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7 novembre. Saint Willibrord, apôtre de la Frise, de la Zélande, de la Flandre et du Brabant. 738.
- Saint Willibrord, apôtre de la Frise, de la Zélande, de la Flandre et du Brabant. 738.
Pape : Saint Grégoire III. Roi des Francs : Thierry IV.
" C'est à la moisson qu'ils savent faire des âmes que l'on juge de la vertu des prédicateurs."
Saint Grégoire le Grand.

Saint Willibrord. Peinture sur bois.
Né en Northumbrie, Angleterre, 658 ; mort à Echternach, Luxembourg, 739. Son nom indique qu'il est de lignée Saxonne (Willi est une grande divinité de la mythologie nordique ; brord indique " sous la protection de ").
Willibrord, premier archevêque d'Utrecht, est un des missionnaires envoyés par les Chrétiens Anglo-saxons un siècle après qu'ils aient eux-même été christianisés par des missionnaires dans le Sud et l'Est de l'Angleterre, venus de Rome et du Continent, et par le nord et l'ouest via les peuples Celtiques d’Écosse, Irlande et Pays de Galles.
Notre information sur Willibrord provient de Bède le Vénérable (Histoire de l'Eglise et du peuple Anglais, 5, 10-11.) et d'une biographie de son jeune parent, le bienheureux Alcuin, ministre de l'éducation sous l'empereur Charlemagne. Willibrord naquit en Northumbrie vers 658, et étudia en France et en Irlande.
Bien que leur nom de famille était clairement païen, ses parents étaient Chrétiens. Le père de Willibrord était un si pieux Chrétien qu'à ses frais, il fonda un petit monastère près de la mer et partit y vivre.

Basilique Saint-Willibrord : ancienne abbatiale bénédictine fondée
Comme beaucoup d'enfants de l'époque, à 7 ans, Willibrord fut envoyé dans un autre monastère, à Ripon, pour y être éduqué sous saint Wilfrid. (La Règle de saint Benoît parle d'oblats offerts au monastère par leurs parents. La mère de Willibrord était soit morte, soit avait pris le voile.
A cette époque, les moines interprétaient fort librement leur vœu d'attachement à une communauté, et nombre d'entre eux partaient complèter leur éducation en Irlande, si célèbre pour son érudition. Durant 12 ans, Willibrord étudia à Rathmelsigi sous les Saints Egbert et Wigbert, et y fut ordonné prêtre en 688.
C'est à Rathmelsigi que commence la véritable histoire de Willibrord, car Egbert avait un but favori qu'il partageait avec nombre de ses moines. Il planifiait d'envoyer des missionnaires sur le Continent, et en particulier auprès des païens Germains en Frise. C'était une excellente opportunité pour gagner un peuple entier à Dieu, et aussi pour gagner la couronne du martyr. Willibrord, âgé de 32 ans, fut choisit par Egbert pour diriger 11 autres moines Anglais, par delà la Mer du Nord jusqu'en Frise.

Saint Willibrord. Troparium epternacense prov. de sacramentarium. Xe.
On décrit Willibrord comme plus petit que la moyenne et joyeux. Il apprenait vite une langue, avait bonne éducation, soif d'aventure, et un grand sens de l'humour. Et surtout, Foi, espérance et charité.
A l'automne 690, les 12 arrivèrent à Katwijk-aan-Zee, à l'une des embouchures du Rhin. De là ils suivirent le fleuve jusque Wij-bij Durstede (Hollande), et cherchèrent Pépin II d'Herstal, maire du palais de Clovis II, roi des Francs. Pépin venait juste d'arracher la Basse Frise au duc païen Radbod, considéré comme un ours sauvage, qui régnait en tyran sur des étendues de boues sablonneuses et empoisonnait ses ennemis.
A peine avait-il rencontré Pépin et reçut son soutien pour la conversion des Frisons, qu'il partit pour Rome afin de demander conseil au pape Serge Ier, et recevoir ses ordres pour la mission. Avant son départ, il fut consacré pour cette oeuvre par ce pape.
Pour sa seconde visite à Rome, en 695, Willibrord arriva à convaincre le pape Serge II que la jeune mission avait besoin d'un évêque indépendant tant de York que de Pépin II ; et Serge, pour sa part, réalisa que la seule personne capable de remplir une telle tâche, qui nécessitait autant de tact que d'énergie, était Willibrord.

Consécration de saint Willibrord. Gravure du XVIIIe.
Et c'est ainsi qu'il fut consacré archevêque le 22 novembre - le jour de la fête de sainte Cécile, dans l'église Sainte-Cécile. Probablement parce qu'un Sicilien ne parvenait pas à prononcer convenablement " Willibrord ", Serge insista pour changer le nom du saint en " Clément ", un choix qui pourrait avoir été influencé par la douceur flegmatique de l'Anglois. Serge le renvoya dans son troupeau, avec quelques reliques et le titre d'archevêque des Frisons.
De retour dans ses brumes nordiques, Clément-Willibrord, qui utilisait rarement son nom latin, créa son siège à Utrecht. Ainsi, il inaugura une colonie anglaise en Europe continentale, qui eut une forte influence religieuse durant 100 ans.
Au contraire des évêchés modernes, remplis d'administrateurs et d'équipement, l'archiépiscopat de Willibrord était vivant. Il était sans arrêt en chemin, comme ses moines missionnaires, prêchant de village en village. Progressivement, il fonda dans chaque hameau une paroisse, avec son propre prêtre et les liturgies illuminées par l'esprit Bénédictin. Willibrord et saint Boniface de Crediton furent ensemble responsables de l'institution de chorepiscopi, " évêques régionnaires ", dans cette partie de l'Europe occidentale, afin de les aider dans leur travail.
Willibrord était adroit pour traiter avec les puissants du lieu, qui avaient les terres, l'argent et la puissance nécessaire pour soutenir son œuvre. Il utilisa ces grands, en fit des serviteurs de l’Évangile, mais ne leur fut jamais subordonné, ni prêt à donner sa bénédiction pour leurs folies. Il obtint d'eux de grandes étendues de terres qu'il transforma en villages et paroisses, comme Alphen dans le nord Brabant. Avec leur argent, il fonda des monastères qui servirent de centres d'illumination intellectuelle et religieuse.
Willibrord était apparemment opposé au travail des Culdees, qu'il rencontra.

Église Saint-Willibrord. Gravelines. Flandres.
Vers 700, il fonda un second important centre missionnaire, à Echternach, sur les bords de la Sure, dans l'actuelle jonction entre le Grand-Duché de Luxembourg et l'Allemagne. Il continua à évangéliser, en particulier la zone nord des pays de l'actuel Benelux, bien qu'il semble qu'il aie aussi exploré le Danemark et peut-être la Thuringe (Haute Frise). Un jour, il faillit mourir en mission - il fut attaqué par un prêtre païen à Walcheren, pour avoir détruit une idole.
C'est en 714 que Willibrord baptisa Charles Martel, le fils de Pépin le Bref.
Durant la période 715-719, Willibrord expérimenta des revers durant la révolte des Frisons contre les Francs. A la mort de Pépin 2, le 16 décembre 714, le duc Radbod, qui lui avait fait allégeance mais n'avait jamais été convertit, envahit les territoires qu'il avait perdus contre Pépin d'Herstal. Il massacra, pilla, brûla et vola tout ce qu'il put trouver portant la marque Chrétienne.

Tombeau de saint Willibrord.
Mais bien vite, la querelle de succession interne à la famille de Pépin ayant été résolue par l'habileté de Charlemagne, Radbod et ses alliés de Neustrie furent battus par Charlemagne et ses Austrasiens, dans la forêt de Compiègne, le 26 septembre 715. Il y aura encore d'autres soulèvements jusqu'à la mort de Radbod en 719, mais Willibrord et ses missionnaires seront à même de réparer les dégâts et de renouveler leur œuvre. Vers 719, Boniface les rejoignit et travailla avec eux en Frise durant 3 ans, avant de partir pour la Germanie.
La réussite missionnaire de Willibrord ne fut pas spectaculaire - la rapidité et le nombre des conversions ont été exagérées par les auteurs postérieurs - mais ce furent de solides fondations posées ; " sa charité était manifeste dans son incessant travail quotidien pour l'amour du Christ " (Alcuin). On l'appelle l'Apôtre des Frisons.
Il mourut alors qu'il faisait retraite à Echternach, le 7 novembre 739. Son maigre corps fut placé dans un sarcophage de pierre, que l'on peut toujours y voir.
Durant le début du VIIIe siècle, un moine d'Echternarch composa un calendrier des saints, dont nombre étaient en relation avec les passages de la vie de Willibrord. Le Calendrier de saint Willibrord est à présent à la Bibliothèque Nationale à Paris, manuscrit latin ms. 10.837, et est du plus haut intérêt pour les étudiants en hagiographie ; à la date du 21 novembre 728 (folio 39) on trouve plusieurs lignes autobiographiques rédigées par Willibrord en personne, donnant les dates de son arrivée en France et son ordination comme évêque. (Attwater, Delaney, Encyclopaedia, Grieve, Verbist).

Buste reliquaire de saint Willibrord.
Dans l'art, l'emblème de Saint Willibrord est un tonneau sur lequel il pose sa croix. L'abbaye d'Echternach est derrière lui, et il est vêtu de la tenue épiscopale. On trouve aussi les variantes suivantes :
1. en tenue épiscopale, il pose sa croix sur une source, avec un tonneau, 4 flacons, et l'abbaye en arrière-plan ;
2. évêque portant un enfant, ou avec un enfant à proximité ;
3. évêque avec la cathédrale d'Utrecht derrière lui ;
4. en moine, avec un bateau et un arbre.
On l'invoque contre les convulsions et l'épilepsie (Roeder).
jeudi, 07 novembre 2024 | Lien permanent
Le vendredi Saint.
- Le vendredi Saint.
Nous ne donnons ici que les Lectures et l'Adoration de la Croix au vendredi Saint. Pour qui veut pénétrer plus avant dans ce jour sacré, il faut lire et méditer les belles pages de dom Prosper Guéranger : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgiqu...
En ce saint et très sollennel jour où nous commémorons ce qui est scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils, nous ne disposons volontairement que trois illustrations dans cette notice.
Enfin, nous encourageons le pieux lecteur à lire et méditer ce texte simple et lumineux, Le Deicide, de M. l'abbé Curzio Nitoglia : http://ddata.over-blog.com/0/46/19/78/Le-Deicide.pdf
La Crucifixion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Giotto. XIVe.
LECTURES
La première partie de cet Office est employée à lire d'abord deux passages des Prophéties, et ensuite le récit de la Passion. On commence par un fragment du prophète Osée, dans lequel le Seigneur annonce ses vues de miséricorde envers son peuple nouveau, le peuple de la gentilité, qui était mort, et qui doit, dans trois jours, ressusciter avec ce Christ qu'il ne connaît pas encore. Ephraïm et Juda ne seront pas traités ainsi ; leurs sacrifices matériels n'ont point apaisé un Dieu qui n'aime que la miséricorde, et qui rejette ceux qui n'ont que la dureté du cœur.
Lecture du Livre d'Osée. Chap. VI. :
" Voici ce que dit le Seigneur : Dans la tribulation ils se hâteront de venir vers moi dès le matin. Venez, diront-ils, et retournons au Seigneur ; car c'est lui-même qui nous a blessés et qui nous guérira. Après deux jours il nous rendra la vie ; le troisième jour il nous ressuscitera, et nous vivrons en sa présence. Nous saurons alors ; et nous suivrons le Seigneur, afin de le connaître davantage. Son lever se prépare comme celui de l'aurore ; et il descendra sur nous comme les pluies de l'automne et du printemps sur la terre. Et le Seigneur dira : Que ferai-je de toi. Ô Ephraïm ? Que ferai-je de toi, Ô Juda ? Vos bons sentiments n'ont pas eu plus de durée que les nuages du matin, et que la rosée qui sèche en un instant. C'est pourquoi je les ai traités durement par mes prophètes, et je les ai mis à mort par les paroles de ma bouche ; et je rendrai claire comme le jour l'équité de mes jugements sur toi. Car c'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice : et je préfère la connaissance de Dieu à tous les holocaustes que vous pouvez m’offrir."
Lecture du Livre de l'Exode. Chap. XII. :
" Dans ces jours-là, le Seigneur dit à Moïse et à Aaron dans la terre d'Egypte : Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois ; il sera le premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée des enfants d'Israël, et dites-leur : Au dixième jour de ce mois, chacun prendra un agneau pour sa famille et pour sa maison. S'il n'y a pas dans sa maison un nombre de personnes suffisant pour pouvoir manger l'agneau, il en prendra chez son voisin, dont la maison tient à la sienne, autant qu'il en faut pour pouvoir manger l'agneau. Cet agneau sera sans tache, mâle, et de l'année ; vous pourrez même, au défaut, prendre un chevreau qui soit dans les mêmes conditions. Vous garderez cet agneau jusqu'au quatorzième jour de ce mois ; et sur le soir, la multitude des enfants d'Israël l'immolera. Et ils prendront de son sang, et ils en mettront sur les deux poteaux et sur le haut des portes des maisons où ils le mangeront. Cette même nuit, ils en mangeront la chair rôtie au feu, avec des pains sans levain et des laitues sauvages. Vous ne mangerez rien de cet agneau qui soit cru ou qui ait été cuit dans l'eau, mais il sera seulement rôti au feu. Vous en mangerez la tête avec les pieds et les intestins ; et il n'en devra plus rien rester pour le matin suivant. S'il en restait quelque chose, vous aurez soin de le consumer par le feu. Voici en quelle tenue vous le mangerez : vous ceindrez vos reins ; vous aurez des souliers aux pieds et un bâton à la main, et vous mangerez à la hâte. Car c'est la Pâque, c'est-à-dire le Passage du Seigneur."
La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Jean. Chap. XVIII. :
" En ce temps-là, Jésus s'en alla avec ses disciples au delà du torrent de Cédron. Or il y avait là un jardin dans lequel il entra, lui et ses disciples. Judas qui le trahissait connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y venait souvent avec ses disciples. Judas donc ayant pris une cohorte et des gens que les princes des prêtres et les pharisiens lui donnèrent, vint en ce lieu avec des lanternes, des torches et des armes. Jésus donc, sachant ce qui devait arriver, s'avança et leur dit :
" Qui cherchez-vous ?"
Ils lui répondirent :
" Jésus de Nazareth."
Jésus leur dit :
" C'est moi."
Or Judas, qui le trahissait, était avec eux. Lors donc qu'il leur eut dit :
" C'est moi ", ils reculèrent de quelques pas et tombèrent à terre.
Il leur demanda de nouveau :
" Qui cherchez-vous ?"
Ils dirent :
" Jésus de Nazareth."
Jésus leur répondit :
" Je vous ai dit que c'est moi ; si donc c'est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. Afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite : " De ceux que vous m'avez donnés, je n'en ai perdu aucun "."
Alors Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappa un serviteur du grand-prêtre, et lui coupa l'oreille droite ; or ce serviteur avait nom Malchus. Mais Jésus dit à Pierre :
" Remets ton épée dans le fourreau. Le calice que mon Père m'a donné, ne le boirai-je donc pas ?"
Alors la cohorte et le tribun, et les satellites des Juifs, se saisirent de Jésus et le lièrent. Et ils l'emmenèrent d’abord chez Anne, parce qu'il était le beau-père de Caïphe, qui était grand-prêtre cette année-là. Or Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs :
" Il est expédient qu'un seul homme meure pour le peuple."
Simon Pierre suivait Jésus, et aussi un autre disciple ; or ce disciple étant connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans la cour du grand-prêtre. Et comme Pierre se tenait à la porte au dehors, l'autre disciple, qui était connu du grand-prêtre, sortit et parla à la portière, et elle fit entrer Pierre. Cette servante commise à la porte dit donc à Pierre :
" Es-tu aussi des disciples de cet homme ?"
Il répondit :
" Je n'en suis point."
Les serviteurs et les gardes, rangés autour d'un brasier, se chauffaient ; car il faisait froid. Et Pierre était aussi avec eux, debout et se chauffant.
Cependant le grand-prêtre interrogea Jésus touchant ses disciples et sa doctrine. Jésus lui répondit :
" J'ai parlé publiquement au monde ; j'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous ? Interrogez ceux qui m'ont entendu, sur ce que je leur ai dit ; ceux là savent ce que j'ai dit."
Après qu il eut dit cela, un des gardes là présent donna un soufflet à Jésus, disant :
" Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ?"
Jésus lui dit :
" Si j'ai mal parlé, fais voir ce que j'ai dit de mal ; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?"
Et Anne l'envoya lié chez Caïphe le grand-prêtre.
Cependant Simon Pierre était debout et se chauffait. Quelques-uns donc lui dirent :
" N'es-tu pas aussi de ses disciples ?"
Il le nia, et dit :
" Je n en suis point."
Un des serviteurs du grand-prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit :
" Ne t'ai-je pas vu avec lui dans le jardin ?"
Pierre le nia de nouveau ; et aussitôt le coq chanta.
Ils amenèrent Jésus de chez Caïphe dans le prétoire. Or c'était le matin, et eux n'entrèrent point dans le prétoire, afin de ne se point souiller, et de pouvoir mander la Pâque. Pilate vint donc à eux dehors, et dit :
" Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?"
Ils répondirent :
" Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne vous l'aurions point amené."
Pilate leur dit :
" Prenez-le vous-mêmes, et le jugez selon votre loi."
Les Juifs lui dirent :
" Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort ; afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite touchant la mort dont il devait mourir."
Pilate donc rentra dans le prétoire, et appela Jésus, et lui dit :
" Etes-vous le Roi des Juifs ?"
Jésus répondit :
" Dites-vous cela de vous-même, ou d'autres vous l’ont-ils dit de moi ? "
Pilate répondit :
" Est-ce que je suis Juif ? Votre nation et vos prêtres vous ont livré à moi. Qu'avez-vous fait ?"
Jésus répondit :
" Mon royaume n'est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs combattraient pour que je ne fusse point livré aux Juifs : mais maintenant mon royaume n'est pas de ce monde."
Pilate lui dit :
" Vous êtes donc Roi."
Jésus répondit :
" Vous le dites, je suis Roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ; quiconque est de la vérité, écoute ma voix."
Pilate lui dit :
" Qu'est-ce que la vérité ?"
Et ayant dit cela, il sortit encore, et alla vers les Juifs, et leur dit :
" Je ne trouve en lui aucun crime. La coutume est que je vous délivre un criminel à la fête de Pâque ; voulez-vous que je vous délivre le Roi des Juifs ?"
Alors de nouveau tous s'écrièrent :
" Pas celui-ci, mais Barabbas."
Or Barabbas était un voleur.
Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller. Et les soldats ayant tressé une couronne d'épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d'un manteau de pourpre. Et venant à lui, ils disaient :
" Salut, Roi des Juifs !"
Et ils lui donnaient des soufflets.
Pilate sortit de nouveau, et leur dit :
" Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime."
Jésus donc sortit, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit :
" Voilà l'homme."
Les prêtres et les gardes l'ayant vu, crièrent :
" Crucifiez-le, crucifiez-le !"
Pilate leur dit :
" Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez ; car moi je ne trouve point de crime en lui."
Les Juifs répondirent :
" Nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu'il s'est fait Fils de Dieu."
Ayant entendu cette parole, Pilate fut plus effrayé. Et entrant dans le prétoire, il dit à Jésus :
" D'où êtes-vous ?"
Jésus ne lui lit pas de réponse. Pilate lui dit donc :
" Vous ne me parlez point ? Ignorez-vous que j'ai le pouvoir de vous crucifier et le pouvoir de vous délivrer ?"
Jésus lui répondit :
" Vous n'auriez sur moi aucun pouvoir, s'il ne vous était donné d'en haut ; et c'est pour cela que le péché de celui qui m'a livré à vous est d'autant plus grand."
Et depuis ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant :
" Si vous le délivrez, vous n'êtes point ami de César ; car quiconque se fait Roi, se déclare contre César. Ayant entendu cette parole, Pilate fit amener Jésus dehors ; et il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé en grec Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.
C’était le jour de la préparation de la Pâque. vers la sixième heure; et Pilate dit aux Juifs :
" Voilà votre Roi."
Mais eux criaient :
" Ôtez-le ! Ôtez-le ! Crucifiez-le !"
Pilate leur dit :
" Que je crucifie votre Roi ?"
Les princes des prêtres répondirent :
" Nous n'avons de roi que César."
Alors il le leur livra pour être crucifié. Et ils prirent Jésus et l'emmenèrent. Emportant sa croix, il vint au lieu nommé Calvaire, et en hébreu Golgotha, où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Pilate écrivit une inscription, et la fit mettre au haut de la croix. Voici ce qu'elle portait :
" Jésus de Nazareth, Roi des Juifs."
Beaucoup de Juifs lurent cette inscription parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville, et qu'elle était écrite en hébreu, en grec, et en latin. Les pontifes des Juifs dirent donc à Pilate :
" N'écrivez point : " Roi des Juifs " ; mais bien qu'il a dit : " Je suis le Roi des Juifs "."
Pilate répondit :
" Ce qui est écrit, est écrit."
Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses habits dont ils firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique ; et, comme elle était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas, ils se dirent entre eux : Ne la divisons point, mais tirons au sort à qui elle sera, afin que s'accomplit ce que dit l'Ecriture :
" Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont jeté ma robe au sort."
Voilà ce que firent les soldats.
Debout près de la croix de Jésus, étaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant vu sa mère, et debout près d'elle, le disciple qu'il aimait, il dit à sa mère :
" Femme, voilà votre fils."
Ensuite il dit au disciple :
" Voilà ta mère."
Depuis cette heure, le disciple la prit chez lui.
Après cela, Jésus sachant que tout était accompli, afin qu'une parole de l'Ecriture s'accomplit encore, il dit :
" J'ai soif."
Il y avait là un vase plein de vinaigre. Ils entourèrent d'hysope une éponge pleine de vinaigre, et la présentèrent à sa Bouche, là Jésus avant pris le vinaigre, dit :
" Tout est consommé."
Et baissant la tête, il rendit l'esprit.
" Consumatum est ". Jean-Léon Gérôme. XIXe.
Ici on fait une pause comme au Dimanche des Rameaux. Toute l'assistance se met à genoux ; et, selon l'usage des lieux, on se prosterne et on baise humblement la terre.
Or ce jour-là étant celui de la Préparation, afin que les corps ne demeurassent pas en croix durant le sabbat (car ce sabbat était un jour très solennel), les Juifs prièrent Pilate qu'on leur rompit les jambes, et qu'on les enlevât. Il vint donc des soldats qui rompirent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Etant venus à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes ; mais un des soldats lui ouvrit le coté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.
Celui qui le vit en rend témoignage, et son témoignage est vrai, car il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi. Ceci advint pour que cette parole de l'Ecriture fût accomplie :
" Vous ne briserez pas un seul de ses os."
Et il est dit encore ailleurs dans l'Ecriture :
" Ils verront celui qu'ils ont percé."
Ici le Diacre vient prier en silence au pied de l'autel pour implorer sur lui-même la bénédiction de Dieu ; mais il ne demande point celle du Prêtre, et ne fait point bénir l'encens. Les Acolytes ne l'accompagnent point non plus à l'ambon avec des flambeaux. Quand il a terminé la lecture de l'Evangile, le Sous-Diacre ne porte point le livre à baiser au Célébrant. La suppression de toutes les cérémonies ordinaires atteste la profonde tristesse à laquelle l'Eglise est livrée.
Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs, pria Pilate de lui laisser enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et enleva le corps de Jésus. Nicomède, celui qui, autrefois, était venu trouver Jésus de nuit, vint aussi apportant une composition de myrrhe et d'aloès, environ cent livres. Or il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre tout neuf, où personne n'avait encore été mis. Là donc, à cause de la préparation du sabbat des Juifs, et que ce sépulcre était proche, ils mirent Jésus."
L'ADORATION DE LA CROIX
La Crucifixion de Notre Seigneur Jésus-Christ. Mathias Grünewald. XVe.
Les prières générales sont terminées ; et après avoir imploré Dieu pour la conversion des païens, l'Eglise se trouve avoir visité, dans sa charité, tous les habitants de la terre, et sollicité sur eux tous l'effusion du sang divin qui coule, en ce moment, des veines de l'Homme-Dieu. Maintenant elle se tourne vers les chrétiens ses fils, et, tout émue des humiliations auxquelles est en proie son céleste Epoux, elle va les convier à en diminuer le poids, en dirigeant leurs hommages vers cette Croix, jusqu'alors infâme et désormais sacrée, sous laquelle Jésus marche au Calvaire, et dont les bras vont le porter aujourd'hui. Pour Israël, la croix est un objet de scandale ; pour le gentil, un monument de folie (I Cor. I, 23.) ; nous chrétiens, nous vénérons en elle le trophée de la victoire du Fils de Dieu, et l'instrument auguste du salut des hommes. L'instant donc est arrivé où elle doit recevoir nos adorations, à cause de l'honneur que lui a daigné faire le Fils de Dieu en l'arrosant de son sang, et en l'associant ainsi à l'œuvre de notre réparation. Nul jour, nulle heure dans l’année ne conviennent mieux pour lui rendre nos humbles devoirs.
Ce touchant hommage offert, en ce jour, au bois sacre qui nous sauve, a commencé, dès le IVe siècle, à Jérusalem. On venait de découvrir la vraie Croix par les soins de la pieuse impératrice sainte Hélène ;
vendredi, 18 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)
Le samedi Saint.
- Le samedi Saint.
Nous ne donnons ici que l'Epître et l'Evangile de la messe du samedi Saint.
En ce saint jour, on procède à la bénédiction du feu nouveau et de l'encens, le cierge pascal, à la bénédiction de l'eau baptismale, au baptême des catéchumènes, à la confirmation.
Pour qui veut pénétrer plus avant dans ce jour sacré, il faut lire et méditer les belles pages de dom Prosper Guéranger : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgiqu...
L'Ange s'adresse à la très sainte Vierge Marie,
à sainte Marie-Madeleine et aux saintes femmes. Fra Angelico. XVe.
A LA MESSE
La Litanie solennelle tire à sa fin ; et déjà le chœur des chantres est arrivé au cri d'invocation qui la termine : " Kyrie eleison !" Le Pontife s'avance du Secretarium vers l'autel, avec la majesté des plus grands jours. A sa vue, les chantres prolongent la mélodie sur les paroles de supplication, et les répètent trois fois, trois fois ils y ajoutent la prière au Fils de Dieu : " Christe eleison !" et enfin trois fois l'invocation à l'Esprit-Saint : " Kyrie eleison !" Pendant qu'ils exécutent ces chants, l'Evéque a présenté à Dieu, au pied de l'autel, ses premiers hommages et offert l'encens au Très-Haut ; en sorte que l'Antienne ordinaire, qui porte le nom d'Introït, n'a point été nécessaire pour accompagner la marche sacrée du Secrétarium à l'autel.
La Basilique commence à s'illuminer des premières lueurs de l'aurore ; et l'étoile du matin qui, selon les paroles du Diacre, est venue mêler sa clarté à la flamme du Cierge pascal, pâlit déjà devant l'astre du jour, figure du divin Soleil de justice. L'assemblée des fidèles, partagée en diverses sections, les hommes sous la galerie à droite, les femmes sous la galerie à gauche, a reçu dans ses rangs les nouvelles recrues. Près des portes, la place des catéchumènes est vide ; et sous les nefs latérales, aux places d'honneur, on distingue les néophytes à leur robe blanche, à leur bandeau, au cierge allumé qu'ils tiennent dans leurs mains.
L'encensement de l'autel est terminé. Tout à coup, Ô triomphe du Fils de Dieu ressuscité ! La voix du Pontife entonne avec transport l'Hymne Angélique :
" Gloire à Dieu au plus haut des cieux ; et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté !"
A ces accents, les cloches, muettes depuis trois jours, retentissent en volée dans le Campanile aérien de la Basilique ; et l'enthousiasme de notre sainte foi fait palpiter tous les cœurs. Le peuple saint continue avec ardeur le Cantique céleste ; et lorsqu'il est achevé, l'Evêque résume dans l'Oraison suivante les vœux de toute l'Eglise en faveur de ses nouveaux enfants.
ÉPÎTRE
Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Colossiens. Chap. III. :
" Mes Frères, si vous êtes ressuscites avec le Christ, recherchez ce qui est en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu ; goûtez ce qui est en haut, non ce qui est sur la terre ; car vous êtes morts, et votre vie est cachée en Dieu avec le Christ. Lorsque le Christ qui est votre vie, apparaîtra, vous apparaîtrez aussi avec lui dans la gloire."
Cette lecture si brève, mais dont tous les mots sont si profonds, étant achevée, le Sous-Diacre descend de l'ambon, et vient s'arrêter devant le trône de l'Evêque. Après avoir salué la majesté du Pontife par une profonde inclination, il prononce d'une voix éclatante ces paroles qui retentissent dans toute la Basilique, et vont réveiller de nouveau l'allégresse dans toutes les âmes :
" Vénérable Père, je vous annonce une grande joie : c'est l’ Alléluia !"
L'Evêque se lève, et plein d'un feu divin, il chante " Alléluia !" sur un mode joyeux. Le chœur répète après lui " Alléluia !" et deux fois encore l'échange de ce cri céleste a lieu entre le chœur et le Pontife, A ce moment, toutes les tristesses passées s'évanouissent ; on sent que les expiations de la sainte Quarantaine ont été agréées par la majesté divine, et que le Père des siècles, par les mérites de son Fils ressuscité, pardonne à la terre, puisqu'il lui rend le droit de faire entendre le cantique de l'éternité. Le chœur ajoute ce verset du Roi-Prophète, qui célèbre la miséricorde de Jéhovah.
" Confitemini Domino quoniam bonus : quoniam in saeculum misericordia ejus."
" Célébrez le Seigneur , parce qu il est bon ; parce que sa miséricorde est à jamais."
Il manque cependant quelque chose encore aux joies de cette journée. Jésus est sorti du tombeau ; mais à l'heure où nous sommes, il ne s'est pas encore manifesté à tous. Sa sainte Mère, Madeleine etles autres saintes femmes, sont seules à l'avoir vu ; ce soir seulement, il se montrera à ses Apôtres.
ÉVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. XXVIII. :
L'Ange s'adresse à la très sainte Vierge Marie,
à sainte Marie-Madeleine et aux saintes femmes.
Eglise Saint-Germain. Allouis. Berry. XIe.
" Après le Sabbat, à la première lueur du jour qui suit le Sabbat, Marie-Madeleine et une autre Marie vinrent pour voir le sépulcre. Et tout à coup il se fit un grand tremblement de terre. Car l'Ange du Seigneur descendit du ciel ; et s’approchant, il roula la pierre et s'assit dessus. Son visage était comme l'éclair, et son vêtement comme la neige. Les gardes, à sa vue, frappés d'épouvante, devinrent comme morts. Et l'Ange dit aux femmes :
" Vous, ne craignez point ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n'est point ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit : venez, et voyez le lieu où le Seigneur avait été mis. Et allez promptement dire à ses disciples qu'il est ressuscité. Il sera avant vous en Galilée ; c'est là que vous le verrez : je vous le dis à l'avance."
Après la lecture de l'Evangile, le Pontife n'entonne point le majestueux Symbole de la foi. La sainte Eglise le réserve pour la Messe solennelle qui réunira de nouveau le peuple fidèle. Elle suit heure par heure les phases du divin mystère, et veut rappeler en ce moment l'intervalle qui s'écoula avant que les Apôtres, qui devaient annoncer partout la foi de la résurrection, lui eussent eux-mêmes rendu hommage.
Cathédrale Sainte-Cécile. Albi. Languedoc. XIXe.
Après avoir donné le salut au peuple, le Pontife se prépare à offrir à la majesté divine le pain et le vin qui vont servir au Sacrifice ; et par une dérogation à l'usage observé dans toutes les Messes, le chœur des chantres n'exécute pas la solennelle Antienne connue sous le nom d'Offertoire. Chaque jour, cette Antienne accompagne la marche des fidèles vers l'autel, lorsqu'ils vont présenter le pain et le vin qui doivent leur être rendus, dans la communion, transformés au corps et au sang de Jésus-Christ. Mais la fonction s'est déjà beaucoup prolongée ; si l'ardeur des âmes est toujours la même, la fatigue des corps se fait sentir, et les petits enfants que l'on tient à jeun pour la communion annoncent déjà par leurs cris la souffrance qu'ils éprouvent. Le pain et le vin, matière du divin Sacrifice, seront aujourd'hui fournis par l'Eglise ; et les néophytes n'en viendront pas moins s'assoir à la table du Seigneur, bien qu'ils n'aient pas présenté eux-mêmes le pain et le vin à la barrière sacrée.
Cycle de la Passion et de la Résurrection. Sacramentaire. XIe.
samedi, 19 avril 2025 | Lien permanent
Credo de saint Athanase
SYMBOLE DE SAINT ATHANASE
Saint Athanase au concile de Nicée.
Histoire et continuation. Guillaume de Tyr. Acre. Terre Sainte. XIIIe.
1. Quicumque vult salvus esse, ante omnia opus est ut teneat catholicam fidem :
- Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique :
2. Quam nisi quisque integram inviolatamque servaverit, absque dubio in æternum peribit.
- Celui qui ne la conservera pas intègre et inviolée périra, sans aucun doute, pour l'éternité.
3. Fides autem catholica haec est : ut unum Deum in Trinitate, et Trinitatem in unitate veneremur.
- Voici quelle est la foi catholique : c'est que nous vénérions un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité.
4. Neque confundentes personas, neque substantiam separantes.
- Sans confondre les personnes, ni séparer la substance.
5. Alia est enim persona Patris, alia Filii, alia Spiritus Sancti :
- Autre est en effet la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit :
6. Sed Patris et Filii et Spiritus Sancti una est divinitas, æqualis gloria, coæterna majestas.
- Mais du Père, du Fils et du Saint-Esprit, il n'est qu'une seule divinité, une gloire égale, une majesté coéternelle.
7. Qualis Pater, talis Filius, talis Spiritus Sanctus.
- Tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
8. Increatus Pater, increatus Filius, increatus Spiritus Sanctus.
- Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé.
9. Immensus Pater, immensus Filius, immensus Spiritus Sanctus.
- Le Père est immense, le Fils est immense, le Saint-Esprit est immense.
10. Aeternus Pater, æternus Filius, æternus Spiritus Sanctus.
- Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint-Esprit est éternel.
La Très Sainte Trinité. Sculpture votive anonyme italienne du XVe.
11. Et tamen non tres æterni, sed unus æternus.
- Et pourtant il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel.
12. Sicut non tres increati, nec tres immensi, sed unus increatus et unus immensus.
- De même, il n'y a pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense.
13. Similiter omnipotens Pater, omnipotens Filius, omnipotens Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est tout-puissant, le Fils est tout-puissant, le Saint-Esprit est tout-puissant.
14. Et tamen non tres omnipotentes, sed unus omnipotens.
- Et pourtant, il n'y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
15. Ita Deus Pater, Deus Filius, Deus Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu.
16. Et tamen non tres dii, sed unus est Deus.
- Et pourtant, il n'y a pas trois dieux, mais un seul Dieu.
17. Ita Dominus Pater, Dominus Filius, Dominus Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur.
18. Et tamen non tres Domini, sed unus est Dominus.
- Et pourtant, il n'y a pas trois seigneurs, mais un seul Seigneur.
19. Quia, sicut singillatim unamquamque personam Deum ac Dominum confiteri christiana veritate compellimur : ita tres deos aut dominos dicere catholica religione prohibemur.
- De même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chaque personne est Dieu et Seigneur, ainsi la religion catholique nous interdit de dire qu'il y a trois dieux ou seigneurs.
20. Pater a nullo est factus : nec creatus, nec genitus.
- Le Père ne vient de nul autre : ni fait, ni créé, ni engendré.
La Très Sainte Trinité couronnant Notre Dame la Vierge Marie.
Heures à l'usage de Sarum et de Poitiers. XVe.
21. Filius a Patre solo est : non factus, nec creatus, sed genitus.
- Le Fils est du Père seul : ni fait, ni créé, mais engendré.
22. Spiritus Sanctus a Patre et Filio : non factus, nec creatus, nec genitus, sed procedens.
- Le Saint-Esprit est du Père et du Fils : ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
23. Unus ergo Pater, non tres Patres ; unus Filius, non tres Filii ; unus Spiritus Sanctus, non tres Spiritus Sancti.
- Il y a donc un seul Père, et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Esprits Saints.
24. Et in hac Trinitate nihil prius aut posterius, nihil majus aut minus : sed totæ tres personæ coæternae sibi sunt et coæquales.
- Et en cette Trinité, il n'y a rien d'antérieur ou de postérieur, rien de plus grand ou de plus petit, mais les trois personnes sont tout entières coéternelles et coégales entre elles.
25. Ita ut per omnia, sicut jam supra dictum est, et unitas in Trinitate, et Trinitas in unitate veneranda sit.
- En sorte qu'en toutes choses, ainsi qu'il a été dit plus haut, on doit vénérer l'unité dans la Trinité, et la Trinité dans l'unité.
26. Qui vult ergo salvus esse : ita de Trinitate sentiat.
- Que celui qui veut être sauvé pense donc ainsi de la Trinité.
27. Sed necessarium est ad æternam salutem, ut Incarnationem quoque Domini nostri Jesu Christi fideliter credat.
- Mais il est nécessaire au salut éternel de croire aussi fidèlement à l'Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ.
28. Est ergo fides recta ut credamus et confiteamur quia Dominus noster Jesus Christus, Dei Filius, Deus et homo est.
- La rectitude de la foi est de croire et confesser que Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
29. Deus est ex substantia Patris ante sæcula genitus : et homo est ex substantia matris in sæculo natus.
- Il est Dieu, engendré avant les siècles de la substance du Père : il est homme, né dans le siècle de la substance de sa mère.
La Très Sainte Trinité. Agnolo Gaddi. XIVe.
30. Perfectus Deus, perfectus homo ex anima rationali et humana carne subsistans.
- Dieu parfait, homme parfait subsistant d'une âme raisonnable et d'une chair humaine.
31. Aequalis Patri secundum divinitatem : minor Patre secundum humanitatem.
- Égal au Père selon sa divinité, inférieur au Père selon son humanité.
32. Qui, licet Deus sit et homo, non duo tamen, sed unus est Christus.
- Bien qu'il soit Dieu et homme, il n'y a pas deux mais un seul Christ.
33. Unus autem non conversione divinitatis in carnem, sed assumptione humanitatis in Deum.
- Il est un, non par conversion de la divinité en chair, mais par l'assomption de l'humanité en Dieu.
34. Unus omnino, non confusione substantiæ, sed unitate personæ.
- Un absolument, non par confusion de substance, mais par l'unité de la personne.
35. Nam sicut anima rationalis et caro unus est homo : ita Deus et homo unus est Christus.
- Car, de même que l'âme raisonnable et la chair est un seul homme, ainsi le Dieu et l'homme n'est qu'un seul Christ.
36. Qui passus est pro salute nostra, descendit ad inferos tertia die resurrexit a mortuis.
- Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, et le troisième jour il est ressuscité des morts.
37. Ascendit ad cælos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis : inde venturus est judicare vivos et mortuos.
- Il est monté aux cieux, il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant : d'où il reviendra juger les vivants et les morts.
38. Ad cujus adventum omnes homines resurgere habent cum corporibus suis : et reddituri sunt de factis propriis rationem.
- À son avènement, tous les hommes seront appelés à ressusciter avec leurs corps, et à rendre raison de leurs propres actes.
39. Et qui bona egerunt ibunt in vitam æternam : qui vero mala, in ignem æternum.
- Ceux qui auront fait le bien iront à la vie éternelle, ceux qui ont fait le mal, au feu éternel.
40. Haec est fides catholica, quam nisi quisque fideliter firmiterque crediderit, salvus esse non poterit.
- Telle est la foi catholique : quiconque ne la croira pas fidèlement et fermement ne pourra pas être sauvé.
Le Jugement dernier. Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen.
- Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement et maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
jeudi, 25 décembre 2008 | Lien permanent
Saint Nom de Jésus.
- Le Saint Nom de Jésus.
Le troisième Mystère de l'Epiphanie nous montre la consommation des plans de la divine miséricorde sur le monde, en même temps qu'il nous manifeste une troisième fois la gloire de l'Emmanuel. L'Etoile a conduit l'âme à la foi, l'Eau sanctifiée du Jourdain lui a conféré la pureté, le Festin Nuptial l'unit à son Dieu. Nous avons chanté l'Epoux sortant radieux au-devant de l'Epouse ; nous l'avons entendu l'appeler des sommets du Liban ; maintenant qu'il l'a éclairée et purifiée, il veut l'enivrer du vin de son amour.
Un festin est préparé, un festin nuptial ; la Mère de Jésus y assiste ; car, après avoir coopéré au mystère de l'Incarnation du Verbe, il convient qu'elle soit associée à toutes les œuvres de son Fils, à toutes les faveurs qu'il prodigue à ses élus. Mais, au milieu de ce festin, le vin vient à manquer. Jusqu'alors la Gentilité n'avait point connu le doux vin de la Charité ; la Synagogue n'avait produit que des raisins sauvages. Le Christ est la vraie Vigne, comme il le dit lui-même. Lui seul pouvait donner ce vin qui réjouit le cœur de l'homme (Psalm. CIII.), et nous présenter à boire de ce calice enivrant qu'avait chanté David. (Psalm. XXII.).
Marie dit au Sauveur : " Ils n'ont point de vin ". C'est à la Mère de Dieu de lui représenter les besoins des hommes, dont elle est aussi la mère. Cependant, Jésus lui répond avec une apparente sécheresse :
" Femme, qu'importe à moi et à vous ? Mon heure n'est pas encore venue."
C'est que, dans ce grand Mystère, il allait agir, non plus comme Fils de Marie, mais comme Fils de Dieu. Plus tard, à une heure qui doit venir, il apparaîtra aux yeux de cette même Mère, expirant sur la croix, selon cette humanité qu'il avait reçue d'elle. Marie a compris tout d'abord l'intention divine de son Fils, et elle profère ces paroles qu'elle répète sans cesse à tous ses enfants :
" Faites ce qu'il vous dira."
Or, il y avait là six grands vases de pierre, et ils étaient vides. Le monde, en effet, était parvenu à son sixième âge, comme l'enseignent saint Augustin et les autres docteurs après lui. Durant ces six âges, la terre attendait son Sauveur, qui devait l'instruire et la sauver. Jésus commande de remplir d'eau ces vases ; mais l'eau ne convient pas pour le festin de l'Epoux. Les figures, les prophéties de l'ancien monde étaient cette eau ; et nul homme, jusqu'à l'ouverture du septième âge, où le Christ, qui est la Vigne, devait se communiquer, n'avait contracté l'alliance avec le Verbe divin.
Mais lorsque l'Emmanuel est venu, il n'a qu'une parole à dire : « Puisez maintenant. Le vin de la nouvelle Alliance, ce vin qui avait été réservé pour la fin, remplit seul maintenant les vases. En prenant notre nature humaine, nature faible comme l'eau, il en a ménagé la transformation ; il l'a élevée jusqu'à lui, nous rendant participants de la nature divine (II Petr. IV, 1) ; il nous a rendus capables de contracter l'union avec lui, de former ce seul corps dont il est le Chef, cette Eglise dont il est l'Epoux, et qu'il aimait de toute éternité d'un si ardent amour, qu'il est descendu du ciel pour célébrer ces noces avec elle.
" Ô sort admirable que le nôtre ! Dieu a daigné, comme dit l'Apôtre, montrer les richesses de sa gloire sur des vases de miséricorde " (Rom. IX,23). Les urnes de Cana, figures de nos âmes, étaient insensibles, et nullement destinées à tant d'honneur. Jésus ordonne à ses ministres d'y verser l'eau ; et déjà, par cette eau, il les purifie ; mais il pense n'avoir rien fait encore tant qu'il ne les a pas remplies jusqu'au haut de ce vin céleste et nouveau, qui ne devait se boire qu'au royaume de son Père. Ainsi la divine charité, qui réside dans le Sacrement d'amour, nous est-elle communiquée ; et pour ne pas déroger à sa gloire, l'Emmanuel, qui veut épouser nos âmes, les élève jusqu'à lui. Préparons-les donc pour cette union ; et, selon le conseil de l'Apôtre, rendons-les semblables à cette Vierge pure qui est destinée à un Epoux sans tache. (II Cor. XI.).
Saint Matthieu, Evangéliste de l'humanité du Sauveur, a reçu de l'Esprit-Saint la charge de nous annoncer le mystère de la foi par l'Etoile ; saint Luc, Evangéliste du Sacerdoce, a été choisi pour nous instruire du mystère delà Purification par les Eaux ; il appartenait au Disciple bien-aimé de nous révéler le mystère des Noces divines. C'est pourquoi, suggérant à la sainte Eglise l'intention de ce troisième mystère, il se sert de cette expression : Ce fut le premier des miracles de Jésus, et il y manifesta sa gloire. A Bethléhem, l'Or et l'Encens des Mages prophétisèrent la divinité et la royauté cachées de l'Enfant ; sur le Jourdain, la descente de l'Esprit-Saint, la voix du Père, proclamèrent Fils de Dieu l'artisan de Nazareth ; à Cana, Jésus agit lui-même et il agit en Dieu : " car, dit saint Augustin, Celui qui transforma l'eau en vin dans les vases ne pouvait être que Celui-là même qui, chaque année, opère un prodige semblable dans la vigne ". Aussi, de ce moment, comme le remarque saint Jean, " ses Disciples crurent en lui ", et le collège apostolique commença à se former.
Nous ne devons donc pas nous étonner que, dans ces derniers temps, l'Eglise, enivrée des douceurs du festin de l'Emmanuel, et voulant accroître la joie et la solennité de ce jour, l'ait choisi de préférence à tout autre pour recevoir la glorieuse mémoire du très saint Nom de Jésus. C'est au jour nuptial que le nom de l'Epoux devient propre à l'Epouse : ce nom désormais témoignera qu'elle est à lui. Elle a donc voulu l'honorer d'un culte spécial, et unir ce cher souvenir à celui des Noces divines.
L'ancienne alliance avait environné le Nom de Dieu d'une terreur profonde : ce nom était pour elle aussi formidable que saint, et l'honneur de le proférer n'appartenait pas à tous les enfants d'Israël. Dieu n'avait pas encore été vu sur la terre, conversant avec les hommes ; il ne s'était pas encore fait homme lui-même pour s'unir à notre faible nature : nous ne pouvions donc lui donner ce Nom d'amour et de tendresse que l'Epouse donne à l'Epoux.
Mais quand la plénitude des temps est arrivée, quand le mystère d'amour est sur le point d'apparaître, le Nom de Jésus descend d'abord du ciel, comme un avant-goût de la présence du Seigneur qui doit le porter. L'Archange dit à Marie : " Vous lui donnerez le Nom de Jésus " ; or, Jésus veut dire Sauveur. Que ce Nom sera doux à prononcer à l'homme qui était perdu ! Combien ce seul Nom rapproche déjà le ciel de la terre ! En est-il un plus aimable, un plus puissant ? Si, à ce Nom divin, tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers, est-il un cœur qui ne s'émeuve d'amour à l'entendre prononcer ? Mais laissons raconter à saint Bernard la puissance et la douceur de ce Nom béni. Voici comme il s'exprime, à ce sujet, dans son XVe Sermon sur les Cantiques :
" Le Nom de l'Epoux est une lumière, une nourriture, un remède. Il éclaire, quand on le publie ; il nourrit, quand on y pense à part soi ; et quand on l'invoque dedans la tribulation, il procure l'adoucissement et l'onction. Parcourons, s'il vous plaît, chacune de ces qualités. D'où pensez-vous qu'ait pu se répandre, par tout l'univers, cette si grande et si soudaine lumière de la Foi, si ce n'est de la prédication du Nom de Jésus ? N'est-ce pas par la lumière de ce Nom béni, que Dieu nous a appelés en son admirable lumière ? De laquelle étant illuminés, et voyant en cette lumière une autre lumière, nous oyons saint Paul nous dire à bon droit : Vous avez été jadis ténèbres ; mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur.
Or, le Nom de Jésus n'est pas seulement lumière ; mais encore, il est nourriture. N'êtes-vous donc pas confortés, toutes fois et quantes que vous rappelez à votre cœur ce doux Nom ? Qu'est-il au monde qui nourrisse autant l'esprit de celui qui pense à lui ? Qu'est-ce qui, de la même sorte, répare les sens affaiblis, donne de l'énergie aux vertus, fait florir les bonnes mœurs, et entretient les honnêtes et chastes affections ? Toute nourriture de l'âme est sèche, si elle n'est détrempée de cette huile ; elle est insipide, si elle n'est assaisonnée de ce sel.
Quand vous m'écrivez, votre récit n'a pour moi nulle saveur, si je n'y lis le Nom de Jésus. Lorsque vous disputez ou conférez avec moi, le conteste n'a pour moi aucun intérêt, si je n'y entends résonner le Nom de Jésus. Jésus est un miel à ma bouche, une mélodie à mon oreille, une jubilation à mon cœur ; oui même, outre ce, une médecine bienfaisante. L'un de vous est-il triste ? Que Jésus vienne en son cœur ; que de là il passe en sa bouche, et incontinent, à la venue de ce divin Nom qui est une vraie lumière, tout nuage s'enfuit, la sérénité revient. Quelqu'un tombe-t-il dans le crime ; voire même, court-il, en se désespérant, au lacs de la mort ? S'il invoque le Nom de Jésus, ne recommencera-t-il pas de suite à respirer et à vivre ? Qui jamais oncques demeura dedans l'endurcissement du cœur, comme font tant d'autres, ou bien dedans la torpeur de la fétardie, la rancune, ou la langueur de l'ennui ? Quel est celui qui, par aventure, ayant à sec la source des larmes, ne l'ait sentie soudainement couler plus abondante et plus suave, sitôt que Jésus a été invoqué ? Quel est l'homme qui, palpitant et s'alarmant, au fort des périls, puis venant à invoquer ce Nom de vaillance, n'a pas senti tout aussitôt naître en soi la confiance et fuir la crainte ? Quel est celui, je vous le demande, qui, ballotté et flottant à la merci des doutes, n'a pas, sur-le-champ, je le dis sans balancer, vu reluire la certitude, à l'invocation d'un Nom si éclatant ? Qui est-ce qui, durant l'adversité, écoutant la méfiance, n'a pas repris courage, au seul son de ce Nom de bon secours ? Par effet, ce sont là les maladies et langueurs de l'âme, et il en est le remède.
Certes, et je puis vous le prouver par ces paroles : Invoque-moi, dit le Seigneur, au jour de la tribulation, et je t'en tirerai, et tu m’honoreras. Rien au monde n'arrête si bien l'impétuosité de la colère, et n'accoise pareillement l'enflure de la superbe. Rien aussi parfaitement ne guarit les plaies de la tristesse, comprime les débordements de la paillardise, éteint la flamme de la convoitise, étanche la soif de l'avarice, et bannit toutes les démangeaisons des passions déshonnêtes. De vrai, quand je nomme Jésus, je me propose un homme débonnaire et humble de cœur, bénin, sobre, chaste, miséricordieux, et, en un mot, brillant de toute pureté et sainteté. C'est Dieu lui-même tout-puissant qui me guérit par son exemple, et me renforce par son assistance. Toutes ces choses retentissent à mon cœur, lorsque j'entends sonner le Nom de Jésus. Ainsi, en tant qu'il est homme, j'en tire des exemples, pour les imiter ; et en tant qu'il est le Tout-Puissant, j'en tire un secours assuré. Je me sers desdits exemples comme d'herbes médicinales, et du secours comme d'un instrument pour les broyer, et j'en fais une mixtion telle que nul médecin n'en saurait faire de semblable.
Ô mon âme ! Tu as un antidote excellent, caché comme en un vase, dans ce Nom de Jésus ! Jésus, pour le certain, est un Nom salutaire et un remède qui jamais oneques ne se trouvera inefficace pour aucune maladie. Qu'il soit toujours en votre sein, toujours à votre main : si bien que tous vos sentiments et vos actes soient dirigés vers Jésus."
Telle est donc la force et la suavité du très saint Nom de Jésus, qui fut imposé à l'Emmanuel le jour de sa Circoncision ; mais, comme le jour de l'Octave de Noël est déjà consacré à célébrer la divine Maternité, et que le mystère du Nom de l'Agneau demandait à lui seul une solennité propre, la fête d'aujourd'hui a été instituée. Son premier promoteur fut, au XVe siècle, saint Bernardin de Sienne, qui établit et propagea l'usage de représenter, entouré de rayons, le saint Nom de Jésus, réduit à ses trois premières lettres IHS, réunies en monogramme. Cette dévotion se répandit rapidement en Italie, et fut encouragée par l'illustre saint Jean de Capistran, de l'Ordre des Frères Mineurs, comme saint Bernardin de Sienne. Le Siège Apostolique approuva solennellement cet hommage au Nom du Sauveur des hommes ; et, dans les premières années du XVIe siècle, Clément VII, après de longues instances, accorda à tout l'Ordre de saint François le privilège de célébrer une fête spéciale en l'honneur du très saint Nom de Jésus.
Rome étendit successivement cette faveur à diverses Eglises ; mais le moment devait venir où le Cycle universel en serait enrichi lui-même. Ce fut en 1721, sur la demande de Charles VI, Empereur d'Allemagne, que le Pape Innocent XIII décréta que la Fête du très saint Nom de Jésus serait célébrée dans l'Eglise entière, et il la fixa au deuxième Dimanche après l'Epiphanie, dont elle complète si merveilleusement les mystères.
A LA MESSE
" Au Nom de Jésus, que tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers ; et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père."
Ps. " Seigneur, notre Seigneur, que votre Nom est admirable par toute la terre ! Gloire au Père. Au Nom de Jésus."
EPÎTRE
Lecture des Actes des Apôtres. Chap. IV.
" En ces jours-là, Pierre, rempli du Saint-Esprit, dit : Princes du peuple et anciens, écoutez : puisque aujourd'hui nous sommes appelés en jugement pour un bienfait à l'égard d'un homme infirme, qui a été guéri par nous, sachez, vous tous, et tout le peuple d'Israël, que c'est au Nom de notre Seigneur Jésus-Christ, le Nazaréen, crucifié par vous, et ressuscité par Dieu d'entre les morts, que cet homme est devant vous en santé. Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, laquelle est devenue la principale pierre de l'angle; et il n'y a pas de salut dans un autre que lui. Car il n'a point été donné aux hommes, sous le ciel, un autre nom dans lequel nous puissions être sauvés."
Nous le savons, Ô Jésus ! Nul autre nom que le vôtre ne pouvait nous donner le salut : ce Nom, en effet, signifie Sauveur. Soyez béni d'avoir daigné l'accepter; soyez béni de nous avoir sauvés ! Cette alliance ineffable que vous nous annoncez aujourd'hui dans les Noces mystérieuses, est tout entière exprimée dans votre doux et admirable Nom. Vous êtes du ciel, et vous prenez un nom de la terre, un nom qu'une bouche mortelle peut prononcer; vous unissez donc pour jamais la divine et l'humaine nature. Oh! rendez-nous dignes d'une si sublime alliance, et ne permettez pas qu'il nous arrivé jamais de la rompre.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. II. :
" En ce temps-là, le huitième jour étant venu, auquel l'Enfant devait être circoncis, on lui donna le Nom de Jésus, qui était le Nom que l'Ange lui avait donné, avant qu'il fût conçu
dimanche, 05 janvier 2025 | Lien permanent
Dimanche de la Très Sainte Trinité.
- Dimanche de la Très Sainte Trinité.
Sculpture votive anonyme italienne du XVe.
Dès le VIIIe siècle, le pieux et savant Alcuin, rempli de l'esprit de la sainte liturgie, comme ses écrits en font foi, crut le moment venu de rédiger une Messe votive en l'honneur du mystère de la sainte Trinité. Il paraît même y avoir été incité par un désir de l'illustre apôtre de la Germanie, saint Boniface. Cette Messe, simplement votive, n'était toutefois qu'un secours pour la piété privée, et rien n'annonçait que l'institution d'une fête en sortirait un jour. Cependant la dévotion à cette Messe s'étendit peu à peu, et nous la voyons acceptée en Allemagne par le concile de Seligenstadt, en 1022. Jean XXII, qui occupa la chaire de saint Pierre jusqu'en 1334, consomma l’œuvre par un décret dans lequel l'Eglise Romaine acceptait la fête de la Sainte-Trinité et l'étendait à toutes les Églises.
Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.
Si l'on cherche maintenant le motif qui a porté l’Église, dirigée en tout par l'Esprit-Saint, à assigner ainsi un jour spécial dans l'année pour rendre un hommage solennel à la divine Trinité, lorsque toutes nos adorations, toutes nos actions de grâces, tous nos vœux, en tout temps, montent vers elle, on le trouvera dans la modification qui s'introduisait alors sur le calendrier liturgique. Jusque vers l'an 1000, les fêtes des Saints universellement honorés y étaient très rares. Après cette époque, elles y apparaissent plus nombreuses, et il était à prévoir qu'elles s'y multiplieraient toujours davantage. Un temps devait venir où l'Office du Dimanche, qui est spécialement consacré à la sainte Trinité, céderait fréquemment la place à celui des Saints que ramène le cours de l'année. Il devenait donc nécessaire, pour légitimer en quelque sorte ce culte des serviteurs au jour consacré à la souveraine Majesté, qu'une fois du moins dans l'année, le Dimanche offrit l'expression pleine et directe de cette religion profonde que le culte tout entier de la sainte Église professe envers le souverain Seigneur, qui a daigné se révéler aux hommes dans son Unité ineffable et dans son éternelle Trinité.
Agnolo Gaddi. XIVe.
L'essence de la foi chrétienne consiste dans la connaissance et l'adoration de Dieu unique en trois personnes. C'est de ce mystère que sortent tous les autres ; et si notre foi s'en nourrit ici-bas comme de son aliment suprême, en attendant que sa vision éternelle nous ravisse dans une félicité sans fin, c'est qu'il a plu au souverain Seigneur de s'affirmer tel qu'il est à notre humble intelligence, tout en demeurant dans sa " lumière inaccessible " (I Tim., VI, 16.). La raison humaine peut arriver à connaître l'existence de Dieu comme créateur de tous les êtres, elle peut prendre une idée de ses perfections en contemplant ses œuvres ; mais la notion de l'être intime de Dieu ne pouvait arriver jusqu'à nous que parla révélation qu'il a daigné nous en faire.
Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.
Or, le Seigneur voulant nous manifester miséricordieusement son essence, afin de nous unir à lui plus étroitement et de nous préparer en quelque façon à la vue qu'il doit nous donner de lui-même lace à face dans l'éternité, nous a conduits successivement de clarté en clarté, jusqu'à ce que nous fussions suffisamment éclairés pour reconnaître et adorer l'Unité dans la Trinité et la Trinité dans l'Unité. Durant les siècles qui précèdent l'Incarnation du Verbe éternel, Dieu semble préoccupé surtout d'inculquer aux hommes l'idée de son unité ; car le polythéisme devient de plus en plus le mal du genre humain, et la notion même de la cause spirituelle et unique de toutes choses se fût éteinte sur la terre, si la bonté souveraine n'eût opéré constamment pour sa conservation.
Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
Ce n'est pas cependant que les livres de l'ancienne alliance soient entièrement muets sur les trois divines personnes, dont les ineffables relations sont éternelles en Dieu ; mais ces textes mystérieux demeuraient inaccessibles au vulgaire. tandis que, dans l’Église chrétienne, l'enfant de sept ans répond à qui l'interroge qu'en Dieu trois personnes divines n'ont qu'une même nature el qu'une même divinité. Lorsque, dans la Genèse, Dieu dit au pluriel : " Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance " (Gen., I, 26.), l'Israélite s'incline et croit, mais sans comprendre ; éclairé par la révélation complète, le chrétien adore distinctement les trois personnes dont l'action s'est exercée dans la formation de l'homme, et, la lumière de la foi développant sa pensée, il arrive sans effort à retrouver en lui-même la ressemblance divine. Puissance, intelligence, volonté : ces trois facultés sont en lui, et il n'est qu'un seul être.
De proprietatibus rerum. Barthélemy l'Anglais. Maître de Boucicaut. XVe.
Salomon dans les Proverbes, le livre de la Sagesse. l'Ecclésiastique, parle avec magnificence de la Sagesse éternelle. Son unité avec l'essence divine et sa distinction personnelle éclatent en même temps dans un langage abondant et sublime ; mais qui percera le nuage ? Isaïe a entendu la voix des Séraphins retentir autour du trône de Dieu. Ils criaient alternativement dans une jubilation éternelle :
" Saint, Saint, Saint est le Seigneur !" (Isai., VI, 3.).
Qui expliquera aux hommes ce trois fois Saint dont la louange envoie ses échos jusqu'à notre terrestre région ? Dans les Psaumes, dans les écrits prophétiques, un éclair sillonne tout à coup le ciel ; une triple splendeur a ébloui le regard de l'homme ; mais l'obscurité devient bientôt plus profonde, et le sentiment de l'unité divine demeure seul distinct au fond de l'âme, avec celui de l'incompréhensibilité de l'être souverain.
Détail d'un dyptique franc en ivoire du XVIe.
Il fallait que la plénitude des temps fût accomplie ; alors Dieu enverrait en ce monde son Fils unique engendré de lui éternellement. Il a accompli ce dessein de sa divine munificence, " et le Verbe fait chair a habité parmi nous " (Johan., I, 14.). En voyant sa gloire, qui est celle du Fils unique du Père (Ibid.), nous avons connu qu'en Dieu il y a Père et Fils. La mission du Fils sur la terre, en nous le révélant lui-même, nous apprenait que Dieu est Père éternellement ; car tout ce qui est en Dieu est éternel. Sans cette révélation miséricordieuse qui anticipe pour nous sur la lumière que nous attendons après cette vie, notre connaissance de Dieu serait demeurée par trop imparfaite. Il convenait qu'il y eût enfin relation entre la lumière de la foi et celle de la vision qui nous est réservée, et il ne suffisait plus à l'homme de savoir que Dieu est un.
Heures à l'usage de Paris. XVe.
Maintenant nous connaissons le Père, duquel, comme nous dit l'Apôtre, dérive toute paternité même sur la terre (Eph., III, 15.). Pour nous, le Père n'est plus seulement un pouvoir créateur produisant les eues en dehors de lui ; notre oeil respectueux, conduit par la foi, pénètre jusque dans le sein de la divine essence, et là nous contemplons le Père engendrant un Fils semblable à lui-même. Mais, pour nous l'apprendre, le Fils est descendu jusqu'à nous.
Lui-même le dit expressément :
" Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui il a plu au Fils de le révéler." (Matth., XI, 27.).
Gloire soit donc au Fils qui a daigné nous manifester le Père, et gloire au Père que le Fils nous a révélé !
Livre des propriétés des choses. XVe.
Ainsi la science intime de Dieu nous est venue par le Fils, que le Père, dans son amour, nous a donné (Johan., III, 16.) ; et afin d'élever nos pensées jusqu'à sa nature divine, ce Fils de Dieu, qui s'est revêtu de notre nature humaine dans son Incarnation, nous a enseigné que son Père et lui sont un (Ibid., XVII, 22.), qu'ils sont une même essence dans la distinction des personnes. L'un engendre, l'autre est engendré ; l'un s'affirme puissance, l'autre sagesse, intelligence. La puissance ne peut être sans l'intelligence, ni l'intelligence sans la puissance, dans l'être souverainement parfait ; mais l'un et l'autre appellent un troisième terme.
Psautier-hymnaire. XVIe.
Le Fils, qui a été envoyé par le Père, est monté dans les cieux avec sa nature humaine qu'il s'est unie pour l'éternité, et voici que le Père et le Fils envoient aux hommes l'Esprit qui procède de l'un et de l'autre. Par ce nouveau don, l'homme arrive à connaître que le Seigneur Dieu est en trois personnes. L'Esprit, lien éternel des deux premières, est la volonté, l'amour, dans la divine essence. En Dieu donc est la plénitude de l'être, sans commencement, sans succession, sans progrès, car rien ne lui manque. En ces trois termes éternels de sa substance incréée, il est l'acte pur et infini.
Missel à l'usage de Nantes. XVe.
La sainte Liturgie, qui a pour objet la glorification de Dieu et la commémoration de ses oeuvres, suit chaque année les phases sublimes de ces manifestations dans lesquelles le souverain Seigneur s'est déclaré tout entier à de simples mortels. Sous les sombres couleurs de l'Avent, nous avons traversé la période d'attente durant laquelle le radieux triangle laissait à peine pénétrer quelques rayons à travers le nuage. Le monde implorait un libérateur, un Messie ; et le propre Fils de Dieu devait être ce libérateur, ce Messie. Pour que nous eussions l'intelligence complète des oracles qui nous l'annonçaient, il était nécessaire qu’il fût venu. " Un petit enfant nous est né " (Isai., IX, 6.), et nous avons eu la clef des prophéties. En adorant le Fils, nous avons adoré aussi le Père, qui nous l'envoyait dans la chair, et auquel il est consubstantiel.
" Ce Verbe de vie, que nous avons vu, que nous avons entendu, que nos mains ont touché " (I Johan., I, I.) dans l'humanité qu'il avait daigné prendre, nous a convaincus qu'il est véritablement une personne, qu'il est distinct du Père, puisque l'un envoie et que l'autre est envoyé. Dans cette seconde personne divine, nous avons rencontré le médiateur qui a réuni la création à son auteur, le rédempteur de nos péchés, la lumière de nos âmes, l’Époux auquel elles aspirent.
Psautier à l'usage de Tours. XVe.
La série des mystères qui lui sont propres étant consommée, nous avons célébré la venue de l'Esprit sanctificateur, annoncé comme devant venir perfectionner l'œuvre du Fils de Dieu. Nous l'avons adoré et reconnu distinct du Père et du Fils, qui nous l'envoyaient avec la mission de demeurer avec nous (I Johan., XIV, 16.). Il s'est manifesté dans des opérations toutes divines qui lui sont propres ; car elles sont l'objet de sa venue. Il est l'âme de la sainte Église, il la maintient dans la vérité que le Fils lui a enseignée. Il est le principe de la sanctification dans nos âmes, où il veut faire sa demeure. En un mot, le mystère de la sainte Trinité est devenu pour nous, non seulement un dogme intimé à notre pensée par la révélation, mais une vérité pratiquement connue de nous par la munificence inouïe des trois divines personnes, adoptés que nous sommes par le Père, frères et cohéritiers du Fils, mus et habités par l'Esprit-Saint.
LE SYMBOLE DE SAINT ATHANASE
Statuette votive de la Très Sainte Trinité. Art franc du XVe.
Commençons par rendre gloire au Dieu unique en trois personnes, en nous unissant à la sainte Église qui, à l'Office de Prime, récite aujourd'hui, et tous les Dimanches qui ne sont pas occupés par quelque fête, le magnifique Symbole connu sous le nom de Symbole de saint Athanase, dont il reproduit avec tant de majesté et de précision la doctrine résumée des enseignements divins :
" Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique ;
Et celui qui ne l'aura pas gardée entière et inviolable, périra certainement pour l'éternité.
Or la foi catholique consiste à révérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l'Unité,
Sans confondre les personnes, ni diviser la substance.
Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit.
Mais la divinité du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, est une : la gloire égale, la majesté coéternelle.
Tel qu'est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
Le Père est incréé, le Fils incréé, le Saint-Esprit incréé.
Immense est le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit ;
Eternel le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit.
Et néanmoins il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel ;
Comme aussi ce ne sont pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé, un seul immense.
De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ;
Et néanmoins il n'y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ;
Et néanmoins il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu.
Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur ;
Et néanmoins il n'y a pas trois Seigneurs, mais un seul Seigneur.
Car de même que la vérité chrétienne nous oblige de confesser que chacune des trois personnes prises à part est Dieu et Seigneur : de même la religion catholique nous défend de dire trois Dieux ou trois Seigneurs.
Le Père n'est ni fait, ni créé, ni engendré d'aucun autre.
Le Fils est du Père seul : ni fait, ni créé, mais engendré.
Le Saint-Esprit est du Père et du Fils : ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
Il n'y a donc qu'un seul Père, et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Saints-Esprits.
Et dans cette Trinité il n'y a ni antérieur, ni postérieur, ni plus grand, ni moindre ; mais les trois personnes sont toutes coéternelles et égales entre elles ;
En sorte qu'en tout et partout, comme il a été dit ci-dessus, on doit révérer l'Unité en la Trinité, et la Trinité en l'Unité.
Celui donc qui veut être sauvé doit penser ainsi de la Trinité.
Psautier-hymnaire. XVIe.
Mais il est nécessaire encore pour le salut éternel, qu'il croie fidèlement l'Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.
Or la droiture de la foi consiste à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant les siècles, et il est homme, étant né de la substance d'une mère dans le temps ;
Dieu parfait et homme parfait, subsistant dans une âme raisonnable et un corps d'homme,
Egal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l'humanité.
Bien qu'il soit Dieu et homme, il n'est néanmoins qu'un seul Christ, et non deux.
Il est un, non que la divinité ait été changée en l'humanité ; mais parce que Dieu a pris l'
dimanche, 15 juin 2025 | Lien permanent
23 mars. Saint Victorien de Carthage et ses saints compagnons, martyrs. 484.
- Saint Victorien de Carthage et ses saints compagnons, martyrs. 484.
Pape : Saint Félix III. Empereur : Zénon.
" L'homme prudent est celui qui voit de loin..."
Saint Isidore de Séville.
Saint Victorien de Carthage. Vitrail de l'église Saint-Joseph.
Jatibonico y Arroyo Blanco. Île de Cuba. XIXe.
Le combat de ces glorieux confesseurs du nom de Jésus-Christ est trop illustre et trop touchant pour n'en pas édifier les lecteurs. Voici à peu près ce que Victor d'Utique en dit dans l'histoire qu'il a composée sur la persécution des Vandales (nous verrons dans la vie de saint Fulgence, le 1er janvier, une note sur les Vandales).
Où trouverai-je des paroles pour représenter dignement ce qui se passa en la personne de Victorien, proconsul de Carthage, natif de la ville d'Adrumète ? Il était le plus riche de l'Afrique, et il avait toujours fait paraître beaucoup de fidélité dans les emplois dont le roi Hunéric l'avait chargé. Ce prince impie lui manda, avec des termes fort civils, que s'il obéissait sans résistance à ses volontés, il l'aimerait particulièrement et lui donnerait le premier rang entre ses officiers.
Mais ce grand serviteur de Dieu lui fit répondre, par le même envoyé que :
" Rien n'était capable de le séparer de la foi et de l'amour de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans la confiance qu'il avait au secours d'un maître si puissant, il était prêt à souffrir plutôt toutes sortes de tourments que de consentir jamais à l'impiété des Ariens. Il pouvait le faire brûler et exposer aux bêtes, ou accabler par d'autres supplices ; mais il ne gagnerait jamais sur lui qu'il quittât l'Eglise catholique, dans laquelle il avait été baptisé. Une action si détestable l'exposerait comme un ingrat et un perfide, à des peines qui ne finiraient jamais mais quand cela ne serait pas, et qu'il n'y aurait point d'autre vie que la vie présente, ni de récompense éternelle préparée pour ceux qui auront vaincu, il ne pourrait se résoudre à quitter la véritable et unique religion, et à manquer de fidélité a celui qui lui avait confié le précieux dépôt de sa grâce."
Et encore :
" Confiant en Dieu et dans le Christ mon Seigneur, vous direz de ma part au roi qu'il peut dresser ses bûchers, lâcher contre moi ses bêtes féroces, et me livrer, s'il le veut, à mille tourments : ce serait mépriser le baptême que m'a donné l'Eglise catholique, que d'accéder à son désir. Quand bien même tout finirait avec la vie présente et que nous n'aurions pas à espérer cette vie éternelle, qui est pourtant réelle, jamais je ne consentirais à jouir d'une gloire caduque et transitoire au prix d'une infidélité envers celui qui m'a donné sa foi."
Ces réponses irritèrent de telle sorte la fureur du tyran, qu'il lui fit souffrir des tourments dont la longueur et la cruauté surpassent tout ce que l'on en pourrait dire. Le Saint les endura tous dans la vue de Dieu avec une joie incomparable, et ayant heureusement achevé sa course, il alla recevoir dans le ciel la couronne du martyre qu'il avait si justement méritée.
Qui pourrait aussi expliquer, comme il faut, les combats des autres martyrs qui furent exécutés en la ville de Tabaye, et surtout de deux frères de la ville d'Aquae regiae ? S'étant promis, par serment, dans l'humble confiance qu'ils avaient en Dieu, de mourir tous deux d'un même supplice, ils obtinrent des bourreaux de n'être point séparés, ni de lieu, ni de peine.
Martyre de saint Victorien et de ses saints compagnons.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
On commença par les pendre avec de gros poids attachés à leurs pieds et, lorsqu'ils eurent été près d'un jour en cette gêne, un d'eux, succombant à la douleur, pria qu'on le détachât et qu'on lui donnât quelque trève. L'autre, voyant cela du gibet où il était aussi pendu et craignant qu'il ne renonçât à la foi, lui cria :
" Gardez-vous bien, mon frère, de faire cette demande ce n'est pas là ce que nous avons promis à Jésus-Christ, et je vous accuserais moi-même d'infidélité devant son tribunal redoutable, si vous y persistiez ; car nous avons juré sur son corps et sur son sang de souffrir la mort ensemble pour la confession de son nom."
Par ces paroles et d'autres semblables, il encouragea tellement son compagnon à soutenir le combat, que celui-ci, au lieu de chanceler comme auparavant, cria d'une voix forte :
" Ajoutez supplices à supplices, et qu'il n'y ait point de cruautés que vous n'exerciez contre nous quelques tourments que mon frère souffre, je suis prêt à les souffrir."
On les brûla ensuite avec des lames de fer toutes rouges, on les déchira avec des ongles de fer, on les tourmenta longtemps et en mille manières les bourreaux, craignant enfin que leur patience servît plutôt à convertir les ariens qu'à ébranler les catholiques, furent contraints de les quitter, d'autant plus qu'on ne voyait en eux ni meurtrissures, ni aucune autre marque des tourments qu'ils enduraient. Ils arrivèrent néanmoins heureusement à la palme du martyre. Et en même temps, deux marchands, qui étaient de la ville de Carthage, et qui portaient tous deux le nom de Frumence, furent mis à mort ; et, par un heureux négoce, achetèrent, avec le prix de leur sang, la perle évangélique et le royaume des cieux.
Les Ariens exilèrent encore un grand nombre d'ecclésiastiques de Carthage. Il se trouva parmi eux beaucoup d'enfants destinés au service des autels ; on en alla chercher douze pour les ramener à Carthage. A la vue des persécuteurs, ils embrassèrent les genoux de leurs compagnons, et il fallut employer la violence pour les en arracher. Chaque jour on les fouettait cruellement, et on les frappait avec des bâtons mais il fut impossible d'obtenir d'eux quelque chose de contraire à leur foi ils confessèrent généreusement Jésus-Christ jusqu'à la fin.
Victor d'Utique rapporte encore les victoires de beaucoup d'autres Saints, martyrisés sous le tyran Hunéric ; mais, comme il n'y a que ceux-ci de nommés en ce jour dans le martyrologe romain, nous nous contenterons du récit que nous venons de faire. La persécution de ce prince sévit particulièrement en l'année 481.
dimanche, 23 mars 2025 | Lien permanent
25 octobre. Saint Chrysanthe et sainte Darie, vierges, martyrs. 284.
- Saint Chrysanthe et sainte Darie, vierges, martyrs. 284.
Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Occident : Carin.
" Livrez-vous avec soin et avec ardeur à des travaux honorables pour ne pas vous assujétir à la fatigue de vains travaux."
Saint Ephrem.
Saint Chrysanthe et sainte Darie. Bas relief.
Monastère de Bad Munstereifel. Archidiocèse de Cologne.
Chrysanthe, fils d'un sénateur romain, était né en Egypte. Jeune encore, il accompagna son père dans la grande Rome, où sa haute intelligence fut bientôt apprécié. Convaincu de la vanité des idoles, il cherchait, par tous les moyens, à connaître la véritée, afin de délivrer son âmes des doutes qui la désolaient.
Saint Chrysanthe que l'on essaye de séduire.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.
Un vieillard lui fut indiqué comme un sage ; Chrysanthe d'adressa à lui. Le vieillard, qui était chrétien, n'eut pas de peine à dessiller les yeux du jeune néophyte. La vérité connue fut à l'instant même embrassée avec ardeur : Chrysanthe devint apôtre.
Son père s'étonna, s'irrita, et jura de faire revenir son fils de ce qu'il appelait ses superstitions et ses erreurs. Caresses, prières, menaces, tout fut mis en oeuvre ; mais tout resta inutile. Cédant alors aux instigations de ses proches, le père de Chysanthe enferma son fils dans son palais, et tendit à sa vertu le piège le plus dangereux.
Saint Chrysanthe et sainte Darie.
Bas relief du monastère de Bad Munstereifel.
Les personnes amenées pour le séduire n'ayant pu l'ébranler, on fit le choix d'une Vestale, également fameuse par ses attraits, par ses connaissance et par le charme de son élocution. Prêtresse d'une idole, dont le culte était regardé comme la sauvegarde de l'empire, Darie déploya tous ses artifices pour corrompre le jeune chrétien, et l'amener comme une conquête à l'autel des dieux ; mais elle devint elle-même la conquête de la grâce. Chrysanthe et Darie, se voyant unis par les liens de la foi, de l'espérance et de la charité, s'unirent alors par les liens sacrés d'un mariage virginal. Cette résolution mit Chrysanthe en liberté, et lui donna les moyens, ainsi qu'à sa chaste épouse, de continuer à prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ. De nombreuses conversions dans les hauts rangs de la société devinrent le fruit de leur apostolat ; une des plus remarquables fut celle du tribun Claudius, avec sa femme, ses deux fils, ses domestiques et soixante-dix soldats.
Martyr de st Chrysanthe et de ste Darie.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
Des plaintes furent portées au préfet Célérin qui fit arrêter les jeunes époux. Après d'autres supplices, on exposa saint Chrysanthe ensuite, cousu dans la peau d'un boeuf, aux rayons d'un soleil brûlant ; puis, les pieds et les mains chargés de chaînes, on le jeta au fond d'un obscur cachot ; mais les chaînes tombèrent, et une lumière éclatante remplit la prison. Pour Darie, enfermée dans un lieu de débauche, elle eut recours à la prière, et fut protégée contre toute injure par un lion divinement envoyé.
Le Seigneur veillat sur eux comme Il veillat sur tant d'autres ; et ils sortirent intacts et purs. Pour en finir, l'empereur irrité les condamna à être enterrés vivants. Tous deux furent donc enfin conduits dans un arénaire de la voie Salaria, y furent précipités dans une fosse que l’on remplit de pierres ; ce fut ainsi qu'ensemble ils gagnèrent la couronne du martyre.
Enterrement vivants par lapidation de saint Chrysanthe et
de sainte Darie. Vies de saints. Maître de fauvel. XIVe.
Il est vraisemblable que cet affreux supplice fut choisi afin de faire subir à Darie le genre de mort réservée aux Vestales infidèles. Cette conjecture devient d'autant plus probable qu'on fit expirer les saints Martyrs près de la porte Salaria, lieu désigné pour le supplice des Vestales.
Monastère de Bad Munstereifel.
Archidiocèse de Cologne, Westphalie. Allemagne.
Les principales reliques de saint Chrysanthe et de sainte Darie furent portées en 842 à l'abbaye de Pruym (province Rhénane). Deux ans après on les transféra à l'abbaye de Saint-Avold, au diocèse de Metz. Une partie de leur reliques se trouvent aussi à l'abbaye de Bad Munstereifel à l'Ouest de l'archidiocèse de Cologne.
Eglise abbatiale Saint-Chrysanthe-et-Sainte-Darie
du monastère de Bad Munstereifel.
Saint Chrysanthe et sainte Darie sont les saints patrons des villes d'Eissel, de Reggio-di-Modena, de Salzbourg et d'Oria, entre autres.
PRIERE
" Chrysanthe, époux vierge de la vierge Daria, s'unit dans la confession du Seigneur à celle qu'il a conquise au christianisme et à l'amour de l'angélique vertu. Nos pères entouraient d'une vénération fervente les saints époux qui ne connurent d'autre lit nuptial que la carrière de sable où Rome païenne les ensevelit vivants pour venger ses faux dieux (Sponsus torus, fossa capit vivos : Sequentia ex Proprio Eiffliensi, Munstereifel.)."
Chapelle Saint-Chrysanthe. Cléden-Cap-Sizun. Cornouailles. Bretagne.
La fosse meurtrière, se refermant sur eux, leur avait donné la fécondité du martyre. Au jour anniversaire de leur triomphe, un groupe nombreux de fidèles s'était porté à l'arénaire de la via Salaria pour la synaxe liturgique, quand des païens survenant murèrent l'entrée du souterrain. Bien des années s'écoulèrent. Lorsque l'heure de la victoire eut sonné pour l'Eglise et que les chrétiens retrouvèrent le chemin de la crypte sacrée, un spectacle unique s'offrit à leurs yeux : en face de la tombe où reposaient Chrysanthe et Daria, la famille engendrée par eux au martyre était rangée dans l'attitude où l'avait saisie le moment suprême ; près des ministres de l'autel, qu'entouraient les hommes, les femmes et les enfants formant l'assistance de cette Messe solennelle s'il en fut, se voyaient encore les vases d'argent du Sacrifice auquel l'Agneau vainqueur avait si pleinement associé tant de nobles victimes.
Damase orna de monumentales inscriptions ce lieu vénérable. Nul cependant n'osa toucher les corps saints, ni rien changera la disposition de l'incomparable scène. La crypte fut de nouveau murée ; mais une étroite ouverture permettait au pèlerin de plonger la vue dans l'auguste sanctuaire, et de s'animer pour les luttes de la vie en contemplant ce qu'avaient exigé de nos devanciers dans la foi les siècles du martyre (Greg. Turon. De gloria Martyrum, I, XXXVIII.).
La chapelle Saint-Chrysanthe de Cléden-Cap-Sizun est construite
sur une fontaine miraculeuse dédiée à saint Chrysanthe.
Je donnerai à mes Saints une place de marque dans le royaume de mon Père, dit le Seigneur (Ant. Ia IIe Noct. plurim. Mart.). Ainsi chante l'Epouse, célébrant les Martyrs. Et voulant elle-même se conformer en ce qui vous concerne à la parole de l'Epoux, elle fait de l'insigne basilique du Latran votre demeure sur terre, et vous assigne comme lit d'honneur et de repos le réduit sacré, la confession même sur laquelle repose l'autel majeur de l'Eglise maîtresse et mère des Eglises !
Digne récompense de vos labeurs et de vos souffrances, en cette Rome où il vous fut donné de participer à la prédication des Apôtres et de sceller comme eux de votre sang la parole sainte. Ne cessez pas de justifier la confiance de la Ville éternelle : rendez sans cesse plus féconde sa foi qui fut toujours pure ; jusqu'au moment où sonnera l'heure de chasser l'étranger, maintenez inaltérable son dévouement au Pontife-roi dont le séjour fait d'elle la capitale du monde, le vestibule du ciel. Mais vos reliques saintes ont aussi, par la munificence de Rome, porté au loin leur protection puissante. Daignez appuyer de votre crédit la prière que nous empruntons à vos dévots clients d'Eifflia (Bad Munstereifel, monastère et ville de l'archidiocèse de Cologne, honorant comme patrons saint Chrysanthe et sainte Daria) :
" Ô Dieu qui avez dans vos saints Chrysanthe et Daria relevé l'honneur de la virginité par la consécration du martyre, faites que, soutenus de leur intercession, nous éteignions en nous la flamme des vices et méritions d'être votre temple en la compagnie des cœurs purs."
vendredi, 25 octobre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
29 septembre. Saint Michel archange et tous les saints anges. 493.
- Saint Michel archange et tous les saints anges. 493*.
" Michael clarissima stella angelici ordinis."
Saint Clément d'Alexandrie.
" Si l'orgueil a été le principe de la rébellion et de la chute de Lucifer, l'humilité a fait de saint Michel le prince de la milice céleste et de la milice chrétienne."
M. l'abbé Martin. Panégyriques.

C’est à la tête de sa glorieuse armée qu'apparaît aujourd'hui l'Archange : Il y eut un grand combat dans le ciel ; Michel et ses Anges combattaient le dragon, et le dragon et ses anges combattaient contre lui (Apoc XII, 7.). Au VIe siècle, la dédicace des églises du mont Gargan et du Cirque romain sous le nom de saint Michel accrut la gloire de ce jour ; mais il ne fut choisi pour cet honneur, dont il garde à jamais le souvenir, qu'en raison de la fête plus ancienne déjà consacrée par Rome à cette date aux Vertus des cieux.
L'Orient, qui célèbre au six du présent mois l'apparition personnelle du vainqueur de Satan à Chône en Phrygie, renvoie au huit novembre, sous le titre qui suit, la solennité plus générale correspondant à la fête de ce jour : Synaxe de Michel, le prince de la milice, et des autres puissances incorporelles. Or, bien que ce terme de synaxe s'applique d'ordinaire aux assemblées liturgiques d'ici-bas, nous sommes avertis que, dans la circonstance, il exprime encore le ralliement des anges fidèles au cri de leur chef, leur union pour toujours affermie par la victoire (Menolog. Basilii.).

Quelles sont donc ces puissances des cieux dont la lutte mystérieuse ouvre l'histoire ? Les traditions de tous les peuples, aussi bien que l'autorité de nos Ecritures révélées, attestent leur existence. Si, en effet, nous interrogeons l'Eglise, elle nous enseigne qu'au commencement Dieu créa simultanément deux natures, la spirituelle et la corporelle, puis l'homme, unissant l'une et l'autre (Concil. Lateran. IV, cap. Firmitcr.). Ordre grandiose, graduant l'être et la vie du voisinage de la cause suprême aux confins du néant. De ces lointaines frontières, la création remonte vers Dieu par ces mêmes degrés.
Dieu, infini : sans limitation aucune, intelligence et amour. La créature, à jamais finie : mais s'élevant dans l'homme jusqu'à la raison discursive, dans l'ange jusqu'à l'intuition directe de la vérité ; dans chacun d'eux, reculant par la purification incessante dé son être initial les bornes provenant de l'imperfection de sa nature, pour arriver par plus de lumière à la perfection d'un plus grand amour.

Car Dieu seul est simple, de cette simplicité immuable et féconde qui est la perfection absolue excluant tout progrès : acte pur, en qui substance, puissance, opération, ne diffèrent pas. L'ange, si dégagé qu'il soit de la matière, n'échappe pas à la faiblesse native résultant pour tout être créé de la composition qui nous montre en lui l'action distincte de la puissance, et celle-ci de l'essence (St Thom. Aqu. Summ. theol. Ia P. qu. LIV, art. 1-3.). Autre encore est chez l'homme l'infirmité de sa nature mixte, avec les sens pour introducteurs obligés aux régions de l'intelligible !
Près de la notre, dit un des plus lumineux frères du Docteur angélique, " comme elle est tranquille et lumineuse la science des purs esprits ! Ils ne sont pas condamnés à ces pénibles chevauchées de la raison qui court après la vérité, compose, divise, et arrache péniblement les conclusions aux principes. Ils saisissent d'un seul coup d'œil toute la portée des vérités premières. Leur intuition est si prompte, si vive, si profonde qu'il leur est impossible d'être, comme nous, surpris par l'erreur. S'ils se trompent, c'est qu'ils le veulent bien. — La perfection de la volonté est en eux égale à la perfection de l'intelligence. Ils ne savent pas ce que c'est que d'être troublés par la violence des appétits. Leur amour ne les agite point. Tranquille et sagement mesurée comme leur amour est leur haine du mal. Une volonté ainsi dégagée ne peut connaître ni la perplexité des desseins, ni l'inconstance des résolutions. Tandis qu'il nous faut de longues et anxieuses méditations avant de nous décider, le propre des anges est de se fixer par un seul acte à l'objet de leur choix. Dieu leur a proposé comme à nous une béatitude infinie dans la vision de son essence, et pour les égaler à une si grande fin il leur a donné la grâce en même temps qu'il leur donnait l'être. En un instant ils ont dit oui ou non, en un instant ils ont librement déterminé leur sort (Monsabré, XVe conférence, Carême 1875.)."

Saint Michel. E. Delacroix. Eglise Saint-Sulpice. Paris.
Ne soyons point envieux. Par sa nature, l'ange nous est supérieur. A qui des anges pourtant fut-il dit jamais : Vous êtes mon fils (Heb. I, 5 ; ex Psalm. II, 7.) ? Le premier-né (Heb. I, 6.) n'a point choisi pour lui la nature des anges (Ibid. II, 16.). Sur terre, lui-même reconnut la subordination qui soumet dans le temps l'humaine faiblesse à ces purs esprits ; il reçut d'eux, comme ses frères dans la chair et le sang (Heb. II, 11-17.), notification des décrets divins (Dionys. Areop. De coelesti hierarchia, IV,4 ; ex Matth. II, 13-15, 19-21.), secours et réconfort (Luc. XXII, 43.) ; mais ce n'est point aux anges qu'est soumis le monde de l'éternité, dit l'Apôtre (Heb. II, 5.). Attrait de Dieu pour ce qu'il y a de plus faible, comment vous comprendre, sans l'humble acquiescement de la foi s'inclinant dans l'amour ? Vous fûtes, au jour du grand combat, l'écueil de Lucifer. Mais se re-evant de leur adoration joyeuse aux pieds de l'Enfant-Dieu, qui d'avance leur était montré sur le trône des genoux de Marie (Ibid. I, 6 ; ex Psalm. XCVI.), les Anges fidèles chantèrent : Gloire à Dieu au plus haut des deux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté (Luc. II, 14.).
PRIERE
" Ô Christ, mon Christ, ainsi vous nomme l'Aigle d'Athènes (Dionys. De coelesti hierarchia, II, 5.) : l'Eglise, ravie, vous proclame en cette fête la beauté des saints Anges (Hymne des Laudes). Vous êtes l'humain et divin sommet d'où pureté, lumière, amour, s'épanchent sur la triple hiérarchie des neuf chœurs. Hiérarque suprême, unité des mondes, vous présidez aux mystères déifiants de la fête éternelle.
Séraphins embrasés, étincelants Chérubins, inébranlables Trônes ; noble cour du Très-Haut, possesseurs de la meilleure part : au témoignage du sublime Aréopagite, c'est dans une communion plus immédiate aux vertus du Sauveur (Dionys. ubi supra, VII, 2.) que s'alimentent votre justice, vos splendeurs et vos feux. De lui, par vous, déborde toute grâce sur la cité sainte.

Saint Michel. Gérard David. Retable sur bois. Vienne. XVe.
Dominations, Vertus, Puissances ; ordonnateurs souverains, moteurs premiers, régulateurs des mondes (St Thom. Aqu. Summ. theol. Ia P. qu. CVIII, art. 6 ; Contra Gent. III, 80.) : pour qui gouvernez-vous cet univers ?
Pour celui, sans nul doute, dont il est l'apanage : le Roi de gloire, l'Homme-Dieu, le Seigneur fort et puissant, le Seigneur des vertus (Psalm. XXIII.), anges, archanges, Principautés ; messagers, ambassadeurs, surintendants du ciel ici-bas : tous aussi, n'êtes-vous pas, au dire de l'Apôtre (Heb. I. 14.), les ministres du salut accompli sur terre par Jésus le Pontife des cieux ?
Nous aussi, parce même Jésus (Préface commune), Trinité sainte, nous vous glorifions avec ces trois augustes hiérarchies dont les neuf cercles immatériels entourent votre Majesté comme un multiple rempart. Tendre à vous et vous ramener toutes choses est leur commune loi. Purification, illumination, union : voies successives ou simultanées, par lesquelles leurs nobles essences, attirées vers Dieu, attirent celles qui les suivent. Sublimes esprits, c'est le regard en haut que vous agissez au-dessous de vous comme à l'entour. Pour vous et pour nous, puisez largement au foyer divin : purifiez-nous, non point seulement, hélas ! de l'involontaire défectuosité de notre nature ; éclairez-nous ; embrasez-nous des célestes flammes. Pour la même raison que Satan nous déteste, vous nous aimez; protégez contre l'ennemi commun la race du Verbe fait chair. Gardez-nous dignes d'occuper parmi vous les places laissées vides par ceux que perdit l'orgueil."

Le Mont-Saint-Michel. Bâti par des Bretons pour l'oraison,
SÉQUENCE
Adam de Saint-Victor chante dans sa plénitude le mystère de ce jour :
" Empressée soit la louange ; que notre chœur, du fond de rame, chante en présence des citoyens des cieux : agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l'unisson de la mélodie.
Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s'excommunie de la joie de ce jour : fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !
L'ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ; le troubleur est troublé à son tour, l'accusateur est précipité du sommet du ciel.
Sous l'égide de Michel, paix sur la terre,paix dans les cieux, allégresse et louange ; puissant et fort, il s'est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.
Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcourt les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ; mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses embûches.
Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ; ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant ministère.
Ô combien admirable est dans la céleste cité la charité des neuf chœurs ! Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.
Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour de la récompense. Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection.
Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s'adapte à la pureté des habitants des cieux : il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu'il envisage ce qui l'attend.
Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ; un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.
Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées :
Ainsi daigne l'auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l'angélique et de l'humaine nature.
Au chef soit la gloire, aux membres l'harmonie ! Amen."
* Date de la dédicace de l'église Saint-Michel au mont Gargan.
dimanche, 29 septembre 2024 | Lien permanent
22 avril. Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.
Saint Caïus.
Deux Papes martyrs croisent aujourd'hui leurs palmes sur le Cycle. Soter souffrit pour le Christ au deuxième siècle, et Caïus au troisième ; cent années les séparent, et l'énergie de la foi, la fidélité au divin dépôt ; se retrouvent les mêmes. Quelle société humaine a jamais produit des siècles entiers de héros ? La nôtre est fondée sur ce dévouement traditionnel qui se prouve par le sang. Nos chefs n'ont pas voulu laisser aux soldats le monopole du sacrifice ; les trente premiers successeurs de Pierre ont payé de leur vie l'honneur du pontificat. Quel trône que celui de notre divin Ressuscité entouré de tous ces rois revêtus de la pourpre triomphale !
Soter fut le successeur immédiat d'Anicet, dont nous avons honoré la mémoire il y a peu de jours. Le temps nous a dérobé la connaissance de ses actions. Un trait seulement est arrivé jusqu'à nous. Eusèbe nous a conservé un fragment d'une lettre de saint Denys, évêque de Corinthe, dans laquelle il remercie notre saint pontife des largesses qu'il a envoyées aux fidèles de cette Eglise qui souffraient d'une famine. Une lettre apostolique accompagnait ces aumônes, et saint Denys atteste qu'on la lisait dans l'assemblée des fidèles, avec celle que saint Clément avait adressée à la môme Eglise au siècle précédent. La charité des pontifes romains s'est toujours unie à leur fidélité à conserver le dépôt de la foi. Quant à Caius. il fut enlevé dans la terrible tempête suscitée par Dioclétien contre l'Eglise, et ses gestes occupent à peine quelques lignes dans les annales de Rome chrétienne. Nous ne serons donc pas étonnés de trouver tant de concision dans le récit liturgique que l'Eglise consacre à ces deux Papes martyrs, et dont voici la teneur.

Saint Soter. Fresque de la chapelle Sixtine. Rome.
Saint Soter fut le successeur du Pape saint Anicet (que l'on fête au 17 avril). Il naquit à Fundi, ville de l'Italie méridionale. Son père se nommait Concorde.
Saint Soter décréta que les religieuses et les vierges consacrées ne toucheraient pas les vases de l'autel, ni les linges sacrés, et qu'elles n'offriraient pas l'encens ni ne tiendraient elle-même l'encensoir à l'Eglise. Rappelons qu'en ce temps-là, l'hérésie des Montanistes était cause de désordre et de confusion, et que, parmi eux, les femmes elle-même se permettaient d'administrer les saints Mystères.
Si ensuite dans l'histoire, certaines permissions de toucher aux linges sacrés furent concédées à de particulièrement saintes religieuses, ce ne fut que par exception, tout en maintenant que les dits linges sacrés devait être lavés au moins par un sous-diacre.
Il ordonna aussi que le Jeudi saint, tous les fidèles recevraient le corps du Christ, hors ceux qui en seraient empêchés pour quelques péchés graves. Il déclara que les serments faits contre la justice ne devaient pas être gardés.
Il déploya une ardente charité pour les Églises qui souffraient de la persécution. Il subvenait, par des aumônes, aux nécessités des chrétiens exilés pour la foi et n'oubliait pas les indigents des provinces. Il accueillait, avec la tendresse d'un père, les étrangers qui venaient à Rome, et leur prodiguait toutes les consolations qui étaient en son pouvoir.
Il se montra intrépide défenseur de la foi contre les hérésies, en particulier contre celle des Montanistes, qui se répandait alors partout. Il écrivit aux évêques d'Italie une lettre où il traite de la foi en Jésus-Christ.
Il siégea sur la chaire pontificale trois ans, onze mois et dix-huit jours. Il fut enveloppé dans la cruelle persécution qui s'éleva sous Marc-Aurèle et reçut la couronne du martyre le 22 avril 170. Il fut enseveli dans le cimetière appelé plus tard de Calliste. Il avait, selon la coutume de ses prédécesseurs, ordonné, au mois de décembre, dix-huit prêtres, neuf diacres et onze évêques pour les divers lieux.
Saint Caius était de Dalmatie et de la famille de l'empereur Dioclétien. Son père se nommait Caïus et il avait un frère nommé Gabinus (Gabin). Ce fut un Pontife d'une rare prudence et d'une vertu courageuse.
Il ordonna que dans l'Eglise, avant de monter à l'épiscopat, on passerait par les degrés des ordres et rangs de portier, de lecteur, d'exorciste, d'acolythe, de sous-diacre, de diacre et de prêtre.
Saint Caïus n'est assurément pas le premier auteur de cette ordonnance puisqu'on la pratiquait du temps des apôtres et que Notre Seigneur Jésus-Christ le leur enseigna ainsi. Mais il la rappela et la renouvela afin que perosnne ne fût admis à l'épiscopat sans avoir auparavant officié et servi le temps qui était precrit dans les ordres inférieurs.
On attribue de plus à saint Caïus, une épître fort grave touchant le mystère de l'incarnation du Verbe éternel.
La persécution contre les chrétiens sévissait alors dans toute sa fureur : les fidèles, pour s'y soustraire, étaient obligés de se tenir cachés dans les cavernes et les tombeaux. Saint Caïus mit tout son zèle à confirmer dans la foi les serviteurs de Jésus-Christ. Il conseilla au patricien Chromatius de recevoir dans sa villa les fidèles qui voudraient échapper aux bourreaux et alla les y visiter afin de soutenir leur courage. Ce fut alors qu'il fit diacres Marc et Marcellin, qu'il éleva leur père Tranquillin à la prêtrise et établit Sébastien défenseur de l'Église.

En cette occasion, notre saint Pape dit à tous ceux qui étaient assemblés chez Chromatius :
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir suppoter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession.
Que ceux qui veulent demeurer dans la maison de Chromatius, y demeurent avec Tiburce ; et que ceux qui préfèrent alle ravec moi à la ville y viennent."
Afin d'éviter lui-même les cruautés de Dioclétien, il se tint caché quelques temps dans une caverne ; mais, huit ans plus tard, il remporta la couronne du martyre avec son frère Gabinus, après avoir siégé douze ans, quatre mois et cinq jours. Il avait ordonné vingt-cinq prêtres, huit diacres et cinq évêques.
Il fut enseveli dans le cimetière de Calliste, le dix des calendes de mai.
Son corps fut retrouvé en 1622, avec une inscription propre à le faire reconnaître et avec deux monnaies de l'empereur Dioclétien son parent. Le pape Grégoire XV en donna la majeure partie à Alphonse de Gonzaque, archevêque de Rodhes, qui la fit transporter à Novellara en Lombardie.
En 1631, Urbain VIII a renouvelé sa mémoire à Rome et rétabli son église qui était ruinée et qui avait été bâtie peu après son martyre sur la maison qu'il habitait, y créant un Titre avec une Station, et l'ayant enrichie d'une autre partie des reliques du saint pape.

Armez-nous de ce courage. Le Baptême nous a enrôlés dans la milice du Christ ; la Confirmation nous a donné l'Esprit de force : nous devons donc être prêts pour les combats. Saints Pontifes, nous ignorons si nos temps sont appelés à voir l'Eglise exposée à la persécution sanglante; quoi qu'il advienne, nous avons à lutter avec nous-mêmes, avec l'esprit du monde, avec les démons ; soutenez-nous par vos prières. Vous avez été les pères de la chrétienté ; la charité pastorale qui vous anima ici-bas vit toujours dans vos cœurs. Protégez-nous, et rendez-nous fidèles à tous les devoirs qui nous lient au souverain Maître dont vous avez soutenu la cause."
mardi, 22 avril 2025 | Lien permanent