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samedi, 07 septembre 2024

7 septembre. Saint Cloud, prince, moine et prêtre. 560.

- Saint Cloud, prince, moine et prêtre. 560.
 
Pape : Pélage Ier. Roi des Francs : Clotaire Ier. Empereur romain d'Orient : Justinien Ier.
 
" Le coeur de l'homme, faussé et perverti, place le bonheur des mortels dans la splendeur des palais, sans s'inquiéter de la souillure et de la ruine des âmes."
Saint Augustin, évêque d'Hippone.
 
Sainte Clotilde et ses trois petits fils dont l'aîné saint Cloud.
Grandes chroniques de France. XIVe.
 
 Saint Clodoald, vulgairement appelé saint Cloud, est le premier prince franc que l'Eglise ait honoré d'un culte public. Il naquit en 522. Son père Clodomir, roi d'Orléans, l'ainé des fils de sainte Clotilde, ayant défait en bataille rangée saint Sigismond, roi de Bourgogne, et l'ayant fait son prisonnier de guerre, avec sa femme et ses enfants, les fit tous cruellement mourir, sans que ni le respect de la dignité royale dont Sigismond était revêtu, ni la considération de la parenté (car il était son cousin issu de germain), ni les remontrances de saint Avit, abbé de Micy, qui fit son possible pour le détourner de ce meurtre, pussent rien gagner sur la férocité de son esprit.

Cette inhumanité fut bientôt sévèrement punie, non-seulement en sa personne, mais aussi en celles de ses propres enfants. Ayant remporté une seconde victoire près de Vienne, en Dauphiné, sur Gondemar, frère de saint Sigismond, comme il poursuivait les fuyards avec ardeur, il s'éloigna trop de ses gens et tomba entre les mains d'une troupe d'ennemis qui le tuèrent, lui coupèrent la tête et la mirent au bout d'une lance pour la faire voir aux Francs.

Après sa mort, ses enfants : Thibault, Gonthaire et Clodoald, (vulgairement Cloud), se trouvèrent sous la conduite de sainte Clotilde, leur grand-mère, qui les éleva chrétiennement et avec le plus grand soin, en attendant qu'ils partageassent les Etats de leur père, gouvernés pendant ce temps par des lieutenants.
 
Eglise Saint-Cloud de Rodhon. Orléanais.
 
 Mais Childebert, roi de Paris, leur oncle, qui convoitait le royaume d'Orléans, leur héritage, invita Clotaire, roi de Soissons, à partager son infâme dessein. Il s'agissait de faire mourir leurs neveux ou de les reléguer dans un cloître. Clotaire opina pour la mort. Ces oncles barbares égorgèrent de leurs propres mains les deux aînés, Thibault et Gonthaire. Cloud, par une protection spéciale de la Providence, échappa au massacre.
 
Assassinat de Thibault et de Gonthaire. Manuscrit du XVe.
 
 Bientôt après, il se coupa lui-même les cheveux, cérémonie par laquelle il déclarait qu'il renonçait à la royauté. Depuis, il trouva diverses occasions de recouvrer les Etats de son père ; mais il ne voulut point en profiter. La grâce lui avait ouvert les yeux sur la vanité des grandeurs terrestres. Il préféra une vie humble et tranquille dans les rigueurs de la solitude, à une vie éclatante, mais périlleuse dans un palais royal et au milieu d'une foule de courtisans ; il se consacra entièrement au service de Dieu. Son étude ne fut plus que la lecture des Livres Sacrés ; son plaisir, de vivre la plus sévère ascèse.

Après avoir distribué aux églises et aux pauvres les biens que ses oncles n'avaient pu lui ravir, il se retira auprès d'un saint religieux, nommé Séverin, qui menait une vie solitaire et contemplative dans un ermitage aux portes de Paris. Le jeune prince reçut de ses mains l'habit religieux, et demeura quelque temps en sa compagnie, pour s'y former à toutes les vertus monastiques.
 
Saint Cloud reçu par saint Séverin. Gravure, XVIIe.
 
 Childebert et Clotaire ne purent pas ignorer que c'était lui ; mais, comme ils le virent sans prétention, ils le laissèrent en liberté et lui donnèrent même quelques héritages pour vivre plus commodément dans le lieu de sa retraite.

Cependant, ne se croyant pas assez solitaire, ou pour quelques raisons que son histoire ne marque pas, il quitta les environs de Paris et se retira secrètement en Provence, hors de la vue et de l'entretien de toutes les personnes de sa connaissance.

Pendant qu'il se construisait, de ses propres mains, une petite cellule, un pauvre se présenta devant lui et lui demanda l'aumône. Il était lui-même si pauvre, qu'il n'avait ni or, ni argent, ni provisions qu'il pût lui donner ; mais il se dépouilla généreusement de sa propre cuculle et lui en fit présent.

Cet acte de charité fut si agréable à Dieu, que, pour en découvrir le mérite, il rendit la nuit suivante cette cuculle toute lumineuse entre les mains du pauvre qui l'avait reçue. Les habitants des environs furent témoins de ce miracle, et reconnurent par là que saint Cloud était un excellent serviteur du Christ. Ils le vinrent donc trouver pour honorer sa sainteté et pour recevoir ses instructions ; mais leurs trop grandes déférences leur firent perdre un si précieux trésor : car saint Cloud, voyant qu'il n'était pas plus caché en Provence qu'à Paris, s'en retourna dans son premier ermitage.

Peut-être que l'appréhension d'être élevé à la prélature l'avait fait fuir, et que le sujet de sa crainte était passé par l'élection d'un autre à cette dignité.
 
Saint Cloud faisant l'aumône.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
 
 A peine fut-il revenu qu'Eusèbe, alors évêque de Paris, l'ordonna prêtre à la sollicitation du peuple, qui ne put souffrir un si saint homme dans un Ordre inférieur. Les exemples des vertus qu'il fit paraître dans cette dignité le firent encore plus respecter qu'auparavant.

On admirait en lui le pouvoir de la grâce, qui, d'un prince, ou pour mieux dire d'un roi légitime, avait fait un humble serviteur de la maison de Dieu. On louait hautement son humilité, sa modestie, son détachement des choses du monde, son amour pour la pénitence et sa charité incomparable.

Ce grand homme ne put souffrir longtemps ces honneurs, et, pour les éviter, il se retira sur une montagne, le long de la Seine, à deux lieues au-dessous de Paris, en un lieu que l'on appelait Nogent, mais qui, depuis, a changé de nom pour prendre celui de Saint-Cloud.
 
Saint Cloud délivrant un possédé.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
 
 Après y avoir vécu quelque temps solitaire, il y fit bâtir un monastère qu'il dota des biens que les rois, ses oncles, lui donnèrent. Il le fit dépendant, avec son église et tous ses revenus, de l'église cathédrale de Paris, dont il était le prêtre, comme ils en dépendaient encore en 1685. Il y gagna plusieurs personnes à Jésus-Christ, qui furent ravies d'y vivre religieusement sous sa conduite.

Enfin, il y mourut saintement le 7 septembre, vers l'an 560. Sa mort, qu'il avait prédite avant qu'elle arrivât, fut suivie de plusieurs miracles. On enterra son corps dans le même monastère, qui, depuis, a été changé en collégiale. Cette église est aujourd'hui paroissiale, et l'on y garde encore quelques-unes des reliques du Saint.
 
Eglise Saint-Clodoald. Saint-Cloud, Île-de-France.
 
 Les 4 Martyrologes ordinaires font une honorable mention de ce bienheureux prince. Les Parisiens célèbrent sa fête avec beaucoup de piété ; et, durant toute son octave, il y a un grand concours de peuple qui visite son église.

On peut voir dans toute son histoire, que ce que le monde appelle infortune est souvent le chemin du vrai bonheur, et que Dieu sait admirablement tirer le bien du mal, l'élévation de la plus grande humiliation. Ainsi, la véritable prudence est de s'abandonner entièrement à la conduite de Sa Divine Providence, et d'aimer les états, même les plus bas et les plus humiliés, où il Lui plaît de nous mettre.

On le représente çà et là comme solitaire, agenouillé devant une croix, et la couronne à terre près de lui.
 
Chapelle Saint-Cloud. Elliant. Cornouailles, Bretagne.

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vendredi, 06 septembre 2024

6 septembre. Saint Zacharie, 11e des 12 petits prophètes. Ve siècle avant Notre Seigneur Jésus-Christ.

- Saint Zacharie, 11e des 12 petits prophètes. Ve siècle avant Notre Seigneur Jésus-Christ. Ve s. av. Notre Seigneur Jésus-Christ.
 
Puits de Moïse. Saint Zacharie.
Chartreuse de Champmol. Dijon. Bourgogne.
 
Zacharie, fils de Barachie et petit-fils d'Addo, commença à prophétiser l'an du monde 3484, le 8e mois de la 2de année du règne de Darius, premier fils d'Hystaspe et roi de Perse (521-485). Contemporain du prophète Aggée, il y a apparence qu'il se joignit à lui pour engager les Juifs à reprendre l'oeuvre de la reconstruction du temple, interrompue depuis longtemps.

Il les exhorta aussi à se convertir au Seigneur et à ne pas imiter l'endurcissement de leurs pères, si souvent châtiés pour n'avoir pas écouté les Prophètes.

Dieu fit voir à Zacharie, dans deux visions différentes, et sous plusieurs figures, la succession des quatre monarchies, savoir des Assyriens, des Chaldéens, des Perses et des Grecs, qui devait se terminer au règne de Jésus-Christ dont il décrit la vie et la passion.
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Vision de saint Zacharie. Gustave Doré. XIXe.
 
Il parle aussi de son entrée à Jérusalem et des 30 pièces d'argent qui furent le prix de son sang.
 
Zacharie est le plus fécond, mais aussi, au jugement de saint Jérôme, le plus obscur des 12 petits Prophètes. Sa prophétie, dans nos Bibles, contient 14 chapitres.

Une controverse, jusqu'ici demeurée sans solution définitive, s'est élevée entre les commentateurs, au sujet d'un texte fameux de l'Evangile où Notre Seigneur s'adresse aux Juifs et qui parait se rapporter à Zacharie :
" Je vous ai envoyé des prophètes, des sages, des docteurs ; vous les avez égorgés. Aussi du sang des justes versé sur la terre depuis l'innocent Abel jusqu'à Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel, retombera sur vos tètes."

Toutefois la tradition juive ou chrétienne n'a gardé aucun souvenir du meurtre du prophète Zacharie. On peut donc adopter sur ce point le système de saint Epiphane, qui appliquait les paroles de Notre-Seigneur au grand-prêtre Zacharie, mis à mort entre le temple et l'autel, sous le règne de Joas (870-831).
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Saint Zacharie. Antoine Coypel. Château de Versailles. XVIIe.
 
Les Grecs et les Moscovites honorent la mémoire du prophète Zacharie au 8 février ; les Latins lui ont assigné le 6 septembre. Quelques synaxaires grecs marquent aussi sa mémoire au 16 mai, et les Egyptiens font sa fête le 9 septembre.

On lit dans l'historien grec Sozomène (Ve s.), que le corps du prophète Zacharie fut trouvé dans le territoire d'Eleuthéropolis, dans un bourg nommé Caphar. Il était intact, vêtu d'une robe blanche, et mis dans un cercueil de plomb, enfermé dans un autre de bois.

On le représente, comme les autres Prophètes, déroulant un cartouche où se lisent les principaux textes de sa prophétie.

On peut voit dans la collection des Bollandistes, au 6 septembre, les arguments que le père Stilting a réunis pour soutenir l'identité du Zacharie dont parle Notre-Seigneur avec le prophète.
Bergier, dans son Dictionnaire de théologie, les a repris en sous-oeuvre et développés avec une nouvelle force.

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jeudi, 05 septembre 2024

5 septembre. Saint Laurent Justinien, premier patriarche de Venise, confesseur. 1455.

- Saint Laurent Justinien, premier patriarche de Venise, confesseur. 1455.

Papes : Nicolas V ; Calixte III. Roi de France : Charles VII. Souverain du Saint-Empire : Frédéric III de Habsbourg. Roi de Castille et de Léon : Henri IV. Roi d'Aragon et de Naples : Alphonse V le Magnanime.

" Le premier sacrifice de justice que l'homme doit faire à Dieu, celui qui Lui est le plus agréable et qui le fait avancer davantage dans la perfection, c'est le sacrifice d'un coeur contrir à cause de ses péchés passés."
Esprit de saint Laurent Justinien.

Buste de saint Laurent Justinien. Venise.
 
Laurent naquit à Venise de l'illustre famille des Justiniani (ou Giustiniani). Il montra dès l'enfance une gravité rare. Son adolescence se passait dans les exercices de la piété, lorsque, invité par la Sagesse divine aux noces très pures du Verbe et de l'âme, il conçut la pensée d'embrasser l'état religieux. C'est pourquoi, préludant secrètement à cette milice nouvelle, il affligeait son corps en différentes manières et couchait sur la planche nue. Puis, comme un arbitre appelé à prononcer, il prenait séance entre, d'une part, les austérités du cloître, de l'autre, les douceurs du siècle et le mariage que lui préparait sa mère ; alors, tournant les yeux vers la croix du Christ souffrant : " C'est vous, disait-il, Seigneur, qui êtes mon espérance ; c'est là que vous avez placé pour moi votre asile très sûr."

Ce fut vers la congrégation des chanoines réguliers de Saint-Georges-in-Alga que le porta sa ferveur. On l'y vit inventer de nouveaux tourments pour sévir plus durement contre lui-même, se déclarant une guerre d'ennemi acharné, ne se permettant aucun plaisir.

Plus jamais il n'entra dans le jardin de sa famille, ni dans la maison paternelle, si ce n'est pour rendre les derniers devoirs à sa mère mourante, ce qu'il fit sans une larme. Non moindre était son zèle pour l'obéissance, la douceur, l'humilité surtout : il allait au-devant des offices les plus abjects du monastère ; il se plaisait à mendier par les lieux les plus fréquentés de la ville, cherchant moins la nourriture que l'opprobre ; les injures, les calomnies ne pouvaient l'émouvoir ni lui l'aire rompre le silence.

Quand, par une grande chaleur, on lui proposait de boire :
" Si nous ne pouvons supporter la soif, disait-il, comment supporterons-nous le feu du purgatoire ?"

Saint Laurent Justinien général de son ordre.
Francesco Morone. XVIe.
 
Il dut un jour subir une opération par le fer et par le feu ; aucune plainte ne sortit de sa bouche : " Allons, disait-il au chirurgien dont la main tremblait, coupez hardiment ; cela ne vaut pas les ongles de fer avec lesquels on déchirait les martyrs."

A un frère qui se lamentait parce que le grenier de la communauté avait brûlé : " Pourquoi donc, dit-il, avons-nous fait le voeu de pauvreté ? Cet incendie est une grâce de Dieu pour nous !"
Ses vertus l'élevèrent bientôt aux fonctions de général de son Ordre.

Saint Laurent Justinien adorant le Saint Enfant Jésus
dans une vision. Giordano Luca.
Eglise Sainte Marie-Madeleine. Rome. XVII.

Son grand secours était dans la prière continuelle ; souvent l'extase le ravissait en Dieu ; telle était l'ardeur dont brûlait son âme, qu'elle embrasait ses compagnons, les prémunissant contre la défaillance, les affermissant dans la persévérance et l'amour de Jésus-Christ.

Vision de saint Laurent Justinien. A. Pellegrini. XVIIe.
 
Elevé par Eugène IV à l'épiscopat de sa patrie, l'effort qu'il fit pour décliner l'honneur ne fut dépassé que par le mérite avec lequel il s'acquitta de la charge. Il ne changea en rien sa manière de vivre, gardant jusqu'à la fin pour la table, le lit, l'ameublement, la pauvreté qu'il avait toujours pratiquée. Il ne retenait à ses gages qu'un personnel réduit de familiers, disant qu'il avait une autre grande famille, par laquelle il entendait les pauvres du Christ. Quelle que fût l'heure, on le trouvait toujours abordable ; sa paternelle charité se donnait a tous, n'hésitant pas à s'endetter pour soulager la misère.

Comme on lui demandait sur quelles ressources il comptait, ce faisant, il répondait :
" Sur celles de mon Seigneur, qui pourra facilement payer pour moi."

Saint Laurent Justinien donnant la sainte communion
à des religieuses cloîtrées. F. Morone.
 
 Et toujours, par les secours les plus inattendus, la Providence divine justifiait sa confiance : " Allons quêter des mépris, disait-il à son compagnon de quête, lorsqu'il y avait quelque avanie à souffrir ; nous n'avons rien fait, si nous n'avons renoncé au monde."

Il bâtit plusieurs monastères de vierges, et forma diligemment leurs habitantes à marcher dans les voies de la vie parfaite. Son zèle s'employa à détourner les matrones vénitiennes des pompes du siècle et des vaines parures, comme à réformer la discipline ecclésiastique et les mœurs.

Aussi fût-ce à bon droit que le même Eugène IV l'appela, en présence des cardinaux, la gloire et l'honneurde la prélature. Ce fut également pour reconnaître son mérite, que le successeur d'Eugène, Nicolas V, ayant transféré le titre patriarcal de Grado à Venise, l'institua premier patriarche de cette ville.

Saint Laurent Justinien prenant possession de
l'archevêché-patriarcat de Venise. Domenico Corvi.
Basilique Saint-Marc. Venise. XVIIe.
 
Honoré du don des larmes, il offrait tous les jours au Dieu tout-puissant l'hostie d'expiation. C'est en s'en acquittant une fois dans la nuit de la Nativité du Seigneur, qu'il mérita de voir sous l'aspect d'un très bel enfant le Christ Jésus. Efficace était sa garde autour du bercail à lui confié ; un jour, on sut du ciel que l'intercession et les mérites du Pontife avaient sauvé la république. Eclairé de l'esprit de prophétie, il annonça d'avance plusieurs événements que nul homme ne pouvait prévoir.

Maintes fois ses prières mirent en fuite maladies et démons. Bien qu'il n'eût presque point étudié la grammaire, il a laissé des livres remplis d'une céleste doctrine et respirant l'amour.

Cependant la maladie qui devait l'enlever de ce monde venait de l'atteindre ; ses gens lui préparaient un lit plus commode pour sa vieillesse et son infirmité ; mais lui, manifestant sa répulsion pour des délices trop peu en rapport avec la dure croix de son Seigneur mourant, voulut qu'on le déposât sur sa couche ordinaire. Sentant venue la fin de sa vie : " Un chrétien, dit-il avec saint Martin, doit mourir sur la cendre et le cilice." " Je viens à vous, Ô bon Jésus !" dit-il, les yeux levés au ciel. Ce fut le huit janvier qu'il s'endormit dans le Seigneur.

Saint Laurent Justinien sur son lit de mort. F. Morone.

Combien sa mort avait été précieuse, c'est ce qu'attestèrent les concerts angéliques entendus par plusieurs Chartreux, et la conservation de son saint corps qui, pendant plus de deux mois que la sépulture en fut dilférée, demeura sans corruption, avec les couleurs de la vie et exhalant un suave parfum. D'autres miracles suivirent aussi cette mort, lesquels amenèrent le Souverain Pontife Alexandre VIII à l'inscrire au nombre des Saints. Innocent XII désigna pour sa fête le cinquième jour de septembre, où il avait été d'abord élevé sur la chaire des pontifes.

EXTRAITS DE SAINT LAURENT JUSTINIEN

" Venez, vous tous que sollicite l'attrait du bien immuable, et qui vainement le demandez à ce siècle qui passe ; je vous dirai ce que le ciel a fait pour moi. Comme vous jadis je cherchais fiévreusement ; et ce monde extérieur ne donnait point satisfaction à mon désir brûlant. Mais, par la divine grâce qui nourrissait mon angoisse, enfin m'est apparue, plus belle que le soleil, plus suave que le baume, Celle dont alors le nom m'était ignoré. Venant à moi, combien son visage, était doux ! combien pacifiante était sa voix, me disant : " Ô toi dont la jeunesse est toute pleine de l'amour que je t'inspire, pourquoi répandre ainsi ton cœur ? La paix que tu cherches par tant de sentiers divers est avec moi ; ton désir sera comblé, je t'en donne ma foi : si, cependant, tu veux de moi pour épouse."

J'avoue qu'à ces mots défaillit mon cœur ; mon âme fut transpercée du trait de son amour. Comme toutefois je désirais savoir son nom, sa dignité, son origine, die me dit qu'elle se nommait la Sagesse de Dieu, laquelle, invisible d'abord au sein du Père, avait pris d'une Mère une nature visible pour être plus facilement aimée. Alors, en grande allégresse, je lui donnai consentement ; et elle, me donnant le baiser, se retira joyeuse."

[...] " Depuis, la flamme de son amour a été croissant, absorbant mes pensées. Ses délices durent toujours ; c'est mon épouse bien-aimée, mon inséparable compagne. Par elle, la paix que je cherchais fait maintenant ma joie. Aussi, écoutez-moi, vous tous : allez à elle de même; car elle met son bonheur à ne rebuter personne."

Saint Laurent Justinien. Fasciculus amoris, chap. XVI.

PRIERE ET ELOGE DE SAINT LAURENT JUSTINIEN

" Ô Sagesse qui résidez sur votre trône sublime, Verbe par qui tout fut fait, soyez-moi propice dans la manifestation des secrets de votre saint amour."

C'était, Laurent, votre prière, lorsque craignant d'avoir à répondre du talent caché si vous gardiez pour vous seul ce qui pouvait profitera plusieurs, vous résolûtes de divulguer d'augustes mystères. Soyez béni d'avoir voulu nous faire partager le secret des cieux. Par la lecture de vos dévots ouvrages, par votre intercession près de Dieu, attirez-nous vers les hauteurs comme la flamme purifiée qui ne sait plus que monter toujours. Pour l'homme, c'est déchoir de sa noblesse native que de chercher son repos ailleurs qu'en Celui dont il est l'image. Tout ici-bas n'est que pour nous traduire l'éternelle beauté, nous apprendre à l'aimer, chanter avec nous notre amour.

Quelles délices ne furent pas les vôtres, à ces sommets de la charité, voisins du ciel, où conduisent les sentiers de la vérité qui sont les vertus ! C'est bien de vous-même en cette vie mortelle que vous faites le portrait, quand vous dites de l'âme admise à l'ineffable intimité de la Sagesse du Père : Tout lui profite ; où qu'elle se tourne, elle n'aperçoit qu'étincelles d'amour ; au-dessous d'elle, le monde qu'elle a méprisé se dépense à servir sa flamme ; sons, spectacles, suavités, parfums, aliments délectables, concerts de la terre et rayonnement des cieux, elle n'entend plus, elle ne voit plus dans la nature entière qu'une harmonie d'épithalame et le décor de la fête où le Verbe l'a épousée. Ô ! Puissions-nous marcher comme vous à la divine lumière, vivre d'union et de désir, aimer plus toujours, pour toujours être aimé davantage."

De castoconnubio Verbi et animae.

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mercredi, 04 septembre 2024

4 septembre. Sainte Rose de Viterbe, vierge, du Tiers ordre de saint François. 1252.

- Sainte Rose de Viterbe, vierge, du Tiers ordre de saint François. 1252.

Pape : Innocent IV. Roi de France : Saint Louis. Empereur germanique : Conrad IV.  Rois de Castille et de Léon : Saint Ferdinand III ; Alphonse X le Sage. Roi d'Aragon : Jacques Ier le Conquérant.

" Omnia possum in eo qui me confortat."
" Je peux tout en celui qui me fortifie."
Philipp. IV, 13.

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Sainte Rose de Viterbe triomphant de l'hérésie gibeline.

A l'époque où Frédéric II d'Allemagne persécutait l'Eglise et s'emparait des Etats pontificaux, Dieu suscitait sainte Rose pour la défense de Viterbe, capitale du patrimoine de saint Pierre et du territoire qui appartenait au souverain pontife et pour défendre la sujétion légitime du pouvoir temporel au pouvoir spirituel.

Les noms de Jésus et Marie furent les premiers mots qui sortirent de la bouche de cette candide créature. Elle avait trois ans lorsque Dieu manifesta Sa toute-puissance en ressuscitant par son intermédiaire une de ses tantes qu'on portait au cimetière. Lorsqu'elle fut capable de marcher, elle ne sortait que pour aller à l'église ou pour distribuer aux pauvres le pain qu'on lui donnait. Un jour son père la rencontra en chemin et lui demanda d'ouvrir son tablier pour voir ce qu'elle portait. O prodige ! Des roses vermeilles apparurent à la place du pain.

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Au lieu de s'amuser comme toutes les fillettes de son âge, Rose de Viterbe passait la plus grande partie de son temps en prière devant de saintes images, les mains jointes, immobile et recueillie. A l'âge de sept ans, elle sollicita instamment la permission de vivre seule avec Dieu dans une petite chambre de la maison. La petite recluse s'y livra à une oraison ininterrompue et à des austérités effrayantes qu'elle s'imposait, disait-elle, pour apaiser la colère de Dieu. Entre autres mortifications, sainte Rose marchait toujours les pieds nus et dormait sur la terre.

Dieu lui révéla les châtiments éternels réservés aux pécheurs impénitents. Rose en fut toute bouleversée. La Très Sainte Vierge Marie lui apparut, la consola, la bénit et lui annonça que le Seigneur l'avait choisie pour convertir les pauvres pécheurs :
" Il faudra t'armer de courage, continua la Mère de Dieu, tu parcourras des villes pour exhorter les égarés et les ramener dans le chemin du salut."

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Sainte Rose de Viterbe. Francisco de Zurbaran. XVIIe.

Une autre vision la fit participer au drame du Calvaire ; dès lors, la soif de sauver les âmes ne la quitta plus. Sa pénitence aussi austère que précoce, réduisit le frêle corps de Rose à un tel état de faiblesse qu'on désespérait de sauver sa vie. La Très Sainte Vierge la visita de nouveau, la guérit miraculeusement et lui dit d'aller visiter l'église de St-Jean-Baptiste le lendemain, puis celle de Saint-François où elle prendrait l'habit du Tiers Ordre.

Obéissante à la voix du ciel, elle commença à parcourir les places publiques de la ville de Viterbe vêtue de l'habit de pénitence, pieds nus, un crucifix à la main, exhortant la foule à la pénitence et à la soumission au Saint-Siège. Des miracles éclatants vinrent confirmer l'autorité de sa parole.

Instruit de ce qui se passait, le gouverneur impérial de la ville de Viterbe craignit que cette enfant extraordinaire ne détruisit complètement le prestige de l'empereur Frédéric et que l'autorité du pape s'affirmât à nouveau. Il fit comparaître sainte Rose à son tribunal et menaça de la jeter en prison si elle continuait à prêcher. La servante de Dieu lui répondit :
" Je parle sur l'ordre d'un Maître plus puissant que vous, je mourrai plutôt que de Lui désobéir."

Sur les instances d'hérétiques obstinés, sainte Rose est finalement chassée de Viterbe avec toute sa famille, en plein coeur de l'hiver.

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Peu après, sainte Rose de Viterbe annonça le trépas de l'ennemi de Dieu, Frédéric II d'Allemagne. En effet, il ne tarda pas à expirer étouffé dans son lit. A cette nouvelle, les habitants de Viterbe s'empressèrent de rappeller leur petite Sainte, absente depuis dix-huit mois. Celle que tous regardaient comme la libératrice de la patrie, la consolatrice des affligés et le secours des pauvres fut reçue en triomphe dans sa ville natale, tandis que le pape Innocent IV, ramené à Rome, rentrait en possession de Viterbe.

Sa mission apostolique terminée, sainte Rose songea à réaliser son voeu le plus cher. Elle se présenta au couvent de Sainte-Marie-des-Roses, mais n'y fut pas acceptée, probablement à cause du genre de vie extraordinaire qu'elle avait menée auparavant. Rose vécut donc en recluse dans la maison paternelle, se vouant à la contemplation et aux plus rigoureuses pénitences. Plusieurs jeunes filles dont elle s'était déjà occupée la supplièrent de les prendre sous sa conduite. La demeure de la Sainte devint un véritable couvent où des âmes généreuses se livrèrent à l'exercice des plus sublimes vertus.

L'élue de Dieu avait dix-sept ans et six mois lorsque le divin jardinier vint cueillir Sa rose toute épanouie pour le ciel, le 6 mars 1252. A l'heure de son glorieux trépas, les cloches sonnèrent d'elles-mêmes. Sainte Rose de Viterbe apparut au souverain pontife pour lui demander de transporter son corps au monastère de Sainte-Marie-des-Roses, translation qui eut lieu six mois après sa mort. A cette occasion, son corps fut trouvé intact.

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Eglise Sainte-Rose-de-Viterbe. Viterbe.

Il se conserve encore, au même endroit, dans toute sa fraîcheur et sa flexibilité. D'innombrables miracles ont illustré son tombeau.

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Le corps incorrompu de sainte Rose, conservé dans l'église
Sainte-Rose-de-Viterbe à Viterbe. Sa fête donne lieu à une
grande procession chaque 4 septembre dans cette ville
dont elle est une des patronnes majeures.

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mardi, 03 septembre 2024

3 septembre. Saint Pie X, pape, confesseur. 1914.

- Saint Pie X, pape, confesseur. 1914.


Giuseppe Sarto, plus connu sous le nom de Pape Pie X, naquit le 2 juin 1835 à Riese, une bourgade de 4 500 habitants, dont ses parents, Jean Baptiste Sarto et Marguerite Sanson, contractèrent mariage le 13 février 1833 à l'église paroissiale st. Mathieu. C'est justement là que fut baptisé le petit Joseph, le lendemain de sa venue au monde.

Issu d'une famille modeste, Jean Baptiste exerçait l'emploi d'huissier municipal ; quant à Marguerite, elle était couturière de campagne. De leur union naquirent dix enfants : Joseph, Giuseppe (Joseph), Ange, Thérèse, Rose, Antonia, Marie, Lucie, Anne, et Pierre ; mais le premier et le dernier des garçons (Joseph et Pierre), à peine nés s'envolèrent au Paradis. Voilà pourquoi le second enfant fut baptisé Giuseppe (Joseph). Pourtant, qui pouvait dire de ce dernier, qu'un jour il serait le successeur de saint Pierre !...

Comme dans toutes les modestes familles nombreuses, la famille Sarto devait faire attention, car les revenus étaient faibles, mais tous se résignaient à la volonté du Seigneur, contents de la table qu'il leur servait chaque jour.

Epouse et mère exemplaire, Marguerite s'efforçait d'inculquer à ses enfants les vertus chrétiennes qu'elle avait elle même hérité de ses parents.

C'est dans cet esprit que le petit Joseph grandissait. Souvent, il allait prier au sanctuaire de Cendrole, à un kilomètre de Riese, car déjà très jeune il avait une dévotion toute spéciale pour la Sainte Vierge. Jamais il ne manquait le catéchisme ni manquait à la Messe. C'était pour lui une joie d'assister aux offices et servir à l'autel comme enfant de chœur. À la maison, il se plaisait à construire avec ses frères de petits autels, où, avec une simplicité enfantine, il s'exerçait aux cérémonies de l'église. Ces actes de piété naïve déposaient en son cœur les premiers germes de cette vocation qui un jour devait faire de lui le saint Pape que nous connaissons.

Ce goût prononcé pour le catéchisme et la Messe ne manqua pas d'attirer l'attention de Don Fusarini, le curé qui l'avait baptisé. Quand il eut terminé, avec succès, ses études élémentaires, il apprit le latin et fréquenta comme externe, de 1846 à 1850, le collège de Castelfranco (à 7 km de Riese) pour des études secondaires. Sur ces entrefaites, Joseph Sarto reçut la Confirmation le 1er décembre 1845 dans la cathédrale d'Asolo, et la première Communion le 6 avril 1847.

Été comme hiver, il parcourait à pied deux fois par jour la route qui le conduisait de chez lui au collège, avec un morceau de pain dans la poche pour son repas. Excellent élève, il était toujours le premier. Après un brillant succès aux examens, le jeune garçon voulait entrer au Séminaire car il se sentait appelé par le sacerdoce. Ses parents n'étaient pas en état de faire des frais pour payer les études de leur fils. Les maigres revenus de ses parents suffisaient à peine à faire vivre la nombreuse famille, et il était impossible de s'engager dans des frais supplémentaires.
 
Les prières et la confiance en la Divine providence apporta consolation à la famille : Le patriarche de Venise disposait de plusieurs bourses d'études pour le séminaire de Padoue, en faveur des jeunes gens qui souhaitaient aspirer au sacerdoce. Le cardinal Jacopo Monico, originaire de Riese, fut informé par un curé du cas difficile de la famille Sarto, et très volontiers on lui attribua l'une de ces bourses.

AU SEMINAIRE DE PADOUE
 

Le jeune Joseph entra au séminaire à l'automne de 1850 où il y resta pendant huit ans. Ses supérieurs avaient gardé de lui un très bon souvenir. Il devint bien vite pour ses condisciples un modèle d'humilité et de simplicité ; vertus qu'il sut toujours allier à une grande fermeté de caractère. Maîtres et élèves appréciaient son intelligence, mais lui n'en tirait point vanité, ni ne cherchait point à paraître.

A Riese, tout le monde connaissait la situation très modeste de la famille Sarto. Bien que reçu gratuitement au Séminaire pour ce qui regarde la pension, les parents devaient faire face aux frais d'habillement, aux achats de livres et tout ce qu'il faut à un élève de Grand Séminaire. Quelques familles, qui estimaient et aimaient le jeune Sarto lui fournissaient un peu d'argent pour ces dépenses.

Le 4 mai 1852 un grand malheur vint troubler la joie de Joseph Sarto : la mort de son père, qui du coup plongea la famille dans une situation économique plus que dramatique. En cette douloureuse circonstance, Don Fusarini, archiprêtre, fut vraiment son ange consolateur : il assura à son père mourant qu'il continuerait à aider son fils Joseph dans ses études et ne cesserait de soulager les misères de la famille. Ainsi, le jeune séminariste se remit entre les mains de Dieu et se résigna à Sa volonté divine en esprit de sacrifice.

Son attention était aussi tourné à la musique et au chant d'église, si bien que ses supérieurs firent de lui le maître de chapelle du Séminaire. À la fin de l'année scolaire 1857-58, Joseph Sarto termina ses brillantes études.

PREMIÈRE MESSE

Le 18 septembre 1858 il fut ordonné prêtre. L'ordination se fit à la cathédrale de Castelfranco, et le lendemain, assisté par le curé de Riese, il put chanter avec une grande dévotion se première Messe là même où il fut baptisé. Peu après il fut nommé vicaire à Tombolo.

CURÉ À SALZANO

Au mois de mai 1867, alors âgé de 32 ans, il fut nommé archiprêtre de Salzano où il restera pendant neuf ans. Ses revenus étaient un peu plus important ici, mais ils servaient aux pauvres et aux malades. Il pensait à tous, excepté à lui-même, heureux seulement quand il pouvait faire du bien au prochain.
En neuf ans, il avait gagné les cœurs des paroissiens par sa parole, par ses actes et l'exemple d'une vie sainte.

CHANOINE À TRÉVISE

Trévise est situé à trente kilomètres de Venise. En 1875, trois stalles de chanoines se trouvèrent vacantes à la cathédrale de Trévise. L’Évêque songea donc à l'archiprêtre Sarto, dont il appréciait les éminentes qualités d'esprit et de cœur. En apprenant que l'Évêque voulait le nommer chanoine, il demanda à être ; dispensé de cette charge, mais en vain. C'est donc le 21 juillet 1875 qu'il se rendit à la cathédrale de Trévise pour prendre possession de son canonicat.
 
Joseph Sarto au séminaire de Trévise, entre les supérieurs et
les professeurs (3e, 2de rangée). Assis au centre,
Mgr Zinelli, qui l'avait appelé à Trévise.
 
Quand il entra en fonction comme Directeur spirituel, le Séminaire comptait deux cent trente élèves, dont soixante-dix clercs. A Trévise aussi Mgr. Sarto distribuait en aumônes une bonne partie des ses revenus. Il voulait que personne ne le sût, selon le mot de l'Èvangile : " Que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite " (Matt. VI, 3) ; mais il avait beau agir dans le secret, on sut bientôt qu'il venait en aide aux séminaristes pauvres, qu'il payait aux uns la soutane, aux autres le chapeau, à beaucoup les livres...

Autant il était charitable pour les autres, autant par contre il était sévère pour lui-même : il se souciait peu de ses vêtements ou de ses chaussures. Quel bel exemple de charité pour son prochain... !

VICAIRE CAPITULAIRE

Après la mort de Mgr. Zinelli, survenu le 24 novembre 1879, il eut la charge de gouverner le diocèse de Trévise du 27 novembre 1879 au 23 juin 1880. Ce peu de temps lui suffit pour faire beaucoup : Il prêchait plus qu'à l'ordinaire, redressait les mauvaises habitudes, introduisait les réformes que les constitutions Apostoliques permettent aux vicaires capitulaires ; mais son plus grand souci était que le peuple fût instruit de la religion, les enfants catéchisés et préparés avec soin à la première Communion.

LE SIÈGE ÉPISCOPAL DE MANTOUE


Les multiples mérites de cet homme de Dieu, ses vertus remarquables, sa sainteté de vie, son zèle pour le salut des âmes, sa compétence à gouverner le diocèse de Trévise étaient choses bien connues du Pape Léon XIII, qui, voulant lui témoigner sa confiance, le nomma dans le Consistoire du 10 novembre 1884, à l'évêché de Mantoue.
 
Mgr Sarto, évêque de Mantoue.
 
L'humble Joseph Sarto, loin de s'en réjouir, regarda cette nomination comme un malheur et écrivit même au Vatican pour la faire révoquer, se déclarant indigne d'un tel honneur et incapable de porter ce fardeau ; mais sa demande fut rejetée. Il partit donc pour Rome, où, le dimanche 16 novembre 1884, jour dédié au patronage de Marie la Vierge Immaculée protectrice de Mantoue, il fut sacré évêque dans l’Église de Saint-Apollinaire.

Le 25 février 1885, Mgr. Sarto obtint l'exequatur à la Bulle pontificale qui le nommait à l'évêché de Mantoue ; et c'est le 18 avril 1885 qu'il fit son entrée solennelle dans cette ville sous les applaudissements de la foule joyeuse et au son des cloches de la citée.

Pour les hommes destiné à de grandes choses, les voies de la Providence sont souvent mystérieuses. Mgr Sarto dut faire face à beaucoup de difficultés ; sa nouvelle fonction se présentant toute hérissée d'épines : nombreuses étaient les réformes à faire ; mais avec une inaltérable confiance en Dieu, il se mit au travail.

Il s'occupa d'abord du clergé : afin de relancer les vocations, il demanda que chacun selon son pouvoir vînt en aide aux séminaristes, de qui dépendait tout espoir d'un avenir meilleur pour le diocèse. Le résultat fut positif car le nombre des clercs s'éleva à 147.

Mgr Sarto eut particulièrement à cœur de former les séminaristes à l'esprit sacerdotal, au zèle pour le salut des âmes jusqu'au sacrifice de soi-même. Pour chaque jeune homme qui souhaitait entrer au séminaire, il voulait savoir si celui-ci avait la vocation, s'il était pieux, s'il fréquentait les sacrements, s'il priait... Bref, il souhaitait de vrais futurs prêtres pour l’Église.

Face au laissé aller qu'il y avait déjà à cette époque là dans certaines paroisses, il décida la tenue d'un Synode diocésain au terme duquel on y édita certaines prescriptions relatives à l'instruction religieuse du peuple :
- Explication, chaque dimanche, de l’Évangile ;
- Meilleure préparation des enfants à la première Communion ;
- Création de cercles et associations catholiques de jeunes gens, pour les tenir éloignés des dangers du monde ;
- Réorganisation des confréries.

On peut considérer ce Synode comme le point de départ de la restauration morale et religieuse de tout le diocèse de Mantoue.

CARDINAL ET PATRIARCHE
 
Cardinal et Patriarche de Venise.
 
Suite au décès, à, du Cardinal Patriarche Dominique Agostini, le Pape Léon XIII nommait, le 12 juin 1892, Joseph Sarto pour lui succéder. Une fois de plus, il demanda à être dispensé de ces fonctions, mais en vain, et se soumit à la volonté de Dieu.

En octobre de cette année là, il alla revoir sa mère bien-aimée et sa ville natale. Il baptisa un grand nombre d'enfants. Ce fut la dernière fois qu'il embrassa sa chère maman : celle-ci rendit sa belle âme à Dieu en février de l'année suivante. On grava sur sa tombe cette inscription composée par son fils :
 
Madame Jean-Baptiste Sarto, née Marguerite Sanson.
 
MARGUERITE SANSON
FEMME EXEMPLAIRE, ÉPOUSE VERTUEUSE
MÈRE INCOMPARABLE
LE 4 MAI 1852
PERDIT SON MARI BIEN-AIME
JEAN-BAPTISTE SARTO
RÉSIGNÉE ET CALME
DANS LES PEINES COMME DANS LES JOIES
AVEC UN COURAGE VIRIL
ELLE ÉLEVA CHRÉTIENNEMENT SES NEUF ENFANTS
LE 2 FÉVRIER 1894
DANS SA QUATRE-VINGT UNIÈME ANNÉE
ELLE COURONNA
PAR LA MORT DU JUSTE
UNE VIE DE TRAVAIL ET DE SACRIFICE.
POUR LEURS CHERS PARENTS
LE CARDINAL JOSEPH SARTO
SON FRÈRE ET SES SŒURS
DEMANDENT
L'ÉTERNELLE PAIX.

La perte de sa mère lui causa une grande douleur.

Le 25 novembre 1894, il officia pontificalement pour la première fois dans la Basilique Saint-Marc, à Venise. Le nouveau Patriarche recevait chaque jour quiconque avait besoin de lui et administrait le sacrement de Confirmation. Né pauvre lui-même, il vécut toujours pauvre d'esprit, plein de pitié pour les souffrances des malheureux ; aussi était-il toujours prêt à secourir ceux d'entre eux qui s'adressaient à lui. On peut dire que personne ne frappa vainement à sa porte sans avoir été secouru.

Souvent, il visitait les hôpitaux, les hospices d'aliénés et les prisons. Le zèle et l'activité du Cardinal Sarto n'avaient pas de bornes quand il s'agissait de soulager les misères humaines de toutes sortes.

Pour ses armoiries, Mgr Sarto choisit : " d'azur à l'ancre tridentée d'argent au naturel au dessus d'une mer agitée, illuminée d'une étoile d'or ".

Les 3 branches de l'ancre symbolisent la foi, la charité et l'espérance ; " que nous retenons pour notre âme comme une ancre sûre et ferme " (Hebr. VI-19) ; l'étoile rappelait Marie, Étoile de la mer. Devenu patriarche de Venise, il ajouta à ses armoiries le lion ailé tenant l’Évangile, qui représente l'évangéliste saint Marc, patron principal de l'auguste cité, avec ces mots : " Pax tibi Marce evangelista meus !" ; devenu Pape, Sa Sainteté Pie X a conservé le lion dans ses armes, y ajoutant seulement les insignes du Souverain Pontificat.

UN PAPE REMARQUABLE

Le 20 juillet 1903, Léon XIII rendit son âme à Dieu. Quelques jours plus tard, le 26, il quittait Venise pour se rendre au Conclave. Après les neuf jours de prières prescrites pour le Pontife défunt, le soir du 31 juillet, les Cardinaux entrèrent en Conclave ; ils étaient au nombre de 62.

 
Les premiers scrutins s'étaient orientés vers le cardinal Rampolla, collaborateur direct de Léon XIII, et fort intelligent ; " Rampolla avait pour lui tous ceux qui voulaient voir se poursuivre la politique libérale du Pape défunt ".

Le 1er août, le veto de l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier fut apporté par l'évêque de Cracovie, contre le cardinal Rampolla. Ce veto, qui fut tant critiqué, sauva l’Église ; car, après sa mort, Mgr Jouin découvrit des documents prouvant qu'il était Franc-maçon.

 
Très régulièrement - et pendant une époque chaque samedi -, le cardinal Rampolla allait en Suisse y chercher les instructions du pouvoir occulte qu'il avait mission d'appliquer dans le gouvernement de la Sainte Église. D'après ces documents, il avait reçu l'ordre, pour la France, de faire rallier les catholiques à la république (c'est sous son influence que Léon XIII exécuta cette malheureuse disposition) ; et pour l'église, de fonder au Vatican même une loge dont les membres seraient destinés à occuper les plus hauts postes dans la hiérarchie ecclésiastique.

Suite à ce veto, le choix du Conclave se porta en faveur du Cardinal Sarto. A chaque tour de scrutin les voix allaient croissant, et il supplia très humblement ses collègues de ne plus voter pour lui. Il s'efforçait, après chaque tour, d'énumérer avec preuves à l'appui, les titres qui lui manquaient, d'après lui, pour pouvoir être Pape ; mais Dieu avait décidé autrement : Au septième tour le Cardinal Sarto fut élu Successeur de saint Pierre, le 4 août 1903, par 50 voix en sa faveur.

L'humble élu, la tête basse, les yeux fermés et les lèvres murmurant une prière, écoute la sentence, et selon la formule habituelle, le Cardinal doyen s'approche de lui et l'interroge :
" Acceptez-vous votre élection, selon les règles canoniques, au Souverain Pontificat ?"
L'auguste élu, levant au ciel des yeux baignés de larmes dit, à l'exemple du Sauveur au Jardin des Oliviers :
" Si ce calice ne peut être éloigné de moi, que la volonté de Dieu soit faite : J'accepte."
Le grand sacrifice est accompli ; Joseph Sarto, l'humble enfant de l'huissier municipal et de la couturière de campagne, est Pape !
Très émouvante fut la cérémonie du couronnement, le 9 août 1903, dans la basilique saint Pierre où Pie X y célébra sa toute première Messe en tant que Souverain Pontife. La cérémonie dura cinq heures.

Durant les onze années de son pontificat, ce ne sont pas moins de 3 300 documents officiels qu'il rédigera pour restaurer tout dans le Christ : " Nous déclarons que notre but unique, dans l'exercice du suprême Pontificat, est de tout restaurer dans le Christ afin que le Christ soit tout et en tout ", écrivait-il dans sa première Encyclique E Supremi Apostolatus du 4 octobre 1903.

LE DEFENSEUR DE JESUS-CHRIST ET DE SON ÉGLISE

Un témoin rapporte :
" Quel est le rôle d'un Pape ? demandais-je un jour au curé qui se chargeait de faire le catéchisme. Le Pape, me dit-il, en sa qualité de Vicaire de Jésus-Christ sur la terre et défenseur de l’Église, a pour rôle de maintenir intacte la foi et la doctrine catholique."
A peine monté sur le trône pontifical, Pie X se mit courageusement à l'œuvre et commença par revendiquer la pleine liberté du Sacré-Collège dans l'élection du Souverain Pontife.

Un peu plus d'un an après son élection, Pie X dut faire face à l'injuste loi française de séparation de l’Église et de l'état, votée par le parlement, le 9 décembre 1905. Les effets de cette loi se firent sentir aussitôt :
- Spoliation des biens du clergé ;
- Persécution contre les institutions de bienfaisance ;
- Dissolution des congrégations religieuses ;
- Attaque sans merci contre les Sœurs des hôpitaux, des écoles ; des orphelinats et des asiles d'aliénés.
C'est dans ce contexte que Pie X protesta énergiquement : par l'Encyclique Vehementer du 11 février 1906 ; le Pape condamna solennellement la loi de séparation ; puis, près d'un an plus tard, il condamna dans son Encyclique " Une fois encore " la persécution contre l’Église, en France.

L’Église du Portugal fut elle aussi persécutée, d'une manière plus violente et plus barbare que l'avait été celle de France. Là encore, Pie X se conduisit comme il s'était conduit pour la France : L'Encyclique Jamdudum in Lusitania du 24 mai 1911 condamna les lois de persécutions et renouvela l'appel à l'union et à la persévérance dans la foi catholique. Ainsi, une seconde fois, le Pape Pie X, avec une charité évangélique, vint au secours des victimes de la persécution, accueillant par la même occasion, au Vatican, les prêtres et évêques portugais.

Le 24 mai 1910, il publia l'Encyclique Editae saepe dans laquelle il mettait en relief sa force d'âme dans la lutte contre les erreurs du temps. Il indiquait les caractères qui distinguent la vraie réforme de la fausse, en démasquant les prétendus réformateurs dont le but inavoué était de détruire la foi. C'est pourquoi, Pie X exhortait tous les fidèles à vivre en bons chrétiens, à fréquenter les sacrements et à se dépenser pour le salut des âmes.

Il eut également à protester contre les vexations des indiens du Pérou et des autres pays voisins. Il le fit par la lettre Lamentabili, du 7 juin 1912, aux évêques de l'Amérique Latine.

Les incroyants eux-mêmes ne purent s'empêcher d'admirer l'œuvre de Pie X : c'est ainsi que, le 24 juin 1914, la Serbie conclut un Concordat aux termes duquel les catholiques de ce pays jouiraient désormais d'une pleine liberté dans l'exercice du culte, et un Séminaire ouvrit à Belgrade.

DÉFENSEUR ET VENGEUR DE LA FOI


Déjà à l'époque, des théories nouvelles menaçaient l’Église. Certains éprouvaient la démangeaison de réformer les doctrines catholiques en les remplaçant par d'autres mieux adaptées aux conditions des temps modernes ; comme si les dogmes catholiques devaient changer avec les idées des hommes et comme si c'était à la religion à s'adapter aux hommes, et non le contraire. Dieu devrait-il être au service de l'homme ?

Les modernistes commençaient à s'infiltrer. Pie X s'en inquiéta pour le salut des âmes et pour la doctrine même de Eglise. Le 8 septembre 1907, il publia son admirable Encyclique Pascendi dominici gregis contre le modernisme, qui faisait suite au décret Lamentabili sane exitu paru un trimestre plus tôt, le 3 juillet 1907. C'est aussi à cette époque qu'il intervint dans la question du Sillon.

LE RÉFORMATEUR

Le Pape Pie X réglementa aussi la prédication et l'enseignement du catéchisme. Rappelant aux curés leur devoir d'instruire le peuple des vérités de la religion, il voulut que, chaque dimanche et à chaque fête de l'année, ils expliquent le texte du catéchisme du Concile de Trente.

Le 20 décembre 1905, il publia le décret Sacra Tridentina Synodus où il exhortait à la Communion fréquente et quotidienne, tous les fidèles ayant atteint l'âge de raison.

Cette sollicitude du Saint-Père à rappeler tous les fidèles à la Communion fréquente et quotidienne produisit partout une bonne impression : les prêtres rivalisèrent de zèle pour répandre cette sainte pratique, et les fidèles répondirent avec empressement à l'appel du Souverain Pontife. Ce fut un véritable réveil universel de la dévotion à l'Eucharistie.

Constatant qu'un peu partout on retardait d'une façon abusive l'acte solennel de la première Communion, il décida que celle-ci se ferait désormais à l'âge de sept ans.

LE LITURGISTE

Le seul chant liturgique adopté par l'Eglise fut celui auquel St Grégoire le Grand a donné son nom. A côté du chant grégorien l’Église admit aussi la musique polyphonique, que le génie classique de Palestrina entre autres porta à son apogée au XVIe siècle.

Ca et là, les compositions profanes et théâtrales prenaient le pas sur le chant grégorien qui, par ailleurs commençait à être dénaturé par les liturgistes.

Dans son Encyclique Motu proprio du 22 novembre 1903, le Pape Pie X s'élevait avec force contre cette profanation. Il créa une commission spécialement chargée de rétablir dans sa beauté primitive le chant liturgique, et fonda l'école supérieure de musique sacrée.

A ses réformes nécessaires, il se devait d'y ajouter celle du Bréviaire et du Missel : par la Bulle Divino afflatu du 1er novembre 1911, il traça les grandes lignes de cette importante réforme, à l'issu de quoi le nouveau Bréviaire et le nouveau Missel furent publiés.

Comme chacun le sait, les Saints et les Bienheureux sont nos intercesseurs auprès de Dieu. Pie X canonisa quatre Saints et béatifia soixante-treize Bienheureux :

Canonisations :

- 11 décembre 1904 : saint Alexandre Sauli, barnabite, Supérieur de sa congrégation, puis évêque du diocèse d'Aléria. Saint Gérard Majella, Frère laïque chez les rédemptoristes. Nombreux miracles.
- 20 mai 1909 : saint Joseph Oriol, Chanoine de Sainte-Marie du Pin, près de Barcelone. Saint Clément-Marie Hofbauer, Rédemptoriste. Fonda à Varsovie une congrégation de son Ordre.

Béatifications :


- 18 décembre 1904 : Bx Gaspar del Buffalo, fondateur de la congrégation des Missionnaires du Précieux-sang.
- 27 décembre 1904 : Bx Etienne Bellesini, Ermite de l'Ordre de St. Augustin, puis curé de Notre-Dame de Gennazano.
- 1er janvier 1905 : Bx Agathange de Vendôme, Capucin à Vendôme, fut envoyé en Egypte. Martyr en Abyssinie. Bx Cassien de Nantes, Capucin. Martyrisé en Abyssinie.
- 8 janvier 1905 : Bx Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, en France
- 15 janvier 1905 : Bx Marc Crison, Chanoine, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie. Bx Etienne Pongracz, Jésuite, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie.
Bx Melchior Grodecz, Jésuite, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie.
- 13 mai 1906 : Bse Julie Billiart, fondatrice de l'institut de N.D pour l'éducation chrétienne des filles, à Amiens (France).
- 20 mai 1906 : Huit Martyrs dominicains du Tonkin, missionnaires envoyés au Viêt-nam, Martyrisés à Tonkin, en 1745
- 27 mai 1906 : Les seize Carmélites de Compiègne, Religieuses Martyrs sous la Révolution française, exécutées en 1794.
- 10 juin 1906 : Bx Bonaventure Gran, Frère mineur, fonda plusieurs maisons de retraite de son Ordre, en Italie.
- 17 mai 1908 : Bse Marie-Madeleine Postel, Fondatrice des Sœurs des écoles chrétiennes.
- 24 mai 1908 : Bse Madeleine-Sophie Barat, Fondatrice de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus.
- 31 mai 1908 : Bx Gabriel dell'Addolorata, Passioniste.
- 18 avril 1909 : Bse Jeanne d'Arc, Fille de paysans, elle délivra la France des anglais.
- 25 avril 1909 : Bx Jean Eudes, fonda la congrégation N.D de la Charité du refuge, et la Société de Jésus et de Marie.
- 2 mai 1909 : Trente-quatre missionnaires Martyrs d'Extrême-Orient, missionnaires envoyés en Chine, martyrs.

Saint Pie X au travail à son bureau face à une statue de
saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, qu'il vénérait et qu'il béatifia.

Le cinquantième anniversaire de la proclamation du Dogme de l'Immaculée Conception fut pour Pie X un motif de faire aimer notre très sainte Vierge Marie. L'Encyclique Ad diem illum du 2 février 1904 exhorte tous les fidèles à honorer cette bonne Mère du Ciel et à implorer sa protection.

LE LÉGISLATEUR

Le 19 mars 1904, Pie X décida qu'il fallait codifier le Droit canonique. Dans ce but, il établit une commission de Cardinaux chargée d'établir des projets de lois. Le nouveau code fut publié sous Benoît XV, son successeur, mais cela n'enlève rien à la gloire de Pie X, qui vraiment mit toute son âme au service de son élaboration.

En France, la famille commençait à être attaquée par les idées franc-maçonnes. Aussi, pour protéger l'intégrité de la famille, Pie X modifia, par décret Ne temere, du 2 août 1907, les règles relatives aux fiançailles et à la célébration du mariage.

LA MORT DU SAINT PAPE

L'agonie de saint Pie X.

1914 : la première guerre mondiale allait éclater. Saint Pie X eut la claire pensée de l'affreuse tuerie qui se préparait. L'ardente prière pour la paix qu'il envoya à tous les catholiques du monde, le 2 août 1914, fut l'expression la plus émouvante de sa douleur et de ses avertissements.

Une bronchite avait affaibli sa robuste constitution. L'auguste malade priait pour la paix. Le 19 août 1914, le Prélat Sacriste lui administra les derniers sacrements. Il avait perdu déjà l'usage de la parole, mais gardé sa pleine lucidité. A une heure et quart du matin, dans la nuit du 19 au 20, le saint Pape rendit son âme à Dieu.

Pour être complet, il faut savoir que saint Pie X s'apprêtait à excommunier les princes et les gouvernants catholiques en cause dans le futur conflit. Son aura et le respect dont il était entouré étaient un obstacle au déclenchement du conflit et ses ennemis le trouvaient extrêmement embarrassant. Un certain nombre de commentateurs dignes de foi ont évoqué la possibilité que l'on ait empoisonné ce saint pape à la santé robuste...


Saint Pie X sur son lit de mort.
 
LE TESTAMENT DE PIE X

Pie X débute son testament par une invocation à la Très Sainte Trinité, suivie d'un acte de confiance en la divine miséricorde, puis il ajoute :
" Je suis né pauvre, j'ai vécu pauvre et je veux mourir pauvre. Je prie le Saint-Siège d'accorder à mes sœurs Anne et Marie une pension qui ne dépasse pas 300 francs par mois, et à mon valet de chambre une pension de 60 francs."
De plus, il légua 10 000 francs à ses neveux, mais en soumettant ce don à l'approbation de son Successeur.
Il demanda que ses funérailles soient aussi simples que les règles liturgiques le permettaient, défendit d'embaumer son corps, et voulut qu'on l'ensevelît dans les souterrains de la Basilique Vaticane.

La dépouille mortelle de Pie X, revêtue des ornements pontificaux, fut exposée dans la Salle du Trône, puis on le transporta à la Basilique saint Pierre et exposée dans la chapelle du Très-Saint-Sacrement. La cérémonie religieuse eut lieu le 23 août 1914.

Le premier procès en vue de sa canonisation eut lieu le 14 février 1923 et dura jusqu'en 1931. Douze années plus tard, le Pape Pie XII ouvrit le second procès et, le 3 juin 1951 au matin, après le chant des Litanies des Saints, Pie X fut solennellement proclamé Bienheureux dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, puis enfin canonisé en 1954.


Verrière représentant saint Jean-Marie Vianney et saint Pie X.
Église Notre-Dame de Combourg. Bretagne.

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