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lundi, 05 juin 2023

5 juin. Saint Boniface, archevêque de Mayence, Apôtre de l'Allemagne et Martyr. 754.

- Saint Boniface, archevêque de Mayence, Apôtre de l'Allemagne et Martyr. 754.

Papes : Saint Agathon ; Etienne II. Rois de France : Thierry III ; Pépin le Bref.

" Vae mihi si non evangelisavero."
" Malheur à moi si je ne prêche pas l'évangile !"

I Cor. IV, 17.

Saint Boniface. Statue.
Parvis de la cathédrale Saint-Martin de Mayence.

Saint Boniface, appelé d'abord Winfrid, naquit à Kirton, dans le Devonshire, de parents considérables, et qui eurent un grand soin de son éducation. Dès l'age de 5 ans, ayant vu dans la maison paternelle quelques moines qui faisaient des missions dans le pays, il demanda à les suivre dans leur monastère ; toutefois, son père, prenant ses souhaits pour des fantaisies d'enfant, lui refusa absolument ce qu'il demandait.

Mais il eut beau faire, l'aspiration à la vie monastique croissait dans le coeur de son fils, et, comme il s'y opposait, il tomba dangereusement malade ; il y vit un signe de la volonté de Dieu, et permit à Winfrid de suivre sa vocation.

Notre Saint passa 13 ans dans le monastère d'Adesean-Castre, aujourd'hui Exeter, qui était sous la conduite d'un saint abbé nommé Wolphard. Il passa ensuite dans l'abbaye de Nutcell, dont le vénérable Winbert était abbé ; il n'y fit pas un moindre progrès dans les lettres humaines que dans la vertu. Après avoir été écolier, il devint maître, et enseigna aux autres ce qu'il avait appris avec tant de soin. Beaucoup d'élèves, de couvents éloignés, accouraient à ses leçons. A l'age de 30 ans, il fut ordonné prêtre. Peu de temps après, le roi Ina et le clergé, réunis dans un synode, le chargèrent d'une ambassade auprès de Britkwald, archevêque de Cantorbéry, qui devait approuver les décisions de ce synode ; il s'acquitta de cette négociation avec tant d'habilité et de prudence, qu'il jouit dès lors de la plus grande considération ; on l'invitait à presque tous les synodes.

Mais Winfrid était destiné par la Providence à une plus grande mission. La Grande-Bretagne travailla pendant un siècle à christianiser la Germanie : notre Saint devait achever cette sainte entreprise et organiser définitivement l'Eglise chez les peuples germaniques. Il vint d'abord dans la Frise, et s'avança jusqu'à Utrecht, la capitale de ce pays ; mais le roi Radbod, qui persécutait le Christianisme, rendit inutiles tous les efforts de l'Apôtre. Il fut obligé de revenir en Angleterre, où on le nomma abbé de son monastère.


Bataille de Poitiers menée par Charles-Martel. Charles Steuben. XIXe.

Après un séjour de 2 ans (718), il résolut de recommencer son apostolat. Muni de lettres de recommandation de son évêque, le sage Daniel, de Winchester, il partit pour Rome, afin de recevoir l'appui du pape. Grégoire II, après avoir éprouvé sa foi, sa vertu et la pureté de ses intentions, l'encouragea par de sages conseils et confirma sa mission, le 15 mai 719. Il lui donna aussi des saintes reliques et des lettres de recommandation pour les souverains christianisés qui se trouveraient sur sa route.

Comblé de faveurs et muni d'utiles recommendations, le Saint partit de Rome ; et, après avoir visité en passant Luitprand, roi des Lombards, qui lui fit très-bon accueil, il entra en Germanie, et alla jusqu'en Thuringe, où il séjourna quelque temps, exhortant les princes et les notables de la province à embrasser la Foi de Jésus-Christ. Il y réforma aussi quelques prêtres qui s'étaient abandonnés à plusieurs déréglements. Mais ayant entendu dire que Radbod, roi des Frisons et ennemi juré de la Foi chrétienne, était mort, il monta sur un bateau pour passer en Frise ; et, y étant arrivé, il travailla glorieusement à la conversion des infidèles.

Il obéissait, en tous ses travaux, à saint Willibrod, archevêque d'Utrecht. Celui-ci voulait l'avoir pour coadjuteur et comme successeur mais le Saint refusa cette dignité, disant qu'il devait évangéliser les idolâtres de toute la Germanie. Après être resté 3 ans dans la Frise, il parcourut de nouveau la Thuringe et la Hesse, que les armes de Charles-Martel lui avaient ouvertes, en délivrant les 2 pays des Saxons. Il fonda le couvent de Hamelbourg, sur la Saale.

Charles-Martel à la bataille de Tours.

Ensuite, il envoya au pape Grégoire un de ses disciples et de ses associés, pour lui annoncer les progrès de l'Evangile, et pour lui demander conseil sur quelques difficultés touchant la discipline ecclésiastique, et sur la manière dont il se devait comporter avec les nouveaux convertis. Le Pape de Rome lui répondit article par article ; mais voulant être plus amplement informé du succès de cette grande mission, il lui manda de le venir trouver à Rome. Winfrid s'y rendit aussitôt, et lui fit connaître de vive voix ce qu'il lui avait mandé dans ses lettres. Il lui donna aussi, par écrit, sa profession de Foi ; après quoi Winfrid y fut consacré évêque régionnaire, le 30 novembre 723.

De plus, il lui changea le nom de Winfrid, qu'il avait porté jusqu'alors, en celui de Boniface, et lui fit présent d'un livre contenant les règles et les institutions canoniques et des ordonnances, tirées des saints Conciles. Il lui mit encore entre les mains des lettres, non-seulement pour Charles-Martel, qui gouvernait alors le royaume des Francs, mais aussi pour les ecclésiastiques et les princes de Germanie ; il exhortait les uns à le favoriser et à le secourir dans ses besoins, et les autres à la persévérance dans la Foi Chrétienne. Il y en avait aussi pour le peuple de Thuringe, où il l'instruisait de quelques points de la foi et lui recommandait de rendre toute sorte d'obéissance à Bouiface, son père évêque, et de le recevoir comme celui qui lui était envoyé, non pas pour profiter de ses biens temporels, mais pour gagner les âmes à Jésus-Christ. Il n'y eut pas même jusqu'aux Saxons nouvellement convertis que ce vigilant Pape n'honorât d'une lettre, pour les exhorter à demeurer constants dans la Foi qu'ils venaient d'embrasser.

Boniface étant muni de ces lettres et recommandations, s'en vint en Austrasie pour présenter les lettres du Pape à Charles-Martel, qui lui en donna en même temps d'autres de faveur et de protection pour les souverains de Germanie. Cependant, avec toutes ces puissantes recommandations, il ne manqua pas de difficultés dans l'exécution de ses desseins, particulièrement lorsqu'il prêcha aux Hessois et aux Goths qui étaient extrêmement attachés aux superstitions du paganisme : il osa entreprendre d'abattre le principal sanctuaire païen de la contrée : c'était le chêne de Thor ou du Tonnerre, arbre gigantesque, près du village de Geismar. Les idolâtres menaçaient Boniface de le massacrer ; mais le chêne s'étant fendu en 4, et étant tombé au premier coup de cognée qu'il lui donna, ils en furent si épouvantés, que, plusieurs ouvrant les yeux à la lumière de l'Evangile, se convertirent à la Foi. A la suite de ce miracle, il fit bâtir, dans le même endroit, du bois même de cet arbre, une petite chapelle qu'il consacra en l'honneur du prince des Apôtres, et ce fut la première église de ces pays.

Saint Boniface baptisant. Sacramentaire de Fulda. XIe.

On vit sortir aussi des couvents de la Grande-Bretagne un essaim de veuves et de vierges, mères, soeurs, parentes des missionnaires, jalouses de partager leurs vertus et leurs périls. Chunihild et Berathgit, sa fille, s'arrêtèrent en Thuringe. Chunidrat fut envoyée en Bavière ; Thecla demeura à Kitzingen, sur le Mein. Lioba, " belle comme les Anges, ravissante dans ses discours, savante dans les Ecritures et les saints Canons ", gouverna l'abbaye de Bischofsheim. Les farouches Germains, qui autrefois aimaient le sang et se mêlaient aux batailles, venaient maintenant s'agenouiller au pied de ces douces maîtresses. Le silence et l'humilité ont caché leurs travaux aux regards du monde ; mais l'histoire marque leur place aux origines de la civilisation germanique : la providence a mis des femmes auprès de tous ces berceaux.
Au bout de quelques années, l'Apôtre comptait 100.000 convertis.

Tandis que saint Boniface était occupé en Germanie, non-seulement à prêcher aux infidèles, mais aussi à corriger les moeurs déréglées des néo-Chrétiens de Thuringe, qui, par la négligence des pasteurs, commençaient à chanceler en la Foi, Grégoire II passa de cette vie à une meilleure, et Grégoire III fut élu en sa place pour remplir le Siège de Rome. Notre Saint envoya à Rome des délégués pour rendre ses respects au nouveau Patriarche d'Occident ; et il le consulta, par le même moyen, sur quelques doutes qui concernaient sa mission. Le Pontife romain lui fit une réponse très-favorable, et lui accorda même le Pallium pour marque de sa dignité archiépiscopale, et lui permettant ainsi de créer de nouveaux évêques, selon qu'il le jugerait plus nécessaire pour le progrès de la diffusion de la Foi.

L'an 738, il vint effectuer un 3e pèlerinage aux tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul. Il en profita pour s'entretenir avec l'évêque de Rome sur plusieurs articles importants pour le Salut des âmes. Il reçut un très bon accueil, et pareil à celui que ses prédécesseurs avaient fait autrefois à saint Athanase, à saint Epiphane et à d'autres grands personnages qui avaient bien servi l'Eglise. A son départ, il lui donna plusieurs reliques qu'il lui avait demandées ; il lui donna aussi Wilibaud, religieux Anglais du Mont-Cassin, pour l'aider dans ses fonctions apostoliques. Boniface se dirigea vers la ville de Pavie, tant pour visiter Luitprand, roi des Lombards, que pour y vénérer les saintes reliques de saint Augustin d'Hippone, apportées depuis quelques années de l'lle de Sardaigne, par les soins de ce prince.

Il passa ensuite en Bavière ; après avoir délivré la province de plusieurs faux ministres, qui usurpaient l'office des prêtres, et de quelques autres qui se disaient évêques, il érigea 3 évêchés : celui de Salzbourg, celui de Freisingen et celui de Ratisbonne, ou aussi celui de Passau qui était déjà établi. Il en avertit le pontife Romain, qui approuva, avec ce bel éloge : qu'après Dieu, la conversion de 100.000 païens lui était due, à lui et à Charles-Martel, prince des Francs, qui l'avait beaucoup assisté dans cette entreprise.


Pépin le Bref. Amiel, XIXe siècle.

L'an 742, il assembla, à la demande de Grégoire III, le Concile de Germanie, dans lequel il fit faire plusieurs saints décrets pour l'heureux établissement de ces nouvelles églises. Il présida, en 744, le concile de Soissons, où l'on rétablit l'autorité des métropolitains, ébranlée en quelques endroits. Il présida encore d'autres conciles. Il était puissamment soutenu par Carloman et Pépin, qui avaient succédé à Charles-Martel leur père, en 741. Dans l'année 744, il posa les bases du couvent de Fulda, ce grand monastère qui fut pour la Germanie centrale ce que furent le Mont-Cassin pour l'Italie, Saint-Gall pour la Germanie méridionale, la nouvelle Corbie pour la Saxe et le nord de la Germanie.

Gewilied, évêque de Mayence, ayant été déposé, le pape de Rome Zacharie fit nommer Boniface archevêque de Mayence. Il devenait ainsi le métropolite, primat de toute la Germanie (747), et des certains diocèses se trouvant actuellement en France et Belgique. En cette qualité il sacra, à Soissons, en 752, roi des Francs, Pépin le Bref, tige de nos rois appelés Carlovingiens, à cause de Charlemagne, fils aîné de ce prince, comme la première s'appelait des Mérovingiens, à cause de Mérovée, fils de Pharamond.
Il est important de noter que par la suite, en 754, le pape Etienne II octroya, par un second sacre, à la royauté de Pépin le caractère religieux indispensable.

Enfin, Dieu voulant récompenser les illustres travaux de Son serviteur par la couronne du martyre, lui donna l'inspiration de retourner en Frise, où le peuple, qu'il avait converti plusieurs années auparavant, s'était replongé dans l'idolâtrie. Il demanda conseil au pape de Rome, qui l'autorisa à quitter sa métropole pour reprendre la mission en Frise. Ensuite il écrivit à Fulrade, abbé de Saint-Denis, premier aumônier du roi, afin qu'il suppliât Pépin de l'assister de son autorité dans cette entreprise, et de secourir aussi ses disciples qui étaient dans la dernière indigence. Enfin, ayant ordonné en sa place un saint prêtre appelé Lulle, selon son pouvoir de métropolite, et l'ayant prié d'avoir soin, quand il aurait reçu les nouvelles de sa mort, de retirer son corps pour le faire inhumer, il partit de Mayence et s'embarqua sur le Rhin, avec Eoban, évêque, 3 diacres et 4 moines. Ils arrivèrent tous heureusement en Frise où ils baptisèrent en peu de jours plusieurs milliers de personnes.

Sacre de Pépin-le-Bref par saint Boniface.

Un jour, le 5 juin, le pavillon de l'archevêque avait été dressé près de Dockum, au bord de la Burda, qui sépare les Frisons orientaux et les occidentaux. L'autel était prêt et les vases sacrés disposés pour le saint Sacrifice, car une grande multitude était convoquée pour recevoir l'imposition des mains.

Après le lever du soleil, une nuée de barbares, armés de lances et de boucliers, parut dans la plaine et vint fondre sur le camp. Les serviteurs coururent aux armes et se préparèrent à défendre militairement leurs maîtres. Mais l'homme de Dieu, au premier tumulte de l'attaque, sortit de sa tente entouré de ses clercs et portant les saintes reliques, qui ne le quittaient point :
" Cessez ce combat, mes enfants ! s'écria-t-il ; souvenez-vous que l'Ecriture nous apprend à rendre le bien pour le mal. Car ce jour est celui que j'ai désiré longtemps, et l'heure de notre délivrance est venue. Soyez forts dans le Seigneur, espérez en lui, et il sauvera vos âmes."
Puis, se retournant vers les prêtres, les diacres et les autres clercs, il leur dit ces paroles :
" Frères, soyez fermes, et ne craignez point ceux qui ne peuvent rien sur l'âme ; mais réjouissez-vous en Dieu, qui vous prépare une demeure dans la cité des Anges. Ne regrettez pas les vaines joies du monde, mais traversez courageusement ce court passage de la mort, qui sous mène à un royaume éternel."

Aussitôt une bande furieuse de barbares les enveloppa, égorgea les serviteurs de Dieu, et se précipita dans les tentes, où, au lieu d'or et d'argent, ils ne trouvèrent que des reliques, des livres, et le vin réservé pour le saint Sacrifice. Irrités de la stérilité du pillage, ils s'enivrèrent, ils se querellèrent et se tuèrent entre eux. Les Chrétiens, se levant en armes de toutes parts, exterminèrent ce qui était resté de ces misérables. Saint Boniface tenait en mourant le livre des Evangiles entre les mains : ces infidèles le percèrent d'un coup d'épée ; mais ils n'en coupèrent pas une seule lettre : ce qui ne se put faire sans miracle.


Martyre de saint Boniface. Sacramentaire de Fulda. XIe.

Son corps fut d'abord porté à Maastricht, ensuite à Mayence, et, de là, il fut solennellement transféré au monastère de Fulda, comme il l'avait ordonné. Il a fait, depuis, beaucoup de miracles, que l'on peut voir dans ses actes. (l'église collégiale de Saint-Quentin, dans l'Aisne, possède une partie du crâne de saint Boniface. Nous avons fait des recherches pour savoir comment cette relique insigne était arrivée en la possession de cette église sans avoir pu y parvenir).

Nous ne voulons pas omettre ici un très-bel apophthegme qui est attribué à ce saint Apôtre et Martyr, au concile de Tivoli. Faisant allusion à la mauvaise vie de quelques prêtres de son temps, il disait que :
" Autrefois les prêtres étaient d'or, et se servaient de calices de bois ; mais qu'alors ils étaient de bois, et se servaient de calices d'or."

On peint saint Boniface tenant un livre qui est traversé par une épée. Comme cette épée n'endommagea pas le texte sacré, les tailleurs qui ont besoin d'avoir le coup de ciseaux sûr et adroit, ont choisi saint Boniface pour leur patron.


Cathédrale Saint-Martin de Mayence.

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samedi, 27 mai 2023

27 mai. Saint Bède le Vénérable, Père de l'Eglise, confesseur. 735.

- Saint Bède le Vénérable, Père de l'Eglise, confesseur. 735.
 
Papes : Adéodat ; Grégoire III. Roi de d'Ecosse : Oengus Ier (Óengus Mac Fergusa).
 
" Ô bon Jésus, qui avez daigné m'abreuver des ondes suaves de la science, accordez-moi surtout d'atteindre un jour jusqu'à vous, qui êtes la source de toute sagesse et de ne perdre jamais de vue votre divine présence."
Prière par laquelle Bède termina l'énumération de ses travaux littéraires.
 

Saint Bède écrivant. Bible franque du XIIIe. Reims.

La bénédiction que le Seigneur donnait à la terre en s'élevant au ciel atteint les plus lointaines frontières de la gentilité. Trois jours de suite, le Cycle nous montre les grâces qu'elle annonçait concentrant sur l'extrême Occident leurs énergies: c'est le fleuve de Dieu (Psalm. XLV, 5.), dont les eaux débordées se font plus impétueuses à la limite qu'elles ne dépasseront pas.

Demain, dans la terre des Bretons devenue celle des Angles, nous fêterons le chef du second apostolat, Augustin, l'envoyé de Grégoire le Grand. Aujourd'hui, impatiente de justifier ces célestes prodigalités, Albion produit devant les hommes son illustre fils, Bède le Vénérable, l'humble et doux moine dont la vie se passe à louer Dieu, à le chercher dans la nature et dans l'histoire, mais plus encore dans l'Ecriture étudiée avec amour, approfondie à la lumière des plus sûres traditions. Lui qui toujours écouta les anciens prend place aujourd’hui parmi ses maîtres, devenu lui-même Père et Docteur de l'Eglise de Dieu.

Dom Mabillon parle de saint Bède comme un parfait modèle de savoir dans l'état monastique :
" Qui s'est plus appliqué que lui à toutes sortes d'études et même à enseigner les autres ? Qui fut cependant plus attaché aux exercices de piété et de religion ? A le voir prier, il semblait qu'il n'étudiait pas ; à voir le nombre de ses ouvrages, il semblait qu'il ne fît autre chose que d'écrire."


Saint Bède naquit à Yarrow, aux confins de la Grande-Bretagne et de l'Ecosse ; Agé de sept ans, son éducation fut confiée à saint Benoît Biscop, Abbé de Wearmouth. Devenu moine, il ordonna de telle sorte sa vie, que se livrant tout entier à l'étude des arts et des sciences, il n'omit jamais rien toutefois des observances de la discipline régulière. Excellemment versé en tous les genres de connaissances,la méditation des divines Ecritures fixa néanmoins ses préférences ; et pour les mieux comprendre, il se rendit maître de la langue grecque et de l'hébraïque. Ordonné prêtre en sa trentième année par l'ordre de son Abbé, ce fut à la sollicitation d'Acca, évêque d'Hexham, qu'il entreprit alors d'expliquer les saints Livres ; il ne le fit qu'en suivant d'aussi près que possible la doctrine des saints Pères, n'avançant rien qu'ils n'eussent eux-mêmes enseigné, et pour ainsi dire reproduisant leur langage.

Ennemi constant de l'oisiveté, il ne quittait l'étude que pour la prière, et revenait pareillement de la prière à l'étude ; son cœur s'y embrasait au point que souvent, enseignant ou liant, il fondait en larmes. Ne voulant point être distrait par le souci des choses qui passent, il refusa constamment la charge d'Abbé.

Bientôt une telle réputation de piété et de science s'attachait à son nom, que le Pape saint Sergius eut la pensée de l'appeler à Rome pour y travailler à la solution d'épineuses difficultés qui s'étaient élevées dans l'Eglise. Il écrivit beaucoup d'ouvrages pour réformer les mœurs des fidèles, pour soutenir et défendre la foi. Grande fut l'estime universelle qu'il s'acquit ainsi : saint Boniface, évêque et martyr, le proclamait la lumière de l'Eglise ; Lanfranc lui donnait le titre de docteur des Anglais, le Concile d'Aix-la-Chapelle celui de docteur admirable.

Il arriva que, de son vivant même, on lut publiquement ses écrits dans les Eglises, et comme alors on ne pouvait lui attribuer le titre de saint, on lui donnait celui de vénérable qui lui resta toujours depuis. Son enseignement était d'autant plus efficace, qu'il était soutenu de la sainteté de la vie et des vertus religieuses. Aussi ses disciples, qui furent nombreux et remarquables, devinrent-ils, grâce à son zèle et à son exemple, non moins éminents dans la sainteté que dans les lettres et les sciences.


Saint Jean inspirant saint Bède. Manuscrit autrichien du XIIe.

Entendons notre Saint, dans ses dernières années, résumer sa vie :
" Prêtre du monastère des bienheureux Pierre et Paul, Apôtres, je naquis sur leur territoire, et je n'ai point cessé, depuis ma septième année, d'habiter leur maison, observant la règle, chantant chaque jour en leur église, faisant mes délices d'apprendre, d'enseigner ou d'écrire. Depuis que j'eus reçu la prêtrise, j'annotai pour mes frères et pour moi la sainte Ecriture en quelques ouvrages, m'aidant des expressions dont se servirent nos Pères vénérés, ou m'attachant à leur manière d'interprétation. Et maintenant, bon Jésus, je vous le demande : vous qui m'avez miséricordieusement donné de m'abreuver à la douceur de votre parole, donnez-moi bénignement d'arriver à la source, Ô fontaine de sagesse, et de vous voir toujours." (Bed. Hist. eccl. Cap. ultimum.).

Brisé enfin par l'âge et le labeur, il fut atteint d'une maladie grave. Il la supporta cinquante jours et plus sans interrompre ni ses habitudes de prière, ni son travail d'interprétation des Ecritures ; car ce fut en ce temps qu'il traduisit en anglais pour ses compatriotes l'Evangile de saint Jean.

La touchante mort du serviteur de Dieu ne devait pas être la moins précieuse des leçons qu'il laisserait aux siens. Les cinquante jours de la maladie qui l'enleva de ce monde s'étaient passés comme toute sa vie à chanter des psaumes ou à enseigner. La veille de l'Ascension, sentant que la mort approchait, il voulut être muni des derniers sacrements, embrassa ses frères et se fit étendre à terre sur un cilice. Comme, donc, on approchait de l'Ascension du Seigneur, il redisait avec des larmes de joie l'Antienne de la fête :
" Ô Roi de gloire qui êtes monté triomphant par delà tous les cieux, ne nous laissez pas orphelins, mais envoyez-nous l'Esprit de vérité selon la promesse du Père."
A ses élèves en pleurs il disait, reprenant la parole de saint Ambroise :
" Je n'ai pas vécu de telle sorte que j'eusse à rougir de vivre avec vous ; mais je ne crains pas non plus de mourir, car nous avons un bon Maître."
 
Puis revenant à sa traduction de l'Evangile de saint Jean et à un travail qu'il avait entrepris sur saint Isidore :
" Je ne veux pas que mes disciples après ma mort s'attardent à des faussetés et que leurs études soient sans fruit."

Saint Bède enseignant. Livre de prières. Avignon. XIVe.

Le mardi avant l'Ascension, l'oppression du malade augmentait les symptômes d'un dénouement prochain se montrèrent. Plein d'allégresse, il dicta durant toute cette journée, et passa la nuit en actions de grâces. L'aube du mercredi le retrouvait pressant le travail de ses disciples. A l'heure de Tierce, ils le quittèrent pour se rendre à la procession qu'on avait dès lors coutume de faire en ce jour avec les reliques des Saints. Resté près de lui, l'un d'eux lui dit :
" Bien-aimé Maître, il n'y a plus à dicter qu'un chapitre ; en aurez-vous la force ?
- C'est facile : prends ta plume, taille-la, et puis écris ; mais hâte-toi."
A l'heure de None, il manda les prêtres du monastère, et leur rit de petits présents, implorant leur souvenir à l'autel du Seigneur. Tous pleuraient. Lui, plein de joie, disait :
" Il est temps, s'il plaît à mon Créateur, que je retourne à Celui qui m'a fait de rien quand je n'étais pas ; mon doux Juge a bien ordonné ma vie ; et voici qu'approche maintenant pour moi la dissolution ; je la désire pour être avec le Christ : oui, mon âme désire voir mon Roi, le Christ, en sa beauté."

Ce ne furent de sa part jusqu'au soir qu'effusions semblables ; jusqu'à ce dialogue plus touchant que tout le reste avec Wibert, l'enfant mentionné plus haut :
" Maître chéri, il reste encore une phrase.
- Ecris-la vite."
Et après un moment :
" C’est fini, dit l'enfant.
- Tu dis vrai, répartit le bienheureux : c'est fini ; prends ma tête dans tes mains et soutiens-la du côté de l'oratoire, parce que ce m'est une grande joie de me voir en face du lieu saint où j'ai tant prié."
Et du pavé de sa cellule où on l'avait déposé, il entonna :
" Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit."
Quand il eut nommé l'Esprit-Saint, il rendit l'âme (Epist. Cuthberti.).

Il s'endormit dans le Seigneur. Son corps exhalant, dit-on, une odeur très suave, fut enseveli dans le monastère de Yarrow, et par la suite transporté à Durham avec les reliques de saint Cuthbert Les Bénédictins, d'autres familles religieuses, des diocèses l'honoraient par avance comme docteur, quand, sur l'avis de la Congrégation des Rites sacrés, Léon XIII, Souverain Pontife, le déclara docteur de l'Eglise universelle, décrétant que Messe et Office des Docteurs seraient désormais récités par tous au jour de sa fête.


Mort de saint Bède. William Bell Scott. XIXe.
 
PRIERE
 
" Vous fûtes, Ô Bède, cet homme à qui l'intelligence est donnée. Il était juste que le dernier souffle s'exhalât sur vos lèvres avec le chant d'amour où s'était consumée pour vous la vie mortelle, marquant ainsi votre entrée de plain-pied dans l'éternité bienheureuse et glorieuse. Puissions-nous mettre à profit la leçon suprême où se résument les enseignements de votre vie si grande et si simple !

Gloire à la toute-puissante et miséricordieuse Trinité ! N'est-ce pas aussi le dernier mot du Cycle entier des mystères qui s'achèvent présentement dans la glorification du Père souverain par le triomphe du Fils rédempteur, et l'épanouissement du règne de l'Esprit sanctificateur en tous lieux ? Qu'il était beau dans l'Ile des Saints le règne de l'Esprit, le triomphe du Fils à la gloire du Père, quand Albion, deux fois donnée par Rome au Christ, brillait aux extrémités de l'univers comme un joyau sans prix de la parure de l'Epouse ! Docteur des Angles au temps de leur fidélité, répondez à l'espoir du Pontife suprême étendant votre culte à toute l'Eglise en nos jours, et réveillez dans l'âme de vos concitoyens leurs sentiments d'autrefois pour la Mère commune."
 

Gravure de J. W. Cook. XVIIIe.

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samedi, 20 mai 2023

20 mai. Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.

- Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.

Pape : Clément VII ; Eugène IV. Empereurs d'Allemagne : Wenceslas ; Frédéric III.

" On pressait un jour Jean d'Avila, l'apôtre de l'andalousie, de donner des règles pour enseigner l'art de prêcher :
" Je ne connais d'autre art que l'amour de Dieu et le zèle pour Sa gloire."
Il avait coutume de dire aux jeunes ecllésiastiques qu'un mot prononcé par un homme de prière toucherait plus que des discours éloquents."


Saint Bernardin de Sienne. Antonio Vivarini. XVe.

Bernardin Albizesca, issu d'une noble famille de Sienne, donna dès son enfance des marques éclatantes de sainteté. Elevé dans des habitudes honnêtes par ses parents qui étaient vertueux, il négligea les jeux de l'enfance, et dès ses premières études sur la grammaire on le vit se livrer aux Oeuvres de la piété, au jeune, à l'oraison, et particulièrement au culte de la très sainte Vierge. La charité envers les pauvres éclatait en lui.

Après quelques années, dans le but de mieux pratiquer encore toutes ces vertus, il voulut être du nombre des confrères qui servent Dieu à Sienne dans l'hôpital de Notre-Dame de la Scala, d'où sont sortis plusieurs personnages célèbres par leur sainteté. Il s'y exerça avec une ferveur et une charité incroyables à la mortification de son corps et au soin des malades, durant une peste qui sévissait cruellement sur la ville, si bien qu’on lui confia la direction de l'établissement.


Bartolomeo della Gatta. XVe.

Entre autres vertus, il garda inviolablement la chasteté, malgré les dangers que pouvait lui susciter la rare beauté de ses traits ; et tel fut le respect qu'il inspira, que les plus licencieux n'auraient osé prononcer un mot déshonnête en sa présence.

Après une grave maladie qu'il avait endurée avec la plus héroïque patience pendant quatre mois, il conçut le dessein d'embrasser la vie religieuse. Afin de s'y disposer, il loua une petite maison à l'extrémité de la ville, où il vécut inconnu, menant la vie la plus austère, et priant Dieu continuellement de lui faire connaître le parti qu'il devait prendre.


Dario di Giovanni. XVe.

En 1402, il entra chez les Franciscains de l’Étroite-Observance ; y fit profession le 8 septembre 1403 et fut ordonné prêtre le 8 septembre 1404. Il excella en humilité, en patience et en toutes les autres vertus religieuses. Le gardien du couvent ayant remarqué cette haute vertu, et connaissant d'ailleurs la science à laquelle ce religieux était arrivé dans les saintes lettres, lui imposa le devoir de la prédication. Le saint accepta humblement cet emploi, bien qu'il s'y reconnût peu propre, à cause de la faiblesse et de l'enrouement de sa voix. Mais ayant imploré le secours de Dieu, il se trouva délivré miraculeusement de cet obstacle.

Il se consacra donc à la prédication, surtout dans l’Italie du Nord. A cette époque, un débordement de crimes était répandu en Italie, et de sanglantes factions y foulaient aux pieds toutes les lois divines et humaines. Bernardin parcourut les villes et les villages au nom de Jésus qu'il avait toujours à la bouche et dans le coeur, et vint à bout par ses discours et ses exemples de rétablir presque partout la piété et les bonnes mœurs qui avaient disparu. Plusieurs villes considérables le demandèrent au pape pour leur évêque ; mais Bernardin refusa constamment cette dignité par une humilité invincible.


Aux pieds de saint Bernardin, les évêchés qu'il refusa.
Heures à l'usage de Paris. XVe.

Il résidait, de préférence, dans les ermitages. À partir de 1417, ayant prêché à Milan, sa renommée de prédicateur devint manifeste et on l’appelait donc de toutes les villes de l’Italie, pour des auditoires de plusieurs milliers de personnes. Il était contraint de prêcher sur les places publiques, car aucune église ne pouvait contenir ces foules.

Il prêchait essentiellement la pénitence, l’invitation à la conversion des moeurs et s’adressait aussi bien au peuple qu’aux responsables des cités, provoquant parfois des réformes des législations locales, notamment en ce qui concerne les pratiques usuraires qui pesaient lourdement sur le pauvre peuple.


Une prédication de saint Bernardin de Sienne.
Domenico Mecarino. XVIe.

Le saint Nom de Jésus

Il invitait les édiles à inscrire le nom de Jésus sur les murs des édifices, au moins les 3 lettres IHS (Iesus humani salvator, Jésus sauveur des hommes). Il prêchait en montrant aux foules un panneau portant le monogramme du Christ IHS peint en lettres d'or dans un soleil symbolique. En effet sa prédication était centrée sur le nom de Jésus dont il recommandait la dévotion. Quelques religieux, jaloux de ses succès, le dénoncèrent à Rome, l’accusant de déviation doctrinale. Saint Jean de Capistran prit sa défense auprès du pape Martin V. Celui-ci approuva la dévotion au Nom de Jésus et voulut faire de Bernardin l’évêque de Sienne. Mais Bernardin refusa, préférant continuer ses prédications en Italie. Le 7 janvier 1432, malgré de nouvelles attaques contre Bernardin, le pape Eugène IV imposa le silence à ses détracteurs. En 1530, la fête du Saint Nom de Jésus fut accordée aux Frères mineurs, et étendue à l’Église universelle en 1722.


Statue votive. Bois polychrome. Lorenzo di Pietro. XVe.

Le réformateur

En 1438, Bernardin devint vicaire général de l’Ordre franciscain, et y développa la réforme dont il devint l’ardent promoteur, y gagnant de nombreux couvents et ermitages d’Italie. Il envoya des missionnaires en Orient, dans l’espoir de permettre un rapprochement avec les chrétiens séparés, ce qui devint la visée du Concile de Florence où il eut l’occasion de s’adresser lui-même aux pères Grecs (1439). Le pape Eugène IV, en 1443, le désigna comme prédicateur d’une croisade contre les Turcs, mais il ne semble pas avoir eu l’occasion de s’acquitter de cette charge.

Ayant résigné sa charge de Vicaire de l’Ordre, il reprit ses tournées de prédication vers le Royaume de Naples, mais il était très fatigué et usé. Il attrapa une fièvre maligne, à Aquila où il mourut, le 20 mai 1444, dans le couvent de cette ville, tandis que les frères chantaient l’antienne :
" Père, j’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m'avez donnés ; maintenant je prie pour eux et non pour le monde, parce que je viens à vous."


Saint Bernardin de Sienne et saint Louis de Toulouse.
Alessandro Boncivino. XVe.

Il fut inhumé dans l’église du couvent. De nombreux miracles lui furent attribués, si bien que le pape Nicolas V le canonisa le 24 mai 1450. Notons que jeune, saint Bernardin avait assisté à un sermon de saint Vincent Ferrier à Alexandrie en Lombardie et que ce dernier avait prédit sa sainteté sans le connaître puisqu'il avait dit :
" Il y a un personnage en cet auditoire qui sera la lumière de l'Ordre de Saint-François, de toute l'Italie et de l'Eglise, et qui sera déclaré Saint."

Son saint corps est conservé dans une double-châsse au couvent des Franciscain d'Aquila.

L’Italie le considère comme son plus grand prédicateur. Dès sa canonisation, les peintres et les sculpteurs les plus illustres le représentèrent très fréquemment.

Bernardin prêchait habituellement en langue vulgaire, dans un style populaire et plein d’images et d’interpellations des auditeurs. Mais les sermons écrits en latin que nous possédons sont certainement des recompositions, un peu savantes, qui laissent mal transparaître la verve de l’orateur. Ils furent publiés à partir de 1501, à Lyon, puis à Paris en 1536, enfin à Venise en 1745. Les éditions franciscaines de Quaracchi en ont fait une édition critique entre 1950 et 1965.


Lorenzo d'Alessandro. XVe.

PRIERE

" Qu'ils sont beaux, Ô Bernardin, les rayons qui forment le nom de Jésus ! Que leur lumière est douce, au moment où le Fils de Dieu reçoit ce nom sauveur, le huitième jour après sa naissance! Mais quel oeil mortel pourrait supporter leur éclat, lorsque Jésus opère notre salut, non plus dans l'humilité et la souffrance, mais par le triomphe de sa résurrection ? C'est au milieu des splendeurs pascales du nom de Jésus que vous nous apparaissez, Ô Bernardin ! Ce nom que vous avez aimé et glorifié vous associe désormais à son immortelle victoire. Maintenant donc répandez sur nous, plus abondamment encore que vous ne le faisiez sur la terre, les trésors d'amour, d'admiration et d'espérance dont ce divin nom est la source, et purifiez les yeux de notre âme, afin que nous puissions un jour contempler avec vous ses magnificences.

Apôtre de la paix, l'Italie, dont vous avez si souvent apaisé les factions, a droit de vous compter au rang de ses protecteurs. Voyez-la en ces jours livrée en proie aux ennemis du Sauveur des hommes, rebelle à la voix de la sainte Eglise, et tristement abandonnée à son sort. Ne vous souviendrez-vous pas que c'est dans son sein que vous avez pris naissance, qu'elle fut docile à votre voix, et que longtemps votre mémoire lui fut chère? Intervenez en sa faveur ; arrachez-la à ceux qui l'oppriment, et montrez qu'au défaut des armées de la terre, les milices célestes peuvent toujours sauver les villes et les provinces.

Illustre fils du grand patriarche d'Assise, l'Ordre séraphique vous vénère comme l'une de ses principales colonnes. Vous avez ravivé dans son sein l'observance primitive ; continuez du haut du ciel à protéger l'œuvre commencée par vous ici-bas. La famille de saint François est l'un des plus fermes appuis de la sainte Eglise ; faites-la fleurir toujours, soutenez-la dans les tempêtes, multipliez-la en proportion des besoins du peuple fidèle ; car vous êtes le second père de cette famille sacrée, et vos prières sont puissantes auprès du Rédempteur dont vous avez confessé le nom glorieux sur la terre."


Saint Bernardin de Sienne. El Greco. XVIIe.

SERMON SUR LE NOM GLORIEUX DE JESUS

" Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu’il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi si grande, si rapide et si fervente, sinon parce qu’on a prêché Jésus ? N‘est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière ? A ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l’Apôtre peut bien dire : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière.

Par conséquent, il faut faire connaitre ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un cœur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un vase choisi. C’est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul : " Cet homme est le vase que j’ai choisi afin qu’il porte mon Nom auprès des nations paiennes, auprès des rois, et des fils d’lsraël. Le vase que j’ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu’on ait envie de le boire parce qu’il brille et resplendit dans des vases de choix : afin qu’il porte mon nom, dit le Seigneur ".

Lorsqu’on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler ; lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C’est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l’incroyanee, dissipait l’erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense.

En effet, il mettait partout le nom de Jésus : dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grace.

De plus, l’Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d’Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s’écriait : La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le ombat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié.


Aussi l’Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète : Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse et je redirai tes merveilles jusqu’à présent, c’est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant : Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c’est-à-dire Jésus le Sauveur."

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