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26 avril. Notre Dame du Bon Conseil. 1467.
- Notre Dame du Bon Conseil. 1467.
Papes : Paul II ; Sixte IV ; Léon XIII.

L'apparition de Notre-Dame du Bon Conseil est si célèbre, Son image si répandue et si honorée dans l'Église, qu'il convient de donner place à cette forme de dévotion.
La petite ville de Gennazano, à dix lieues environ de Rome, sur les montagnes de la Sabine, honora, dès le Ve siècle, la Sainte Vierge sous le vocable de Notre-Dame du Bon Conseil.
Au XVe siècle, l’Église menaçait ruine. Une pieuse femme, nommée Petruccia, entreprit de la reconstruire, malgré ses quatre-vingts ans ; elle y employa sa fortune, qui ne suffit pas à l'achever. Petruccia prédit que la Sainte Vierge achèverait l’œuvre.
Or, le 25 avril 1467, à l'heure des vêpres, une céleste harmonie se fit entendre dans les airs, la foule vit descendre une nuée brillante qui alla se reposer sur l'autel de la chapelle de Saint-Blaise, par où avait commencé la restauration de l'église. Au même moment, toutes les cloches du pays sonnèrent leurs plus joyeuses volées. La nuée disparue, la foule émerveillée aperçut une image de Marie portant l'Enfant Jésus, peinte sur enduit et se tenant au fond de l'autel, près du mur, sans appui naturel.
Il fut dûment constaté que cette peinture avait été transportée miraculeusement d'une église de Scutari, ville d'Albanie. La Providence avait voulu la soustraire aux profanations des Turcs, maîtres de ce pays, et l'envoyer comme récompense de la foi de Petruccia et des habitants de Gennazano.
L'histoire des merveilles de tous genres accomplies, depuis ce temps, autour de l'image miraculeuse, demanderait des volumes entiers. Souvent on a vu l'image changer d'aspect, et les yeux de la Sainte Vierge prendre un air de vie exprimant la joie ou la douleur. Que de maladies et d'infirmités guéries ! Que de grâces spirituelles obtenues !
Gennazano est toujours un lieu de pèlerinage vénéré et très fréquenté, et beaucoup de pieux pèlerins même étrangers à l'Italie, si le temps le leur permet, tiennent à visiter ce sanctuaire béni. Les souverains Pontifes ont comblé d'indulgences la dévotion à Notre-Dame du Bon Conseil, et Léon XIII a inséré dans les Litanies de la Sainte Vierge le titre de Mère du Bon Conseil.
Notre Dame du Bon Conseil est particulièrement fêtée à Ajaccio en Corse, à Châteauroux en Berry et à Cuébris dans le comté de Nice.
Rq : Nous signalons au lecteur l'existence de l'institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Cet institut catholique mérite d'être encouragé et soutenu. Il permet notamment aux catholiques de la région parisienne de pouvoir accéder aux sacrements, notamment à la très sainte communion et à la confession chaque semaine, grâce au saint dévouement de ses prêtres. E toute justice, il convient de signaler que ces prêtres ont une opinion déplorable concernant l'apparition de Notre Dame à La Salette. Prions pour que cela ne leur nuise pas et pour qu'ils reviennent à la raison concernant Notre Dame et " Mélanie la sainte " (saint Pie X dixit).
Le site de l'institut est riche d'une publication d'excellente qualité, Sodalitium : http://www.sodalitium.eu/index.php
vendredi, 26 avril 2024 | Lien permanent
29 avril. Saint Pierre Martyr ou saint Pierre de Vérone, de l'Ordre des Frères prêcheurs, martyr. 1252.
Saint Marc, IX, 23.
" Veritas !"
Cri et devise des croisés pour la foi et contre les hérétiques manichéens dits " Cathares " ou " Albigeois ".

Grandes heures d'Anne de Bretagne. XVIe.
Le héros que la sainte Eglise députe aujourd'hui vers Jésus ressuscité, a combattu si vaillamment que le martyre a couronné jusqu'à son nom. Le peuple chrétien l'appelle saint Pierre Martyr, en sorte que son nom et sa victoire ne se séparent jamais. Immolé par un bras hérétique, il est le noble tribut que la chrétienté du xuie siècle offrit au Rédempteur. Jamais triomphe ne recueillit de plus solennelles acclamations.
Au siècle précédent, la palme cueillie par Thomas de Cantorbéry fut saluée avec transport par les peuples qui n'aimaient rien tant alors que la liberté de l'Eglise ; celle de Pierre fut l'objet d'une ovation pareille. Rien ne surpasse l'enthousiame du grand Innocent IV, dans la Bulle pour la canonisation du martyr :
" La foi chrétienne appuyée sur tant de prodiges brille aujourd'hui d'un éclat nouveau. Voici qu'un nouvel athlète vient par son triomphe raviver nos allégresses. Les trophées de la victoire éclatent à nos regards, le sang répandu élève sa voix, la trompette du martyre retentit, la terre arrosée d'un sang généreux fait entendre son langage, la contrée qui a produit un si noble guerrier proclame sa gloire, et jusqu'au glaive parricide qui l'a immolé acclame sa victoire. Dans sa joie, l'Eglise-mère entonne au Seigneur un cantique nouveau, et le peuple chrétien va trouver matière à des chants d'allégresse qui n'avaient pas retenti encore. Un fruit délicieux cueilli dans le jardin de la foi vient d'être placé sur la table du Roi éternel. Une grappe choisie dans la vigne de l'Eglise a rempli de son suc généreux le calice royal ; la branche dont elle a été détachée par le fer était des plus adhérentes au cep divin. L'Ordre des Prêcheurs a produit une rose vermeille dont le parfum réjouit le Roi céleste. Une pierre choisie dans l'Eglise militante, taillée et polie par l'épreuve, a mérité sa place dans l'édince du ciel." (Constitution Magnis et crebris du 9 des calendes d'avril 1253.).

Statue de saint Pierre de Vérone.
Ainsi s'exprimait le Pontife suprême, et les peuples répondaient en célébrant avec transport le nouveau martyr. Sa fête était gardée comme les solennités antiques par la suspension des travaux, et les fidèles accouraient aux églises des Frères-Prêcheurs, portant des rameaux qu'ils présentaient pour être bénits en souvenir du triomphe de Pierre Martyr. Cet usage s'est maintenu jusqu'à nos temps dans l'Europe méridionale, et les rameaux bénits en ce jour par les Dominicains sont regardés comme une protection pour les maisons où on les conserve avec respect.
Quel motif avait donc enflammé le zèle du peuple chrétien pour la mémoire de cette victime d'un odieux attentat ? C'est que Pierre avait succombé en travaillant à la défense de la foi, et les peuples n'avaient alors rien de plus cher que la foi. Pierre avait reçu la charge de rechercher les hérériques manichéens, qui depuis longtemps infectaient le Milanais de leurs doctrines perverses et de leurs mœurs aussi odieuses que leurs doctrines. Sa fermeté, son intégrité dans l'accomplissement d'une telle mission, le désignaient à la haine des Patarins ; et lorsqu'il tomba victime de son noble courage, un cri d'admiration et de reconnaissance s'éleva dans la chrétienté. Rien donc de plus dépourvu de vérité que les déclamations des ennemis de l'Eglise et de leurs imprudents fauteurs, contre les poursuites que le droit public des nations catholiques avait décrétées pour déjouer et atteindre les ennemis de la foi.

Saint Lazare et saint Pierre de Vérone. Chapelle de la Miséricorde.
Dans ces siècles, aucun tribunal ne fut jamais plus populaire que celui qui était chargé de protéger la sainte croyance, et de réprimer ceux qui avaient entrepris de l'attaquer. Que l'Ordre des Frères-Prêcheurs, chargé principalement de cette haute magistrature, jouisse donc, sans orgueil comme sans faiblesse, de l'honneur qu'il eut de l'exercer si longtemps pour le salut du peuple chrétien. Que de fois ses membres ont rencontre une mort glorieuse dans l'accomplissement de leur austère devoir ! Saint Pierre Martyr est le premier des martyrs que ce saint Ordre a fournis pour cette grande cause ; mais les fastes dominicains en produisent un grand nombre d'autres, héritiers de son dévouement et émules de sa couronne. La poursuite des hérétiques n'est plus qu'un fait de l'histoire ; mais, à nous catholiques, il n'est pas permis de la considérer autrement que ne la considère l'Eglise.
Aujourd'hui elle nous prescrit d'honorer comme martyr un de ses saints qui a rencontré le trépas en marchant à l'encontre des loups qui menaçaient les brebis du Seigneur ; ne serions-nous pas coupables envers notre mère, si nous osions apprécier autrement qu'elle le mérite des combats qui ont valu à Pierre la couronne immortelle ? Loin donc de nos coeurs catholiques cette lâcheté qui n'ose accepter les courageux efforts que firent nos pères pour nous conserver le plus précieux des héritages ! Loin de nous cette facilité puérile à croire aux calomnies des hérétiques et des prétendus philosophes contre une institution qu'ils ne peuvent naturellement que détester ! Loin de nous cette déplorable confusion d'idées qui met sur le même pied la vérité et l'erreur, et qui, de ce que l'erreur ne saurait avoir de droits, a osé conclure que la vérité n'en a pas à réclamer !

Saint Pierre de Vérone et une donatrice.
Saint Pierre Martyr, né à Vérone de parents infectés des erreurs des Manichéens, combattit presque dès son enfance contre les hérésies. A l'âge de sept ans, comme il allait aux écoles, son oncle paternel, qui était hérétique. lui ayant demandé ce qu il y avait appris.il répondit qu'il y avait appris le Symbole de la foi chrétienne : et ni les caresses ni les menaces de son père et de son oncle ne purent ébranler sa constance dans la vraie doctrine. Parvenu à l'adolescence, il vint à Bologne pour faire ses études. Ce fut là qu'étant appelé par le Saint-Esprit à un genre de vie plus élevé, il entra dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs.
Très vite, ses vertus brillèrent avec un grand éclat dans la religion et dans l'étude, au point qu'il fut très rapidement apte à recevoir les ordres sacré, et il conserva coeur et ses sens dans une telle pureté, que jamais il ne se sentit souillé d'aucun péché mortel. Il mortifiait sa chair par les jeûnes et les veilles, et il élevait son esprit à la contemplation vies choses divines. Occupé sans cesse à l'oeuvre du salut des âmes, il avait un don particulier pour réfuter les hérétiques. Il mettait tant de force dans sa prédication, qu'une multitude innombrable de personnes affluait autour de lui pour l'entendre, et beaucoup se convertissaient et faisaient pénitence.

Legenda aurea. Bx J. de Voragine. XVe.
Le démon, irrité, résolut de le traverser par toutes les voies imaginables. Notre Saint prêchait à Florence : c'était dans le vieux marché, parce que les églises n'étaient pas assez vastes pour le grand nombre de personnes qui accourait pour l'entendre.
Ce monstre d'enfer y parut sous la forme d'un cheval noir courant à toute bride ; il semblait prêt à fendre la foule et à écraser tous ceux qu'il rencontrerait sur son passage ; mais le Saint faisant le signe de la Croix, dissipa ce fantôme, et tout le peuple le vit s'évanouir comme de la fumée.
Après la prédication, saint Pierre se mettaut ordinairement au confessionnal pour y recevoir les pénitents. Un jour, il s'en trouva un qui, touché du regret de ses fautes, s'accusa d'avoir donné un coup de pied à sa mère ; le saint Confesseur lui en fit une sévère réprimande et, pour l'exciter davantage à la sainte contrition, il lui dit que le pied qui avait ainsi frappé sa mère mériterait d'être coupé. Dès qu'il fut rentré chez lui, le pénitent se coupa lui-même le pied. Saint Pierre, que le peuple accusait déjà d'imprudence, l'ayant appris, vint trouver le pénitent, prit son pied, le réunit à sa jambe et, ayant fait le signe de la Croix, le remit en son premier état. Ce miracle fit concevoir plus d'estime que jamais pour sa sainteté et sa très-sage conduite.

Cependant Dieu éprouve la vertu de ses Saints. Alors qu'il était un jour au couvent de Saint-Jean-Baptiste, à Côme, Notre Père des cieux favorisa saint Pierre de Vérone de plusieurs visites du ciel ; ainsi, les saintes Agnès et Cécile lui apparurent dans sa cellule et conférèrent avec lui d'une voix claire et intelligible. Un des religieux du couvent, passant devant la cellule de notre Saint, entendant cette conférence, s'imagina que c'était effectivement avec des femmes que saint Pierre s'entretenait. Il alla donc chercher d'autres frère pour témoins, leur fit constater derrière la porte les entretiens que notre saint avait avec sainte Agnès et sainte Cécile, et ils s'en furent tous se plaindre au chapître et au supérieur.
Saint Pierre, par humilité, et voulant tenir discrète les faveurs qu'il avait reçues du ciel, ne s'en défendit point. Le supérieur relégua alors notre Saint au couvent d'Iësi, dans la Marche d'Ancône, pour y mener une vie retirée et ne plus paraître en public.
Un jour, au pied de la Croix, il lui arriva de s'en plaindre amoureusement à Notre Seigneur Jésus-Christ :
" Eh quoi ! Mon Dieu ! Vous savez mon innocence ! Comment souffrez-vous que je demeure si longtemps dans l'infâmie ?"
Notre Seigneur lui répondit :
" Et moi, Pierre, n'étais-je pas innocent ? Avais-je mérité les opprobres et les douleurs dont j'ai été accablé dans le cours de ma Passion ? Apprends donc de moi à souffrir avec joie les plus grandes peines, sans avoir commis les crimes pour lesquels on te les impose."
Dès lors, profondément touché par les paroles du divin Maître, notre Saint mit toute son ardeur à souffrir dans la joie et la félicité son humiliation.
Bientôt, Dieu fit paraître la vérité de ce qui s'était passé au couvent de Côme et saint Pierre de Vérone fut rappeler de son exil et parut devant ses frères avec encore plus d'éclat qu'auparavant.

Martyre de saint Pierre de Vérone.
Dès qu'il fut délivré de sa prison, il reprit les armes de la parole de Dieu pour combattre l'hérésie. Le pape Grégoire IX, qui connaissait sa science et son zèle, le nomma inquisiteur général de la foi en 1232.
C'est principalement à Milan que saint Pierre travaillait de toutes ses forces à la conversion de hérétiques. Un jour qu'il se décourageait quelque peu, Notre Dame la très sainte Vierge Marie lui apparut et l'encouragea :
" Pierre, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne soit jamais ébranlée ; continue donc et persévère en ton premier travail."
Il passa alors à Céséna, où il convertit un grand nombre d'hérétiques et guérit des malades, à Ravenne, à Mantoue, à Venise, etc.
Enfin, il arriva au couvent de Côme, dont il avait été nommé prieur, charge qu'il avait déjà tenu dans les couvents de Gênes, Aoste et Iësi.
L'ardeur de sa foi l'enflammait tellement , qu'il souhaitait de mourir pour elle, et demandait instamment à Dieu cette grâce. Ce furent les hérétiques qui la lui procurèrent, selon qu'il l'avait annoncé lui-même peu auparavant dans une prédication. Comme il exerçait la charge d'Inquisiteur, un jour qu'il allait de Côme à Milan, un impie meurtrier nommé Carino lui déchargea sur la tète deux coups d'épée. Le saint, presque mort, prononça avant de rendre le dernier soupir le Symbole de la foi que dans son enfance il avait confessée avec le courage d'un homme. L'assassin revint à la charge, et lui ayant plongé son épée dans le flanc, le saint alla au ciel recevoir la palme du martyre, l'an du salut 1252, avec le religieux qui l'accompagnait, nommé Dominique.

Son corps fut porté dans l'église Saint-Eustorge de Milan et sa sainteté éclata bientôt par un grand nombre de miracles. Son assassin, qui avait échappé à la justice, rentra bientôt en lui-même, regretta très amèrement son crime et demanda à entré dans l'ordre des frères prêcheurs : ce qui lui fut accordé.
L'année suivante Innocent IV l'inscrivit au nombre des Martyrs le 25 mars et ordonna qu'on le fêterait le 29 avril et non le 5 du même mois qui fut le jour de son martyre parce que ce jour pouvait être occupé par Pâques.

Saint Pierre de Vérone. Gravure italienne du XVIe.
Protecteur du peuple chrétien , quel autre mobile que celui de la charité vous dirigea dans vos travaux ? Soit que votre parole vive et lumineuse reconquit sur l'erreur les âmes abusées, soit que marchant droit à l'ennemi, votre vigueur le forçât à fuir loin des pâturages qu'il venait empoisonner, vous n'eûtes qu'un but, celui de préserver les faibles de la séduction. Combien d'âmes simples auraient joui avec délices de la vérité divine que la sainte Eglise faisait arriver jusqu'à elles, et qui, misérablement trompées par les prédicants de l'err
lundi, 29 avril 2024 | Lien permanent
8 mai. Apparition de saint Michel Archange au Mont Gargan. 492.
" Au dernier jour du monde, lorsque notre divin Ressuscité paraîtra assis sur les nuées du ciel pour juger le genre humain, Michel aura à remplir un ministère formidable, lorsque, avec les autres Anges, il accomplira la séparation des élus et des réprouvés, qui auront repris leurs corps dans la résurrection générale."
Dom Prosper Guéranger. L'année liturgique.
Dieu ayant donné l'Archange saint Michel à son Eglise pour en être le protecteur, comme il était autrefois de la Synagogue, a voulu faire paraître en divers temps et en divers lieux quelque merveille par son intercession et par son ministère, afin que les fidèles ne pussent douter de sa bienveillance à leur endroit ; qu'ils lui rendissent leurs respects et qu'ils eussent recours à lui dans leurs besoins.
Nous trouvons dans les histoires ecclésiastiques diverses apparitions de cet Archange, et nous y remarquons plusieurs églises consacrées en son honneur, tant en Orient qu'en Occident.

Saint Michel. Vittorio Crivelli. XVIe.
Siméon Métaphraste rapporte une de ces apparitions faite dès le premier ou le second siècle de l'Eglise, près de la ville de Chone, en Phrygie, à un homme de Laodicée ; elle fut la cause de sa conversion et de celle de sa fille, ainsi que de la guérison de cette même fille qui était muette. Elle fut aussi suivie de la construction d'untemple en l'honneur de ce glorieux protecteur, tel que la persécution et le malheur du temps le pouvait permettre.
Florus de Trapani, le plus ancien des poëtes chrétiens, assure qu'avant son temps saint Michel était apparu à Rome, et qu'on y faisait une fête solennelle en son honneur ; ce qui ne peut être que fort ancien. Ses vers sont rapportés par le cardinal Baronius en ses Commentaires sur le martyrologe romain.
Sozomène et Nicéphore, en leurs histoires, font mention d'une autre apparition de saint Michel à Constantin le Grand, dans les premières années de son empire ; elle le porta à bâtir, dans Constantinople, une église magnifique qui fut appelée Sosthène.
Procope témoigne que l'empereur Justinien, qui régnait dans le VIe siècle, fit dédier six églises en mémoire du même prince du ciel, et qu'il les orna de riches présents.
La peste désolant Rome en l'année 590, saint Grégoire Ier le Grand, qui se reccueillait peut-être dans la petite chapelle dédiée à saint Michel que le pape Boniface IV, au VIIe siècle, avait fait bâtir dans le fort, vit apparaître, au-dessus de celui-ci, saint Michel qui remettait son épée dans son fourreau, pour marquer que le colère de Dieu était appaisée par les prières du peuple, et que ce mal allait cesser. En mémoire de ce miracle, le pape Benoît III (ou IV) fit construire au même lieu une église de Saint-Michel et fit coiffer le fort d'une statue du prince de la milice céleste. Le fort, que l'on appelait aussi le môle d'Hadrien, car il avait été construit par l'empereur Hadrien pour en faire son mausolée, prit bientôt le nom de château Saint-Ange. Cette église fut bientôt accompagnée d'une autre du même nom dans le marché appelé de la Pêcherie.
Enfin, nous savons par une ancienne inscription gravée sur du marbre que l'on voit à Rome que le pape Léon IV, après avoir remporté une insigne victoire sur les Sarrasins et les avoir chassés du port de Rome, fit bâtir un nouveau temple au Vatican sous le nom de ce chef des Armées : ce fut vers l'année 849.
La France n'a pas non plus manqué de témoignages de la protection et de l'assistance de saint Michel. Nos hitoriens remarquent que vers l'année 709 il honora saint Aubert, 10e évêque d'Avranches, d'une apparition très remarquable, et lui déclara que la volonté de Dieu était qu'il lui fît bâtir une église dans la mer, sur le haut du rocher appelé La Tombe. Saint Aubert, qui voulait s'assurer de la vérité de cette vision, n'obéit pas aussitôt ; mais l'Archangelui apparut deux autres fois, et, à la troisième, il lui pressa le front avec son doigt et y laissa une forte empreinte, que l'on voit encore à son crâne. D'ailleurs, l'église Saint-Gervais d'Avranches possède encore le crâne de saint Aubert. On voit encore sur son crâne l'empreinte du doigt que le bienheureux messager céleste y laissa.
Ainsi fut-il obliger de se rendre ; et, ayant fait bâtir l'église à l'endroit qui lui avait été marqué, il y mit des chanoines réguliers. Elle fut ensuite donnée aux religieux de l'Ordre de Saint-Benoît. C'est ce que nous appelons le mont Saint-Michel, dont le pélerinage fut si célèbre, et que Dieu a rendu illustre par une infinité de miracles et de secours surnaturels.
Mais la plus insigne et la plus remarquable apparition de saint Michel est celle que l'Eglise célèbre aujourd'hui, et qui se fit au mont Gargan, que l'on nomme aujourd'hui le mont Saint-Ange, près de la ville de Siponto, nommée aujourd'hui Manfredonia, dans les Pouilles au royaume de Naples.

Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Au temps du pape Gélase Ier, en 492, un homme riche nommé Gargan avait de grands et de beaux troupeaux. Un de ses taureaux s'éloigna et s'enfuit dans les montagnes. On le chercha quelques jours inutilement ; mais l'ayant enfin trouvé dans une caverne, on lui tira une flèche qui, rejaillissant contre celui qui l'avait tiré, le blessa. Ses compagnons, étonnés de cet accident, et jugeant qui y avait quelque chose de mystérieux là-dessous, eurent recours à l'évêque de Siponto pour apprendre de lui ce que cela pouvait être.

Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Le prélat ordonna un jeûne de trois jours et exhorta les fidèles à se mettre en prières pour obtenir du ciel la grâce de découvrir ce que signifiait ce miracle. Au bout de trois jours, saint Michel lui apparut et lui déclara que cette caverne où le taureau s'était retiré était sous sa protection et que Dieu voulait qu'elle fût consacrée sous son nom en l'honneur de tous les anges.
L'évêque, accompagné de tous son clergé et de son peuple, alla reconnaître la caverne et la trouva déjà toute disposée en forme d'église : on commença d'y célébrer les divins offices et l'on y bâtit aussi un temple plus magnifique où la puissance divine a opéré plusieurs grands miracles qui font bien voir la vérité de la révélation.

Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Saint Romuald, fondateur de l'Ordre des Camaldules, ordonna à l'empereur Othon d'y aller nu-pieds depuis Rome, pour pénitence de ce qu'il avait fait mourir le sénateur Crescence, ou du moins de ce qu'il avait consenti à sa mort. C'est une marque de la vénération que l'on a toujours eue pour ce saint temple et une preuve que c'était un lieu de dévotion où les pélerins allaient pour implorer sa miséricorde.

mercredi, 08 mai 2024 | Lien permanent | Commentaires (5)
10 mai. Saint Antonin, archevêque de Florence. 1459.
- Saint Antonin, archevêque de Florence. 1459.
Papes : Clément VII ; Pie II. Empereurs d'Allemagne : Wenceslas ; Frédéric III.
" Toutes sortes de biens me sont venu avec elle, et j'ai reçu par ses mains des honneurs et des grâces sans fin."
Saint Antonin appliquant à sa dévotion à la très sainte Vierge Marie, ce que Salomon dit de la Sagesse.
" Si Dieu ne se proposait de mettre en possession de son héritage ceux qui sont éprouvés, Il ne prendrait pas soin de les former par la tribulation."
Saint Antonin de Florence.
Saint Antonin. Buste. Cloître du couvent Saint-Marc.
Florence. Grand duché de Toscane. XVIe.
Saint Antonin, ainsi appelé au lieu d'Antoine, parce qu'il était de petite taille, naquit Florence en 1389. Son père était notaire, et se nommait Nicolas Pierrozi, et sa mère Thomassine ; ils prirent un grand soin de l'élever dans la crainte de Dieu. Ils n'eurent pas beaucoup de peine, parce qu'il était d'un si bon naturel que l'on eût dit que la vertu était née avec lui. A l'âge de dix ans, il ne manquait pas d'aller tous les jours dans une église de Saint-Michel pour y faire ses prières au pied du Crucifix et à l'autel de la Sainte Vierge, à l'honneur de laquelle il disait ce répons :
" Sancta et immaculata Virginitas."
Ce fut là que, quelques années après, il conçut le dessein de se faire religieux de l'Ordre des Frères Prêcheurs : il en demanda l'habit au Père Dominici, qui fut depuis cardinal-archevêque de Raguse, et légat du Saint-Siège en Hongrie. Ce pieux et savant Dominicain faisait alors bâtir un couvent de son Ordre à Fiésole, à deux milles de Florence. Voyant le petit Antoine de si faible complexion en apparence, qu'il ne semblait pas qu'il pût supporter les rigueurs de la Règle, il lui demanda à quelles études il s'appliquait ; l'enfant répondit qu'il étudiait le droit-canon :
" Eh bien ! lui dit Dominici pour l'ajourner, je vous recevrai dans notre Ordre quand vous saurez votre droit par coeur."
Cette réponse fut loin d'étonner le postulant : redoublant de courage, il étudia avec tant d'ardeur, qu'en peu de temps il apprit par coeur les règles et le texte du droit ; c'est pourquoi le Père, reconnaissant évidemment l'opération de la main de Dieu sur ce jeune homme, lui donna le saint habit, l'an 1407, la seizième année de son âge.
Saint Antonin demandant au T. R. P. Dominici à être reçu
dans l'Ordre de Saint-Dominique. Bernardino Poccetti. XVIIe.
Nous ne nous arrêterons point ici à décrire avec quelle ferveur il passa son noviciat, et prononça ses voeux au couvent de Cortone, où les supérieurs l'avaient envoyé. Le pape Nicolas V le jugeait digne d'être canonisé dès le temps de sa vie ; preuve convaincante qu'il avait fait de grands progrès en la perfection. Son zèle et son courage surpassaient ses forces, et les rigueurs de la Règle lui semblaient si légères, que, ne s'en contentant point, il couchait encore sur la dure, ne quittait point le cilice, et prenait la discipline toutes les nuits : il ajoutait aussi à l'office du choeur celui de la Vierge et celui des morts, avec les sept Psaumes de la Pénitence, et quelquefois le Psautier tout entier. Son recueillement était si grand pendant ses prières, et particulièrement pendant l'oraison mentale, qu'on l'a vu plusieurs fois élevé de terre.
Il eut bien voulu toujours continuer ce genre de vie mais l'obéissance l'appliqua bientôt au secours du prochain car il fut élu supérieur des couvents de Fiésole, de Cortone, de Gaëte, de Florence, de Sienne, de Pistoie, de Naples et de Rome, et les gouverna l'un après l'antre et partout il maintint l'observance de la Règle, non seulement par ses pressantes exhortations, mais encore par ses exemples. Il était le premier à tout ; et quoiqu'il fût ensuite vicaire-général de la Congrégation de Naples et de Toscane, et provincial de la province romaine, il s'abaissait néanmoins jusqu'aux ministères les plus humbles de la communauté où il résidait. Il disait tous les jours la sainte messe, et en servait une autre; il prêchait fort souvent et avec beaucoup de succès, et il écoutait, avec une patience et une assiduité merveilleuses, les confessions de ceux dont il avait touché les coeurs par la force de ses paroles.
Saint Antonin. Statue. Place des Offices.
Florence. Grand duché de Toscane. XVIIe.
Cependant l'archevêché de Florence vint à vaquer, par la mort du cardinal Barthélemy Zarabella, et il y avait neuf mois entiers que l'on était en contestation sur l'élection d'un successeur, lorsque le pape Eugène IV, jetant les yeux sur le Père Antonin, vicaire-général de la Congrégation réformée de Naples, le nomma archevêque de cette grande ville et voyant qu'il refusait obstinément, il lui fit commandement, " en vertu du Saint-Esprit et de la sainte obéissance, sous peine de péché mortel et même d'excommunication, d'accepter cette charge ". Ne pouvant plus s'opposer à des ordres si précis, il leva les yeux et les mains au ciel puis, se tournant vers quelques personnes doctes qu'il avait assemblées pour savoir si, vu son incapacité, il était obligé d'obéir à ce commandement :
" Vous savez, dit-il, mon Dieu, que j'accepte cette charge contre ma volonté, pour ne pas résister à celle de votre vicaire : assistez-moi donc, Seigneur, ainsi que vous savez que j'en ai besoin."
Il fit ensuite son entrée à Florence, les pieds nus et les yeux baignés de larmes, tandis que toute la ville retentissait de joie de posséder un si digne pasteur, le considérant comme un Saint et, en effet, il l'était devant Dieu, qui pénètre le secret des coeurs.
Cette nouvelle dignité ne lui fit rien changer dans sa vie privée car il garda toujours jusqu'aux moindres observances de son Ordre de sorte que ceux qui n'eussent pas été informés de son nouveau caractère, l'eussent plutôt pris pour un simple religieux que pour l'archevêque de Florence. Sa table, son lit, sa chambre et généralement tous les meubles de son palais archiépiscopal, ne ressentaient que la pauvreté religieuse. Son train n'était composé que de six personnes, à qui il donnait de bons gages, afin de les empêcher de rien recevoir de ceux qui avaient quelque affaire à l'archevêché. Il prenait lui-méme connaissance des causes qui devaient se juger à son tribunal, ne se contentant pas des soins de son officiai, auquel, néanmoins, il donnait tous les ans cent ducats d'or, afin qu'il rendît la justice sans nul salaire. Tout le monde se trouvait si bien de ses jugements, de ses avis et de ses conseils, qu'on lui donna le titre d'Antonin-des-Conseils, avant même qu'il fût archevêque.
Notre Dame intercédant pour saint Antonin et saint Vincent Ferrier.
Dessin. Ecole des frères Caraches. XVIIe.
Quoique d'un accès si facile pour toutes les personnes qui demandaient son assistance, il se montrait néanmoins extrêmement réservé à l'égard des femmes il ne leur parlait que par nécessité, et ses yeux pudiques n'osaient les regarder. Il prêchait ordinairement les dimanches et les fêtes en quelque église de la ville, il faisait même des instructions familières et des catéchismes. Il tenait exactement ses synodes, visitait son diocèse, et enfin n'omettait rien de ce que doit faire un bon prélat. Il récitait d'abord ses Matines avec ses clercs domestiques, suivant la pratique de son Ordre mais, apprenant qu'on ne les chantait pas avec assez de respect dans la cathédrale, il voulut y assister, pour remédier à ce désordre.
Voilà quelle était la vigilance de ce saint Prélat mais ce qui est merveilleux, c'est que, parmi tant de différentes fonctions, il ne perdit jamais la solitude, la paix ni la sérénité de son coeur, parce que, comme il l'avoua lui-même à un de ses chanoines appelé François de Chastillon, il s'y était formé de bonne heure un oratoire, où il se retirait souvent. Il remit l'état ecclésiastique dans sa splendeur, et en retrancha plusieurs désordres que les guerres civiles y avaient causés. C'est pourquoi le Pape, qui connaissait la pureté de son zèle et la justice de ses jugements, défendit d'appeler des sentences qu'il aurait données. Il sut très-bien user de cette faveur à l'avantage de l'église de Florence. Il la délivra des pratiques impies, immorales et funestes de la magie de la plaie non moins déplorable de l'usure des charlatans et des comédiens. Certains joueurs avaient inventé un nouveau brelan, où la jeunesse de Florence perdait tous les jours de grosses sommes d'argent, au grand préjudice des familles ; le saint Archevêque défendit d'abord ce jeu, sous peine d'excommunication ; ensuite il allait lui-même sur les lieux et en chassait honteusement ceux qu'il y rencontrait, renversant les tables, les dés, l'argent et les jetons. Son zèle le porta encore à purger les églises de ces causeurs insolents, qui en profanent la sainteté par leurs entretiens sacriléges ; il les en chassait tous.
Saint Antonin faisant l'aumône.
Dessin. Sigismondo Coccapani. XVIIe.
Il ne craignit pas même de s'opposer aux magistrats et au bras séculier, lorsque, passant les bornes de leur puissance, ils entreprenaient sur les droits et les immunités de l'Eglise. Il réprimait leurs violences par les censures ecclésiastiques, sans appréhender les menaces qu'on lui faisait. Un jour, quelqu'un l'ayant menacé de le jeter par la fenêtre et de le faire priver de son évêché, il répondit avec calme qu'il ne se jugeait pas digne du martyre, et qu'il avait toujours désiré être déchargé de l'épiscopat ; que, dans cet espoir, il avait toujours gardé la clé de sa chambre du couvent de Saint-Marc, pour s'y retirer. Voilà quel a été le zèle de ce grand archevêque ; disons maintenant quelque chose de sa douceur et de sa compassion pour les pauvres et pour toutes sortes de malheureux.
Il divisait le revenu de son bénéfice en trois parties :
- la première, fort médiocre, était pour l'entretien de sa maison ;
- la seconde, pour la réparation du palais archiépiscopal qui tombait en ruine ;
- la troisième, pour le soulagement des pauvres, et celle-ci était la plus grosse et devint enfin presque le total, parce que le palais étant réparé, il ne pensa plus qu'aux pauvres.
Il faisait tous les jours de grandes aumônes à sa porte, sans la refuser à personne et c'était avec tant de profusion, que quelquefois il ne restait plus rien pour sa maison. Aux grandes fêtes de l'année, il distribuait deux cents ducats d'or en diverses oeuvres dé piété ; il vendait même ses meubles, ses livres et ses habits pour assister les nécessiteux avec plus de libéralité. Aussi était-il l'asile de tous ceux qui étaient dans la misère.
Saint Antonin de Florence et saint Vincent Ferrier.
Fernando Yanez de la Almedina. XVe.
En voici un bel exemple Un habitant de Florence vint le supplier de l'aider à doter trois de ses filles : le charitable Prélat n'ayant rien alors à lui donner, lui conseilla de visiter chaque jour l'église de l'Annonciade, lui assurant que Notre-Dame elle-même doterait ses filles. Comme il s'y en allait un matin, il trouva deux aveugles qui, croyant n'être entendus de personne, se racontaient l'un à l'autre leur bonne fortune l'un disait qu'il avait deux cents ducats cousus dans son bonnet, et l'autre qu'il en avait trois cents dans son pourpoint. Il avertit le saint Archevêque qui fit venir ces aveugles ; et, après leur avoir reproché leur malice, de frustrer les véritables pauvres, en recevant des aumônes dont ils n'avaient pas besoin, il les condamna à payer une amende de quatre cent cinquante ducats, qui servirent à doter les trois jeunes filles. Ce fut là un trait de prudence et de cette justice que l'on appelle distributive.
En voici un autre de charité qui n'est pas moins considérable. Le Saint, passant une fois par la rue Saint-Ambroise, aperçut, sur la maison d'une bonne veuve, des anges qui paraissaient se réjouir il voulut savoir qui étaient ceux qui y demeuraient, et il y trouva trois jeunes personnes qui, pour gagner leur pain et celui de leur mère, travaillaient jour et nuit, sans même excepter les fêtes; il en eut compassion, et leur assigna une rente annuelle pour vivre, afin qu'elles ne fussent plus obligées de travailler les fêtes. La piété et la bonne conduite disparurent avec la nécessité du travail. Saint Antonin, passant une autre fois par lé même endroit, n'y vit plus les anges, mais un démon si horrible, qu'il l'effraya de son regard : il en donna avis à la mère et aux jeunes filles, et leur retrancha une partie de son aumône, de crainte que l'oisiveté ne leur causât un plus grand malheur.
Saint Antonin. Statue. Cathédrale Saint-Pierre.
Poitiers. XVIIIe.
C'était encore trop peu, pour saint Antonin, de donner ses biens, s'il ne consacrait aussi sa personne et sa vie pour le salut de ses ouailles dans un temps de contagion, tous les riches abandonnaient Florence, pour éviter le mauvais air ; le Saint y demeura généreusement pour assister les pestiférés, et ne craignit point de les visiter et de leur administrer lui-même les Sacrements. C'est cette charité du prochain, et ce grand zèle à le servir, qui lui ont fait mettre la main à la plume au milieu de ses fonctions épiscopales, et composer tant de beaux et excellents traités pour la consolation des âmes, pour l'instruction des peuples et pour la satisfaction des savants.
C'est aussi cette charité qui lui a fait opérer tant de miracles, guérir des malades désespérés des médecins, ressusciter des morts et multiplier du pain et de l'huile. Ses paroles avaient aussi une vertu admirable car un habitant de Florence lui ayant fait présent, le premier jour de l'année, d'un panier de fruits, dans l'espérance d'en recevoir quelque bonne récompense, et voyant que le Saint, pour toute reconnaissance, ne lui disait que ce mot : " Dieu vous le rende ", il s'en alla tout mécontent. L'Archevêque le sachant le fit rappeler, et mit en sa présence le panier de fruits dans le bassin d'une balance, et dans l'autre un billet contenant ces paroles : " Dieu vous le rende ".
Le billet se trouva peser plus que le panier le pauvre homme, tout confus, lui demanda pardon. Il fit encore paraître la force de ses paroles lorsque, pour donner de la terreur à quelques personnes qui le pressaient de fulminer une sentence d'excommunication pour un sujet qui ne le méritait pas, il prit un pain blanc, sur lequel il prononça quelque anathème, et aussitôt ce pain devint plus noir que des charbons.
Translation des reliques de saint Antonin.
Détail. Domenico Passignano. XVIe.
Etant âgé de soixante-dix ans, il tomba malade d'une petite fièvre ; il prévit qu'il allait bientôt mourir, quoiqu'on lui promît une prompte guérison c'est pourquoi il reçut promptement les Sacrements, et rendit ainsi sa belle âme à Dieu avec ces paroles :
" Mes yeux sont toujours élevés vers mon Seigneur, parce que c'est lui qui dégagera mes pieds des filets."
Ce fut le 2 mai, veille de l'Ascension, l'an 1459, la treizième année de son épiscopat. Un religieux de l'Ordre de Cîteaux, qui faisait son oraison, vit monter son âme au ciel sous la forme d'un petit enfant environné d'une nuée.
Son corps, conformément à son testament, fut porté en l'église du couvent de Saint-Marc. Le pape Pie II, qui était alors à Florence, donna sept ans et autant de quarantaines d'indulgences à tous ceux qui le visiteraient et lui baiseraient les pieds. Il demeura huit jours ainsi exposé, exhalant une très-agréable odeur. H s'est fait plusieurs miracles à son tombeau, d'après lesquels le pape Adrien VI fit le décret de sa canonisation, l'an 1523. La bulle de canonisation n'a été publiée que par Clément VII, successeur d'Adrien VI.
On représente saint Antonin :
- tenant de la main gauche sa crosse épiscopale, et dans la main droite une balance où est placé, d'un côté le panier de fruits que lui apporte un paysan, et de l'autre un bout de papier avec ces mots : " Que Dieu vous le rende ".
Nous avons raconté ce trait. On prétend que le Saint se servit de la même comparaison vis-à -vis d'un hôtelier qui lui avait fourni un frugal repas dans un voyage alors l'écrit porte ces mots, qu'on récite aux grâces : alors l'écrit porte ces mots :
" Retribue dignare, Domine, omnibus nobis bona facientibus, vitam aeternam."
" Récompensez, Seigneur, par le don de la vie éternelle, tous ceux qui nous font du bien."
- On place prÃ
vendredi, 10 mai 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
10 mai. Saint Isidore le Laboureur, patron de la ville de Madrid et des laboureurs. 1170.
" Le vrai agriculteur n'oublie point Dieu au milieu de son travail, car il attend plus de Dieu que de son travail, suivant cette parole de l'écriture : planter n'est rien, arroser n'est rien : le tout est de faire pousser, et c'est Dieu seul qui en a le pouvoir."
Saint Basile le Grand.

Statue de saint Isidore qui est portée
Saint Isidore (en espagnol san Isidro Labrador) naquit à Madrid, en Espagne, de parents très pauvres qui ne purent le faire étudier, mais lui apprirent à aimer Dieu et à détester le péché. L'enfant devint bientôt très habile dans cette science, la meilleure de toutes. Quand il fut en âge de travailler, il se plaça comme laboureur chez un riche habitant de la ville, nommé Jean de Vargas.

Saint Isidore le Laboureur et son épouse sainte Marie de la Cabeza.
Plus tard, il épousa une femme aussi pauvre et aussi vertueuse que lui, Marie, elle aussi objet d'un culte public, et il eut un enfant auquel il enseigna le service de Dieu. Un jour, cet enfant tomba dans un puits ; ses parents, désolés, adressèrent au Ciel de si ferventes prières, que l'eau du puits s'élevant jusqu'en haut, y apporta cet enfant plein de vie et de santé. En reconnaissance, les deux époux se séparèrent et vouèrent à Dieu une continence perpétuelle.
Quoique occupé du grossier travail de mener la charrue, saint Isidore n'en avait pas moins des heures fixes et réglées pour ses exercices de piété. Les jours ordinaires, après avoir passé une partie de la nuit en oraison, il se levait de grand matin et s'en allait visiter les principales églises de Madrid ; les jours de fête étaient entièrement consacrés à suivre les offices et à prier.

Corrado Giaquinto. Escorial. XVIIIe.

Fontaine miraculeuse de saint Isidore. Madrid.
Saint Isidore était pauvre, et cependant il trouvait le moyen de se montrer libéral envers les indigents ; il partageait avec eux son dîner, et un jour qu'il avait tout donné, il pria sa femme d'aller voir s'il ne restait pas quelque chose : celle-ci trouva le plat qui venait d'être vidé, aussi plein que si personne n'y eût touché. Une autre fois, il avait été invité à un dîner de confrérie, et ses dévotions le retinrent si longtemps, qu'il arriva quand tout était fini.
Une multitude de pauvres le suivaient comptant sur ses restes. Les confrères lui dirent, d'assez mauvaise humeur, qu'on lui avait gardé sa part, mais qu'il n'y avait rien pour les mendiants.
" C'est assez, répondit-il, cela suffira pour moi et pour les pauvres de Jésus-Christ."
En effet, on trouva un repas entier là où on n'avait mis de côté que quelques morceaux.

Restes de l'ermitage de saint Marie de la Cabeza.
La femme de saint Isidore, de son côté, donnait des marques d'une sainteté aussi grande que celle de son mari. Elle aussi faisait des miracles. Retirée dans un petit héritage, près de l'ermitage de Caraquiz, elle avait à traverser une rivière pour se rendre à une église de la Sainte Vierge qu'elle fréquentait assidûment. Un jour, elle trouva cette rivière débordée, et, avec une entière confiance dans la puissance de Dieu, elle détacha son tablier, l'étendit sur les eaux, et, à l'aide de cette barque d'un nouveau genre, passa tranquillement à l'autre bord.
Saint Isidore mourut avant son épouse - laquelle s'était retirée dans un ermitage à quelques lieues de Madrid -, en 1170, et on l'enterra sous une gouttière, dans le cimetière de Saint-André, où il fut oublié quarante ans. Alors le Saint apparut à une dame vertueuse pour la presser de procurer l'élévation et la translation de son corps. Quand on l'eut retiré de terre, il fut trouvé aussi frais et aussi sain que s'il venait de mourir ; un parfum de délicieuse odeur embauma les airs, et toutes les cloches sonnèrent d'elles-mêmes.

Saint Isidore le Laboureur. Eglise Saint-Pierre-aux-Liens.
L'église de Saint-André fut choisie pour recevoir ses saintes reliques ; on y vit un grand concours de peuple ; de nombreux miracles s'opérèrent et firent croître et grandir la dévotion à saint Isidore. Une procession fameuse se fait chaque année à Madrid où l'on porte le corps incorrompu de saint Isidore par toute la ville.

Procession de Saint-Isidore à Madrid.
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Dimanche dans l'octave de l'Ascension.
- - Le dimanche dans l'octave de l'Ascension.
" Ô Roi de gloire. Seigneur des armées,
Qui aujourd'hui êtes monté triomphant au-dessus de tous les cieux,
Ne nous laissez pas orphelins ;
Mais envoyez-nous l'Esprit de vérité, selon la promesse du Père,
Alleluia."
Bible. Picardie. XIe.
Jésus est monté aux cieux. Sa divinité n’en avait jamais été absente, mais aujourd'hui son humanité y est intronisée, elle y est couronnée d'un diadème de splendeur; et c'est là encore une nouvelle face du glorieux mystère de l'Ascension. A cette humanité sainte le triomphe ne suffisait pas ; le repos lui était préparé sur le trône même du Verbe éternel auquel elle est unie éternellement dans une même personnalité, et c'est du haut de ce trône qu'elle doit recevoir les adorations de toute créature. Au nom de Jésus Fils de l'homme et Fils de Dieu, de Jésus assis à la droite du Père tout-puissant, " tout genou doit fléchir au ciel, sur la terre et dans les enfers " (Philip. II, 10.).
Habitants de la terre, c'est là cette nature humaine qui apparut autrefois dans l'humilité des langes, qui parcourut la Judée et la Galilée n'ayant pas où reposer sa tête, qui fut enchaînée par des mains sacrilèges, flagellée, couronnée d'épines, clouée à une croix ; mais tandis que les hommes qui l'avaient méconnue la foulaient aux pieds comme un ver de terre, elle acceptait le calice des douleurs avec une entière soumission et s'unissait à la volonté du Père ; elle consentait, devenue victime, à réparer la gloire divine en donnant tout son sang pour la rançon des pécheurs. Cette nature humaine, issue d'Adam par Marie l'immaculée, est le chef d'œuvre de la puissance de Dieu. Jésus, " le plus beau des enfants des hommes " (Psalm. XLIV.), est l'objet de l'admiration extatique des Anges ; sur lui se sont reposées les complaisances de la suprême Trinité ; les dons de la grâce déposés en lui surpassent ce qui a été accordé à tous les hommes et à tous les esprits célestes ensemble ; mais Dieu l'avait destiné à la voie de l'épreuve, et Jésus qui aurait pu racheter l'homme à moins de frais, s'est plongé volontairement dans une mer d'humiliations et de douleurs, afin de payer avec surabondance la dette de ses frères. Quelle sera la récompense ? l'Apôtre nous le dit dans ces fortes paroles :
" Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix ; à cause de cela Dieu l'a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom." (Philip. II.).
Bas-relief. Benedetto Buglioni. XVe.
Ô vous donc qui compatissez ici-bas aux douleurs par lesquelles il nous a rachetés, vous qui aimez à le suivie dans les stations de son pèlerinage jusqu'au Calvaire, levez la tête aujourd'hui, et regardez au plus haut des cieux. Le voici, " parce qu'il a souffert la mort, le voici couronné de gloire et d'honneur " (Heb. II, 9.). " Plus il s'est anéanti sous la forme d'esclave, lui qui dans son autre nature pouvait sans injustice se dire égal à Dieu " (Philip, II, 6, 7.) ; plus le Père prend plaisir à l'élever en gloire et en puissance. La couronne d'épines qu'il a portée ici bas est remplacée par le diadème d'honneur (Psalm. XX.). La croix qu'il laissa imposer sur son épaule est désormais le signe de sa principauté (Isai. XII.). Les plaies que les clous et la lance ont imprimées sur son corps resplendissent comme des soleils. Gloire soit donc rendue à la justice du Père envers Jésus son Fils ! mais réjouissons-nous aussi de voir en ce jour " l'Homme des douleurs " (Ibid. LIII.) devenu le Roi de gloire, et répétons avec transport l'Hosannah que la cour céleste fait retentir à son arrivée.
Heures à l'usage de Rome. Dijon. XVe.
A LA MESSE
Le Dimanche dans l'Octave de l'Ascension était appelé à Rome, au moyen âge, le Dimanche des Roses, parce que l'on avait coutume en ce jour de joncher de roses le pavé des basiliques, comme un hommage au Christ qui s'élevait au ciel dans la saison des fleurs. On sentait alors toutes les harmonies. La fête de l'Ascension si riante et si remplie de jubilation, lorsqu'on la considère sous son principal aspect, qui est le triomphe du Rédempteur, venait embellir les radieuses journées du printemps sous un ciel fortuné. On cessait un moment de sentir les tristesses de la terre, veuve de son Emmanuel, pour ne se souvenir que de la parole qu'il a dite à ses Apôtres, afin qu'elle nous fût répétée : " Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais à mon Père " (Johan. XIV, 28.). Imitons cet exemple ; offrons à notre tour la rose à celui qui l'a faite pour l'embellissement de notre séjour, et sachons nous aider de sa beauté et de son parfum pour nous élever jusqu'à lui, qui nous dit dans le divin Cantique : " Je suis la fleur des champs et le lis des vallons " (Cant IV, 1.). Il voulut être appelé Nazaréen, afin que ce nom mystérieux réveillât en nous le souvenir qu'il retrace, le souvenir des fleurs dont il n'a pas dédaigné d'emprunter le symbole, pour exprimer le charme et la suavité que ceux qui l'aiment trouvent en lui.
EPÎTRE
Lecture de l'Epître de saint Pierre, Apôtre. I, Chap. IV.
Chute de Simon le Magicien. Eglise abbatiale de l'abbaye Saint-Oyend aujourd'hui cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul et Saint-André. Saint-Claude. Franche-Comté. XVIIe.
" Mes bien-aimés, soyez prudents et veillez dans la prière ; mais avant tout. ayez une charité persévérante les uns envers les autres : car la charité couvre la multitude des péchés. Exercez entre vous l'hospitalité sans murmurer. Que chacun se rende utile aux autres, selon la grâce qu'il a reçue, comme étant de fidèles dispensateurs des diverses grâces de Dieu. Si quelqu'un parle, que ce soit comme des paroles de Dieu ; si quelqu'un exerce un ministère, que ce soit comme par la vertu que Dieu lui donne; afin qu'en toutes choses Dieu soit honoré par Jésus-Christ notre Seigneur."
Homéliaire. XIIe.
Tandis que les disciples sont réunis dans le Cénacle, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme, et attendant la venue de l'Esprit-Saint, le prince des Apôtres qui présidait cette assemblée sainte se tourne vers nous qui attendons ici-bas la même faveur, et nous recommande la charité fraternelle. Il nous promet que cette vertu couvrira la multitude de nos péchés ; quelle heureuse préparation pour recevoir le don divin ! L'Esprit-Saint arrive afin d'unir les hommes en une seule famille ; arrêtons donc toutes nos discussions, et préparons-nous à la fraternité universelle qui doit s'établir dans le monde à la prédication de l'Evangile. En attendant la descente du Consolateur promis, l'Apôtre nous dit que nous devons être prudents et veiller dans la prière. Reçevons la leçon : la prudence consistera à écarter de nos cœurs tout obstacle qui repousserait le divin Esprit ; quant à la prière, c'est elle qui les ouvrira, afin qu'il les reconnaisse et s'y établisse.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. XV.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.
" En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples :
" Lorsque viendra le Consolateur que je vous enverrai du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. Ils vous chasseront des synagogues ; et vient l'heure où quiconque vous tuera croira rendre service à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi, parce qu'ils ne connaissent ni le Père, ni moi. Je vous ai dit ces choses, afin que lorsque l'heure sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites."
Recueil d'images pieuses. Ethiopie. XVIIe.
A la veille de nous envoyer son Esprit, Jésus nous annonce les effets que ce divin Consolateur produira dans nos âmes. S'adressant aux Apôtres dans la dernière Cène, il leur dit que cet Esprit leur rendra témoignage de lui, c'est-à-dire qu'il les instruira sur la divinité de Jésus et sur la fidélité qu'ils lui doivent, jusqu'à mourir pour lui. Voilà donc ce que produira en eux cet hôte divin que Jésus, près de monter aux cieux, leur désignait en l'appelant la Vertu d'en haut. De rudes épreuves les attendent ; il leur faudra résister jusqu'au sang. Qui les soutiendra, ces hommes faibles ? L'Esprit divin qui sera venu se reposer en eux. Car lui ils vaincront, et l'Evangile fera le tour du monde.
Speculum humanae salvationis. Lyon. XVe.
Or, il va venir de nouveau, cet Esprit du Père et du Fils; et quel sera le but de sa venue, sinon de nous armer aussi pour le combat, de nous rendre forts pour la lutte ? Au sortir de la Saison pascale, où les plus augustes mystères nous illuminent et nous protègent, nous allons retrouver en face le démon irrité, le monde qui nous attendait, nos passions calmées un moment qui voudront se réveiller. Si nous sommes " revêtus de la Vertu d'en haut ", nous n'aurons rien à craindre ; aspirons donc à la venue du céleste Consolateur, préparons-lui en nous une réception digne de sa majesté ; quand nous l'aurons reçu, gardons-le chèrement ; il nous assurera la victoire, comme il l'assura aux Apôtres.
Missel à l'usage de Nantes. XVe.
dimanche, 12 mai 2024 | Lien permanent
11 mai. Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.
- Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.
Pape : Saint Simplice. Rois des Francs saliens : Childéric Ier.
" Si les fléaux sont entre les mains de Dieu la verge qui châtie les hommes, la prière est entre les mains de l'homme la force qui peut apaiser Dieu et faire descendre ses bienfaits sur la terre."
Saint Simplice recevant saint Mamert de Vienne.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. R. de Montbaston. XIVe.
L'antiquité nous a laissé peu de détails sur la vie de saint Mamert. Mais il s'est rendu fort célèbre par l'établissement des Rogations. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de ces processions saintes, que l'on fait pour attirer lès bénédictions de Dieu sur les fruits de la terre mais, de son temps, elles étaient presque tombées en désuétude, ou bien se faisaient sans dévotion. Mamert les rétablit, et, y ajoutant la jeûne à la prière, il ordonna qu'on les ferait les trois jours qui précèdent l'Ascension. Cette pieuse réforme fut d'abord reçue de toutes les Églises de France, suivant le décret du premier Concile d'Orléans, tenu sous Clovis le Grand, et le fut ensuite de l’Église de Rome, par l'autorité de Léon III.
Église Sainte-Marie-Madeleine.
Saint-Mamert. Dauphiné. XIe.
Voici à quelle occasion saint Mamert eut cette pieuse pensée : il occupait dignement le siège archiépiscopal de Vienne, dans lequel il avait succédé à saint Simplicius, dans le milieu du Ve siècle. Outre les calamités publiques de toutes les Gaules, qui étaient alors exposées aux irruptions des nation barbares, spécialement des Huns et des Goths, la ville et le pays de Vienne se virent affligés par des malheurs particuliers qui les menaçaient d'une désolation universelle cette ville était souvent ébranlée par de si effroyables tremblements de terre, que ses habitants étaient contraints de l'abandonner, de peur d'être accablés sous ses ruines d'ailleurs, certains feux s'embrasaient sous terre, et, faisant fumer les montagnes et les forêts, en chassaient les cerfs, les ours, les sangliers et les autres bêtes sauvages, qui se sauvaient tout épouvantés dans les bourgs et dans les villes, où leur présence répandait la terreur. Le vigilant pasteur consola, encouragea son peuple par d'éloquents discours : il fit voir dans ces malheurs autant de coups de verges d'un père courroucé, dont-il fallait implorer la clémence par la soumission et par des prières ferventes et continuelles.
Il arriva de plus que, la nuit de Pâques, le feu prit à un édifice public de Vienne, et y continua avec tant de violence, que chacun s'attendait à un embrasement général. Mamert, qui avait déjà opéré des prodiges semblables, se prosterna devant l'autel, et aes larmes, ses prières, arrêtèrent l'incendie. Saint Avite dit expressément que les flammes s'éteignirent d'une manière miraculeuse (Hom. de Rogat.).
Saint Mamert institue les Rogations.
Gravure. XVIIe.
Ce fut dans cette nuit épouvantable que Mamert conçut, devant Dieu, le projet des Rogations, en régla les psaumes et les prières ; il y ajouta le jeûne, la confession des péchés, les larmes, la componction du cœur. Quant au but de ces processions salutaires, le voici, d'après une homélie que l'on croit être de saint Mamert, et qui se trouve parmi les sermons attribués à Eusèbe d'Ephèse :
" Nous y prierons, dit-il, le Seigneur, de nous delivrer de nos infirmités, de détourner ses fléaux de dessus nous, de nous préserver de tout malheur, de nous garantir de la peste, de la grêle, de la sécheresse et de la fureur de nos ennemis ; de nous donner un temps favorable pour la santé des corps et pour la fertilité de la terre, de nous faire jouir de la paix et du calme, et de nous pardonner nos péchés."
Tel est à peu près tout ce que l'on sait de saint Mamert. Saint Avite le nomme son parrain : " Spiritualem a baptismo patrem " (Hom. de Rogat.). Il bâtit à Vienne une nouvelle église en l'honneur de saint Ferréol, martyr, dont il avait transféré le corps, après l'avoir découvert.
Eglise Saint-Pierre. Le sarcophage de saint Mamert y fut
retrouvé en 1860. Aujourd'hui cette antique église est
profanée quotidiennement ; elle abrite un musée...Vienne. VIe.
On voit que saint Mamert fut au concile d'Arles de 475. Entre autres chose pour régler une affaire de préséance entre le siège d'Arles et celui de Vienne. Il mourut, dit-on, en 477. Son corps, inhumé à Vienne, fut ensuite, par l'ordre du pape Jean III et du roi Gontran, transporté à Orléans et déposé en la cathédrale de cette ville, où il était en grande vénération. Les protestants le brûlèrent dans le XVIe siècle.
Cependant, il est à croire que seules une partie des reliques de notre Saint furent transférées, car, en 1860, on découvrit dans l'église Saint-Pierre de Vienne le sarcophage ayant contenu le corps de saint Mamert. Signalons que l'église Saint-Pierre, l'une des plus anciennes églises de France, est aujourd'hui un musée...
Saint Mamert, ou Mamet. Statue. Eglise Saint-Mamet.
Le Monêtier-les-Bains. Hautes-Alpes. XIXe.
LE MOINE MAMERT CLAUDIEN
Saint Mamert avait un frère plus jeune que lui. Ce fut Mamert Claudien, moine, puis prêtre et coopérateur fidèle de l'évêque de Vienne. Il vivait au milieu da Ve siècle et mourut entre 470 et 474. Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. Il était à la fois poète, philosophe et théologien : il pouvait répondre à toutes sortes de questions et combattre toutes les erreurs ; mais sa modestie et sa vertu le rendaient bien plus recommandable encore que son savoir.
Il enseigna au clergé de son frère les saintes Écritures, le chant ecclésiastique et la liturgie, qu'il enrichit de plusieurs hymnes, entre autres de celle du dimanche de la Passion :
" Pange, lingua, gloriosi
Lauream certaminis."
" Redis, Ô ma langue,
Du Christ souffrant le combat glorieux."
Église Saint-Férréol, fondée par saint Mamert.
Saint-Romain-en-Gal. Ce village se trouve au bord du Rhône,
en face de Vienne. Dauphiné. Ve, IXe, XVIIe.
Son ouvrage le plus important est son traité en trois livres sur la Nature de l'âme (T. LIII de la Patrologie de M. l'abbé Migne). Le but de Mamert Claudien est de réfuter Faust de Riez, en Provence, qui niait l'incorporéité des anges et des âmes humaines et n'admettait que l'incorporéité de Dieu. Il dédie son écrit Sidoine Apollinaire, encore laïque. On n'avait point encore si bien raisonné sur la nature du corps, sur celle de l'âme et sur la distinction de ces deux substances. L'auteur y enseigne clairement l'animisme :
" L'âme est la vie du corps en cette vie ; elle est également dans tout le corps et dans chacune de ses parties ; elle n'est point locale, elle est autant dans chaque partie du corps que dans le tout."
Il prouve, par dix syllogismes excellents, que l’Âme est incorporelle. On ne parle guère plus solidement ni plus clairement aujourd'hui que la science psychologique a fait d'incontestables progrès.
samedi, 11 mai 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
19 mai. Saint Yves, tertiaire franciscain, juge, avocat, official et prêtre. 1303.
- Saint Yves, tertiaire franciscain, juge, avocat, official et prêtre. 1303.
Pape : Boniface VIII. Duc de Bretagne : Jean II*. Roi de France : Philippe IV, Le Bel.
" Prenez bien garde, juges, à ce que vous ferez : car ce n'est pas la justice de l'homme que vous exercez, mais la justice du Seigneur, et tout ce que vous aurez jugé retombera sur vous."
II Par. XIX, 5, 6.

Saint Yves. Roger van der Weyden. Flandres. XVe.
Nous craindrions d'imposer une privation à la piété de nos lecteurs, si nous omettions aujourd'hui la mémoire d'un saint dont le culte n'est que local, il est vrai, mais qui n'en a pas moins été, durant des siècles, l'objet d'une vénération presque universelle. Au reste, la catholique Bretagne, sa patrie, n'a rien perdu du fervent amour qu'elle portait autrefois à son saint Yves ; et cette noble province a bien le droit que l'on recommande ici sa fidélité à ses saintes et antiques traditions. Dans ses églises, l'image patriotique d'un si célèbre patron est entourée d'un culte particulier ; dans ses villes et ses gros bourgs, le nom de saint Yves désigne et consacre toujours quelque rue ou quelque place ; et d'innombrables familles se transmettent, de génération en génération, ce nom béni comme un précieux héritage.

Chapelle de l'hôpital Frémeur. Quimperlé. Diocèse de Quimper. XVIe.
Yves est monté en ce jour vers son Sauveur ressuscité, après l'avoir représenté sur la terre par le sacerdoce dont il fut revêtu, par son zèle pour le salut des âmes, et par son héroïque charité envers les pauvres. Mais ce qui a frappé le plus vivement l'imagination des peuples, c'est le justicier qui rendait ses sentences avec une équité à laquelle nul n'eût osé contredire ; c'est l'avocat qui ne plaida jamais que dans un but charitable ; car saint Yves s'est assis sur le siège du magistrat durant une partie de sa vie, et plus tard on l'a entendu plaider au palais, non seulement dans les villes de la Bretagne, mais au loin, jusque dans Paris. Cette vie étonnante, qui est une merveille du XIIIe siècle et s'achève dans le XIVe, se rehausse encore de l'éclat des miracles, avec un luxe qui est en juste rapport avec la vive foi des Bretons ; et l'on peut affirmer qu'après saint Martin, saint Yves est le thaumaturge de la France.

Saint Yves. Imagerie populaire. XIXe.
Honorons cet homme aux entrailles de miséricorde qui fut le modèle des magistrats, et ne porta jamais une sentence pénale que l'on ne vît des larmes couler de ses yeux, parce qu'il faisait réflexion sur lui-même, et pensait qu'il serait jugé à son tour ; cet homme qui, changeant de rôle, fit si souvent entendre sa voix au palais dans l'intérêt du pauvre et de l'opprimé; vrai gentilhomme breton devenu plus tard, sous la robe du prêtre, l'émule des chevaliers de son sang; cet homme en tin qui voua sa vie et ses forces aux saintes fonctions de curé de campagne, et réalisa l'idéal de ce touchant ministère avec une perfection qui a rendu son nom impérissable. L'amour de la pauvreté et les habitudes de la plus sévère pénitence en firent un personnage tout céleste ; et quand l'heure fut venue, il s'élança vers le souverain bien avec toute l'ardeur de l'exilé auquel il est permis de rentrer dans sa patrie.

Saint Yves. Panneau peint. Cathédrale de Florence. XIVe.
Né le 13 octobre 1253 au manoir de Kermartin, près de Tréguier, Yves Hélory de Kermartin était fils d'Hélorius et d'Hadone, tous deux de race noble. Dès son enfance, il se distingua par sa piété, visitant les églises soir et matin, et se montrant empressé à servir les prêtres et les autels. Sa pieuse mère l'exhortant un jour à tendre à la sainteté, il lui répondit qu'il n'avait pas d'autre désir. En effet, lorsqu'il lui arrivait de lire la Vie des saints, s'il y rencontrait quelque trait de perfection, il s'efforçait de l'imiter autant qu'il lui était possible.
Il fit ses premières études à Paris à partir de 1267, accompagné de son précepteur Jean de Kerhos. Tout en étudiant la dialectique et la théologie, Yves fréquentait les églises parisiennes de Saint-Julien-le-Pauvre et de Saint-Séverin, et se privait volontiers de tout pour venir en aide aux pauvres.

Eglise Saint-Pierre & Saint-Ebons. Sarrancolin. Béarn. XVIe.
En 1277, il se rendit à Orléans pour étudier la jurisprudence sous la direction de Pierre de La Chapelle, depuis évêque de Toulouse puis cardinal (1277), et, muni de tous ses grades, il fut appelé en 1280 par un archidiacre de Rennes pour occuper une charge de conseiller juridique du diocèse. Dans l'exercice de ses charges, Yves abandonnait le tiers de ses droits de chancellerie aux pauvres. Il recueillit deux orphelins dont l'un deviendra dominicain et l'autre gardien de la cathédrale de Tréguier.
Fuyant le vin et la bonne chère, ainsi que tous les plaisirs, il domptait son corps par les austérités, en sorte qu'à cet âge si dangereux de la jeunesse il maintint son âme agréable à Dieu par une entière chasteté.

Saint Yves défendant les pauvres. Isaac Moillon.
En 1284, l'évêque de Tréguier, Alain de Bruc, le choisit comme official (en ce temps, il suffisait d'être clerc pour pouvoir être official), c'est-à-dire comme juge ecclésiastique, l'ordonna prêtre et lui confia les paroisses de Trédez, près de Lannion, puis de Lohanet, sur la baie de Perros. Son sens de la justice le rendit rapidement populaire, aussi bien auprès des grands que chez les pauvres, car il défendait les uns et les autres avec une parfaite impartialité. Il s'employait aussi à apaiser les querelles et parvenait à éviter bien des procès.
Il est peu connu que saint Yves exerça sa charge tant au tribunal ecclésiastique que civil, et avec la même et inébranlable intégrité.
Il vécut de la manière la plus frugale et la plus austère, vêtu d'un habit grossier qui couvrait un cilice. Son sommeil était court ; il le prenait sur la terre nue ou sur des morceaux de bois étendus à terre, avant pour chevet une Bible, ou d'autres fois une pierre. Il se levait à minuit pour réciter l'Office divin, célébrait la Messe chaque jour, à moins qu'il n'en tût empêché par de très graves affaires ou par la nécessite. Il portait dans cette sainte action au plus haut degré la pureté de conscience et la ferveur de l'esprit. Un jour, au moment où il élevait la sainte hostie afin que le peuple l'adorât, chacun la vit entourée d'un cercle de feu qui répandait une admirable splendeur.
Son attrait pour l'oraison et la contemplation était si grand, que souvent il lui fit oublier de prendre sa nourriture. On le vit quelquefois passer la semaine entière dans sa chambre, fixe dans une oraison continuelle. Son oraison jaculatoire favorite était :
" Jésus, Fils de Dieu ; Seigneur, créez en moi un coeur pur."
Sa libéralité envers les pauvres, son hospitalité à l'égard des étrangers, sa compassion pour les malades, étaient merveilleuses ; il servait chacun avec tout l'empressement de son âme. Il vouait tous ses efforts et consacrait son patronage à secourir les orphelins et les veuves dans leurs nécessités, et souvent il plaidait leurs causes dans les tribunaux, en sorte qu'on l'appelait volontiers le père et l'avocat des pauvres. Non seulement il annonçait avec assiduité la parole de Dieu dans son église ; mais il prêchait encore dans les paroisses environnantes.
Un jour qu'il s'était mis en route pour remplir cette fonction, il trouva tout couvert d'eau un pont sur lequel il avait coutume de passer la rivière. Il fit le signe de la croix sur les eaux, qui s'écartèrent aussitôt pour le laisser passer, et revinrent dès qu il eut traversé le pont.
Saint Yves était doué " d'un extérieur avantageux et d'une haute taille ; son air était imposant ; le feux qui brillait dans ses yeux marquait la pureté de son âme et de son corps, et prévenait l'auditoire en sa faveur."

En 1298, il abandonna sa charge d'official et se retira au manoir de Kermartin qui l'avait vu naître. Il s'y fit construire une chapelle et se consacra à la prière jusqu'à sa mort, le 19 mai 1303.
Peu de jours avant son départ pour le ciel, il se trouvait au château de Coatredan, chez Typhaine de Pestivien, dame de Kéraurais :
" Depuis quelque temps, dit-il à la pieuse femme, je me sens très affaibli ; je m'attends à mourir sous peu, et je m'en réjouis fort, si c'est le bon plaisir de Dieu.
- Ne dites pas cela, s'écria la noble châtelaine ; quel malheur pour moi et pour tant d'autres qui tirons un si grand profit de vos exemples et de vos enseignements !
- Vous vous réjouiriez, répondit le saint Recteur, si vous aviez terrassé votre ennemi ; laissez-moi donc me réjouir de mon trépas ; car j'ai la confiance d'avoir, par la grâce de Dieu, vaincu mon adversaire."

Saint Yves. Imagerie populaire. XIXe.
Tel fut dans toute sa vie cet homme simple et fort, au milieu d'une population digne de le comprendre. Mais non seulement il commandait aux hommes ; la nature elle-même obéissait à sa voix. Son procès de canonisation, ouvert en 1330, fut conclu en 1347 sous le pontificat de Clément VI ; et, lorsque les prélats commis par le Souverain Pontife pour instruire la cause de sa canonisation, eurent à présenter dans le consistoire le résultat de leur enquête sur les lieux, ils déclarèrent que, sur le nombre des miracles avérés qu'ils avaient à constater, ils s'étaient contentés d'en recueillir cent dont ils apportaient les procès-verbaux.
Son corps fut transporté à la cathédrale de Tréguier, où Jean V, duc de Bretagne, lui fit élever un tombeau magnifique. Les miracles se multipliant bientôt sur son tombeau, celui-ci ne tarda pas à devenir un lieu de pèlerinage.
CULTE
Son culte, resté très vivace en Bretagne, s'est répandu dans toute l'Europe, jusqu'à Rome où une église lui est consacrée, en Espagne, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
Saint Yves est l'un des patrons des marins, mais c'est surtout le patron des juristes, des magistrats, avocats, avoués et des professeurs de droit.
Au cours de l'hiver 1794, le bataillon des " volontaires d'Étampes ", composé des bêtes féroces révolutionnaires, mit à sac tous les monuments religieux de la ville de Tréguier : ainsi disparurent presque tout le mobilier, la statuaire, l'orfèvrerie, les vitraux et surtout la presque totalité des reliques.

Saint Yves-de-Vérité. Imagerie populaire. XIXe.
La cathédrale servit d'écurie et fut tellement saccagée, abîmée, vandalisée et dégradée qu'elle ne put servir au culte de l'Être suprême, lequel, pour mémoire et pour souligner qu'il y a mille manières d'adorer Satan, s'opposait au culte de la Raison instauré par Chaumette en 1793.
Tréguier fut ruinée par la perte de son statut, au point qu'avant la Révolution, elle était plus peuplée que Saint-Brieuc et que de nos jours elle est douze fois moins peuplée.
REPRESENTATIONS
L'iconographie de saint Yves, postérieure à sa canonisation, ne s'épanouit guère avant le XVe siècle.
Yves apparaît en robe de docteur en droit ou d'avocat, coiffé d'une barrette (bonnet carré). Il tient à la main le rouleau de parchemin, ou une sacoche contenant une bible ou des rôles de procès. Il est représenté isolément (statue, XVe siècle, cathédrale de Barcelone ; statue, XVIe siècle, église Saint-Jean à Chaumont, Haute-Marne ; statue, XVIe siècle, Sainte-Chapelle de la collégiale Notre-Dame à Dôle, Jura).

Vitrail provenant de la chapelle du château de
Un second type, très répandu, présente saint Yves rendant la justice, debout ou assis, entre deux plaideurs : l'un est riche et l'autre pauvre (vitrail, église de Moncontour, XVIe siècle). Parfois le saint avocat a, d'un côté, une veuve qui l'implore, de l'autre, un riche bourgeois qui lui tend une bourse ; il se penche vers la veuve et sa juste cause et tourne le dos à l'argent. Souvent, il est entouré de pauvres, il leur donne conseils et aumônes, il mange avec eux et une colombe descend du ciel et vient planer au-dessus de sa tête.
De nombreuses églises de Bretagne ont conservé de très belles statues populaires de saint Yves.
Les attributs de saint Yves sont la robe d'avocat, la barrette et la sacoche.
Le pélerinage de Tréguier a rassemblé près de 20 000 personnes le dimanche 18 mai 2003 pour célébrer le 700e anniversaire de la mort de saint Yves.
La restauration de l'église Saint-Yves-des-Bretons (Sant'Ivo dei Bretoni) à Rome. Bien avant le rattachement de la Bretagne à la France, qui date du mariage de Louis XI avec Anne de Bretagne, une bulle du Pape Callixte III, en 1455, attribue l'église Sant'Andrea dei Mormorariis, construite au XIIe siècle, aux Bretons de Rome. En 1875, l'église, trop délabrée, est démolie et rebâtie dans un style néo-renaissance florentine élégant et pur. Elle vient de faire l'objet d'une restauration avec l'aide des Bretons.
PRIERES
" Puissant serviteur de Dieu, vous à qui la voix r du peuple chrétien a décerné le beau nom d'Avocat des pauvres, écoutez l'humble prière des fidèles qui viennent aujourd'hui remettre entre vos mains la cause de leur salut. Vous avez été cher au Christ, " notre Avocat auprès du Père " (I Johan. II, I.), parce que vous avez été comme lui le protecteur du faible contre l'oppresseur (Psalm. LXXI, 12-14.) ; vous avez attiré sur vous les regards miséricordieux de Marie, que la sainte Eglise appelle " notre Avocate " ; plaidez maintenant en notre faveur en présence du fils et de la mère. Votre charité si vive et si agissante ici-bas est plus ardente encore dans les cieux ; nous la réclamons en ce jour où vous avez quitté la terre de l'exil pour la patrie.
Tant de prodiges opérés à votre glorieux tombeau montrent assez que vous êtes demeuré attentif et compatissant aux besoins des habitants de la terre. Nous vous demandons d'élever nos cœurs jusqu'à Jésus ressuscité que vos ye
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20 mai. Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.
- Saint Bernardin de Sienne, Franciscain. 1444.
Pape : Clément VII ; Eugène IV. Empereurs d'Allemagne : Wenceslas ; Frédéric III.
" On pressait un jour Jean d'Avila, l'apôtre de l'andalousie, de donner des règles pour enseigner l'art de prêcher :
" Je ne connais d'autre art que l'amour de Dieu et le zèle pour Sa gloire."
Il avait coutume de dire aux jeunes ecllésiastiques qu'un mot prononcé par un homme de prière toucherait plus que des discours éloquents."

Saint Bernardin de Sienne. Antonio Vivarini. XVe.
Bernardin Albizesca, issu d'une noble famille de Sienne, donna dès son enfance des marques éclatantes de sainteté. Elevé dans des habitudes honnêtes par ses parents qui étaient vertueux, il négligea les jeux de l'enfance, et dès ses premières études sur la grammaire on le vit se livrer aux Oeuvres de la piété, au jeune, à l'oraison, et particulièrement au culte de la très sainte Vierge. La charité envers les pauvres éclatait en lui.
Après quelques années, dans le but de mieux pratiquer encore toutes ces vertus, il voulut être du nombre des confrères qui servent Dieu à Sienne dans l'hôpital de Notre-Dame de la Scala, d'où sont sortis plusieurs personnages célèbres par leur sainteté. Il s'y exerça avec une ferveur et une charité incroyables à la mortification de son corps et au soin des malades, durant une peste qui sévissait cruellement sur la ville, si bien qu’on lui confia la direction de l'établissement.

Bartolomeo della Gatta. XVe.
Entre autres vertus, il garda inviolablement la chasteté, malgré les dangers que pouvait lui susciter la rare beauté de ses traits ; et tel fut le respect qu'il inspira, que les plus licencieux n'auraient osé prononcer un mot déshonnête en sa présence.
Après une grave maladie qu'il avait endurée avec la plus héroïque patience pendant quatre mois, il conçut le dessein d'embrasser la vie religieuse. Afin de s'y disposer, il loua une petite maison à l'extrémité de la ville, où il vécut inconnu, menant la vie la plus austère, et priant Dieu continuellement de lui faire connaître le parti qu'il devait prendre.

Dario di Giovanni. XVe.
En 1402, il entra chez les Franciscains de l’Étroite-Observance ; y fit profession le 8 septembre 1403 et fut ordonné prêtre le 8 septembre 1404. Il excella en humilité, en patience et en toutes les autres vertus religieuses. Le gardien du couvent ayant remarqué cette haute vertu, et connaissant d'ailleurs la science à laquelle ce religieux était arrivé dans les saintes lettres, lui imposa le devoir de la prédication. Le saint accepta humblement cet emploi, bien qu'il s'y reconnût peu propre, à cause de la faiblesse et de l'enrouement de sa voix. Mais ayant imploré le secours de Dieu, il se trouva délivré miraculeusement de cet obstacle.
Il se consacra donc à la prédication, surtout dans l’Italie du Nord. A cette époque, un débordement de crimes était répandu en Italie, et de sanglantes factions y foulaient aux pieds toutes les lois divines et humaines. Bernardin parcourut les villes et les villages au nom de Jésus qu'il avait toujours à la bouche et dans le coeur, et vint à bout par ses discours et ses exemples de rétablir presque partout la piété et les bonnes mœurs qui avaient disparu. Plusieurs villes considérables le demandèrent au pape pour leur évêque ; mais Bernardin refusa constamment cette dignité par une humilité invincible.

Aux pieds de saint Bernardin, les évêchés qu'il refusa.
Il résidait, de préférence, dans les ermitages. À partir de 1417, ayant prêché à Milan, sa renommée de prédicateur devint manifeste et on l’appelait donc de toutes les villes de l’Italie, pour des auditoires de plusieurs milliers de personnes. Il était contraint de prêcher sur les places publiques, car aucune église ne pouvait contenir ces foules.
Il prêchait essentiellement la pénitence, l’invitation à la conversion des moeurs et s’adressait aussi bien au peuple qu’aux responsables des cités, provoquant parfois des réformes des législations locales, notamment en ce qui concerne les pratiques usuraires qui pesaient lourdement sur le pauvre peuple.
Le saint Nom de Jésus
Il invitait les édiles à inscrire le nom de Jésus sur les murs des édifices, au moins les 3 lettres IHS (Iesus humani salvator, Jésus sauveur des hommes). Il prêchait en montrant aux foules un panneau portant le monogramme du Christ IHS peint en lettres d'or dans un soleil symbolique. En effet sa prédication était centrée sur le nom de Jésus dont il recommandait la dévotion. Quelques religieux, jaloux de ses succès, le dénoncèrent à Rome, l’accusant de déviation doctrinale. Saint Jean de Capistran prit sa défense auprès du pape Martin V. Celui-ci approuva la dévotion au Nom de Jésus et voulut faire de Bernardin l’évêque de Sienne. Mais Bernardin refusa, préférant continuer ses prédications en Italie. Le 7 janvier 1432, malgré de nouvelles attaques contre Bernardin, le pape Eugène IV imposa le silence à ses détracteurs. En 1530, la fête du Saint Nom de Jésus fut accordée aux Frères mineurs, et étendue à l’Église universelle en 1722.

Statue votive. Bois polychrome. Lorenzo di Pietro. XVe.
Le réformateur
En 1438, Bernardin devint vicaire général de l’Ordre franciscain, et y développa la réforme dont il devint l’ardent promoteur, y gagnant de nombreux couvents et ermitages d’Italie. Il envoya des missionnaires en Orient, dans l’espoir de permettre un rapprochement avec les chrétiens séparés, ce qui devint la visée du Concile de Florence où il eut l’occasion de s’adresser lui-même aux pères Grecs (1439). Le pape Eugène IV, en 1443, le désigna comme prédicateur d’une croisade contre les Turcs, mais il ne semble pas avoir eu l’occasion de s’acquitter de cette charge.
Ayant résigné sa charge de Vicaire de l’Ordre, il reprit ses tournées de prédication vers le Royaume de Naples, mais il était très fatigué et usé. Il attrapa une fièvre maligne, à Aquila où il mourut, le 20 mai 1444, dans le couvent de cette ville, tandis que les frères chantaient l’antienne :
" Père, j’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m'avez donnés ; maintenant je prie pour eux et non pour le monde, parce que je viens à vous."

Saint Bernardin de Sienne et saint Louis de Toulouse.
Il fut inhumé dans l’église du couvent. De nombreux miracles lui furent attribués, si bien que le pape Nicolas V le canonisa le 24 mai 1450. Notons que jeune, saint Bernardin avait assisté à un sermon de saint Vincent Ferrier à Alexandrie en Lombardie et que ce dernier avait prédit sa sainteté sans le connaître puisqu'il avait dit :
" Il y a un personnage en cet auditoire qui sera la lumière de l'Ordre de Saint-François, de toute l'Italie et de l'Eglise, et qui sera déclaré Saint."
Son saint corps est conservé dans une double-châsse au couvent des Franciscain d'Aquila.
L’Italie le considère comme son plus grand prédicateur. Dès sa canonisation, les peintres et les sculpteurs les plus illustres le représentèrent très fréquemment.
Bernardin prêchait habituellement en langue vulgaire, dans un style populaire et plein d’images et d’interpellations des auditeurs. Mais les sermons écrits en latin que nous possédons sont certainement des recompositions, un peu savantes, qui laissent mal transparaître la verve de l’orateur. Ils furent publiés à partir de 1501, à Lyon, puis à Paris en 1536, enfin à Venise en 1745. Les éditions franciscaines de Quaracchi en ont fait une édition critique entre 1950 et 1965.

Lorenzo d'Alessandro. XVe.
PRIERE
" Qu'ils sont beaux, Ô Bernardin, les rayons qui forment le nom de Jésus ! Que leur lumière est douce, au moment où le Fils de Dieu reçoit ce nom sauveur, le huitième jour après sa naissance! Mais quel oeil mortel pourrait supporter leur éclat, lorsque Jésus opère notre salut, non plus dans l'humilité et la souffrance, mais par le triomphe de sa résurrection ? C'est au milieu des splendeurs pascales du nom de Jésus que vous nous apparaissez, Ô Bernardin ! Ce nom que vous avez aimé et glorifié vous associe désormais à son immortelle victoire. Maintenant donc répandez sur nous, plus abondamment encore que vous ne le faisiez sur la terre, les trésors d'amour, d'admiration et d'espérance dont ce divin nom est la source, et purifiez les yeux de notre âme, afin que nous puissions un jour contempler avec vous ses magnificences.
Apôtre de la paix, l'Italie, dont vous avez si souvent apaisé les factions, a droit de vous compter au rang de ses protecteurs. Voyez-la en ces jours livrée en proie aux ennemis du Sauveur des hommes, rebelle à la voix de la sainte Eglise, et tristement abandonnée à son sort. Ne vous souviendrez-vous pas que c'est dans son sein que vous avez pris naissance, qu'elle fut docile à votre voix, et que longtemps votre mémoire lui fut chère? Intervenez en sa faveur ; arrachez-la à ceux qui l'oppriment, et montrez qu'au défaut des armées de la terre, les milices célestes peuvent toujours sauver les villes et les provinces.
Illustre fils du grand patriarche d'Assise, l'Ordre séraphique vous vénère comme l'une de ses principales colonnes. Vous avez ravivé dans son sein l'observance primitive ; continuez du haut du ciel à protéger l'œuvre commencée par vous ici-bas. La famille de saint François est l'un des plus fermes appuis de la sainte Eglise ; faites-la fleurir toujours, soutenez-la dans les tempêtes, multipliez-la en proportion des besoins du peuple fidèle ; car vous êtes le second père de cette famille sacrée, et vos prières sont puissantes auprès du Rédempteur dont vous avez confessé le nom glorieux sur la terre."

Saint Bernardin de Sienne. El Greco. XVIIe.
SERMON SUR LE NOM GLORIEUX DE JESUS
" Le nom de Jésus est la gloire des prédicateurs, parce qu’il fait annoncer et entendre sa parole dans une gloire lumineuse. Comment crois-tu que se soit répandue dans le monde entier une clarté de foi si grande, si rapide et si fervente, sinon parce qu’on a prêché Jésus ? N‘est-ce pas par la clarté et la saveur de ce nom que Dieu nous a appelés à son admirable lumière ? A ceux qui ont été illuminés et qui voient la lumière dans cette lumière, l’Apôtre peut bien dire : Autrefois, vous n’étiez que ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière.
Par conséquent, il faut faire connaitre ce nom pour qu’il brille, et ne pas le passer sous silence. Cependant, il ne doit pas être proclamé dans la prédication par un cœur impur ou une bouche souillée, mais il doit être conservé puis proclamé par un vase choisi. C’est pourquoi le Seigneur dit au sujet de saint Paul : " Cet homme est le vase que j’ai choisi afin qu’il porte mon Nom auprès des nations paiennes, auprès des rois, et des fils d’lsraël. Le vase que j’ai choisi, dit-il, est celui où se montre un liquide très doux et de grand prix, pour qu’on ait envie de le boire parce qu’il brille et resplendit dans des vases de choix : afin qu’il porte mon nom, dit le Seigneur ".
Lorsqu’on allume un feu pour nettoyer les champs, les buissons et les épines, sèches et stériles, se mettent à brûler ; lorsque les ténèbres sont chassées par les rayons du soleil levant, les voleurs, les vagabonds nocturnes, les cambrioleurs vont se cacher. C’est ainsi que la prédication de saint Paul, comme un fracas de tonnerre, comme un incendie violent, comme le soleil à son aurore, faisait disparaître l’incroyanee, dissipait l’erreur, mettait en lumière la vérité, à la manière dont la cire se liquéfie sous un feu intense.
En effet, il mettait partout le nom de Jésus : dans ses paroles, ses lettres, ses miracles et ses exemples. Il louait le nom de Jésus continuellement, il le chantait dans son action de grace.
De plus, l’Apôtre portait ce nom auprès des rois, des nations païennes et des fils d’Israël, comme une lumière dont il illuminait les nations du monde, et partout il s’écriait : La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le ombat de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on fait en plein jour. Il montrait à tous la lampe ardente, posée sur le lampadaire, annonçant en tout lieu Jésus, le crucifié.
Aussi l’Église, épouse du Christ, toujours appuyée sur son témoignage, exulte-t-elle en disant avec le Prophète : Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse et je redirai tes merveilles jusqu’à présent, c’est-à-dire toujours. Le prophète y exhorte aussi en disant : Chantez le Seigneur en bénissant son nom, de jour en jour proclamez son salut, c’est-à-dire Jésus le Sauveur."
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19 mai. Saint Pierre-Célestin, Célestin V, pape, fondateur de la branche bénédictine des Célestins. 1296.

Statue de saint Pierre-Célestin.
Jésus ressuscité appelle en ce jour l'humble Pierre-Célestin, Pontife suprême, mais à peine assis sur la chaire apostolique, qu'il en est descendu pour retourner au désert.
Entre tant de héros dont est formée la chaîne des Pontifes romains, il devait s'en rencontrer à qui fût donnée la charge de représenter plus spécialement la noble vertu d'humilité ; et c'est à Pierre Célestin que la grâce divine a dévolu cet honneur. Arraché au repos de sa solitude pour être élevé sur le trône de saint Pierre et tenir dans ses mains tremblantes les formidables clefs qui ouvrent et ferment le ciel, le saint ermite a regardé autour de lui ; il a considéré les besoins de l'immense troupeau du Christ, et sondé ensuite sa propre faiblesse.

Saint Pierre-Célestin. Livre d'heures de Jean de Vy. XIVe.
Oppressé sous le fardeau d'une responsabilité qui embrasse la race humaine tout entière, il s'est jugé incapable de supporter plus longtemps un tel poids ; il a déposé la tiare, et imploré la faveur de se cacher de nouveau à tous les regards humains dans sa chère sollicitude. Ainsi le Christ, son Maître, avait d'abord enfoui sa gloire dans une obscurité de trente années, et plus tard sous le nuage sanglant de sa Passion et sous les ombres du sépulcre. Les splendeurs de la divine Pâque ont tout à coup dissipé ces ténèbres, et le vainqueur de la mort s'est révélé dans tout son éclat.
Mais il veut que ses membres aient part à son triomphe, et que la gloire dont ils brilleront éternellement soit, comme la sienne, en proportion de leur empressement à s'humilier dans les jours de cette vie mortelle. Quelle langue pourrait décrire l'auréole qui entoure le front de Pierre Célestin, en retour de cette obscurité au sein de laquelle il a cherché l'oubli des hommes avec plus d'ardeur que d'autres ne recherchent leur estime et leur admiration ? Grand sur le trône pontifical, plus grand au désert, sa grandeur dans les cieux dépasse toutes nos pensées.
Pierre de Morone, nommé Célestin, du nom qu'il prit lorsqu'il fut créé pape, naquit de parents honnêtes et pieux à Isernia dans les Abruzzes. il était le onzième des douze enfants de cet humble couple chrétien. Il reçut une éducation plus soignée que ses frères, grâce aux dispositions extraordinaires d'intelligence et de piété qu'il montra dès son bas âge.
A peine entré dans l'adolescence, il se retira au désert pour garantir son âme des séductions du monde. Il la nourrissait dans cette solitude par la contemplation, et réduisait son corps en servitude, portant sur sa chair une chaîne de fer.
Pendant trois ans, malgré son jeûne quotidien, il fut assailli de toutes sortes de pensées de découragement, de sensualité, de volupté ; mais il était fortifié par les fréquentes visions des Anges. Il consentit à recevoir le sacerdoce, afin de trouver dans l'Eucharistie un soutien contre les tentations.
La sainteté du solitaire lui attira des disciples : ce fut l'origine de cette branche de l'Ordre de Saint-Benoît, dont les religieux sont appelés Célestins. Ils vivaient sous des huttes faites avec des épines et des branches, mais Dieu réjouissait leur affreuse solitude par de suaves harmonies célestes et par la visite des bienheureux esprits.
Bien plus austère que ses religieux, Pierre ne mangeait que du pain de son très noir et très dur ; jeûnant quatre carêmes, ne prenant généralement que des herbes crues, une seule fois tous les trois jours. Couvert d'instruments de pénitence, il couchait sur le fer plutôt que sur la terre : une voix céleste vint lui ordonner de diminuer cette pratique excessive de la mortification.
L'Eglise Romaine ayant été longtemps sans pasteur, après une vacance du Saint-Siège pendant vingt-sept mois, le choix des cardinaux alla chercher l'humble moine au fond de son désert. Âgé de soixante-douze ans, notre Saint subit en pleurant son élection sur la chaire de saint Pierre.
Comme on place la lumière sur le chandelier, cet événement peu ordinaire ravit tout le monde de joie et d'admiration.
Mais lorsque Pierre, élevé à cette dignité sublime, sentit que la multitude des affaires préoccupant son esprit, il pouvait à peine vaquer comme auparavant à la méditation des choses célestes, il renonça volontairement à la charge et à la dignité.

Anonyme français du XVIIe.
Il reprit donc son ancien genre de vie, et s'endormit dans le Seigneur, par une mort précieuse, qui fut rendue plus glorieuse encore par l'apparition d'une croix lumineuse que l'on vit briller dans les airs au-dessus de l'entrée de sa cellule. Pendant sa vie et après sa mort, il éclata par un grand nombre de miracles qui, ayant été soigneusement examinés, portèrent Clément V à l'inscrire au nombre des Saints, onze ans après sa mort.
On ira lire avec profit les pages que les Petits Bollandistes, Rhorbacher, Alzog et Darras consacrent, dans leurs notices, consacrent à la fin de la vie de saint Pierre-Célestin et à sa réclusion volontaire qui fut organisée et surveillée fermement par son successeur Boniface VIII qui craignait que le parti de Philippe Le Bel n'instrumentalisât notre saint pour sa cause. La suite de l'histoire lui donnera raison au point de mourir des suites des blessures infligées par le fils de Cathares manichéen Nogaret, mandaté par ce prince si nuisible à l'histoire de France et à l'histoire de l'Eglise.

Mort de Boniface VIII des suites des blessures infligées
Votre nom, Ô Célestin, brillera jusqu'au dernier jour du monde sur la liste des Pontifes romains ; vous êtes l'un des anneaux de cette chaîne qui rattache la sainte Eglise à Jésus son fondateur et son époux ; mais une plus grande gloire vous est réservée, celle de faire cortège à ce divin Christ ressuscité. La sainte Eglise, qui un moment s'est inclinée devant vous pendant que vous teniez les clefs de Pierre, vous rend depuis des siècles et vous rendra jusqu'au dernier jour l'hommage de son culte, parce qu'elle reconnaît en vous un des élus de Dieu, un des princes de la céleste cour.

Prophétie illustrée de saint Pierre-Célestin.
Et nous aussi, Ô Célestin ! nous sommes appelés à monter là où vous êtes, à contempler éternellement comme vous le plus beau des enfants des hommes, le vainqueur de la mort et de l'enfer. Mais une seule voie peut nous y conduire : celle que vous avez vous-même suivie, la voie de l'humilité. Fortifiez en nous cette vertu, Ô Célestin ! Et allumez-en le désir dans nos cœurs. Substituez le mépris de nous-mêmes à l'estime que nous avons trop souvent le malheur d'en faire. Rendez-nous indifférents à toute gloire mondaine, fermes et joyeux dans les abaissements, afin qu'ayant " bu l'eau du torrent ", comme notre Maître divin, nous puissions un jour, comme lui et avec vous, " relever notre tête " et entourer éternellement le trône de notre commun libérateur."

Boniface VIII publiant les Décrétales. Liber sextus Decretalium. XIVe.
dimanche, 19 mai 2024 | Lien permanent