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7 février. Saint Romuald, abbé, fondateur de l'Ordre des Camaldules. 1027.
- Saint Romuald, abbé fondateur de l'Ordre des Camaldules. 1027.
Pape : Jean XIX. Roi de France : Robert II, le Pieux. Empereur romain germanique : Conrad II, le Salique.
" Homicide point ne seras... "
" Ne pleurez pas trop car cela affaiblit la vue et la tête."
Saint Romuald à ses religieux.

Saint Romuald. Sebastiano del Piombo. XVe.
La série des Martyrs est interrompue pour deux jours sur le Cycle sacré ; nous fêtons aujourd'hui un des héros de la pénitence, Romuald, l'ange des forêts de Camaldoli. C'est un des fils du grand patriarche Benoît ; père, après lui, d'une longue postérité. La filiation bénédictine se poursuit, directe, jusqu'à la fin des temps ; mais du tronc de cet arbre puissant sortent en ligne collatérale quatre glorieux rameaux toujours adhérents, et auxquels l'Esprit-Saint a donné vie et fécondité pour de longs siècles; ce sont : Camaldoli par Romuald, Cluny par Odon, Vallombreuse par Jean Gualbert, et Cîteaux par Robert de Molesmes.
Aujourd'hui, Romuald réclame nos hommages ; et si les Martyrs que nous avons déjà rencontrés, et que nous rencontrerons encore sur la route qui nous conduit à l'expiation quadragésimale, nous offrent un précieux enseignement par le mépris qu'ils ont fait de la vie, les saints pénitents, comme le grand Abbé de Camaldoli, nous présentent une leçon plus pratique encore. " Ceux qui sont à Jésus-Christ, dit l'Apôtre, ont crucifié leur chair avec ses vices et ses convoitises " (Gal. V, 24.) ; c'est donc la condition commune de tout chrétien ; mais quel puissant encouragement nous donnent ces généreux athlètes de la mortification qui ont sanctifié les déserts par les œuvres héroïques de leur pénitence, enlevant ainsi toute excuse à notre lâcheté qui s'effraie des légères satisfactions que Dieu exige pour nous rendre ses bonnes grâces ! Acceptons la leçon qui nous est donnée, et offrons de bon cœur au Seigneur que nous avons offensé le tribut de notre repentir, avec les œuvres qui purifient les âmes.

Paolo Domenico Finoglio. XVIIe.
Romuald, né à Ravenne et fils de Sergius, homme de noble race, se retira dès sa jeunesse dans le monastère de Saint-Apollinaire en Classe, près de Ravenne, pour y faire pénitence. Les discours d'un saint religieux l'animèrent fortement à la piété, et à la suite de deux apparitions qu'il eut de saint Apollinaire, pendant la nuit, dans son église, il se fit moine selon la prédiction que lui en avait faite ce serviteur de Dieu. Peu après, il se rendit auprès d'un personnage nommé Marin, qui était célèbre par la sainteté et l'austérité de sa vie, sur les terres des Vénitiens ; désirant l'avoir pour maître et pour guide, dans le chemin étroit et sublime de la perfection.
Il eut à souffrir les embûches de Satan et l'envie de la part des hommes ; mais il s'en montrait d'autant plus humble, s'exerçant assidûment aux jeûnes et à la prière. De plus, son ange gardien, et saint Michel archange lui-même, le secourèrent à de nombreuses reprises contre les démons qui le tourmentaient.
Lorsqu'il se livrait à la contemplation des choses célestes, il répandait d'abondantes larmes ; mais il ne laissait pas d'avoir toujours le visage si joyeux, qu'il réjouissait tous ceux qui le considéraient. Il fut en grand honneur auprès des princes et des rois, et plusieurs par son conseil renoncèrent aux attraits du monde et se retirèrent dans la solitude. Enflammé du désir du martyre, il partit pour la Pannonie, dans l'espoir de l'y rencontrer ; mais une maladie qui le tourmentait à mesure qu'il avançait, et qui le quittait lorsqu'il revenait sur ses pas, l'obligea de s'en retourner.
C'est à l'âge d'environ cent ans qu'il se fit offrir un champ dans les Appenins par le comte de Maldoli pour y établir un nouveau monastère (d'où le nom de Camaldule : le champ de Maldoli) et qu'il changea l'habit noir des bénédictins pour le blanc qui devait dès lors être celui de son Ordre.

Saint Romuald. Monastère de la Sainte-Croix. Campanie. Italie.
Il éclata par des miracles durant sa vie et après sa mort, et il eut aussi l'esprit de prophétie. Comme le Patriarche Jacob, il vit une échelle qui s'élevait de la terre au ciel, et par laquelle montaient et descendaient des hommes vêtus de blanc, et il reconnut que cette vision merveilleuse désignait les moines Camaldules dont il a été l'instituteur. Enfin, après avoir vécu cent vingt ans, et servi Dieu pendant cent ans par la vie la plus austère, il alla au ciel, l'an du salut mil vingt-sept. Son corps fut trouvé dans son intégrité, cinq ans après qu'il eut été enseveli, et on le déposa avec honneur dans l'Eglise de son Ordre à Fabriano.
PRIERE
" Ami de Dieu, Romuald, que votre vie a été différente de la nôtre ! Nous aimonsle monde et ses agitations ; c'est à peine si la pensée de Dieu traverse quelquefois nos journées d'un fugitif souvenir ; plus rarement encore est-elle le mobile de nos actions. Cependant chaque heure qui s'écoule nous approche de ce moment où nous nous trouverons en face de Dieu, chargés de nos œuvres bonnes et mauvaises, sans que rien ne puisse plus modifier la sentence que nous nous serons préparée. Vous n'avez pas entendu ainsi la vie, Ô Romuald ! Il vous a semblé qu'une pensée unique devait la remplir tout entière, un seul intérêt la préoccuper, et vous avez marché constamment en présence de Dieu. Pour n'être pas distrait de ce grand et cher objet, vous avez cherché le désert ; là, sous la règle du saint Patriarche des moines, vous avez lutté contre le démon et la chair ; vos larmes ont lavé vos péchés, si légers en comparaison des nôtres ; votre cœur, régénéré dans la pénitence, a pris son essor d'amour vers le Sauveur des hommes, et vous eussiez voulu lui offrir jusqu'à votre sang.

Saint Romuald. Ermitage camaldule Saint-Georges.
Vos mérites sont notre bien aujourd'hui, par cette heureuse communion que le Seigneur a daigné établir entre les plus saintes âmes et nous pécheurs. Aidez-nous donc dans la carrière de pénitence qui commencera bientôt ; nous avons tant besoin de mettre la faiblesse de nos œuvres à couvert sous la plénitude des vôtres ! Au fond de votre solitude, sous les ombrages de votre Eden de Camaldoli, vous aimiez les hommes vos frères, et jamais ils n'approchèrent de vous sans être captivés par votre aimable et douce charité : montrez-leur que vous les aimez toujours. Souvenez-vous aussi de l'Ordre que vous avez fondé ; fécondez ses restes vénérables, et faites qu'il soit toujours aux âmes que le Seigneur y appelle une échelle sûre pour monter jusqu'à lui."
vendredi, 07 février 2025 | Lien permanent
4 février. Sainte Jeanne de Valois, veuve. 1505.
" Filia Francorum regis, soror, unaque conjux,
Et non pulsa toro, Joanna ego mater eram."
" Je suis Jeanne, fille, soeur, épouse des rois de France.
Je ne suis jamais montée dans le lit nuptial, et cependant je devais être mère !"
Légende du testament de la bonne duchesse.
Les Eglises de France honorent aujourd'hui cette pieuse princesse qui fut d'abord l'épouse de Louis XII, appelée à régner avec lui, et qui, plus tard, renversée du trône par un jugement solennel qui déclara la nullité de son mariage, se montra plus sainte et plus grande encore dans sa disgrâce qu'elle ne l'avait paru dans les jours de sa grandeur.
Cette bienheureuse princesse naquit dans la pourpre et au milieu des lis en 1464. Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie - son enfance s'écoula presque entièrement au château d'Amboise -, soeur de Charles VIII, épouse du duc d'Orléans qui monta sur le trône et fut Louis XII, Jeanne paraît n'avoir été élevée si haut que pour mieux sentir le poids de l'infortune. Mais Dieu proportionna ses consolations et ses secours aux souffrances de la race royale victime en pansant Lui-même les blessures de so, âme, et lui donna cette merveilleuse fécondité qui enrichit l'Eglise d'un nouvel ordre religieux.

Portrait du vivant de sainte Jeanne de France.
Les vertus qui éclatèrent dans toute sa vie rendirent Jeanne de Valois l'objet de la vénération des peuples ; et si elle cessa de régner sur un trône fragile, son empire sur les coeurs ne fit que s'étendre, et l'auréole de la sainteté remplaça avantageusement pour elle le diadème qu'elle n'avait pas ambitionné et qu'elle dut déposer. Sa tendre confiance en Marie, son attrait pour les œuvres de la pénitence, sa miséricorde envers les pauvres, en font un modèle pour les chrétiens, dans ces jours où l'Eglise nous invite à préparer nos âmes pour la réconciliation.
Jeanne de Valois, fille de Louis XI, roi de France, fut donc élevée dès ses tendres années dans la piété, vers laquelle la portaient ses propres dispositions, et elle donna tout aussitôt des marques certaines de la sainteté qui devait briller en elle. A l'âge de cinq ans, demandant avec ferveur à la sainte Vierge, qu'elle honora toujours d'une manière admirable, de lui faire connaître en quelle façon elle pourrait lui être le plus agréable, il lui fut annoncé qu'elle était appelée à instituer dans la suite un nouvel Ordre de vierges sacrées, en l'honneur de la sainte Mère de Dieu.
Mariée à Louis, duc d'Orléans, contre le gré de ce prince, elle fit paraître dans la prospérité la plus grande retenue, et une admirable constance dans l'adversité. Le prince étant monté sur le trône de France, et son mariage ayant été déclaré nul par le Siège Apostolique, Jeanne non seulement supporta cet événement sans aucun regret, mais, se regardant comme délivrée d’un lien qui pesait sur elle, elle se félicita de pouvoir désormais servir Dieu seul en toute liberté.
Les revenus du duché de Berry qui lui avaient été assignés pour son entretien par le roi Louis, étaient largement employés par elle à nourrir les pauvres, à soulager les malades et à bâtir des monastères. Mais son œuvre principale fut la fondation et l'établissement d'un Ordre de vierges sacrées sous le titre d'Annonciades de la bienheureuse Vierge Marie, dont elles devaient imiter les vertus qui leur étaient proposées dans des règles approuvées par Alexandre VI ; elle vint heureusement à bout de cette œuvre sainte. Elle accueillait avec la charité d'une mère tous les indigents et les malheureux qui s'adressaient à elle, mais surtout les malades, dont elle ne craignait pas d'essuyer et de toucher de ses propres mains les ulcères dégoûtants ; plus d'une fois son seul attouchement leur rendit la santé.

Sa piété envers le très saint Sacrement de l'Eucharistie était admirable ; elle en approchait avec une si grande abondance de larmes, qu'elle excitait dans le cœur des assistants les mêmes sentiments d'amour et de dévotion. Sa piété n'était pas moins tendre envers les mystères de la Passion du Seigneur. Elle avait fait construire dans le jardin de sa maison une imitation du tombeau de notre Seigneur ; c'était là qu'elle se retirait de temps en temps pour se livrer à la prière, répandant des larmes abondantes et se frappant la poitrine avec une pierre. Parvenue à l'âge de quarante ans, elle sentit approcher la fin de sa vie pleine d'innocence, et, ayant reçu avec une grande ferveur les sacrés mystères de la religion chrétienne, elle mourut à Bourges la veille des nones de février, l'an mil cinq cent cinq.
Cinquante-sept ans après sa mort, des soldats hérétiques ayant enlevé son corps pour le brûler, il fut trouvé sans corruption ; et l'on rapporte qu'il poussa des gémissements, et que, percé de leurs épées, il répandit du sang avec abondance. Le culte de la Sainte fut approuvé d'autorité apostolique par Benoit XIV, en 1742.
Enfin, Pie VI accorda, le vingt avril 1775, à tout le royaume de France, de pouvoir célébrer l'Office et la Messe de sainte Jeanne de Valois au jour anniversaire de sa mort.

Statue de sainte Jeanne de France. Chapelle Sainte-Jeanne-de-France.
Le sceptre que vos saintes mains portèrent un instant leur échappa bientôt, et nul regret ne s'éleva en vous, et votre âme véritablement chrétienne ne vit dans cette disposition de la Providence qu'un motif de reconnaissance pour la délivrance qui lui était accordée La royauté de la terre n'était pas assez pour vous ; le Seigneur vous destinait à celle du ciel. Priez pour nous, servante du Christ dans ses pauvres, et faites-nous l'aumône de votre intercession.

Nicolas Van der Veken. XVIIe.
Ouvrez nos yeux sur les périls du monde, afin que nous traversions ses prospérités sans ivresse, et ses revers sans murmure. Souvenez-vous de la France qui vous a produite, et qui a droit à votre patronage. Un jour, la tombe qui recelait votre sainte dépouille fut violée par les impies, et des soupirs s'échappèrent de votre poitrine, au sentiment des malheurs de la patrie. C'était alors le prélude des maux qui depuis se sont appesantis sur la nation française ; mais du moins la cause de la foi trouva, dans ces temps, de généreux défenseurs, et l'hérésie fut contrainte de reculer. Maintenant, le mal est à son comble ; toutes les erreurs dont le germe était renferme dans la prétendue Réforme se sont développées, et menacent d'étouffer ce qui reste de bon grain. Aidez-nous, conservez la précieuse semence de vérité et de vertus qui semble prête à périr. Recommandez-nous à Marie, l'objet de votre tendre dévotion sur la terre, et obtenez-nous des jours meilleurs."
mardi, 04 février 2025 | Lien permanent
6 février. Sainte Dorothée, vierge, saint Théophile, magistrat, et leurs compagnons, martyrs à Césarée en Cappadoce. 304
- Sainte Dorothée de Césarée, vierge, saint Théophile, magistrat, sainte Chrétienne et sainte Calliste, tous martyrs à Césarée en Cappadoce. 304.
Pape : Saint Marcellin. Empereur romain d'Orient : Maximien-Hercule. Empereur romain d'Occident : Dioclétien.
" Seigneur Jésus, accepter le don de notre patience et accordez-nous pardon et indulgence."
Actes de sainte Dorothée.
Sainte Dorothée de Césarée. Francisco de Zurbarán. XVIIe.
Aujourd’hui encore, c'est une des plus aimables Epouses du Christ qui vient nous consoler par sa présence ; c'est Dorothée, la vierge naïve et courageuse qui sème les plus gracieux prodiges sur la route qui la conduit au martyre. Notre sainte religion nous offre seule ces admirables scènes, où l'on voit un sexe timide déployer une énergie qui surpasse quelquefois peut-être celle que nous admirons dans les plus vaillants martyrs. On sent que Dieu se plaît à voir briser la tête de son ennemi sous la faiblesse même de ce pied que Satan redoute.
L'inimitié que le Seigneur a scellée entre la femme et le serpent, produit dans les annales de l'Eglise ces luttes sublimes dans lesquelles l'Ange rebelle succombe, avec d'autant plus de honte et de rage, que son vainqueur lui semblait moins digne d'exciter ses alarmes. Il doit savoir maintenant, après tant de rudes expériences, combien est redoutable pour lui la femme chrétienne ; et nous qui comptons tant d'héroïnes parmi les ancêtres de notre grande famille, nous devons en être fiers et chérir leur mémoire. Appuyons-nous donc sur leur constante protection ; elles sont puissantes sur le cœur de l'Epoux. Entre toutes, Dorothée occupe un des premiers rangs ; glorifions sa victoire, et méritons son secours.
Sainte Dorothée. Heures à l'usage de Sarum. XVe.
Sainte Dorothée, vierge de Césarée en Cappadoce, fut arrêtée par ordre d'Apricius, gouverneur de cette province, parce qu'elle confessait le nom de Jésus-Christ, et on la livra à deux sœurs, nommées Crysta (ou Chrétienne) et Calliste, qui avaient abandonné la foi, afin qu'elles la fissent changer de résolution. Mais ce fut elle au contraire qui fit revenir les deux sœurs à leur ancienne foi ; c'est pourquoi elles furent jetées dans une chaudière, où elles périrent par le feu.
Le gouverneur fit étendre Dorothée sur le chevalet ; mais il n'en obtint que ces paroles :
" Jamais, dans toute ma vie, je n'ai goûté un bonheur pareil à celui que j'éprouve en ce moment."
Il ordonna donc de brûler des torches ardentes, les flancs de la vierge avec, puis de la frapper longtemps au visage, enfin de lui trancher la tête.
Sainte Dorothée conduite au martyre.
Dessin. Ecole française. Pierre Verdier. XVIIe.
Comme on la menait au supplice, elle dit ces paroles :
" Recevez mes actions de grâces, Ô ami des âmes, qui avez daigné m'appeler aux délices de votre Paradis."
Un certain Théophile, officier du gouverneur, l'entendit, et se moquant de la vierge :
" Eh bien ! dit-il, épouse du Christ, envoie-moi du jardin de ton époux des pommes ou des roses."
Et Dorothée lui répondit :
" Je le ferai certainement."
Avant de recevoir le coup de la mort, ayant obtenu la permission de prier quelques instants, un enfant de la plus grande beauté apparut tout à coup devant elle, portant dans un linge trois pommes et trois roses. La sainte lui dit :
" Portez, je vous prie, ceci à Théophile."
Elle eut ensuite la tête tranchée, et elle alla se réunir au Christ.
Décollation de sainte Dorothée. Dessin. Raffaello Motta. XVIe.
Au moment même où Théophile racontait, en se jouant, à ses compagnons la promesse que Dorothée lui avait faite, voici que l'enfant se présente devant lui portant dans le linge trois pommes des plus belles, et trois roses des plus vermeilles, et lui dit :
" Selon ta demande, la très sainte vierge Dorothée t'envoie ceci du jardin de son époux."
Comme on était au mois de février, et que la gelée sévissait sur toute la nature, Théophile fut saisi d'étonnement, et, en recevant ce qu'on lui présentait, il s'écria :
" Le Christ est vraiment Dieu !"
Cette profession publique de la foi chrétienne l'exposait à un cruel martyre : saint Théophile le souffrit héroïquement.
Sainte Dorothée. Dessin. Mathias Grünewald. XVIe.
SEQUENCE
Parmi les pièces liturgiques que contiennent en l'honneur de sainte Dorothée les Missels et les Bréviaires du moyen âge, nous choisirons la Prose suivante qui est d'origine allemande, et convient parfaitement au Temps de la Septuagésime :
" Unissons-nous dans un concert harmonieux ; avec mélodie et dans la joie de nos cœurs, faisons entendre un chant de triomphe.
Dans cette fête pleine d'allégresse, que les cœurs purs, que les voix les plus douces entonnent les louanges de Dorothée.
Servante du Christ, généreuse et sans tache, brillante lumière de ce monde, tu nous enivres d'un vin mystérieux.
Habitante du Paradis, pour le mal tu rends le bien ; à un infidèle tu envoies les dons du ciel, des roses, des fruits odorants.
Tu as mené la vie des Anges ; soumise aux liens de la chair, tu n'en as pas senti le poids ; ton amour pour le Seigneur dédaigne les noces mortelles.
Martyre du Christ, tu foules aux pieds les dieux profanes, tu rends la foi à des âmes redevenues païennes ; en elles tu restitues la pureté des mœurs.
Dans l'éclat de ta beauté, tu es semblable à la rose vermeille et odorante ; ton courage brille dans le combat, sous les menaces de Fabricius.
On te charge de chaînes, tes membres sont étendus sur le chevalet, le bourreau te frappe au visage ; mais tu demeures exempte de toute souillure.
Sainte Dorothée offrant la corbeille de fruits et de roses
à la très sainte Vierge Marie et à son divin Fils.
David Téniers le Jeune. Bruxelles. XVIIe.
Une troupe perverse, pleine d'espérances coupables, loin d'écouter la parole de Dieu que ta bouche lui annonce, meurtrit sans pitié les traits où brille la lumière céleste.
Dans sa fureur, elle accroît encore les tortures cruelles auxquelles elle t'a soumise ; conduites par sa main, des torches ardentes dévorent ton sein virginal.
A tes pieds, nous implorons ton secours ; sainte Martyre, donne-nous la crainte du péché, obtiens-nous le temps de faire une vraie pénitence.
Vierge pleine de tendresse, efface nos péchés, nourris nos âmes, règle notre vie ; empêche que, pour nos négligences, nous ne soyons condamnés par la loi redoutable.
Epouse du Christ, Ô Dorothée, par tes mérites rends-nous le bonheur ; que nos cœurs coupables étant purifiés, nous devenions dignes de la récompense.
Apaise Dieu irrité contre nous, afin qu'il daigne, après cet exil, nous octroyer cette place que nous ambitionnons dans son sein, au plus haut des cieux.
Amen."
Sainte Dorothée. Imagerie populaire. Diot éditeur. Beauvais. XIXe.
PRIERE
" Vous êtes fidèle à vos promesses, Ô Dorothée, et dans les jardins de votre Epoux céleste, vous n'oubliez pas les habitants de la terre. Théophile l'éprouva ; mais le plus beau des présents qu'il vous plut de lui adresser, ne fut pas la corbeille de fleurs et de fruits qui dégageait votre parole ; le don de la foi, la persévérance dans le combat, furent des biens autrement précieux.
Ô Vierge ! Envoyez-nous donc des dons pareils. Nous avons besoin de courage pour rompre avec le monde et avec nos passions ; nous avons besoin de nous convertir et de revenir à Dieu ; nous sommes appelés à partager la félicité dont vous jouissez ; mais nous ne pouvons plus y avoir accès que par la pénitence. Soutenez-nous, fortifiez-nous, afin que, au jour de la Pâque de votre Epoux, nos âmes lavées dans le sang de l'Agneau soient odorantes comme les beaux fruits du ciel, vermeilles comme les roses que votre main cueillit en faveur d'un mortel."
Sainte Dorothée. Eglise Saint-Germain-d'Auxerre.
Genovesio. Gyé-sur-Seine. Champagne. France. XVIIIe.
jeudi, 06 février 2025 | Lien permanent
5 janvier. La Vigile de l'Epiphanie.
- La Vigile de l'Epiphanie.

Adoration des bergers. Andrea Mantegna. XVIe.
La fête de Noël est terminée ; les quatre Octaves ont achevé leur cours ; et nous voici en présence de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur. Une seule journée nous reste pour nous préparer à la Manifestation pleine de mystère que nous doit faire de sa gloire celui qui est l'Ange du grand Conseil. Encore quelques heures, et l'étoile se sera arrêtée, et les Mages frapperont à la porte de la maison de Bethléhem.
Cette Vigile n'est pas, comme celle de Noël, un jour de pénitence. L'Enfant que nous attendions alors, dans la componction et dans l'ardeur de nos désirs, est venu ; il reste avec nous et nous prépare de nouvelles faveurs. Ce jour d'attente d'une nouvelle solennité est un jour de joie comme ceux qui l'ont précédé. Cette Vigile ne sera donc point marquée par le jeûne ; et la sainte Eglise n'y revêtira point ses habits de deuil. Aujourd'hui, elle se pare de la couleur blanche, comme elle le fera demain. Ce jour est le douzième de la Naissance de l'Emmanuel.
Célébrons donc cette Vigile dans l'allégresse de nos cœurs, et préparons nos âmes aux nouvelles faveurs qui leur sont réservées.

Adoration des bergers. Anonyme flamand. XVIe.
L'Eglise Grecque observe le jeûne aujourd'hui, en mémoire de la préparation au Baptême qui s'administrait autrefois, principalement en Orient, dans la nuit qui précédait le saint jour de l'Epiphanie. Elle bénit encore les eaux avec une grande solennité en cette fête ; nous parlerons avec détail de cette cérémonie dont les vestiges ne sont pas encore entièrement effacés dans l'Occident.
La sainte Eglise Romaine fait mémoire en ce jour d'un de ses Papes Martyrs, saint Télesphore. Ce Pontife monta sur le Siège Apostolique l'an 127 ; et parmi les décrets qu'il rendit, on remarque celui par lequel il établissait l'usage de célébrer la Messe durant la nuit de Noël, pour honorer l'heure delà Naissance du Christ, et un autre dans lequel il décrète que l'Hymne Angélique Gloria in excelsis Deo serait chantée ordinairement au commencement du saint Sacrifice. Cette piété du saint Pape envers le grand mystère que nous célébrons en ces jours, rend sa mémoire plus vénérable encore à l'époque de l'année où elle tombe. Télesphore souffrit un glorieux martyre, selon l'expression de saint Irénée, et fut couronné de la gloire céleste, l'an 138.

Adoration des bergers. Jacopo Negretti. Début du XVIe.
A LA MESSE
La Messe de la Vigile de l'Epiphanie est la même que celle du Dimanche dans l'Octave de Noël, sauf la commémoration de saint Télesphore et l'Evangile.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.

Adoration des bergers. Luca Signorelli. XVIe.
" En ce temps-là, Hérode étant mort, voici que l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, lui disant : " Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et va dans la terre d'Israël " ; car ils sont morts, ceux qui poursuivaient la vie de l'Enfant. Joseph, s'étant levé, prit l'Enfant et sa Mère, et vint dans la terre d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode son père , il craignit d'y aller ; et averti en songe, il se retira dans la Galilée. Et il vint habiter dans la ville qui est appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen."
IN CHRISTI NATIVITATE
Pour couronnement des pièces liturgiques qui nous ont aidé si suavement à pénétrer le mystère de Noël, nous avons réservé les strophes suivantes. Nulles autres ne pouvaient mieux convenir à ce jour qui prépare l'introduction des Mages près de la Crèche. Elles sont tirées du poème que le prince des mélodes de l'Eglise Grecque, saint Romanus, consacra, comme prémices de son génie, à la Vierge Mère. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte même, remis dans nos temps en honneur par un illustre prince de l'Eglise (Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, I.), et dont aucune traduction ne saurait rendre l'incomparable harmonie.
La Vierge aujourd'hui met au monde Celui qui dépasse la nature ; la terre donne une grotte pour gîte à l'inaccessible. Les Anges avec les bergers font assaut de louanges ; les Mages sont en route à la suite de l'étoile. Car pour nous voici qu'est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

Adoration des bergers. Francesco de Rossi. XVIe.
Voici qu'en Bethléhem Eden est ouvert ; venez donc, et voyons : quel mets suave est là caché pour nous ! Venez : dans cette grotte, abreuvons-nous des délices du paradis. Là fleurit, sans être arrosée, la tige qui produit la grâce. Là est le puits qu'aucune main n'a creusé , et dont David un jour eût voulu boire. Ici tout d'un coup, grâce à la Vierge qui enfante, d'Adam et de David la soif est apaisée. Donc hâtons-nous d'aller où vient de naître, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Le père de la mère a voulu être son fils ; le sauveur des enfants gît enfant dans une crèche. Fixant ses yeux sur lui, celle qui l'enfante a dit :
" Qu'est-ce cela, Ô mon fils ! En quelle manière as-tu pris germe en moi ? En quelle manière as-tu trouvé en moi vie et croissance ? Je te vois, Ô fruit de mes entrailles, et suis dans la stupeur ; mon sein s'emplit de lait, et je n'ai point connu d'homme. Et tandis que je t'admire en ces langes, je contemple la fleur de ma virginité toujours sauve, Ô toi qui l'as gardée, en daignant naître, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Roi très-haut, qui t'attire au milieu des mendiants ? Créateur des cieux, pourquoi viens-tu chez les habitants de la terre ? Une grotte fait tes délices, une crèche est ton amour ! Voici bien que pour ta servante il n'y a point de place dans l'hôtellerie ; et non seulement pas de place : pas de grotte même, car celle-ci est à d'autres. Pourtant à Sara, quand elle eut un fils, beaucoup de terre fut donnée : à moi, pas une tanière ; pour tout j'ai cet antre où tu as voulu habiter, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles."

Adoration des bergers. Lorenzo d'Andrea d'Oderigo. XVIe.
Tandis qu'elle formule ces pensées dans son cœur et s'adresse suppliante à Celui qui connaît les mystères, elle apprend que les Mages sont là, cherchant le nouveau-né. Venant à eux :
" Qui êtes-vous ?" dit la Vierge.
Ceux-ci lui répondent :
" Bien plutôt, quelle est ta naissance, Ô toi qui as mis au monde un tel enfant ? De quel père, de quelle mère es-tu descendue, toi qui nourris un fils dont tu es la mère sans qu'il ait eu de père ? A la vue de son étoile, nous avons prononcé de concert qu'elle annonçait, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Balaam en effet nous avait avec soin préparés à comprendre les oracles dont il fut le prophète, lorsqu'il prédit le lever d'une étoile : étoile éteignant toutes divinations et présages ; étoile résolvant les paraboles des sages, leurs énigmes et sentences ; étoile dont la lumière l'emporte d'autant mieux sur le soleil qui nous éclaire, qu'elle-même a créé tous les astres ; par elle il était annonce que de Jacob sortirait comme la lumière, l’enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles."
Ayant entendu si merveilleux discours , Marie prosternée adora l'enfant né de ses entrailles, et dit en pleurs :
" Grandes pour moi, Ô mon fils, grandes sont toutes les choses que vous avez faites avec mon indigence. Car voici que dehors se tiennent les Mages, et ils vous cherchent ; les rois des nations de l'Orient désirent votre visage ; le contempler est la prière des riches de votre peuple. Ce peuple n'est-il pas vôtre, en effet, pour qui vous êtes né, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles ?
Puis donc qu'ils sont vôtres, Ô mon fils, ordonnez qu'ils entrent sous votre toit, pour voir cette opulente pauvreté, cette noble indigence ; car je vous ai pour richesses et pour gloire, aussi n'ai-je point à rougir, en vous sont la grâce et la vérité ; et maintenant permettez qu'ils viennent en cet abri : comment m'inquiéterais-je de ma misère, vous possédant, vous le trésor que viennent contempler les princes, l'objet de l'étude des rois et des Mages cherchant où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles ?"

Adoration des bergers. Jacob Jordaens. Début du XVIIe.
Jésus le Christ et notre vrai Dieu se fit entendre intérieurement au cœur de sa mère, et lui dit :
" Introduis ceux qu'amène ma parole ; car cette parole est la lumière de ceux qui me cherchent, étoile aux yeux, force pour l'âme intelligente. C'est elle qui, comme mon serviteur, a conduit les Mages, et maintenant elle s'est arrêtée pour remplir son office et désigner par ses rayons l'endroit où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Maintenant donc reçois-les, ô toute belle, reçois ceux qui m'ont reçu ; car je suis en eux, comme je suis dans tes bras, et, en les accompagnant, je ne t'ai point quittée."
Elle donc ouvre la porte et reçoit l'assemblée des Mages ; elle ouvre, celle qui est la porte fermée à tous, que seul le Christ a traversée ; elle ouvre, celle qui fut toujours close, celle qui jamais rien ne perdit des trésors de la virginité ; elle ouvre, celle par qui fut donnée au monde, porte des cieux, l'enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Les dernières paroles de notre Avent étaient celles de l'Epouse, dans la prophétie du Disciple bien-aimé :
" Venez, Seigneur Jésus ! Venez !"
Nous terminerons cette première partie du Temps de Noël par ces paroles d'Isaïe que la sainte Eglise a répétées avec triomphe :
" Un petit Enfant nous est né! Les cieux ont envoyé leur rosée, le juste est descendu du ciel, la terre a enfanté son Sauveur, LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, la Vierge a produit son doux fruit, Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Le Soleil de justice brille maintenant sur nous, les ténèbres sont passées ; au ciel, Gloire à Dieu ! Sur la terre, Paix aux hommes !"

Adoration des bergers. Jusepe de Ribeira. XVIIe.
" Tous ces biens nous sont venus par l'humble et glorieuse Naissance de cet Enfant. Adorons-le dans son berceau, aimons-le pour tant d'amour ; et préparons les présents que nous irons demain lui offrir avec les Mages. L'allégresse de la sainte Eglise continue, la nature angélique est dans l'étonnement, toute la création tressaille de bonheur : Un petit Enfant nous est né !"
vendredi, 05 janvier 2024 | Lien permanent
6 septembre. Saint Zacharie, 11e des 12 petits prophètes. Ve siècle avant Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il les exhorta aussi à se convertir au Seigneur et à ne pas imiter l'endurcissement de leurs pères, si souvent châtiés pour n'avoir pas écouté les Prophètes.
Dieu fit voir à Zacharie, dans deux visions différentes, et sous plusieurs figures, la succession des quatre monarchies, savoir des Assyriens, des Chaldéens, des Perses et des Grecs, qui devait se terminer au règne de Jésus-Christ dont il décrit la vie et la passion.

Une controverse, jusqu'ici demeurée sans solution définitive, s'est élevée entre les commentateurs, au sujet d'un texte fameux de l'Evangile où Notre Seigneur s'adresse aux Juifs et qui parait se rapporter à Zacharie :
" Je vous ai envoyé des prophètes, des sages, des docteurs ; vous les avez égorgés. Aussi du sang des justes versé sur la terre depuis l'innocent Abel jusqu'à Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel, retombera sur vos tètes."
Toutefois la tradition juive ou chrétienne n'a gardé aucun souvenir du meurtre du prophète Zacharie. On peut donc adopter sur ce point le système de saint Epiphane, qui appliquait les paroles de Notre-Seigneur au grand-prêtre Zacharie, mis à mort entre le temple et l'autel, sous le règne de Joas (870-831).

On lit dans l'historien grec Sozomène (Ve s.), que le corps du prophète Zacharie fut trouvé dans le territoire d'Eleuthéropolis, dans un bourg nommé Caphar. Il était intact, vêtu d'une robe blanche, et mis dans un cercueil de plomb, enfermé dans un autre de bois.
On le représente, comme les autres Prophètes, déroulant un cartouche où se lisent les principaux textes de sa prophétie.
On peut voit dans la collection des Bollandistes, au 6 septembre, les arguments que le père Stilting a réunis pour soutenir l'identité du Zacharie dont parle Notre-Seigneur avec le prophète.
Bergier, dans son Dictionnaire de théologie, les a repris en sous-oeuvre et développés avec une nouvelle force.
vendredi, 06 septembre 2024 | Lien permanent
7 septembre. Saint Cloud, prince, moine et prêtre. 560.
Saint Augustin, évêque d'Hippone.

Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non-seulement en sa personne, mais aussi en celles de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s'éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d'une troupe d'ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d'une lance pour la faire voir aux Francs.
Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, (vulgairement Cloud), se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement et avec le plus grand soin, en attendant qu'ils partageassent les Etats de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.


Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n'avaient pu lui ravir, il se retira auprès d'un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l'habit religieux, et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s'y former à toutes les vertus monastiques.

Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l'entretien de toutes les personnes de sa connaissance.
Pendant qu'il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre se présenta devant lui et lui demanda l'aumône. Il était lui-même si pauvre, qu'il n'avait ni or, ni argent, ni provisions qu'il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent.
Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l'avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le vinrent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu'il n'était pas plus caché en Provence qu'à Paris, s'en retourna dans son premier ermitage.
Peut-être que l'appréhension d'être élevé à la prélature l'avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l'élection d'un autre à cette dignité.

On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d'un prince, ou pour mieux dire d'un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable.
Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l'on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud.

Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l'an 560. Sa mort, qu'il avait prédite avant qu'elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd'hui paroissiale, et l'on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.

On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l'élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s'abandonner entièrement à la conduite de Sa Divine Providence, et d'aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il Lui plaît de nous mettre.
On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.

samedi, 07 septembre 2024 | Lien permanent
15 octobre. Sainte Thérèse d'Avila, vierge, fondatrice des Carmes et des Carmélites déchaussés. 1582.
- Sainte Thérèse d'Avila, vierge, fondatrice des Carmes et des Carmélites déchaussés. 1582.
Pape : Grégoire XIII. Roi d'Espagne : Philippe II.
" Nous n'obtenons pas un pur et parfait amour de Dieu, parce que nous ne donnons pas tout à Dieu, mais seulement l'usufruit, et que nous nous réservons le fonds et l'héritage de nos affections."
Sainte Thérèse d'Avila.
Sainte Thérèse d'Avila. Anonyme. Savoie. XVIIe.
Thérèse de Cepeda y Ahumada naquit à Avila en Espagne, de parents illustres par leur piété comme par leur noblesse. Nourrie par eux du lait de la crainte du Seigneur, elle fournit dès le plus jeune âge un indice admirable de sa sainteté future.
Comme, en effet, elle lisait les actes des saints Martyrs, le feu du Saint-Esprit embrasa son âme au point que, s'étant échappée de la maison paternelle, elle voulait gagner l'Afrique afin d'y donner sa vie pour la gloire de Jésus-Christ et le salut des âmes. Ramenée par un de ses oncles, elle chercha dans l'exercice de l'aumône et autres œuvres pies une compensation à son désir ardent du martyre ; mais ses larmes ne cessaient plus, de s'être vu enlever la meilleure part.
Sainte Thérèse d'Avila. Pierre-Paul Rubens. XVIIIe.
A la mort de sa mère, la bienheureuse Vierge, suppliée par Thérèse de lui en tenir lieu, exauça le désir de son cœur ; toujours dès lors elle éprouva comme sa vraie fille la protection de la Mère de Dieu. Elle entra, dans sa vingtième année, chez les religieuses de Sainte-Marie du Mont Carmel ; dix-huit années durant, sous le faix de graves maladies et d'épreuves de toutes sortes, elle y soutint dans la foi les combats de la pénitence, sans ressentir le réconfort d'aucune de ces consolations du ciel dont l'abondance est, sur terre même, l'habituel partage de la sainteté.
Ses vertus étaient angéliques ; le zèle de sa charité la poussait, à travailler au salut, non d'elle seule, mais de tous. Ce fut ainsi que, sous l'inspiration de Dieu et avec l'approbation de Pie IV, elle entreprit de ramener la règle du Carmel à sa sévérité première, en s'adressant d abord aux femmes, aux hommes ensuite.
Extase de sainte Thérèse d'Avila. Jean-Baptiste Santerre. XVIIIe.
Entreprise sur laquelle resplendit la bénédiction toute-puissante du Dieu de bonté ; car, dans sa pauvreté, dénuée de tout secours humain, bien plus, presque toujours malgré l'hostilité des puissants , l'humble vierge put édifier jusqu'à trente-deux monastères. Ses larmes coulaient sans trêve à la pensée des ténèbres où infidèles et hérétiques étaient plongés ; et dans le but d'apaiser la divine colère qu'ils avaient encourue, elle offrait à Dieu pour leur salut les tortures qu'elle s'imposait dans sa chair.
Tel était l'incendie d'amour divin dont brûlait son cœur, qu'elle mérita de voir un Ange transpercer ce cœur en sa poitrine d'un dard enflammé, et qu'elle entendit le Christ, prenant sa main droite en la sienne, lui adresser ces mots :
" C'est à titre d'épouse que désormais tu prendras soin de mon honneur."
Par son conseil, elle émit le difficile vœu de faire toujours ce qui lui semblerait le plus parfait. Elle a laissé beaucoup d'ouvrages remplis d'une sagesse céleste ; en les lisant, l'âme fidèle se sent grandement excitée au désir de l'éternelle patrie.
Communion de sainte Thérèse d'Avila. Claudio Coelo. XVIIe.
Tandis qu'elle ne donnait que des exemples de vertus, telle était l'ardeur du désir qui la pressait de châtier son corps, qu'en dépit des maladies dont elle se voyait affligée, elle joignait à l'usage du cilice et des chaînes de fer celui de se flageller souvent avec des orties ou de dures disciplines, quelquefois de se rouler parmi les épines.
Sa parole habituelle était : " Seigneur, ou souffrir, ou mourir " ; car cette vie qui prolongeait son exil loin de la patrie éternelle et de la vie sans fin, lui paraissait la pire des morts.
Elle possédait le don de prophétie ; et si grande était la prodigalité du Seigneur à l'enrichir de ses dons gratuits, que souvent elle le suppliait à grands cris de modérer ses bienfaits, de ne point perdre de vue si promptement la mémoire de ses fautes. Aussi fût-ce moins de maladie que de l'irrésistible ardeur de son amour pour Dieu qu'elle mourut a Albe, au jour prédit par elle, munie des sacrements de l'Eglise, et après avoir exhorté ses disciples à la paix, à la charité, à l'observance régulière.
Extase de sainte Thérèse d'Avila. Le Bernin. XVIIe.
Ce fut sous la forme d'une colombe qu'elle rendit son âme très pure à Dieu, âgée de soixante-sept ans, l'an mil cinq cent quatre-vingt-deux , aux ides d'octobre selon le calendrier romain réformé (1). On vit Jésus-Christ assister, entouré des phalanges angéliques, à cette mort ; un arbre desséché, voisin de la cellule mortuaire, se couvrit de fleurs au moment même qu'elle arriva.
Le corps de Thérèse, demeuré jusqu'à ce jour sans corruption et imprégné d'une liqueur parfumée, est l'objet de la vénération des fidèles. Les miracles qu'elle opérait durant sa vie continuèrent après sa mort, et Grégoire XV la mit au nombre des Saints en 1622 en même temps que saint François-Xavier, saint Philippe de Néri, saint Ignace de Loyola et saint Isidore de Séville.
Sainte Thérèse d'Avila, saint François-Xavier, saint Philippe Néri,
saint Ignace de Loyola et saint Isidore de Séville aux pieds de
Notre Seigneur Jésus-Christ. Ces saints furent tous canonisés en
1622 par Grégoire XV. Guy François. Le Puy-en-Velay. XVIIe.
PRIERE
" Vous le trouviez déjà dans la souffrance de cette vie, ô Thérèse, le Bien-Aimé qui se révèle à vous dans la mort. " Si quelque chose pouvait vous ramener sur la terre, ce serait le désir d'y souffrir encore plus (Apparition au P. Gratien.)."
" Je ne m'étonne pas, dit en cette fête à votre honneur le prince des orateurs sacrés, je ne m'étonne pas que Jésus ait voulu mourir : il devait ce sacrifice à son Père. Mais qu'était-il nécessaire qu'il passât ses jours, et ensuite qu'il les finît parmi tant de maux ?
C'est pour la raison qu'étant l'homme de douleurs, comme l'appelait le Prophète (Isai. LIII, 3.), il n'a voulu vivre que pour endurer ; ou, pour le dire plus fortement par un beau mot de Tertullien, il a voulu se rassasier, avant que de mourir, par la volupté de la patience : Saginari voluptate patientiae discessurus volebat (Tertull. De Patientia). Voilà une étrange façon de parler. Ne diriez-vous pas que, selon le sentiment de ce Père, toute la vie du Sauveur était un festin, dont tous les mets étaient des tourments ? Festin étrange, selon le siècle, mais que Jésus a jugé digne de son goût. Sa mort suffisait pour notre salut ; mais sa mort ne suffisait pas à ce merveilleux appétit qu'il avait de souffrir pour nous. Il a fallu y joindre les fouets, et cette sanglante couronne qui perce sa tête, et tout ce cruel appareil de supplices épouvantables; et cela pour quelle raison ? C'est que ne vivant que pour endurer, il voulait se rassasier, avant que de mourir, de la volupté de souffrir pour nous (Bossuet, Panegyr. de sainte Thérèse.)."
Jusque-là que, sur sa croix, " voyant dans les décrets éternels qu'il n'y a plus rien à souffrir pour lui : Ah ! dit-il, c'en est fait, tout est consommé (Johan. XIX, 3e.) : sortons, il n'y a plus rien à faire en ce monde ; et aussitôt il rendit son âme à son Père (Bossuet, Ibid.)."
Or, si tel est l'esprit du Sauveur Jésus, ne faut-il pas qu'il soit celui de Thérèse de Jésus, son épouse ? " Elle veut aussi souffrir ou mourir ; et son amour ne peut endurer qu'aucune cause retarde sa mort sinon celle qui a différé la mort du Sauveur (Ibid.)."
Sainte Thérèse d'Avila. Filippo della Valle.
Basilique Saint-Pierre, Rome. XVIIIe.
A nous d'échauffer nos cœurs par la vue de ce grand exemple.
" Si nous sommes de vrais chrétiens, nous devons désirer d'être toujours avec Jésus-Christ. Or, où le trouve-t-on, cet aimable Sauveur de nos âmes ? En quel lieu peut-on l'embrasser ? On ne le trouve qu'en ces deux lieux : dans sa gloire ou dans ses supplices, sur son trône ou bien sur sa croix. Nous devons donc, pour être avec lui, ou bien l'embrasser dans son trône, et c'est ce que nous donne la mort, ou bien nous unir à sa croix, et c'est ce que nous avons par les souffrances ; tellement qu'il faut souffrir .ou mourir, afin de ne quitter jamais le Sauveur. Souffrons donc, souffrons, chrétiens, ce qu'il plaît à Dieu de nous envoyer : les afflictions et les maladies, les misères et la pauvreté, les injures et les calomnies ; tâchons de porter d'un courage ferme telle partie de sa croix dont il lui plaira de nous honorer (Bossuet, Ibid.)."
" Vous que l'Eglise présente comme maîtresse et mère à ses fils dans les sentiers de la vie spirituelle, enseignez-nous ce fort et vrai christianisme. La perfection sans doute ne s'acquiert pas en un jour ; et, vous le disiez, " nous serions bien à plaindre, si nous ne pouvions chercher et trouver Dieu qu'après être morts au monde : Dieu nous délivre de ces gens si spirituels qui veulent, sans examen et sans choix, ramener tout à la contemplation parfaite (A l'évêque d'Avila, mars 1577, une des plus gracieuses lettres de la Sainte.) !"
Mais Dieu nous délivre aussi de ces dévotions mal entendues, puériles ou niaises, comme vous les appeliez, et qui répugnaient tant à la droiture, à la dignité de votre âme généreuse (Vie, XIII.) !
Vous ne désiriez d'autre oraison que celle qui vous ferait croître en vertus ; persuadez-nous, en effet, du grand principe en ces matières, à savoir que " l'oraison la mieux faite et la plus agréable à Dieu est celle qui laisse après elle de meilleurs effets s'annonçant par les œuvres, et non pas ces goûts qui n'aboutissent qu'à notre propre satisfaction (Au Père Gratien, 23 octobre 1377.)."
Celui-là seul sera sauvé qui aura observé les commandements, accompli la loi ; et le ciel, votre ciel, Ô Thérèse, est la récompense des vertus que vous avez pratiquées, non des révélations ni des extases qui vous furent accordées (Apparition à la Prieure de Véas.).
De ce séjour où votre amour s'alimente au bonheur infini comme il se rassasiait ici-bas de souffrances, faites que l'Espagne, où vous naquîtes, garde chèrement en nos temps amoindris son beau titre de catholique. N'oubliez point la si large part que la France, menacée dans sa foi, eut à votre détermination de rappeler le Carmel à son austérité primitive (Chemin de la perfect. I.). Puisse la bénédiction du nombre favoriser vos fils, non moins que celle du mérite et de la sainteté. Sous toutes les latitudes où l'Esprit a multiplié vos filles, puissent leurs asiles bénis rappeler toujours " ces premiers colombiers de la Vierge où l'Epoux se plaisait à faire éclater les miracles de sa grâce (Fondations, IV.)."
Carmel d'Avila où l'on vénère le corps de
sainte Thérèse d'Avila. Espagne.
Vous fîtes du triomphe de la foi, du soutien de ses défenseurs, le but de leurs oraisons et de leurs jeûnes (Chemin de la perfect. I, III.) : quel champ immense ouvert à leur zèle en nos tristes jours ! Avec elles, avec vous, nous demandons à Dieu " deux choses : la première, que parmi tant d'hommes et de religieux, il s'en rencontre qui aient les qualités nécessaires pour servir utilement la cause de l'Eglise, attendu qu'un seul homme parfait rendra plus de services qu'un grand nombre qui ne le seraient pas ; la seconde que dans la mêlée Notre-Seigneur les soutienne de sa main, pour qu'ils échappent aux périls et ferment l'oreille aux chants des sirènes... Ô Dieu ayez pitié de tant d'âmes qui se perdent, arrêtez le cours de tant de maux qui affligent la chrétienté et, sans plus tarder, faites briller votre lumière au milieu de ces ténèbres (Chemin de la perfection, I, III.)."
Rq : On trouvera la presque totalité des oeuvres de sainte Thérèse d'Avila sur la page de ce site : http://www.jesusmarie.com/therese_d_avila.html
(1) Grégoire XIII avait arrêté que, pour opérer cette réforme, on supprimerait dix jours de l'année 1582, et que le lendemain du 4 octobre s'appellerait le 15 du même mois ; ce fut dans cette nuit historique du 4 au 15 que mourut sainte Thérèse.
mardi, 15 octobre 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)
20 octobre. Saint Jean de Kenty, prêtre, professeur de théologie à l'université de Cracovie. 1473.
- Saint Jean de Kenty, prêtre, professeur de théologie à l'université de Cracovie. 1473.
Pape : Sixte IV. Roi de Pologne : Casimir IV. Roi de France : Louis XI.
" C'est l'ardeur de la charité seule qui enflamme la prédication des saints."
Saint Grégoire le Grand.
Saint Jean de Kenty.
Kenty, l’humble village de Silésie qui donna naissance au Saint de ce jour, lui doit d'être connu en tous lieux pour jamais. Retardée par mille obstacles, la canonisation du bienheureux prêtre dont la science et les vertus avaient, au XVe siècle, illustré l'université de Cracovie, fut la dernière joie, le dernier espoir de la Pologne expirante. Elle eut lieu en l'année 1767.
Déjà deux ans plus tôt, c'était sur les instances de l'héroïque nation que Clément XIII avait rendu le premier décret sanctionnant la célébration de la fête du Sacré-Cœur. En inscrivant Jean de Kenty parmi les Saints, le magnanime Pontife exprimait en termes émus la reconnaissance de l'Eglise pour l'infortuné peuple, et lui rendait devant l'Europe odieusement oublieuse un hommage suprême (Bulle de sa canonisation). Cinq ans après, la Pologne était démembrée.
Statue de saint Jean de Kenty. Cracovie. Pologne.
Le nom de Kenty vint à Jean du lieu de sa naissance, au diocèse de Cracovie. Stanislas et Anne, ses parents, étaient pieux et de condition honorable. La douceur, l'innocence, le sérieux de l'enfant donnèrent dès l'abord l'espérance pour lui des plus grandes vertus.
Etudiant de philosophie et de théologie en l'université de Cracovie, il parcourut tous les grades académiques, et, devenu professeur et docteur à son tour, enseigna longtemps la science sacrée ; son enseignement n'éclairait pas seulement les âmes, mais les portait à toute piété; car il enseignait à la fois de parole et d'exemple. Devenu prêtre, sans rien relâcher de son zèle pour l'étude, il s'attacha plus encore que par le passé aux pratiques de la perfection chrétienne.
L'offense de Dieu, qu'il rencontrait partout , le transperçait de douleur; tous les jours, pour apaiser le Seigneur et se le rendre propice à lui-même ainsi qu'au peuple fidèle, il offrait le sacrifice non sanglant avec beaucoup de larmes. Il administra exemplairement quelques années la paroisse d'Ilkusi ; mais effrayé du péril de la charge des âmes, il s'en démit et, sur la demande de l'université, reprit sa chaire.
Vision de saint Jean de Kenty. Gravure du XVIIIe.
Tout ce qui lui restait de temps sur l'étude était consacré soit au salut du prochain, principalement dans le ministère de la prédication, soit à l'oraison, où l'on dit qu'il était quelquefois favorisé de visions et d'entretiens célestes. La passion de Jésus-Christ s'emparait à tel point de son âme, qu'il passait à la contempler des nuits entières ; il fit, pour s'en mieux pénétrer, le pèlerinage de Jérusalem, ne craignant pas, dans son désir brûlant du martyre, de prêcher aux Turcs eux-mêmes le Christ crucifié.
Il fit aussi quatre fois le voyage de Rome, marchant à pied et portant son bagage, pour visiter les tombeaux des Apôtres, où l'attiraient son dévouement, sa vénération pour le Siège apostolique, et aussi, disait-il, son désir de se libérer du purgatoire par la facilité qu'on y trouve à toute heure de racheter ses péchés. Ce fut dans un de ces voyages que, dépouillé par les brigands et leur ayant sur interpellation déclaré qu'il n avait plus rien, il se ressouvint de quelques pièces d'or cousues dans son manteau, et rappela en criant les voleurs qui fuyaient pour les leur donner ; mais ceux-ci, admirant la candeur du Saint et sa générosité, lui rendirent d'eux-mêmes tout ce qu'ils avaient pris.
Miracle de saint Jean de Kenty.
Il voulut, comme saint Augustin, avoir perpétuellement gravé sur la muraille l'avertissement pour lui et les autres de respecter la réputation du prochain. Il nourrissait de sa table ceux qui avaient faim ; il donnait à ceux qui étaient nus non seulement les habits qu'il achetait dans ce but, mais ses propres vêtements et chaussures, faisant alors en sorte de laisser tomber son manteau jusqu'à terre pour qu'on ne s'aperçût pas qu'il revenait nu-pieds à la maison.
Son sommeil était court, et il le prenait par terre ; il n'avait d'habits qu'assez pour se couvrir ; il ne mangeait que pour ne pas mourir de faim. Un dur cilice, la discipline, les jeûnes étaient ses moyens de garder sa virginale pureté comme le lis entre les épines. Il s'abstint même absolument de chair en ses repas durant environ les trente-cinq années qui précédèrent sa mort. Plein de jours et de mérites, il sentit enfin l'approche de cette mort à laquelle il s'était si longtemps, si diligemment préparé ; et, dans la crainte d'être retenu par quoi que ce fût de la terre, il distribua aux pauvres, sans nulle réserve, tout ce qui pouvait lui rester.
Casimir IV, roi de Pologne, grand-duc de Lituanie.
Alors, religieusement muni des sacrements de l'Eglise, ne désirant plus que de voir se rompre ses liens pour être avec Jésus-Christ, il s'envola au ciel la veille de Noël. Les miracles qui l'avaient illustré pendant sa vie continuèrent après sa mort.
On porta son corps à Sainte-Anne, l'église de l'université, voisine du lieu où il avait rendu l'âme, et on l'y ensevelit avec honneur. Le temps ne fit qu'accroître la vénération du peuple et le concours à son tombeau ; la Pologne et la Lithuanie saluèrent et honorèrent en lui l'un de leurs patrons principaux. De nouveaux miracles éclatant toujours, Clément XIII, Souverain Pontife, l'inscrivit solennellement dans les fastes des Saints, le dix-sept des calendes d'août de l'année mil sept cent soixante-sept.
L'Eglise ne cesse point de vous dire toujours, et nous vous disons avec la même indomptable espérance :
" Ô vous qui jamais ne refusâtes de secourir personne, prenez en mains la cause du royaume où vous naquîtes ; c'est la demande de vos concitoyens de Pologne, c'est la prière de ceux-là même qui ne sont pas de leur nombre."
La trahison dont fut victime votre malheureuse patrie n'a point cessé de peser lourdement sur l'Europe déséquilibrée. Combien, hélas ! d'autres poids écrasants sont venus s'entasser depuis dans la balance des justices du Seigneur ! Ô Jean, enseignez-nous à l'alléger du moins de nos fautes personnelles ; c'est en marchant à votre suite dans la voie des vertus, que nous mériterons l'indulgence du ciel (Collecte.) et avancerons l'heure des grandes réparations.
Statue de saint Jean de Kenty. Pologne. XVIe.
dimanche, 20 octobre 2024 | Lien permanent | Commentaires (5)
2 avril. Saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes. 1507.
- Saint François de Paule, fondateur de l'Ordre des Minimes. 1507.
Papes : Grégoire XII ; Baldassarre Cossa (Jean XXIII : antipape) ; Jules II. Rois de Naples : Louis II ; Ferdinand II.
" Ô que la paix est une sainte marchandise qui mérite d'être achetée bien chèrement."
" Confessons ingénûment que les propérités et les bonheurs du monde sont souventes fois cause de notre perdition."
Saint François de Paule.
François de Paule, homme tout céleste, apparaît aujourd'hui sur le Cycle, et vient nous apprendre par son exemple qu'il est possible à l'homme aidé de la grâce d'imiter le Rédempteur ressuscité. Dans une chair encore mortelle, il a mené une vie qui n'avait rien de terrestre. Ses austérités ont été rigoureuses ; mais son âme a joui de la paix et de la liberté. Le don des miracles était en lui avec une plénitude qui a rarement été surpassée ; la nature semblait obéir avec empressement à un homme si fidèle à Dieu. La France le vit dans son sein, lorsque Louis XI, ayant sollicité cette faveur auprès du Saint-Siège, le fit venir près de sa personne, l'établit avec ses religieux au Plessis-lez-Tours, et voulut mourir entre ses bras.
François de Paule rendit son âme à Dieu le Vendredi saint de l'an 1507. Cette conformité avec le Sauveur crucifié était une récompense de son amour pour la Croix ; mais le Seigneur voulut donner un signe de l'union que ce serviteur fidèle avait contractée pour jamais avec le divin Ressuscité. Ce fut au milieu des joies pascales que Léon X, en 1518, célébra la canonisation de François de Paule. Le dimanche de Quasimodo fut choisi par le Pontife pour cette pompe solennelle dans la basilique Vaticane ; et la gloire de l'homme humble qui avait donné à ses disciples le nom de Minimes s'éleva, en ce jour, au-dessus de celle des Césars de l'ancienne Rome.
Le 27 mars 1416, dans la petite ville de Paola qui appartient au duché de Calabre, dans le royaume de Naples, tandis que Viane de Fuscaldo, femme de Jacques Martotille, est en train d’accoucher, des gens aperçoivent sa maison environnée de flammes, comme une auréole de feu, et ils entendent des musiques surnaturelles. Les oracles prédisent que ce nouveau-né étonnerait la chrétienté. Viane et Jacques qui, habillés de bure, sans linge ni chaussures, mènent une vie sainte et mortifiée, ont une dévotion si particulière pour saint François d'Assise, qu’ils mettent leur fils sous sa protection en lui donnant son prénom.
Quelques mois après sa naissance, comme François a un œil envahi d’une tumeur et manque de perdre la vue, sa mère promet à Dieu que, si son fils guérit, elle le consacrerait toute une année à son service. A douze ans, François est confié pour un an aux Cordeliers de Notre-Dame de Saint-Marc (Cosenza) qui sont charmés par sa modestie, son zèle et sa piété. A la fin de l'année, Jacques et Viane reprennent leur fils qu’ils emmènent en pèlerinage à Assise, à Rome et au mont Cassin. C'est pendant ce pèlerinage que François prend la résolution de se retirer du monde.
A quatorze ans, avec l’approbation de ses parents, François s’installe à quelques lieues de Paola, dans un de leurs domaines qu'on appelle le Patrimoine. Pendant six ans, il vit dans le désert, couchant à dans une caverne, se nourrissant d'herbes et buvant l'eau des sources, disant, comme saint Jérôme, que les villes lui étaient des prisons et la solitude un paradis de délices. Bientôt, la précoce sainteté de cette existence émerveille les alentours : des disciples viennent se présenter à lui et le supplient de les garder à ses côtés. François comprend que la Providence lui marque le devoir de ne pas éloigner ceux qui viennent à lui et il conçoit l'idée de leur donner une règle de vie commune. En 1435, avec ses douze premiers compagnons, François Martotille construit son premier couvent qu’il consacre à Notre-Dame-des-Anges. Ces nouveaux religieux qui se font appeler les ermites de saint François d'Assise, reçoivent, en 1471, l'exemption de Pirro Caracciolo, archevêque de Cosenza, que ratifie Sixte IV, en 1474, en les plaçant sous sa juridiction directe avec les privilèges des ordres mendiants.
Sa charité, déjà prodigue en bienfaits, s'enrichit peu à peu d'une puissance extraordinaire et sous sa bénédiction jaillissent les miracles : des aveugles voient, des lépreux sont purifiés, des déments recouvrent la raison ; toutes les tares, toutes les misères de l'humanité viennent à ses pieds implorer une aide surnaturelle, et sont guéries. On peut dire, écrit le Frère minime François Dondé, que les mains de ce bienheureux patriarche étaient un médicament souverain pour guérir toutes sortes de maladie et comme un céleste antidote pour prévenir et remédier aux accidents qui pourraient arriver. Il ressuscita sept morts dont l'un, Nicolas d'Alesso, était le fils de sa sœur Brigitte.
Dès lors, la célébrité de François Martotile se propage de ville en ville et la congrégation dont il était l'âme se développe chaque jour, au point que le couvent de Notre-Dame-des-Anges ne suffit plus à contenir les frères ermites. Tour à tour, d'autres maisons s'ouvrent (l'Annonciade à Paterne, la Très-Sainte-Trinité à Coriliane, Jésus et Marie à Cortone) que François dirige, après avoir participé à leur construction.
Les mémoires du temps nous apprennent que François, bien qu'il fût plus grand que la moyenne, semblait petit tant son corps se courbait sous le poids des mortifications. Il portait la barbe très longue : ses cheveux étaient blonds, son nez aquilin et un peu gros, ses yeux verts. Il allait toujours nu-pieds, vêtu d'une seule robe de bure, couchant sur le sol et se nourrissant à peine. Son corps était naturellement odoriférant, comme s'il eût été parfumé d'ambre gris ou de musc.
En 1481, revenant de Sicile où il avait fondé le couvent de Milazzo, François de Paule est appelé à la cour de Ferdinand Ier de Naples qui, après l’avoir quelque peu inquiété, s'attache étroitement à lui.
Louis XI qui régne depuis vingt ans sur la France, souffre cent misères : il est goutteux, congestif et harassé de continuelles fièvres ; il a des troubles digestifs, des crises de rein, d'affreux malaises de l'estomac et du foie. Ayant entendu parler des miraculeuses guérisons obtenues par François de Paule, il le fait mander à sa cour, pensant que le ciel ne résisterait pas à une pareille intercession. A la demande du roi de France, le roi Ferdinand de Naples transmet à François de Paule une invitation qui prenait les allures d'un ordre que le saint décline :
" Ma place est sur ce coin de terre où des couvents se fondent de jour en jour pour fortifier la congrégation dont Dieu m'a donné charge. Je n'ai que faire au royaume de France."
Louis XI s'adresse au pape Sixte IV et François de Paule obéit aussitôt au Saint-Père. Avant de partir pour la France, il délégue l'un de ses religieux dans les fonctions de général de l'Ordre et en choisit deux autres pour l'accompagner, avec son neveu, André d'Alesso.

Louis XI. Jean-Léonard Lugardon. XVIe.
A petites journées, de Paola à Paterne, de Paterne à Coriliano, de Coriliano à Salerne, de Salerne à Castelmare, de Castelmare à Stibia, de Stibia à Naples, il vient se mettre à la disposition de Guynot de Bousières, maître d'hôtel de Louis XI, qui doit le conduire jusqu’au Roi.
François de Paule, qui a été chaleureusement accueilli à Rome par Sixte IV, s'embarque à Ostie sur un léger navire. Au milieu d'une tempête, le navire est attaqué par des pirates mais un coup de vent providentiel l’éloigne tout à coup de la galère ennemie les met bientôt hors d'atteinte. Ils ne peuvent débarquer ni à Marseille ni à Toulon dont les ports sont fermés parce que les villes sont ravagées par la peste. Bormes refuse de les laisser entrer mais François intervient :
" Dieu est avec nous, permettez-nous d'entrer."
Dès que Louis XI qui a ordonné qu'on le reçoive comme si c'était notre Saint-Père, apprend l'arrivée de François de Paule dans son royaume, il ressent une satisfaction sans pareille :
" Je sens une telle joie, dit-il à son écuyer Jean Moreau, qui lui apporta la nouvelle, et une si grande consolation pour les approches de ce saint personnage que je ne sais si je suis au ciel ou en la terre, et pour cette nouvelle si agréable, demandez-moi telle récompense que vous voudrez."
L'heureux messager sollicite un évêché pour son frère et dix mille écus d'or pour lui.
La petite troupe quitte Fréjus, traverse la Provence et le Dauphiné, entre à Lyon où François est reçu avec de grandes marques de respect et de dévotion : tous s'empressent autour de lui pour toucher sa robe. Par le Bourbonnais et l'Orléanais, on passe en Touraine où, près du château du Plessis-les-Tours, le Roi, accompagné des seigneurs de sa cour, vient à la rencontre saint François de Paule, se jette à ses pieds et implore ses bénédictions (24 avril 1482). Puis, tenant le saint par la main, il le conduit au logement préparé pour lui dans une aile du château, près de la chapelle de Saint-Mathias.
Les premières cajoleries passées, Louis XI juge que le moment est venu d'obtenir du saint homme les faveurs qu'il en escompte. Il le fait appeler auprès de lui, et, par le truchement de l'indispensable interprète, Ambroise Rombault, le Roi au corps terrassé par l'âge, mais à l'esprit bouillonnant de convoitises, humblement prosterné devant le villageois calabrais et lui dit, la voix pleine des angoisses de la mort :
" Saint homme, saint homme, empêche-moi de mourir !"
François de Paule accueille les supplications royales avec une calme sérénité mais, pas un instant, il ne laisse au monarque le moindre espoir d'un miracle. Tout ce qu'il veut lui apporter, c'est le sentiment de la confiance en Dieu ; quand Louis XI parle d'éternelle guérison, François de Paule parle de la mort inévitable.
Louis XI n'insiste pas mais son espoir est brisé. Le soupçon l'envahit d’autant mieux que le médecin Coitier, craignant de trouver un rival, attise sa méfiance :
" Ce soi-disant saint homme est un fourbe, ce qu'il cherche, c'est à vous faire payer les miracles. Tentez-le avec de l'or, et vous verrez bien !"
Louis XI qui, faute de mieux, trouve l'idée recevable, tend à François de Paule un bonnet rempli d'écus en disant :
" Acceptez cet argent, mon Père, il vous servira à construire à Rome un monastère."
Le moine refuse et Louis XI, voyant en lui un homme de bonne foi, s'il ne le considére plus comme un sauveur, lui conserve son estime et sa confiance.
Il lui accorde une pension de 300 livres et charge l'intendant Briçonnet de veiller à ses besoins ; souvent, il le fait venir ou va le trouver dans sa chambre pour causer avec lui. Comynes raconte, dans ses Mémoires :
" Je l'ai maintes fois ouï devant le roi, qui est de présent, où étaient tous les grands du royaume... Mais il semblait qu'il fût inspiré de Dieu des choses qu'il disait et remontrait, car autrement n'eut su parler de choses dont il parlait."
Et le prudent chroniqueur d'ajouter :
" Il est encore vif par quoi se pourrait bien changer ou en mieux ou en pire et pour ce m'en tai."
Devant la pure simplicité de la vie du moine, Louis XI peut se convaincre que celui-ci n'est pas plus capable de ruse qu'il n'avait été - envers lui - capable de miracle... Et cependant c'est sur Louis XI peut-être que le saint accomplit le plus beau, le plus charitable de ses miracles.
Bien qu’il fut formellement interdit de prononcer le cruel mot de la mort devant le Roi, François de Paule lui en parle et, en août 1483, lorsque Louis XI sent qu'il est perdu, le moine calabrais ne quitte plus le chevet du malade et lui fait accepter le parti de trépasser. Aux exhortations de saint François de Paule, Louis XI se résigne chrétiennement. L'âme inquiète et tourmentée à laquelle le saint calabrais ouvre tranquillement les chemins de l'au-delà, peu à peu, avec la certitude de la mort, trouve la confiance et la paix. Lucide jusqu'au dernier instant, le Roi prend lui-même ses ultimes dispositions : il remet les sceaux au Dauphin, appelle les Beaujeu pour leur confier le Royaume et son fils le futur Charles VIII. le 30 août, à 9 heures du soir, tandis que François de Paule récite la prière des agonisants, Louis XI murmure une dernière fois :
" Notre-Dame d'Embrun, ma bonne maîtresse, aidez-moi."
Puis il rend l’esprit.
Charles VIII continue à François de Paule les bonnes grâces de son père, Anne de Beaujeu, régente du Royaume, le protége ouvertement et lui conserve son logement au château de Plessis-les-Tours. Sous le règne de Charles VIII, l'Ordre des Minimes prend un développement considérable : en 1489, le roi fait bâtir les couvents de Tours et d'Amboise qu’il dote de précieux privilèges ; A Rome, il donne aux Frères minimes la maison de la Très-Sainte-Trinité, sur la colline des Jardins ; la reine Anne de Bretagne fonde, à Chaillot, le couvent royal de Notre-Dame-de-Toutes-les-Grâces et un monastère à Gien.
Après la mort de Charles VIII, saint François de Paule, âgé de quatre-vingt-deux ans, veut retourner en Calabre pour revoir sa maison familiale, les arbres à l'ombre desquels il a tant prié, le premier couvent dont il a, de ses mains, posé les pierres sur les pierres. Louis XII y consent, mais, dit le père Hilarion de Coste, dès que cette nouvelle fut sue à la cour, plusieurs princes et seigneurs, entre autres Georges d'Amboise, archevêque de Rouen, remontrèrent à Sa Majesté que l'abs
mercredi, 02 avril 2025 | Lien permanent | Commentaires (1)
3 avril. Saint Richard de Wyche, évêque de Chichester. 1253.
Thomas a Kempis, Doct. juv., c., V.

Saint Richard encore jeune et gagnant sa vie comme valet de ferme.
Gravure de Jacques Callot. XVIIe.
Né en 1197, saint Richard de Wych était le second fils de Richard Backedine et Alice de Wyche. Son père mourut alors qu'il était encore jeune et, entre les mains d'un tuteur incompétent, la propriété familiale fut rapidement menée à la ruine. Après la mort de leur mère, le frère aîné de notre Saint fut longtemps retenu en prison pour dettes. Richard travailla généreusement à sa délivrance ; mais il s'appauvrit lui-même au point d'être obligé de gagner sa vie comme valet de ferme.
Bientôt il put aller à Paris continuer les bonnes études qu'il avait déjà faites dans sa jeunesse. Il se lia d'amitié avec deux amis choisis, aussi pauvres que lui ; ils n'avaient qu'un manteau à tous les trois et se voyaient obligés de n'aller prendre leurs leçons que l'un après l'autre. Leur nourriture était plus que frugale, un peu de pain et de vin leur suffisait, et ils ne mangeaient de chair ou de poisson que le dimanche. Cependant Richard assura depuis que ce fut là pour lui le beau temps, tant il était absorbé par la passion de l'étude. Ses succès furent prompts et remarquables, si bien qu'à son retour en Angleterre il professa fort brillamment à l'Université d'Oxford.
Son enseignement et sa sainteté étaient si réputés qu'Edmond Rich, devenu archevêque de Cantorbery, et Robert Grosseteste, évêque de Lincoln, lui proposèrent tous deux le poste de chancelier de leur diocèse respectif. Richard accepta l'offre de l'archevêque et devint un ami intime de saint Edme.
Richard approuva la position de l'archevêque qui s'opposa au roi Henri III sur la question des sièges vacants en lui reprochant de garder des diocèses sans évêques aussi longtemps que possible (parce que tant que les sièges épiscopaux étaient vacants, leurs revenus allaient à la Couronne).

Statue de saint Richard.
Richard accompagna saint Edme dans son exil à l'abbaye de Pontigny (près d'Auxerre), s'occupa de lui dans sa maladie et était présent au prieuré Notre-Dame à Soisy (aujourd'hui Soisy-Bouy, près de Provins) quand il mourut le 16 novembre 1240.
Saint Richard étudia ensuite la théologie chez les dominicains à Orléans, fut ordonné prêtre en 1243 et, après avoir fondé une chapelle en l'honneur de saint Edme, revint en Angleterre où il devint curé de Deal et recteur de Charring.
Il fut ensuité persuadé par Boniface de Savoie, nouvel archevêque de Cantorbery, de reprendre son poste de chancelier.
En 1244, Ralph Neville, évêque de Chichester, mourut. L'élection au siège vacant de Robert Passelewe, archidiacre de Chichester, fut invalidée par Boniface à un synode de ses suffragants, le 3 juin 1244, et, sur sa recommandation, le chapitre élut Richard, choix immédiatement confirmé par l'archevêque.
Henri III était indigné, car Robert Passelewe était un de ses favoris, et il refusa de rendre à Richard les revenus de son siège. Le saint plaida sa cause auprès du pape Innocent IV, qui le consacra personnellement à Lyon, le 5 mars 1245, et le renvoya en Angleterre.
Mais Henri était intraitable. Sans toit dans son propre diocèse, Richard dépendait de la charité de son clergé. Enfin, en 1246, Henri fut amené par les menaces du pape à restituer à Richard les revenus du diocèse. Comme évêque, Richard vivait dans une grande austérité, offrant la plupart de ses revenus comme aumônes.
Richard constitua un grand nombre de statuts qui réglent de manière détaillée la vie du clergé, la célébration du service divin, l'administration des sacrements, les privilèges de l'église. Chaque prêtre du diocèse devait se procurer une copie de ces statuts et les amener au synode diocésain.
Devenu désormais libre dans l'exercice de son ministère, il se fit remarquer par sa grande condescendance pour les petits et par sa miséricorde pour les pauvres. Comme on lui disait que ses dépenses excédaient ses revenus :
" Il vaut mieux, dit-il, vendre son cheval et sa vaisselle d'argent que de laisser souffrir les pauvres, membres de Jésus-Christ."
Un jour, distribuant du pain, il en eut assez pour contenter trois mille pauvres, et il lui en resta pour cent autres qui survinrent après. Ces multiplications merveilleuses se renouvelèrent plusieurs fois. Il honorait les religieux et les embrassait souvent :
" Qu'il est bon, disait-il, de baiser les lèvres qui exhalent l'encens des saintes prières offertes au Seigneur !"
Pour améliorer l'entretien de sa cathédrale, Richard institua une quête annuelle qui devait être faite dans chaque paroisse à Pâques ou à la Pentecôte. Il encouragea les ordres mendiants, en particulier les dominicains.
En 1250, Richard fut l'un des collecteurs de la levée de fonds pour les croisades et deux ans plus tard le roi le nomma pour prêcher la croisade à Londres. Il fit des efforts acharnés pour soulever l'enthousiasme pour la cause dans les diocèses de Chichester et Cantorbery, et alors qu'il était en route pour Douvres, où il devait consacrer une nouvelle église dédiée à saint Edme, il tomba malade. En arrivant à Douvres, il alla dans un hôpital appelé la " Maison Dieu ", procéda à la cérémonie de consécration le 2 avril.
Saint Richard mourut le matin suivant en baisant le Crucifix et en invoquant Marie contre les ennemis du salut.
Son corps fut ramené à Chichester et enterré dans la cathédrale. Il fut solennellement canonisé par Urbain IV dans l'église franciscaine de Viterbe en 1262 et le 20 février le pape autorisa le transfert de ses reliques dans un nouveau tombeau. Mais l'état troublé du pays empêcha que cela se fît jusqu'au 16 juin 1276, quand le tranfert fut effectué par l'archevêque Kilwardby en présence d'Édouard Ier. Ce tombeau fut violé, outragé et détruit lors de la prétendue réforme par ses féroces sectateurs. Rien ne prouve qu'il s'agit de l'autel très restauré dans le transept sud qui est maintenant couramment assigné à saint Richard, et on n'a connaissance d'aucune relique.
jeudi, 03 avril 2025 | Lien permanent