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dimanche, 11 mai 2025

IIIe dimanche après Pâques.

- Le IIIe dimanche après Pâques.

LE PATRONAGE DE SAINT JOSEPH

 
Saint Joseph. Détail. Josse Lieferinxe. XVe.


La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd'hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Eglise nous propose de donner la journée au culte de l'Epoux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l'Eglise universelle. Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n'est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s'agit d'ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l'appui de tous ceux qui l'invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Eglise se propose aujourd'hui, dans l'intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun.

La dévotion à saint Joseph avait été réservée pour ces derniers temps. Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l'Evangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l'Eglise ; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l'économie du mystère de l'Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu'ils auraient voulu lui rendre ; mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l'Epoux de Marie. L'Orient précéda l'Occident, ainsi qu'il est arrivé d'autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph ; mais au XVe siècle l'Eglise latine l'avait adopté tout entière ; et depuis lors il n'a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques. Les grandeurs de saint Joseph ont été exposées au 19 mars ; le but de la présente fête n'est pas de revenir sur cet inépuisable sujet. Elle a son motif spécial d'institution qu'il est nécessaire de faire connaître.

La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s'unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l'étincelle de vie surnaturelle qu'il doit conserver jusqu'au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. A partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l'Eglise elle-même nous en rend témoignage (Frigescente mundo. Oraison de la fête des Stigmates de saint François.) , chaque époque a vu s'ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d'abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la Procession solennelle, les Expositions, les Saluts, les Quarante Heures. Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l'influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe fut promulgué le culte du sacré Cœur de Jésus, qui s'établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suspendus parles préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l'Immaculée Conception, préparé et attendu dans des siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l'Incarnation, l'une comme Mère du Fils de Dieu, l'autre comme gardien de l'honneur de la Vierge et Père nourricier de l'Enfant-Dieu, pour que l'on puisse les isoler l'un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très sainte Vierge. Mais la dévotion à l'égard de l'Epoux de Marie n'est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d'un secours nouveau aussi étendu qu'il est puissant, ayant été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu lui-même. Ecoutez le langage inspiré de l'Eglise dans la sainte Liturgie :
" Ô Joseph, l'honneur des habitants du ciel, l'espoir de notre vie ici-bas, le soutien de ce monde !"
(Coelitum, Joseph, decus atque nostrae Certa spes vite, columenque mundi ; Hymne des Laudes de la fête du patronage de saint Joseph).

Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu sur la terre des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas; au ciel, il tient à glorifier celui dont il voulut dépendre, et à qui il confia son enfance avec l'honneur de sa Mère. Il n'est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph ; et la sainte Eglise nous invite aujourd'hui à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l'invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l'âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, qu'il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi de l'Egypte disait à ses peuples affamés : " Allez à Joseph " (Gen. XLI, 55.) ; le Roi du ciel nous fait la même invitation ; et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n'en eut auprès de Pharaon.

Mettons donc notre confiance dans le pouvoir de l'auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n'ont été accumulées qu'afin qu'il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l'Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.

 
Le repentir de saint Joseph. Alessandro Tiarini. XVIIe.


 A LA MESSE

Le troisième Dimanche après Pâques porte, dans L'Eglise grecque, le nom de Dimanche du Paralytique, parce qu'on y célèbre d'une manière particulière la commémoration du miracle que notre Seigneur opéra à la Piscine Probatique.

L'Eglise Romaine commence aujourd'hui, à l'Office des Matines, la lecture de l'Apocalypse de saint Jean.

En cette fête dédiée à saint Joseph comme Protecteur des fidèles, la sainte Eglise, dans l'Introït, nous met à la bouche les paroles dans lesquelles David exprime la confiance qu'il a placée dans la Protection du Seigneur. Saint Joseph est le ministre de cette protection divine, et Dieu nous la promet, si nous nous adressons à son incomparable serviteur.

EPÎTRE

Lecture du livre de la Genèse. Chap. XLIX.


 
La sainte Famille. Ivoire du XIIIe.

 


 " Mon fils Joseph a été élevé en gloire ; sa puissance va toujours croissant ; il est beau et plein de charmes ; les jeunes filles ont couru sur les galeries pour le voir. Mais avant ses grandeurs, ses frères l'avaient poursuivi avec malice, et lui avaient suscité des rixes ; dans leur envie, ils lui lançaient des traits. Mais son arc tendu est demeuré dans sa force ; les chaînes qui liaient ses bras et ses mains ont été déliées par la main du tout-puissant Dieu de Jacob ; et il est sorti de là pour être le pasteur d'un peuple et la force d'Israël. Ô mon fils, le Dieu de ton père sera ton protecteur, le Tout-Puissant te comblera de ses bénédictions du haut du ciel ; le sol que tu habiteras sera arrosé par les sources qui procèdent de l'abîme des eaux, pour être aussi une bénédiction ; et tu seras béni également dans la fécondité des mères. Les bénédictions que répand sur toi ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses aïeux; et elles seront sur toi, jusqu'à ce que s'accomplisse le désir des collines éternelles. Que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph, sur la tète de celui qui est comme le Nazaréen au milieu de ses frères."

Cette magnifique prophétie de Jacob mourant, et révélant à son fils Joseph le sort glorieux qui l'attend dans sa personne et dans ses enfants, vient à propos en ce jour pour nous rappeler les touchantes relations que saint Bernard a si éloquemment relevées entre les deux Joseph. Nous les avons signalées au dix-neuf mars, et le pieux lecteur a pu se convaincre que le premier Joseph fut le type du second. Le vieux Patriarche, après avoir prophétisé la destinée de ses dix premiers enfants, s'arrête avec complaisance sur le fils de Rachel. Après avoir loué sa beauté, il rappelle les persécutions auxquelles il fut en butte de la part de ses frères, et les voies merveilleuses par lesquelles Dieu le délivra de leurs mains, et le conduisit à la puissance. De là Jacob montre ce fils de sa tendresse élevé en gloire, et devenu le type du second Joseph. Qui a mérité plus que l'Epoux de Marie, le Protecteur des fidèles, d'être appelé " le Pasteur d'un peuple et la force d'Israël " ?

Nous sommes tous sa famille : il veille sur nous avec amour ; et dans nos tribulations, nous pouvons appuyer sur lui notre confiance, comme sur un roc inébranlable. L'héritage de saint Joseph est l'Eglise, que les eaux du Baptême arrosent sans cesse et rendent féconde ; c'est là qu'il exerce son pouvoir bienfaisant sur ceux qui se confient en lui. Jacob promet au premier Joseph d'immenses bénédictions, dont l'effet durera jusqu'au jour où le Sauveur promis a descendra des " collines de l'éternité ". Alors commencera le ministère du second Joseph, ministère de secours et de protection, qui durera jusqu'au second avènement du Fils de Dieu. Enfin, si le premier Joseph est présenté dans la prophétie comme Nazaréen, c'est-à-dire consacre à Dieu et saint au milieu de ses frères, le second remplira l'oracle plus littéralement encore ; car non seulement sa sainteté dépassera celle du fils de Jacob, mais sa demeure sera Nazareth. C'est dans cette ville qu'il habitera avec Marie, dans cette ville qu'il reviendra au retour de l'Egypte, dans cette ville qu'il achèvera sa sainte carrière ; enfin pour avoir habité cette ville avec lui, son fils adoptif, Jésus, Verbe éternel, " sera appelé Nazaréen ".

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. III.

 
La sainte Famille. Pietro di Cristoforo Vannucci - Le Pérugin. XVe.


 " En ce temps-là, il advint que dans les jours où tout le peuple venait recevoir le baptême de Jean, Jésus lui-même, ayant été baptise et priant, le ciel s'ouvrit ; et l'Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme visible d'une colombe ; et une voix du ciel parla ainsi :
" Vous êtes mon Fils bien-aimé : en vous j'ai mis mes complaisances."
Et Jésus avait alors environ trente ans, et il était regardé comme le fils de Joseph."


" Jésus était regardé comme le fils de Joseph !"

Ainsi l'amour filial de Jésus pour sa Mère, les égards dus à l'honneur de la plus pure des vierges, allèrent jusqu'à faire accepter au Fils de Dieu, durant trente années, le nom et l'extérieur de fils de Joseph. Joseph s'est entendu appeler père par le Verbe incréé dont le Père est éternel ; il a reçu d'un homme mortel les soins de l'enfance et les aliments dans ses premières années. Joseph a été le chef de la sainte famille de Nazareth, et Jésus a reconnu son autorité. L'économie de la divine incarnation exigeait ces étonnantes relations entre le créateur et la créature. Mais si le Fils de Dieu assis à la droite de son Père a retenu la nature humaine indissolublement unie à sa personne divine, il n'a pas non plus dépouillé les sentiments qu'il professa ici-bas envers les deux autres membres de la famille de Nazareth.

Envers Marie, qui sera éternellement sa Mère dans l'ordre de l'humanité, sa tendresse filiale et ses égards n'ont fait que s'accroître ; mais nous ne pouvons douter que l'affection et la déférence qu'il eut pour son père d'adoption ne soient aussi représentées éternellement dans le cœur de l'Homme-Dieu. Nul mortel n'a eu avec Jésus des rapports aussi intimes et aussi familiers. Joseph, par ses soins paternels envers le fils de Marie, a fait ressentir la reconnaissance au Fils de l'Eternel ; il est juste de penser que des honneurs particuliers et un crédit supérieur dans le ciel ont acquitté cette reconnaissance. Telle est la croyance de l'Eglise, telle est la confiance des âmes pieuses, tel est le motif de l'institution de la solennité d'aujourd'hui.

11 mai. Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.

- Saint Mamert, archevêque de Vienne, en Dauphiné. 477.

Pape : Saint Simplice. Rois des Francs saliens : Childéric Ier.

" Si les fléaux sont entre les mains de Dieu la verge qui châtie les hommes, la prière est entre les mains de l'homme la force qui peut apaiser Dieu et faire descendre ses bienfaits sur la terre."

Saint Simplice recevant saint Mamert de Vienne.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. R. de Montbaston. XIVe.

L'antiquité nous a laissé peu de détails sur la vie de saint Mamert. Mais il s'est rendu fort célèbre par l'établissement des Rogations. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de ces processions saintes, que l'on fait pour attirer lès bénédictions de Dieu sur les fruits de la terre mais, de son temps, elles étaient presque tombées en désuétude, ou bien se faisaient sans dévotion. Mamert les rétablit, et, y ajoutant la jeûne à la prière, il ordonna qu'on les ferait les trois jours qui précèdent l'Ascension. Cette pieuse réforme fut d'abord reçue de toutes les Églises de France, suivant le décret du premier Concile d'Orléans, tenu sous Clovis le Grand, et le fut ensuite de l’Église de Rome, par l'autorité de Léon III.

Église Sainte-Marie-Madeleine.
Saint-Mamert. Dauphiné. XIe.

Voici à quelle occasion saint Mamert eut cette pieuse pensée : il occupait dignement le siège archiépiscopal de Vienne, dans lequel il avait succédé à saint Simplicius, dans le milieu du Ve siècle. Outre les calamités publiques de toutes les Gaules, qui étaient alors exposées aux irruptions des nation barbares, spécialement des Huns et des Goths, la ville et le pays de Vienne se virent affligés par des malheurs particuliers qui les menaçaient d'une désolation universelle cette ville était souvent ébranlée par de si effroyables tremblements de terre, que ses habitants étaient contraints de l'abandonner, de peur d'être accablés sous ses ruines d'ailleurs, certains feux s'embrasaient sous terre, et, faisant fumer les montagnes et les forêts, en chassaient les cerfs, les ours, les sangliers et les autres bêtes sauvages, qui se sauvaient tout épouvantés dans les bourgs et dans les villes, où leur présence répandait la terreur. Le vigilant pasteur consola, encouragea son peuple par d'éloquents discours : il fit voir dans ces malheurs autant de coups de verges d'un père courroucé, dont-il fallait implorer la clémence par la soumission et par des prières ferventes et continuelles.

Il arriva de plus que, la nuit de Pâques, le feu prit à un édifice public de Vienne, et y continua avec tant de violence, que chacun s'attendait à un embrasement général. Mamert, qui avait déjà opéré des prodiges semblables, se prosterna devant l'autel, et aes larmes, ses prières, arrêtèrent l'incendie. Saint Avite dit expressément que les flammes s'éteignirent d'une manière miraculeuse (Hom. de Rogat.).

Saint Mamert institue les Rogations.
Gravure. XVIIe.

Ce fut dans cette nuit épouvantable que Mamert conçut, devant Dieu, le projet des Rogations, en régla les psaumes et les prières ; il y ajouta le jeûne, la confession des péchés, les larmes, la componction du cœur. Quant au but de ces processions salutaires, le voici, d'après une homélie que l'on croit être de saint Mamert, et qui se trouve parmi les sermons attribués à Eusèbe d'Ephèse :
" Nous y prierons, dit-il, le Seigneur, de nous delivrer de nos infirmités, de détourner ses fléaux de dessus nous, de nous préserver de tout malheur, de nous garantir de la peste, de la grêle, de la sécheresse et de la fureur de nos ennemis ; de nous donner un temps favorable pour la santé des corps et pour la fertilité de la terre, de nous faire jouir de la paix et du calme, et de nous pardonner nos péchés."

Tel est à peu près tout ce que l'on sait de saint Mamert. Saint Avite le nomme son parrain : " Spiritualem a baptismo patrem " (Hom. de Rogat.). Il bâtit à Vienne une nouvelle église en l'honneur de saint Ferréol, martyr, dont il avait transféré le corps, après l'avoir découvert.

Eglise Saint-Pierre. Le sarcophage de saint Mamert y fut
retrouvé en 1860. Aujourd'hui cette antique église est
profanée quotidiennement ; elle abrite un musée...Vienne. VIe.

On voit que saint Mamert fut au concile d'Arles de 475. Entre autres chose pour régler une affaire de préséance entre le siège d'Arles et celui de Vienne. Il mourut, dit-on, en 477. Son corps, inhumé à Vienne, fut ensuite, par l'ordre du pape Jean III et du roi Gontran, transporté à Orléans et déposé en la cathédrale de cette ville, où il était en grande vénération. Les protestants le brûlèrent dans le XVIe siècle.

Cependant, il est à croire que seules une partie des reliques de notre Saint furent transférées, car, en 1860, on découvrit dans l'église Saint-Pierre de Vienne le sarcophage ayant contenu le corps de saint Mamert. Signalons que l'église Saint-Pierre, l'une des plus anciennes églises de France, est aujourd'hui un musée...

Saint Mamert, ou Mamet. Statue. Eglise Saint-Mamet.
Le Monêtier-les-Bains. Hautes-Alpes. XIXe.

LE MOINE MAMERT CLAUDIEN

Saint Mamert avait un frère plus jeune que lui. Ce fut Mamert Claudien, moine, puis prêtre et coopérateur fidèle de l'évêque de Vienne. Il vivait au milieu da Ve siècle et mourut entre 470 et 474. Sidoine Apollinaire le regardait comme le plus beau génie de son siècle. Il était à la fois poète, philosophe et théologien : il pouvait répondre à toutes sortes de questions et combattre toutes les erreurs ; mais sa modestie et sa vertu le rendaient bien plus recommandable encore que son savoir.

Il enseigna au clergé de son frère les saintes Écritures, le chant ecclésiastique et la liturgie, qu'il enrichit de plusieurs hymnes, entre autres de celle du dimanche de la Passion :

" Pange, lingua, gloriosi
Lauream certaminis."


" Redis, Ô ma langue,
Du Christ souffrant le combat glorieux."

Église Saint-Férréol, fondée par saint Mamert.
Saint-Romain-en-Gal. Ce village se trouve au bord du Rhône,
en face de Vienne. Dauphiné. Ve, IXe, XVIIe.

Son ouvrage le plus important est son traité en trois livres sur la Nature de l'âme (T. LIII de la Patrologie de M. l'abbé Migne). Le but de Mamert Claudien est de réfuter Faust de Riez, en Provence, qui niait l'incorporéité des anges et des âmes humaines et n'admettait que l'incorporéité de Dieu. Il dédie son écrit Sidoine Apollinaire, encore laïque. On n'avait point encore si bien raisonné sur la nature du corps, sur celle de l'âme et sur la distinction de ces deux substances. L'auteur y enseigne clairement l'animisme :
" L'âme est la vie du corps en cette vie ; elle est également dans tout le corps et dans chacune de ses parties ; elle n'est point locale, elle est autant dans chaque partie du corps que dans le tout."

Il prouve, par dix syllogismes excellents, que l’Âme est incorporelle. On ne parle guère plus solidement ni plus clairement aujourd'hui que la science psychologique a fait d'incontestables progrès.