu. Les bergers coururent aussitôt au couvent pour demander que l’on chante un Si quæris à saint Antoine pour les retrouver. Les Frères se rassemblèrent en cercle devant l’autel, tandis que Joseph se tenait seul dans le chœur, absorbé en extase. Se voyant découvert, il voulut s’enfuir, mais auparavant il dit aux bergers : " Les bœufs ne sont pas perdus : ils ont enfermé dans une masure à tel endroit ". Et c’est là que les bergers purent récupérer les bêtes volées.
 
Saint Joseph de Copertino mourut aux temps et lieu qu'il avait auparavant prédits, en la soixante et unième année de son âge, à Osimo dans le Picénum. Ses miracles continuant après sa mort de le mettre en lumière, Benoît XIV l'inscrivit dans les fastes des Bienheureux, Clément XIII dans ceux des Saints ; Clément XIV, qui était du même Ordre, en étendit l'Office et la Messe à toute l'Eglise.
 
PRIERE
 
" Nous louons Dieu pour les dons prodigieux qu'il daigna vous faire ; mais vos vertus sont merveilles plus grandes. Sans elles, les premiers demeuraient suspects à l'Eglise, à l'Eglise défiante encore, le plus souvent, lorsque depuis longtemps déjà le monde applaudit et admire.

L'obéissance, la patience, la charité croissant dans l'épreuve, donnèrent en vous leur cachet d'authenticité divine incontestable à ces faits extraordinaires, dont une contre-façon grimaçante ne dépasse pas le pouvoir naturel de l'ennemi.

Satan peut promener Simon dans les airs ; il ne saurait faire un homme humble. Digne fils du séraphin d'Assise, puissions-nous à votre suite nous envoler, non par les airs, mais dans les régions de la lumière véritable où, loin de la terre et de ses passions, notre vie soit cachée comme la vôtre avec le Christ en Dieu
(Collecte et Ant. propres de la fête. Col. III, 3)."

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mercredi, 18 septembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (3)

17 septembre. Sainte Hildegarde de Bingen, vierge et abbesse du Mont Saint-Rupert. 1179.

- Sainte Hildegarde de Bingen, vierge et abbesse du Mont Saint-Rupert. 1179.

Pape : Alexandre III. Empereur d'Allemagne : Frédéric Barberousse. Roi de France : Louis VII le Jeune.

" L'espérance est comme l'oeil de la charité, l'amour céleste est comme son coeur, et l'abstinence comme leur liaison."
Sainte Hildegarde.

Sainte Hildegarde. Gravure. Angleterre. XVIIIe.

Sainte Hildegarde naquit en 1098, à Bickelnheim, bourg d'Allemagne, au comte, de Spanheim. Son père, qui se nommait Hildebert, et sa mère, appelée Melchtide, tous deux considérables par leur noblesse et par leurs grands biens, ayant reconnu, par plusieurs indices, qu'elle était appelée à une singulière familiarité avec Dieu, et que toutes ses inclinations la portaient au seul amour de Jésus-Christ et au mépris du monde, la mirent, dès l'âge de huit ans, sous la conduite d'une sainte vierge, nommée Jutte, qui lui donna l'habit de l'Ordre de Saint-Benoît. Cette illustre fille, qui était sœur de Méginhard, comte de Spanheim, à la cour duquel vivait Hildebert, demeurait recluse dans un ermitage, sur le mont de Saint-Disibode. Elle eut un soin extraordinaire pour l'élever dans l'innocence et dans l'humilité et, pour toute science, elle lui apprit les psaumes de David, afin qu'elle pût les réciter et les chanter à la louange de Dieu.

Hildegarde protita admirablement à une si sainte école, et, par les progrès qu'elle fit dans la vertu aussi bien que par les lumières divines qu'elle recevait sans cesse du ciel, elle se confirma dans le dessein de ne rechercher que les choses célestes. Mais Dieu, pour l'épurer encore davantage et éprouver sa fidélité, lui envoya de grandes maladies ; car elle était dans une langueur continuelle accompagnée de douleurs très aiguës. Rarement elle pouvait marcher, et son corps devint si exténué, qu'elle n'était plus qu'un squelette et une image de la mort. Cependant, plus elle s'affaiblissait extérieurement, plus son esprit se fortifiait par les intimes communications qu'elle avait avec Dieu ; de sorte que la chaleur ne semblait se retirer de ses membres que pour échauffer de plus en plus son cœur et augmenter la ferveur de son amour pour Jésus-Christ.

Comme elle était ainsi uniquement appliquée à Dieu, auquel seul elle tâchait de se rendre agréable, elle entendit une voix divine qui lui commanda de mettre à l'avenir par écrit toutes les choses qu'on lui ferait connaître. Le délai qu'elle apporta à obéir à cet ordre du ciel, de peur de n'être pas approuvée des hommes, fut cause que sa maladie redoubla. L'inquiétude où elle se trouva là-dessus l'obligea d'avoir recours à un religieux elle lui découvrit le sujet de son infirmité et le commandement qu'elle avait reçu et, par le conseil qu'il lui donna, après avoir proposé l'affaire à son abbé et à d'autres personnes spirituelles, elle fut entièrement déterminée à suivre cette céleste inspiration. Dès qu'elle se fut mise en devoir de commencer, ses forces lui revinrent tout à coup et quoiqu'elle n'eût jamais appris à écrire, elle fit un livre des visions et des révélations qu'elle avait eues jusqu'alors, et le mit entre les mains de l'abbé pour l'examiner.

Il ne se fia point à son propre jugement dans une matière si délicate et si importante mais il alla à Mayence pour en conférer avec l'archevêque et les savants de son Eglise. De là il alla à Trèves, où il sut que le pape Eugène III s'était rendu après le concile de Reims, auquel il avait présidé. Ce Pape, pour ne rien décider sans une mûre délibération, envoya vers Hildegarde l'évêque de Verdun avec d'autres personnes fort éclairées, afin d'examiner par quel esprit elle avait découvert tant de merveilles. Ils rapportèrent que l'humilité et la simplicité de la Sainte étaient des marques assurées qu'elle n'était conduite que par l'Esprit de Dieu ainsi il lut lui-même ces divins écrits en présence d'Adalbéron, archevêque de Trèves, des cardinaux et de tout le clergé, et il n'y eut personne de cette savante compagnie qui ne fût ravi de leur solidité, et qui ne bénît la bonté de Dieu de s'être communiqué d'une manière si rare et si admirable a une simple fille. Saint Bernard, abbé de Clairvaux, qui était de l'assemblée, représenta au Pape qu'il ne devait pas laisser dans l'obscurité une personne à qui Dieu communiquait tant de belles lumières, mais qu'il devait employer son autorité pour confirmer ce qu'elle avait déjà dicté, et pour l'exciter à continuer d'écrire des choses semblables. Eugène, acquiesçant à ce sentiment, lui écrivit une lettre pour l'exhorter à recueillir soigneusement toutes les choses que le Saint-Esprit lui révélerait ; et, afin de l'autoriser davantage, il en écrivit une autre à l'abbé et aux religieux, pour leur faire savoir la bonne opinion qu'il avait de la sainte recluse.

L'abbé Trithème dit que saint Bernard alla la voir lui-même pour avoir le bonheur de l'entretenir ; qu'il en fut pleinement satisfait, confessa hautement qu'elle était inspirée de Dieu, l'exhorta a la persévérance, la fortifia dans les voies de son attrait, et lia même avec elle une sainte amitié, qu'il entretint par plusieurs lettres qu'il les lui écrivit, soit pour la consoler dans les continuelles maladies dont elle était attaquée, soit pour lui donner les instructions qu'il jugeait lui être nécessaires dans la conduite extraordinaire que la divine Providence gardait sur elle. Mais le P. Stilting, au tome V de septembre des Acta sanctorum, a démontré que ce fait était tout à fait faux.

Sainte Hildegarde écrivant ses visions. Livre des Scivias,
dans lequel sont rassemblées ses principales visions. XIIIe.

Cette enquête ordonnée par le Pape, et suivie d'une approbation si authentique, répandit partout le bruit de la sainteté d'Hildegarde l'odeur de ses vertus lui attira bientôt après un grand nombre de personnes, qui vinrent la consulter sur les difficultés de leur conscience, sur les moyens de faire leur salut et d'avancer dans la perfection. Plusieurs jeunes. Elles lui demandèrent l'habit religieux, et il s'en présenta un si grand nombre que son ermitage, dont sainte Jutte l'avait laissée supérieure, ne pouvant les contenir toutes, elle fut obligée d'en faire bâtir un plus spacieux. Le mont de Saint-Robert ou Rupert (près de Bingen), ainsi appelé parce qu'il était du domaine de ce saint duc, et qu'il y avait saintement fini ses jours avec la bienheureuse Berthe, sa mère, et saint Guibert, confesseur, fut le lieu de cette nouvelle retraite, qui lui fut montré divinement dans une vision.

Le comte Méginhard, dont la fille, nommée Hiltrude, s'était faite religieuse sous la conduite de notre Sainte, lui en fit la donation, après l'avoir acheté des chanoines de Mayence et du comte de Hildesheim, dont il dépendait. L'abbé et les religieux eurent bien de la peine à consentir qu'elle quittât leur voisinage; ils s'y opposèrent quelque temps mais elle tomba dans une langueur surnaturelle qui la réduisit à ne pouvoir plus se remuer ; cela lui arrivait ordinairement lorsqu'on l'empêchait d'exécuter les ordres qu'elle recevait du ciel, ou qu'elle dilférait elle-même de le faire tandis que, quand elle se mettait en état de s'y conformer, et qu'on ne la contrariait plus, ses forces lui revenaient tout à coup. L'abbé lui permit donc de se rendre au nouveau monastère de Saint-Rupert alors elle se leva de son lit, comme si elle n'eût point été malade, et s'y rendit. Ce changement causa autant de douleur aux personnes qu'elle quittait, qu'il apporta de joie à celles qu'elle allait honorer de sa présence.

Dieu continua, dans cette nouvelle demeure, de l'éclairer de ses lumières célestes. Il serait impossible d'expliquer par d'autres paroles que par les siennes de quelle manière elle les recevait ; voici ce qu'elle en dit dans une lettre à un religieux de Gemblac :
" Je suis toujours pénétrée d'une sainte frayeur, parce que je ne reconnais en moi aucun pouvoir de faire le bien mais j'étends vers Dieu mes mains comme deux ailes, et, le vent de sa grâce soufflant au milieu, je me sens puissamment soutenue de sa force divine. Depuis mon enfance jusqu'à présent, que j'ai soixante-dix ans, j'ai sans cesse dans mon esprit cette vision il me semble que je suis élevée jusqu'au firmament et que je me répands dans l'air vers les régions fort éloignées, et, en cet état, je vois dans mon âme de grandes merveilles qui me sont manifestées; je ne les vois point des yeux du corps je ne les entends point de mes oreilles je ne les découvre point par aucun de mes sens, non pas même par les pensées de mon cœur, ni par des extases, car je n'en ai jamais eu mais, ayant les yeux ouverts et étant parfaitement éveillée, je les vois clairement, jour et nuit, dans le plus profond de mon âme."

Il ne faut pas s'étonner si, dans cette heureuse disposition, elle avait tant de facilité à mettre par écrit toutes les choses que le Saint-Esprit lui révélait, non seulement dans l'ordre naturel, mais aussi dans l'ordre surnaturel.

Sainte Hildegarde composa nombre de pièces musicales sacrées.

Cet état de contemplation continuelle ne l'empêchait point de s'acquitter des fonctions de la vie active et de travailler, autant qu'il lui était possible, au salut des âmes. Elle écoutait les personnes qui venaient la trouver, pénétrait le fond de leur conscience et leur donnait toujours des avis salutaires et conformes à la situation de leur cœur. Elle répondait aux autres qui la consultaient par lettres. Le religieux Wilbert lui proposa trente questions très-épineuses, qu'elle résolut par des lumières si profondes et si sublimes, qu'on ne peut lire cet écrit sans admiration. A l'instance de l'abbé et des religieux de Saint-Disibode, elle écrivit la vie de ce saint confesseur, et, à la prière de quelques autres, elle fit celle de saint Rupert.

Elle composa sur tous les évangiles de l'année des homélies dont la lecture fait voir qu'elle ne parlait que par l'inspiration divine. Elle expliqua particulièrement l'Evangile de saint Jean dont les mystères sont incompréhensibles aux plus grands génies. Elle écrivit plus de deux cent cinquante lettres pour exhorter diverses personnes à des actes héroïques de vertu. Elle y découvre, par un don singulier de Dieu, les secrets de leur intérieur, et y donne des instructions convenables à leur état. Celles qu'elle adressa aux archevêques de Trèves, de Mayence et de Cologne contiennent plusieurs prédictions sur les calamités qui devaient arriver dans le monde.

En un mot, il n'y eut point de personnes considérables de son temps à qui elle ne donnât des conseils tout divins. Elle écrivit à Eugène III, à Anastase IV, à Adrien IV et à Alexandre III, souverains pontifes aux empereurs Conrad III et Frédéric Ier ; aux évêques de Bamberg, de Spire, de Worms, de Constance, de Liége, de Maëstricht, de Prague et de toute la Germanie ; à l'évêque de Jérusalem, à plusieurs prélats de France et d'Italie à un grand nombre d'abbés ; à sainte Elisabeth de l'Ordre de Cîteaux ; à une quantité de prêtres, de théologiens et de philosophes de l'Europe ; toutes ces épîtres sont remplies de mystères et de secrets que le Saint-Esprit lui avait révélés, et les réponses de tant de grands hommes ont été conservées au monastère de Saint-Rupert.

Elle parcourut plusieurs villes d'Allemagne pour annoncer aux ecclésiastiques et au peuple des choses que Dieu lui avait ordonné de leur manifester. Les plus pauvres avaient part à ses lumières, aussi bien que les puissants du siècle elle ne leur refusait point des lettres de consolation, quand ils lui en demandaient, et, par ses prières, elle obtenait pour eux les grâces dont ils avaient besoin dans leurs maladies, leurs misères et leurs afflictions.

Sainte Hildegarde bénissant ses religieuses. Manuscrit du XIIIe.

Elle convainquit des Juifs qui la vinrent interroger sur la loi et les Prophètes, et leur prouva que le mystère de l'Incarnation, qu'ils attendaient encore, était accompli. Elle connaissait le cœur de ceux qui venaient à elle par un esprit do curiosité, et leur disait des vérités si touchantes, qu'ils changeaient aussitôt de sentiment. Elle donnait des remèdes aux personnes qui la consultaient sur leurs maladies corporelles ou spirituelles. Elle avait souvent des révélations touchant le salut ou la damnation de ceux qui venaient la visiter. Elle voyait la gloire à laquelle les uns devaient être élevés dans le ciel, et les peines que d'autres devaient souffrir dans les enfers. Elle se servait utilement de ce discernement des esprits et des consciences pour gouverner ses religieuses. Elle prévenait leurs petits différends, leur tristesse dans leur vocation, leur paresse et leur lâcheté dans leurs fonctions régulières. Tout ce qu'elle disait était accompagné de tant de douceur et d'onction, que l'on ne pouvait résister aux impressions qu'elle faisait jusque dans. le plus intime des âmes.

Mais, quoique Notre Seigneur Jésus-Christ favorisât sa bien-aimée Hildegarde par des grâces si extraordinaires et des bénédictions si abondantes, et qu'il l'honorât presque continuellement de ses saintes visites, il ne laissa pas de permettre qu'elle fût extrêmement persécutée et affligée de plusieurs manières. Elle eut des maladies que l'on peut dire avoir été au-dessus de la nature. Elle fut une fois trente jours dans un état si pitoyable, que l'on ne savait si elle était morte, ou si son âme animait encore ses membres, tant ils paraissaient desséchés et raides. D'autres fois son corps était réduit à une telle faiblesse, qu'on n'osait pas même le toucher, de crainte de la faire mourir. Tantôt il était flétri et comme gelé, tantôt il était tout en feu par l'ardeur des fièvres violentes qui la tourmentaient. C'était néanmoins dans ces cuisantes douleurs qu'elle avait les plus belles visions et que Dieu lui communiquait de plus grandes lumières.

Nous avons déjà remarqué que son mal augmentait visiblement lorsqu'elle n'exécutait pas promptement ce qui lui était prescrit dans ses révélations. Un jour, elle devint aveugle pour n'avoir pas manifesté une chose qu'elle avait eu ordre de déclarer, et elle ne recouvra la vue qu'après y avoir satisfait. Elle souffrit aussi beaucoup de la part des démons, qui employèrent tous leurs artifices pour lui ravir son humilité, pour ébranler sa patience et pour lui faire perdre sa confiance en Jésus-Christ. Ils l'attaquèrent par d'horribles tentations de blasphème et par des pensées de désespoir. Ils se mêlèrent, par permission divine, dans ses maladies, et la traitèrent, sans pourtant toucher à son âme, avec toute la cruauté que leur rage leur put suggérer ; mais elle eut la consolation de voir des anges destinés pour la défendre contre leur fureur. Elle vit plusieurs fois un chérubin, avec un glaive de feu à la main, qui les chassait de sa présence et les obligeait de se retirer dans les enfers. Elle voyait souvent ces esprits de ténèbres dans des furies effroyables, de ce qu'au lieu de remporter la moindre victoire sur sa faiblesse, elle triomphait toujours de leur malice et s'en servait pour s'unir davantage à son Dieu.

Ruines du cloître du monastère du mont Saint-Disibode.

Aussi, ce ne furent point là les plus sanglantes persécutions qu'elle souffrit, quoiqu'elles paraissent si terribles les traits des langues médisantes lui furent bien sensibles, parce qu'elles combattaient les faveurs insignes qu'elle recevait de son Epoux. Elle était honorée, applaudie et approuvée de la manière que nous avons dite cependant la Providence permit encore au démon de susciter plusieurs personnes qui lui causèrent d'étranges peines intérieures. Les uns doutaient si ces révélations n'étaient pas plutôt des illusions que des inspirations divines. Les autres disaient hautement qu'elle était trompée et séduite, et, qu'au reste, ce n'était point à une fille simple, ignorante et sans lettres, à se mêler de composer des ouvrages de piété que ses prétendues familiarités avec le Saint-Esprit n'étaient que des imaginations creuses que les visions qu'elle débitait ne devaient passer que pour des idées chimériques, sans aucun fondement valable, et qu'enfin il fallait l'empêcher de parler, au lieu de la consulter comme un oracle. Quelques-unes même de ces religieuses se laissèrent emporter au murmure contre elle, se plaignant de son exactitude, comme trop scrupuleuse, à leur faire garder les observances régulières, et lui reprochant que, par une rêverie plutôt que par une vision, elle les avait retirées du mont de Saint-Disibode, où rien ne leur manquait, et qui était la demeure du monde la plus agréable, pour les transférer sur la colline de Saint-Rupert, lieu malsain et marécageux à cause du voisinage de la rivière de Naha, qui se décharge dans le Rhin, et où elles manquaient de toutes choses.

Mais Hildegarde demeura toujours ferme, constante et tranquille au milieu de ces tempêtes. Et si elles furent assez violentes pour la toucher à leur début, elles n'eurent jamais la force de l'abattre, ni même de l'ébranler. Comme elle ne s'était pas élevée lorsqu'on lui avait donné des louanges, elle ne se laissa pas abattre quand elle se vit calomniée. Elle regarda cette adversité du même œil qu'elle avait envisagé la prospérité, adorant sans cesse en l'une et en l'autre la divine Providence, de laquelle seule elle attendait tout son secours. Aussi Dieu, prenant sa défense en main, la mit au-dessus de l'envie il fit paraître son innocence avec éclat, châtia ses persécuteurs et les obligea de reconnaître leur faute enfin, il montra, par plusieurs merveilles, qu'elle ne faisait et n'avait rien fait que par le mouvement et la conduite de son Esprit-Saint.

Elle guérit plusieurs malades qui implorèrent, son assistance, délivra un enfant de sept mois d'

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mardi, 17 septembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (4)

19 septembre. Notre Dame de la Salette à Mélanie Calvat et Maximin Giraud. 1846.

- Notre Dame de la Salette. Son apparition à Mélanie Calvat et Maximin Giraud. 1846.

Papes : Grégoire XVI (+ juin 1846) ; Pie IX. " Roi des Français " : Louis-Philippe. Reine d'Espagne : Isabelle II. Empereur d'Autriche, roi de Hongrie : Ferdinand Ier. Roi des Deux Siciles : Ferdinand II.

" Rome perdra sa foi et deviendra le siège de l'Antéchrist."
" L'Eglise sera éclipsée, le Monde sera dans la consternation."
" Dieu sera servi et glorifié."

Paroles de Notre Dame à Mélanie Calvat et à Maximin Giraud à La Salette.


Notre Dame pleure... Statue de Notre Dame à La Salette.
Réalisée telle qu'elle fut décrite par Mélanie
lorsque Notre Dame lui révéla son secret.
 

La Salette vue du Ciel.

Le 19 septembre 1846, l'auguste Vierge Marie apparaissait dans le diocèse de Grenoble, sur la montagne de La Salette qui domine le village de La Salette de plus de 2500 pieds.

Comme témoins de son apparition, Marie choisit deux petits bergers qui ne se connaissaient que depuis la veille : Maximin Giraud âgé de onze ans et Mélanie Calvat âgée de quatorze ans. Maximin a raconté l'apparition comme il suit.

" Il est midi. Assis au sommet de la montagne, Mélanie et moi faisons notre frugal repas... quand tout à coup, Mélanie s'arrête, son bâton lui échappe des mains. Effrayée, elle se tourne vers moi en disant :
" Vois-tu là-bas cette grande lumière ?
- Oui, je la vois."


Cette lumière devant laquelle celle du soleil semble pâlir, paraît s'entr'ouvrir, et nous distinguons dans son intérieur la forme d'une Dame encore plus brillante... Quoiqu'à une distance de vingt mètres environ, nous entendons une voix douce disant :
" Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur. Je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle."


Statue de Mélanie Calvat à la Salette.

La crainte respectueuse qui nous avait tenus en arrêt s'évanouit, nous courons à Elle. La belle Dame s'avance aussi, et suspendue en face de nous, à dix centimètres du sol, commence ainsi son discours :

" Si mon peuple ne veut pas se soumettre, Je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis le retenir. Depuis si longtemps que je souffre pour vous autres ; si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de Le prier sans cesse et vous n'en faites pas cas.

Vous aurez beau prier, beau faire, vous ne pourrez récompenser la peine que j'ai prise pour vous ! J'ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l'accorder ; c'est cela qui appesantit tant le bras de mon Fils. Aussi ceux qui mènent les charrettes ne savent plus jurer sans y mettre le nom de mon Fils : ce sont ces deux choses qui appesantissent tant Son bras. Si la récolte se gâte ce n'est qu'à cause de vous autres...

Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les bras des personnes qui les tiendront. Les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront mauvaises et les raisins pourriront."


Statue de Maximin Giraud à la Salette.

Puis, continue Maximin, Elle nous demanda :
" Faites-vous bien vos prières mes enfants ?"
Tous les deux nous répondîmes d'une seule voix :
" Non, madame, pas guère.
- Ah ! Mes enfants, il faut bien la faire, soir et matin. Quand vous n'aurez pas le temps, récitez au moins un Pater et un Ave Maria, et si vous en avez le temps, il faut en dire davantage...
Il ne va que quelques femmes âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche, tout l'été, et l'hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe rien que pour se moquer de la religion. Le Carême, ils vont à la boucherie comme les chiens..."

Elle termina Son discours par ces mots prononcés en français :
" Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple !"

Immobiles comme des statues, les yeux fixés sur la belle Dame, nous la voyions glisser sur la cime de l'herbe sans la faire fléchir... Là, en notre présence, Elle s'éleva insensiblement, resta quelques minutes entre le ciel et la terre, à une hauteur de deux mètres. Puis, la tête et le corps se confondirent avec la lumière qui l'encadrait. Nous ne vîmes plus qu'un globe de feu s'élever dans le firmament...


Statues de Notre Dame s'adressant à Mélanie Calva
et à Maximin Giraud à la Salette.

Notre Dame dit un secret à Mélanie seule (et un autre à Maximin seul), qu'elle était autorisée à dire seulement à partir de 1858 :
" Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les Saints Mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté.

Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes. Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils !

Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent vengeance, et voilà que la vengeance est à leur porte, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple ; il n'y a plus d'âmes généreuses, il n'y a plus personne digne d'offrir la Victime sans tache à l'Eternel en faveur du Monde.

Dieu va frapper d'une manière sans exemple.

Malheur aux habitants de la Terre ! Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis.

Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le Démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux Diable traînera avec sa queue pour les faire périr.

Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles ; on souffrira des peines physiques et morales : Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes et enverra des châtiments qui se succéderont pendant plus de trente-cinq ans.

La société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands événements ; on doit s'attendre à être gouverné par une verge de fer et à boire le calice de la colère divine.

Que le Vicaire de mon Fils, le Souverain Pontife Pie IX, ne sorte plus de Rome après l'année 1859 ; mais qu'il soit ferme et généreux, qu'il combatte avec les armes de la foi et de l'amour ; je serai avec lui. Qu'il se méfie de Napoléon ; son cœur est double, et quand il voudra être à la fois pape et empereur, bientôt Dieu se retirera de lui : il est cet aigle qui, voulant toujours s'élever, tombera sur l'épée dont il voulait se servir pour obliger les peuples à se faire élever.

L'Italie sera punie de son ambition en voulant secouer le joug du Seigneur des Seigneurs ; aussi elle sera livrée à la guerre, le sang coulera de tous les côtés ; les églises seront fermées ou profanées.

Les prêtres, les religieux seront chassés ; on les fera mourir, et mourir d'une mort cruelle. Plusieurs abandonneront la foi, et le nombre des prêtres et des religieux qui se sépareront de la vraie religion, sera grand ; parmi ces personnes, il se trouvera même des évêques.

Que le Pape se tienne en garde contre les faiseurs de miracle, car le temps est venu où les prodiges les plus étonnants auront lieu sur la Terre et dans les airs.

En l'année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l'Enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les aveugleront d'une telle manière, qu'à moins d'une grâce particulière, ces personnes prendront l'esprit de ces mauvais anges ; plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d'âmes.

Les mauvais livres abonderont sur la Terre et les Esprits des Ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ; ils auront un très grand pouvoir sur la nature ; il y aura des Eglises pour servir ces Esprits. Des personnes seront transportées d'un lieu à un autre par ces Esprits mauvais, et même des prêtres, parce qu'ils ne seront pas conduits par le bon esprit de l'Evangile, qui est un esprit d'humilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu.

On fera ressusciter des morts et des justes (c'est-à-dire que ces morts prendront la figure des âmes justes qui avaient vécu sur la Terre afin de mieux séduire les hommes ; ces soi-disant morts ressuscités, qui ne seront autre chose que le Démon sous ces figures, prêcheront un autre Evangile contraire à celui du vrai Jésus-Christ, niant l'existence du Ciel, soit encore, les âmes des damnés. Toutes ces âmes paraîtront comme unies à leurs corps).

Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s'est éteinte et que la fausse lumière éclaire le Monde.

Malheur aux Princes de l'Eglise qui ne seront occupés qu'à entasser richesses sur richesses, qu'à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil ! Le Vicaire de mon Fils aura beaucoup à souffrir, parce que pour un temps, l'Eglise sera livrée à de grandes persécutions : ce sera le temps des Ténèbres ; l'Eglise aura une crise affreuse.

La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables.
On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds ; on ne verra qu'homicide, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie ni pour la famille.

Le Saint Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusqu'à la fin pour recevoir son sacrifice. Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours ; mais ni lui, ni son successeur… ne verra le triomphe de l'Eglise de Dieu.

Dans l'année 1865, on verra l'abomination dans les lieux saints ; dans les couvents, les fleurs de l'Eglise seront putréfiées et le Démon se rendra comme le roi des cœurs.

Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu'ils doivent recevoir, parce que le Démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et l'amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la Terre.

Evénements prochains

La France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre seront en guerre ; le sang coulera dans les rues ; le Français se battra avec le Français, l'Italien avec l'Italien ; ensuite il y aura une guerre générale qui sera épouvantable.

Pour un temps, Dieu ne se souviendra plus de la France, ni de l'Italie parce que l'Evangile de Jésus-Christ n'est plus connu.

Les méchants déploieront toute leur malice ; on se tuera, on se massacrera mutuellement jusque dans les maisons.

Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la nature entière trembleront d'épouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des Cieux.

Paris sera brûlée et Marseille engloutie ; plusieurs grandes villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre ; on croira que tout est perdu ; on ne verra qu'homicide, on n'entendra que bruits d'armes et que blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup ; leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu'au Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et demandera mon aide et mon intercession.

Alors, Jésus-Christ, par un acte de sa justice et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses ennemis soient mis à mort.

Tout à coup, les persécuteurs de l'Eglise de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront, et la Terre deviendra comme un désert.

Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout.

Les nouveaux rois seront le bras droit de la Sainte Eglise, qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ.

L'Evangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce qu'il y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu.

Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue : vingt-cinq ans d'abondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause de toutes les peines qui arrivent sur la Terre.

Evénements lointains

Un avant-coureur de l'Antéchrist, avec ses troupes de plusieurs nations combattra contre le vrai Christ, le seul Sauveur du Monde ; il répandra beaucoup de sang et voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un dieu. La Terre sera frappée de toutes sortes de plaies (outre la peste et la famine qui seront générales) ; il y aura des guerres jusqu'à la dernière guerre qui sera alors faite par les dix rois de l'Antéchrist, lesquels rois auront tous un même dessein et seront les seuls qui gouverneront le Monde.

Avant que ceci arrive, il y aura une espèce de fausse paix dans le Monde ; on ne pensera qu'à se divertir ; les méchants se livreront à toutes sortes de péchés ; mais les enfants de la Sainte Eglise, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs, croîtront dans l'amour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères.

Heureuses les âmes humbles, conduites par l'Esprit Saint ! Je combattrai avec elles jusqu'à ce qu'elles arrivent à la plénitude de l'âge.

La nature demande vengeance pour les hommes et elle frémit d'épouvante dans l'attente de ce qui doit arriver à la Terre souillée de crimes.

Tremblez, Terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ, et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes ; tremblez, car Dieu va vous livrer à son ennemi parce que les lieux saints sont dans la corruption : beaucoup de couvents ne sont plus les maisons de Dieu, mais les pâturages d'Asmodée et des siens.

Ce sera pendant ce temps que naîtra l'Antéchrist, d'une religieuse hébraïque, d'une fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de l'impureté ; son père sera évêque. En naissant, il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot ce sera le Diable incarné ; il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que d'impuretés.

Il aura des frères qui, quoiqu'ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants de mal ; à douze ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires qu'ils remporteront ; bientôt, ils seront chacun à la tête des armées, assistés par des légions de l'Enfer.

Les saisons seront changées, la terre ne produira que de mauvais fruits, les astres perdront leurs mouvements réguliers, la lune ne reflétera qu'une faible lumière rougeâtre ; l'eau et le feu donneront au globe de la Terre des mouvements convulsifs et d'horribles tremblements de terre qui feront engloutir des montagnes, des villes…


Rome perdra la foi et deviendra le siège de l'Antéchrist.

Les démons de l'air avec l'Antéchrist feront de grands prodiges sur la terre et dans les airs et les hommes se pervertiront de plus en plus.

Dieu aura soin de ses fidèles serviteurs et des hommes de bonne volonté ; l'Evangile sera prêché partout ; tous les peuples et toutes les nations auront connaissance de la vérité !

J'adresse un pressant appel à l

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jeudi, 19 septembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)

21 septembre. Saint Matthieu, Apôtre, Evangéliste, martyr. Ier siècle.

- Saint Matthieu, Apôtre, Evangéliste, martyr. Ier siècle.

Pape : Saint Pierre. Empereur romain : Néron.

" Je reconnais la sainteté du bienheureux Matthieu dans l'abandon qu'il fait de tous ses biens, dans sa prompte obéissance à Jésus, dans son zèle à imiter son maître, dans l'hospitalité qu'il exerce envers lui, dans la confession qu'il lui fait de ses fautes."
Saint Thomas d'Aquin.


Saint Matthieu. Plaque de cuivre de Croix de procession.
XIIe. Aix-La-Chapelle.

A la suite de l'Aigle et du Lion levés les premiers au ciel de la sainte Liturgie, l'Homme paraît, en attendant que se complète, au mois prochain, le glorieux quadrige promenant le char de Dieu par le monde, entourant son trône dans les deux. Etres mystérieux, aux six ailes de séraphins, dont les yeux sans nombre fixent l'Agneau debout sur le trône et comme immolé, dont la voix répète jour et nuit : " Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, et qui est, et qui doit venir !" Jean les voit donnant le signal de l'acclamation des élus au Créateur et Rédempteur ; et quand toute créature, au ciel, sur la terre, sous la terre, a reconnu prosternée les titres de l'Agneau vainqueur à la divinité, à la gloire, à l'empire dans les siècles sans fin, c'est encore eux qui scellent de leur témoignage pour l'éternité l'hommage du monde, disant : Amen ! il est ainsi !

Il est donc grand et tout insigne l'honneur des Evangélistes. Matthieu, le donné, mérita son beau nom du jour où, à la parole de Jésus : " Suis-moi ! ", il se leva et le suivit ; mais le don de Dieu au publicain des bords du lac de Tibériade dépassa celui qu'il faisait lui-même. Le Très-Haut, dont les regards atteignent d'au delà des cieux Ce qu'il y a de plus bas sur la terre, aime à choisir parmi les humbles les princes de son peuple. Au plus bas rang social, Lévi l'était par sa profession, décriée du Juif, méprisée du Gentil ; mais plus humble encore apparut-il en son cœur, lorsque, n'imitant pas la délicate réserve à son endroit des autres narrateurs sacrés, il inscrivit devant l'Eglise son titre honni d'autrefois à côté de celui d'Apôtre.

Vocation de saint Matthieu. Le Caravage. XVIIe.

C'était relever la miséricordieuse magnificence de Celui qui est venu pour guérir les malades et non les forts, pour appeler, non les justes, mais les pécheurs ; c'était, en exaltant l'abondance de ses grâces, en provoquer la surabondance : Matthieu fut appelé à écrire le premier Evangile. Sous le souffle de l'Esprit, il écrivit, dans cette inimitable simplicité qui parle au cœur, l'Evangile du Messie attendu d'Israël et que les Prophètes avaient annoncé ; du Messie docteur et sauveur de son peuple, descendant de ses rois, roi lui-même de la fille de Sion ; du Messie enfin venu, non pour détruire la Loi, mais pour la conduire au plein épanouissement de l'alliance universelle et éternelle.

Vie de saint Matthieu. Résurrection du fils du roi, confondant les
magiciens, martyre. Vies de saints. J. de Vignay. XVe.

Ce fut à l'occasion du banquet offert par la simplicité de sa reconnaissance au bienfaiteur divin, qu'on entendit Jésus, prenant la défense de Lévi autant que la sienne, répondre au scandale qu'y cherchaient plusieurs : Est-ce que les fils de l'Epoux peuvent gémir, tant que l'Epoux est avec eux ? Mais viendront des jours où l'Epoux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.

Clément d'Alexandrie atteste par la suite, en effet, l'austérité de l'Apôtre qui ne vivait que de légumes et de fruits sauvages. Mais la Légende nous dira aussi son zèle pour Celui qui s'était si suavement révélé à son cœur, sa fidélité à lui garder les âmes enivrées du vin qui fait germer les vierges. Ce fut son martyre ; le témoignage du sang fut pour lui d'affirmer les devoirs et les droits de la virginité sainte.
Aussi, jusqu'à la fin des temps, l'Eglise, consacrant ses vierges, reprendra pour chacune la bénédiction qu'il prononça sur l'Ethiopienne, et que le sang de l'Apôtre-Evangéliste a pénétrée de sa vertu pour jamais.

Saint Matthieu eut deux noms, Matthieu et Lévi. Matthieu veut dire don hâtif, ou bien donneur de conseil. Ou Matthieu vient de magnus, grand, et Theos, Dieu, comme si on disait grand à Dieu, ou bien de main et de Theos, main de Dieu. En effet il fut un don hâtif puisque sa conversion fut prompte. Il donna des conseils par ses prédications salutaires. II fut grand devant Dieu par la perfection de sa vie, et il fut la main dont Dieu se servit pour écrire son Evangile. Lévi veut dire, enlevé, mis, ajouté, apposé. Il fut enlevé à son bureau d'impôts, mis au nombre des apôtres, ajouté à la société des Evangélistes, et apposé au catalogue des martyrs.

Saint Matthieu, apôtre, prêchait en Ethiopie dans une ville nommée Nadaber, où il trouva deux mages Zaroïs et Arphaxus qui ensorcelaient les hommes par de tels artifices que tous ceux qu'ils voulaient paraissaient avoir perdu la santé avec l’usage de leurs membres. Ce qui enfla tellement leur orgueil qu'ils se faisaient adorer comme des dieux par les hommes.


Saint Matthieu devant l'idole et les magiciens.
Vies de saints. R. de Monbaston. XIVe.

L'apôtre Matthieu étant entré dans cette ville, où il reçut l’hospitalité de l’eunuque de la reine de Candace baptisé par Philippe (Actes), découvrait si adroitement les prestiges de ces mages qu'il changeait eu bien le mal qu'ils faisaient aux hommes.

Or, l’eunuque, ayant demandé à saint Matthieu comment il se faisait qu'il parlât et comprit tant de langages différents, Matthieu lui exposa qu'après la descente du Saint-Esprit, il s'était trouvé posséder la science de toutes les langues, afin que, comme ceux qui avaient essayé par orgueil d'élever une tour jusqu'au ciel, s'étaient vus forces d'interrompre leurs travaux par la confusion des langues, de même les Apôtres, par la connaissance de tous les idiomes, construisissent, non plus avec des pierres, mais avec des vertus, une tour au moyen de laquelle tous ceux qui croiraient pussent monter au ciel.


Bas-relief représentant saint Matthieu rédigeant
l'Evangile sous la conduite de l'ange. XIIIe.

Alors quelqu'un vint annoncer l’arrivée des deux mages accompagnés de dragons qui, en vomissant un feu de soufre par la gueule et par les naseaux, tuaient tous les hommes. L'Apôtre, se munissant du signe de la croix, alla avec assurance vers eux. Les dragons ne l’eurent pas plutôt aperçu qu'ils vinrent à l’instant s'endormir à ses pieds. Alors saint Matthieu dit aux mages :
" Où donc est votre art ? Eveillez-les, si vous pouvez : quant à moi, si je n'avais prié le Seigneur, j'aurais de suite tourné contre vous ce que vous aviez la pensée de me faire."

Saint Matthieu Inspiré par saint Raphaël.
Le Caravage. XVIe.

Or, comme le peuple s'était rassemblé, Matthieu commanda de par le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ aux dragons de s'éloigner, et ils s'en allèrent de suite sans nuire à personne. Ensuite saint Matthieu commença à adresser un grand discours au peuple sur la gloire da paradis terrestre, avançant qu'il était plus élevé que toutes les montagnes et voisin du ciel, qu'il n'y avait là ni épines ni ronces, que les lys ni les roses ne s'y flétrissaient, que la vieillesse n'y existait pas, mais que les hommes y restaient constamment jeunes, que les concerts des anges s'y faisaient entendre, et que quand on appelait les oiseaux, ils obéissaient tout de suite. Il ajouta que l’homme avait été chassé de ce paradis terrestre, mais que par la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ il avait été rappelé au Paradis du ciel.


Saint Matthieu. Grandes heures d'Anne de Bretagne. XVIe.

Pendant qu'il parlait au peuple, tout à coup s'éleva mi grand tumulte ; car l’on pleurait la mort du fils du roi. Comme les magiciens ne pouvaient le ressusciter, ils persuadaient au roi qu'il avait été enlevé en la compagnie des dieux et qu'il fallait en conséquence lui élever une statue et un temple. Mais l’eunuque, dont il a été parlé plus haut, fit garder les magiciens et manda l’apôtre qui, après avoir fait une prière, ressuscita à l’instant le jeune homme (Bréviaire). Alors le roi, qui se nommait Egippus, ayant vu cela, envoya publier dans toutes ses provinces :
" Venez voir un Dieu caché sous les traits d'un homme."
On vint donc avec des couronnes d'or et différentes victimes dans l’intention d'offrir des sacrifices à Matthieu, mais celui-ci les en empêcha en disant :
" Ô hommes, que faites-vous ? Je ne suis pas un Dieu, je suis seulement le serviteur de Notre Seigneur Jésus-Christ !"
Alors avec l’argent et l’or qu'ils avaient apportés avec eux, ces gens bâtirent, par l’ordre de l’Apôtre, une grande église qu'ils terminèrent en trente jours ; et dans laquelle saint Matthieu siégea trente-trois ans ; il convertit l’Egypte toute entière ; le roi Egippus, avec sa femme et tout le peuple, se fit baptiser. Iphigénie, la fille du roi, qui avait été consacrée à Dieu, fut mise à la tête de plus de deux cents vierges.


Plaque de cuivre de Croix de procession. XIIe. Aix-La-Chapelle.

Après quoi Hirtacus succéda au roi ; il s'éprit d'Iphigénie et promit à l’Apôtre la moitié de son royaume s'il la faisait consentir à accepter sa main. L'Apôtre lui dit de venir le dimanche à l’église comme son prédécesseur, pour entendre, en présence d'Iphigénie et des autres vierges, quels avantages procurent les mariages légitimes. Le roi s'empressa de venir avec joie, dans la pensée que l’apôtre voudrait conseiller le mariage à Iphigénie.

Quand les vierges et tout le peuple furent assemblés, saint Matthieu parla longtemps des avantages du mariage et mérita les éloges du roi, qui croyait que l’apôtre parlait ainsi afin d'engager la vierge à se marier. Ensuite, ayant demandé qu'on fit silence, il reprit son discours en disant :
" Puisque le mariage est une bonne chose, quand on en conserve inviolablement les promesses, sachez-le bien, vous qui êtes ici présents, que si un esclave avait la présomption d'enlever l’épouse du roi, non seulement il encourrait la colère du prince, mais, il mériterait encore la mort, non parce qu'il serait convaincu de s'être marié, mais parce qu'en prenant l’épouse de son seigneur, il aurait outragé son prince dans sa femme. Il en serait de même de vous, Ô roi ; vous savez qu'Iphigénie est devenue l’épouse du roi éternel, et qu'elle est consacrée par le voile sacré ; comment donc pourrez-vous prendre l’épouse de plus puissant que vous et vous unir à elle par le mariage ?"

Quand le roi eut entendu cela, il se retira furieux de colère (Bréviaire). Mais l’Apôtre intrépide et constant exhorta tout le monde à la patience et à la constance ; ensuite il bénit Iphigénie, qui, tremblante de peur, s'était jetée à genoux devant lui avec les autres vierges. Or, quand la messe solennelle fut achevée, le roi envoya un bourreau qui tua saint Matthieu en prières debout devant l’autel et les bras étendus vers le ciel. Le bourreau le frappa par derrière et en fit ainsi un martyr. A cette nouvelle, le peuple courut, au palais du roi pour y mettre le feu, et ce fut à peine si les prêtres et les diacres purent le contenir ; puis on célébra avec joie le martyre de l’Apôtre.

Martyre de saint Matthieu. Le Caravage. XVIIe.

Or, comme le roi ne pouvait par aucun moyen faire changer Iphigénie de résolution, malgré les instances des dames qui lui furent envoyées, et celles des magiciens, il fit entourer sa demeure tout entière d'un feu immense afin de la brûler avec les autres vierges. Mais l’apôtre leur apparut, et il repoussa l’incendie de leur maison. Ce feu en jaillissant se jeta sur le palais du roi qu'il consuma en entier ; le roi seul parvint avec peine à s'échapper avec son fils unique.

Aussitôt après ce fils fut saisi par le démon, et courut au tombeau de l’apôtre en confessant les crimes de son père, qui lui-même fut attaqué d'une lèpre affreuse ; et comme il ne put être guéri, il se tua de sa propre main en se perçant avec une épée.


Saint Matthieu - Bible grecque. Xe.

Alors le peuple établit roi le frère d'Iphigénie qui avait été baptisé par l’apôtre. Il régna soixante-dix ans, et après s'être substitué son fils, il procura de l’accroissement au culte chrétien, et remplit toute la province de l’Ethiopie d'églises en l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Pour les [ignobles magiciens] Zaroës et Arphaxat, dès le jour ou l’Apôtre ressuscita le fils du roi, ils s'enfuirent en Perse ; mais saint Simon et saint Jude les y vainquirent.


Saint Matthieu et l'ange. Cantarini. XVIIe.

Dans saint Matthieu, il faut considérer quatre vertus :

- 1. La promptitude de son obéissance : car à l’instant où Notre Seigneur Jésus-Christ l’appela, il quitta immédiatement son bureau, et sans craindre ses maîtres, il laissa les états d'impôts inachevés pour s'attacher entièrement à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Cette promptitude dans son obéissance a donné à quelques-uns l’occasion de tomber en erreur, selon que le rapporte saint Jérôme dans son commentaire sur cet endroit de l’Evangile :
" Porphyre, dit-il, et l’empereur Julien accusent l’historien de mensonge et de maladresse, comme aussi il taxe de folie la conduite de ceux qui se mirent aussitôt à la suite du Sauveur, comme ils auraient fait à l’égard de n'importe quel homme qu'ils auraient suivi sans motifs. Notre Seigneur Jésus-Christ opéra auparavant de si grands prodiges et de si grands miracles qu'il n'y a pas de doute que les Apôtres ne les aient vus avant de croire. Certainement l’éclat même et la majesté de la puissance divine qui était cachée, et qui brillait sur sa face humaine, pouvait au premier aspect attirer à soi ceux qui le voyaient. Car si on attribue à l’aimant la force d'attirer des anneaux et de la paille, à combien plus forte raison le maître de toutes les créatures pouvait-il attirer à soi ceux qu'il voulait."

- 2. Considérons ses largesses et sa libéralité, puisqu'il donna de suite au Sauveur un grand repas dans sa maison.
Or, ce repas ne fut pas grand par cela seul qu'il fut splendide, mais il le fut :
a) par la résolution qui lui fit recevoir Notre Seigneur Jésus-Christ avec grande affection et désir ;
b) par le mystère dont il fut la signification ; mystère que la glose sur saint Luc explique en disant : " Celui qui reçoit Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’intérieur de sa maison est rempli d'un torrent de délices et de volupté " ;
c) par les instructions que Notre Seigneur Jésus-Christ ne ces

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samedi, 21 septembre 2024 | Lien permanent

17 septembre. Les stigmates de saint François d'Assise. 1224.

- Les stigmates de saint François d'Assise. 1224.
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Pape : Honorius III. Roi de France : Louis VIII le Lion. Empereur germanique : Frédéric II Hohenstaufen.
 
" Que veulent dirent ces plaies ? Ce sont des bouches éloquentes qui persuadent le mépris du monde et la gloire de la croix."
R. P. Nouet. Méditations.
 

Saint François d'Assise. Francisco de Zurbaran. XVIIe.

Bientôt la grande figure du patriarche d'Assise reparaîtra au ciel de la sainte Liturgie ; nous aurons alors à louer Dieu pour les merveilles que sa grâce opéra en lui. Aujourd'hui, si personnel que soit à François le glorieux épisode, objet de la fête, il le dépasse pourtant par ce qu'il exprime.

L'Homme-Dieu vit toujours dans son Eglise ; la reproduction de ses mystères en cette Epouse qu'il se veut semblable, est l'explication de l'histoire. Or, au XIIIe siècle, on dirait que la charité, rebutée par plusieurs, concentre en quelques-uns les feux qui suffisaient jadis à embraser des multitudes ; autant que jamais la sainteté resplendit, et cependant l'heure du refroidissement a sonné pour les peuples.


Saint François d'Assise recevant les stigmates. Giotto.

C'est aujourd'hui même l'affirmation de l'Eglise (Collecte de la fête), pour laquelle, en effet, commence la série des défections sociales avec leurs reniements, leurs trahisons, leurs dérisions, soufflets, crachats du prétoire, aboutissant à la mise hors la loi dont nous sommes témoins. L'ère de la Passion est ouverte ; l'exaltation de la sainte Croix, jusqu'ici triomphante aux yeux des nations, prend du ciel, d'où regardent les Anges, un aspect d'adaptation plus intime de l'Epouse aux souffrances de l'Epoux crucifié. Ne soyons pas étonnés si, comme fait l'artiste en présence d'un marbre précieux, l'Esprit choisit la chair du séraphin d'Assise pour y rendre pleinement sa divine pensée.

Il manifeste ainsi au monde la direction plus spéciale qu'il entend maintenant donner aux âmes ; il offre au ciel un premier exemplaire, un exemplaire complet de l'ouvrage nouveau qu'il médite : l'union plénière, sur la Croix même, du corps mystique au Chef divin. François est le premier qu'honore l'élection d'en haut ; mais après lui le signe sacré sera recueilli par d'autres, qui personnifieront également l'Eglise ; les Stigmates du Seigneur Jésus seront toujours ici ou là, désormais, visibles sur terre.

Deux ans avant sa mort, saint François s'était retiré dans la Toscane avec cinq de ses Frères, sur le mont Alverne, afin d'y célébrer l'Assomption de la Très Sainte Vierge et préparer la fête de l'archange saint Michel par quarante jours de jeûne.

C'était aux environs de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, François priait les bras étendus dans l'attente de l'aube, agenouillé devant sa cellule.
" Ô Seigneur Jésus-Christ, disait-il, accorde-moi deux grâces avant que je meure. Autant que cela est possible, que dans mon âme et aussi dans mon corps, je puisse éprouver les souffrances que Toi, Tu as dû subir dans Ta cruelle Passion, et ressentir cet amour démesuré qui T'a conduit, Toi, le Fils de Dieu, à souffrir tant de peines pour nous, misérables pécheurs !"


Saint François d'Assise recevant les stigmates. El Greco. XVIIe.

Tandis qu'il contemplait avec grand recueillement les souffrances du Sauveur, voici qu'il vit descendre du ciel un séraphin sous la forme d'un homme crucifié, attaché à une croix. Cet esprit céleste portait six ailes de feu dont deux s'élevaient au-dessus de sa tête, deux s'étendaient horizontalement, tandis que deux autres se déployaient pour voler et les deux dernières recouvraient tout le corps. Devant cet étrange spectacle, l'âme de François éprouva une joie mêlée de douleur. Le séraphin s'approcha de lui et cinq rayons de lumière et de feu jaillirent des cinq plaies de l'ange crucifié pour venir frapper le côté, les deux mains et les deux pieds du Saint, y imprimant pour toujours la trace des sacrés stigmates de Notre-Seigneur.

La mystérieuse apparition disparut aussitôt, laissant le pauvre d'Assise en proie à d'inexprimables souffrances. Son côté droit laissait paraître une large plaie pourpre dont le sang sortait avec une telle abondance que ses habits en étaient tout imprégnés. Les têtes des clous apparaissaient au-dessus des mains ainsi qu'au-dessus des pieds ; leurs pointes étaient repliées de l'autre côté et enfoncées dans la chair.

Saint Bonaventure qui a écrit la vie de saint François une trentaine d'années après sa mort, affirme que ceux qui virent et touchèrent ces stigmates constatèrent que les clous étaient miraculeusement formés de sa chair et tellement adhérants que lorsqu'on les pressait d'un côté, ils avançaient tout d'une pièce de l'autre. Ces clous se trouvaient si bien unis à la chair et à la peau de saint François que même après sa mort, on essaya vainement de les en arracher. Des milliers de témoins oculaires ont contemplé les fascinantes empreintes pendant la vie et après la mort du grand dévot de la Passion de Jésus.

Attentif à tenir ses stigmates cachées, saint François couvrait ses mains et marchait chaussé. Il ne put cependant les dissimuler longtemps, car il lui devint trop douloureux de poser la plante des pieds par terre, aussi devait-il recourir malgré lui à la continuelle assistance de ses frères. Dieu qui pour la première fois, décorait un homme des stigmates de Son Fils unique, voulut manifester leur origine céleste en accordant quantités de miracles par leur vertu surnaturelle et divine.

Le pape Benoît XI voulut honorer par un anniversaire solennel et un office public, cette grâce qui n'avait jamais été accordée auparavant à la sainte Eglise. Le souverain pontife Sixte V ordonna d'insérer, dans le martyrologe romain, la mémoire des Stigmates de saint François, au 17 septembre. Le pape Paul V étendit cette fête à l'Eglise universelle dans le but d'éveiller l'amour de Jésus crucifié dans tous les coeurs.

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mardi, 17 septembre 2024 | Lien permanent

22 septembre. Saint Maurice et ses compagnons, martyrs à Agaune (Saint-Maurice), en Valais. 286.

- Saint Maurice et ses compagnons, martyrs à Agaune (Saint-Maurice), en Valais. 286.
 
Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Orient : Dioclétien. Empereur romain d'Occident : Maximien-Hercule.
 
" Caeditur ergo phalanx invicta, jubente tyranno,
Et cruor effusus fluminis instar iit.
Prodigium Alpino natura in culmine vidit,
Spectavit rubeas nam stupefacta nives."

" Sur l'ordre du tyran, la phalange invincible tombe foudroyée,
Et des fleuves de sang courent annoncer au monde son héroïque martyre.
Stupéfaite, la nature contemple un spectacle inouï :
Des neiges rouges au sommet des Alpes !"
P. Hugues Vaillant, Fast Sacri.
 
Saint Maurice. XIIe. Abbaye de Saint-Maurice-en-Valais.
 
Sous Maximien-Hercule, qui partageait avec Dioclétien, et comme son collègue, l'empire de la république romaine, presque toutes les provinces virent déchirer et massacrer des peuples entiers de martyrs. Car non-seulement ce prince se livrait avec une sorte de fureur à l'avarice, à la débauche, à la cruauté, en un mot à tous les vices ; mais encore il était passionné pour les rites abominables des gentils, et dans la rage de son impiété contre le Roi du Ciel, il s'était armé pour détruire le nom Chrétien.

Tous ceux qui osaient faire profession de la Foi au vrai Dieu, des corps de troupes qu'il envoyait partout à leur recherche les enlevaient pour les traîner au supplice et à la mort. On eût dit qu'il avait fait trève avec les peuples barbares, afin de tourner toutes ses forces contre la Foi.

Il y avait alors dans les armées romaines une légion de soldats qu'on appelait les Thébains. La légion était un corps de 6.600 hommes sous les armes. On les avait fait venir du fond de l'Orient pour renforcer l'armée de Maxirnien. C'étaient des guerriers intrépides dans les combats, d'un courage magnanime, d'une Foi plus magnanime encore ; ils se montraient avec une noble émulation, pleins de générosité pour l'empereur et de dévouement au Christ ; car ils n'avaient point oublié dans les camps le précepte de l’Évangile, rendant fidèlement à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César.
 
Comme les autres soldats de l'armée, ils reçurent la mission de se livrer à la poursuite des Chrétiens et de les amener devant l'empereur. Seuls ils osèrent refuser de prêter leurs bras à ce ministère de cruauté, et répondirent qu'ils n'obéiraient point à de pareils ordres. Maximien n'était pas loin ; fatigué de la route, il s'était arrêté à Octodurum, aujourd'hui Martigny, à l'entrée de l'Entremont, sur la Dranse. Quand on vint lui annoncer dans cette ville qu'une légion rebelle à ses ordres avait suspendu sa marche et s'était arrêtée à Tarnade, appelé depuis Agaune, et enfin Saint-Maurice en Valais, il s'emporta tout à coup à un violent accès de fureur. Mais avant de continuer notre récit, nous croyons utile de donner ici une exacte description des lieux.
 
Martyre de saint Maurice et de la légion thébaine.
Ils refusent tous d'adorer l'empereur.
 
Nous n'avons pas oublié que c'est pour protéger nos concitoyens, et non pour les frapper, que nous avons pris les armes. Toujours nous avons combattu pour la justice, pour la piété, pour le salut des innocents. Jusqu'ici, au milieu des dangers que nous avons affrontés, nous n'avons pas ambitionné d'autre récompense. Nous avons combattu, par respect pour la foi que nous vous avons promise ; mais comment pourrions-nous la garder, si nous refusions à notre Dieu celle que nous Lui avons donnée ?
 
Nos premiers serments, c'est à Dieu que nous les avons faits ; et ce n'est qu'en second lieu que nous vous avons juré de vous être fidèles. Ne comptez pas sur notre fidélité à ces seconds serments, si nous venions à violer les premiers. Ce sont des Chrétiens que vous ordonnez de rechercher pour les punir ; mais nous sommes Chrétiens, nous, et nous voici ; vos voeux sont satisfaits, et vous n'avez plus besoin d'en chercher d'autres ; vous avez en nous des hommes qui confessent Dieu le Père, l'Auteur de toutes choses, et qui croient en Jésus-Christ Son Fils comme en un Dieu.
 
Nous avons vu tomber sous le glaive les compagnons de nos travaux et de nos dangers, et leur sang a rejailli jusque sur nous. Cependant nous n'avons point pleuré la mort, le cruel massacre de ces bienheureux frères ; nous n'avons pas même plaint leur sort ; au contraire, nous les avons félicités de leur bonheur, nous avons accompagné leur sacrifice des élans de notre joie, parce qu'ils ont été trouvés dignes de souffrir pour leur Seigneur et leur Dieu.
 
Quant à nous, nous ne sommes pas des rebelles que l'impérieuse nécessité de vivre a jetés dans la révolte ; nous ne sommes pas armés contre vous par le désespoir, toujours si puissant dans le danger. Nous avons des armes en main, et nous ne résistons pas. Nous aimons mieux mourir que de donner la mort, périr innocents que vivre coupables. Si vous faites encore des lois contre nous, s'il vous reste de nouveaux ordres à donner, de nouvelles sentences à prononcer, le feu, la torture, le fer ne nous effraient pas ; nous sommes prêts à mourir.
 
Nous confessons hautement que nous sommes Chrétiens et que nous ne pouvons pas persécuter des Chrétiens." (cf. Rq).
 
Martyre de saint Maurice et de la légion thébaine. El Greco. XVIIe.
 
En recevant cette réponse, Maximien comprit qu'il avait à lutter contre des cœurs inflexibles dans la Foi du Christ. C'est pourquoi, désespérant de triompher de leur généreuse constance, il résolut de faire périr d'un seul coup la légion tout entière. De nombreux bataillons de soldats reçurent l'ordre de l'entourer pour la massacrer. Arrivés devant la bienheureuse légion, les impies qu'envoyait l'empereur tirèrent leurs glaives contre ces milliers de saints que l'amour de la vie n'avait point fait fuir devant la mort. Le fer les moissonnait dans tous les rangs, et il ne leur échappait pas une plainte, pas un murmure.
 
Ils avaient déposé leurs armes ; les uns tendaient le cou, les autres présentaient la gorge à leurs persécuteurs ; tous offraient aux bourreaux un corps sans défense. Malgré leur nombre et leur puissante armure, ils ne se laissèrent point emporter au désir de faire triompher la justice et leur cause par le fer. Une seule pensée les animait : le Dieu qu'ils confessaient S'était laissé traîner à la mort sans un murmure ; comme un agneau, Il n'avait point ouvert la bouche.
 
Eux de même, les brebis du Seigneur, ils se laissèrent déchirer par des loups furieux.
 
La terre fut couverte des cadavres de ces saintes victimes, et leur noble sang y coulait en longs ruisseaux. Jamais, en dehors des combats, la rage d'un barbare entassa-t-elle tant de débris humains ? Jamais la cruauté frappa-t-elle par une seule sentence tant de victimes à la fois, même en punissant des scélérats ? Pour eux, ils étaient punis, malgré leur innocence et leur multitude, quoique souvent on laisse des crimes sans vengeance, à cause du grand nombre des coupables. Ainsi l'odieuse cruauté d'un tyran sacrifia tout un peuple de saints, qui dédaignaient les biens de cette vie présente dans l'espérance du bonheur futur. Ainsi périt cette légion vraiment digne des Anges. C'est pour cela que notre Foi nous les montre aujourd'hui réunis aux légions des Anges, et chantant éternellement avec eux dans le Ciel le Seigneur, le Dieu des armées.
 

Retable représentant le martyr de la légion thébaine. XIVe.
Église Saint-Pierre de Crozon. Crozon. Bretagne.
 
Quant au martyr Victor, il ne faisait pas partie de cette légion ; même il n'était plus soldat, ayant obtenu, après de longs services, son congé de vétéran. Mais dans un voyage qu'il faisait, il tomba, sans le savoir, au milieu des bourreaux qui, joyeux de leur butin, se livraient aux orgies d'un grand festin. Ils l'invitèrent à partager avec eux les joies de la fête. Quand il eut appris de ces malheureux, dans l'exaltation de l'ivresse, la cause qui les réunissait, il refusa avec horreur et méprisa le festin et les convives. On lui demanda alors s'il était Chrétien ; à peine eut-il répondu qu'il l'était et le serait toujours, que tout aussitôt on se jeta sur lui et on le massacra. Ainsi frappé au même lieu que les autres martyrs, il partagea avec eux et leur mort et leurs honneurs. De ce grand nombre de saints, 4 noms seulement nous sont connus : les saints martyrs Maurice, Exupère, Candide et Victor.
 
Un vitrail de la cathédrale de Strasbourg représente saint Maurice vêtu en chevalier. On le peint tenant un étendard crucifère, une grande épée et la couronne d'épines. Dans la collection des Saints du cabinet des estampes de Paris, on le voit tantôt représenté à cheval ; tantôt en tête des officiers de sa légion ; tantôt avec ses compagnons d'armes, refusant de sacrifier aux idoles, puis massacré par ordre de l'empereur.
 
ORAISON
 
" Dieu tout-puissant, daignez nous entendre : que la solennité festive de vos saints Martyrs Maurice et ses compagnons soit pour nous source d'allégresse ; comme leur suffrage est notre appui, que leur naissance au ciel soit notre gloire. Par Jésus-Christ Notre Seigneur..."
 
CULTE ET RELIQUES
 
Les corps des bienheureux martyrs d'Agaune furent découverts par révélation à saint Théodore, évêque de Sion en Valais. Il fit élever en leur honneur une basilique adossée d'un côté à un énorme rocher. Or, pendant qu'on la bâtissait, il arriva un miracle que nous ne pouvons passer sous silence.
 
Parmi les ouvriers qui, sur la convocation de l'évêque, s'étaient réunis pour ce grand travail, il y en avait un qui était encore païen. Un dimanche que les autres avaient quitté leurs travaux à cause de la solennité du jour, il était resté seul à continuer son travail. Tout à coup, au milieu de cette solitude où il se trouve, les saints, environnés de lumière, l'enlèvent et l'étendent par terre pour le soumettre au châtiment de son impiété. Il voyait de ses yeux la foule des Martyrs ; il sentait les coups dont ils le frappaient et entendait leurs reproches, parce que seul, au Jour du Seigneur, il avait manqué à l'église, et, de plus, osé, quoique païen, travailler à la construction d'un édifice sacré. Ces châtiments et ces reproches étaient de la part des saints une miséricordieuse bonté ; car l'ouvrier, tremblant et consterné, voulut aussitôt demander qu'on invoquât sur lui le Nom du Salut et se fît Chrétien.
 

Cathédrale Saint-Maurice de Vienne. Dauphiné. France.
 
Parmi les miracles des saints Martyrs, nous ne devons point oublier un fait qui a eu du retentissement, et que tous ont connu. Une dame, épouse de Quincius, personnage d'un rang distingué, était atteinte d'une paralysie qui lui avait enlevé l'usage de ses pieds. Elle sollicita son mari de la faire conduire à Agaune, quoique la distance fût considérable. A son arrivée, des serviteurs la portèrent dans leurs bras jusqu'à la basilique des saints martyrs ; elle revint à pied à son hôtellerie. Et aujourd'hui, dans ces mêmes membres que la mort avait déjà frappés, elle porte partout le témoignage du miracle qui l'a guérie.
 
Aux miracles racontés par saint Eucher (évêque de Lyon, célèbre saint et ascète), nous ajouterons celui qui arriva à saint Martin. Ce grand prélat, qui portait une singulière dévotion à nos glorieux martyrs, se rendit à Agaune pour tâcher d'avoir de leurs reliques ; mais n'ayant pu en obtenir des moines qui possédaient ce lieu, il se transporta à l'endroit où ils avaient enduré la mort. Et là, après avoir fait une oraison très-fervente, il prit un couteau et en enleva, en forme de couronne, un morceau de terre, et aussitôt, ô prodige admirable il en sortit du sang en abondance, qu'il reçut dans un vase apporté exprès pour cela, et en laissa une partie à Agaune avec ce même couteau ; il apporta le reste à Tours, et le distribua ensuite à plusieurs églises, particulièrement à sa cathédrale et à celle d'Angers. Il en conserva seulement pour lui une petite fiole, qu'il porta toujours depuis par dévotion, et avec laquelle il voulut être enterré.
 
La mémoire de saint Maurice et de ses compagnons a toujours été très-célèbre dans l'Église. Les fidèles ont coutume, dans les guerres contre les ennemis de la Foi, de l'invoquer avec saint Georges, pour en obtenir la victoire par la force de leur intercession.
 
Les Grecs ont eu aussi un martyr du nom de saint Maurice, qui souffrit dans Apamée, le 4 juillet, et dont Métaphraste a décrit le combat. Plusieurs l'ont confondu avec celui dont nous parlons, et le cardinal Baronius confesse qu'il avait suivi cette opinion ; mais il l'a rétractée dans ses Notes sur le martyrologe romain, au 22 septembre.
 

Cathédrale Saint-Maurice d'Angers. France.
 
Le culte de Saint-Maurice et de ces compagnons, né en Valais sous les yeux des témoins de leur martyre, passa dans les Gaules vers la fin du IVe siècle ; il s'étendit plus tard en Italie ; aujourd'hui il est connu et répandu dans toute la Chrétienté. Déjà vers l'an 390, saint Théodore, évêque de Sion, envoie des ossements des Thébéens [ou Thébains] à saint Victrice, évêque de Rouen. Saint Germain, évêque d'Auxerre, fait bâtir en 420, dans sa ville épiscopale, une église en l'honneur de saint Maurice et de ses compagnons.
 
Les églises paroissiales élevées sous le vocable de saint Maurice et de ses illustres frères d'armes, soit dans les diocèses voisins, soit à l'étranger, sont innombrables ; il y a en Suisse peu d'églises où l'on n’aperçoive quelque part la statue de Maurice ou le signe qui le rappelle, la croix tréflée qui porte son nom figure partout; on la voit peinte aux voûtes des sanctuaires sur les vieux drapeaux, gravée sur les armoiries des villes et jusque sur les monnaies anciennes et modernes qui ont subsisté jusque dans ces derniers temps.
 
L'église actuelle de l'abbaye de Saint-Maurice-en-Valais, dans laquelle les reliques des martyrs thébéens furent transférées solennellement au milieu d'un concours immense de peuple, possède :
- 1. Une grande châsse plaquée en argent, ornée de nombreuses pierres précieuses, renfermant plusieurs parties du corps de saint Maurice ;
- 2. 2 bustes, l'un en argent, renfermant la tête de saint Candide, un des lieutenants de saint Maurice ; l'autre en argent doré, surmonté des armes de la maison de Savoie, renferme la tête de saint Victor, vétéran romain martyrisé avec les Thébéens ;
- 3. une statue équestre, de 50 centimètres, en argent, représentant saint Maurice ;
- 4. 2 bras en argent, enrichi de pierres précieuses, dont l'un renferme une côte et un ossement de saint Bernard de Menthon ; l'autre, les reliques de saint Innocent, martyr thébéen ;
- 5. 2 châsses plaquées argent, plus petites que celle de saint Maurice. L'une renferme des ossements des martyrs thébéens ; l'autre, les reliques des enfants de saint Sigismond, patron de la paroisse ;
- 6. 2 coupes en argent, renferment des reliques de saint Séverin, premier abbé de Saint-Maurice (478), des Thébéens, de saint François de Sales, etc. ;
- 7. un vase d’agate d'une seule pièce, don de saint Charlemagne, travail Grec de l'ère païenne, très-remarqué des connaisseurs, contenant de la terre imbibée du sang des martyrs thébéens ;
- 8. une aiguière, travail arabe non moins précieux que l’agate, présent aussi de l'empereur saint Charlemagne ; c'est émail sur or, orné de superbes saphirs ; elle contient aussi du sang de nos Martyrs ;
- 9. l'anneau de saint Maurice, véritable anneau des chevaliers romains du IIIe au IVe siècle ; c'est un saphir brut monté sur or ;
- 10. un reliquaire renfermant 127 dents des martyrs thébéens, et un autre renfermant des reliques du chef de la légion.
 
Les reliques de ces glorieux martyrs furent distribuées en divers endroits de la Chrétienté. Le diocèse de Troyes en possède une partie. L'église de l'abbaye de Larrivour avait une châsse dans laquelle se trouvaient des restes de saint Maurice et de ses compagnons. Cette châsse est actuellement dans l'église de Lusigny, à la muraille de la chapelle Saint-Nicolas, du côté de l’Évangile. Une relique de saint Maurice est également dans une des châsses qui proviennent de l'abbaye de Montiéramey et qui sont exposées dans l'église paroissiale.
 
Saint Maurice est le patron de plusieurs paroisses da

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dimanche, 22 septembre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

23 septembre. Saint Lin de Volterra, pape et martyr. 67.

- Saint Lin de Volterra, pape et martyr. 67.

Papes : Saint Pierre (prédécesseur) ; saint Clet (successeur). Empereur romain : Néron.

" Il y a beaucoup plus de mérite à supporter l'adversité qu'à faire des actes de vertus."
Thomas à Kempis.

Saint Lin bénissant des fidèles.
Bréviaire romain. XVe.

Une obscurité mystérieuse entoure la vie des premiers Vicaires de l'Homme-Dieu ; ainsi se dérobent aux yeux les premières assises d'un monument fait pour défier la durée. Porter l'Eglise éternelle est assez pour leur gloire ; assez pour justifier notre confiance, animer notre gratitude. Cette fête était réclamée par le cœur de l'Epouse : elle est le témoignage de sa vénération émue pour l'humble et doux Pontife qui, le premier, rejoignit Pierre aux cryptes Vaticanes.

Saint Lin était fils d'Herculanus, homme noble et fort considérable de la ville de Volterra (Volaterrae) en Toscane (province de Pise). S'étant converti à Rome, où saint Pierre prêchait l'Evangile, il quitta son père et renonça à tous ses biens pour pratiquer plus parfaitement la doctrine de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Peu de temps après sa conversion, il donna de si grandes preuves de son zèle, de son érudition et de sa prudence, que le saint Apôtre l'employa à la prédication de la parole de Dieu et à l'administration des Sacrements.

Il fut d'abord envoyé dans les Gaules pour y porter le flambeau de la foi, et la ville de Besançon eut le bonheur de le recevoir et de l'avoir pour premier évêque. Onasius, qui en était le tribun, le logea chez lui, et, en récompense de cette hospitalité, Dieu lui fit la grâce de le convertir à la religion chrétienne par les exhortations de notre Saint, qui changea cette maison en une petite église consacrée en l'honneur de la résurrection du Sauveur, de la sainte Vierge et de saint Etienne, premier martyr.

Buste-reliquaire de saint Lin.
Eglise Saint-Lin. Volterra. Toscane. XVIIIe.

Le nombre des fidèles s'augmentait déjà de jour en jour par la conversion de plusieurs idolâtres, qui sortaient des ténèbres de leurs erreurs pour entrer dans les clartés admirables de l'Evangile, mais ces heureux progrès furent arrêtés tout à coup par la malice du démon. Les païens firent une fête solennelle en l'honneur de leurs dieux, dans laquelle ils devaient leur otfrir beaucoup de sacrifices. Le Saint, dont le cœur brûlait du zèle de la gloire de Dieu et du salut des âmes, entreprit de les détourner de ce culte abominable, et, s'étant transporté sur la place, il leur dit généreusement :
" Que faites-vous, mes chers enfants ? Quelle marque de divinité voyez-vous dans ces simulacres que vous adorez ? Ce ne sont que des statues qui n'ont ni esprit ni sentiment, et qui ne représentent que des hommes dont l'incontinence et l'impiété ont été toutes publiques. Ces idoles de pierre et de cuivre ne méritent nullement vos respects c'est à Dieu seul, créateur du ciel et de la terre, que vous devez offrir des victimes. Quittez donc ce culte sacrilége et acquiescez aux vérités que je vous prêche."

Ces paroles, qu'il prononça avec une ferveur apostolique, furent comme un coup de tonnerre qui jeta par terre l'une des colonnes du temple et mit en poudre l'idole qu'elle soutenait. Un si grand prodige devait sans doute ouvrir les yeux à ces peuples et leur faire reconnaître la véritable religion que le Saint leur annonçait, mais, au lieu d'en protiter, ils s'endurcirent davantage, et, se jetant tumultueusement sur leur apôtre, ils le chassèrent à l'heure même de la ville. Voilà quelle est la tradition de Besançon qui honore saint Lin comme son premier évêque et comme celui par le ministère duquel elle a reçu les premiers rayons de la foi.

Saint Lin baptisant saint Nazaire. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine.  R. de Montbaston. XIVe.

Lorsqu'il fut retourné à Rome, saint Pierre se servit utilement de lui pour la conduite de l'Eglise, et il s'acquitta avec tant de gloire de toutes les fonctions qui lui furent commises, qu'après la mort du prince des Apôtres, il fut jugé digne de remplir sa place où il donna d'excellents témoignages de son zèle et de sa vigilance pastorale.

En deux fois qu'il fit les Ordres au mois de décembre, il créa quinze évêques et dix-huit prêtres. Il défendit aux femmes d'entrer dans l'église sans avoir la tête couverte d'un voile, ce que saint Pierre avait aussi défendu. Et saint Paul jugeait cela si nécessaire pour l'édification des fidèles, qu'il en fit une loi expresse ; comme on le voit dans le chapitre VII de sa première Epître aux Corinthiens. C'est encore de saint Lin que nous tenons l'histoire de la dispute du prince des Apôtres avec Simon le Magicien, quoique l'original ait disparu. Il écrivit aussi deux livres du martyre de saint Pierre et de saint Paul, qui sont au VIIe tome de la Bibliothèque des Pères ; mais les erreurs dont ils sont remplis, en certains endroits, font assez voir que nous ne les avons pas dans leur pureté, et on peut voir ce qu en dit le cardinal Bellarmin dans son Traité des Ecrivains ecclésiastiques.

Le Bréviaire romain dit que la foi et la sainteté de ce bienheureux Pape fut si grande, qu'il ressuscita et chassa les démons des corps de plusieurs énergumènes. Enfin, après avoir gouverné l'Eglise pendant un an, trois mois et douze jours, il versa son sang pour servir de semence à de nouveaux fidèles.

Le corps de ce bienheureux Pontife fut enterré au Vatican, auprès de celui de saint Pierre, le 9 des calendes d'octobre. L'apôtre saint Paul fait mention de lui au chapitre IVe de sa seconde Epître à Timothée, et il le met entre les premiers et les principaux chrétiens de la ville de Rome et le martyrologe romain, avec ceux d'Usuard et d'Adon, le livre des souverains Pontifes, en parlent aussi fort honorablement.

Eglise Saint-Lin, bâtie au lieu où se trouvait la
maison natale de saint Lin. Volterra. Toscane.

En 1630,quand le pape Urbain VIII fit achever les travaux de la Confession de saint Pierre, dans la basilique du Vatican, on découvrit une tombe sur laquelle se lisait cette inscription Linus. C'était le premier successeur de saint Pierre, dont la sépulture apparaissait, après tant de siècles, à côté de celle de son glorieux maître.

On représente saint Lin délivrant des possédés et ressuscitant un mort ; on rapporte en effet qu'il délivra du démon la fille du consul Saturninus.

PRIERE

" Ce fut personnellement et à la vue de tous, que le Seigneur investit Simon, fils de Jean, du pontificat suprême ; non moins directement, bienheureux Pontife, mais invisiblement, vous reçûtes de Jésus les clefs du royaume des cieux. A vous commence ce règne complet de la foi pure où l'Eglise, sans ouïr derechef l'Homme-Dieu dire à Pierre : " Pais mes brebis ", s'incline pourtant devant la permanence de son autorité en l'homme dûment désigné comme représentant de l'Epoux. Ô saint Lin, obtenez que les ombres d'ici-bas ne rendent jamais incertaine notre obéissance ; faites qu'au jour de l'éternité, nous méritions de contempler avec vous le Chef divin dans la lumière."

Acta Sanctorum et Liber Pontificalis.

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lundi, 23 septembre 2024 | Lien permanent

24 septembre. Saint Gérard Sagredo, évêque de Chonad en Hongrie, martyr. 1047.

- Saint Gérard Sagredo, saint Gellert pour les Hongrois, évêque de Chonad (Csanád) en Hongrie, martyr. 1047.

Pape : Clément II. Roi de Hongrie : André Ier.

" Ô frères biens-aimés, qui pourra chanter dignement les louanges de la Vierge Marie ?"
Saint Gérard Sagredo.

Saint Gérard Sagredo. Gravure italienne. XVIIIe.

La grâce de Dieu prévint avec tant d'abondance saint Gérard, né de parents vénitiens, qu'il commença dès son enfance à aimer tendrement Notre-Seigneur Jésus-Christ et à pratiquer les maximes de l'Evangile : encore tout jeune, il prit te saint habit de religion ; et, renonçant aux inclinations du vieil Adam, se revêtit de celles du nouveau. Pendant qu'il pratiquait exactement tous les exercices de la vie monastique il lui vint à la pensée de visiter le sépulcre du Sauveur, à Jérusalem, afin d'imiter, dans son pèlerinage, la mortification du fils de Dieu, qui a méprisé toutes les richesses et s'est fait. pauvre pour notre amour. Il quitta donc son pays et sa parenté, et prit le chemin de l'Orient mais en passant par la Hongrie, il plut tellement au roi saint Etienne (997-1038), pour la pureté de ses mœurs et l'excellence de sa doctrine, que ce prince l'obligea de s'arrêter dans ses Etats pour y être la bonne odeur de Jésus-Christ, et même, de crainte qu'il ne lui échappât, il lui donna quelque temps des gardes.

Gérard, se voyant forcé d'y faire sa demeure, se retira dans un lieu appelé le Béel (diocèse de Vesprin), où it se bâtit un petit ermitage pour y vivre séparé du commerce des créatures. Il y passa sept ans dans le jeûne et les oraisons, sans autre compagnie que celle d'un religieux nommé Maur.

Le monastère bénédictin de Saint-Georges-Majeur
où saint Gérard Sagredo fut moine. Venise. Vénétie.

Pendant ce temps, saint Etienne triompha de l'impiété de ces peuples, encore idolâtres ; il adoucit leurs mœurs cruelles et barbares, et prépara les cœurs de la plupart à recevoir la religion chrétienne. Quand il se vit en paix, il fit sortir Gérard de sa solitude et le plaça malgré lui sur le siège épiscopal de la ville de Chonad ou Chzonad, a huit lieues de Temeswar, afin qu'il formât les nouveaux fidèles, selon les règles de l'Evangile. Notre Saint s'acquit une si grande réputation par ses prédications et par sa belle conduite, que les Pannoniens lui portaient un amour extraordinaire et le regardaient comme un nouvel Abraham, qui était devenu leur père dans la foi.

A mesure que les idolâtres se convertissaient il faisait bâtir des églises dans les villes et tes bourgs. La principale fut celle qu'il dédia en l'honneur de saint Georges ; il y dressa un autel sous le vocable de la Mère de Dieu et voulut qu'on y brûlât jour et nuit de l'encens ; pour entretenir cette pieuse cérémonie, il établit deux vieillards qui devaient incessamment y veiller. Tous les samedis de l'année il faisait célébrer un office à neuf leçons, contenant les éloges magnifiques de cette Reine des anges ; et cela avec autant de solennité que le jour de son Assomption dans le ciel.

Les autres jours, après l'office du matin et du soir, il venait avec ses clercs faire sa prière dans cette sainte chapelle. Il avait une dévotion si tendre envers cette auguste Vierge, qu'il ne pouvait rien refuser de tout ce qu'on lui demandait en son nom ; il fondait en larmes lorsqu'il entendait parler d'elle, et il appelait ses " chers enfants " ceux qui l'asssuraient qu'ils croyaient sincèrement qu'elle était la Mère de Dieu. Il la fit appeler par tout le royaume Notre-Dame, afin que tous se regardassent comme ses sujets. Dans le même sens, saint Etienne appelait son royaume la " Famille de Marie ".

Statue de saint Etienne Ier de Hongrie. Esztergom. Hongrie.

Notre Saint avait une adresse merveilleuse pour se mortifier on l'a vu aller la nuit dans la forêt y faire des fagots pour les rapporter ensuite sur ses épaules. Il prévenait souvent le travail de ses domestiques et faisait lui-même leur ouvrage, il portait ordinairement le cilice et des habits faits de poils de chèvre ; il embrassait tendrement les lépreux et les laissait quelquefois coucher dans son lit ; quand il faisait un voyage, il n'allait point à cheval, mais dans un chariot, afin de pouvoir lire et étudier durant le chemin. Un jour, un de ses serviteurs ayant fait une faute notable, il se laissa emporter de colère contre lui, comme il arrive quelquefois aux plus grands serviteurs de Dieu, et le condamna à être fouetté et attaché quelque temps à un pieu. Ses gens, qui connaissaient sa clémence et sa douceur, firent semblant de lui obéir, et, ayant mis du sang d'un animal sur le dos, les épaules et les bras de ce pauvre criminel, ils l'attachèrent en cet état à un endroit par où ils savaient que leur maître devait passer. Ce pitoyable objet toucha si sensiblement le saint pasteur, qu'il descendit de son chariot, accourut vers le patient, et lui baisant tantôt les bras, tantôt les mains, tantôt les pieds ou les liens, le conjura de lui pardonner la sévérité qu'il avait exercée envers lui ; enfin, il le fit délier et ne lui témoigna plus que de l'amour et de la tendresse. C'était là être changé, selon l'esprit de l'Evangile, en la nature des enfants, qui n'ont point de ressentiment et oublient en peu de temps les injures qu'on leur a faites.

Sa dignité et ses fonctions pastorales ne l'empêchaient point de mener une vie presque solitaire. Il se fit bâtir, dans les bois, près des villes où il allait prêcher, de petites cellules, où il se retirait pour se remplir des lumières célestes avant que d'en faire la distribution à son peuple. Il y passait les nuits en oraison et y pratiquait des austérités qui ne sont connues que de Dieu seul. Il avait une joie extraordinaire lorsqu'il voyait des personnes servir Dieu avec allégresse un jour, ayant trouvé dans son hôtellerie une servante qui chantait en tournant avec force un moulin, il s'écria qu'elle était bienheureuse et lui fit donner une grosse somme d'argent.

Légende de saint Gérard Sagredo. Saint Gérard et saint
Etienne de Hongrie. Saint Gérard dans son ermitage.
Saint Gérard sacré évêque. Saint Gérard prêchant.
Manuscrit angevin. Hongrie. XIIIe.

Après la mort de saint Etienne (1038), qui avait confié l'éducation et l'instruction de son fils saint Emeric (Imre pour les Hongrois), à saint Gérard depuis l'âge de 14 ans jusqu'à l'âge de 23 ans, saint Gérard eut de grandes traverses à supporter. Les Hongrois prirent pour roi Pierre le Germanique, neveu de ce saint monarque mais au bout de quelques années, ne pouvant plus endurer sa cruauté et les excès de sa vie déréglée, ils le déposèrent et le chassèrent du royaume (1041).

Ils mirent ensuite à sa place un seigneur appelé Samuel, et surnommé Aba, qui n'était pas meilleur que lui.  Le clergé et le peuple consentirent à son élection mais notre Saint, sachant combien elle était de dangereuse conséquence, s'y opposa et refusa absolument de lui mettre la couronne sur la tête. Il n'appréhenda point sa puissance et ne redouta point sa cruauté ; mais il soutint énergiquement que, le roi étant vivant, il ne devait point monter sur son trône. Son zèle le porta même à le reprendre en public de ses injustices, et surtout de ce qu'abusant de son autorité, il avait déjà fait empaler plusieurs officiers de son conseil. Enfin, il lui prédit que son règne ne serait pas de longue durée, et qu'après deux ans il en irait rendre compte au juste jugement de Dieu Sa prédiction fut véridique ; car Samuel étant devenu plus insolent et plus insupportable que son prédécesseur, les Hongrois se révoltèrent contre lui et le firent honteusement mourir par la main d'un bourreau (1044).

Saint Gérard Sagredo instruisant saint Emeric, fils du
roi saint Etienne de Hongrie. Szekesfehervar. Hongrie.

Par ce moyen, Pierre, qui avait été chassé, fut rétabli dans ses Etats et reprit en main les rênes du gouvernement mais ce ne fut pas pour longtemps. Deux ans après, ses nouveaux crimes le firent rejeter une seconde foi, et André Ier, fils de Ladislas le Chauve, cousin-germain de saint Eiienne, fut élu roi (1046), à condition qu'il rétablirait l'idolâtrie, abolirait la religion chrétienne, en exterminerait les prêtres et les évêques, en démolirait les ég!ises et ruinerait tout ce que saint Etienne avait si sagement établi. Ce prince, lâche et ambitieux, qui préférait un royaume aux devoirs de sa conscience, accéda à toutes les exigences de ses sujets, nourrissant néanmoins le dessein de rétablir toutes choses lorsqu'il serait en paisible possession de ses Etats.

Gérard, apprenant ce que le roi avait fait, crut qu'il était de son devoir de lui remontrer sa faute et de lui faire rétracter ce qu'il avait accordé si lâchement. Il se mit donc en route pour l'aller trouver à l'Albe Royale (aujourd'hui Stuhlweissembourg), avec trois autres évêques transportés du même zèle que lui. Chemin faisant, il eut une vision où il croyait voir Notre-Seigneur qui lui présentait le calice de son sang, à lui et à deux des évêques qui l'accompagnaient. Il reconnut par là que l'honneur du martyr leur était préparé. Après avoir dit tous ensemble la messe au bourg de Gyod, dans l'église de Sainte-Sabine, martyre, ils continuèrent leur voyage et arrivèrent au bord du Danube, où le duc Vatha, le plus méchant apostat et le plus grand ennemi de Jésus-Christ qui fût dans toute la Hongrie, les ayant rencontrés, commanda à ses gens de les assommer à coups de pierres.

Légende de saint Gérard Sagredo. Les païens en révolte offrant
la palme du martyre à la suite de saint Gérard, composée de
deux autres évêques, saint Bezterd de Neitra et saint Buld
d'Erlau, et de nombreux prêtres. Martyre de saint Gérard,
précipité du haut de la colline qui porte aujourd'hui son nom.
Procession du corps de saint Gérard vers son diocèse de Chonad.
Inhumation de saint Gérard. Manuscrit angevin. Hongrie. XIIIe.

Saint Gérard fit le signe de la croix sur ces pierres, et à l'heure même elle demeurèrent suspendues en l'air ; mais ce miracle, ne touchant nullement le despote, il fit tirer le Saint de son chariot, et après qu'on l'eu traîné avec beaucoup d'indignité sur la pointe du rocher qui donnait sur le Danube, il le fit précipiter du haut en bas. Ce coup était sufSsant pour le faire mourir ; mais ces apostats, voyant qu'il avait encore quelque souffle de vie qu'il employait, à l'exemple de Jésus-Christ et de saint Etienne, à prier pour ses meurtriers, l'achevèrent à coups de javeline (24 septembre 1047). Bezterd de Neitra et Buld d'Erlau, deux des évêques qui l'accompagnaient et un grand nombre d'ecclésiastiques et de laïques furent martyrisés avec lui.

Les gouttes de son sang demeurèrent sept ans imprimées sur le caillou où il s'était bnsé la tête en tombant, sans que ni les pluies du ciel, ni les inondations de la rivière en pussent eitacer la trace. C'était comme une marque permanente de l'injustice et de la cruauté des idolâtres, et une invocation muette de la vengeance de Dieu contre les auteurs du meurtre.

Statue monumentale de saint Gérard Sagredo bénissant Budapest et
la Hongrie. Mont Saint-Gérard (saint Gellert). Budapest. Hongrie.

CULTE ET RELIQUES

Le roi, qui n'y avait pas consenti en particulier, et qui ; depuis, promulgua de nombreux édits pour le rétablissement du Christianisme dans toutes ses terres, fit lever le corps du Saint et ordonna qu'il fût enterré dans l'église de Saint-Georges et dans la chapelle de la Sainte-Vierge, que lui-même avait fait bâtir. Cette chapelle se trouvait près du lieu où le Saint avait rendu le dernier soupir. On y transposa aussi la pierre arrosée et teinte de son sang, que l'on fit entrer dans la structure de l'autel pour mémoire éternelle de son martyre. Plus lard ses reliques furent transférées dans la cathédrale de de Chonad. 5ous le règne de saint Ladislas, elles furent renfermées dans une châsse. Les Vénitiens les ayant obtenues du roi de Hongrie, après bien des sollicitations, les firent transporter solennellement dans leur ville et les déposèrent dans l'église de Notre-Dame de Murano.

Reliquaire de saint Gérard Sagredo. Trésor de
la basilique Saint-Etienne. Estergom. Hongrie.

On le représente :
1. avec l'encensoir à la main devant un autel de la très-sainte Vierge ; c'est pour rappeler, comme nous l'avons insinué plus haut, qu'il fonda devant l'autel de Notre-Dame, dans l'église dédiée a saint Georges, un encensoir d'argent confié aux soins de deux vieillards chargé de veiller à ce que l'encens y brûlât toujours ;
2. en compagnie de saint Etienne de Hongrie, dont il fut le coopérateur pour la conversion des Magyars ;
3. portant une image de la sainte Vierge, on devine pourquoi ;
4. percé d'une lance ;
5. instruisant saint Emeric (Imre pour les Hongrois), le fils de saint Etienne de Hongrie, assassiné à 25 ans avant de pouvoir monter sur le trône, et canonisé pour sa vie particulièrement pieuse et chrétienne par le pape saint Grégoire VII en 1084.

Basilique primatiale Saint-Etienne. Esztergom. Hongrie.

Saint Gérard, saint Gellert pour les Honrois, jouit encore d'une très grande popularité chez les Hongrois. Sur la colline qui porte son saint nom et qui domine Budapest, un magnifique mémorial veille toujours sur la ville et par là sur le pays, orné d'une statue monumentale de notre Saint bénissant la Hongrie. On ne compte pas les statues et autres lieux de dévotion à saint Gellert (Estergom, Shekesvehervar, Temeswar, etc.) dans ce pays qui fut appelé par saint Etienne, rappelons-le, la " Famille de Marie ".

La vie de saint Gérard Sagrado a été écrite par un auteur de son temps ; elle est rapportée par Surius. Bonfinius parle aussi de lui au livre II de la seconde décade de son Histoire de Hongrie. Baronius en fait mention dans ses Annales, où il dit qu'on l'appelle le Premier Martyr de Hongrie, depuis que saint Etienne, roi, l'avait rendue chrétienne.

Saint Gérard Sagredo prêchant. Statue. Hongrie.

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