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jeudi, 21 décembre 2023

21 décembre. Saint Thomas de Galilée, Apôtre, martyr à Méliapour, dans les Indes. Ier siècle.

- Saint Thomas de Galilée, Apôtre, martyr à Méliapour, dans les Indes. Ier siècle.

Pape : Saint Ckément. Empereur romain : Domitien.

" L'infidélité de saint Thomas en a fait un témoin irréprochable de la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ ; la foi de saint Thomas, devenue plus vive et plus courageuse après son infidélité, en a fait un prédicateur zélé et un glorieux martyr de la résurrection."
Du Jarry, Essai de panégyriques.


Saint Thomas. Georges de La Tour. XVIe.

Voici la dernière Fête que va célébrer l'Eglise avant celle de la Nativité de son Seigneur et Epoux. Elle interrompt les Féries majeures pour honorer Thomas, Apôtre du Christ, et dont le glorieux martyre, consacrant à jamais ce jour, procura au peuple chrétien un puissant introducteur auprès du divin Messie. Il appartenait à ce grand Apôtre de paraître sur le Cycle dans les jours où nous sommes, afin que sa protection aidât les fidèles à croire et à espérer en ce Dieu qu'ils ne voient pas encore, et qui vient à eux sans bruit et sans éclat, afin d'exercer leur Foi.


L'infidélité de saint Thomas. Cima da Conegliano. XVe.

Saint Thomas douta un jour, et ne comprit le besoin de la Foi qu'après avoir passé parles ombres de l'incrédulité : il est juste qu'il vienne maintenant en aide aux enfants de l'Eglise, et qu'il les fortifie contre les tentations qui pourraient leur survenir de la part d'une raison orgueilleuse. Adressons-nous donc à lui avec confiance ; et du sein de la lumière où son repentir et son amour l'ont placé, il demandera pour nous la docilité d'esprit et de cœur qui nous est nécessaire pour voir et pour reconnaître Celui qui fait l'attente des nations, et qui, destiné à régner sur elles, n'annoncera son arrivée que par les faibles vagissements d'un enfant, e. non par la voix tonnante d'un maître. Mais lisons d'abord le récit des Actes de notre saint Apôtre. L'Eglise a jugé à propos de nous le présenter sous la forme la plus abrégée, dans la crainte de mêler quelques détails fabuleux aux faits incontestables que les sources authentiques nous fournissent.


Saint Thomas et saint Mathieu. Robert Malnoury.
Cathédrale Saint-Gatien. Tours. XVIIe.

Thomas signifie abyme, ou jumeau, en grec Dydime : ou bien il vient de thomos qui veut dire division, partage. Il signifie abyme, parce qu'il mérita de sonder les profondeurs de la divinité, quand, à sa question, Notre Seigneur Jésus-Christ répondit :
" Je suis la voie, la vérité et la vie."

On l’appelle Dydime pour avoir connu de deux manières la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les autres en effet, connurent le Sauveur en le voyant, et lui, en le voyant et en le touchant. Il signifie division, soit parce qu'il sépara son âme de l’amour des choses du monde, soit parce qu'il se sépara des autres dans la croyance à la résurrection.

On pourrait dire encore qu'il porte le nom de Thomas, parce qu'il se laissa inonder tout entier par l’amour de Dieu.
Il posséda ces trois qualités qui distinguent ceux qui ont cet amour et que demande Prosper au livre de la vie contemplative : Aimer Dieu, qu'est-ce ? Si ce n'est concevoir au fond du coeur un vif désir de voir Dieu, la haine du péché et le mépris du monde. Thomas pourrait encore venir de Theos, Dieu, et meus, mien, c'est-à-dire, mon Dieu, par rapport à ces paroles qu'il prononça lorsqu'il fut convaincu, et eut la foi :
" Mon Seigneur et mon Dieu."


L'infidélité de saint Thomas. Andrea del Verrocchio. XVe.

L'apôtre Thomas était à Césarée quand le Seigneur lui apparut et lui dit :
" Le roi des Indes Gondoforus a envoyé son ministre Abanès à la recherche d'un habile architecte. Viens et je t'adresserai à lui." (On a des médailles de Gondoforus).
" Seigneur, répondit Thomas, partout où vous voudrez, envoyez-moi, excepté aux Indes."
Dieu lui dit :
" Va sans aucune appréhension, car je serai ton gardien. Quand tu auras converti les Indiens, tu viendras à moi avec la palme du martyre."
Et Thomas lui répondit :
" Vous êtes mon maître, Seigneur, et moi votre serviteur : que votre volonté soit faite."
Comme le prévôt ou l’intendant se promenait sur la place, le, Seigneur lui dit :
" Que vous faut-il, jeune homme ?
- Mon maître, dit celui-ci, m’a envoyé pour lui ramener des ouvriers habiles en architecture, qui lui construisent un palais à la romaine."
Alors le Seigneur lui offrit Thomas comme un homme très capable en cet art.


Saint Thomas, architecte. Nicolaes Maes. XVIIe.

Ils s'embarquèrent, et arrivèrent à une ville où le roi célébrait le mariage de sa fille. Il avait fait annoncer que tous prissent part à la noce, sous peine d'encourir sa colère. Abanès et l’apôtre s'y rendirent. Or, une jeune fille juif, qui tenait une flûte à la main, adressait quelques paroles flatteuses à chacun. Quand elle vit l’apôtre, elle reconnut qu'il était juif parce qu'il ne mangeait point et qu'il tenait les yeux fixés vers le ciel. Alors elle se mit à chanter en hébreu devant lui :
" C'est le Dieu des Hébreux qui seul a créé l’univers, et creusé les mers." Et l’apôtre voulait lui faire répéter ces mêmes paroles.

L'échanson remarquant qu'il ne mangeait ni ne buvait, mais tenait constamment les yeux vers le ciel, donna un soufflet à l’apôtre de Dieu.
" Mieux vaudrait pour toi d'être épargné plus tard, lui dit l’apôtre, et d'être puni ici-bas d'un châtiment passager. Je ne me lèverai point que la main qui m’a frappé n'ait été ici même apportée par les chiens."
Or, l’échanson étant allé puiser de l’eau à ta, fontaine, un lion l’étrangla et but son sang. Les chiens déchirèrent son cadavre, et l’un d'eux, qui était noir, en apporta la main droite au milieu du festin. A cette vue toute la foule fut saisie, et la pucelle se rappelant ses paroles, jeta sa flûte et vint se prosterner aux pieds de l’apôtre.


Saint Thomas au repas de noce.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Cette vengeance est blâmée par saint Augustin dans son livre contre Fauste où il déclare qu'elle a été intercalée ici par un faussaire ; aussi cette légende est tenue pour suspecte en bien des points. On pourrait dire néanmoins, que ce ne fut pas une vengeance mais une prédiction. En examinant au reste avec soin les paroles de saint Augustin, cette action ne paraît pas improuvée tout à fait. Or voici ce qu'il dit dans le même livre :
" Les Manichéens se servent de livres apocryphes, écrits sous le nom des apôtres, je ne sais par quels compilateurs de fables. Au temps de leurs auteurs, il auraient joui de quelque autorité dans l’Église, si de saints docteurs qui vivaient alors et qui pouvaient les examiner en eussent reconnu l’authenticité. Ils racontent donc que l’apôtre Thomas se trouvant à un repas de noces comme pèlerin inconnu, il avait été frappé de la main d'un serviteur contre lequel il aurait exprimé aussitôt le souhait d'une cruelle vengeance. Car cet homme, étant sorti afin d'aller puiser de l’eau à une fontaine pour les convives, aurait été tué par un lion qui se serait jeté sur lui ; et la main qui avait frappé légèrement la figure de l’apôtre, arrachée du corps d'après son voeu et ses imprécations, aurait été apportée par un chien sur la table où l’apôtre était placé. Peut-on voir quelque chose de plus cruel ?

Or, si je ne me trompe, cela veut dire qu'en obtenant son pardon pour la vie future, il y eut une certaine compensation par un plus grand service qu'il lui rendait. L'apôtre, chéri et honoré de Dieu, était, par ce moyen, rendu recommandable et à ceux qui ne le connaissaient pas et à celui en faveur duquel il obtenait la vie éternelle à la place d'une vie qui devait finir. Il m’importe peu si ce récit est vrai ou faux : ce qu'il y a de certain, c'est que les Manichéens, qui reçoivent comme vraies et sincères ces écritures que le canon de l’Église rejette, sont du moins forcés d'avouer que la vertu de patience enseignée par le Seigneur lorsqu'il dit que " si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, présentez-lui la gauche ", peut exister réellement au fond du coeur, quand bien même on n'en ferait pas montre par ses gestes et ses paroles, puisque l’apôtre, qui avait été souffleté, pria le Seigneur d'épargner l’insolent dans la vie future, en ne laissant pas sa faute impunie ici-bas, plutôt que de lui présenter l’autre joue ou de l’avertir de le frapper une seconde fois. Il avait l’amour de la charité intérieurement, et extérieurement il réclamait une correction qui servit d'exemple.


Saint Thomas au repas de noce.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.

Que ceci soit vrai ou que ce ne soit qu'une fable, pourquoi refuseraient-ils de louer dans l’apôtre ce qu'ils approuvent dans le serviteur de Dieu Moïse qui égorgea les fabricateurs et les adorateurs d'une idole.
Si nous comparons les châtiments, être tué par le glaive ou être déchiré sous la dent des bêtes féroces, c'est chose semblable, puisque les juges, d'après les lois publiques, condamnent îles grands coupables à périr ou sous la dent des bête, ou bien par l’épée."

Voilà ce que dit saint Augustin.

Alors l’apôtre, sur la demande du roi, bénit l’époux et l’épouse en disant :
" Accordez, Seigneur, la bénédiction de votre droite à ces jeunes gens, et semez au fond de leurs coeurs les germes féconds de la vie."
Quand l’apôtre se retira, l’époux se trouva tenir une branche chargée de dattes. Les époux après avoir mangé de ces fruits s'endormirent tous deux et eurent le même songe. Il leur semblait qu'un roi couvert de pierreries les embrassait en disant :
" Mon apôtre vous a bénis pour que vous ayez part à la vie éternelle."
S'étant éveillés ils se racontaient l’un à l’autre leur songe, quand l’apôtre se présenta, il leur dit :
" Mon roi vient de vous apparaître, il m’a introduit ici les portes fermées, pour que ma bénédiction vous profitât. Gardez la pureté du corps, c'est la reine de toutes lesvertus et le salut éternel en est le fruit. La virginité est la sueur des Anges, comble de biens, elle donne la victoire sur les passions mauvaises, c'est le trophée de la foi, la fuite des démons et le gage des joies éternelles. La luxure engendre la corruption, de la corruption naît la souillure, de la souillure vient la culpabilité, et la culpabilité produit la confusion."
Pendant qu'il exposait ces maximes, apparurent deux anges qui leur dirent :
" Nous sommes envoyés pour être vos anges gardiens : si vous mettez en pratique les avis de l’apôtre avec fidélité, nous offrirons tous vos souhaits à Dieu."
Alors Thomas les baptisa et leur enseigna chacune des vérités de la foi. Longtemps après, l’épouse, nommée Pélage, se consacra à Dieu en prenant le voile, et l’époux, qui s'appelait Denys, fut ordonné évêque de cette ville.


L'infidélité de saint Thomas.
Le Caravage (Michelangelo Merisi). XVIe.

Après cela, Thomas et Abanès allèrent chez le roi des Indes. L'apôtre traça le plan d'un palais magnifique : le roi, après lui avoir remis de considérables trésors, partit pour une autre province. L'apôtre distribua aux pauvres le trésor tout entier. Pendant les deux ans que dura l’absence du roi, Thomas se livra avec ardeur à la prédication et convertit à la foi un monde innombrable. A son retour, le roi s'étant informé de ce qu'avait fait Thomas, l’enferma avec Abanès au fond d'un cachot, en attendant qu'on les fit écorcher et livrer aux flammes.

Sur ces entrefaites, Gab, frère du roi, meurt. On se préparait à lui élever un tombeau magnifique, quand le quatrième jour, le mort ressuscita ; tout le monde effrayé fuyait sur ses pas ; alors il dit à son frère :
" Cet homme, mon frère, que tu te disposais à faire écorcher et brûler, c'est un ami de Dieu et tous les anges lui obéissent. Ceux qui me conduisaient en paradis me montrèrent un palais admirable bâti d'or, d'argent et, de pierres précieuses ; j'en admirais la beauté, quand ils me dirent :
" C'est le palais que Thomas avait construit pour ton frère."
Et comme je disais :
" Que n'en suis-je le portier !"
Ils ajoutèrent alors :
" Ton frère s'en est rendu indigne ; si donc tu veux y demeurer, nous prierons le Seigneur de vouloir bien te ressusciter afin que tu puisses l’acheter à ton frère en lui remboursant l’argent qu'il pense avoir perdu."


L'infidélité de saint Thomas. Ivoire. XIIe.

En parlant ainsi, il courut à la prison de l’apôtre, le priant d'avoir de l’indulgence pour son frère. Il délia ses chaînes et le pria de recevoir un vêtement précieux.
" Ignores-tu, lui répondit l’apôtre, que rien de charnel, rien de terrestre n'est estimé de ceux qui désirent avoir puissance en choses célestes ?"
Il sortait de la prison quand le roi, qui venait au-devant de lui, se jeta à ses pieds en lui demandant pardon.
Alors l’apôtre dit :
" Dieu t'a accordé une grande faveur que de te révéler ses secrets. Crois en Notre Seigneur Jésus-Christ et reçois le baptême pour participer au royaume éternel."
Le frère du roi lui dit :
" J'ai vu le palais que tu avais bâti pour mon frère et il me ferait plaisir de l’acheter." L'apôtre repartit : « Cela est au pouvoir de ton frère. » Et le roi lui dit :
" Je le garde pour moi : que l’apôtre t'en bâtisse un autre, ou bien s'il ne le peut, nous le posséderons en commun."
L'apôtre répondit :
" Ils sont innombrables dans le ciel, les palais préparés aux élus depuis le commencement du monde ; on les achète par les prières et au prix de la foi et des aumônes. Vos richesses peuvent vous y précéder, mais elles ne sauraient vous y suivre."

Un mois après, l’apôtre ordonna de rassembler tous les pauvres de cette province, et quand ils furent réunis, il en sépara les malades et les infirmes, fit une prière sur eux. Et après que ceux qui avaient été instruits eurent répondu " Amen ", un éclair parti du ciel éblouit aussi bien l’apôtre que les assistants pendant une demi-heure, au point que tous se croyaient tués par la foudre ; mais Thomas se leva et dit :
" Levez-vous, car mon Seigneur est venu comme la foudre et vous a guéris."


Saint Thomas prêchant. Livre des merveilles. Paris. XVe.

Tous se levèrent alors guéris et rendirent gloire à Dieu et à l’apôtre. Thomas s'empressa de les instruire et leur démontra les douze degrés des vertus :
- Le 1er, c'est de croire en Dieu, qui est un en essence et triple en personnes ; il leur donna trois exemples sensibles pour prouver que dans une essence, il y a trois personnes. Le 1er est que dans l’homme il y a une sagesse et d'elle seule et unique procèdent intelligence, mémoire et génie. Par ce génie, dit-il, vous découvrez ce que vous n'avez pas appris ; par la mémoire, vous retenez ce que vous avez appris et avec l’intelligence vous comprenez ce qui peut être démontré et enseigné.
Le 2e est que dans une vigne il se trouve trois parties : le bois, les feuilles et le fruit et ces trois ensemble font une seule et même vigne.
Le 3e est qu'une tête contient quatre sens, savoir : la vue, le goût, l’ouïe et l’odorat ; ce qui est multiple et ne fait cependant qu'une tête.
- Le 2e degré est de recevoir le baptême.
- Le 3e est de s'abstenir de la fornication.
- Le 4e c'est de fuir l’avarice.
- Le 5e de se préserver de la gourmandise.
- Le 6e de vivre dans la pénitence.
- Le 7e de persévérer dans ces bonnes Oeuvres.
- Le 8e d'aimer à pratiquer l’hospitalité.
- Le 9e de chercher et de faire la volonté de Dieu dans ses actions.
- Le 10e de rechercher ce que la volonté de Dieu défend et de l’éviter.
- Le 11e de pratiquer la charité envers ses amis comme envers ses ennemis.
- Le 12e d'apporter un soin vigilant à garder ces degrés.

Après cette prédication furent baptisés neuf mille hommes, sans compter les enfants et les femmes. De là Thomas alla dans l’Inde supérieure, où il se rendit célèbre par un grand nombre de miracles. L'apôtre donna la lumière de la foi à Sintice, qui était amie de Migdomie, épouse de Carisius, cousin du roi et Migdomie dit à Sintice :
" Penses-tu que je le puisse voir ?"
Alors Migdomie, de l’avis de Sintice, changea de vêtement et vint se joindre aux pauvres femmes dans le lieu où l’apôtre prêchait.
Or le saint se mit à déplorer la misère de la vie et dit entre autres choses que cette vie est misérable, qu'elle est fugitive et sujette aux disgrâces ! Quand on croit la tenir, elle s'échappe et se disloque, et il commença à exhorter par quatre raisons à écouter volontiers la parole de Dieu, qu'il compara à quatre sortes de choses, savoir :
- à un collyre, parce qu'elle éclaire l’œil de notre intelligence ;
- à une potion, parce qu'elle purge et purifie notre affection de tout amour charnel ;
- à un emplâtre, en ce qu'elle guérit les blessures de nos péchés ;
- à la nourriture, parce qu'elle nous fortifie dans l’amour des choses célestes.
 
" Or de même, ajouta-t-il, que ces objets ne font de bien à un malade qu'autant qu'il les prend, de même la parole de Dieu ne profite pas à une âme languissante si elle ne l’écoute avec dévotion."

L'infidélité de saint Thomas.
Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.

Or tandis que l’apôtre prêchait, Migdomie crut et dès lors elle eut horreur de partager la couche de son mari. Mais Carisius demanda au roi et obtint que l’apôtre fût mis en prison. Migdomie l’y vint trouver et le pria de lui pardonner d’avoir été emprisonné par rapport à elle. Il la consola avec bonté et l’assura qu'il souffrait tout de bon coeur. Or Carisius demanda au roi d'envoyer la reine, soeur de sa femme, pour qu'elle tâchât de la ramener, s'il était possible. La reine fut envoyée et convertie par celle qu'elle voulait pervertir ; après avoir vu tant de prodiges opérés par l’apôtre :
" Ils sont maudits de Dieu, dit-elle, ceux qui ne croient pas à de si grands miracles et à de pareilles oeuvres."
Alors l’apôtre instruisit brièvement tous les auditeurs sur trois points, savoir : d'aimer l’Église, d'honorer les prêtres et de se réunir assidûment pour écouter la parole de Dieu.
La reine étant revenue, le roi lui dit :
" Pourquoi être restée si longtemps ?"
Elle répondit :
" Je croyais Migdomie folle et elle est très sage ; en me conduisant à l’apôtre de Dieu, elle m’a fait connaître la voie de la vérité et ceux-là sont bien insensés qui ne croient pas en Jésus-Christ."

Or la reine refusa d'avoir désormais commerce avec le roi. Celui-ci, stupéfait, dit à son parent :
" En voulant recouvrer ta femme, j'ai perdu la mienne qui se comporte envers moi de pire façon que ne fait la tienne à ton égard."
Alors le roi ordonna de lier les mains de l’apôtre, le fit amener en sa présence et lui enjoignit de ramener leurs femmes à leurs maris. Mais l’apôtre lui démontra par trois exemples qu'elles ne le devaient pas faire, tant qu'ils persisteraient dans l’erreur, savoir par l’exemple du roi, l’exemple de la tour et l’exemple de la fontaine :
" D'où vient, dit-il, que vous, qui êtes roi, vous ne voudriez pas que votre service se fit d'une manière sale et que vous exigez la propreté dans vos serviteurs et dans vos servantes ? Combien plus devez-vous croire que Dieu exige un service très chaste et très propre ? Pourquoi me faire un crime de prêcher aux serviteurs de Dieu de l’aimer, quand vous désirez la même chose dans les vôtres ?
J'ai élevé une tour très haute et vous me dites, à moi qui l’ai bâtie, de la détruire ?
J'ai creusé profondément la terre et fait jaillir une, fontaine de l’abîme et vous me dites de la combler ?"



Martyre de saint Thomas. Bernaert van Orley. XVe.

Le roi, en colère, fit apporter des lames de fer brûlantes et placer l’apôtre nu-pieds sur elles ; mais aussitôt, par l’ordre de Dieu, une fontaine surgit en cet endroit-là même et les refroidit.
Alors le roi, d'après le conseil de son parent, fit jeter Thomas dans une fournaise ardente, qui s'éteignit, de telle sorte que le lendemain il en sortit sain et frais.
Carisius dit au roi :
" Fais-lui offrir un sacrifice au soleil, afin qu'il encoure la colère de son Dieu qui le préserve."
Comme on pressait l’apôtre de le faire, il dit au roi :
" Tu vaux mieux que ce que tu fais exécuter, puisque tu négliges le vrai Dieu pour honorer une image. Tu penses, comme te l’a dit Carisius, que Dieu s'irritera contre moi quand j'aurai adoré ton dieu ; il sera bien plus irrité contre ton idole, car il la brisera : adore-le donc. Que si en adorant ton Dieu, le mien ne le renverse pas, je sacrifie à l’idole ; mais s'il en arrive ainsi que je le dis, tu croiras à mon Dieu."
Le roi lui dit :
" Tu me parles comme à un égal."
Alors l’apôtre commanda en langue hébraïque au démon renfermé dans l’idole, qu'aussitôt qu'il aurait fléchi le genou devant lui, à l’instant il brisât l’idole. Or l’apôtre, en fléchissant le genou, dit :
" Voici que j'adore, mais ce n'est pas l’idole ; voici que j'adore, mais ce n'est pas le métal ; voici que j'adore, mais ce n'est pas un simulacre, car Celui que j'adore, c'est mon Seigneur Jésus-Christ, au nom duquel je te commande, démon, qui te caches dans cette image, de la briser."
Et aussitôt elle disparut comme une cire qui se fond.


Saint Thomas devant l'idole.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Tous les prêtres poussèrent des hurlements et le pontife du temple saisit un glaive avec lequel il perça l’apôtre en disant :
" C'est moi qui tirerai vengeance de l’affront fait à mon Dieu."
Pour le roi et Carisius, ils s'enfuirent en voyant le peuple s'apprêtant à venger l’apôtre et à brûler vif le pontife. Les chrétiens emportèrent le corps du saint et l’ensevelirent honorablement. Longtemps après, c'est-à-dire environ l’an 230, il fut transporté en la ville d'Edesse, qui s'appelait autrefois Ragès des Mèdes. Ce fut l’empereur Alexandre qui le fit à la prière des Syriens. Or, en cette ville, aucun hérétique, aucun juif, aucun Païen n'y peut vivre, pas plus qu'aucun tyran ne saurait y faire de mal, depuis que Abgare, roi de cette cité, eut l’honneur de recevoir une lettre écrite de la main du Sauveur (Eusèbe rapporte au Ier livre de son Histoire ecclésiastique et la lettre d'Abgare et la réponse de Notre Seigneur Jésus-Christ. (chap. XIII). Il a pris, dit-il, ces deux pièces dans les archives d'Edesse).

Car aussitôt que l’ennemi vient attaquer cette ville, un enfant baptisé, debout sur la porte, lit cette lettre et le jour même, tant par l’écrit du Sauveur, que par les mérites de l’apôtre Thomas, les ennemis sont mis en fuite ou font la paix. Voici ce que dit de cet apôtre Isidore, dans son livre de la vie et de la mort des saints :
" Thomas, disciple et imitateur de Notre Seigneur Jésus-Christ, fut incrédule en entendant et fidèle en voyant. Il prêcha l’Évangile aux Parthes, aux Mèdès, aux Perses, aux Hircaniens et aux Bactriens : en entrant dans l’Orient et en pénétrant dans l’intérieur du pays, il prêcha jusqu'à l’heure de son martyre. Il fut percé à coups de lances."
 
Ainsi parle Isidore (Isidore raconte des faits conformes à cette légende). Et saint Jean Chrysostome dit, de son côté, que quand Thomas fut arrivé au pays des Mages qui étaient venus adorer Notre Seigneur Jésus-Christ, il les baptisa, puis ils devinrent ses coadjuteurs dans l’établissement de la foi chrétienne.

GRANDE ANTIENNE DE SAINT THOMAS

" Ô Thomas Didyme ! vous qui avez mérité de voir le Christ, nous faisons monter vers vous nos prières à haute voix ; secourez-nous dans notre misère ; afin que nous ne soyons pas condamnés avec les impies, en l'Avènement du Juge."

Infidélité de saint Thomas. Sermons. Maurice de Sully. Italie. XIVe.

HYMNE DE SAINT THOMAS

Tirée des Menées des Grecs :

" Quand ta main toucha le côté du Seigneur, tu trouvas le comble de tous les biens ; car ainsi qu'une éponge mystique, tu en exprimas de célestes liqueurs, tu y puisas la vie éternelle, bannissant toute ignorance dans les âmes, et faisant couler comme de source les dogmes divins de la connaissance de Dieu.

Par ton incrédulité et par ta foi tu as rendu stables ceux qui étaient dans la tentation , en proclamant le Dieu et Seigneur de toute créature, incarné pour nous sur cette terre, crucifié, soumis à la mort, percé de clous, et dont le côté fut ouvert par une lance, afin que nous y puisions la vie.

Tu as fais resplendir la terre des Indiens d'un vif éclat, Ô très saint Apôtre, contemplateur de la divinité ! Après avoir illuminé ces peuples et les avoir rendus enfants de la lumière et du jour, tu renversas les temples de leurs idoles par la vertu de l'Esprit-Saint, et tu les fis s'élever, Ô très prudent, jusqu'à la charité de Dieu, pour la louange et la gloire de l'Eglise, Ô bienheureux intercesseur de nos âmes !

Ô contemplateur des choses divines, tu fus la coupe mystique de la Sagesse du Christ ! Ô Thomas Apôtre, en qui se réjouissent les âmes des fidèles ! Tu retiras les peuples de l'abime de l'ignorance avec les filets du divin Esprit : c'est pourquoi, tu as coulé, semblable à un fleuve de charité, répandant sur toute créature comme une source d'eau vive les enseignements divins. Percé aussi de la lance en ton propre côté, tu as imité la Passion du Christ, et tu as revêtu l'immortalité : supplie-le d'avoir pitié de nos âmes."


Saint Thomas. Albrecht Dürer. XVIe.

PRIERE

" Glorieux Apôtre Thomas, vous qui avez amené au Christ un si grand nombre de nations infidèles, c'est à vous maintenant que s'adressent les âmes fidèles, pour que vous les introduisiez auprès de ce même Christ qui, dans cinq jours, se sera déjà manifesté à son Eglise. Pour mériter de paraître en sa divine présence, nous avons besoin, avant toutes choses, d'une lumière qui nous conduise jusqu'à lui. Cette lumière est la Foi : demandez pour nous la Foi.

Un jour, le Seigneur daigna condescendre à votre faiblesse, et vous rassurer dans le doute que vous éprouviez sur la vérité de sa Résurrection ; priez, afin qu'il daigne aussi soutenir notre faiblesse, et se faire sentir à notre cœur. Toutefois, Ô saint Apôtre, ce n'est pas une claire vision que nous demandons, mais la Foi simple et docile ; car Celui qui vient aussi pour nous vous a dit en se montrant à vous :

" Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui cependant ont cru !"

Nous voulons être du nombre de ceux-là. Obtenez-nous donc cette Foi qui est du cœur et de la volonté, afin qu'en présence du divin Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, nous puissions nous écrier aussi : Mon Seigneur et mon Dieu ! Priez, Ô saint Apôtre, pour ces nations que vous avez évangélisées, et qui sont retombées dans les ombres de la mort. Que le jour vienne bientôt où le Soleil de justice luira une seconde fois pour elles. Bénissez les efforts des hommes apostoliques qui consacrent leurs sueurs et leur sang à l'œuvre des Missions ; obtenez que les jours de ténèbres soient abrégés, et que les régions arrosées de votre sang voient enfin commencer le règne du Dieu que vous leur avez annoncé et que nous attendons."

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