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mardi, 05 mars 2024

5 mars. Saint Jean-Joseph de la Croix, franciscain. 1734.

- Saint Jean-Joseph de la Croix, franciscain. 1734.

Papes : Innocent X, Clément XII. Rois des Deux-Siciles : Philippe IV, Charles IV.

" La parole de la Croix est une folie pour ceux qui se perdent ; mais pour ceux qui se sauvent, elle est la vertu de Dieu."
I Cor., I, 18.
" Aimons Notre Seigneur Jésus-Christ, aimons-le réellement et en vérité ; car l'amour de Dieu est un grand trésor. Heureux celui qui aime Dieu."

Saint Jean-Joseph de la Croix.


Apothéose de saint Jean-Joseph de la Croix. Anonyme. XVIIIe.

Saint Jean-Joseph de la Croix naquit dans l'île d'Ischia, près de Naples, le jour de l'Assomption, 1654. Ses parents, Joseph Calosirto et Laure Garguilo le baptisèrent le jour même sous le patronage de Charles-Cajétan, Il s'étaient tous deux d'une grande piété et d'une foi ferme, et il est bon de relever que notre Saint se distingua par sa piété au-dessus de ses frères dont cinq au moins embrassèrent la vie religieuse. Tout enfant, il aimait la retraite, le silence et la prière, et fuyait les jeux de son âge, aimant mieux consacrer le temps de ses récréations à visiter des églises et à y adorer le Sauveur.

La très sainte Vierge Marie avait, après Notre Seigneur Jésus-Christ, toute sa prédilection ; il dressa dans sa chambre un petit autel, récitait chaque jour les offices de la Mère de Dieu et jeûnait en son honneur tous les samedis et aux vigiles de ses fêtes. Dès ce temps, il aimait les pauvres au point de leur distribuer tout l'argent dont il pouvait disposer.

A cet âge où l'enfant suit si facilement les premiers mouvements de la colère, on le vit, un jour, se mettre à genoux dans la boue et réciter le Pater pour un de ses frères qui l'avait souffleté.


Ischia Ponte. Île natale de saint Jean-Joseph. Baie de Naples.

C'est à dix-sept ans qu'il entra chez les Frères Mineurs réformés de Saint-Pierre d'Alcantara. A dix-neuf ans, il s'acquitta avec succès des missions les plus difficiles ; à vingt-quatre ans, il était maître des novices, puis gardien d'un couvent ; mais il n'accepta jamais les honneurs qu'avec une humble crainte et les quitta toujours avec joie.

Sa mortification la plus extraordinaire fut une longue croix d'un pied environ, garnie de pointes aiguës, qu'il s'attachait sur les épaules au point qu'il s'y forma une plaie inguérissable. Il en portait une autre plus petite, sur la poitrine. Rarement il dormait, et pendant trente ans, il s'abstint de toute espèce de liquide.

Il avait coutume de dire à ses compagnons ou à tous ceux qui le sollicitait sa charité lors d'une épreuve :
" Espérons en Dieu, et nous serons certainement consolés. Dieu est un tendre père qui aime et secourt tous ses enfants. N'en doutez point, espérez en Dieu, il pourvoira à vos besoins."
Ou encore :
" Qu'est-ce que cette terre, sinon de la boue, un morceau de poussière, un pur néant. Le paradis, le ciel : Dieu est tout. Ne vous attachez point aux biens de ce monde, fixez vos affections en haut ; pensez à ce bonheur qui durera éternellement, tandis que l'ombre de ce monde s'évanouira."
Il aimait Dieu d'un ardent amour :
" Quand il n'y aurait ni Ciel ni enfer, disait-il, je voudrais néanmoins aimer Dieu toujours."

Sa charité pour les pauvres fut plusieurs fois l'occasion de multiplication de pains ; son dévouement pour les malades le porta à demander à Dieu de faire retomber sur lui les souffrances des autres, demande qui fut quelquefois exaucée.

Dieu opérait de nombreuses merveilles par les mains de ce fidèle disciple de saint François d'Assise et de saint Pierre d'Alcantara. Prophéties, visions, extases, bilocation (présence en deux lieux à la fois), sont des preuves étonnantes de sa sainteté.

Comme dans ses vieux ans on lui recommandait de se ménager à raison de ses infirmités, et particulièrement quant à son dévouement aux malades et aux pauvres, il dit un jour :
" Je n'ai point d'infirmité qui m'empêche de travailler ; mais quand même, ne devrais-je pas sacrifier ma vie pour la même fin pour laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ à été crucifié."

Il s'étudiait à cacher et à dissimuler le don des miracles et de prophétie dont Dieu l'avait favorisé à un si haut degré, attribuant les miracles qu'il opérait par la foi de ceux en faveur desquels ils étaient opérés, ou bien à l'intercession des Saints auprès desquels il se recommandait. Souvent, il ordonnait à ceux auxquels il rendait la santé de prendre quelque médecine, afin que la guérison pût être attribuée à un remède purement naturel.
Quant à ses prophéties, qui sont en grand nombre, il affectait de juger d'après l'analogie et l'expérience. Ainsi, pendant l'épouvantable tremblement de terre qui eut lieu à la saint André en 1735 à Naples, comme les religieuses de plusieurs couvents n'osaient pas aller à leurs dortoirs, il les rassura en leur disant qu'après quelques secousses seulement, il cesserait sans causer le moindre préjudice à la ville ou à ses habitants. Quelqu'un lui ayant demandé quelle raison il avait de s'exprimer d'une manière aussi positive, il dit :
" Je suis sûr qu'il en arrivera ainsi parce que c'est ainsi qu'il en est arrivé précédemment."

Dans la pratique de toutes ces vertus et favorisé de grâces toutes privilégiées, sur lesquelles ce n'est pas le lieu ici de s'étendre (nous renvoyons le lecteur à la notice que lui consacrent les Petits bollandistes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30733g), notre Saint passa ainsi les jours de son pèlerinage ici-bas, glorifiant Dieu, donnant l'aumône, secourant les malades et faisant le bien, jusqu'au moment où il plut à Notre Seigneur de mettre un terme à sa carrière, non sans lui avoir fait connaître à l'avance les circonstances et le temps de sa mort.

Le temps où elle arriva, un de ses neveu lui écrivit de Vienne pour lui dire qu'il serait de retour à Naples au mois de mai suivant. Notre Saint lui répondit qu'il ne le trouverait pas vivant. Une semaine avant de passer, il s'entretenait avec son frère François et lui dit :
" Jusqu'ici, je ne vous ai encore rien demandé, faites moi la charité de prier le Tout-Puissant pour moi vendredi prochain, vous entendez ? Vendredi prochain, souvenez-vous en, n'oubliez pas."
Ce fut le jour même de sa mort.

A peine eut-il rendu l'âme qu'il se manifesta à plusieurs personnes dans un état glorieux. A l'heure de son départ, le duc de Monte-Lione, qui se promenait dans son appartement, aperçut saint Jean-Joseph dans son salon, en parfaite santé, environné d'une lumière toute surnaturelle, et quoiqu'il l'eut laisser très malade à Naples quelques jours plus tôt lors de la dernière visite qu'il lui avait faite.
Le duc s'écria :
" Quoi ! Père Jean-Joseph, êtes-vous donc si subitement rétabli ?"
A quoi le Saint répondit avant de disparaître :
" Je suis bien et heureux."


Procession de saint Jean-Joseph de la Croix (29 septembre).
Sur l'île d'Ischia, on porte la châsse contenant
le corps incorrompu de notre Saint.

Après son inhumation, des miracles sans nombres attestèrent les vertus et la gloire de notre Saint. Ces prodiges déterminèrent le pape Pie VI à l'inscrire au catalogue des bienheureux le 15 mai 1789 ; Pie VII reconnut deux nouveaux miracles le 27 avril 1818 ; Léon XII donna le décret, le 29 septembre 1824, permettant de procéder à sa canonisation ; et Grégoire XVI en fit la cérémonie solennelle le 26 mai 1839.

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jeudi, 08 février 2024

8 février. Saint Jean de Matha, prêtre, fondateur de l'Ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des Captifs. 1213.

- Saint Jean de Matha, prêtre, co-fondateur de l'Ordre de la Très Sainte Trinité pour la Rédemption des Captifs. 1213.
 
Pape : Innocent III. Roi de Castille et de Tolède : Alphonse VIII, le Bon. Roi de Léon et de Galice : Alphonse IX. Roi de France : Philippe II Auguste. Empereurs romains germaniques : Othon IV ; Frédéric II.

" Plus une âme est parfaite, plus elle a de compassion pour les souffrances d'autrui."
Saint Grégoire le Grand.


Saint Jean de Matha et saint Félix de Valois aux pieds de
Notre Seigneur Jésus-Christ libérant deux esclaves. XVIIe.

Naguère, nous célébrions la mémoire de Pierre Nolasque, appelé par la très sainte Mère de Dieu à fonder un Ordre destiné au rachat des chrétiens captifs chez les infidèles ; aujourd'hui, nous avons à honorer l'homme généreux qui fut le premier favorisé de cette sublime pensée, et établit, sous le nom de la très sainte Trinité, une société religieuse dont les membres s'engagèrent à mettre leurs efforts, leurs privations, leur liberté, leur vie, au service des pauvres esclaves qui gémissaient sous le joug des Sarrasins. L'Ordre des Trinitaires et celui de la Merci, quoique distincts, son frères dans leur but et dans l'intention qui les a produits ; leurs résultats, e six siècles de durée, ont été de rendre à leurs familles et à leur patrie plus d'un million d'hommes, dont ils préservaient en même temps la foi des périls de l'apostasie.

C'est en France, près de Meaux, que Jean de Matha, assisté de son fidèle coopérateur Félix de Valois, qui paraîtra à son tour sur le Cycle dans la dernière partie de l'année, établit le centre de son œuvre à jamais bénie. En ces jours de préparation au Carême, où nous avons besoin de raviver en nous la flamme de la charité envers ceux qui souffrent, quel plus admirable modèle que Jean de Matha, que son Ordre tout entier, qui n'a eu d'autre raison d'existence que le désir d'aller arracher aux horreurs de l'esclavage des frères inconnus qui languissent chez les barbares !

Est-il une aumône, si généreuse qu'elle soit, qui ne s'efface, quand on la compare au dévouement de ces hommes qui s'obligent par leurs règles non seulement à parcourir la chrétienté pour y recueillir les deniers à l'aide desquels ils rendront la liberté aux esclaves, mais à prendre tour à tour les fers de quelqu'un de ces infortunés, afin d'accroître le nombre des rachetés ? N'est-ce pas, autant que la faiblesse humaine le peut permettre, imiter à la lettre l'exemple du Fils de Dieu lui-même, descendant du ciel pour être notre Rédempteur ? Animés par de tels modèles, nous entrerons plus volontiers encore dans les intentions de l'Eglise qui nous recommandera bientôt les œuvres de miséricorde comme l'un des éléments essentiels de la pénitence quadragésimale.


Saint Jean de Matha travaillant à la règle et aux statuts de l'Ordre.
Vicente Carducho. XVIIe.

Le 24 juin 1160 naissait à Faucon Jean de Matha. Son père Euphème de Matha était un seigneur espagnol qui avait reçu de Raymond Bérenger le jeune, comte de Barcelone et de Provence, la terre de Faucon. Pour lui donner une instruction et une éducation digne de son rang, la famille se fixe à Marseille où Jean commence ses études. Sa mère, Marthe, lui apprend à connaitre les pauvres, les malheureux et à les aimer. Elle le conduit aussi dans les hopitaux et les prisons.

Il poursuivra ses études à Aix en Provence, puis à l'université à Paris où il prend ses grades de docteur en théologie. Il est encouragé à devenir prêtre par Maurice de Sully, évêque de Paris, qui avait remarqué sa valeur et sa piété.

Quand il célèbre sa première messe, le 28 janvier 1193/1194, fête de sainte Agnès, dans la chapelle de Maurice de Sully, il " voit " un homme en blanc, une croix rouge et bleue sur la poitrine, posant les mains sur deux prisonniers dont l'un est blanc et l'autre maure.

Le lendemain, alors qu'il s'est retiré dans une forêt pour prier avec un ermite dont la réputation de sainteté est arrivée jusqu'à ses oreilles, les deux hommes sont témoins de l'apparition d'un cerf portant une croix entre les bois, qui vient s'abreuver à une fontaine auprès d'eux.


Le pape Innocent III remet le décret d'approbation de l'Ordre
à saint Jean de Matha et à saint Félix de Valois.
Eglise Saint-Thomas de Formis. Rome. XVIIe.

Jean de Matha parle de sa vision des prisonniers au pape, qui a eu la même : ils l'interprètent comme un appel à la fondation d'un ordre ayant pour mission de racheter les captifs victimes des razzias menés par les Sarrasins sur les côtes méditerranéennes. L'Ordre de la Très Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs est approuvé, en même temps que sa Règle, par Innocent III le 17 décembre 1198 (bulle Operante divine dispositionis).

Les Trinitaires construisent un premier monastère à Cerfroid (actuellement commune de Brumetz, dans l'Aisne), lieu de l'apparition, sur une propriété donnée par Marguerite de Blois, future comtesse de Bourgogne (la Maison de la Trinité de Cerfroid restera le Chef-d'ordre des Trinitaires jusqu'au châtiment de la Révolution qui ravagea la France). À Cerfroid s'ajoutent Planels et Bourg-la-Reine : ce sont les trois fondations initiales.


Statue de saint Jean de Matha. Salamanque. Espagne. XVIe.

Puis Philippe Auguste aide les Trinitaires à construire un monastère à Paris près d'une chapelle dédiée à saint Mathurin, d'où leur nom de Mathurins. Des milliers de chrétiens sont ainsi rachetés aux musulmans du Maroc, d'Algérie et de Tunisie dont ils étaient devenus esclaves.

Après la mort de son ami ermite, Félix de Valois, Jean se retire à Rome où il meurt. Son corps est déposé dans un mausolée de marbre.

En 1665 le père Jean de la Conception présenta une requête au vicariat de Rome avec des arguments prouvant que Jean de Matha (ainsi que Félix de Valois) avait été qualifié de saint par plusieurs papes. Le 31 juillet 1665, le cardinal vicaire de Rome rend un décret constatant le culte accordé de temps immémorial à Jean de Matha et à Félix de Valois, sentence confirmée par la Sacrée Congrégation des rites le 14 août 1666 et par le pape Alexandre VII le 21 octobre. Les noms de Jean et de Félix seront insérés dans le martyrologe romain le 27 janvier 1671 par un décret d'Innocent XI. Le 14 mars 1694 les fêtes des deux saints seront étendues à l'Église universelle.


Messe de fondation de l'Ordre par saint Jean de Matha.
Juan Carreno de Miranda. 1650.
 
PRIERE
 
" Jouissez maintenant du fruit de votre dévouement pour vos frères, Ô Jean de Matha ! Le Rédempteur du monde voit en vous une de ses plus fidèles images, et il se plaît à honorer aux yeux de toute la cour céleste les traits de ressemblance que vous avez avec lui. C'est à nous sur la terre de suivre vos traces, puisque nous espérons arriver au même terme. La charité fraternelle nous y conduira ; car nous savons que les œuvres qu'elle inspire ont la vertu d'arracher l'âme au péché (Eccli. III, 33.).

Vous l'avez comprise telle qu'elle est dans le cœur de Dieu, qui aime nos âmes avant nos corps, et qui cependant ne dédaigne pas de subvenir aux besoins de ceux-ci. Emu des périls que couraient tant d'âmes exposées au danger de l'apostasie, vous êtes accouru à leur aide, et vous leur avez fait comprendre tout le prix d'une religion qui suscite de tels dévouements. Vous avez compati aux souffrances de leurs corps, et votre main généreuse a fait tomber les chaînes sous le poids desquelles ils languissaient. Enseignez-nous à imiter de tels exemples. Que les périls auxquels sont exposées les âmes de nos frères ne nous trouvent plus insensibles. Faites-nous comprendre cette parole d'un Apôtre : " Celui qui aura retiré un pécheur des erreurs de sa voie, en même temps qu'il sauvera l'âme de celui-ci, couvrira la multitude de ses propres péchés " (Jacob, V, 20.).

Diplôme d'une confrérie de Laïcs de l'Ordre de la
Très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs. Début du XVIIIe.

Donnez-nous part aussi à cette tendresse compatissante qui nous rendra généreux et empressés à soulager les maux que nos frères souffrent dans leurs corps, et qui sont trop souvent pour eux l'occasion de blasphémer Dieu et sa Providence. Libérateur des hommes, souvenez-vous en ces jours de tous ceux qui gémissent par le péché sous la captivité de Satan, de ceux surtout qui, dans l'ivresse des illusions mondaines, ne sentent plus le poids de leurs chaînes et dorment tranquillement dans leur esclavage. Convertissez-les au Seigneur leur Dieu, afin qu'ils recouvrent la véritable liberté. Priez pour la France votre patrie, et maintenez-la au rang des nations fidèles. Protégez enfin les restes précieux de l'Ordre que vous avez fondé, afin que, l'objet de son antique dévouement ayant pour ainsi dire cessé aujourd'hui, il puisse encore servir aux besoins de la société chrétienne."

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dimanche, 04 février 2024

4 février. Sainte Jeanne de Valois, veuve. 1505.

- Sainte Jeanne de Valois, veuve. 1505.
 
Pape : Jules II. Roi de France : Louis XII.

" Filia Francorum regis, soror, unaque conjux,
Et non pulsa toro, Joanna ego mater eram."
" Je suis Jeanne, fille, soeur, épouse des rois de France.
Je ne suis jamais montée dans le lit nuptial, et cependant je devais être mère !"
Légende du testament de la bonne duchesse.


Sainte Jeanne de Valois. A. Padrao.
Monastère des Annonciades de Balsamso. Portugal. XVIIIe.

Les Eglises de France honorent aujourd'hui cette pieuse princesse qui fut d'abord l'épouse de Louis XII, appelée à régner avec lui, et qui, plus tard, renversée du trône par un jugement solennel qui déclara la nullité de son mariage, se montra plus sainte et plus grande encore dans sa disgrâce qu'elle ne l'avait paru dans les jours de sa grandeur.

Cette bienheureuse princesse naquit dans la pourpre et au milieu des lis en 1464. Fille de Louis XI et de Charlotte de Savoie - son enfance s'écoula presque entièrement au château d'Amboise -, soeur de Charles VIII, épouse du duc d'Orléans qui monta sur le trône et fut Louis XII, Jeanne paraît n'avoir été élevée si haut que pour mieux sentir le poids de l'infortune. Mais Dieu proportionna ses consolations et ses secours aux souffrances de la race royale victime en pansant Lui-même les blessures de so, âme, et lui donna cette merveilleuse fécondité qui enrichit l'Eglise d'un nouvel ordre religieux.


Portrait du vivant de sainte Jeanne de France.

Les vertus qui éclatèrent dans toute sa vie rendirent Jeanne de Valois l'objet de la vénération des peuples ; et si elle cessa de régner sur un trône fragile, son empire sur les coeurs ne fit que s'étendre, et l'auréole de la sainteté remplaça avantageusement pour elle le diadème qu'elle n'avait pas ambitionné et qu'elle dut déposer. Sa tendre confiance en Marie, son attrait pour les œuvres de la pénitence, sa miséricorde envers les pauvres, en font un modèle pour les chrétiens, dans ces jours où l'Eglise nous invite à préparer nos âmes pour la réconciliation.

Jeanne de Valois, fille de Louis XI, roi de France, fut donc élevée dès ses tendres années dans la piété, vers laquelle la portaient ses propres dispositions, et elle donna tout aussitôt des marques certaines de la sainteté qui devait briller en elle. A l'âge de cinq ans, demandant avec ferveur à la sainte Vierge, qu'elle honora toujours d'une manière admirable, de lui faire connaître en quelle façon elle pourrait lui être le plus agréable, il lui fut annoncé qu'elle était appelée à instituer dans la suite un nouvel Ordre de vierges sacrées, en l'honneur de la sainte Mère de Dieu.


Sainte Jeanne de Valois. Etienne Parrocel. XVIIIe.

Mariée à Louis, duc d'Orléans, contre le gré de ce prince, elle fit paraître dans la prospérité la plus grande retenue, et une admirable constance dans l'adversité. Le prince étant monté sur le trône de France, et son mariage ayant été déclaré nul par le Siège Apostolique, Jeanne non seulement supporta cet événement sans aucun regret, mais, se regardant comme délivrée d’un lien qui pesait sur elle, elle se félicita de pouvoir désormais servir Dieu seul en toute liberté.

Les revenus du duché de Berry qui lui avaient été assignés pour son entretien par le roi Louis, étaient largement employés par elle à nourrir les pauvres, à soulager les malades et à bâtir des monastères. Mais son œuvre principale fut la fondation et l'établissement d'un Ordre de vierges sacrées sous le titre d'Annonciades de la bienheureuse Vierge Marie, dont elles devaient imiter les vertus qui leur étaient proposées dans des règles approuvées par Alexandre VI ; elle vint heureusement à bout de cette œuvre sainte. Elle accueillait avec la charité d'une mère tous les indigents et les malheureux qui s'adressaient à elle, mais surtout les malades, dont elle ne craignait pas d'essuyer et de toucher de ses propres mains les ulcères dégoûtants ; plus d'une fois son seul attouchement leur rendit la santé.


Sa piété envers le très saint Sacrement de l'Eucharistie était admirable ; elle en approchait avec une si grande abondance de larmes, qu'elle excitait dans le cœur des assistants les mêmes sentiments d'amour et de dévotion. Sa piété n'était pas moins tendre envers les mystères de la Passion du Seigneur. Elle avait fait construire dans le jardin de sa maison une imitation du tombeau de notre Seigneur ; c'était là qu'elle se retirait de temps en temps pour se livrer à la prière, répandant des larmes abondantes et se frappant la poitrine avec une pierre. Parvenue à l'âge de quarante ans, elle sentit approcher la fin de sa vie pleine d'innocence, et, ayant reçu avec une grande ferveur les sacrés mystères de la religion chrétienne, elle mourut à Bourges la veille des nones de février, l'an mil cinq cent cinq.

Cinquante-sept ans après sa mort, des soldats hérétiques ayant enlevé son corps pour le brûler, il fut trouvé sans corruption ; et l'on rapporte qu'il poussa des gémissements, et que, percé de leurs épées, il répandit du sang avec abondance. Le culte de la Sainte fut approuvé d'autorité apostolique par Benoit XIV, en 1742.
 
Enfin, Pie VI accorda, le vingt avril 1775, à tout le royaume de France, de pouvoir célébrer l'Office et la Messe de sainte Jeanne de Valois au jour anniversaire de sa mort.


Statue de sainte Jeanne de France. Chapelle Sainte-Jeanne-de-France.
Couvent de l'Annonciade de Bourges. Berry. France.
 
PRIERE
 
" Nous honorons, Ô sainte Princesse, les vertus héroïques dont votre vie a été remplie, et nous glorifions le Seigneur qui vous a admise dans sa gloire. Mais que vos exemples nous sont utiles et encourageants, au milieu des épreuves de cette vie ! Qui plus que vous, a connu les disgrâces du monde ; mais aussi qui les a vues venir avec plus de douceur, et les a supportées avec plus de tranquillité ? Les grâces extérieures vous avaient été refusées, et votre cœur ne les regretta jamais ; car vous saviez que l'Epoux des âmes ne recherche pas dans ses élues les agréments du corps, qui trop souvent seraient un danger pour elles.

Le sceptre que vos saintes mains portèrent un instant leur échappa bientôt, et nul regret ne s'éleva en vous, et votre âme véritablement chrétienne ne vit dans cette disposition de la Providence qu'un motif de reconnaissance pour la délivrance qui lui était accordée La royauté de la terre n'était pas assez pour vous ; le Seigneur vous destinait à celle du ciel. Priez pour nous, servante du Christ dans ses pauvres, et faites-nous l'aumône de votre intercession.
 

Nicolas Van der Veken. XVIIe.

Ouvrez nos yeux sur les périls du monde, afin que nous traversions ses prospérités sans ivresse, et ses revers sans murmure. Souvenez-vous de la France qui vous a produite, et qui a droit à votre patronage. Un jour, la tombe qui recelait votre sainte dépouille fut violée par les impies, et des soupirs s'échappèrent de votre poitrine, au sentiment des malheurs de la patrie. C'était alors le prélude des maux qui depuis se sont appesantis sur la nation française ; mais du moins la cause de la foi trouva, dans ces temps, de généreux défenseurs, et l'hérésie fut contrainte de reculer. Maintenant, le mal est à son comble ; toutes les erreurs dont le germe était renferme dans la prétendue Réforme se sont développées, et menacent d'étouffer ce qui reste de bon grain. Aidez-nous, conservez la précieuse semence de vérité et de vertus qui semble prête à périr. Recommandez-nous à Marie, l'objet de votre tendre dévotion sur la terre, et obtenez-nous des jours meilleurs."

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samedi, 27 janvier 2024

27 janvier. Saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, Docteur de l'Eglise. 407.

- Saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, Docteur de l'Eglise. 407.
 
Pape : Saint Innocent Ier. Empereur romain d'Orient : Flavius Arcadius. Empereur romain d'Occident : Flavius Honorius.

" Il avait pris pour devise ces paroles de saint Paul :
" Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, ou que vous fassiez autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu."
Et encore :
" Ce qui ne peut être fait pour Dieu, il ne faut pas le faire."
Dans la joie comme dans la douleur, il répétait :
"Dieu soit loué pour toute les choses ! Que le nom du Seigneur soit béni à jamais !"


Jean, surnommé Chrysostome - bouche d'or, à cause de la force et de la beauté de son éloquence (ce surnom lui fut donné au plus tard juste après sa mort, puisqu'on le trouve dans les écrits de saint Ephrem d'Antioche, de Théodoret et de Cassiodore) -, naquit à Antioche, de parents nobles. Son père se nommait Second et était maître de la cavalerie ou premier commandant des troupes de l'empire en Orient, et sa mère Anthuse ou Anthura. Devenue veuve à l'âge de 20 ans, cette femme pieuse et vertueuse ne voulut point passer à de secondes noces. Elle se chergea elle-même de faire l'éducation chrétienne de notre saint et de sa soeur dont l'histoire ne nous a pas conservé le nom.

Quand il eut étudié la philosophie, il la délaissa pour s'adonner à la lecture des choses de Dieu. Après sa promotion à la prêtrise, le zèle qu'il avait pour la chasteté le faisait passer pour trop sévère, et il penchait plus vers l’emportement que vers la mansuétude ; la raideur de sa conduite ne lui laissait pas la ressource de prendre des précautions pour l’avenir. Dans ses conversations il était regardé comme arrogant par les ignorants. Ses leçons étaient solides, ses explications exquises. Il était fort habile pour diriger les âmes.

Ce fut sous le règne d'Arcadius et d'Honorius et du temps que Damase occupait le siège de Rome qu'il fut ordonné évêque. En voulant corriger tout d'un coup la vie des clercs, il s'attira la haine de tous. Ils l’évitaient comme un furieux et ils le calomniaient auprès de tout le monde : sous prétexte qu'il n'invitait jamais personne à sa table et qu'il ne voulait recevoir aucune invitation, ils avançaient qu'il en agissait ainsi parce qu'il mangeait d'une manière sale. D'autres disaient tout haut que c'était parce qu'il usait seulement de mets choisis et délicats ; et en réalité c'était pour faire abstinence ; et comme il souffrait souvent de l’estomac et de la tête, il évitait les repas somptueux. Le peuple, à cause des sermons qu'il prêchait à l’église, l’aimait beaucoup et ne tenait aucun cas de ce que les envieux pouvaient répandre contre lui. Jean s'appliqua encore à reprendre quelques-uns des grands, et il en résulta que l’envie redoubla de violence contre lui.


Saint Jean Chrysostome écrivant. Bible. Byzance. XIe.

Un autre fait souleva extraordinairement tout le monde. Eutrope, ministre de l’empereur, et jouissant de la dignité consulaire, voulant instrumenter contre ceux qui cherchaient un asile dans les églises, prit tous les moyens de faire porter, par l’empereur, une loi par laquelle personne ne pourrait s'y réfugier à l’avenir, et de plus que ceux qui s'y étaient réfugiés depuis longtemps, en seraient arrachés. Or, peu de jours après, Eutrope ayant offensé l’empereur, s'empressa de se réfugier dans l’église ; et l’évêque qui le sut vint trouver cet homme qui se cachait sous l’autel, et dans une homélie qu'il fit contre lui, il lui adressa les reproches les plus durs ; ceci offensa bien des gens parce que loin d'user de miséricorde à l’égard d'un malheureux, il ne s'abstint pas de lui adresser des réprimandes.

L'empereur fit enlever Eutrope qui eut la tête tranchée. Pour différents motifs, il se laissait aller à attaquer une certaine quantité de personnes, ce qui le rendit généralement odieux. Or, Théophile, évêque d'Alexandrie, voulait déposer Jean et prenait tous les moyens pour mettre à sa place par intrusion un prêtre nommé Isidore : c'est pourquoi il cherchait avec soin des motifs de déposition. Cependant le peuple prenait la défense de Jean dont il écoutait avec une admirable avidité toutes les instructions. Jean forçait aussi les prêtres à vivre selon la discipline ecclésiastique, et il disait que celui-là ne devait pas jouir de l’honneur attaché au sacerdoce qui ne daignerait pas en pratiquer les lois. Ce n'était pas seulement la ville de Constantinople que le saint gouvernait avec courage, mais il établissait encore des lois sages dans plusieurs provinces circonvoisines, en s'aidant de l’autorité impériale.


Saint Jean Chrysostome et saint Basile.
Volet droit d'un tryptique grec du XVIe.

Quand il eut appris que l’on offrait encore des sacrifices aux démons dans la Phénicie, il y envoya des clercs et des moines, et fit détruire tous les temples des idoles. En ce temps-là, existait un certain Gaymas, Celte d'origine, barbare dans ses projets, extrêmement emporté par des goûts tyranniques, infecté de l’hérésie arienne, et cependant il avait été créé officier dans l’armée. Il pria l’empereur de lui donner pour soi et pour les siens une église dans l’intérieur de la ville. L'empereur le permit, et pria Jean de céder une église à Gaymas, espérant ainsi mettre un frein à sa tyrannie. Mais Jean, rempli d'un courage extraordinaire et enflammé de zèle, dit à l’empereur :
" Prince, veuillez ne pas permettre cela, et lie donnez pas les choses saintes aux chiens ; n'appréhendez rien de ce barbare : commandez qu'on nous fasse venir tous les deux, et écoutez, sans parler, ce qui se dira entre nous : je mettrai un tel frein à sa langue qu'il n'aura pas la présomption de vous renouveler sa demande."
L'empereur, en entendant cela, fut réjoui, et il les manda l’un et l’autre pour le lendemain.

Gaymas ayant réclamé pour lui un oratoire, Jean lui dit :
" Partout la maison de Dieu vous est ouverte, en sorte que personne ne vous empêche de prier."
Gaymas reprit :
" Je suis d'une autre secte, et je demande à avoir un temple pour les miens et pour moi. J'ai entrepris bien des choses pour l’empire romain, c'est, pour cela que je ne dois pas éprouver l’affront d'un refus."
Jean lui dit :
" Vous avez reçu des récompenses plus que n'en méritent vos combats : vous avez été fait commandant des armées, en outre vous avez été orné de la toge consulaire ; et il vous faut considérer ce que vous avez été autrefois et ce que vous êtes aujourd'hui, quelle fut jadis votre pauvreté et quelles sont à présent vos richesses, quels étaient auparavant vos habits, et ceux dont vous vous ornez maintenant. Donc puisque des services de peu de valeur vous ont procuré de si hautes récompenses, ne soyez pas ingrat envers celui qui vous honore."

Par ces paroles, Jean lui ferma la bouche et le força à se taire. Or, pendant que Chrysostome gouvernait avec vigueur la ville de Constantinople, Gaymas qui visait à l’empire, ne pouvant rien faire de jour, envoya pendant la nuit des barbares, pour brûler le palais. On acquit alors la preuve évidente que saint Jean était le gardien de la ville ; car une nombreuse troupe d'anges armés et qui avaient pris un corps, apparut aux Barbares qui furent à l’instant mis en fuite. Quand ils rapportèrent cela à leur maître, celui-ci en fut dans une grande admiration ; car il savait que les troupes étaient en garnison dans d'autres villes. La nuit suivante, il leur donna donc encore le même ordre, et ils furent comme la première fois mis en fuite par des anges qu'ils aperçurent. Enfin il y vint lui-même, vit le miracle, et s'enfuit, dans la pensée que des soldats se cachaient pendant le jour et gardaient la cité pendant la nuit. Il quitta Constantinople et vint dans la Thrace où il portait partout le ravage avec une armée nombreuse qu'il avait ramassée. Tout le monde redoutait la férocité de ces barbares.


Saint Jean Chrysostome prêchant. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.

Alors l’empereur chargea saint Jean de l’office de légat auprès de Gaymas. Le saint oublia toutes les causes d'inimitié et partit avec joie. Gayrnas, tenant compte de la confiance du saint, revint à de meilleurs sentiments, et s'avança fort loin au-devant de lui ; alors il lui prit la main qu'il porta à ses yeux, et commanda à ses enfants de lui baiser les genoux avec respect. Telle était en effet la vertu de Jean qu'il forçait les hommes les plus terribles à s'humilier et à craindre.

Dans le même temps encore, il s'émut une question : c'était de savoir si Dieu a un corps. Cela donna lieu à des contestations et à des luttes ; les uns soutenant une opinion, les autres une autre. Ce fut surtout la classe des simples moines, qui se laissa entraîner à dire que Dieu avait une forme corporelle.
Or, Théophile, évêque d'Alexandrie, pensait le contraire ; en sorte que, dans l’église, il soutenait l’opinion contraire à ceux qui avançaient que Dieu avait une forme humaine, et il prêchait que Dieu est incorporel.
Les moines d'Egypte, ayant eu connaissance de cela, quittèrent leurs retraites et vinrent à Alexandrie où ils excitèrent une sédition contre Théophile, en sorte qu'ils prenaient des mesures pour le tuer.
Quand il le sut, il eut peur et leur dit :
" Comme je vous vois, comme je vois le visage de Dieu."
" Si vous dites vrai, répondirent-ils, que le visage de Dieu soit comme le nôtre, anathématisez donc les livres d'Origène, contraires à notre opinion. Que si vous ne le faites pas, comme vous êtes rebelle envers l’empereur et envers Dieu, vous aurez à endurer des opprobres de notre part."
Et Théophile dit :
" Ne commettez aucune violence contre ma personne, et je ferai tout ce qui vous plaît."
Ce fut ainsi qu'il détourna les moines de l’attaquer. Mais ceux-ci, expérimentés et arrivés à la perfection, ne se laissèrent pas séduire, tandis que les simples, entraînés par l’ardeur de leur foi, s'insurgèrent contre ceux de leurs frères qui croyaient le contraire, et en firent tuer un grand nombre.

Pendant que ces faits se passaient en Egypte, saint Jean brillait à Constantinople par sa doctrine, et passait auprès de tous pour un homme admirable. Or, les ariens, dont le nombre se multipliait beaucoup, et qui avaient une église hors de la ville, s'assemblaient le samedi et le dimanche entre les portes et les portiques, où ils chantaient, pendant la nuit, des hymnes et des antiennes. Quand venait le point du jour, ils traversaient la ville en répétant ces mêmes antiennes et, sortant hors des portes, ils venaient en foule à leur église. Ils ne cessaient d'agir ainsi pour vexer les orthodoxes, car ils répétaient souvent ces paroles :
" Où sont ceux qui disent qu'en trois il n'y a qu'une puissance ?"

Alors saint Jean, dans la crainte que les simples ne se laissassent entraîner par ces chants, institua que tous les fidèles passeraient la nuit à chanter des Hymnes, afin que l’oeuvre des hérétiques fût étouffée et que les fidèles fussent affermis dans leurs pratiques ; de plus, il fit faire des croix d'argent que l’on portait avec des cierges argentés.


Saint Jean Chrysostome faisant des remontrances
à l'impératrice Eudoxie. Jean-Paul Laurens. XIXe.

Les ariens, excités par la jalousie, s'emportèrent jusqu'à vouloir sa mort : et une nuit Brison, eunuque de l’impératrice, fut frappé d'une pierre. Jean l’avait chargé d'exercer à chanter les hymnes ; il y eut même quelques gens du peuple qui furent tués de part et d'autre. Alors l’empereur ému défendit aux ariens de chanter publiquement leurs hymnes. En ce temps-là, Sévérien, évêque de Gabales, qui était en honneur auprès d'un certain nombre de grands, et chéri par l’empereur lui-même et par l’impératrice, vint à Constantinople, où saint Jean le reçut avec des félicitations ; pendant son voyage en Asie, il lui confia le soin de son église. Mais Sévérien ne se comportait pas avec fidélité et tâchait de s'attirer l’estime du peuple.

Sérapion, qui était clerc de Jean, s'empressa d'en informer le saint. Or, une fois que Sévérien passait, Séraphin ne se leva pas : alors l’évêque indigné s'écria :
" Si le clerc Sérapion ne meurt pas, Notre Seigneur Jésus-Christ n'est pas né de nature humaine."
Saint Jean, apprenant ces excès, revint et chassa Sévérien de la ville comme un blasphémateur. Cela déplut beaucoup à l’impératrice qui fit rentrer l’évêque en priant saint Jean de se réconcilier avec lui : mais le saint n'y consentit en aucune manière : jusqu'au moment où l’impératrice mit son fils Théodose sur les genoux de Jean, en le suppliant, en le conjurant de faire la paix avec Sévérien.

Dans le même temps encore, Théophile, évêque d'Alexandrie, chassa injustement Dyoscore, un très saint homme, et Isidore qui était auparavant un de ses grands amis. Ceux-ci vinrent à Constantinople pour raconter au prince et à Jean ce qui s'était passé. Or, Jean les traita honorablement, mais il ne voulut pas les recevoir en sa communion avant de connaître l’état des choses.

Cependant un faux bruit parvint à Théophile, que Jean était en communion avec eux, et qu'il leur donnait aide. Alors Théophile indigné ne se contenta pas d'exercer sa vengeance contre eux, mais il s'arma de toutes pièces pour déposer Jean. Il dissimula donc son intention et il envoya des messages aux évêques de chaque ville pour annoncer qu'il voulait condamner les livres d'Origène.

Epiphane, évêque de Chypre, très saint et très illustre personnage, se laissa circonvenir par Théophile qui s'en fit un ami, et qu'il pria de condamner aussi lui-même les livres d'Origène. Epiphane, dont la sainteté ne découvrait pas ces ruses, convoqua ses évêques à Chypre et interdit la lecture d'Origène ; il adressa des lettres à saint Jean par lesquelles il le priait de s'abstenir à l’avenir de lire ces ouvrages, et de confirmer les décisions qui avaient été prises.


Concile dit du Chêne à la suite duquel l'empereur Arcade,
sous l'influence de son épouse Eudoxie, prononça l'exil de
saint Jean Chrysostome. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Mais Jean, qui fit peu de cas de cette démarche, s'appliquait aux soins du ministère ecclésiastique où il excellait, et ne s'inquiétait aucunement de ce qu'on pouvait machiner contre lui. Enfin Théophile dévoila cette haine qu'il avait longtemps cachée, et fit connaître qu'il voulait déposer Jean. Aussitôt les ennemis du saint, un grand nombre de clercs, et les seigneurs du palais, trouvant l’occasion favorable, usèrent de toutes sortes de moyens pour faire assembler contre Jean un concile à Constantinople. Après quoi, Epiphane vint en cette ville portant avec soi le décret de condamnation d'Origène ; mais il ne voulut pas accepter l’invitation de Jean, en considération de Théophile.

Or, quelques-uns, par respect pour Epiphane, souscrivirent à la condamnation des livres d'Origène ; beaucoup cependant refusaient de le faire. L'un de ces derniers fut Théotin, évêque de Sicée, homme très recommandable par la droiture de sa conduite, qui répondit ainsi :
" Pour moi, Epiphane, je ne veux pas faire injure à qui est mort depuis longtemps dans la justice, et je n'ai pas la présomption de m’exposer à commettre un sacrilège en condamnant ce que nos devanciers n'ont pas voulu flétrir ; car je ne vois pas qu'il se trouve une mauvaise doctrine dans ses livres. Ceux qui s'attachent à les mépriser ne se connaissent pas eux-mêmes. Athanase le défenseur du concile de Nicée, invoque le témoignage de ce grand homme en faveur de la foi ; il met ses livres avec les siens quand il dit :
" L’admirable et infatigable Origène nous apporte ce témoignage du Fils de Dieu, alors qu'il affirme qu'il est coéternel au Père."

Jean conçut de l’indignation de ce que, contre tous les règlements, Epiphane fit une ordination dans son église ; cependant il le priait de demeurer avec lui parmi les évêques. Mais Epiphane répondit qu'il ne voulait ni rester, ni prier avec lui, à moins qu'il ne chassât Dyoscore et qu'il ne souscrivît à la condamnation des livres d'Origène. Jean refusant de le faire, Epiphane fut excité contre lui par ceux qui lui portaient envie. Epiphane alors condamna les livres d'Origène et porta un jugement contre Dyoscore ; ensuite il commença à détracter Jean comme leur adversaire.


St Jean Chrysostome. Liturgiae graece et arabice. XVIe.

Alors Jean lui manda ce qui suit :
" Vous avez agi, Epiphane, en beaucoup de cas contre les règles ; d'abord vous avez fait une ordination dans une église placée sous ma juridiction ; ensuite de votre autorité, privée, vous y avez célébré les saints mystères ; en outre quand je vous ai invité, vous vous êtes excusé ; et en dernier lieu maintenant, vous ne vous en rapportez qu'à vous-même.
Or, prenez garde qu'une sédition ne s'élève parmi le peuple, et que le péril n'en retombe sur vous."
Epiphane informé de cela partit, et avant de se mettre eu route pour Chypre, il fit dire à Jean :
" J'espère que vous ne mourrez pas évêque."
Et Jean lui fit tenir cette réponse :
" J'espère que vous ne rentrerez pas dans votre patrie."
C'est ce qui eut lieu, car Epiphane mourut en route, et peu après Jean, déposé de l’épiscopat, finit sa vie dans l’exil.

Au tombeau de cet Epiphane, personnage d'une haute sainteté, les démons sont mis en fuite. Sa générosité envers les pauvres fut prodigieuse. Un jour qu'il avait, donné tout l’argent de l’église sans qu'il lui restât rien, quelqu'un vint tout à coup lui offrir un sac avec beaucoup d'argent et disparut sans qu'on ait su ni d'où il venait, ni où il allait. Quelques pauvres voulurent tromper Epiphane afin qu'il leur donnât l’aumône. L'un d'eux se coucha sur le dos par terre, et, debout auprès de lui, un autre le pleurait comme s'il était mort, et criait piteusement qu'il n'avait pas de quoi le pouvoir ensevelir. Alors Epiphane survint ; il pria pour que le mort dormît en paix ; ensuite, il donna ce qui était nécessaire pour la sépulture, puis après avoir consolé l’autre, il s'en alla.

Alors celui-ci dit à son compagnon en le poussant :
" Lève-toi, allons manger ce due tu as gagné."
Mais après l’avoir remué plusieurs fois, il reconnut qu'il était mort ; il courut alors à Epiphane lui dire ce qui était arrivé, et le pria de ressusciter cet homme. Epiphane le consola avec bonté, mais ne ressuscita pas le mendiant afin qu'on ne se jouât pas facilement des ministres de Dieu.


Exil de saint Jean Chrysostome. Manuscrit latin du XIIIe.

Or, quand Epiphane fut parti, on rapporta à Jean que l’impératrice Eudoxie avait excité Epiphane contre lui. Jean, toujours enflammé de zèle, fit au peuple un discours renfermant toutes sortes de critiques contre les femmes sans exception. Ce sermon fut pris par tout le monde comme une attaque directe contre l’impératrice. Celle-ci, qui en fut instruite, se plaignit à l’empereur en disant que le blâme infligé à sa femme retombait principalement sur lui. L'empereur ému fit célébrer un synode contre Jean. Alors Théophile se hâta de convoquer les évêques ; et tous les ennemis de Jean vinrent en foule avec grande joie, en le traitant d'orgueilleux et d'impie.

Tous les évêques donc réunis à Constantinople ne s'occupaient plus des livres d'Origène, mais se déclaraient ouvertement contre Jean. Ils le firent citer, mais le saint jugea prudent de ne pas se livrer à ses ennemis et déclara qu'il fallait assembler un concile universel. Ils le firent citer encore jusqu'à quatre fois. Or, comme il refusait de comparaître et qu'il réclamait un concile, ils le condamnèrent, sans articuler contre lui d'autre fait qu'ayant été appelé il n'avait pas voulu obéir. Le peuple, qui en fut informé, se livra à une violente sédition ; il ne laissa pas enlever Jean de l’église, mais il demanda hautement que l’affaire fût portée à un concile plus nombreux.

Cependant l’ordre du prince exigeait qu'il fût enlevé par force et qu'il fût déporté en exil. Alors Jean, qui craignait les suites de la sédition, se livra lui-même, à l’insu du peuple, pour être mené en exil. Quand le peuple le sut, il s'éleva une émeute tellement grave que beaucoup de ceux qui étaient les ennemis de Jean, et un instant auparavant désiraient sa déposition, se laissèrent aller à la pitié en proclamant qu'il était victime de la calomnie.


Saint Jean Chrysostome prêchant. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. Richard de Montbaston. XIVe.

Alors Sévérien, dont il a été question plus haut, se mit à détracter Jean dans les instructions qu'il faisait à l’église : il disait que quand bien même il n'y aurait pas d'autre crime à lui imputer, c'était assez de son orgueil pour le déposer. La sédition contre l’empereur et contre les évêques ayant pris d'énormes proportions, Eudoxie pria l’empereur de faire ramener Jean de l’exil. Il se fit encore un violent tremblement de terre dans la ville, et tout le monde disait que cela arrivait parce que Jean avait été injustement chassé.

On envoya donc des ambassadeurs à l’évêque pour le prier de revenir au plus tôt secourir la ville ruinée et calmer la sédition excitée parmi le peuple. Après les premiers on en fit partir d'autres, et après ceux-ci d'autres encore pour le forcer à hâter son retour.

Jean s'y refusait ; cependant ils le ramenèrent le plus vite qu'ils purent. Le peuple tout entier alla à sa rencontre avec des cierges et des lampes. Cependant il ne voulait pas se placer sur son siège épiscopal, en disant que cela ne pouvait se faire sans un jugement synodal et que c'était à ceux qui l’avaient condamné à révoquer leur sentence.

Cependant le peuple était soulevé pour le voir assis sur son siège et pour entendre parler ce saint docteur. Il l’emporta enfin, Jean fut donc forcé d'adresser un discours et de s'asseoir sur son trône épiscopal. Théophile alors prit la fuite. Arrivé à Hiérapolis, l’évêque de cette ville vint à mourir, et on élut Lamon, qui était un moine d'une haute sainteté. Il refusa à plusieurs reprises, mais Théophile lui conseillant d'accepter, Lamon le promit en disant :
" Demain, il en sera ce qu'il plaît au Seigneur."
Le lendemain, on vint à sa cellule le conjurer de recevoir l’épiscopat :
" Prions auparavant le Seigneur, dit-il."
Et pendant. qu'il priait, il rendit le dernier soupir.

Jean cependant instruisait son peuplé avec assiduité. Or, dans le même temps, on avait élevé, sur la place qui se trouvait vis-à-vis de l’église de Sainte-Sophie, une statue d'argent revêtue d'une chlamyde, en l’honneur de l’impératrice Eudoxie ; les soldats et les grands y célébraient des jeux publics : ce qui déplaisait fort à Jean parce qu'il voyait en cela un outrage à l’Eglise.


St Jean Chrysostome et saint Cyrille d'Alexandrie.
Manuscrit éthiopien du XVIIe.

Il compta assez sur ses forces pour s'élever, dans ses discours, avec vigueur contre cet abus. Et quand il fallait employer des paroles de supplication pour détourner les seigneurs de se livrer à ces jeux, il ne le fit pas, mais il usa de toute l’impétuosité de son éloquence pour maudire ceux qui commandaient de pareils excès. L'impératrice, qui regardait tout cela comme une injure personnelle, travaillait de nouveau à faire célébrer encore un concile contre lui. Jean qui le pressentit prononça dans l’église cette fameuse homélie commençant par ces mots :
" Hérodiade est encore en délire, elle est encore agitée, elle danse encore, elle demande encore une fois qu'on lui donne la tête de Jean dans un plat."

Ce fait excita bien davantage la colère de l’impératrice. Alors un homme voulut tuer Jean ; or, le peuple surprit l’assassin et le traîna devant le juge ; mais le préfet se saisit de lui afin qu'il ne fût pas massacré. Le serviteur d'un prêtre voulut aussi se jeter sur lui et tenter de le tuer, mais il en fut empêché par un particulier qui fut égorgé par l’assassin, ainsi qu'un autre qui se trouvait là. On se mit alors à crier, et comme la foule accourait, il en massacra encore plusieurs. Dès ce moment, Jean fut protégé par le peuple qui montait la garde jour et nuit dans sa maison.

Par les conseils de l’impératrice, les évêques s'assemblèrent à Constantinople et les accusateurs de Jean s'opiniâtrèrent de plus en plus. La fête de la naissance du Seigneur étant survenue, l’empereur fit dire à Jean que, s'il ne se justifiait pas des crimes dont on l’accusait, il ne communiquerait pas avec lui.
Cependant les évêques ne trouvèrent rien à lui reprocher, si ce n'est qu'après sa déposition, il avait osé siéger dans sa chaire sans le décret d'un concile. Et ainsi, ils le condamnèrent. Enfin, à l’approche de la fête de Pâques, l’empereur lui manda qu'il ne pouvait rester dans l’église avec un homme condamné par deux conciles. Jean se tint donc à l’écart et il ne descendait plus du tout dans l’église. Ceux qui tenaient pour lui étaient appelés Johannites. Cependant l’empereur le fit ensuite chasser de la ville et conduire en exil dans une petite ville sur les limites du Pont et de l’empire romain, pays voisin de cruels barbares. Mais dans sa clémence, le Seigneur ne permit pas longtemps que l’un de ses plus fidèles athlètes restât dans de pareils lieux.

Le pape Innocent, qui apprit cela, en fut contristé ; et voulant célébrer un concile, il écrivit au clergé de Constantinople de ne pas donner un successeur à Jean. Mais le saint, fatigué par la longueur de la route et tourmenté très violemment de douleurs de tête, souffrait encore de l’insupportable chaleur du soleil. Cette sainte âme fut déliée de son corps à Comanes, le IIe jour du mois de septembre. A sa mort, une grêle violente tomba sur Constantinople et sur tous ses faubourgs ; chacun disait que c'était le fait de la colère de Dieu parce que Jean avait été condamné injustement.

La mort de l’impératrice, arrivée aussitôt après, confirma ces dires : car elle mourut quatre jours après la grêle. Quand le docteur de l’univers fut mort, les évêques d'Occident ne voulurent plus rester en communion avec ceux d'Orient, jusqu'à ce que son très saint nom eût été rétabli sur les dyptiques avec ceux des évêques, ses prédécesseurs. Cependant Théodose, fils très chrétien de l’empereur Arcade, qui avait hérité de la piété et, du nom de son aïeul, fit transporter dans la cité impériale les saintes reliques de ce docteur, dans le mois de janvier. Le peuple, toujours resté fidèle à son évêque, alla au-devant avec des lampes et des cierges.
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Saint Jean Chrysostome, l'empereur Théodose,
fils de l'empereur Arcade, et l'impératrice Eudoxie,
épouse de Théodose, que l'on ne confondra pas avec
l'épouse d'Arcade, mère de Théodose, et qui suscita
l'exil du saint. Homiliae, Johannes Chrysostomus. XIe.

Alors Théodose se prosterna devant les reliques du saint, en le suppliant de pardonner à Arcade, son père, et à Eudoxie, sa mère, comme ayant péché par ignorance ; ils étaient morts depuis longtemps. Ce Théodose porta si loin la clémence ; qu'il ne laissa mourir aucun criminel de lèse-majesté, et il disait :
" Plût à Dieu qu'il me fût possible plutôt de rappeler les morts à la vie."
Sa cour paraissait être un Monastère, car on célébrait les matines et on lisait les livres saints. Sa femme, nommée Eudoxie, composa beaucoup de poèmes en vers héroïques. Il eut une, fille, nommée aussi Eudoxie : il la donna en mariage à Valentinien qu'il avait fait empereur. Tous ces détails sont extraits de l’Histoire tripartite. Saint Jean mourut vers l’an du Seigneur 407.

HYMNE

L'Eglise Grecque emploie tout son enthousiasme liturgique, dans les Menées, pour exalter la gloire de son grand Docteur. Nous lui emprunterons quelques strophes :

" Célébrons, dans des hymnes mélodieuses la trompette d'or, l'orgue au souffle divin, l'inépuisable mer de la science, l'appui de l'Eglise, l'intelligence céleste, l'abîme de sagesse, la coupe dorée, de laquelle découlent, à flots de miel, les fleuves de doctrine qui arrosent toute créature.

Honorons dignement Jean le Chrysologue, l'astre sans couchant, qui illumine des rayons de la doctrine tout ce qui est sous le soleil, le prédicateur de la pénitence, l'éponge d'or qui sèche l'humidité du désespoir funeste dans les âmes, et qui humecte de rosée le cœur desséché par le péché.

Glorifions dans nos cantiques Chrysostome, l'Ange de la terre, l'homme céleste, la lyre éloquente aux sons variés, le trésor des vertus, la pierre immobile, la forme des fidèles, l'émule des Martyrs, le compagnon des saints Anges, le commensal des Apôtres.

La grâce est répandue sur tes lèvres, Ô Père saint, Jean Chrysostome ! car Dieu t'a sacré Pontife de son peuple, pour paître son troupeau dans la sainteté et la justice. Ceint du glaive de la puissance, tu as tranché les discours insensés de l'hérésie ; aujourd'hui prie sans cesse afin que le monde soit dans la paix, et que nos âmes soient sauvées.

Richement ornée de tes discours d'or, comme d'un or pur, Ô Jean Chrysostome, l'Eglise, dans la joie de ta fête, s'écrie : " Je me suis rassasiée dans tes pâturages où croît l'or, désaltérée à tes courants où l'or coule avec le miel ; tes exhortations me font passer de l'action à la contemplation, et m'unissent au Christ, mon Epoux spirituel, pour régner avec lui " ; c'est pourquoi nous qui sommes réunis pour célébrer ta mémoire, nous te crions : Ne te lasse pas de prier pour le salut de nos âmes.

Il convenait que la reine des villes se glorifiât d'avoir possédé Jean, comme l'ornement de sa royauté, d'avoir entendu la trompette d'or, qui fait retentir par toute la terre les dogmes du salut, et qui convoque tous les hommes au concert des cantiques divins. C'est à lui que nous crions : Chrysologue et Chrysostome, supplie le Christ de sauver nos âmes.

Réjouis-toi, père des orphelins, puissant secours de ceux qui souffrent, trésor des pauvres, nourriture de ceux qui ont faim, appui qui relevé les pécheurs, habile médecin des âmes, mesure exacte de la plus haute théologie, interprète des Ecritures, loi lumineuse donnée par l'Esprit-Saint, règle très droite, théorie et pratique de la plus haute sagesse; supplie le Christ d'envoyer à nos âmes une grande miséricorde.

Tu as été un soleil éclatant, illuminant la terre de tes paroles, un astre étincelant, une lampe brillante, un phare sur la mer du monde, appelant au port tranquille du salut, dans la charité, les hommes battus par la tempête, Ô Chrysostome, bouche d'or, avocat de nos âmes.

Dans ta charge pastorale. Père saint, tu as souffert l'injustice, tu as participé aux amères tribulations et aux exils, par lesquels tu t'es rendu digne d'une fin bienheureuse, Ô toi qui, comme un athlète généreux, as surmonté l'artificieux ennemi ; c'est pourquoi le Christ t'a couronné du diadème de la victoire, Ô Jean Chrysostome, avocat de nos prières !"


St Jean Chrysostome. Stéatite rehaussée d'or.
Art sacré byzantin. XIe.
 
PRIERE
.
" Que de couronnes ornent votre front, Ô Chrysostome ! Que votre nom est glorieux dans l'Eglise de la terre et dans l'Eglise du ciel ! Vous avez enseigné avec vérité, vous avez combattu avec constance vous avez souffert pour la justice, vous êtes mort pour la liberté de la parole de Dieu. Les applaudissements des hommes ne vous ont point séduit ; le don de l'éloquence évangélique, dont l'Esprit-Saint vous avait enrichi, n'était qu'une faible image de la splendeur et de la force des feux dont le Verbe divin remplissait votre cœur.

Vous l'avez aimé, ce Verbe, ce Jésus, plus que votre gloire, plus que votre repos, plus que votre vie. Votre mémoire a été poursuivie par les hommes ; des mains perfides ont effacé votre nom des tables de l'autel ; d'indignes passions ont dicté une sentence dans laquelle, comme votre Maître, vous étiez mis au rang des criminels, et vous avez été précipité des degrés de la chaire sacrée. Mais il n'est pas au pouvoir des hommes d'éteindre le soleil, ni d'effacer la mémoire de Chrysostome. Rome vous a été fidèle ; elle a gardé avec honneur votre nom, comme aujourd'hui encore elle garde votre corps sacré, près de celui du Prince des Apôtres. Le monde chrétien tout entier vous proclame comme l'un des plus fidèles dispensateurs de la Vérité divine.

En retour de nos hommages, Ô Chrysostome, regardez-nous du haut du ciel comme vos brebis ; instruisez-nous, réformez-nous, rendez-nous Chrétiens. Comme votre sublime maître Paul, vous ne saviez que Jésus-Christ ; mais c'est en Jésus-Christ que tous les trésors de la science et de la sagesse sont cachés. Révélez-nous ce Sauveur qui est venu à nous, avec tant de charmes et de douceur ; faites-nous connaître son esprit ; enseignez-nous la manière de lui plaire, les moyens de l'imiter ; faites-lui agréer notre amour. Comme vous, nous sommes exilés; mais nous aimons trop le lieu de notre exil ; souvent nous sommes tentés de le prendre pour une patrie. Détachez-nous de ce séjour terrestre, et de ses illusions. Que nous ayons hâte d'être réunis à vous, comme vous fûtes réuni à Basilisque, afin d'être avec Jésus-Christ, en qui nous vous retrouverons pour jamais.

Pasteur fidèle, priez pour nos Pasteurs ; obtenez-leur votre esprit, et rendez leurs troupeaux dociles. Bénissez les prédicateurs de la parole sainte, afin qu'ils ne se prêchent pas eux-mêmes, mais Jésus-Christ. Rendez-nous l'éloquence chrétienne qui s'inspire des Livres saints et de la prière, afin que les peuples, séduits par un langage du ciel, se convertissent et rendent gloire à Dieu. Protégez le Pontife romain dont le prédécesseur osa seul vous défendre ; que son cœur soit toujours l'asile des Evêques persécutés pour la justice.

Rendez la vie à votre Eglise de Constantinople, qui a oublié vos exemples et votre foi. Relevez-la de l'avilissement où elle languit depuis longtemps. Touché enfin par vos prières, que le Christ, Sagesse éternelle, se souvienne de son Eglise de Sainte-Sophie ; qu'il daigne la purifier, et y rétablir l'autel sur lequel il s'immola durant tant de siècles. Aimez toujours les Eglises de l'Occident, auxquelles votre gloire a constamment été chère. Hâtez la chute des hérésies qui ont désolé plusieurs de nos chrétientés, dissipez les ténèbres de l'incrédulité, ranimez la foi parmi nous et faites fleurir les vertus.
 

Rq : Rappelons que Mgr Wojtila, chef d'une secte schismatique et hérétique qui n'est plus catholique, le 27 novembre 2004, a, en cohérence avec les croyances de ladite nouvelle secte, remis les saintes reliques de saint Jean Chrysostome et celles de saint Grégoire de Naziance - lesquels avaient été soustraites aux barbares turcs pour étre portées à Rome au XIVe siècle - à Bartholomé Ier, patriarche schismatique et hérétique de Constantinople.

Rq :
Les onze volumes rassemblant les oeuvres complètes de saint Jean Chrysostome, traduites en français par l'abbé Bareille, fameux et très avisé traducteur, dans les années de 1860 à 1873 se trouvent sur le lien suivant et peuvent être téléchargés un par un : http://www.archive.org/search.php?query=Chrysostome%20oeu....

La vie de saint Jean Chrysostome, ses actions et sa persécution, sont décrites au long dans l’Histoire tripartite (l. X.). On lira avec fruit l'histoire de notre saint sur le lien suivant : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/hist....

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mardi, 09 janvier 2024

9 janvier. Saint Julien et sainte Basilisse, mariés, religieux, vierges et martyrs, et leurs compagnons, martyrs. 313.

- Saint Julien et sainte Basilisse, mariés, religieux, vierges et martyrs, et leurs compagnons, martyrs. 313.

Pape : Saint Mechiade. Empereur romain d'Orient : Maximin Daïa II. Empereur romain d'Occident : Constantin Ier.

" Et ecce ego morior !"
" Quel bonheur de mourir !"

1 Reg., XIV, 43.


Saint Julien d'Antioche. Jean Hey ou Jean Pichore.
Heures à l'usage de Rome. XVe.

Avant que de donner quelques éléments de la vie de saint Julien, notons au préalable que nous avons un peu plus de soixante saints portant le prénom de Julien.

Il se peut donner sans difficulté à saint Julien et à sainte Basilisse les quatre titres de mariés, de vierges, de religieux et de martyrs, quoique sainte Basilisse ait fini ses jours en paix et dans la ferveur de la prière : mais elle beaucoup souffert pour Notre Seigneur Jésus-Christ et disposé une infinité de personnes à mourir pour la foi qui lui a valu cette qualité de martyre.

Saint Julien d'Antioche naquit de parents riches qui le voulurent marier. Il fit voeux de rester chaste et d'engager son épouse à le demeurer, ce qu'elle fit aussi. Il choisirent d'ailleurs de ne pas demeurer ensemble.


Sainte Basilisse, associée à saint Julien l'Hospitalier,
avec saint Jacques le Majeur dans une barque.
Eglise Saint-Fuscien et Saint-Gentien. Fléchy. Picardie. XVe.

Leurs parents respectifs étant mort, ils héritèrent tous deux de grands biens qu'ils vendirent pour le soulagement des pauvres et pour fonder chacun des établissements destinés à leur soulagement.
Plusieurs jeunes hommes demandèrent rapidement à venir seconder saint Julien dans ses oeuvres et de même de nombreuses jeunes filles voulurent suivre l'exemple de sainte Basilisse.

Bientôt, Maximin II renouvella, après Dioclétien, la persécution en Orient. L'empereur envoya à Antioche un lieutenant appelé Marcien, homme particulièrement cruel. Il fit comparaître Julien devant son tribunal et ne pouvant le réduire, fit mettre le feu aux quatre coins de la batisse qui servait de maison aux novices. De là ils montèrent au Ciel.

Marcien fit à nouveau comparaître saint Julien. La constance de notre saint fut la même, et avec une grande fermeté, il supporta d'être battu avec des cordes nouées (guérissant au passage un des soldats qui avait reçu accidentellement un coup de corde qui lui avait fait perdre un oeil). Marcien fit ensuite traîner saint Julien dans Antioche, chargé de fers, et le fit tourmenter tout au long du chemin.


Mariage de saint Julien d'Antioche et de sainte Basilisse.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Il se trouve que le fils de Marcien, âgé de sept ans, Celse, était avec d'autres écoliers pas les rues d'Antioche. Touché par l'héroïque constance du saint, il s'approcha de lui et lui demanda d'être admis dans la société de Notre Seigneur.

Marcien fit mettre saint Julien et son propre fils dans une basse-fosse afin d'essayer de venir à bout de leur patience. A peine arrivé dans ce lieu, une lumière divine vint les éclairer et l'odeur épouvantable de la fosse se changea en un parfum admirable. Ce fut la cause de la conversion de la vingtaine de gardes que Marcien avait préposé à leur surveillance. Marcien fit ensuite préparer un brasier fait d'huile et de résine afin d'exterminer cette sainte troupe.

Comme des Gentils passaient avec un mort sur le chemin qui menait des geoles au lieu du supplice, Marcien demanda à saint Julien qu'il ressucitât ce mort s'il le pouvait. Saint Julien, après avoir prié le Maître de Vie, le ressucita en effet. Le ressucité dit à l'instant du retour de sa vie terrestre, que Jésus-Christ était bien le seul et vrai Dieu et qu'il emploierait le restant de sa vie à expier ses péchés.

Marcien ne se laissa pas plus toucher par ce miracle que par les précédents. Il fit conduire la troupe au lieu du supplice et on mit le feu au brasier. Aussitôt, ce feu fut changer en une agréable source de raffraîchissement, et Marcien fut obliger de reconduire nos saints en prison.


Miracle de saint Julien d'Antioche. Speculum historiale.
V. de Beauvais. XVe.

Marcien envoya alors son épouse, Marcionille, visiter son fils Celse afin de l'engager à revenir aux idoles. Elle fut tellement touchée par la compagnie de nos saints qu'elle demanda le baptême et Celse fut choisi pour être le parrain de sa mère. Marcien fit alors décorer le temple le plus majestueux temple d'Antioche, dédié à Jupiter, et fit préparer une cérémonie solennelle. Il dit à saint Julien de demander à son Dieu qu'Il lui plût, s'il Lui était possible, de détruire le temple. Aussitôt, la terre souvrit et engloutit le temple et les prêtres de Satan qui étaient là.

Renvoyés en prison, la sainte troupe en fut retirée le lendemain et jetée aux bêtes féroces, qui ne voulurent toucher nos saints que pour les lécher et se faire caresser. Marcien finit par leur faire couper la tête, en même temps que des criminels de droit commun.


Martyre de saint Julien d'Antioche et de ses compagnons.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Sainte Basilisse put terminer ses jours, avec les religieuses qui l'entouraient, dans la paix du Seigneur, non sans avoir été tourmentée sa vie durant il est vrai.

La France, et particulièrement, le diocèse de Sens, fut honorée d'avoir le crâne de saint Julien d'Antioche. L'abbaye de Morigny le conservait. Malheureusement, l'invasion des abbés commandataires au XVIIe siècle, encouragée par le petit-fils de l'usurpateur Bourbon Henri de Navarre, produisit la ruine puis l'abandon de cette abbaye.


Tour de Brunehaut et chapelle Saint-Julien. Morigny. Etampois.
Anciennement au diocèse de Sens. Gravure du XVIIIe.

Cette insigne relique se trouve probablement toujours au trésor de la cathédrale de Sens.

Rq : On trouvera des détails intéressants sur ces saintes reliques sur lien suivant : http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b10.html 

On lira et méditera avec fruit le magnifique sermon sur saint Julien de saint Jean Chrysostome : http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2011/01/09/saint...

 

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mercredi, 27 décembre 2023

27 décembre. Saint Jean, Apôtre et Evangéliste. 101.

- Saint Jean, Apôtre et Evangéliste. 101.

Pape : Saint Evariste. Empereur romain : Trajan.

" Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres."

Précepte favori de saint Jean.

" Comme évangéliste, saint Jean a été un oracle de vérité ; comme apôtre, il a été un modèle de fidélité ; comme disciple de Jésus, il a été un modèle de charité."
Du Jarry. Essais de panégyriques.


Notre Seigneur Jésus-Christ entouré de Notre Dame et de saint Jean.
Rogier van der Weyden. XVe.

Après Etienne, le premier des Martyrs, Jean, l'Apôtre et l'Evangéliste, assiste le plus près à la crèche du Seigneur. Il était juste que la première place fût réservée à celui qui a aimé l'Emmanuel jusqu'à verser son sang pour son service ; car, comme le dit le Sauveur lui-même, il n'est point de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime (Johan. XV, 13.) ; et le Martyre a toujours été considéré par l'Eglise comme le dernier effort de la charité, ayant même la vertu de justifier le pécheur dans un second Baptême. Mais après le sacrifice du sang, le plus noble, le plus courageux, celui qui gagne par-dessus tout le cœur de l'Epoux des âmes, c'est le sacrifice de la virginité. Or, de même que saint Etienne est reconnu pour le type des Martyrs, saint Jean nous apparaît comme le Prince des Vierges. Le Martyre a valu à Etienne la couronne et la palme ; la Virginité a mérité à Jean des prérogatives sublimes, qui, en même temps qu'elles démontrent le prix de la chasteté, placent aussi ce Disciple parmi les principaux membres de l'humanité.

Jean eut l'honneur de naître du sang de David, dans la famille même de la très pure Marie ; il fut donc parent de notre Seigneur, selon la chair. Un tel honneur lui fut commun avec saint Jacques le Majeur, son frère, fils de Zébédée comme lui ; avec saint Jacques le Mineur et saint Jude, fils d'Alphée ; mais, dans la fleur de sa jeunesse, Jean laissa, non seulement sa barque et ses filets, non seulement son père, mais sa fiancée, au moment de célébrer de chastes noces. Il suivit le Christ et ne regarda pas en arrière ; c'est pourquoi la tendresse particulière du cœur de Jésus lui fut acquise ; et tandis que les autres étaient Disciples et Apôtres, il fut l'Ami du Fils de Dieu. La raison de cette rare prédilection fut donc, ainsi que le proclame l'Eglise, le sacrifice de virginité que Jean offrit à l'Homme-Dieu. Or, il convient de relever ici, au jour de sa fête, les grâces et les prérogatives qui ont découlé pour lui de l'heureux avantage de cette amitié céleste.


Saint Jean. Simone Martini. XIVe.

Ce seul mot du saint Evangile : " le Disciple que Jésus aimait ", en dit plus, dans son admirable concision, que tous les commentaires. Pierre, sans doute, a été choisi pour être le Chef des autres Apôtres et le fondement de l'Eglise ; il a été plus honoré ; mais Jean a été plus aimé. Pierre a reçu l'ordre d'aimer plus que les autres ; il a pu répondre au Christ, par trois fois, qu'il en était ainsi ; cependant, Jean a été plus aimé du Christ que Pierre lui-même, parce qu'il convenait que la virginité fût honorée.

La chasteté des sens et du cœur a la vertu d'approcher de Dieu l'homme qui la conserve, et d'attirer Dieu vers lui ; c'est pourquoi, dans le moment solennel de la dernière Cène, de cette Cène féconde qui devait se renouveler sur l'autel jusqu'à la fin des temps, pour ranimer la vie dans les âmes et guérir leurs blessures, Jean fut placé auprès de Jésus lui-même, et non seulement il eut cet honneur insigne, mais dans ces derniers épanchements de l'amour du Rédempteur, ce fils de sa tendresse osa reposer sa tête sur la poitrine de l'Homme-Dieu. Ce fut alors qu'il puisa, à leur source divine, la lumière et l'amour ; et cette faveur, qui était déjà une récompense, devint le principe de deux grâces signalées qui recommandent spécialement saint Jean à l'admiration de toute l'Eglise.


Déposition avec Notre Dame et saint Jean - Panneau central.
Quentin Massys. Anvers. Flandres. XVe.

En effet, la Sagesse divine ayant voulu manifester le mystère du Verbe, et confier à l'écriture des secrets que jusqu'alors aucune plume humaine n'avait été appelée à raconter, Jean fut choisi pour ce grand œuvre. Pierre était mort sur la croix, Paul avait livré sa tête au glaive, les autres Apôtres avaient successivement scellé leur témoignage de leur sang ; Jean restait seul debout, au milieu de l'Eglise ; et déjà l'hérésie, blasphémant l'enseignement apostolique, cherchait à anéantir le Verbe divin, et ne voulait plus le reconnaître pour le Fils de Dieu, consubstantiel au Père.

Jean fut invité par les Eglises à parler, et il le fit dans un langage tout du ciel. Son divin Maître lui avait réservé, à lui, pur de toute souillure, d'écrire de sa main mortelle des mystères que ses frères n'avaient été appelés qu'à enseigner : le Verbe, Dieu éternel, et ce même Verbe fait chair pour le salut de l'homme. Par là il s'éleva, comme l'Aigle, jusqu'au divin Soleil ; il le contempla sans en être ébloui, parce que la pureté de son âme et de ses sens l'avait rendu digne d'entrer en rapport avec la Lumière incréée. Si Moïse, après avoir conversé avec le Seigneur dans la nuée, se retira de ces divins entretiens le font orné de merveilleux rayons, combien radieuse devait être la face vénérable de Jean, qui s'était appuyée sur le Cœur même de Jésus, où, comme parle l'Apôtre, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science (Col. II, 3.) ! combien lumineux ses écrits ! combien divin son enseignement ! Aussi, ce type sublime de l'Aigle montré par Ezéchiel, et confirmé par saint Jean lui-même dans sa Révélation, lui a-t-il été appliqué par l'Eglise, avec le beau nom de Théologien que lui donne toute la tradition.


Saint Jean. Alessandro Algardi. XVIIe.

A cette première récompense qui consiste dans la pénétration des mystères, le Sauveur joignit pour son bien-aimé Disciple une effusion d'amour inaccoutumée, parce que la chasteté, en désintéressant l'homme des affections grossières et égoïstes, l'élève à un amour plus pur et plus généreux. Jean avait recueilli dans son cœur les discours de Jésus : il en fit part à l'Eglise, et surtout il révéla le divin Sermon de la Cène, où s'épanche l'âme du Rédempteur, qui, ayant aimé les siens, les aima jusqu'à la fin (Johan. XIII, 1.). Il écrivit des Epîtres, et ce fut pour dire aux hommes que Dieu est amour (I Johan. IV, 8.) ; que celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu (Ibid.) ; que la charité bannit la crainte (Ibid. 18.). Jusqu'à la fin de sa vie, jusque dans les jours de son extrême vieillesse, il insista sur l'amour que les hommes se doivent les uns aux autres, à l'exemple du Dieu qui les a aimés ; et de même qu'il avait annoncé plus clairement que les autres la divinité et la splendeur du Verbe, ainsi plus que les autres se montra-t-il l'Apôtre de cette infinie charité que l'Emmanuel est venu allumer sur la terre.

Mais le Seigneur lui réservait un don véritablement digne du Disciple vierge et bien-aimé. En mourant sur la croix, Jésus laissait Marie sur la terre ; déjà, depuis plusieurs années, Joseph avait rendu son âme au Seigneur. Qui veillerait donc sur un si sacré dépôt ? qui serait digne de le recevoir ? Jésus enverrait-il ses Anges pour garder et consoler sa Mère : Car quel homme sur la terre mériterait un tel honneur ? Du haut de sa croix, le Sauveur aperçut le disciple vierge ; tout est fixé : Jean sera un fils pour Marie, Marie sera une mère pour Jean ; la chasteté du disciple l'a rendu digne de recevoir un legs si glorieux. Ainsi, suivant la belle remarque de saint Pierre Damien, " Pierre recevra en dépôt l'Eglise, Mère des hommes ; mais Jean recevra Marie, Mère de Dieu ". Il la gardera comme son bien, il remplacera auprès d'elle son divin Ami ; il l'aimera comme sa propre mère ; il en sera aimé comme un fils.

Retable de saint Jean. Panneau central. Notre Dame et son divin
Enfant avec saint Jean-Baptiste et saint Jean. Hans Memling. XVe.

Environné de tant de lumière, réchauffé par tant d'amour, nous étonnerons-nous que Jean soit devenu l'ornement de la terre, la gloire de l'Eglise ? Aussi, comptez, si vous pouvez, ses titres ; énumérez ses qualités. Parent du Christ par Marie, Apôtre, Vierge, Ami de l'Epoux, Aigle divin, Théologien sacré, Docteur de la Charité, fils de Marie, il est encore Evangéliste par le récit qu'il nous a laissé de la vie de son Maître et Ami ; Ecrivain sacré par ses trois Epîtres inspirées de l'Esprit-Saint ; Prophète par sa mystérieuse Apocalypse, qui renferme les secrets du temps et de l'éternité. Que lui a-t-il donc manqué ? La palme du Martyre ? On ne le saurait dire ; car, s'il n'a pas consommé son sacrifice, il a néanmoins bu le calice de son Maître lorsque, après une cruelle flagellation, il fut plongé dans l'huile bouillante, devant la Porte-Latine, à Rome. Jean fut donc Martyr de désir et d'intention, sinon d'effet ; et si le Seigneur, qui le voulait conserver dans son Eglise comme un monument de son estime pour la chasteté et des honneurs qu'il réserve à cette vertu arrêta miraculeusement l'effet d'un affreux supplice, le cœur de Jean n'en avait pas moins accepté le Martyre dans toute son étendue.

Tel est le compagnon d'Etienne, près du berceau dans lequel nous honorons l'Enfant divin. Si le Proto-martyr éclate par la pourpre de son sang, la blancheur virginale du fils adoptif de Marie n'est-elle pas éblouissante au-dessus de celle de la neige ? Les lis de Jean ne peuvent-ils pas marier leur innocent éclat à la vermeille splendeur des roses de la couronne d'Etienne ? Chantons donc gloire au Roi nouveau-né, dont la cour brille de si riantes et de si fraîches couleurs. Cette céleste compagnie s'est formée sous nos yeux. D'abord nous avons vu Marie et Joseph seuls dans l'étable auprès de la crèche ; l'armée des Anges a bientôt paru avec ses mélodieuses cohortes ; les bergers sont venus ensuite avec leurs cœurs humbles et simples ; puis, voici Etienne le Couronné, Jean le Disciple chéri ; et en attendant les Mages, d'autres viendront bientôt accroître l'éclat de la pompe, et réjouir de plus en plus nos cœurs. Quelle Naissance que celle de notre Dieu ! Si humble qu'elle paraisse, combien elle est divine ! Et quel Roi de la terre, quel Empereur a jamais eu autour de son splendide berceau des honneurs pareils à ceux de l'Enfant de Bethléhem ?


Saint Jean. Diego Velasquez. XVIIe.

Unissons nos hommages à ceux qu'il reçoit de tous ces heureux membres de sa cour ; et si nous avons hier ranimé notre foi, à la vue des palmes sanglantes d'Etienne, aujourd'hui réveillons en nous l'amour de la chasteté, à l'odeur des célestes parfums que nous envoient les fleurs de la virginale couronne de l'Ami du Christ.

Jean, dernier survivant de la première génération chrétienne, se trouvait à Rome au temps où la persécution de Domitien était dans son fort. Le fait paraît incontestable, seules les circonstances qui l'accompagnèrent demeurent dans le vague. Il faut donc s'en tenir à ce que nous savons et laisser dans l'oubli qu'elles méritent les fantaisies légendaires dora on a entouré le martyre du vieil apôtre. Il paraît avoir souffert vers l'endroit où exista plus tard la porte Latine, laquelle ne reçut ce nom que dans l'enceinte d'Aurélien commencée en 271. A la suite de cet événement miraculeux, l'administration romaine déporta Jean dans l'île de Patmos.


Ebouillantement de saint Jean. Bartolommeo Di Giovanni. XVe.

Jean veut dire grâce de Dieu, ou en qui est la grâce, ou auquel la grâce a été donnée, ou auquel un don a été fait de la part de Dieu.

De là quatre privilèges de saint Jean :

- Le premier fut l’amitié particulière de Notre Seigneur Jésus-Christ. En effet, le Sauveur aima saint Jean plus que les autres apôtres et lui donna de plus grandes marques d'affection et de familiarité. Il veut donc dire grâce de Dieu parce qu'il fut gracieux à Dieu. Il paraît même qu'il a été aimé plus que Pierre. Mais il y a amour de coeur et démonstration de cet amour. On trouve deux sortes de démonstrations d'amour : l’une qui consiste dans la démonstration de la familiarité, et l’autre dans les bienfaits accordés. Il aima Jean et Pierre également. Mais quant à l’amour de démonstration, il aima mieux saint Jean, et quant aux bienfaits donnés, il préféra Pierre.

- Le second privilège est la parole de la chair ; en effet, saint Jean a été choisi vierge par le Seigneur ; alors en lui est la grâce, c'est-à-dire la grâce de la pureté virginale, puisqu'il voulait se marier quand Notre Seigneur Jésus-Christ l’appela
(c'est l’opinion de Bède, Sermon des Jean ; de Rupert, Sur Saint Jean, ch. I ; de saint Thomas d'Aquin, t. II, p. 186 ; de sainte Gertrude en ses Révélations, liv. IV, c. IV.).

- Le troisième privilège, c'est la révélation des mystères : en effet, il lui a été donné de connaître beaucoup de mystères, par exemple, ce qui concerne la divinité du Verbe et la fin du monde.

- Le quatrième privilège, c'est d'avoir été chargé du soin de la mère de Dieu : alors on, peut dire qu'il a reçu un don de Dieu. Et c'était le plus grand présent que le Seigneur put faire que de lui,confier le soin de sa mère. Sa vie a été écrite par Miletus
(le livre de Miletus a été publié en dernier lieu à Leipsig, par Heine, 1848. Il est reproduit ici en majeure partie), évêque de Laodicée, et abrégée par Isidore dans son livre De la naissance, de la vie et de la mort des Saints Pères.


L'Immaculée Conception et saint Jean. El Greco. XVIe.

Jean, apôtre et évangéliste, le bien-aimé du Seigneur, avait été élu alors qu'il était encore vierge. Après la Pentecôte, et quand les apôtres se furent séparés, il partit pour l’Asie, où il fonda un grand nombre d'églises. L'empereur Domitien, qui entendit parler de lui, le fit venir et jeter dans une cuve d'huile bouillante, à la porte Latine. Il en sortit sain et entier, parce qu'il avait vécu affranchi de la corruption de la chair (Tertullien, Prescriptions, ch. XXXVI).

L'empereur ayant su que Jean n'en continuait pas moins à prêcher, le relégua en exil dans l’île inhabitée de Pathmos et où le saint écrivit l’Apocalypse. Cette année-là, l’empereur fut tué en haine de sa grande cruauté et tous ses actes furent annulés par le sénat ; en sorte que saint Jean, qui avait été bien injustement déporté dans cette île, revint à Ephèse, où il fut reçu avec grand honneur par tous les fidèles qui se pressèrent au-devant de lui en disant :
" Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur."
Il entrait dans la ville, comme on portait en terre Drusiane qui l’aimait beaucoup et qui aspirait ardemment son arrivée. Les parents, les veuves et les orphelins lui dirent :
" Saint Jean, c'est Drusiane que nous allons inhumer ; toujours elle souscrivait à vos avis, et nous nourrissait tous ; elle souhaitait vivement votre arrivée, en disant " Ô si j'avais le bonheur de voir l’apôtre de Dieu avant de mourir !" Voici que vous arrivez et elle n'a pu vous voir."
Alors Jean ordonna de déposer le brancard et de délier le cadavre :
" Drusiane, dit-il, que mon Seigneur Jésus-Christ te ressuscite, lève-toi, va dans ta maison et me prépare de la nourriture."
Elle se leva aussitôt, et s'empressa d'exécuter l’ordre de l’apôtre, tellement qu'il. lui semblait qu'il l’avait réveillée et non pas ressuscitée.


Saint Jean et la coupe de Poison. Alonso Cano. XVIIe.

Le lendemain, Craton le philosophe convoqua le peuple sur la place, pour lui apprendre comment on devait mépriser ce monde. Il avait fait acheter à deux frères très riches, du produit de leur patrimoine, des pierres précieuses qu'il fit briser en présence de l’assemblée.
L'apôtre vint à passer par là et appelant le philosophe auprès de lui, il condamna cette manière de mépriser le monde par trois raisons :
1. il est loué par les hommes, mais il est réprouvé par le jugement de Dieu ;
2. ce mépris ne guérit pas le vice ; il est donc inutile, comme est inutile le médicament qui ne guérit point le malade ;
3. ce mépris est méritoire pour celui qui donne ses biens aux pauvres. Comme le Seigneur dit au jeune homme :
" Allez vendre tout ce que vous avez et le donnez aux pauvres." Craton lui dit :
" Si vraiment ton Dieu est le maître, et qu'il veuille que le prix de ces pierreries soit donné aux pauvres, fais qu'elles redeviennent entières, afin que, de ta part, cette oeuvre tourne à sa gloire, comme j'ai agi pour obtenir de la renommée auprès des. hommes."

Alors saint Jean, rassemblant dans sa main les fragments de ces pierres, fit une prière, et elles redevinrent entières comme devant. Aussitôt le philosophe ainsi que les deux jeunes gens crurent, et vendirent les pierreries, dont ils distribuèrent le prix aux pauvres.

Deux, autres jeunes tiens d'une famille honorable imitèrent l’exemple des précédents, vendirent tout ce qu'ils avaient, et après l’avoir donné aux pauvres, ils suivirent l’apôtre. Mais un jour qu'ils voyaient leurs serviteurs revêtus de riches et brillants vêtements, tandis qu'il ne leur restait qu'un seul habit, ils furent pris de tristesse. Saint Jean, qui s'en aperçut à leur physionomie, envoya chercher sur le bord de la mer des bâtons et des cailloux qu'il changea en or et en pierres fines. Par l’ordre de l’apôtre, ils les montrèrent pendant sept jours à tous les orfèvres et à tous les lapidaires ; à leur retour ils racontèrent que ceux-ci n'avaient jamais vu d'or plus pur ni des, pierreries si précieuses ; et il leur dit :
" Allez racheter vos terres que vous avez vendues, parce que vous avez perdu les richesses du ciel ; brillez comme des fleurs afin de vous faner comme elles ; soyez riches dans le temps pour que vous soyez mendiants dans l’éternité."


Saint Jean à Patmos. Grandes heures d'Etienne Chevalier.
Jean Fouquet. XVe.

Alors l’apôtre parla plus souvent encore contre les richesses, et montra que pour six raisons, nous devions être préservés de l’appétit immodéré de la fortune :
- la première tirée de l’Ecriture, dans le récit du riche en sa table que Dieu réprouva, et du pauvre Lazare que Dieu élut ;
- la seconde puisée dans la nature, qui nous fait venir pauvres et nus, et mourir sans richesses ;
- la troisième prise de la créature : le soleil, la lune, les astres, la pluie, l’air étant communs à tous et partagés entre tous sans préférence, tous les biens devraient donc être en commun chez les hommes ;
- la quatrième, est la fortune. Il dit alors que le riche devient l’esclave de l’argent et du diable ; de l’argent, parce qu'il ne possède pas les richesses, mais que ce sont elles qui le possèdent ; du diable, parce que, d'après l’évangile, celui qui aime l’argent est l’esclave de Mammon ;
- la cinquième est l’inquiétude : ceux qui possèdent ont jour et nuit des soucis, soit pour acquérir, soit pour conserver ;
- la sixième, ce sont les risques et périls auxquels sont exposées les richesses ; d'où résultent deux sortes de maux : ici-bas, l’orgueil ; dans l’éternité, la damnation éternelle : perte de deux sortes de biens : ceux de la grâce, dans la vie présente ceux de la gloire éternelle, dans la vie future.


Saint Jean à Patmos. Hans Baldung. XVIe.

Au milieu de cette discussion contre les richesses, voici, qu'on portait en terre un jeune homme mort trente jours après son mariage. Sa mère, sa veuve et les autres qui le pleuraient, vinrent se jeter aux pieds de l’apôtre et le prier de le ressusciter comme Drusiane au nom du Seigneur. Après avoir pleuré beaucoup et avoir prié, Jean ressuscita à l'l’instant le jeune homme auquel il ordonna de raconter à ces deux disciples quel châtiment ils avaient encouru et quelle gloire ils avaient perdue. Celui-ci raconta alors bien des faits, qu'il, avait vus sur la gloire du paradis, et sur les peines de l’enfer.
Et il ajouta :
" Malheureux que vous êtes, j'ai vu vos anges dans les pleurs et les démons dans la joie ; puis il leur dit, qu'ils avaient perdu les palais éternels construits des pierreries brillantes, resplendissant d'une clarté merveilleuse, remplis de banquets copieux, pleins de délices, et d'une joie, d'une gloire interminables."

Il raconta huit peines de l’enfer qui sont renfermées dans ces deux vers :
" Vers et ténèbres, tourment, froid et feu,
Présence du démon, foule de criminels, pleurs."


Alors celui qui avait été ressuscité se joignit aux deux disciples qui se prosternèrent aux pieds de l’apôtre et le conjurèrent de leur faire miséricorde.
L'apôtre leur dit :
" Faites pénitence trente jours pendant lesquels priez que ces bâtons et ces pierres reviennent dans leur état naturel."
Quand ils eurent exécuté cet ordre, il leur dit :
" Allez porter ces bâtons et ces pierres où vous les avez pris."

Ils le firent ; les bâtons et les pierres redevinrent alors ce qu'ils étaient, et les jeunes gens recouvrèrent la grâce de toutes les vertus, qu'ils avaient possédées auparavant.


Saint Jean à Patmos. Jérôme Bosch. XVe.

Après que Jean eut prêché par toute l’Asie, les adorateurs de Jules excitèrent une sédition parmi le peuple et traînèrent le saint à un temple de Diane pour le forcer à sacrifier. Jean leur proposa cette alternative ou qu'en invoquant Diane, ils fissent crouler l’église de Notre Seigneur Jésus-Christ, et qu'alors il sacrifierait aux idoles ; ou qu'après avoir lui-même invoqué Notre Seigneur Jésus-Christ, il renverserait le temple de Diane et alors eux-mêmes crussent en Notre Seigneur Jésus-Christ.
La majorité accueillit la proposition et tous sortirent du temple ; l’apôtre fit sa prière et le temple croula jusque dans ses fondations et l’image de Diane fut réduite en pièces.
Mais le pontife des idoles, Aristodème, excita une affreuse sédition dans le peuple ; une partie se préparait à se ruer contre l’autre. L'apôtre lui dit :
" Que veux-tu que je fasse pour te fléchir ?
- Si tu veux, répondit Aristodème, que je croie en ton Dieu, je te donnerai du poison à boire, et si tu n'en ressens pas les atteintes, ton Seigneur sera évidemment le vrai Dieu."

L'apôtre reprit :
" Fais ce que tu voudras.
- Je veux, dit Aristodème, que tu en voies mourir d'autres auparavant afin que ta crainte augmente."

Aristodème alla demander au proconsul deux condamnés à mort, auxquels, en présence de tous, il donna du poison. A peine l’eurent-ils pris qu'ils rendirent l’âme.
Alors l’apôtre prit la coupe et se fortifiant du signe de la croix, il avala tout le poison sans éprouver aucun mal, ce qui porta tous les assistants à louer Dieu.
Aristodème dit encore :
" Il me reste un doute, mais si tu ressuscites ceux qui sont morts du poison, je croirai indubitablement."
Alors l’apôtre lui donna sa tunique :
" Pourquoi, lui dit-il, m’as-tu donné ta tunique ?
- C'est, lui répondit saint Jean, afin que tu sois tellement confus que tu brises avec ton infidélité.
- Est-ce que ta tunique me fera croire ?
- Va la mettre sur les corps de ceux qui sont morts et dis : " l'apôtre de Notre Seigneur Jésus-Christ m’a envoyé vers vous pour vous ressusciter " au nom de Jésus-Christ "."

Il l’eut à peine fait que sur-le-champ ils ressuscitèrent.
Alors l’apôtre baptisa au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ le pontife et le proconsul qui crurent, eux et toute leur famille ; ils élevèrent ensuite une église en l’honneur de saint Jean.


Saint Jean à Patmos. Hans Burgkmair. XVIe.

Saint Clément d'Alexandrie rapporte, dans le IVe livre de l’Histoire ecclésiastique (Clément d'Alexandrie, Quis dives, ch. XLII ; Eusèbe, l. III., ch. XXIII ; Saint Chrysostome, ad Theodos lapsum, liv. I, ch. II.), que l’apôtre convertit un jeune homme beau, mais fier, et le confia à un évêque à titre de dépôt. Peu de temps après, le jeune homme abandonne l’évêque et se met à la-tête d'une bande de voleurs. Or quand l’apôtre revint, il réclama son dépôt à l’évêque.
Celui-ci croit qu'il est question d'argent et reste assez étonné. L'apôtre lui dit :
" C'est ce jeune homme que je vous réclame ; c'est celui que je vous avais recommandé d'une manière si pressante.
- Père saint, répondit l’évêque, il est mort quant à l’âme et il reste sur une telle montagne avec des larrons dont il est lui-même le chef."

En entendant ces paroles, saint Jean déchire ses vêtements, se frappe la tête avec les poings :
" J'ai trouvé là un bon gardien de l’âme d'un frère, ajouta-t-il !"
Il se fait aussitôt préparer un cheval et court avec intrépidité vers la montagne. Le jeune homme, l’ayant reconnu, fut couvert de honte et s'enfuit aussitôt sur son cheval.
L'apôtre oublie son âge, pique son coursier de ses éperons et crie après le fuyard :
" Bien-aimé fils, qu'as-tu à fuir devant un père et un vieillard sans défense ? Ne crains pas, mon fils ; je rendrai compte de toi à Notre Seigneur Jésus-Christ, et bien certainement je mourrai volontiers pour toi, comme Notre Seigneur Jésus-Christ est mort pour nous. Reviens, mon fils, reviens ; c'est le Seigneur qui m’envoie."
En entendant cela, le brigand fut tout contrit, revint et pleura à chaudes larmes. L'apôtre se jeta à ses pieds et se mit à embrasser sa main comme si elle eût déjà été purifiée par la pénitence : il jeûna et pria pour lui, obtint sa grâce et par la suite il l’ordonna évêque.


Vision de saint Jean. Jacobello Alberegno. XIVe.

On lit encore dans l’Histoire ecclésiastique (Eusèbe, liv. IV, ch. XIV ; Saint Irénée, Advers. Haeres, liv. III, ch. III ; Théodor., liv. II.) et dans la glose sur la seconde épître canonique de saint Jean, que ce saint étant entré à Ephèse pour prendre un bain, il y vit Cérinthe l’hérétique et qu'il se retira vite en disant :
" Fuyons d'ici, de peur que l’établissement ne croule sur nous ; Cérinthe, l’ennemi de la vérité, s'y baigne."

Cassien (XXIVe conférence, ch. XXI.), au livre de ses conférences, raconte qu'un homme apporta une perdrix vivante à saint Jean. Le saint la caressait et la flattait pour l’apprivoiser. Un enfant témoin de cela dit en riant à ses camarades :
" Voyez comme ce vieillard joue avec un petit oiseau comme ferait un enfant."
Saint Jean devina ce qui se passait, appela l’enfant qui lui dit :
" C'est donc vous qui êtes Jean qui faites cela et qu'on dit si saint ?"
Jean lui demanda ce qu'il tenait à la main. Il lui, répondit qu'il avait un arc :
" Et qu'en fais-tu ?
- C'est pour tuer des oiseaux et des bêtes.
- Comment ?"

Alors l’enfant banda son arc et le tint ainsi à la main. Comme l’apôtre ne lui disait rien, le jeune homme débanda son arc :
" Pourquoi donc, mon fils, lui dit Jean, as-tu débandé ton arc ?
- C'est que si je le tenais plus longtemps tendu, il deviendrait trop mou pour lancer les flèches."

Alors l’apôtre dit :
" Il en est de même de l’infirmité humaine, elle s'affaiblirait dans la contemplation, si en restant toujours fermement occupée, sa fragilité ne prenait pas quelques instants de relâche. Vois l’aigle ; il vole plus haut que tous les oiseaux, il regarde fixement le soleil, et cependant, par la nécessité de sa nature, il descend sur la terre. Ainsi l’esprit de l’homme, qui se relâche un peu de la contemplation, se porte avec plus d'ardeur vers les choses célestes, en renouvelant souvent ses essais."


Saint Jean. Domenico Ghirlandaio. Cathédrale de Sienne. XVe.

Saint Jérôme (Sur l'épître aux Galates) assure que saint Jean vécut à Ephèse jusqu'à une extrême vieillesse ; c'était avec, difficulté que ses disciples le portaient à bras à l’église ; il ne pouvait dire que quelques mots, et à chaque pause il répétait :
" Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres."
Enfin étonnés de ce qu’il disait toujours la même chose, les frères qui étaient avec lui, lui demandèrent :
" Maître, pourquoi répétez-vous toujours les mêmes paroles ?"
Il leur répondit que c'était le commandement du Seigneur ; et que si on l’observait, cela suffisait.

Hélinand rapporte (il est probable que le bienheureux Jacques de Voragine, auteur de ces lignes extraites de La légende dorée, possédait le commencement de la chronique d'Hélinand, dans les ouvrages duquel nous n'avons pas rencontré trace de ce fait ; on sait qu'il ne nous reste de son histoire qu'à partir de l’année 634, au livre XLV) aussi que quand saint Jean l’évangéliste entreprit d'écrire son évangile, il indiqua un jeûne par avance, afin de demander dans la prière d'écrire que son livre soit digne du sujet. Il se retira, dit-on, dans un lieu solitaire pour écrire la parole de Dieu, et qu'il pria que tandis qu'il vaquerait à ce travail, il ne fût gêné ni par la pluie ni par le vent. Les éléments, dit-on, respectent encore aujourd'hui, en ce lieu, les prières de l’apôtre.


Saint Jean. Andrea del Castagno. Fresque de
l'église Saint-Zaccharie de Venise. XVe.

A l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans et l’an soixante-sept, selon Isidore (De ortu et obitu Patrum, ch. LXXII.), après la passion du Seigneur, Notre Seigneur Jésus-Christ lui apparut avec ses disciples et lui dit :
" Viens avec moi, mon bien-aimé, il est temps de t'asseoir à ma table avec tes frères."
Jean se leva et voulut marcher. Le seigneur lui dit :
" Tu viendras auprès de moi dimanche."
Or le dimanche arrivé ; tout le peuple se réunit à l’Eglise qui avait été dédiée en son nom. Dès le chant des oiseaux, il se mit à prêcher, exhorta les chrétiens à être fermes dans la foi et fervents à pratiquer les commandements de Dieu. Puis il fit creuser une fosse carrée vis-à-vis l’autel et en jeter la terre hors de l’église. Il descendit dans la fosse, et les bras étendus, il dit à Dieu :
" Seigneur Jésus-Christ, vous m’avez invité à votre festin ; je viens vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait ; je sais que c'est de tout coeur, que j'ai soupiré après vous."
Sa prière finie, il fut environné d'une si grande lumière que personne ne put le regarder. Quand la lumière eut disparu, on trouva la fosse pleine de manne, et jusqu'aujourd'hui il se forme de la manne en ce lieu, de telle sorte qu'au fond de la fosse, il paraît sourdre un sable fin comme on voit l’eau jaillir d'une fontaine (saint Augustin, sur Saint Jean, homélie 424 ; Grégoire de Tours, Gloria M., liv. I, ch. XXX ; Itinerarium Willebaudi, en l’an 745).


Saint Jean à Patmos. Alonso Cano. XVIIe.

Saint Edmond, roi d'Angleterre, n'a jamais rien refusé à quelqu'un qui lui adressait une demande au nom de saint Jean l’Evangéliste. Un pèlerin lui demanda donc un jour l’aumône avec importunité au nom de saint Jean l’évangéliste ; alors que son camérier était absent. Le roi ; qui n'avait rien sous la main qu'un anneau de prix le lui donna. Plusieurs jours après, un soldat anglais, qui était outre-mer, fut chargé de remettre au roi l’anneau de la part du même pèlerin qui lui dit :
" Celui à qui et pour l’amour duquel vous avez donné cet anneau, vous le renvoie."
On vit clairement par là que c'était saint Jean qui lui était apparu sous la figure d'un pèlerin. Isidore, dans son livre De la naissance, de la vie et de la mort des Saints Pères, dit ces mots :
" Jean a changé en or les branches d'arbres des forêts, les pierres du rivage en pierreries, des fragments de perles cassées redevinrent entières ; à son ordre une veuve fut ressuscitée ; il fit rappeler l’âme dans le corps d'un jeune homme ; il but un poison mortel et échappa au danger, enfin il rendit à la vie ceux qui avaient bu de ce poison et qui avaient été tués."

Rq : On se procurera la remarquable biographie que Mgr Baunard a consacré à saint Jean. En attendant bien sûr que l'excellente bibliothèque Saint-Libère la mette un jour à disposition.

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mardi, 28 novembre 2023

28 novembre. Saint Jacques de la Marche, Franciscain. 1476.

- Saint Jacques de la Marche, Franciscain. 1476.

Pape : Sixte IV. Roi de France : Louis XI. Empereur romain germanique : Frédéric III de Habsbourg. Roi d'Aragon, de Castille, de Léon, de Naples, etc. : Ferdinand II d'Aragon.

" Le trésor des vertus doit être enfermé dans l'arche du coeur avec la clef de l'humilité."
Saint Bonaventure.


Saint Jacques de la Marche. Francisco de Zurbaran. XVIIe.

Ce grand religieux était originaire de la Marche d'Ancône ; il naquit à Mont-Brandon en 1386. Son berceau fut entouré d'une vive lumière qui présageait d'une manière évidente son glorieux avenir. Quand il fut en âge de choisir un état de vie, sa première pensée fut de se faire Chartreux : mais quelques relations qu'il eut avec les Franciscains le décidèrent à entrer dans leur Ordre. Il fut, dès son noviciat, le modèle des vertus héroïques. Il ne donnait que trois heures au sommeil et passait le reste de la nuit à prier au pied du crucifix, pendant que des larmes inondaient son visage.

C'est dans la méditation des souffrances de son Sauveur qu'il puisa cette énergie surhumaine dont il montra de si beaux exemples durant ses courses apostoliques. Jamais il ne mangeait de viande ; un peu de pain et quelques herbes étaient sa nourriture. Tous les jours il se donnait la discipline jusqu'au sang, et, pendant dix-huit ans, il porta sur sa chair nue un cilice avec une cotte de mailles armée de pointes de fer aiguës. Telle fut la préparation de l'apôtre.

Réception de saint Jacques de la Marche dans l'Ordre de
Saint-François. Cesare Peruzzi di Montelupone. 1926.

Ces austérités lui ruinèrent tellement la santé qu'il se vit atteint de quatorze maladies différentes, toutes très douloureuse, comme la pierre, la goutte, le mal d'estomac, etc. Mais il endurait tous ces maux avec une patience héroïque, sans s'exempter pour cela de dire la messe, ni d'assister au choeur, ni de réciter la couronne de Notre-Dame, ni de faire ses autres exercices de dévotion et même de pratiquer les pénitences qui les luia vaient causés. La seule peine qu'il ressentait, c'était de ne pouvoir s'appliquer à la prédication, qui était l'unique emploi qu'il désirait dans son Ordre. Il alla pour cela à Notre-Dame de Lorette, y célébra les saints mystères, et, après la consécration, cette puissante avocate lui apparut et l'assura que sa prière avait été exaucée.


Saint Jacques de la Marche. Couvent Saint-Jacques apôtre.
La Romita. Italie. XVIe.

En effet, il prêcha depuis avec tant de ferveur et d'onction, qu'il ne montait jamais en chaire sans toucher les coeurs les plus endurcis et sans faire des conversions insignes et toutes miraculeuses ?

Prêchant un jour à Milan sur saint Marie-Magdeleine, il parla si fortement contre le vice de l'impureté, qu'à la fin de son sermon trente-six courtisanes renoncèrent à leur infâme commerce et résolurent de mener une vie pénitente.

Son ardeur et le poids décisif de ses paroles firent qu'il fut associé à saint Jean de Capistran pour prêcher la croisade contre les Turcs, qui, étant devenus les maîtres de Constantinople, remplissaient de terreur toute la chrétienté.


Saint Jacques prêchant. E. Tegli. XVIIIe.

Il eut d'immenses succès, en Allemagne, contre les hérétiques ; dans une seule ville, deux cents jeunes gens, entraînés par ses exemples embrassèrent la vie religieuse. Une fois, les hérétiques tentèrent de l'empoisonner ; mais voyant le plat se briser, au seul signe de la Croix fait par le Saint, ils s'écrièrent : " Le doigt de Dieu est là !", et ils se convertirent.

Il consacra près de treize ans à parcourir les provinces du Nord, en trois différents voyages qu'il fit par les ordres d'Eugène IV, de Nicolas V et de Calixte III. Il alla entre autres en Allemagne, en Dalmatie, en Pologne, en Norvège et en Danemark. Dans ce pays, il administra le Baptême à deux cent mille personnes.

La Bohème était la proie de l'hérésie. A Prague, les hérétiques, pleins d'admiration pour l'éloquence de l'apôtre, lui promirent de se convertir s'il faisait un miracle. Après avoir invoqué Dieu et fait le signe de la Croix, il avala un breuvage empoisonné sans en ressentir aucun mauvais effet.


Saint Jacques de la Marche entrant à Prague avec
l'empereur Sigismond. Cesare Peruzzi. 1926.

Callixte III le rappela un temps pour en faire l'inquisiteur général contre les hérésies qui nâvraient une partie de l'Italie, et en particulier celle de ceux que l'on appelaient les Frérots, qui, sous le masque de la piété, enseignaient une doctrine très perverse et proche du manichéïsme. Il s'acquitta avec succès de cette fonction et une foule de personnes, touchées par ses paroles, convaincues par les miracles que Notre Seigneur faisait par son intercession, détestèrent leurs erreurs et rentrèrent dans le sein de l'Eglise.

Un jour, ayant affaire à un batelier qui refusait de lui faire traverser le Pô, Jacques n'hésita pas, étendit son manteau sur le fleuve et vogua heureusement vers l'autre rive.


La tentative d'attentat sur saint Jacques de la Marche. E. Tegli. XVIIIe.

Un autre jour qu'il avait combattu avec véhémence le vice de l'impureté, un auditeur, qui s'était cru visé personnellement, alla se poster sur son passage, dans un sanctuaire dédié à Marie, pour l'assassiner ; mais il entendit une voix irritée qui lui cria :
" Malheureux ! Que fais-tu en Ma présence ? Tu veux faire mourir Mon serviteur et le serviteur de Mon Fils !"
Le coupable, demi-mort de peur, renonça à son criminel dessein.
L'un des prodiges les plus étonnants de l'illustre apôtre fut la découverte et la résurrection d'un enfant assassiné par un juif et coupé en morceaux.


Notre Dame approuve les écrits de saint Jacques de la Marche sur
l'Immaculée Conception. Atanasio Favini. XVIIIe.

Après avoir parcouru une partie de l'Italie, il arriva enfin à Rome, où il fut honorablement reçu par le pape Paul II, qui avait succéder à Calixte III et à Pie II.

Dans une visite qu'il fit au cardinal de Savone, qui avait été génral de son Ordre, comme il parlait d'un traité qu'il avait fait sur la Conception de Jésus-Christ, une imege de la sainte Voerge Marie baissa la tête à la vue de tous les assistants, pour témoignange de la vérité de tout ce qu'il avait écrit sur le sujet.

Ayant le don de prophétie, il prédit au cardinal de Savone qu'il serait élevé au souverain Pontificat ; ce qui arriva bientôt après, car François de Savone succéda à Paul II sous le nom de Sixte IV.

Saint Jacques de la Marche présente ses travaux sur l'Immaculée
Conception au cardinal de Savone. Une image de la très sainte
Vierge Marie les approuve... Alessandro Ricci. XVIIIe.

La réputation d'un si saint homme fit que Ferdinand, roi de Naples, souhaita de le posséder dans ses états. Il le fit donc prier par le duc de Calabre, son fils, de s'y transporter ; et, sur ce qu'il s'en excusa, à cause de son âge et de ses infirmités, il eut recours au pape, à qui il savait bien que notre saint ne manquerait pas d'obéir.

Lorsqu'il fut à Naples, il eut la révélation qu'il y finirait ses jours. Il ne se retira pas au couvent de l'Observance de la ville, appelé Notre-Dame la Neuve, de peur d'y être accablé de visites, mais à celui qui est hors de la ville, où il espérait trouver un peu plus de solitude. Il n'en sortait que pour aller travailler au salut des âmes par la prédication et par les autres fonctions évangéliques. Il fit plusieurs miracles dans ce royaume. On dit même qu'il délivra le roi de la mort et qu'il guérit le duc de Calabre d'une maladie dangereuse.


Mort de saint Jacques.E. Tegli. XVIIIe.

Enfin, étant âgé de 90 ans, dont il avait passé 70 dans l'observance inviolable de sa Règle, il fut violemment attaqué d'une maladie à laquelle il était sujet, et, après en avoir souffert quelques jours les douleurs aigües avec une patience invincible et s'être muni des sacrements de l'Eglise, il perdit tout à coup ses forces dans des transports d'amour par lesquels tout son corps semblait se vouloir élancer vers le ciel. Ce fut au milieu de ces efforts dignes d'une âme déjà toute céleste qu'il rendit son esprit à Dieu le 28 novembre 1476.


Saint Jacques de la Marche. Giovanni Francesco Guerrieri. XVIIe.

Saint Jacques de la Marche est représenté :
1. en tenant un calice où se voit un serpent ou dragon, pour indiquer qu'il fut préservé des atteintes d'un breuvage empoisonné ;
2. discutant avec un le cardinal de Savone sur le mystère de l'Incarnation.

CULTE ET RELIQUES

Son corps, qui était demeuré plusieurs jours aussi beau, aussi éclatant et aussi vermeil que s'il avait été peint, fut enfin enterré à Naples, dans l'église Sainte-Marie la Neuve ; mais quelque temps après, il fut levé de terre et exposé à la vénération des fidèles par la permission du pape Sixte IV.

La ville de Naples l'a mis au nombre de ses saints patrons, et Urbain VIII a accordé à tout l'Ordre de saint François d'en faire l'office comme d'un bienheureux confesseur.


La chapelle Saint-Jacques où se conserve son corps incorrompu.
Monteprandone. Marche d'Ancône.

Il s'est fait beaucoup de miracles, non seulement à son tombeau, mais aussi en divers lieux, par le mérite de son intercession. Des possédés ont été délivrés, des malades guéris, des aveugles illuminés, et même des morts ressuscités.

L'an 1631, le mont Vésuve ayant jeté des flammes qui menaçaient la ville de Naples d'un incendie général, des foules considérables virent en l'air, par deux fois, ce bienheureux vieillard repousser ce feu dévorant et protéger la ville d'un si grand danger [nous rappelons au(x) sceptique(s) qu'à l'occasion des apparitions de Notre Dame à Fatima, une foule considérable de plus de dix milles personnes vit le soleil danser dans le ciel].


Le corps incorrompu de saint Jacques de la Marche. Sanctuaire
Saint-Jacques de la Marche. Monteprandone. Marche d'Ancône.

Il fut canonisé en 1726 par Benoît XIII, qui avait été témoin occulaire d'un miracle opéré par son intercession.

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