lundi, 16 juin 2025
16 juin. Saint Cyr et sainte Julitte, martyrs, patrons du diocèse de Nevers. 304.
- Saint Cyr et sainte Julitte, martyrs, patrons du diocèse de Nevers. 304.
Pape : Saint Marcelin. Empereur romain d'Orient : Dioclétien. Empereur romain d'Occident : Maximilien-Hercule.
" Martyrum appellatur tam corona quam baptisma quia baptisat pariter et coronat."
" Le martyre est appelé à la fois et couronne et baptême, parce qu'il baptise et couronne également."
Saint Cyprien. De singular. cleric. Ch. XX.

Martyre de saint Cyr et sainte Julitte.
Toutes les Églises d'Orient, dans les diverses langues de leurs Liturgies, célèbrent la gloire de Julitte et de Cyr ; elles exaltent la dualité sainte du fils et de la mère contenant en soi le culte parfait de la Trinité souveraine (Sticheron Byzantii, ad diem XV Julii.). Car l'offrande de cette mère et de son fils s'unit d'elle-même au Sacrifice du Fils de Dieu : ce sont bien, en effet, les droits de la Trinité sainte, droits résultant pour tout chrétien du premier sacrement, droits absolus sur le corps et sur l'âme des plus petits eux-mêmes, que confessèrent et consacrèrent dans le sang de leur commune oblation sainte Julitte et saint Cyr. Saint Vite, hier déjà, rappelait au monde une vérité qu'oublieraient facilement nos générations dépourvues de science encore plus que d'amour : la paternité de Dieu, plus entière que toute autre, l'emporte aussi sur toutes dans les devoirs qu'elle impose à ses fils. L'enseignement s'accentue aujourd'hui, et il s'adresse aux parents tout d'abord.
Icône, patrie de Thècle la protomartyre, fut aussi celle de Julitte : fleur nouvelle, née de la tige des anciens rois, et dont l'éclat devait assurer à sa ville natale une plus durable renommée que tous les hauts faits de ces princes. Toutefois, comme si la cité d'Icône eût voulu reconnaître ainsi le bienfait de l’Évangile, qu'elle tenait directement du Docteur des nations, ce fut Tarse, patrie de Paul, qui reçut le témoignage de Julitte en son martyre
L'illustration que tirait de ses aïeux la descendante des rois de Lycaonie, n'était rien pour elle auprès de la noblesse qui lui venait de Jésus-Christ ; le titre de chrétienne est le seul qu'elle fera valoir devant les bourreaux, au grand jour de son triomphe. Ses biens de fortune étaient considérables ; mais les richesses de ce monde, qui n'avaient jamais captivé sa pensée, la retenaient bien moins encore depuis que Dieu l'avait visitée en lui donnant un fils. Tous les trésors réunis n'étaient pas comparables à celui qu'elle portait dans ses bras, à cet enfant confié par le Seigneur aux soins de son maternel amour. Le baptême n'avait-il pas fait de ce corps si frêle le temple de l'Esprit-Saint ?

Eglise Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte.
Cette âme candide n'était-elle pas l'objet des complaisances du Père, qui retrouvait inaltérés dans sa suave innocence les traits mêmes de son Fils bien-aimé ? Aussi de quelle ineffable tendresse, de quelle vigilance toute religieuse la mère n'entourait-elle pas cette plante délicate, qui continuait de puiser la vie dans son sein, et s'y développait aux doux rayons du Soleil de justice ! Elle n'était pas de celles en effet qui. sans raison, livrent à d'autres le soin de nourrir le fruit que leur sein a porté : comme si la nature ne répugnait pas à cette substitution, trop souvent désastreuse pour le corps ou l'âme même de ces êtres si tendres ; comme si, surtout, le devoir incommunicable des mères chrétiennes et leur glorieux privilège n'était pas d'épier chez l'enfant, pour les tourner à Dieu, le premier éveil de l'intelligence, le premier mouvement de sa volonté. Julitte était heureuse ; car elle sentait que Dieu bénissait le cher labeur qui désormais remplissait sa vie. Le lait qu'elle donnait avec tant d'amour imprégnait en son fils la mâle fierté de sa race, qui déjà ne se laissait dominer que par le nom du Seigneur Jésus. Rome, la conquérante, en rit bientôt l'épreuve et fut vaincue.
L'atroce persécution de Dioclétien bouleversait la terre, et venait d'afficher dans Icône ses édits sanglants. Julitte, qui ne craignait rien pour elle, redouta pour Cvr les maîtres païens qui l'auraient remplacée si la tourmente l'eût enlevée sans lui de ce monde. Elle sacrifia tout au devoir majeur de préserver l'âme de l'enfant dont elle avait la garde. Sans balancer, elle fuit vers une terre étrangère, laissant patrie, famille, richesses, emportant le seul bien qui la rattache à la vie. Deux servantes qui par dévouement suivent ses pas, ne peuvent la décider à se décharger sur elles de son précieux fardeau. Quand Dieu, qui veut donner à ses anges un spectacle digne d'eux, permet qu'elle tombe aux mains des persécuteurs, ils la trouvent portant toujours son fils ; inséparables, Julitte et Cyr paraissent tous deux aux pieds du juge qui va les couronner ensemble.
On lira plus loin l'admirable scène qui alors honora la terre et ravit le ciel. Rien de plus authentique que tous les détails de ce récit, admis par Dom Ruinart dans la collection de ses Actes sincères. Mais rappelons-nous que celui-là seul sait honorer les Saints en étudiant leur histoire, qui profite des leçons laissées par eux au monde. Des attentats récents doivent nous avoir appris que l'héroïsme de Julitte n'est point fait pour rester chez nous l'objet d'une admiration stérile, mais qu'il pourrait un jour servir à plusieurs d'exemple nécessaire. Le devoir ne change pas d'un siècle à l'autre ; la difficulté de le remplir, qui peut varier avec les circonstances du temps OU du lieu, n'enlève rien à l'inflexibilité de ses exigences.
N'oublions pas, d'autre part, qu'elle aussi l’Église est mère, et qu'elle a devoir et droit d'allaiter ses enfants. Contre les tyrannies qui ont cherché à séparer d'elle ses fils, ses protestations n'ont jamais manqué. S'il arrive donc qu'un coup de force arrache des bras de sa mère un enfant de l’Église, il faut qu'il sache que son devoir à lui est de prendre modèle sur le fils de Julitte. N'est-il pas, lui aussi, le fils de la colombe ? Qu'il se montre tel ; qu'il s'obstine saintement à redire la parole, l'unique parole de l’Église ; qu'il tende vers elle d'autant plus fortement et plus vivement, qu'on veut l'en éloigner davantage. Pourrait-il ne pas abhorrer les caresses odieuses de quiconque prétend remplacer sa mère ? Tout autre secours lui faisant défaut, qui ne l'approuverait de repousser, comme Cyr, par les moyens en son faible pouvoir, la main qui chercherait à perdre son corps ? Mais l'âme, en lui, est-elle donc moins précieuse?et ne devrait-il pas, au besoin, sacrifier le premier pour sauver celle-ci ?

Email et verre filé. Nevers. Bourgogne. XVIIIe.
Nous devons le penser : ce n'est pas sans une vue de l'avenir que la Providence dirigea de bonne heure vers nos contrées les précieux restes des deux martyrs. A la fin même du siècle où fut rendu leur sanglant hommage au Dieu trois fois saint, on vit saint Cyr et sainte Julitte choisir la Gaule pour patrie d'adoption : émigration fortunée, qui devait être féconde en fruits de salut pour notre pays. A peine fut apaisé le tumulte des invasions, que des sanctuaires nombreux s'élevèrent sous leur nom vénéré, attestant combien leur culte était populaire et répondait aux instincts chevaleresques des Francs. Charlemagne, délivré par Cyr du sanglier mystérieux qui se retrouve près du saint enfant dans les diverses productions de l'art chrétien, voulut lui prouver sa reconnaissance ; et c'est à dater de cette époque que l'antique cathédrale de Nevers, rebâtie parla munificence du grand empereur, fut placée sous le vocable de saint Cyr reconnu avec sa mère comme patron du diocèse entier. Le Nivernais resta fidèle à ses glorieux patrons ; quatre fois l'année, des fêtes en leur honneur allaient porter l'allégresse dans ses fraîches vallées et sur les montagnes boisées du Morvan. La principale de ces fêtes, après la solennité du présent jour, était celle qui rappelait l'arrivée bénie des reliques saintes ; elle était connue sous le nom de fête de la Susception de saint Cyr, et on la célébrait le 27 octobre.
Les diverses églises qui célèbrent aujourd'hui la fête de saint Cyr et de sainte Julitte, tirent la Légende plus ou moins développée qu'elles leur consacrent, de la lettre écrite au VIe siècle à leur sujet par Théodore, évêque d'Icône. Nous empruntons le texte suivant à l'église de Villejuif, près Paris, l'une des plus dévotes à nos deux saints martyrs et des plus riches de leurs reliques.
Le nom actuel de Villejuif ne serait, d'après plusieurs auteurs, qu'une corruption de Ville-Julitte ou Villa-Julittae.
De la Lettre de Théodore, évêque d'Icône, sur le martyre des saints Cyr et Julitte :
Julitte était issue de la souche des rois d'Icône. La persécution sévissant avec violence sous Domitien, gouverneur de Lycaonie, elle s'enfuit de sa ville natale avec deux servantes et Cyr son fils qui n'avait que trois ans. Ayant donc quitté tous ses biens qui étaient considérables, elle arriva à Séleucie. Mais elle y trouva les chrétiens encore plus tourmentés ; le préfet que Dioclétien avait établi à Séleucie, Alexandre, venait de recevoir de l'empereur un édit qui ordonnait de soumettre à tous les supplices ceux qui refuseraient de sacrifier aux idoles. Julitte partit pour Tarse. Mais, comme s'il eût voulu la poursuivre, il se trouva que le barbare Alexandre s'y rendait en même temps. Notre grande martyre Julitte fut arrêtée, portant dans ses bras son fils Cyr, d'un âge encore si tendre. Amenée au tribunal, Alexandre lui demanda son nom, sa condition, sa patrie. Elle répondit avec assurance, et, se couvrant uniquement du nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, elle dit : " Je suis Chrétienne !"
Alexandre, enflammé de colère, ordonna d'enlever l'enfant à sa mère et de le lui amener, pendant qu'on la battrait cruellement à coups de nerfs de bœuf.

Saint Cyr et sainte Julitte comparaissant devant Alexandre de Tarse.
On ne put que par la violence arracher l'enfant du sein de la généreuse mère ; de tous ses membres qu'il agitait il tendait vers sa mère, et n'en détachait point les yeux ; il fallut que les bourreaux l'apportassent au préteur. Celui-ci l'ayant reçu dans ses bras, le caressait doucement ; il s'efforçait d'arrêter ses larmes, et le plaçant sur ses genoux, cherchait à l'embrasser. Mais l'enfant, les yeux fixés sur sa mère, éloignait de lui le préteur, détournait la tête, et, s'aidant de ses petites mains, il lui égratignait le visage avec ses ongles. Enfin, comme le petit de la chaste tourterelle, imitant la voix de sa mère, le bienheureux enfant s'unit à la confession de Julitte, et crie avec elle : " Je suis Chrétien !"
En même temps il frappe de ses pieds les flancs du préteur. Furieux, le monstre (car on ne peut appeler homme celui que n'adoucit point l'innocence de cet âge) saisit l'enfant par le pied, et du haut de son siège il le jette à terre. La tête de la noble victime se brise contre les angles des degrés, la cervelle jaillit, et le tribunal entier est arrosé de sang.
Remplie d'une allégresse qui ne peut se contenir à ce spectacle, Julitte s'écrie : " Grâces vous soient rendues, Ô Seigneur, d'avoir voulu que mon fils consommât son sacrifice et reçût avant moi de votre bonté la couronne immortelle !"

Martyre de saint Cyr et sainte Julitte.
Honteux et furieux, le juge fait suspendre Julitte sur le chevalet ; par son ordre, on lui déchire violemment les côtes, et on verse sur ses pieds de la poix bouillante. Pendant l'exécution, un héraut criait : " Julitte, aie pitié de toi et sacrifie aux dieux ; redoute la triste mort qui vient de frapper ton fils."
Mais la vaillante martyre, inébranlable au milieu des tourments, criait elle-même : " Je ne sacrifie point aux démons, mais j'honore le Christ, Fils unique de Dieu, par qui le Père a crée toutes choses ; j'ai hâte de rejoindre mon enfant, pour lui être réunie dans le royaume des cieux."
Alors, poussant jusqu'au bout sa folie, le cruel juge prononça sa sentence contre celle dont il désespérait de vaincre la constance au combat : " Cette femme, y était-il dit, aura la tête tranchée par le glaive, et le corps de son fils sera traîné au lieu où l'on jette les cadavres des criminels."
Ce fut le dix-sept des calendes d'août que Julitte, l'illustre martyre, et Cyr, son glorieux fils, consommèrent par la grâce de Jésus-Christ leur triomphe. L’Église de Nevers les reconnaît pour ses Patrons, ainsi que plusieurs autres églises et monastères du royaume, entre lesquels la paroisse de Villejuif, près Paris, se glorifie de posséder une portion considérable des reliques des deux martyrs, et les entoure de la plus grande vénération.
PRIERE
" Il est comblé, votre désir, Ô Julitte ; vous avez rejoint votre enfant. Inséparables tous deux comme sur la terre, vous êtes l'ornement des cieux. Les anges vous admirent ; à la vue de cette mère et de son fils unis dans la louange du Dieu trois fois saint, ils comprennent que la production de leurs sublimes hiérarchies n'avait point épuisé la sagesse du Créateur. Épanouis à la fois sous le regard éternel, leurs neuf chœurs se communiquaient dans un ordre parfait lumière et amour ; mais rien, dans cet ensemble merveilleux, ne laissait soupçonner les rapports que le Seigneur méditait d'établir entre d'autres êtres créés également pour sa gloire. La nature humaine a sur l'ange cet avantage qu'elle imite, en se communiquant, l'essentielle relation de Dieu le Père et de son Verbe ; ce que ne font pas les plus hauts séraphins, l'homme, reprenant pour soi la parole de Dieu, peut dire à son semblable :
" Vous êtes mon fils !" (Psalm. II, 7.).
Or cette filiation, sans laquelle l'homme n'arriverait pas à la vie terrestre et caduque de ce monde inférieur, il la retrouve, non moins véritable, et pour l'éternité, dans les régions de l'ordre surnaturel ; car la nature n'est qu'une faible image des réalités qui sont le partage des élus. C'est ainsi, Ô Julitte, que vous êtes deux fois mère du saint enfant qui repose dans vos bras ; mais combien ne l'emporte pas sur la première, dans l'ordre du temps, cette seconde naissance par laquelle vous l'avez engendré à la gloire ! L'enfantement de votre martyre l'emporta, lui aussi, en douleurs ; c'est la loi de toute maternité depuis la chute : la sentence qui atteignit Eve (Gen. III, 16.) a son terrible écho dans le monde de la grâce.
Aujourd'hui, selon la parole du Seigneur, vous ne vous souvenez plus des souffrances (Johan. XVI, 21.). Le sacrifice de la mère et du fils, commencé dans l'angoisse d'une confession douloureuse, est aujourd'hui un sacrifice d'allégresse et de louange. Car votre commune oblation se poursuit au ciel : elle reste la base des relations si puissantes et si douces, où Dieu trouve sa gloire ; elle est la source des bénédictions que le Seigneur se plaît à répandre par vous sur la terre.
Puissiez-vous, Ô martyrs, hâter le retour de la vraie lumière dans cet Orient qui vous donna la vie et reçut en échange votre sang précieux ! Bénissez l'Occident, où tant d'églises célèbrent aujourd'hui votre fête. Que la France, votre seconde patrie, ressente toujours les effets d'une protection qui remonte si haut déjà dans les fastes de son histoire. Charlemagne à genoux devant Cyr, le grand empereur à vos pieds, nous révèle bien votre pouvoir, Ô fils de Julitte ; et dans nos temps, votre fidèle Église de Nevers,gardée contre toute espérance de l'invasion prussienne qui ravageait les alentours, témoigne assez la permanence de ce pouvoir protecteur remis aux mains d'un enfant par le Dieu des armées.
Aujourd'hui ce n'est point d'hostilités étrangères qu'il s'agit, mais d'épreuves plus terribles encore, et qui, pour une part bien large, rappellent les vôtres. Soutenez la foi des mères, Ô Julitte ; élevez leur christianisme à la hauteur des enseignements contenus dans vos glorieux combats. Devant la tyrannie qui s'empare de l'éducation pour perdre l'âme des petits enfants, que Cyr trouve partout des imitateurs. On en a vus déjà qui, sous l'odieuse pression de maîtres impies prétendant leur dicter des leçons condamnées par l’Église, ne savaient écrire que le Credo reçu de leur mère. Honneur à eux ! Sans nul doute, à ce spectacle vous avez tressailli, Ô Cyr, et votre regard s'est arrêté avec complaisance sur ces émules que notre siècle vous donne. Tout n'est donc pas perdu encore pour notre malheureux pays. Avec votre mère, développez toujours plus dans les enfants de l’Église ce sentiment de la sainte liberté devenue leur part au baptême : c'est elle qui, soumise à toute puissance venant de Dieu, triompha pourtant des Césars ; c'est de sa noble indépendance à l'égard de tout abus de pouvoir que dépend encore le salut de la société."
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dimanche, 15 juin 2025
Dimanche de la Très Sainte Trinité.
- Dimanche de la Très Sainte Trinité.

Sculpture votive anonyme italienne du XVe.
Dès le VIIIe siècle, le pieux et savant Alcuin, rempli de l'esprit de la sainte liturgie, comme ses écrits en font foi, crut le moment venu de rédiger une Messe votive en l'honneur du mystère de la sainte Trinité. Il paraît même y avoir été incité par un désir de l'illustre apôtre de la Germanie, saint Boniface. Cette Messe, simplement votive, n'était toutefois qu'un secours pour la piété privée, et rien n'annonçait que l'institution d'une fête en sortirait un jour. Cependant la dévotion à cette Messe s'étendit peu à peu, et nous la voyons acceptée en Allemagne par le concile de Seligenstadt, en 1022. Jean XXII, qui occupa la chaire de saint Pierre jusqu'en 1334, consomma l’œuvre par un décret dans lequel l'Eglise Romaine acceptait la fête de la Sainte-Trinité et l'étendait à toutes les Églises.

Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.
Si l'on cherche maintenant le motif qui a porté l’Église, dirigée en tout par l'Esprit-Saint, à assigner ainsi un jour spécial dans l'année pour rendre un hommage solennel à la divine Trinité, lorsque toutes nos adorations, toutes nos actions de grâces, tous nos vœux, en tout temps, montent vers elle, on le trouvera dans la modification qui s'introduisait alors sur le calendrier liturgique. Jusque vers l'an 1000, les fêtes des Saints universellement honorés y étaient très rares. Après cette époque, elles y apparaissent plus nombreuses, et il était à prévoir qu'elles s'y multiplieraient toujours davantage. Un temps devait venir où l'Office du Dimanche, qui est spécialement consacré à la sainte Trinité, céderait fréquemment la place à celui des Saints que ramène le cours de l'année. Il devenait donc nécessaire, pour légitimer en quelque sorte ce culte des serviteurs au jour consacré à la souveraine Majesté, qu'une fois du moins dans l'année, le Dimanche offrit l'expression pleine et directe de cette religion profonde que le culte tout entier de la sainte Église professe envers le souverain Seigneur, qui a daigné se révéler aux hommes dans son Unité ineffable et dans son éternelle Trinité.

Agnolo Gaddi. XIVe.
L'essence de la foi chrétienne consiste dans la connaissance et l'adoration de Dieu unique en trois personnes. C'est de ce mystère que sortent tous les autres ; et si notre foi s'en nourrit ici-bas comme de son aliment suprême, en attendant que sa vision éternelle nous ravisse dans une félicité sans fin, c'est qu'il a plu au souverain Seigneur de s'affirmer tel qu'il est à notre humble intelligence, tout en demeurant dans sa " lumière inaccessible " (I Tim., VI, 16.). La raison humaine peut arriver à connaître l'existence de Dieu comme créateur de tous les êtres, elle peut prendre une idée de ses perfections en contemplant ses œuvres ; mais la notion de l'être intime de Dieu ne pouvait arriver jusqu'à nous que parla révélation qu'il a daigné nous en faire.

Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.
Or, le Seigneur voulant nous manifester miséricordieusement son essence, afin de nous unir à lui plus étroitement et de nous préparer en quelque façon à la vue qu'il doit nous donner de lui-même lace à face dans l'éternité, nous a conduits successivement de clarté en clarté, jusqu'à ce que nous fussions suffisamment éclairés pour reconnaître et adorer l'Unité dans la Trinité et la Trinité dans l'Unité. Durant les siècles qui précèdent l'Incarnation du Verbe éternel, Dieu semble préoccupé surtout d'inculquer aux hommes l'idée de son unité ; car le polythéisme devient de plus en plus le mal du genre humain, et la notion même de la cause spirituelle et unique de toutes choses se fût éteinte sur la terre, si la bonté souveraine n'eût opéré constamment pour sa conservation.

Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
Ce n'est pas cependant que les livres de l'ancienne alliance soient entièrement muets sur les trois divines personnes, dont les ineffables relations sont éternelles en Dieu ; mais ces textes mystérieux demeuraient inaccessibles au vulgaire. tandis que, dans l’Église chrétienne, l'enfant de sept ans répond à qui l'interroge qu'en Dieu trois personnes divines n'ont qu'une même nature el qu'une même divinité. Lorsque, dans la Genèse, Dieu dit au pluriel : " Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance " (Gen., I, 26.), l'Israélite s'incline et croit, mais sans comprendre ; éclairé par la révélation complète, le chrétien adore distinctement les trois personnes dont l'action s'est exercée dans la formation de l'homme, et, la lumière de la foi développant sa pensée, il arrive sans effort à retrouver en lui-même la ressemblance divine. Puissance, intelligence, volonté : ces trois facultés sont en lui, et il n'est qu'un seul être.

De proprietatibus rerum. Barthélemy l'Anglais. Maître de Boucicaut. XVe.
Salomon dans les Proverbes, le livre de la Sagesse. l'Ecclésiastique, parle avec magnificence de la Sagesse éternelle. Son unité avec l'essence divine et sa distinction personnelle éclatent en même temps dans un langage abondant et sublime ; mais qui percera le nuage ? Isaïe a entendu la voix des Séraphins retentir autour du trône de Dieu. Ils criaient alternativement dans une jubilation éternelle :
" Saint, Saint, Saint est le Seigneur !" (Isai., VI, 3.).
Qui expliquera aux hommes ce trois fois Saint dont la louange envoie ses échos jusqu'à notre terrestre région ? Dans les Psaumes, dans les écrits prophétiques, un éclair sillonne tout à coup le ciel ; une triple splendeur a ébloui le regard de l'homme ; mais l'obscurité devient bientôt plus profonde, et le sentiment de l'unité divine demeure seul distinct au fond de l'âme, avec celui de l'incompréhensibilité de l'être souverain.

Détail d'un dyptique franc en ivoire du XVIe.
Il fallait que la plénitude des temps fût accomplie ; alors Dieu enverrait en ce monde son Fils unique engendré de lui éternellement. Il a accompli ce dessein de sa divine munificence, " et le Verbe fait chair a habité parmi nous " (Johan., I, 14.). En voyant sa gloire, qui est celle du Fils unique du Père (Ibid.), nous avons connu qu'en Dieu il y a Père et Fils. La mission du Fils sur la terre, en nous le révélant lui-même, nous apprenait que Dieu est Père éternellement ; car tout ce qui est en Dieu est éternel. Sans cette révélation miséricordieuse qui anticipe pour nous sur la lumière que nous attendons après cette vie, notre connaissance de Dieu serait demeurée par trop imparfaite. Il convenait qu'il y eût enfin relation entre la lumière de la foi et celle de la vision qui nous est réservée, et il ne suffisait plus à l'homme de savoir que Dieu est un.

Heures à l'usage de Paris. XVe.
Maintenant nous connaissons le Père, duquel, comme nous dit l'Apôtre, dérive toute paternité même sur la terre (Eph., III, 15.). Pour nous, le Père n'est plus seulement un pouvoir créateur produisant les eues en dehors de lui ; notre oeil respectueux, conduit par la foi, pénètre jusque dans le sein de la divine essence, et là nous contemplons le Père engendrant un Fils semblable à lui-même. Mais, pour nous l'apprendre, le Fils est descendu jusqu'à nous.
Lui-même le dit expressément :
" Nul ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui il a plu au Fils de le révéler." (Matth., XI, 27.).
Gloire soit donc au Fils qui a daigné nous manifester le Père, et gloire au Père que le Fils nous a révélé !

Livre des propriétés des choses. XVe.
Ainsi la science intime de Dieu nous est venue par le Fils, que le Père, dans son amour, nous a donné (Johan., III, 16.) ; et afin d'élever nos pensées jusqu'à sa nature divine, ce Fils de Dieu, qui s'est revêtu de notre nature humaine dans son Incarnation, nous a enseigné que son Père et lui sont un (Ibid., XVII, 22.), qu'ils sont une même essence dans la distinction des personnes. L'un engendre, l'autre est engendré ; l'un s'affirme puissance, l'autre sagesse, intelligence. La puissance ne peut être sans l'intelligence, ni l'intelligence sans la puissance, dans l'être souverainement parfait ; mais l'un et l'autre appellent un troisième terme.

Psautier-hymnaire. XVIe.
Le Fils, qui a été envoyé par le Père, est monté dans les cieux avec sa nature humaine qu'il s'est unie pour l'éternité, et voici que le Père et le Fils envoient aux hommes l'Esprit qui procède de l'un et de l'autre. Par ce nouveau don, l'homme arrive à connaître que le Seigneur Dieu est en trois personnes. L'Esprit, lien éternel des deux premières, est la volonté, l'amour, dans la divine essence. En Dieu donc est la plénitude de l'être, sans commencement, sans succession, sans progrès, car rien ne lui manque. En ces trois termes éternels de sa substance incréée, il est l'acte pur et infini.

Missel à l'usage de Nantes. XVe.
La sainte Liturgie, qui a pour objet la glorification de Dieu et la commémoration de ses oeuvres, suit chaque année les phases sublimes de ces manifestations dans lesquelles le souverain Seigneur s'est déclaré tout entier à de simples mortels. Sous les sombres couleurs de l'Avent, nous avons traversé la période d'attente durant laquelle le radieux triangle laissait à peine pénétrer quelques rayons à travers le nuage. Le monde implorait un libérateur, un Messie ; et le propre Fils de Dieu devait être ce libérateur, ce Messie. Pour que nous eussions l'intelligence complète des oracles qui nous l'annonçaient, il était nécessaire qu’il fût venu. " Un petit enfant nous est né " (Isai., IX, 6.), et nous avons eu la clef des prophéties. En adorant le Fils, nous avons adoré aussi le Père, qui nous l'envoyait dans la chair, et auquel il est consubstantiel.
" Ce Verbe de vie, que nous avons vu, que nous avons entendu, que nos mains ont touché " (I Johan., I, I.) dans l'humanité qu'il avait daigné prendre, nous a convaincus qu'il est véritablement une personne, qu'il est distinct du Père, puisque l'un envoie et que l'autre est envoyé. Dans cette seconde personne divine, nous avons rencontré le médiateur qui a réuni la création à son auteur, le rédempteur de nos péchés, la lumière de nos âmes, l’Époux auquel elles aspirent.

Psautier à l'usage de Tours. XVe.
La série des mystères qui lui sont propres étant consommée, nous avons célébré la venue de l'Esprit sanctificateur, annoncé comme devant venir perfectionner l'œuvre du Fils de Dieu. Nous l'avons adoré et reconnu distinct du Père et du Fils, qui nous l'envoyaient avec la mission de demeurer avec nous (I Johan., XIV, 16.). Il s'est manifesté dans des opérations toutes divines qui lui sont propres ; car elles sont l'objet de sa venue. Il est l'âme de la sainte Église, il la maintient dans la vérité que le Fils lui a enseignée. Il est le principe de la sanctification dans nos âmes, où il veut faire sa demeure. En un mot, le mystère de la sainte Trinité est devenu pour nous, non seulement un dogme intimé à notre pensée par la révélation, mais une vérité pratiquement connue de nous par la munificence inouïe des trois divines personnes, adoptés que nous sommes par le Père, frères et cohéritiers du Fils, mus et habités par l'Esprit-Saint.
LE SYMBOLE DE SAINT ATHANASE

Statuette votive de la Très Sainte Trinité. Art franc du XVe.
Commençons par rendre gloire au Dieu unique en trois personnes, en nous unissant à la sainte Église qui, à l'Office de Prime, récite aujourd'hui, et tous les Dimanches qui ne sont pas occupés par quelque fête, le magnifique Symbole connu sous le nom de Symbole de saint Athanase, dont il reproduit avec tant de majesté et de précision la doctrine résumée des enseignements divins :
" Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique ;
Et celui qui ne l'aura pas gardée entière et inviolable, périra certainement pour l'éternité.
Or la foi catholique consiste à révérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l'Unité,
Sans confondre les personnes, ni diviser la substance.
Car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit.
Mais la divinité du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, est une : la gloire égale, la majesté coéternelle.
Tel qu'est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
Le Père est incréé, le Fils incréé, le Saint-Esprit incréé.
Immense est le Père, immense le Fils, immense le Saint-Esprit ;
Eternel le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit.
Et néanmoins il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel ;
Comme aussi ce ne sont pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé, un seul immense.
De même tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ;
Et néanmoins il n'y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ;
Et néanmoins il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu.
Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur ;
Et néanmoins il n'y a pas trois Seigneurs, mais un seul Seigneur.
Car de même que la vérité chrétienne nous oblige de confesser que chacune des trois personnes prises à part est Dieu et Seigneur : de même la religion catholique nous défend de dire trois Dieux ou trois Seigneurs.
Le Père n'est ni fait, ni créé, ni engendré d'aucun autre.
Le Fils est du Père seul : ni fait, ni créé, mais engendré.
Le Saint-Esprit est du Père et du Fils : ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
Il n'y a donc qu'un seul Père, et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Saints-Esprits.
Et dans cette Trinité il n'y a ni antérieur, ni postérieur, ni plus grand, ni moindre ; mais les trois personnes sont toutes coéternelles et égales entre elles ;
En sorte qu'en tout et partout, comme il a été dit ci-dessus, on doit révérer l'Unité en la Trinité, et la Trinité en l'Unité.
Celui donc qui veut être sauvé doit penser ainsi de la Trinité.

Psautier-hymnaire. XVIe.
Mais il est nécessaire encore pour le salut éternel, qu'il croie fidèlement l'Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.
Or la droiture de la foi consiste à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
Il est Dieu, étant engendré de la substance de son Père avant les siècles, et il est homme, étant né de la substance d'une mère dans le temps ;
Dieu parfait et homme parfait, subsistant dans une âme raisonnable et un corps d'homme,
Egal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l'humanité.
Bien qu'il soit Dieu et homme, il n'est néanmoins qu'un seul Christ, et non deux.
Il est un, non que la divinité ait été changée en l'humanité ; mais parce que Dieu a pris l'humanité et se l'est unie.
Il est un enfin, non par confusion de substance,mais par unité de personne.
Car de même que l'âme raisonnable et la chair est un seul homme, ainsi Dieu et l'homme est un seul Christ :
Qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts ;
Qui est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, et de là viendra juger les vivants et les morts ;
A l'avènement duquel tous les hommes ressusciteront avec leurs corps, et rendront compte de leurs actions personnelles :
Et ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle ; et ceux qui auront fait le mal iront dans le feu éternel.
Telle est la foi catholique, et quiconque ne la gardera pas fidèlement et fermement ne pourra être sauvé."
Admirons et méditons pieusement ces sublimes vérités et posons-nous la question de savoir si MM. Montini, Wojtila, Ratzinger, Bergoglio et consorts les croient (crurent) et les enseignent (enseignèrent).

Gandes heures d'Anne de Bretagne. Jean Bourdichon. XVIe.
A LA MESSE
Bien que le Sacrifice de la Messe soit toujours célébré en l'honneur de la sainte Trinité, l’Église aujourd'hui, dans ses chants, ses prières et ses lectures, glorifie d'une manière plus expresse le grand mystère qui est le fondement de la croyance chrétienne. On fait mémoire cependant du premier Dimanche après la Pentecôte, afin de ne pas interrompre l'ordre de la Liturgie. L’Église emploie dans cette solennité la couleur blanche, en signe d'allégresse, et pour exprimer la simplicité et la pureté de l'essence divine.
ÉPÎTRE
Lecture de l’Épitre de saint Paul aux Romains. II, 33 - 36.

Eglise de La-Trinité-des-Monts de Rome.
François-Marius Granet. XIXe.
" Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont incompréhensibles, et ses voies impénétrables ! Car qui a connu les desseins du Seigneur ? Ou qui est entré dans ses conseils ? Ou qui lui a donné quelque chose le premier, pour en prétendre récompense ? Car tout est de lui, et par lui, et en lui : à lui la gloire dans les siècles !
Ainsi soit-il."

Saint Paul. Basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs. Rome.
Nous ne pouvons arrêter notre pensée sur les conseils divins, sans éprouver une sorte de vertige. L'éternel et l'infini éblouissent notre faible raison, et cette raison en même temps les reconnaît et les confesse. Or, si les desseins de Dieu sur les créatures nous dépassent déjà, comment la nature intime de ce souverain être nous serait-elle connue ? Cependant nous distinguons et nous glorifions dans cette essence incréée lu Père, le Fils et le Saint-Esprit. C'est que le Père s'est révélé lui-même en nous envoyant son Fils, objet de son éternelle complaisance ; c'est que le Fils nous a manifesté sa personnalité en prenant notre chair, que le Père et le Saint-Esprit n'ont pas prise avec lui ; c'est que le Saint-Esprit, envoyé par le Père et le Fils, est venu remplir en nous la mission qu'il a reçue d'eux. Notre œil mortel plonge respectueusement dans ces profondeurs sacrées, et notre cœur s'attendrit en songeant que si nous connaissons Dieu, c'est par ses bienfaits qu'il a formé en nous la notion de ce qu'il est. Gardons cette foi avec amour, et attendons dans la confiance le moment où elle s'évanouira pour faire place à la vision éternelle de ce que nous aurons cru ici-bas.
ÉVANGILE
La suite du saint Évangile selon saint Matthieu. Chap. XXVIII.

Registre des procès-verbaux de la Monnaie d'Angers. XVIe.
" En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles."

Speculum animae. Valence. Espagne. XVe.
" Le mystère de la sainte Trinité manifesté par la mission du Fils de Dieu en ce monde et par la promesse de l'envoi prochain du Saint-Esprit, est intimé aux hommes dans ces solennelles paroles que Jésus prononce avant de monter au ciel. Il a dit : " Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé " (Marc, XVI, 17.) ; mais il ajoute que le baptême sera donné au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il faut désormais que l'homme confesse non plus seulement l'unité de Dieu, en abjurant le polythéisme, mais qu'il adore la Trinité des personnes dans l'unité d'essence. Le grand secret du ciel est une vérité divulguée maintenant par toute la terre.

Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.
Mais si nous confessons humblement Dieu connu tel qu'il est en lui-même, nous avons aussi à rendre l'hommage d'une éternelle reconnaissance à la glorieuse Trinité. Non seulement elle a daigné imprimer ses traits divins sur notre âme, en la faisant à sa ressemblance ; mais, dans l'ordre surnaturel, elle s'est emparée de notre être et l'a élevé à une grandeur incommensurable. Le Père nous a adoptés en son Fils incarné ; le Verbe illumine notre intelligence de sa lumière ; le Saint-Esprit nous a élus pour son habitation : c'est ce que marque la forme du saint baptême. Par ces paroles prononcées sur nous avec l'infusion de l'eau, la Trinité toute entière a pris possession de sa créature.

Registre des procès-verbaux de la Monnaie d'Angers. XVIe.
Nous rappelons cette sublime merveille chaque fois que nous invoquons les trois divines personnes en imprimant sur nous le signe de la croix. Lorsque notre dépouille mortelle sera apportée dans la maison de Dieu pour y recevoir les dernières bénédictions et les adieux de l’Église de la terre, le prêtre suppliera le Seigneur de ne pas entrer en jugement avec son serviteur ; et afin d'attirer sur ce chrétien déjà entré dans son éternité les regards de la miséricorde divine, il représentera au souverain Juge que ce membre de la race humaine " fut marqué durant sa vie du sceau de la sainte Trinité ". Vénérons en nous cette auguste empreinte ; elle sera éternelle. La réprobation même ne l'effacerait pas. Qu'elle soit donc notre espoir, notre plus beau titre, et vivons à la gloire du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il."

Heures à l'usage de Sarum et de Poitiers. XVe.
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15 juin. Ste Germaine de Pibrac, vierge, bergère. 1601.
" Dieu aime les âmes simples, Il ne dédaigne pas de leur révéler Ses mystères."
Saint Albert le Grand, De Parad. animae.
Notre sainte naquit à Pibrac, à quelques lieues de Toulouse en 1579. Son père, Laurent, était un pauvre cultivateur et sa mère s'appelait Marie Laroche. Le très peu de richesses terrestres qu'ils avaient étaient compensé par l'abondance de leur piété et de leurs mœurs honnêtes.

La mère de sainte Germaine mourut quelques temps après sa naissance. Sainte Germaine était venue au monde percluse de la main droite et elle était atteinte de scrofules.
Son père se remaria bientôt. Malheureusement, cette femme, au lieu de prendre en pitié notre sainte, lui fit une vie très cruelle. La petite orpheline devint ainsi l'objet de la haine et du mépris d'une belle-mère acariâtre et sans cœur ; la douleur, née avec elle, devait être sa compagne jusqu'à la mort. Cette pauvre ignorante fut instruite par Dieu même dans la science de la prière.

Statue de sainte Germaine.
Bergère des troupeaux de la famille, elle passait son temps en conversations avec le Ciel ; le chapelet était son seul livre ; la Sainte Vierge était sa Mère, les Anges ses amis, l'Eucharistie sa vie. Souvent on la vit agenouillée dans la neige, traversant à pied sec le ruisseau voisin sans se mouiller, pour se rendre à l'église, où elle assistait chaque jour au Saint Sacrifice et communiait souvent, pendant que ses brebis paissaient tranquilles autour de sa quenouille plantée en terre. Charitable pour les pauvres, elle leur donnait son pauvre pain noir, ne vivant guère que de l'amour de Dieu ; et, un jour, le Ciel renouvela pour elle le miracle des roses devant les yeux de son impitoyable marâtre.

Eglise Saint-Sauveur & Sainte-Marie-Magdeleine de Pibrac
A sa mort, les Anges et les Vierges célestes chantèrent au-dessus de sa maison comme en attestèrent deux religieux qui passaient près de la maison la nuit où elle retourna à Notre Père des Cieux. Quarante ans plus tard, on trouva, comme par hasard, mais providentiellement, son corps intact avec un bouquet de fleurs fraîches, sous les dalles de l'église de sa paroisse. Elle est devenue une des grandes Thaumaturges et une des Saintes les plus populaires de la France.

Basilique Sainte-Germaine Cousin à Pibrac,
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15 juin. Saint Guy (ou Vite), saint Modeste et saint Crescence, martyrs. 303.
" Les martyrs trouvent dans leur mort la récompense de leur vie."
Saint Ambroise. Orat. de fide resurr.

Saint Vit et saint Modeste. Bréviaire à l'usage de Paris. XIVe.
L'Esprit divin qui règne sur cette partie du Cycle, est avant tout le témoin du Verbe (Johan. XV, 26.). L'Homme-Dieu l'annonçait sous ce titre au monde qu'il devait laisser pour retourner à son Père, après avoir rendu lui-même son grand témoignage à la vérité souveraine (Ibid. XVIII, 37.). Formés par l'Esprit sur le type du Fils de l'homme, les fidèles sont aussi des témoins, dont la mission est de refouler le mensonge, ennemi de Dieu, en exprimant la vérité dans leurs paroles et leurs actes. Mais le témoignage suprême, qu'il n'est pas donné à tous de rendre, est celui du sang ; les martyrs sont les privilégiés de cette lutte incessante du vrai contre le faux, en laquelle se résume l'histoire. Ils ne pouvaient manquer de briller au ciel en ces jours. Bientôt l’Église va tressaillir à la naissance de Jean le Précurseur, cet homme si grand entre tous (Matth. XI, 11.), et dont la grandeur fut d'avoir été envoyé par Dieu pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière (Johan. I, 6-8.). Nous aurons alors occasion de méditer plus longuement ces pensées, auxquelles semblent vouloir nous préparer déjà les groupes joyeux de martyrs qui vont se succéder, comme pour annoncer la prochaine arrivée de l'Ami de l'Epoux (Johan. III.).
Aujourd'hui, accompagné de ses fidèles nourriciers Modeste et Crescence, c'est un enfant qui vient nous apprendre le prix du baptême, et la fidélité due contre tous au Père qui est dans les cieux. Sa gloire est grande, au ciel et sur la terre ; les démons, qui tremblaient devant lui, continuent de le craindre ; son nom reste inscrit dans la mémoire du peuple chrétien comme celui de l'un de ses plus puissants auxiliaires, à la suite de saint Elme ou Érasme, dont le commencement de ce mois nous ramenait le souvenir. Saint Vite, ou saint Gui, garde le pouvoir de délivrer ceux qui recourent à lui dans les atteintes du triste mal qui porte son nom. Il neutralise la morsure des chiens enragés, et se montre secourable aux animaux eux-mêmes. On le prie encore contre la léthargie, ou le sommeil trop prolongé ; le coq qui l'accompagne en diverses représentations rappelle cet usage, ainsi que celui d'invoquer notre saint pour obtenir d'être réveillé à une heure déterminée.

Saint Vit exorcisant un possédé. Bréviaire romain. XVe.
Vite, ou Vit ou encore Guy, était d'une illustre famille de Sicile et fils d'un seigneur nommé Hydas fort adonné aux cultes des faux dieux. Mais Vite eut pour gouverneur saint Modeste et saint Crescence qui, après l'avoir élevé dans la haine du péché et des faux dieux, acceptèrent qu'il se fît baptisé à l'insu de son père. Celui-ci, lorsqu'il l'eût appris, n'omit rien pour détacher son fils de la religion chrétienne.
L'enfant demeurant inébranlable, il le livra au juge Valérien pour être battu de verges ; mais ce fut en vain, et on le rendit à son père. Pendant que celui-ci songe à trouver de plus graves châtiments, Vite, averti par un ange, gagne l'Italie avec Modeste et Crescence qui l'avaient élevé. Là, sa sainteté acquit une telle renommée qu'elle parvint jusqu'à Dioclétien. L'empereur avait un fils tourmenté par le démon ; il fit venir le saint pour l'en délivrer ; mais cette délivrance une fois obtenue, le prince ingrat tenta d'amener par l'offre des plus grandes récompenses le libérateur de son fils au culte des faux dieux, et ne pouvant y réussir, il le fit jeter en prison chargé de chaînes, avec Modeste et Crescence.
Mais leur constance n'en fut qu'augmentée. L'empereur ordonne alors qu'on les plonge dans une chaudière remplie de plomb fondu, de poix et de résine embrasée ; mais, comme les trois enfants hébreux, ils y chantent des hymnes au Seigneur. On les retire, on les jette à un lion, qui se prosterne et lèche leurs pieds. La foule est ébranlée par ce miracle ; enflammé de colère, Dioclétien les fait étendre sur le chevalet, où leurs membres sont mis en pièces et leurs os rompus. Au même moment se produisirent des tonnerres, des éclairs et de grands tremblements de terre qui renversèrent les temples des dieux et tuèrent beaucoup de monde. Une femme noble, appelée Florence, recueillit les restes des martyrs et les ensevelit honorablement avec des parfums.

Martyres de saint Vit, saint Modeste et saint Crescence.

Saint Vit, saint Modeste et saint Crescence. Missel romain. XIVe.
Illustres saints, soyez toujours plus larges dans l'exercice de vos dons précieux, pour le bien de l’humanité souffrante et la plus grande gloire du Dieu qui vous a couronnés. Nous vous demandons pour tous avec l’Église, et par vous nous demandons à Dieu la destruction de l'orgueil qui rompt l'équilibre dans l'homme et le fait dévier de sa voie, le mépris du mal qui lui rend au contraire la liberté dans l'amour :
" Superbe non sapere, sed placita humilitate proficere, ut prava despiciens, quœcumque recta sunt libera exerceat charitate." (Collecta diei.)."
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samedi, 14 juin 2025
14 juin. Saint Basile le Grand, archevêque de Césarée, docteur de l'Eglise. 379.
St Grégoire de Naziance. Orais. fun. de saint Basile.

Saint Basile naquit à Césarée, métropole de la Cappadoce, dans la fin de l'année 329. Ses parents étaient né aussi à Césarée mais son père était originaire du Pont (Le Pont-Euxin est un dérivée du grec et signifie " Mer amicale " : il s'agit de l'autre nom de la Mer Noire) et sainte Macrine était sa grand-mère qui avait avec son mari enduré de cruels tourments pour la défense de la foi. Ses parents étaient saint Basile l'Ancien et sainte Émmélie. Ils étaient plein de piété chrétienne et Dieu les bénit en leur donnant dix enfants. Quatre garçons vécurent et trois d'entre eux fleurirent au monde par leur éminente sainteté : notre saint, saint Grégoire de Nysse et saint Pierre de Sébaste.
Doué d'un heureux génie, Basile s'éleva vite au niveau des grands hommes, non moins qu'à la hauteur des Saints :
" Il était, dit son ami Grégoire de Nazianze, au-dessus de son âge par son instruction, au-dessus de son instruction par sa vertu ; il était rhéteur avant d'avoir étudié l'art des rhéteurs, philosophe avant d'avoir étudié la philosophie, prêtre avant d'avoir reçu le sacerdoce."
Ses aptitudes universelles, sa rare modestie, ses vertus éminentes, lui conciliaient l'estime et l'admiration de tous.

A vingt-trois ans, il parut à Athènes et se lia avec Grégoire de Nazianze, au point que tous les deux ne faisaient qu'un coeur et qu'une âme. De retour en son pays, les applaudissements qu'il reçut l'exposèrent à une tentation de vaine gloire dont il fut si effrayé, qu'il embrassa l'état monastique pour y vivre dans l'oubli du monde et la pénitence ; il fonda plusieurs monastères, écrivit, pour les diriger, des ouvrages ascétiques très estimés et traça des règles de vie religieuse demeurées célèbres.
Un très léger repas par jour, un sommeil très court sur la dure, de longues veilles, un vêtement léger par les temps les plus froids, tel était l'ordinaire de ce saint austère, " dont la pâleur, dit saint Grégoire, annonçait un mort plutôt qu'un vivant ".
Basile eut à souffrir d'infirmités continuelles ; dans le temps de sa meilleure santé, dit-il lui-même, il était plus faible que ne sont les malades abandonnés des médecins. Malgré sa faiblesse, il châtiait son corps et le réduisait en servitude.

Saint Basile le Grand et l'empereur Valens.
Le zèle contre l'hérésie d'Arius le fit un jour sortir de sa retraite, et bientôt il courbait la tête sous le fardeau de l'épiscopat. Ni les intrigues, ni les menaces n'eurent jamais prise sur cette grande âme. Un préfet le mande un jour et lui enjoint d'obéir à Valens (il avait succédé à Julien l'Apostat, mort lors de son expédition en Perse en 363), sous peine de confiscation de ses biens, de l'exil, des tourments, et de mort :
" Faites-moi d'autres menaces, dit Basile, car il n'y a rien là que je puisse craindre ; le premier coup suffira pour achever mes peines ; la mort m'unira à mon Dieu."
L'empereur dut s'avouer vaincu.
Quoique le fils de Valens eût été guéri par saint Basile (il était tombé malade après que Valens eût tenté de subvertir notre saint) et que l'empereur se fût engagé à laisser le saint archevêque et son diocèse en paix, subjugué à nouveau par les hérétiques ariens, il recommença à entreprendre saint Basile puis à vouloir signer l'ordre de son exil. Les stylets de roseau qu'il prit pour signer cet arrêt se brisèrent tous, se refusant à être les instruments de l'iniquité, et Valens finit par laisser saint Basile en paix.
Le saint pontife mourut à cinquante et un ans, ne laissant pas de quoi se faire élever un tombeau de pierre.

Mort de saint Basile le Grand.
Des œuvres de saint Basile le Grand, saint Grégoire de Naziance écrivit :
" Quand je lis son traité de la Création, il me semble voir mon Créateur tirer toutes choses du néant. Quand je lis ses ouvrages contre les hérétiques, je crois voir le feu de Sodome tomber sur les ennemis de la foi et réduire en cendre leurs langues criminelles. Si je parcours son livre du Saint-Esprit, je sens en moi l'opération de Dieu, et je ne crains plus d'annoncer hautement la vérité. En lisant son explication de l'écriture sainte, je pénètre dans l'abîme le plus profond des mystères. Ses panégyriques des martyrs me font mépriser mon corps et m'inspirent une noble ardeur pour le combat. Ses discours moraux m'aident à purifier mon corps et mon âme, afin que je puisse devenir un temple digne de Dieu et un instrument propre à le louer, à le bénir et à manifester sa gloire avec sa puissance."
Ce n'est pas aux moines seulement qu'il a été dit : " Le royaume des cieux est en vous " (Luc. XVII, 21.). Vous nous apprenez (Basil. Epist. 8, al. III.) que ce royaume des cieux, cette béatitude qui déjà peut être la nôtre, est la contemplation qui nous est accessible ici-bas des réalités éternelles, non par la claire et directe vision, mais dans le miroir dont parle l'Apôtre. Quelle absurdité, ainsi que vous le dites, de ne cultiver, de ne nourrir dans l'homme que les sens affamés de matière, et de refuser au seul esprit son libre jeu et sa pâture ! L'esprit ne s'élance-t-il pas de lui-même vers les régions de l'intelligible pour lequel il est fait ? Si son essor est laborieux, c'est que les sens ont prévalu contre lui. Apprenez-nous à le guérir par la foi et l'amour, qui lui rendront l'agilité du cerf et relèveront sur les montagnes.
Répétez aux hommes de notre temps qui pourraient l'oublier, que le souci d'une foi droite n'est pas moins nécessaire à cette fin que la rectitude de la vie. Hélas ! vos fils en trop grand nombre ont oublié que tout vrai moine, tout vrai chrétien, déteste l'hérétique (Sermo de ascetic. discipl. Quomodo monachum ornari oporteat.). Bénissez d'autant mieux ceux que tant d'épreuves continues n'ont pu ébranler; multipliez les retours ; hâtez le jour heureux où l'Orient, secouant le double joug du schisme et de l'Islam, reprendra dans le bercail unique de l'unique pasteur une place qui fut si glorieuse.
Pour nous qui sommes en ce moment prosternés à vos pieds , Ô Docteur de l'Esprit-Saint, défenseur du Verbe consubstantiel au Père, faites que comme vous nous vivions toujours à la gloire de la Trinité sainte. Vous l'exprimiez dans une admirable formule : " Être baptisé dans la Trinité, croire conformément à son baptême, glorifier Dieu selon sa foi ", c'était pour vous l'essentielle base de ce que doit être le moine (Ibid.) ; mais n'est-ce pas aussi tout le chrétien ? Faites-le comprendre à tous, et bénissez-nous."
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vendredi, 13 juin 2025
13 juin. Saint Antoine de Padoue, Apôtre et thaumaturge. 1231.
- Saint Antoine de Padoue, apôtre et thaumaturge. 1231.
Papes : Célestin III ; Grégoire IX. Rois de Portugal : Sanche Ier ; Sanche II.
" Si par les mérites de saint Antoine on retrouve, quand on les a perdues, les choses qui regardent la fortune matérielle, à combien plus forte raison ne retrouvera-t-on point par son intervention celles qui regardent le salut !"

Statue de saint Antoine de Padoue.
Soulignons encore ce que dit le commentateur. Si l'on invoque à juste titre ce très grand saint pour retrouver ce que l'on a pu perdre et se réjouir des innombrables prières exaucées par sa puissante intercession, il faut pas perdre de vue que notre saint fut exceptionnel dans un nombre exceptionnel de vertus et de registres. Il prêcha, gouverna, lutta contre les hérétiques (albigeois) et les Juifs, se dévoua aux pauvres " ses maîtres ", eut pour Notre Dame une dévotion toute divine. C'est une injustice de " réduire " saint Antoine de Padoue à une piété certes honorable mais qui négligerait l'amplitude et de sa sainteté et de son intercession.
Saint Antoine de Padoue naquit en 1195, à Lisbonne, le jour de l'Assomption. Ferdinando de Bulhõnes (Bouillon) naquit dans une famille illustre et militaire. Son père était Martin de Bouillon d'une branche de la famille de Godefroy, premier Avoué du Saint-Sépulcre (roi de Jérusalem), et sa mère était Marie-Thérèse de Tavera, descente de Fruela, roi des Asturies au VIIIe siècle. Les Tavera donnèrent entre autres Dicadus de Tavera, archevêque de Séville et Jean de Tavera, cardinal-archévêque de Tolède.

Saint Antoine de Padoue. Cosme Tura. XVe siècle.
Les fonds sur lesquels le petit Ferdinand furent baptisés existent toujours dans l'église Notre-Dame de Lisbonne. Ses parents étaient d'une grande piété et ils prirent un soin remarquable de leur enfant qu'ils élevèrent dans la piété, la crainte de Dieu et dans la science. Sa vertueuse mère, par dévotion, l'avait offert au Seigneur à sa naissance. Non seulement notre saint répondait aux attentes religieuse de ses parents mais encore était-il aussi brillant que travailleur.
Il suivit des études brillantes chez les chanoines Réguliers de saint Augustin à Saint-Vincent de Fora puis au monastère de Sainte-Croix de Coimbra, un important centre d'études et de vie religieuse, où il fut ordonné prêtre.
En 1220, les restes d'un groupe de Franciscains martyrs furent ramenés du Maroc. Cet événement le conduisit à joindre l'ordre de François d'Assise, où il reçut le prénom Antoine. Il partit en mission, à sa demande, au Maroc mais dut être rapatrié en Europe dès 1221 pour des problèmes de santé. Son bateau fut dévié par les vents sur la côte de Sicile où il rencontra les frères de Messine et se rendit avec eux au Chapitre général en 1221, et passa ensuite près d'un an en retraite au couvent de Montepaolo, pratiquement isolé du reste de la communauté.
En 1222, lors de l'ordination de plusieurs franciscains, il dut prendre la parole et montra un grand talent d'orateur et d'érudit. Saint François d'Assise l'envoya alors prêcher en Italie et en France. Il prêcha et enseigna la théologie en Italie, notamment à Bologne, puis alla s'établir dans le sud de la France entre autre à Toulouse et Montpellier. Antoine connaissait très bien la théologie et ses prédications rencontrèrent un succès important, favorisant la conversion de nombreux hérétiques. Il fonda un monastère à Brive, où il fit de nombreuses conversions.
Il fut d'ailleurs, comme saint Vincent Ferrier et Torquemada, surnommé le marteau des hérétiques.
En 1226, il fut custode de Limoges et en 1227, après la mort de François d'Assise, puis élu Provincial d'Italie du nord, tout en continuant ses prêches et ses controverses avec les Albigeois. En 1230, au chapitre, il renonca à sa charge de ministre provincial et fut envoyé à Rome où il fut conseiller de Grégoire IX dans le problème de la validité du Testament de François d'Assise.
Placé à la cuisine d'un couvent, il fut un jour appelé par son supérieur pour prêcher, sans préparation, à la communauté. Il commença simplement ; mais bientôt il s'éleva à une telle hauteur de doctrine et d'éloquence, qu'il émerveilla toute l'assemblée. L'Esprit-Saint, qui transforma les Apôtres, avait rempli l'humble Antoine. Dès lors il occupe les grandes charges de l'Ordre, il évangélise les villes et les campagnes, enseigne dans les universités de Montpellier, de Toulouse, de Bologne et de Padoue. Par ses prédications accompagnées de prodiges, il mérite le surnom de Marteau des hérétiques. Parmi les innombrables miracles de ce grand Thaumaturge, remarquons ceux qui suivent.

Saint Antoine de Padoue et Notre Seigneur. Zurbaran. XVIIe siècle.
Son père avait été injustement condamné à mort, à Lisbonne, pour un meurtre qu'il n'avait pas commis. L'esprit de Dieu transporta Antoine en son pays natal ; il alla tirer le mort de sa tombe et lui fit proclamer l'innocence de l'accusé. A la même heure, Antoine, de retour à Padoue, se rendait à l'office où la cloche appelait les religieux.
Une autre fois, prêchant sur le bord de la mer, il vit venir une multitude de poissons pour l'entendre, et donner une leçon aux hérétiques qui se bouchaient les oreilles ; ils ne partirent qu'après s'être inclinés sous sa bénédiction.
Saint Antoine est célèbre aussi par l'apparition de l'Enfant Jésus, qui vint un jour Se mettre entre ses bras.
En 1231, il fut envoyé à Padoue où il poursuivit ses prêches durant le Carême mais il mourut d'épuisement le 13 juin suivant à Arcelle, près de Padoue.
DEUX SERMONS DE SAINT ANTOINE DE PADOUE
1. Sermon pour l'Annonciation de la Vierge Marie :
Comme le soleil resplendissant sur le Temple du Très-Haut
Le soleil possède trois propriétés : la splendeur, la blancheur et la chaleur. Ces trois propriétés répondent aux trois paroles de l'Ange : Ave, pleine de grâce ; Ne crains pas ; L'Esprit Saint surviendra sur toi.
- La splendeur
« Ave, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre toutes les femmes ».
Voilà la splendeur du soleil, voilà les vertus dont elle a brillé.
- Elle eut la tempérance, la modestie dans les paroles, l'humilité dans le coeur.
- Elle fut prudente lorsque, troublée, elle se tut, comprit ce qu'on lui avait dit, répondit à ce qui lui fut proposé.
- Elle fut juste lorsqu'elle donna a chacun son dû.
- Elle fut forte dans ses fiançailles, lors de la circoncision de son Fils et de la purification légale.
- Elle fut compatissante envers les affligés, lorsqu'elle dit : « Ils n'ont plus de vin » (Johan. II, 3.).
- Elle fut en communion avec les saints lorsqu'elle était assidue dans la prière, au cénacle, avec les apôtres et quelques femmes (Act. I, 14.).
- La blancheur
" Voici que tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus."
Voici la blancheur du soleil.
Comment aurait-elle pu concevoir la lumière éternelle et le miroir sans tache, si elle n'avait été elle-même toute blanche ?
De cette blancheur, son Fils dit dans le Cantique : " Ton ventre est une masse d'ivoire, couverte de saphirs " (Ct. V, 14.). L'ivoire, blanc et froid, désigne la double pureté de l'esprit et du corps. La pierre du saphir, de couleur céleste, désigne la contemplation.
Le ventre de la Vierge Marie fut d'ivoire et couvert de saphirs parce qu'elle avait la blancheur de la virginité dans son corps et la beauté de la contemplation dans son âme.
- La chaleur
Le Saint-Esprit surviendra sur vous. Voici la chaleur.
La chaleur est l'aliment et la nourriture de tous les vivants ; lorsqu'elle manque, c'est la chute et la mort.
La chaleur est la grâce du Saint-Esprit. Si elle se retire du coeur de l'homme, la sève de la componction vient à manquer et l'âme malheureuse tombe dans la mort du péché. Mais si la chaleur revient, si le Saint-Esprit survient, Marie conçoit et enfante le fruit béni qui ôte toute malédiction.
Comme l'arc-en-ciel brillant dans un nuage de gloire
L'arc-en-ciel se forme lorsque le soleil entre dans un nuage.
Il a quatre couleurs : fuligineux, azur, doré et de feu. Ainsi, lorsque le soleil de justice, le Fils de Dieu, est entré dans la glorieuse Vierge, elle est devenue comme un arc-en-ciel brillant, un signe d'alliance, de paix et de réconciliation, entre " nuages de gloire " c'est-à-dire entre Dieu et le pécheur.
Remarquez encore que la couleur fuligineuse de l'arc désigne la pauvreté de Marie ; l'azur, son humilité ; le doré, sa charité ; le feu, dont la flamme ne peut ni être partagée ni endommagée par l'épée, sa virginité intacte.
Venez donc, ô Notre Dame, unique espérance !
Eclairez, nous vous en supplions, notre esprit par la splendeur de votre grâce, purifiez-le par la candeur de votre pureté, réchauffez-le par la chaleur de votre présence.
Réconciliez-nous tous avec votre Fils, afin que nous puissions parvenir à la splendeur de Sa gloire.
Que nous l'accorde Celui qui, aujourd'hui, à l'annonce de l'ange, a voulu prendre de vous Sa chair glorieuse et rester enfermé pendant neuf mois dans votre sein.
A Lui, honneur et gloire pour les siècles éternels ! Amen !
Comme la rose au printemps
L'enfantement de Marie est comparé à la rose et au lis. De même que ces fleurs, tout en répandant un parfum très agréable, ne se détériorent jamais, Marie a gardé intacte sa virginité lorsqu'elle a donné le jour au Fils de Dieu.
« Comme la rose au printemps ».
Le printemps (en latin ver) est ainsi appelé parce il verdoie. Au printemps, la terre se revêt d'herbe et se colore de fleurs bariolées, la température s'adoucit, les oiseaux jouent de la cithare et tout semble sourire.
Nous vous rendons grâce, Père saint, parce qu'au milieu des grands froids, vous nous avez donné un temps printanier dans la naissance de votre Fils Jésus. Aujourd'hui la Vierge, terre bénie et remplie des bénédictions du Seigneur, a enfanté l'herbe verdoyante, le Fils de Dieu, pâturage des pénitents. Aujourd'hui les anges chantent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Aujourd'hui sont rétablies sur terre la tranquillité et la paix.
Que cherches-tu encore ? Tout sourit, tout se réjouit. " Je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple, dit l'ange aux bergers : aujourd'hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche " (Luc II, 10-12.).
Comme un lis près d'une source
De même que les lis le long d'un cours d'eau conservent leur fraîcheur, leur beauté et leur parfum, la Vierge Marie garda la fraîcheur et la beauté de sa virginité, lorsqu'elle donna le jour à son Fils.
Nous vous prions donc, ô Notre Dame, Mère nourricière de Dieu :
Dans la Nativité de votre Fils, que vous avez engendré en demeurant vierge, que vous avez enveloppé de langes et déposé dans une crèche, obtenez-nous Son pardon, guérissez les brûlures de notre âme, que nous avons provoquées par le feu du péché ; guérissez-les avec le baume de votre miséricorde, par laquelle nous méritions de parvenir au bonheur du festin éternel.
Que nous l'accorde Celui qui, aujourd'hui, a daigné naître de vous, ô Vierge glorieuse, et à qui soit honneur et gloire pour tous les siècles des siècles. Amen !
2. Les signes de la lune et le second avènement (premier dimanche de l'Avent) :
Il y aura des signes dans la lune… Saint Jean dit dans l’apocalypse (VI, 12.) : la lune devint toute de sang. Et Joël (II, 31.) : la lune se changera en sang.
Dieu fit deux luminaires, un grand et un petit (Gen., I, 16.). Ces deux luminaires représentent les deux créatures raisonnables : le grand luminaire est l’esprit angélique, le petit luminaire est l’âme humaine, créée pour goûter les choses du ciel, pour louer le créateur parmi les esprits bienheureux, pour tressaillir de joie avec les fils de Dieu. Mais au voisinage de la terre où elle vit, l’âme s’est obscurcie, elle a perdu de son éclat. Si elle veut recouvrer cet éclat, il faut que d’abord elle se change toute en sang.
Le sang, c’est la contribution du cœur. L’Apôtre dit aux Hébreux (IX, 19-22.) : Moïse prit le sang avec de l’eau, de la laine pourpre et de l’hysope ; il en aspergea le livre et tout le peuple en disant : C’est le sang du testament que Dieu nous a donné. Il aspergea de même le tabernacle et tous les vases sacrés. Tout est purifié dans le sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. Voilà comment la lune se change en sang. Voyons ce que signifient moralement Moïse, le sang, l’eau, la laine pourpre, l’hysope, le livre, le peuple, le tabernacle et les vases.
Quand Jésus-Christ, qui est miséricorde et pitié (Ps. CX, 4), vient dans l’âme du pécheur, alors Moïse prend le sang… Moïse est le pécheur converti sauvé des eaux de l’Egypte. Le pécheur doit prendre le sang de la contrition douloureuse ; l’eau de la confession baignée de larmes ; la laine de l’innocence, mais empourprée par la charité fraternelle ; enfin, l’hysope de la véritable humilité. Il doit asperger le livre, le secret de son coeur ; tout le peuple de ses pensées ; le tabernacle qui est son cœur ; les vases du tabernacle qui sont ses cinq sens. Dans le sang de la contrition, tout est purifié, tout est pardonné, si toutefois on a la volonté de se confesser. Sans la contrition, il n’y a pas de rémission du pécher.
Donc il y aura des signes dans la lune. Les signes intérieurs de la contrition sont manifestés par les signes extérieurs de la pénitence. Quand la chasteté resplendit dans le corps, l’humilité dans les actions, l’abstinence dans la nourriture, la pauvreté dans le vêtement, alors s’annonce la sanctification intérieure… Ces quatre vertus ornent le sanctuaire du seigneur (Is., LX, 13.), L’âme du pénitent, en laquelle Dieu se repose. " Nous viendrons à lui, dit il, et nous ferons en lui notre demeure. " (Jean, XIV, 23.).
C’est le second avènement du Seigneur. Il en est aussi question dans la seconde partie de l’épître de ce dimanche : la nuit est passée, le jour est venu. Comme le dit Isaïe (XXVI, 3), l’erreur ancienne s’en est allée ; tu nous garderas la paix : la paix, car en toi, Seigneur, nous espérons. La nuit et l’erreur signifient l’aveuglement du péché ; le jour et la paix signifient l’illumination de la grâce. Le mot " paix " est répété, pour marquer le repos intérieur et extérieur que possède l’homme, quand Dieu siège sur son trône haut et élevé (Is., VI, 1.).
Rejetons donc les œuvres des ténèbres. Dans le même sens, Isaïe nous dit (II, 20.) : en ce jour, l’homme rejettera les idoles d’or et d’argent, qu’il s’était faites quand il adorait les taupes et les chauves-souris.
L’argent c’est l’éloquence ; l’or, la sagesse ; les taupes, l’avarice ; les chauves souris, la vaine gloire. La taupe, aveugle, creuse la terre. La chauve souris ne voit pas en plein jour, car son œil manque de l’humeur cristalline ; elle a les ailes liées aux pieds. L’homme charnel, qui a le goût de la terre, se fait des idoles de l’argent et de l’or, de son éloquence et de sa sagesse. Ces idoles sont les taupes et les chauves souris, l’avarice et la vaine gloire. Telles sont les œuvres des ténèbres. L’avarice en effet, n’a pas la lumière de la sainte pauvreté ; elle creuse la terre, elle aime les biens terrestres. La vaine gloire, qui se complaît dans le jour humain, ne voit pas le jour divin ; elle a les ailes qui pourraient l’emporter vers le ciel, mais ces ailes sont liées aux pieds, aux affections charnelles ; elle n’a d’autre désir que d’être vue, et louée par les hommes… Mais au jour où la grâce l’éclaire, au jour qui est arrivé, l’homme rejette taupes et chauves souris, ces animaux qui ne voient pas les œuvres des ténèbres.
Alors on en vient à ce que dit l’Apôtre ensuite : Revêtez vous des armes de la lumière ; et à ce que dit Isaïe (LII, 1.) : lève-toi, lève-toi ; revêts-toi de ta force, Ô Sion ; prends les vêtements de ta gloire, ô Jérusalem, cité du Saint ! Sion et Jérusalem signifient l’âme : quand elle pêche, elle est captive du diable ; quand elle fait pénitence, elle se redresse et se lève. Levez-vous par la contrition ; levez-vous par la confession ; revêtez-vous de force par la persévérance ; prenez vos vêtements de gloire, la double charité ; alors vous serez la cité du Saint Esprit.
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jeudi, 12 juin 2025
12 juin. Saint Jean de Saint-Facond (Juan de Sahagun en Espagne), religieux de l'Ordre de Saint-Augustin. 1479.
St Cyprien. De zelo et livore.

Statue de saint Jean de Saint-Facond à Salamanque, Espagne.
Jean Gonzalez de Castrillo Martinez de Sahagun (ou Sancto Facundo) y Cea naquit à Saint-Facond (ou Sahagun) le jour de la Saint-Jean-Baptiste 1430. Sa naissance fut le fruit des prières de ses pieux et illustres parents, qui l'obtinrent miraculeusement de la très Sainte Vierge après de longues années de mariage. On ne trouve rien d'imparfait dans la vie de cet admirable enfant, qui, dès les premières années, montre la maturité d'un homme et fait présager toutes les vertus d'un grand Saint.
Après de fortes études, Jean, ordonné prêtre, fut nommé chanoine de la cathédrale de Burgos, où son mérite commença à briller d'une manière éclatante. Il distribuait aux pauvres ses riches revenus, vivait lui-même dans la pauvreté, et consacrait tout son temps à la prière, à l'étude et au soin des malheureux, qu'il faisait souvent asseoir à sa table et servait de ses propres mains.
A la mort de ses parents, le pieux chanoine abandonna ses immenses richesses pour en doter ses soeurs et en soulager ses frères, les pauvres ; puis il alla se jeter aux pieds de son évêque et lui demanda en grâce de se démettre de son riche bénéfice pour desservir une pauvre chapellenie. Le pieux pontife n'y consentit qu'avec peine. Dès lors Jean se fait pauvre, il prêche la paix dans un temps de guerre civile, brave la fureur et les coups des ennemis qui s'entretuent, parle des châtiments éternels et fait rentrer en eux-mêmes les plus endurcis.

Eglise Saint-Jean de Saint-Facond à Salamanque.
Dans une maladie douloureuse qui le conduit aux portes du tombeau, il promet, s'il survit à la cruelle opération qu'il doit subir, de se faire religieux, et sa prière est exaucée. La première fois qu'il sort ensuite, un pauvre presque nu lui demande l'aumône ; Jean hésite s'il doit lui donner sa meilleure ou sa moins bonne tunique ; puis, se ravisant :
" Quoi ! se dit-il, donner au Seigneur ce que j'ai de moins bon !"
Et il donna la meilleure. La nuit suivante, Jésus lui apparut revêtu de cette tunique et lui dit :
" C'est Jean qui M'a revêtu de cet habit."
Douce récompense d'une belle action. Cependant Jean songe à sa promesse et choisit l'Ordre des Ermites de Saint-Augustin.
Parmi toutes ses vertus, il convient de remarquer sa dévotion extraordinaire envers la Sainte Eucharistie. Il faisait de chacune de ses actions une préparation à la Sainte Messe ; il restait en prière devant le Saint-Sacrement depuis Matines jusqu'au lever du jour ; souvent Jésus-Christ lui apparaissait quand il offrait le Saint Sacrifice.
Sa hardiesse apostolique fut soutenue par de nombreux miracles. Il mourut empoisonné par une femme de mauvaise vie, martyr de son apostolat.
Saint Jean de Saint-Facond (san Juan de Sahagun) est l'un des patrons majeurs de la ville de Salamanque.

Retable de saint Jean de Saint-Facond.
" Qu'ils sont beaux sur les montagnes les pieds des messagers de la paix, des porteurs du salut disant à Sion : Ton Dieu va régner !" (Isai. LII, 7.).
" Bienheureux les pacifiques ; car ils seront appelés fils de Dieu !" (Matth. V, 9.).
Vous êtes entré en possession de l'héritage du Père ; le béatifiant repos de la Trinité sainte remplit votre âme, et s'épanche d'elle jusqu'à nos froides régions en ce jour.
Continuez à l'Espagne, votre patrie, le secours qui lui fut si précieux. Elle n'occupe plus dans la chrétienté cette place éminente qui fut la sienne après votre mort glorieuse. Persuadez-la que ce n'est pas en prêtant l'oreille toujours plus aux accents d'une fausse liberté, qu'elle retrouvera sa grandeur. Ce qui l'a faite dans le passé puissante et forte, peut toujours attirer sur elle les bénédictions de Celui par qui règnent les rois (Prov. VIII, 16.). Le dévouement au Christ fut sa gloire, l'attachement à la vérité son trésor. La vérité révélée met seule les hommes dans la vraie liberté (Johan. VIII, 32.) ; seule encore, elle peut garder indissolublement uni dans une nation le faisceau des intelligences et des volontés : lien puissant, qui assure la force d'un pays en dehors de ses frontières, et au dedans la paix. Apôtre de la paix, rappelez donc à votre peuple, apprenez à tous, que la fidélité absolue aux enseignements de l'Eglise est le seul terrain où des chrétiens puissent chercher et trouver la concorde."
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