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6 septembre. Saint Zacharie, 11e des 12 petits prophètes. Ve siècle avant Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il les exhorta aussi à se convertir au Seigneur et à ne pas imiter l'endurcissement de leurs pères, si souvent châtiés pour n'avoir pas écouté les Prophètes.
Dieu fit voir à Zacharie, dans deux visions différentes, et sous plusieurs figures, la succession des quatre monarchies, savoir des Assyriens, des Chaldéens, des Perses et des Grecs, qui devait se terminer au règne de Jésus-Christ dont il décrit la vie et la passion.

Une controverse, jusqu'ici demeurée sans solution définitive, s'est élevée entre les commentateurs, au sujet d'un texte fameux de l'Evangile où Notre Seigneur s'adresse aux Juifs et qui parait se rapporter à Zacharie :
" Je vous ai envoyé des prophètes, des sages, des docteurs ; vous les avez égorgés. Aussi du sang des justes versé sur la terre depuis l'innocent Abel jusqu'à Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel, retombera sur vos tètes."
Toutefois la tradition juive ou chrétienne n'a gardé aucun souvenir du meurtre du prophète Zacharie. On peut donc adopter sur ce point le système de saint Epiphane, qui appliquait les paroles de Notre-Seigneur au grand-prêtre Zacharie, mis à mort entre le temple et l'autel, sous le règne de Joas (870-831).

On lit dans l'historien grec Sozomène (Ve s.), que le corps du prophète Zacharie fut trouvé dans le territoire d'Eleuthéropolis, dans un bourg nommé Caphar. Il était intact, vêtu d'une robe blanche, et mis dans un cercueil de plomb, enfermé dans un autre de bois.
On le représente, comme les autres Prophètes, déroulant un cartouche où se lisent les principaux textes de sa prophétie.
On peut voit dans la collection des Bollandistes, au 6 septembre, les arguments que le père Stilting a réunis pour soutenir l'identité du Zacharie dont parle Notre-Seigneur avec le prophète.
Bergier, dans son Dictionnaire de théologie, les a repris en sous-oeuvre et développés avec une nouvelle force.
vendredi, 06 septembre 2024 | Lien permanent
7 septembre. Saint Cloud, prince, moine et prêtre. 560.
Saint Augustin, évêque d'Hippone.

Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non-seulement en sa personne, mais aussi en celles de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s'éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d'une troupe d'ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d'une lance pour la faire voir aux Francs.
Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, (vulgairement Cloud), se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement et avec le plus grand soin, en attendant qu'ils partageassent les Etats de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.


Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n'avaient pu lui ravir, il se retira auprès d'un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l'habit religieux, et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s'y former à toutes les vertus monastiques.

Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l'entretien de toutes les personnes de sa connaissance.
Pendant qu'il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre se présenta devant lui et lui demanda l'aumône. Il était lui-même si pauvre, qu'il n'avait ni or, ni argent, ni provisions qu'il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent.
Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l'avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le vinrent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu'il n'était pas plus caché en Provence qu'à Paris, s'en retourna dans son premier ermitage.
Peut-être que l'appréhension d'être élevé à la prélature l'avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l'élection d'un autre à cette dignité.

On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d'un prince, ou pour mieux dire d'un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable.
Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l'on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud.

Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l'an 560. Sa mort, qu'il avait prédite avant qu'elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd'hui paroissiale, et l'on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.

On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l'élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s'abandonner entièrement à la conduite de Sa Divine Providence, et d'aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il Lui plaît de nous mettre.
On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.

samedi, 07 septembre 2024 | Lien permanent
15 octobre. Sainte Thérèse d'Avila, vierge, fondatrice des Carmes et des Carmélites déchaussés. 1582.
- Sainte Thérèse d'Avila, vierge, fondatrice des Carmes et des Carmélites déchaussés. 1582.
Pape : Grégoire XIII. Roi d'Espagne : Philippe II.
" Nous n'obtenons pas un pur et parfait amour de Dieu, parce que nous ne donnons pas tout à Dieu, mais seulement l'usufruit, et que nous nous réservons le fonds et l'héritage de nos affections."
Sainte Thérèse d'Avila.
Sainte Thérèse d'Avila. Anonyme. Savoie. XVIIe.
Thérèse de Cepeda y Ahumada naquit à Avila en Espagne, de parents illustres par leur piété comme par leur noblesse. Nourrie par eux du lait de la crainte du Seigneur, elle fournit dès le plus jeune âge un indice admirable de sa sainteté future.
Comme, en effet, elle lisait les actes des saints Martyrs, le feu du Saint-Esprit embrasa son âme au point que, s'étant échappée de la maison paternelle, elle voulait gagner l'Afrique afin d'y donner sa vie pour la gloire de Jésus-Christ et le salut des âmes. Ramenée par un de ses oncles, elle chercha dans l'exercice de l'aumône et autres œuvres pies une compensation à son désir ardent du martyre ; mais ses larmes ne cessaient plus, de s'être vu enlever la meilleure part.
Sainte Thérèse d'Avila. Pierre-Paul Rubens. XVIIIe.
A la mort de sa mère, la bienheureuse Vierge, suppliée par Thérèse de lui en tenir lieu, exauça le désir de son cœur ; toujours dès lors elle éprouva comme sa vraie fille la protection de la Mère de Dieu. Elle entra, dans sa vingtième année, chez les religieuses de Sainte-Marie du Mont Carmel ; dix-huit années durant, sous le faix de graves maladies et d'épreuves de toutes sortes, elle y soutint dans la foi les combats de la pénitence, sans ressentir le réconfort d'aucune de ces consolations du ciel dont l'abondance est, sur terre même, l'habituel partage de la sainteté.
Ses vertus étaient angéliques ; le zèle de sa charité la poussait, à travailler au salut, non d'elle seule, mais de tous. Ce fut ainsi que, sous l'inspiration de Dieu et avec l'approbation de Pie IV, elle entreprit de ramener la règle du Carmel à sa sévérité première, en s'adressant d abord aux femmes, aux hommes ensuite.
Extase de sainte Thérèse d'Avila. Jean-Baptiste Santerre. XVIIIe.
Entreprise sur laquelle resplendit la bénédiction toute-puissante du Dieu de bonté ; car, dans sa pauvreté, dénuée de tout secours humain, bien plus, presque toujours malgré l'hostilité des puissants , l'humble vierge put édifier jusqu'à trente-deux monastères. Ses larmes coulaient sans trêve à la pensée des ténèbres où infidèles et hérétiques étaient plongés ; et dans le but d'apaiser la divine colère qu'ils avaient encourue, elle offrait à Dieu pour leur salut les tortures qu'elle s'imposait dans sa chair.
Tel était l'incendie d'amour divin dont brûlait son cœur, qu'elle mérita de voir un Ange transpercer ce cœur en sa poitrine d'un dard enflammé, et qu'elle entendit le Christ, prenant sa main droite en la sienne, lui adresser ces mots :
" C'est à titre d'épouse que désormais tu prendras soin de mon honneur."
Par son conseil, elle émit le difficile vœu de faire toujours ce qui lui semblerait le plus parfait. Elle a laissé beaucoup d'ouvrages remplis d'une sagesse céleste ; en les lisant, l'âme fidèle se sent grandement excitée au désir de l'éternelle patrie.
Communion de sainte Thérèse d'Avila. Claudio Coelo. XVIIe.
Tandis qu'elle ne donnait que des exemples de vertus, telle était l'ardeur du désir qui la pressait de châtier son corps, qu'en dépit des maladies dont elle se voyait affligée, elle joignait à l'usage du cilice et des chaînes de fer celui de se flageller souvent avec des orties ou de dures disciplines, quelquefois de se rouler parmi les épines.
Sa parole habituelle était : " Seigneur, ou souffrir, ou mourir " ; car cette vie qui prolongeait son exil loin de la patrie éternelle et de la vie sans fin, lui paraissait la pire des morts.
Elle possédait le don de prophétie ; et si grande était la prodigalité du Seigneur à l'enrichir de ses dons gratuits, que souvent elle le suppliait à grands cris de modérer ses bienfaits, de ne point perdre de vue si promptement la mémoire de ses fautes. Aussi fût-ce moins de maladie que de l'irrésistible ardeur de son amour pour Dieu qu'elle mourut a Albe, au jour prédit par elle, munie des sacrements de l'Eglise, et après avoir exhorté ses disciples à la paix, à la charité, à l'observance régulière.
Extase de sainte Thérèse d'Avila. Le Bernin. XVIIe.
Ce fut sous la forme d'une colombe qu'elle rendit son âme très pure à Dieu, âgée de soixante-sept ans, l'an mil cinq cent quatre-vingt-deux , aux ides d'octobre selon le calendrier romain réformé (1). On vit Jésus-Christ assister, entouré des phalanges angéliques, à cette mort ; un arbre desséché, voisin de la cellule mortuaire, se couvrit de fleurs au moment même qu'elle arriva.
Le corps de Thérèse, demeuré jusqu'à ce jour sans corruption et imprégné d'une liqueur parfumée, est l'objet de la vénération des fidèles. Les miracles qu'elle opérait durant sa vie continuèrent après sa mort, et Grégoire XV la mit au nombre des Saints en 1622 en même temps que saint François-Xavier, saint Philippe de Néri, saint Ignace de Loyola et saint Isidore de Séville.
Sainte Thérèse d'Avila, saint François-Xavier, saint Philippe Néri,
saint Ignace de Loyola et saint Isidore de Séville aux pieds de
Notre Seigneur Jésus-Christ. Ces saints furent tous canonisés en
1622 par Grégoire XV. Guy François. Le Puy-en-Velay. XVIIe.
PRIERE
" Vous le trouviez déjà dans la souffrance de cette vie, ô Thérèse, le Bien-Aimé qui se révèle à vous dans la mort. " Si quelque chose pouvait vous ramener sur la terre, ce serait le désir d'y souffrir encore plus (Apparition au P. Gratien.)."
" Je ne m'étonne pas, dit en cette fête à votre honneur le prince des orateurs sacrés, je ne m'étonne pas que Jésus ait voulu mourir : il devait ce sacrifice à son Père. Mais qu'était-il nécessaire qu'il passât ses jours, et ensuite qu'il les finît parmi tant de maux ?
C'est pour la raison qu'étant l'homme de douleurs, comme l'appelait le Prophète (Isai. LIII, 3.), il n'a voulu vivre que pour endurer ; ou, pour le dire plus fortement par un beau mot de Tertullien, il a voulu se rassasier, avant que de mourir, par la volupté de la patience : Saginari voluptate patientiae discessurus volebat (Tertull. De Patientia). Voilà une étrange façon de parler. Ne diriez-vous pas que, selon le sentiment de ce Père, toute la vie du Sauveur était un festin, dont tous les mets étaient des tourments ? Festin étrange, selon le siècle, mais que Jésus a jugé digne de son goût. Sa mort suffisait pour notre salut ; mais sa mort ne suffisait pas à ce merveilleux appétit qu'il avait de souffrir pour nous. Il a fallu y joindre les fouets, et cette sanglante couronne qui perce sa tête, et tout ce cruel appareil de supplices épouvantables; et cela pour quelle raison ? C'est que ne vivant que pour endurer, il voulait se rassasier, avant que de mourir, de la volupté de souffrir pour nous (Bossuet, Panegyr. de sainte Thérèse.)."
Jusque-là que, sur sa croix, " voyant dans les décrets éternels qu'il n'y a plus rien à souffrir pour lui : Ah ! dit-il, c'en est fait, tout est consommé (Johan. XIX, 3e.) : sortons, il n'y a plus rien à faire en ce monde ; et aussitôt il rendit son âme à son Père (Bossuet, Ibid.)."
Or, si tel est l'esprit du Sauveur Jésus, ne faut-il pas qu'il soit celui de Thérèse de Jésus, son épouse ? " Elle veut aussi souffrir ou mourir ; et son amour ne peut endurer qu'aucune cause retarde sa mort sinon celle qui a différé la mort du Sauveur (Ibid.)."
Sainte Thérèse d'Avila. Filippo della Valle.
Basilique Saint-Pierre, Rome. XVIIIe.
A nous d'échauffer nos cœurs par la vue de ce grand exemple.
" Si nous sommes de vrais chrétiens, nous devons désirer d'être toujours avec Jésus-Christ. Or, où le trouve-t-on, cet aimable Sauveur de nos âmes ? En quel lieu peut-on l'embrasser ? On ne le trouve qu'en ces deux lieux : dans sa gloire ou dans ses supplices, sur son trône ou bien sur sa croix. Nous devons donc, pour être avec lui, ou bien l'embrasser dans son trône, et c'est ce que nous donne la mort, ou bien nous unir à sa croix, et c'est ce que nous avons par les souffrances ; tellement qu'il faut souffrir .ou mourir, afin de ne quitter jamais le Sauveur. Souffrons donc, souffrons, chrétiens, ce qu'il plaît à Dieu de nous envoyer : les afflictions et les maladies, les misères et la pauvreté, les injures et les calomnies ; tâchons de porter d'un courage ferme telle partie de sa croix dont il lui plaira de nous honorer (Bossuet, Ibid.)."
" Vous que l'Eglise présente comme maîtresse et mère à ses fils dans les sentiers de la vie spirituelle, enseignez-nous ce fort et vrai christianisme. La perfection sans doute ne s'acquiert pas en un jour ; et, vous le disiez, " nous serions bien à plaindre, si nous ne pouvions chercher et trouver Dieu qu'après être morts au monde : Dieu nous délivre de ces gens si spirituels qui veulent, sans examen et sans choix, ramener tout à la contemplation parfaite (A l'évêque d'Avila, mars 1577, une des plus gracieuses lettres de la Sainte.) !"
Mais Dieu nous délivre aussi de ces dévotions mal entendues, puériles ou niaises, comme vous les appeliez, et qui répugnaient tant à la droiture, à la dignité de votre âme généreuse (Vie, XIII.) !
Vous ne désiriez d'autre oraison que celle qui vous ferait croître en vertus ; persuadez-nous, en effet, du grand principe en ces matières, à savoir que " l'oraison la mieux faite et la plus agréable à Dieu est celle qui laisse après elle de meilleurs effets s'annonçant par les œuvres, et non pas ces goûts qui n'aboutissent qu'à notre propre satisfaction (Au Père Gratien, 23 octobre 1377.)."
Celui-là seul sera sauvé qui aura observé les commandements, accompli la loi ; et le ciel, votre ciel, Ô Thérèse, est la récompense des vertus que vous avez pratiquées, non des révélations ni des extases qui vous furent accordées (Apparition à la Prieure de Véas.).
De ce séjour où votre amour s'alimente au bonheur infini comme il se rassasiait ici-bas de souffrances, faites que l'Espagne, où vous naquîtes, garde chèrement en nos temps amoindris son beau titre de catholique. N'oubliez point la si large part que la France, menacée dans sa foi, eut à votre détermination de rappeler le Carmel à son austérité primitive (Chemin de la perfect. I.). Puisse la bénédiction du nombre favoriser vos fils, non moins que celle du mérite et de la sainteté. Sous toutes les latitudes où l'Esprit a multiplié vos filles, puissent leurs asiles bénis rappeler toujours " ces premiers colombiers de la Vierge où l'Epoux se plaisait à faire éclater les miracles de sa grâce (Fondations, IV.)."
Carmel d'Avila où l'on vénère le corps de
sainte Thérèse d'Avila. Espagne.
Vous fîtes du triomphe de la foi, du soutien de ses défenseurs, le but de leurs oraisons et de leurs jeûnes (Chemin de la perfect. I, III.) : quel champ immense ouvert à leur zèle en nos tristes jours ! Avec elles, avec vous, nous demandons à Dieu " deux choses : la première, que parmi tant d'hommes et de religieux, il s'en rencontre qui aient les qualités nécessaires pour servir utilement la cause de l'Eglise, attendu qu'un seul homme parfait rendra plus de services qu'un grand nombre qui ne le seraient pas ; la seconde que dans la mêlée Notre-Seigneur les soutienne de sa main, pour qu'ils échappent aux périls et ferment l'oreille aux chants des sirènes... Ô Dieu ayez pitié de tant d'âmes qui se perdent, arrêtez le cours de tant de maux qui affligent la chrétienté et, sans plus tarder, faites briller votre lumière au milieu de ces ténèbres (Chemin de la perfection, I, III.)."
Rq : On trouvera la presque totalité des oeuvres de sainte Thérèse d'Avila sur la page de ce site : http://www.jesusmarie.com/therese_d_avila.html
(1) Grégoire XIII avait arrêté que, pour opérer cette réforme, on supprimerait dix jours de l'année 1582, et que le lendemain du 4 octobre s'appellerait le 15 du même mois ; ce fut dans cette nuit historique du 4 au 15 que mourut sainte Thérèse.
mardi, 15 octobre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
20 octobre. Saint Jean de Kenty, prêtre, professeur de théologie à l'université de Cracovie. 1473.
- Saint Jean de Kenty, prêtre, professeur de théologie à l'université de Cracovie. 1473.
Pape : Sixte IV. Roi de Pologne : Casimir IV. Roi de France : Louis XI.
" C'est l'ardeur de la charité seule qui enflamme la prédication des saints."
Saint Grégoire le Grand.
Saint Jean de Kenty.
Kenty, l’humble village de Silésie qui donna naissance au Saint de ce jour, lui doit d'être connu en tous lieux pour jamais. Retardée par mille obstacles, la canonisation du bienheureux prêtre dont la science et les vertus avaient, au XVe siècle, illustré l'université de Cracovie, fut la dernière joie, le dernier espoir de la Pologne expirante. Elle eut lieu en l'année 1767.
Déjà deux ans plus tôt, c'était sur les instances de l'héroïque nation que Clément XIII avait rendu le premier décret sanctionnant la célébration de la fête du Sacré-Cœur. En inscrivant Jean de Kenty parmi les Saints, le magnanime Pontife exprimait en termes émus la reconnaissance de l'Eglise pour l'infortuné peuple, et lui rendait devant l'Europe odieusement oublieuse un hommage suprême (Bulle de sa canonisation). Cinq ans après, la Pologne était démembrée.
Statue de saint Jean de Kenty. Cracovie. Pologne.
Le nom de Kenty vint à Jean du lieu de sa naissance, au diocèse de Cracovie. Stanislas et Anne, ses parents, étaient pieux et de condition honorable. La douceur, l'innocence, le sérieux de l'enfant donnèrent dès l'abord l'espérance pour lui des plus grandes vertus.
Etudiant de philosophie et de théologie en l'université de Cracovie, il parcourut tous les grades académiques, et, devenu professeur et docteur à son tour, enseigna longtemps la science sacrée ; son enseignement n'éclairait pas seulement les âmes, mais les portait à toute piété; car il enseignait à la fois de parole et d'exemple. Devenu prêtre, sans rien relâcher de son zèle pour l'étude, il s'attacha plus encore que par le passé aux pratiques de la perfection chrétienne.
L'offense de Dieu, qu'il rencontrait partout , le transperçait de douleur; tous les jours, pour apaiser le Seigneur et se le rendre propice à lui-même ainsi qu'au peuple fidèle, il offrait le sacrifice non sanglant avec beaucoup de larmes. Il administra exemplairement quelques années la paroisse d'Ilkusi ; mais effrayé du péril de la charge des âmes, il s'en démit et, sur la demande de l'université, reprit sa chaire.
Vision de saint Jean de Kenty. Gravure du XVIIIe.
Tout ce qui lui restait de temps sur l'étude était consacré soit au salut du prochain, principalement dans le ministère de la prédication, soit à l'oraison, où l'on dit qu'il était quelquefois favorisé de visions et d'entretiens célestes. La passion de Jésus-Christ s'emparait à tel point de son âme, qu'il passait à la contempler des nuits entières ; il fit, pour s'en mieux pénétrer, le pèlerinage de Jérusalem, ne craignant pas, dans son désir brûlant du martyre, de prêcher aux Turcs eux-mêmes le Christ crucifié.
Il fit aussi quatre fois le voyage de Rome, marchant à pied et portant son bagage, pour visiter les tombeaux des Apôtres, où l'attiraient son dévouement, sa vénération pour le Siège apostolique, et aussi, disait-il, son désir de se libérer du purgatoire par la facilité qu'on y trouve à toute heure de racheter ses péchés. Ce fut dans un de ces voyages que, dépouillé par les brigands et leur ayant sur interpellation déclaré qu'il n avait plus rien, il se ressouvint de quelques pièces d'or cousues dans son manteau, et rappela en criant les voleurs qui fuyaient pour les leur donner ; mais ceux-ci, admirant la candeur du Saint et sa générosité, lui rendirent d'eux-mêmes tout ce qu'ils avaient pris.
Miracle de saint Jean de Kenty.
Il voulut, comme saint Augustin, avoir perpétuellement gravé sur la muraille l'avertissement pour lui et les autres de respecter la réputation du prochain. Il nourrissait de sa table ceux qui avaient faim ; il donnait à ceux qui étaient nus non seulement les habits qu'il achetait dans ce but, mais ses propres vêtements et chaussures, faisant alors en sorte de laisser tomber son manteau jusqu'à terre pour qu'on ne s'aperçût pas qu'il revenait nu-pieds à la maison.
Son sommeil était court, et il le prenait par terre ; il n'avait d'habits qu'assez pour se couvrir ; il ne mangeait que pour ne pas mourir de faim. Un dur cilice, la discipline, les jeûnes étaient ses moyens de garder sa virginale pureté comme le lis entre les épines. Il s'abstint même absolument de chair en ses repas durant environ les trente-cinq années qui précédèrent sa mort. Plein de jours et de mérites, il sentit enfin l'approche de cette mort à laquelle il s'était si longtemps, si diligemment préparé ; et, dans la crainte d'être retenu par quoi que ce fût de la terre, il distribua aux pauvres, sans nulle réserve, tout ce qui pouvait lui rester.
Casimir IV, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie.
Alors, religieusement muni des sacrements de l'Eglise, ne désirant plus que de voir se rompre ses liens pour être avec Jésus-Christ, il s'envola au ciel la veille de Noël. Les miracles qui l'avaient illustré pendant sa vie continuèrent après sa mort.
On porta son corps à Sainte-Anne, l'église de l'université, voisine du lieu où il avait rendu l'âme, et on l'y ensevelit avec honneur. Le temps ne fit qu'accroître la vénération du peuple et le concours à son tombeau ; la Pologne et la Lithuanie saluèrent et honorèrent en lui l'un de leurs patrons principaux. De nouveaux miracles éclatant toujours, Clément XIII, Souverain Pontife, l'inscrivit solennellement dans les fastes des Saints, le dix-sept des calendes d'août de l'année mil sept cent soixante-sept.
L'Eglise ne cesse point de vous dire toujours, et nous vous disons avec la même indomptable espérance :
" Ô vous qui jamais ne refusâtes de secourir personne, prenez en mains la cause du royaume où vous naquîtes ; c'est la demande de vos concitoyens de Pologne, c'est la prière de ceux-là même qui ne sont pas de leur nombre."
La trahison dont fut victime votre malheureuse patrie n'a point cessé de peser lourdement sur l'Europe déséquilibrée. Combien, hélas ! d'autres poids écrasants sont venus s'entasser depuis dans la balance des justices du Seigneur ! Ô Jean, enseignez-nous à l'alléger du moins de nos fautes personnelles ; c'est en marchant à votre suite dans la voie des vertus, que nous mériterons l'indulgence du ciel (Collecte.) et avancerons l'heure des grandes réparations.
Statue de saint Jean de Kenty. Pologne. XVIe.
dimanche, 20 octobre 2024 | Lien permanent | Commentaires (5)
2 avril. Saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes. 1507.
- Saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes. 1507.
Papes : Grégoire XII ; Baldassarre Cossa (Jean XXIII : antipape) ; Jules II. Rois de Naples : Louis II ; Ferdinand II.
" Ô que la paix est une sainte marchandise qui mérite d'être achetée bien chèrement."
" Confessons ingénûment que les propérités et les bonheurs du monde sont souventes fois cause de notre perdition."
Saint François de Paule.
François de Paule, homme tout céleste, apparaît aujourd'hui sur le Cycle, et vient nous apprendre par son exemple qu'il est possible à l'homme aidé de la grâce d'imiter le Rédempteur ressuscité. Dans une chair encore mortelle, il a mené une vie qui n'avait rien de terrestre. Ses austérités ont été rigoureuses ; mais son âme a joui de la paix et de la liberté. Le don des miracles était en lui avec une plénitude qui a rarement été surpassée ; la nature semblait obéir avec empressement à un homme si fidèle à Dieu. La France le vit dans son sein, lorsque Louis XI, ayant sollicité cette faveur auprès du Saint-Siège, le fit venir près de sa personne, l'établit avec ses religieux au Plessis-lez-Tours, et voulut mourir entre ses bras.
François de Paule rendit son âme à Dieu le Vendredi saint de l'an 1507. Cette conformité avec le Sauveur crucifié était une récompense de son amour pour la Croix ; mais le Seigneur voulut donner un signe de l'union que ce serviteur fidèle avait contractée pour jamais avec le divin Ressuscité. Ce fut au milieu des joies pascales que Léon X, en 1518, célébra la canonisation de François de Paule. Le dimanche de Quasimodo fut choisi par le Pontife pour cette pompe solennelle dans la basilique Vaticane ; et la gloire de l'homme humble qui avait donné à ses disciples le nom de Minimes s'éleva, en ce jour, au-dessus de celle des Césars de l'ancienne Rome.
Le 27 mars 1416, dans la petite ville de Paola qui appartient au duché de Calabre, dans le royaume de Naples, tandis que Viane de Fuscaldo, femme de Jacques Martotille, est en train d’accoucher, des gens aperçoivent sa maison environnée de flammes, comme une auréole de feu, et ils entendent des musiques surnaturelles. Les oracles prédisent que ce nouveau-né étonnerait la chrétienté. Viane et Jacques qui, habillés de bure, sans linge ni chaussures, mènent une vie sainte et mortifiée, ont une dévotion si particulière pour saint François d'Assise, qu’ils mettent leur fils sous sa protection en lui donnant son prénom.
Quelques mois après sa naissance, comme François a un œil envahi d’une tumeur et manque de perdre la vue, sa mère promet à Dieu que, si son fils guérit, elle le consacrerait toute une année à son service. A douze ans, François est confié pour un an aux Cordeliers de Notre-Dame de Saint-Marc (Cosenza) qui sont charmés par sa modestie, son zèle et sa piété. A la fin de l'année, Jacques et Viane reprennent leur fils qu’ils emmènent en pèlerinage à Assise, à Rome et au mont Cassin. C'est pendant ce pèlerinage que François prend la résolution de se retirer du monde.
A quatorze ans, avec l’approbation de ses parents, François s’installe à quelques lieues de Paola, dans un de leurs domaines qu'on appelle le Patrimoine. Pendant six ans, il vit dans le désert, couchant à dans une caverne, se nourrissant d'herbes et buvant l'eau des sources, disant, comme saint Jérôme, que les villes lui étaient des prisons et la solitude un paradis de délices. Bientôt, la précoce sainteté de cette existence émerveille les alentours : des disciples viennent se présenter à lui et le supplient de les garder à ses côtés. François comprend que la Providence lui marque le devoir de ne pas éloigner ceux qui viennent à lui et il conçoit l'idée de leur donner une règle de vie commune. En 1435, avec ses douze premiers compagnons, François Martotille construit son premier couvent qu’il consacre à Notre-Dame-des-Anges. Ces nouveaux religieux qui se font appeler les ermites de saint François d'Assise, reçoivent, en 1471, l'exemption de Pirro Caracciolo, archevêque de Cosenza, que ratifie Sixte IV, en 1474, en les plaçant sous sa juridiction directe avec les privilèges des ordres mendiants.
Sa charité, déjà prodigue en bienfaits, s'enrichit peu à peu d'une puissance extraordinaire et sous sa bénédiction jaillissent les miracles : des aveugles voient, des lépreux sont purifiés, des déments recouvrent la raison ; toutes les tares, toutes les misères de l'humanité viennent à ses pieds implorer une aide surnaturelle, et sont guéries. On peut dire, écrit le Frère minime François Dondé, que les mains de ce bienheureux patriarche étaient un médicament souverain pour guérir toutes sortes de maladie et comme un céleste antidote pour prévenir et remédier aux accidents qui pourraient arriver. Il ressuscita sept morts dont l'un, Nicolas d'Alesso, était le fils de sa sœur Brigitte.
Dès lors, la célébrité de François Martotile se propage de ville en ville et la congrégation dont il était l'âme se développe chaque jour, au point que le couvent de Notre-Dame-des-Anges ne suffit plus à contenir les frères ermites. Tour à tour, d'autres maisons s'ouvrent (l'Annonciade à Paterne, la Très-Sainte-Trinité à Coriliane, Jésus et Marie à Cortone) que François dirige, après avoir participé à leur construction.
Les mémoires du temps nous apprennent que François, bien qu'il fût plus grand que la moyenne, semblait petit tant son corps se courbait sous le poids des mortifications. Il portait la barbe très longue : ses cheveux étaient blonds, son nez aquilin et un peu gros, ses yeux verts. Il allait toujours nu-pieds, vêtu d'une seule robe de bure, couchant sur le sol et se nourrissant à peine. Son corps était naturellement odoriférant, comme s'il eût été parfumé d'ambre gris ou de musc.
En 1481, revenant de Sicile où il avait fondé le couvent de Milazzo, François de Paule est appelé à la cour de Ferdinand Ier de Naples qui, après l’avoir quelque peu inquiété, s'attache étroitement à lui.
Louis XI qui régne depuis vingt ans sur la France, souffre cent misères : il est goutteux, congestif et harassé de continuelles fièvres ; il a des troubles digestifs, des crises de rein, d'affreux malaises de l'estomac et du foie. Ayant entendu parler des miraculeuses guérisons obtenues par François de Paule, il le fait mander à sa cour, pensant que le ciel ne résisterait pas à une pareille intercession. A la demande du roi de France, le roi Ferdinand de Naples transmet à François de Paule une invitation qui prenait les allures d'un ordre que le saint décline :
" Ma place est sur ce coin de terre où des couvents se fondent de jour en jour pour fortifier la congrégation dont Dieu m'a donné charge. Je n'ai que faire au royaume de France."
Louis XI s'adresse au pape Sixte IV et François de Paule obéit aussitôt au Saint-Père. Avant de partir pour la France, il délégue l'un de ses religieux dans les fonctions de général de l'Ordre et en choisit deux autres pour l'accompagner, avec son neveu, André d'Alesso.

Louis XI. Jean-Léonard Lugardon. XVIe.
A petites journées, de Paola à Paterne, de Paterne à Coriliano, de Coriliano à Salerne, de Salerne à Castelmare, de Castelmare à Stibia, de Stibia à Naples, il vient se mettre à la disposition de Guynot de Bousières, maître d'hôtel de Louis XI, qui doit le conduire jusqu’au Roi.
François de Paule, qui a été chaleureusement accueilli à Rome par Sixte IV, s'embarque à Ostie sur un léger navire. Au milieu d'une tempête, le navire est attaqué par des pirates mais un coup de vent providentiel l’éloigne tout à coup de la galère ennemie les met bientôt hors d'atteinte. Ils ne peuvent débarquer ni à Marseille ni à Toulon dont les ports sont fermés parce que les villes sont ravagées par la peste. Bormes refuse de les laisser entrer mais François intervient :
" Dieu est avec nous, permettez-nous d'entrer."
Dès que Louis XI qui a ordonné qu'on le reçoive comme si c'était notre Saint-Père, apprend l'arrivée de François de Paule dans son royaume, il ressent une satisfaction sans pareille :
" Je sens une telle joie, dit-il à son écuyer Jean Moreau, qui lui apporta la nouvelle, et une si grande consolation pour les approches de ce saint personnage que je ne sais si je suis au ciel ou en la terre, et pour cette nouvelle si agréable, demandez-moi telle récompense que vous voudrez."
L'heureux messager sollicite un évêché pour son frère et dix mille écus d'or pour lui.
La petite troupe quitte Fréjus, traverse la Provence et le Dauphiné, entre à Lyon où François est reçu avec de grandes marques de respect et de dévotion : tous s'empressent autour de lui pour toucher sa robe. Par le Bourbonnais et l'Orléanais, on passe en Touraine où, près du château du Plessis-les-Tours, le Roi, accompagné des seigneurs de sa cour, vient à la rencontre saint François de Paule, se jette à ses pieds et implore ses bénédictions (24 avril 1482). Puis, tenant le saint par la main, il le conduit au logement préparé pour lui dans une aile du château, près de la chapelle de Saint-Mathias.
Les premières cajoleries passées, Louis XI juge que le moment est venu d'obtenir du saint homme les faveurs qu'il en escompte. Il le fait appeler auprès de lui, et, par le truchement de l'indispensable interprète, Ambroise Rombault, le Roi au corps terrassé par l'âge, mais à l'esprit bouillonnant de convoitises, humblement prosterné devant le villageois calabrais et lui dit, la voix pleine des angoisses de la mort :
" Saint homme, saint homme, empêche-moi de mourir !"
François de Paule accueille les supplications royales avec une calme sérénité mais, pas un instant, il ne laisse au monarque le moindre espoir d'un miracle. Tout ce qu'il veut lui apporter, c'est le sentiment de la confiance en Dieu ; quand Louis XI parle d'éternelle guérison, François de Paule parle de la mort inévitable.
Louis XI n'insiste pas mais son espoir est brisé. Le soupçon l'envahit d’autant mieux que le médecin Coitier, craignant de trouver un rival, attise sa méfiance :
" Ce soi-disant saint homme est un fourbe, ce qu'il cherche, c'est à vous faire payer les miracles. Tentez-le avec de l'or, et vous verrez bien !"
Louis XI qui, faute de mieux, trouve l'idée recevable, tend à François de Paule un bonnet rempli d'écus en disant :
" Acceptez cet argent, mon Père, il vous servira à construire à Rome un monastère."
Le moine refuse et Louis XI, voyant en lui un homme de bonne foi, s'il ne le considére plus comme un sauveur, lui conserve son estime et sa confiance.
Il lui accorde une pension de 300 livres et charge l'intendant Briçonnet de veiller à ses besoins ; souvent, il le fait venir ou va le trouver dans sa chambre pour causer avec lui. Comynes raconte, dans ses Mémoires :
" Je l'ai maintes fois ouï devant le roi, qui est de présent, où étaient tous les grands du royaume... Mais il semblait qu'il fût inspiré de Dieu des choses qu'il disait et remontrait, car autrement n'eut su parler de choses dont il parlait."
Et le prudent chroniqueur d'ajouter :
" Il est encore vif par quoi se pourrait bien changer ou en mieux ou en pire et pour ce m'en tai."
Devant la pure simplicité de la vie du moine, Louis XI peut se convaincre que celui-ci n'est pas plus capable de ruse qu'il n'avait été - envers lui - capable de miracle... Et cependant c'est sur Louis XI peut-être que le saint accomplit le plus beau, le plus charitable de ses miracles.
Bien qu’il fut formellement interdit de prononcer le cruel mot de la mort devant le Roi, François de Paule lui en parle et, en août 1483, lorsque Louis XI sent qu'il est perdu, le moine calabrais ne quitte plus le chevet du malade et lui fait accepter le parti de trépasser. Aux exhortations de saint François de Paule, Louis XI se résigne chrétiennement. L'âme inquiète et tourmentée à laquelle le saint calabrais ouvre tranquillement les chemins de l'au-delà, peu à peu, avec la certitude de la mort, trouve la confiance et la paix. Lucide jusqu'au dernier instant, le Roi prend lui-même ses ultimes dispositions : il remet les sceaux au Dauphin, appelle les Beaujeu pour leur confier le Royaume et son fils le futur Charles VIII. le 30 août, à 9 heures du soir, tandis que François de Paule récite la prière des agonisants, Louis XI murmure une dernière fois :
" Notre-Dame d'Embrun, ma bonne maîtresse, aidez-moi."
Puis il rend l’esprit.
Charles VIII continue à François de Paule les bonnes grâces de son père, Anne de Beaujeu, régente du Royaume, le protége ouvertement et lui conserve son logement au château de Plessis-les-Tours. Sous le règne de Charles VIII, l'Ordre des Minimes prend un développement considérable : en 1489, le roi fait bâtir les couvents de Tours et d'Amboise qu’il dote de précieux privilèges ; A Rome, il donne aux Frères minimes la maison de la Très-Sainte-Trinité, sur la colline des Jardins ; la reine Anne de Bretagne fonde, à Chaillot, le couvent royal de Notre-Dame-de-Toutes-les-Grâces et un monastère à Gien.
Après la mort de Charles VIII, saint François de Paule, âgé de quatre-vingt-deux ans, veut retourner en Calabre pour revoir sa maison familiale, les arbres à l'ombre desquels il a tant prié, le premier couvent dont il a, de ses mains, posé les pierres sur les pierres. Louis XII y consent, mais, dit le père Hilarion de Coste, dès que cette nouvelle fut sue à la cour, plusieurs princes et seigneurs, entre autres Georges d'Amboise, archevêque de Rouen, remontrèrent à Sa Majesté que l'abs
mercredi, 02 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)
3 avril. Saint Richard de Wyche, évêque de Chichester. 1253.
Thomas a Kempis, Doct. juv., c., V.

Saint Richard encore jeune et gagnant sa vie comme valet de ferme.
Gravure de Jacques Callot. XVIIe.
Né en 1197, saint Richard de Wych était le second fils de Richard Backedine et Alice de Wyche. Son père mourut alors qu'il était encore jeune et, entre les mains d'un tuteur incompétent, la propriété familiale fut rapidement menée à la ruine. Après la mort de leur mère, le frère aîné de notre Saint fut longtemps retenu en prison pour dettes. Richard travailla généreusement à sa délivrance ; mais il s'appauvrit lui-même au point d'être obligé de gagner sa vie comme valet de ferme.
Bientôt il put aller à Paris continuer les bonnes études qu'il avait déjà faites dans sa jeunesse. Il se lia d'amitié avec deux amis choisis, aussi pauvres que lui ; ils n'avaient qu'un manteau à tous les trois et se voyaient obligés de n'aller prendre leurs leçons que l'un après l'autre. Leur nourriture était plus que frugale, un peu de pain et de vin leur suffisait, et ils ne mangeaient de chair ou de poisson que le dimanche. Cependant Richard assura depuis que ce fut là pour lui le beau temps, tant il était absorbé par la passion de l'étude. Ses succès furent prompts et remarquables, si bien qu'à son retour en Angleterre il professa fort brillamment à l'Université d'Oxford.
Son enseignement et sa sainteté étaient si réputés qu'Edmond Rich, devenu archevêque de Cantorbery, et Robert Grosseteste, évêque de Lincoln, lui proposèrent tous deux le poste de chancelier de leur diocèse respectif. Richard accepta l'offre de l'archevêque et devint un ami intime de saint Edme.
Richard approuva la position de l'archevêque qui s'opposa au roi Henri III sur la question des sièges vacants en lui reprochant de garder des diocèses sans évêques aussi longtemps que possible (parce que tant que les sièges épiscopaux étaient vacants, leurs revenus allaient à la Couronne).

Statue de saint Richard.
Richard accompagna saint Edme dans son exil à l'abbaye de Pontigny (près d'Auxerre), s'occupa de lui dans sa maladie et était présent au prieuré Notre-Dame à Soisy (aujourd'hui Soisy-Bouy, près de Provins) quand il mourut le 16 novembre 1240.
Saint Richard étudia ensuite la théologie chez les dominicains à Orléans, fut ordonné prêtre en 1243 et, après avoir fondé une chapelle en l'honneur de saint Edme, revint en Angleterre où il devint curé de Deal et recteur de Charring.
Il fut ensuité persuadé par Boniface de Savoie, nouvel archevêque de Cantorbery, de reprendre son poste de chancelier.
En 1244, Ralph Neville, évêque de Chichester, mourut. L'élection au siège vacant de Robert Passelewe, archidiacre de Chichester, fut invalidée par Boniface à un synode de ses suffragants, le 3 juin 1244, et, sur sa recommandation, le chapitre élut Richard, choix immédiatement confirmé par l'archevêque.
Henri III était indigné, car Robert Passelewe était un de ses favoris, et il refusa de rendre à Richard les revenus de son siège. Le saint plaida sa cause auprès du pape Innocent IV, qui le consacra personnellement à Lyon, le 5 mars 1245, et le renvoya en Angleterre.
Mais Henri était intraitable. Sans toit dans son propre diocèse, Richard dépendait de la charité de son clergé. Enfin, en 1246, Henri fut amené par les menaces du pape à restituer à Richard les revenus du diocèse. Comme évêque, Richard vivait dans une grande austérité, offrant la plupart de ses revenus comme aumônes.
Richard constitua un grand nombre de statuts qui réglent de manière détaillée la vie du clergé, la célébration du service divin, l'administration des sacrements, les privilèges de l'église. Chaque prêtre du diocèse devait se procurer une copie de ces statuts et les amener au synode diocésain.
Devenu désormais libre dans l'exercice de son ministère, il se fit remarquer par sa grande condescendance pour les petits et par sa miséricorde pour les pauvres. Comme on lui disait que ses dépenses excédaient ses revenus :
" Il vaut mieux, dit-il, vendre son cheval et sa vaisselle d'argent que de laisser souffrir les pauvres, membres de Jésus-Christ."
Un jour, distribuant du pain, il en eut assez pour contenter trois mille pauvres, et il lui en resta pour cent autres qui survinrent après. Ces multiplications merveilleuses se renouvelèrent plusieurs fois. Il honorait les religieux et les embrassait souvent :
" Qu'il est bon, disait-il, de baiser les lèvres qui exhalent l'encens des saintes prières offertes au Seigneur !"
Pour améliorer l'entretien de sa cathédrale, Richard institua une quête annuelle qui devait être faite dans chaque paroisse à Pâques ou à la Pentecôte. Il encouragea les ordres mendiants, en particulier les dominicains.
En 1250, Richard fut l'un des collecteurs de la levée de fonds pour les croisades et deux ans plus tard le roi le nomma pour prêcher la croisade à Londres. Il fit des efforts acharnés pour soulever l'enthousiasme pour la cause dans les diocèses de Chichester et Cantorbery, et alors qu'il était en route pour Douvres, où il devait consacrer une nouvelle église dédiée à saint Edme, il tomba malade. En arrivant à Douvres, il alla dans un hôpital appelé la " Maison Dieu ", procéda à la cérémonie de consécration le 2 avril.
Saint Richard mourut le matin suivant en baisant le Crucifix et en invoquant Marie contre les ennemis du salut.
Son corps fut ramené à Chichester et enterré dans la cathédrale. Il fut solennellement canonisé par Urbain IV dans l'église franciscaine de Viterbe en 1262 et le 20 février le pape autorisa le transfert de ses reliques dans un nouveau tombeau. Mais l'état troublé du pays empêcha que cela se fît jusqu'au 16 juin 1276, quand le tranfert fut effectué par l'archevêque Kilwardby en présence d'Édouard Ier. Ce tombeau fut violé, outragé et détruit lors de la prétendue réforme par ses féroces sectateurs. Rien ne prouve qu'il s'agit de l'autel très restauré dans le transept sud qui est maintenant couramment assigné à saint Richard, et on n'a connaissance d'aucune relique.
jeudi, 03 avril 2025 | Lien permanent
4 avril. Saint Isidore de Séville, archevêque de Séville, docteur de l'Eglise. 639.
- Saint Isidore de Séville, archevêque de Séville, docteur de l'Eglise. 639.
Pape : Honorius Ier. Rois d'Espagne : Sisebut ; Récarède II.
" Celui-là est heureux qui est sage selon Dieu : la vie heureuse c'est la connaissance de la divinité : la connaissance de la divinité est le fruit des bonnes oeuvres."
Saint Isidore de Séville.
Isidore était de Carthagène d'Espagne : son père Sévérien souvent désigné comme préfet de cette ville, et sa mère Théodora étaient de la plus haute noblesse. Le plus jeune d'une famille de saints, Isidore eut deux frères, saint Léandre (27 février), saint Fulgence (14 janvier) et une soeur sainte Florentine (20 juin et 14 mars) ; tous 3 honorés comme lui d'un culte public.
L'incertitude plane sur le lieu de la naissance d'Isidore ; quelques auteurs se prononcent pour Carthagène, d'autres pour Séville où Sévérien était venu s'établir pour échapper aux vexations des ariens. Sur le berceau de l'enfant plane le merveilleux : ainsi on raconte que sa nourrice l'ayant oublié sous un arbre, un essaim d'abeilles vint se poser au-dessus de la tête d'Isidore et déposa sur ses lèvres un rayon de miel, présage de son génie. On dit aussi que sa soeur Florentine le voyait quelquefois tout petit enfant s'élever dans les airs, agiter ses mains comme quelqu'un qui lutte et veut terrasser un adversaire.

Saint Isidore de Séville. Imagerie populaire. XIXe.
Isidore était tout jeune lorsqu'il perdit ses parents : il devint le disciple chéri de Léandre son aîné, qui lui servit de père et eut toujours pour lui une singulière affection. Écrivant à la vierge Florentine sa soeur, Léandre s'exprimait ainsi :
" Je vous prie de vous souvenir de moi dans vos oraisons et de ne point oublier notre jeune frère Isidore. Nos parents nous l'ont confié et ils sont retournés au Seigneur sans crainte parce qu'ils le laissaient à la garde d'une soeur et de deux frères. Vous savez que je l'aime comme un tendre fils."
Et pourtant Léandre, dans l'éducation du jeune Isidore, usait de la verge, genre de correction que l'élève ne goûtait pas trop. On raconte, à ce sujet, que trouvant très peu d'attraits aux éléments des lettres, et redoutant le fouet, Isidore s'enfuit un jour secrètement de l'école ; il erra longtemps dans la plaine, s'arrêta exténué de fatigue et de soif auprès d'un puits : tout en se reposant, il regardait avec curiosité les sillons creusés sur la margelle et ne pouvait se rendre compte de la manière dont ils s'étaient produits. Une femme venue pour puiser de l'eau lui expliqua comment la corde toute faible qu'elle était avait fini par user la pierre elle-même. Le jeune fugitif en conclut que l'étude finirait par vaincre la dureté de son esprit et creuser aussi son sillon.

Saint Isidore de Séville. Jean Hey ou Jean Pichore.
Une volonté ferme et un travail sans relâche eurent raison des difficultés qui le rebutaient, les facultés intellectuelles d'Isidore se développèrent et, bientôt, il dépassa ses maîtres eux-mêmes. Sa réputation commença à s'étendre ; on venait de loin écouter le jeune écolier, on le faisait disserter sur les sujets les plus élevés, ses auditeurs et ses interlocuteurs s'en retournaient étonnés de la sagesse de ses réponses.
A l'âge où les autres enfants songent encore à s'amuser, Isidore avait déjà parcouru le Trivium et le Quadrivium, les livres des philosophes et les traités des législateurs. On pouvait déjà, dit le chroniqueur Arevalo, admirer en lui l'élévation de Platon, la science d'Aristote, l'éloquence de Cicéron, l'abondance de Didyme, l'érudition d'Origène, la gravité de Jérôme, la doctrine d'Augustin et la sainteté de Grégoire. On dit même que ce dernier, ayant lu une lettre d'Isidore, dont les pensées et le style étaient également remarquables, s'écria dans un enthousiasme prophétique :
" Voici un autre Daniel, voici quelqu'un qui dépassera Salomon !"

Saint Isidore de Séville. Manuscrit du XIe.
La vie studieuse et retirée d'Isidore a fait croire à quelques-uns qu'il avait été moine. Au XVIe siècle, des religieux d'Espagne l'ont revendiqué pour leur ordre ; les carmes l'ont disputé aux bénédictins, les chanoines de Saint-Augustin ont prétendu qu'il avait été des leurs : tout cela reste fort douteux et discutable.
De bonne heure Isidore mit ses connaissances au service de son pays ; associé aux travaux et aux persécutions dont ses frères furent les ouvriers et les victimes pour un temps, il apporta à la conversion des Goths ariens l'ardeur d'une conviction de famille, la générosité d'un apôtre. A peine admis aux premiers ordres de l'Église, il suivit saint Léandre, évêque Séville, dans les conciles et les assemblées publiques ; comme lui, il confondit les arguments et les fausses interprétations de l'erreur ; comme lui, il fut entouré de la vénération du peuple et des bénédictions des confesseurs de la foi. Pendant l'exil de son frère, il soutint les intérêts de l'Église opprimée, prémunit les fidèles contre les séductions de l'hérésie : aussi, lorsque saint Léandre vint à manquer à l'Espagne, Isidore parut le seul digne d'occuper le siège de Séville.

Saint Isidore prêchant. Maître François.
L'épiscopat de ce grand homme dura près de 40 ans : il fut fécond en heureux résultats pour l'Église et la société civile. Plein de zèle et d'amour pour son peuple, Isidore ne négligea rien de ce qui pouvait favoriser les progrès de la civilisation et de la foi. Il fit de sages règlements pour prévenir les abus, tint des conciles pour maintenir l'intégrité de la doctrine chrétienne, se montra partout le défenseur du droit et de la justice. Ses prédications apostoliques achevèrent de détruire les restes de l'arianisme ; sa vigilance étouffa en naissant les erreurs des hérétiques acéphales, négateurs de la dualité des Natures en Jésus-Christ. De fréquents miracles donnaient à sa parole persuasive par elle-même un force et une autorité nouvelle : plus d'une fois, à sa prière, le ciel s'ouvrit pour envoyer aux campagnes arides une pluie bienfaisante, des infirmes retrouvèrent la santé du corps avec celle de l'âme, la mort même obéit à sa voix et rendit ses victimes.
Une des grandes sollicitudes d'Isidore fut de continuer l'enseignement de son frère, de procurer à la jeunesse de son pays une instruction solide et chrétienne. Il fit construire en dehors des murs de Séville, un collège de magnifique apparence : il voulut ètre lui-même le premier professeur de son école. On se pressait autour de sa chaire pour entendre ses gloses sur l'Écriture sainte et les poètes profanes. Il eut soin de s'adjoindre des collaborateurs zélés, prévit et régla avec beaucoup de sagesse les détails de l'organisation intérieure. La discipline était paternelle ; les dispositions pénales étaient rigoureuses, la vie commune, la retraite et le silence rentraient dans les règles fondamentales. Cependant un libre cours était laissé aux douces effusions de la confiance et de l'amitié : tous les disciples d'Isidore conservèrent pour lui un amour filial jusqu'à la mort. Au IVe concile de Tolède qu'il présida, il rendit obligatoires pour toute l'Espagne de semblables institutions.
Ce digne évêque s'occupa aussi de la réglementation des offices de l'Église : il voulut qu'ils fussent célébrés avec majesté et dévotion, comme l'exige la grandeur infinie du Dieu que l'on y honore. On a considéré Isidore comme le créateur de cette liturgie espagnole, si poétique et si imposante, qui, sous le nom de mozarabe, survécut à la ruine de l'Eglise wisigothe, et mérita d'être ressuscitée par le grand Ximenès. Isidore dressa lui-même le Missel et le Bréviaire à l'usage de l'Église d'Espagne ; écrivain fécond, infatigable, prodigieusement érudit, il rédigea encore, entre autres travaux, l'Histoire des Goths, de leurs conquêtes et de leur domination.

Dessin à la plume de Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.
On a associé son nom à un soi-disant décret de Gunthiniar, roi goth, et aux actes d'un concile de Tolède en 610, qui assignait le rang de métropole au siège de Tolède ; Isidore aurait signé le second les actes de ce concile, c'est-à-dire immédiatement après le roi, ce qui eût été porter quelque atteinte à l'Église de Séville. D'autre part, sous le règne de Sisebut, Isidore présida le IIe concile de Séville en novembre 618 ou 619. Là, l'Église de Séville est caractérisée de sainte Jérusalem. La conclusion de ce concile met en pleine lumière la doctrine concernant la personne de Jésus-Christ contre les acéphales ; on en appelle contre eux à l'Écriture sainte, au symbole des Apôtres, aux écrits des Pères.
Saint Isidore assista-t-il à un concile de Tolède vers 625 ? L'incertitude règne sur ce point. Isidore paraît bien faire allusion à ce concile dans une lettre à saint Braulion ; mais l'éditeur de ses oeuvres, Arevalo, suppose que cette réunion fut ajournée et tenue seulement huit ans plus tard. De fait, le IVe concile de Tolède fut tenu en 633, peu d'années avant la mort d'Isidore : celui-ci y présida comme métropolitain de Séville. Le roi goth, Swintila, avait été récemment déposé et remplacé par Sisenand : on ignore pour quelle raison Isidore favorisa la cause de ce dernier. En tout cas, ce prince assista au concile qui se tint dans la basilique de Sainte-Léocadie et se composa non seulement de prélats espagnols, mais aussi d'évêques de Gaule, de la province de Narbonne. On y rédigea 75 canons.
Parvenu à une extrême vieillesse et atteint de nombreuses infirmités, Isidore comprit que le temps du labeur était fini pour lui : il se prépara par la prière et la pénitence à paraître devant son juge. On dit qu'il prévit les malheurs de sa patrie et prononça des paroles effrayantes sur les futures destinées de l'Espagne ?
Au dernier terme de sa vie, il distribua en aumônes tout ce qui lui restait ; il manda auprès de son lit ses collègues dans l'épiscopat Jean et Epartius. Il se fit ensuite transporter dans la basilique de Saint Vincent, et étendre au milieu du choeur en face de l'autel. Là, couché sur la cendre, revêtu d'un cilice, entouré des clercs de son église, des élèves de son école, des religieux et des fidèles, il implora la miséricorde de Dieu :
" Seigneur, vous qui connaissez les coeurs des hommes, qui avez pardonné au publicain ses péchés, lorsque éloigné par respect de vos autels, il se frappait humblement la poitrine ; vous qui avez rendu la vie à Lazare mort depuis quatre jours, recevez maintenant ma confession, détournez vos yeux des péchés sans nombre que j'ai commis contre votre Majesté. C'est pour moi et non pas pour les justes que vous avez mis dans l'Église le bain salutaire de la pénitence."
Après avoir été absous par un des évêques, il reçut le saint viatique avec de grands sentiments d'humilité et de contrition. Il se recommanda aux prières de toute l'assistance, pria aussi pour son peuple, fit venir tous ses débiteurs et leur rendit leurs obligations. Enfin il donna le baiser de paix à ses prêtres, fit à son Église ses suprêmes adieux. On le reporta dans sa cellule où il expira quatre jours après (4 avril 639).
ÉCRITS
Les oeuvres d'Isidore ont un caractère encyclopédique : peu d'hommes ont eu une aussi grande variété de connaissances, toutes les sciences lui sont familières ; il a été le savant universel du Moyen Age. C'est bien ainsi que le présente son Livre des étymologies (20 livres), appelé aussi le Livre des origines des choses, manuel composé à la fin de sa vie, sur des notes anciennes, pour perpétuer parmi ses disciples le souvenir de ses explications orales ; les citations nombreuses qu'on y trouve attestent une vaste lecture. Isidore n'eut pas le temps de le corriger, il l'envoya à Braulion auquel l'oeuvre est dédiée pour qu'il y mît la dernière main. Cet inventaire de toutes les connaissances humaines fut très apprécié au Moyen Age. Il y en eut diverses éditions : Arevalo n'en compte pas moins de 10 entre les années 1470 et 1529.
Il a donné aussi des ouvrages de morale comme les Discours de consolation à un pénitent trop effrayé des jugements de Dieu, la Lamentation d'un pénitent sur ses péchés (en vers), la Prière pour demander à Dieu la grâce de se corriger, la Prière pour ne pas tomber dans les pièges du démon.
Isidore a donné aussi une série de traités sur l'Écriture sainte : Dissertations sur les noms de l'Écriture, sur les saints de l'Ancien et du Nouveau Testament, interprétations mystiques des principaux faits. Les deux livres des Offices divins, adressés à son frère saint Fulgence, sont une explication de l'ancienne liturgie espagnole. La règle des moines divisée en 24 chapitres est adressée aux religieux de la province Bétique.
On mentionnera aussi les deux livres contre les Juifs, De fide catholica contra judaeos, un des principaux monument de son génie, dédié à sa soeur sainte Florentine.

Les écrits historiques d'Isidore lui ont donné une des premières places parmi les abréviateurs de son temps.
Cependant, on a exagéré les travaux d'Isidore et on lui a attribué toutes sortes d'écrits apocryphes. La meilleure édition de ses oeuvres est celle donnée en 7 volumes par F. Arevalo à Rome en 1797-1803. Voir aussi P. L., t. 81-84.
Pour une liste complète de ses écrits, on se reportera à la notice que consacrent les Petits Bollandistes à notre saint (T. IV, pp 189 et suiv.) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30734t.pagination
CULTE
Le corps d'Isidore fut déposé dans un des caveaux de sa métropole de Séville, entre celui de Léandre son frère et de Florentine sa soeur. Les biographes attribuent à saint Ildefonse l'épitaphe qui se lisait sur le tombeau d'Isidore ; elle est cependant d'une date postérieure.
Plus tard, les cendres d' Isidore furent transférées dans la ville de Léon par le roi Ferdinand Ier : on célébra cette translation le 22 décembre. Le nom d'Isidore fut inscrit au 4 avril dans les martyrologes à partir du IXe siècle. Le grand pape Benoît XIV a déclaré saint Isidore docteur de l'Eglise.

Saint Isidore et Isabelle la Catholique. Pedro Marcuello.
vendredi, 04 avril 2025 | Lien permanent
4 mars. Saint Casimir, duc de Lithuanie, confesseur. 1483.
- Saint Casimir, duc de Lithuanie, confesseur. 1483.
Papes : Pie II, Sixte IV. Empereur d'Allemagne : Frédéric III.
" La chasteté est la vertu qui représente ici-bas l'état glorieux de l'immortalité."
St. Bernard, Ep. XLIII, à Henri, archv. de Sens.

Saint Casimir de Lithuanie. Anonyme. XVIIe.
C'est du sein même d'une cour mondaine que l'exemple des plus héroïques vertus nous est offert aujourd'hui. Casimir est prince de sang royal ; toutes les séductions de la jeunesse et du luxe l'environnent ; cependant, il triomphe des pièges du monde avec la même aisance que le ferait un Ange exilé sur la terre. Profitons d'un tel spectacle ; et si, dans une condition bien inférieure à celle où la divine Providence avait placé ce jeune prince, nous avons sacrifié à l'idole du siècle, brisons ce que nous avons adoré, et rentrons au service du Maître souverain qui seul a droit à nos hommages. Une vertu sublime, dans les conditions inférieures de la société, nous semble quelquefois trouver son explication dans l'absence des tentations, dans le besoin de chercher au ciel un appui contre une fortune inexorable : comme si, dans tous les états, l'homme ne portait pas en lui des instincts qui, s'ils ne sont combattus, l'entraînent à la dépravation. En Casimir, la force chrétienne paraît avec une énergie qui montre que sa source n'est pas sur la terre, mais en Dieu.

Statue de saint Casimir. Statuaire populaire lithuanienne.
C'est là qu'il faut aller puiser, dans ce temps de régénération. Un jour, Casimir préféra la mort au péché. Fit-il autre chose, dans cette circonstance, que ce qui est exigé du chrétien, à toute heure de sa vie ? Mais tel est l'attrait aveugle du présent, que sans cesse on voit les hommes se livrer au péché qui est la mort de l'âme, non pas même pour sauver cette vie périssable, mais pour la plus légère satisfaction, quelquefois contre l'intérêt même de ce monde auquel ils sacrifient tout le reste. Tel est l'aveuglement que la dégradation originelle a produit en nous. Les exemples des saints nous sont offerts comme un flambeau qui doit nous éclairer : usons de cette salutaire lumière, et comptons, pour nous relever, sur les mérites et l'intercession de ces amis de Dieu qui, du haut du ciel, considèrent notre dangereux état avec une si tendre compassion.
Casimir, fils de Casimir, roi de Pologne, et d'Elisabeth d'Autriche, fut élevé dans la piété et les belles-lettres par d'excellents maîtres. Dès sa jeunesse, il domptait sa chair par un rude cilice et par des jeûnes fréquents. Dédaignant la mollesse d'un lit somptueux, il couchait sur la terre nue, et s'en allait secrètement au milieu de la nuit implorer, prosterné contre terre, la divine miséricorde, devant les portes des églises. La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ était l'objet continuel de sa méditation, et il assistait à la sainte Messe avec un esprit tellement uni à Dieu, qu'il semblait ravi hors de lui-même.

Saint Casimir. Anonyme. XVIe.
Il s'appliqua avec un grand zèle à l'augmentation de la foi catholique et à l'extinction du schisme des Ruthènes : c'est pourquoi il porta le roi Casimir son père à défendre par une loi aux schismatiques de bâtir de nouvelles églises, et de réparer les anciennes qui tombaient en ruine. Libéral et miséricordieux envers les pauvres et tous ceux qui souriraient quelque misère, il s'acquit le nom de père et de défenseur des indigents. Ayant conservé intacte la virginité depuis son enfance, il la défendit courageusement sur la fin de sa vie, lorsque, pressé par une grande maladie, il résolut fermement de mourir plutôt que de rien faire contre la chasteté, en acceptant les conseils des médecins.

Statue de saint Casimir. Cathédrale Saint-Stanislas de Vilnius.
Ayant ainsi consommé sa course en peu de temps, plein de vertus et de mérites, après avoir prédit le jour de sa mort, il rendit son âme à Dieu, entouré de prêtres et de religieux, en la vingt-cinquième année de son âge. Son corps fut porté à Vilna, où il éclate par un grand nombre de miracles. Une jeune fille qui était morte recouvra la vie au tombeau du saint; les aveugles y reçurent la vue, les boiteux la marche, et de nombreux malades la santé. Il apparut dans les airs à une armée lithuanienne effrayée de son petit nombre, au moment de l'invasion inopinée d'un ennemi puissant, et il lui fit remporter une victoire signalée. Frappé de tant de merveilles, Léon X inscrivit Casimir au catalogue des Saints.
PRIERE
" Reposez maintenant au sein des félicités éternelles, Ô Casimir, vous que les grandeurs de la terre et toutes les délices des cours n'ont pu distraire du grand objet qui avait ravi votre cœur. Votre vie a été courte en durée, mais féconde en mérites. Plein du souvenir d'une meilleure patrie, celle d'ici-bas n'a pu attirer vos regards ; il vous tardait de vous envoler vers Dieu, qui sembla n'avoir fait que vous prêter à la terre. Votre innocente vie ne fut point exempte des rigueurs de la pénitence : tant était vive en vous la crainte de succomber aux attraits des sens !
Faites-nous comprendre le besoin que nous avons d'expier les péchés qui nous ont séparés de Dieu. Vous préférâtes mourir plutôt que d'offenser Dieu ; détachez-nous du péché, qui est le plus grand mal de l'homme, parce qu'il est en même temps le mal de Dieu. Assurez en nous les fruits de ce saint temps qui nous est accordé pour faire enfin pénitence. Du sein de la gloire où vous régnez, bénissez la chrétienté qui vous honore ; mais souvenez-vous surtout de votre patrie terrestre. Autrefois, elle eut l'honneur d'être un boulevard assuré pour l'Eglise contre le schisme, l'hérésie et l'infidélité ; allégez ses maux, délivrez-la du joug, et, rallumant en son sein l'antique zèle de la foi, préservez-la des séductions dont elle est menacée."
mardi, 04 mars 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)
5 avril. Saint Vincent Ferrier, de l'Ordre de Saint-Dominique, confesseur. 1419.
- Saint Vincent Ferrier, de l'Ordre de Saint-Dominique, confesseur. 1419.
Papes : Innocent VI ; Martin V. Roi de France : Charles VI.
" Après les premiers Apôtres, Vincent est de tous les hommes apostoliques celui qui a fait le plus de fruits dans la parole de Dieu."
Louis de Grenade.
" Il fut l'Ange de l'Apocalypse, volant au milieu du ciel, pour annoncer le jour redoutable du jugement dernier."
Pie II. Bulle de la canonisation de saint Vincent Ferrier.

Saint Vincent Ferrier. Francesco del Cossa. XVe.
Aujourd'hui, c'est encore la catholique Espagne qui fournit à l'Eglise un de ses fils pour être proposé à l'admiration du peuple chrétien. Vincent Ferrier, l’Ange du jugement, nous apparaît, faisant retentir l'arrivée prochaine du souverain juge des vivants et des morts. Autrefois il sillonna l'Europe dans ses courses évangéliques, et les peuples remués par son éloquence foudroyante se frappaient la poitrine, criaient miséricorde au Seigneur, et se convertissaient En ce moment, il voit du haut du ciel le peuple fidèle régénéré par la pénitence, fortifié par le pain de vie, en un mot ressuscité avec Jésus-Christ. Tous, il est vrai, n'ont pas été dociles à l'appel de la grâce ; mais si nous recommandons les fugitifs à l'illustre Apôtre de la conversion, il peut encore parler à leurs coeurs, au nom du Maître de la vigne, et préparer pour le salaire les ouvriers de la onzième heure.

Saint Vincent Ferrier, tout jeune Dominicain. Francisco de Goya. XVIIIe.
Saint Vincent, né à Valence en Espagne le 23 janvier 1357, de l'ancienne famille de Ferrier, montra dès ses premières années la maturité d'un vieillard. Guillaume Ferrier, son père, et Cinstance Miguel, sa mère, étaient des personnes fort pieuses, et l'on peut croire que ce fut par les grandes aumô nes qu'ils faisaient aux pauvres qu'ils méritèrent d'avoir un tel fils.
Ayant reconnu de bonne heure, malgré la faiblesse de son âge, le peu de durée de ce monde rempli de ténèbres, il reçut à dix-huit ans l'habit de la religion dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs. Après sa profession solennelle, il se livra avec ardeur à l'étude des saintes lettres, et conquit avec une grande distinction le degré de docteur en théologie.

Saint Vincent Ferrier. Angel Maria Camponesqui. XIXe.
Bientôt, sur l'obédience des supérieurs, il se mit à prêcher la parole de Dieu, à combattre la perfidie des Juifs, à réfuter les erreurs des Sarrasins avec tant de zèle et de succès, qu'il amena à la foi du Christ un nombre immense d'infidèles, et fit passer plusieurs milliers de chrétiens du péché à la pénitence, du vice à la vertu. Il avait été choisi de Dieu pour répandre les enseignements du salut chez toutes les nations, de quelque race et de quelque langue qu'elles fussent ; et en annonçant l'approche du dernier et redoutable jugement, il effrayait les âmes de tous ceux qui l'entendaient, les arrachait aux passions terrestres et les portait à l'amour de Dieu.
Dans l'accomplissement de ce ministère apostolique, son genre de vie fut constamment celui-ci , tous les jours, de grand matin, il célébrait une Messe chantée ; chaque jour aussi il adressait une prédication au peuple ; il gardait un jeûne inviolable, à moins d'une urgente nécessité; il ne refusa jamais à personne ses conseils toujours saints et équitables ; jamais il ne mangea de chair, ni ne porta de linge ; il apaisa les dissensions des peuples, et rétablit la paix entre des royaumes divisés ; enfin, au temps où la tunique sans couture de l'Eglise était déchirée par un schisme cruel, il se donna beaucoup de mouvement pour rétablir et consolider la réunion. Toutes les vertus brillèrent en lui; humble et simple, on le vit recevoir avec douceur et embrasser avec tendresse ceux qui l'avaient poursuivi de leurs calomnies et de leurs persécutions.

Prédication de saint Vincent Ferrier.
La puissance divine opéra par lui beaucoup de signes et de prodiges en confirmation de la sainteté de sa vie et de sa prédication. Souvent, par l'imposition de ses mains sur les malades, il leur rendit la santé; il chassa les esprits immondes du corps des possédés, rendit l'ouïe aux sourds, la parole aux muets, la vue aux aveugles ; il guérit les lépreux, et ressuscita des morts. Enfin, accable de vieillesse et de maladie ,après avoir parcouru plusieurs pays de l'Europe avec un grand profit pour les âmes, cet infatigable héraut de l'Evangile acheva le cours de sa prédication et de sa vie à Vannes en Bretagne, l'an du salut mil quatre cent dix-neuf. Il fut mis au nombre des Saints par Calixte III, mais c'est Pie II qui signa sa bulle de canonisation.

Anonyme espagnol. XVIe.
CULTE ET RELIQUES
Ses saintes reliques sont toujours dans la cathédrale Saint-Pierre de Vannes où l'on ne manquera pas de les vénérer. C'est en effet en Basse-Bretagne que notre Saint termina son pélerinage ici-bas en 1419, après avoir parcouru sa vie durant la quasi-totalité de l'Europe occidentale, royaume d'Angleterre et royaume d'Ecosse compris.
Les Paysans catholiques bretons sauvèrent les précieuses reliques de notre Saint pendant la tourmente révolutionnaire en les dissimulant jusqu'à l'appaisement de cette monstrueuse avanie.

Apothéose de saint Vincent Ferrier. Lucas de Valdès. XVIIe.
PRIERE
" Que votre voix fut éloquente, Ô Vincent, lorsqu'elle vint troubler l'assoupissement des hommes, et leur fit éprouver les terreurs du grand jugement ! Nos pères entendirent cette voix ; ils revinrent à Dieu, et Dieu leur pardonna. Nous aussi, nous nous étions endormis, lorsque l'Eglise, à l'ouverture du Carême, troubla notre sommeil en marquant de la cendre nos fronts coupables, et en nous rappelant l'irrévocable sentence de mort que Dieu a prononcée sur nous.

Anonyme espagnol. XVIIIe.
Dans le cours de la sainte Quarantaine, nous avons réfléchi sur nos fins dernières, et la méditation des jugements de Dieu nous a éclairés. Nous avons vu ensuite passer sous nos yeux le divin Rédempteur chargé de sa croix, et nos cœurs ébranlés d'abord ont été touchés et convertis. Sa mort a été notre vie, et nous sommes entrés en partage de sa Résurrection. Priez, Ô Vincent, afin que nous ne mourions plus, afin que la trompette de l'Ange du jugement, lorsqu'elle retentira, nous trouve dans une heureuse attente du second avènement de notre Emmanuel. Nous avons commencé parla crainte ; obtenez que l'espérance qui la remplace en ce moment se maintienne en nous, et qu'elle soit toujours justifiée par nos œuvres.

Monument dédié à saint Vincent Ferrier. Valence. Espagne.
Ami des âmes, nous remettons entre vos mains l'œuvre de notre persévérance. Priez aussi, Ô Vincent, pour l'Espagne qui vous donna le jour, et au sein de laquelle vous avez puisé la foi, la profession religieuse et le sacerdoce ; mais souvenez-vous de la France, votre seconde patrie, que vous avez évangélisée avec tant de fatigues et de succès ; souvenez-vous de la catholique Bretagne, qui garde si religieusement votre dépouille sacrée. Vous fûtes notre apôtre dans des temps malheureux ; les jours où nous vivons le sont plus encore : daignez, du haut du ciel, vous montrer toujours notre fidèle protecteur."

EXTRAITS DE LA VIE SPIRITUELLE DE SAINT VINCENT FERRIER
Pour la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ je vous indiquerai les remèdes contre quelques tentations spirituelles que Dieu permet très communes en ce temps pour la purification et l'épreuve des élus. Elles n'attaquent ouvertement aucun des principaux articles de la foi, mais l'homme clairvoyant comprend vite quelles vont tout de même à détruire ces fondements de notre religion et qu'elles préparent à l'Antéchrist sa chaire et son trône.
Je ne les exposerai pas en détail pour n'être à personne une occasion de scandale ou de chute, mais je vous dirai de quelle prudence vous devez user pour en triompher.
Ces tentations surgissent de deux côtés : d'abord des suggestions et illusions du diable qui trompe l'homme dans ses relations avec Dieu et dans tout ce qui se rapporte à Dieu ; ensuite de la doctrine corrompue et des moeurs de ceux qui sont déjà tombés dans ces tentations.
Je vous indiquerai donc quelle doit être votre conduite à l'égard des hommes, de leur doctrine et de leur manière de vivre.
I. Tentations qui viennent des suggestions diaboliques :
Voici donc les remèdes contre les tentations spirituelles que le diable soulève dans quelques âmes.
Ne pas désirer les grâces extraordinaires
Premier remède :
Ceux qui veulent vivre dans la volonté de Dieu ne doivent pas désirer obtenir par l'oraison, contemplation ou autres œuvres de perfection, des visions, des révélations ou des sentiments surnaturels dépassant l'état ordinaire de ceux qui ont pour dieu une crainte et un amour très sincères. Car un pareil désir ne peut venir que d'un fonds d'orgueil et de présomption, d'une curiosité vaine à l'égard de Dieu et d'une foi trop fragile. La grâce de Dieu abandonne l'âme prise de ce désir et la laisse tomber dans ces illusions et ces tentations du diable qui la séduit en des visions et des révélations trompeuses. C'est la tentation la plus commune de notre temps.
Consolations spirituelles et humilité
Deuxième remède :
Quand vous priez ou que vous contemplez, ne supportez jamais dans votre âme aucune consolation, même la moindre, si vous voyez qu'elle se fonde sur la présomption et l'estime de vous-même, si elle vous porte à désirer honneur et réputation et à vous croire digne de louange et de gloire en ce monde ou des joies du paradis.
L'âme qui prend plaisir à pareille consolation tombe dans plusieurs erreurs funestes. Par un juste jugement Dieu permet au démon d'accroître ces consolations, de les renouveler et de faire naître dans cette âme des sentiments tout à fait faux et dangereux qu'elle prend pour des communications divines.
Visions, foi et pureté
Troisième remède :
Tout sentiment, même très élevé, toute vision même sublime, du moment qu'ils vous disposent contre un article de foi, contre les bonnes mœurs, surtout contre l'humilité et la pureté, ayez-les en horreur : certainement ils sont l'œuvre du diable.
Même si votre vision ne vous inspire rien de semblable et vous apporte la certitude qu'elle est de Dieu et vous pousse à faire la volonté divine, cependant, ne vous appuyez pas sur elle.
Conseils des visionnaires