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18 juillet. Saint Camille de Lellis, confesseur, fondateur de l'ordre des clercs réguliers pour le service des malades.

- Saint Camille de Lellis, confesseur, fondateur de l'ordre des clercs réguliers pour le service des malades. 1614.

Pape : Paul V. Roi des Deux Siciles : Philippe II de Sicile et Naples (Philippe III d'Espagne).

" La main du pauvre est la caisse des trésors du Christ ; tout ce qu'elle reçoit elle le dépose dans le ciel de peur de le perdre ici-bas."
Saint Césaire d'Arles.

" Mes Pères et mes Frères, il ne faut jamais douter de la Providence, il ne se passera pas un mois qu'elle ne vienne à notre secours et et ne paie toutes nos dettes. Rappelez-vous ce que disait ce bénin Sauveur à la vierge sainte Catherine de Sienne : Catherine, pense à moi et je penserai à toi. Ainsi, pensons à Lui et à nos pauvres, pour qu'Il pense à nous. Lui est-il si difficile de nous donner un peu de ces biens temporels, dont il a comblé les Juifs et les Turcs qui sont les ennemis de notre foi ?"
Saint Camille de Lellis.


Saint Camille de Lellis. Imagerie populaire.

Saint Camille de Lellis, Napolitain, fut privé de sa mère dès le berceau. Malgré les heureux présages donnés par un songe qu'avait eu sa mère avant sa naissance, il eut une enfance peu vertueuse ; sa jeunesse fut même débauchée. Jusque vers l'âge de vingt-cinq ans, on le voit mener une vie d'aventures ; il se livre au jeu avec frénésie, et un jour en particulier il joue tout, jusqu'à ses vêtements. Sa misère le fait entrer dans un couvent de Capucins, où il sert de commissionnaire.

Un jour, en revenant d'une course faite à cheval, pour le service du monastère, il est pénétré d'un vif rayon de la lumière divine et se jette à terre, saisi d'un profond repentir, en versant un torrent de larmes :
" Ah ! Malheureux que je suis, pourquoi ai-je connu si tard mon Dieu ? Comment suis-je resté sourd à tant d'appels ? Pardon, Seigneur, pardon pour ce misérable pécheur ! Je renonce pour jamais au monde !"

Saint Camille de Lellis à l'autel.

Transformé par la pénitence, Camille fut admis au nombre des novices et mérita, par l'édification qu'il donna, le nom de frère Humble. Dieu permit que le frottement de la robe de bure rouvrît une ancienne plaie qu'il avait eue à la jambe, ce qui l'obligea de quitter le couvent des Capucins. Lorsque guéri de son mal, il voulut revenir chez ces religieux, saint Philippe de Néri, consulté par lui, lui dit :
" Adieu, Camille, tu retournes chez les Capucins, mais ce ne sera pas pour longtemps."

En effet, peu après, la plaie se rouvrit, et Camille, obligé de renoncer à la vie monastique, s'occupa de soigner et d'édifier les malades dans les hôpitaux.

C'est en voyant la négligence des employés salariés de ces établissements que sa vocation définitive de fondateur d'un Ordre d'infirmiers se révéla en lui :
" Nous porterons, se dit-il, la Croix sur la poitrine; sa vue nous soutiendra et nous récompensera."

Les commencements de cet Institut nouveau furent faibles et biens éprouvés ; mais bientôt le nombre des religieux s'étendit au-delà de toute espérance.

Camille, après des études opiniâtres, s'était fait ordonner prêtre, et il était en mesure de soutenir sa tâche. Pendant une peste affreuse, le Saint fit des prodiges de charité ; il allait partout à la recherche de la misère, se dépouillait lui-même et donnait jusqu'aux dernières ressources de son monastère. Dieu bénissait le désintéressement de Son serviteur, car des mains généreuses arrivaient toujours à temps pour renouveler les provisions épuisées.

Saint Camille de Lellis secourant des pestiférés.
P. Subleyras. Palais Braschi. Rome.

Plein de vertus, épuisé de travaux, saint Camille mourut à Rome le 14 juillet 1614.
Au seuil de la mort, il vit son Dieu dans sa chambre et dit :
" Je reconnais Seigneur que je suis le plus grand des pécheurs et que je ne mérite pas de recevoir la faveur que vous daignez me faire ; mais sauvez-moi par Votre infinie miséricorde. Je mets toute ma confiance dans les mérites de Votre précieux Sang."

Les bras en croix, il prononça les saints noms de Jésus et de Marie, appela à son aide saint Michel Archange et expira avec cette prière sur les lèvres : " Que le visage du Seigneur Jésus me soit doux et joyeux."

Il fut enterré auprès du grand autel de l'église Sainte-Marie-Madeleine. Plusieur s miracles s'étant opéré à son tombeau, on leva son corps de terre pour le mettre sous l'autel même. On l'a depuis renfermé dans une châsse. Benoît XIV le béatifia en 1742, et le canonisa en 1746.

Apothéose de saint Camille de Lellis.
Dessin de Pierre Subleyras. XVIIIe.

On le représente souvent avec des anges tant ils l'aidèrent tout au long de sa vie. Saint Philippe Néri vit d'ailleurs un jour dans une extase des anges secourir les disciples de saint Camille et les aider à préparer des malades à la mort.

PRIERE

" Ange de la charité, quelles voies ont été les vôtres sous la conduite du divin Esprit ! Il fallut un long temps avant que la vision de votre pieuse mère, quand elle vous portait, se réalisât : avant de paraître orné du signe de la Croix et d'enrôler des compagnons sous cette marque sacrée, vous connûtes la tyrannie du maître odieux qui ne veut que des esclaves sous son étendard, et la passion du jeu faillit vous perdre. Ô Camille, à la pensée du péril encouru alors, ayez pitié des malheureux que domine l'impérieuse passion, arrachez-les à la fureur funeste qui jette en  proie  au  hasard capricieux leurs biens, leur honneur, leur repos de ce monde et de l'autre. Votre histoire montre qu'il n'est point de liens que la grâce ne brise, point d'habitude invétérée qu'elle ne transforme : puissent-ils comme vous retourner vers Dieu leurs penchants, et oublier pour les hasards de la sainte charité ceux qui plaisent à l'enfer ! Car, elle aussi, la charité a ses risques, périls glorieux qui vont jusqu'à exposer sa vie comme le Seigneur a donné pour nous la sienne : jeu sublime, dans lequel vous fûtes maître, et auquel plus d'une fois applaudirent les Anges. Mais qu'est-ce donc que l'enjeu de cette vie terrestre, auprès du prix réservé au vainqueur ?

Selon la recommandation de l'Evangile que l'Eglise nous fait lire aujourd'hui en votre honneur, puissions-nous tous à votre exemple aimer nos frères comme le Christ nous a aimés (Johan XV, 12.) ! Bien peu, dit saint Augustin (Homilia diei Aug. In Joh. tract. LXXXIII.), ont aujourd'hui cet amour qui accomplit toute la loi ; car bien peu s'aiment pour que Dieu soit tout en tous (I Cor. XV, 28.). Vous l'avez eu cet amour, Ô Camille ; et de préférence vous l'avez exercé à l'égard des membres souffrants du corps mystique de l'Homme-Dieu, en qui le Seigneur se révélait plus à vous, en qui son règne aussi approchait davantage. A cause de cela, l'Eglise reconnaissante vous a choisi pour veiller, de concert avec Jean de Dieu, sur ces asiles de la souffrance qu'elle a fondés avec les soins que seule une mère sait déployer pour ses fils malades. Faites honneur à la confiance de la Mère commune. Protégez les Hôtels-Dieu contre l'entreprise d'une laïcisation inepte et odieuse qui sacrifie jusqu'au bien-être des corps à la rage de perdre les âmes des malheureux livrés aux soins d'une philanthropie de l'enfer. Pour satisfaire à nos misères croissantes, multipliez vos fils ; qu'ils soient toujours dignes d'être assistés des Anges. Qu'en quelque lieu de cette vallée d'exil vienne à sonner pour nous l'heure du dernier combat, vous usiez de la précieuse prérogative qu'exalte aujourd'hui la Liturgie sacrée, nous aidant par l'esprit de la sainte dilection à vaincre l'ennemi et à saisir la couronne céleste (Collecta diei.)."

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jeudi, 18 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

18 juillet. Saint Arnoult, évêque de Metz. 640.

- Saint Arnoult, évêque de Metz. 640.

Pape : Séverin * (640 +) ; Jean IV **. Roi des Francs, roi de Neustrie et de Bourgogne : Clovis II. Roi des Francs, roi d'Austrasie : Sigebert III.

" Heureuse vie que celle qui consiste à quitter les hommes pour chercher la société des anges, à fuir le séjour des villes pour goûter la présence de Dieu dans la solitude."
Saint Jean Chrysostome. Hom. I sup Marc.


Saint Arnoult.

Arnoult, en latin " Arnulphus ", naquit vers 582 à Lay-Saint-Christophe, près de Nancy ; son père s'appelait Arnoald ou Buotgise, et sa mère, Oda, était fille du duc de Souabe ; si l'on veut croire certains documents, sa grand'mère paternelle, Blithilde, était fille de Clotaire Ier.

Jeune encore Arnoult devint familier de Gondulf, conseiller de Childebert II, puis entra au service de Théodebert dont il gagna la confiance ; il fut alors chargé d'administrer les domaines royaux dans 6 comtés.

En 614, l'évêque Pappolus étant mort, Arnoul, bien que laïc, fut choisi pour le remplacer sur le siège de Metz. Sa femme, Doda, fille du comte de Boulogne, entra dans un monastère de Trèves : de leurs deux fils, Anségise ou Anchise et Clodulphe, le premier épousa une fille de Pépin de Landen, ancêtre de Charlemagne ; quant au second, connu également sous le nom de saint Cloud et honoré le 8 juin, il monta sur le trône épiscopal de Metz quelques années après son père.

Devenu évêque, Arnoul n'en garda pas moins une grande influence politique ; Clotaire 2 ayant rétabli pour Dagobert un petit royaume d'Austrasie, Arnoult fut chargé de former le jeune prince et de gouverner son État ; il réussit, en 626, à réconcilier le père et le fils qui avait réclamé un agrandissement de territoire. Vers la même époque, il assistait au concile de Clichy, puis à celui de Reims qui eut pour but de promulguer en Austrasie les canons du concile tenu à Paris en 615 et confirmé par édit de Clotaire.

Alliant la plus humble vertu aux honneurs les plus éclatants, Arnoult aspirait à une vie plus simple, vivant de préférence dans les villas du roi et songeant même à se retirer complètement du monde. Un de ses amis, saint Romaric (8 décembre), avait quitté depuis longtemps la cour et s'était fait ermite dans les Vosges, en un lieu qui prit plus tard son nom, Remiremont.

Arnoult aurait voulu le rejoindre ; Clotaire II empêcha son départ ; dans la suite, Dagobert fut plus violent, menaça de disgracier les fils d'Arnoult, mit même la main à son épée, puis, calmé, demanda pardon et accorda toute liberté à notre saint en 629. La charge épiscopale fut remise à Goéric, et Dagobert prit désormais conseil de saint Cunibert (fête le 12 novembre), évêque de Cologne.


Saint Arnoult et Dagobert Ier. Grandes chroniques de France. XIVe.

Saint Arnoult installa son ermitage sur une colline voisine du mont Habend où vivait Romaric, et un pont fut jeté sur la profonde vallée qui les séparait ; ils passèrent ainsi une dizaine d'années, recevant des lépreux et les soignant, jusqu'au jour, 16 août, où Arnoul fut prêt à retourner dans la maison du Père ; il avait prévu ce moment, demandant les prières de son compagnon :
" Je n'ai rien fait de bon dans ma vie, disait-il, et je suis chargé de fautes pour lesquelles je te prie d'implorer la clémence divine."

Il s'était pourtant fait remarquer dans toutes ses charges par son esprit de justice, sa piété, sa charité et avait reçu, raconte-t-on, l'assurance de son salut ; un jour, traversant la Moselle, il avait jeté son anneau dans le fleuve, demandant à Dieu que cet anneau lui fût rendu si ses péchés lui étaient pardonnés ; l'anneau fut en effet retrouvé de nombreuses années plus tard dans les entrailles d'un poisson.


Saint Arnoult et le miracle de l'anneau retrouvé.
Legenda aurea. J. de Voragine. XIVe.

CULTE

Le corps de saint Arnoul fut transporté à Metz l'année qui suivit sa mort, le 18 juillet, et déposé dans la basilique des Saints-Apôtres qui reçut ensuite le nom de Saint-Arnoul ; cette église fut concédée trois siècles plus tard à des moines bénédictins et détruite avec l'abbaye en 1552 ; à ce moment, les restes de saint Arnoul furent mis dans une châsse d'argent et transportés à l'intérieur de la ville dans l'église des Frères Prêcheurs qui prit à son tour le nom du saint.

L'anneau, objet du miracle, est conservé à la cathédrale de Metz ; pendant de longues années, il servit, le 16 août pendant la messe, à imprimer sur de la cire bénite des cachets qui étaient distribués ensuite aux assistants. Dès le IXe siècle, le culte de saint Arnoul était universellement répandu ; la fête est indiquée au martyrologe romain à la date du 18 juillet ; on la trouve aussi dans d'autres calendriers au 16 et au 18 août.


Cathédrale Saint-Etienne de Metz. Lorraine.
 
* Dans son court pontificat de trois mois, le pape Séverin condamna l’Ecthèse, décret en faveur des monothélistes promulgué par Héraclius Ier, empereur romain d'Orient.
 
** Relevons que le pape Jean IV adressa au fils d'Héraclius, l'empereur btzantin Constantin III, une défense du Pape Honorius Ier, dans laquelle il condamnait la tentative de lier le nom d'Honorius avec le monothélisme. " Honorius, déclarait-il, en parlant d'une seule volonté en Jésus, avait comme seule intention d'affirmer qu'il n'y avait pas en lui deux volontés contraires."

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jeudi, 18 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

20 juillet. Saint Jérôme Emilien, confesseur, fondateur des Clercs réguliers Somasques. 1537.

- Saint Jérôme Emilien, confesseur, fondateur des Clercs réguliers Somasques. 1537.
 
Pape : Paul III. Roi de France : François Ier. Empereur d'Allemagne, roi d'Espagne : Charles Quint (Charles Ier pour le royaume d'Espagne).
 
" La charité est véritable non quand elle se traduit par des paroles et des politesses, mais quand elle se manifeste par des oeuvres et des bienfaits."
Saint Jean Chrysostome.
 

Issu de cette puissante aristocratie qui valut à la reine de l'Adriatique douze siècles de splendeurs, Jérôme vint au monde à l'époque où Venise atteignait l'apogée de sa gloire. A quinze ans soldat, il fut un des héros de la lutte formidable où sa patrie soutint l'effort de l'Europe presque entière coalisée contre elle dans la ligue de Cambrai. La cité d'or, écrasée un instant et rétablie bientôt dans son ancienne fortune, offrait ses honneurs au défenseur de Castelnovo, tombé vaillamment et relevé comme elle. Mais Notre-Dame de Trévise, en délivrant le prisonnier des chaînes allemandes, l'avait fait son captif ; elle le rendait à saint Marc pour une mission plus haute que celles que la fière république aurait pu lui donner. Le descendant des Aemiliani, conquis par l'éternelle beauté comme un siècle plus tôt Laurent Justinien, n'allait plus vivre que pour l'humilité qui conduit au ciel et les hauts faits de la charité. Somasque, obscur village devenu le camp retranché d'une milice nouvelle recrutée par ses soins, éclipsera pour lui tous les titres de la terre ; et ses victoires seront maintenant d'amener à Dieu les petits enfants. Les patriciens, dont naguère il marchait l'égal, ne le verront plus dans leurs palais ; car sa noblesse est plus élevée : ils servent le monde, et lui les cieux ; les Anges sont les émules de sa gloire leur ambition (Hilar. in Matth. XVIII.), comme la sienne, est de garder au Père l'hommage immaculé de ces âmes innocentes dont le plus grand au royaume des cieux doit porter la ressemblance (Matth. XVIII, 4.).

" En effet, nous dit aujourd'hui l'Eglise par la bouche si pleine de charmes de saint Jean Chrysostome, l'âme de l'enfant est pure de toutes passions. Il ne garde point rancune à ceux qui l'offensent, mais, comme si de rien n'eût été, les revient trouver en amis. Si souvent que sa mère le frappe, il la cherche toujours et la préfère à tout. Montrez-lui une reine avec sa couronne : il ne la met point au-dessus de sa mère en haillons, et il aime mieux la vue de celle-ci dans sa pauvreté que le spectacle de la reine en sa magnificence. Car il juge de ce qui l'intéresse ou ne le touche point, non sur la richesse ou la pénurie, mais sur l'amour. Le nécessaire et rien plus est tout son désir ; gorgé du lait qu'il aime, il laisse en repos le sein où il puise. L'enfant n'a pas nos chagrins : ni perte de biens, ni rien de pareil ne saurait le troubler ; il ne goûte pas nos plaisirs : ni la beauté des corps, ni tout ce périssable qui nous séduit, ne peut l'émouvoir. C'est pourquoi le Seigneur disait : Le royaume des cieux est pour qui leur ressemble (Ibid. XIX, 14.), nous exhortant à pratiquer par choix ce que les enfants font par nature." (Chrys. in Matth. Hom. LXII, al. LXIII.).

Leurs célestes gardiens plongeant la vue dans ces êtres si purs, c'est encore la parole du Seigneur, ne sont point distraits delà contemplation du Père qui est au ciel (Matth. XVIII, 10.) ; car il réside en eux comme sur les ailes des Chérubins, depuis le baptême qui en a fait ses fils. Heureux notre Saint d'avoir été choisi par Dieu pour partager les soucis des Anges ici-bas, en attendant d'être associé à leur félicité dans les cieux !


Mattia Traverso. XIXe.

Jérôme (Girolamo) naquit à Venise de la famille patricienne des Miani de Emiliani (ou Aemiliani ou Miani) par son père et des Morocini par sa mère. Soldat dès sa première adolescence, il fut, en des temps difficiles pour la République, préposé à la défense de Castelnovo sur le territoire de Quero dans les monts de Trévise.

La forteresse ayant, été prise, il fut lui-même jeté, pieds et poings liés, dans une affreuse prison. Dénué de tout secours humain, il tourne vers la bienheureuse Vierge ses prières ; elle, clémente, vient à lui, délie ses chaînes, et, par le milieu des ennemis qui occupaient toutes les routes, le conduit sain et sauf en vue de Trévise. Entré dans la ville, en témoignage du bienfait reçu, il suspend à l'autel de la Mère de Dieu devenue sa Dame les menottes, les entraves et les chaînes qu'il avait apportées avec lui. De retour à Venise, on le vit s'adonner avec ferveur aux inspirations de la piété et d'une admirable charité pour les pauvres ; mais sa miséricorde se porta surtout sur les enfants qui, privés de parents, erraient par la ville misérables et sordides : il les recueillit dans des maisons louées à ses frais, pour les nourrir et les former aux mœurs chrétiennes.

En ces jours abordaient à Venise le bienheureux Gaétan et Pierre Caraffa qui fut plus tard Paul IV. Ils approuvèrent l'esprit de Jérôme et sa nouvelle entreprise de recueillir les orphelins ; en même temps ils l'introduisirent à l'hôpital des incurables, où sa charité devait trouver à s'exercer également et simultanément à l'éducation des enfants abandonnés et au soin des malades. Bientôt, sur leurs conseils encore, gagnant le continent, il éleva des orphelinats à Brescia d'abord, puis à Bergame et à Côme ; Bergame surtout bénéficia de son zèle: car, outre deux établissements dont l'un pour les garçons et l'autre pour les filles, il y ouvrit, nouveauté inconnue dans ces régions, un asile pour les femmes perdues converties à pénitence.


S'arrêtant enfin à Somasque, humble village du territoire de Bergame aux confins des possessions Vénitiennes, il y fixa le siège de la Congrégation qu'il établit alors et qui reçut à cause de cela le nom de Somasque. Elle s'accrut et se propagea par la suite ; au gouvernement des orphelins, au soin des édifices sacrés, elle joignit, pour la plus grande utilité de la république chrétienne, l'éducation des jeunes gens dans les lettres et les bonnes mœurs, fondant pour cette fin des collèges, académies et séminaires. Saint Pie V l'admit parmi les Ordres religieux, et les autres Souverains Pontifes l'honorèrent par des privilèges.

Tout entier à la pensée des orphelins, Jérôme partit pour Milan et Pavie, et, avec l'aide de nobles personnages, il pourvut de demeure, de nourriture, de vêtement, de maîtres, les troupes d'enfants qu'il rassembla dans les deux villes.
Rentré à Somasque, tout à tous, il ne répugnait à rien de ce qu'il prévoyait devoir tourner au bien du prochain. Il se mêlait dans les champs aux villageois faisant la récolte, et, tout en les aidant dans leurs travaux, leur expliquait les mystères de la foi ; on le voyait prendre soin des enfants avec une patience qui allait jusqu'à nettoyer leurs têtes teigneuses et repoussantes, et tel était le succès avec lequel il s'employait au pansement des plaies putrides des paysans, qu'on le regardait comme doué de la grâce des guérisons.

Avant trouvé sur la montagne qui domine Somasque une grotte écartée, il s'y cachait et là, se flagellant, passant à jeun des jours entiers, en prière la plus grande partie des nuits et ne prenant que sur le roc nu un court sommeil, il expiait ses fautes et celles d'autrui. Dans l'intérieur de cette grotte coule goutte à goutte de la pierre aride une eau obtenue, d'après une constante tradition, par les prières du serviteur de Dieu ; jamais tarie jusqu'à nos jours, et portée en divers pays, elle obtient souvent la santé aux malades.


Saint Jérôme Emilien pendant une extase. Antonio Magatti. XVIIe.

Enfin, dans une contagion qui ravageait toute la vallée, et où il se dépensa, servant les malades et portant les morts sur ses propres épaules à la sépulture, le mal l'atteignit lui-même. Il avait cinquante-six ans.

Sa précieuse mort, que peu auparavant il avait prédite, arriva le 8 février 1537 sur le territoire de Bergame, au service des pestiférés, laissant donc la Congrégation des Clercs Réguliers Somasques pour continuer son oeuvre.

Illustré par de nombreux miracles durant sa vie et après sa mort, Benoît XIV et Clément XIII l'inscrivirent solennellement, le premier au nombre des Bienheureux, le second dans les fastes des Saints.

 
Saint Jérôme Emilien enseignant d'humbles petits enfants.
Imagerie populaire. XIXe.

PRIERE

" Avec Vincent de Paul et Camille de Lellis, Ô Jérôme Emilien, vous constituez sur le Cycle en ces jours le triumvirat de la charité. Ainsi l'Esprit divin, dont le règne se poursuit, trouve-t-il ses complaisances à marquer l'empreinte de la Trinité sur les temps ; ainsi veut-il manifester que l'amour du Seigneur Dieu, qu'il apporte au monde, ne va point sans celui des frères. Dans le temps même où il fournissait par vous cette démonstration à la terre, l'esprit du mal faisait de son côté la preuve que l'amour vrai de nos semblables disparaît d'où s'en va celui du Seigneur, lequel lui-même s'éteint là où la foi n'est plus : entre les ruines de la prétendue réforme et la fécondité toujours nouvelle de l'Esprit de sainteté, l'humanité put choisir. Son choix, hélas, fut loin d'être partout conforme à ses intérêts du temps et de l'éternité. Combien plus que vous n'aurions-nous pas raison de répéter la prière que vous enseigniez aux petits orphelins :
" Notre doux-Père, Seigneur Jésus-Christ, nous vous en supplions par votre bonté infinie, relevez la chrétienté, ramenez-la toute à cette droiture de la sainteté qui fleurit au temps de vos Apôtres."


Apothéose de saint Jérôme Emilien. XVIIIe.

Vous avez travaillé largement pour votre part à cette œuvre immense de restauration. La Mère de la divine grâce, en brisant vos chaînes dans la prison, rendait à votre âme plus cruellement captive l'essor du baptême et de vos premiers ans ; votre jeunesse, comme celle de l'aigle, était renouvelée (Psalm. CII, 5.) ; décuplée au service du prince très puissant chanté dans le Psaume (Psalm. XLIV, 4.), la valeur qui vous avait illustré dans les armées d'ici-bas, multiplia vos conquêtes sur la mort et l'enfer. Qui jamais, dans cette arène nouvelle, pourrait nombrer vos prises ? Jésus, le Roi de la guerre du salut, vous communiqua ses prédilections pour les petits enfants : qui comptera ceux que vous sûtes garder à ses caresses divines en leur innocence, ceux qui déjà périssaient et vous devront leur couronne au ciel ! Du trône où vous entourent déjà leurs gracieuses phalanges, multipliez vos fils, soutenez tous ceux qui continuent votre œuvre sur la terre ; que votre esprit se répande toujours plus dans un temps où l'odieuse jalousie de Satan dispute plus que jamais le jeune âge au Seigneur. Heureux, à l'heure dernière, ceux qui auront accompli l'œuvre de miséricorde par excellence en nos jours : sauvé la foi des enfants, préservé leur baptême ! Eussent-ils comme vous autrefois mérité la colère, ils pourront redire avec confiance ces mots que vous affectionniez :
" Ô très doux Jésus, soyez-moi sauveur et non juge !"

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samedi, 20 juillet 2024 | Lien permanent

20 juillet. Saint Wulmer (ou saint Wilmer ou encore saint Wilmar), fondateur de l'abbaye de Samer au diocèse d'Arras. 68

- Saint Wulmer (ou saint Wilmer ou encore saint Wilmar), fondateur de l'abbaye de Samer au diocèse d'Arras. 689.
 
Pape : Saint Serge Ier. Roi des Francs : Thierry III.
 
" C'est ravir une belle proie au monde que de travailler à s'arracher de lui."
S. Eus. Emiss., serm. de Castigat.
 

Eglise Saint-Omer. Wierre-au-Bois. Boulonnais. XVIIe.

Au commencement du VIIe siècle de l'ère Chrétienne, sur le territoire du Boulonnais, et dans un lieu nommé " Sylviacum ", aujourd'hui " Samer " (Pas-de-Calais), naquit de parents Chrétiens et nobles un homme que ses vertus éclatantes et sa sainteté admirable devaient placer au rang des Saints. Walhert et Dude, ses parents, avaient encore un autre fils, auquel ils avaient donné le nom de Wamer.
 
La jeunesse du Saint se passa dans la résidence féodale de ses pères, au milieu des occupations toutes barbares encore des anciens Francs. Mais Dieu, dont les secrets sont impénétrables, se sert de toutes sortes de moyens pour parvenir à ses fins : comme il avait dessein de couronner un jour Wilmar d'une gloire immortelle, il l'humilia d'abord pour l'élever ensuite à ce haut degré d'honneur.

Le jeune franc rechercha en mariage une noble fille nommée Osterhilda, ignorant qu'elle avait été promise à Wilmer, un de ses compatriotes. Il était au moment de voir ses voeux accomplis, quand, en vertu du droit des fiançailles, son rival recourut au roi des Francs.
 
Celui-ci le soutint dans ses prétentions, et, sur son ordre, Wilmar dut renoncer à celle que son coeur avait choisi. Froissé dans ses plus tendres affections, le jeune homme prit en dégoût le monde, qui s'ouvrait à lui avec de telles déceptions; et, brisant tout ce qui pouvait encore l'attacher à la vie du siècle, il résolut de se consacrer à Dieu dans la nuit et l'obscurité du cloître.

Ainsi donc, la Providence l'humilia aux yeux du monde, pour l'exalter à la vue des Anges, s'emparer entièrement de son coeur et l'attirer plus fortement au service de Jésus-Christ.

Wilmar partit sur-le-champ et se rendit en Hainaut, vers le monastère de Hautmont, où l'abbé le reçut avec la plus grande bienveillance (642). A peine fut-il revêtu des livrées du Seigneur, que l'on put remarquer en lui un changement extraordinaire.

Ce n'était plus ce barbare au regard fier et audacieux, ce courtisan assidu de son prince ; cet homme qui avait de vaines complaisances pour le siècle. Prosterné aux pieds des autels du Christ, son véritable roi et son maître, il apprenait à mourir aux choses de la terre. C'était alors qu'il pouvait dire, avec le grand Apôtre :
" Le monde est crucifié au fond de mon coeur, et je le suis au monde."
 

Eglise Saint-Martin de Samer. Une partie des reliques
de saint Wulmer y sont vénérées. Boulonnais.

Voilà quels durent être les sentiments de Wilmar nouvellement converti ; mais ce n'était que le commencement d'un changement si heureux. Pour éprouver le jeune novice, et voir si sa vocation venait d'en haut, l'abbé s'appliqua d'abord à lui faire pratiquer les vertus les plus difficiles : l'humilité de Jésus-Christ, le mépris de soi-même, et le renoncement à sa propre volonté.

Il avait bien compris qu'à l'ombre du cloître il n'était plus question de rang ou de condition, que là il n'y avait plus de pauvre ni de riche, de serf ni de suzerain ; parce qu'entre l'âme de l'esclave et celle de l'homme libre, il n'y a point de différence devant Dieu. Aussi, soumis et obéissant à ceux qui devaient le guider dans la voie du salut, pratiquait-il avec bonheur les conseils les plus sublimes de la perfection évangélique.

Son supérieur lui donna la conduite des boeufs et lui confia le soin d'aller chercher tout le bois nécessaire pour les besoins du monastère. Wilmar s'acquitta de ces pénibles fonctions avec tant de joie et de ferveur, que toute la communauté en fut extrêmement édifiée.

Son zèle alla plus loin encore ; car, se levant la nuit et entrant doucement dans la grande chambre du dortoir, il enlevait les chaussures des frères, pour les nettoyer. L'abbé, à qui ceux-ci donnèrent connaissance du fait, fut fort édifié de tant de simplicité de coeur et de charité. Voulant en connaître l'auteur, il veilla lui-même secrètement, et parvint à le découvrir. Wilmar, en effet, s'étant approché de la cellule de son supérieur, pour lui rendre furtivement le même service, fut aussitôt saisi par la main, et reçut l'ordre de déclarer à l'instant qui il était. Interdit et confus à celte demande, mais pressé par l'obéissance qu'il devait à son supérieur, le serviteur de Dieu répondit à regret qu'il était ce jeune homme venu des bords de la mer, et à qui il avait donné depuis quelque temps le saint habit de la religion.

L'abbé, heureux de voir tant de modestie dans un si jeune religieux, lui dit :
" Allez, mon fils, faites ce que vous souhaitez."
C'était l'autoriser à continuer son humble et pieux exercice. Toutefois, pour ne pas offenser sa modestie, il ne révéla cette action qu'après le départ de Wilmar.

Telles étaient donc chaque jour les occupations par lesquelles l'athlète du Christ s'exerçait à la pratique des vertus chrétiennes, dans l'abbaye de Hautmont. Mais le Ciel, qui avait sur lui des vues plus grandes, et qui voulait le réserver pour la conduite des âmes et la fondation d'un nouveau monastère, ne permit pas qu'il restât plus longtemps chargé de ces humbles fonctions. L'Esprit-Saint, qui s'était fait de cet homme un temple choisi, lui inspira la pensée de se livrer à l'étude des lettres, afin de le mettre à même de rendre de plus grands services à l'Eglise de Dieu. Wulmer, docile à l'inspiration de la grâce, se fit initier par les frères à cette étude, dont il ignorait même les premiers principes. Sans se relâcher en rien de son exactitude à accomplir les autres travaux qui lui étaient imposés, il donnait à ce nouveau genre d'occupation tout le soin dont il était capable.


Eglise Saint-Martin. Condette. Boulonnais. XVIe.

Un jour cependant, selon son habitude, conduisant son chariot dans la forêt voisine, il marchait devant ses boeufs, tenant en main ses tablettes et étudiant avec ardeur. La méditation profonde dans laquelle il était plongé l'absorbait tellement, que son chariot s'arrêta sans qu'il s'en aperçût. Après avoir ainsi cheminé seul quelque temps, il tourna instinctivement la tête, et vit ce qui lui était arrrivé. Alors, comprenant l'avertissement qui lui venait d'en haut, il retourne sur ses pas, ramène son attelage, et s'occupe uniquement du labeur qui lui était confié. L'abbé, ayant appris le fait, et reconnaissant l'impossibilité d'allier ensemble le travail des mains et celui de l'esprit, donna à un autre le soin d'aller chercher le bois, et ordonna à Wilmar de s'appliquer exclusivement à l'étude des lettres. Les progrès rapides qu'il fit en peu de temps, ainsi que les bons exemples qu'il donnait à la communauté, par son humilité et sa douceur, engagèrent l'abbé à l'élever à la dignité sacerdotale.

Quand, prosterné sur les dalles du sanctuaire, le front incliné sous la main du pontife consécrateur, Wilmar se releva prêtre, il sentit tout le poids du fardeau que cette dignité faisait peser sur lui. Le grand honneur et le profond respect que sa sainteté lui attirait de la part des frères, effrayait son humilité.

Dès ce moment, une résolution sublime fut prise par Wilmar. Le silence du cloître, l'abnégation de la vie cénobitique, ne suffisaient plus à son âme. Consacré désormais au service de Jésus crucifié, il sentait le besoin de se retremper dans une vie plus dure et plus solitaire. C'est pourquoi il pria fortement son abbé de lui permettre de se retirer dans quelque affreuse solitude, pour ne penser qu'à Dieu seul et y vivre inconnu de tous. Sa vertu et son mérite lui firent obtenir facilement ce qu'il souhaitait avec tant d'ardeur. Aussi, après s'être prosterné aux pieds de son supérieur pour recevoir sa bénédiction, il partit emportant les regrets de tous les religieux.

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samedi, 20 juillet 2024 | Lien permanent

19 juillet. Saint Vincent de Paul, confesseur, fondateur des Lazaristes et des Filles de la Charité, dites aussi Soeurs

- Saint Vincent de Paul, confesseur, fondateur des Lazaristes et des Filles de la Charité, dites aussi Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul. 1660.
 
Pape : Alexandre VII. Roi de France : Louis XIV.
 
" L'oraison est l'âme de la dévotion : vous vous plaignez d'être aride, aimez et vous serez bientôt fervent ; l'oraison est la plus excellente occupation de l'âme ; quand on y cherche Dieu, on ne se rassasie point de le faire."
Esprit de saint Vincent de Paul.
 

Ce Saint, dont le nom est devenu synonyme de charité, est l'une des plus pures gloires de la France et de l'humanité tout entière. Il naquit à Pouy (aujourd'hui Saint-Vincent-de-Paul), près de Dax, le 24 août 1576. Ses parents faisaient valoir une petite ferme et vivaient du travail de leurs mains. Les premières années de Vincent se passèrent à la garde des troupeaux. Un jour qu'il avait ramassé jusqu'à trente sous, somme considérable pour lui, il la donna au malheureux qui lui parut le plus délaissé. Quand ses parents l'envoyaient au moulin, s'il rencontrait des pauvres sur sa route, il ouvrait le sac de farine et leur en donnait à discrétion.


Son père, témoin de sa charité et devinant sa rare intelligence, résolut de s'imposer les plus durs sacrifices pour le faire étudier et le pousser au sacerdoce : " Il sera bon prêtre, disait-il, car il a le coeur tendre." A vingt ans, il étudie la théologie à Toulouse et reçoit bientôt le grade de docteur.

Un an après son ordination au sacerdoce, il se rend à Marseille pour recueillir un legs que lui a laissé un de ses amis. Au retour, voyageant par mer pour se rendre à Narbonne, il est pris par des pirates et emmené captif en Afrique. Sa captivité, d'abord très dure et accompagnée de fortes épreuves pour sa foi, se termina par la conversion de son maître, qui lui rendit la liberté. C'est alors que Vincent va se trouver dans sa voie.


Les circonstances le font nommer aumônier général des galères, et il se dévoue au salut de ces malheureux criminels avec une charité couronnée des plus grands succès. La Providence semble le conduire partout où il y a des plaies de l'humanité à guérir.


Saint Vincent de Paul présente les Filles de la Charité
à la reine, Anne d'Autriche.

A une époque où la famine et les misères de toutes sortes exercent les plus affreux ravages, il fait des prodiges de dévouement ; des sommes incalculables passent par ses mains dans le sein des pauvres, il sauve à lui seul des villes et des provinces entières. Ne pouvant se multiplier, il fonde, et divers lieux, des Confréries de Dames de la Charité, qui se transforment bientôt dans cette institution immortelle et incomparable des Filles de la Charité, plus connues sous le nom des Soeurs de Saint-Vincent-de-Paul. Nulle misère ne le laisse insensible ; il trouve le moyen de ramasser lui-même et de protéger partout des multitudes d'enfants, fruits du libertinage, exposés à l'abandon et à la mort, et mérite le nom de Père des enfants trouvés.

On se souvient de la réponse cinglante de saint Vincent de Paul au cardinal Mazarin qui se moquait de son saint dévouement aux pauvres :
" Les pauvres sont notre plus grand trésor ! Les pauvres sont nos maîtres !"

Le roi Louis XIII, à l'agonie, expira dans les bras de notre saint.

Il a formé des légions d'anges de charité ; mais il lui faut des légions d'apôtres, et il fonde les Prêtres de la Mission, destinés à évangéliser la France et même les peuples infidèles.

Son corps intact est conservé dans la chapelle des Lazaristes, au 95 de la rue de Sèvres à Paris.
 

Verrière représentant saint Vincent de Paul
au chevet de Louis XIII pendant son agonie.
Eglise Saint-Séverin. Paris.
 
Le corps de saint Vincent de Paul est revêtu des habits sacerdotaux. La croix placée entre les mains est peut être celle avec laquelle saint Vincent assistera le roi Louis XIII mourant.

Après la Révolution française, les prêtres de la Mission se verront attribuer le 95 de la rue de Sèvres, en remplacement du prieuré Saint Lazare situé du côté des actuelles Gares du Nord et de l'Est. Le peuple de Paris, très attaché à saint Vincent de Paul, se cotisera pour payer la châsse, que l'archevêque de l'époque fera réaliser par l'orfèvre Odiot. Elle sera placée dans la chapelle le 25 avril 1830. La châsse mesure 2,25 m de long et 65 cm de large ; sa hauteur est de 1,05 m au centre. Le groupe sculpté qui la surmonte représente saint Vincent montant au Ciel, accompagné de quatre anges portant les emblèmes de la Foi, l'Espérance et la Charité.

La chapelle garde le souvenir de trois autres prêtres de la Mission : saint Jean Gabriel Perboyre (mort en 1840) et le Bienheureux François Régis Clet (mort en 1820), tous deux martyrisés en Chine. Leurs tombeaux se trouvent dans les bas côtés. La pierre tombale du père Etienne, ancien supérieur général, est située dans l'allée principale. Deux médaillons placés au centre de chaque vitrail, probablement de 1864, évoquent la vie et les oeuvres de saint Vincent. Cavaillé Coll achevera la construction de l'orgue la même année. Dans les tribunes, une série de tableaux exécutés par le Frère François (Frère de la Mission), élève du peintre Ingres, retracent des scènes de la vie de Jésus et de celle de la Vierge Marie. La chapelle de la sainte Vierge, au bas côté gauche, est dédiée à la conservation du Saint Sacrement. La chapelle du bas côté droit est dédiée à saint Joseph.
 

Corps de saint Vincent de Paul. Chapelle des Lazaristes. Paris.
 
PRIERE

" Quelle gerbe, Ô Vincent, vous emportez au ciel (Psalm. CXXV, 6.) ! Quelles bénédictions vous accompagnent, montant de cette terre à la vraie patrie (Prov. XXII, 9 ; Eccli. XXXI, 28.) ! Ô le plus simple des hommes qui furent en un siècle tant célébré pour ses grandeurs, vous dépassez maintenant les renommées dont l'éclat bruyant fascinait vos contemporains. La vraie gloire de ce siècle, la seule qui restera de lui quand le temps ne sera plus (Apoc. X, 6.), est d'avoir eu dans sa première partie des saints d'une pareille puissance de loi et d'amour, arrêtant les triomphes de Satan, rendant au sol de France stérilisé par l'hérésie la fécondité des beaux jours. Et voici que deux siècles et plus après vos travaux, la moisson qui n'a point cessé continue par les soins de vos fils et de vos filles, aidés d'auxiliaires nouveaux qui vous reconnaissent eux aussi pour leur inspirateur et leur père. Dans ce royaume du ciel qui ne connaît plus la souffrance et les larmes (Ibid. XXI, 4.), chaque jour pourtant comme autrefois voit monter vers vous l'action de grâces de ceux qui souffrent et qui pleurent.

Reconnaissez par des bienfaits nouveaux la confiance de la terre. Il n'est point de nom qui impose autant que le vôtre le respect de l'Eglise, en nos temps de blasphème. Et pourtant déjà les négateurs du Christ en viennent, par haine de sa divine domination (Jud. 4.), à vouloir étouffer le témoignage que le pauvre à cause de vous lui rendait toujours. Contre ces hommes en qui s'est incarné l'enfer, usez du glaive à deux tranchants remis aux saints pour venger Dieu au milieu des nations (Psal. CXLIX, 6-9.) : comme jadis les hérétiques en votre présence, qu'ils méritent le pardon ou connaissent la colère ; qu'ils changent, ou soient réduits d'en haut à l'impuissance de nuire. Gardez surtout les malheureux que leur rage satanique s'applaudit de priver du secours suprême au moment du trépas ; eussent-ils un pied déjà dans les flammes, ces infortunés, vous pouvez les sauver encore (Jud. 23.). Elevez vos filles à la hauteur des circonstances douloureuses où l'on voudrait que leur dévouement reniât son origine céleste ou dissimulât sa divine livrée ; si la force brutale des ennemis du pauvre arrache de son chevet le signe du salut, il n'est règlements ni lois, puissance de ce monde ou de l'autre, qui puissent expulser Jésus de l'âme d'une Fille de chanté, ou l'empêcher de passer de son cœur à ses lèvres : ni la mort, ni l'enfer, ni le feu, ni le débordement des grandes eaux, dit le Cantique, ne sauraient l'arrêter (Cant. VIII, 6-7.).

Vos fils aussi poursuivent votre œuvre d'évangélisation ; jusqu'en nos temps leur apostolat se voit couronné du diadème de la sainteté et du martyre. Maintenez leur zèle ; développez en eux votre esprit d'inaltérable dévouement à l'Eglise et de soumission au Pasteur suprême. Assistez toutes ces œuvres nouvelles de charité qui sont nées de vous dans nos jours, et dont, pour cette cause, Rome vous défère le patronage et l'honneur ; qu'elles s'alimentent toujours à l'authentique foyer que vous avez ravivé sur la terre (Luc. XII, 40.) ; qu'elles cherchent avant tout le royaume de Dieu et sa justice (Matth. VI, 33.), ne se départant jamais, pour le choix des moyens, du principe que vous leur donnez de " juger, parler et opérer, comme la Sagesse éternelle de Dieu, revêtue de notre faible chair, a jugé, parlé et opéré "."

Rq :

- Notons que notre triste époque, qui est le reflet de l'inversion morale la plus cynique, nous a donnés en 2005 de constater que rien, ou si peu, n'échappe aux horreurs du prince de ce monde. L'on a " découvert ", le jour de la saint Louis 2005, à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, fondé par lui pour le secours et l'accueil des enfants trouvés, 450 foetus (!!!) dans la chambre mortuaire de l'hôpital.
Ils avaient manifestement été l'objet d'expériences épouvantables. Le parquet avait ouvert une enquête administrative.

En octobre 2005, un rapport de l'Igas (inspection générale des affaires sociales) décrivait « 353 corps entiers et 87 corps partiels (dont 20 têtes) » et ajoutait que « la plupart des corps étaient éviscérés. Sur certains le cerveau avait été retiré, sur d'autres on avait enlevé la colonne vertébrale. » Le rapport pointait « des dérives réelles et préoccupantes. »
Le mercredi 18 juillet 2007, veille donc de la fête de notre saint, l'affaire a été classée sans suite... " Cette enquête préliminaire n'a pas révélé d'infraction pénale ", selon le procureur de la République Jean-Claude Marin.


- Oeuvres complètes et vie de saint Vincent de Paul (on privilégiera la vie de saint Vincent par Abelly) :
http://www.jesusmarie.com/vincent_de_paul.html

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vendredi, 19 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (2)

30 juillet. St Abdon et st Sennen, seigneurs persans, martyrs à Rome. 254.

- Saint Abdon et saint Sennen, seigneurs persans, martyrs à Rome. 254.

Papes : Saint Lucius Ier ; saint Etienne Ier. Empereurs romains : Trajan Dèce ; Valérien ; Gallien (Trente Tyrans).

" Pour les serviteurs de Dieu, le coeur des hommes est féroce, et celui des bêtes se montre humain."
St Grégoire le Grand.


Martyre de saint Abdon. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. R. de Montbaston. du XIVe.

Saint Abdon et saint Sennen, nobles persans, avaient été comblés de biens et d'honneurs par les rois de Perse, qui les avaient investis des premières dignités de l'Etat. Cependant, leur piété et leur zèle pour la foi catholique surpassaient leurs immenses richesses et la noblesse de leur sang.

L'empereur Dèce, grand ennemi du christianisme, remporta une victoire décisive contre les rois persans, devenant par le fait même, maître absolu de plusieurs pays. Ce prince inique résolut d'exterminer les chrétiens dans tout son empire. Abdon et Sennen ressentirent une profonde affliction en voyant les cruelles injustices dont l'indigne empereur accablait les fidèles qui étaient chaque jour victimes d'odieux procédés. D'un commun accord, ils s'appliquèrent de tout leur pouvoir à fortifier et encourager leurs frères chrétiens. Ils ensevelissaient les martyrs, sous peine d'encourir eux-mêmes la terrible colère de leur nouveau souverain.

Dèce, instruit de leurs actions, commanda de les arrêter et de les conduire devant son tribunal. Usant d'abord de douceur à leur égard, il essaya de leur persuader qu'il était redevable de sa vitoire aux dieux de l'empire, et qu'il était de toute justice qu'ils les adorassent.

Les deux frères répondirent à Dèce que les vaincus avaient adoré les mêmes faux dieux que lui, et n'en avaient cependant pas moins perdu la bataille. Que pour eux, ils n'adoreraient jamais que le seul vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et Son Fils Jésus-Christ qui donnait la victoire aux uns et permettait que les autres fussent vaincus à cause des desseins cachés de Sa Providence.

Dèce leur déclara qu'il tenait à tout prix et sous peine de mort, qu'ils adorassent les mêmes dieux que lui. Mais Abdon déclara :
" La seule raison nous démontre, grand Prince, qu'il ne peut pas y avoir plusieurs dieux : deux maîtres souverains ne sauraient subsister dans l'empire. Ce que vous appelez des dieux ne sont que des démons, les singes de la Divinité dont les hommes sont dupes. Il n'y a qu'un seul Dieu, et c'est ce seul Dieu, notre souverain Maître et le vôtre, que nous adorons.
- Je saurai bien venger nos dieux de vos blasphèmes, et vous faire repentir de votre impiété !"
répliqua l'empereur.

Ne pouvant supporter plus longtemps les propos que saint Abdon et saint Sennen lui tenaient, Dèce ordonna de charger de chaînes les martyrs et de les enfermer dans une obscure prison ; et quand il s'en retourna pour triompher, il les amena avec lui afin qu'ils servissent d'ornements à son triomphe. Il les fit ensuite comparaître devant les membres du sénat leur disant qu'il ne tenait qu'à eux de recouvrer leurs richesses et leurs dignités, et d'arriver aux premières charges de l'empire ; que pour cela, il leur fallait seulement sacrifier aux dieux. Abdon et Sennen répondirent à l'empereur qu'ils ne reconnaissaient qu'un Dieu, Jésus-Christ, et n'adoreraient jamais des idoles qui n'étaient que des démons.

Ils furent renvoyés en prison, et le lendemain, traînés dans l'amphithéâtre où l'on devait, par force, leur faire fléchir le genou devant la statue du soleil. Les martyrs, ayant insulté cette statue, furent fouettés cruellement, et on lâcha contre eux deux lions et quatre ours. Ces animaux se couchèrent à leurs pieds et devinrent leurs gardiens de telle façon, que personne n'osait s'approcher d'eux ; enfin, des gladiateurs vinrent mettre fin aux jours des martyrs.


Tombeau de saint Abdon et saint Sennen.
Eglise abbatiale d'Arles-sur-Tech. Pyrénées-Orientales.

Une fois décapités, les bourreaux attachèrent les pieds des martyrs et traînèrent leurs corps en présence de l'idole du soleil. On les laissa là pendant trois jours, sans sépulture, dans l'intention d'inspirer de la frayeur aux chrétiens. Au bout de ce temps, le sous-diacre Quirin enleva les précieuses dépouilles et les ensevelit dans sa maison.

CULTE ET RELIQUES

Une partie notable des corps de saint Abdon et de saint Sennen reposent depuis au moins le IXe siècle dans l'église abbatiale d'Arles (dans les actuelles Pyrénées-Orientales. Chaque année, depuis le Xe siècle, cette tombe surélevée et protégée par une grille se remplit d'eau qui aurait quelques vertus curatives, et qui reste un véritable mystère. Aucune explication scientifique n'a résolu cette énigme, mais depuis longtemps les habitants du village et de la région environnante lui vouent une dévotion particulière.

Le monastère de la Visitation d'Autun possède aussi des reliques de nos saints. Ils échappèrent à la fureur des bêtes féroces révolutionnaires en 1793.

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mardi, 30 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

2 août. Saint Alphonse-Marie de Liguori, Docteur de l'Eglise. 1787.

- Saint Alphonse-Marie de Liguori, Docteur de l'Eglise, évêque de Sainte-Agathe-des-Goths, fondateur des rédemptoristes. 1787.

Pape : Pie VI. Roi des Deux-Siciles : Ferdinand Ier ( Ferdinand III de Sicile et Ferdinand IV de Naples). Rois de France : Louis XV ; Louis XVI.

" Dieu veut que nous nous sauvions, mais en vainqueurs. La vie est une guerre continuelle, tant que nous y sommes il faut combattre, et pour vaincre il faut prier."
Saint Alphonse-Marie de Liguori.

Saint Alphonse de Liguori naquit près de Naples. Quelques jours après sa naissance, saint François de Girolamo était venu le bénir à la demande de ses parents. Après de fort brillantes études, docteur en droit civil et canonique à seize ans, il embrassa la carrière d'avocat.

Pendant les dix années qu'il remplit cette charge, il fut le modèle du parfait chrétien. Il commençait à se relâcher, quand il échoua dans un plaidoyer superbe où il avait déployé tous ses talents :
" Ô monde ! s'écria-t-il, désormais je te connais ; tu ne m'auras plus."
Peu après, il entendit une voix lui dire :
" Laisse le monde de côté, livre-toi à Moi tout entier... "
Aussitôt il répondit, fondant en larmes :
" Ô Dieu ! Me voici, faites de moi ce qu'il Vous plaira."

Aussitôt Alphonse va déposer à l'église de la Sainte Vierge son épée de gentilhomme, prend bientôt l'habit ecclésiastique, fait ses études de théologie, et au bout de trois ans reçoit le sacerdoce. Désormais le voilà embrasé du zèle des âmes ; il se mêle au peuple des campagnes et s'éprend d'un amour spécial pour lui.

C'est alors que l'idée lui vint de fonder, pour exercer l'apostolat parmi cette classe si intéressante de la société, la Congrégation des Rédemptoristes. Traité d'insensé par son père, ses proches et ses amis, persécuté et abandonné bientôt par plusieurs de ses premiers collaborateurs, délaissé et méprisé par son directeur lui-même, saint Alphonse endura toutes les souffrances morales qui peuvent tomber sur un homme : rien ne put l'abattre ni le décourager.

C'est en 1729 qu'Alphonse quitta la résidence familiale pour se joindre au Collège Chinois de Naples. C'est là que débuta son expérience missionnaire dans le milieu rural du Royaume de Naples. Il y trouva des gens qui étaient beaucoup plus pauvres et plus abandonnés que tout ce qu'il avait rencontré sur les rues de Naples.

Saint Alphonse-Marie de Liguori.
Eglise Saint-Maimboeuf. Montbéliard. Franche-Comté.

Un jour, son pauvre accoutrement le fit prendre pour le cocher des autres missionnaires, et, à son premier sermon, son éloquence fit dire au peuple : " Si le cocher prêche si bien, que sera-t-il des autres !"

C'est le 9 novembre 1732 qu'Alphonse fonda la Congrégation du Très Saint Rédempteur, connue aussi sous le nom de Rédemptoristes. Il lui donna le but suivant : pour imiter l'exemple de Jésus Christ, annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux plus abandonnés. A partir de ce moment, il se donna entièrement à cette nouvelle mission.

Saint Alphonse-Marie de Liguori.
Verrière de l'église Notre-Dame de Combourg. Bretagne.

Saint Alphonse était un amant de la beauté : musicien, poète et auteur. Il mit sa créativité artistique et littéraire au service de la mission et exigeait la même chose de tous ceux qui se joignaient à la Congrégation. Il écrivit 111 ouvrages de spiritualité et de théologie. Les 21,500 éditions de ses ouvrages ainsi que leur traduction en 72 langues démontrent bien qu'il fut l'un des auteurs les plus lus. Parmi ses ouvrages les plus connus, citons : Les gloires de Marie et Les Visites au Très Saint Sacrement. La prière, l'amour, sa relation au Christ et son expérience personnelle des besoins pastoraux des fidèles ont fait de saint Alphonse-Marie un des grands maîtres de la vie intérieure.

La publication de sa Théologie morale, fut la plus importante contribution qu'il apporta à l'Église dans le domaine de la recherche en théologie morale. Cet ouvrage prit sa source dans l'expérience pastorale de saint Alphonse, dans sa facilité à répondre aux questions pratiques que lui posaient les fidèles et dans son contact journalier avec leurs problèmes concrets. Il s'opposa à un certain légalisme, issu de certaines élites, qui risquait d'étouffer la théologie de son temps et en rejeta le rigorisme étroit. Notre saint y trouvait des voies fermées à l'Évangile parce que " une telle rigueur ne fut jamais le fait de l'Église ". Il savait mettre sa réflexion théologique au service de la grandeur et de la dignité de la personne, de la conscience morale, de la miséricorde évangélique, toujours en vue du salut des âmes.

Saint Alphonse-Marie de Liguori fut consacré évêque de Sainte-Agathe-des-Goths en 1762. Il était âgé de 66 ans. Il voulut refuser cette charge ; il se pensait trop vieux et trop malade pour prendre bien soin d'un diocèse. On lui permit de se retirer en 1775. Il alla vivre alors à la communauté rédemptoriste de Pagani où il mourut le 1er août 1787. Il fut canonisé en 1831, proclamé Docteur de l'Église en 1871 et Patron des confesseurs et moralistes en 1950.

Il eut plusieurs visions de la très Sainte Vierge ; une fois, pendant un sermon sur les gloires de Marie, il fut ravi, et environné d'une éblouissante lumière.

Le monastère rédemptoriste Santa Maria Della Purita où se
retira saint Alphonse-Marie de Liguori et d'où il rejoignit
Notre Père des Cieux. Pagani, près de Naples.

PRIERE

" Je n'ai point caché votre justice dans mon cœur : j’ai publié de vous la vérité et le salut (Verset du Graduel de la Messe, ex Psalm. XXXIX.). Ainsi en votre nom l’Église chante-t-elle aujourd'hui, reconnaissante pour le service insigne que vous lui avez rendu dans ces jours des pécheurs où la piété semblait perdue (Verset alléluiatique, ex Eccli. XLIX.). En butte aux assauts d'un pharisaïsme outré, sous le regard sceptique de la philosophie railleuse, les bons eux-mêmes hésitaient sur la direction des sentiers du Seigneur. Tandis que les moralistes du temps ne savaient plus que forger pour les consciences d'absurdes entraves (Eccli. XXI, 22.), l'ennemi avait beau jeu de crier : Brisons leurs chaînes, et rejetons loin leur joug (Psalm. II, 3.). Compromise par ces docteurs insensés, l'antique sagesse révérée des aïeux n'était plus, pour les peuples  avides d'émancipation, qu'un édifice en ruines (Eccli. XXI, 21.). Dans cette extrémité sans précédents, vous fûtes, Ô Alphonse, l'homme prudent désiré de l’Église, et dont la bouche énonce les paroles qui raffermissent les cœurs (Ibid. 20.).

Longtemps avant votre naissance, un grand Pape avait dit que le propre des Docteurs est " d'éclairer l'Eglise, de l'orner des vertus, de former ses mœurs ; par eux, ajoutait-il, elle brille au milieu des ténèbres comme l'astre du matin ; leur parole fécondée d'en haut résout les énigmes des Ecritures, dénoue les difficultés, éclaircit les obscurités, interprète ce qui est douteux ; leurs œuvres profondes, et relevées par  l'éloquence du discours, sont autant de perles précieuses ennoblissant la maison de Dieu non moins qu'elles la font resplendir ".

 
Ainsi s'exprimait au XIIIe siècle Boniface VIII, lorsqu'il élevait à la solennité du rit double les fêtes des Apôtres, des  Évangélistes, et des  quatre  Docteurs reconnus alors,  Grégoire  Pape, Augustin, Ambroise et Jérôme (Sexti Décret. Lib. III, tit. XXII, De reliqu. et veneratione Sanctorum.). Mais n'est-ce pas là, frappante comme une prophétie, fidèle autant qu'un portrait, la description surtout de ce qu'il vous fut donné d'être ?

Gloire  donc à vous qui, dans  nos  temps de déclin, renouvelez la jeunesse de l’Église, à vous par qui s'embrassent derechef ici-bas la justice et la paix dans la rencontre de la miséricorde et de la vérité (Psalm. LXXXIV, II.). C'est bien à la lettre que vous avez donné sans réserve pour un tel résultat votre temps et vos forces.

 
" L'amour de Dieu n'est jamais oisif, disait saint  Grégoire : s'il  existe, il  fait  de grandes choses ; s'il refuse d'agir, ce n'est point l'amour." ( Greg. in Ev. hom. XXX.).

Or quelle fidélité ne fut pas la vôtre dans l'accomplissement du vœu redoutable  par lequel vous vous étiez enlevé la possibilité même d'un instant de relâche ! Lorsque d'intolérables douleurs eussent paru pour tout autre justifier, sinon commander le repos, on vous voyait soutenant d'une main à votre front le marbre qui semblait tempérer quelque peu la souffrance,  et de la droite écrivant vos précieux ouvrages.

Mais plus grand encore fut l'exemple que Dieu voulut donner au monde, lorsqu'il permit qu'accablé d'années, la trahison d'un de vos fils amenât sur vous la disgrâce de ce Siège apostolique pour lequel s'était consumée votre vie, et qui en retour vous retranchait,  comme  indigne, de  l'institut que vous aviez fondé ! L'enfer alors eut licence de joindre ses coups à ceux du ciel ; et vous, le Docteur de la paix, connûtes d'épouvantables assauts contre la foi et la sainte espérance. Ainsi votre œuvre s'achevait-elle dans l'infirmité plus puissante que tout (II Cor. XII, 9-10.) ; ainsi méritiez-vous aux âmes troublées l'appui de la vertu du Christ. Cependant, redevenu enfant par l'obéissance aveugle nécessaire dans ces pénibles épreuves, vous étiez plus près à la fois et du royaume des cieux (Matth. XVIII, 3.) et de la crèche chantée par vous dans des accents si doux (Le Temps de Noël, T I, p. 353.) ; et la vertu que l'Homme-Dieu sentait sortir de lui durant sa vie mortelle s'échappait de vous avec une telle abondance sur les petits enfants malades, présentés par leurs mères à votre bénédiction, qu'elle les guérissait tous (Luc. VI, 19.) !

Maintenant qu'ont pris fin les larmes et le labeur, veillez pourtant sur nous toujours. Conservez les fruits de vos œuvres dans l'Eglise. La famille religieuse qui vous doit l'existence n'a point dégénéré; plus d'une fois, dans les persécutions de ce siècle, l'ennemi l'a honorée des spéciales manifestations de sa haine ; déjà aussi l'auréole des bienheureux a été vue passant du père à ses fils : puissent-ils garder chèrement toujours ces nobles traditions ! Puisse le Père souverain qui, au baptême, nous a tous également faits dignes d'avoir part au sort des saints dans la lumière (Col. I, 12.), nous conduire heureusement par vos exemples et vos enseignements (Collecta diei.), à la suite du très saint Rédempteur, dans le royaume de ce Fils de son amour (Col. I, 13.).

Rq : On lira avec fruits et avec passion cette Vie de saint Alphonse-Marie de Liguori composée par M. l'abbé Bernard et éditée en 1862 : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/alphonsedeliguor...

On trouvera l’œuvre intégrale, et en particulier Les Gloires de Marie, de saint Alphonse-Marie de Liguori en consultation et téléchargement gratuits sur le site :
http://www.jesusmarie.com/alphonse.html

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vendredi, 02 août 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

27 septembre. Saint Côme et saint Damien, frères, martyrs à Ege en Cilicie. Vers 284.

- Saint Côme et saint Damien, frères, martyrs à Ege en Cilicie. Vers 284.

Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Orient : Dioclétien. Empereur romain d'Occident : Maximien-Hercule.

" L'homme ne peut mieux se donner à Dieu qu'en se livrant à la mort pour l'honorer."
Saint Anselme.


Saint Côme et saint Damien.
Gravure de confrérie de médecin de la ville de Toulouse. XVe.

" Honorez le médecin ; car sa mission n'est pas superflue. Le Très-Haut l'a créé ; il a créé les médicaments : les repousser n'est pas d'un sage.
Les plantes ont leurs vertus ; l'homme à qui la science en est donnée glorifie Dieu, admirable en ce qu'il fait. La douleur est par elles adoucie ; l'art en fait des compositions sans nombre, où réside la santé.
Malade, ô mon fils, ne te néglige pas. Prie le Seigneur qu'il te guérisse ; éloigne-toi du péché, purifie ton cœur ; offre tes dons à l'autel ; puis, au médecin d'agir. Son intervention s'impose ; à une heure ou à l'autre, ne compte pas l'éviter.
Mais lui aussi doit prier le Seigneur de diriger ses soins pour apaiser la souffrance, écarter le mal, rendre les forces à celui qui l'appelle."
(Eccli. XXXVIII, 1- 15.).


Saint Côme et saint Damien exercant leur art. Fra Angelico. XIVe.

Paroles de la Sagesse, qu'il était bon de citer en cette fête. Fidèle la première au précepte divin, l'Eglise honore aujourd'hui dans Côme et Damien cette carrière médicale où beaucoup d'autres acquirent la sainteté, où nul cependant ne personnifia comme eux la grandeur du rôle qui s'offre au médecin dans la société baptisée.

Chrétiens dès l'enfance, l'étude d'Hippocrate et de Galien développa en eux l'amour du Dieu qui révèle ses perfections invisibles dans les magnificences de la création (Rom. I, 20.), dans ce palais surtout, dans ce temple du corps de l'homme (I Cor. VI, 19-20.) qu'il se propose d'habiter à jamais. Leur science fut un hymne à la gloire du Créateur, leur art un ministère sacré : service de Dieu dans leurs frères souffrants; rôle du gardien veillant sur le sanctuaire pour éloigner tout désordre de ses abords, pour au besoin en réparer les ruines. Vie de religion comme de charité, que ces deux reines des vertus amenèrent dans nos Saints jusqu'au martyre, sommet privilégié de l'une et de l'autre, consommation du sacrifice et de l'amour.

L'Orient et l'Occident rivalisèrent d'hommages envers les Anargyres (qui ne reçoit pas d'argent) ; appellation que leur avait value la gratuité de leurs soins. Partout des églises s'élevèrent sous leurs noms. Dans sa vénération pour eux, l'empereur Justinien embellissait et fortifiait l'obscure ville de Cyre, qui renfermait leurs reliques sacrées.

En plein forum romain, dans le même temps, le Souverain Pontife Félix IV substituait la mémoire sainte des Martyrs jumeaux au souvenir moins heureusement fraternel que rappelait l'ancien temple de Romulus et de Rémus. Peu d'années s'étaient écoulées depuis le jour où Benoît, inaugurant sa mission de patriarche des moines, dédiait aux saints Côme et Damien le premier des monastères qu'il fondait à l'entour de sa grotte bénie de Sublac, celui-là même qui, sous le nom de sainte Scholastique, a subsisté jusqu'à nous.

Mais, une fois de plus véritablement Maîtresse et Mère universelle, combien l'Eglise Romaine n'a-t-elle pas dépassé ces honneurs en inscrivant les deux saints frères arabes, de préférence à tant de milliers de ses propres héros, dans ses Litanies solennelles et au diptyque sacré des Mystères !

On sait comment, au moyen âge, médecins et chirurgiens s'organisèrent en confréries chargées de promouvoir la sanctification de leurs membres par la prière commune, la charité envers les délaissés, l'accomplissement de tous les devoirs de leur importante vocation pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de l'humanité souffrante. Aux applaudissements de la société chrétienne, après un siècle d'interruption, la Société de Saint-Luc (Lucas medicus carissimus. Col. IV, 14.), Saint-Côme et Saint-Damien a pris chez nous à tâche de rattacher le présent aux traditions du passé.


Sépulture de saint Côme, de saint Damien et de
leurs compagnons martyrs. Fra Angelico. XIVe.

Voici les lignes consacrées par l'Eglise aux deux frères.

Côme et Damien étaient frères. Arabes d'origine, et de noble extraction, ils naquirent dans la ville d'Eges. Médecins de profession, ils guérissaient les maladies même incurables, autant par la puissance de Jésus-Christ que grâce à leur science. Or, sous les empereurs Dioclétien et Maximien, le préfet Lysias ayant eu connaissance de leur religion, se les fit amener pour les interroger sur leur foi et leur genre de vie. Comme ils s'avouaient hautement chrétiens et proclamaient que la foi chrétienne était nécessaire au salut, Lysias leur ordonne d'adorer les dieux ; sinon des supplices et une mort cruelle les attendent.

Mais, comprenant bientôt l'inutilité de ses menaces : " Pieds et poings liés, s'écrie-t-il, qu'on les torture par les plus raffinés tourments !".

L'ordre s'exécute, et Côme et Damien cependant restent fermes. Toujours enchaînés, on les précipite au fond de la mer ; ils en sortent sains et saufs et déliés. Ce qu'attribuant à la magie, le préfet ordonne de les conduire en prison, d'où, tirés le lendemain, il les fait jeter sur un bûcher en feu ; mais la flamme s'écarte des Saints. Après donc divers autres essais cruels, il commande qu'on les frappe de la hache. Ainsi leur fut acquise, dans la confession de Jésus-Christ, la palme du martyre.

PRIERE

" Illustres frères, voici donc accomplie en vous la divine parole : " La science du médecin relèvera en gloire, et il sera loué en présence des grands " (Eccli. XXXVIII, 3.). Les grands sont les princes des célestes hiérarchies, témoins en ce jour des hommages reconnaissants de l'Eglise de la terre ; la gloire composant l'auréole de vos têtes fortunées est celle de Dieu même, de ce roi magnifique dont parle au même lieu l'Ecriture (Eccli. XXXVIII, 2.), et qui rémunère votre désintéressement d'autrefois par le don de sa propre vie bienheureuse.

Au foyer de l'amour éternel, votre charité ne saurait s'être amoindrie : secourez-nous toujours. Justifiez la confiance des malades qui recourent à vous. Maintenez la santé des enfants de Dieu ; qu'ils puissent faire honneur à leurs obligations de ce monde, et porter vaillamment le joug léger des préceptes de notre Mère l'Eglise. Bénissez les médecins fidèles à leur baptême, et qui se recommandent de votre patronage ; augmentez leur nombre.

Voyez les études médicales s'égarer dans nos temps sur les pentes du matérialisme et du fatalisme, au grand détriment de la science et de l'humanité. Il est faux que la nature soit pour l'homme toute l'explication de la souffrance et de la mort (Ibid. 15. ; I Cor. XI, 3.) ; malheur à ceux dont le médecin ne voit en ses clients que le sang et la chair ! C'était plus haut, qu'elle-même l'école païenne cherchait le dernier mot de toute chose ; c'est de plus haut que s'inspirait le respect religieux qui transformait votre art.

Par la vertu de votre mort glorieuse, ô témoins du Seigneur, obtenez dans notre société si malade le retour de la foi, de la pensée de Dieu, de cette piété utile à tout et à tous, qui a les promesses de la vie présente comme de l'éternité (I Tim. IV, 8.)."

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vendredi, 27 septembre 2024 | Lien permanent

28 juillet. Saint Samson (1/2), évêque de Dol-de-Bretagne, confesseur. vers 565.

- Saint Samson, évêque de Dol-de-Bretagne, confesseur. Vers 565.

Pape : Jean III. Roi de Domnonée : Judwal. Roi de Cornouailles : Alain Ier.

" Apostolos magnos praecipue effecit verus ac non simulatus gloriae atque pecuniae contemptus."
" Ce qui fait la grandeur des Apôtres, c'est leur mépris véritable et sincère de la gloire et de la richesse."

Saint Jean Chrysostome.


Statue de bronze de saint Samson.
Alain-Marie, sculpteur mainiot. 1994.

Ammon et Anne, deux époux également illustres par leur naissance et par leurs vertus, dans la Grande-Bretagne, vivaient depuis plusieurs années sans avoir d'enfant, malgré leurs prières, leurs aumônes et leurs bonnes œuvres ; Dieu leur fit enfin connaître que leur voeu allait s'accomplir. L'an 480, il leur naquit un fils, qui fut nommé Samson aux fonts sacrés du Baptême. Samson naquit dans cette partie du South-Pays de Galles, aujourd'hui connue sous le nom de Glamorganshire. Cette contrée faisait partie du pays des Démètes, et était sur les frontières des Wénètes, qui habitaient la province appelée Guent (ou Gwent ou encore Gwend) par les Bretons, et présentement connue sous le nom de Moumouthshire. Ses parents n'oublièrent rien pour l'élever dans la crainte de Dieu et dans l'observance fidèle de ses commandements.

A l'âge de 5 ans, ayant déjà l'esprit ouvert, il leur fit paraître une inclination toute particulière pour les sciences, et demanda d'étudier. Son père y répugna d'abord, dans la crainte que son fils, devenu savant, ne se fît clerc ou religieux. Mais Dieu, qui avait inspiré de si bonnes inclinations à ce jeune homme, avertit Ammon, par un Ange, de le seconder. Cet excellent père obéit, et, quelque tendresse qu'il eût pour un fils si cher, il résolut d'en faire le sacrifice. Il le mena à saint Iltut, abbé d'un célèbre monastère de ce pays, qui, ayant connu d'abord les belles qualités de l'âme de cet enfant, le reçut avec joie.

Samson fut 10 ans sous la discipline d'un si bon maître, et bien qu'au bout de ce terme il n'eût encore que 15 ans, il avait fait des progrès si extraordinaires dans les sciences, qu'il égalait en doctrine les plus habiles de son temps. Il ne faut pas s'en étonner, puisque l'exercice de l'oraison était inséparable de ses études, et qu'il apprenait plus au pied du crucifix que dans tous les livres de philosophie. Un jour, qu'il était tombé sur une grande difficulté sans en pouvoir tirer la vraie solution, ni de son maître ni de ses livres, il eut recours à son refuge ordinaire, joignant à ses prières un jeûne rigoureux et d'autres austérités humiliantes. La troisième nuit, comme il était en oraison, toute sa chambre fut remplie d'une lumière extraordinaire, et, en même temps, il entendit une voix qui lui disait que " Dieu avait exaucé ses voeux, que, non-seulement il avait obtenu l'éclaircissement qu'il souhaitait, mais que, dans la suite, quelque grâce qu'il demandât du Ciel, elle lui serait accordée ". Cette promesse fut réalisée par de nombreux miracles.


Amon et Anne priant Dieu de leur accorder un enfant.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XIVe.

Un jour, saint Samson, encore écolier, alla avec ses compagnons par l'ordre de saint Iltut, pour arracher les mauvaises herbes d'une pièce de blé ; comme ils étaient occupés à ce travail, une vipère se glissa sous la robe d'un de ces jeunes écoliers, le mordit à la jambe, et l'infecta de son venin : la mort de cet enfant était imminente. Samson, se ressouvenant de la promesse qu'il avait reçue du Ciel, se mit en prières, puis, faisant couler de l'huile sainte et de l'eau bénite sur la plaie, il en fit sortir le venin goutte à goutte et rendit la santé au malade. Une autre fois, il chassa par sa parole, d'un champ nouvellement ensemencé, une nuée de corneilles qui s'y étaient arrêtées et qui mangeaient le grain qu'on y avait jeté, bien que saint Gildas, depuis abbé de Saint-Ruyer, et saint Paul, depuis évêque de Léon, avec tous leurs efforts, n'eussent pu les disperser. Et lorsqu'il fut évêque, il purgea encore les marais voisins de Dol d'une infinité d'oies sauvages qui, par leurs cris, troublaient extrêmement les religieux des monastères d'alentour, quand ils étaient en oraison, ou chantaient les divins offices.

Lorsque le jeune Samson eut achevé ses études, son père voulut le faire revenir, pour l'élever auprès de lui et en faire son appui dans le monde ; mais le saint jeune homme lui demanda avec tant d'instance la permission de se faire religieux, qu'Ammon, se souvenant des anciennes remontrances de l'Ange, n'osa lui refuser sa demande, dans la crainte de s'opposer aux desseins de Dieu. Samson vit donc l'accomplissement de son désir : il demanda l'habit monastique au saint abbé Iltut, qui le lui donna avec une joie incroyable, à la grande satisfaction de tous les religieux du monastère. Il ne fut pas plus tôt revêtu de ces précieuses livrées de Jésus-Christ, que, se dépouillant tout à fait du vieil Adam, il renonça à toutes les inclinations de la chair, pour ne plus suivre que celles de l'Esprit. Comme il redoubla sa première ferveur, il se rendit presque inimitable à ses frères dans la pratique des plus rares vertus. Sa vie était une oraison continuelle il y passait les nuits entières, et, s'il s'en dérobait quelques moments dans la journée, c'était pour s'appliquer à l'étude des saintes Ecritures ou à quelque autre chose pour l'utilité du monastère.

Son abstinence était surprenante. Depuis sa profession religieuse, il ne mangea jamais de chair ni de poisson, ni quoi que ce soit qui eût la vie sensitive : son jeûne était si extraordinaire, qu'il passait quelquefois une semaine entière sans rien manger, et, dans tout le Carême, il ne faisait ordinairement que 3 ou 4 repas, plutôt pour s'empêcher de mourir que pour tâcher de vivre. Il n'avait point d'autre lit que la terre; encore le plus souvent il dormait debout, appuyé seulement contre la muraille. Il faisait tant de cas de la chasteté, que cette rare vertu fut toute sa vie le plus bel ornement de son esprit et de son corps ; et, pour éviter ce qui aurait pu donner la moindre, atteinte à sa pudeur, il fuyait toute sorte de relations avec les femmes, et si la nécessité ou la charité l'obligeait de leur parler, il voulait qu'il y eût toujours quelqu'un qui l'accompagnât.


Saint Samson étudiant. Speculum historiale. V. de Beauvais. XIVe.

Dieu rehaussa les vertus de son serviteur par des signes miraculeux. Saint Dubrice, évêque de Caërlon, étant venu conférer les ordres dans le monastère, Samson reçut l'ordre du diaconat. Pendant cette cérémonie, on vit sur sa tête une blanche colombe qui fit connaître visiblement à tout le monde les profusions de grâce que le Saint-Esprit répandait dans son coeur au moment où le saint prélat imposait les mains sur son front. Ce prodige se renouvela plus tard, lorsqu'il reçut la prêtrise.

Des vertus si éminentes servaient beaucoup à augmenter le zèle de ses frères, qui avaient de bonnes inclinations et qui recherchaient leur perfection : elles ne furent, au contraire, qu'un sujet d'envie et de haine pour les deux neveux de l'abbé Iltut, dont l'âme était pervertie et les moeurs corrompues. Ils donnaient au Saint, dans toutes les rencontres, des marques de leur aversion, et l'excès de leur passion ne leur permettait pas de pouvoir la dissimuler. Le Saint, qui s'en aperçut aisément, eu fut extrêmement affligé, non qu'il craignît le mal qu'ils lui pouvaient faire, mais il était inconsolable du danger où il les voyait de se perdre. Il se regardait comme coupable de leur péché, parce qu'il en était l'objet et l'occasion, et cette vue pénétrait son coeur d'une douleur continuelle, qui le portait à faire des pénitences incroyables et des prières continuelles, pour obtenir la conversion de ces 2 malheureux. Mais plus il se sanctifiait à leur occasion, plus aussi croissaient leur rage et leur jalousie.

Celui des deux qui n'était pas prêtre avait la charge d'apothicaire de la maison. Cet emploi leur fit naître la pensée d'empoisonner le Saint, et ils s'imaginèrent qu'ils en viendraient à bout en lui présentant quelque breuvage. On avait la pratique, dans cette maison, de donner aux religieux, à certains temps, du jus de quelques herbes médicinales, pour la conservation de leur santé, et il n'était permis à personne de s'en abstenir. Ces deux malheureux, firent une potion empoisonnée, composée du suc de quelques plantes mortelles, dont ils essayèrent la force sur un animal à qui ils en donnèrent quelques gouttes dans du lait, et l'animal en mourut sur-le-champ.


Saint Samson recevant le diaconat de saint Dubrice.
Verrière de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne.

Lorsque Samson se présenta pour boire, ils lui donnèrent une tasse pleine de cette boisson pernicieuse. Le Saint s'aperçut bien que le breuvage qu'on lui présentait était très différent des autres ; mais pour ne point donner sujet à ses ennemis de se plaindre qu'il les eût soupçonnés légèrement, et plein de confiance en Celui qui a dit dans l'Evangile que ceux qui auraient une foi vive boiraient les breuvages les plus mortels sans qu'ils leur puissent nuire, il avala tout ce qu'on lui avait donné, sans en ressentir aucun mal, au grand étonnement de ceux qui lui avaient préparé cette coupe empoisonnée. Samson, sachant bien que c'était à Dieu seul qu'il était redevable de la conservation de sa vie, en consacra de nouveau tous les moments à son service pour lui témoigner sa reconnaissance, et il remercia l'apothicaire d'une manière si douce et si honnête, qu'il gagna ce religieux, beaucoup moins méchant que le prêtre son frère, et le toucha tellement qu'il se repentit de son crime, et fit tous ses efforts pour réduire son frère à la raison, à quoi néanmoins il ne put réussir, tant l'envie possédait celui-ci.

Le dimanche suivant, Samson, faisant l'office de diacre au saint autel, présenta, selon la coutume, le calice à ce méchant prêtre. Mais ce sacrilège n'eut pas plus tôt communié, que le démon s'empara de lui dans le moment, et le tourmenta d'une manière horrible et honteuse ; ce qui causa tant de frayeur à son frère, qu'il confessa publiquement leur crime commun. Il promit d'en faire pénitence le reste de ses jours, et offrit même de les employer entièrement au service du Saint, pour réparer le mal qu'il avait voulu lui faire. Toute la communauté, extrêmement surprise et affligée, et Iltut à leur tête, supplièrent Samson de ne pas leur imputer le crime des deux frères.

Mais Samson, bien loin d'avoir le moindre mouvement d'indignation contre personne, était le plus désolé de tous, et se plaignait affectueusement à Dieu de ce qu'à son occasion il avait puni si sévèrement son confrère, et lui demandait pardon avec une contrition incroyable, comme s'il avait été coupable de tout le mal qu'on avait fait. Une si grande bonté donna la hardiesse aux religieux de le supplier de s'employer auprès de Dieu pour la délivrance du possédé, et d'avoir la charité de l'aller voir. Il le fit avec toute la tendresse possible, et le démon, ne pouvant souffrir les soins charitables d'un homme qui rendait si héroïquement le bien pour le mal, quitta le religieux, et le laissa sain et sauf à Samson, comme un trophée de l'amour des ennemis, d'autant plus glorieux que, pénitent de sa faute, ce religieux ne voulut plus depuis abandonner le saint.


Ordination de saint Samson par saint Dubrice, évêque de Caërlon.
Speculum historiale. V. de Beauvais.

Après que Samson eut exercé 2 ans son office de diacre, le même saint Dubrice lui conféra l'ordre de prêtrise, et il y eut encore dans cette circonstance une apparition de colombe pareille à la première. Cette sainte dignité fut pour Samson un nouveau motif d'augmenter les rigueurs de sa vie pénitente ; et ce fut alors qu'il lui sembla que la règle commune du monastère n'était pas assez austère pour lui.

Cependant, dans le désir de mener une vie plus cachée, car l'éclat de ses vertus et de ses miracles l'avait déjà rendu trop célèbre dans le pays où il était, notre saint religieux demanda à saint Iltut la permission de se retirer dans un autre monastère, gouverné par l'abbé Pyron, situé dans une île assez écartée dans la mer. Celui-ci la lui accorda ; mais il n'y demeura pas longtemps, car, peu de jours après son arrivée, il lui vint un courrier de la part de son père pour lui annoncer qu'il était à l'extrémité et qu'il désirait, qu'il avait même besoin de voir ce cher fils avant de mourir. L'abbé Pyron commanda à notre Bienheureux d'aller rendre ses derniers devoirs à ce bon vieillard. Il obéit, et, recevant cet ordre comme venu du Ciel, il partit aussitôt avec un autre religieux du même monastère qui lui fut donné pour compagnon.

Comme ils passaient par une forêt qui se rencontra sur leur chemin, le démon leur apparut sous la figure d'une femme qui n'oublia rien pour ébranler leur chasteté. Mais voyant que tous ses efforts étaient inutiles, il déchargea sa colère sur le compagnon de notre Saint ; il le jeta contre terre, le traîna dans le bois parmi les ronces et les épines et enfin l'accabla de mille coups. Samson, ne pouvant voir sans horreur cette insulte de Satan, fit d'une seule action un double miracle ; car, ayant recours à ses armes ordinaires, l'oraison et le signe de la croix, il mit en fuite le démon et guérit son compagnon de ses plaies ; et même, en lui rendant ses premières forces, il lui redonna aussi le courage de poursuivre leur route. Ils arrivèrent donc enfin au logis d'Ammon. Dès que cet illustre vieillard aperçut son fils, il en eut une si grande joie et prit tant de confiance en sa vertu et en ses mérites qu'il mit toute sa conscience entre ses mains et lui fit sa confession comme pour mourir.

 
Songe de saint Samson. Ordination de saint Samson.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XIVe.

Samson n'eut pas une moindre consolation, de son côté, de voir les bons sentiments de son père ; et par les ferventes prières qu'il fit à Dieu en sa faveur, il lui obtint la rémission de tous ses péchés et la guérison parfaite de sa maladie. Le vieillard fut si reconnaissant de ce double bienfait que, voulant consacrer au service de Dieu cette vie qu'il ne tenait plus que par un miracle du Ciel, il résolut de se faire religieux avec cinq de ses fils, frères de Samson, qui s'estimèrent heureux de prendre le parti de leur père. Son épouse, qui avait consenti à cette pieuse vocation, suivit la même route ; elle se fit aussi religieuse dans un monastère de filles, où elle passa saintement le reste de ses jours.

Ainsi, toute cette noble famille se sépara généreusement du monde pour aller chercher avec plus d'assurance, dans la solitude, l'unique objet de leur amour et de leurs désirs. Ils avaient encore une fille ; elle trouva cet état trop rigoureux pour elle et refusa de l'embrasser. Notre Saint, ne pouvant faire autre chose, se contenta de la recommander à ses proches pour en prendre soin et la conserver dans la pudeur et l'innocence. Il convertit de même Umbrafel, son oncle, et sa tante Asfrelle, qui suivirent en tout l'exemple d'Ammon et d'Anne.

Saint Samson, après avoir rendu grâces à Dieu d'une si belle conquête, s'en retourna dans son île avec une satisfaction qui ne peut s'exprimer. Mais sa joie fut bientôt changée en tristesse par la mort de l'abbé Pyron, qui arriva peu de temps après son retour. Cette douleur devint encore plus sensible lorsqu'il apprit que tous les religieux avaient jeté les yeux sur lui pour le faire leur abbé à la place de celui qu'ils venaient de perdre. Il fit tout ce qu'il put pour s'en défendre ; mais, enfin, il fut contraint de baisser la tête et de soumettre ses épaules à ce joug. Il se comporta, dans cette charge, avec tout le zèle, toute la prudence et toute la charité qu'on peut désirer dans un digne supérieur. Il eut aussi toujours un amour admirable pour les pauvres ; il défendit expressément d'en jamais rebuter aucun. Un jour, il avait ordonné qu'on donnât tout le miel des ruches, n'y ayant rien autre chose dans la maison ; le lendemain elles se trouvèrent plus pleines qu'auparavant, tant cette charité était agréable à Dieu. Cependant, comme son coeur aspirait toujours à la solitude, après avoir gouverné son abbaye environ 18 mois, il songea aux moyens de l'abandonner.


Intronisation de saint Sams

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dimanche, 28 juillet 2024 | Lien permanent | Commentaires (1)

4 octobre. Saint François d'Assise, confesseur, fondateurs de l'Ordre des Frères mineurs. 1226.

- Saint François d'Assise, confesseur, fondateur de l'Ordre des Frères mineurs. 1226.

Pape : Honorius III. Roi de France : Louis VIII le Lion (+ 8 nov. 1226) ; saint Louis. Empereur romain germanique : Frédéric II.

" Qui n'admirerait la folie sublime et céleste de saint François d'Assise, qui lui fait établir ses richesses dans la pauvreté, ses délices dans les souffrances, sa gloire dans la bassesse !"
Bossuet. Panégyriques.


Saint François d'Assise. Francesco Albani, XVIIe.

François, né à Assise en Ombrie, s'adonna dès le jeune âge au négoce, à l'exemple de son père. Un jour que, contre sa coutume, il avait repoussé un pauvre qui sollicitait de lui quelque argent pour l'amour de Jésus-Christ, il fut aussitôt pris de repentir et exerça largement la miséricorde envers ce mendiant, promettant à Dieu que, de ce jour, il ne rebuterait quiconque lui demanderait l'aumône. Une grave maladie qu'il eut ensuite fut pour lui, dès sa convalescence, le point de départ d'une ardeur nouvelle dans la pratique de la charité. Ses progrès y furent tels, que, désireux d'atteindre la perfection évangélique, il donnait aux pauvres tout ce qu'il avait. Ce que son père ne pouvant souffrir, il traduisit François devant l'évêque d'Assise à l'effet d'exiger de lui une renonciation aux biens paternels ; le saint lui donna satisfaction jusqu'à dépouiller les habits dont il était revêtu, ajoutant qu'il lui serait désormais plus facile de dire : " Notre Père, qui êtes aux cieux ".


Saint françois d'Assise. Le Greco. XVIe.

Un jour qu'il avait entendu lire ces paroles de l'Evangile : " N'ayez or, argent, ni monnaie dans vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux vêtements, ni chaussures " ; il résolut d'en faire la règle de sa vie, et, quittant les chaussures qu'il avait aux pieds, ne garda plus qu'une tunique. Avec douze compagnons qui s'adjoignirent à lui, il fonda l'Ordre des Mineurs.

L'an du salut 1209 le vit venir à Rome, pour obtenir du Siège apostolique qu'il confirmât la règle dudit Ordre. Le Souverain Pontife Innocent III l'ayant d'abord éconduit, vit ensuite en songe cet homme qu'il avait repoussé et qui soutenait de ses épaules la basilique de Latran menaçant ruine ; il le fit aussitôt chercher et mander, l'accueillit avec bienveillance et approuva tout ce qui lui fut exposé.


Saint François d'Assise. Vittorio Crivelli. XVe.

Saint François donc envoya ses Frères dans toutes les parties du monde, afin d'y prêcher l'Evangile de Notre Seigneur Jésus-Christ ; pour lui, ambitionnant de rencontrer quelque occasion du martyre, il fit voile vers la Syrie ; mais si le Sultan qui régnait là n'eut pour lui que des honneurs, il n'avançait à rien de significatif quant à sa conversion et se résolut à revenir en Italie.

Ayant donc construit un grand nombre de couvents, il se retira dans la solitude du mont Alverne, pour y commencer un jeûne de quarante jours en l'honneur de saint Michel Archange ; c'est alors que, le jour de l'Exaltation de la sainte Croix, un Séraphin lui apparut portant entre ses ailes l'image du Crucifié, et imprima à ses mains, à ses pieds, à son côté les plaies sacrées. Saint Bonaventure témoigne en ses écrits qu'assistant à une prédication du Souverain Pontife Alexandre IV, il entendit le Pontife raconter avoir vu de ses yeux ces stigmates augustes. Signes du très grand amour que portait au Saint le Seigneur, et qui excitaient au plus haut point l'admiration universelle (se reporter à notre notice du 17 septembre).

Notre Dame et Notre Seigneur Jésus-Christ entourés de
saint Côme, saint Damien, sainte Marie-Madeleine, saint
François d'Assise, saint Jean-Baptiste et sainte Catherine
d'Alexandrie. Sandro Boticcelli. XVe.

Deux ans après, gravement malade, saint François voulut être transporté à l'église de Sainte-Marie-des-Anges, afin de rendre à Dieu son esprit là même où il avait reçu l'esprit de grâce. Ayant donc exhorté les Frères à aimer la pauvreté, la patience, à garder la foi de la sainte Eglise Romaine, il entonna le Psaume : " J'ai élevé ma voix pour crier vers le Seigneur " ; et au verset " Les justes attendent que vous me donniez ma récompense ", il rendit l'âme. C'était le quatre des nones d'octobre. Les miracles continuèrent d'étendre sa renommée, et le Souverain Pontife Grégoire IX l'inscrivit au nombre des saints.


Saint Michel archange et saint François d'Assise.
Jean de Flandres. XVIe.

PRIERE

" Soyez béni de toute âme vivante, Ô vous que le Sauveur du monde associa si pleinement à son œuvre de salut. Le monde, qui n'est que pour Dieu, ne subsiste que par les Saints ; car c'est en eux que Dieu trouve sa gloire. Quand vous naquîtes, les Saints se faisaient rares ; l'ennemi de Dieu et du monde étendait chaque jour son empire de glaciales ténèbres ; or, quand le corps social aura perdu foi et charité, lumière et chaleur, c'en sera fait de l'humanité. Venu à temps pour rechauffer encore une société que l'hiver semblait avoir déjà stérilisée, vous sûtes au souffle de vos séraphiques ardeurs donner à ce treizième siècle, si riche en fleurs exquises, l'apparence d'un printemps qu'hélas ! l'été ne devait pas suivre.

Par vous, la Croix força de nouveau le regard des peuples ; mais ce fut moins pour être exaltée dans un triomphe permanent comme jadis, qu'arin de rallier les prédestinés en face de l'ennemi ; bientôt, en effet, celui-ci reprendra ses avantages. L'Eglise dépouille la parure de gloire qui lui seyait au temps de la royauté incontestée du Seigneur ; avec vous, elle aborde nu-pieds la carrière où ses propres épreuves vont désormais l'assimiler à l'Epoux souffrant et mourant pour l'honneur de son Père. Par vous et par les vôtres, tenez toujours haut devant elle l'étendard sacré.


Saint Francois d'Assise. Eglise Saint-Pierre de Thauvenay.
Sancerrois, Berry.

C'est en s'identifiant au Christ sur la Croix, qu'on le retrouve dans les splendeurs de sa divinité ; car l'homme et Dieu en lui ne se séparent pas, et toute âme, disiez-vous, doit contempler les deux ; mais c'est chimère de chercher ailleurs que dans la compassion effective à notre Chef souffrant le chemin de l'union divine et les très doux fruits de l'amour (Francisci Opusc. T. III, Collatio XXIV.). Si l'âme se laisse conduire au bon plaisir de l'Esprit-Saint, ajoutiez-vous, ce Maître des maîtres n'aura pas avec elle d'autre direction que celle que le Seigneur a consignée dans les livres de son humilité, patience et passion (Ibid.)."


Le pape Nicolas V fait ouvrir le caveau de saint François en 1449.
Laurent de la Hyre. XVIIe.

François, marqué du sceau divin, chantait dans un langage des cieux le duel sublime qu'avait été sa vie (In foco l’amor mi mise. Francisci Opusc. T. III, Cant. II) :

" L'amour m'a mis dans la fournaise, l'amour m'a mis dans la fournaise ; il m'a mis dans une fournaise d'amour.

Mon nouvel époux, l'amoureux Agneau, m'a remis l'anneau nuptial ; puis, m'ayant jeté en prison, il m'a fendu tout le cœur, et mon corps est tombé à terre. Ces flèches que décoche l'amour m'ont frappé en m'embrasant. De la paix il a fait la guerre ; je me meurs de douceur.

Les traits pleuraient si serrés que j'en étais tout agonisant. Alors je pris un bouclier ; mais les coups se pressèrent si bien, qu'il ne me protégea plus ; ils me brisèrent tout le corps, si fort était le bras qui les dardait.

Il les dardait si fortement, que je désespérai de les parer ; et pour échapper à la mort je criai de toute ma force : " Tu forfais aux lois du champ clos ". Mais lui, dressa une machine de guerre qui m'accabla de nouveaux coups.

Jamais il ne m'eût manqué, tant il savait tirer juste. J'étais couché à terre, sans pouvoir m'aider de mes membres. J'avais le corps tout rompu, et sans plus de sentiment qu'un homme trépassé.

Trépassé, non par mort véritable, mais par excès de joie. Puis, reprenant possession de mon corps, je me sentis si fort, que je pus suivre les guides qui me conduisaient à la cour du ciel.

Après être revenu à moi, aussitôt je m'armai ; je fis la guerre au Christ ; je chevauchai sur son terrain, et l'ayant rencontré, j'en vins aux mains sans retard, et je me vengeai de lui.

Quand je fus vengé, je fis avec lui un pacte ; car dès le commencement le Christ m'avait aimé d'un amour véritable. Maintenant mon cœur est devenu capable des consolations du Christ."

Rq : On lira avec fruits un superbe résumé de la vie de saint François d'Assise dans la Légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine sur cette page : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/150.htm

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