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21 février. Saint Pépin de Landen, duc de Brabant. 640.

- Saint Pépin de Landen, duc de Brabant. 640.

Pape : Saint Séverin (+640) ; Jean IV. Roi d'Austrasie : Sigebert III. Roi de Neustrie et de Bourgogne : Clovis II.

" Bienheureux le riche qui a été trouvé sans tache et ne s'est point attaché à l'or."

Eccli., XXXI, 8.


Saint Pépin de Landen administrant.
Illustration d'un manuscrit du IXe.

Ce saint duc était le fils du prince Carloman et de la princesse Emegarde. Il fut maire du palais sous Clotaire II, Dagobert Ier et Sigebert II, rois de France, et exerça cette grande charge, qui était peu différente de l'autorité royale, avec une rare prudence.

Il ne pouvait rien ajouter à sa fidélité pour son roin ni à son amour pour son peuple. Il embrassait, avec une constance invincible, les justes intérêts de l'un et de l'autre, sans souffrir que, pour favoriser le peuple, on fît tort au rdroits du roi ; ni que, sous prétexte des droits du roi, l'on opprimât et accablât le peuple, parce qu'il préférait les volontés de Dieu à celles des hommes, et savait qu'il défend de favoriser les puissants au préjudice des faibles. Ainsi, il rendait au peuple ce que la justice voulait qu'on lui rendît, et à César ce qui appartenait légitimement à César.


Clotaire II recevant l'hommage des Lombards.
Saint Pépin de Landen est déjà présent au côté du roi.
Illustration d'un manuscrit du XIIIe.

Il n'en faut point de meilleure preuve que son désir d'avoir pour associé, dans sa conduite, saint Arnoul, évêque de Metz ; il ne faisait rien sans son conseil, connaissant son éminente vertu et sa grande capacité dans le gouvernement de l'Etat. Après la mort de saint Arnoul, il prit pour collègue, dans l'administration des affaires, un autre grand saint, Cunibert, archevêque de Cologne. On peut assez juger avec quelle ardeur il embrassait les choses justes, puisqu'il choisissait des hommes si excellents et si incorruptibles pour être les directeurs de ses conseils et les fidèles témoins de ses actions.


Clotaire II, Dagobert son fils, saint Arnoul de Metz et
saint Pépin de Landen. Grandes chroniques de France. XVe.

Le roi Clotaire II ne se contenta pas de mettre entre les mains de cet excellent prince la première charge de son Etat, en le faisant maire du palais : il l'honora aussi de toute sa confiance, et lui donna tout le pouvoir qu'un grand ministre peut espérer. Ayant résolu d'associer son fils Dagobert à une partie de sa puissance et de partager avec lui ses Etats, en le mettant, dès son vivant, en possession du royaume d'Austrasie, il choisit, parmi tous les grands de la cour, cet homme admirable pour lui confier entièrement la conduite de ce jeune prince, qui devait n'agir que d'après ce conseiller (622).


Statue de Dagobert Ier. XIXe. Versailles.

Pépin s'acquitta si dignement de cette charge, qu'il n'oublia rien de ce qui pouvait imprimer dans l'esprit de Dagobert la crainte de Dieu et l'amour de la justice : il lui mettait souvent devant les yeux cette belle parole de l'Evangile :
" Le trône d'un roi qui rend justice aux pauvres ne sera jamais ébranlé."

Ainsi, ce fut par sa prudence que Dagobert gouverna si bien et si heureusement, non seulement l'Austrasie, mais aussi tous les Etats que son père lui laissa en mourant. Son frère Caribert, et plusieurs grands les lui ayant disputés, cette faction fut bientôt dissipée par la valeur de Pépin, qui n'était pas moins généreux dans la guerre que juste et sage dans la paix ; et Dagobert, après s'être maintenu dans le droit qui lui appartenait, gagna de telle sorte le coeur de tous ses sujets par sa libéralité, sa justice, sa douceur et toutes les autres qualités dignes d'un grand roi, qu'il égala et surpassa même la réputation de ses plus illustres prédécesseurs ; son règne eût été des plus beaux, s'il eût toujours suivi les avis d'un si saint et si habile maître.


Dagobert chassant saint Amand malgré la protestation
de saint Pépin de Landen. Vie de saint Amand. XIIe.

Mais, comme rien n'est plus difficile que de conserver son esprit pur au milieu de la corruption du siècle, et son corps chaste au milieu des plaisirs qui accompagnent la prospérité et la souveraine puissance, ce roi se plongea dans la volupté, et il eut recours à des moyens injustes pour satisfaire à ses dépenses folles et désordonnées. Saint Pépin, qui en eut le coeur tout percé de douleur, l'en reprit sévèrement, et lui reprocha son ingratitude envers Dieu. Ce prince reçut d'abord si mal les avis de notre saint, qu'il pensa même à le faire mourir, étant poussé en cela par quelques grands de sa cour qui haïssaient Pépin et portaient envi à sa vertu.


Dagobert implorant le pardon de saint Amand qu'il avait chassé
en présence de saint Pépin de Landen. Vie de saint Amand. XIIe.

Mais Dieu, qui est le protecteur des justes, délivra Pépin de ce péril. Le roi comprit enfin la justesse de ses remontrances et eut plus de vénération que jamais pour le mérite et la vertu d'un si grand ministre. Pour lui en donner une preuve non équivoque, il mit entre ses mains son fils Sigisbert, qu'il envoya régner en Austrasie sous sa conduite (633). Ainsi Sigisbert étant roi de nom et saint Pépin gouvernant en effet le royaume, l'Austrasie se trouva délivrée des grandes incursions des Barbares qu'elles souffrait auparavant. Il les réprima, les resserra dans leurs pays ; et, après la mort de Dagobert, il eût mis Sigebert en possession de tous ses Etats, si son père ne l'eût obligé, dès son vivant, de se contenter de l'Austrasie et de laisser le royaume de France à Clovis, son puîné.


Baptême de saint Sigebert par saint Amand de Troyes en présence
de Dagobert et de saint Pépin de Landen.
Chroniques françaises. Guillaume Crétin. XVIe.

Notre saint duc mourut le 21 février 640 au château de Landen, en Brabant ; l'affliction que toute l'Austrasie en conçut fut si extraordinaire, qu'elle ne le pleura pas moins que l'un de ses meilleurs rois : car sa vie était toute sainte, sa réputation sans tache, sa sagesse et sa conduite admirables ; et on pouvait le nommer, avec vérité, le protecteur des lois, le soutien des faibles, l'ennemi de la division, l'ornement de la cour, l'exemple des grands, le conducteur des rois et le père de la patrie.


Statue de saint Pépin de Landen. Louvain. Belgique.

Son corps fut d'abord déposé au lieu où il mourut, puis fut transféré au monastère de Nivelle. Au reste, il faut prendre garde de ne le point confondre avec deux autres Pépin dont le nom est célèbre dans notre histoire :
- le premier, Pépin d'Héristal, aussi maire du palais et père de Charles Martel ;
- le second, Pépin le Bref, fils du même Charles Martel, et le premier de nos rois de la seconde race.


Abbatiale Sainte-Gertrude vue du cloître. Nivelles. Brabant.

Saint Pépin de Landen, dont nous parlons, est le plus ancien des trois, et fut l'aïeul de Pépin d'Héristal par sa fille sainte Begghe, qui, ayant épousé Ansegise, fils de saint Arnoul, lui donna ce fils pour le bien de la France et le soutien de cette grande et illustre monarchie qui vécut aussi longtemps qu'elle fut le soutien fidèle de notre sainte mère l'Eglise.


Saint Amand bénissant donnant le voile à
Ideburge veuve de saint Pépin. Vie de saint Amand. XIIe.

Il reste à remarquer que la maison de saint Pépin n'était qu'une compagnie de Saints et de Saintes : car sa femme, nommée Itte, ou Ideburge, soeur de saint Modoald, archevêque de Trèves, après avoir vécu saintement dans le mariage, à l'exemple de son mari, ne s'occupa, quand elle fut veuve, qu'à pratiquer toutes sortes de bonnes oeuvres ; et elle reçut enfin, des mains de saint Amand, le voile sacré de religieuse dans le célèbre monastère de Nivelle, qu'elle avait elle-même fait bâtir. Elle y passa le reste de ses jours dans une si grande perfection, qu'elle offrait à toutes les religieuses qui y demeuraient un rare exemple de vertu.


Sainte Wautrude et sainte Gertrude.
Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.

L'aînée des filles de saint Pépin et d'Ideburge, la grand et illustre sainte Gertrude, abbesse du même monastère de Nivelle, fut si éminente en sainteté, qu'on peut la considérer comme une des plus belles lumières de la religion.


Sainte Gertrude de Nivelle, fille de saint Pépin. Gravure du XVIIIe.

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mercredi, 21 février 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)

3 avril. Saint Richard de Wyche, évêque de Chichester. 1253.

- Saint Richard de Wyche, évêque de Chichester. 1253.
 
Pape : Innocent IV. Roi d'Angleterre : Henri III.
 
" Si vous ouvrez un livre, pensez aussitôt à cet homme juste, le vieillard Siméon, prenant dans ses bras l'enfant Jésus pour le baiser ; et quand vous aurez lu, fermez le livre, en rendant à Dieu des actions de grâces pour le trésor caché que vous avez trouvé dans son champ."
Thomas a Kempis, Doct. juv., c., V.
 

Saint Richard encore jeune et gagnant sa vie comme valet de ferme.
Gravure de Jacques Callot. XVIIe.

Né en 1197, saint Richard de Wych était le second fils de Richard Backedine et Alice de Wyche. Son père mourut alors qu'il était encore jeune et, entre les mains d'un tuteur incompétent, la propriété familiale fut rapidement menée à la ruine. Après la mort de leur mère, le frère aîné de notre Saint fut longtemps retenu en prison pour dettes. Richard travailla généreusement à sa délivrance ; mais il s'appauvrit lui-même au point d'être obligé de gagner sa vie comme valet de ferme.

Bientôt il put aller à Paris continuer les bonnes études qu'il avait déjà faites dans sa jeunesse. Il se lia d'amitié avec deux amis choisis, aussi pauvres que lui ; ils n'avaient qu'un manteau à tous les trois et se voyaient obligés de n'aller prendre leurs leçons que l'un après l'autre. Leur nourriture était plus que frugale, un peu de pain et de vin leur suffisait, et ils ne mangeaient de chair ou de poisson que le dimanche. Cependant Richard assura depuis que ce fut là pour lui le beau temps, tant il était absorbé par la passion de l'étude. Ses succès furent prompts et remarquables, si bien qu'à son retour en Angleterre il professa fort brillamment à l'Université d'Oxford.

Son enseignement et sa sainteté étaient si réputés qu'Edmond Rich, devenu archevêque de Cantorbery, et Robert Grosseteste, évêque de Lincoln, lui proposèrent tous deux le poste de chancelier de leur diocèse respectif. Richard accepta l'offre de l'archevêque et devint un ami intime de saint Edme.

Richard approuva la position de l'archevêque qui s'opposa au roi Henri III sur la question des sièges vacants en lui reprochant de garder des diocèses sans évêques aussi longtemps que possible (parce que tant que les sièges épiscopaux étaient vacants, leurs revenus allaient à la Couronne).


Statue de saint Richard.

Richard accompagna saint Edme dans son exil à l'abbaye de Pontigny (près d'Auxerre), s'occupa de lui dans sa maladie et était présent au prieuré Notre-Dame à Soisy (aujourd'hui Soisy-Bouy, près de Provins) quand il mourut le 16 novembre 1240.

Saint Richard étudia ensuite la théologie chez les dominicains à Orléans, fut ordonné prêtre en 1243 et, après avoir fondé une chapelle en l'honneur de saint Edme, revint en Angleterre où il devint curé de Deal et recteur de Charring.
Il fut ensuité persuadé par Boniface de Savoie, nouvel archevêque de Cantorbery, de reprendre son poste de chancelier.

En 1244, Ralph Neville, évêque de Chichester, mourut. L'élection au siège vacant de Robert Passelewe, archidiacre de Chichester, fut invalidée par Boniface à un synode de ses suffragants, le 3 juin 1244, et, sur sa recommandation, le chapitre élut Richard, choix immédiatement confirmé par l'archevêque.

Henri III était indigné, car Robert Passelewe était un de ses favoris, et il refusa de rendre à Richard les revenus de son siège. Le saint plaida sa cause auprès du pape Innocent IV, qui le consacra personnellement à Lyon, le 5 mars 1245, et le renvoya en Angleterre.


Masque-effigie de Henri III sur son tombeau.
Cathédrale de Canterbury.

Mais Henri était intraitable. Sans toit dans son propre diocèse, Richard dépendait de la charité de son clergé. Enfin, en 1246, Henri fut amené par les menaces du pape à restituer à Richard les revenus du diocèse. Comme évêque, Richard vivait dans une grande austérité, offrant la plupart de ses revenus comme aumônes.

Richard constitua un grand nombre de statuts qui réglent de manière détaillée la vie du clergé, la célébration du service divin, l'administration des sacrements, les privilèges de l'église. Chaque prêtre du diocèse devait se procurer une copie de ces statuts et les amener au synode diocésain.


Cathédrale de la Très-Sainte-Trinité. Chichester (occupée et profanée
désormais par la secte anglicane). Angleterre. XIe et suivant.

Devenu désormais libre dans l'exercice de son ministère, il se fit remarquer par sa grande condescendance pour les petits et par sa miséricorde pour les pauvres. Comme on lui disait que ses dépenses excédaient ses revenus :
" Il vaut mieux, dit-il, vendre son cheval et sa vaisselle d'argent que de laisser souffrir les pauvres, membres de Jésus-Christ."

Un jour, distribuant du pain, il en eut assez pour contenter trois mille pauvres, et il lui en resta pour cent autres qui survinrent après. Ces multiplications merveilleuses se renouvelèrent plusieurs fois. Il honorait les religieux et les embrassait souvent :
" Qu'il est bon, disait-il, de baiser les lèvres qui exhalent l'encens des saintes prières offertes au Seigneur !"

Pour améliorer l'entretien de sa cathédrale, Richard institua une quête annuelle qui devait être faite dans chaque paroisse à Pâques ou à la Pentecôte. Il encouragea les ordres mendiants, en particulier les dominicains.

En 1250, Richard fut l'un des collecteurs de la levée de fonds pour les croisades et deux ans plus tard le roi le nomma pour prêcher la croisade à Londres. Il fit des efforts acharnés pour soulever l'enthousiasme pour la cause dans les diocèses de Chichester et Cantorbery, et alors qu'il était en route pour Douvres, où il devait consacrer une nouvelle église dédiée à saint Edme, il tomba malade. En arrivant à Douvres, il alla dans un hôpital appelé la " Maison Dieu ", procéda à la cérémonie de consécration le 2 avril.

Saint Richard mourut le matin suivant en baisant le Crucifix et en invoquant Marie contre les ennemis du salut.


Tombeau de saint Richard. Cathédrale de la Très-Sainte-Trinité.
Chichester. Angleterre.

Son corps fut ramené à Chichester et enterré dans la cathédrale. Il fut solennellement canonisé par Urbain IV dans l'église franciscaine de Viterbe en 1262 et le 20 février le pape autorisa le transfert de ses reliques dans un nouveau tombeau. Mais l'état troublé du pays empêcha que cela se fît jusqu'au 16 juin 1276, quand le tranfert fut effectué par l'archevêque Kilwardby en présence d'Édouard Ier. Ce tombeau fut violé, outragé et détruit lors de la prétendue réforme par ses féroces sectateurs. Rien ne prouve qu'il s'agit de l'autel très restauré dans le transept sud qui est maintenant couramment assigné à saint Richard, et on n'a connaissance d'aucune relique.

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mercredi, 03 avril 2024 | Lien permanent

L'Octave de la Toussaint.

- L'Octave de la Toussaint.


Le paradis céleste. Bas-relief. Andrea Briosco. XVIe.

Quelle conclusion donner aux enseignements de l'Octave qui va finir, sinon celle que formule elle-même aujourd'hui la Liturgie sainte ?
" Etrangers et pèlerins sur la terre, saluons du cœur et de la pensée le jour qui doit nous rendre à tous une demeure stable en nous ouvrant le paradis. Qui, loin de la patrie, ne hâterait le retour ? Qui, naviguant vers les siens, n'appellerait lèvent favorable et ne souhaiterait d'embrasser au plus tôt ses bien-aimés? Parents, frères, fils, amis nombreux, nous attendent et désirent en la patrie des cieux : foule fortunée, déjà sûre de l'immortalité bienheureuse, encore anxieuse à notre endroit. Quelle joie pour eux, quelle joie pour nous, quand nous pourrons les voir enfin, quand ils pourront nous serrer dans leurs bras ! Plus rien, dans ce royaume du ciel, que bonheur à goûter ensemble ; plus de crainte de mourir; plus rien que l'éternelle et souveraine félicité ! Que tous nos désirs tendent à cet unique but : rejoindre les saints, pour avec eux posséder le Christ (Lectiones IIi Noct. ex Cypriano, de Mortalitate, XXVI.)."

A ces effusions que l'Eglise emprunte au beau livre de saint Cyprien sur la Mortalité, font écho, dans l'Office de la nuit, les fortes paroles de saint Augustin rappelant, consolation sublime, au fidèle que l'exil menace de retenir encore, la vraie compensation, la grande béatitude de cette terre : la béatitude de ceux que le monde persécute et maudit. Souffrir pour le Christ avec joie, c'est la gloire du chrétien, l'invisible beauté qui vaut à son âme les divines complaisances et lui assure une grande récompense dans les cieux (Homilia IIIi Noct. ex Augustino, de Sermone Domini in monte, Apoc. XXII, 11-13.).

Que celui qui nuit nuise encore, dit le Seigneur, et que le souillé se souille encore ; et que le juste se justifie encore ; et que le saint se sanctifie encore. Voici que je viendrai bientôt, et ma récompense avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres, moi l'Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin (I Cor. VII, 29-31.). Patience donc à nous chrétiens, patience aux méprisés de l'heure présente ! Le temps est court ; la figure de ce monde passe (4. II Thess. II, 8.). Voyons du haut de notre baptême les insensés qui se croient forts parce qu'ils ont à leur disposition la violence, qui se disent sages parce que le plaisir est leur unique loi. Quand d'un souffle de sa bouche l'Homme-Dieu fera justice de leur chef (4), leur part sera la sentence indignée qu'entendit le prophète de Pathmos : Arrière, chiens ! dehors les empoisonneurs et les menteurs (Apoc. XXII, 15.) !

Et ce pendant la création entière, la création dont ils avaient fait l'esclave gémissante de leur corruption (Rom. VIII, 20-22.), répondra par un chant de délivrance à leur chute honteuse. Elle-même, réhabilitée, se transformera en de nouveaux cieux, en une terre nouvelle (Apoc. XXI, 1.). Elle participera de la gloire des enfants de Dieu délivrés comme elle (Rom. ibid.) et portera dignement la nouvelle Jérusalem, la sainte cité où dans nos corps nous verrons Dieu (Job. XIX, 26.), où siégeant à la droite du Père dans le Christ Jésus (Eph. I, 20; II, 6.), l'humanité glorifiée jouira pour jamais des honneurs d'Epouse.

Entrons parla pensée dans Rome, et dirigeons nos pas vers l'antique église qui porte, au mont Cœlius,le nom des Quatre saints couronnés. Il est peu de Martyrs dont les Actes aient été plus que les leurs dédaignés " par une critique superficielle et ignorante de la science archéologique " (De Rossi, Bulletin, 1879, II édition française, pages 45-91.), comme le fut trop souvent celle des XVIe, XVIIe et XVIII° siècles. Mais" aujourd'hui, l'histoire et les traditions relatives à l'auguste monument du Cœlius ont été remises en honneur par des savants et des antiquaires que nul ne saurait taxer de superstition ou d'une aveugle crédulité pour les légendes du moyen âge (Ibid.)."


SEQUENCE



Le paradis céleste. Ivoire. Sous saint Charlemangne. IXe.

Prions toujours pour nos chers disparus. Les Missels de diverses Eglises nous fournissent à cette fin la pièce qui suit, aux accents d'une supplication si instante.

" Qu'a l’honneur du Sauveur chante cette assemblée ; qu'elle chante au dedans en son cœur, que sa voix retentisse au dehors ; douce sera la mélodie, pourvu que s'accordent ces trois : le cœur, la bouche et la conduite.

Admirable est Dieu dans ses saints. Si cependant pour finir il les comble de tant de biens, comment donc en cette vie les laisse-t-il respirer à peine sous l'épreuve et sous la douleur ?

Comment s'accorde, ô Christ,avec l'amour une haine qui vous fait juger bon de les accabler par tous les genres de souffrance, de les laisser broyer dans les tourments, de permettre qu'ils meurent de la plus cruelle mort ?

Mais non, ce n'est pas haine: il veut savoir de quel amour chacun à son service est animé ; lui les aime tous, et cependant éprouve dans la fatigue et le combat leur degré de fidélité.

Ils luttent donc contre le monde, contre l'ennemi réprouvé et immonde, contre les vices aussi de la chair : lutte virile où se forment à la vertu confesseurs et aussi martyrs.

Au martyr le combat spécial que lui vaut le dernier supplice; mais au confesseur parfois c'est le licteur qui se dérobe, pour le laisser aux prises avec les passions.

Combattent donc pour l'amour du Christ et ceux-ci, et ceux-là, quel que soit leur sexe : à qui peine plus en la lutte, revient pour son labeur plus belle couronne et meilleure récompense.

Tous ils sont les élus de Dieu ; qu'il daigne se laisser fléchir en considération de leurs mérites et prières, pour qu'au jour du terrible avènement, son courroux ne nous livre pas aux bourreaux d'enfer.

Mais que notre lyre soit admise à le louer dans la compagnie des habitants des cieux.

Amen."



HYMNE


Saint Pierre et Notre Seigneur Jésus-Christ. Giovanni Battista Pittoni. XVIe.

Séville nous donnera, pour honorer les Saints, la Séquence qu'elle chanta longtemps en ce jour de l'Octave.

" Du fond de l'abîme nous crions ; Christ, Entendez nos voix du haut des Cieux : pour tous les fidèles défunts la Mère Eglise Vous prie et supplie à cette heure.

Que Votre oreille soit donc attentive, et qu'Elle écoute cette voix suppliante : Ô Roi de gloire, cette voix Vous prie pour Vos fidèles et Vous demande d'alléger aujourd'hui leurs maux.

Bien que pécheurs, bien qu'indignes même de subsister, si Vous considérez nos vices : que produise cependant ses fruits de salut ; victime offerte par nous à cette heure pour les trépassés.

L'hostie offerte par Vous au Père, c'est elle que nous-mêmes aussi nous offrons : qu'elle leur soit secourable ; oui, Soyez-leur secourable, Ô Jésus, Déliez les liens de leurs péchés dans Votre puissance.

A cause de la loi que Vous avez donnée, ceux qui furent l'œuvre de Vos mains Vous attendent : Ecartez d'eux les supplices ; ils Vous attendent, Délivrez-les ; en Vous ils espèrent, Conduisez-les aux palais des Cieux.

En Vous ils espèrent, en Vous ils croient, vers Vous ils tendent et ils soupirent du fond de leur misère ; qu'en Vous le jour, qu'en Vous la nuit, qu'en Vous le matin et le soir ils se confient.

Nous Vous le demandons : qu'abonde en Vous la miséricorde implorée; Christ, cette assemblée vous supplie prosternée de les délivrer de tout mal.

Daigne vous prier la reine des reines, l'impératrice Votre mère ; que par Marie nous soient obtenues nos demandes. Bon Jésus, Roi de gloire, que tous les Saints, spécialement en ce jour, implorent de Vous pour eux la grâce désirée.

C'est par pitié pour les pécheurs que sur la croix Vous êtes monté : Ecoutez miséricordieusement les prières et les cris de notre dévote assemblée. Que par Vous soient brisées les chaînes, détruites les portes de la mort, confondus les démons : que par Vous les âmes entrent en possession des joies éternelles.

Amen."

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jeudi, 08 novembre 2007 | Lien permanent

31 octobre. Vigile de la Toussaint.

- Vigile de la Toussaint.

" Le nombre de ceux que je vis alors dans le Ciel était si prodigieux, que les calculs de l'homme seraient impuissants à l'apprécier."
Apocalypse selon saint Jean. VII, 9.


Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.

Jeune et abstinence.

Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s'apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l'allégresse de l'Eglise, qu'elle semblera déjà se croire en possession de l'éternité. Aujourd'hui pourtant, c'est sous les livrées de la pénitence qu'elle se montre à nos yeux, confessant bien qu'elle n'est qu'une exilée (Heb. XI, 13.).


La Paradis. Giovanni di Paolo di Grazia. XVe.

Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ?
D'années en années, la solennité qui va s'ouvrir compte parmi nos compagnons d'autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d'espérance.
D'années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l'hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin.


Toussaint. Le Caravage. XVIIe.

Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d'une terre étrangère : il n'est pour l'exilé d'autre souci que celui de son bannissement, d'autre joie que celle où il trouve l'avant-goût de la patrie.

Dans ces pensées, disons avec l'Eglise en ce jour de Vigile :

ORAISON


Jugement dernier. Bible arménienne. Barlam d'Iran. XVIIe.

" Seigneur notre Dieu, faites couler abondamment sur nous votre grâce ; et, comme nous prévenons la glorieuse solennité de vos Saints, puissions-nous mériter par une sainte vie de les suivre au bonheur. Par Jésus-Christ."

En la manière que nous l'avons commencé, terminons ce mois par un hommage à Marie, Reine du très saint Rosaire et Reine des Saints. Les anciens Missels Dominicains nous en fourniront la formule.

SEQUENCE


Comédie. Dante. Maître de Coëtivy. XVe.

" Voici qu'au jardin virginal bourgeonnent les nouvelles pousses et se forment les fleurs ; c'est la fertilité du printemps.

C'est la fin des frimas ; l'hiver s'en est allé, et les pluies et la neige avec lui ; les roses ont apparu sur la terre, semées des cieux.

La rose a produit le lis ; puis du jardin de son fils, tant qu'a duré leur exil, elle a cueilli et moissonné

Pour les justes la joie, pour les pécheurs une nouvelle innocence, pour les élus la gloire, pour tous le salut :

Dons que le Christ apporta des cieux, qu'il assura par ses souffrances à la terre, sauvant le monde qu'il était venu vaincre.

Il se repose sous le feuillage du rosier, se blesse à ses épines, se couronne de ses fleurs : et de la sorte nous appelle, nous justifie, nous récompense.

Grâce donc à la tige bénie, à ses feuilles, à ses ronces, à ses roses, la patrie est à nous ; ses délices nous attendent là où demeure l'auguste jardinière,

L'impératrice qui se complaît dans les associations de notre milice sainte, comme elle préside à la triple hiérarchie des neuf chœurs.

Triomphatrice nouvelle, qui réparez l'antique désastre, à vous nos chants !

Mais voici qu'à nouveau l'ennemi menace et rugit ; si vous ne l'arrêtez, c'en est fait des chrétiens.

Nous vous saluons, ô vous la demeure du Verbe, sanctuaire de l'Esprit-Saint, fille du Père souverain.

Contre les traits de l'ennemi, dans les dangers multiples de cette vie, que votre secours soit sur nous toujours.

Qu'après le combat notre couronne soit formée des roses et des lis que produit le parterre des cieux.

Amen."

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mercredi, 31 octobre 2007 | Lien permanent

10 octobre. Saint François de Borgia, confesseur. Duc de Gandie, IIIe général de la compagnie de Jésus. 1572.

- Saint François de Borgia, confesseur. Duc de Gandie, IIIe général de la compagnie de Jésus. 1572.

Pape : Saint Pie V. Roi d'Espagne : Philippe II.

" Peu m'importe que l'amour des choses terrestres meure en moi, pourvu que l'amour des choses du ciel vive dans mon coeur."
Maxime de saint François de Borgia.

Saint Francisco de Borgia. Alonso Cano. XVIe.

François, quatrième duc de Gandie, naquit de Jean de Borgia et de Jeanne d'Aragon, petite-fille de Ferdinand le Catholique. Admirable avait été parmi les siens l'innocence et la piété de son enfance ; plus admirable fut-il encore dans les exemples de vertu chrétienne et d'austérité qu'il donna par la suite, à la cour d'abord de l'empereur Charles-Quint, plus tard comme vice-roi de Catalogne. Ayant dû conduire le corps de l'impératrice Isabelle à Grenade pour l'y remettre aux sépultures royales, l'affreux changement des traits de la défunte le pénétra tellement de la fragilité de ce qui doit mourir, qu'il s'engagea par vœu à laisser tout dès qu'il le pourrait pour servir uniquement le Roi des rois. Si grands furent dès lors ses progrès, qu'il retraçait au milieu du tourbillon des affaires une très fidèle image de la perfection religieuse, et qu'on l'appelait la merveille des princes.

Saint François de Borgia assistant un mourant. Francisco Goya. XVIIe.

A la mort d'Eléonore de Castro son épouse, il entra dans la Compagnie de Jésus. Son but était de s'y cacher plus sûrement, et de se fermer la route aux dignités par le voeu qu'on y fait à l’encontre. Nombre de personnages princiers s'honorèrent de marcher après lui sur le chemin du renoncement, et Charles-Quint lui-même ne fit pas difficulté de reconnaître que c'étaient son exemple et ses conseils qui l'avaient porté à abdiquer l'empire. Tel était le zèle de François dans la voie étroite, que ses jeûnes, l'usage qu'il s'imposait des chaînes de fer et du plus rude cilice, ses sanglantes et longues flagellations, ses privations de sommeil réduisirent à la dernière maigreur son corps ; ce pendant qu'il n'épargnait aucun labeur pour se vaincre lui-même et sauver les âmes. Tant de vertu porta saint Ignace à le nommer son vicaire général pour l'Espagne, et peu après la Compagnie entière l'élisait pour troisième Général malgré ses résistances. Sa prudence, sa sainteté le rendirent particulièrement cher en cette charge aux Souverains Pontifes et aux princes. Beaucoup de maisons furent augmentées ou fondées par lui en tous lieux ; il introduisit la Compagnie en Pologne, dans les îles de l'Océan, au Mexique, au Pérou ; il envoya en d'autres contrées des missionnaires dont la prédication, les sueurs, le sang propagèrent la foi catholique romaine.

Saint françois de Borgia et Charles Quint devant la dépouille de
l'épouse de ce dernier, Isabelle de Portugal.

Si humbles étaient ses sentiments de lui-même, qu'il se nommait le pécheur. Souvent la pourpre romaine lui fut offerte par les Souverains Pontifes ; son invincible humilité la refusa toujours. Balayer les ordures, mendier de porte en porte, servir les malades dans les hôpitaux, étaient les délices de ce contempteur du monde et de lui-même. Chaque jour, il donnait de nombreuses heures ininterrompues, souvent huit, quelquefois dix, à la contemplation des choses célestes. Cent fois le jour, il fléchissait le genou, adorant Dieu. Jamais il n'omit de célébrer le saint Sacrifice, et l'ardeur divine qui l'embrasait se trahissait alors sur son visage ; parfois, quand il offrait la divine Hostie ou quand il prêchait, on le voyait entouré de rayons. Un instinct du ciel lui révélait les lieux où l'on gardait le très saint corps du Christ caché dans l'Eucharistie. Saint Pie V l'ayant donné comme compagnon au cardinal Alexandrini dans la légation qui avait pour but d'unir les princes chrétiens contre les Turcs, il entreprit par obéissance ce pénible voyage, les forces déjà presque épuisées ; ce fut ainsi que, dans l'obéissance, et pourtant selon son désir à Rome où il était de retour, il acheva heureusement la course de la vie, dans la soixante-deuxième année de son âge, l'an du salut mil cinq cent soixante-douze. Sainte Thérèse qui recourait à ses conseils l'appelait un saint, Grégoire XIII un serviteur fidèle. Clément X, à la suite de ses grands et nombreux miracles, l'inscrivit parmi les Saints.

Saint François de Borgia.
Statue. Université de Séville. XVIIe.

PRIERE

" Vanité des vanités, tout n'est que vanité (Ecclc. I, 1.) ! Il n'eut besoin d'aucun discours pour s'en convaincre, le descendant des rois célébré en ce jour, lorsqu'à l'ouverture du cercueil où l'on disait qu'était endormi ce que l'Espagne renfermait de jeunesse et de grâces, la mort lui révéla soudain ses réalités. Beautés de tous les temps, la mort seule ne meurt pas ; sinistre importune qui s'invite de vos danses et de vos plaisirs, elle assiste à tous les triomphes, elle entend les serments qui se disent éternels. Combien vite elle saura disperser vos adorateurs ! Quelques années, sinon quelques jours, peut-être moins, séparent vos parfums d'emprunt de la pourriture de la tombe.

" Assez des vains fantômes ; assez servi les rois mortels ; éveille-toi, mon âme."
C'est la réponse de François de Borgia aux enseignements du trépas. L'ami de Charles-Quint, le grand seigneur dont la noblesse, la fortune, les brillantes qualités ne sont dépassées par aucun, abandonne dès qu'il peut la cour. Ignace, l'ancien soldat du siège de Pampelune, voit le vice-roi de Catalogne se jeter à ses pieds, lui demandant de le protéger contre les honneurs qui le poursuivent jusque sous le pauvre habit de jésuite où il a mis sa gloire.

Saint François de Borgia.
Bernardo Lorente German. XVIIIe.

" Seigneur Jésus-Christ, modèle de l'humilité véritable et sa récompense ; en la manière que vous avez fait du bienheureux François votre imitateur glorieux dans le mépris des honneurs de la terre, nous vous en supplions, faites que vous imitant nous-mêmes, nous partagions sa gloire." (Collecte du jour) C'est la prière que l'Eglise présente sous vos auspices à l'Epoux. Elle sait que, toujours grand près de Dieu, le crédit des Saints l'est surtout pour obtenir à leurs dévots clients la grâce des vertus qu'ils ont plus spécialement pratiquées.

Combien précieuse apparaît en vous cette prérogative, Ô François, puisqu'ell s'exerce dans le domaine de la vertu qui attire toute grâce ici-bas, comme elle assure toute grandeur au ciel ! Depuis que l'orgueil précipita Lucifer aux abîmes et que les abaissements du Fils de l'homme ont amené son exaltation par delà les deux (Philipp. II, 6, 11.), l'humilité, quoi qu'on ait dit dans nos temps, n'a rien perdu de sa valeur inestimable ; elle reste l'indispensable fondement de tout édifice spirituel ou social aspirant à la durée, la base sans laquelle nulles autres vertus, fût-ce leur reine à toutes, la divine charité, ne sauraient subsister un jour. Donc, Ô François, obtenez-nous d'être humbles ; pénétrez-nous de la vanité des honneurs du monde et de ses faux plaisirs. Puisse la sainte Compagnie dont vous sûtes, après Ignace même, augmenter encore le prix pour l'Eglise, garder chèrement cet esprit qui fut vôtre, afin de grandir toujours dans l'estime du ciel et la reconnaissance de la terre."

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mardi, 10 octobre 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

24 décembre. La Vigile de Noël.

- La Vigile de Noël.


Le Sacrifice de Melchisédech. Tiepolo. XVIe.

" Enfin, dit saint Pierre Damien dans son Sermon pour ce jour, nous voici arrivés de la haute mer dans le port, de la promesse à la récompense, du désespoir à l'espérance, du travail au repos, de la voie à la patrie. Les courriers de la divine promesse s'étaient succédé ; mais ils n'apportaient rien avec eux, si ce n'est le renouvellement de cette même promesse. C'est pourquoi notre Psalmiste s'était laissé aller au sommeil, et les derniers accents de sa harpe semblaient accuser les retards du Seigneur. Vous nous avez repoussés, disait-il, vous nous avez dédaignés ; et vous avez différé l'arrivée de votre Christ. (Psaume LXXXVIII.)

Puis, passant de la plainte à l'audace, il s'était écrié d'une voix impérative : " Manifestez-vous donc, Ô vous qui êtes assis sur les Chérubins ! (Psaume LXXIX.) En repos sur le trône de votre puissance, entouré des bataillons volants de vos Anges, ne daignerez-vous pas abaisser vos regards sur les enfants des hommes, victimes d'un péché commis par Adam, il est vrai, mais permis par vous-même ? Souvenez-vous de ce qu'est notre nature ; c'est à votre ressemblance que vous l'avez créée ; et si tout homme vivant est vanité, ce n'est pas du moins en ce qu'il a été fait à votre image. Abaissez donc vos cieux et descendez ; abaissez les cieux de votre miséricorde sur les misérables qui vous supplient, et du moins ne nous oubliez pas éternellement. Isaïe à son tour, dans la violence de ses désirs, disait :
" A cause de Sion, je ne me tairai pas ; à cause de Jérusalem, je ne me reposerai pas, jusqu'à ce que le Juste quelle attend se lève enfin dans son éclat. Forcez donc les deux et descendez !"

Enfin , tous les Prophètes, fatigués d'une trop longue attente, n'ont cessé de faire entendre tour à tour les supplications, les plaintes, et souvent même les cris de l'impatience. Quant à nous, nous les avons assez écoutés ; assez longtemps nous avons répété leurs paroles : qu'ils se retirent maintenant ; il n'est plus pour nous de joie, ni de consolation, jusqu'à ce que le Sauveur, nous honorant du baiser de sa bouche, nous dise lui-même : Vous êtes exaucés.

Mais que venons-nous d'entendre ? Sanctifiez-vous, enfants d'Israël, et soyez prêts : car demain descendra le Seigneur. Le reste de ce jour, et à peine la moitié de la nuit qui va venir nous séparent de cette entrevue glorieuse, nous cachent encore l'Enfant-Dieu et son admirable Naissance. Courez, heures légères ; achevez rapidement votre cours, pour que nous puissions bientôt voir le Fils de Dieu dans son berceau et rendre nos hommages à cette Nativité qui sauve le monde. Je pense, mes Frères, que vous êtes de vrais enfants d'Israël, purifiés de toutes les souillures de la chair et de l'esprit, tout prêts pour les mystères de demain, pleins d'empressement à témoigner de votre dévotion.

C'est du moins ce que je puis juger, d'après la manière dont vous avez passé les jours consacrés à attendre l'Avènement du Fils de Dieu. Mais si pourtant quelques gouttes du fleuve de la mortalité avaient touché votre cœur, hâtez-vous aujourd'hui de les essuyer et de les couvrir du blanc linceul de la Confession. Je puis vous le promettre de la miséricorde de l'Enfant qui va naître : celui qui confessera son péché avec repentir, la Lumière du monde naîtra en lui ; les ténèbres trompeuses s'évanouiront, et la splendeur véritable lui sera donnée. Car comment la miséricorde serait-elle refusée aux malheureux, en cette nuit même où prend naissance le Seigneur miséricordieux ? Chassez donc l'orgueil de vos regards, la témérité de votre langue, la cruauté de vos mains, la volupté de vos reins ; retirez vos pieds du chemin tortueux, et puis venez et jugez le Seigneur, si, cette nuit, il ne force pas les Cieux, s'il ne descend pas jusqu'à vous, s'il ne jette pas au fond de la mer tous vos péchés."


Saint Michel archange, prince de la milice céleste, terrasse Lucifer devenu Satan.

Ce saint jour est, en effet, un jour de grâce et d'espérance, et nous devons le passer dans une pieuse allégresse. L'Eglise, dérogeant à tous ses usages habituels, veut que si la Vigile de Noël vient à tomber au Dimanche, le jeûne seul soit anticipé au samedi ; mais dans ce cas l'Office et la Messe de la Vigile l'emportent sur l'Office et la Messe du quatrième Dimanche de l'Avent : tant ces dernières heures qui précèdent immédiatement la Nativité lui semblent solennelles !

Dans les autres Fêtes, si importantes qu'elles soient, la solennité ne commence qu'aux premières Vêpres ; jusque-là l'Eglise se tient dans le silence, et célèbre les divins Offices et le Sacrifice suivant le rite quadragésimal. Aujourd'hui, au contraire, dès le point du jour, à l'Office des Laudes, la grande Fête semble déjà commencer. L'intonation solennelle de cet Office matutinal annonce le rite Double ; et les Antiennes sont chantées avec pompe avant et après chaque Psaume ou Cantique. A la Messe, si l'on retient encore la couleur violette, du moins on ne fléchit plus les genoux comme dans les autres Fériés de l'Avent ; et il n'y a plus qu'une seule Collecte, au lieu des trois qui caractérisent une Messe moins solennelle.

Entrons dans l'esprit de la sainte Eglise, et préparons-nous, dans toute la joie de nos cœurs, à aller au-devant du Sauveur qui vient à nous. Accomplissons fidèlement le jeûne qui doit alléger nos corps et faciliter notre marche ; et, dès le matin, songeons que nous ne nous étendrons plus sur notre couche que nous n'ayons vu naître, à l'heure sacrée, Celui qui vient illuminer toute créature ; car c'est un devoir, pour tout fidèle enfant de l'Eglise Catholique, de célébrer avec elle cette Nuit heureuse durant laquelle, malgré le refroidissement de la piété, l'univers entier veille encore à l'arrivée de son Sauveur : dernier vestige de la piété des anciens jours, qui ne s'effacerait qu'au grand malheur de la terre.

Parcourons en esprit de prière les principales parties de l'Office de cette Vigile. D'abord, la sainte Eglise éclate par un cri d'avertissement qui sert d'Invitatoire à Matines, d'Introït et de Graduel à la Messe. C'est la parole de Moïse annonçant au peuple la Manne céleste que Dieu enverra le lendemain. Nous aussi, nous attendons notre Manne, Jésus-Christ, Pain de vie, qui va naître dans Bethléhem, la Maison du Pain.

A l'Office de Prime, dans les Chapitres et les Monastères, on fait en ce jour l'annonce solennelle de la fête de Noël, avec une pompe extraordinaire. Le Lecteur, qui est souvent une des dignités du Chœur, chante sur un ton plein de magnificence la Leçon suivante du Martyrologe, que les assistants écoutent debout, jusqu'à l'endroit où la voix du Lecteur fait retentir le nom de Bethléhem. A ce nom, tout le monde se prosterne, jusqu'à ce que la grande nouvelle ait été totalement annoncée.


Manuscrit commandé par saint Charlemagne.
Illustration représentant les quatre Evangélistes. IXe.

LE HUIT DES CALENDES DE JANVIER

L'an de la création du monde, quand Dieu au commencement créa le ciel et la terre, cinq mille cent quatre-vingt-dix-neuf : du déluge, l'an deux mille neuf cent cinquante-sept : de la naissance d'Abraham, l'an deux mille quinze : de Moïse et de la sortie du peuple d'Israël de l'Egypte, l'an mille cinq cent dix : de l'onction du roi David, l'an mille trente-deux : en la soixante-cinquième Semaine, selon la prophétie de Daniel : en la cent quatre-vingt-quatorzième Olympiade : de la fondation de Rome, l'an sept cent cinquante-deux : d'Octavien Auguste, l'an quarante-deuxième : tout l'univers étant en paix : au sixième âge du monde : Jésus-Christ, Dieu éternel et Fils du Père éternel, voulant consacrer ce monde par son très miséricordieux Avènement, ayant été conçu du Saint-Esprit, et neuf mois s'étant écoulés depuis la conception, naît, fait homme, de la Vierge Marie, en Bethléhem de Judée : LA NATIVITE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST SELON LA CHAIR !

Ainsi toutes les générations ont comparu successivement devant nous. L'Eglise, en ce seul jour et en cette seule circonstance, adopte la Chronologie des Septante, qui place la naissance du Sauveur après l'an cinq mille, tandis que la version Vulgate ne donne que quatre mille ans jusqu'à ce grand événement ; en quoi elle est d'accord avec le texte hébreu. Ce n'est point ici le lieu d'expliquer cette divergence de chronologie ; il suffit de reconnaître le fait comme une preuve de la liberté qui nous est laissée par l'Eglise sur cette matière.

Interrogées si elles auraient vu passer Celui que nous attendons, elles se sont tues, jusqu'à ce que le nom de Marie s'étant d'abord fait entendre, la Nativité de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, a été proclamée. " Une voix d'allégresse a retenti sur notre terre ", dit à ce sujet saint Bernard dans son premier Sermon sur la Vigile de Noël ; " une voix de triomphe et de salut sous les tentes des pécheurs ". Nous venons d'entendre une parole bonne, une parole de consolation, un discours plein de charmes, digne d'être recueilli avec le plus grand empressement. Montagnes, faites retentir la louange ; battez des mains, arbres des forêts, devant la face du Seigneur ; car le voici qui vient.

PRIERE

" Cieux, écoutez ; terre, prête l'oreille ; créatures, soyez dans l'étonnement et la louange ; mais toi surtout, Ô homme ! Jésus-Christ, Fils de Dieu, naît en Bethléhem de Judée ! Quel cœur, fût-il de pierre, quelle âme ne se fond pas à cette parole ? Quelle plus douce nouvelle ? Quel plus délectable avertissement ? Qu'entendit-on jamais de semblable ? Quel don pareil le monde a-t-il jamais reçu ? Jésus Christ, Fils de Dieu, naît en Bethléhem de Judée ! Ô parole brève qui nous annonce le Verbe dans son abaissement ! Mais de quelle suavité n'est-elle pas remplie ! Le charme d'une si mielleuse douceur nous porte à chercher des développements à cette parole ; mais les termes manquent. Telle est, en effet, la grâce de ce discours, que si j'essaie d'en changer un iota, j'en affaiblis la saveur :
" Jésus-Christ, Fils de Dieu, naît en Bethléhem de Judée !"

A LA MESSE


Manuscrit copte du XIIIe.

PRIONS

Dans la Collecte, l'Eglise semble encore préoccupée de la venue du Christ comme Juge ; mais c'est la dernière fois qu'elle fera allusion à ce dernier Avènement. Désormais, elle sera toute à ce Roi pacifique, à cet Epoux qui vient à elle ; et ses enfants doivent imiter sa confiance :

" Ô Dieu ! Qui nous comblez de joie tous les ans, par l'attente de notre Rédemption ; faites que, comme nous recevons avec allégresse votre Fils unique notre Seigneur Jésus-Christ, lorsqu'il vient nous racheter, nous puissions pareillement le contempler avec assurance lorsqu'il viendra nous juger : Lui qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen."

EPÎTRE

Dans l'Epître, l'Apôtre saint Paul, s'adressant aux Romains, leur annonce la dignité et la sainteté de l’Evangile, c'est-à-dire de cette bonne Nouvelle que les Anges vont faire retentir dans la nuit qui s'approche. Or, le sujet de cet Evangile, c'est le Fils qui est né à Dieu de la race de David selon la chair, et qui vient pour être dans l'Eglise le principe de la grâce et de l'Apostolat, par lesquels il fait qu'après tant de siècles, nous sommes encore associés aux joies d'un si grand Mystère :


Saint Paul prêchant aux Romains.

Lecture de l'Epître de saint Paul aux Romains. Chap. I.

" Paul, serviteur de Jésus-Christ, Apôtre par la vocation divine, choisi pour prêcher l'Evangile de Dieu (que Dieu avait promis longtemps auparavant par ses prophètes, dans les Ecritures saintes), au sujet du Fils qui lui est né, de la race de David selon la chair ; lequel a été prédestiné Fils de Dieu dans la puissance, selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection d'entre les morts ; au sujet, dis-je, de Jésus-Christ notre Seigneur, par qui nous avons reçu la Grâce et l'Apostolat, pour rendre obéissantes à la foi, parla vertu de son Nom, toutes les nations, au nombre desquelles vous aussi avez été appelés par Jésus-Christ notre Seigneur."

EVANGILE

L'Evangile de cette Messe est le passage dans lequel saint Matthieu raconte les inquiétudes de saint Joseph et la vision de l'Ange. Il convenait que cette histoire, l'un des préludes de la Naissance du Sauveur, ne fût pas omise dans la Liturgie ; et jusqu'ici le lieu de la placer ne s'était pas présenté encore. D'autre part, cette lecture convient à la Vigile de Noël, à raison des paroles de l'Ange, qui indique le nom de Jésus comme devant être donné à l'Enfant de la Vierge, et qui annonce que cet enfant merveilleux sauvera son peuple du péché :


Couronnement de la Vierge Marie. Retable de la chartreuse
de Villeneuve-les-Avignon.Enguerrand Quarton.

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. I.

" Marie, mère de Jésus, ayant épousé Joseph, se trouva enceinte par l'opération du Saint-Esprit, avant qu'ils eussent été ensemble. Joseph, son époux, qui était juste, ne voulant pas la diffamer, résolut de la quitter secrètement. Mais lorsqu'il était dans cette pensée, l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
" Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit ; et elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus : car ce sera lui qui sauvera son peuple, en le délivrant de ses péchés."

HYMNE POUR LA VIGILE DE NOËL

Les Liturgies Ambrosienne et Mozarabe ont peu de choses saillantes dans l'Office et la Messe de la Vigile de Noël : nous ne leur emprunterons donc rien, et nous nous bornerons à puiser dans l’Anthologie des Grecs quelques strophes du chant qu'ils ont intitulé : l commencement des Heures de la Nativité ; Tierce, Sexte et None :


Le roi David en prière. Heures à l'usage de Paris. Jean Colombe. XVe.

Tirée de l'Anthologie des Grecs :

" On inscrivit un jour à Bethléhem avec le vieillard Joseph, comme issue de la race de David, Marie qui portait en son sein virginal un fruit divin. Le temps d'enfanter était arrivé; et il n'y avait plus de place en l'hôtellerie une grotte restait pour auguste palais à la vierge Reine.

Voici venir tout à l'heure l'accomplissement de la mystique promesse du Prophète : " Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre entre les principautés, toi qui la première ornes la divine grotte : de toi me viendra le chef des Nations, né selon la chair d'une tendre Vierge, le Christ Dieu qui régira son nouveau peuple d'Israël ". Donnons-lui nos louanges.

Celui-ci est notre Dieu, né d'une Vierge et conversant parmi les hommes ; nous n'en connaîtrons point d'autre ; le Fils unique gisant dans une pauvre étable apparaît sous la forme d'un mortel, et le Seigneur de gloire est enveloppé de langes : l'Etoile invite les Mages à le venir adorer ; et nous, disons en nos chants: Ô Trinité sainte ! Sauvez nos âmes.

Venez, Fidèles, livrons-nous à de divins transports ; venez voir un Dieu descendre vers nous du haut du ciel en Bethléhem : élevons nos âmes en haut ; pour la myrrhe apportons les vertus de notre vie ; ornons-en d'avance son entrée en ce monde, et disons : Gloire au plus haut des cieux, à Dieu qui est un en trois personnes, lequel daigne manifester aux hommes sa grande miséricorde ! car, Ô Christ ! Vous avez racheté Adam et relevé l'œuvre de vos mains, Ô ami des hommes !

Ecoutez, Ô cieux ! Terre, prête l'oreille ; que l'univers s'ébranle jusque dans ses fondements, et que tout ce qu'il renferme soit saisi de frayeur. Le Dieu auteur de la chair prend lui-même une forme, et Celui qui de sa main créatrice corrobora toute créature, par une miséricordieuse compassion, parait revêtu d'un corps. Ô abîme des richesses de la sagesse et science de Dieu ! Combien ses jugements sont incompréhensibles, combien ses voies impénétrables !

Venez, peuples chrétiens, voyons le prodige qui dépasse toute pensée, qui frappe d'étonnement toute imagination ; et pieusement prosternés, chantons avec foi des hymnes de louange. Aujourd'hui la Vierge vient à Béthléhem mettre au monde le Seigneur ; les chœurs des Anges la précèdent ; Joseph son époux la voit et s'écrie : " Quel prodige aperçois-je en toi, Ô Vierge ! Comment pourras-tu enfanter, tendre génisse qui ne connus point le joug ?"

Aujourd'hui naît d'une Vierge Celui dont la main contient toute créature ; Celui qui par essence est insaisissable,

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dimanche, 24 décembre 2023 | Lien permanent

24 octobre. Saint Magloire, évêque de l'ancien évêché de Dol-de-Bretagne. 586.

- Saint Magloire, évêque de l'ancien évêché de Dol-de-Bretagne. 586.

Pape : Pélage II. Roide Domnonée : Judaël.

" Celui qui est pur doit fuir la foule ; il deviendra ainsi capable de recevoir le don du Ciel."
Saint Pierre Damien.

Saint Magloire. Eglise Notre-Dame de l'Assomption. Dol-de-Bretagne.

Ce grand prélat est devenu trop célèbre par la translation de ses reliques à Paris, et par la maison des Pères de l'Oratoire, qui y portèrent son nom, pour ne pas faire connaître aux fidèles de quel mérite il a été pendant sa vie.

Quelques auteurs le font Anglais ; d'autres disent qu'il était du diocèse de Vannes, en Bretagne. Son père Timbrafel, et sa mère Asfello, nobles, riches et pieux, le mirent de bonne heure sous la conduite de saint Samson, son cousin-germain, qui était devenu abbé en Angleterre, puis archevêque d'York.

Ce jeune homme fit de grands progrès dans les sciences et dans la vertu sous un aussi excellent maître.

Saint Samson désignant saint Magloire pour son successeur.
Verrière de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne. Bretagne.

Dès qu'il eut l"âge fixé par les Canons, il entra dans les Ordres et fut ordonné prêtre. Sa vie était conforme à sa dignité ; il était sobre, chaste, modeste, patient, retenu dans ses discours, fervent dans l'oraison, et plein de zèle pour procurer le salut du prochain. Saint Samson, le voyant si parfait, l'amena avec lui en Bretagne et le fit abbé du monastère de Lanmeur ; ensuite, ayant été fait évêque de Dol, par l'érection de cette ville en évêché, il lui donna la conduite de son abbaye de Dol.

Magloire gouverna cette maison pendant cinquante-deux ans avec une prudence et une sainteté merveilleuses. Il instruisait plus ses religieux par ses exemples que par ses paroles; sa douceur les gagnait, sa sévérité les retenait. Ils marchaient à grands pas à la perfection, sous un guide si éclairé et si généreux.

Saint Samson étant mort, il fut élu évêque à sa place. Il résista quelque temps à cette élection ; mais, apprenant qu'elle avait été faite selon le désir de son prédécesseur, il se rendit à ta volonté de Dieu, qui lui était manifestée par le choix d'un homme si judicieux ; cependant, il ne tint le siège que deux ou trois ans, parce que, se voyant déjà cassé de vieillesse et plus que septuagénaire, il fit tant par ses prières et par ses larmes auprès de Dieu, qu'un ange vint lui apporter, de la part de Dieu, la permission de se retirer dans la solitude. Il fit aussi agréer sa démission à son clergé et à son peuple ; et leur laissant pour pasteur saint Budoc, qu'il avait fait son successeur dans l'abbaye de Dol, et qui était actuellement son grand-vicaire.

Statue de saint Magloire. Abbaye Saint-Magloire.
Lehon-sur-Rance. Bretagne.

Il choisit pour sa demeure un marais assez écarté au bord de la mer ; il y bâtit un oratoire et quelques cellules, tant pour lui que pour un petit nombre de religieux, qui souhaitèrent de demeurer en sa compagnie.

Il avait choisi ce désert plutôt que ses monastères de Dol ou de Lanmeur, pour être plus solitaire et moins exposé aux visites des gens du monde, mais il y trouva ce qu'il voulait éviter ; car, la réputation de sa sainteté se répandant partout, des malades venaient à son ermitage pour être guéris ; des possédés, pour obtenir leur délivrance ; des affligés, pour trouver dans son entretien la consolation dont ils avaient besoin ; et toutes sortes de personnes, pour recevoir par ses instructions les lumières qui leur étaient nécessaires pour se bien conduire.

Abbaye de Saint-Magloire, fondée par notre Saint.
Lehon-sur-Rance. Bretagne.

Plusieurs même lui apportaient des présents pour rendre sa solitude plus supportable ; il ne les acceptait que pour en faire la distribution aux pauvres et aux malheureux qui avaient recours à lui. Ce grand concours lui déplut, et, ne pouvant plus le supporter, il conçut le dessein de quitter cet ermitage et de se retirer plus loin ; mais saint Budoc, qu'il consulta sur une affaire de cette importance, l'en dissuada, lui remontrant fort sagement que, n'étant pas au monde pour lui seul, il ne devait pas refuser son assistance à tant d'âmes qui trouvaient auprès de lui le remède à leurs maux et ta consolation dans leurs peines.

Notre Saint était si humble et si peu attaché à son propre sens, qu'il déféra sans difficulté à l'avis de ce grand serviteur de Dieu. Mais la divine Providence lui donna bientôt après l'occasion de faire ce qu'il désirait ; car le comte Loïcscon, un des plus grands seigneurs du Dolois, ayant été guéri par ses prières d'une lèpre qui le rongeait depuis sept ans, lui fit don, pour bâtir un monastère, de la moitié de l'île de Jersey, qui était de son domaine.

Saint Budoc, saint Magloire, saint Samson et saint Génevé furent
tous évêque de Dol. Verrière de la cathédrale Saint-Samson de
Dol-de-Bretagne. Bretagne.

Le partage en fut fait ; une moitié demeura au comte, et l'autre moitié fut destinée pour la fondation d'une abbaye ; mais, par un grand miracle, dès que ce partage fut fait, tout le gibier, les oiseaux et les poissons, qui faisaient la richesse de cette île, abandonnèrent le côté du comte et passèrent dans celui des religieux.

La comtesse, à qui cette donation n'avait pas plu, se trouva très troublée de cet accident, et elle persuada enfin au comte, son mari, de changer de lot et de prendre pour lui celui qu'il avait donné aux religieux. Ce qu'il fit pour lui complaire ; mais il ne put pas empêcher les effets de la libéralité de Dieu envers ses serviteurs : en effet, ces animaux quittèrent alors le côté où ils s'étaient retirés et passèrent dans celui qui avait été donné à saint Magloire. Loïescon vit bien, par ce prodige, que Dieu ne voulait pas que son présent fût à demi. Aussi, sans écouter les plaintes de sa femme, il abandonna toute l'île à la disposition du Saint.

Magloire y bâtit un monastère et y assembla soixante-deux religieux, avec lesquels il passa le reste de sa vie dans une sainteté merveilleuse. Il ne mangeait que du pain d'orge et ne buvait que de l'eau ; un peu de légumes les jours ouvriers, et quelques petits poissons sans assaisonnement les fêtes et les dimanches, faisaient tout son ordinaire. Il ne prenait rien du tout les mercredis et les vendredis, en l'honneur de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ses habits étaient propres, mais fort pauvres, et il portait toujours la haire ou le cilice sur sa chair. Il demeurait en oraison sur le bord de la mer jusqu'à Matines, et lorsqu'elles sonnaient, il s'y rendait le tout premier, pour être l'exemple de ses confrères. Après Matines, il prenait un repos fort léger et, de grand matin, il se levait et faisait ses préparatifs pour la messe.

Il conserva inviolablement sa virginité jusqu'à la mort ; et pour cela il évitait autant qu'il lui était possible l'entretien avec les femmes, et même avec les plus vertueuses. Sa charité pour le prochain était extrême. Il recevait les autres avec toutes sortes de bienveillance, faisait abondamment l'aumône aux pauvres, et opérait de grands miracles pour le secours des malheureux ; entre autres, il ressuscita le serviteur du couvent, qui s'élait noyé en péchant dans la mer pour la subsistance des religieux.

Saint Magloire confirmé par saint Michel dans son souhait de
renoncer à l'épiscopat. Saint Michel lui apparaitra plus tard
et à deux reprises pour l'avertir de la date de son décès.
Verrière de la cathédrale de Dol-de-Bretagne. Bretagne.

Un ange l'avertit deux fois du temps de son décès ; il s'y prépara avec une grande ferveur et un redoublement admirable de tous ses exercices de dévotion ; vers le 15 octobre de l'an 586, le même ange l'honora d'une visite, et lui donna, de sa propre main, le corps adorable de Notre Seigneur Jésus-Christ en Viatique.

Depuis ce temps-là, il ne voulut plus sortir de son église, et il répétait sans cesse ce verset de David :
" J'ai demandé une chose au Seigneur, et je ne cesserai point de la lui demander c'est d'avoir le bonheur de demeurer dans sa maison tous les jours de ma vie."
Enfin, ayant donné sa bénédiction à ses religieux, il mourut entre leurs bras, assisté de saint Budoc, le 24 octobre de la même année.

On le représente :
1. debout, couronné par un ange ;
2. quittant l'épiscopat pour vivre dans la solitude.

CULTE ET RELIQUES

Le corps de saint Magloire fut enterré dans son église, et, peu de tenps après, levé de terre et exposé à la vénération des fidèles, à cause des grands miracles qni se faisaient par son intercession. Depuis, le roi Nominoë le fit transporter au prieuré dc Léhon-sur-Rance, près de Dinan, qu'il avait fondé avec bcaucoup de magnificence, et il y est demeuré cent seize ans, savoir depuis l'an 857 jusqu'en 973.

Cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne. Bretagne.

A cette époque, Salvateur, évéque de Saint-Malo, l'apporta à Paris, par crainte des Normands qui ravageaient toute la Bretagne. il fut premièrement déposé dans la chapelle royale du palais, qui est devenue la paroisse Saint-Barthélemy, et le prince Hugues le Grand, comte de Paris, l'y reçut avec nue dévotion extraordinaire. Il fonda auprès de cette chapelle un monastère de religieux de l'Ordre de Saint-Benoît, en l'honneur de saint Barthélemy et du mène saint Magloire, et, dans l'acte de sa fondation, il l'appelle archiprélat de Bretagne.

L'an 1138, les religieux quittèrent ce lieu, qui était trop étroit, et passèrent à la rue Saint-Denis, dans une chapelle de Saint-Georges, qui leur appaitenait, et où était leur cimetière, avec le corps du saint prélat ce nouveau monastère fut appelé Saint-Magloire.

Enfin, en 1572, ils cédèrent encore cette maison aux Filles-Pénitentes, à la prière de la reine Catherine de Médicis, et allèrent s'établir au faubourg Saint-Jacques, près la paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas. Mais comme leur plus grand trésor était la châsse vénérable de ce Saint tout miraculeux, ils la transportèrent avec eux.

Eglise Saint-Jacques-du-Haut-pas. Une partie importante des
reliques de saint Magloire y sont toujours conservées. Paris.

Plus tard celle église fut donnée aux Pères de l'Oratoire qui y établirent un séminaire. Le corps de saint Magloire s'y gardait entier, à l'exception d'un bras et d'un fémur qui se trouvaient dans la cathédrale de Dol, et de quelques autres ossements qu'on voyait à la Sainte-Chapelle de Paris et chez les Filles-Pénitentes dont nous avons parlé ci-dessus.

Le sainl corps était renfermé dans une châsse d'argent depuis 1318. En 1791, le Père Tournaire, supérieur de la maison de Saint-Magloire, ayant eu le malheur d'apostasier, commanda à un frère domestique d'enterrer dans le jardin du séminaire toutes les reliques qui se trouvaient dans l'église.

Cette opération eut lieu eu 1793. Mais, en 1797, la religion catholique ayant joui de quelque liberté jusqu'au 18 fructidor, le mêne frère indiqua le lieu où il les avait déposées. Elles furent alors exhumées et placées dans le massif du maître-autel de l'église de Saint-Jacques du Haut-Pas, voisine de celle de Saint-Magloire. Elles y restèrent jusqu'en 1835, époque à laquelle on les retira de la caisse qui les contenait pour les renfermer dans une belle châsse de bois doré. On n'a pu reconnaitre à quels Saints appartenait chaque partie de ces précieux restes, parce qu'un séjour de quatre ans en terre avait détruit les inscriptions et les titres mais on n'a aucun doute sur leur authenticité qui a été reconnue par Mgr de Quélen, arobevéque de Paris.

Quant à l'église de Saint-Magloire, elle a été détruite, et les bâtiments du séminaire sont devenus l'école des sourds-muets.

La mémoire de saint filagloire est marquée au martyrologe romain.

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mardi, 24 octobre 2023 | Lien permanent

9 mai. Saint Grégoire de Naziance, archevêque de Constantinople, docteur de l'Eglise. 389.

- Saint Grégoire de Naziance, archevêque de Constantinople, docteur de l'Eglise. 389.

Papes : Saint Melchiade ; saint Sirice. Empereurs : Constantin ; Théodose.

" Il aima les livres, il aima les savants, mais les livres et les savants qui parlaient de Dieu."
Rorhbacher.


Saint Grégoire de Naziance. Disputatio cum Paulo patriarcha latino.
Johannes Cantacuzenus. Constantinople. XIVe.

Grégoire se dit de grex, assemblée, et gore, qui veut dire prêcher ou dire. De là Grégoire prêcheur en l’assemblée. Ou bien Grégoire vient de egregius, choisi, et gore, prêcheur ou docteur. Grégoire signifie encore attentif ; car il fut attentif sur soi, sur Dieu et sur le peuple : sur soi, par la conservation de la pureté ; sur Dieu, par une contemplation intérieure ; sur le peuple, par une prédication assidue. Et ces trois qualités méritent d'obtenir la vision de Dieu. Saint Augustin dit au livre De l’Ordre : " Celui-là voit Dieu qui vit bien, qui étudie bien et qui prie bien ".

Notre grand Saint naquit à Naziance, une petite ville de Cappadoce voisine de Césarée. Grégoire son père et Nonne sa mère sont honorés aussi d'un culte public les 1er janvier et 5 août.

Son père, dans son enfance, avait été de la secte des Hipsistaires, ainsi nommés parce qu'ils adoraient le Dieu très-haut, le feu comme les Perses et pratiquait l'observance du sabbat et le partage des viandes comme les Juifs. Il était le premier magistrat de Naziance et Nonne son épouse employait ses larmes et ses prières pour le gagner à Notre Seigneur. Elle fut bientôt exaucée car son mari abjura et fut baptisé au temps du premier concile de Nicée. Cet homme vertueux prit toutes les dispositions pour conserver la grâce, et son mérite le fit bientôt élevé sur le siège épiscopal de Naziance qu'il gouverna avec sûreté et édification pendant 45 ans environ. Il mourut âgé de 90 ans.


Conversion du père de saint Grégoire. Manuscrit grec du IXe siècle.

La mère de saint Grégoire dut la naissance de ce fils à ses prières, à ses larmes et à ses abondantes aumônes qui lui attirèrent les bénédictions du ciel. Grégoire avait un frère, saint Césaire, et une soeur, sainte Gorgonie. Elle se chargea elle-même de leur première éducation et leur apprit à lire, à comprendre et à aimer les Saintes Écritures. Les enfants devinrent digne de leur sainte mère, et Grégoire en particulier demeura pur au milieu des séductions du siècle.


Saint Grégoire de Naziance et sainte Gorgonie sa soeur.
Oraisons de saint Grégoire de Naziance. Constantinople. XIe.

" Un jour, raconte-t-il lui-même, j'aperçus près de moi deux vierges d'une majesté surhumaine. On aurait dit deux soeurs. La simplicité et la modestie de leurs vêtements, plus blancs que la neige, faisaient toute leur parure. A leur vue, je tressaillis d'un transport céleste : " Nous sommes la Tempérance et la Chasteté, me dirent-elles ; nous siégeons auprès du Christ-Roi. Donne-toi tout à nous, cher fils, accepte notre joug, nous t'introduirons un jour dans les splendeurs de l'immortelle Trinité."

La voie de Grégoire était tracée : il la suivit sans faiblir toute sa vie.


Saint Grégoire de Naziance en mer vers Alexandrie et autres
épisodes marquant de sa vie. Manuscrit grec du IXe siècle.

Il s'embarqua pour Athènes, afin de compléter ses études, pendant que Césaire allait lui à Alexandrie - où Grégoire le rejoignit quelques temps plus tard. Dieu mit sur le chemin de Grégoire, dans la ville des arts antiques, une âme grande comme la sienne, saint Basile. Qui dira la beauté et la force de cette amitié, dont le but unique était la vertu !

" Nous ne connaissions que deux chemins, raconte Grégoire, celui de l'église et celui des écoles."
La vertu s'accorde bien avec la science ; partout où l'on voulait parler de deux jeunes gens accomplis, on nommait Basile et Grégoire.


Mort de saint Basile. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe siècle.

Revenus dans leur patrie, ils se conservèrent toujours cette affection pure et dévouée qui avait sauvegardé leur jeunesse, et qui désormais fortifiera leur âge mûr et consolera leur vieillesse. Rien de plus suave, de plus édifiant que la correspondance de ces deux grands hommes, frères d'abord dans l'étude, puis dans la solitude de la vie monastique et enfin dans les luttes de l'épiscopat.


Saint Grégoire de Nysse, saint Basile le Grand et
saint Grégoire de Naziance. Manuscrit grec. IXe siècle.

A la mort de son père, qui était devenu évêque de Nazianze, Grégoire lui succède ; mais, au bout de deux ans, son amour de la solitude l'emporte, et il va se réfugier dans un monastère. Bientôt on le réclame pour le siège patriarcal de Constantinople. Il résiste :
" Jusqu'à quand, lui dit-on, préférerez-vous votre repos au bien de l'Église ?"


Saint Grégoire de Naziance prêchant le sermon sur la grêle.
Oraisons de saint Grégoire de Naziance. Constantinople. XIe.

Grégoire est ému ; il craint de résister à la Volonté divine et se dirige vers la capitale de l'empire, dont il devient le patriarche légitime. Là, sa mansuétude triomphe des plus endurcis, il fait l'admiration de ses ennemis, et il mérite, avec le nom de Père de son peuple, le nom glorieux de Théologien, que l'Église a consacré. Avant de mourir, saint Grégoire se retira à Nazianze, où sa vie s'acheva dans la pratique de l'oraison, du jeûne et du travail.

Rq : On lira avec fruit la notice hagiographique que les Petits Bollandistes consacrent à notre Saint sur le site de la Bibliothèque nationale de France (T. V, pp 409 et suiv.) : http://gallica-bnf.fr
- On trouvera une partie significative de ses oeuvres reproduite sur le site : http://www.jesusmarie.com/gregoire_de_nazianze.html

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mardi, 09 mai 2023 | Lien permanent | Commentaires (1)

21 juin. Saint Louis de Gonzague, prêtre de la Compagnie de Jésus. 1591.

- Saint Louis de Gonzague, prêtre de la Compagnie de Jésus. 1591.
 
Papes : Saint Pie V ; Innocent IX. Roi de France : Henri IV.
 
" Celui qui néglige d'aider l'âme de son prochain ne sait pas aimer Dieu puisqu'il ne cherche pas à augmenter sa gloire."
Saint Louis de Gonzague.
 

Saint Louis de Gonzague et saint François de Paule. Venise. XVIIIe.

Saint Louis de Gonzague eut pour père Ferdinand de Gonzague, marquis de Castiglione degli Stivere. Il naquit en l'an 1568. Avant sa naissance, sa mère, en danger de mort, avait fait voeu de consacrer son enfant à Notre-Dame de Lorette, si elle obtenait une heureuse délivrance. Encore au berceau, s'il se présentait un pauvre, Louis pleurait jusqu'à ce qu'on lui eût fait l'aumône ; son visage respirait un tel air de vertu, que ceux qui le portaient dans leurs bras croyaient tenir un Ange.

A l'âge de cinq ans, il avait retenu et répété quelques paroles grossières qu'il avait entendues sortir de la bouche des soldats de son père, sans les comprendre; il en fut repris et en montra tant d'horreur, qu'il pleura cette faute, la plus grande de sa vie, et qu'il en fit pénitence jusqu'à la mort. Le père de Louis, qui songeait à la fortune de son fils, l'envoya successivement chez plusieurs princes, en qualité de page ; mais Dieu, qui avait d'autres vues, voulait ainsi montrer ce jeune Saint aux cours d'Europe, pour leur faire voir que la piété est de toutes les conditions, et l'innocence de tous les âges. Dans ces milieux mondains où il vivait comme n'y vivant pas, ses progrès dans la sainteté furent surprenants.


Saint Louis de Gonzague pendant la peste à Rome.
Louis Dorigny. XVIIe.

A huit ou neuf ans, il fit le voeu de virginité perpétuelle ; sa délicatesse était si angélique, que jamais il ne regarda une femme en face, pas même sa mère ; jamais il ne permit à son valet de chambre de l'aider à s'habiller, et sa pudeur était si grande, qu'il n'osa même pas lui laisser voir le bout de ses pieds nus. Vers l'âge de onze ans, il fit sa Première Communion des mains de saint Charles Borromée.

A seize ans, il se décida à entrer dans la Compagnie de Jésus. Peu de vocations ont été aussi éprouvées que la sienne : son père fut pour lui, pendant quelques temps, d'une dureté sans pareille ; mais il dut enfin céder devant la Volonté de Dieu, et Louis entra au noviciat des Jésuites, à Rome. Il y parut dès les premiers jours comme un modèle digne d'être proposé aux plus parfaits ; on vit en lui un prodige de mortification, un ange de pureté, une merveille d'amour de Dieu. La seule vue de Louis dissipait chez les autres les plus violentes tentations de la chair. Jamais il n'avait ressenti la concupiscence charnelle, et malgré cela il était cruel pour son propre corps à l'égal des Saints les plus austères.

Obligé par ses supérieurs, pour cause de santé, à ne pas se laisser absorber dans la pensée de Dieu, il devait s'écrier souvent, emporté par l'amour au-delà de l'obéissance :
" Éloignez-Vous de moi, Seigneur !"
 
Saint Louis de Gonzague reçut du Ciel l'annonce de sa mort et fut bientôt victime de sa charité pendant la peste de Rome, l'an 1591.

Son premier miracle après sa mort fut la guérison de sa mère, à laquelle il apparut souriant et resplendissant de gloire. Ce fut le signal d'une dévotion qui fut récompensée par de nombreux prodiges.
 
PRIERE
 
" La prudence de l'homme lui tient lieu de cheveux blancs, dit le Sage ; la vieillesse vraiment vénérable ne s'estime point au nombre des années." (Sap. IV, 8.). Et c'est pourquoi, ô Louis, vous occupez une place d'honneur parmi les anciens de votre peuple. Gloire de la Compagnie sainte au milieu de laquelle, en si peu de temps, vous remplîtes la course d'une longue  existence,  obtenez  qu'elle continue de garder précieusement, pour elle et les autres, l'enseignement qui se dégage de votre vie d'innocence  et  d'amour.  Le  seul vrai gain  de l'homme à la fin de sa carrière est la sainteté, et c'est au dedans que la sainteté s'acquiert ; les œuvres du dehors n'entrent en compte,pour Dieu, que selon la pureté du souffle intérieur qui les inspire ; si l'occasion fait défaut pour ces œuvres, l'homme peut y suppléer en se rapprochant du Seigneur, dans le secret de son âme, autant et plus qu'il n'eût fait par elles. Ainsi l'aviez-vous compris ; et l'oraison, qui vous tenait absorbé dans ses inénarrables délices, en vint à égaler votre mérite à celui des martyrs.

Aussi, de quel prix n'était pas à vos yeux ce céleste trésor de l'oraison, toujours à notre portée comme il le fut à la vôtre ! Mais pour y trouver comme vous la voie abrégée de toute perfection, selon vos propres paroles, il y faut la persévérance et le soin d'éloigner de l'âme, par  une répression généreuse de la nature, toute émotion qui ne serait pas de Dieu. Comment une eau bourbeuse ou  agitée par les  vents,  reproduirait-elle l'image de celui qui se tient sur ses bords ? Ainsi l'âme souillée, et celle-là même qui, sans être l'esclave des passions, n'est point maîtresse encore de toute agitation provenant  de la terre, n'arrivera point au but de l'oraison qui est de reproduire en elle l'image tranquille de son Dieu.

La reproduction du grand modèle fut parfaite en vous ; et l'on put constater combien la nature en ce qu'elle a de bon, loin de pâtir et de perdre, gagne au contraire à cette refonte au divin creuset. Même en ce qui touche les plus légitimes affections, vous n'aviez plus de regards du côté de la terre ; mais voyant tout en Dieu, combien les sens n'étaient-ils pas dépasses dans leur infirmité menteuse, et combien aussi par là même croissait votre amour ! Témoin vos suaves prévenances, ici-bas et du haut du ciel, pour l'admirable mère que vous avait donnée le Seigneur : où trouver plus de tendresse que dans les épanchements de la lettre si belle écrite par vous à cette digne mère d'un saint, dans les derniers jours de votre pèlerinage ? et quelle délicatesse exquise ne vous conduisait pas à lui réserver votre premier miracle, une fois dans la gloire ! Par ailleurs, l'Esprit-Saint, en vous embrasant de tous les feux de la divine charité, développait en vous pour le prochain un amour immense; caria charité est une; et on le vit bien, quand vous sacrifiâtes votre vie pour les malheureux pestiférés.

Ne cessez pas, illustre Saint, d'assister nos misères ; soyez propice à tous. Conduite par le successeur de Pierre au pied de votre trône, la jeunesse surtout se réclame de votre puissant patronage. Dirigez ses pas sollicités en tant de sens contraires ; que la prière et le travail pour Dieu soient sa sauvegarde ; éclairez-la, lorsque s'impose à elle le choix d'un état de vie. Puissiez-vous, durant ces critiques années de l'adolescence, user pour elle largement de votre beau privilège et protéger dans vos dévots clients l'angélique vertu ! Enfin, ô Louis, que ceux-là même qui ne vous auront pas imité innocent, vous suivent du moins dans la pénitence, ainsi que l'Eglise le demande au Seigneur en ce jour de votre fête."

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mercredi, 21 juin 2023 | Lien permanent

31 juillet. St Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. 1556.

- Saint Ignace de Loyola, fondateur de l'Ordre des clercs réguliers de la Compagnie de Jésus. 1556.

Pape : Paul IV. Roi de France : Henri II. Roi d'Espagne : Charles Quint (abdique le 16 janvier 1556 et se retire) ; Philippe II.

" Quand nous sacrifions nos intérêt au service de Dieu, Il avance plus nos affaires que nous aurions fait nous-mêmes si nous avions préféré nos intérêts à son service."
Maxime de saint Ignace de Loyola.

" A. M. D. G. "
" Ad Majorem Dei Gloriam "

Devise de la Compagnie de Jésus.


Ignace de Loyola. Ecole espagnole. XVIIe siècle.
Château de Versailles.

Eneko (Iñigo en castillan) est né dans le château de Loyola sur la commune d'Azpeitia, à 25 kilomètres au sud-ouest de Donostia-San Sebastian dans la province de Guipuzcoa, au Pays-Basque en Espagne. Son nom, Iñigo, vient de Saint Enecus (Innicus), père-abbé d'Oña ; le nom Ignatius fut pris plus tard lorsqu'il résidera à Rome en l'honneur de saint Ignace d'Antioche.

Dernier né d'une fratrie de 13 enfants, Ignace grandit au sein d'une famille de la petite noblesse basque, alliée traditionnelle de la maison de Castille. Il a seulement 7 ans quand sa mère, Marina Saenz de Lieona y Balda, meure. Il noue dès lors une relation forte avec son père, don Beltrán Yañez de Oñez y Loyola. Il connaît l'éducation du grand siècle espagnol qui éclot en cette fin du XVe siècle.

En 1506, à l'âge adulte, Ignace devient page de cour, puis gentilhomme et secrétaire au service d'un parent de sa mère, Juan Velázquez de Cuéllar, trésorier (contador mayor) de la Reine de Castille, Isabelle la Catholique. Il mène pendant dix ans une vie de Cour, comme il le dit dans son autobiographie : Jusqu'à la vingt-sixième année de sa vie, il fut un homme adonné aux vanités du monde et principalement il se délectait dans l'exercice des armes. Il se lie avec la princesse Catalina, sœur de Charles Quint, séquestrée par sa mère Jeanne la Folle à Tordesillas.


La Vierge noire du XIIe siècle aux pieds de laquelle
saint Ignace déposa ses armes et renonça au monde.
Monastère de Montserrat. Espagne.

En 1516, la mort de Ferdinand d'Aragon auquel succède Charles Quint entraine le renvoi de Juan Velasquez et donc d'Ignace. En 1517, Ignace entre dans l'armée du vice-roi de Navarre, récemment rattachée au Royaume de Castille (1512). Le 20 mai 1521, alors qu'il a atteint l'âge de trente ans, il se retrouve à défendre la ville de Pampelune contre les troupes franco-navarraises, qui avec l'appui de François Ier, cherchait à récupérer la couronne de Navarre au bénéfice de la famille d'Albret. Submergés par le nombre, les espagnols voulurent se rendre, mais Ignace les exhorte à se battre. Une jambe blessée, l'autre brisée par un boulet de canon, il est ramené à son château et « opéré », mais sa jambe droite restera plus courte de plusieurs centimètres pour le restant de sa vie.

Durant sa convalescence, faute de trouver les célèbres romans de chevalerie du temps, il lit de nombreux livres religieux dont une Vie de Jésus ou la Légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine qui narre les faits et gestes de saints. Dans un mélange de ferveur et d'anxiété, il voit en songe lui apparaître " Notre-Dame avec le Saint Enfant Jésus ". Il rejette et abjure " sa vie passée et spécialement les choses de la chair " (autobiographie) et ne songe plus qu'à adopter une vie d'ermite et suivre les préceptes de saint François d'Assise et d'autres grands exemples monastiques. Il se décide à se dévouer entièrement à la conversion des infidèles en Terre Sainte.

Après son rétablissement, il quitte en février 1522 la maison familiale pour rejoindre Jérusalem. Arrivé au monastère bénédictin de Montserrat, il se confesse et passe trois jours en prières. Dans la nuit du 24 mars 1522, dans un geste de rupture avec sa vie ancienne de chevalier, il accroche ses habits militaires et ses armes devant la statue de la Vierge Noire. Vêtu d'un simple tissu, l’home del sac, reprend la route de Barcelone.

Son voyage est dur ; ses blessures sont mal cicatrisées et il pratique une ascèse rigoureuse faite d'abstinences et de mortifications. Il passe plusieurs mois dans une grotte près de la ville de Manresa (Manrèse en français) en Catalogne ou il pratique le plus rigoureux ascétisme. Il mène jusqu'au début de 1523 une vie d'ermite au cours de laquelle il commence la rédaction de ce qui deviendra les Exercices spirituels.

Il prend alors comme « pèlerin de Dieu » la route de la Terre Sainte et le 20 mars 1523, embarque pour l'Italie. Béni à Rome par le pape Adrien VI, il continue son périple jusqu'à Venise, et parvient à Jérusalem ou il ne reste que trois semaines en septembre 1523, avant d'être prié par les frères franciscains de quitter le pays. A nouveau en Italie traversée par les armées espagnoles et françaises, il se retrouve à Venise et se convainc de l'absolue nécessité d'étudier pour enseigner. Après la méthode religieuse mise au jour dans les Exercices, la conviction du rôle des études va être une autre des caractéristiques du futur projet jésuite. Il est de retour à Barcelone en mars 1524.

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Saint Ignace de Loyola étudiant. Gravure de Jean Faber d'après un portraît du Titien. La Haye. XVIIIe siècle (pour agrandir : cliquer).

Il consacre les onze années suivantes aux études, plus d'un tiers de ce qu'il lui restait à vivre. Il reprend des cours de base (grammaire et latin) à Barcelone, et dès 1526, il en sait assez pour suivre les cours de philosophie et de théologie à l'université d'Alcalà de Henares. Foyer intellectuel brillant de la Castille, cette université rassemble tous les alumbrado  et conversos qui forment le climat spirituel de cette époque. A la fin de 1527, encouragé par Alonso de Fonseca, archevêque de Tolède, il rejoint la plus prestigieuse de toutes : l'université de Salamanque. Mais les attaques vives qu'i  subit suite à des incompréhensions principalement, en particulier de la part de l'Inquisition et des dominicains, le décide à se rendre à Paris en février 1528.

Ses progrès dans la compréhension des mécanismes de l'enseignement et sa capacité à dominer intellectuellement y compris plus érudit que lui-même par l'usage du « discernement », le distinguent. Mais sa personnalité rigoureuse et entière et son attitude réformatrice lui créent à nouveau de novelles inimitiés.

A Barcelone, il avait été battu très sévèrement, et son compagnon tué, sur l'instigation de notables vexés de ne plus être admis dans un couvent qu'Ignace avait récemment réformé. A Alcalá, un inquisiteur, le grand vicaire Figueroa, l'avait harassé constamment car il le soupçonnait d'illuminisme, allant jusqu'à l'emprisonner pendant quelques semaines.

A Paris, ses épreuves furent variées, pauvreté, maladie, œuvres de charité, discipline du collège, particulièrement sévère dans celui de Montaigu, ou il résida, car trop pauvre et ignorant avant de rejoindre celui plus « libéral » de Collège Sainte-Barbe. Dans celui-ci, il est accusé publiquement par Diego de Gouvea, recteur du collège, d'enfreindre les règles, mais sa défense convainct et il obtient des excuses publiques.

A l'université de Paris, Ignace est reçu maître ès arts le 13 mars 1533. Pendant ce temps, ayant débuté ses études de théologie, il est licencié en 1534, mais il ne peut être reçu docteur, ses ennuis de santé le conduisant hors de Paris en mars 1535.

En France, Ignace de Loyola regroupe autour de lui des étudiants de qualité et issus d'horizons divers, mais tous unis par une commune dévotion au Souverain Maître et à la très sainte Vierge Marie. Il connaît en particulier au collège Sainte-Barbe, ses deux premiers compagnons qui sont le Savoyard Pierre Favre et le Navarrais Francisco Issu de Aprizcuelta y Xavier, saint François-Xavier ; puis, Diego Lainez et Alonso Salmerón le rallient, connaissant sa réputation depuis Alcalà ; enfin, Nicolás Bobadilla et Simón Rodríguez de Azevedo, un Portugais le rejoignent.

Ignace évolue progressivement sur l'attitude et la discipline qu'il s'impose. Prenant en compte les critiques reçues à Alcalà ou Salamanque sur les pratiques d'extrême pauvreté et de mortification qu'il s'appliquait et qui lui avait attiré des soupçons voire des inimitiés (comme en d'autres temps certains disciples de saint François d'Assise qui avait versé ou risqué de verser dans les mêmes excès), il s'adapte à la vie dans la cité, en dirigeant les efforts de tous vers les études et les exercices spirituels. Le lien devint très fort avec ses compagnons unis dans le grand idéal de vivre en Terre Sainte, la même vie que le Christ.

Le 15 août 1534, à l'issue de la messe célébrée à Montmartre dans la crypte Notre-Dame par Pierre Favre, ordonné prêtre trois mois auparavant, les sept prononcent les deux vœux de pauvreté et chasteté et le troisième de se rendre dans les deux ans à Jérusalem pour y convertir les infidèles, à la fin de leurs études.

Ils sont bientôt rejoints par Claude Le Jay, un autre Savoyard de Genève, et deux Français, Jean Codure et Paschase Broët. Unis par le charisme d'Ignace, les nouveaux amis décident de ne plus se séparer.

Après avoir quitté Paris, il se rend six mois en Espagne puis à Bologne, où incapable de se remettre aux études, il se consacre à des œuvres de charité attendant que ses 10 compagnons rejoignent Venise (6 janvier 1537) sur la route de Jérusalem. Mais la guerre avec les Turcs les empêchent de poursuivre.

Ils décident alors de reporter d'un an leur engagement, après quoi ils se mettront à disposition du pape. Ignace de Loyola, comme la plupart de ses compagnons est ordonné prêtre à Venise le 24 juin 1537. Ils partent ensuite deux à deux dans des villes universitaires voisines, Ignace avec Pierre Favre et Laynez prennent en octobre 1537 la route de Rome. Ignace, en vue de la ville, à la Storta, a une vision de Dieu s'adressant à lui après l'avoir placé aux côtés du Christ : « Je vous serai propice à Rome ».


Le pape Paul III.

A Rome, capitale des États pontificaux, Alexandre Farnèse venait en 1534 d'être élu pape, sous le nom de Paul III. Il règne sur une capitale en crise, à peine remise du sac de Rome par les troupes de l'empereur en 1527, en butte à la corruption généralisée et siège d'une église en crise, profondément ébranlée par la fulgurante progression de la Réforme.

Paul III semble rapidement voir tout le profit à tirer de cette nouvelle société de prêtres savants, rigoureux et intègres et animés d'un feu missionnaire incontestable. En novembre 1538, Paul III, après de nombreux contacts avec Lainez, reçoit Ignace et ses compagnons venus faire leur « oblation » au pape. Celui-ci leur ordonne de travailler à Rome qui sera leur Jérusalem. Dès lors, s'ébauche la Compagnie de Jésus ou Ordre des jésuites.


Saint Ignace. Soucoupe d'un service à thé. Jingdezhen.
Province de Canton. Chine. XVIIIe. Musée de la compagnie des Indes.
Lorient. Bretagne.

De mars à juin 1539, selon les minutes rédigées par Pierre Favre, ils débattent de la forme à donner à leur action, devoir d'obéissance, cohésion du groupe alors que l'activité missionnaire disperse les jésuites, rôle dans l'éducation…

En août 1539, Ignace, Codure et Favre rédigent la prima Societatis Jesu instituti summa, esquisse des constitutions de la Compagnie avec quelques points forts : l'obéissance à un Préposé général et l'exaltation de la pauvreté entre autres.

Malgré quelques oppositions à la Curie, la création de la Compagnie de Jésus est acceptée par le pape Paul III le 27 septembre 1540, dans sa bulle Regimini militantis ecclesiae, qui reprend la formula instituti tout en limitant le nombre de profès à soixante.


Saint Ignace recevant saint François Borgia. Détail.
A. Pozzo. Basilique du Gésu. Rome. XVIIe.

Le 22 avril 1541, Ignace est élu, en dépit de ses réticences, premier supérieur général de la Compagnie de Jésus puis il fait avec ses compagnons, sa profession dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs. L'Ordre est dès lors constitué.

Ignace est chargé en 1541 de mettre au point les règles d'organisation de la nouvelle compagnie, les fameuses Constitutions, mais il ne démarre pas les travaux en fait avant 1547, introduisant progressivement des coutumes, destinées à se transformer à terme en lois. En 1547, Juan de Polanco devient son secrétaire, et avec son aide, il réalise un premier jet des Constitutions entre 1547 et 1550, tout en sollicitant simultanément l'approbation pontificale de réaliser une nouvelle édition de la Formula Instituti. Jules III l'acceptera dans la bulle Exposcit debitum, le 21 juillet 1550.

En parallèle, un nombre important de pères révisèrent le premier texte, mais bien que ne proposant que peu de changements, la version suivante réalisée par Ignace en 1552 était assez différente. Cette version fut publiée et pris force de loi dans la Compagnie. Des amendements légers furent jusqu'à sa mort introduits par Ignace.

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Tombeau de saint Ignace de Loyola. Basilique du Gésu. Rome.

À sa mort, le 31 juillet 1556 à Rome, littéralement épuisé, la Compagnie de Jésus de notre saint et de ses saints compagnons compte plus de mille membres, soixante-douze résidences et soixante-dix-neuf maisons et collèges.

Ignace de Loyola est canonisé le 12 mars 1622, en même temps que saint François-Xavier et sainte Thérèse d'Avila.

PRIERE

" La victoire qui triomphe du monde est notre foi (I Johan. V, 4.). Une fois de plus vous l'avez montré, Ô vous qui fûtes le grand triomphateur du siècle où le Fils de Dieu vous choisit pour relever son drapeau humilié devant l'étendard de Babel. Contre les bataillons sans cesse grossissant des révoltés, vous fûtes longtemps presque seul, laissant au Dieu des armées le soin de choisir son heure pour vous mettre aux prises avec les cohortes de Satan, comme il l'avait choisie pour vous retirer de la milice des hommes. Le monde, instruit alors de vos desseins, n'y eût vu qu'un objet de risée ; et toutefois nul certes aujourd'hui ne saurait le nier : ce fut  un moment solennel pour l'histoire du monde, que celui où, pareil dans votre confiance aux plus illustres  capitaines concentrant leurs armées, vous donniez ordre à vos neuf compagnons  de  gagner trois par trois la Ville sainte.

Quels résultats durant les quinze années où cette troupe d'élite, que recrutait l'Esprit-Saint, vous eut à sa tête comme premier Général ! L'hérésie refoulée d'Italie, confondue à Trente, enrayée partout, immobilisée jusqu'en son foyer même ; d'immenses conquêtes sur des terres nouvelles, réparant les pertes subies dans notre Occident ; Sion elle-même rajeunissant sa beauté, relevée dans son peuple et ses pasteurs, assurée pour ses fils d'une éducation répondant à leurs célestes destinées : sur toute la ligne enfin où il avait imprudemment crié victoire, Satan rugissant, dompté à nouveau par ce nom de Jésus qui fait fléchir tout genou dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (Philip. II, 10.) ! Quelle gloire pour vous, Ô Ignace, eût jamais égalé celle-là dans les armées des rois de la terre ?

Du trône que vous avez conquis par tant de hauts faits, veillez sur ces fruits de vos œuvres, et montrez-vous toujours le soldat de Dieu. Au travers des contradictions qui ne leur manquèrent jamais, soutenez

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