jeudi, 25 avril 2024
25 avril. Saint Marc l'Evangéliste. 68.
- Saint Marc l'Evangéliste. 68.
" Je suis la chaire de Marc. Ma règle divine me fut donnée par Marc : Toujours avec Rome."
Inscription araméenne gravée sur la chaire de saint Marc conservée à Venise.

Saint Marc était probablement de la race d'Aaron ; il était né en Galilée. Il semble faisait partie du groupe des soixante-douze disciples du Sauveur ; mais il nous apparaît surtout dans l'histoire comme le compagnon fidèle de l'apostolat de saint Pierre.
C'est sous l'inspiration du chef des Apôtres et à la demande des Chrétiens de Rome qu'il écrivit l'Évangile qui porte son nom. Marc cependant ne suivit pas saint Pierre jusqu'à son glorieux martyre ; mais il reçut de lui la mission spéciale d'évangéliser Alexandrie, l'Égypte et d'autres provinces africaines.
Le disciple ne faillit pas à sa tâche et porta aussi loin qu'il put, dans ces contrées, le flambeau de l'Évangile. Alexandrie en particulier devint un foyer si lumineux, la perfection chrétienne y arriva à un si haut point, que cette Église, comme celle de Jérusalem, ne formait qu'un coeur et qu'une âme dans le service de Jésus-Christ. La rage du démon ne pouvait manquer d'éclater.
Les païens endurcis résolurent la mort du saint évangéliste et cherchèrent tous les moyens de s'emparer de lui. Marc, pour assurer l'affermissement de son oeuvre, forma un clergé sûr et vraiment apostolique, puis échappa aux pièges de ses ennemis en allant porter ailleurs la Croix de Jésus-Christ. Quelques années plus tard, il eut la consolation de retrouver l'Église d'Alexandrie de plus en plus florissante.

Evangile de Loisel. XIVe.
La nouvelle extension que prit la foi par sa présence, les conversions nombreuses provoquées par ses miracles, renouvelèrent la rage des païens. Il fut saisi et traîné, une corde au cou, dans un lieu plein de rochers et de précipices. Après ce long et douloureux supplice, on le jeta en prison, où il fut consolé, la nuit suivante, par l'apparition d'un ange qui le fortifia pour le combat décisif, et par l'apparition du Sauveur Lui-même.
Le lendemain matin, Marc fut donc tiré de prison ; on lui mit une seconde fois la corde au cou, on le renversa et on le traîna en poussant des hurlements furieux. La victime, pendant cette épreuve douloureuse, remerciait Dieu et implorait Sa miséricorde. Enfin broyé par les rochers où se heurtaient ses membres sanglants, il expira en disant :
" Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."
CULTE
Tous les anciens martyrologes parlent de saint Marc. Quelques-uns, comme l'hiéronymien, le placent au 23 septembre ; Tillemont déclare qu'on n'en sait pas la raison. La plupart le mettent au 25 avril ; tels sont le martyrologe de Bède qui se base sur la passion de saint Marc ; on y déclare que le martyre eut lieu la quatorzième année de Néron ; le martyrologe de Florus qui ajoute à Bède quelques détails puisés dans saint Jérôme ; le Vetus Romanum, et enfin Adon qui trouve moyen d'insérer une interpolation relative aux loca Bucoliae ; le martyrologe romain dit la huitième année de Néron.
Les grecs nomment encore saint Marc, le 11 janvier, en un quartier dit le Taureau, peut-être à cause d'une dédicace d'église.

RELIQUES
Le corps de saint Marc fut longtemps vénéré à Alexandrie. Les Actes de saint Pierre d'Alexandrie disent positivement que Marc fut martyrisé à Bucoles, qu'il y avait là une église bâtie vers 310 et un cimetière dit de " Saint-Marc ". Pierre lui-même souffrit en ce lieu, et demanda à ses bourreaux la liberté d'aller prier sur le tombeau de Marc.
D'après Palladius, le saint prêtre Philorome vint à pied de Galatie en Cappadoce pour visiter le tombeau de saint Marc.
Le corps de saint Marc était encore vénéré à Alexandrie au VIIIe siècle, bien que la ville fût alors sous la domination mahométane : il se trouvait dans un tombeau de marbre en une église située à droite de l'entrée de la ville. On prétend que, vers 815, des marchands vénitiens emportèrent les ossements dissimulés au fond d'un panier. Les bollandistes donnèrent à ce sujet une relation tirée de Baronius, mais considérée comme suspecte par Tillemont.
Bernard, moine français, qui fit le voyage d'Orient en 870, assure qu'alors le corps de saint Marc n'était plus à Alexandrie, mais avait été porté à Venise. Mais, dans cette ville, on ne savait pas précisément où était le corps. Au XIVe siècle, le Doge et les procurateurs de la république prétendaient connaître seuls l'endroit où se trouvait le corps et en faisaient un secret aux autres.
Les Vénitiens ont pris saint Marc pour leur patron, et font mémoire de la translation du corps, le 31 janvier.
Ses reliques donnent la guérison au peuple, contre toutes les afflictions, douleurs et maladies.
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dimanche, 21 avril 2024
IIIe dimanche après Pâques.
- Le IIIe dimanche après Pâques.
LE PATRONAGE DE SAINT JOSEPH
Saint Joseph. Détail. Josse Lieferinxe. XVe.
La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd'hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Eglise nous propose de donner la journée au culte de l'Epoux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l'Eglise universelle. Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n'est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s'agit d'ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l'appui de tous ceux qui l'invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Eglise se propose aujourd'hui, dans l'intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun.
La dévotion à saint Joseph avait été réservée pour ces derniers temps. Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l'Evangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l'Eglise ; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l'économie du mystère de l'Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu'ils auraient voulu lui rendre ; mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l'Epoux de Marie. L'Orient précéda l'Occident, ainsi qu'il est arrivé d'autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph ; mais au XVe siècle l'Eglise latine l'avait adopté tout entière ; et depuis lors il n'a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques. Les grandeurs de saint Joseph ont été exposées au 19 mars ; le but de la présente fête n'est pas de revenir sur cet inépuisable sujet. Elle a son motif spécial d'institution qu'il est nécessaire de faire connaître.
La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s'unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l'étincelle de vie surnaturelle qu'il doit conserver jusqu'au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. A partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l'Eglise elle-même nous en rend témoignage (Frigescente mundo. Oraison de la fête des Stigmates de saint François.) , chaque époque a vu s'ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d'abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la Procession solennelle, les Expositions, les Saluts, les Quarante Heures. Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l'influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe fut promulgué le culte du sacré Cœur de Jésus, qui s'établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suspendus parles préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l'Immaculée Conception, préparé et attendu dans des siècles moins favorisés.
Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l'Incarnation, l'une comme Mère du Fils de Dieu, l'autre comme gardien de l'honneur de la Vierge et Père nourricier de l'Enfant-Dieu, pour que l'on puisse les isoler l'un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très sainte Vierge. Mais la dévotion à l'égard de l'Epoux de Marie n'est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d'un secours nouveau aussi étendu qu'il est puissant, ayant été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu lui-même. Ecoutez le langage inspiré de l'Eglise dans la sainte Liturgie :
" Ô Joseph, l'honneur des habitants du ciel, l'espoir de notre vie ici-bas, le soutien de ce monde !"
(Coelitum, Joseph, decus atque nostrae Certa spes vite, columenque mundi ; Hymne des Laudes de la fête du patronage de saint Joseph).
Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu sur la terre des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas; au ciel, il tient à glorifier celui dont il voulut dépendre, et à qui il confia son enfance avec l'honneur de sa Mère. Il n'est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph ; et la sainte Eglise nous invite aujourd'hui à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l'invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l'âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, qu'il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi de l'Egypte disait à ses peuples affamés : " Allez à Joseph " (Gen. XLI, 55.) ; le Roi du ciel nous fait la même invitation ; et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n'en eut auprès de Pharaon.
Mettons donc notre confiance dans le pouvoir de l'auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n'ont été accumulées qu'afin qu'il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l'Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.
Le repentir de saint Joseph. Alessandro Tiarini. XVIIe.
A LA MESSE
Le troisième Dimanche après Pâques porte, dans L'Eglise grecque, le nom de Dimanche du Paralytique, parce qu'on y célèbre d'une manière particulière la commémoration du miracle que notre Seigneur opéra à la Piscine Probatique.
L'Eglise Romaine commence aujourd'hui, à l'Office des Matines, la lecture de l'Apocalypse de saint Jean.
En cette fête dédiée à saint Joseph comme Protecteur des fidèles, la sainte Eglise, dans l'Introït, nous met à la bouche les paroles dans lesquelles David exprime la confiance qu'il a placée dans la Protection du Seigneur. Saint Joseph est le ministre de cette protection divine, et Dieu nous la promet, si nous nous adressons à son incomparable serviteur.
EPÎTRE
Lecture du livre de la Genèse. Chap. XLIX.
La sainte Famille. Ivoire du XIIIe.
" Mon fils Joseph a été élevé en gloire ; sa puissance va toujours croissant ; il est beau et plein de charmes ; les jeunes filles ont couru sur les galeries pour le voir. Mais avant ses grandeurs, ses frères l'avaient poursuivi avec malice, et lui avaient suscité des rixes ; dans leur envie, ils lui lançaient des traits. Mais son arc tendu est demeuré dans sa force ; les chaînes qui liaient ses bras et ses mains ont été déliées par la main du tout-puissant Dieu de Jacob ; et il est sorti de là pour être le pasteur d'un peuple et la force d'Israël. Ô mon fils, le Dieu de ton père sera ton protecteur, le Tout-Puissant te comblera de ses bénédictions du haut du ciel ; le sol que tu habiteras sera arrosé par les sources qui procèdent de l'abîme des eaux, pour être aussi une bénédiction ; et tu seras béni également dans la fécondité des mères. Les bénédictions que répand sur toi ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses aïeux; et elles seront sur toi, jusqu'à ce que s'accomplisse le désir des collines éternelles. Que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph, sur la tète de celui qui est comme le Nazaréen au milieu de ses frères."
Cette magnifique prophétie de Jacob mourant, et révélant à son fils Joseph le sort glorieux qui l'attend dans sa personne et dans ses enfants, vient à propos en ce jour pour nous rappeler les touchantes relations que saint Bernard a si éloquemment relevées entre les deux Joseph. Nous les avons signalées au dix-neuf mars, et le pieux lecteur a pu se convaincre que le premier Joseph fut le type du second. Le vieux Patriarche, après avoir prophétisé la destinée de ses dix premiers enfants, s'arrête avec complaisance sur le fils de Rachel. Après avoir loué sa beauté, il rappelle les persécutions auxquelles il fut en butte de la part de ses frères, et les voies merveilleuses par lesquelles Dieu le délivra de leurs mains, et le conduisit à la puissance. De là Jacob montre ce fils de sa tendresse élevé en gloire, et devenu le type du second Joseph. Qui a mérité plus que l'Epoux de Marie, le Protecteur des fidèles, d'être appelé " le Pasteur d'un peuple et la force d'Israël " ?
Nous sommes tous sa famille : il veille sur nous avec amour ; et dans nos tribulations, nous pouvons appuyer sur lui notre confiance, comme sur un roc inébranlable. L'héritage de saint Joseph est l'Eglise, que les eaux du Baptême arrosent sans cesse et rendent féconde ; c'est là qu'il exerce son pouvoir bienfaisant sur ceux qui se confient en lui. Jacob promet au premier Joseph d'immenses bénédictions, dont l'effet durera jusqu'au jour où le Sauveur promis a descendra des " collines de l'éternité ". Alors commencera le ministère du second Joseph, ministère de secours et de protection, qui durera jusqu'au second avènement du Fils de Dieu. Enfin, si le premier Joseph est présenté dans la prophétie comme Nazaréen, c'est-à-dire consacre à Dieu et saint au milieu de ses frères, le second remplira l'oracle plus littéralement encore ; car non seulement sa sainteté dépassera celle du fils de Jacob, mais sa demeure sera Nazareth. C'est dans cette ville qu'il habitera avec Marie, dans cette ville qu'il reviendra au retour de l'Egypte, dans cette ville qu'il achèvera sa sainte carrière ; enfin pour avoir habité cette ville avec lui, son fils adoptif, Jésus, Verbe éternel, " sera appelé Nazaréen ".
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. III.
La sainte Famille. Pietro di Cristoforo Vannucci - Le Pérugin. XVe.
" En ce temps-là, il advint que dans les jours où tout le peuple venait recevoir le baptême de Jean, Jésus lui-même, ayant été baptise et priant, le ciel s'ouvrit ; et l'Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme visible d'une colombe ; et une voix du ciel parla ainsi :
" Vous êtes mon Fils bien-aimé : en vous j'ai mis mes complaisances."
Et Jésus avait alors environ trente ans, et il était regardé comme le fils de Joseph."
" Jésus était regardé comme le fils de Joseph !"
Ainsi l'amour filial de Jésus pour sa Mère, les égards dus à l'honneur de la plus pure des vierges, allèrent jusqu'à faire accepter au Fils de Dieu, durant trente années, le nom et l'extérieur de fils de Joseph. Joseph s'est entendu appeler père par le Verbe incréé dont le Père est éternel ; il a reçu d'un homme mortel les soins de l'enfance et les aliments dans ses premières années. Joseph a été le chef de la sainte famille de Nazareth, et Jésus a reconnu son autorité. L'économie de la divine incarnation exigeait ces étonnantes relations entre le créateur et la créature. Mais si le Fils de Dieu assis à la droite de son Père a retenu la nature humaine indissolublement unie à sa personne divine, il n'a pas non plus dépouillé les sentiments qu'il professa ici-bas envers les deux autres membres de la famille de Nazareth.
Envers Marie, qui sera éternellement sa Mère dans l'ordre de l'humanité, sa tendresse filiale et ses égards n'ont fait que s'accroître ; mais nous ne pouvons douter que l'affection et la déférence qu'il eut pour son père d'adoption ne soient aussi représentées éternellement dans le cœur de l'Homme-Dieu. Nul mortel n'a eu avec Jésus des rapports aussi intimes et aussi familiers. Joseph, par ses soins paternels envers le fils de Marie, a fait ressentir la reconnaissance au Fils de l'Eternel ; il est juste de penser que des honneurs particuliers et un crédit supérieur dans le ciel ont acquitté cette reconnaissance. Telle est la croyance de l'Eglise, telle est la confiance des âmes pieuses, tel est le motif de l'institution de la solennité d'aujourd'hui.
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dimanche, 14 avril 2024
Dimanche du Bon Pasteur. IIe après Pâques.
- Le IIe dimanche après Pâques, dit aussi le Dimanche du Bon Pasteur.
Le Bon Pasteur. Mosaïque. Basilique Saint-Appolinaire. Ravenne. Ve.
A LA MESSE
Ce Dimanche est désigné sous l'appellation populaire de Dimanche du bon Pasteur, parce qu'on y lit à la Messe le passage de l'Evangile de saint Jean où notre Seigneur se donne à lui-même ce titre. Un lien mystérieux unit ce texte évangélique au temps où nous sommes ; car c'est en ces jours que le Sauveur des hommes, établissant et consolidant son Eglise, commença par lui donner le Pasteur qui devait la gouverner jusqu'à la consommation des siècles.
Dans l'Eglise grecque, le deuxième Dimanche après Pâques que nous appelons du Bon Pasteur, est désigné sous le nom de Dimanche des saintes myrophores, ou porte-parfums. On y célèbre particulièrement la piété des saintes femmes qui apportèrent des parfums au Sépulcre pour embaumer le corps du Sauveur. Joseph d'Arimathie a aussi une part dans les cantiques dont se compose l'Office de l'Eglise grecque durant cette semaine.
L'Eglise Romaine lit les Actes des Apôtres, à l'Office des Matines, depuis lundi dernier jusqu'au troisième Dimanche après Pâques exclusivement.
EPÎTRE
Lecture de l'Epître du bienheureux Pierre, Apôtre. I, Chap. II.
Peter Paul Rubens. XVIIe.
" Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant ainsi un exemple, afin que vous suiviez ses traces. Lui qui n'avait commis aucun péché, et dans la bouche duquel la tromperie ne se trouva jamais, il ne répondait pas d'injures quand on le maudissait ; quand on le maltraitait, il ne menaçait pas ; mais il s'est livré à celui qui le jugeait injustement. C'est lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois de la Croix ; afin qu'étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; et c'est par ses meurtrissures que vous avez été guéris ; car vous étiez comme des brebis errantes ; mais maintenant vous êtes retournés au Pasteur et à l'Evêque de vos âmes."
C'est le Prince des Apôtres, le Pasteur visible de l'Eglise universelle, qui vient de nous faire entendre sa parole. Voyez comment il termine ce passage en reportant nos pensées sur le Pasteur invisible dont il est le Vicaire, et comment il évite avec modestie tout retour sur lui-même. C'est bien là ce Pierre qui, dirigeant Marc son disciple dans la rédaction de son Evangile, n'a pas voulu qu'il y racontât l'investiture que le Christ lui a donnée sur tout le troupeau, mais a exigé qu'il n'omît rien dans son récit du triple reniement chez Caïphe. Avec quelle tendresse l'Apôtre nous parle ici de son Maître, des souffrances qu'il a endurées, de sa patience, de son dévouement jusqu'à la mort à ces pauvres brebis errantes dont il devait composer sa bergerie !
Michele Giambono. XVe.
Ces paroles auront un jour leur application dans Pierre lui-même. L'heure viendra où il sera attaché au bois, où il se montrera patient comme son Maître au milieu des outrages et des mauvais traitements. Jésus le lui avait prédit ; car, après lui avoir confié brebis et agneaux, il ajouta que le temps viendrait où Pierre " devenu vieux étendrait ses mains sur la croix ", et que la violence des bourreaux s'exercerait sur sa faiblesse. (Johan. XXI.) Et ceci arrivera non seulement à la personne de Pierre, mais à un nombre considérable de ses successeurs qui tous ne font qu'un avec lui, et que l'on verra, dans la suite des siècles, si souvent persécutés, exilés, emprisonnés, mis à mort. Suivons, nous aussi, les traces de Jésus, en souffrant de bon cœur pour la justice ; nous le devons à Celui qui, étant de toute éternité l'égal de Dieu le Père dans la gloire, a daigné descendre sur la terre pour être " le Pasteur et l'Evêque de nos âmes ".
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. X.
Le miroir de l'humaine salvation. Ecole française. XVe.
" En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens :
" Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ; mais le mercenaire, et celui qui n'est pas le pasteur, à qui les brebis n appartiennent pas, voyant venir le loup, laisse là les brebis et s'enfuit : et le loup ravit les brebis et les disperse. Or le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et n'a point souci des brebis. Moi, je suis le bon Pasteur, et je connais mes brebis, et elles me connaissent. Comme mon Père me connaît, moi aussi je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. Et j'ai d'autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'une bergerie et qu'un Pasteur."
Selon le décret éternel, l'Homme-Dieu, après quelques jours encore, doit cesser d'être visible ici-bas. La terre ne le reverra plus qu'à la fin des temps, lorsqu'il viendra juger les vivants et les morts. Cependant il ne saurait abandonner cette race humaine pour laquelle il s'est offert en sacrifice sur la croix, qu'il a vengée de la mort et de l'enfer en sortant victorieux du tombeau. Il demeurera son Chef dans les deux ; mais sur la terre qu'aurons-nous pour suppléera sa présence ? Nous aurons l'Eglise. C'est à l'Eglise qu'il va laisser toute son autorité sur nous ; c'est entre les mains de l'Eglise qu'il va remettre le dépôt de toutes les vérités qu'il a enseignées ; c'est l'Eglise qu'il va établir dispensatrice de tous les moyens de salut qu'il a destinés aux hommes.
Catacombes Praetexta. Rome. IVe.
Cette Eglise est une vaste société dans laquelle tous les hommes sont appelés à entrer ; société composée de deux sortes de membres, les uns gouvernant et les autres gouvernés, les uns enseignant et les autres enseignés, les uns sanctifiant et les autres sanctifiés. Cette société immortelle est l'Epouse du Fils de Dieu : c'est par elle qu'il produit ses élus. Elle est leur mère unique : hors de son sein le salut ne saurait exister pour personne.
Mais comment cette société subsistera-t-elle ? Comment traversera-t-elle les siècles, et arrivera-t-elle ainsi jusqu'au dernier jour du monde ? Qui lui donnera l'unité et la cohésion ? Quel sera le lien visible entre ses membres, le signe palpable qui la désignera comme la véritable Epouse du Christ, dans le cas où d'autres sociétés prétendraient frauduleusement lui ravir ses légitimes honneurs ? Si Jésus eût dû rester au milieu de nous, nous ne courions aucun risque ; partout où il est, là est aussi la vérité et la vie ; mais " Il s'en va ", nous dit-il, et nous ne pouvons encore le suivre. Ecoutez donc, et apprenez sur quelle base il a établi la légitimité de son unique Epouse.
Durant sa vie mortelle, étant un jour sur le territoire de Césarée de Philippe, ses Apôtres assemblés autour de lui, il les interrogea sur l'idée qu'ils avaient de sa personne. L'un d'eux, Simon, fils de Jean ou Jonas, et frère d'André, prit la parole, et lui dit : " Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ". Jésus reçut avec bonté ce témoignage qu'aucun sentiment humain n'avait suggéré à Simon, mais qui sortait de sa conscience divinement inspirée à ce moment ; et il déclara à cet heureux Apôtre que désormais il n'était plus Simon, mais Pierre. Le Christ avait été désigné par les Prophètes sous le caractère symbolique de la pierre (Isai. XXVIII, 16.) ; en attribuant aussi solennellement à son disciple ce titre distinctif du Messie, Jésus donnait à entendre que Simon aurait avec lui un rapport que n'auraient pas les autres Apôtres.
Manuscrit. Speculum humanae salvationis. Allemagne. XIVe.
Mais Jésus continua son discours. Il avait dit à Simon : " Tu es Pierre " ; il ajouta : " et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ".
Pesons ces paroles du Fils de Dieu :
" Je bâtirai mon Eglise."
Il a donc un projet : celui de bâtir une Eglise. Cette Eglise, ce n'est pas maintenant qu'il la bâtira ; cette œuvre est encore différée ; mais ce que nous savons déjà avec certitude, c'est que cette Eglise sera bâtie sur Pierre. Pierre en sera le fondement, et quiconque ne posera pas sur Pierre ne fera pas partie de l'Eglise.
Ecoutons encore :
" Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre mon Eglise."
Dans le style des Juifs les portes signifient les puissances ; ainsi l'Eglise de Jésus sera indestructible, malgré tous les efforts de l'enfer. Pourquoi ? Parce que le fondement que Jésus lui aura donné sera inébranlable.
Le Fils de Dieu continue :
" Et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux."
Dans le langage des Juifs, les clefs signifient le pouvoir de gouvernement, et dans les paraboles de l'Evangile le Royaume de Dieu signifie l'Eglise qui doit être bâtie par le Christ. En disant à Pierre, qui ne s'appellera plus Simon : " Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ", Jésus s'exprimait comme s'il lui eût dit : " Je te ferai le Roi de cette Église, dont tu seras en même temps le fondement ".
Rien n'est plus évident ; mais ne perdons pas de vue que toutes ces magnifiques promesses regardaient l'avenir (Matth. XVI.).
Saint Pierre. Détail. Marco Zoppo. XVe.
Or, cet avenir est devenu le présent. Nous voici arrivés aux dernières heures du séjour de Jésus ici-bas. Le moment est venu où il va remplir sa promesse, et fonder ce Royaume de Dieu, cette Eglise qu'il devait bâtir sur la terre. Fidèles aux ordres que leur avaient transmis les Anges, les Apôtres se sont rendus en Galilée. Le Seigneur se manifeste à eux sur le bord du lac de Tibériade, et après un repas mystérieux qu'il leur a préparé, pendant qu'ils sont tous attentifs à ses paroles, il interpelle tout à coup son disciple :
" Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
Remarquons qu'il ne lui donne pas en ce moment le nom de Pierre ; il se replace au moment où il lui dit autrefois : " Simon, fils de Jonas, tu es Pierre " ; il veut que les disciples sentent le lien qui unit la promesse et l'accomplissement. Pierre, avec son empressement accoutumé, répondu l'interrogation de son Maître : " Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime ". Jésus reprend la parole avec autorité : " Pais mes agneaux ", dit-il au disciple. Puis réitérant la demande, il dit encore : " Simon fils de Jean, m'aimes-tu ?" Pierre s'étonne de l'insistance avec laquelle son Maître semble le poursuivre ; toutefois il répond avec la même simplicité :
" Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime."
Après cette réponse, Jésus répète les mêmes paroles d'investiture :
" Pais mes agneaux."
Les disciples écoutaient ce dialogue avec respect ; ils comprenaient que Pierre était encore une fois mis à part, qu'il recevait en ce moment quelque chose qu'ils ne recevraient pas eux-mêmes. Les souvenirs de Césarée de Philippe leur revenaient à l'esprit, et ils se rappelaient les égards particuliers que leur Maître avait toujours eus pour Pierre depuis ce jour.
Cependant, tout n'était pas terminé encore. Une troisième fois Jésus interpelle Pierre : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
A ce coup l'Apôtre n'y tient plus. Ces trois appels que fait Jésus à son amour ont réveillé en lui le triste souvenir des trois reniements qu'il eut le malheur de prononcer devant la servante de Caïphe. Il sent une allusion à son infidélité encore si récente, et c'est en demandant grâce qu'il répond cette fois avec plus de componction encore que d'assurance :
" Seigneur, tout vous est connu ; vous savez que je vous aime."
Alors le Seigneur mettant le dernier sceau à l'autorité de Pierre, prononce ces paroles imposantes :
" Pais mes brebis." (Johann, XXI.).
Le Bon Pasteur. Catacombes Saint-Calixte. Rome. IIe.
Voilà donc Pierre établi Pasteur par celui-là même qui nous a dit : " Je suis le bon Pasteur ". D'abord le Seigneur a donné à son disciple et par deux fois le soin des agneaux ; ce n'était pas encore l'établir Pasteur ; mais quand il le charge de paître aussi les brebis, le troupeau tout entier est placé sous son autorité. Que l'Eglise paraisse donc maintenant, qu'elle s'élève, qu'elle s'étende ; Simon fils de Jean en est proclamé le Chef visible. Est-elle un édifice, cette Eglise ? Il en est la Pierre fondamentale. Est-elle un Royaume ? Il en tient les Clefs, c'est-à-dire le sceptre. Est-elle une bergerie ? Il en est le Pasteur.
Oui, elle sera une bergerie, cette Eglise que Jésus organise en ce moment, et qui se révélera au jour de la Pentecôte. Le Verbe de Dieu est descendu du ciel " pour réunir en un les enfants de Dieu qui auparavant étaient dispersés " (Johann, XI, 52.), et le moment approche où il n'y aura plus " qu'une seule bergerie et un seul Pasteur " (Ibid. X, 16.).
Le Bon Pasteur. Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.
Nous vous bénissons, nous vous rendons grâces, Ô notre divin Pasteur ! C'est par vous qu'elle subsiste et qu'elle traverse les siècles, recueillant et sauvant toutes les âmes qui se confient à elle, cette Eglise que vous fondez en ces jours. Sa légitimité, sa force, son unité, lui viennent de vous, son Pasteur tout-puissant et tout miséricordieux. Nous vous bénissons aussi et nous vous rendons grâces, Ô Jésus, pour la prévoyance avec laquelle vous avez pourvu au maintien de cette légitimité, de cette force, de cette unité, en nous donnant Pierre votre vicaire, Pierre notre Pasteur en vous et par vous, Pierre à qui brebis et agneaux doivent obéissance, Pierre en qui vous demeurez visible, Ô notre divin Chef, jusqu'à la consommation des siècles.
Divin Pasteur de nos âmes, qu'il est grand votre amour pour vos heureuses brebis ! Vous allez jusqu'à donner votre vie pour qu'elles soient sauvées. La fureur des loups ne vous fait pas fuir ; vous vous donnez en proie, afin de détourner d'elles la dent meurtrière qui voudrait les dévorer. Vous êtes mort en notre place, parce que vous étiez notre Pasteur. Nous ne nous étonnons plus que vous ayez exigé de Pierre plus d'amour que vous n'en attendiez de ses frères : vous vouliez l'établir leur Pasteur et le nôtre. Pierre a pu répondre avec assurance qu'il vous aimait, et vous lui avez conféré votre propre titre avec la réalité de vos fonctions, afin qu'il vous suppléât quand vous auriez disparu à nos regards. Soyez béni, divin Pasteur ; car vous avez songé aux besoins de votre bergerie qui ne pouvait se conserver Une, si elle eût eu plusieurs Pasteurs sans un Pasteur suprême. Pour nous conformer à vos ordres, nous nous inclinons avec amour et soumission devant Pierre, nous baisons avec respect ses pieds sacrés ; car c'est par lui que nous nous rattachons à vous, c'est par lui que nous sommes vos brebis.
Le Bon Pasteur. Thomas Cole. XIXe.
Conservez-nous, Ô Jésus, dans la bergerie de Pierre qui est la vôtre. Eloignez de nous le mercenaire qui voudrait usurper la place et les droits du Pasteur. Intrus dans la bergerie par une profane violence, il affecte les airs de maître ; mais il ne connaît pas les brebis, et les brebis ne le connaissent pas. Attiré, non par le zèle, mais par la cupidité et l'ambition, il fuit à l'approche du danger. Quand on n'est mû que par des intérêts terrestres, on ne sacrifie pas sa vie pour autrui ; le pasteur schismatique s'aime lui-même ; ce n'est pas vos brebis qu'il aime ; pourquoi donnerait-il sa vie pour elles ? Gardez-nous de ce mercenaire, Ô Jésus ! Il nous séparerait de vous, en nous séparant de Pierre que vous avez établi votre Vicaire. Nous n'en voulons pas connaître d'autre. Anathème à quiconque voudrait nous commander en votre nom, et ne serait pas envoyé de Pierre ! Faux pasteur, il ne poserait pas sur la pierre du fondement, il n'aurait pas les clefs du Royaume des cieux ; il ne pourrait que nous perdre. Accordez-nous, Ô bon Pasteur, de demeurer toujours avec vous et avec Pierre dont vous êtes le fondement, comme il est le nôtre, et nous pourrons défier toutes les tempêtes. Vous l'avez dit, Seigneur :
" L'homme sage a bâti sa maison sur le rocher ; les pluies ont fondu sur elle, les fleuves se sont déchaînés, les vents ont soufflé, toutes ces forces se sont ruées sur la maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la Pierre."(Matth. VII, 24, 25.).
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