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20 mars. Saint Wulfran (ou Vulfran), archevêque de Sens, apôtre des Frisons, patron d'Abbeville. 720.
" Heureux celui qui a été trouvé sans tâche et qui n'a point courru après l'or."
Eccl. XXXI.

Saint Wulfran. Majus Chronicon Fontanellense. XIe.
Saint Wulfran était fils d'un officier du roi Dagobert ; il passa quelques années à la cour, mais il n'échoua point contre les écueils où la vertu des grands fait si souvent naufrage, et sut allier toujours les devoirs de son état avec la pratique des maximes de l'Évangile.
Élevé sur le siège archiépiscopal de Sens, il se livra tout entier aux oeuvres de son saint ministère. Après avoir gouverné son diocèse pendant deux ans et demi à peine, il se sentit intérieurement sollicité d'aller prêcher l'Évangile aux Frisons. Il s'embarqua avec plusieurs religieux décidés à courir tous les dangers de son apostolat. Les Frisons se livraient à des pratiques horribles et en particulier faisaient de cruels et monstrueux sacrifices humains.

Collégiale Saint-Vulfran à Abbeville. XVe, XVIIe.
Huchiers picards furent longtemps réputés pour la maîtrise de leur art.
Pendant la traversée, un fait miraculeux fit connaître le mérite de l'évêque missionnaire. Comme il disait la Messe sur le navire, celui qui faisait l'office de diacre laissa tomber la patène à la mer ; Wulfran lui commanda de mettre la main à l'endroit où la patène était tombée, et aussitôt elle remonta du fond des eaux jusque dans sa main, à l'admiration de tous.

Détail de la collégiale Saint-Vulfran à Abbeville.
A force de miracles, le courageux apôtre opéra chez les sauvages Frisons de nombreuses conversions. Wulfran, son oeuvre à peu près terminée, alla passer le reste de ses jours dans un monastère ; sa sainte mort arriva vers l'an 720. Saint Wulfran a toujours été très honoré en Picardie, et de nombreuses faveurs ont été obtenues de Dieu par son intercession.
RELIQUES
Ses reliques, après avoir été longtemps en Frise, furent transportées en 1058 dans l'église Notre-Dame d'Abbeville. A la demande de Louis XIII, on détacha deux ossement afin que la ville de Sens pût avoir une relique de son saint évêque.
mercredi, 20 mars 2024 | Lien permanent
21 mars. Saint Benoît, premier abbé du Mont-Cassin, patriarche des moines d'Occident. 543.
- Saint Benoît, premier abbé du Mont-Cassin, patriarche des moines d'Occident. 543.
Papes : Saint Simplice, Vigile. Empereurs : Zénon, Justinien.
" Les montagnes... Là-haut Dieu a pris sa demeure ; des églises se sont élevées. La foi s'emparant des montagnes en a fait des ostensoirs d'où rayonne le Saint-Sacrement. Si cela tombe, d'autres choses tomberont."
Parf. de Rome, chap. XXIII.

Saint Berthaire (que l'on fête au 23 octobre), très saint abbé du Mont-Cassin, et illustre martyr de Notre Seigneur Jésus-Christ, considérant le temps auquel saint Benoît vint au monde, fait remarquer que ce grand Saint y parut comme une lumière au milieu des ténèbres, ou comme un médecin envoyé de Dieu pour guérir les plaies de l'humanité à cette époque ; car alors il n'y avait point de roi ni de prince souverain sur la terre, qui ne fût athée, idolâtre, ou hérétique, tant le siècle était corrompu.
Il naquit vers l'an 480, an pays des Sablas, que l'on appelle aujourd'hui l'Ombrie ou le duché de Spolète, et dans la ville de Norcia ; quelques-uns unt écrit qu'il était, par son père Eutrope, de l'ancienne famille des Anicius, qui a donné à Rome un grand nombre de consuls et d'empereurs, et par sa mère Abondance, le dernier rejeton des seigneurs de Norcia. Saint Grégoire le Grand, pape de Rome, qui est le premier auteur de sa vie, assure que le nom de Benoît lui fut imposé pour marquer mystérieusement les bénédictions célestes dont il devait être comblé.

Saint Benoît. Eglise de Saint-Thurial. Diocèse de Rennes. Bretagne.
Il fit paraître dès son enfance de fortes inclinations pour la vertu ; et, dans un âge qui semble avoir la légèreté pour partage, il témoignait déjà une grande maturité dans ses actions, méprisant toutes les choses de la terre et ne respirant que celles du ciel. On l'envoya à 7 ans étudier à Rome, et il y fit en 7 autres années qu'il y demeura, un progrès notable : il donnait sujet d'espérer, s'il continuait ses études, qu'il deviendrait un des plus habiles hommes de son temps ; mais, craignant que le mauvais exemple d'une jeunesse débauchée dont cette ville était remplie, ne fît quelque impression sur son coeur, il résolut, à 14 ans, de s'en retirer secrètement : il aimait mieux demeurer moins savant et devenir plus vertueux, que de se rendre parfait dans les sciences humaines et devenir vicieux.
A la suite de cette résolution, il abandonna Rome et tout ce qu'il avait de parents et d'amis, et, par une sage folie et une savante ignorance, selon les termes de saint Grégoire, il alla chercher dans les déserts, et hors du commerce du monde, un genre de vie en laquelle il pût servir Dieu avec plus de ferveur et moins de péril. Sa nourrice, qui se nommait Cyrille, et qui l'aimait tendrement, le suivit : et ce fut à son occasion, qu'étant arrivé à un village appelé Afide, il fit le premier de ses miracles, dont la connaissance soit venue jusqu'à nous ; cette femme ayant cassé par hasard un vase de terre qu'elle avait emprunté à quelques pauvres gens de l'endroit, le Saint en rejoignit les morceaux, et le rétablit par sa prière au même état qu'il était auparavant ; en mémoire de ce miracle, les habitants l'attachèrent à la porte de leur église, où il est demeuré jusqu'à l'irruption des Lombards. On regarda bientôt Benoît comme un Saint dans tout le voisinage : ce lui fut un motif extrêmement puissant pour s'en retirer.

Saint Benoît réparant miraculeusement le vase de terre.
Il se déroba donc secrètement à ceux qui avaient été témoins du prodige, et à sa nourrice même, et s'en alla en un lieu distant de Rome de 40 milles, appelé Subiac, où il y avait des moines qui vivaient dans une très-sainte austérité.
Sainte Hildegarde assure, dans ses révélations, qu'il y fut conduit par deux anges, qui l'avaient aussi tiré de Rome.
Comme il gravissait une montagne pour trouver le lieu qu'il souhaitait, Dieu permit qu'il fût aperçu par un de ces solitaires, nommé Romain ; celui-ci admirant sa ferveur, offrit de l'assister et de coopérer à son pieux dessein en tout ce qui lui serait possible. Benoît ayant accepté cette offre, Romain lui donna premièrement un habit religieux, puis il le conduisit dans une caverne extrêmement secrète et presque inaccessible, que la nature avait taillée dans l'enfoncement d'un rocher, et que l'on appelle maintenant la Sainte Grotte. C'était en l'an 404.
Ce fut là que ce grand Saint, séparé de tous les hommes, commença cette terrible pénitence, dont la pensée est capable d'étonner les plus hardis. Romain l'y nourrit pendant 3 ans, lui descendant de temps en temps, dans une corbeille, un morceau de pain, qui faisait toute sa subsistance. Il ne rompait pas pour cela son silence, mais il l'appelait avec une sonnette attachée à la corde de la corbeille. L'ennemi commun des hommes, ne pouvant supporter ni l'austérité de l'un ni la charité de l'autre, cassa un jour cette sonnette. Mais sa malice ne les empêcha pas de continuer toujours leur saint commerce, jusqu'à ce nu'il plut à Dieu de découvrir au monde la sainteté de son serviteur, et de l'y faire paraitre pour le salut d'une infinité de personnes. Voici comment la chose arriva.
Un saint prêtre, curé, si l'on en croit la tradition, d'un bourg appelé Mente-Preclaro, distant de quatre milles de cette grotte, s'était fait apprêter à dîner pour le jour de Pâques ; Notre-Seigneur lui apparut en songe, et lui dit :
" Mon serviteur meurt de faim dans une caverne, et tu te prépares des mets délicieux."
A cette voix, il se lève, et prenant ce que l'on avait disposé pour sa table, il se met en chemin pour chercher le saint inconnu.
Il marcha longtemps entre les montagnes et les rochers sans savoir où il allait ni où il devait aller ; mais la main de Dieu le conduisant, il arriva enlin dans la grotte de Benoît. Il y trouva le Saint, se mit en prières avec lui, et, après l'oraison, il l'invita à prendre la nourriture que Notre-Seigneur lui envoyait, parce que c'était ce jour-là la fête de sa Résurrection, en laquelle l'Eglise a coutume de rompre le jeûne. Saint Benoît connaissant que Dieu l'avait envoyé, hésita, puis vu l'insistance, acquiesça à sa prière : ils mangèrent ensemble de ce qu'il avait apporté, et après un entretien plein de lumière et d'onction, sur les moyens de plaire à Dieu et d'arriver à la perfection, ils se séparèrent, le prêtre retournant à son église et le Saint demeurant dans sa grotte, plein de reconnaissance envers son divin bienfaiteur.

Le repas de saint Benoît et du curé de Monte. Anonyme flamand. XVIe.
De si heureux commencements ayant jeté la terreur dans l'esprit de Satan, il résolut d'étouffer dans son berceau cette sainteté naissante. Pour en venir à bout, il prit la figure d'un merle, et, sous cette figure, il vint voltiger autour de lui, et il en approcha même de si près, que le saint jeune homme l'eût aisément pris de la main ; mais comme ce brave soldat de Jésus-Christ était déjà bien expérimenté dans la milice spirituelle, se doutant de ce que c'était, il forma sur lui le Signe de la Croix ce qui fit aussitôt évanouir ce prestige.
Cependant il sentit au même instant une si furieuse tentation de la chair, qu'il était sur le point d'y succomber, et que, dans le trouble où il était, il commençait presque à délibérer s'il ne laisserait point sa solitude.
Mais il lutta contre cette tentation, et se dépouilla et se jeta nu dans un champ d'épines et de ronces, au milieu desquelles il se roula si longtemps, que, par une infinité d'écorchures et de plaies, il fit sertir le sang de tous les endroits de son corps ; ainsi, par la douleur sensible et par ces ruisseaux de sang, il éteignit l'ardeur que la concupiscence avait allumée dans ses membres.
La victoire de notre Saint fut si parfaite, qu'il fut doué, à partir de ce joûr, d'une pureté angélique, et que le démon n'eut plus le pouvoir de le tenter sur cette matière.

Après ce triomphe, Il devint de soldat capitaine, et de novice grand maître en l'école de la vertu. En effet, il commença dès lors à en faire leçon, suit de vive voix, soit par ses exemples, à plusieurs qui se vinrent ranger sous sa discipline. L'abbé d'un monastère voisin étant décédé, les religieux jetèrent aussitôt les yeux sur lui et l'élurent en sa place ; mais comme ils étaient tombés dans un grand relâchement et qu'ils ne pouvaient supporter la force de ses remontrances, ils se repentirent bientôt de leur choix, et allèrent jusqu'à cet excès de fureur de conspirer ensemble sa mort et de mettre du poison dans un verre qu'ils lui présentèrent. Ils ne purent néanmoins lui nuire, parce que Dieu, qui révèle quand il lui plait les pensées les plus secrètes des hommes, fit connaître à son serviteur le péril où il était, domme si une pierre fût tombée dedans. La conspiration étant ainsi découverte, le Saint leur dit sans se troubler :
" Que Dieu vous pardonne, mes frères ! Ne vous avais-je pas bien dit que vos moeurs ne s'accordaient nullement avec les miennes ? Cherchez un autre abbé qui vous gouverne à votre guise ; pour moi, je ne demeurerai pas davantage avec vous."
Saint Benoît laissa donc ce lieu où il ne produisait aucun fruit, et se retira dans sa première solitude ; n'ayant plus que le corps sur la terre, il menait une vie plus angélique qu'humaine, s'absorbant dans la contemplation des perfections divines, et s'étudiant à en former dans lui-même une image et une vive ressemblance.
Mais la charité qui consumait son coeur ne pouvant cacher ses flammes, plusieurs personnes, désireuses de l'imiter, vinrent en ce désert ; bientôt, au lieu d'un monastère qu'il avait laissé, il en fonda 12 ; dans chacun il mit d'abord 12 religieux avec un supérieur pour les conduire. Et, pour lui, comme le surintendant de tous, il veillait sur eux et allait de l'un à l'autre pour les assister dans leurs besoins. Ces monastères étaient dans la province de Valeria, peu éloignés les uns des autres. Celui de Sainte Scolastique, où le Saint faisait sa résidence, et celui de la Sainte-Grotte sont les seuls qui subsistent aujourd'hui ; il n'y a plus à la place des autres que des ruines et quelques cellules.
Il ne fut pas seulement recherché de ceux qui voulaient quitter le monde et s'enrôler sous la bannière de la croix, il le fut aussi de plusieurs seigneurs, qui, par une estime singulière pour sa personne, lui amenèrent leurs enfants, afin qu'il les format de sa main à la pratique de la vertu, et qu'ils apprissent les sciences humaines sous les maîtres qu'il leur donnerait : Equice lui amena son fils Maur, âgé de 12 ans, et Tertulle, Patrice, lui amena son fils Placide, âgé seulement de 7 ans. Saint Grégoire a déjà parlé, dans la vie de saint Maur, du miracle insigne que le saint Abbé lui fit faire, pour retirer le petit Placide d'un lac où il allait se noyer ; saint Maur marcha sur les eaux à pied sec et comme sur la terre ferme. Saint Grégoire en marque encore d'autres qui ont précédé sa sortie de la solitude de Subiac.
Dans l'un de ses monastères, il y avait un religieux qui ne pouvait demeurer à l'oraison ; mais aussitôt que les frères se prosternaient pour la faire, il sortait de l'oratoire pour donner une entière liberté à ses pensées. Le supérieur lui en fit souvent la correction ; mais comme c'était sans succès, il le mena à saint Benoît, afin que l'autorité d'un si grand homme gagnât sur lui ce que ses remontrances ne pouvaient obtenir. Ce pauvre Frère promit bien d'être plus fervent à l'avenir ; mais sa résolution ne dura que 2 jours, de sorte que le supérieur fut obligé de donner avis au Saint que le scandale continuait.
Il vint lui-même y apporter remède et amena saint Maur en sa compagnie ; s'étant mis en oraison avec les frères, il vit un enfant noir qui tirait le religieux par la robe :
" Apercevez-vous, dit-il au supérieur et à saint Maur, celui qui débauche ce Frère ?"
Ils répondirent que non.
" Prions donc Notre-Seigneur, ajouta-t-il, qu'il vous découvre ce secret."
Au bout de deux jours, saint Maur le vit, et saint Benoît ayant suivi ce vagabond, qui était sorti, selon sa coutume, il prit une baguette et en frappa le coupable ; ce qui le délivra entièrement de cette tentation du démon.

Entre les 12 maisons qu'il avait fait bâtir, il y en avait 3 sur les rochers qui n'avaient point d'eau. Les religieux, qui avaient une peine extrême pour en venir chercher en bas dans le lac, parce que la descente était difficile et dangereuse, le prièrent d'y pourvoir ou de changer leur demeure ; il leur promit de les contenter, et, ayant fait une prière fervente, il fit sourdre du roc une fontaine dont les eaux coulent encore, abondamment jusque dans la plaine.
Un de ses novices, Goth de nation, travaillant auprès du lac, pour en défricher les bords, donna un si grand coup dans le bois, que le fer de son instrument, se détachant du manche, sauta dans l'eau sans qu'il y eût moyen de l'en retirer. Le Saint y vint, prit le manche de la main de son novice, le mit dans le lac, et aussitôt le fer remonta de lui-même, et, nageant sur l'eau, vint se remettre dans son manche, Le Saint rendit l'instrument au novice, et l'ayant consolé, lui commanda de continuer son travail.
Ces prodiges et une infinité d'autres faisaient voler de tous côtés la réputation de ce nouvel Elisée ; mais le démon, qu'un si heureux progrès mettait dans une rage extrême, entreprit de troubler son repos par le moyen d'un envieux. C'était un ecclésiastique, nommé Florent, qui demeurait auprès du principal des 12 monastères : de celui où saint Benoît faisait ordinairement sa résidence. Cet homme, véritablement indigne de son Ordre et de son caractère, attaqua premièrement le Saint par des médisances secrètes :
" Il n'était pas si saint qu'il se faisait ; ce n'était en réalité qu'un hypocrite et un fourbe, qui, sous de belles apparences de vertu, machinait quelque mauvais dessein."
jeudi, 21 mars 2024 | Lien permanent
22 mars. Sainte Catherine de Suède, reine et veuve. 1381.
Sainte Catherine eut pour père un prince de Suède et pour mère sainte Brigitte, cette femme si célèbre par ses Révélations. La fille devait être l'émule, sinon l'égale de sa mère, par ses vertus comme par les lumières qu'elle reçut du Ciel. On vit Catherine, encore au berceau, repousser une nourrice de vie coupable et ne point vouloir de son lait. Le démon la poursuivit dès sa plus tendre enfance, prenant la forme d'un taureau pour l'épouvanter et s'acharnant contre son petit corps frêle et délicat.
Lorsque Catherine, après la sainte éducation qu'elle reçut dans un monastère, fut en âge de se marier, son père lui donna de force un noble et vertueux époux qu'elle eut le bonheur de faire consentir à garder avec elle le voeu de virginité parfaite.
Cependant Brigitte, après la mort de son mari, était allée demeurer à Rome, qu'une inspiration divine lui avait montrée comme un lieu spécialement propre à sa sanctification. Catherine eut bientôt le désir de rejoindre sa mère et obtint cette grâce de son époux, qui, du reste, mourut pieusement quelques temps après.

Sainte Catherine de Suède.
Dans la Ville éternelle, on pouvait voir la mère et la fille visiter avec ferveur les églises et les tombeaux des martyrs et s'adonner ensemble à tous les exercices de la mortification et de la piété. Catherine sut résister aux obsessions de plusieurs seigneurs romains qui la recherchaient en mariage, et Dieu la défendit parfois d'une manière merveilleuse.
Sa joie était de paraître vile aux yeux des hommes ; quatre heures par jour à genoux sans interruption, elle contemplait les souffrances du Sauveur; elle flagellait cruellement son corps pour devenir plus semblable à son divin modèle ; soigner les malades et panser leurs plaies hideuses dans les hôpitaux, était sa plus douce satisfaction ; la terre nue et quelques pierres formaient la couche de sa mère, elle s'en approchait pendant la nuit et la faisait reposer doucement sur sa poitrine.

Sainte Catherine de Suède. Malning. XVe.
Un jour vint où elle fut privée de la compagnie de sa mère chérie ; elle fit transporter en Suède les restes mortels de cette sainte femme, qui y furent reçus en triomphe ; elle-même se fixa dans un monastère de sa patrie, où sa vertu s'épura dans le sacrifice: sa vie dès lors ne fut qu'une longue suite de douleurs corporelles. C'est dans un transport d'amour que son âme s'envola vers le Ciel. Depuis le moment de sa mort jusqu'à sa sépulture, une étoile brilla jour et nuit sur le monastère.
vendredi, 22 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
5 janvier. La Vigile de l'Epiphanie.
- La Vigile de l'Epiphanie.

Adoration des bergers. Andrea Mantegna. XVIe.
La fête de Noël est terminée ; les quatre Octaves ont achevé leur cours ; et nous voici en présence de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur. Une seule journée nous reste pour nous préparer à la Manifestation pleine de mystère que nous doit faire de sa gloire celui qui est l'Ange du grand Conseil. Encore quelques heures, et l'étoile se sera arrêtée, et les Mages frapperont à la porte de la maison de Bethléhem.
Cette Vigile n'est pas, comme celle de Noël, un jour de pénitence. L'Enfant que nous attendions alors, dans la componction et dans l'ardeur de nos désirs, est venu ; il reste avec nous et nous prépare de nouvelles faveurs. Ce jour d'attente d'une nouvelle solennité est un jour de joie comme ceux qui l'ont précédé. Cette Vigile ne sera donc point marquée par le jeûne ; et la sainte Eglise n'y revêtira point ses habits de deuil. Aujourd'hui, elle se pare de la couleur blanche, comme elle le fera demain. Ce jour est le douzième de la Naissance de l'Emmanuel.
Célébrons donc cette Vigile dans l'allégresse de nos cœurs, et préparons nos âmes aux nouvelles faveurs qui leur sont réservées.

Adoration des bergers. Anonyme flamand. XVIe.
L'Eglise Grecque observe le jeûne aujourd'hui, en mémoire de la préparation au Baptême qui s'administrait autrefois, principalement en Orient, dans la nuit qui précédait le saint jour de l'Epiphanie. Elle bénit encore les eaux avec une grande solennité en cette fête ; nous parlerons avec détail de cette cérémonie dont les vestiges ne sont pas encore entièrement effacés dans l'Occident.
La sainte Eglise Romaine fait mémoire en ce jour d'un de ses Papes Martyrs, saint Télesphore. Ce Pontife monta sur le Siège Apostolique l'an 127 ; et parmi les décrets qu'il rendit, on remarque celui par lequel il établissait l'usage de célébrer la Messe durant la nuit de Noël, pour honorer l'heure delà Naissance du Christ, et un autre dans lequel il décrète que l'Hymne Angélique Gloria in excelsis Deo serait chantée ordinairement au commencement du saint Sacrifice. Cette piété du saint Pape envers le grand mystère que nous célébrons en ces jours, rend sa mémoire plus vénérable encore à l'époque de l'année où elle tombe. Télesphore souffrit un glorieux martyre, selon l'expression de saint Irénée, et fut couronné de la gloire céleste, l'an 138.

Adoration des bergers. Jacopo Negretti. Début du XVIe.
A LA MESSE
La Messe de la Vigile de l'Epiphanie est la même que celle du Dimanche dans l'Octave de Noël, sauf la commémoration de saint Télesphore et l'Evangile.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.

Adoration des bergers. Luca Signorelli. XVIe.
" En ce temps-là, Hérode étant mort, voici que l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, lui disant : " Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et va dans la terre d'Israël " ; car ils sont morts, ceux qui poursuivaient la vie de l'Enfant. Joseph, s'étant levé, prit l'Enfant et sa Mère, et vint dans la terre d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode son père , il craignit d'y aller ; et averti en songe, il se retira dans la Galilée. Et il vint habiter dans la ville qui est appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen."
IN CHRISTI NATIVITATE
Pour couronnement des pièces liturgiques qui nous ont aidé si suavement à pénétrer le mystère de Noël, nous avons réservé les strophes suivantes. Nulles autres ne pouvaient mieux convenir à ce jour qui prépare l'introduction des Mages près de la Crèche. Elles sont tirées du poème que le prince des mélodes de l'Eglise Grecque, saint Romanus, consacra, comme prémices de son génie, à la Vierge Mère. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte même, remis dans nos temps en honneur par un illustre prince de l'Eglise (Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, I.), et dont aucune traduction ne saurait rendre l'incomparable harmonie.
La Vierge aujourd'hui met au monde Celui qui dépasse la nature ; la terre donne une grotte pour gîte à l'inaccessible. Les Anges avec les bergers font assaut de louanges ; les Mages sont en route à la suite de l'étoile. Car pour nous voici qu'est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

Adoration des bergers. Francesco de Rossi. XVIe.
Voici qu'en Bethléhem Eden est ouvert ; venez donc, et voyons : quel mets suave est là caché pour nous ! Venez : dans cette grotte, abreuvons-nous des délices du paradis. Là fleurit, sans être arrosée, la tige qui produit la grâce. Là est le puits qu'aucune main n'a creusé , et dont David un jour eût voulu boire. Ici tout d'un coup, grâce à la Vierge qui enfante, d'Adam et de David la soif est apaisée. Donc hâtons-nous d'aller où vient de naître, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Le père de la mère a voulu être son fils ; le sauveur des enfants gît enfant dans une crèche. Fixant ses yeux sur lui, celle qui l'enfante a dit :
" Qu'est-ce cela, Ô mon fils ! En quelle manière as-tu pris germe en moi ? En quelle manière as-tu trouvé en moi vie et croissance ? Je te vois, Ô fruit de mes entrailles, et suis dans la stupeur ; mon sein s'emplit de lait, et je n'ai point connu d'homme. Et tandis que je t'admire en ces langes, je contemple la fleur de ma virginité toujours sauve, Ô toi qui l'as gardée, en daignant naître, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Roi très-haut, qui t'attire au milieu des mendiants ? Créateur des cieux, pourquoi viens-tu chez les habitants de la terre ? Une grotte fait tes délices, une crèche est ton amour ! Voici bien que pour ta servante il n'y a point de place dans l'hôtellerie ; et non seulement pas de place : pas de grotte même, car celle-ci est à d'autres. Pourtant à Sara, quand elle eut un fils, beaucoup de terre fut donnée : à moi, pas une tanière ; pour tout j'ai cet antre où tu as voulu habiter, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles."

Adoration des bergers. Lorenzo d'Andrea d'Oderigo. XVIe.
Tandis qu'elle formule ces pensées dans son cœur et s'adresse suppliante à Celui qui connaît les mystères, elle apprend que les Mages sont là, cherchant le nouveau-né. Venant à eux :
" Qui êtes-vous ?" dit la Vierge.
Ceux-ci lui répondent :
" Bien plutôt, quelle est ta naissance, Ô toi qui as mis au monde un tel enfant ? De quel père, de quelle mère es-tu descendue, toi qui nourris un fils dont tu es la mère sans qu'il ait eu de père ? A la vue de son étoile, nous avons prononcé de concert qu'elle annonçait, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Balaam en effet nous avait avec soin préparés à comprendre les oracles dont il fut le prophète, lorsqu'il prédit le lever d'une étoile : étoile éteignant toutes divinations et présages ; étoile résolvant les paraboles des sages, leurs énigmes et sentences ; étoile dont la lumière l'emporte d'autant mieux sur le soleil qui nous éclaire, qu'elle-même a créé tous les astres ; par elle il était annonce que de Jacob sortirait comme la lumière, l’enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles."
Ayant entendu si merveilleux discours , Marie prosternée adora l'enfant né de ses entrailles, et dit en pleurs :
" Grandes pour moi, Ô mon fils, grandes sont toutes les choses que vous avez faites avec mon indigence. Car voici que dehors se tiennent les Mages, et ils vous cherchent ; les rois des nations de l'Orient désirent votre visage ; le contempler est la prière des riches de votre peuple. Ce peuple n'est-il pas vôtre, en effet, pour qui vous êtes né, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles ?
Puis donc qu'ils sont vôtres, Ô mon fils, ordonnez qu'ils entrent sous votre toit, pour voir cette opulente pauvreté, cette noble indigence ; car je vous ai pour richesses et pour gloire, aussi n'ai-je point à rougir, en vous sont la grâce et la vérité ; et maintenant permettez qu'ils viennent en cet abri : comment m'inquiéterais-je de ma misère, vous possédant, vous le trésor que viennent contempler les princes, l'objet de l'étude des rois et des Mages cherchant où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles ?"

Adoration des bergers. Jacob Jordaens. Début du XVIIe.
Jésus le Christ et notre vrai Dieu se fit entendre intérieurement au cœur de sa mère, et lui dit :
" Introduis ceux qu'amène ma parole ; car cette parole est la lumière de ceux qui me cherchent, étoile aux yeux, force pour l'âme intelligente. C'est elle qui, comme mon serviteur, a conduit les Mages, et maintenant elle s'est arrêtée pour remplir son office et désigner par ses rayons l'endroit où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Maintenant donc reçois-les, ô toute belle, reçois ceux qui m'ont reçu ; car je suis en eux, comme je suis dans tes bras, et, en les accompagnant, je ne t'ai point quittée."
Elle donc ouvre la porte et reçoit l'assemblée des Mages ; elle ouvre, celle qui est la porte fermée à tous, que seul le Christ a traversée ; elle ouvre, celle qui fut toujours close, celle qui jamais rien ne perdit des trésors de la virginité ; elle ouvre, celle par qui fut donnée au monde, porte des cieux, l'enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Les dernières paroles de notre Avent étaient celles de l'Epouse, dans la prophétie du Disciple bien-aimé :
" Venez, Seigneur Jésus ! Venez !"
Nous terminerons cette première partie du Temps de Noël par ces paroles d'Isaïe que la sainte Eglise a répétées avec triomphe :
" Un petit Enfant nous est né! Les cieux ont envoyé leur rosée, le juste est descendu du ciel, la terre a enfanté son Sauveur, LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, la Vierge a produit son doux fruit, Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Le Soleil de justice brille maintenant sur nous, les ténèbres sont passées ; au ciel, Gloire à Dieu ! Sur la terre, Paix aux hommes !"

Adoration des bergers. Jusepe de Ribeira. XVIIe.
" Tous ces biens nous sont venus par l'humble et glorieuse Naissance de cet Enfant. Adorons-le dans son berceau, aimons-le pour tant d'amour ; et préparons les présents que nous irons demain lui offrir avec les Mages. L'allégresse de la sainte Eglise continue, la nature angélique est dans l'étonnement, toute la création tressaille de bonheur : Un petit Enfant nous est né !"
vendredi, 05 janvier 2024 | Lien permanent
12 mars. Saint Grégoire le Grand, pape, docteur de l'Eglise. 604.
- Saint Grégoire le Grand, pape, docteur de l'Eglise. 604.
Papes : Pélage II (prédécesseur, 590+) ; Sabinien (successeur). Empereurs d'Orient : Justinien Ier, Phocas.
" Il a principalement exceller en trois choses : à prier, à lire et à méditer."
Bx. Jacques de Voragine. Serm. II, de S. Gregor.
" Pour juger du mérite d'un pasteur, il faut considérer par quelle voie il est parvenu à la suprême dignité, de quelle manière il y a vécu, comment il y a enseigné, et s'il y est entré bien avant dans la connaissance de ses infirmités."
Saint Grégoire le Grand, Pastoral.
La taille de certaines des notices mises en ligne sur Hodie est importante. Dans nos temps si difficiles, si tragiques, où tout au plan naturel est organisé pour la damanation du plus grand nombre d'âmes possible, nous savons que la vie des Chrétiens n'est pas moins sollicitée que celle des pauvres gens qui ne le sont pas ou plus. Ce parti pris sera maintenu car si nous devons accorder chaque jour un peu de temps à Notre Père des cieux et à ses saints, autant que ce temps soit nourri aussi solidement que possible. Le lecteur ne saurait nous tenir rigueur de la longueur de telle ou telle notice ; celle du très grand pape saint Grégoire le Grand nous donnant l'occasion de cette précision.
Saint Grégoire naquit à Rome, un peu avant 540. De la famille sénatoriale des Anicii, il comptait le pape saint Félix III (que l’on fête au 1er mars) parmi ses ancêtres. Son père, nommé Gordien, était sénateur et semble avoir été chargé d'administrer au point de vue civil l'une des 7 régions de Rome. Sa mère, nommée Sylvie, sanctifia ses dernières années dans la retraite près du portique de la basilique de Saint-Paul.
Selon saint Paul-Diacre, saint Grégoire suivit les cours de l'université de Rome et y fit de grands progrès dans les lettres, la rhétorique et la dialectique. Mais les influences de la maison paternelle contribuèrent surtout à développer en lui les sentiments religieux, il aimait surtout à méditer les Livres saints.
Vers 573, après avoir fait ses preuves dans quelque emploi subalterne, il était devenu préfet de la ville de Rome. Les temps étaient difficiles, Grégoire comprit vite qu'il n'était pas fait pour une telle charge : il se décida à tout quitter pour se donner entièrement à Dieu. La mort de son père le rendait l'un des riches propriétaires de Rome. Il consacra la plus grande partie de ses richesses à doter des monastères, six en Sicile et en plus celui qu'il établit dans la demeure de son père, au Cliuus Scauri sur le mont Coelius, près de la basilique des Saint-Jean-et-Saint-Paul, sous le vocable de l'Apôtre saint André. Dans cette demeure il s'enferma pour s'y former à la vie régulière, uniquement pour obéir et non pour gouverner. Comme il l'a écrit lui-même, un saint religieux nommé Valentio était à la tête de ce monastère.

Messe de saint Grégoire le Grand. Heures à l'usage d'Autun. XIVe.
La règle bénédictine y était-elle en vigueur ? C'est une question qui est restée pendante, bien que l'affirmative paraisse prévaloir. Grégoire a dit seulement que ses années dans cette maison furent des années de joie parfaite ; il s'y considérait comme ayant abordé au port et sauvé du naufrage. Son débile estomac s'accommodait mal du jeûne, ce qui lui causait un réel chagrin, mais cette infirmité devait durer autant que sa vie.
Il ne devait pas rester dans cette retraite où se plaisait son âme contemplative. Le pape Pélage II (579-590), au début même de son pontificat, décida d'attacher Grégoire à son service. Il l'ordonna diacre, non pas pour le service des régions ecclésiastiques de Rome, mais pour l'envoyer comme apocrisiaire (apocrisiaire désigne un ambassadeur, un messager ou un représentant ecclésiastique du souverain Pontife. Il s'agissait, en l’occurrence, d'intéresser à la cause de l'Occident l'empereur Tibère II qui paraissait s'en soucier assez peu et ne pouvait guère y être amené par le patriarche Eutychios).
Saint Grégoire avait amené quelques moines de Saint-André avec lesquels il put reprendre les pratiques de la vie monastique. Les conférences qu'il leur donna formèrent comme le noyau du grand traité qui a pour titre " Les morales ". Saint Grégoire a raconté dans cet ouvrage (XIV, 72-74.) la discussion qu'il eut avec Eutychios au sujet de la condition des corps ressuscités. Selon le patriarche, notre corps était subtil par l'efficacité d'un pouvoir spirituel et palpable en vertu de sa nature. Grégoire lui opposa les paroles de Jésus-Christ après sa résurrection (Luc., XXIV, 39.) :
" Voyez mes mains et mes pieds ; un esprit n'a pas chair et os comme vous voyez que j'ai."
Tibère intervint, se fit exposer le sujet du désaccord, pesa les allégations et jugea que la vérité était du côté de Grégoire. Eutychios ne se rendit qu'avec peine ; cependant sur son lit de mort, il se rétracta.

Le saint apocrisiaire fut témoin de la mort de Tibère II et de l'avènement de Maurice en 582. Deux ans plus tard, il consentit à tenir sur les fonts du baptême le fils du nouvel empereur auquel fut donné le nom de Théodose. Il ne put cependant obtenir pour l'Italie tous les secours qu'il aurait souhaités. Le Séjour à la cour impériale lui fournit l'occasion de contracter de saintes amitiés ; la plus remarquable fut celle qui s'établit entre lui et saint Léandre, archevêque de Séville (fêté au 27 février). Ce dernier était venu à Constantinople plaider la cause d'Herménégilde qui voulait s'assurer l'appui des Byzantins. Cette rencontre explique la dédicace que Grégoire fit à Léandre de ses " Morales sur Job ".
La mission à Constantinople était devenue de plus en plus délicate pour Grégoire ; Rome insistait pour lui faire tenter l'impossible en vue d'obtenir des troupes pour l'Italie ; l'empereur le considérait comme un importun dont les demandes répétées lui étaient à charge. Ce fut probablement au printemps de 586 que l'archidiacre Laurent fut envoyé à Constantinople pour remplacer Grégoire. Celui-ci put rentrer à Rome ; il y rapportait, dit-on, un bras de saint André et la tête de saint Luc, don de l'empereur à son monastère de Saint-André au mont Coelius. Pour un temps, Grégoire espérait pouvoir goûter dans ce séjour les douceurs du repos et de la solitude. Peu après son retour, il y fut nommé abbé en remplacement de Maximien, qui sans doute démissionna en sa faveur.
L'abbatiat de Grégoire fut marqué par de nouvelles austérités et une rigueur dans l'observance de la discipline monastique. Le fait suivant en fournira une preuve (Dialogues, 1. IV, c. 55.). Il y avait au monastère de Saint-André un moine nommé Justus ; fort habile médecin, il avait maintes fois soigné Grégoire lui-même au cours de ses fréquentes indispositions. Ce moine avait un frère nommé Capiosus. Tombé dangereusement malade, Justus avoua à Copiosus qu'il détenait trois pièces de monnaie cachées dans un tiroir de sa cellule. Grégoire informé de cette infraction à la règle de la pauvreté, en éprouva une sainte horreur.
Il voulut faire un exemple et envoya dire au prieur nommé Pretiosus :
" Veillez à ce qu'aucun des frères ne visite Justus sur son lit de mort ; que personne ne lui porte une parole d'encouragement. Lorsque son heure dernière arrivera, et qu'il demandera la présence des frères, Copiosus lui dira :
" Tous les frères vous détestent à cause de l'argent que vous avez caché."
Qu'ainsi du moins, au dernier moment, il ait regret de sa faute et que sa douleur le purifie de son péché. Quand il sera mort, on n'enterrera pas son corps à côté de celui des autres frères ; on lui creusera une fosse dans quelque cloaque, on y jettera son corps avec les 3 pièces de monnaie en disant :
" Que ton argent périsse avec toi !"
Après quoi, on couvrira de terre sa dépouille."
La sentence de Grégoire fut exécutée. Justus eut une pénible agonie ; il mourut et fut enterré de la manière prescrite. Tous les bons moines en furent remplis de terreur, et jetèrent hors de leurs cellules même les objets sans valeur que la règle autorisait. Trois jours après la mort de Justus, l'abbé radouci, manda le prieur Pretiosus et lui dit :
" Voici quelque temps que notre frère mort est dans les tourments, nous devons maintenant lui montrer quelque charité et essayer de lui procurer quelque soulagement. Allez donc et pendant les trente jours qui vont suivre, offrez pour lui le saint Sacrifice ; qu'il ne se passe aucun jour durant cet intervalle sans que la divine victime soit offerte pour sa délivrance."

Conversion du père de st Grégoire. Manuscrit grec du IXe siècle.
Le prieur exécuta cet ordre comme le précédent, et Grégoire, au milieu d'autres soucis, oublia cette affaire. Une nuit cependant, l'âme de Justus apparut à son frère Copiosus et lui dit :
" Jusqu'à ce jour, j'ai été dans la peine, maintenant je suis bien, car aujourd'hui, j'ai reçu la communion."
Copiosus tout joyeux, alla aussitôt trouver Grégoire et lui rapporta ce qu'il venait de voir et d'entendre. Constatation faite, on trouva que la vision avait eu lieu le trentième jour où la messe était dite pour le repos de l'âme de Justus. Grégoire en conclut que cette oblation avait délivré de ses peines l'âme du moine défunt.
Sous la conduite de son abbé, le monastère de Saint-André fut une véritable école de sainteté. Parmi ceux qui se sanctifièrent dans ses murs et l'illustrèrent dans la suite, on peut citer Maximien dont nous avons déjà parlé ; Marinien, qui devint archevêque de Ravenne ; Sabinus, le futur évêque de Gallipoli ; Augustin, le futur apôtre de l'Angleterre ; les frères Antoine et Jean, mentionnés dans les Dialogues (1. IV, c. 47.). A l'abbatiat de Grégoire on rattache la publication des " Morales sur Job ", qu'il dédia à Léandre, puis l'incident connu des jeunes esclaves anglo-saxons rencontrés sur le marché de Rome. Rentré dans son monastère après cette rencontre, Grégoire prit la résolution de conduire lui-même dans cette contrée inconnue des missionnaires pour l'évangéliser. Pélage II, après avoir refusé d'abord de sanctionner ce projet, y avait consenti, et un matin dans le plus grand secret, Grégoire accompagné de quelques moines, s'échappait de Rome et se dirigeait vers le Nord. Mais après trois jours de marche, des messagers arrivaient de Rome, atteignaient les fugitifs et signifiaient à Grégoire de la part du pape qu'il devait revenir sans délai. Le peuple se soulevait et réclamait le retour de l'archidiacre. Grégoire rentra dans Rome, mais sans abandonner le projet que nous le verrons exécuter plus tard.

Messe de saint Grégoire le Grand. Missel à l'usage d'Auxerre. XIVe.
Durant les années qui suivirent, Grégoire servit de secrétaire au pape Pélage. L'inondation dévasta Rome en 589 et 590 ; elle amena la peste dont le pape fut une des premières victimes. Le clergé, le sénat et le peuple tombèrent d'accord pour élever Grégoire sur le trône pontifical. Effrayé d'une pareille charge celui-ci résista de tout son pouvoir, écrivit même à l'empereur Maurice pour lui demander de ne pas confirmer l'élection. Le préfet de Rome intercepta la lettre et y substitua un rapport officiel sur l'élection du nouveau pontife. En attendant la réponse, Grégoire dut prendre l'administration du siège vacant.
Comme la peste continuait ses ravages, il invita les fidèles de la cité à fléchir la colère divine par un grand acte de pénitence. Il monta à l'ambon de la basilique de Saint-Jean-de-Latran :
" Frères bien-aimés, la mort frappe à coups redoublés... Nous à qui elle laisse encore le temps de pleurer, livrons-nous à la pénitence."
Puis, il traça l'ordre et la manière dont devait se faire la solennelle supplication :
" Le clergé partira de l'église des Saints-Martyrs-Côme-et-Damien, avec les prêtres de la sixième région ; les abbés et les moines partiront de l'église des Saint-Gervais-&-Saint-Protais avec les prêtres de la quatrième région ; les abbesses et leurs communautés partiront de l'église des Saints-Pierre-et-Marcellin avec les prêtres de la première région ; les enfants réunis dans l'église des Saints-Jean-et-Paul en sortiront avec les prêtres de la deuxième région ; les laïques assemblés dans l'église de Saint-Étienne, premier martyr, en sortiront avec les prêtres de la septième région ; les veuves partiront de l'église de Sainte-Euphémie avec les prêtres de la cinquième région ; enfin les femmes mariées partiront de l'église de Saint-Clément avec les prêtres de la troisième région."

Sacramentaire de Marmoutier à l'usage d'Autun. IXe.
Tel est l'ordre de ce qu'on a appelé la Litanie septiforme, d'après Grégoire de Tours, (Hist. Franc., X, 1.).
" De chacune de ces églises, nous sortirons en récitant des prières et en versant des larmes ; nous nous rejoindrons tous à la basilique de la Sainte-Vierge-Marie, et nous continuerons là nos prières et nos supplications."
A cette procession, on a rattaché le fait de l'apparition d'un Ange au-dessus du môle d'Adrien : cet Ange remettait une épée dans le fourreau et l'acte fut interprété comme l'indication de la cessation de la peste. Le détail a été consigné dans les récits du Xe siècle, et, depuis cette époque, on plaça un ange au-dessus du môle qui reçut le nom de château Saint-Ange. A une date ultérieure, on a raconté qu'une voix fut entendue chantant l'antienne Regina coeli laetare, et à cette occasion Grégoire prononça l'invocation Ora pro nobis Deum, qui depuis ce temps a terminé ladite antienne.

Saint Grégoire dictant à ses scribes.
Vers la fin d'août 590, arriva enfin de Constantinople la confirmation de l'élection de Grégoire par l'empereur Maurice. Le nouvel élu chercha à se dérober par la fuite, et 3 jours durant resta caché dans une grotte. A la fin, une colonne de lumière manifesta sa présence dans cette caverne; on l'en tira de force pour le conduire à la basilique de Saint-Pierre où il fut intronisé (3 septembre).
Le gouvernement de l'Église de Rome avait été rendu difficile par les hérésies des deux siècles précédents ; ces hérésies désolaient encore l'Orient ; le schisme, conséquence de la querelle des Trois-Chapitres, existait encore en Istrie et en Gaule ; en Afrique les donatistes s'élevaient de nouveau contre les catholiques ; l'Espagne venait à peine de sortir de l'arianisme ; en Gaule dominaient encore les barbares et en Italie les féroces Lombards. Le clergé se démoralisait ; les moines se relâchaient.
Saint Grégoire lui-même a fait un tableau assez sombre de la situation. Aux congratulations qui lui arrivaient, il répondait par des lamentations du genre de celle-ci :
" Avec la charge d'évêque, me voilà lié de nouveau au monde plus étroitement que je n'étais comme laïque. J'ai perdu la joie profonde de mon repos ; extérieurement c'est une élévation ; intérieurement, c'est une chute... Ballotté par les vagues des affaires, la tempête gronde au-dessus de ma tête, et je puis dire avec le psalmiste :
" Je suis plongé dans l'abîme des eaux et les vagues passent au-dessus de ma tête. Lorsque j'ai rempli ma tâche journalière, j'essaie de rentrer en moi-même et je ne le puis; des peines tumultueuses et vaines me ressaisissent."

Saint Grégoire le Grand dictant la musique d'un chant.
mardi, 12 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
17 mars. Saint Patrick, apôtre de l'Irlande. 464.
- Saint Patrick, apôtre de l'Irlande. 464.
Papes : Saint Damase, saint Célestin Ier, saint Léon le Grand, saint Hilaire. Rois d'Irlande : Lóegaire Mac Neill ; Oilioll Molt Mac Dathí.
" J'enverrai les héraut de ma parole en Grèce, en Italie et jusque dans les îles les plus reculées, vers ceux qui n'ont pas entendu parler de moi et n'ont pas vu ma gloire."
Isaïe. LXVI, 19.
" Je suis Patrick, pécheur, très peu instruit, le moindre de tous les fidèles et extrêmement méprisé par beaucoup."
" Et j'allais par la Force de Dieu qui dirigeait bien ma voie."
Confession de saint Patrick.

Saint Patrick devant le purgatoire.
Nous donnons ici des éléments sur saint Patrick paraphrasés de " l'Hymne de Saint Patrick " par saint Fiacc. Saint Fiacc, commémoré le 12 octobre, fut barde avant que saint Patrick ne le fît évêque.
Saint Patrick naquit à la fin du IVe siècle. Son père était Calpurnius, un Breton et un diacre ; sa mère, Concess, était Franque et de la proche parenté de saint Martin de Tours. A l'âge de 16 ans, Patrick et nombre d'autres furent enlevés dans la propriété familiale près de Bannavem Taburniae (certains disent que c'était dans l'ouest de la Grande-Bretagne, d'autres disent que c'était en Bretagne), par sept revanchards, des fils exilés d'un roi des Bretons. Ceci eut lieu après que Rome eut exigé que tous les soldats Britanniques sous l'autorité Romaine viennent à Rome pour défendre la ville contre les barbares, abandonnant la Grande-Bretagne sans armée ni police, comme le rapporte saint Bède. Nombre d'actes de violence et d'extorsions eurent lieu à cette époque, ce que saint Bède appelle une terrible honte pour la Grande-Bretagne, un pays qui avait été longtemps Chrétien.

Le père de Patrick fut tué ; sa soeur disparut. Patrick fut vendu comme esclave en Irlande. Sa vie se transforma de l'insouciance de la jeunesse en une leçon pour nous tous. Il fut un esclave, mais obéit à son maître. Il ne parlait pas avant qu'on ne le lui eût permis.
C'est par des miracles que s'accomplit l'évasion de saint Patrick hors de l'esclavage. Il fut visité en songe par un Ange de la forme d'un oiseau, Victor, le conquérant, qui lui arrangea une fuite miraculeuse. Patrick dit qu'il avait besoin de la permission de son maître pour rentrer chez lui, mais son maître exigea une rançon d'or aussi grosse que sa tête. L'Ange dit à Patrick de suivre un sanglier. En fouinant, le sanglier lui sortit l'or dont il avait besoin comme rançon. L'Ange l'emmena à la côte maritime à 60 miles de là en une seule journée, à la rencontre d'un navire, mais au lieu de cela, le seigneur du port vendit Patrick aux autres. Et là, le paiement de la trahison, une douzaine de chaudrons en cuivre, tourmenta le traître et sa famille. Pendant qu'ils admiraient les chaudrons, leurs mains s'attachèrent au métal. Le seigneur du port se repentit, et fut pardonné par Patrick. Il se convertit à la volonté de Dieu, racheta Patrick des esclavagistes, et renvoya Patrick à la maison. Plus tard, il fut baptisé par Patrick, après le retour du saint. Patrick avait été esclave 6 ans durant.
Saint Patrick avait fait un rêve lui disant qu'il devrait prêcher l'Evangile aux Irlandais, mais Victor lui dit de chercher à être éduqué d'abord. Il trouva sa formation auprès de saint Germain d'Auxerre, qui vivait dans la partie sud des Gaules qui était proche de la Mer Méditerranée.
La ville de Saint-Patrick près de Tours affirme qu'elle fut visitée par saint Patrick au milieu de l'hiver. Il était épuisé et frigorifié, et l'aubépinier couvert de givre sous lequel il dormait se mit à fleurir, se couvrant de douces et chaudes fleurs au dessus de lui. En décembre, chaque année, jusqu'à ce que l'arbre soit détruit, les " Fleurs de saint Patrick " y fleurissaient. Les archéologues Français et sociétés d'agriculture ont attesté la vérité de ce phénomène jusqu'à ce siècle.
Saint Germain emmena son élève vers la Grande-Bretagne pour sauver ce pays des erreurs du Pélagianisme. Rappelons que l'erreur du Pélagianisme est la croyance qu'on pourrait atteindre le Salut à travers nos propres efforts sans l'aide de Dieu, comme si l'image de Dieu en nous était complètement séparée de l'aide de l'Esprit Saint, la grâce du Dieu vivant. Cette hérésie se retrouve de nos jours en confondant l'Esprit Saint avec les caprices ou les émotions de la foule ; zeitgeist au lieu d'Esprit Saint.
Saint Fiacc note que Patrick travailla en Grande-Bretagne sous saint Germain afin de montrer l'avancement de sa capacité à diriger saintement, mais saint Patrick, dans sa Confession, ne le mentionne pas, peut-être parce que le centre d'intérêt de l'oeuvre de sa vie se trouvait en Irlande. Saint Germain, avec un groupe de prêtres dont Patrick, voyagea à travers la Grande-Bretagne pour convaincre les gens de se tourner vers Dieu, rejetant les faux prêtres Pélagiens en les reconnaissant comme des serpents. Saint Bède rapporte cela dans son Histoire Ecclésiastique du Peuple Anglais que cela fut réalisé en accomplissant de grands miracles de guérison. Saint Patrick suggéra de jeûner pour détourner une ville de son hérésie, mais elle ne s'en détourna pas, et durant les offices nocturnes de la 3e nuit, la terre avala la ville.
Plus tard, l'endroit où saint Germain et saint Patrick avaient jeûné avec leur groupe deviendra le lieu où les clercs viendront pour jeûner. Patrick, qui obéissait à la volonté de Dieu, défendit la révérence envers la grâce de Dieu qui est nécessaire pour le Salut.

Saint Patrick et le roi Laoghaire.
Saint Patrick expliqua à saint Germain qu'il avait souvent entendu la voix des enfants Irlandais l'appelant :
" Viens, saint Patrick et fais que nous soyons sauvés."
Saint Germain dit que Patrick aurait à aller à Rome auprès du pape Célestin (évêque de Rome de 422 à 432), pour être consacré, qu'il devait en être ainsi. Mais un autre avait été envoyé pour être évêque d'Irlande avant lui (l'évêque Pallade), et saint Patrick eut à attendre. L'évêque Pallade commença ses missions, mais il ne vécut pas longtemps.
Saint Patrick partit pour l'île d'Alanensis sur la mer Méditerranée, dans le district de Lérins, appelé Saint-Honorat, près de Cannes en France. Il y alla pour prier, et reçut le propre bâton de Jésus-CHrist sur le Mont Arnum pour le soutenir. Une pierre gravée sur le côté du monastère principal sur l'île rapporte que saint Patrick, Apôtre de l'Irlande, vint là au Ve siècle pour y étudier les sciences sacrées en préparation de sa mission en Irlande. Le bâton de Jésus-Christ fut brûlé publiquement à Dublin en 1548 durant le règne du roi Henri VIII d'Angleterre. En 432, saint Patrick revint auprès de saint Germain, lui rapportant sa vision et le bâton. Saint Patrick avait alors la soixantaine.
Il fut envoyé au pape Célestin, qui avait entendu dire que Pallade était mort. Le principal consécrateur de saint Patrick fut l'évêque Amateur d'Autissiodorens. Le pape Célestin ne vécut que 6 semaines après la consécration de Patrick, puis reçut Sixte III (432-440) comme successeur. Célestin donna à saint Patrick des reliques et nombre de livres.
En 432, Pâques coïncida avec la fête païenne des Druides. Il était interdit d'allumer un feu autre que l'illumination du nouveau feu païen. Mais saint Patrick alluma la flamme Pascale le premier. La tradition rapporte qu'on avertit le roi Laoghaire que si ce feu n'était pas éteint, jamais on n'arriverait à l'éteindre en Eirin.
Le roi invita l'évêque Patrick à Tara le lendemain. Patrick était occupé à réciter sa prière du Bouclier, " Le cri du daim ", pendant qu'il était en chemin de Slane à Tara le Dimanche Pascal. Le roi Laoghaire avait stationné des soldats au long du chemin, afin d'intercepter Patrick avant qu'il n'arrive à Tara. La Vie Tripartie dit :
" Saint Patrick partit avec huit jeunes clercs et saint Benen (9 novembre) comme accompagnateur aidant, et saint Patrick leur donna sa bénédiction avant le départ. Une profonde obscurité les enveloppa, de sorte qu'on ne put en voir aucun. Au même moment, l'ennemi qui les attendait en embuscade vit huit daims passer devant, suivis par un faon qui portait un colis sur son dos. C'était saint Patrick et ses huit compagnons, et saint Benen derrière avec ses tablettes sur son dos."
La Vie Tripartite est un livre du VIIIe siècle, en 3 parties, qui devait être lu durant les 3 jours de la célébration du Jour de Saint Patrick.

Statue de saint Patrick à Tara. Irlande.
Avant l'époque de saint Patrick, les devins (Druides) avaient prédit qu'une " tête d'hermine " viendrait sur la mer déchaînée (chevelure blanche), portant un manteau ouvert pour laisser passer la tête (et non pas comme les vêtements enveloppant les Druides), son bâton avec une tête recourbée (Le bâton pastoral des pasteurs de Jésus-Christ et non pas tout droit comme la canne des Druides), sa table dans la partie antérieur de sa maison (un autel), et toute sa maisonnée (l'Eglise) répondrait toujours " Amen, Amen !". Ils dirent au roi qu'ils ne lui cacheraient pas la vérité, que la postérité de cet homme demeurerait jusqu'au Jour du Jugement, parce qu'il est le héraut du Prince de la Paix.
Saint Patrick fut appelé par le Seigneur et partit pour l'Irlande. Il enseigna que la Trinité était toujours avec nous pour nous soutenir, même quand tout autour n'était que misère. Il savait tout à l'avance. Il enseigna que Dieu nous aime, malgré les déferlements de violence du monde.
Saint Patrick s'appliqua à la tâche jusqu'à sa mort. Il chassa l'iniquité. Il prêcha, il baptisa, il pria, il loua constamment Dieu avec les Psaumes, il chantait 100 Psaumes chaque nuit, il dormait sur une dalle de pierre nue avec une couverture humide sur lui, et son oreiller était une pierre. Il prêcha 30 ans durant, compte tenu des années avant sa consécration comme évêque, quand il était prêtre sous saint Germain. Saint Secundinus rapporte dans son Hymne que saint Patrick portait les stigmates du Christ dans sa chair de juste.

Saint Patrick devant le purgatoire.
Le peuple d'Irlande adorait les " si-de " (esprits). Ils ne croyaient pas dans la véritable Divinité de la vraie Trinité. Mais quand saint Patrick eut terminé, toute l'Irlande croyait dans la Sainte Trinité, croyait en Jésus-Christ, ne suivant plus les esprits de la nature, et la court de Tara fut remplacée par la court du Christ à Armagh. Dans sa Confession (voir la notice reproduisant ce testament que notre saint écrivit à la fin de sa vie), saint Patrick dit qu'il était le débiteur de Dieu pour la grande grâce d'avoir pu baptiser tant de milliers de gens, pour tous ces gens nés de nouveau en Dieu puis confirmés, et pour ces clercs ordonnés pour eux un peu partout. " Ne voulant pas ennuyer ses lecteurs ", saint Patrick ne donne que peu de détails sur les persécutions endurées, jusque dans les fers, les dangers dans sa vie, et nombre de complots contre lui. Par exemple, saint Odran (19 février), conducteur de chariot pour Patrick, fut avertit d'un danger imminent et prétendit se sentir mal, ce qui fit que Patrick prit les rennes du chariot, et Odran à la place d'honneur fut tué par la lance qui était destinée à Patrick.
Quand Saint Patrick tomba malade, il décida de partit pour Armagh. Il fut visité par un Ange, qui l'emmena voir Victor, et Victor, parlant de lui hors d'un buisson en feu, dit :
" Primauté pour Armagh ; au Christ rendre grâce. Bientôt au Ciel tu iras. Tes prières ont été exaucées : l'hymne que tu as choisie durant ta vie sera une cuirasse pour tous. Ceux d'Irlande qui sont avec toi, au jour du Jugement seront à tes côtés."
Concernant le clergé, saint Tassach (14 avril) demeura avec lui et lui donna la Communion. Saint Fiacc rappelle Joshua : si le soleil pouvait demeurer immobile dans le ciel pour la mort du maudit, à plus forte raison, pour la clarté, il sera approprié de briller à la mort des saints. Les clercs d'Irlande vinrent par toutes les routes pour veiller saint Patrick ; le son du chant (des Anges) les vit se prosterner. Ils dirent que l'endroit était envahit d'oiseaux chantants : comme Victor était apparu sous la forme d'un oiseau, ils pensèrent que les Anges ailés étaient des oiseaux. L'âme de saint Patrick s'était séparée de son corps après les souffrances. Les Anges de Dieu veillèrent dessus la première nuit, sans discontinuer.

Quand il partit, il alla vers l'autre saint Patrick (de Glastonbury, appelé Patrick l'Ancien, 24 août), parce que Patrick, fils de Calpurnius, avait promis à Patrick l'Ancien qu'il partiraient ensemble au Ciel. On dit que du 18 mars jusqu'au 23 août, jusqu'à la fin du premier mois d'automne, saint Patrick était avec les Anges à attendre le vieux Patrick, et ensemble ils s'élevèrent vers Jésus, le Fils de Marie.
Saint Fiacc a donné de notre saint ce bel hommage :
" Saint Patrick, sans faire preuve de vaine gloire, méditait bien et bon. Etre au service du Fils de Marie, telle était la pieuse circonstance pour laquelle il était né."
PRIERE
" Votre vie, Ô Patrice, s'est écoulée dans les pénibles travaux de l'Apostolat ; mais qu'elle a été belle, la moisson que vos mains ont semée, et qu'ont arrosée vos sueurs ! Aucune fatigue ne vous a coûté, parce qu'il s'agissait de procurer à des hommes le précieux don de la foi ; et le peuple à qui vous l'avez confié l'a gardé avec une fidélité qui fera à jamais votre gloire. Daignez prier pour nous, afin que cette foi, " sans laquelle l'homme ne peut plaire à Dieu " (Heb. XI, 6.), s'empare pour jamais de nos esprits et de nos cœurs. " C'est de la foi que le juste vit " (Habac. II, 4.), nous dit le Prophète ; et c'est elle qui, durant ces saints jours, nous révèle les justices du Seigneur et ses miséricordes, afin que nos cœurs se convertissent et offrent au Dieu de majesté l'hommage du repentir. C'est parce que notre foi était languissante, que notre faiblesse s'effrayait des devoirs que nous impose l'Eglise. Si la foi domine nos pensées, nous serons aisément pénitents. Votre vie si pure, si pleine de bonnes œuvres, fut cependant une vie mortifiée ; aidez-nous à suivre de loin vos traces.

Image commémorative des 1500 ans de la venue de saint Patrick en Irlande. 1932.
Priez, Ô Patrice, pour l'Ile sainte dont vous êtes le père et qui vous honore d'un culte si fervent. De nos jours, elle est menacée encore ; plusieurs de vos enfants sont devenus infidèles aux traditions de leur père. Un fléau plus dangereux que le glaive et la famine a décimé de nos jours votre troupeau ; Ô Père ! Protégez les enfants des martyrs, et défendez-les de la séduction. Que votre œil aussi suive jusque sur les terres étrangères ceux qui, lassés de souffrir, sont allés chercher une patrie moins impitoyable. Qu'ils y conservent le don de la foi, qu'ils y soient les témoins de la vérité, les dociles enfants de l'Eglise ; que leur présence et leur séjour servent à l'avancement du Royaume de Dieu. Saint Pontife, intercédez pour cette autre Ile qui fut votre berceau ; pardonnez-lui ses crimes envers vos enfants ; avancez par vos prières le jour où elle pourra rentrer dans la grande unité catholique. Enfin souvenez-vous de toutes les provinces de l'Eglise ; voire prière est celle d'un Apôtre ; elle trouvera accès auprès de celui qui vous a envoyé."
Rq :
dimanche, 17 mars 2024 | Lien permanent
Le dimanche de la Passion.
- Le dimanche de la Passion.
Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Graduel à l'usage de l'abbaye Notre-Dame de Fontevrault. XIIIe.
Durant les semaines qui ont précédé, nous avons vu monter chaque jour la malice des ennemis du Sauveur. Sa présence, sa vue même les irrite, et l'on sent que cette haine concentrée n'attend que le moment d'éclater. La bonté, la douceur de Jésus continuent d'attirer à lui les âmes simples et droites ; en même temps que l'humilité de sa vie et l'inflexible pureté de sa doctrine repoussent de plus en plus le Poldève superbe qui rêve un Messie conquérant, et le pharisien qui ne craint pas d'altérer la loi de Dieu, pour en faire l'instrument de ses passions.
Cependant Jésus continue le cours de ses miracles ; ses discours sont empreints d'une énergie nouvelle ; ses prophéties menacent la ville et ce temple fameux dont il ne doit pas rester pierre sur pierre. Les docteurs de la loi devraient du moins réfléchir, examiner ces œuvres merveilleuses qui rendent un si éclatant témoignage au fils de David, et relire tant d'oracles divins accomplis en lui jusqu'à cette heure avec la plus complète fidélité.
Hélas ! Ces prophétiques oracles, ils s'apprêtent à les accomplir eux-mêmes jusqu'au dernier iota. David et Isaïe n'ont pas prédit un trait des humiliations et des douleurs du Messie que ces hommes aveugles ne s'empresseront de réaliser.
En eux s'accomplit donc cette terrible parole : " Celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle futur " (Matth. XII, 32.).
La synagogue court à la malédiction. Obstinée dans son erreur, elle ne veut rien écouter, rien voir ; elle a faussé à plaisir son jugement : elle a éteint en elle la lumière de l'Esprit-Saint ; et on la verra descendre tous les degrés de l'aberration jusqu'à l'abîme. Lamentable spectacle que l'on retrouve encore trop souvent de nos jours, chez ces pécheurs qui, à force de résister à la lumière de Dieu, finissent par trouver un affreux repos dans les ténèbres !
Et ne soyons pas étonnés de rencontrer en d'autres hommes les traits que nous observons dans les coupables auteurs de l'effroyable drame qui va s'accomplir à Jérusalem. L'histoire de la Passion du Fils de Dieu nous fournira plus d'une leçon sur les tristes secrets du cœur humain et de ses passions. Il n'en saurait être autrement : car ce qui se passe à Jérusalem se renouvelle dans le cœur de l'homme pécheur. Ce cœur est un Calvaire sur lequel, selon l'expression de l'Apôtre, Jésus-Christ est trop souvent crucifié. Même ingratitude, même aveuglement, même fureur ; avec cette différence que le pécheur, quand il est éclairé des lumières de la foi, connaît celui qu'il crucifie, tandis que les Juifs, comme le dit encore saint Paul, ne connaissaient pas comme nous ce Roi de gloire (I Cor II, 8.) que nous attachons à la croix. En suivant les récits évangéliques qui vont, jour par jour, être mis sous nos yeux, que notre indignation contre les Juifs se tourne donc aussi contre nous-mêmes et contre nos péchés. Pleurons sur les douleurs de notre victime, nous dent les fautes ont rendu nécessaire un tel sacrifice.
Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Roman de Dieu et de sa Mère. Hermann de Valenciennes. XVe.
En ce moment, tout nous convie au deuil. Sur l'autel, la croix elle-même a disparu sous un voile sombre; les images des Saints sont couvertes de linceuls ; l'Eglise est dans l'attente du plus grand des malheurs. Ce n'est plus de la pénitence de l’Homme-Dieu qu'elle nous entretient ; elle tremble à la pensée des périls dont il est environné. Nous allons lire tout à l'heure dans l'Evangile que le Fils de Dieu a été sur le point d'être lapidé comme un blasphémateur ; mais son heure n'était pas venue encore. Il a dû fuir et se cacher. C'est pour exprimer à nos yeux cette humiliation inouïe du Fils de Dieu que l'Eglise a voilé la croix. Un Dieu qui se cache pour éviter la colère des hommes ! Quel affreux renversement ! Est-ce faiblesse, ou crainte de la mort ? La pensée en serait un blasphème ; bientôt nous le verrons aller au-devant de ses ennemis.
En ce moment, il se soustrait à la rage des Juifs, parce que tout ce qui a été prédit de lui ne s’est pas encore accompli. D'ailleurs ce n'est pas sous les coups de pierres qu'il doit expirer ; c'est sur l'arbre de malédiction, qui deviendra dès lors l'arbre de vie. Humilions-nous, en voyant le Créateur du ciel et de la terre réduit à se dérober aux regards des hommes, pour échapper à leur fureur. Pensons à cette lamentable journée du premier crime, où Adam et Eve, coupables, se cachaient aussi, parce qu'ils se sentaient nus. Jésus est venu pour leur rendre l'assurance par le pardon : et voici qu'il se cache lui-même ; non parce qu'il est nu, lui qui est pour ses saints le vêtement de sainteté et d'immortalité ; mais parce qu'il s'est rendu faible, afin de nous rendre notre force. Nos premiers parents cherchaient à se soustraire aux regards de Dieu ; Jésus se cache aux yeux des hommes ; mais il n'en sera pas toujours ainsi. Le jour viendra où les pécheurs, devant qui il semble fuir aujourd'hui, imploreront les rochers et les montagnes, les suppliant de tomber sur eux et de les dérober à sa vue ; mais leur vœu sera stérile, et " ils verront le Fils de l'homme assis sur les nuées du ciel, dans une puissante et souveraine majesté " (Matth. XXIV, 30.).
Ce dimanche est appelé Dimanche de la Passion, parce que l'Eglise commence aujourd'hui à s'occuper spécialement des souffrances du Rédempteur. On le nomme aussi Dimanche Judica, du premier mot de l'Introït de la messe ; enfin Dimanche de la Néoménie, c'est-à-dire de la nouvelle lune pascale, parce qu'il tombe toujours après la nouvelle lune qui sert à fixer la fête de Pâques.
Dans l'Eglise grecque, ce Dimanche n'a pas d'autre nom que celui de cinquième Dimanche des saints jeûnes.
A LA MESSE
A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Pierre. L'importance de ce Dimanche, qui ne cède la place à aucune fête, quelque solennelle qu'elle soit, demandait que la réunion des fidèles eût lieu dans l'un des plus augustes sanctuaires de la ville sainte.
CONTRE LES PERSÉCUTEURS DE L'ÉGLISE
" Daignez, Seigneur, vous laisser fléchir par les prières de votre Eglise, afin que toutes les adversités et toutes les erreurs ayant disparu, elle puisse vous servir dans une paisible liberté."
OU POUR LE PAPE
Nous donnons ici cette prière (ainsi que les deux autres que l’Eglise dit à la messe de ce jour à l’Offertoire et après la communion) à titre documentaire. La vacance du siège de Pierre – Ô Seigneur ! Votre humble troupeau Vous supplie d’y remédier – ne permet guère d’autre prière que celle qui consiste à crier au ciel que Notre Père des Cieux, par Notre Dame, saint Michel Archange, les saints Apôtres Pierre et Paul et saint Jean-Baptiste, daigne rétablir pleinement son Eglise.
" Ô Dieu, qui êtes le Pasteur et le Conducteur de tous les fidèles, regardez d'un œil propice votre serviteur N., que vous avez mis à la tête de votre Eglise en qualité de Pasteur ; donnez-lui, nous vous en supplions, d'être utile par ses paroles et son exemple à ceux qui sont sous sa conduite, afin qu'il puisse parvenir à la vie éternelle avec le troupeau qui lui a été confie. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."
Notre Seigneur Jésus-Christ s'adressant aux Juifs.
Summa aurea. Henricus de Segusia. XIVe.
EPÎTRE
Lecture de l'Epître de saint Paul, Apôtre, aux Hébreux. Chap. IX.
" Mes Frères, Jésus-Christ, le Pontife des biens futurs, étant venu à paraître, est entré une fois dans le sanctuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point été fait de main d'homme, c'est-à-dire qui n'a point été formé par la voie commune et ordinaire. Il est entré une fois dans le Saint des Saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang ; nous ayant acquis une rédemption éternelle ; car si le sang des boucs et des taureaux, et l'aspersion de l'eau mêlée avec la cendre d'une génisse, sanctifient ceux qui ont été souillés, et leur donnent une pureté extérieure et charnelle ; combien plus le sang du Christ qui par l'Esprit-Saint s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience de ses œuvres mortes, pour nous rendre capables de servir le Dieu vivant ? Et c'est pourquoi il est le médiateur du Testament nouveau, afin que, par la mort qu'il a subie pour racheter les prévarications commises sous le premier Testament, ceux qui y sont appelés reçoivent l'héritage éternel, en Jésus-Christ notre Seigneur."
C'est seulement par le sang que l'homme peut être racheté. La majesté divine offensée ne s'apaisera que par l'extermination de la créature rebelle qui, par son sang épanché à terre avec sa vie, rendra témoignage de son repentir et de son abaissement extrême devant celui contre lequel elle s'est révoltée. Autrement la justice de Dieu se compensera par le supplice éternel du pécheur. Tous les peuples l'ont compris, depuis le sang des agneaux d'Abel jusqu'à celui qui coulait à flots dans les hécatombes de la Grèce, et dans les innombrables immolations par lesquelles Salomon inaugura la dédicace de son temple.
Cependant Dieu dit :
" Ecoute, Israël, je suis ton Dieu. Je ne te ferai pas de reproches sur tes sacrifices : tes holocaustes s'accomplissent fidèlement devant moi ; mais je n'ai pas besoin de tes boucs ni de tes génisses. Toutes ces bêtes ne sont-elles pas à moi ? Si j'avais faim, je n'aurais pas besoin de te le dire : l'univers est à moi, et tout ce qu'il renferme. Est-ce que la chair des taureaux est ma nourriture ? Est-ce que le sang des boucs est un breuvage pour moi ?" (Psalm. XLIX.).
Ainsi Dieu commande les sacrifices sanglants, et il déclare qu'ils ne sont rien à ses yeux. Y a-t-il contradiction ? Non : Dieu veut à la fois que l'homme comprenne qu'il ne peut être racheté que par le sang, et que le sang des animaux est trop grossier pour opérer ce rachat. Sera-ce le sang de l'homme qui apaisera la divine justice ? Non encore : le sang de l'homme est impur et souillé ; d'ailleurs, fût-il pur, il est impuissant à compenser l'outrage fait à un Dieu. Il faut le sang d'un Dieu ; et Jésus s'apprête à répandre tout le sien.
En lui va s'accomplir la plus grande figure de l'ancienne loi. Une fois l'année, le grand-prêtre entrait dans le Saint des Saints, afin d'intercéder pour le peuple. Il pénétrait derrière le voile, en lace de l'Arche sainte ; mais cette redoutable faveur ne lui était accordée qu'à la condition qu'il n'entrerait dans cet asile sacré qu'en portant dans ses mains le sang de la victime qu'il venait d'immoler.
En ces jours, le Fils de Dieu, Grand-Prêtre par excellence, va faire son entrée dans le ciel, et nous y pénétrerons après lui ; mais il faut pour cela qu'il se présente avec du sang, et ce sang ne peut être autre que le sien. Nous allons le voir accomplir cette prescription divine. Ouvrons donc nos âmes, afin que ce sang " les purifie des œuvres mortes, comme vient de nous dire l'Apôtre, et que nous servions désormais le Dieu vivant ".
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. VIII :
" En ce temps-là, Jésus disait à la foule des Juifs :
" Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu, écoute la parole de Dieu. Vous ne l'écoutez point, parce que vous n'êtes pas de Dieu."
Les Juifs lui dirent :
" N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain, et que vous êtes possédé du démon ?"
Jésus répondit :
" Je ne suis point possédé du démon ; mais j'honore mon Père, et vous me déshonorez. Pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il est un autre qui la cherchera et qui jugera. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort."
Les Juifs lui dirent donc :
" Maintenant nous voyons bien que le démon est en vous. Abraham est mort, et les Prophètes aussi ; et vous dites : " Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ". Etes-vous donc plus grand que notre père Abraham, qui est mort, et que les Prophètes qui aussi sont morts ? Que prétendez-vous être ?"
Jésus répondit :
" Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon Père qui me glorifie. Vous dites qu'il est votre Dieu, et vous ne le connaissez pas ; mais moi je le connais. Et si je disais que je ne le connais pas, je serais comme vous un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole. Abraham votre père a désiré ardemment de voir mon jour : il l'a vu, et il en a été comblé de joie."
Les Juifs lui dirent :
" Vous n'avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ?"
Jésus leur dit :
" En vérité, en vérité, je vous le dis : avant qu'Abraham fût créé, je suis."
Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple."
On le voit, la fureur des Juifs est au comble, et Jésus est réduit à fuir devant eux. Bientôt ils le feront mourir ; mais que leur sort est différent du sien ! Par obéissance aux décrets de son Père céleste, par amour pour les hommes, il se livrera entre leurs mains, et ils le mettront à mort ; mais il sortira victorieux du tombeau, il montera aux cieux, et il ira s'asseoir à la droite de son Père.
Eux, au contraire, après avoir assouvi leur rage, ils s'endormiront sans remords jusqu'au terrible réveil qui leur est préparé. On sent que la réprobation de ces hommes est sans retour. Voyez avec quelle sévérité le Sauveur leur parle :
" Vous n'écoutez pas la parole de Dieu, parce que vous n'êtes pas de Dieu."
Cependant il fut un temps où ils étaient de Dieu : car le Seigneur donne sa grâce à tous ; mais ils ont rendu inutile cette grâce ; ils s'agitent dans les ténèbres, et ils ne verront plus la lumière qu'ils ont refusée.
" Vous dites que le Père est votre Dieu ; mais vous ne le connaissez même pas."
A force de méconnaître le Messie, la synagogue en est venue à ne plus connaître même le Dieu unique et souverain dont le culte la rend si chère ; en effet, si elle connaissait le Père, elle ne repousserait pas le Fils. Moïse, les Psaumes, les Prophètes sont pour elle lettre close, et ces livres divins vont bientôt passer entre les mains des gentils, qui sauront les lire et les comprendre.
" Si je disais que je ne connais pas le Père, je serais comme vous un menteur."
A la dureté du langage de Jésus, on sent déjà la colère du juge qui descendra au dernier jour pour briser contre terre la tête des pécheurs. Jérusalem n'a pas connu le temps de sa visite ; le Fils de Dieu est venu à elle, et elle ose dire qu'il est " possédé du démon ". Elle dit en face au Fils de Dieu, au Verbe éternel qui prouve sa divine origine par les plus éclatants prodiges, qu'Abraham et les Prophètes sont plus que lui. Etrange aveuglement qui procède de l'orgueil et de la dureté du coeur !
La Pâque est proche ; ces hommes mangeront religieusement l'agneau figuratif ; ils savent que cet agneau est un symbole qui doit se réaliser. L'Agneau véritable sera immolé par leurs mains sacrilèges, et ils ne le reconnaîtront pas. Son sang répandu pour eux ne les sauvera pas. Leur malheur nous fait penser à tant de pécheurs endurcis pour lesquels la Pâque de cette année sera aussi stérile de conversion que celle des années précédentes ; redoublons nos prières pour eux, et demandons que le sang divin qu'ils foulent aux pieds ne crie pas contre eux devant le trône du Père céleste.
CONTRE LES PERSÉCUTEURS DE L’ÉGLISE
" Protégez-nous, Seigneur, nous qui célébrons vos mystères, afin que, nous attachant aux choses divines, nous vous servions dans le corps et dans l'âme. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."
OU POUR LE PAPE (voir suppra)
" Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l'offrande de ces dons, et daignez gouverner par votre continuelle protection votre serviteur N., que vous avez voulu établir Pasteur de votre Eglise. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
Amen."
CONTRE LE
dimanche, 17 mars 2024 | Lien permanent
14 mars. Saint Lubin, évêque de Chartres. 557.
- Saint Lubin, évêque de Chartres. 557.
Pape : Saint Pélage Ier. Roi de France : Childebert Ier.
" Mes frères, voici la prière que je fais aux prêtres qui sont parmi vous... Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié... non par force, mais de bon gré, selon Dieu : non en vue d'un gain sordide, mais par affection."
I, Pet., V.

Buste de saint Lubin. Eglise Notre-Dame . Louviers. Normandie.
Nous voyons dans cet illustre Prélat la vérité de ces paroles du Roi-Prophète : " Que Dieu retire, quand il lui plaît, les pauvres de la poussière et de la boue, pour les placer sur les trônes et les établir les princes de son peuple."
Il vint au monde dans un village près de Poitiers, du temps de Clovis Ier (dernière moitié du Ve siècle), sans aucune distinction du côté de la naissance ou de la fortune. De bonne heure il obéit à Dieu et à ses parents de la façon la plus édifiante. Sa jeunesse fut employée à labourer la terre ou à paître des boeufs qui servaient à l'agriculture. Cependant il eut, dès ce temps-là, un grand désir d'apprendre ; ayant rencontré un bon religieux, que quelques-uns appellent Novigile, qui probablement était de l'abbaye de Nouaillé, il le pria instamment de lui écrire toutes les lettres de l'alphabet autour de sa ceinture, afin qu'en allant et venant par les champs avec ses bètes, il pût aisément se les imprimer dans la mémoire et se rendre capable de quelque autre chose.

Deux moines viennent chercher saint Lubin. Vitrail de saint Lubin.
Cette industrie lui réussit si bien, qu'en peu de temps son esprit s'ouvrit, et il se mit en état d'entrer dans les écoles pour y étudier les sciences ; désirant se livrer à cette étude avec plus de liberté, et se voyant en âge de choisir une condition, il entra dans un monastère du pays (Ligugé selon les uns, Nouaillé selon d'autres), où il fut chargé de la fonction de cellérier, et du soin de marquer les heures. Il prenait beaucoup sur le temps de son sommeil pour le donner à l'étude ; mais comme sa lampe troublait le sommeil de ses frères, il mit un voile devant sa fenêtre pour arrêter la lumière.
Après avoir ainsi passé huit ans dans ce monastère, il désira visiter saint Avite, qui vivait en ermite dans le Perche. S'étant rendu dans ce pays, il y rencontra d'abord le diacre saint Calais, qui ne s'était pas encore séparé de saint Avite, pour se retirer dans le Maine ; ce grand maître de la vie spirituelle donna à notre Saint, entre autres avis, de ne s'attacher au service d'aucune église ou chapelle, parce que ce serait se rejeter dans le monde, et s'exposer à mal observer sa règle de religieux, et de ne point demeurer dans un petit monastère, parce que pour l'ordinaire on y observe mal l'obéissance, et que chacun veut y être maître. Quant à saint Avite, il conseilla à Lubin de passer encore quelque temps dans le cloitre avant de vivre dans les déserts.

Saint Lubin et deux autres moines arrivent dans un monastère.
Il prit donc le chemin de Lérins ; mais un moine de cette abbaye, qu'il rencontra, lui dit que l'air y était malsain : ce qui l'avait obligé, disait-il, à la quitter. ils allèrent ensemble à Javoux, où le bienheureux Hilaire, évêque de Mende, les reçut et les mit dans sa communauté. Ils sortirent bientôt de cette maison, grâce à l'inconstance du moine de Lérins, qui ne se trouvait bien nulle part, et entrèrent au monastère de l'île-Barbe, près de Lyon, attirés d'ailleurs par la réputation de l'abbé saint Loup, qui fut depuis évêque de cette ville. Au bout de quelque temps, le moine de Lérnis voulut encore emmener Lubin pour continuer avec lui son vagabondage, mais notre Saint laissa cet esprit volage partir seul, se sépara enfin définitivement de lui, et demeura encore cinq ans dans l'île-Barbe.

Saint Lubin et ses compagnons quittent un monastère.
Cependant une guerre avait éclaté entre les Francs et les Bourguignons. Ces derniers furent vaincus : les fils de Clovis se rendirent maîtres de la Bourgogne en 525. L'abbaye de l'île-Barbe fut envahie par les soldats, avides de pillage : ils n'y trouvèrent que Lubin avec un vieillard, qui n'avait pu prendre la fuite avec les autres moines. Le vieillard, à qui l'on demanda où étaient les trésors de la communauté, répondit que Lubin le savait mieux que lui ; les soldats s'adressèrent à Lubin, d'abord par les moyens de la douceur, puis, le trouvant incorruptible, ils eurent recours à la violence des tourments ; entre autres supplices, ils lui serrèrent la tète avec des cordes, lui lièrent les pieds, et le plongèrent ainsi à plusieurs reprises dans un gouffre, dit l'historien : ils le laissèrent pour mort sans avoir rien pu obtenir.

Saint Lubin accueilli par saint Avite.
Dieu lui rendit La santé, et, s'étant joint à des solitaires qu'il rencontra, Lubin les mena avec lui dans le Perche pour demeurer ensemble sous la discipline de saint Avite ; saint Lubin y remplit l'office de cellérier. A la mort de saint Avite, nos trois ermites se retirèrent dans le désert de Charbonnières, aux extrémités de la forêt de Montmirail, qui sépare la Beauce d'avec le Maine. Ils y firent trois cellules et passèrent ensemble près de cinq ans à servir Dieu loin du monde.
Mais la sainteté de Lubin se fit connaitre par des miracles : sa prière arrêta un ouragan qui détruisait les moissons, et un incendie qui dévorait les forêts, L'évêque de Chartres, nommé Ethérius, apprenant cela, l'ordonna diacre et l'établit abbé du monastère de Brou, dans le Perche ; il l'éleva ensuite à la prêtrise pour lui donner plus d'autorité sur les religieux : ce qui ne lui en donnait pas moins, ce furent ses vertus et ses miracles. Par le signe de la croix, il délivra deux énergumènes, tellement tourmentés et rendus furieux par les démons, qu'ils brisaient leurs chaînes. Ses religieux le priaient de se guérir lui-même d'un cancer qu'il avait dans les narines : il se contenta d'y appliquer de la cire bénite, attendant avec patience la volonté de Dieu ; au bout de 12 ans, il obtint, sans autre remède, une guérison complète de ce mal, généralement considéré comme incurable.

Sacre de saint Lubin.
Un des frères le vit pendant la nuit qui s'entretenait familièrement avec un personnage tout resplendissant de lumière : il demanda au Père quel était cet habitant de la gloire céleste, et apprit que c'était saint Avite. Saint Aubin, évêque d'Angers, allant visiter saint Césaire, évêque d'Arles, pria saint Lubin de l'accompagner ; le saint abbé y consentit. Lorsqu'il se vit en Provence, il fut vivement tenté de se retirer à Lérins pour échapper à sa charge de supérieur : mais saint Césaire l'en reprit fortement, lui faisant voir qu'il ne devait pas abandonner ainsi une maison que Dieu avait confiée à ses soins par le ministère de son évêque. Lubin, par cette remontrance, devint inquiet du sort de son troupeau ; il vint le rejoindre au plus tôt, et eut la consolation de le trouver dans le meilleur état.

Saint Lubin en visite pastorale.
Cependant, en 544, Ethérius passa de cette vie à une meilleure, et aussitôt chacun jeta les yeux sur notre saint religieux, pour l'élever à la dignité épiscopale. Ainsi il fut élu évêque de Chartres par les suffrages presque unanimes de tout le clergé, avec l'agrément du roi Childebert. Le Saint fit tout son possible pour n'être point chargé d'un si pesant fardeau, se jugeant incapable de le porter.
Jamais prélat n'eut plus de soin de son église. C'est lui, dit-on, qui, pour représenter les disciples de Jésus-Christ, fit monter le nombre des chanoines jusqu'à 72. Il leur prescrivit des règles très-saintes, pour avancer dans la vertu et pour célébrer les divins offices ; il les pourvut aussi de revenus suffisants pour leur entretien. Il réforma, par ses soins, plusieurs abus qui s'étaient glissés parmi le peuple, et le porta à l'exacte observance des commandements de Dieu et de l'Eglise. Il ne fut pas, en cela, peu assisté de saint Avite, dont il avait été disciple ; ce Saint, quoique déjâ dans la gloire, le visita souvent pour l'avertit des défauts de son clergé et lui prescrire la méthode qu'il devait suivre pour le gouverner saintement.
Ce qui le rendait plus recommandable, c'est qu'il ne trouvait point de malades, dans son diocèse, qu'il ne guérit par le crédit qu'il avait auprès de Dieu. Par sa seule prière, il remit en santé un hydropique dont les médecins désespéraient ; et un aveugle, qui avait perdu la vue depuis huit ans, la recouvrant dès qu'il eut fait son oraison pour lui. Une fille, possédée du malin esprit, fut délivrée en touchant avec foi le bord de son habit.
Deux jeunes garçons aussi possédés du démon, en furent également délivrés, en prenant d'un aliment que le Saint avait bénit ; il guérit encore plusieurs fiévreux et d'autres sortes de malades ; et, par le signe de la croix, qu'il fit en présence du roi Childebert, il éteignit un grand incendie qui s'était allumé dans Paris ; le Bréviaire de Chartres dit qu'il ressuscita une fille de Chateaudun, et la rendit en pleine santé à son père, appelé Baudelin.

Saint Lubin. Gravure. Grasset imprimeur. XVIIIe.
Un prêtre de Chartres, Caletricus, jeune homme d'une éminente sainteté, tomba dangereusement malade ; on n'attendait que l'heure de son dernier soupir. Saint Lubin lui voulut rendre visite : le voyant en péril, il lui administra lui-même le sacrement de l'Extrême-Onction : mais il reconnut bientôt que ce sacrement avait produit en lui son double effet, qui est de donner la santé du corps aussi bien que celle de l'âme ; alors, par un esprit prophétique, il prédit à ce bon prêtre, que non-seulement il relèverait de cette maladie, mais qu'il lui succéderait aussi sur le siège épiscopal. L'événement a vérifié cette prophétie, car il fut effectivement élu en sa place, et gouverna si bien son peuple, qu'il a mérité le titre de Saint après 12 ans de prélature.
Saint Lubin assista au cinquième concile d'Orléans, l'un des plus célèbres de France (549), et au second de Paris (551). Il avait déjà, à cette dernière époque, une maladie qui purifia, jusqu'à la fin de sa vie, sa vertu par de longues souffrances. Il fut appelé de Dieu pour recevoir la couronne de l'immortalité, l'an 557 ; son corps fut inhumé en l'église de Saint-Martin du Val, au faubourg de Chartres, où il a été religieusement conservé jusqu'au jour où les nouveaux briseurs d'images du XVIe siècle, les bêtes féroces Calvinistes, ont brûlé ses ossements sacrés et jeté ses cendres au vent ; il restait cependant son vénérable chef, qui se conservait fort dévotement en la grande église de Notre-Dame de Chartres, dans un reliquaire enrichi de pierres précieuses ; mais les bêtes non moins féroces de la révolution dépouilla l'église de Chartres de cette sainte relique : elle se trouve aujourd'hui dans l'église de Saint-Nicolas, à Blois. Depuis, on a retiré des ossements d'un cimetière où ils avaient été jetés à cette époque, il s'y en trouve certainement de saint Lubin, mais ils n'ont point été reconnus.
Aux confins du Vexin et du Beauvaisis, dans la commune d’Arronville, il existe un petit sanctuaire consacré à saint Lubin où l’on venait en pélerinage plonger les petits enfants pour leur donner force et santé. C’est là que Georges Cadoudal se cacha pour préparer son ultime tentative d'épargner à la France et à l'Europe les horreurs tragiques de la petite bête féroce révolutionnaire Bonaparte en organisant son exécution. Hélas, ce tyrannicide parfaitement légitime échoua.
La mémoire de saint Lubin est particulièrement honorée dans le Blésois, où plusieurs paroisses l'ont adopté pour patron. Une des plus anciennes églises de la ville de Blois lui était dédiée; cet édifice a disparu depuis bien des siècles, mais la rue où il s'élevait, a retenu le nom de Saint-Lubin, Il est aussi le patron de Rouvray, en Normandie.
Un grand nombre d'église lui sont naturellement dédiées au diocèse de Chartres (Rambouillet, Brou, etc.) et sa popularité fut très grande jusqu'au XVe siècle dans tout le Nord de la France.
On a représenté saint Lubin :
1. guérissant un possédé ;
2. ressuscitant la fille d'un homme qui l'avait reçu chez lui dans un de ses voyages. On l'a peint, dans cette circonstance, près du lit de la morte, quoiqu'à vrai dire le Saint eût fait ce miracle sans le savoir. Il s'était seulement aperçu d'un profond chagrin dans la famille et se mit en prières pour que Dieu la consolât. A peine avait-il terminé son oraison, que la morte se levait pleine de vie et de santé.
jeudi, 14 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (4)
15 mars. Saint Longin, soldat et martyr. Ier siècle.
" Aimez vos ennemis : faites du bien à ceux qui vous haïssent ; priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient."
Matth., V, 14.
Beaucoup d'auteurs pensent que saint Longin est ce centurion qui s'écria au moment de la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ :
" Celui-ci était véritablement le Fils de Dieu."
Selon d'autres, c'est ce soldat qui ouvrit d'une lance son côté sacré, et qui en fit couler le sang et l'eau.
Quelques-uns même soutiennent qu'il fut l'un et l'autre ; mais est-il croyable, se sont demandé quelques âmes pieuses, qu'après avoir confessé sa divinité, il eût osé porter la lance dans son adorable poitrine ?
Nous pensons avec saint Augustin (De Consensu Evangelii, lib. III, ch. XX.), que quand le centenier reconnut Jésus-Christ pour Fils de Dieu, il ne donnait pas à cette expression l'étendue du sens qu'elle renferme ; il voulait faire entendre qu'il le prenait pour un homme divin, et qu'il remarquait en lui quelque chose d'extraordinaire, de surnaturel. Cette première lueur de la grâce ne l'aura pas empêché d'accomplir sa tâche jusqu'au bout et de percer le flanc du Sauveur. La pieuse croyance du Moyen Age semble confirmer notre manière de voir aux termes de la légende, le sang de Jésus-Christ jaillit sur le visage du centurion, au moment où il lui perça le côté, et guérit ses yeux malades ; manière naïve de dire que la foi ouvrit les yeux de son âme aux pieds de la croix.
D'ailleurs l'acte qu'accomplit Longin en perçant le côté du Sauveur, loin d'être contraire à sa foi naissante, était un acte d'humanité, puisqu'en faisant sortir du sang et de l'eau du coeur du Sauveur, il épargnait à son corps adorable le brisement des jambes que l'on faisait subir aux suppliciés à qui il restait un souffle de vie. Dans les peintures et sculptures du Moyen Age, Longin est à genoux et dans une position si respectueuse, que la foi semble déjà née dans son coeur. À cause de ce ministère si honorable et de sa qualité de chevalier romain, saint Longin était en grand honneur parmi les hommes d'armes d'autrefois.
Quoi qu'il en soit, d'après Métaphraste et son Office dans la Liturgie grecque, saint Longin, ayant reçu l'ordre de garder le tombeau du Sauveur après sa sépulture, fut témoin des grands miracles qui se firent au moment de sa résurrection, et, par là, de plus en plus confirmé dans sa croyance. Il vint raconter aux chefs des prêtres, aux Scribes et aux Pharisiens ce qu'il avait vu et entendu : ce qui les mit en grande peine.
Craignant que le nom du Sauveur ne devînt plus illustre que jamais, ils s'efforcèrent de corrompre Longin par de riches présents et par de belles promesses ; ils lui voulaient faire dire que, ses soldats étant endormis, les Disciples de Jésus-Christ avaient dérobé son corps (cf Evangile de saint Matthieu). Le saint soldat, qui était déjà tout changé et rempli de la lumière divine, refusa absolument d'être le ministre de cette imposture ; au contraire, il publia hautement la vérité, et fut un très fidèle témoin de la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Les Juifs, voyant sa constance, résolurent de se venger de lui ; le pieux Longin, ayant découvert leur dessein, quitta la milice, et, abandonnant la Judée, il s'en alla de Jérusalem en Cappadoce, accompagné de 2 soldats. Renonçant donc à l’état militaire, et instruit par les apôtres, il passa vingt-huit ans dans la vie monastique à Césarée de Cappadoce, et convertit beaucoup de monde à la foi par sa parole et ses exemples.

Saint Longin et sa lance aux pieds de Notre Seigneur ressuscité.
Ces impies firent tous leurs efforts pour faire condamner à mort cet admirable prédicateur, en l'accusant comme traître ; ils pressèrent tant Pilate, gouverneur de la Judée, qu'il envoya de ses archers en Cappadoce, pour le prendre et le faire mourir. Les soldats y allèrent pleins de fureur et d'impiété ; mais Dieu permit qu'ils s'adressassent à Longin même, sans le connaître, et qu'ils lui découvrissent le sujet de leur voyage.
" Je suis Longin que vous cherchez : je suis prêt à endurer la mort, et si vous me la donnez, vous me paierez avec usure le bon traitement que je vous ai fait, car vous ne saurez me récompenser mieux."
Ces soldats ne le pouvaient croire, tant cette résolution leur paraissait nouvelle et surprenante ; et, lorsqu'ils furent assurés que c'était effectivement Longin, ils sentirent une extrême répugnance à le faire mourir. Mais le désir qu'il témoignait de souffrir pour Jésus-Christ, et la crainte qu'eux-mêmes avaient d'être maltraités de Pilate, s'ils retournaient sans avoir exécuté ses ordres, les y fit enfin résoudre. Il commanda donc à un serviteur de lui apporter un habit blanc pour solenniser la fête des noces célestes, auxquelles il se voyait invité, puis il exhorta les 2 soldats ses compagnons à la persévérance.

Saint Longin aux pieds de la croix de Notre Seigneur.
Ayant été conduit devant le gouverneur et refusant de sacrifier, celui-ci lui fit arracher toutes les dents et couper la langue. Cependant Longin ne perdit pas l’usage de la parole, mais saisissant une hache, il brisa toutes les idoles en disant :
" Si ce sont des dieux, nous le verrons."
Les démons étant sortis des idoles, entrèrent dans le gouverneur et tous ses compagnons. Alors se livrant à toutes sortes de folies, et sautant comme des chiens, ils vinrent se prosterner aux pieds de Longin qui dit aux démons :
" Pourquoi habitez-vous dans les idoles ?"
Ils répondirent :
" Là où le Christ n'est pas nommé ni son signe placé, là est notre habitation."
Or, quand le gouverneur furieux, eut perdu la vue, Longin lui dit :
" Sache que tu ne pourras être guéri qu'après m’avoir tué. Aussitôt en effet que j'aurai reçu la mort de ta main, je prierai pour toi et t'obtiendrai la santé du corps et de l’âme."

Martyr de saint Longin. Vie des saints. R. de Monbaston. XIVe.
Dans la suite, les bourreaux portèrent son vénérable chef à Pilate, qui le fit mettre sur la porte de la ville, pour donner satisfaction aux Juifs ; depuis, on le jeta à la voirie : mais Dieu l'on fit retirer d'une manière miraculeuse. Une femme de Cappadoce, pauvre et aveugle, n'ayant pour consoler son veuvage qu'un fils qui la menait par la main, entreprit le voyage de Jérusalem, pour y prier Notre Seigneur Jésus-Christ de la guérir et de la délivrer des calamités dont elle était accablée ; mais à peine fut-elle arrivée, que son fils mourut et la laissa sans guide et dans une désolation qui ne se peut exprimer. L'ennui dont elle était accablée, l'assoupit enfin et la fit dormir. Durant son sommeil, saint Longin lui apparut et la consola, lui remontrant que les peines que Jésus-Christ avait souffertes pour nos péchés, étaient incomparablement plus grandes que les siennes. Ensuite, il lui commanda d'aller chercher son chef, qui était couvert de fumier, l'assurant qu'en le touchant elle recouvrerait la vue ; il lui promit aussi qu'il lui ferait voir son fils, dont elle pleurait amèrement la perte.
La femme, encouragée par cette vision, se fit conduire à l'endroit qui lui était marqué, et, tirant ce précieux trésor du lieu infect où il était, elle reçut la grâce qui lui avait été promise. La nuit suivante, saint Longin lui apparut encore, et, lui montrant son fils revêtu d'une merveilleuse clarté, il lui dit :
" Ne pleurez plus comme malheureux ceux qui sont couronnés de gloire et qui bénissent éternellement Dieu. Prenez ma tête et ensevelissez-la avec le corps de votre fils, dans un même cercueil, et ne cessez de louer Dieu dans ses Saints."

Copie très exacte du fer de la Sainte Lance faite sur l'original
Pour le fer de la lance, dont on dit que saint Longin perça le côté de Notre Seigneur Jésus-Christ, il se gardait religieusement avant la Révolution en France, en la Sainte-Chapelle, à Paris, où le roi saint Louis le mit avec les autres instruments de la Passion, que sa piété lui avait donné moyen de recouvrer de divers endroits de la chrétienté.
Saint Longin est représenté en armes, le casque en tête, l'épée au côté, au pied de la Croix. Plusieurs peintres anciens lui font porter la main gauche à ces yeux, pendant que de la droite, il dirige sa pique vers le corps du crucifié, par allusion à sa guérison corporelle et spirituelle tout à la fois. Il aurait eu les yeux crevés avant sa décollation. Dans la posture de condamné à mort qu'on lui donne, il a donc quelquefois les yeux arrachés. Il passe aussi pour avoir terrassé un dragon : c'est sans doute par allusion à la prédication de l'Evangile qu'il fit dans la Cappadoce.

Le Sacré Coeur transperçé par la sainte lance.
Il porte quelquefois un vase de cristal dans lequel se trouvent 2 ou 3 globules qui s'expliquent comme on va le voir. La ville de Mantoue se glorifiait de posséder, avec le corps de saint Longin, quelques gouttes du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, recueillies par le Saint qui avait percé son côté. - Le reliquaire du saint sang figure sur plusieurs monnaies anciennes de la cité de Mantoue : la découverte de ce trésor, au commencement du IXe siècle, donna lieu à l'érection d'un siège épiscopal dans cette ville.
La mémoire de saint Longin est marquée en ce jour dans le martyrologe romain, comme il parait par la traduction que nous en avons donnée : l'on y voit approuvée l'ancienne tradition, que c'est lui qui perça d'un coup de lance le côté du Sauveur mort, d'où coula du sang et de l'eau, ainsi qu'il est écrit dans saint Jean. Saint Hésychius, prêtre de Jérusalem, a composé son histoire, et les continuateurs de Bollandus en rapportent les Actes tirés d'un ancien manuscrit de la bibliothèque de l'Etat du Vatican.
On trouve à Prague une Rotonde (une chapelle-oratoire) qui est dédiée à Saint Longin.

Rotonde-oratoire Saint-Longin à Prague.
vendredi, 15 mars 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)
16 mars. Saint Julien de Lescar, premier évêque connu de Lescar ou Béarn. 400.
- Saint Julien de Lescar, premier évêque connu de Lescar ou Béarn. 400.
Pape : Saint Anastase. Empereur d'Occident : Honorius.
" Non destitit laborare ut denarium a Domino mereretur accipere."
" Il travaillait sans cesse pour mériter de recevoir des mains du Seigneur le denier de chaque jour."
Brév. de Lescar (1541), Légende de saint Léonce de Trèves.

Saint Julien guérissant un enfant. Missel. XVe.
Voici ce que rapporte une ancienne tradition, recueillie par le vieux Bréviaire de Lescar, imprimé en 1541 :
En la cité de Trèves, capitale de la Gaule Belgique, qui fut fondée par Trebeta, frère de Ninus, roi d'Assyrie - s'il faut en croire les vieilles histoires - et qui fut évangélisée par Valère, disciple du bienheureux Pierre, il y eut un évêque, du nom de Léonce, homme distingué par la noblesse de sa race et la gravité de ses moeurs, appliqué aux saintes oeuvres et désireux de cultiver la vigne du Seigneur, par l'extirpation de l'idolâtrie, jusque dans les contrées les plus lointaines. Il avait un disciple admirablement vertueux, Julein, très diligent imitateur d'un si bon Maître.
Or, saint Léonce, qui savait qu'une partie des Gaules était livrée au culte des démons et qui, dans sa grande douleur, trouvait injuste et indécent que le prince des ténèbres régnât sur les créatures de Dieu, apprit que le pays de Béarn (patria bearnica), loin d'avoir reçu l'Evangile du Christ " qu'on y avait semé de mille manières ", gémissait encore dans la fange des superstitions et de l'incrédulité. Un jour donc, que le bienheureux Julien était auprès de lui, il lui parla en ces termes :
" Bienheureux Frère, il nous faut observer les préceptes du Seigneur, et, pour l'éternelle récompense, travailler beaucoup dans la vigne du Christ. C'est pourquoi, Ô homme excellent et très miséricordieux, écoutez mes conseils et ceignez vos reins ; hâtez-vous et courez pour amener à la religion véritable ce peuple qui sert les démons."

Voyage de saint Julien de Trèves à Lescar. Vies de saints. XIIIe.
Le bienheureux Julien brûlait lui-même du désir d'arracher à la gueule du dragon les âmes que le Christ a rachetées de son sang. Docile aux avis de son maître, il prit avec lui deux prêtres, Austrilien et Alpinien, et se mit en route avec autant de joie que de promptitude.
Mais bientôt il advint que l'un de ses compagnons, Austrilien, passa de vie à trépas. Sur quoi, saint Julien, rebroussant chemin, courut en toute hâte raconter son malheur au serviteur de Dieu. Celui-ci lui dit :
" Repartez au plus tôt, et, prenant en main mon bâton, vous en toucherez le cadavre de votre frère défunt."
Saint Julien repartit, et, arrivé au lieu où le prêtre Austrilien avait été enseveli, il toucha du bâton, suivant la parole de l'homme de Dieu, le corps du défunt qui revont à la vie. Alors, redoublant d'ardeur, le bienheureux Julien continua sa route. Enfin, il arriva à Beneharnum ; il y confessa le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, y enseigna hautement la loi de Dieu, et, par sa douceur non moins que par ses miracles, il amena à la foi du Christ la nation béarnaise, si grandement aveugle jusque-là.
Les miracles en effet vinrent confirmer la prédication du bienheureux Julien. Il guérit un boiteux, du nom de Cisternanus, et ses deux fils ; il donna la vue à trois frères, aveugles de naissance, Amilien, Nicet et Ambroisien ; purifia deux lépreux, Valentin et Urbain ; rendit l'ouïe à quatre sourds et sauva sept hommes dont les eaux du Gave emportait la nacelle (Gave est le nom générique de tous les cours d'eau ou torrents dans les Pyrénées ; gave ou gaba signifie, en basque, sombre et profond. Ce mot a passé dans le langage populaire de certaines provinces, où l'on dit encore se gaver d'eau pour signifier se gorger).
Dieu voulut donner une vierge martyre à cette église naissante. Une noble fille, nommée Valérienne, avait été promise en mariage à un Gentil : mais comme celui-ci, résistant aux conseils de Julien, ne voulut pas abjurer ses faux dieux, Valérienne refusa de l'épouser ; ce que voyant, le jeune homme donna la mort à sa fiancée, qui ontint ainsi deux couronnes, l'une blanche pour sa virginité, l'autre de pourpre pour son martyre.
C'est de cette manière que le bienheureux Julien conduisit à la vérité le peuple du Béarn et qu'il fonda une nouvelle Eglise, dont le siège épiscopal fut fixé dans la ville qui porte aujourd'hui le nom de Lescar.
Notons au passage que Lescar a succédé à la ville de Beneharnum, qui a donné son nom à la province de Béarn. Cette province correspond aux arrondissements de Pau, d'Orthez et d'Oloron. La ville des Béarnais subsista jusque l'an 845, époque à laquelle les Normands la détruisirent. Les ducs de Gascogne la relevèrent de ses ruines vers l'an 1000, et ce n'est qu'à partir de cette époque qu'elle s'appela Lescar, c'est-à-dire entourée de ruisseaux. Son évêché, en dernier lieu, n'était composé que de quarante paroisses, tandis que celui d'Oloron en comptait deux cents et plus ; mais la circonscription spirituelle de Lescar était beaucoup plus étendue au temps de saint Julien et comprenait, comme nous l'avons vu, tout le Béarn. Oloron ne fut, plus tard, qu'un démembrement de ce diocèse primitif.
Cependant, le saint évêque de Trèves, Léonce, avait entrepris, malgré son extrême vieillesse, le pèlerinage de Saint-Jacques. Sur sa route se trouvait la cité de son disciple. Il s'y arrêta, et, quand il vit les triomphes remportés par Julien sur les ténèbres de l'erreur, il rendit à Dieu d'immenses actions de grâces, puis continua son pieux voyage, en traversant la cité d'Iluro et la vallée d'Aspe.
A son retour, saint Léonce repassa par Beneharnum, où il sentit s'affaiblir ses membres octogénaires. Bientôt l'agonie se déclara ; il reçut les sacrements du Seigneurs ; on vit une nuée blanche envelopper son lit, et il rendit son âme à Dieu en proférant de saintes paroles. Le bienheureux Julien lui fit de magnifiques funérailles, que Dieu illustra par des miracles, entre autres la résurrection de trois morts et la guérison de dix aveugles. Au moment où le clergé entonnait l'office des morts, une voix d'anges se fit entendre, disant avec transport : " Réjouissez-vous dans le Seigneur ", comme pour déclarer que le Saint évêque de Trèves était déjà au ciel.
A propos de l'état de l'Eglise de cette région, disons que lorsqu'en 406, c'est-à-dire six ans après que la sainte mort de saint Julien, sur laquelle nous n'avons pas de détail en dehors de sa date, Wallia, à la tête de ses Goths de l'Ouest ou Wisigoths, dépeupla tout ce qui appartient à l'Aquitaine et aux neuf peuples ; le pays où il campait était catholique.
Les neuf peuples en question, dans l'Aquitaine, étaient les Tarbelli (Dax et Bayonne), les Ausci (Auch et Armagnac), les Bigorrais, les Cocozates (Bazas), les Eluzates (Eauze), les Tarusates (Tartas et Chalosse), les Convenae (Comminges et Conserans), les Benharni (Lescar, Oloron, Aspe, Ossau, Barétous, Soule) et les Garites, dont le nom est rappelé par Garis, village de la Basse-Navarre.
Sidoine Apollinaire nous apprend que Bordeaux, Bazas, Comminges, Auch et beaucoup d'autres cités touchaient à leur ruine spiritelle par la mort de leurs pasteurs, moissonnés sans qu'on établît de nouveaux évêques... Dans les diocèse et dans les paroisses, tout était négligé. Sidoine Apollinaire, dans ce passage, distingue les paroisse rurales des paroisses urbaines. D'après saint Grégoire de Tours, ce furent surtout les villes des deux Aquitaines et de la Novempopulanie qui se firent dépeuplées par cette horrible tempête.
Ajoutons que, plus loin dans le temps, les actes du concile d'Agde, tenu en 506, et auquel la Novempopulanie fut représentée par onze évêques, dont celui de Lescar, saint Galactoire, et celui d'Oloron, saint Grat, nous apprennent que dès les premières années du VIe siècle, il y avait dans les contrées du midi des couvents d'hommes et de femmes, que le clergé possédait des propriétés, que les diocèses étaient divisés en paroisses.
On peut aisément conclure de tout cela qu'à l'arrivée des Wisigoths, au commencement du Ve siècle, l'Eglise était partout et hiérarchiquement constituée.
La ville de Lescar fête saint Julien à la fin août à l'occasion des fêtes patronales.
Saint Julien de Lescar est invoqué pour la guérison de plusieurs maladies et handicaps.
L'église Saint-Julien de Lescar à Lescar
L’Evêché de Lescar existait donc dès le Ve siècle avec une église cathédrale, Saint-Julien, dans la Basse-ville. Détruite par les Normands, rebâtie au XIIIe siècle, elle fut de nouveau détruite en 1569 par les bêtes féroces protestantes de Montgomery. Reconstruite une troisième et dernière fois au XVIIe siècle, seul le clocher pignon de l’église romane a survécu. Saint-Julien ne fut donc cathédrale que durant la deuxième moitié du premier millénaire.
Curiosité, la ville de Lescar fut baptisée au alentours du XIIIe siècle " ville septénaire ", car elle comportait 7 églises, 7 portes, 7 fontaines, 7 tours, 7 moulins, 7 vignes et 7 bois.
La cathédrale Notre Dame de l'Assomption de Lescar
Au Xe siècle, il subsistait dans la Haute-ville un baptistère dédié à Saint-Jean-Baptiste. Un soldat repenti, " Loup-Fort ", construisit à sa place une chapelle et un monastère sous le vocable de Sainte-Marie.
En 1062, cette chapelle fut consacrée cathédrale et Lescar devint Évêché. L'augmentation de l'édifice débuta en 1120 par le chœur à l'instigation de son évêque Guy de Lons. La cathédrale fut elle aussi saccagée par les bêtes féroces calvinistes de Montgomery sous le règne de Jeanne d'Albret.
D'importantes restaurations aux XVIIe et XVIIIe siècles sauvèrent le chœur de la ruine. Le chevet a conservé une architecture romane. La nef est voûtée en berceau plein cintre, les bas-côtés en berceaux transversaux. Sur les chapiteaux romans on peut reconnaitre des scènes du cycle de Daniel, de la naissance du Christ ou encore le sacrifice d'Abraham. Le sol du chœur est pavé d'une mosaïque du XIIe siècle représentant une scène de chasse.
Guy de Lons, l'évêque bâtisseur de la cathédrale, Henri II d'Albret, Catherine de Foix, Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier, François Phébus y sont notamment inhumés.
Sous la révolution, en 1791, l'évêché de Lescar fut supprimé et rattaché à celui de Bayonne, en même temps que celui d’Oloron Sainte-Marie.
samedi, 16 mars 2024 | Lien permanent