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18 avril. Saint Apollinaire de Rome (ou Apollonius), apologiste de la religion chrétienne, martyr. 186.
- Saint Apollinaire de Rome (ou Apollonius ou encore Apollone), apologiste de la religion chrétienne, martyr. 186.
Pape : saint Eleuthère. Empereurs romains : Marc-Aurèle ; Commode.
" Eh bien ! A quoi t'es-tu décidé ?
- A demeurer ferme dans ma religion, comme je te l'avais dit auparavant."
Procès-verbal des auditions de saint Appollonius de Rome inséré dans les Actes authentiques de son martyre.
Marc-Aurèle avait persécuté la religion chrétienne par zèle pour le paganisme. Son fils Commode, qui lui succéda en 180, fut, quoique très-vicieux, moins cruel envers les disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ ; il les favorisa même, en considération de Marcia, qu'il avait honorée du titre d'impératrice. Ce n'était pas que cette femme crût en Notre Seigneur Jésus-Christ ; mais elle s'intéressait fort à une religion dont les maximes lui paraissaient admirables. A la faveur de ce calme, l'Eglise vit augmenter prodigieusement le nombre de ses enfants. Plusieurs personnes de la première qualité se rangèrent sous les étendards de la Croix.
On comptait le sénateur Appollonius parmi ceux qui avaient abjuré l'idolâtrie. Appollonius était fort distingué par son mérite dans les belles-lettres et la philosophie. A peine eut-il connu la vérité qu'il étudia avec autant de succès que d'ardeur l'Ecirture sainte. Il vivait tranquille dans la pratique des bonnes oeuvres, lorsqu'un de ses exclaves, nommé Sévère, l'accusa dêtre chrétien devant Perrenia, préfet du prétoire. Sévère eut les jambes cassées et fut condamné à mort conformément à un édit de Marc-Aurèle, qui avait prononcé la peine de mort contre les accusateurs des Chrétiens, quoiqu'il n'eût point révoqué les lois portées antérieurement contre ces derniers.
A ce sujet, il faut noter que rien n'est plus étrange que la jurisprudence des Romains par rapport aux Chrétiens. On en la preuve dans cet édit et, entre autres, dans la réponse de Trajan à Pline le Jeune, lequel défendait de rechercher les Chrétiens et ordonnait en même temps de les condamner, s'ils étaient déférés en justice pour leur religion. Cela fait très justement dire à Tertullien :
" Quelle inconséquence ! D'où vient que vous êtes contraires à vous-même ? Si vous jugez que nous devons être punis, pourquoi n'approuvez-vous pas que l'on nous recherche ? Et s'il vous semble que nous ne devons point être recherchés, pourquoi ne prononcez-vous pas notre absolution ?"

L'empereur Marc-Aurèle, Marcus Aurelius Antoninus Augustus.
Cet empereur avait un fond de faiblesse qui le disposa, entre autre,
à écouter sans rougir les sottises d'un Sextus, et à être,
sous des apparences de prudence et de stoïcisme,
d'une indécision coupable vis-à-vis des Chrétiens.
Mais revenons à saint Appollonius. Saint Eusèbe de Césarée raconte son martyre et saint Jérôme rappelle sa qualité de sénateur. La découverte récente des actes authentiques (début du XIXe siècle) permet de compléter ces détails. Apollonius avait donc été dénoncé comme chrétien par un délateur de ses esclaves nommé Sévère nous l'avons vu. Il fut traduit par Perennia, préfet du prétoire, devant le Sénat. En cette circonstance Apollonius présenta au Sénat, pour sa défense, une apologie en règle du christianisme.
La longueur des discours d'Apollonius fut en effet conséquente puisque sa qualité de sénateur fit qu'on lui permit de s'expliquer comme il le souhaitait. En plein Sénat, il fit une excellente et très solide apologie de la vraie religion. Malheureusement cette pièce ne nous est pas parvenue. Saint Jérôme, qui l'avait lue, rapporte que l'élégance et la sûreté s'y trouvaient réunies à une connaissance profonde de la littérature sacrée et profane.
Trois jours après la comparution devant le Sénat il fut interrogé par le préfet seul. Il persista dans sa confession et fut condamné à être décapité. C'est ce que nous allons lire maintenant.
Le Christ, qui donne toutes choses, prépare une couronne de justice aux hommes de bonne volonté qui se tiennent attachés fermement à la foi en Dieu ; quant aux élus de Dieu, ils sont appelés à lui afin que, ayant livré le bon combat avec courage, ils obtiennent la réalisation des promesses qu'un Dieu, ennemi du mensonge, a faites à ceux qui l'aiment et qui croient en lui de toute leur âme.
L'un d'entre eux fut le saint martyr et vaillant champion du Christ, Apollonius. Il passa à Rome une existence remplie par les exercices de la piété et de l'ascèse, et, impatient de posséder le gage de sa vocation, il fut au nombre de ceux qui rendirent témoignage à Jésus-Christ ; ce qu'il fit en présence du Sénat et du préfet Terentius. Il s'exprima avec une grande hardiesse. Voici le procès-verbal de sa déposition.
Bréviaire franciscain. XVe.
Le préfet donna ordre d'introduire Apollonius devant le Sénat, il lui dit :
" Apollonius, pourquoi résistes-tu aux lois invincibles et, aux décrets des empereurs et refuses-tu de sacrifier aux dieux ?"
Apollonius lui répondit :
" Parce que je suis Chrétien, c'est pourquoi je crains Dieu qui a fait le ciel et la terre et je ne sacrifie pas aux faux dieux.
- Tu dois te repentir de ces pensées à cause des édits des empereurs, et prêter serment par la fortune de Commode."
Apollonius exposa alors hautement et souverainement sa conduite :
" Ecoutez maintenant l'exposé de ma conduite. Celui qui regrette ses actions justes et vertueuses est impie et n'a pas d'espérance ; celui au contraire qui se repent de ses actions contraires aux lois et de ses pensées coupables et n'y retombe plus, celui-là aime Dieu et s'essaye à faire passer son expérience dans la réalité. En ce qui me concerne, je suis absolument résolu d'observer le beau et glorieux commandement de Dieu que nous a enseigné. Notre-Seigneur le Christ à qui la pensée de l'homme est révélée et qui voit tout ce qui se fait en secret comme à découvert. Sans doute, il est préférable de ne pas jurer du tout, mais de vivre en toutes choses dans la paix et dans la foi. La vérité n'est-elle pas en elle-même un grand serment ? Et pour la même raison il est mauvais et répréhensible de jurer par le Christ, mais le mensonge a produit les mécréants à cause desquels on a employé le serment. Je veux jurer volontairement, par le vrai Dieu, que nous aussi nous aimons l'empereur et prions pour lui."
Le préfet repartit :
" Approche alors, et sacrifie à Apollon, et aux autres dieux, et à l'image de l'empereur."
- Quant à changer d'idées ou à prêter serment je m'en suis expliqué. En ce qui concerne le sacrifice, les Chrétiens et moi nous offrons un sacrifice non sanglant à Dieu, Maître du ciel et de la terre, et de la mer et de tout ce qui a la vie, et nous offrons ce sacrifice non pas à l'image, mais pour les personnes douées d'intelligence et de raison qui ont été choisies de Dieu pour gouverner les hommes. Voilà pourquoi, conformément aux ordres du Dieu à qui il appartient de commander, nous offrons nos prières à celui qui habite dans le ciel, au seul Dieu qui puisse gouverner la terre avec justice, tenant pour assuré que l'empereur tient de Lui ce qu'il est, et d'aucun autre, si ce n'est du Roi, du Dieu, qui tient toutes choses dans sa main."
- A coup sûr ce n'est pas pour philosopher qu'on t'a amené ici. Je te laisse un jour de répit, tu peux réfléchir sur tes intérêts et choisir la vie ou la mort."
Et il le fit reconduire en prison.

L'empereur Commode, Lucius Aelius Aurelius Commodus, sous le
règne duquel le sénateur saint Appollonius souffrit son martyre.
Trois jours après le préfet le fit comparaître de nouveau et lui dit :
" Eh bien ! A quoi t'es-tu décidé ?
- A demeurer ferme dans ma religion, comme je te l'avais dit auparavant, répondit Apollonius.
- Vu le décret du Sénat je te réitère de te repentir et de sacrifier aux dieux auxquels la terre entière rend hommage et offre des sacrifices ; il est préférable pour toi de vivre parmi nous plutôt que souffrir une mort avilissante. Il me semble que tu ne dois pas ignorer le décret du Sénat.
- Je sais le commandement du Dieu tout-puissant et je demeure ferme dans ma religion, je ne rends pas hommage aux idoles fabriquées de main d'homme, façonnées avec de l'or, de l'argent, ou du bois ; qui ne peuvent ni voir, ni entendre, parce qu'elles sont l'ouvrage d'hommes qui ignorent le vrai service de Dieu. Mais j'ai appris à adorer le Dieu du ciel, à ne rendre hommage qu'à lui seul, qui a insufflé le souffle de la vie dans tous les hommes et qui ne cesse de départir la vie à chacun d'eux. Je n'entends pas m'avilir moi-même et me jeter dans l'abîme. Il est honteux de rendre hommage à de vils objets, c'est une action ignominieuse d'adorer en vain, et les hommes qui le font commettent le péché.
Ceux qui ont inventé ces adorations étaient fous, plus fous encore que ceux qui adorent et rendent hommage. Dans leur folie, les Égyptiens adorent un oignon. Les Athéniens, jusqu'à nos jours, fabriquent et adorent une tête de boeuf en cuivre qu'ils nomment la fortune d'Athènes, et ils lui font une place en évidence près de la statue de Jupiter et d'Héraclès, à telle enseigne qu'ils lui adressent leurs prières. Et cependant cela ne vaut guère mieux que la boue séchée ou une poterie brisée.
Ils ont des yeux et ils ne voient pas, ils ont des oreilles et ils n'entendent pas, ils ont des mains mais ils ne savent qu'en faire, ils ont des pieds et ils ne marchent pas ; c'est qu'apparence n'est pas substance, et je pense que Socrate lui aussi se moque des Athéniens quand il jure par l'arbre populaire, par le chien et par le bois sec.
Les hommes, en adorant ces choses, pèchent d'abord contre eux-mêmes. De plus, ils sont coupables d'impiété envers Dieu parce qu'ils ignorent la vérité. Les Égyptiens, je reviens à eux, ont donné le nom de Dieu à l'oignon, à la truelle de bois, aux fruits des champs que nous mangeons, qui entrent dans l'estomac et que nous rejetons. Ils ont adoré cela; mais ce n'est pas tout, ils rendent hommage au poisson, à la colombe, au chien, à la pierre, au loup, dans lesquels ils adorent les fantaisies de leur imagination. Enfin, les hommes pèchent encore toutes les fois qu'ils adressent leurs hommages aux hommes, aux anges ou aux démons et les appellent leurs dieux."
Le préfet s'impatienta :
" Assez philosophé, nous sommes pleins d'admiration ; maintenant Apollonius, rappelle-toi ce décret du Sénat qui ne tolère nulle part de Chrétiens.
- Sans doute, mais un décret humain, fût-il du Sénat, ne prévaut pas contre un décret de Dieu. Il est bien vrai que les hommes inconséquents haïssent leurs bienfaiteurs et les font mourir, et de la sorte les hommes restent éloignés de Dieu. Mais tu n'ignores pas que Dieu a décrété la mort, après la mort le jugement pour tous les hommes, rois ou mendiants, potentats, esclaves ou hommes libres, philosophes ou ignorants.
On peut mourir de deux manières. Les disciples du Christ meurent tous les jours en mortifiant leurs désirs et en se renonçant à eux-mêmes suivant ce qu'enseignent les saintes Écritures.
Quant à nous, nous ne cédons pas aux mauvais désirs, nous ne jetons pas des regards impurs, pas de coups d'oeil furtifs, notre oreille se refuse à écouter le mal, de peur que nos âmes en soient souillées. Mais puisque nous observons une conduite si pure et que nous pratiquons de si saintes résolutions, nous ne trouvons rien de si ardu à mourir pour le vrai Dieu, de qui vient tout ce que nous avons, par qui nous sommes tout ce que nous sommes, pour qui nous affrontons les tortures afin d'éviter la mort éternelle.
Bien plus, nous ne nous offensons pas quand on confisque nos biens, parce que nous savons que, soit dans la vie, soit dans la mort, nous appartenons à Dieu. La fièvre, la jaunisse et toute autre maladie peut tuer un homme. Moi-même, je puis m'attendre à mourir de l'une d'elles."
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. R. de Montbaston. XIVe.
Le préfet interrogea alors :
" Tu veux mourir ?
- Mon désir est de vivre dans le Christ, mais je n'ai pas sujet de craindre la mort à cause de mon attachement à la vie. Il n'y a rien de plus désirable que la vie éternelle, source d'immortalité pour l'âme qui a mené une vie honnête.
- Je n'y comprends plus rien du tout, intervint le préfet.
- Et cependant que puis-je dire de plus ? C'est à la parole de Dieu d'illuminer le coeur comme la lumière naturelle luit devant les yeux."
Un philosophe qui se trouvait là dit :
" Apollonius, tu te fais tort à toi-même, tu es sorti du chemin de la vérité, ce qui ne t'empêche pas de croire que tu développes de hautes vérités.
- J'ai appris à prier et non à outrager, mais la façon dont tu parles témoigne l'aveuglement du coeur, car la vérité ne semble une insulte qu'à ceux qui ont perdu le sens.
- Explique-toi, lui dit alors le préfet.
- Le Verbe de Dieu, le Sauveur des âmes et des corps, s'est fait homme en Judée et il a pratiqué tout le bien possible ; il était rempli de sagesse et enseignait une religion pure, digne des enfants des hommes et d'imposer silence au péché. Il enseignait à apaiser la colère, modérer les désirs, détruire ou contenir les appétits, chasser la mélancolie, être compatissant, accroître l'amour, repousser la vaine gloire, s'abstenir de la vengeance, n'être pas intraitable, mépriser la mort, non pas tant par mépris que par indulgence pour ceux qui ont perdu toute loi, obéir aux lois de Dieu, honorer les princes, adorer Dieu, garder notre volonté fidèle au Dieu immortel, prévoir le jugement qui suit la mort, attendre la récompense qui suit la résurrection et que Dieu accorde à ceux qui ont vécu dans la sainteté.
Il enseignait tout ce que je viens de dire avec beaucoup de force par ses paroles et par ses actions, tous ceux à qui il avait accordé quelque bienfait lui rendaient gloire. Mais enfin il fut mis à mort, comme, avant lui, les sages et les justes l'ont été eux aussi ; car il semble que les justes soient un reproche aux méchants.
Nous lisons dans la divine Écriture : " Saisissons-nous de l'homme juste, car il est un sujet de reproche pour nous " ; et un philosophe [Socrate] dit de son côté : " Le juste sera torturé, on lui crachera au visage, enfin il sera crucifié."
De même que les Athéniens ont porté contre lui une injuste sentence de mort et l'ont accusé faussement pour obéir à la canaille, de même notre Sauveur fut condamné à mort par les méchants que l'envie et la malice dévoraient, suivant la parole prophétique : " Il fera du bien à tous et les persuadera, par sa bonté, d'adorer Dieu le Père et Créateur de toutes choses, en qui nous aussi nous croyons et à qui nous rendons hommage, parce que nous avons été instruits de ses saints commandements que nous ignorions, ce qui rend notre erreur moins profonde " ; aussi, après une vie sainte, comptons-nous recevoir la vie future."
Le préfet :
" J'espérais que la nuit te porterait conseil.
- Et moi aussi j'espérais que la nuit te porterait conseil et que ma réponse t'ouvrirait les yeux, et que ton coeur porterait des fruits, que tu adorerais Dieu, le Créateur de toutes choses, et que tu lui offrirais tes prières sous forme de compassion, car la compassion réciproque est un sacrifice non sanglant qui ne laisse pas d'être agréable à Dieu."
Le magistrat conclut enfin :
" Je voudrais bien t'accorder ton pardon, mais c'est impossible, il y a ce décret du Sénat, mais c'est sans haine que je prononce ta sentence."
Et il ordonna qu'on lui coupât la tête.
Apollonius lui répondit :
" Dieu soit béni pour ta sentence !"
Et aussitôt les bourreaux l'entraînèrent et lui coupèrent la tête. Lui n'avait pas cessé de rendre honneur au Père et au Fils et au Saint-Esprit, à qui soit la gloire pour toujours.
Amen.
vendredi, 18 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)
19 avril. Saint Vernier, ou Verny, Garnier, Warner, Werner, Wherner ou Vherner, martyr. Patron des vignerons. 1287.
- Saint Vernier, ou Verny, Garnier, Warner, Werner, Wherner ou encore Vherner, martyr. Patron des vignerons. 1287.
Pape : Nicolas IV. Empereur d'Allemagne : Rodolphe Ier.
" Je suis la vigne et vous en êtes les sarments : celui-là porte beaucoup de fruits qui demeure en moi et en qui je demeure ; sans moi, vous ne pouvez produire aucun fruit."
Evangile selon saint Jean. XV, 5.

Statue franc-comtoise de saint Vernier.
Vernier était du village de Mammerath, distant seulement de quelques lieues de la ville de Baccarach, dans la basse Allemagne. Cet enfant, très pieux, ayant perdu de trop bonne heure son père qui était vigneron, fut contraint, quand il fut un peu plus grand, de sortir de la maison de sa mère, à cause des mauvais traitements qu'il recevait de son beau-père, homme emporté et sans honneur.
Ayant reçu en chemin un morceau de pain de quelques bergers, il les récompensa très abondamment en leur obtenant de Dieu, par ses prières, une source d'eau vive dans un lieu où l'on n'en pouvait pas espérer.

Saint Verny. Statue. Beaujolais. XVIe.
Lorsqu'il fut dans la ville de Wesel (Oberwese en Allemand), au pays de Trèves, des Juifs, voyant qu'il ne demandait que de l'ouvrage pour gagner sa vie, l'engagèrent aisément à travailler chez eux.
Le Jeudi saint suivant, dans l'année où il avait été engagé, lorsqu'il eut fait ses Pâques avec les autres Chrétiens, ces Juifs l'attirèrent chez eux et le suspendirent par les pieds pour lui faire rendre la sainte hostie ; mais, voyant leurs efforts inutiles, ils lui écorchèrent tout le corps à coups de verges, et lui ouvrirent les veines en plusieurs endroits, afin d'en reccuillir le sang en vue de pratiquer des actes de sorcellerie talmudique.
Une jeune Chrétienne s'en aperçut, aux cris du pauvre petit Vernier, et courrut en donner avis au bourgmestre qui accourut assez rapidement pour interrompre ces épouvantables tortures et reccueillir les plaintes de cette innocente victime.
Notre Martyr lui représenta qu'il n'avait eu, pendant ses terribles épreuves, recours qu'à Dieu, et, qu'au milieu de ses douleurs, prononçait sans cesse les noms de Jésus et de Marie.
Hélas, ce bourgmestre, corrompu par les bourreaux par une forte somme d'argent, ferma ses oreilles aux plaintes et aux suppliques de notre petit saint Vernier, et l'abandonna à la fureur de ces tigres : ils achevèrent sans crainte leur tragédie dans des conditions que l'on ne peut rapporter ici.
Dans la nuit, ils jetèrent le corps du Martyr dans un bateau, avec ordre de remonter le Rhin jusqu'à Mayence (faut-il préciser pourquoi ils demandèrent à remonter et non à descendre le cours du fleuve ?), et de le transporter dans quelque endroit couvert de brousailles. Ces Juifs talmudiques, en effet, selon les prescriptions des livres ignobles dont ils s'inspiraient, ne donnaient pas la sépulture aux Chrétiens, même pour cacher un crime.
Mais la vengeance de Dieu les poursuivait. Après avoir navigué toute la nuit, le bateau, le lendemain matin, avait fait à peine une lieue. Les criminels essayèrent alors de jeter le corps de saint Vernier à l'eau. Vains efforts ! Voyant cela, ils le mirent dans une caverne entourée de buissons, non loin de Baccarac, près de l'endroit où s'éleva ensuite Winsbach. Ils croyaient avoir ainsi bien caché leur meurtre.
Mais Dieu, qui met en évidence les secrets les plus profonds, fit paraître, la nuit suivante, de si grands flambeaux au-dessus et autour de ce buisson, que tout le voisinage y accourut pour reconnaître la cause de ce prodige. Le corps de notre petit et saint martyr Vernier y fut trouvé encore tout baigné dans son sang ; ce qui amena les magistrats à faire la recherche des auteurs de ce meurtre. Il ne fut pas difficile de les connaître par la déposition de la jeune Chrétienne qui avait alerté le bourgmestre corrompu, par celle de ce dernier et celles des coupables.
Les ignobles homicides, ainsi que leur complice le bourgmestre, furent punis comme ils le méritaient.

Saint Vernier. Eglise de Lods. Franche-Comté.
Les honneurs dus aux saints furent rendus immédiatement aux petit Vernier.
Son martyre arriva le 19 avril 1287.
RELIQUES ET CULTE
Ses restes furent déposés dans un cercueil de chêne avec la serpette dont il se servait pour tailler la vigne. Ce cercueil fut porté à Baccarach, sur le Rhin, et mis dans la chapelle de Saint-Cunibert. On peut voir, dans les Bollandistes, les nombreux miracles dont Dieu l'honora. Son culte fut approuvé par le Saint-Siège en 1427. Le diocèse de Trèves célèbre publiquement son office.
Caché dans une muraille, à l'époque où l'on craignait les profanations des bêtes féroces Calvinistes, le corps de de saint Vernier fut découvert en 1621 et porté à Bruxelles.
Le culte de saint Vernier fut en honneur en Franche-Comté dès le XVIe siècle : il y fut probablement importé par Thiébaut de Rougemont qui avait visité les reliques de notre petit martyr en 1426 et qui avait pu constater les nombreux miracles qui s'opéraient à son tombeau.
En 1548, Jean Chuppin, chanoine de l'église Sainte-Madeleine de Besançon, rempli du désir d'honorer Dieu en honrant ses Saints dont saint Vernier, se transporta à Baccarac, et demanda pour son église une parcelle des reliques du Martyr. A la permission de l'Electeur palatin et de Jean, évêque de Trèves, il obtint l'index de la main droite et une partie du suaire teint du sang de saint Vernier.

Eglise Sainte-Madeleine de Besançon.
Quand la précieuse relique arriva à Besançon, les chanoines de Sainte-Madeleine et tout le clergé de la ville allèrent à sa rencontre et la reçurent avec le plus grand respect. L'archevêque de Besançon en fit une reconnaissance authentique et accorda une indulgence de quarante jours à tous les pieux fidèles qui visiteraient dévotement la châsse du martyr, exposée dans l'église Sainte-Madeleine.
Le nom de saint Vernier devint bientôt célèbre dans toute la Franche-Comté. Les vignerons de Besançon le choisirent pour leur patron spécial, et formèrent une confrérie sous son invocation. La fête s'en célébrait avec grande pompe le mardi après Quasimodo, et le prédicateur, choisi par les confrères, devait faire le panégyrique de saint Vernier. Cette confrérie, célèbre en Franche-Comté, fut enrichie d'indulgences par le souverain Pontife Innocent XI, le 10 décembre 1684 et toujours protégée par les archevêques de Besançon, honorée par les magistrats de la cité. Elle conserva longtemps l'amour des pratiques religieuses publiques chères aux Bizontins et aux Francs-Comtois.
Le suaire de saint Vernier ainsi que son index étaient autrefois portés publiquement en procession par toute la ville une fois l'an.
Les précieuses reliques de notre Saint ont hélas disparu pendant la tempête révolutionnaire.
Saint Simon de Trente, petit enfant chrétien, martyrisé par
des Juifs le vendredi saint de 1475. Gravure du XVIIe.
Au sujet de ce martyre caractéristique et singulier, il convient d'ajouter, qu'après un siècle passé à nier les " accusations de crimes rituels perpétrés par des Juifs et forgés par l'antisémistisme chrétien à partir du Moyen-Âge ", un certain nombre d'historiens contemporains, étudiant sérieusement cette délicate question, ont modifié leurs conclusions.
Ainsi, en février 2007, le professeur et chercheur israélien Ariel Toaff, fils d'un ancien Grand-rabbin de Rome, a publié un livre dont le titre est Pasque di sangue : Ebrei d'Europa e omicidi rituali (Pâques sanglantes : Juifs d'Europe et meurtres rituels). Dans ce livre, il conclut, entre autres, que les crimes rituels imputés aux Juifs ne furent pas des inventions, que le sang récupéré avait vocation à être utilisé pour des pratiques talmudiques et magiques, pour l'incorporer au pain azyme confectionné et consommé pour la Pâque que célèbrent les Israëlites post-christiques, et, séché, qu'il était utilisé à des fins médicales et qu'un marchant itinérant juif venant de Venise, impliqué dans le procès qui eut lieu à la suite de la découverte du meurtre rituel de saint Simon de Trente, en faisait commerce.
Faut-il préciser que ses conclusions sont contestées et que son livre fit, et fait encore scandale ?
Rq : Sur ce sujet grave, nous recommandons aux seuls lecteurs adultes la lecture et le téléchargement du livre " Le mystère du sang ", de monsieur l'abbé Henri Desportes, paru à la fin du XIXe siècle.
Ce livre, très sérieux et documenté, était encore consultable sur le site Gallica - site de la Bibliothèque nationale de France - voilà encore un an environ ; il a été retiré de la consultation.
Il est désormais disponible sur ce lien : http://www.thule-italia.net/religione/Desportes.pdf...
samedi, 19 avril 2025 | Lien permanent
19 avril. Saint Expédit, commandant de la légion Fulminante et martyr. 303.
" Tout me semble une perte auprès de la connaissance de Jésus-Christ pour l'amour duquel je me suis privé de toutes choses."
Saint Paul. Ep. aux Philippiens, III, 8.

Saint Expédit. Eglise Saint-Didier. Brain-sur-Longuenée. Touraine.
C'est du Martyrologium Hieronymianum(1) que l'on tire que saint Expedit est mort martyr sous la persécution de Dioclétien le 19 avril 303. Il était le commandant en chef de la XIIe légion romaine, dénommée la Fulminante, qui tenait ses quartiers dans la ville de Mélitène, chef-lieu de la province romaine d’Arménie. Il avait donc 6821 hommes sous ses ordres. Cette légion était constituée d’Améniens chrétiens et avait déjà protégé Jérusalem contre les assauts des Barbares. En ce temps-là, elle avait pour mission de veiller sur la protection de la frontière orientale. Saint Expédit était donc investi d’une fonction de tout premier ordre.
Le nom de Fulminante donné à cette légion, provenait d’un fait d’armes miraculeux. C’était quelque cent ans plus tôt, sous le règne, et en la présence de Marc-Aurèle lui-même. L’armée romaine, engagée dans la pénible campagne de Germanie, s’était retranchée dans un oppidum fortifié de la région des Quades, dans le nord-est de la Hongrie, mais surprise par les Barbares, elle s’était laissée encercler. On se trouvait en été et l’eau finit par disparaître. Mourants de soif, les soldats romains n’avaient plus la force de combattre ; leur moral déclinait rapidement. L'armée romaine était sur le point de périr tout entière.
Faisant appel aux augures magiques qui accompagnaient inévitablement les troupes en campagne, et prédisaient la bonne ou la mauvaise issue d’une campagne, Marc-Aurèle ordonna que des prières publiques fussent adressées aux dieux. Tandis que le reste de l’armée s’adonnait à de stériles et répugnantes invocations et pratiques, la Fulminante sortit du camp, s’agenouilla dans la plaine et fit monter vers Jésus-Christ, le seul vrai Dieu, des prières ferventes. En voyant ces 6000 soldats à genoux, les bras en croix, l’ennemi interloqué n’osa attaquer.

Miracle de la Légion Fulminante. Sur la partie droite, Dieu est
représenté faisant pleuvoir pluie et grêle sur les Germains.
Détail de la Colonne antonine. Rome. IVe.
Leur prière une fois achevée, d’un même élan, les soldats se dressent et courent sus aux Barbares. A cet instant, une pluie torrentielle se met à tomber. Dans leurs casques, les soldats recueillent cette eau providentielle, s’en abreuvent à longs traits sans cesser de combattre et reprennent des forces. Aussitôt le combat engagé par la Fulminante, un terrible orage éclata. La foudre cribla les rangs des Barbares qui fuirent sous une pluie de grêlons gros comme des pierres alors que les chrétiens ne furent pas touchés. C’est en commémoration de ce miracle que la XIIe légion romaine reçut ce nom de Fulminante.
Ce fait est avéré et rapporté par Marc-Aurèle lui-même. Il aurait lui-même baptisé de Fulminante cette légion. Cette légion, composée très majoritairement de soldats chrétiens, s'était déjà illustrée précédemment par de hauts faits d'armes ; raison pour laquelle Marc-Aurèle, pendant cette terrible sécheresse, avait défendu que les autres troupes, qui l'accusaient d'en être responsable, ne s'en prissent à ses soldats, et même ne l'en accusât publiquement.

Eglise Saint-Briac. Saint-Briac-sur-Mer. Bretagne.
Du supplice de saint Expédit, quelque cent ans plus tard donc, nous ne connaissons que la date et le lieu : Mélitène. Flagellé jusqu’au sang puis décapité par le glaive. Son corps a entièrement disparu, ou du moins n'a pas été retrouvé. Nous n’avons aucune relique de lui.
L'Eglise procède ainsi avec un certain nombre de saints, dont saint Expédit. Sur cette matière, le scepticisme, érigé en religion depuis le XXe siècle, et qui a disposé les usurpateurs du trône de Pierre à rayer un certain nombre de saints de LEUR calendrier, est au moins hasardeux. Ils auraient fait subir le même sort à sainte Philomène...
Quant au calendrier des dits usurpateurs : il n'est pas catholique. Rappelons que ce n'est pas parce qu'ils y conservent des saints authentiquement catholiques - avec lesquels ils ne partagent d'ailleurs presque rien de la vrai foi professée par ceux-ci, et ce qui illustre au passage leur volonté de subvertir sournoisement et de tromper les pauvres fidèles qui les suivent en changeant l'identité catholique de manière rampante et progressive afin de les pervertir " en douceur " -, qu'ils le sont eux-mêmes.

Verrière de l'église Saint-Etienne. Saint-Etienne-l'Allier. Normandie.
Bien d'autres sectes issues du Christiannisme, voire d'autres religions, aux tendances syncrétiques notamment, " vénèrent " des saints catholiques : cela n'en fait bien évidemment pas des religions catholiques.
Ce calendrier n'est pas catholique ; il n'est donc pas le nôtre, comme on l'aura compris. Ces notices ne tiennent donc aucun compte en la matière des curiosités et autres scandales postérieurs au pontificat de Pie XII.
Revenons à notre cher saint Expédit. Il a donc rejoint au ciel ses compagnons d’arme, saint Sébastien (que l'on fête le 2 janvier) et saint Maurice (que l'on fête au 22 septembre) de la légion Thébaine. Soldat de grands mérites militaires comme eux, chef courageux et reconnu comme eux, mais aussi et surtout martyr comme eux, pour avoir professé héroïquement Notre Seigneur Jésus-Christ.
On représente saint Expedit vêtu en légionnaire romain, tenant d’une main la palme du martyre, il présente de l’autre la croix sur laquelle est frappée le mot Hodie qui veut dire aujourd’hui. Du pied il écrase un corbeau (ou parfois l'aigle romaine) qui crie : Cras, c'est-à-dire demain.
Demain, en effet, c’est peut-être jamais.

Eglise Saint-Nicolas. Milan.
Saint Expedit est plus spécialement invoqué en faveur de trois causes principales (mais on peut le prier pour d’autres grâces) :
- le succès dans les examens, car il est le patron de la jeunesse ;
- l’intercession dans les affaires pressantes, quelles qu’elles soient ;
- la médiation dans les différends et les procès, afin de trouver une heureuse issue.
samedi, 19 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (3)
25 avril. Saint Marc l'Evangéliste. 68.
- Saint Marc l'Evangéliste. 68.
" Je suis la chaire de Marc. Ma règle divine me fut donnée par Marc : Toujours avec Rome."
Inscription araméenne gravée sur la chaire de saint Marc conservée à Venise.

Saint Marc était probablement de la race d'Aaron ; il était né en Galilée. Il semble faisait partie du groupe des soixante-douze disciples du Sauveur ; mais il nous apparaît surtout dans l'histoire comme le compagnon fidèle de l'apostolat de saint Pierre.
C'est sous l'inspiration du chef des Apôtres et à la demande des Chrétiens de Rome qu'il écrivit l'Évangile qui porte son nom. Marc cependant ne suivit pas saint Pierre jusqu'à son glorieux martyre ; mais il reçut de lui la mission spéciale d'évangéliser Alexandrie, l'Égypte et d'autres provinces africaines.
Le disciple ne faillit pas à sa tâche et porta aussi loin qu'il put, dans ces contrées, le flambeau de l'Évangile. Alexandrie en particulier devint un foyer si lumineux, la perfection chrétienne y arriva à un si haut point, que cette Église, comme celle de Jérusalem, ne formait qu'un coeur et qu'une âme dans le service de Jésus-Christ. La rage du démon ne pouvait manquer d'éclater.
Les païens endurcis résolurent la mort du saint évangéliste et cherchèrent tous les moyens de s'emparer de lui. Marc, pour assurer l'affermissement de son oeuvre, forma un clergé sûr et vraiment apostolique, puis échappa aux pièges de ses ennemis en allant porter ailleurs la Croix de Jésus-Christ. Quelques années plus tard, il eut la consolation de retrouver l'Église d'Alexandrie de plus en plus florissante.

Evangile de Loisel. XIVe.
La nouvelle extension que prit la foi par sa présence, les conversions nombreuses provoquées par ses miracles, renouvelèrent la rage des païens. Il fut saisi et traîné, une corde au cou, dans un lieu plein de rochers et de précipices. Après ce long et douloureux supplice, on le jeta en prison, où il fut consolé, la nuit suivante, par l'apparition d'un ange qui le fortifia pour le combat décisif, et par l'apparition du Sauveur Lui-même.
Le lendemain matin, Marc fut donc tiré de prison ; on lui mit une seconde fois la corde au cou, on le renversa et on le traîna en poussant des hurlements furieux. La victime, pendant cette épreuve douloureuse, remerciait Dieu et implorait Sa miséricorde. Enfin broyé par les rochers où se heurtaient ses membres sanglants, il expira en disant :
" Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."
CULTE
Tous les anciens martyrologes parlent de saint Marc. Quelques-uns, comme l'hiéronymien, le placent au 23 septembre ; Tillemont déclare qu'on n'en sait pas la raison. La plupart le mettent au 25 avril ; tels sont le martyrologe de Bède qui se base sur la passion de saint Marc ; on y déclare que le martyre eut lieu la quatorzième année de Néron ; le martyrologe de Florus qui ajoute à Bède quelques détails puisés dans saint Jérôme ; le Vetus Romanum, et enfin Adon qui trouve moyen d'insérer une interpolation relative aux loca Bucoliae ; le martyrologe romain dit la huitième année de Néron.
Les grecs nomment encore saint Marc, le 11 janvier, en un quartier dit le Taureau, peut-être à cause d'une dédicace d'église.

RELIQUES
Le corps de saint Marc fut longtemps vénéré à Alexandrie. Les Actes de saint Pierre d'Alexandrie disent positivement que Marc fut martyrisé à Bucoles, qu'il y avait là une église bâtie vers 310 et un cimetière dit de " Saint-Marc ". Pierre lui-même souffrit en ce lieu, et demanda à ses bourreaux la liberté d'aller prier sur le tombeau de Marc.
D'après Palladius, le saint prêtre Philorome vint à pied de Galatie en Cappadoce pour visiter le tombeau de saint Marc.
Le corps de saint Marc était encore vénéré à Alexandrie au VIIIe siècle, bien que la ville fût alors sous la domination mahométane : il se trouvait dans un tombeau de marbre en une église située à droite de l'entrée de la ville. On prétend que, vers 815, des marchands vénitiens emportèrent les ossements dissimulés au fond d'un panier. Les bollandistes donnèrent à ce sujet une relation tirée de Baronius, mais considérée comme suspecte par Tillemont.
Bernard, moine français, qui fit le voyage d'Orient en 870, assure qu'alors le corps de saint Marc n'était plus à Alexandrie, mais avait été porté à Venise. Mais, dans cette ville, on ne savait pas précisément où était le corps. Au XIVe siècle, le Doge et les procurateurs de la république prétendaient connaître seuls l'endroit où se trouvait le corps et en faisaient un secret aux autres.
Les Vénitiens ont pris saint Marc pour leur patron, et font mémoire de la translation du corps, le 31 janvier.
Ses reliques donnent la guérison au peuple, contre toutes les afflictions, douleurs et maladies.
vendredi, 25 avril 2025 | Lien permanent
26 avril. Notre Dame du Bon Conseil. 1467.
- Notre Dame du Bon Conseil. 1467.
Papes : Paul II ; Sixte IV ; Léon XIII.

L'apparition de Notre-Dame du Bon Conseil est si célèbre, Son image si répandue et si honorée dans l'Église, qu'il convient de donner place à cette forme de dévotion.
La petite ville de Gennazano, à dix lieues environ de Rome, sur les montagnes de la Sabine, honora, dès le Ve siècle, la Sainte Vierge sous le vocable de Notre-Dame du Bon Conseil.
Au XVe siècle, l’Église menaçait ruine. Une pieuse femme, nommée Petruccia, entreprit de la reconstruire, malgré ses quatre-vingts ans ; elle y employa sa fortune, qui ne suffit pas à l'achever. Petruccia prédit que la Sainte Vierge achèverait l’œuvre.
Or, le 25 avril 1467, à l'heure des vêpres, une céleste harmonie se fit entendre dans les airs, la foule vit descendre une nuée brillante qui alla se reposer sur l'autel de la chapelle de Saint-Blaise, par où avait commencé la restauration de l'église. Au même moment, toutes les cloches du pays sonnèrent leurs plus joyeuses volées. La nuée disparue, la foule émerveillée aperçut une image de Marie portant l'Enfant Jésus, peinte sur enduit et se tenant au fond de l'autel, près du mur, sans appui naturel.
Il fut dûment constaté que cette peinture avait été transportée miraculeusement d'une église de Scutari, ville d'Albanie. La Providence avait voulu la soustraire aux profanations des Turcs, maîtres de ce pays, et l'envoyer comme récompense de la foi de Petruccia et des habitants de Gennazano.
L'histoire des merveilles de tous genres accomplies, depuis ce temps, autour de l'image miraculeuse, demanderait des volumes entiers. Souvent on a vu l'image changer d'aspect, et les yeux de la Sainte Vierge prendre un air de vie exprimant la joie ou la douleur. Que de maladies et d'infirmités guéries ! Que de grâces spirituelles obtenues !
Gennazano est toujours un lieu de pèlerinage vénéré et très fréquenté, et beaucoup de pieux pèlerins même étrangers à l'Italie, si le temps le leur permet, tiennent à visiter ce sanctuaire béni. Les souverains Pontifes ont comblé d'indulgences la dévotion à Notre-Dame du Bon Conseil, et Léon XIII a inséré dans les Litanies de la Sainte Vierge le titre de Mère du Bon Conseil.
Notre Dame du Bon Conseil est particulièrement fêtée à Ajaccio en Corse, à Châteauroux en Berry et à Cuébris dans le comté de Nice.
Rq : Nous signalons au lecteur l'existence de l'institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Cet institut catholique mérite d'être encouragé et soutenu. Il permet notamment aux catholiques de la région parisienne de pouvoir accéder aux sacrements, notamment à la très sainte communion et à la confession chaque semaine, grâce au saint dévouement de ses prêtres. E toute justice, il convient de signaler que ces prêtres ont une opinion déplorable concernant l'apparition de Notre Dame à La Salette. Prions pour que cela ne leur nuise pas et pour qu'ils reviennent à la raison concernant Notre Dame et " Mélanie la sainte " (saint Pie X dixit).
Le site de l'institut est riche d'une publication d'excellente qualité, Sodalitium : http://www.sodalitium.eu/index.php
samedi, 26 avril 2025 | Lien permanent
27 avril. Saint Pierre Canisius de Nimègue, docteur de l'Eglise, apôtre de l'Allemagne. 1597.
- Saint Pierre Canisius de Nimègue, docteur de l'Eglise, apôtre de l'Allemagne. 1597.
Pape : Clément VIII. Empereur du Saint-Empire : Rodolphe II de Habsbourg.
Salvien.

Saint Pierre Canisius. Gravure du XVIe.
Humilité et soumission, ces deux mots résument toute l'oeuvre de saint Ignace, dont saint Pierre Canisius fut l'un des premiers et des plus grands disciples. On a souvent tourné en dérision cette sublimité de l'obéissance recommandée aux religieux de la Compagnie de Jésus. On s'est moqué du fameux perinde ac cadaver. Mais a-t-on réfléchi que ce grand précepte de la soumission est la condition sine qua non de toute autorité divine ou humaine ? Conçoit-on une royauté, comprend-on une armée, imagine-t-on une traversée maritime sans l'obéissance au chef du pouvoir, de l'expédition ou du vaisseau ? La soumission est la garantie de toute puissance.
Et l'humilité, cette vertu qu'il n'est donné à l'homme de comprendre que se lève les yeux en haut, n'a-t-elle pas été de tous temps le cartère distinctif de la vraie grandeur ? L'orgueil qui lui est opposé, comme l'indépendance à la soumission, ne sont-ils pas les deux vices fondamentaux qui ont amené la ruine du protestantisme ?
Luther et saint Ignace naissent en même temps : l'un prêche la révolte à l'autorité, et ses premiers disciples appliquant rigoureusement les principes de leur maître, arrivent à l'impuissance et à l'alarchie ; l'autre recommande à ses enfants la soumission à l'autorité, et trois siècles ne font qu'assurer à son oeuvre une plus longue durée.
Magnifique et vivant enseignement que cette lutte perpétuelle de la vérité contre l'erreur ! Chaque ère qui se lève sur le monde l'atteste, mais chaque ère aussi vient proclamer plus haut le triomphe de cette vérité immuable comme son principe, qui est le bien et le vrai éternel, sur l'erreur qui, malgré ses formes chaque jour différentes, n'est que ruine et poussière ; car elle ne s'appuie que sur le faux et sur le mal.

Martin Luther. Lucas Cranach. XVIe.
Notre saint du jour n'est plus " populaire ". Et pour cause ! Il fut un combattant jamais vaincu des droits de l'Eglise contre les désordres de l'anarchie, un champion de la vérité contre les sectateurs des ténèbres du mensonges. Nos temps qui s'enfoncent chaque jour un peu plus sous l'empire du prince de ce monde combattent ardemment - jusque dans leur commémoraison - des figures comme celle de saint Pierre Canisius. Ce champion du concile de Trente ne saurait guère plus plaire à la secte usurpatrice du si beau nom catholique qui plastronne à Rome et coule lentement dans un syncrétisme satanique.
N'importe ! Honorons en ce 27 avril, le grand saint Pierre Canisius, infatigable apôtre de la vérité, de Notre Seigneur Jésus-Christ et de son Eglise, et de Notre Dame pour laquelle il avait - avec saint Michel archange - une particulière et tendre dévotion.
La famille de Pierre Canisius était l'une des plus distinguées de la Hollande ; son père, d'abord conseiller du duc Charles de Lorraine, fut ensuite bailli de Verdun. Né en 1521, c'est sous le toit paternel que Pierre passa, dans l'innocence, ses premières années. Puis, il fut envoyé à Cologne, pour y apprendre les belles-lettres. En peu de temps, il eut achevé son cours d'humanités et reçut le grade de docteur en droit civil. Il vint alors à Louvain pour s'initier au droit canonique.
On était alors aux plus mauvais jours du XVIe siècle. Luther s'était levé du sein de l'Eglise, impétueux, opiniâtre, orgueilleux à l'excès. Poussé par l'esprit du mal et de la révolte, cet homme avait dépouillé sa robe de moine et, l'anathème à la bouche, avait voué au catholicisme la plus implacable des haines ; il avait juré la ruine de la Papauté. Canisius naissait à Nimègue pendant que le moine brûlait, à Wittemberg, les bulles de Léon X.

Le Pape Léon X.
Rien désormais ne devait arrêter l'hérésiarque. Il jeta du même coup le gant au Pape et à l'empereur Charles Quint. Le Pape, assisté de Jésus-Christ, résiste et triomphe ; mais l'empereur, d'abord fidèle, se trouble bientôt à la vue de la guerre qui le menace et, au prix de concessions malheureuses, achète la soumission momentanée de ses sujets révoltés. Quand Luther meurt, dans une agonie ignoble et digne de celui qui l'inspira depuis qu'il avait quitter l'Eglise, son oeuvre est achevée, la prétendue Réformation a jeté dans l'Europe entière ses racines profondes.
Elles se développe rapidement. L'Allemagne qui les reçoit avec le plus de faveur doit en être la première victime ; avec la foi catholique la constitution impériale est menacée ; les princes, qui ne sont plus obéis, se révoltent à leur tour contre Charles Quint ; le sang coule à flots de tous côtés.
L'Eglise se reccueille un instant : puis assistée de l'Esprit Saint, elle se lève tout entière à la voix de son chef, et s'affirme plus vivante et plus forte que jamais. A la ligue formée à Smalkalde par les protestants, elle oppose le concile de Trente... C'est saint Pierre Canisius qui doit nous introduire dans l'assemblée des Pères de l'Eglise.
C'est là que se forma le jeune religieux ; aussi ses progrès dans la voie de la perfection furent si rapides que son noviciat à peine achevé à Cologne sous la direction du Père Pierre Lefèvre, il fut jugé digne de la prêtrise et tout aussitôt appelé à succéder à ce même Pierre Lefèvre, dans la charge de supérieur. Nous le retrouvons expliquant aux théologiens de l'Université les épîtres de saint Paul, et les Evangiles aux élèves du collège du Mont, et préparant en même temps une édition des oeuvre du mystique Jean Tauler et une nouvelle édition des oeuvres de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand. Mais tout à coup il est convié à de plus grandes destinées. De ce moment commence sa lutte contre la Révolution ou prétendue Réforme.

Charles Quint. Tiziano Vecellio. XVIe.
Un grand scandale est venu fondre sur l'Eglise d'Allemagne : l'archevêque de Cologne, Hermann de Weda, s'est laissé séduire et entraîné dans l'hérésie. A la vue de la trahison de son pasteur, la cité s'indigne ; le clergé, l'Université, les magistrats, jaloux de conserver intact le trésor de leur foi, se décident à demander la déposition du coupale. Toutefois, nul n'osait se rendre près de Charles Quint et de Georges d'Autriche, prince-évêque de Liège, pour présenter une aussi grave requête. On jette les yeux sur notre saint : c'est lui qui sera, près de l'empereur et du cardinal, l'interprète chargé de réclamer contre l'indignité du coupable. Délicate mission qui témoigne de l'estime qu'on avait déjà pour le jeune jésuite !
Pendant son voyage, le saint s'était rencontré à Ulm avec le cardinal Othon Truchess, évêque d'Augsbourg. Le prélat, frappé de son rare mérite, résolut de l'envoyer au concile de Trente comme son théologien. Saint Ignace de Loyola, consulté, répondit au cardinal que son choix ne pouvait mieux tomber. Ce fut en vain qu'au retour de son négociateur, Cologne fit valoir ses droits sur lui ; Canisius avait sa place marquée au sein des Pères du concile.
La réunion des Pères de l'Eglise à cette époque semblait impossible. L'empereur Charles-Quint pris entre les Catholiques et les Protestants, ne voulait rien faire qui semblât favoriser les uns ou les autres ; le roi de France ne souhaitait pas une assemblée où le Pape serait le maître : enfin le Pape lui-même pouvait craindre quelque entreprise contre son autorité : et cependant, au milieu de tant de difficultés et d'entraves, l'oeuvre de Dieu s'accomplit, et la foi fut sauvée. Eternel enseignement que de tout temps Dieu se plaît à donner aux audacieux qui voudrait résister à son Christ et à son Eglise.

Saint Ignace de Loyola.
Parmi la foule nombreuse de prélats et de théologiens appelés au concile par la voix du Pontife romain, Canisius, dès le début des sessions, fut placé au premier rang. Au moment où, les préliminaires terminés, le concile allait commencer ses séances dogmatiques, des fièvres se déclarèrent à Trente et le siège de l'assemblée fut transféré à Cologne. Assisté du savant jésuite Jacques Laynez, théologien du Pape, Canisius fut chargé de faire le relevé exact des erreurs avancées au sujet des sacrements par les hérétiques et de reccueillir dasn les monuments de la tradition les bases des règles définitives. L'attente de saint Ignace et du cardinal Othon Truchess ne fut pas trompée : chaque fois que le jeune jésuite élevait la voix au sein de l'assemblée, les Pères du concile admiraient en lui l'homme de Dieu, venant avec sa noble et touchante éloquence remuer les coeurs et convaincre les esprits.
Mais voici qu'après les troubles qui suivirent le meurtre du duc de Plaisance l'assemblée est dissoute : notre saint Pierre Canisius est appelé à Rome par saint Ignace. Nous le retrouverons bientôt à la prochaine session du concile.
Saint Ignace et saint Pierre Canisius avaient, il semble, hâte de se mieux connaître... Qui dira les épanchements de ces deux âmes ! Saint Ignace initiait saint Pierre Canisius aux secrets desseins du Seigneur sur son oeuvre naissante, et, qui sait ? dans sa sublime bonté, le Très-Haut déchirant les voiles de l'avenir, leur montraiet peut-être cette compagnie de Jésus embrassant l'univers entier de flammes de l'amour divin et tout à la fois régénérant l'ancien monde et convertissant le nouveau.

Saint Pierre Canisius conférant avec le cardinal
Othon Truchess et un légat apostolique.
Tout, au temps de saint Ignace, était à fonder : il fallait des maîtres capables d'éclipser leurs rivaux hérétiques. On sait que Luther dut une partie de sa puissance à son éloquence ardente, à sa facilité prodigieuse pour traiter les matières philosophiques et religieuses dans sa langue maternelle ; les disciples qui devaient le remplacer dans son enseignement l'imitaient et acquéraient très vite ce prestige qui éblouit les esprits faibles. Saint Ignace forma des maîtres qui surpassèrent bien vite les prétendus réformateurs.
Saint Pierre Canisius, après cinq mois passés dans la prière et l'étude près de son supérieur, partit pour Messine ; et lui qui peu de temps auparavant siégeait parmi les Pères du concile, eut à enseigner la réthorique. Pendant un an, il s'acquitta de cette mission avec ce dévouement, cet amour du devoir qui lui faisait trouver du charme au moindre des emplois. Il devait reparaître bientôt sur une plus vaste scène.
Il est subitement rappelé par Rome pour y prononcer ses voeux solennels : c'était, pour ainsi parler, l'achèvement de l'homme de Dieu. Pierre se consacre solennellement et irrévocablement à l'oeuvre de la Providence ; Ignace peut mourir en paix, il compte un vaillant lutteur de plus dans son armée d'élite.
C'est à l'Allemagne qu'appartient désormais le religieux profès ; nous allons voir ce vrai réformateur à l'oeuvre.

Le duc Guillaume de Bavière. Peter Gartner. XVIe.
Le duc Guillaume a fait demander de saints maîtres pour relever l'instruction publique en Bavière. Canisius, Le Jay, Salmeron, trois disciples prédestinés du général de la Compagnie de Jésus, reçoivent l'ordre de se rendre à Ingolstadt pour y fonder un collège. Ils int pour tout bagage le crucifix, les Exercices spirituels et le Ration studiorum ou " plan d'études ". Avec ces deux petits livres, les Jésuites ont remué le monde ; dans le premier, ils puisent cette force surhumaine qui les guide au-delà des mers vers les peuples infidèles ; le second leur sert de règle infaillible dans l'oeuvre d'éducation de la jeunesse.
Le duc Guillaume n'eut qu'à se louer des Jésuites ; le succès le plus éclatant vint couronner leurs efforts. L'Université nomme Canisius son recteur ; il se défend de cet honneur, mais Ignace ordonne, et le religieux se soumet. De ce jour tout prospère, les livres entachés d'hérésie sont enlevés aux étudiants, les discussions entre maîtres et élèves s'apaisent, la parole du saint ranime au coeur de la jeunesse le respect et l'amour du travail. Aussi, l'Université veut perpétuer la mémoire de son recteur et inscrit son éloge dans ses annales.
Quand les six mois de son rectorat furent achevés, l'apôtre d'Ingolstadt put rendre grâces à Celui qui se plaisait à répandre tant de faveurs par ses mains.
Le bruit de ses merveilles se répandait rapidement dans l'Allemagne ; de tous côtés, des lettres et des prières étaient adressées aux supérieurs de Canisius ; on le voulait partout. Ferdinand, roi des Romains, appuyé par le souverain Pontife, obtint sa présence à Vienne.

Ferdinand, roi des Romains.
L'Autriche, à son arrivée, présentait un spectacle navrant. Le clergé séculier, les Ordres religieux, les écoles, étaient infectés de la lèpre hideuse dont Luther avait partout déposé le germe. Les villes n'avaient plus de pasteurs, les sacrements n'étaient plus administrés, les cérémonies religieuses n'étaient plus célébrées. Saint Pierre Canisius est d'abord effrayé de l'immensité du mal, mais bientôt il se prosterne devant Dieuet obtient de lui que l'Autriche soit régénérée.
Notre saint se multiplie ; il prêche à la cour, il prêche au peuple, il catéchise les enfants. Soudain, terrible châtiment de Dieu ! La peste éclate dans la ville ; c'est encore notre saint qu'on retrouve au chevet des mourants, soignant les corps et régénérant les coeurs des malheureux Viennois. Enfin, il obtient du Saint-Père un jubilé, c'est lui qui en est le prédicateur ; et au milieu d'un concours immense, il venge l'honneur méconnu des indulgences.
En même temps, la générosité de nobles familles aidant, il ouvre un pensionnat ; les fils des plus nobles habitants y accourent. Bientôt l'angélique Stanislas Kotska, guidé par la Vierge Marie, viendra se former là aux saintes vertus qui doivent charmer le monde. Vienne renaissait à la foi ; le roi des Romains voulut récompenser le zèle de l'apôtre, en lui offrant le siège épiscopal de ce diocèse, qu'il venait de transformer si heureusement. Notre saint accepta pendant quelques temps le devoir d'une charge si lourde mais il en refusa les honneurs.
Nous l'avons dit : à l'apostaolat de la parole, saint Pierre Canisius sut joindre l'apostolat de la plume. Faisons halte, pour ainsi dire, au milieu de sa vie, pour parler de celui de ses ouvrages qui est rester le plus célèbre et le plus populaire ; son catéchisme.
Ferdinand, ce prnce que nous voyions tout à l'heure si plein d'admiration pour le saint, avait réclamé de saint Ignace un exposé court et solide de la doctrine chrétienne. C'est à Canisius, comme au plus capable, que fut confié une oeuvre aussi importante. Cet abrégé de la doctrine chrétienne, Summa doctrinae christianae, restera, avec le catéchisme du concile de Trente, comme un éternel monument du triomphe de l'Eglise sur l'erreur au temps de Luther.

Saint Pierre Canisius. Gravure du XVIe.
A peine le livre eut-il paru, que Ferdinand, par un rescrit solennel, le répandit dans tout l'empire. Philippe II d'Espagne imita bientôt son oncle, et le fit imprimer dans les Etats de l'ancien et du nouveau monde ? Il fut traduit dans toutes les langues de l'Europe : la Russie, la Pologne, la Suède, le Danemark, l'Angleterre, l'Irlande, la Hollande et la Suisse, connurent à peine, pendant bien longtemps, d'autre exposition élémentaire de la foi catholique.
" En 1686, nous dit le révérend Père Alet, quand le catéchisme de Canisius fut publié à Paris par l'autorité de Mgr de Harlay, on était au moins, la préface le constate, à la quatre centième édition."
La raison de ce succès et en même temps son plus grand éloge sont tombés des lèvres augustes de Pie IX, dans le bref de la béatification de saint Pierre Canisius :
" Ayant remarqué que l'hérésie se propageait partout au moyen de petits livres, Canisius pensa qu'il n'y avait pas de meilleur remède contre le mal qu'un bon abrégé de la Doctrine chrétienne. Il composa donc le sien, mais avec tant d'exactitude, de clarté et de précisions qu'il n'en existe pas de plus propre à instruire et à confirmer les peuples dans la foi catholique."
Dominé par les sentiments de cette extrême humilité qui le caractérisait, saint Pierre Canisius avait résolu de ne pas se faire connaître comme l'auteur du catéchisme, mais le secret, peut-être mal gardé, fut bientôt divulgué, et la renommée de notre saint s'en accrut immensément. Ce ne fut plus l'Allemagne seulement qui réclama sa présence ; la Transylvanie, la Hongrie, la Silésie, la Pologne se le disputèrent bientôt.
samedi, 26 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (3)
28 avril. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, prêtre, missionaire apostolique, instituteur des prêtres missionaires
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Lettre circulaire aux Amis de la Croix.

Statue de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.
Louis-Marie Grignion de La Bacheleraie naquit à Montfort-la-Cane, alors du diocèse de Saint-Malo, aujourd'hui de celui de Rennes, le 31 janvier 1673. Par esprit de religion et d'humilité, il abandonna plus tard le nom de sa famille, pour prendre celui du lieu de sa naissance et de son baptême. Sa première éducation fut pieuse et forte ; il la compléta chez les Jésuites de Rennes, où il acquit la réputation d'un saint Louis de Gonzague.
La Providence le conduisit ensuite à Paris, pour y étudier en diverses maisons tenues par les Sulpiciens, et à Saint-Sulpice même. Dans ce séminaire, où il brilla par son intelligence et sa profonde piété, on ne comprit pas assez les vues de Dieu sur lui. Dieu le permit ainsi pour le former à l'amour de la Croix, dont il devait être l'apôtre passionné. C'est à l'école de Saint-Sulpice qu'il puisa toutefois son merveilleux amour de Marie et qu'il se prépara à devenir Son apôtre et Son docteur.

Verrière de l'église de Clayes. Diocèse de Rennes.
Jeune prêtre, il fut d'abord aumônier à l'hôpital de Poitiers, où il opéra une réforme aussi prompte qu'étonnante. Ballotté ensuite pendant quelques temps par les persécutions que lui suscitaient les Jansénistes, il se rendit à Rome en vue de s'offrir au Pape pour les missions étrangères, et il reçut du Souverain Pontife l'ordre de travailler à l'évangélisation de la France.
Dès lors, pendant dix ans, il va de missions en missions, dans plusieurs diocèses de l'Ouest, qu'il remue et transforme par sa parole puissante, par la flamme de son zèle et par ses miracles. Il alimente sa vie spirituelle dans une prière continuelle et dans des retraites prolongées, il est l'objet des visites fréquentes de la Sainte Vierge. Ses cantiques populaires complètent les fruits étonnants de sa prédication ; il plante partout la Croix ; il sème partout la dévotion au Rosaire : il prépare providentiellement les peuples de l'Ouest à leur résistance héroïque au flot destructeur de la Révolution, qui surgira en moins d'un siècle.

Statue de saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Dol-de-Bretagne.
Après seize ans d'apostolat, il meurt en pleine prédication, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), à quarante-trois ans, laissant, pour continuer son oeuvre, une Société de missionnaires, les Soeurs de la Sagesse, et quelques Frères pour les écoles, connus partout aujourd'hui sous le nom de Frères de Saint-Gabriel. C'est un des plus grands saints des temps modernes, et le promoteur des prodigieux développements de la dévotion à la Sainte Vierge à notre époque.
Consécration à la très sainte Vierge Marie de saint Louis-Marie Grignon de Montfort :
" Marie, Mère de Dieu et Mère des hommes je vous prends aujourd'hui comme modèle de ma consécration à Dieu.
lundi, 28 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (2)
29 avril. Saint Pierre Martyr ou saint Pierre de Vérone, de l'Ordre des Frères prêcheurs, martyr. 1252.
Saint Marc, IX, 23.
" Veritas !"
Cri et devise des croisés pour la foi et contre les hérétiques manichéens dits " Cathares " ou " Albigeois ".

Grandes heures d'Anne de Bretagne. XVIe.
Le héros que la sainte Eglise députe aujourd'hui vers Jésus ressuscité, a combattu si vaillamment que le martyre a couronné jusqu'à son nom. Le peuple chrétien l'appelle saint Pierre Martyr, en sorte que son nom et sa victoire ne se séparent jamais. Immolé par un bras hérétique, il est le noble tribut que la chrétienté du xuie siècle offrit au Rédempteur. Jamais triomphe ne recueillit de plus solennelles acclamations.
Au siècle précédent, la palme cueillie par Thomas de Cantorbéry fut saluée avec transport par les peuples qui n'aimaient rien tant alors que la liberté de l'Eglise ; celle de Pierre fut l'objet d'une ovation pareille. Rien ne surpasse l'enthousiame du grand Innocent IV, dans la Bulle pour la canonisation du martyr :
" La foi chrétienne appuyée sur tant de prodiges brille aujourd'hui d'un éclat nouveau. Voici qu'un nouvel athlète vient par son triomphe raviver nos allégresses. Les trophées de la victoire éclatent à nos regards, le sang répandu élève sa voix, la trompette du martyre retentit, la terre arrosée d'un sang généreux fait entendre son langage, la contrée qui a produit un si noble guerrier proclame sa gloire, et jusqu'au glaive parricide qui l'a immolé acclame sa victoire. Dans sa joie, l'Eglise-mère entonne au Seigneur un cantique nouveau, et le peuple chrétien va trouver matière à des chants d'allégresse qui n'avaient pas retenti encore. Un fruit délicieux cueilli dans le jardin de la foi vient d'être placé sur la table du Roi éternel. Une grappe choisie dans la vigne de l'Eglise a rempli de son suc généreux le calice royal ; la branche dont elle a été détachée par le fer était des plus adhérentes au cep divin. L'Ordre des Prêcheurs a produit une rose vermeille dont le parfum réjouit le Roi céleste. Une pierre choisie dans l'Eglise militante, taillée et polie par l'épreuve, a mérité sa place dans l'édince du ciel." (Constitution Magnis et crebris du 9 des calendes d'avril 1253.).

Statue de saint Pierre de Vérone.
Ainsi s'exprimait le Pontife suprême, et les peuples répondaient en célébrant avec transport le nouveau martyr. Sa fête était gardée comme les solennités antiques par la suspension des travaux, et les fidèles accouraient aux églises des Frères-Prêcheurs, portant des rameaux qu'ils présentaient pour être bénits en souvenir du triomphe de Pierre Martyr. Cet usage s'est maintenu jusqu'à nos temps dans l'Europe méridionale, et les rameaux bénits en ce jour par les Dominicains sont regardés comme une protection pour les maisons où on les conserve avec respect.
Quel motif avait donc enflammé le zèle du peuple chrétien pour la mémoire de cette victime d'un odieux attentat ? C'est que Pierre avait succombé en travaillant à la défense de la foi, et les peuples n'avaient alors rien de plus cher que la foi. Pierre avait reçu la charge de rechercher les hérériques manichéens, qui depuis longtemps infectaient le Milanais de leurs doctrines perverses et de leurs mœurs aussi odieuses que leurs doctrines. Sa fermeté, son intégrité dans l'accomplissement d'une telle mission, le désignaient à la haine des Patarins ; et lorsqu'il tomba victime de son noble courage, un cri d'admiration et de reconnaissance s'éleva dans la chrétienté. Rien donc de plus dépourvu de vérité que les déclamations des ennemis de l'Eglise et de leurs imprudents fauteurs, contre les poursuites que le droit public des nations catholiques avait décrétées pour déjouer et atteindre les ennemis de la foi.

Saint Lazare et saint Pierre de Vérone. Chapelle de la Miséricorde.
Dans ces siècles, aucun tribunal ne fut jamais plus populaire que celui qui était chargé de protéger la sainte croyance, et de réprimer ceux qui avaient entrepris de l'attaquer. Que l'Ordre des Frères-Prêcheurs, chargé principalement de cette haute magistrature, jouisse donc, sans orgueil comme sans faiblesse, de l'honneur qu'il eut de l'exercer si longtemps pour le salut du peuple chrétien. Que de fois ses membres ont rencontre une mort glorieuse dans l'accomplissement de leur austère devoir ! Saint Pierre Martyr est le premier des martyrs que ce saint Ordre a fournis pour cette grande cause ; mais les fastes dominicains en produisent un grand nombre d'autres, héritiers de son dévouement et émules de sa couronne. La poursuite des hérétiques n'est plus qu'un fait de l'histoire ; mais, à nous catholiques, il n'est pas permis de la considérer autrement que ne la considère l'Eglise.
Aujourd'hui elle nous prescrit d'honorer comme martyr un de ses saints qui a rencontré le trépas en marchant à l'encontre des loups qui menaçaient les brebis du Seigneur ; ne serions-nous pas coupables envers notre mère, si nous osions apprécier autrement qu'elle le mérite des combats qui ont valu à Pierre la couronne immortelle ? Loin donc de nos coeurs catholiques cette lâcheté qui n'ose accepter les courageux efforts que firent nos pères pour nous conserver le plus précieux des héritages ! Loin de nous cette facilité puérile à croire aux calomnies des hérétiques et des prétendus philosophes contre une institution qu'ils ne peuvent naturellement que détester ! Loin de nous cette déplorable confusion d'idées qui met sur le même pied la vérité et l'erreur, et qui, de ce que l'erreur ne saurait avoir de droits, a osé conclure que la vérité n'en a pas à réclamer !

Saint Pierre de Vérone et une donatrice.
Saint Pierre Martyr, né à Vérone de parents infectés des erreurs des Manichéens, combattit presque dès son enfance contre les hérésies. A l'âge de sept ans, comme il allait aux écoles, son oncle paternel, qui était hérétique. lui ayant demandé ce qu il y avait appris.il répondit qu'il y avait appris le Symbole de la foi chrétienne : et ni les caresses ni les menaces de son père et de son oncle ne purent ébranler sa constance dans la vraie doctrine. Parvenu à l'adolescence, il vint à Bologne pour faire ses études. Ce fut là qu'étant appelé par le Saint-Esprit à un genre de vie plus élevé, il entra dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs.
Très vite, ses vertus brillèrent avec un grand éclat dans la religion et dans l'étude, au point qu'il fut très rapidement apte à recevoir les ordres sacré, et il conserva coeur et ses sens dans une telle pureté, que jamais il ne se sentit souillé d'aucun péché mortel. Il mortifiait sa chair par les jeûnes et les veilles, et il élevait son esprit à la contemplation vies choses divines. Occupé sans cesse à l'oeuvre du salut des âmes, il avait un don particulier pour réfuter les hérétiques. Il mettait tant de force dans sa prédication, qu'une multitude innombrable de personnes affluait autour de lui pour l'entendre, et beaucoup se convertissaient et faisaient pénitence.

Legenda aurea. Bx J. de Voragine. XVe.
Le démon, irrité, résolut de le traverser par toutes les voies imaginables. Notre Saint prêchait à Florence : c'était dans le vieux marché, parce que les églises n'étaient pas assez vastes pour le grand nombre de personnes qui accourait pour l'entendre.
Ce monstre d'enfer y parut sous la forme d'un cheval noir courant à toute bride ; il semblait prêt à fendre la foule et à écraser tous ceux qu'il rencontrerait sur son passage ; mais le Saint faisant le signe de la Croix, dissipa ce fantôme, et tout le peuple le vit s'évanouir comme de la fumée.
Après la prédication, saint Pierre se mettaut ordinairement au confessionnal pour y recevoir les pénitents. Un jour, il s'en trouva un qui, touché du regret de ses fautes, s'accusa d'avoir donné un coup de pied à sa mère ; le saint Confesseur lui en fit une sévère réprimande et, pour l'exciter davantage à la sainte contrition, il lui dit que le pied qui avait ainsi frappé sa mère mériterait d'être coupé. Dès qu'il fut rentré chez lui, le pénitent se coupa lui-même le pied. Saint Pierre, que le peuple accusait déjà d'imprudence, l'ayant appris, vint trouver le pénitent, prit son pied, le réunit à sa jambe et, ayant fait le signe de la Croix, le remit en son premier état. Ce miracle fit concevoir plus d'estime que jamais pour sa sainteté et sa très-sage conduite.

Cependant Dieu éprouve la vertu de ses Saints. Alors qu'il était un jour au couvent de Saint-Jean-Baptiste, à Côme, Notre Père des cieux favorisa saint Pierre de Vérone de plusieurs visites du ciel ; ainsi, les saintes Agnès et Cécile lui apparurent dans sa cellule et conférèrent avec lui d'une voix claire et intelligible. Un des religieux du couvent, passant devant la cellule de notre Saint, entendant cette conférence, s'imagina que c'était effectivement avec des femmes que saint Pierre s'entretenait. Il alla donc chercher d'autres frère pour témoins, leur fit constater derrière la porte les entretiens que notre saint avait avec sainte Agnès et sainte Cécile, et ils s'en furent tous se plaindre au chapître et au supérieur.
Saint Pierre, par humilité, et voulant tenir discrète les faveurs qu'il avait reçues du ciel, ne s'en défendit point. Le supérieur relégua alors notre Saint au couvent d'Iësi, dans la Marche d'Ancône, pour y mener une vie retirée et ne plus paraître en public.
Un jour, au pied de la Croix, il lui arriva de s'en plaindre amoureusement à Notre Seigneur Jésus-Christ :
" Eh quoi ! Mon Dieu ! Vous savez mon innocence ! Comment souffrez-vous que je demeure si longtemps dans l'infâmie ?"
Notre Seigneur lui répondit :
" Et moi, Pierre, n'étais-je pas innocent ? Avais-je mérité les opprobres et les douleurs dont j'ai été accablé dans le cours de ma Passion ? Apprends donc de moi à souffrir avec joie les plus grandes peines, sans avoir commis les crimes pour lesquels on te les impose."
Dès lors, profondément touché par les paroles du divin Maître, notre Saint mit toute son ardeur à souffrir dans la joie et la félicité son humiliation.
Bientôt, Dieu fit paraître la vérité de ce qui s'était passé au couvent de Côme et saint Pierre de Vérone fut rappeler de son exil et parut devant ses frères avec encore plus d'éclat qu'auparavant.

Martyre de saint Pierre de Vérone.
Dès qu'il fut délivré de sa prison, il reprit les armes de la parole de Dieu pour combattre l'hérésie. Le pape Grégoire IX, qui connaissait sa science et son zèle, le nomma inquisiteur général de la foi en 1232.
C'est principalement à Milan que saint Pierre travaillait de toutes ses forces à la conversion de hérétiques. Un jour qu'il se décourageait quelque peu, Notre Dame la très sainte Vierge Marie lui apparut et l'encouragea :
" Pierre, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne soit jamais ébranlée ; continue donc et persévère en ton premier travail."
Il passa alors à Céséna, où il convertit un grand nombre d'hérétiques et guérit des malades, à Ravenne, à Mantoue, à Venise, etc.
Enfin, il arriva au couvent de Côme, dont il avait été nommé prieur, charge qu'il avait déjà tenu dans les couvents de Gênes, Aoste et Iësi.
L'ardeur de sa foi l'enflammait tellement , qu'il souhaitait de mourir pour elle, et demandait instamment à Dieu cette grâce. Ce furent les hérétiques qui la lui procurèrent, selon qu'il l'avait annoncé lui-même peu auparavant dans une prédication. Comme il exerçait la charge d'Inquisiteur, un jour qu'il allait de Côme à Milan, un impie meurtrier nommé Carino lui déchargea sur la tète deux coups d'épée. Le saint, presque mort, prononça avant de rendre le dernier soupir le Symbole de la foi que dans son enfance il avait confessée avec le courage d'un homme. L'assassin revint à la charge, et lui ayant plongé son épée dans le flanc, le saint alla au ciel recevoir la palme du martyre, l'an du salut 1252, avec le religieux qui l'accompagnait, nommé Dominique.

Son corps fut porté dans l'église Saint-Eustorge de Milan et sa sainteté éclata bientôt par un grand nombre de miracles. Son assassin, qui avait échappé à la justice, rentra bientôt en lui-même, regretta très amèrement son crime et demanda à entré dans l'ordre des frères prêcheurs : ce qui lui fut accordé.
L'année suivante Innocent IV l'inscrivit au nombre des Martyrs le 25 mars et ordonna qu'on le fêterait le 29 avril et non le 5 du même mois qui fut le jour de son martyre parce que ce jour pouvait être occupé par Pâques.

Saint Pierre de Vérone. Gravure italienne du XVIe.
Protecteur du peuple chrétien , quel autre mobile que celui de la charité vous dirigea dans vos travaux ? Soit que votre parole vive et lumineuse reconquit sur l'erreur les âmes abusées, soit que marchant droit à l'ennemi, votre vigueur le forçât à fuir loin des pâturages qu'il venait empoisonner, vous n'eûtes qu'un but, celui de préserver les faibles de la séduction. Combien d'âmes simples auraient joui avec délices de la vérité divine que la sainte Eglise faisait arriver jusqu'à elles, et qui, misérablement trompées par les prédicants de l'err
mardi, 29 avril 2025 | Lien permanent
30 avril. Sainte Catherine de Sienne. Vierge de l'Ordre de Saint-Dominique. 1380.
Sideribus conctis fulgentior est Catharina,
Et decus aeternum est haec quoque virginibus."
" Alleluia, Alleluia.
Catherine l'emporte en éclat sur tous les astres,
Et sa gloire rehausse éternellement celle des vierges."
Missel dominicain.

Sainte Catherine de Sienne. Giovanni di Pietro. XVIe.
Il y avait autrefois à Sienne, une honnête et laborieuse famille d'artisans qui habitait une humble maison que l'on voit encore dans cette ville dans la rue de dell'Oca non loin de l'ancien monastère de l'ordre de Saint-Dominique. Le chef de cette honnête famille était Giacomo di Benincasa, membre de la noble famille de Benincasa, mais qui exerçait le métier de teinturier. Son épouse Lapa était un modèle de femme chrétienne, et elle éleva dans la piété et le travail, vingt-cinq enfants. Sainte Catherine de Sienne fut le vingt-troisième.
Prévenue de grâces extraordinaires dès l'âge le plus tendre, à sept ans elle fit le voeu de virginité perpétuelle, et à douze ans elle sut résister aux instances qu'on lui faisait pour la marier. Sur une révélation divine, elle décida de se consacrer à Dieu en embrassant la règle du Tiers-Ordre de saint Dominique dont elle reçut l'habit, à l'âge de quinze ans. Dès lors elle s'avança à pas de géant dans les voies de la perfection. Sa vie unit au plus haut point les deux caractères de la famille dominicaine : l’action et la contemplation.
Se trouvant à Pise, un dimanche, après avoir reçu la nourriture céleste, elle fut ravie en extase, et vit le Seigneur crucifie qui venait à elle environne d'une grande lumière. Cinq rayons partaient des cicatrices de ses plaies: ils se dirigèrent sur cinq endroits du corps de Catherine. Elle comprit le mystère; mais elle pria le Seigneur que les stigmates ne parussent pas. Aussitôt les rayons changèrent leur couleur de sang en une autre très éclatante , et sous la forme d'une lumière très pure ils atteignirent ses mains, ses pieds et son cœur. La douleur qu'elle éprouva des plaies qu'ils lui laissèrent était si poignante, qu'elle pensa que si Dieu ne l’eût modérée, elle devait promptement succomber. Le Seigneur plein d'amour pour son épouse lui accorda cette nouvelle grâce, que tout en ressentant la douleur des plaies, les marques sanglantes ne fussent pas visibles. La servante de Dieu rendit compte de ce phénomène à Raymond de Capoue son confesseur : ce qui a été cause que la piété des fidèles voulant représenter ce miracle, a eu soin de peindre sur les images de sainte Catherine des rayons lumineux partant des cinq parties stigmatisées de son corps.

Giovanni di Matteo. XVe.
Aussi le démon l'assaillait à tout instant : il voyait en cette jeune fille un adversaire des plus redoutables. Elle eut raison de tous ces assauts. Ses veilles, ses jeûnes et toutes ses pratiques de pénitence surpassaient ce que peuvent les forces humaines.
Catherine ne pensait qu'à se dérober aux regards du monde, lorsque Notre Seigneur lui ordonna de s'occuper activement du salut des âmes :
" Il ne l'a fait monter si haut que pour lui donner cette mission étonnante pour une humble femme, de travailler à la paix de l'Église."
Sa science était infuse et non acquise. Des professeurs en théologie lui proposèrent les plus difficiles questions sur la théologie; elle sut y satisfaire. Personne n'approcha d'elle qu'il n'en devînt meilleur ; elle étouffa beaucoup de haines, et fit cesser plusieurs inimitiés mortelles.

Heures à l'usage d'Autun. XVe.
Elle se rendit à Avignon auprès du pape Grégoire XI, pour obtenir la paix des Florentins qui étaient en différend avec l’Eglise, et qui pour ce sujet avaient été frappés d'interdit. Elle fit connaître à ce pape qu'elle savait par révélation le voeu qu'il avait fait de se rendre à Rome, et qui n'était connu que de Dieu seul. Ce fut à sa persuasion que le Pontife se résolut à revenir en personne s'asseoir sur son siège : ce qu'il accomplit enfin en janvier 1377. Elle fut tellement considérée de Grégoire et d'Urbain VI, son successeur, qu'ils l'employèrent en diverses ambassades.
Son successeur Urbain VI invitera Catherine à Rome où elle décédera le 29 avril 1380, victime de son zèle et consumée par les flammes du divin amour, à l'âge de trente-trois ans, dans sa petite maison de la via del Papa, non loin de l'église de la Minerve (Santa Maria sopra Minerva) où elle sera enterrée.

Mort de sainte Catherine de Sienne à Rome.
Girolamo di Benvenuto. XVIe.
Ses dialogues imprimés en 1492, également intitulés " Livre de la divine doctrine ", s'accompagnent de plus de 380 lettres adressées aux citoyens et aux clercs, aux prêtres et moniales, mais aussi aux cardinaux et papes. Le pape Pie II canonisera Catherine en 1461. Elle sera déclarée co-patronne de Rome en 1866 et deviendra patronne d'Italie, avec saint François d'Assise, en 1939.
Vous êtes son Epouse, elle l'est aussi ; mais pour vous il n'y a plus de voiles, plus de séparation, tandis que pour elle la jouissance est rare et rapide, et la lumière tempérée encore par les ombres. Mais quelle vie a été la vôtre, ô Catherine ! Elle a uni la plus poignante compassion pour les douleurs de Jésus, aux délices les plus enivrantes de sa vie glorifiée. Vous pouvez nous initier aux mystères sanglants du Calvaire et aux magnificences de la Résurrection. Ces dernières sont en ce moment l'objet de notre méditation respectueuse ; parlez-nous donc de notre divin Ressuscité. N'est-ce pas lui qui a passé à votre doigt virginal l'anneau nuptial, cet anneau orné d'un diamant non pareil qu'entourent quatre pierres précieuses ? Les rayons lumineux qui jaillissent de vos membres stigmatisés ne nous disent-ils pas que vous l'avez vu tout resplendissant de l'éclat de ses plaies glorieuses, lorsque l'amour vous transforma en lui ?
Fille de Madeleine, vous annoncez comme elle à l'Eglise qu'il est ressuscité, et vous allez achever au ciel cette dernière Pâque, cette Pâque de votre trente-troisième année. Ô Catherine, mère des âmes ici-bas, aimez-les jusque dans le séjour de la gloire où vous brillez entre les épouses du grand Roi. Nous aussi, nous sommes dans la Pâque, dans la vie nouvelle ; veillez sur nous, afin que la vie de Jésus ne s'éteigne jamais dans nos âmes, mais qu'elle croisse toujours par l'amour dont votre vie toute céleste nous offre l'admirable modèle.

Vie de sainte Catherine de Sienne. Raymond de Capoue. XVe.
Faites-nous part, ô Vierge, de cet attachement filial que vous eûtes pour la sainte Eglise, et qui vous fit entreprendre de si grandes choses. Vous vous affligiez de ses afflictions, et vous vous réjouissiez de ses joies comme une fille dévouée, parce que vous saviez qu'il n'est point d'amour de l'Epoux sans l'amour de l'Epouse, et que l'Epoux donne à ses enfants par l'Epouse tout ce qu'il a résolu de leur donner. Nous aussi, nous voulons aimer notre Mère, confesser toujours le lien qui nous unit à elle, la défendre contre ses ennemis, lui gagner de nouveaux fils généreux et fidèles.

Eglise Saint-Pierre. Baye. Champagne. XVIIe.
Le Seigneur se servit de votre faible bras, Ô femme inspirée, pour replacer sur son siège le Pontife dont Rome regrettait l'absence. Vous fûtes plus forte que les éléments humains qui s'agitaient pour prolonger une situation désastreuse pour l'Eglise. La cendre de Pierre au Vatican, celle de Paul sur la voie d'Ostie. celle de Laurent et de Sébastien, celle de Cécile et d'Agnès, et de tant de milliers de martyrs, tressaillirent dans leurs glorieux tombeaux, lorsque le char triomphal qui portait Grégoire entra dans la ville sainte. Par vous, ô Catherine, soixante-dix années d'une désolante captivité avaient en ce jour leur terme, et Rome expirante revenait à la vie. Aujourd'hui les temps sont changés, et l'enfer a dressé de nouvelles embûches. Rome a vu détrôner le Pontife dont le choix imprescriptible de Pierre a fixé pour jamais la chaire dans la ville éternelle, le Pontife qui ne peut être à Rome que roi. Souffrirez-vous, Ô Catherine, que l'œuvre du Seigneur, qui est aussi la vôtre, éprouve un démenti en nos jours, au scandale des faibles, au triomphe insultant des impies? Hâtez-vous donc d'accourir au secours ; et si votre Epoux, dans sa trop juste colère, nous a destinés à subir d'humiliantes épreuves, suppliez du moins, ô notre mère, afin qu'elles soient abrégées.
Priez aussi, Ô Catherine, pour la malheureuse Italie qui vous a tant aimée, qui fut si fière de vos grandeurs. L'impiété et l'hérésie circulent aujourd'hui librement dans son sein ; on blasphème le nom de votre Epoux, on enseigne à un peuple égaré les doctrines les plus perverses, on lui apprend à maudire tout ce qu'il avait vénéré, l'Eglise est outragée et dépouillée, la foi dès longtemps affaiblie menace de s'éteindre ; souvenez-vous de votre infortunée patrie, Ô Catherine! Il est temps devenir à son aide et de l'arracher des mains de ses mortels ennemis. L'Eglise entière espère en vous pour le salut de cette illustre province de son empire : fille immortelle de Sienne, calmez les tempêtes, et sauvez la foi dans ce naufrage qui menace de tout engloutir."
mercredi, 30 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (2)
Dimanche du Bon Pasteur. IIe après Pâques.
- Le IIe dimanche après Pâques, dit aussi le Dimanche du Bon Pasteur.
Le Bon Pasteur. Mosaïque. Basilique Saint-Appolinaire. Ravenne. Ve.
A LA MESSE
Ce Dimanche est désigné sous l'appellation populaire de Dimanche du bon Pasteur, parce qu'on y lit à la Messe le passage de l'Evangile de saint Jean où notre Seigneur se donne à lui-même ce titre. Un lien mystérieux unit ce texte évangélique au temps où nous sommes ; car c'est en ces jours que le Sauveur des hommes, établissant et consolidant son Eglise, commença par lui donner le Pasteur qui devait la gouverner jusqu'à la consommation des siècles.
Dans l'Eglise grecque, le deuxième Dimanche après Pâques que nous appelons du Bon Pasteur, est désigné sous le nom de Dimanche des saintes myrophores, ou porte-parfums. On y célèbre particulièrement la piété des saintes femmes qui apportèrent des parfums au Sépulcre pour embaumer le corps du Sauveur. Joseph d'Arimathie a aussi une part dans les cantiques dont se compose l'Office de l'Eglise grecque durant cette semaine.
L'Eglise Romaine lit les Actes des Apôtres, à l'Office des Matines, depuis lundi dernier jusqu'au troisième Dimanche après Pâques exclusivement.
EPÎTRE
Lecture de l'Epître du bienheureux Pierre, Apôtre. I, Chap. II.
Peter Paul Rubens. XVIIe.
" Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant ainsi un exemple, afin que vous suiviez ses traces. Lui qui n'avait commis aucun péché, et dans la bouche duquel la tromperie ne se trouva jamais, il ne répondait pas d'injures quand on le maudissait ; quand on le maltraitait, il ne menaçait pas ; mais il s'est livré à celui qui le jugeait injustement. C'est lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois de la Croix ; afin qu'étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; et c'est par ses meurtrissures que vous avez été guéris ; car vous étiez comme des brebis errantes ; mais maintenant vous êtes retournés au Pasteur et à l'Evêque de vos âmes."
C'est le Prince des Apôtres, le Pasteur visible de l'Eglise universelle, qui vient de nous faire entendre sa parole. Voyez comment il termine ce passage en reportant nos pensées sur le Pasteur invisible dont il est le Vicaire, et comment il évite avec modestie tout retour sur lui-même. C'est bien là ce Pierre qui, dirigeant Marc son disciple dans la rédaction de son Evangile, n'a pas voulu qu'il y racontât l'investiture que le Christ lui a donnée sur tout le troupeau, mais a exigé qu'il n'omît rien dans son récit du triple reniement chez Caïphe. Avec quelle tendresse l'Apôtre nous parle ici de son Maître, des souffrances qu'il a endurées, de sa patience, de son dévouement jusqu'à la mort à ces pauvres brebis errantes dont il devait composer sa bergerie !
Michele Giambono. XVe.
Ces paroles auront un jour leur application dans Pierre lui-même. L'heure viendra où il sera attaché au bois, où il se montrera patient comme son Maître au milieu des outrages et des mauvais traitements. Jésus le lui avait prédit ; car, après lui avoir confié brebis et agneaux, il ajouta que le temps viendrait où Pierre " devenu vieux étendrait ses mains sur la croix ", et que la violence des bourreaux s'exercerait sur sa faiblesse. (Johan. XXI.) Et ceci arrivera non seulement à la personne de Pierre, mais à un nombre considérable de ses successeurs qui tous ne font qu'un avec lui, et que l'on verra, dans la suite des siècles, si souvent persécutés, exilés, emprisonnés, mis à mort. Suivons, nous aussi, les traces de Jésus, en souffrant de bon cœur pour la justice ; nous le devons à Celui qui, étant de toute éternité l'égal de Dieu le Père dans la gloire, a daigné descendre sur la terre pour être " le Pasteur et l'Evêque de nos âmes ".
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. X.
Le miroir de l'humaine salvation. Ecole française. XVe.
" En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens :
" Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ; mais le mercenaire, et celui qui n'est pas le pasteur, à qui les brebis n appartiennent pas, voyant venir le loup, laisse là les brebis et s'enfuit : et le loup ravit les brebis et les disperse. Or le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et n'a point souci des brebis. Moi, je suis le bon Pasteur, et je connais mes brebis, et elles me connaissent. Comme mon Père me connaît, moi aussi je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. Et j'ai d'autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'une bergerie et qu'un Pasteur."
Selon le décret éternel, l'Homme-Dieu, après quelques jours encore, doit cesser d'être visible ici-bas. La terre ne le reverra plus qu'à la fin des temps, lorsqu'il viendra juger les vivants et les morts. Cependant il ne saurait abandonner cette race humaine pour laquelle il s'est offert en sacrifice sur la croix, qu'il a vengée de la mort et de l'enfer en sortant victorieux du tombeau. Il demeurera son Chef dans les deux ; mais sur la terre qu'aurons-nous pour suppléera sa présence ? Nous aurons l'Eglise. C'est à l'Eglise qu'il va laisser toute son autorité sur nous ; c'est entre les mains de l'Eglise qu'il va remettre le dépôt de toutes les vérités qu'il a enseignées ; c'est l'Eglise qu'il va établir dispensatrice de tous les moyens de salut qu'il a destinés aux hommes.
Catacombes Praetexta. Rome. IVe.
Cette Eglise est une vaste société dans laquelle tous les hommes sont appelés à entrer ; société composée de deux sortes de membres, les uns gouvernant et les autres gouvernés, les uns enseignant et les autres enseignés, les uns sanctifiant et les autres sanctifiés. Cette société immortelle est l'Epouse du Fils de Dieu : c'est par elle qu'il produit ses élus. Elle est leur mère unique : hors de son sein le salut ne saurait exister pour personne.
Mais comment cette société subsistera-t-elle ? Comment traversera-t-elle les siècles, et arrivera-t-elle ainsi jusqu'au dernier jour du monde ? Qui lui donnera l'unité et la cohésion ? Quel sera le lien visible entre ses membres, le signe palpable qui la désignera comme la véritable Epouse du Christ, dans le cas où d'autres sociétés prétendraient frauduleusement lui ravir ses légitimes honneurs ? Si Jésus eût dû rester au milieu de nous, nous ne courions aucun risque ; partout où il est, là est aussi la vérité et la vie ; mais " Il s'en va ", nous dit-il, et nous ne pouvons encore le suivre. Ecoutez donc, et apprenez sur quelle base il a établi la légitimité de son unique Epouse.
Durant sa vie mortelle, étant un jour sur le territoire de Césarée de Philippe, ses Apôtres assemblés autour de lui, il les interrogea sur l'idée qu'ils avaient de sa personne. L'un d'eux, Simon, fils de Jean ou Jonas, et frère d'André, prit la parole, et lui dit : " Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ". Jésus reçut avec bonté ce témoignage qu'aucun sentiment humain n'avait suggéré à Simon, mais qui sortait de sa conscience divinement inspirée à ce moment ; et il déclara à cet heureux Apôtre que désormais il n'était plus Simon, mais Pierre. Le Christ avait été désigné par les Prophètes sous le caractère symbolique de la pierre (Isai. XXVIII, 16.) ; en attribuant aussi solennellement à son disciple ce titre distinctif du Messie, Jésus donnait à entendre que Simon aurait avec lui un rapport que n'auraient pas les autres Apôtres.
Manuscrit. Speculum humanae salvationis. Allemagne. XIVe.
Mais Jésus continua son discours. Il avait dit à Simon : " Tu es Pierre " ; il ajouta : " et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ".
Pesons ces paroles du Fils de Dieu :
" Je bâtirai mon Eglise."
Il a donc un projet : celui de bâtir une Eglise. Cette Eglise, ce n'est pas maintenant qu'il la bâtira ; cette œuvre est encore différée ; mais ce que nous savons déjà avec certitude, c'est que cette Eglise sera bâtie sur Pierre. Pierre en sera le fondement, et quiconque ne posera pas sur Pierre ne fera pas partie de l'Eglise.
Ecoutons encore :
" Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre mon Eglise."
Dans le style des Juifs les portes signifient les puissances ; ainsi l'Eglise de Jésus sera indestructible, malgré tous les efforts de l'enfer. Pourquoi ? Parce que le fondement que Jésus lui aura donné sera inébranlable.
Le Fils de Dieu continue :
" Et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux."
Dans le langage des Juifs, les clefs signifient le pouvoir de gouvernement, et dans les paraboles de l'Evangile le Royaume de Dieu signifie l'Eglise qui doit être bâtie par le Christ. En disant à Pierre, qui ne s'appellera plus Simon : " Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ", Jésus s'exprimait comme s'il lui eût dit : " Je te ferai le Roi de cette Église, dont tu seras en même temps le fondement ".
Rien n'est plus évident ; mais ne perdons pas de vue que toutes ces magnifiques promesses regardaient l'avenir (Matth. XVI.).
Saint Pierre. Détail. Marco Zoppo. XVe.
Or, cet avenir est devenu le présent. Nous voici arrivés aux dernières heures du séjour de Jésus ici-bas. Le moment est venu où il va remplir sa promesse, et fonder ce Royaume de Dieu, cette Eglise qu'il devait bâtir sur la terre. Fidèles aux ordres que leur avaient transmis les Anges, les Apôtres se sont rendus en Galilée. Le Seigneur se manifeste à eux sur le bord du lac de Tibériade, et après un repas mystérieux qu'il leur a préparé, pendant qu'ils sont tous attentifs à ses paroles, il interpelle tout à coup son disciple :
" Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
Remarquons qu'il ne lui donne pas en ce moment le nom de Pierre ; il se replace au moment où il lui dit autrefois : " Simon, fils de Jonas, tu es Pierre " ; il veut que les disciples sentent le lien qui unit la promesse et l'accomplissement. Pierre, avec son empressement accoutumé, répondu l'interrogation de son Maître : " Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime ". Jésus reprend la parole avec autorité : " Pais mes agneaux ", dit-il au disciple. Puis réitérant la demande, il dit encore : " Simon fils de Jean, m'aimes-tu ?" Pierre s'étonne de l'insistance avec laquelle son Maître semble le poursuivre ; toutefois il répond avec la même simplicité :
" Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime."
Après cette réponse, Jésus répète les mêmes paroles d'investiture :
" Pais mes agneaux."
Les disciples écoutaient ce dialogue avec respect ; ils comprenaient que Pierre était encore une fois mis à part, qu'il recevait en ce moment quelque chose qu'ils ne recevraient pas eux-mêmes. Les souvenirs de Césarée de Philippe leur revenaient à l'esprit, et ils se rappelaient les égards particuliers que leur Maître avait toujours eus pour Pierre depuis ce jour.
Cependant, tout n'était pas terminé encore. Une troisième fois Jésus interpelle Pierre : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
A ce coup l'Apôtre n'y tient plus. Ces trois appels que fait Jésus à son amour ont réveillé en lui le triste souvenir des trois reniements qu'il eut le malheur de prononcer devant la servante de Caïphe. Il sent une allusion à son infidélité encore si récente, et c'est en demandant grâce qu'il répond cette fois avec plus de componction encore que d'assurance :
" Seigneur, tout vous est connu ; vous savez que je vous aime."
Alors le Seigneur mettant le dernier sceau à l'autorité de Pierre, prononce ces paroles imposantes :
" Pais mes brebis." (Johann, XXI.).
Le Bon Pasteur. Catacombes Saint-Calixte. Rome. IIe.
Voilà donc Pierre établi Pasteur par celui-là même qui nous a dit : " Je suis le bon Pasteur ". D'abord le Seigneur a donné à son disciple et par deux fois le soin des agneaux ; ce n'était pas encore l'établir Pasteur ; mais quand il le charge de paître aussi les brebis, le troupeau tout entier est placé sous son autorité. Que l'Eglise paraisse donc maintenant, qu'elle s'élève, qu'elle s'étende ; Simon fils de Jean en est proclamé le Chef visible. Est-elle un édifice, cette Eglise ? Il en est la Pierre fondamentale. Est-elle un Royaume ? Il en tient les Clefs, c'est-à-dire le sceptre. Est-elle une bergerie ? Il en est le Pasteur.
Oui, elle sera une bergerie, cette Eglise que Jésus organise en ce moment, et qui se révélera au jour de la Pentecôte. Le Verbe de Dieu est descendu du ciel " pour réunir en un les enfants de Dieu qui auparavant étaient dispersés " (Johann, XI, 52.), et le moment approche où il n'y aura plus " qu'une seule bergerie et un seul Pasteur " (Ibid. X, 16.).
Le Bon Pasteur. Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.
Nous vous bénissons, nous vous rendons grâces, Ô notre divin Pasteur ! C'est par vous qu'elle subsiste et qu'elle traverse les siècles, recueillant et sauvant toutes les âmes qui se confient à elle, cette Eglise que vous fondez en ces jours. Sa légitimité, sa force, son unité, lui viennent de vous, son Pasteur tout-puissant et tout miséricordieux. Nous vous bénissons aussi et nous vous rendons grâces, Ô Jésus, pour la prévoyance avec laquelle vous avez pourvu au maintien de cette légitimité, de cette force, de cette unité, en nous donnant Pierre votre vicaire, Pierre notre Pasteur en vous et par vous, Pierre à qui brebis et agneaux doivent obéissance, Pierre en qui vous demeurez visible, Ô notre divin Chef, jusqu'à la consommation des siècles.
Divin Pasteur de nos âmes, qu'il est grand votre amour pour vos heureuses brebis ! Vous allez jusqu'à donner votre vie pour qu'elles soient sauvées. La fureur des loups ne vous fait pas fuir ; vous vous donnez en proie, afin de détourner d'elles la dent meurtrière qui voudrait les dévorer. Vous êtes mort en notre place, parce que vous étiez notre Pasteur. Nous ne nous étonnons plus que vous ayez exigé de Pierre plus d'amour que vous n'en attendiez de ses frères : vous vouliez l'établir leur Pasteur et le nôtre. Pierre a pu répondre avec assurance qu'il vous aimait, et vous lui avez conféré votre propre titre avec la réalité de vos fonctions, afin qu'il vous suppléât quand vous auriez disparu à nos regards. Soyez béni, divin Pasteur ; car vous avez songé aux besoins de votre bergerie qui ne pouvait se conserver Une, si elle eût eu plusieurs Pasteurs sans un Pasteur suprême. Pour nous conformer à vos ordres, nous nous inclinons avec amour et soumission devant Pierre, nous baisons avec respect ses pieds sacrés ; car c'est par lui que nous nous rattachons à vous, c'est par lui que nous sommes vos brebis.
Le Bon Pasteur. Thomas Cole. XIXe.
Conservez-nous, Ô Jésus, dans la bergerie de Pierre qui est la vôtre. Eloignez de nous le mercenaire qui voudrait usurper la place et les droits du Pasteur. Intrus dans la bergerie par une profane violence, il affecte les airs de maître ; mais il ne connaît pas les brebis, et les brebis ne le connaissent pas. Attiré, non par le zèle, mais par la cupidité et l'ambition, il fuit à l'approche du danger. Quand on n'est mû que par des intérêts terrestres, on ne sacrifie pas sa vie pour autrui ; le pasteur schismatique s'aime lui-même ; ce n'est pas vos brebis qu'il aime ; pourquoi donnerait-il sa vie pour elles ? Gardez-nous de ce mercenaire, Ô Jésus ! Il nous séparerait de vous, en nous séparant de Pier
dimanche, 04 mai 2025 | Lien permanent