mardi, 24 septembre 2024
24 septembre. Saint Gérard Sagredo, évêque de Chonad en Hongrie, martyr. 1047.
- Saint Gérard Sagredo, saint Gellert pour les Hongrois, évêque de Chonad (Csanád) en Hongrie, martyr. 1047.
Pape : Clément II. Roi de Hongrie : André Ier.
" Ô frères biens-aimés, qui pourra chanter dignement les louanges de la Vierge Marie ?"
Saint Gérard Sagredo.
Saint Gérard Sagredo. Gravure italienne. XVIIIe.
La grâce de Dieu prévint avec tant d'abondance saint Gérard, né de parents vénitiens, qu'il commença dès son enfance à aimer tendrement Notre-Seigneur Jésus-Christ et à pratiquer les maximes de l'Evangile : encore tout jeune, il prit te saint habit de religion ; et, renonçant aux inclinations du vieil Adam, se revêtit de celles du nouveau. Pendant qu'il pratiquait exactement tous les exercices de la vie monastique il lui vint à la pensée de visiter le sépulcre du Sauveur, à Jérusalem, afin d'imiter, dans son pèlerinage, la mortification du fils de Dieu, qui a méprisé toutes les richesses et s'est fait. pauvre pour notre amour. Il quitta donc son pays et sa parenté, et prit le chemin de l'Orient mais en passant par la Hongrie, il plut tellement au roi saint Etienne (997-1038), pour la pureté de ses mœurs et l'excellence de sa doctrine, que ce prince l'obligea de s'arrêter dans ses Etats pour y être la bonne odeur de Jésus-Christ, et même, de crainte qu'il ne lui échappât, il lui donna quelque temps des gardes.
Gérard, se voyant forcé d'y faire sa demeure, se retira dans un lieu appelé le Béel (diocèse de Vesprin), où it se bâtit un petit ermitage pour y vivre séparé du commerce des créatures. Il y passa sept ans dans le jeûne et les oraisons, sans autre compagnie que celle d'un religieux nommé Maur.
Le monastère bénédictin de Saint-Georges-Majeur
où saint Gérard Sagredo fut moine. Venise. Vénétie.
Pendant ce temps, saint Etienne triompha de l'impiété de ces peuples, encore idolâtres ; il adoucit leurs mœurs cruelles et barbares, et prépara les cœurs de la plupart à recevoir la religion chrétienne. Quand il se vit en paix, il fit sortir Gérard de sa solitude et le plaça malgré lui sur le siège épiscopal de la ville de Chonad ou Chzonad, a huit lieues de Temeswar, afin qu'il formât les nouveaux fidèles, selon les règles de l'Evangile. Notre Saint s'acquit une si grande réputation par ses prédications et par sa belle conduite, que les Pannoniens lui portaient un amour extraordinaire et le regardaient comme un nouvel Abraham, qui était devenu leur père dans la foi.
A mesure que les idolâtres se convertissaient il faisait bâtir des églises dans les villes et tes bourgs. La principale fut celle qu'il dédia en l'honneur de saint Georges ; il y dressa un autel sous le vocable de la Mère de Dieu et voulut qu'on y brûlât jour et nuit de l'encens ; pour entretenir cette pieuse cérémonie, il établit deux vieillards qui devaient incessamment y veiller. Tous les samedis de l'année il faisait célébrer un office à neuf leçons, contenant les éloges magnifiques de cette Reine des anges ; et cela avec autant de solennité que le jour de son Assomption dans le ciel.
Les autres jours, après l'office du matin et du soir, il venait avec ses clercs faire sa prière dans cette sainte chapelle. Il avait une dévotion si tendre envers cette auguste Vierge, qu'il ne pouvait rien refuser de tout ce qu'on lui demandait en son nom ; il fondait en larmes lorsqu'il entendait parler d'elle, et il appelait ses " chers enfants " ceux qui l'asssuraient qu'ils croyaient sincèrement qu'elle était la Mère de Dieu. Il la fit appeler par tout le royaume Notre-Dame, afin que tous se regardassent comme ses sujets. Dans le même sens, saint Etienne appelait son royaume la " Famille de Marie ".
Statue de saint Etienne Ier de Hongrie. Esztergom. Hongrie.
Notre Saint avait une adresse merveilleuse pour se mortifier on l'a vu aller la nuit dans la forêt y faire des fagots pour les rapporter ensuite sur ses épaules. Il prévenait souvent le travail de ses domestiques et faisait lui-même leur ouvrage, il portait ordinairement le cilice et des habits faits de poils de chèvre ; il embrassait tendrement les lépreux et les laissait quelquefois coucher dans son lit ; quand il faisait un voyage, il n'allait point à cheval, mais dans un chariot, afin de pouvoir lire et étudier durant le chemin. Un jour, un de ses serviteurs ayant fait une faute notable, il se laissa emporter de colère contre lui, comme il arrive quelquefois aux plus grands serviteurs de Dieu, et le condamna à être fouetté et attaché quelque temps à un pieu. Ses gens, qui connaissaient sa clémence et sa douceur, firent semblant de lui obéir, et, ayant mis du sang d'un animal sur le dos, les épaules et les bras de ce pauvre criminel, ils l'attachèrent en cet état à un endroit par où ils savaient que leur maître devait passer. Ce pitoyable objet toucha si sensiblement le saint pasteur, qu'il descendit de son chariot, accourut vers le patient, et lui baisant tantôt les bras, tantôt les mains, tantôt les pieds ou les liens, le conjura de lui pardonner la sévérité qu'il avait exercée envers lui ; enfin, il le fit délier et ne lui témoigna plus que de l'amour et de la tendresse. C'était là être changé, selon l'esprit de l'Evangile, en la nature des enfants, qui n'ont point de ressentiment et oublient en peu de temps les injures qu'on leur a faites.
Sa dignité et ses fonctions pastorales ne l'empêchaient point de mener une vie presque solitaire. Il se fit bâtir, dans les bois, près des villes où il allait prêcher, de petites cellules, où il se retirait pour se remplir des lumières célestes avant que d'en faire la distribution à son peuple. Il y passait les nuits en oraison et y pratiquait des austérités qui ne sont connues que de Dieu seul. Il avait une joie extraordinaire lorsqu'il voyait des personnes servir Dieu avec allégresse un jour, ayant trouvé dans son hôtellerie une servante qui chantait en tournant avec force un moulin, il s'écria qu'elle était bienheureuse et lui fit donner une grosse somme d'argent.
Légende de saint Gérard Sagredo. Saint Gérard et saint
Etienne de Hongrie. Saint Gérard dans son ermitage.
Saint Gérard sacré évêque. Saint Gérard prêchant.
Manuscrit angevin. Hongrie. XIIIe.
Après la mort de saint Etienne (1038), qui avait confié l'éducation et l'instruction de son fils saint Emeric (Imre pour les Hongrois), à saint Gérard depuis l'âge de 14 ans jusqu'à l'âge de 23 ans, saint Gérard eut de grandes traverses à supporter. Les Hongrois prirent pour roi Pierre le Germanique, neveu de ce saint monarque mais au bout de quelques années, ne pouvant plus endurer sa cruauté et les excès de sa vie déréglée, ils le déposèrent et le chassèrent du royaume (1041).
Ils mirent ensuite à sa place un seigneur appelé Samuel, et surnommé Aba, qui n'était pas meilleur que lui. Le clergé et le peuple consentirent à son élection mais notre Saint, sachant combien elle était de dangereuse conséquence, s'y opposa et refusa absolument de lui mettre la couronne sur la tête. Il n'appréhenda point sa puissance et ne redouta point sa cruauté ; mais il soutint énergiquement que, le roi étant vivant, il ne devait point monter sur son trône. Son zèle le porta même à le reprendre en public de ses injustices, et surtout de ce qu'abusant de son autorité, il avait déjà fait empaler plusieurs officiers de son conseil. Enfin, il lui prédit que son règne ne serait pas de longue durée, et qu'après deux ans il en irait rendre compte au juste jugement de Dieu Sa prédiction fut véridique ; car Samuel étant devenu plus insolent et plus insupportable que son prédécesseur, les Hongrois se révoltèrent contre lui et le firent honteusement mourir par la main d'un bourreau (1044).
Saint Gérard Sagredo instruisant saint Emeric, fils du
roi saint Etienne de Hongrie. Szekesfehervar. Hongrie.
Par ce moyen, Pierre, qui avait été chassé, fut rétabli dans ses Etats et reprit en main les rênes du gouvernement mais ce ne fut pas pour longtemps. Deux ans après, ses nouveaux crimes le firent rejeter une seconde foi, et André Ier, fils de Ladislas le Chauve, cousin-germain de saint Eiienne, fut élu roi (1046), à condition qu'il rétablirait l'idolâtrie, abolirait la religion chrétienne, en exterminerait les prêtres et les évêques, en démolirait les ég!ises et ruinerait tout ce que saint Etienne avait si sagement établi. Ce prince, lâche et ambitieux, qui préférait un royaume aux devoirs de sa conscience, accéda à toutes les exigences de ses sujets, nourrissant néanmoins le dessein de rétablir toutes choses lorsqu'il serait en paisible possession de ses Etats.
Gérard, apprenant ce que le roi avait fait, crut qu'il était de son devoir de lui remontrer sa faute et de lui faire rétracter ce qu'il avait accordé si lâchement. Il se mit donc en route pour l'aller trouver à l'Albe Royale (aujourd'hui Stuhlweissembourg), avec trois autres évêques transportés du même zèle que lui. Chemin faisant, il eut une vision où il croyait voir Notre-Seigneur qui lui présentait le calice de son sang, à lui et à deux des évêques qui l'accompagnaient. Il reconnut par là que l'honneur du martyr leur était préparé. Après avoir dit tous ensemble la messe au bourg de Gyod, dans l'église de Sainte-Sabine, martyre, ils continuèrent leur voyage et arrivèrent au bord du Danube, où le duc Vatha, le plus méchant apostat et le plus grand ennemi de Jésus-Christ qui fût dans toute la Hongrie, les ayant rencontrés, commanda à ses gens de les assommer à coups de pierres.
Légende de saint Gérard Sagredo. Les païens en révolte offrant
la palme du martyre à la suite de saint Gérard, composée de
deux autres évêques, saint Bezterd de Neitra et saint Buld
d'Erlau, et de nombreux prêtres. Martyre de saint Gérard,
précipité du haut de la colline qui porte aujourd'hui son nom.
Procession du corps de saint Gérard vers son diocèse de Chonad.
Inhumation de saint Gérard. Manuscrit angevin. Hongrie. XIIIe.
Saint Gérard fit le signe de la croix sur ces pierres, et à l'heure même elle demeurèrent suspendues en l'air ; mais ce miracle, ne touchant nullement le despote, il fit tirer le Saint de son chariot, et après qu'on l'eu traîné avec beaucoup d'indignité sur la pointe du rocher qui donnait sur le Danube, il le fit précipiter du haut en bas. Ce coup était sufSsant pour le faire mourir ; mais ces apostats, voyant qu'il avait encore quelque souffle de vie qu'il employait, à l'exemple de Jésus-Christ et de saint Etienne, à prier pour ses meurtriers, l'achevèrent à coups de javeline (24 septembre 1047). Bezterd de Neitra et Buld d'Erlau, deux des évêques qui l'accompagnaient et un grand nombre d'ecclésiastiques et de laïques furent martyrisés avec lui.
Les gouttes de son sang demeurèrent sept ans imprimées sur le caillou où il s'était bnsé la tête en tombant, sans que ni les pluies du ciel, ni les inondations de la rivière en pussent eitacer la trace. C'était comme une marque permanente de l'injustice et de la cruauté des idolâtres, et une invocation muette de la vengeance de Dieu contre les auteurs du meurtre.
Statue monumentale de saint Gérard Sagredo bénissant Budapest et
la Hongrie. Mont Saint-Gérard (saint Gellert). Budapest. Hongrie.
CULTE ET RELIQUES
Le roi, qui n'y avait pas consenti en particulier, et qui ; depuis, promulgua de nombreux édits pour le rétablissement du Christianisme dans toutes ses terres, fit lever le corps du Saint et ordonna qu'il fût enterré dans l'église de Saint-Georges et dans la chapelle de la Sainte-Vierge, que lui-même avait fait bâtir. Cette chapelle se trouvait près du lieu où le Saint avait rendu le dernier soupir. On y transposa aussi la pierre arrosée et teinte de son sang, que l'on fit entrer dans la structure de l'autel pour mémoire éternelle de son martyre. Plus lard ses reliques furent transférées dans la cathédrale de de Chonad. 5ous le règne de saint Ladislas, elles furent renfermées dans une châsse. Les Vénitiens les ayant obtenues du roi de Hongrie, après bien des sollicitations, les firent transporter solennellement dans leur ville et les déposèrent dans l'église de Notre-Dame de Murano.
Reliquaire de saint Gérard Sagredo. Trésor de
la basilique Saint-Etienne. Estergom. Hongrie.
On le représente :
1. avec l'encensoir à la main devant un autel de la très-sainte Vierge ; c'est pour rappeler, comme nous l'avons insinué plus haut, qu'il fonda devant l'autel de Notre-Dame, dans l'église dédiée a saint Georges, un encensoir d'argent confié aux soins de deux vieillards chargé de veiller à ce que l'encens y brûlât toujours ;
2. en compagnie de saint Etienne de Hongrie, dont il fut le coopérateur pour la conversion des Magyars ;
3. portant une image de la sainte Vierge, on devine pourquoi ;
4. percé d'une lance ;
5. instruisant saint Emeric (Imre pour les Hongrois), le fils de saint Etienne de Hongrie, assassiné à 25 ans avant de pouvoir monter sur le trône, et canonisé pour sa vie particulièrement pieuse et chrétienne par le pape saint Grégoire VII en 1084.
Basilique primatiale Saint-Etienne. Esztergom. Hongrie.
Saint Gérard, saint Gellert pour les Honrois, jouit encore d'une très grande popularité chez les Hongrois. Sur la colline qui porte son saint nom et qui domine Budapest, un magnifique mémorial veille toujours sur la ville et par là sur le pays, orné d'une statue monumentale de notre Saint bénissant la Hongrie. On ne compte pas les statues et autres lieux de dévotion à saint Gellert (Estergom, Shekesvehervar, Temeswar, etc.) dans ce pays qui fut appelé par saint Etienne, rappelons-le, la " Famille de Marie ".
La vie de saint Gérard Sagrado a été écrite par un auteur de son temps ; elle est rapportée par Surius. Bonfinius parle aussi de lui au livre II de la seconde décade de son Histoire de Hongrie. Baronius en fait mention dans ses Annales, où il dit qu'on l'appelle le Premier Martyr de Hongrie, depuis que saint Etienne, roi, l'avait rendue chrétienne.
Saint Gérard Sagredo prêchant. Statue. Hongrie.
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mercredi, 07 août 2024
7 août. Saint Gaëtan de Thiène, fondateurs des Clercs réguliers dits Théatins. 1547.
Saint Gaëtan de Thiène.

Saint Gaëtan de Thiène d'après un portrait exécuté de son vivant.
Ce saint mérite que l'on relève particulièrement l'importance de sa vie et de ses oeuvres. En effet, il fait partie de ces grands personnages qui fondèrent un corps de clercs combattants pour défaire les hérétiques du XVIe siècle et pour réformer les mœurs dépravées des catholiques de leur temps.
Notre saint naquit à Vicenze, ville de la république de Venise, en 1480. Fruit de l'illustre famille des Thiène, très célèbre par d'excellents personnages qui en étaient sortis et que l'on avait vus se distinguer dans les dignités de l’Église et dans la profession des armes, il fut consacré à Marie dès le sein de sa mère, puis ensuite à sa naissance. On lui donna le nom de Gaétan, pour conserver un célèbre nom familial ; mais on y ajouta le nom de Marie, pour marquer sa consécration à la Reine du Ciel.
En effet, outre le fameux Gaëtan de Thiène, chanoine de Padoue, qui a laissé des Commentaires sur la philosophie naturelle d'Aristote et qui passait pour le prince des théologiens de son siècle (XIVe), il y eu plusieurs prélats, vice-légats et cardinaux de cette maison, des gouverneurs de Milan et des vice-rois de Naples. La France a connu en particulier le seigneur Nicolas de Thiène, page de François Ier, qui fut un fameux capitaine d'ordonnance sous Henri II puis un Ligueur habile, et qui en épousant Jeanne de Villars, fille du marquis de Villars, Grand amiral de France, forma la souche de la branche tourangelle des Thiène.
Gaétan de Sainte-Marie montra de bonne heure un grand amour pour les pauvres ; ce fut là, du reste, un des beaux caractères de toute sa vie. Son coeur d'enfant, tendre et délicat, le faisait pleurer souvent à la vue des misères qui s'offraient à lui ; les pauvres, qui le connaissaient tous, l'appelait leur petit ami, en attendant qu'il fût leur père. L'enfant leur rendait mille petits services, et lorsqu'il recevait quelque argent de ses parents à titre de récompense, il n'avait rien de plus pressé que de le distribuer à ses chers mendiants. La petite somme était toujours vite épuisée ; alors Gaétan mettait en mouvement tous les ressorts de sa jeune politique, et il finissait toujours par reconstituer son petit trésor. À bout d'expédients, il demandait l'aumône à ses parents pour l'amour de Dieu.

Saint Gaëtan de Thiène à l'autel. Jacopo Palma le Jeune. XVIe.
Après avoir fait de brillantes études - il devint un excellent orateur, un philosophe de tout premier ordre et un jurisconsulte très doué : il obtint le grade de docteur en droit canon et en droit civil -, il bâtit une église sous l'invocation de sainte Marie-Madeleine dans ses domaines à Rampazzo, avec l'aide de son frère aîné Jean-Baptiste, pour y exercer le saint ministère et permettre aux villageois trop éloignés de l'église paroissiale d'assister plus commodément à la sainte messe.
Comme il était très simple et même négligé dans ses vêtements, son père se fâchait souvent et l'accusait de déshonorer son nom en se mêlant aux mendiants. Le plus souvent Gaétan répondait à ce reproche par son silence. Il s'occupa avec zèle des ouvriers, ce qui lui attira la persécution de ses proches, puis l'admiration de tous, quand on vit son ministère opérer de grands fruits de sanctification. Partout où il allait, sa première visite était pour les pauvres et les malades.
A Rome, à l'invitation du pape Jules II qui le pria de demeurer à sa cour, Gaétan, plein du désir de donner au clergé des modèles à imiter quoique peu enclin à vivre ainsi dans la proximité du gouvernement de l'Eglise (il fut néanmoins protonotaire), contribua à la réformation des moeurs douteuses qui régnaient alors dans la ville sainte et en particulier hélas dans certaines branches de la curie.
Par un bref d'extra tempora (lequel permet de surseoir au cursus traditionnel de formation du prêtre) et une dispense des interstices (qui permet d'éviter le temps traditionnel entre chaque réception des degrés de l'ordre), le pape lui permit de recevoir la prêtrise en trois fêtes proches les unes des autres.
Un jour de Noël, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d'un petit enfant ; il Le prit dans ses bras et Le caressa longtemps, pendant que son cœur se fondait d'amour.
Il se mit dès lors sous la conduite spirituelle du Révérend Père Jean-Baptiste de Crema, dominicain, et sa vertu d'obéissance s'y exerça avec une très sainte ponctualité, faisant l'admiration même de son directeur.
Bientôt, il fonda, de concert avec quelques saints prêtres, la congrégation des Théatins. Le premier des compagnons de saint Gaëtan fut Gian-Pietro (Jean-Pierre) Caraffa della Stadera, alors évêque de Théate (ou Chieti) dans le royaume de Naples, et archevêque de Brindes puis cardinal et pape sous le nom de Paul IV, un des grands pape de la lutte contre l'hérésie et auteur de la fameuse bulle Cum ex apostolatus. Le deuxième fut Paul Consiglieri, de la famille des Ghisleri, qui joignit toute sa vie une éminente sainteté à une sagesse et une prudence consommées. Le troisième fut Boniface de Colle, d'une ancienne maison de la ville d'Alexandrie dans le Milanais.
La confiance absolue en Dieu valait plus pour lui que tous les conseils de la prudence humaine, et nulle part la Providence ne le laissa manquer du nécessaire. Il convient de noter que jamais, et ce fut la volonté de notre saint, le service des pauvres et des malades ne fut séparés du combat contre l'hérésie ; l'un étant la source de charité de l'autre.
Voici les principales fins de ce saint institut :
1. donner un modèle aux clercs, qui vivaient à cette époque dans de graves désordres et avaient grand besoin de réforme ;
2. donner l'exemple d'une parfaite pauvreté ;
3. rétablir la propreté des églises et des autels et la majesté des saintes cérémonies, qui se faisaient alors sans révérences et donnaient lieu aux hérétiques de les décrier et de les faire passer pour des superstitions ;
4. animer les fidèles à la fréquentation des Sacrements qui étaient alors si peu en usage qu'un nombre scandaleux de Chrétiens ne se confessait et ne communiait qu'une fois l'an sans grand dessein d'un amendement sincère, et avec une nonchalance qui faisait gémir le peu de gens de bien qu'il restait ;
5. d'annoncer d'une manière savante et pieuse la parole de Dieu, que les prédicateurs d'alors mêlaient souvent à un langage profane et ridicule ;
6. de visiter les malades pour les disposer à recevoir les Sacrements et surtout fortifier les agonisants contre les tentations du démon et les assauts de la mort ;
7. accompagner les malfaiteurs au supplice, afin de leur faire éviter la rigueur des châtiments éternels ;
8. poursuivre partout les hérésies qui s'étaient renouvelées depuis quelques années par l'impiété de Luther et de quelques autres apostats d'Allemagne et d'ailleurs.
Le Saint était déjà âgé quand il tomba malade, à Naples ; il refusa un matelas et voulut mourir sur la cendre et le cilice ; il refusa aussi un médecin extraordinaire, disant :
" Je suis un pauvre religieux, qui ne vaut pas la peine d'être assisté."
Urbain VIII béatifia saint Gaëtan en 1629 et Clément X le canonisa en 1669.
Les Théatins reçurent de grands privilèges de la part de l'un de leur fondateur, le pape Paul IV. Ils donnèrent à l’Église un nombre conséquent de prélats aussi saints que savants, dont le fameux TRP Ventura de Raulica au XIXe siècle auteur entre autres de ce mot fameux ; " la plus grande ruse du diable est de faire croire qu'il n'existe pas ".
CULTE ET RELIQUES
Saint Gaëtan fut enterré au cimetière Saint-Paul à Naples. Il est devenu l'un des principaux patrons de cette ville où il est en grande dévotion. Sa statue est au côté de celle de saint Janvier sur toutes les portes de cette ville.
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