mardi, 13 mai 2025
13 mai. Apparitions de Notre Dame à Fatima. 1917.
- Apparitions de Notre Dame à Fatima. 1917.
Pape : Benoît XV. Président de la République de Portugal : Bernardino Machado*.
" Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
- Oui, nous voulons.
- Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort."
Notre Dame aux trois voyants à Fatima, le 13 mai 1917.
- Oui, nous voulons.
- Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort."
Notre Dame aux trois voyants à Fatima, le 13 mai 1917.

Statue de Notre Dame de Fatima au Carmel de Coïmbra dans lequel
soeur Lucia Dos Santos, la voyante privilégiée des apparitions,
fit profession religieuse.
Nous ne donnerons pas de notice complète des apparitions de Notre Dame à Fatima.
Le récit fidèle de celles-ci, ainsi qu'une foule d'informations supplémentaires, se trouve reproduit sur l'excellent site Notre Dame de Fatima.
Nous signalons néanmoins que nous ne saurions partager la ligne éditoriale de ce site, laquelle soutient, contre tout bon sens, que l'abbé Joseph Ratzinger est le pape de l'Eglise catholique.
Relativement au fait que les usurpateurs qui pontifient à Rome aient publié en l'an 2000 un message censé être le 3e secret (lequel devait être révélé au monde en 1960), une part importante des observateurs de cette question déterminante au plan eschatologique n'hésit pas à dire que ce " 3e secret " est un faux, une forgerie, qui oscille entre le cynisme et la farce.

Les trois petits enfants à l'époque des apparitions :
Jacynthe, François et Lucie.
Entre autres, par exemple, un (vrai) prêtre conciliaire, spécialiste reconnu de Notre Dame et de son culte, l'abbé René Laurentin, a émis de sérieux doutes quant à l'authenticité de ce " 3e secret ".
Mais sur le sujet, on lira surtout l'excellent livre de monsieur Laurent Morlier " Le troisième secret de Fatima publié par le Vatican le 26 juin 2000 est un faux. En voici les preuves..." aux éditions DFT (BP 28, 35 370 , Argentré-du-Plessis).
Sur ce lien, l'auteur - qu'il en soit remercié par nos humbles et ferventes prières pour lui à Notre Dame de Fatima -, met d'ailleurs gracieusement son livre à la disposition du lecteur sur le site Notre Dame Fatima.

LE MIRACLE DU SOLEIL
Le lecteur ne sait peut-être pas que Notre Dame avait annoncé qu'elle intercéderait auprès de la Très Saine Trinité pour qu'un miracle ait lieu et puisse aider leurs témoins à croire.
Ce miracle eut lieu le samedi 13 octobre 1917 : le soleil dansa dans le ciel devant une foule de 50 000 à 60 000 personnes !

Ce 13 octobre, malgré la pluie, la foule était au nombre de 50 000 à 60 000 personnes ! Certains étaient venu de très loin pour assister à l'Apparition promise. Parmi cette masse, des incroyants étaient eux aussi là, prêt à intervenir dans le cas où il ne se passerait pas le miracle annoncé par Notre-Dame, les mois précédents.
Pour la première fois, la mère de Lucie pensa au drame qui pourrait survenir si le miracle du Ciel ne se produirait pas, tandis que les parents de François et de Jacinthe, eux, avaient une grande confiance sur les promesses de la Sainte Vierge ; quant aux enfants, ils ne se troublaient pas du tout devant une si imposante foule.
Pour réciter le chapelet, la foule ferma les parapluies, bien qu'il pleuvait à cet instant, et, dans la boue, les fidèles s'agenouillèrent.
Il était déjà 13h30 et certains incroyants commençaient à exciter les gens à cause que le miracle était annoncé pour midi.
Pourtant, la Sainte Vierge était à l'heure ! En effet, le gouvernement de l'époque, en pleine première guerre mondiale, avait imposé au pays une heure légale qui avançait de 90 minutes sur l'heure solaire ; mais le Ciel n'a que faire de l'heure des hommes !...

A l'heure du soleil, ou plutôt devrait-on dire à l'heure de Dieu, il était bien midi et, regardant du côté du Levant, la petite Lucie vit la lumière qui précèdait chaque Apparition ; et, en effet, Notre-Dame apparut du dessus du chêne-vert. S'adressant à Lucie, Elle lui dit :
" Je veux te dire que l'on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l'on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux."
Là encore, de nombreuses demandes de guérison étaient demandé à Notre-Dame.
" Les uns guérirons, les autres non, car il faut qu'ils se corrigent, qu'ils demandent pardon de leurs péchés. [et prenant un air plus triste] : Il faut cesser d'offenser davantage Dieu Notre Seigneur, car Il est déjà trop offensé."
Pendant qu'Elle s'entretenait avec la petite voyante, la foule vit par trois fois se former autour du chêne une nuée, qui, ensuite, s'éleva dans l'air pour finalement disparaître.
Pendant que Notre-Dame s'élevait, le reflet de la lumière qui se dégageait d'Elle se projeta sur le soleil. C'est à ce moment que la foule put contempler la danse du soleil : la pluie cessa soudainement et les nuages se dispersèrent brusquement, laissant apparaître un ciel clair.

La foule put alors regarder directement le soleil sans risque de se brûler les yeux ni sans être aucunement incommodé. Il y avait un grand silence. L'astre se mit à trembler avec des mouvements brusques, puis il tourna sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il semblait s'approcher de la terre, au point que la foule s'en inquiéta. En effet, le soleil, conservant son mouvement rapide de rotation, paraissait brusquement se détacher du ciel et avancer en zigzaguant sur la foule. Ce fut un instant si terrible que plusieurs personnes s'évanouirent, mais finalement il s'arrêta au grand soulagement de tous. À la stupéfaction générale, la foule put constater que leurs vêtements, trempés par la pluie quelques minutes auparavant, étaient complètement secs ! Cette danse du soleil put être observé jusqu'à plusieurs kilomètres de Fatima.
Pendant les dix minutes où la foule contemplait ce miracle cosmique, les trois petits voyants purent admirer, en plein ciel, trois tableaux successifs :
- LA VISION DE LA SAINTE FAMILLE : À coté du soleil apparut saint Joseph avec l'Enfant-Jésus et Notre-Dame, vêtue de blanc avec un manteau bleu. Saint Joseph et l'Enfant-Jésus semblait bénir le monde, avec des gestes qu'ils faisaient de la main, en forme de Croix.
- LA VISION DE NOTRE-DAME DES 7 DOULEURS : après la première vision ci-dessus, les enfants virent Notre Seigneur Jésus-Christ et Notre-Dame des 7 Douleurs. Notre Seigneur semblait bénir le monde.
- LA VISION DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL : dans cette dernière vision, Notre-Dame apparut seule sous l'aspect de Notre-Dame du Carmel.

Lucie seule vit la seconde et la dernière vision, tandis que François et Jacinthe n'eurent le privilège de n'apercevoir que la vision de la Sainte Famille.
Ce fut la dernière fois que Notre-Dame apparut à la Cova da Iria, laissant les preuves irréfutables de Son existence. Bien sur, cet événement parut dans la presse.
Dans son cahier de souvenirs, soeur Lucie (alors soeur Marie de Jésus) avait ajouté des remarques qui s'adressent à nous tous :
" En cette apparition, les paroles qui restèrent le plus profondément ancrées dans mon coeur furent celles par lesquelles notre sainte Mère du Ciel suppliait les hommes de ne plus peiner Notre Seigneur trop offensé.
Quelle amoureuse plainte elles contiennent et quelle supplication ! Oh ! que je voudrais qu'elles résonnent dans le monde entier et que tous les enfants de la Mère céleste écoutent sa voix ! "
A un autre endroit, elle nous dit que lorsqu'elle parlait de cette dernière visite céleste avec ses cousins, ils ne pouvaient retenir leurs larmes en se rappelant la tristesse du visage de l'apparition quand elle avait prononcé ces paroles.

Notre Dame du Mont-Carmel. Eglise abbatiale Saint-Oyend
aujourd'hui cathédrale Saint-Pierre & Saint-Paul de Saint-Claude.
Jura. France-Comté. XVIIe.
PRIERES. DEVOTION À NOTRE-DAME DE FATIMA
- " Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas."
- " Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément, et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs."
- Paroles de Notre-Dame, le 13 juillet 1917, à Fatima :
" Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice :
" Ô Jésus, c'est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie."

L'Immaculée Conception. Carlo Crivelli. XVe.
- " Ô mon Jésus, pardonnez-nous,
Sauvez-nous du feu de l'enfer ;
Attirez au Ciel toutes les âmes,
Surtout celles qui en ont le plus besoin."
La version habituellement adoptée pour la récitation du chapelet en commun est substantiellement exacte :
" Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés,
préservez-nous du feu de l'enfer,
et conduisez au Ciel toutes les âmes,
surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde."
- Prière que chantonnait Jacinthe en gardant ses brebis ou en cueillant des fleurs :
" Doux Coeur de Marie, soyez mon salut ;
Doux Coeur de Jésus, soyez mon amour ;
Coeur Immaculé de Marie, convertissez les pécheurs ;
Préservez leurs âmes de l'enfer."

- Consécration au Coeur Immaculé de Marie :
" Ô Vierge Marie, Mère de Dieu et notre Mère, je me consacre à votre Coeur Immaculé pour être pleinement offerts et consacrés au Seigneur.
Veuillez s'il vous plaît me prendre sous votre protection maternelle ; défendez-moi contre les dangers, aidez-moi à vaincre les tentations, à fuir les péchés, et veillez je vous en conjure sur la pureté de mon corps et de mon âme. Que votre Coeur Immaculé soit mon refuge et le chemin qui conduit jusqu'à Dieu.
Donnez-moi la grâce de prier et de me sacrifier par amour pour Jésus, pour la conversion des pécheurs et en réparation des péchés commis contre votre Coeur Immaculé.
En me confiant à Vous et en union avec le Coeur de votre divin Fils, je veux vivre pour la Très Sainte Trinité en qui je crois, que j'adore, que j'espère et que j'aime.
Ainsi soit-il."

- Prière à Notre Dame du Mont-Carmel (apparition du 13 octobre 1917) :
" Vierge bénie, Ô pleine de grâces, Ô Reine des Saints, combien il m'est doux de vous vénérer sous ce titre de Notre-Dame du Mont-Carmel ! Ce nom me rappelle d'abord les temps du prophète Elie, lorsque vous apparûtes sur le Carmel sous la figure d'une petite nuée qui alla grandissant au point de se changer en une pluie bienfaisante, symbole des grâces sanctifiantes qui nous viennent de vous. Ce nom me rappelle aussi ce jour du 13 octobre 1917 où, pendant les dix minutes où la foule contemplait le miracle cosmique à Fatima, les trois petits voyants purent admirer, en plein ciel, votre sainte image.
Déjà dès les temps apostoliques vous avez été honorée sous ce titre mystérieux, et maintenant nous nous réjouissons à la pensée de nous unir à vos premiers serviteurs, avec eux nous vous saluons en vous disant : " Ô beauté du Carmel, gloire du Liban, lis très pur, rose mystique du jardin de l'Église !"
Cependant, Ô Vierge des vierges, souvenez-vous de ma misère et montrez-vous ma mère. Répandez en moi toujours plus vive la lumière de cette foi qui vous a rendue bienheureuse, enflammez-moi de ce céleste amour avec lequel vous aimiez votre Fils, Jésus-Christ. Voici que rempli de misères spirituelles et temporelles, pressé de toutes parts par les douleurs du corps et de l'âme, je me réfugie comme votre enfant à l'ombre de votre protection maternelle.
Mère de Dieu, qui avez tant de pouvoir et d'empire, obtenez-moi de votre Fils béni les dons célestes : l'humilité, la chasteté, la douceur qui furent la plus belle parure de votre âme immaculée. Obtenez-moi la force dans les tentations et les peines qui souvent me travaillent. Et lorsque s'achèvera, selon la volonté de Dieu, la journée de mon pèlerinage sur cette terre, faites qu'à mon âme soit accordée, par les mérites du Christ et par votre intercession, la gloire du paradis.
Ainsi soit-il."
* Franc-maçon, grand-maître du Grand-Orient du Portugal, persécuteur des droits de l'Eglise et des Chrétiens, Bernardo Machado et la première république-révolutionnaire et maçonnique au Portugal seront renversés le 5 décembre 1917 par un coup d'état mené par le général Sidónio Pais, un catholique fervent, fort du soutien populaire.
00:30 Publié dans Notre Dame la très Sainte Vierge Marie | Lien permanent | Commentaires (6)
13 mai. Saint Servais, évêque de Tongres. 384.
- Saint Servais, évêque de Tongres. 384.
Pape : Saint Damase. Empereur : Valentinien II.
" Ma profession est de croire, aimer et servir Dieu."
Réponse de saint Servais aux Huns.
Réponse de saint Servais aux Huns.

Chef de la châsse-reliquaire de saint Servais conservée
dans la Basilque Saint-Servais de Maastricht. Pays-Bas.
On ignore l'origine de saint Servais. Héribert, abbé de Lobbes, qui a fait l'abrégé de sa vie, dit seulement qu'il était de grande naissance, qu'il fut élevé avec beaucoup de soin, et que sa conduite se sentit toujours de la noblesse et de la générosité de son sang. D'autres auteurs, rapportés par Chapeauville, disent qu'il naquit, sur les frontières de Perse, d'une famille juif apparentée à sainte Anne, mère de la sainte Vierge ; qu'il fut amené à Tongres par un Ange ; que, ne parlant qu'une langue, il était entendu en toutes sortes de nations ; que son abstinence était si admirable, que souvent il ne vivait que de la sainte Eucharistie ; qu'il posséda aussi la grâce des guérisons ; les malades qui pouvaient ou le toucher, ou avoir des restes de sa table, ou même boire de l'eau dont il s'était lavé les mains, étaient assurés de leur guérison.
Son zèle pour la foi catholique parut principalement en trois conciles. Le premier fut celui de Cologne, célébré l'an 346, où il fit condamner et déposer l'évêque de la même ville, coupable de l'hérésie des Ariens ; il est vraisemblable que cet évêque, condamné pour hérésie, fut, non pas Euphratas, comme l'ont cru quelques auteurs, mais son prédécesseur.

Le sacre de saint Servais de Maastricht. Jean-Baptiste Coclers.
Eglise Saint-Servais. Liège. XVIIIe.
Les termes dont usa saint Servais, en opinant dans le concile, sont si importants, qu'ils méritent bien d'être rapportés :
" Je sais certainement ce que ce faux évêque a enseigné ; je n'en parle pas par ouï-dire, mais pour l'avoir moi-même entendu. Comme nos églises étaient voisines, je me suis souvent opposé à sa fausse doctrine lorsqu'il niait la divinité de Jésus-Christ. Je l'ai fait non-seulement en particulier, mais aussi en public, en présence d'Athanase, évêque d'Alexandrie ; et de plusieurs prêtres et diacres ; mon avis est qu'il ne peut être évêque des chrétiens, et que ceux qui auront des communications avec lui ne pourront porter le nom de chrétiens."
Dans ces paroles, il parle de saint Athanase comme d'un témoin fidèle des blasphèmes de cet évêque, parce que ce saint Patriarche, ayant été exilé à Trèves, depuis 336 jusqu'à 338, avait pu aisément l'entendre à Cologne ou en quelque autre lieu voisin.
Le second concile, où saint Servais fit éclater sa Foi et son zèle pour la vérité orthodoxe, fut celui de Sardique : on y confirma la consubstantialité du Verbe Eternel avec son Père, que le concile de Nicée avait définie, et saint Athanase, le plus généreux défenseur de cette consubstantialité, y fut absous de toutes les calomnies que les Ariens avaient forgées contre lui. Ce concile fut tenu l'an 347.

Saint Sylvestre, pape, et saint Servais. Cette représentation évoque
aussi l'apparition de saint Pierre à notre Saint ; apparition pendant
laquelle saint Pierre lui aurait représenté les Clefs du Royaume en
gage d'encouragement dans sa défense de la vraie foi lors des
conciles lors desquels il lutta avec succès et éloquence contre les
hérétiques, dont les Ariens.
Livre d'images de Madame Marie. Hainaut. XIIIe.
Enfin, le troisième concile fut celui de Rimini, célébré l'an 359, où notre saint Servais, assisté de saint Phoebade, évêque d'Agen, résista, avec un courage intrépide et une force merveilleuse, à la puissance et à la malice des ennemis de la foi, sans craindre ni l'exil, ni la faim et la soif, ni la prison, ni même la mort dont il était menacé. Il est vrai qu'après une longue résistance, il fut enfin trompé par les Ariens, qui lui firent signer une formule qui, paraissant tout à fait orthodoxe, avait néanmoins un sens hérétique dont ils se prévalurent ensuite ; mais cette surprise ne fit que l'animer davantage contre eux ; et, lorsqu'il fut revenu en France, il travailla avec un zèle infatigable à en bannir leur hérésie et à y faire régner la foi orthodoxe, que Saturnin, évêque d'Arles, et Paterne, évêque de Périgueux, avaient entrepris de ruiner.
Dans l'intervalle qui sépara ces deux conciles, le tyran Magnence, qui avait eu part au meurtre de l'empereur Constant, et s'était fait proclamer empereur en sa place, connaissant le mérite incomparable de saint Servais, et combien il avait de force et d'éloquence pour persuader ce qu'il voulait, l'envoya, avec un autre évêque, nommé Maxime, vers l'empereur Constance, frère du défunt, pour ménager un accommodement avec lui et lui faire agréer qu'il conservat la pourpre et qu'il fût associé à l'empire ; mais l'événement nous fait voir qu'ils n'obtinrent pas ce que Maguence souhaitait ; ils n'avaient d'ailleurs entrepris ce voyage que par force, et pour empêcher que ce tyran ne tourmentât les églises s'ils lui refusaient ce bon office.
Pendant que saint Servais, après le concile de Rimini, travaillait à maintenir la foi catholique dans son diocèse et à en bannir le vice, lui attire l'hérésie, Dieu lui fit connaître que les Huns, peuple barbare et cruel, entreraient bientôt dans les Gaules et que, parmi beaucoup d'autres villes, ils saccageraient et détruiraient celle de Tongres. Cette révélation le remplit d'une extrême douleur ; néanmoins, la prenant d'abord plutôt comme une menace qu'on pouvait détourner par les prières et par les larmes, que comm une prédiction absolue et inévitable, il monta en chaire, exhorta son peuple à la pénitence, afin d'arracher les verges de la main du Tout-Puissant.

Il s'offrit aussi lui-même en sacrifice pour ses enfants, et, par des austérités et des gémissements continuels, il tâcha de rendre Dieu propice à un peuple pour qui il avait la tendresse d'une mère. Mais, voyant que le ciel était inflexible et que tous ses soupirs ne l'attendrissaient point, il résolut de faire un voyage à Rome pour intéresser plus efficacement les apôtres saint Pierre et saint Paul à la protection de sa ville.
Il y alla donc, et passa plusieurs jours en jeûne et en oraison auprès de leurs tombeaux. Il pria aussi pourla ville de Metz, parce que saint Auteur, qui en était évêque, et qui ne put pas l'accompagner dans ce voyage, l'avait conjuré, dans son passage par sa ville épiscopale, d'intercéder pour elle aussi bien que pour celle de Tongres.
Saint Pierre apparut à Servais et lui dit " que l'arrét irrévocable était donné contre le pays des Gaules ; les Huns y descendraient et y saccageraient les villes et les provinces ; celle de Tongres serait enveloppée pour ses crimes dans cette inondation ; mais saint Etienne avait puissamment intercédé pour celle de Metz, dont Auteur était évêque, qu'on lui avait encore pardonné pour cette fois ; pour lui, il ne verrait point les maux dont son pays était menacé : il devait s'en retourner promptement, préparer les choses nécessaires à sa sépulture, se retirer à Maastricht et y attendre la volonté de Dieu ".
On dit que le prince des Apôtres lui donna aussi pour gage de son affection, et pour assurance de ce qu'il lui disait, une clef d'argent, faite de la main des Anges, qui a depuis opéré beaucoup de miracles.
Mais il y a des auteurs qui croient que la clef que l'on appelle de saint Servais, lui fut donnée par le pape et que c'est une de ces clefs où l'on mettait un peu de limaille des chaînes de saint Pierre, et que les Papes donnaient par dévotion aux pélerins illustres qui venaient à Rome. C'est une conjecture qui a quelque vraisemblance ; mais, n'étant appuyée de nulle preuve, elle ne peut être aussi forte que la tradition des églises de Maastricht et de Liége, qui porte que cette clef est un présent de saint Pierre.
En revenant de Rome, il tomba entre les mains des Huns qui ravageaient déjà l'Italie, ils le jetèrent d'abord dans une basse fosse, pendant qu'ils délibérèrent entre eux sur ce qu'ils en feraient; mais Dieu, qui n'abandonne jamais ses serviteurs et qui descend avec eux dans les cachots les plus obscurs, fit paraître au milieu de la nuit, dans cette prison, une si grande lumière, que ces barbares, étant épouvantés, se crurent trop heureux de délivrer leur prisonnier et de le mettre en liberté. Il en convertit même quelques-uns, parce qu'une splendeur merveilleuse qui parut sur son visage, et un aigle qui la couvrit d'une de ses ailes durant son sommeil et le rafraîchit du mouvement de l'autre, leur fit connaître que le Dieu qu'il adorait était le Maître et le souverain Seigneur de toutes choses.
Lorsqu'il fut en liberté, il se remit en chemin et traversa l'Italie et les montagnes de la Savoie. Dans les Vosges il fit sourdre miraculeusement une fontaine, dont il étancha sa soif, et qui servit depuis à la guérison de plusieurs malades. Saint Auteur, évêque de Metz, l'étant venu joindre à Worms, il se transporta dans sa ville pour y annoncer au clergé et au peuple ce qu'il avait appris à Rome par l'apparition de saint Pierre. Il leur déclara donc que leur punition était différée ; mais qu'ils devaient mériter cette grâce et éloigner de plus en plus de leurs murs l'indignation de Dieu et la rigueur de ses châtiments par la pénitence et par le changement de leurs moeurs.
Quand il arriva à Tongres, ses diocésains l'y reçurent avec une joie incroyable. Mais cette joie se changea bientôt en un torrent de larmes lorsqu'il leur fit connaître l'arrêt irrévocable que Dieu avait porté contre eux. Leur douleur augmenta beaucoup lorsqu'il leur dit qu'il était obligé de les quitter et de passer en une autre ville pour y trouver la paix du tombeau, ils l'environnèrent, comme autrefois les fidèles d'Ephèse et de Milet avaient environné saint Paul, pour le conjurer de ne les point laisser orphelins. Mais quoique son coeur fût attendri par les pleurs de ses enfants, il ne put pas se dispenser d'obéir à l'ordre de Dieu.
Il sortit donc de Tongres, emportant avec lui ce qui était nécessaire pour sa sépulture. On dit qu'il emporta aussi les ossements sacrés de ses prédécesseurs et de quelques autres saints personnages, honorés d'un culte public dans son diocèse, afin qu'ils ne fussent pas exposés à la profanation des barbares, et que les diocésains qui se réfugieraient à Maastricht, après la ruine de Tongres, y trouvassent par leur moyen une longue et continuelle protection. Ces Saints, qui l'avaient précédé, sont saint Valentin, saint Navite, saint Marcel, saint Métropole ; saint Séverin, saint Florence et saint Martin. Avant de partir, il avait guéri une partie des malades de la ville ; les autres furent réservés pour recevoir la santé après sa mort par l'attouchement de son corps.
Il ne fût pas longtemps à Maastricht sans voir l'effet de la prédiction de saint Pierre. A peine eut-il placé décemment les saintes reliques qu'il avait apportées de Tongres, marqué le lieu de sa sépulture et fait ses dernières dispositions, qu'étant à l'autel, où il célébrait les Divins Mystères, il fut averti par un Ange du jour et de l'heure de son décès. Une fièvre le saisit aussitôt, et, au bout de 3 jours, après avoir reçu les derniers Sacrements, exhorté son peuple à la crainte de Dieu et prié instamment pour son Salut, il mourut paisiblement, au milieu d'une grande splendeur qui l'environna. Ce fut sur les 3 heures de l'après-midi, qui est l'heure de None, le 13 mai de l'année 384.

Décès de saint Servais. Gravure de Jacques Callot. XVIIe.
Son décès fut accompagné de plusieurs miracles : un ange descendit du ciel et apporta un voile de soie dont il le couvrit. On entendit dans l'air une musique céleste, célébrant les victoires qu'il avait remportées sur les puissances de l'enfer. Tous les malades de Maastricht et ceux de Tongres, qui assistèrent à son convoi, furent guéris. Enfin, il fit de si grands miracles, que sa mémoire fut rendue célèbre dans toutes les Gaules. Il fut enterré près du pont de la Digue publique, et l'on remarqua que la neige ne couvrit jamais sa pierre tumulaire, quoiqu'elle tombât en abondance partout alentour. Le martyrologe romain n'oublie pas ce prodige, rapporté par saint Grégoire de Tours.
La même année, les Huns firent irruption dans les Gaules et saccagèrent la ville de Tongres, qui ne put jamais se relever entièrement de ce désastre. Notre Saint n'eut de successeur que 100 ans après, lorsque saint Remi, après le Baptême de Clovis, rétablit les Eglises de Flandre et les pourvut de pasteurs. Celui qu'il donna à Maastricht et à Tongres fut saint Agricole, qui, par un respect singulier pour saint Servais, fit bâtir une église sur son sépulcre. En 583, saint Monulphe en fit bâtir une autre bien plus magnifique en son honneur, dans laquelle il transporta son corps, comme le dit saint Grégoire de Tours, dans le livre de la " Gloire des confesseurs ".

Face du reliquaire de saint Servais.
Trésor de l'église Saint-Servais. Quedlinburg. Pays-Bas.
Saint Hubert, après la célèbre victoire de Charles Martel sur les Sarrasins (732), le jour de saint Servais, fit une nouvelle translation de ses précieuses dépouilles. On trouva son corps entier ; le visage étant découvert, parut si resplendissant, qu'il remplit de lumière tout le caveau. On trouva aussi la clef qu'il avait apportée de Rome, avec le voile que les anges avaient mis sur lui après son décès. On le transféra dans une châsse d'argent doré, et on le plaça au-dessus du grand Autel. Depuis, l'empereur Othon l'avait fait transférer à Quedlimbourg, dans une église dédiée sous son nom ; mais il fut bientôt rapporté dans la ville de Maastricht, où il a fait de très-grandes merveilles.
L'aigle qui employa ses ailes en guise d'éventail pour rafraîchir le Saint pendant son sommeil ; l'ange qui le conduit d'Arménie ou de Perse dans la Gaule Belgique ; la clef que lui remit saint Pierre, ou que lui aurait simplement donnée le Pape ; un dragon qui expire près de lui, symbole de ses luttes contre l'arianisme ; une fontaine qu'il fait jaillir sous son bâton pastoral ; la mitre qu'il reçoit de la main d'un Ange ; la neige qui respecte son tombeau, tandis qu'elle en recouvre les alentours, sont autant d'attributs qui ont servi à caractériser saint Servais dans l'art populaire.

Dos du reliquaire de saint Servais.
Trésor de l'église Saint-Servais. Quedlinburg. Pays-Bas.
Saint Servais est l'un des " trois Saints de neige ou de glace " ; les deux autres sont saint Mamert, 11 mai, et saint Pancrace, 12 mai.
L'expérience a constaté que quelle que soit la température antérieure, elle s'abaisse en l'un de ces trois jours ; on n'a pas encore expliqué scientifiquement ce phénomène; mais les jardiniers au courant de leur métier se gardent bien de sortir les plantes de serre chaude, par exemple, avant la fète de saint Servais.
En plusieurs endroits, on invoque saint Servais contre le mal de jambes (même des animaux), pour le bon succès des entreprises ; contre les rats et les souris.
Tous les martyrologes latins font une honorable mémoire de saint Servais. Sa Vie a été écrite,comme nous l'avons dit, par Héribert, abbé de Lobbes. Gilles, moine d'Orval, y a fait quelques additions.
En plusieurs endroits, on invoque saint Servais contre le mal de jambes (même des animaux), pour le bon succès des entreprises ; contre les rats et les souris.
Tous les martyrologes latins font une honorable mémoire de saint Servais. Sa Vie a été écrite,comme nous l'avons dit, par Héribert, abbé de Lobbes. Gilles, moine d'Orval, y a fait quelques additions.
Jean Chapeauville, chanoine de Liège, les a insérées dans son premier tome des " Gestes des évêques de Tongres, de Maastricht et de Liège ".
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