mardi, 26 décembre 2023
26 décembre. Saint Etienne, premier diacre et premier martyr. 35.
" Les pierres dont les Juifs l'ont accablé se sont changées sur sa tête en une couronne de pierres précieuses."
Ps. XX, 14.
" Nous tenons encore entre nos bras le Fils de la Vierge, et nous honorons par nos caresses l'enfance d'un Dieu. Marie nous a conduits à l'auguste berceau ; belle entre les filles des hommes, bénie entre les femmes, elle nous a présenté Celui qui est beau entre tous les enfants des hommes, et plus qu'eux tous, comblé de bénédictions. Elle soulève pour nous le voile des prophéties, et nous montre les desseins de Dieu accomplis. Qui de nous pourrait distraire ses yeux de la merveille d'un tel enfantement ? Néanmoins, tandis que le nouveau-né nous accorde les baisers de sa tendresse, et nous tient dans l'étonnement par de si grands prodiges, tout à coup, Etienne, plein de grâce et de force, opère des choses merveilleuses au milieu du peuple (Act. VI, 8.).
Laisserons-nous donc le Roi pour tourner nos regards sur un de ses soldats ? Non certes, à moins que le Prince lui-même ne nous le commande. Or, voici que le Roi, Fils de Roi, se lève lui-même, et vient assister au combat de son serviteur. Courons donc à un spectacle auquel il court lui-même, et considérons le porte-étendard des Martyrs."
La sainte Eglise, dans l'Office d'aujourd'hui, nous fait lire ce début d'un Sermon de saint Fulgence sur la fête de saint Etienne :
" Hier, nous avons célébré la Naissance temporelle de notre Roi éternel ; aujourd'hui, nous célébrons la Passion triomphale de son soldat. Hier notre Roi, couvert du vêtement de la chair, est sorti du sein de la Vierge et a daigné visiter le monde ; aujourd'hui, le combattant est sorti de la tente de son corps, et est monté triomphant au ciel. Le premier, tout en conservant la majesté de son éternelle divinité, a ceint l'humble baudrier de la chair, et est entré dans le camp de ce siècle pour combattre ; le second, déposant l’enveloppe corruptible du corps, est monté au palais du ciel pour y régner à jamais.
L'un est descendu sous le voile de la chair, l'autre est monté sous les lauriers empourprés de son sang. L'un est descendu du milieu de la joie des Anges ; l'autre est monté du milieu des Juifs qui le lapidaient. Hier, les saints Anges, dans l'allégresse, ont chanté :
" Gloire à Dieu au plus haut des cieux !"
Aujourd'hui, ils ont reçu Etienne dans leur compagnie avec jubilation. Hier, le Christ a été pour nous enveloppé de langes : aujourd'hui, Etienne a été par lui revêtu de la robe a d'immortalité. Hier, une étroite crèche a reçu le Christ enfant : aujourd'hui l'immensité du ciel a reçu Etienne dans son triomphe."
Saint Etienne. Vincenzo Foppa. XVe.
Ainsi, la divine Liturgie unit les joies de la Nativité du Seigneur avec l'allégresse que lui inspire le triomphe du premier des Martyrs ; et encore Etienne ne sera pas le seul à venir partager les honneurs de cette glorieuse Octave. Après lui, nous célébrerons Jean, le bien-aimé Disciple ; les Innocents de Bethléhem ; Thomas, le Martyr de la liberté de l'Eglise ; Sylvestre, le Pontife delà Paix. Mais, dans cette brillante escorte du Roi nouveau-né, la place d'honneur appartient à Etienne, ce Proto-martyr qui, ainsi que le chante l'Eglise, " a rendu le premier au Sauveur la mort que le Sauveur a soufferte pour lui ". Ainsi méritait d'être honoré le Martyre, ce témoignage sublime qui acquitte avec plénitude envers Dieu les dons octroyés à notre race, et scelle par le sang de l'homme la vérité que le Seigneur a confiée à la terre.
Pour bien comprendre ceci, il est nécessaire de considérer le plan divin pour le salut du monde. Le Verbe de Dieu est envoyé afin d'instruire les hommes ; il sème sa divine parole, et ses œuvres rendent témoignage de lui. Mais, après son Sacrifice, il remonte à la droite de son Père ; et son témoignage, pour être reçu par les hommes qui n'ont pas vu ni entendu ce Verbe de vie, a besoin d'un témoignage nouveau. Or, ce témoignage nouveau, ce sont les Martyrs qui le donneront ; et ce ne sera pas simplement par la confession de leur bouche, mais par l'effusion de leur sang qu'ils le rendront. L'Eglise s'élèvera donc par la Parole et le Sang de Jésus-Christ ; mais elle se soutiendra, elle traversera les âges, elle triomphera de tous les obstacles par le sang des Martyrs, membres du Christ ; et ce sang se mêlera avec celui de leur Chef divin, dans un même Sacrifice.
Saint Etienne. Domenico Ghirlandaio. XVe.
Les Martyrs auront toute ressemblance avec leur Roi suprême. Ils seront, comme il l'a dit, " semblables à des agneaux au milieu des loups " (Matth. X, 16.). Le monde sera fort contre eux ; devant lui, ils seront faibles et désarmés ; mais, dans cette lutte inégale, la victoire des Martyrs n'en sera que plus éclatante et plus divine. L'Apôtre nous dit que le Christ crucifié est la force et la sagesse de Dieu (I Cor. I, 24.) ; les Martyrs immolés, et cependant conquérants du monde, attesteront, d'un témoignage que le monde même comprendra, que le Christ qu'ils ont confessé, et qui leur a donné la constance et la victoire, est véritablement la force et la sagesse de Dieu. Il est donc juste qu'ils soient associés à tous les triomphes de l'Homme-Dieu, et que le cycle liturgique les glorifie, comme l'Eglise elle-même les honore en plaçant sous la pierre de l'autel leurs sacrés ossements, en sorte que le Sacrifice de leur Chef triomphant ne soit jamais célébré sans qu'ils soient offerts avec lui dans l'unité de son Corps mystique.
Or, la liste glorieuse des Martyrs du Fils de Dieu commence à saint Etienne ; il y brille par son beau nom qui signifie le Couronné, présage divin de sa victoire. Il commande, sous le Christ, cette blanche armée que chante l'Eglise, ayant été appelé le premier, avant les Apôtres eux-mêmes, et ayant répondu dignement à l'honneur de l'appel. Etienne a rendu un fort et courageux témoignage à la divinité de l'Emmanuel, en présence de la Synagogue des Juifs ; il a irrité leurs oreilles incrédules, en proclamant la vérité ; et bientôt une grêle de pierres meurtrières a été lancée contre lui par les ennemis de Dieu, devenus les siens. Il a reçu cet affront, debout, sans faiblir ; on eût dit, suivant la belle expression de saint Grégoire de Nysse, qu'une " neige douce et silencieuse tombait sur lui à flocons légers, ou encore qu'une pluie de roses descendait mollement sur sa tête ".
Mais, à travers ces pierres qui se choquaient entre elles en lui apportant la mort, une clarté divine arrivait jusqu'à lui : Jésus, pour qui il mourait, se manifestait à ses regards ; et un dernier témoignage à la divinité de l'Emmanuel s'échappait avec force de la bouche du Martyr. Bientôt, à l'exemple de ce divin Maître, pour rendre son sacrifice complet, le Martyr répand sa dernière prière pour ses bourreaux ; il fléchit les genoux et demande que le péché ne leur soit pas imputé. Ainsi tout est consommé ; et le type du Martyre est montré à la terre pour être imité et suivi dans toutes les générations, jusqu'à la consommation des siècles, jusqu'au dernier complément du nombre des Martyrs. Etienne s'endort dans le Seigneur, et il est enseveli dans la paix, in pace, jusqu'à ce que sa tombe sacrée soit retrouvée, et que sa gloire se répande de nouveau dans toute l'Eglise, par cette miraculeuse Invention, comme par une résurrection anticipée.
Etienne a donc mérité de faire la garde auprès du berceau de son Roi, comme le chef des vaillants champions de la divinité du céleste Enfant que nous adorons. Prions-le, avec l'Eglise, de nous faciliter l'approche de l'humble couche où repose notre souverain Seigneur. Demandons-lui de nous initier aux mystères de cette divine Enfance que nous devons tous connaître et imiter dans le Christ. Dans la simplicité de la crèche, il n'a point compté le nombre de ses ennemis, il n'a point tremblé en présence de leur rage, il n'a point fui leurs coups, il n'a point imposé silence à sa bouche, il a pardonné à leur fureur; et sa dernière prière a été pour eux.
Ô fidèle imitateur de l'Enfant de Bethléhem ! Jésus, en effet, n'a point foudroyé les habitants de cette cité qui refusa un asile à la Vierge-Mère, au moment où elle allait enfanter le Fils de David. Il dédaignera d'arrêter la fureur d'Hérode qui bientôt le cherchera pour le faire périr ; il aimera mieux fuir en Egypte, comme un proscrit, devant la face de ce tyran vulgaire ; et c'est à travers toutes ces faiblesses apparentes qu'il montrera sa divinité, et que le Dieu-Enfant sera le Dieu-Fort. Hérode passera, et sa tyrannie ; le Christ demeurera, plus grand dans sa crèche où il fait trembler un roi, que ce prince sous sa pourpre tributaire des Romains ; plus grand que César-Auguste lui-même, dont l'empire colossal a pour destinée de servir d'escabeau à l'Eglise que vient établir cet Enfant si humblement inscrit sur les rôles de la ville de Bethléhem.
Pendant les premières années qui suivirent la mort de Jésus, un grand nombre de convertis, appartenant à toutes les classes de la société juive et même au sacerdoce, portèrent l'Eglise de Jérusalem à un haut point de faveur dans la ville ; par leur assiduité au temple, leur étroite observance de la loi, les fidèles étaient un sujet d'édification pour le peuple. Tout fut changé le jour où l'on soupçonna chez ceux en qui l'on ne voyait que des pharisiens plus parfaits que les autres, l'intention de soustraire la foi nouvelle à l'autorité de la Synagogue. L'introduction des diacres hellénistes dans la hiérarchie précipita les événements. Parmi les apôtres nul ne songeait alors à détacher l'Eglise du tronc sur lequel Jésus l'avait entée. Moins subjugués par les grands souvenirs du passé, les hellénistes avaient compris les premiers certaines paroles du Maître qui annonçaient la séparation des deux Testaments.
Le diacre Etienne provoqua un éclat terrible. On ne sait trop quel personnage il était autrefois, l'histoire ne commence pour lui qu'au moment de son élection. Dès lors, son zèle le portait à prêcher beaucoup, et son talent lui amenait des auditoires nombreux. Il soutenait la dispute contre les habitués de la synagogue des Libertini ou affranchis de Rome, des gens de Cyrène, d'Alexandrie, de Cilicie, d'Ephèse, et l'on s'animait fort à ces disputes, dont le sujet était le caractère messianique de Jésus, le crime de ceux qui l'avaient fait mourir, et de tous les Juifs qui refusaient de le reconnaître pour le Messie. Les autorités juives résolurent de perdre ce prédicateur ; elles profitèrent d'un gouvernement intérimaire de Marcellus pour entrer en possession de leurs droits méconnus par les procurateurs. La mort de Tibère et l'éloignement du légat de Syrie poussaient à hâter une entreprise qui rendait au Sanhédrin son autonomie d'autrefois. Des témoins furent apostés pour surprendre dans les discours d'Etienne quelque parole contre Moïse ; ayant trouvé ce qu'ils étaient venus chercher, ils se répandirent dans la ville, répétant qu'Etienne avait proféré des blasphèmes contre Moïse et contre Dieu.
Ils émurent donc le peuple, les anciens et les scribes et se jetant sur Etienne, ils l'enlevèrent et l'amenèrent devant le conseil ; ils produisirent même de faux témoins contre lui, qui dirent :
" Cet homme ne cesse de parler contre le lieu saint et la Loi, car nous lui avons entendu dire que Jésus de Nazareth détruira ce lieu et changera les traditions que Moïse nous a laissées."
Alors tous ceux qui étaient assis dans le conseil arrêtèrent les yeux sur lui, et crurent voir le visage d'un ange.
Le pontife demande à Etienne si ces accusations sont vraies. Celui-ci répondit :
" Mes frères et mes pères, écoutez ! Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham quand il était en Mésopotamie, avant qu'il s'établît à Charan, et il lui dit :
" Sors de ton pays et de ta parenté, et viens dans la terre que je te montrerai." Alors, sortant du pays des Chaldéens, il habita à Charan. Et après la mort de son père, Dieu le fit passer dans cette terre que vous habitez aujourd'hui, où il ne lui donna aucun héritage, pas même où poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession et, après lui, à sa postérité, alors qu'il n'avait point encore d'enfant, et Dieu lui prédit que ses descendants iraient demeurer dans un pays étranger, qu'ils y seraient réduits en servitude et qu'on les y traiterait avec dureté pendant quatre cents ans ; mais Dieu ajouta :
" J'exercerai mes jugements sur la nation qui les aura rendus esclaves, ensuite ils sortiront de là, et me serviront dans cette terre."
Depuis il contracta avec lui l'alliance de la circoncision, et ainsi Abraham, ayant engendré Isaac, le circoncit le huitième jour. Isaac circoncit Jacob, et Jacob les douze patriarches. Les patriarches, poussés par l'envie, vendirent Joseph pour être mené en Egypte ; mais Dieu, qui était avec lui, le délivra de toutes ses afflictions, et par la sagesse qu'il lui donna, le rendit agréable au Pharaon, roi d'Egypte, qui l'établit gouverneur de l'Egypte et de toute sa maison. En ce temps survinrent une famine et une grande désolation dans toute l'Egypte et dans le pays de Chanaan, en sorte que nos pères n'avaient pas de quoi vivre. Jacob apprit qu'il y avait du blé en Egypte, il envoya une première fois nos pères, puis une seconde fois, et ils reconnurent Joseph, et sa race fut découverte au Pharaon. Alors Joseph envoya un message à Jacob son père, et le fit venir avec toute sa parenté, qui était de soixante-quinze personnes. Jacob donc descendit en Egypte. Après leur mort, Jacob et nos pères furent transférés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté à prix d'argent des enfants d'Hémor, fils de Sichem.
Le temps de la promesse que Dieu avait faite à Abraham s'approchant, le peuple s'augmenta et se multiplia dans l'Egypte, jusqu'à ce que Pharaon eût pour successeur un prince qui ne connaissait pas Joseph. Ce roi, usant d'un artifice pervers contre notre nation, affligea nos pères, en les obligeant d'exposer leurs enfants, afin d'en perdre toute la race. Moïse naquit pendant ce temps-là et fut aimé de Dieu, on le nourrit pendant trois mois dans la maison de son père, et puis on l'exposa ; la fille du Pharaon l'emporta, et l'éleva comme son fils. Il fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et devint puissant en paroles et en oeuvres. A l'âge de quarante ans, il eut la pensée d'aller visiter les enfants d'Israël ses frères ; or, il en vit un qui était maltraité ; il le défendit, et pour le venger, tua l'Egyptien qui lui avait fait outrage.
Il croyait que ses frères comprendraient que Dieu les voulait mettre en liberté par son moyen ; mais ils ne le comprirent pas. Le lendemain, il se trouva présent lorsque deux Hébreux se querellaient, et les voulant mettre d'accord, il leur dit :
" Hommes, vous êtes frères, pourquoi vous faites-vous injure l'un à l'autre ?"
Mais celui qui avait tort l'écarta en disant :
" Qui vous a établi prince et juge sur nous ? Ne voudriez-vous point aussi me tuer, comme vous tuâtes hier cet Egyptien ?"
Cette parole fit résoudre Moïse à s'enfuir ; il alla demeurer comme étranger dans le pays Ce Madian, où il eut deux fils.
Quarante ans après, un ange lui apparut dans les déserts de la montagne de Sina, dans la flamme d'un buisson qui était tout en feu. Etonné de ce spectacle, Moïse s'approcha pour considérer ce que c'était, et entendit la voix du Seigneur qui lui dit :
" Je suis le Dieu de vos pères, le " Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob "."
Moïse fut si effrayé qu'il n'osait considérer ce feu, mais le Seigneur lui dit :
" Otez vos souliers de vos pieds, parce que le lieu où vous êtes est une terre sainte. J'ai vu l'affliction de mon peuple qui est en Egypte ; j'ai entendu ses gémissements, et je suis descendu pour l'en tirer : venez donc maintenant, afin que je vous envoie en Egypte."
Ce Moïse qu'ils écartèrent, en disant :
" Qui vous a établi prince et juge ?"
C'est celui-là même que Dieu leur envoya pour être leur prince et leur libérateur, sous la conduite de l'ange qui lui apparut dans le buisson, c'est lui qui les retira de la servitude en faisant des prodiges et des miracles clans l'Egypte, dans la mer Rouge, et dans le désert pendant quarante ans.
C'est ce Moïse qui dit aux enfants d'Israël :
" Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète semblable à moi ; c'est lui que vous devez écouter."
C'est ce même Moïse qui fut avec toute l'assemblée du peuple dans le désert, avec l'ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï, et avec nos pères, et qui reçut les paroles de vie pour nous les donner.
C'est lui que nos pères ne voulurent point écouter, mais qu'ils rejetèrent, retournant de coeur en Egypte, en disant à Aaron :
" Faites-nous des dieux qui marchent devant nous, car pour ce Moïse qui nous a tirés du pays d'Egypte, nous ne savons ce qu'il est devenu."
Alors ils fondirent un veau et sacrifièrent à l'idole, et mirent leur joie dans cet ouvrage de leurs mains, mais Dieu se détourna d'eux et les abandonna jusqu'à leur laisser adorer les étoiles du ciel, ainsi qu'il est écrit dans les livres des prophètes :
" Maison d'Israël, m'avez-vous offert des victimes, des hosties dans le désert pendant quarante ans ? Non ! mais vous avez élevé le tabernacle de Moloch et l'astre de votre dieu Rempham, qui sont des figures que vous avez faites pour les adorer : c'est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone."
Nos pères eurent avec eux le tabernacle du témoignage dans le désert, ainsi que Dieu le leur avait ordonné, en disant à Moïse de le construire selon le modèle qu'il lui avait fait voir. Aussi nos pères le reçurent et le portèrent du temps de Josué dans la terre qui avait été possédée par les peuples que Dieu chassa devant eux ; et il y fut jusqu'au temps de David. Comme il était agréable à Dieu, celui-ci lui demanda de pouvoir bâtir une maison au Dieu de Jacob ; mais ce fut Salomon qui édifia le temple, quoique le Très-Haut n'habite point dans les temples faits de la main des hommes, selon la parole du Prophète : " Le ciel est mon trône, et la terre l'appui de mes pieds."
" Quelle maison m'édifiez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu de mon repos ? N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?"
Ô hommes, à la tête dure, incirconcis de coeur et d'oreilles, vous résistez toujours au Saint-Esprit, et vous êtes tels que vos pères ont été ! Quel est le prophète que vos pères n'aient point persécuté ? Ils ont tué ceux qui prédisaient l'avènement du juste que vous venez de trahir et de mettre à mort, vous qui avez reçu la loi par le ministère des anges, et qui ne l'avez point gardée."
Ces paroles les remplirent d'une rage qui leur déchirait le coeur et ils grinçaient les dents contre Etienne ; mais lui, rempli du Saint-Esprit, leva les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite du Père, et dit :
" Je vois les cieux ouverts et le Fils de l'homme qui est debout à la droite de Dieu."
Alors ils poussèrent de grands cris en se bouchant les oreilles et se jetèrent avec impétuosité sur lui, et le traînèrent hors de la ville, où ils le lapidèrent ; les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme qui s'appelait Saut. Pendant qu'on le lapidait, Etienne invoquait Dieu en disant :
" Seigneur Jésus, recevez mon esprit."
Et il se mit à genoux, éleva la voix et dit :
" Seigneur, ne leur imputez point ce péché !"
Et après avoir dit cette parole, il s'endormit dans le Seigneur.
Cependant quelques hommes qui craignaient Dieu prirent soin d'ensevelir le corps d'Etienne et conduisirent ses funérailles avec un grand deuil.
Or Saul approuvait qu'on le fît mourir. Il y eut ce jour-là une grande persécution contre la communauté de Jérusalem ; et tous, sauf les apôtres, furent dispersés dans les campagnes de la Judée et de la Samarie. Des hommes pieux ensevelirent Etienne et firent sur lui grande lamentation.
Quant à Saul, il ravageait la communauté, allant de maison en maison ; il (en) arrachait hommes et femmes, qu'il faisait jeter en prison.
Les Pères attribuent à bon droit la future conversion de saint Paul à la prière de saint Etienne, son cousin et condisciple à l'école de Gamaliel.
00:15 Publié dans E | Lien permanent | Commentaires (1)
samedi, 16 décembre 2023
16 décembre. Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.
- Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.
Pape : Saint Damase Ier. Empereur romain d'Occident : Valentinien Ier. Empereur romain d'Orient : Valens.
" Avec l'austérité du jeûne, il gouvernait son Eglise."
Saint Ambroise de Milan.
" Les pasteurs doivent exhorter les fidèles à ne pas considérer les villes du monde comme leur demeure stable, mais à chercher la Cité future, la Jérusalem du Ciel définitive."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.
" Je vous recommande chaudement de conserver la foi avec le plus grand soin, de préserver la concorde, d'être assidus dans la prière."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.
Les Ariens lapidant saint Eusèbe de Verceil.
Né en Sardaigne, d'une famille noble - fils de sainte Restitute -, saint Eusèbe se retira en Italie après la mort de son père et fit ses études à Verceil (alors sous l'autorité de l'intendance de Novare). Il se distingua tellement dans le clergé de cette ville, que, le siège épiscopal étant venu à vaquer, il fut élu à l'unanimité pour le remplir.
Le nouvel évêque s'appliqua de tout son pouvoir à former de dignes ministres de Notre Seigneur Jésus-Christ. Sa conduite fut justifiée par le succès : plusieurs églises voulurent être gouvernées par ses disciples, et l'on vit sortir de son clergé un grand nombre de saints prélats aussi reccommandables par leurs vertus que par leurs lumières.
Verceil se situe à la frontière du Piémont et de la Savoie.
Saint Eusèbe s'était déjà acquis une haute réputation de sainteté : celle-ci allait être éprouvée par les persécutions. En 355 se tint à Milan un concile où plusieurs Catholiques, intimidés par les menaces de l'empereur Constance et les fureurs des Ariens, signèrent la sentence qui fut pronocée par les hérétiques contre saint Athanase d'ALexandrie. Notre saint résista ouvertement à l'empereur et lui reprocha hautement son impiété. Constance répondit par des violences : saint Eusèbe fut exilé à Scythopolis, en Palestine ; plus tard, on le transféra en Cappadoce, et quelques temps après, il fut conduit dans la Haute-Thébaïde. En ces différents endroits, les Ariens l'accablèrent d'outrages et lui firent souffrir les plus cruels traitements dont une lapidation pendant laquelle notre saint ne fléchit jamais.
Baptême de saint Eusèbe de Verceil par le pape saint Sylvestre (?).
Cependant, l'heure de la délivrance vint à sonner. Constance étant mort en 361, Julien l'Apostat permit à l'illustre exilé de retourner dans son diocèse : il revint en effet, et l'Italie quitta ses habits de deuil. Eusèbe ne resta pas inactif : de concert avec saint Hilaire de Poitiers, il dépensa tout son zèle à combattre l'Arianisme dans ses derniers retranchements. Enfin, rempli de jours et de mérites, il s'endormit plein d'espérance dans le Seigneur, le 1er août 370.
On garde dans la cathédrale de Verceil la châsse qui renferme ses précieuses reliques.
Il ne nous reste des écrits de saint Eusèbe que deux lettres, adressées, l'une à son Eglise, pendant son exil à Scythopolis ; l'autre à Grégoire, évêque d'Elvire, rédigée dans son exil en Haute-Thébaïde. Il y exhorte Grégoire à s'opposer courageusement à Osius, qui avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie, ainsi qu'à tous ceux qui avaient abandonné la foi de l'Eglise, et (exhorte) de ne point craindre la puissance des princes. Ces deux lettres se trouvent dans les Annales de Baronius et dans le tome XII de la Patrologie de M. l'abbé Migne.
On trouve aussi, dans la même Patrologie un traîté sur la Très Sainte Trinité, De Sanctissima Trinitate Confessio, attribué à notre saint évêque.
PRIERE
" Athlète invincible du Christ que nous attendons, Eusèbe, Martyr et Pontife, que vos fatigues et vos souffrances pour la cause de ce divin Messie ont été grandes ! Elles vous ont cependant paru légères, en comparaison de ce qui est dû à ce Verbe éternel du Père, que son amour a porté à devenir, par l'Incarnation,le serviteur de sa créature. Nous avons, envers ce divin Sauveur, les mêmes obligations que vous. C'est pour nous qu'il va naître d'une Vierge aussi bien que pour vous ; priez donc, afin que notre cœur lui soit toujours fidèle dans la guerre comme dans la paix, en face de nos tentations et de nos penchants, comme s'il s'agissait de le confesser devant les puissances du monde. Fortifiez les Pontifes de la sainte Eglise, afin que nulle erreur ne puisse tromper leur vigilance, nulle persécution lasser leur courage. Qu'ils soient fidèles imitateurs du souverain Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qu'ils paissent toujours le troupeau dans l'unité et la charité de Jésus-Christ."
00:15 Publié dans E | Lien permanent | Commentaires (0)
vendredi, 01 décembre 2023
1er décembre. Saint Eloi de Chatelac, évêque de Noyon, confesseur. 659.
- Saint Eloi de Chatelac, évêque de Noyon, confesseur. 659.
Pape : Saint Vitalien. Roi des Francs : Dagobert Ier (+ 639). Roi d'Austrasie : Childebert III. Roi de Neustrie et de Bourgogne : Clotaire III.
" Pour juger de la vie d'un homme, il faut en observer la fin."
Saint Eloi.
Saint Eloi aux pieds de Notre Dame. G. Seghers. Flandres. XVIIe.
Saint Éloi naquit à Chaptelat (ou Chatelac), à deux lieux de Limoges. Dès son enfance, il se montra si habile aux travaux manuels, que son père le plaça comme apprenti chez le maître de la Monnaie de Limoges. Ses premières oeuvres révélèrent son talent précoce, et, au bout de quelques années, Éloi n'avait pas de rival dans l'art de travailler les métaux. Ses sentiments religieux et ses vertus le rendirent plus recommandable encore que ses talents ; on ne se lassait pas d'admirer sa franchise, sa prudence, sa douceur, sa charité.
Saint Eloi dans son atelier. Verrière du XVIe. France.
Le roi Clotaire II, ayant entendu parler de lui, le fit venir à la cour, lui commanda un trône d'or orné de pierreries, et à cet effet lui donna une quantité d'or. Le travail fini, Éloi se présenta devant le roi et lui montra le trône. Clotaire s'extasiait devant ce chef-d'oeuvre ; mais quelle ne fut pas sa stupéfaction, quand Éloi fit apporter un autre trône aussi beau que le premier, fait aussi avec l'or qu'il avait reçu ! Sur-le-champ, Éloi fut nommé grand argentier du royaume, et le roi le garda près de lui.
Saint Eloi dans sa boutique. Vie de saints. R. de Monbaston. XIVe.
Jusque là, notre Saint avait aimé le luxe ; touché d'une grâce de choix, il se détacha des vanités du monde et vécut au milieu des richesses comme un pauvre de Jésus-Christ. Son plaisir était de faire de belles châsses pour les reliques des Saints. Mais surtout il aimait les pauvres. On ne saurait se figurer tous les trésors qui passèrent par ses mains dans le sein des indigents.
Saint Eloi. Recueil de la confrérie des orfèvres d'Avignon. XVIe.
Aussi, quand des étrangers demandaient à le voir, on leur répondait :
" Allez en telle rue, et arrêtez-vous à la maison où vous verrez une foule de mendiants : c'est là sa demeure !"
Saint Éloi lavait les pieds des pauvres, les servait de ses propres mains, ne prenait que la dernière place et ne mangeait que leurs restes. Quelle leçon pour les hommes de notre temps, qui parlent tant de l'émancipation des classes ouvrières et vivent dans les jouissances égoïstes ! Quand Éloi n'avait plus d'argent, il donnait ses meubles et jusqu'à sa ceinture, son manteau, ses souliers.
Episodes de la vie de saint Eloi. Miniature anonyme du XVe.
L'amitié d'Éloi avec le roi Dagobert, successeur de Clotaire II, est devenue légendaire.
Un jour Éloi vint lui dire :
" Mon prince, je viens vous demander une grâce ; donnez-moi la terre de Solignac, afin que je fasse une échelle par laquelle, vous et moi, nous méritions de monter au Ciel."
Le roi y consentit volontiers ; le Saint y bâtit un monastère. Jamais in ne se fit moine ; mais il aimait à visiter les moines et à vivre, de temps en temps, quelques jours avec eux, pour s'édifier de leur régularité.
Éloi se vit obligé d'accepter l'évêché de Noyon. Sa vie épiscopale fut la continuation de ses bonnes oeuvres.
Saint Éloi est généralement considéré comme le saint patron des ouvriers qui se servent d'un marteau, et plus précisément les orfèvres, batteurs d'or, taillandiers, serruriers, forgerons, maréchaux-ferrands, maquignons, métallurgistes.
Recueil concernant la confrérie des orfèvres d'Avignon. XVIe.
CULTE ET RELIQUES
Les reliques de saint Eloi reposent dans la cathédrale de Noyon à laquelle elles furent adjugées par arrêt du parlement de Paris, contre les religieux de Saint-Leu, qui avait pris dès lors le nom de Saint-Eloi, l'an 1462. Elles sont conservées dans une châsse de bois doré, sous le maître-autel de l'ancienne cathédrale.
Châsse de saint Eloi. Cathédrale Notre-Dame. Noyon. XVIe-XIXe.
Son chef, qui avait été donné à l'abbaye de Chelles, se trouvent, depuis la destruction de ce monastère, dans l'église paroissiale de Saint-André de Chelles.
Plusieurs autres églises se glorifient de posséder quelques parties de ses riches et précieuses dépouilles, comme Saint-Barthélémy de Noyon, Saint-Sauveur de Bruges, Saint-Martin de Tournai, Saint-Pierre de Douai et la cathédrale de Paris, à laquelle un ossement d'un de ses bras fut donné en 1212, comme il est porté dans le bréviaire du diocèse.
Buste reliquaire. Eglise Saint-Eloi. Chaptelat. Limousin. XVIIe.
La mémoire de ce grand prélat, l'un des plus illustres du royaume, y est toujours très célèbre aussi bien qu'en Flandres.
Rq : On téléchargera et lira avec fruits la vie de saint Eloi par son contemporain saint Ouen, évêque de Rouen sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102695k.
00:10 Publié dans E | Lien permanent | Commentaires (2)