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jeudi, 29 mai 2025

L'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.

- L'Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.


Anonyme italien du XIVe.

A LA MESSE

L'Eglise romaine indique aujourd'hui pour la Station la basilique de Saint-Pierre. C'est une belle pensée de réunir en un tel jour l'assemblée des fidèles autour du glorieux tombeau d'un des principaux témoins de la triomphante Ascension de son Maître. Cette Station est toujours maintenue ; mais, depuis plusieurs siècles, le Pape se rend avec le sacré Collège des Cardinaux à la basilique du Latran, afin de terminer dans cet antique sanctuaire, dédié par Constantin au Sauveur des hommes, la série annuelle des mystères par lesquels le Fils de Dieu a opéré et consomme aujourd'hui notre salut.


Psautier cistercien. XIIIe.

Dans ces deux augustes basiliques, comme dans les plus humbles églises de la chrétienté, le symbole liturgique de la fête est le Cierge pascal, que nous vîmes allumer dans la nuit de la résurrection, et qui était destiné à figurer, par sa lumière de quarante jours, la durée du séjour de notre divin Ressuscité au milieu de ceux qu'il a daigné appeler ses frères. Les regards des fidèles rassemblés s'arrêtent avec complaisance sur sa flamme scintillante, qui semble briller d'un éclat plus vif, à mesure qu'approche l'instant où elle va succomber. Bénissons notre mère la sainte Eglise à qui l'Esprit-Saint a inspiré l'art de nous instruire et de nous émouvoir à l'aide de tant d'ineffables symboles, et rendons gloire au Fils de Dieu qui a daigné nous dire : " Je suis la lumière du monde " (Johan. VIII, 12.).

EPÎTRE

Lecture des Actes des Apôtres. Chap. I.


Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.

" J'ai parlé dans mon premier livre, Ô Théophile, de tout ce que Jésus a fait et enseigné, jusqu'au jour où il fut élevé dans le ciel, après avoir instruit par le Saint-Esprit les Apôtres qu'il avait choisis ; auxquels aussi il s'était montre depuis sa Passion, et leur avait Fait voir par beaucoup de preuves qu'il était vivant, leur apparaissant durant, quarante jours, et leur parlant du Royaume de Dieu.
Et prenant un repas avec eux, il leur commanda " de ne pas sortir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, que vous avez, leur dit-il, entendue de ma propre bouche ; car Jean a baptisé dans l'eau ; mais vous, sous peu de jours, vous serez baptisés dans le Saint-Esprit ".
Alors ceux qui se trouvaient présents lui demandèrent :
" Seigneur, sera-ce en ce moment que vous rétablirez le royaume d'Israël ?"
Mais il leur dit :
" Il ne vous appartient pas de savoir les temps et les moments que le Père a réservés à son pouvoir ; mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui descendra sur vous, et vous serez mes témoins dans Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre."
Et après qu'il eut dit ces choses, ils le virent s'élever vers le ciel. et il entra dans une nuée qui le déroba à leurs yeux.
Et comme ils le suivaient du regard montant au ciel, deux hommes vêtus de blanc se présentèrent tout à coup à eux. et leur dirent :
" Hommes de Galilée, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus qui en vous quittant s'est élevé au ciel, viendra de la même manière que vous l'y avez vu monter."


Bréviaire de Martin d'Aragon. XIVe.

Nous venons d'assister, en suivant cet admirable récit, au départ de notre Emmanuel pour les cieux. Est-il rien de plus attendrissant que ce regard des disciples fixé sur leur Maître divin qui s'élève tout à coup en les bénissant ? Mais un nuage vient s'interposer entre Jésus et eux, et leurs yeux mouillés de larmes ont perdu la trace de son passage. Ils sont seuls désormais sur la montagne ; Jésus leur a enlevé sa présence visible. Dans ce monde désert, quel ne serait pas leur ennui, si sa grâce ne les soutenait, si l'Esprit divin n'était au moment de descendre sur eux et de créer en eux un nouvel être ? Ce n'est donc plus qu'au ciel qu'ils le reverront, celui qui, étant Dieu, daigna durant trois années être leur Maître, et qui, à la dernière Cène, voulut bien les appeler ses amis !


Sacramentarium mettense, dit usuellement
sacramentaire de Drogon. Lorraine. IXe.

Mais le deuil n'est pas pour eux seulement. Cette terre qui recevait en frémissant de bonheur la trace des pas du Fils de Dieu, ne sera plus foulée par ses pieds sacrés. Elle a perdu cette gloire qu'elle attendit quatre mille ans, la gloire de servir d'habitation à son divin auteur. Les nations sont dans l'attente d'un Libérateur ; mais, hors de la Judée et de la Galilée, les hommes ignorent que ce Libérateur est venu et qu'il est remonté aux cieux.


Eglise de l'Invention-de-Saint-Etienne. Germ. Pyrénées. XVIIe.

L'œuvre de Jésus cependant n'en demeurera pas là. Le genre humain connaîtra sa venue ; et, quant à son Ascension au ciel en ce jour, écoutez la voix de la sainte Eglise qui dans les cinq parties du monde retentit et proclame le triomphe de l'Emmanuel. Dix-huit siècles se sont écoulés depuis son départ, et nos adieux pleins de respect et d'amour s'unissent encore à ceux que lui adressèrent ses disciples, pendant qu'il s'élevait au ciel. Nous aussi nous pleurons son absence ; mais nous sommes heureux aussi de le voir glorifié, couronné, assis à la droite de son Père.


Evangeliarium, dit usuellement évangéliaire de Poussay.
Allemagne. Xe.

" Vous êtes entré dans votre repos, Seigneur ; nous vous adorons sur votre trône, nous qui sommes vos rachetés, votre conquête. Bénissez-nous, attirez-nous à vous, et daignez faire que votre dernier avènement soit notre espoir et non notre crainte."

ÉVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Marc. Chap, XVI.


Orationes encomiasticae in SS. Virginem Dei param.
Jacobus Kokkinobaphi. Constantinople. XIIe.

" En ce temps-là, les onze disciples étant à table, Jésus leur apparut, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leurs cœurs, de n'avoir pas cru à ceux qui avaient vu qu'il était ressuscité. Et il leur dit :
" Allez par le monde entier, prêchez l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront des langues nouvelles ; ils prendront les serpents avec la main ; et s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne-leur nuira pas ; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris."
Et après leur avoir parlé, le Seigneur Jésus fut élevé au ciel, où il est assis à la droite de Dieu.
Et eux étant partis prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles qui l'accompagnaient."


Tryptique de l'Ascension. Ivoire. France. XIe.

Le diacre ayant achevé ces paroles, un acolyte monte à l'ambon, et éteint silencieusement le Cierge mystérieux qui nous rappelait la présence de Jésus ressuscité. Ce rite expressif annonce le commencement du veuvage de la sainte Eglise, et avertit nos âmes que pour contempler désormais notre Sauveur, il nous faut aspirer au ciel où il réside. Que rapide a été son passage ici-bas ! Que de générations se sont succédées, que de générations se succéderont encore jusqu'à ce qu'il se montre de nouveau !


Bible historiale. Guiard des Moulins. Abbaye de Saint-Omer. XIVe.

Loin de lui, la sainte Eglise ressent les langueurs de l'exil ; elle persévère néanmoins à habiter cette vallée de larmes ; car c'est là qu'elle doit élever les enfants dont le divin Epoux l'a rendue mère par son Esprit ; mais la vue de son Jésus lui manque, et si nous sommes chrétiens, elle doit nous manquer aussi à nous-mêmes.
" Oh ! quand viendra le jour où, de nouveau revêtus de notre chair, nous nous élancerons dans les airs à la rencontre du Seigneur, pour demeurer avec lui à jamais !" (I Thess. IV, 16.).
C'est alors, et seulement alors, que nous aurons atteint la fin pour laquelle nous fûmes créés.
Tous les mystères du Verbe incarné que nous avons vu se dérouler jusqu'ici devaient aboutir à son Ascension ; toutes les grâces que nous recevons jour par jour doivent se terminer à la nôtre.


Bible. Bourbonnais. XIIe.

" Ce monde n'est qu'une figure qui passe " (I Cor. VII, 31.) ; et nous sommes en marche pour aller rejoindre notre divin Chef. En lui est notre vie, notre félicité ; c'est en vain que nous voudrions les chercher ailleurs. Tout ce qui nous rapproche de Jésus nous est bon ; tout ce qui nous en éloigne est mauvais et funeste. Le mystère de l'Ascension est le dernier éclair que Dieu fait luire à nos regards pour nous montrer la voie. Si notre coeur aspire à retrouver Jésus, c'est qu'il vit de la vraie vie ; s'il est concentré dans les choses créées, en sorte qu'il ne ressente plus l'attraction du céleste aimant qui est Jésus, c'est qu'il serait mort.


Evangeliarium. Prüm. Allemagne. XIIe.

Levons donc les yeux comme les disciples, et suivons en désir celui qui monte aujourd'hui et qui va nous préparer une place. En haut les coeurs ! Sursum corda ! C'est le cri d'adieu que nous envoient nos frères qui montent à la suite du divin Triomphateur ; c'est le cri des saints Anges accourus au-devant de l'Emmanuel, et qui nous invitent à venir renforcer leurs rangs.


Sacramentaire. Normandie. XIe (1020).

PRIERE

" Sois donc béni, Ô Cierge de la Pâque, colonne lumineuse, qui nous as réjouis quarante jours par ta flamme joyeuse et brillante. Tu nous parlais de Jésus, notre flambeau dans la nuit de ce monde ; maintenant ta lumière éteinte nous avertit qu'ici-bas on ne voit plus Jésus, et que pour le voir désormais, il faut s'élever au ciel. Symbole chéri que la main maternelle de la sainte Eglise avait créé pour parler à nos coeurs en attirant nos regards, nous te faisons nos adieux ; mais nous conservons le souvenir des saintes émotions que ta vue nous fit ressentir dans tout le cours de cet heureux Temps pascal que tu fus chargé de nous annoncer, et qui à peine te survivra de quelques jours."


Dyptique de l'Ascension et de la Pentecôte. Ivoire franc du XIVe.

29 mai. Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, Carmélite. 1607.

- Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, Carmélite. 1607.
 
Pape : Paul V.
 
" Elle aimait le prochain au-dessus de toute expression. Elle avait pris l'habitude de ne pas dire les hommes mais les âmes."
 

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi. Bartolommeo Gennari. XVIIe siècle.

Le Cycle pascal nous offre trois illustres vierges que l'Italie a produites. Nous avons salué dans notre admiration la vaillante Catherine de Sienne ; sous peu de jours, nous célébrerons Angèle de Mérici, entourée de son essaim de jeunes filles ; aujourd'hui le lis de Florence, Madeleine de Pazzi, embaume toute l'Eglise de ses parfums. Elle a été l'amante et l'imitatrice du divin crucifié ; n'est-il pas juste qu'elle ait part aux allégresses de sa résurrection ?

Madeleine de Pazzi a brillé sur le Carmel par son éclatante pureté et par l'ardeur de son amour. Elle a été, comme Philippe Néri, l'une des plus éclatantes manifestations de la divine charité au sein de la vraie Eglise, se consumant à l'ombre du cloître comme Philippe dans les labeurs du ministère des âmes, ayant recueilli l'un et l'autre, pour l'accomplir en eux, cette parole de l'Homme-Dieu :
" Je suis venu allumer le feu sur la terre ; et quel est mon désir, sinon qu'il s'enflamme ?" (Luc. XII. 40.).

La vie de l'Epouse du Christ fut un miracle continuel. L'extase et les ravissements étaient journaliers chez elle. Les plus vives lumières lui furent communiquées sur les mystères, et, afin de l'épurer davantage pour ces sublimes communications, Dieu lui fit traverser les plus redoutables épreuves de la vie spirituelle. Elle triompha de tout, et son amour montant toujours, elle ne trouvait plus de repos que dans la souffrance, par laquelle seule elle pouvait alimenter le feu qui la consumait. En même temps son cœur débordait d'amour pour les hommes ; elle eût voulu les sauver tous, et sa charité si ardente pour lésâmes s'étendait avec héroïsme jusqu'à leurs corps. Tant que dura ici-bas cette existence toute séraphique, le ciel regarda Florence avec une complaisance particulière ; et le souvenir de tant de merveilles a maintenu dans cette ville, après plus de deux siècles, un culte fervent à l'égard de l'insigne épouse du Sauveur des hommes.

L'un des plus frappants caractères de la divinité et de la sainteté de l'Eglise apparaît dans ces existences privilégiées, sur lesquelles se montre avec tant d'éclat l'action directe des mystères de notre salut.
" Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique." (Johan. III, l6.).
 
Et ce Fils de Dieu daigne se passionner pour une de ses créatures, produisant en elle de tels effets, que tous les hommes sont à même d'y prendre une idée de l'amour dont son Cœur divin est embrasé pour ce monde qu'il a racheté au prix de son sang. Heureux ceux qui savent goûter ce spectacle, qui savent rendre grâces pour de tels dons ! Ils ont la vraie lumière, tandis que ceux qui s'étonnent et hésitent font voir que les lueurs qui sont en eux luttent encore avec les ténèbres de la nature déchue.

Chapelle des Pazzi. Filippo Brunelleschi. XIVe.

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, l'une des fleurs les plus suaves qui aient embaumé les jardins du Carmel, naquit le 2 avril 1566 à Florence de l'illustre famille des Pazzi. Son père était Camille Géri de Pazzi et sa mère Marie-Laurence de Bondelmonte. Elle fut nommée Ctaherine à son baptême en l'honneur de sainte Catherine de Sienne qu'elle eut toujours en grande vénération.

Dès l'âge de sept ans, à l'école du Ciel, elle était formée à l'oraison, et elle paraissait presque un prodige de mortification. Toute une nuit elle porta une couronne d'épines sur sa tête, avec des douleurs inexprimables, pour imiter son Amour crucifié. Chaque fois que sa mère avait communié, l'enfant s'approchait d'elle et ne pouvait plus la quitter, attirée par la douce odeur de Jésus-Christ.

A partir de sa Première Communion, elle fut prête à tous les sacrifices, et c'est dès lors qu'elle fit à Jésus le voeu de n'avoir jamais d'autre époux que Lui. C'est en effet à l'âge de 12 ans qu'elle fit le voeu de conserver la virginté. Aussi, quand plus tard, son père voulut la marier, elle s'écria :
" Je livrerais plutôt ma tête au bourreau que ma chasteté à un homme."
Son père avait été nommé gouverneur de la ville de Cortone par le grand-duc de Toscane et avait laissé notre sainte en pension chez les religieuses de Saint-Jean à Florence.

A son retour il lui chercha un parti mais sainte Marie-Madeleine de Pazzi lui représenta son désir d'entrer au Carmel. Elle y entra en habit séculier et quinze jours après en ressortit pour trois mois par obéissance pour son père qui voulait éprouver sa vocation. Enfin, elle fut admise définitivement au Carmel avec la bénédiction affectueuse et chaleureuse de ses parents.


Sainte Marie-Madeleine de Pazzi quelques temps avant
son entrée au Carmel. Tito di Santi. XVIIe.

La sainte épouse du Christ entra au Carmel, parce qu'on y communiait presque tous les jours. Dès lors sa vie est un miracle continuel ; elle ne vit que d'extases, de ravissements, de souffrances, d'amour. Pendant cinq années, elle fut assaillie d'affreuses tentations ; son arme était l'oraison, durant laquelle elle s'écriait souvent :
" Où êtes-Vous, mon Dieu, où êtes-Vous ?"
Un jour, tentée plus fortement qu'à l'ordinaire, elle se jeta dans un buisson d'épines, d'où elle sortit ensanglantée, mais victorieuse.

Le feu de l'amour divin était si brûlant en elle, que n'en pouvant supporter l'ardeur, elle était obligée pour la tempérer de répandre de l'eau sur sa poitrine. Souvent ravie hors d'elle-même, elle éprouvait de longues et merveilleuses extases, dans lesquelles elle pénétrait les mystères célestes, et recevait de Dieu des faveurs admirables. Fortifiée par ces secours, elle soutint un long combat contre les princes des ténèbres, livrée à la sécheresse et à la désolation, abandonnée de tout le monde, et poursuivie de diverses tentations, par la permission de Dieu, qui voulait en faire le modèle d'une invincible patience et de la plus profonde humilité.

Mais Notre Seigneur ne l'abandonna pas qui lui prescrivit des règles admirables pour la conduite de sa vie :
1. d'avoir la même pureté dans toutes ses paroles et toutes ses actions que si elles étaient les dernières heures de sa vie,
2. De ne donner jamais d'avis sans avoir auparavant consulté Jésus-Christ attaché à Sa croix,
3. D'avoir toujours un saint empressement de fair la charité aux autres,
4. De ne faire pas plus de cas de son corpsque de la terre qu'on foule aux pieds,
5. de ne refuser jamais à personne ce qu'elle pourrait accorder,
6. d'avoir autant qu'il lui serait possible beaucoup de condescendance pour les autres,
7. De faire autant de cas de ces règles que si Jésus-Christ même les lui avait données,
8. d'offrir souvent, depuis les six heures du soir jusqu'au temps de la communion, la Passion de Jésus-Christ à son père, et de s'offrir aussi elle-même, et toutes les créatures, en mémoire de ce qu'il fut séparé de sa sainte Mère depuis sa Passion jusqu'à la Résurrection et, enfin, de tâcher de visiter le trèes-saint Sacrement le jour et le nuit, jusqu'à trente fois, si la charité ou l'obéissance ne lui en ôtait les moyens,
9. d'être toujours, et en toutes ses actions, transformée en Jésus-Christ, par la résignation à Sa volonté.


Alessandro Rossi. XVIIe.

Elle avait tant de plaisir à proférer ces mots : " La Volonté de Dieu !" qu'elle les répétait continuellement, disant à ses soeurs :
" Ne sentez-vous pas combien il est doux de nommer la Volonté de Dieu ?"
Un jour, ravie en extase, elle alla par tout le couvent en criant :
" Mes soeurs, oh ! que la Volonté de Dieu est aimable !"
Il plut à Dieu de la crucifier longtemps par des douleurs indicibles, qui la clouaient sur son lit, dans un état d'immobilité en même temps que de sensibilité extraordinaire. Loin de demander soulagement, elle s'écriait bien souvent :
" Toujours souffrir et ne jamais mourir !"

Son coeur était un brasier ardent consumé par l'amour. Quinze jours avant sa mort, elle dit :
" Je quitterai le monde sans avoir pu comprendre comment la créature peut se résoudre à commettre un péché contre son Créateur."
Elle répétait souvent :
" Si je savais qu'en disant une parole à une autre fin que pour l'amour de Dieu, je dusse devenir plus grande qu'un Séraphin, je ne le ferais jamais."
Près de mourir, ses dernières paroles à ses soeurs furent celles-ci :
" Je vous prie, au nom de Notre-Seigneur, de n'aimer que Lui seul !"

Elle rendit son âme le 15 mai 1607, le lendemain de l'Ascension à midi. Son visage devint si beau et si vermeil que personne ne se lassait de le regarder.
Son corps, revêtu d'une tunique, d'un scapulaire et d'un manteau de taffetas blanc, fut inhumé derrière le grand autel, où, deux ans après, il fut trouvé aussi sain et intact que le jour où il y avait été mis ; de plus, son corps exhalait un parfum admirable, quoiqu'il eût été inhumé sans cerceuil et sans avoir été embaumé.
Urbain VIII l'a déclarée bienheureuse et Clément X l'a canonisée.
Une de ses reliques se trouvait encore au début du XXe siècle à l'Hôtel-Dieu d'Abbeville.


Allégorie du Carmel. Carmel Notre-Dame-de-l'Incarnation. Tours. XIXe.
 
 
 
 
PRIERE
 
 
" Votre vie ici-bas, Ô Madeleine, a semblé celle d'un ange que la volonté divine eût captivé sous les lois de notre nature inférieure et déchue. Toutes vos aspirations vous entraînaient au delà des conditions de la vie présente, et Jésus se plaisait à irriter en vous cette soif d'amour qui ne pouvait s'apaiser qu'aux sources jaillissantes de la vie éternelle. Une lumière céleste vous révélait les mystères divins, votre cœur ne pouvait contenir les trésors de vérité et d'amour que l'Esprit-Saint y accumulait; et alors votre énergie se réfugiait dans le sacrifice et dans la souffrance, comme si l'anéantissement de vous-même eût pu seul acquitter la dette que vous aviez contractée envers le grand Dieu qui vous comblait de ses faveurs les plus chères.

Âme de séraphin, comment vous suivrons-nous ? Qu'est notre amour auprès du vôtre ? Nous pouvons cependant nous attacher de loin à vos traces. L'année liturgique était le centre de votre existence ; chacune de ses saisons mystérieuses agissait sur vous, et vous apportait, avec de nouvelles lumières, de nouvelles ardeurs. L'Enfant divin de Bethlehem, la sanglante Victime de la croix, le glorieux Epoux vainqueur de la mort, l'Esprit rayonnant de sept dons ineffables, vous ravissaient tour à tour ; et votre âme, renouvelée par cette succession de merveilles, se transformait toujours plus en celui qui, pour s'emparer de nos coeurs, a daigné se traduire lui-même dans ces gestes immortels que la sainte Eglise nous fait repasser chaque année avec le secours d'une grâce toujours nouvelle. Vous aimiez ardemment les âmes durant votre vie mortelle, Ô Madeleine ; votre amour s'est accru encore dans la possession du bien suprême ; obtenez-nous la lumière pour voir mieux ce qui ravissait toutes vos puissances, l'ardeur de l'amour pour aimer mieux ce qui passionnait votre coeur."

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