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dimanche, 11 mai 2025

IIIe dimanche après Pâques.

- Le IIIe dimanche après Pâques.

LE PATRONAGE DE SAINT JOSEPH

 
Saint Joseph. Détail. Josse Lieferinxe. XVe.


La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd'hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Eglise nous propose de donner la journée au culte de l'Epoux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l'Eglise universelle. Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n'est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s'agit d'ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l'appui de tous ceux qui l'invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Eglise se propose aujourd'hui, dans l'intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun.

La dévotion à saint Joseph avait été réservée pour ces derniers temps. Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l'Evangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l'Eglise ; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l'économie du mystère de l'Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu'ils auraient voulu lui rendre ; mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l'Epoux de Marie. L'Orient précéda l'Occident, ainsi qu'il est arrivé d'autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph ; mais au XVe siècle l'Eglise latine l'avait adopté tout entière ; et depuis lors il n'a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques. Les grandeurs de saint Joseph ont été exposées au 19 mars ; le but de la présente fête n'est pas de revenir sur cet inépuisable sujet. Elle a son motif spécial d'institution qu'il est nécessaire de faire connaître.

La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s'unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l'étincelle de vie surnaturelle qu'il doit conserver jusqu'au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. A partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l'Eglise elle-même nous en rend témoignage (Frigescente mundo. Oraison de la fête des Stigmates de saint François.) , chaque époque a vu s'ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d'abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la Procession solennelle, les Expositions, les Saluts, les Quarante Heures. Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l'influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe fut promulgué le culte du sacré Cœur de Jésus, qui s'établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suspendus parles préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l'Immaculée Conception, préparé et attendu dans des siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l'Incarnation, l'une comme Mère du Fils de Dieu, l'autre comme gardien de l'honneur de la Vierge et Père nourricier de l'Enfant-Dieu, pour que l'on puisse les isoler l'un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très sainte Vierge. Mais la dévotion à l'égard de l'Epoux de Marie n'est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d'un secours nouveau aussi étendu qu'il est puissant, ayant été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu lui-même. Ecoutez le langage inspiré de l'Eglise dans la sainte Liturgie :
" Ô Joseph, l'honneur des habitants du ciel, l'espoir de notre vie ici-bas, le soutien de ce monde !"
(Coelitum, Joseph, decus atque nostrae Certa spes vite, columenque mundi ; Hymne des Laudes de la fête du patronage de saint Joseph).

Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu sur la terre des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas; au ciel, il tient à glorifier celui dont il voulut dépendre, et à qui il confia son enfance avec l'honneur de sa Mère. Il n'est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph ; et la sainte Eglise nous invite aujourd'hui à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l'invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l'âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, qu'il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi de l'Egypte disait à ses peuples affamés : " Allez à Joseph " (Gen. XLI, 55.) ; le Roi du ciel nous fait la même invitation ; et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n'en eut auprès de Pharaon.

Mettons donc notre confiance dans le pouvoir de l'auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n'ont été accumulées qu'afin qu'il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l'Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.

 
Le repentir de saint Joseph. Alessandro Tiarini. XVIIe.


 A LA MESSE

Le troisième Dimanche après Pâques porte, dans L'Eglise grecque, le nom de Dimanche du Paralytique, parce qu'on y célèbre d'une manière particulière la commémoration du miracle que notre Seigneur opéra à la Piscine Probatique.

L'Eglise Romaine commence aujourd'hui, à l'Office des Matines, la lecture de l'Apocalypse de saint Jean.

En cette fête dédiée à saint Joseph comme Protecteur des fidèles, la sainte Eglise, dans l'Introït, nous met à la bouche les paroles dans lesquelles David exprime la confiance qu'il a placée dans la Protection du Seigneur. Saint Joseph est le ministre de cette protection divine, et Dieu nous la promet, si nous nous adressons à son incomparable serviteur.

EPÎTRE

Lecture du livre de la Genèse. Chap. XLIX.


 
La sainte Famille. Ivoire du XIIIe.

 


 " Mon fils Joseph a été élevé en gloire ; sa puissance va toujours croissant ; il est beau et plein de charmes ; les jeunes filles ont couru sur les galeries pour le voir. Mais avant ses grandeurs, ses frères l'avaient poursuivi avec malice, et lui avaient suscité des rixes ; dans leur envie, ils lui lançaient des traits. Mais son arc tendu est demeuré dans sa force ; les chaînes qui liaient ses bras et ses mains ont été déliées par la main du tout-puissant Dieu de Jacob ; et il est sorti de là pour être le pasteur d'un peuple et la force d'Israël. Ô mon fils, le Dieu de ton père sera ton protecteur, le Tout-Puissant te comblera de ses bénédictions du haut du ciel ; le sol que tu habiteras sera arrosé par les sources qui procèdent de l'abîme des eaux, pour être aussi une bénédiction ; et tu seras béni également dans la fécondité des mères. Les bénédictions que répand sur toi ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses aïeux; et elles seront sur toi, jusqu'à ce que s'accomplisse le désir des collines éternelles. Que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph, sur la tète de celui qui est comme le Nazaréen au milieu de ses frères."

Cette magnifique prophétie de Jacob mourant, et révélant à son fils Joseph le sort glorieux qui l'attend dans sa personne et dans ses enfants, vient à propos en ce jour pour nous rappeler les touchantes relations que saint Bernard a si éloquemment relevées entre les deux Joseph. Nous les avons signalées au dix-neuf mars, et le pieux lecteur a pu se convaincre que le premier Joseph fut le type du second. Le vieux Patriarche, après avoir prophétisé la destinée de ses dix premiers enfants, s'arrête avec complaisance sur le fils de Rachel. Après avoir loué sa beauté, il rappelle les persécutions auxquelles il fut en butte de la part de ses frères, et les voies merveilleuses par lesquelles Dieu le délivra de leurs mains, et le conduisit à la puissance. De là Jacob montre ce fils de sa tendresse élevé en gloire, et devenu le type du second Joseph. Qui a mérité plus que l'Epoux de Marie, le Protecteur des fidèles, d'être appelé " le Pasteur d'un peuple et la force d'Israël " ?

Nous sommes tous sa famille : il veille sur nous avec amour ; et dans nos tribulations, nous pouvons appuyer sur lui notre confiance, comme sur un roc inébranlable. L'héritage de saint Joseph est l'Eglise, que les eaux du Baptême arrosent sans cesse et rendent féconde ; c'est là qu'il exerce son pouvoir bienfaisant sur ceux qui se confient en lui. Jacob promet au premier Joseph d'immenses bénédictions, dont l'effet durera jusqu'au jour où le Sauveur promis a descendra des " collines de l'éternité ". Alors commencera le ministère du second Joseph, ministère de secours et de protection, qui durera jusqu'au second avènement du Fils de Dieu. Enfin, si le premier Joseph est présenté dans la prophétie comme Nazaréen, c'est-à-dire consacre à Dieu et saint au milieu de ses frères, le second remplira l'oracle plus littéralement encore ; car non seulement sa sainteté dépassera celle du fils de Jacob, mais sa demeure sera Nazareth. C'est dans cette ville qu'il habitera avec Marie, dans cette ville qu'il reviendra au retour de l'Egypte, dans cette ville qu'il achèvera sa sainte carrière ; enfin pour avoir habité cette ville avec lui, son fils adoptif, Jésus, Verbe éternel, " sera appelé Nazaréen ".

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. III.

 
La sainte Famille. Pietro di Cristoforo Vannucci - Le Pérugin. XVe.


 " En ce temps-là, il advint que dans les jours où tout le peuple venait recevoir le baptême de Jean, Jésus lui-même, ayant été baptise et priant, le ciel s'ouvrit ; et l'Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme visible d'une colombe ; et une voix du ciel parla ainsi :
" Vous êtes mon Fils bien-aimé : en vous j'ai mis mes complaisances."
Et Jésus avait alors environ trente ans, et il était regardé comme le fils de Joseph."


" Jésus était regardé comme le fils de Joseph !"

Ainsi l'amour filial de Jésus pour sa Mère, les égards dus à l'honneur de la plus pure des vierges, allèrent jusqu'à faire accepter au Fils de Dieu, durant trente années, le nom et l'extérieur de fils de Joseph. Joseph s'est entendu appeler père par le Verbe incréé dont le Père est éternel ; il a reçu d'un homme mortel les soins de l'enfance et les aliments dans ses premières années. Joseph a été le chef de la sainte famille de Nazareth, et Jésus a reconnu son autorité. L'économie de la divine incarnation exigeait ces étonnantes relations entre le créateur et la créature. Mais si le Fils de Dieu assis à la droite de son Père a retenu la nature humaine indissolublement unie à sa personne divine, il n'a pas non plus dépouillé les sentiments qu'il professa ici-bas envers les deux autres membres de la famille de Nazareth.

Envers Marie, qui sera éternellement sa Mère dans l'ordre de l'humanité, sa tendresse filiale et ses égards n'ont fait que s'accroître ; mais nous ne pouvons douter que l'affection et la déférence qu'il eut pour son père d'adoption ne soient aussi représentées éternellement dans le cœur de l'Homme-Dieu. Nul mortel n'a eu avec Jésus des rapports aussi intimes et aussi familiers. Joseph, par ses soins paternels envers le fils de Marie, a fait ressentir la reconnaissance au Fils de l'Eternel ; il est juste de penser que des honneurs particuliers et un crédit supérieur dans le ciel ont acquitté cette reconnaissance. Telle est la croyance de l'Eglise, telle est la confiance des âmes pieuses, tel est le motif de l'institution de la solennité d'aujourd'hui.

11 mai. Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.

- Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.

Pape : Saint Simplice. Rois des Francs saliens : Childéric Ier.

" Si les fléaux sont entre les mains de Dieu la verge qui châtie les hommes, la prière est entre les mains de l'homme la force qui peut apaiser Dieu et faire descendre ses bienfaits sur la terre."

Saint Simplice recevant saint Mamert de Vienne.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. R. de Montbaston. XIVe.

L'antiquité nous a laissé peu de détails sur la vie de saint Mamert. Mais il s'est rendu fort célèbre par l'établissement des Rogations. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de ces processions saintes, que l'on fait pour attirer lès bénédictions de Dieu sur les fruits de la terre mais, de son temps, elles étaient presque tombées en désuétude, ou bien se faisaient sans dévotion. Mamert les rétablit, et, y ajoutant la jeûne à la prière, il ordonna qu'on les ferait les trois jours qui précèdent l'Ascension. Cette pieuse réforme fut d'abord reçue de toutes les Églises de France, suivant le décret du premier Concile d'Orléans, tenu sous Clovis le Grand, et le fut ensuite de l’Église de Rome, par l'autorité de Léon III.

Église Sainte-Marie-Madeleine.
Saint-Mamert. Dauphiné. XIe.

Voici à quelle occasion saint Mamert eut cette pieuse pensée : il occupait dignement le siège archiépiscopal de Vienne, dans lequel il avait succédé à saint Simplicius, dans le milieu du Ve siècle. Outre les calamités publiques de toutes les Gaules, qui étaient alors exposées aux irruptions des nation barbares, spécialement des Huns et des Goths, la ville et le pays de Vienne se virent affligés par des malheurs particuliers qui les menaçaient d'une désolation universelle cette ville était souvent ébranlée par de si effroyables tremblements de terre, que ses habitants étaient contraints de l'abandonner, de peur d'être accablés sous ses ruines d'ailleurs, certains feux s'embrasaient sous terre, et, faisant fumer les montagnes et les forêts, en chassaient les cerfs, les ours, les sangliers et les autres bêtes sauvages, qui se sauvaient tout épouvantés dans les bourgs et dans les villes, où leur présence répandait la terreur. Le vigilant pasteur consola, encouragea son peuple par d'éloquents discours : il fit voir dans ces malheurs autant de coups de verges d'un père courroucé, dont-il fallait implorer la clémence par la soumission et par des prières ferventes et continuelles.

Il arriva de plus que, la nuit de Pâques, le feu prit à un édifice public de Vienne, et y continua avec tant de violence, que chacun s'attendait à un embrasement général. Mamert, qui avait déjà opéré des prodiges semblables, se prosterna devant l'autel, et aes larmes, ses prières, arrêtèrent l'incendie. Saint Avite dit expressément que les flammes s'éteignirent d'une manière miraculeuse (Hom. de Rogat.).

Saint Mamert institue les Rogations.
Gravure. XVIIe.

Ce fut dans cette nuit épouvantable que Mamert conçut, devant Dieu, le projet des Rogations, en régla les psaumes et les prières ; il y ajouta le jeûne, la confession des péchés, les larmes, la componction du cœur. Quant au but de ces processions salutaires, le voici, d'après une homélie que l'on croit être de saint Mamert, et qui se trouve parmi les sermons attribués à Eusèbe d'Ephèse :
" Nous y prierons, dit-il, le Seigneur, de nous delivrer de nos infirmités, de détourner ses fléaux de dessus nous, de nous préserver de tout malheur, de nous garantir de la peste, de la grêle, de la sécheresse et de la fureur de nos ennemis ; de nous donner un temps favorable pour la santé des corps et pour la fertilité de la terre, de nous faire jouir de la paix et du calme, et de nous pardonner nos péchés."

Tel est à peu près tout ce que l'on sait de saint Mamert. Saint Avite le nomme son parrain : " Spiritualem a baptismo patrem " (Hom. de Rogat.). Il bâtit à Vienne une nouvelle église en l'honneur de saint Ferréol, martyr, dont il avait transféré le corps, après l'avoir découvert.

Eglise Saint-Pierre. Le sarcophage de saint Mamert y fut
retrouvé en 1860. Aujourd'hui cette antique église est
profanée quotidiennement ; elle abrite un musée...Vienne. VIe.

On voit que saint Mamert fut au concile d'Arles de 475. Entre autres chose pour régler une affaire de préséance entre le siège d'Arles et celui de Vienne. Il mourut, dit-on, en 477. Son corps, inhumé à Vienne, fut ensuite, par l'ordre du pape Jean III et du roi Gontran, transporté à Orléans et déposé en la cathédrale de cette ville, où il était en grande vénération. Les protestants le brûlèrent dans le XVIe siècle.

Cependant, il est à croire que seules une partie des reliques de notre Saint furent transférées, car, en 1860, on découvrit dans l'église Saint-Pierre de Vienne le sarcophage ayant contenu le corps de saint Mamert. Signalons que l'église Saint-Pierre, l'une des plus anciennes églises de France, est aujourd'hui un musée...

Saint Mamert, ou Mamet. Statue. Eglise Saint-Mamet.
Le Monêtier-les-Bains. Hautes-Alpes. XIXe.

LE MOINE MAMERT CLAUDIEN

Saint Mamert avait un frère plus jeune que lui. Ce fut Mamert Claudien, moine, puis prêtre et coopérateur fidèle de l'évêque de Vienne. Il vivait au milieu da Ve siècle et mourut entre 470 et 474. Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. Il était à la fois poète, philosophe et théologien : il pouvait répondre à toutes sortes de questions et combattre toutes les erreurs ; mais sa modestie et sa vertu le rendaient bien plus recommandable encore que son savoir.

Il enseigna au clergé de son frère les saintes Écritures, le chant ecclésiastique et la liturgie, qu'il enrichit de plusieurs hymnes, entre autres de celle du dimanche de la Passion :

" Pange, lingua, gloriosi
Lauream certaminis."


" Redis, Ô ma langue,
Du Christ souffrant le combat glorieux."

Église Saint-Férréol, fondée par saint Mamert.
Saint-Romain-en-Gal. Ce village se trouve au bord du Rhône,
en face de Vienne. Dauphiné. Ve, IXe, XVIIe.

Son ouvrage le plus important est son traité en trois livres sur la Nature de l'âme (T. LIII de la Patrologie de M. l'abbé Migne). Le but de Mamert Claudien est de réfuter Faust de Riez, en Provence, qui niait l'incorporéité des anges et des âmes humaines et n'admettait que l'incorporéité de Dieu. Il dédie son écrit Sidoine Apollinaire, encore laïque. On n'avait point encore si bien raisonné sur la nature du corps, sur celle de l'âme et sur la distinction de ces deux substances. L'auteur y enseigne clairement l'animisme :
" L'âme est la vie du corps en cette vie ; elle est également dans tout le corps et dans chacune de ses parties ; elle n'est point locale, elle est autant dans chaque partie du corps que dans le tout."

Il prouve, par dix syllogismes excellents, que l’Âme est incorporelle. On ne parle guère plus solidement ni plus clairement aujourd'hui que la science psychologique a fait d'incontestables progrès.

samedi, 10 mai 2025

10 mai. Saint Antonin, archevêque de Florence. 1459.

- Saint Antonin, archevêque de Florence. 1459.

Papes : Clément VII ; Pie II. Empereurs d'Allemagne : Wenceslas ; Frédéric III.

" Toutes sortes de biens me sont venu avec elle, et j'ai reçu par ses mains des honneurs et des grâces sans fin."
Saint Antonin appliquant à sa dévotion à la très sainte Vierge Marie, ce que Salomon dit de la Sagesse.

" Si Dieu ne se proposait de mettre en possession de son héritage ceux qui sont éprouvés, Il ne prendrait pas soin de les former par la tribulation."
Saint Antonin de Florence.

Saint Antonin. Buste. Cloître du couvent Saint-Marc.
Florence. Grand duché de Toscane. XVIe.

Saint Antonin, ainsi appelé au lieu d'Antoine, parce qu'il était de petite taille, naquit Florence en 1389. Son père était notaire, et se nommait Nicolas Pierrozi, et sa mère Thomassine ; ils prirent un grand soin de l'élever dans la crainte de Dieu. Ils n'eurent pas beaucoup de peine, parce qu'il était d'un si bon naturel que l'on eût dit que la vertu était née avec lui. A l'âge de dix ans, il ne manquait pas d'aller tous les jours dans une église de Saint-Michel pour y faire ses prières au pied du Crucifix et à l'autel de la Sainte Vierge, à l'honneur de laquelle il disait ce répons :
" Sancta et immaculata Virginitas."

Ce fut là que, quelques années après, il conçut le dessein de se faire religieux de l'Ordre des Frères Prêcheurs : il en demanda l'habit au Père Dominici, qui fut depuis cardinal-archevêque de Raguse, et légat du Saint-Siège en Hongrie. Ce pieux et savant Dominicain faisait alors bâtir un couvent de son Ordre à Fiésole, à deux milles de Florence. Voyant le petit Antoine de si faible complexion en apparence, qu'il ne semblait pas qu'il pût supporter les rigueurs de la Règle, il lui demanda à quelles études il s'appliquait ; l'enfant répondit qu'il étudiait le droit-canon :
" Eh bien ! lui dit Dominici pour l'ajourner, je vous recevrai dans notre Ordre quand vous saurez votre droit par coeur."

Cette réponse fut loin d'étonner le postulant : redoublant de courage, il étudia avec tant d'ardeur, qu'en peu de temps il apprit par coeur les règles et le texte du droit ; c'est pourquoi le Père, reconnaissant évidemment l'opération de la main de Dieu sur ce jeune homme, lui donna le saint habit, l'an 1407, la seizième année de son âge.

Saint Antonin demandant au T. R. P. Dominici à être reçu
dans l'Ordre de Saint-Dominique. Bernardino Poccetti. XVIIe.

Nous ne nous arrêterons point ici à décrire avec quelle ferveur il passa son noviciat, et prononça ses voeux au couvent de Cortone, où les supérieurs l'avaient envoyé. Le pape Nicolas V le jugeait digne d'être canonisé dès le temps de sa vie ; preuve convaincante qu'il avait fait de grands progrès en la perfection. Son zèle et son courage surpassaient ses forces, et les rigueurs de la Règle lui semblaient si légères, que, ne s'en contentant point, il couchait encore sur la dure, ne quittait point le cilice, et prenait la discipline toutes les nuits : il ajoutait aussi à l'office du choeur celui de la Vierge et celui des morts, avec les sept Psaumes de la Pénitence, et quelquefois le Psautier tout entier. Son recueillement était si grand pendant ses prières, et particulièrement pendant l'oraison mentale, qu'on l'a vu plusieurs fois élevé de terre.

Il eut bien voulu toujours continuer ce genre de vie mais l'obéissance l'appliqua bientôt au secours du prochain car il fut élu supérieur des couvents de Fiésole, de Cortone, de Gaëte, de Florence, de Sienne, de Pistoie, de Naples et de Rome, et les gouverna l'un après l'antre et partout il maintint l'observance de la Règle, non seulement par ses pressantes exhortations, mais encore par ses exemples. Il était le premier àtout ; et quoiqu'il fût ensuite vicaire-général de la Congrégation de Naples et de Toscane, et provincial de la province romaine, il s'abaissait néanmoins jusqu'aux ministères les plus humbles de la communauté où il résidait. Il disait tous les jours la sainte messe, et en servait une autre; il prêchait fort souvent et avec beaucoup de succès, et il écoutait, avec une patience et une assiduité merveilleuses, les confessions de ceux dont il avait touché les coeurs par la force de ses paroles.

Saint Antonin. Statue. Place des Offices.
Florence. Grand duché de Toscane. XVIIe.

Cependant l'archevêché de Florence vint à vaquer, par la mort du cardinal Barthélemy Zarabella, et il y avait neuf mois entiers que l'on était en contestation sur l'élection d'un successeur, lorsque le pape Eugène IV, jetant les yeux sur le Père Antonin, vicaire-général de la Congrégation réformée de Naples, le nomma archevêque de cette grande ville et voyant qu'il refusait obstinément, il lui fit commandement, " en vertu du Saint-Esprit et de la sainte obéissance, sous peine de péché mortel et même d'excommunication, d'accepter cette charge ". Ne pouvant plus s'opposer à des ordres si précis, il leva les yeux et les mains au ciel puis, se tournant vers quelques personnes doctes qu'il avait assemblées pour savoir si, vu son incapacité, il était obligé d'obéir à ce commandement :
" Vous savez, dit-il, mon Dieu, que j'accepte cette charge contre ma volonté, pour ne pas résister à celle de votre vicaire : assistez-moi donc, Seigneur, ainsi que vous savez que j'en ai besoin."

Il fit ensuite son entrée à Florence, les pieds nus et les yeux baignés de larmes, tandis que toute la ville retentissait de joie de posséder un si digne pasteur, le considérant comme un Saint et, en effet, il l'était devant Dieu, qui pénètre le secret des coeurs.

Cette nouvelle dignité ne lui fit rien changer dans sa vie privée car il garda toujours jusqu'aux moindres observances de son Ordre de sorte que ceux qui n'eussent pas été informés de son nouveau caractère, l'eussent plutôt pris pour un simple religieux que pour l'archevêque de Florence. Sa table, son lit, sa chambre et généralement tous les meubles de son palais archiépiscopal, ne ressentaient que la pauvreté religieuse. Son train n'était composé que de six personnes, à qui il donnait de bons gages, afin de les empêcher de rien recevoir de ceux qui avaient quelque affaire à l'archevêché. Il prenait lui-méme connaissance des causes qui devaient se juger à son tribunal, ne se contentant pas des soins de son officiai, auquel, néanmoins, il donnait tous les ans cent ducats d'or, afin qu'il rendît la justice sans nul salaire. Tout le monde se trouvait si bien de ses jugements, de ses avis et de ses conseils, qu'on lui donna le titre d'Antonin-des-Conseils, avant même qu'il fût archevêque.

Notre Dame intercédant pour saint Antonin et saint Vincent Ferrier.
Dessin. Ecole des frères Caraches. XVIIe.

Quoique d'un accès si facile pour toutes les personnes qui demandaient son assistance, il se montrait néanmoins extrêmement réservé à l'égard des femmes il ne leur parlait que par nécessité, et ses yeux pudiques n'osaient les regarder. Il prêchait ordinairement les dimanches et les fêtes en quelque église de la ville, il faisait même des instructions familières et des catéchismes. Il tenait exactement ses synodes, visitait son diocèse, et enfin n'omettait rien de ce que doit faire un bon prélat. Il récitait d'abord ses Matines avec ses clercs domestiques, suivant la pratique de son Ordre mais, apprenant qu'on ne les chantait pas avec assez de respect dans la cathédrale, il voulut y assister, pour remédier à ce désordre.

Voilà quelle était la vigilance de ce saint Prélat mais ce qui est merveilleux, c'est que, parmi tant de différentes fonctions, il ne perdit jamais la solitude, la paix ni la sérénité de son coeur, parce que, comme il l'avoua lui-même à un de ses chanoines appelé François de Chastillon, il s'y était formé de bonne heure un oratoire, où il se retirait souvent. Il remit l'état ecclésiastique dans sa splendeur, et en retrancha plusieurs désordres que les guerres civiles y avaient causés. C'est pourquoi le Pape, qui connaissait la pureté de son zèle et la justice de ses jugements, défendit d'appeler des sentences qu'il aurait données. Il sut très-bien user de cette faveur à l'avantage de l'église de Florence. Il la délivra des pratiques impies, immorales et funestes de la magie de la plaie non moins déplorable de l'usure des charlatans et des comédiens. Certains joueurs avaient inventé un nouveau brelan, où la jeunesse de Florence perdait tous les jours de grosses sommes d'argent, au grand préjudice des familles ; le saint Archevêque défendit d'abord ce jeu, sous peine d'excommunication ; ensuite il allait lui-même sur les lieux et en chassait honteusement ceux qu'il y rencontrait, renversant les tables, les dés, l'argent et les jetons. Son zèle le porta encore à purger les églises de ces causeurs insolents, qui en profanent la sainteté par leurs entretiens sacriléges ; il les en chassait tous.

Saint Antonin faisant l'aumône.
Dessin. Sigismondo Coccapani. XVIIe.

Il ne craignit pas même de s'opposer aux magistrats et au bras séculier, lorsque, passant les bornes de leur puissance, ils entreprenaient sur les droits et les immunités de l'Eglise. Il réprimait leurs violences par les censures ecclésiastiques, sans appréhender les menaces qu'on lui faisait. Un jour, quelqu'un l'ayant menacé de le jeter par la fenêtre et de le faire priver de son évêché, il répondit avec calme qu'il ne se jugeait pas digne du martyre, et qu'il avait toujours désiré être déchargé de l'épiscopat ; que, dans cet espoir, il avait toujours gardé la clé de sa chambre du couvent de Saint-Marc, pour s'y retirer. Voilà quel a été le zèle de ce grand archevêque ; disons maintenant quelque chose de sa douceur et de sa compassion pour les pauvres et pour toutes sortes de malheureux.

Il divisait le revenu de son bénéfice en trois parties :
- la première, fort médiocre, était pour l'entretien de sa maison ;
- la seconde, pour la réparation du palais archiépiscopal qui tombait en ruine ;
- la troisième, pour le soulagement des pauvres, et celle-ci était la plus grosse et devint enfin presque le total, parce que le palais étant réparé, il ne pensa plus qu'aux pauvres.
Il faisait tous les jours de grandes aumônes à sa porte, sans la refuser à personne et c'était avec tant de profusion, que quelquefois il ne restait plus rien pour sa maison. Aux grandes fêtes de l'année, il distribuait deux cents ducats d'or en diverses oeuvres dé piété ; il vendait même ses meubles, ses livres et ses habits pour assister les nécessiteux avec plus de libéralité. Aussi était-il l'asile de tous ceux qui étaient dans la misère.

http://i44.servimg.com/u/f44/11/64/82/51/saint131.jpg

Saint Antonin de Florence et saint Vincent Ferrier.
Fernando Yanez de la Almedina. XVe.

En voici un bel exemple Un habitant de Florence vint le supplier de l'aider à doter trois de ses filles : le charitable Prélat n'ayant rien alors à lui donner, lui conseilla de visiter chaque jour l'église de l'Annonciade, lui assurant que Notre-Dame elle-même doterait ses filles. Comme il s'y en allait un matin, il trouva deux aveugles qui, croyant n'être entendus de personne, se racontaient l'un à l'autre leur bonne fortune l'un disait qu'il avait deux cents ducats cousus dans son bonnet, et l'autre qu'il en avait trois cents dans son pourpoint. Il avertit le saint Archevêque qui fit venir ces aveugles ; et, après leur avoir reproché leur malice, de frustrer les véritables pauvres, en recevant des aumônes dont ils n'avaient pas besoin, il les condamna à payer une amende de quatre cent cinquante ducats, qui servirent à doter les trois jeunes filles. Ce fut là un trait de prudence et de cette justice que l'on appelle distributive.

En voici un autre de charité qui n'est pas moins considérable. Le Saint, passant une fois par la rue Saint-Ambroise, aperçut, sur la maison d'une bonne veuve, des anges qui paraissaient se réjouir il voulut savoir qui étaient ceux qui y demeuraient, et il y trouva trois jeunes personnes qui, pour gagner leur pain et celui de leur mère, travaillaient jour et nuit, sans même excepter les fêtes; il en eut compassion, et leur assigna une rente annuelle pour vivre, afin qu'elles ne fussent plus obligées de travailler les fêtes. La piété et la bonne conduite disparurent avec la nécessité du travail. Saint Antonin, passant une autre fois par lé même endroit, n'y vit plus les anges, mais un démon si horrible, qu'il l'effraya de son regard : il en donna avis à la mère et aux jeunes filles, et leur retrancha une partie de son aumône, de crainte que l'oisiveté ne leur causât un plus grand malheur.

Saint Antonin. Statue. Cathédrale Saint-Pierre.
Poitiers. XVIIIe.

C'était encore trop peu, pour saint Antonin, de donner ses biens, s'il ne consacrait aussi sa personne et sa vie pour le salut de ses ouailles dans un temps de contagion, tous les riches abandonnaient Florence, pour éviter le mauvais air ; le Saint y demeura généreusement pour assister les pestiférés, et ne craignit point de les visiter et de leur administrer lui-même les Sacrements. C'est cette charité du prochain, et ce grand zèle à le servir, qui lui ont fait mettre la main à la plume au milieu de ses fonctions épiscopales, et composer tant de beaux et excellents traités pour la consolation des âmes, pour l'instruction des peuples et pour la satisfaction des savants.

C'est aussi cette charité qui lui a fait opérer tant de miracles, guérir des malades désespérés des médecins, ressusciter des morts et multiplier du pain et de l'huile. Ses paroles avaient aussi une vertu admirable car un habitant de Florence lui ayant fait présent, le premier jour de l'année, d'un panier de fruits, dans l'espérance d'en recevoir quelque bonne récompense, et voyant que le Saint, pour toute reconnaissance, ne lui disait que ce mot : " Dieu vous le rende ", il s'en alla tout mécontent. L'Archevêque le sachant le fit rappeler, et mit en sa présence le panier de fruits dans le bassin d'une balance, et dans l'autre un billet contenant ces paroles : " Dieu vous le rende ".

Le billet se trouva peser plus que le panier le pauvre homme, tout confus, lui demanda pardon. Il fit encore paraître la force de ses paroles lorsque, pour donner de la terreur à quelques personnes qui le pressaient de fulminer une sentence d'excommunication pour un sujet qui ne le méritait pas, il prit un pain blanc, sur lequel il prononça quelque anathème, et aussitôt ce pain devint plus noir que des charbons.

Translation des reliques de saint Antonin.
Détail. Domenico Passignano. XVIe.

Etant âgé de soixante-dix ans, il tomba malade d'une petite fièvre ; il prévit qu'il allait bientôt mourir, quoiqu'on lui promît une prompte guérison c'est pourquoi il reçut promptement les Sacrements, et rendit ainsi sa belle âme à Dieu avec ces paroles :
" Mes yeux sont toujours élevés vers mon Seigneur, parce que c'est lui qui dégagera mes pieds des filets."

Ce fut le 2 mai, veille de l'Ascension, l'an 1459, la treizième année de son épiscopat. Un religieux de l'Ordre de Cîteaux, qui faisait son oraison, vit monter son âme au ciel sous la forme d'un petit enfant environné d'une nuée.

Son corps, conformément à son testament, fut porté en l'église du couvent de Saint-Marc. Le pape Pie II, qui était alors à Florence, donna sept ans et autant de quarantaines d'indulgences à tous ceux qui le visiteraient et lui baiseraient les pieds. Il demeura huit jours ainsi exposé, exhalant une très-agréable odeur. H s'est fait plusieurs miracles à son tombeau, d'après lesquels le pape Adrien VI fit le décret de sa canonisation, l'an 1523. La bulle de canonisation n'a été publiée que par Clément VII, successeur d'Adrien VI.

On représente saint Antonin :
- tenant de la main gauche sa crosse épiscopale, et dans la main droite une balance où est placé, d'un côté le panier de fruits que lui apporte un paysan, et de l'autre un bout de papier avec ces mots : " Que Dieu vous le rende ".

Nous avons raconté ce trait. On prétend que le Saint se servit de la même comparaison vis-à-vis d'un hôtelier qui lui avait fourni un frugal repas dans un voyage alors l'écrit porte ces mots, qu'on récite aux grâces : alors l'écrit porte ces mots :
" Retribue dignare, Domine, omnibus nobis bona facientibus, vitam aeternam."
" Récompensez, Seigneur, par le don de la vie éternelle, tous ceux qui nous font du bien."


- On place près de lui le titre de ses ouvrages Summa theologica ; opus Chronicum, etc.
- On lui attribue aussi le lis de la virginité mais l'attribut principal du Saint est évidemment la balance.

Le corps incorrompu de saint Antonin. Vénéré en l'église Saint-Marc.
Couvent Saint-Marc. Florence. Grand duché de Toscane.

ÉCRITS DE SAINT ANTONIN

Nous avons plusieurs écrits de saint Antonin :

1. Une Somme théologique, divisée en quatre parties. On y trouve une explication des vertus et des vices, avec les motifs qui portent a'ia pratique des unes et à la fuite des autres.
2. Un Abrégé d'histoire appelé aussi Chronique tripartite, depuis la création, du monde jusqu'à l'an 1458. L'auteur montre de la sincérité et de la bonne foi ; mais il manque souvent d'exactitude lorsqu'il raconte des faits éloignés de son temps.
3. Une Petite Somme où sont renfermées les instructions nécessaires aux confesseurs.
4. Quelques Sermons et quelques Traités p particuliers sur les vertus et les vices. Voir le Père Echard, De Script. Ord. Praedict., T. Ier, p. 818, et les Ballerini, dans la vie de saint Antonin, qu'ils ont mise à la tête de leur édition des oeuvres du saintarchevêque. Le Père Mamachi a donné aussi une édition de la Somme théologique de saint Antonin, aves des notes très prolixes. Elle parut à Florence en 1741.

Le pape Clément VII fit aussi écrire sa Vie par le Père Vincent Mainard de Géminten, procureur général de l'Ordre de Saint-Dominique. C'est celle qui est rapportée au troisième volume de Surius, et que nous avons suivie pour cette hagiographie, avec d'autres documents que les continuateurs de Bollandus ont donné au public.

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10 mai. Saint Isidore le Laboureur, patron de la ville de Madrid et des laboureurs. 1170.

- Saint Isidore le Laboureur, patron de la ville de Madrid et des laboureurs. 1170.
 
Pape : Alexandre III. Roi de Léon et de Galice : Ferdinand II. Roi de Castille et de Tolède : Alphonse VIII, le Bon.

" Le vrai agriculteur n'oublie point Dieu au milieu de son travail, car il attend plus de Dieu que de son travail, suivant cette parole de l'écriture : planter n'est rien, arroser n'est rien : le tout est de faire pousser, et c'est Dieu seul qui en a le pouvoir."
Saint Basile le Grand.


Statue de saint Isidore qui est portée
chaque année en procession à Madrid.

Saint Isidore (en espagnol san Isidro Labrador) naquit à Madrid, en Espagne, de parents très pauvres qui ne purent le faire étudier, mais lui apprirent à aimer Dieu et à détester le péché. L'enfant devint bientôt très habile dans cette science, la meilleure de toutes. Quand il fut en âge de travailler, il se plaça comme laboureur chez un riche habitant de la ville, nommé Jean de Vargas.


Saint Isidore le Laboureur et son épouse sainte Marie de la Cabeza.
Façade de la collégiale Saint-André. C'est dans cette collégiale
qu'est conservé le corps incorrompu de saint Isidore. Madrid.

Plus tard, il épousa une femme aussi pauvre et aussi vertueuse que lui, Marie, elle aussi objet d'un culte public, et il eut un enfant auquel il enseigna le service de Dieu. Un jour, cet enfant tomba dans un puits ; ses parents, désolés, adressèrent au Ciel de si ferventes prières, que l'eau du puits s'élevant jusqu'en haut, y apporta cet enfant plein de vie et de santé. En reconnaissance, les deux époux se séparèrent et vouèrent à Dieu une continence perpétuelle.

Quoique occupé du grossier travail de mener la charrue, saint Isidore n'en avait pas moins des heures fixes et réglées pour ses exercices de piété. Les jours ordinaires, après avoir passé une partie de la nuit en oraison, il se levait de grand matin et s'en allait visiter les principales églises de Madrid ; les jours de fête étaient entièrement consacrés à suivre les offices et à prier.


Corrado Giaquinto. Escorial. XVIIIe.
 
Jamais il ne négligeait en rien son travail ; malgré cela, ses compagnons l'accusèrent auprès du maître, qui voulut s'assurer par lui-même de la vérité ; il regarda Isidore travailler, et vit deux Anges aider le Saint. Dès lors, Jean de Vargas conçut la plus grande estime pour son serviteur, et les bénédictions du Ciel se répandirent sur sa maison. Saint Isidore opéra des miracles en sa faveur ; il rendit la vie à un cheval dont on avait grand besoin ; la fille de Jean de Vargas étant morte à la suite d'une maladie douloureuse, il la ressuscita. Un jour, en frappant du pied la terre, il fit jaillir, afin d'étancher la soif de son maître, une fontaine qui coule encore. À la suite de ces miracles, Jean de Vargas se déchargea sur saint Isidore du soin de sa maison.
 

Fontaine miraculeuse de saint Isidore. Madrid.

Saint Isidore était pauvre, et cependant il trouvait le moyen de se montrer libéral envers les indigents ; il partageait avec eux son dîner, et un jour qu'il avait tout donné, il pria sa femme d'aller voir s'il ne restait pas quelque chose : celle-ci trouva le plat qui venait d'être vidé, aussi plein que si personne n'y eût touché. Une autre fois, il avait été invité à un dîner de confrérie, et ses dévotions le retinrent si longtemps, qu'il arriva quand tout était fini.

Une multitude de pauvres le suivaient comptant sur ses restes. Les confrères lui dirent, d'assez mauvaise humeur, qu'on lui avait gardé sa part, mais qu'il n'y avait rien pour les mendiants.
" C'est assez, répondit-il, cela suffira pour moi et pour les pauvres de Jésus-Christ."
En effet, on trouva un repas entier là où on n'avait mis de côté que quelques morceaux.


Restes de l'ermitage de saint Marie de la Cabeza.
Torrelaguna. Madrid.

La femme de saint Isidore, de son côté, donnait des marques d'une sainteté aussi grande que celle de son mari. Elle aussi faisait des miracles. Retirée dans un petit héritage, près de l'ermitage de Caraquiz, elle avait à traverser une rivière pour se rendre à une église de la Sainte Vierge qu'elle fréquentait assidûment. Un jour, elle trouva cette rivière débordée, et, avec une entière confiance dans la puissance de Dieu, elle détacha son tablier, l'étendit sur les eaux, et, à l'aide de cette barque d'un nouveau genre, passa tranquillement à l'autre bord.

Saint Isidore mourut avant son épouse - laquelle s'était retirée dans un ermitage à quelques lieues de Madrid -, en 1170, et on l'enterra sous une gouttière, dans le cimetière de Saint-André, où il fut oublié quarante ans. Alors le Saint apparut à une dame vertueuse pour la presser de procurer l'élévation et la translation de son corps. Quand on l'eut retiré de terre, il fut trouvé aussi frais et aussi sain que s'il venait de mourir ; un parfum de délicieuse odeur embauma les airs, et toutes les cloches sonnèrent d'elles-mêmes.


Saint Isidore le Laboureur. Eglise Saint-Pierre-aux-Liens.
Mellac. Bretagne.

L'église de Saint-André fut choisie pour recevoir ses saintes reliques ; on y vit un grand concours de peuple ; de nombreux miracles s'opérèrent et firent croître et grandir la dévotion à saint Isidore. Une procession fameuse se fait chaque année à Madrid où l'on porte le corps incorrompu de saint Isidore par toute la ville.


Procession de Saint-Isidore à Madrid.

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9 mai. Saint Grégoire de Naziance, archevêque de Constantinople, docteur de l'Eglise. 389.

- Saint Grégoire de Naziance, archevêque de Constantinople, docteur de l'Eglise. 389.

Papes : Saint Melchiade ; saint Sirice. Empereurs : Constantin ; Théodose.

" Il aima les livres, il aima les savants, mais les livres et les savants qui parlaient de Dieu."
Rorhbacher.


Saint Grégoire de Naziance. Disputatio cum Paulo patriarcha latino.
Johannes Cantacuzenus. Constantinople. XIVe.

Grégoire se dit de grex, assemblée, et gore, qui veut dire prêcher ou dire. De là Grégoire prêcheur en l’assemblée. Ou bien Grégoire vient de egregius, choisi, et gore, prêcheur ou docteur. Grégoire signifie encore attentif ; car il fut attentif sur soi, sur Dieu et sur le peuple : sur soi, par la conservation de la pureté ; sur Dieu, par une contemplation intérieure ; sur le peuple, par une prédication assidue. Et ces trois qualités méritent d'obtenir la vision de Dieu. Saint Augustin dit au livre De l’Ordre : " Celui-là voit Dieu qui vit bien, qui étudie bien et qui prie bien ".

Notre grand Saint naquit à Naziance, une petite ville de Cappadoce voisine de Césarée. Grégoire son père et Nonne sa mère sont honorés aussi d'un culte public les 1er janvier et 5 août.

Son père, dans son enfance, avait été de la secte des Hipsistaires, ainsi nommés parce qu'ils adoraient le Dieu très-haut, le feu comme les Perses et pratiquait l'observance du sabbat et le partage des viandes comme les Juifs. Il était le premier magistrat de Naziance et Nonne son épouse employait ses larmes et ses prières pour le gagner à Notre Seigneur. Elle fut bientôt exaucée car son mari abjura et fut baptisé au temps du premier concile de Nicée. Cet homme vertueux prit toutes les dispositions pour conserver la grâce, et son mérite le fit bientôt élevé sur le siège épiscopal de Naziance qu'il gouverna avec sûreté et édification pendant 45 ans environ. Il mourut âgé de 90 ans.


Conversion du père de saint Grégoire. Manuscrit grec du IXe siècle.

La mère de saint Grégoire dut la naissance de ce fils à ses prières, à ses larmes et à ses abondantes aumônes qui lui attirèrent les bénédictions du ciel. Grégoire avait un frère, saint Césaire, et une soeur, sainte Gorgonie. Elle se chargea elle-même de leur première éducation et leur apprit à lire, à comprendre et à aimer les Saintes Écritures. Les enfants devinrent digne de leur sainte mère, et Grégoire en particulier demeura pur au milieu des séductions du siècle.


Saint Grégoire de Naziance et sainte Gorgonie sa soeur.
Oraisons de saint Grégoire de Naziance. Constantinople. XIe.

" Un jour, raconte-t-il lui-même, j'aperçus près de moi deux vierges d'une majesté surhumaine. On aurait dit deux soeurs. La simplicité et la modestie de leurs vêtements, plus blancs que la neige, faisaient toute leur parure. A leur vue, je tressaillis d'un transport céleste : " Nous sommes la Tempérance et la Chasteté, me dirent-elles ; nous siégeons auprès du Christ-Roi. Donne-toi tout à nous, cher fils, accepte notre joug, nous t'introduirons un jour dans les splendeurs de l'immortelle Trinité."

La voie de Grégoire était tracée : il la suivit sans faiblir toute sa vie.


Saint Grégoire de Naziance en mer vers Alexandrie et autres
épisodes marquant de sa vie. Manuscrit grec du IXe siècle.

Il s'embarqua pour Athènes, afin de compléter ses études, pendant que Césaire allait lui à Alexandrie - où Grégoire le rejoignit quelques temps plus tard. Dieu mit sur le chemin de Grégoire, dans la ville des arts antiques, une âme grande comme la sienne, saint Basile. Qui dira la beauté et la force de cette amitié, dont le but unique était la vertu !

" Nous ne connaissions que deux chemins, raconte Grégoire, celui de l'église et celui des écoles."
La vertu s'accorde bien avec la science ; partout où l'on voulait parler de deux jeunes gens accomplis, on nommait Basile et Grégoire.


Mort de saint Basile. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe siècle.

Revenus dans leur patrie, ils se conservèrent toujours cette affection pure et dévouée qui avait sauvegardé leur jeunesse, et qui désormais fortifiera leur âge mûr et consolera leur vieillesse. Rien de plus suave, de plus édifiant que la correspondance de ces deux grands hommes, frères d'abord dans l'étude, puis dans la solitude de la vie monastique et enfin dans les luttes de l'épiscopat.


Saint Grégoire de Nysse, saint Basile le Grand et
saint Grégoire de Naziance. Manuscrit grec. IXe siècle.

A la mort de son père, qui était devenu évêque de Nazianze, Grégoire lui succède ; mais, au bout de deux ans, son amour de la solitude l'emporte, et il va se réfugier dans un monastère. Bientôt on le réclame pour le siège patriarcal de Constantinople. Il résiste :
" Jusqu'à quand, lui dit-on, préférerez-vous votre repos au bien de l'Église ?"


Saint Grégoire de Naziance prêchant le sermon sur la grêle.
Oraisons de saint Grégoire de Naziance. Constantinople. XIe.

Grégoire est ému ; il craint de résister à la Volonté divine et se dirige vers la capitale de l'empire, dont il devient le patriarche légitime. Là, sa mansuétude triomphe des plus endurcis, il fait l'admiration de ses ennemis, et il mérite, avec le nom de Père de son peuple, le nom glorieux de Théologien, que l'Église a consacré. Avant de mourir, saint Grégoire se retira à Nazianze, où sa vie s'acheva dans la pratique de l'oraison, du jeûne et du travail.

Rq : On lira avec fruit la notice hagiographique que les Petits Bollandistes consacrent à notre Saint sur le site de la Bibliothèque nationale de France (T. V, pp 409 et suiv.) : http://gallica-bnf.fr
- On trouvera une partie significative de ses oeuvres reproduite sur le site : http://www.jesusmarie.com/gregoire_de_nazianze.html

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jeudi, 08 mai 2025

8 mai. Apparition de saint Michel Archange au Mont Gargan. 492.

- Apparition de saint Michel Archange au Mont Gargan. 492.
 
Papes : Saint Félix III (25 février 492) ; saint Gélase Ier. Empereur romain d'Orient : Anastase Ier. Roi des Francs : Clovis Ier.

" Au dernier jour du monde, lorsque notre divin Ressuscité paraîtra assis sur les nuées du ciel pour juger le genre humain, Michel aura à remplir un ministère formidable, lorsque, avec les autres Anges, il accomplira la séparation des élus et des réprouvés, qui auront repris leurs corps dans la résurrection générale."
Dom Prosper Guéranger. L'année liturgique.
 

Saint Michel au Jugement Dernier. Antonio di Biagio. XVe.

Dieu ayant donné l'Archange saint Michel à son Eglise pour en être le protecteur, comme il était autrefois de la Synagogue, a voulu faire paraître en divers temps et en divers lieux quelque merveille par son intercession et par son ministère, afin que les fidèles ne pussent douter de sa bienveillance à leur endroit ; qu'ils lui rendissent leurs respects et qu'ils eussent recours à lui dans leurs besoins.

Nous trouvons dans les histoires ecclésiastiques diverses apparitions de cet Archange, et nous y remarquons plusieurs églises consacrées en son honneur, tant en Orient qu'en Occident.


Saint Michel. Vittorio Crivelli. XVIe.

Siméon Métaphraste rapporte une de ces apparitions faite dès le premier ou le second siècle de l'Eglise, près de la ville de Chone, en Phrygie, à un homme de Laodicée ; elle fut la cause de sa conversion et de celle de sa fille, ainsi que de la guérison de cette même fille qui était muette. Elle fut aussi suivie de la construction d'untemple en l'honneur de ce glorieux protecteur, tel que la persécution et le malheur du temps le pouvait permettre.


Grandes heures d'Etienne Chevalier. Jean Fouquet. XVe.

Florus de Trapani, le plus ancien des poëtes chrétiens, assure qu'avant son temps saint Michel était apparu à Rome, et qu'on y faisait une fête solennelle en son honneur ; ce qui ne peut être que fort ancien. Ses vers sont rapportés par le cardinal Baronius en ses Commentaires sur le martyrologe romain.

Sozomène et Nicéphore, en leurs histoires, font mention d'une autre apparition de saint Michel à Constantin le Grand, dans les premières années de son empire ; elle le porta à bâtir, dans Constantinople, une église magnifique qui fut appelée Sosthène.

Procope témoigne que l'empereur Justinien, qui régnait dans le VIe siècle, fit dédier six églises en mémoire du même prince du ciel, et qu'il les orna de riches présents.


Gérard David. Flandres. XVe.

La peste désolant Rome en l'année 590, saint Grégoire Ier le Grand, qui se reccueillait peut-être dans la petite chapelle dédiée à saint Michel que le pape Boniface IV, au VIIe siècle, avait fait bâtir dans le fort, vit apparaître, au-dessus de celui-ci, saint Michel qui remettait son épée dans son fourreau, pour marquer que le colère de Dieu était appaisée par les prières du peuple, et que ce mal allait cesser. En mémoire de ce miracle, le pape Benoît III (ou IV) fit construire au même lieu une église de Saint-Michel et fit coiffer le fort d'une statue du prince de la milice céleste. Le fort, que l'on appelait aussi le môle d'Hadrien, car il avait été construit par l'empereur Hadrien pour en faire son mausolée, prit bientôt le nom de château Saint-Ange. Cette église fut bientôt accompagnée d'une autre du même nom dans le marché appelé de la Pêcherie.


Le château Saint-Ange. Quartier du Borgo. Rome.

Enfin, nous savons par une ancienne inscription gravée sur du marbre que l'on voit à Rome que le pape Léon IV, après avoir remporté une insigne victoire sur les Sarrasins et les avoir chassés du port de Rome, fit bâtir un nouveau temple au Vatican sous le nom de ce chef des Armées : ce fut vers l'année 849.

La France n'a pas non plus manqué de témoignages de la protection et de l'assistance de saint Michel. Nos hitoriens remarquent que vers l'année 709 il honora saint Aubert, 10e évêque d'Avranches, d'une apparition très remarquable, et lui déclara que la volonté de Dieu était qu'il lui fît bâtir une église dans la mer, sur le haut du rocher appelé La Tombe. Saint Aubert, qui voulait s'assurer de la vérité de cette vision, n'obéit pas aussitôt ; mais l'Archangelui apparut deux autres fois, et, à la troisième, il lui pressa le front avec son doigt et y laissa une forte empreinte, que l'on voit encore à son crâne. D'ailleurs, l'église Saint-Gervais d'Avranches possède encore le crâne de saint Aubert. On voit encore sur son crâne l'empreinte du doigt que le bienheureux messager céleste y laissa.

Le Mont Saint-Michel. Bâti par des Bretons et des Francs puis
occupé par les Normands, il fut ignoblement profané par les bêtes
féroces révolutionnaires, pour finir aujourd'hui aux mains d'une
bande de dévoyés mercantis et autres sectaires polnareffistes,
qui s'imaginent sans doute que saint Michel Archange, prince de la
Milice céleste, tolérera longtemps et impunément leurs vices
impénitents : le lucre et l'épaisse sottise.

Ainsi fut-il obliger de se rendre ; et, ayant fait bâtir l'église à l'endroit qui lui avait été marqué, il y mit des chanoines réguliers. Elle fut ensuite donnée aux religieux de l'Ordre de Saint-Benoît. C'est ce que nous appelons le mont Saint-Michel, dont le pélerinage fut si célèbre, et que Dieu a rendu illustre par une infinité de miracles et de secours surnaturels.


Entrée du sanctuaire à Saint-Michel au Mont Gargan,
Monte Sant'Angelo. Pouilles, royaume de Naples.

Mais la plus insigne et la plus remarquable apparition de saint Michel est celle que l'Eglise célèbre aujourd'hui, et qui se fit au mont Gargan, que l'on nomme aujourd'hui le mont Saint-Ange, près de la ville de Siponto, nommée aujourd'hui Manfredonia, dans les Pouilles au royaume de Naples.


Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Eglise de Barluenga, Espagne. XIVe.

Au temps du pape Gélase Ier, en 492, un homme riche nommé Gargan avait de grands et de beaux troupeaux. Un de ses taureaux s'éloigna et s'enfuit dans les montagnes. On le chercha quelques jours inutilement ; mais l'ayant enfin trouvé dans une caverne, on lui tira une flèche qui, rejaillissant contre celui qui l'avait tiré, le blessa. Ses compagnons, étonnés de cet accident, et jugeant qui y avait quelque chose de mystérieux là-dessous, eurent recours à l'évêque de Siponto pour apprendre de lui ce que cela pouvait être.


Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Eglise de Barluenga, Espagne. XIVe.

Le prélat ordonna un jeûne de trois jours et exhorta les fidèles à se mettre en prières pour obtenir du ciel la grâce de découvrir ce que signifiait ce miracle. Au bout de trois jours, saint Michel lui apparut et lui déclara que cette caverne où le taureau s'était retiré était sous sa protection et que Dieu voulait qu'elle fût consacrée sous son nom en l'honneur de tous les anges.

L'évêque, accompagné de tous son clergé et de son peuple, alla reconnaître la caverne et la trouva déjà toute disposée en forme d'église : on commença d'y célébrer les divins offices et l'on y bâtit aussi un temple plus magnifique où la puissance divine a opéré plusieurs grands miracles qui font bien voir la vérité de la révélation.


Fresque relatant l'apparition de saint Michel au mont Gargan.
Eglise de Barluenga, Espagne. XIVe.

Saint Romuald, fondateur de l'Ordre des Camaldules, ordonna à l'empereur Othon d'y aller nu-pieds depuis Rome, pour pénitence de ce qu'il avait fait mourir le sénateur Crescence, ou du moins de ce qu'il avait consenti à sa mort. C'est une marque de la vénération que l'on a toujours eue pour ce saint temple et une preuve que c'était un lieu de dévotion où les pélerins allaient pour implorer sa miséricorde.

Eglise Saint-Gervais à Avranches. On y conserve toujours,
grâce à Dieu, le saint crâne de saint Aubert, sur lequel on peut voir
'impression du doigt que saint Michel y posa pour convaincre
notre Saint qu'il n'était pas sujet à une illusion. Normandie.

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mercredi, 07 mai 2025

7 mai. Saint Stanislas, évêque de Cracovie, martyr. 1079.

- Saint Stanislas, évêque de Cracovie, martyr. 1079.

Papes : Jean XIX ; Grégoire VII. Souverains de Pologne : Miecillas II ; Boleslas II, le Farouche. Rois de France : Robert II, le Pieux ; Philippe Ier.

" Si je dis au pécheur : " Tu périras ! Et si tu n'ouvres pas la bouche pour l'avertir et le faire revenir de son égarement, le pécheur périra à cause de son péché, mais je te redemanderai son sang à toi-même. Si, au contraire, tu as averti le pécheur pour le faire revenir de son égarements et s'il n'a pas voulu t'écouter, alors il sera seul cause de sa perte et ton âme sera sauvée "."
Ezéchiel, XXXIII, 8 & 9.

Le XIe siècle, siècle de luttes pour le Sacerdoce contre la barbarie, envoie aujourd'hui un nouveau martyr à Jésus ressuscité. C'est Stanislas, que la noble Pologne place aux premiers rangs de ses défenseurs. Un prince chrétien dont il reprenait les vices l'a immolé à l'autel ; le sang du courageux Pontife s'est mêlé à celui du Rédempteur dans un même Sacrifice. Quelle invincible force dans ces agneaux que Jésus a envoyés au milieu des loups (Matth. X, 16.) ! Tout à coup le lion se révèle en eux, comme il s'est montré dans notre divin Ressuscité. Pas de siècle qui n'ait eu ses martyrs, les uns pour la foi, les autres pour l'unité de l'Eglise, d'autres pour sa liberté, d'autres pour la justice, d'autres pour la charité, d'autres pour le maintien de la sainteté des moeurs, comme notre grand Stanislas.

Le XIXe siècle [le XXe n'est naturellement pas à exclure de l'assertion de dom Prosper Guéranger qui écrit ici] a vu aussi ses martyrs ; il les voit chaque année dans l'Extrême Orient ; est-il appelé, avant de finir son cours, à en voir dans l'Europe ? Dieu le sait. Le siècle dernier, à son début, ne semblait pas destiné à fournir l'abondante moisson que produisit le champ de la France catholique. Quoi qu'il advienne, soyons assurés que l'Esprit de force ne ferait pas défaut aux athlètes de la vérité. Le martyre est un des caractères de l'Eglise, et il ne lui a manqué à aucune époque. Les Apôtres qui entourent en ce moment Jésus ressuscité ont bu tour à tour le calice après lui ; et nous admirions hier comment le disciple de prédilection est lui-même entré dans la voie préparée à tous.

Saint Stanislas naquit le 26 juillet 1030, de parents fort avancés en âge, mariés depuis trente ans et encore sans postérité. Ses parents étaient de haute condition, ce qui ne les empêchait pas d'avoir une aussi haute réputation de piété. Dieu, qui avait des vues élevées sur cet enfant, lui inspira dès son bas âge de grandes vertus, surtout la charité pour les pauvres, et une mortification qui le portait à jeûner souvent et à coucher sur la terre nue, même par les plus grands froids.

Après de brillantes études, il n'aspirait qu'au cloître ; à la mort de ses parents, il vendit leurs vastes propriétés et en donna le prix aux pauvres. Stanislas dut se soumettre à son évêque, qui l'ordonna prêtre et le fit chanoine de Cracovie.

Il fallut avoir recours au Pape pour lui faire accepter le siège de Cracovie, devenu vacant. Il fut sacré en 1072. Ses vertus ne firent que grandir avec sa dignité et ses obligations; il se revêtit d'un cilice, qu'il porta jusqu'à sa mort ; il se fit remettre une liste exacte de tous les pauvres de la ville et donna l'ordre à ses gens de ne jamais rien refuser à personne.

La plus belle partie de la vie de Stanislas est celle où il fut en butte à la persécution du roi de Pologne, Boleslas II. Ce prince menait une conduite publiquement scandaleuse. Seul l'évêque osa comparaître devant ce monstre d'iniquité, et d'une voix douce et ferme, condamner sa conduite et l'exhorter à la pénitence. Au début, Boleslas le Cruel, parut rentrer en lui-même, mais ses résolutions ne tinrent pas et il reprit sa conduite scandaleuse.


Boleslaw II. D'après une monnaie du XIe.

Un des combles de sa conduite arriva lorsqu'il fit enlever Christine, l'épouse du seigneur Miécislas, réputée tant pour sa beauté que pour sa piété. Toute la noblesse polonaise en fut scandalisée et elle encouragea le primat de Pologne, archevêque de Gnesne, et la plupart des évêques à intervenir hautement auprès de ce roi tyrannique. Ces grand prélats préférèrent se taire...

La noblesse se vengea de ces piteux personnages en publiant partout qu'ils avaient des âmes mercenaires, plus attachées à leurs privilèges et à leur fortune qu'à la cause de Dieu.

Saint Stanislas résolut alors de parler pour la seconde fois à Boleslas. Escorté de plusieurs grands seigneurs et de quelques écclésiastiques, il remontra au roi sa conduite impie et l'avertit qu'il encourait les censures de l'Eglise s'il ne réglait pas sa conduite et ne réparait pas ses fautes. Le roi dit à notre saint :
" Quand on sait parler si peu convenablement à un roi, on devrait être porcher et non évêque."
Notre saint lui répondit sans se troubler :
" N'établissez aucune comparaison entre la dignité royale et la dignité épiscopale ; car en ce cas je vous dirai que la première est à la seconde ce que la lune est au soleil, ou le plomb à l'or."


Saint Stanislas. Panneau du maître-autel de la cathédrale de Breslau.

Pour se venger, et comme saint Stanislas était irréprochable, Boleslas eut recours à la calomnie pour se venger.
Le pontife avait acheté pour son évêché, devant témoins, et il avait payé une terre dont le vendeur était mort peu après. Le roi, ayant appris qu'il n'y avait pas d'acte écrit et signé, gagna les témoins par promesses et par menaces, et accusa Stanislas d'avoir usurpé ce terrain. L'évêque lui dit :
" Au bout de ces trois jours, je vous amènerai comme témoin le vendeur lui-même, bien qu'il soit mort depuis trois ans."
Le jour venu, le saint se rendit au tombeau du défunt ; en présence d'un nombreux cortège, il fit ouvrir la tombe, où on ne trouva que des ossements. Stanislas, devant cette tombe ouverte, se met en prière, puis touche de la main le cadavre :
" Pierre, dit-il, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, viens rendre témoignage à la vérité outragée."

A ces mots, Pierre se lève, prend la main de l'évêque devant le peuple épouvanté, et l'accompagne au tribunal du roi. Le ressuscité convainc de calomnie le roi et les témoins, et de nouveau accompagne l'évêque jusqu'au tombeau, qu'on referme sur son corps, redevenu cadavre.

Une fois encore, Boleslas fut impressionné par cet impressionnant miracle au point qu'il sembla se ranger de ses vices pendant quelques temps. Il retomba pourtant hélas bientôt dans ses excès à la faveur d'une expédition victorieuse contre les Russes lors de laquelle il se rendit maître de leur capitale, Kiev.


Remontrances de saint Stanislas à Boleslaw II.

Saint Stanislas résolut alors de tout faire pour faire cesser les débordements permanents du roi. Après l'avoir plusieurs fois admonesté, il finit par l'excommunier et par lui interdire d'assister à l'office divin. Comme Boleslas continuait de s'y rendre, il déclara que l'office serait suspendu si le roi s'y présentait et qu'il ne reprendrait qu'une fois son départ ou sa conversion serait dûment constatée.
Toutefois, un jour, saint Stanislas partit discrètement dire l'office divin dans l'église Saint-Michel. Le roi le fit suivre par ses créatures en leur enjoignant d'entrer dans l'église et de l'assassiner. Par trois fois, une lumière intense apparut à l'autel et épouvanta les soldats au moment où il s'apprêtait à exécuter leurs ordres. C'était le 8 mai 1079.

Boleslas vint alors lui-même exécuter saint Stanislas. Non content d'avoir commis ce crime atroce, le roi déchira de ses mains les lèvres et le nez de notre saint, le fit traîner par toute l'église et disperser son corps dans des champs alentours afin qu'il servît de pâture aux animaux. Dieu envoya alors quatre aigles qui gardèrent les précieuses reliques de saint Stanislas pendant deux jours.
De pieux écclésiastiques vinrent pendant la nuit retirer le saint corps duquel émanait une brillante lumière et qui exhalait des parfums d'une suavité miraculeuse.

Le pape, Grégoire VII, ne pouvait laisser impuni ce crime monstrueux. Il jeta l'interdit sur le royaume, anathématisa Boleslas et le déchut de sa royauté. Poursuivit par la vindicte de son peuple, il s'enfuit en Hongrie où le roi Ladislas l'accueillit avec bonté. Là, enfin, son âme fut profondément touchée par le repentir et il rentra sincèrement en lui-même, se décidant à entreprendre le pélerinage de Rome pour implorer l'absolution du souverain pontife.


La cathédrale Saint-Stanislas et Saint-Wenceslas de Cracovie.

Il partit avec un habit très simple et un seul serviteur. Bientôt, dissimulant sa condition, il fit une halte en Carinthie et demanda l'aumône aux Bénédictins du couvent d'Ossiach. Eclairé par Dieu, il résolut d'y passer le restant de ses jours. Il entra dans un silence perpétuel et ne s'occupa que de tâches très humbles. Comme il était maladroit, il endura longtemps les rudesses de bien des moines.

" C'est ainsi qu'il était devant Dieu plus grand dans la cuisine qu'il n'avait été sur le trône."
Dit un chroniqueur contemporain.

Il vécut ainsi sept ans et, quelques heures avant de rejoindre le divin Juge, il rompit le silence, fit venir l'abbé du monastère, et lui fit une confession générale pleine de profond repentir, lui remettant en gage l'anneau royal qu'il avait toujours conservé en le dissimulant.
Les moines avaient remarqué que Boleslas priait des heures entières une image de la Très Sainte Vierge Marie. C'est elle qui lui obtint la grâce de sa conversion et celle de faire une bonne mort. Le corps de Boleslas est toujours enterré dans le monastère d'Ossiach.

Saint Stanislas fut enterré à la porte de l'église Saint-Michel. Dix ans plus tard, il fut transféré dans l'église de la forteresse de Cracovie puis dans la cathédrale de cette ville.

PRIERE

" Vous fûtes puissant en œuvres et en paroles, Ô Stanislas ! Et le Seigneur vous a donné pour récompense la couronne de ses martyrs. Du sein de la gloire dont vous jouissez, jetez un regard sur nous, et demandez au Seigneur le don de force qui brilla en vous, et dont nous avons tant besoin pour vaincre les obstacles qui entravent notre marche. Notre divin Ressuscité ne veut à sa suite que des soldats vaillants. Le royaume dont Il est le souverain Maître, Il l’a pris d'assaut ; et Il nous avertit que si nous prétendons l'y suivre, nous devons nous préparer à la violence.

Fortifiez-nous, soldat du Dieu vivant, soit qu'il nous faille à force ouverte soutenir la lutte pour la foi ou l'unité de l'Eglise, soit que le combat doive se passer contre les ennemis invisibles de notre salut. Bon pasteur, qui n'avez ni reculé, ni tremblé devant le loup, obtenez-nous des pasteurs semblables à vous. Soutenez la sainte Eglise, qui est en butte à ses ennemis par toute la terre. Convertissez ses persécuteurs, comme vous avez converti Boleslas votre meurtrier, qui a trouvé le salut dans votre sang.

Souvenez-vous de votre chère Pologne
, qui vous honore d'un culte si fervent. Brisez enfin, Ô Stanislas, le joug de fer qui l'accable. N'est-il pas temps qu'elle reprenne son rang parmi les nations ? Dans les épreuves que ses fautes avaient méritées, elle a conservé le lien sacré de la foi et de l'unité catholique, elle a été patiente et fidèle ; suppliez le divin Ressuscité d'avoir pitié d'elle, de récompenser sa patience et sa fidélité. Qu'il daigne lui donner part à sa résurrection ; et ce jour sera un jour de joie pour toutes les Eglises qui sont sous le ciel ; car elle est leur sœur chérie ; et si elle revit, nous chanterons partout au Seigneur un cantique nouveau."

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