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samedi, 18 janvier 2025

18 janvier. Chaire de saint Pierre à Rome.

- Chaire de saint Pierre à Rome.
 
" Tu es Petrus, et super hanc Petram aedificabo Ecclesiam meam. Et portae inferi non praevalebunt adversus eam. Et tibi dabo claves regni coelorum : et quodcumque ligaveris super terram, erit ligatum et in coelis, et quodcumque solveris super terram, erit solutum et in coelis."
" Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux."
Notre Seigneur Jésus-Christ à saint Pierre. Saint Matthieu, XVI, 18-19.
 

Roman de Dieu et de sa mère. XVe.

L’archange avait annoncé à Marie que le Fils qui naîtrait d'elle serait Roi, et que son Royaume n'aurait point de fin ; instruits par l'Etoile, les Mages vinrent, du fond de l'Orient, chercher ce Roi en Bethléhem ; mais il fallait une Capitale à ce nouvel Empire ; et parce que le Roi qui devait y établir son trône devait aussi, selon les conseils éternels, remonter bientôt dans les cieux, il était nécessaire que le caractère visible de sa Royauté reposât sur un homme qui fût, jusqu'à la fin des siècles, le Vicaire du Christ.

Pour cette sublime lieutenance, l'Emmanuel choisit Simon, dont il changea le nom en celui de Pierre, déclarant expressément que l'Eglise tout entière reposerait sur cet homme, comme sur un rocher inébranlable. Et comme Pierre devait aussi terminer par la croix ses destinées mortelles, le Christ prenait l'engagement de lui donner des successeurs dans lesquels vivraient toujours Pierre et son autorité.

Mais quelle sera la marque de cette succession, dans l'homme privilégié sur qui doit être édifiée l'Eglise jusqu'à la fin des temps ? Parmi tant d'Evêques, quel est celui dans lequel Pierre se continue ? Ce Prince des Apôtres a fondé et gouverné plusieurs Eglises; mais une seule, celle de Rome, a été arrosée de son sang ; une seule, celle de Rome, garde sa tombe : l'Evêque de Rome est donc le successeur de Pierre, et, par là même, le Vicaire du Christ. C'est de lui, et non d'un autre, qu'il est dit : " Sur toi je bâtirai mon Eglise ". Et encore : " Je te donnerai les Clefs du Royaume des cieux ". Et encore : " J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne défaille pas ; confirme tes frères ". Et encore : " Pais mes agneaux; pais mes brebis ".


Chaire de saint Pierre.

L'hérésie protestante l'avait si bien compris, que longtemps elle s'efforça de jeter des doutes sur le séjour de saint Pierre à Rome, croyant avec raison anéantir, par ce stratagème, l'autorité du Pontife Romain, et la notion même d'un Chef dans l'Eglise. La science historique a fait justice de cette puérile objection ; et depuis longtemps, les érudits de la Réforme sont d'accord avec les catholiques sur le terrain des faits, et ne contestent plus un des points de l'histoire les mieux établis par la critique.

Ce fut pour opposer l'autorité de la Liturgie à une sr étrange prétention des Réformateurs, que Paul IV, en 1558, rétablit au dix-huit janvier l'antique fête de la Chaire de saint Pierre à Rome ; car, depuis de longs siècles, l'Eglise ne solennisait plus le mystère du Pontificat du Prince des Apôtres qu'au vingt-deux février. Désormais, ce dernier jour fut assigné au souvenir de la Chaire d'Antioche, la première que l'Apôtre ait occupée.

Aujourd'hui donc, la Royauté de notre Emmanuel brille de tout son éclat ; et les enfants de l'Eglise se réjouissent de se sentir tous frères et concitoyens d'un même Empire, en célébrant la gloire de la Capitale qui leur est commune à tous. Lorsque, regardant autour d'eux, ils aperçoivent tant de sectes divisées et dépourvues de toutes les conditions de la durée, parce qu'un centre leur manque, ils rendent grâces au Fils de Dieu d'avoir pourvu à la conservation de son Eglise et de sa Vérité, par l'institution d'un Chef visible dans lequel Pierre se continue à jamais, comme le Christ lui-même dans Pierre. Les hommes ne sont plus des brebis sans pasteur ; la parole dite au commencement se perpétue, sans interruption, à travers les âges ; la mission première n'est jamais suspendue, et, par le Pontife Romain, la fin des temps s'enchaîne à l'origine des choses.

" Quelle consolation aux enfants de Dieu !" S'écrie a Bossuet, dans le Discours sur l'Histoire universelle ; " mais quelle conviction de la vérité quand ils voient que d'Innocent XI, qui remplit aujourd'hui (1681) si dignement le premier Siège de l'Eglise, on remonte, sans interruption, jusqu'à saint Pierre, établi par Jésus-Christ prince des Apôtres : d'où, en reprenant les Pontifes qui ont servi sous la Loi, on va jusqu'à Aaron et jusqu'à Moïse ; de là jusqu'aux Patriarches et jusqu'à l'origine du monde !


Bible historiale. Guiard des Moulins. Saint-Omer. XIVe.

Pierre, en entrant dans Rome, vient donc accomplir et expliquer les destinées de cette cité maîtresse ; il vient lui promettre un Empire plus étendu encore que celui qu'elle possède. Ce nouvel Empire ne s'établira point parla force, comme le premier. De dominatrice superbe des nations qu'elle avait été jusqu'alors, Rome, parla charité, devient Mère des peuples; mais, tout pacifique qu'il est, son Empire n'en sera pas moins durable."

Ecoutons saint Léon le Grand, dans un de ses plus magnifiques Sermons, raconter, avec toute la pompe de son langage, l'entrée obscure, et pourtant si décisive, du Pêcheur de Génésareth dans la capitale du paganisme :

" Le Dieu bon, juste et tout-puissant, qui n'a jamais dénié sa miséricorde au genre humain, et qui, par l'abondance de ses bienfaits, a fourni à tous les mortels les moyens de parvenir à la connaissance de son Nom, dans les secrets conseils de son immense amour, a pris en pitié l'aveuglement volontaire des hommes, et la malice qui les précipitait dans la dégradation, et il leur a envoyé son Verbe, qui lui est égal et coéternel. Or, ce Verbe, s'étant fait chair, a si étroitement uni la nature divine à la nature humaine , que l'abaissement de la première jusqu'à notre abjection est devenu pour nous le principe de l'élévation la plus sublime.

Mais, afin de répandre dans le monde entier les effets de cette inénarrable faveur, la Providence a préparé l'Empire romain, et en a si loin reculé les limites, qu'il embrassât dans sa vaste enceinte l'universalité des nations. C'était, en effet, une chose merveilleusement utile à e l'accomplissement de l'œuvre divinement projetée, que les divers royaumes formassent la confédération d'un Empire unique, afin que la prédication générale parvînt plus vite à l'oreille des peuples, rassemblés qu'ils étaient déjà sous le régime d'une seule cité.

Cette cité, méconnaissant le divin auteur de ses destinées, s'était faite l'esclave des erreurs de tous les peuples, au moment même où elle les tenait presque tous sous ses lois, et croyait a encore posséder une grande religion, parce qu'elle ne rejetait aucun mensonge ; mais plus durement était-elle enlacée par le diable, plus merveilleusement fut-elle affranchie par le Christ.


Antiphonaire à l'usage de la collégiale Saint-Pierre d'Angers. XVe.

En effet, lorsque les douze Apôtres, après avoir reçu par l'Esprit-Saint le don de parler toutes les langues, se furent distribué les diverses parties de la terre, et qu'ils eurent pris possession de ce monde qu'ils devaient instruire de l'Evangile, le bienheureux Pierre, Prince de l'ordre Apostolique, reçut en partage la citadelle de l'Empire romain, afin que la Lumière de vérité, qui était manifestée pour le salut de toutes les nations, se répandît plus efficacement, rayonnant du centre de cet Empire sur le monde entier.

Quelle nation, en effet, ne comptait pas de nombreux représentants dans cette ville ? Quels peuples eussent jamais pu ignorer ce que Rome avait appris ? C'était là que devaient être écrasées les opinions de la philosophie ; là que devaient être dissipées les vanités de la sagesse terrestre ; là que le culte des démons devait être confondu ; là enfin devait être détruite l'impiété de tous les sacrifices, dans ce lieu même où une superstition habile avait rassemblé tout ce que les diverses erreurs avaient jamais produit.

Est-ce que tu ne crains pas, bienheureux Apôtre Pierre, de venir seul dans cette ville ? Paul l'Apôtre, le compagnon de ta gloire, est encore occupé à fonder d'autres Eglises ; et toi, tu t'enfonces dans cette forêt peuplée de bêtes farouches, tu marches sur cet océan dont la profondeur est pleine de tempêtes, avec plus de courage qu'au jour où tu marchais sur les eaux. Tu ne redoutes pas Rome, la maîtresse du monde, toi qui, dans la maison de Caïphe, avais tremblé à la voix d'une servante de ce prêtre. Est-ce que le tribunal de Pilate, ou la cruauté des Juifs, étaient plus à craindre que la puissance d'un Claude ou la férocité d'un Néron ? Non ; mais la force de ton amour triomphait de la crainte, et tu n'estimais pas redoutables ceux que tu avais reçu la charge d'aimer. Sans doute, tu avais déjà conçu le sentiment de cette intrépide charité, au jour où la profession de ton amour envers le Seigneur fut sanctionnée par le mystère d'une triple interrogation. Aussi n'exigea-t-on autre chose de ton âme, si ce n'est que, pour paître les brebis de Celui que tu aimais, ton cœur dépensât pour elles la substance dont il était rempli.

Ta confiance, il est vrai, devait s'accroître au souvenir des miracles si nombreux que tu avais opérés, de tant de précieux dons de la grâce que a tu avais reçus, et des expériences si multipliées de la vertu qui résidait en toi. Déjà tu avais instruit les peuples de la Circoncision, qui avaient cru à ta parole ; déjà tu avais fondé l'Eglise d'Antioche, où commença d'abord la dignité du nom Chrétien ; déjà tu avais soumis aux lois de la prédication évangélique le Pont, a la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie ; et alors, sûr du progrès de ton œuvre et de la durée de ta vie, tu vins élever sur les remparts de Rome le trophée de la Croix du Christ, là même où les conseils divins avaient préparé pour toi l'honneur de la puissance suprême, et la gloire du martyre."

L'avenir du genre humain par l'Eglise est donc pour jamais fixé à Rome, et les destinées de cette ville sont pour toujours enchaînées à celles du Pontife immortel. Divisés, de races, de langages, d'intérêts, nous tous, enfants de l'Eglise, nous sommes Romains dans l'ordre de la religion; et ce titre de Romains nous unit par Pierre à Jésus-Christ, et forme le lien de la grande fraternité des peuples et des individus catholiques.


Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.

Notre Seigneur Jésus-Christ par Pierre, Pierre par son successeur, nous régissent dans l'ordre du gouvernement spirituel. Tout pasteur dont l'autorité n'émane pas du Siège de Rome, est un étranger, un intrus. De même, dans l'ordre de la croyance, Jésus-Christ par Pierre, Pierre par son successeur, nous enseignent la doctrine divine, et nous apprennent à discerner la vérité de l'erreur. Tout Symbole de foi, tout jugement doctrinal, tout enseignement, contraire au Symbole, aux jugements, aux enseignements du Siège de Rome, est de l'homme et non de Dieu, et doit être repoussé avec horreur et anathème. En la fêle de la Chaire de saint Pierre à Antioche, nous parlerons du Siège Apostolique comme source unique de la puissance de gouvernement dans l'Eglise ; aujourd'hui, honorons la Chaire romaine comme la source et la règle de notre foi.

Empruntons encore ici le sublime langage de saint Léon, et interrogeons-le sur les titres de Pierre à l'infaillibilité de l'enseignement. Nous apprendrons de ce grand Docteur à peser la force des paroles que le Christ prononça pour être le titre suprême de notre foi, dans toute la durée des siècles :

" Le Verbe fait chair était venu habiter au milieu de nous, et le Christ s'était dévoué tout entier à la réparation du genre humain. Rien qui n'eût été réglé par sa sagesse, rien qui se fût trouvé au-dessus de son pouvoir. Les éléments lui obéissaient, les Esprits angéliques étaient à ses ordres; le mystère du salut des hommes ne pouvait manquer son effet ; car Dieu, dans son Unité et dans sa Trinité, daignait s'en occuper lui-même. Cependant de ce monde tout entier, Pierre seul est choisi, pour être préposé à la vocation de toutes les nations, à tous les Apôtres, à tous les Pères de l'Eglise. Dans le peuple de Dieu, il y aura plusieurs prêtres et plusieurs pasteurs; mais Pierre régira, par une puissance qui lui est propre, tous ceux que le Christ régit lui-même d'une manière plus élevée encore. Quelle grande et admirable participation de son pouvoir Dieu a daigné donner à cet homme, ô frères chéris ! S'il a voulu qu'il y eût quelque chose de commun entre lui et les autres pasteurs, il l'a fait à la condition de donner à ceux-ci, par Pierre, tout ce qu'il voulait bien ne pas leur refuser.


Heures à l'usage de Rome. XVe.

Le Seigneur interroge tous les Apôtres sur l'idée que les hommes ont de lui. Les Apôtres sont d'accord, tant qu'il ne s'agit que d'exposer les différentes opinions de l'ignorance humaine. Mais quand le Christ en vient à demander à ses disciples leur propre sentiment, celui-là est le premier à confesser le Seigneur, qui est le premier dans la dignité apostolique. C'est lui qui dit :
" Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant."
Jésus lui répond :
" Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ni la chair ni le sang ne t'ont révélé ces choses, mais mon Père qui est dans les cieux. C'est-à-dire : Oui, tu es heureux, car mon Père t'a instruit ; les pensées de la terre ne t'ont point induit en erreur, mais l'inspiration du ciel t'a éclairé. Ce n'est ni la chair ni le sang, mais Celui-là même dont je suis le Fils unique, qui m'a fait connaître à toi. Et moi, ajoute-t-il, je te le dis : De même que mon Père t'a dévoilé ma divinité, à mon tour, jeté fais connaître ton excellence. Car tu es Pierre, c'est-à-dire, de même que je suis la Pierre inviolable, la Pierre angulaire qui réunit les deux murs, le Fondement si essentiel que l'on n'en saurait établir un autre : ainsi, toi-même, tu es Pierre, car tu reposes sur ma solidité, et les choses qui me sont propres par la puissance qui est en moi, te sont communes avec moi par la participation que je t'en fais. Et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Sur la solidité de cette pierre, je bâtirai le temple éternel ; et mon Eglise, dont le faîte montera jusqu'au ciel, s'élèvera sur la fermeté de cette foi."

La veille de sa Passion, qui devait être une épreuve pour la constance de ses disciples, le Seigneur dit ces paroles :
" Simon, Simon, Satan a demandé à vous cribler comme le froment ; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras converti , confirme tes frères."
Le péril de la tentation était commun à tous les Apôtres ; tous avaient besoin du secours de la protection divine ; car le diable se proposait de les remuer tous, et de les écraser tous. Cependant le Seigneur ne prend un soin spécial que de Pierre seul ; ses prières sont pour la foi de Pierre, comme si le salut des autres était en sûreté, par cela seul que l'âme de leur Prince n'aura point été abattue. C'est donc sur Pierre que le courage de tous s'appuiera, que le secours de la grâce divine sera ordonné, afin que la solidité que le Christ attribue à Pierre, soit par Pierre conférée aux Apôtres.


Retable de la chaire de saint Pierre. Le Bernin. Rome. XVIIe.

Dans un autre Sermon, l'éloquent Docteur nous fait voir comment Pierre vit et enseigne toujours dans la Chaire Romaine :
" La disposition établie par Celui qui est la Vérité même, persévère donc toujours, et le bienheureux Pierre, conservant la solidité qu'il a reçue, n'a jamais abandonné le gouvernail de l'Eglise. Car tel est le rang qui lui a été donné au-dessus de tous les autres, que, lorsqu'il est appelé Pierre, lorsqu'il est proclamé Fondement, lorsqu'il est constitué Portier du Royaume des cieux, lorsqu'il est établi Arbitre pour lier et délier, avec une telle force dans ses jugements qu'ils sont ratifiés jusque dans les cieux, nous sommes à même de connaître, par le mystère de si hauts titres, le lien qu'il avait avec le Christ. Maintenant, c'est avec plus de plénitude et de puissance qu'il remplit la mission qui lui fut confiée ; et toutes les parties de son office et de sa charge, il les exerce en Celui et avec Celui par qui il a été glorifié.

Si donc, sur cette Chaire, nous faisons quelque chose de bien, si nous décrétons quelque chose de juste, si nos prières quotidiennes obtiennent quelque grâce de la miséricorde de Dieu, c'est par l'effet des œuvres et des mérites de celui qui vit dans son Siège et y éclate par son autorité. Il nous l'a mérité, frères chéris, par cette confession qui, inspirée à son coeur d'Apôtre par Dieu le Père, a dépassé toutes les incertitudes des opinions humaines, et mérité de recevoir cette fermeté de la Pierre que nuls assauts ne pourraient ébranler. Chaque jour, dans toute l'Eglise, c'est Pierre qui dit: Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ; et toute langue qui confesse le Seigneur est instruite par le magistère de cette voix. C'est cette foi qui triomphe du diable, et brise les liens de ceux t qu'il tenait captifs. C'est elle qui introduit au ciel les fidèles au sortir de ce monde; et les portes de l'enfer ne peuvent prévaloir contre elle. Telle est, en effet, la force divine qui la garantit, que jamais la perversité hérétique ne l'a pu corrompre, ni la perfidie païenne la surmonter."

" Qu'on ne dise donc point, s'écrie Bossuet, dans le Sermon sur l'Unité de l'Eglise, qu'on ne dise point, qu'on ne pense point que ce ministère de saint Pierre finit avec lui : ce qui doit servir de soutien à une Eglise éternelle, ne peut jamais avoir de fin. Pierre vivra dans ses successeurs, Pierre parlera toujours dans sa Chaire : c'est ce que disent les Pères ; c'est ce que confirment six cent trente Evêques, au Concile de Chalcédoine."
 
Et encore :
" Ainsi l'Eglise Romaine est toujours Vierge ; la foi Romaine est toujours la foi de l'Eglise ; on croit toujours ce qu'on a cru, la même voix retentit partout ; et Pierre demeure, dans ses successeurs, le fondement des fidèles. C'est Jésus-Christ qui l'a dit; et le ciel et la terre passeront plutôt que sa parole."

De Concordia Evangelistarum. XIIe.

Tous les siècles chrétiens ont professé cette doctrine de l'infaillibilité du Pontife romain enseignant l'Eglise du haut de la Chaire apostolique. On la trouve enseignée expressément dans les écrits des saints Pères, et les Conciles œcuméniques de Lyon et de Florence se sont énoncés, dans leurs actes les plus solennels, d'une manière assez claire pour ne laisser aucun doute aux chrétiens de bonne foi. Néanmoins, l'esprit d'erreur, à l'aide de sophismes contradictoires, et en présentant sous un faux jour quelques faits isolés et mal compris, essaya, durant une période trop longue, de faire prendre le change aux fidèles d'un pays dévoué d'ailleurs au siège de Pierre. L'influence politique fut la première cause de cette triste scission, que l'orgueil d'école rendit trop durable. Le seul résultat fut d'affaiblir le principe d'autorité dans les contrées où elle régna, et d'y perpétuer la secte janséniste, dont les erreurs avaient été condamnées par le Siège Apostolique. Les hérétiques répétaient, après l'Assemblée de Paris en 1682, que les jugements qui avaient proscrit leurs doctrines, n'étaient pas en eux-mêmes irréformables.

L'Esprit-Saint qui anime l'Eglise a enfin extirpé cette funeste erreur. Dans le Concile du Vatican, il a dicté la sentence solennelle qui déclare que désormais ceux qui refuseraient de reconnaître pour infaillibles les décrets rendus solennellement par le Pontife romain en matière de foi et de morale, ont cessé par là même de faire partie de l'Eglise catholique. C'est en vain que l'enfer a tenté d'entraver les opérations de l'auguste assemblée, et si le Concile de Chalcédoine s'était écrié :
" Pierre a parlé par Léon " ; si le troisième Concile de Constantinople avait répété : " Pierre a parlé par Agathon " ; le Concile du Vatican a proclamé : " Pierre a parlé et parlera toujours par le Pontife romain ".

Remplis de reconnaissance pour le Dieu de vérité qui a daigné élever et garantir de toute erreur la Chaire romaine, nous écouterons avec soumission d'esprit et de cœur les enseignements qui en descendent. Nous reconnaîtrons l'action divine dans la fidélité avec laquelle cette Chaire immortelle a su conserver la vérité sans tache durant dix-huit siècles, tandis que les Sièges de Jérusalem, d'Antioche, d’Alexandrie et de Constantinople ont pu à peine la garder quelques centaines d'années, et sont devenus l'un après l'autre ces chaires de pestilence dont parle le Prophète.


Heures à l'usage d'Autun. XVe.

En ces jours consacrés à honorer l'Incarnation du Fils de Dieu et sa naissance du sein d'une Vierge, rappelons-nous que c'est au Siège de Pierre que nous devons la conservation de ces dogmes qui sont le fondement de notre Religion tout entière. Non seulement Rome nous les a enseignés par les apôtres auxquels elle donna mission de prêcher la foi dans les Gaules ; mais quand les ténèbres de l'hérésie tentèrent de jeter leur ombre sur de si hauts mystères, ce fut Rome encore qui assura le triomphe de la vérité par sa décision souveraine. A Ephèse, où il s'agissait, en condamnant Nestorius, d'établir que la nature divine et la nature humaine, dans le Christ, ne forment qu'une seule personne, et que, par conséquent, Marie est véritablement Mère de Dieu ; à Chalcédoine, où l'Eglise avait à proclamer, contre Eutychès, la distinction des deux natures dans le Verbe incarné, Dieu et homme: les Pères de deux Conciles œcuméniques déclarèrent qu'ils ne faisaient que suivre, dans leur décision, la doctrine qui leur était transmise par les lettres du Siège Apostolique.

Tel est donc le privilège de Rome, de présider par la foi aux intérêts de la vie future, comme elle présida par les armes, durant des siècles, aux intérêts de la vie présente, dans le monde connu alors. Aimons et honorons cette ville Mère et Maîtresse, notre patrie commune ; et, d'un cœur filial, célébrons aujourd'hui sa gloire.

HYMNE

Voici ces admirables strophes où Prudence exprime avec tant de noblesse la prière que fit saint Laurent en faveur de Rome chrétienne, pendant que les charbons ardents dévoraient ses membres sur le gril embrasé :



Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.

" Ô Christ ! Dieu unique, splendeur, vertu du Père, auteur de la terre et des cieux, toi dont la main éleva ces remparts,

Toi qui as placé le sceptre de Rome au-dessus des destinées de l'humanité ! dans tes conseils, tu as voulu que le monde entier cédât à la toge, et se soumit aux armes du Romain,

Afin de réunir sous une loi unique tant de nations divisées de mœurs, de coutumes, de langage et de sacrifices.

Le moment est venu ; le genre humain tout entier a passé sous l'empire de Rémus ; l'unité remplace maintenant la dissemblance des usages.

Ton dessein, Ô Christ, a été d'enlacer l'univers d'une même chaîne sous l'empire du nom Chrétien.

Fais donc, fais chrétienne aujourd'hui, en faveur des Romains qui sont à toi, cette Rome, l'instrument et le centre de l'unité pour les autres villes qui invoquent ton Nom ;

Car c'est en elle que les membres se réunissent dans un seul tout mystérieux.

L'univers a subi la loi de douceur ; que le jour vienne où sa superbe capitale,

Sous ce joug de grâce qui a réuni les races les plus ennemies, adoucisse aussi sa fierté; que Romulus à son tour devienne fidèle, et que Numa s'abaisse devant la foi.

Dans le secret sanctuaire de son foyer, le successeur des Catons vénère honteusement encore les Pénates autrefois chassés de Troie.

Le Sénat honore encore Janus aux deux visages; il persiste à rendre un culte dégoûtant, hérité de ses pères, au dieu Sterculus et au vieux Saturne.

Efface, Ô Christ, ce déshonneur; envoie ton Gabriel montrer aux aveugles fils d'Iule quel est le Dieu véritable.

Déjà, nous Chrétiens, nous possédons le gage assuré de cette espérance ; déjà règnent dans Rome les deux Princes des Apôtres.

L'un, noble instrument de la vocation des Gentils ; l'autre, assis sur la première Chaire, a reçu le soin d'ouvrir et de fermer les portes de l'éternité.

Fuis, adultère, incestueux Jupiter, délivre Rome de ta présence ; fuis et laisse en sa liberté le peuple du Christ.

C'est Paul qui te poursuit ; c'est le sang de Pierre qui crie contre toi; paie maintenant les forfaits de Néron.

Je vois venir un prince, un Empereur serviteur de Dieu ; son zèle s'indignera de voir Rome esclave de ces sacrifices d'ignominie.

Il viendra fermer les temples ; il en scellera les portes d'ivoire. Par son ordre, d'éternels verrous en défendront le seuil.

De ce jour, le marbre ne verra plus l'impur sang des victimes souiller sa blancheur, et les idoles, spectacle désormais innocent , demeureront debout sans hommages."

HYMNE

L'Hymne qui suit est suspendue à la balustrade de la Confession de saint Pierre, dans la Basilique Vaticane, pour l'usage des pèlerins :


Heures à l'usage de Rome. XVe.

" Saint Apôtre, porte-clefs des cieux, secourez-nous par vos prières, rendez-nous accessibles les portes des palais célestes.

Vous avez lavé votre péché dans les larmes abondantes de la pénitence, obtenez que nous aussi lavions des pleurs nos crimes par continuels.

Un Ange vint délier vos chaînes ; vous, daignez nous arracher aux liens criminels qui nous captivent.

Ô pierre solide de l'Eglise, colonne qui ne peut fléchir ! Donnez-nous force et constance ; que l'erreur en nous ne renverse pas la foi.

Protégez Rome que vous avez jadis consacrée par votre sang ; sauvez les nations qui se confient en vous.

Soyez le défenseur de la société des fidèles qui vous honorent ; que la contagion ne vienne pas lui nuire, ni la discorde la diviser.

Détruisez les artifices que l'ancien ennemi a dressés contre nous, comprimez sa fureur atroce, et que sa rage ne s'exerce pas sur nous.

Contre ses assauts furieux, donnez-nous des forces au moment de la mort, afin que, dans ce combat suprême, nous puissions demeurer victorieux.

Amen."

PRIERE

" Nous sommes donc établis sur Jésus-Christ dans notre foi et dans nos espérances, Ô Prince des Apôtres, puisque nous sommes établis sur vous qui êtes la Pierre qu'il a posée. Nous sommes donc les brebis du troupeau de Jésus-Christ, puisque nous vous obéissons comme à notre pasteur. En vous suivant, Ô Pierre, nous sommes donc assurés d'entrer dans le Royaume des cieux, puisque vous en tenez les clefs. Quand nous nous glorifions d'être vos membres, Ô notre Chef, nous pouvons donc nous regarder comme les membres de Jésus-Christ même ; car le Chef invisible de l'Eglise ne reconnaît point d'autres membres que ceux du Chef visible qu'il a établi. De même, quand nous gardons la foi du Pontife Romain, quand nous obéissons à ses ordres, c'est votre foi, Ô Pierre, que nous professons, ce sont vos commandements que nous suivons ; car si le Christ enseigne et régit en vous, vous enseignez et régissez dans le Pontife Romain.


Psautiers et heures à l'usage de Beaune. XIVe.

Grâces soient donc rendues à l'Emmanuel qui n'a pas voulu nous laisser orphelins, mais qui, avant de retourner dans les cieux, a daigné nous assurer, jusqu'à la consommation des siècles, un Père et un Pasteur. La veille de sa Passion, voulant nous aimer jusqu'à la fin, il nous laissa son corps pour nourriture et son sang pour breuvage. Après sa glorieuse Résurrection, au moment de monter à la droite de son Père, ses Apôtres étant réunis autour de lui , il constitua son Eglise comme une immense bergerie, et il dit à Pierre : " Pais mes brebis , pais mes agneaux ". Par ce moyen, Ô Christ, vous assuriez la perpétuité de cette Eglise ; vous établissiez dans son sein l'unité, qui seule pouvait la conserver et la défendre des ennemis du dehors et du dedans. Gloire à vous, architecte divin, qui avez bâti sur la Pierre ferme votre édifice immortel ! Les vents ont soufflé, les tempêtes se sont déchaînées, les flots ont battu avec rage ; mais la maison est demeurée debout, parce qu'elle était assise sur le roc. (Matth. VII, 25.).

Rome ! en ce jour où toute l'Eglise proclame ta gloire, et se félicite d'être bâtie sur ta Pierre, reçois les nouvelles promesses de notre amour, les nouveaux serments de notre fidélité. Toujours tu seras notre Mère et notre Maîtresse, notre guide et notre espérance. Ta foi sera à jamais la nôtre ; car quiconque n'est pas avec toi n'est pas avec Jésus-Christ. En toi tous les hommes sont frères, et tu n'es point pour nous une cité étrangère, ni ton Pontife un souverain étranger. Nous vivons par toi de la vie du cœur et de l'intelligence ; et tu nous prépares à habiter un jour cette autre cité dont tu es l'image, cette cité du ciel dont tu formes l'entrée.

Bénissez, Ô Prince des Apôtres, les brebis confiées à votre garde ; mais souvenez-vous de celles qui sont malheureusement sorties du bercail. Loin de vous, des nations entières que vous aviez élevées et civilisées par la main de vos successeurs, languissent, et ne sentent pas encore le malheur d'être éloignées du Pasteur. Le schisme glace et corrompt les unes ; l'hérésie dévore les autres. Sans le Christ visible dans son Vicaire, le Christianisme devient stérile et peu à peu s'anéantit. Les doctrines imprudentes qui tendent à amoindrir la somme des dons que le Seigneur a conférés à celui qui doit tenir sa place jusqu'au jour de l'éternité, ont trop longtemps desséché les cœurs de ceux qui les professaient; trop souvent elles les ont disposés à substituer le culte de César au service de Pierre. Guérissez tous ces maux, Ô Pasteur suprême ! Accélérez le retour des nations séparées ; hâtez la chute de l'hérésie du seizième siècle ; ouvrez les bras à votre fille chérie, l'Eglise d'Angleterre : qu'elle refleurisse comme aux anciens jours. Ebranlez de plus en plus l'Allemagne et les royaumes du Nord ; que tous ces peuples sentent qu'il n'y a plus de salut pour la foi qu'à l'ombre de votre Chaire. Renversez le colosse monstrueux du Septentrion, qui pèse à la fois sur l'Europe et sur l'Asie, et déracine partout la vraie religion de votre Maître. Rappelez l'Orient à son antique fidélité ; qu'il revoie, après une si longue éclipse, ses Sièges Patriarcaux se relever dans l'unité de la soumission à l'unique Siège Apostolique.



Institution de l'Eglise. Recueil de peintures sacrées.
Illustrateur : Gondar. Ethiopie. XVIIIe.

Nous enfin qui, par la miséricorde divine et par l'effet de votre paternelle tendresse, sommes demeurés fidèles , conservez-nous dans la foi Romaine, dans l'obéissance à votre successeur. Instruisez-nous des mystères qui vous ont été confiés ; révélez-nous ce que le Père céleste vous a révélé à vous-même. Montrez-nous Jésus, votre Maître ; conduisez-nous à son berceau, afin qu'à votre exemple, et sans être scandalisés de ses abaissements, nous ayons le bonheur de lui dire comme vous : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant !"

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mercredi, 15 janvier 2025

15 janvier. Saint Paul, premier ermite. 342.

- Saint Paul, premier ermite. 342.
 
Pape : Saint Jules Ier. Empereur romain d'Occident : Constant Ier. Empereur romain d'Orient : Constance II.

" Le mien et le tien ; cette froide parole est la source de tous les maux de cette vie."
Saint Jean Chrysostome. Oratione de S. Philogonio.


Saint Paul ermite. Dans le ciel, le corbeau préposé par Dieu
lui apporte sa nourriture. Giuseppe de Ribeira. XVIIe.

L’Eglise honore aujourd'hui la mémoire d'un des hommes le plus spécialement choisis pour représenter la pensée de ce détachement sublime que l'exemple du Fils de Dieu, né dans une grotte, à Bethléhem. révéla au monde. L'ermite Paul a tant estimé la pauvreté de Jésus-Christ, qu'il s'est enfui au désert, loin de toute possession humaine et de toute convoitise. Une caverne pour habitation, un palmier pour sa nourriture et son vêtement, une fontaine pour y désaltérer sa soif, un pain journellement apporté du ciel par un corbeau pour prolonger cette vie merveilleuse : c'est ainsi que Paul servit, pendant soixante ans, étranger aux hommes, Celui qui n'avait pas trouvé de place dans la demeure des hommes, et qui fut contraint d'aller naître dans une étable abandonnée.

Mais Paul habitait avec Dieu dans sa grotte ; et en lui commence la race sublime des Anachorètes, qui, pour converser avec le Seigneur, ont renoncé à la société et même à la vue des hommes : anges terrestres dans lesquels a éclaté, pour l'instruction des siècles suivants, la puissance et la richesse du Dieu qui suffit lui seul aux besoins de sa créature. Admirons un tel prodige ; et considérons, avec reconnaissance, à quelle hauteur le mystère d'un Dieu incarné a pu élever la nature humaine tombée dans la servitude des sens, et tout enivrée de l'amour des biens terrestres.


Saint Paul et saint Antoine.
Très belles heures de Notre Dame de Jean de Berry. XVe.

N'allons pas croire cependant que cette vie de soixante ans passée au désert, cette contemplation surhumaine de l'objet de la béatitude éternelle, eussent désintéressé Paul de l'Eglise et de ses luttes glorieuses. Nul n'est assuré d'être dans la voie qui conduit à la vision et à la possession de Dieu, qu'autant qu'il se tient uni à l'Epouse que le Christ s'est choisie, et qu'il a établie pour être la colonne et le soutien de la vérité. (II Tim. III, 15.).

Or, parmi les enfants de l'Eglise, ceux qui doivent le plus étroitement se presser contre son sein maternel, sont les contemplatifs ; car ils parcourent des voies sublimes et ardues, où plusieurs ont rencontré le péril.


Saint Paul et saint Antoine s'entretenant au désert.
Maître des prélats bourguignon. XVe.

Du fond de sa grotte, Paul, éclairé d'une lumière supérieure, suivait les luttes de l'Eglise contre l'arianisine ; il se tenait uni aux défenseurs du Verbe consubstantiel au Père : et afin de montrer sa sympathie pour saint Athanase, le vaillant athlète de la foi, il pria saint Antoine, à qui il laissait sa tunique de feuilles de palmier, de l'ensevelir dans un manteau dont l'illustre patriarche d’Alexandrie, qui aimait tendrement le saint abbé, lui avait fait présent.

Le nom de Paul, père des Anachorètes, est donc enchaîné à celui d'Antoine, père des Cénobites ; les races fondées par ces deux apôtres de la solitude sont sœurs ; toutes deux émanent de Bethléhem comme d'une source commune. La même période du Cycle réunit, à un jour d'intervalle, les deux fidèles disciples de la crèche du Sauveur.


Saint Antoine cherchant saint Paul ermite et rencontrant le satyre.
Secrets de l'histoire naturelle. XIVe.

Paul, premier ermite, au témoignage de saint Jérôme qui a écrit sa vie, se retira, pendant la persécution violente de Dèce, dans un vaste désert où il demeura 60 ans, au fond d'une caverne, tout à fait inconnue des hommes. Ce Dèce, qui eut, deux noms, pourrait bien être Gallien qui commença à régner l’an du Seigneur 256.

Saint Paul voyant donc les chrétiens en butte à toutes sortes de supplices, s'enfuit au désert. A la même époque, en effet, deux jeunes chrétiens sont pris, l’un d'eux a tout le corps enduit de miel et est exposé sous l’ardeur du soleil aux piqûres des mouches, des insectes et des guêpes ; l’autre est mis sur un lit des plus mollets, placé dans un jardin charmant, où une douce température, le murmure des ruisseaux, le chant des oiseaux, l’odeur des fleurs étaient enivrants. Le jeune homme est attaché avec des cordes tissées de la couleur des fleurs, de sorte qu'il ne pouvait s'aider ni des mains, ni des pieds.
 
Vient une jouvencelle d'une exquise beauté, mais impudique, qui caresse impudiquement le jeune homme rempli de l’amour de Dieu. Or, comme il sentait dans sa chair des mouvements contraires à la raison, mais qu'il était privé d'armes, pour se soustraire à son ennemi, il se coupa la langue avec les dents et la cracha au visage de cette courtisane : il vainquit ainsi la tentation par la douleur, et mérita un trophée digne de louanges. Saint Paul effrayé par de pareils tourments et par d'autres encore, alla au désert.

Saint Antoine cherchant saint Paul ermite et rencontrant le satyre.
Livre des merveilles. Jean Mandeville. XVe.

Antoine se croyait alors le premier des moines qui vécût en ermite ; mais averti en songe qu'il y en a un meilleur que lui de beaucoup, lequel vivait dans un ermitage, il se mit à le chercher à travers les forêts ; il rencontra un hippocentaure cet être moitié homme, moitié cheval, lui indiqua qu'il fallait prendre à droite. Bientôt après, il rencontra un animal portant des fruits de palmier, dont la partie supérieure du corps avait la figure d'un homme et la partie inférieure, la forme d'une chèvre. Antoine le conjura de la part de Dieu de lui dire qui il était ; l’animal répondit qu'il était un satyre, le dieu des bois, d'après la croyance erronée des gentils. Enfin il rencontra un loup qui le conduisit à la cellule de saint Paul. Mais celui-ci ayant deviné que c'était Antoine qui venait, ferma sa porte. Alors Antoine le prie de lui ouvrir, l’assurant qu'il ire s'en ira pas de là, mais qu'il y mourra plutôt. Paul cède et lui ouvre, et aussitôt ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre en s'embrassant.


Saint Paul et saint Antoine tombent dans les bras l'un de l'autre.
Détail. Sano di Pietro. XVe.

Quand l’heure du repas fut arrivée, un corbeau apporta une double ration de pain : or, comme Antoine était dans l’admiration, Paul répondit que Dieu le servait tous les jours de la sorte, mais qu'il avait doublé la pitance en faveur de son hôte. Il y eut un pieux débat entre eux pour savoir qui était le plus digne de rompre ce pain : saint Paul voulait déférer cet honneur à son hôte et saint Antoine à son ancien. Enfin ils tiennent le pain chacun d'une main et le partagent égaleraient en deux. Saint Antoine, à son retour, était déjà près de sa cellule, quand il vit des anges portant l’âme de Paul, il s'empressa de revenir, et trouva le corps de Paul droit sur ses genoux fléchis, comme s'il priait ; en sorte qu'il le pensait vivant ; mais s'étant assuré qu'il était mort, il dit :
" Ô sainte âme, tu as montré par ta mort ce que tu étais dans ta vie."


La dépouille de saint Paul et saint Antoine.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Or, comme Antoine était dépourvu de ce qui était nécessaire pour creuser une fosse, voici venir deux lions qui en creusèrent une, puis s'en retournèrent à la forêt, après l’inhumation. Antoine prit à Paul sa tunique tissue avec da palmier, et il s'en revêtit dans la suite aux jours de solennité. Il mourut environ l’an 287.

XV DIE JANUARII

Nous donnons ici les trois strophes suivantes, consacrées par l'Eglise Grecque, dans ses Menées, à la louange du premier des Ermites :

" Quand, par l'inspiration divine, tu as abandonné avec sagesse, Ô Père, les sollicitudes de la vie pour embrasser les travaux de l'ascèse ; alors, enflammé de l'amour du Seigneur, plein de joie, tu t'es emparé du désert, laissant derrière toi les passions de l'homme, et poursuivant avec persévérance ce qu'il y a de meilleur, semblable à un Ange, tu as accompli ta vie.

Séparé volontairement de toute société humaine, dès ton adolescence, Ô Paul, notre père, tu as, le premier de tous, embrassé la complète solitude, dépassant tous les autres solitaires, et tu as été inconnu pendant toute ta vie : c'est pourquoi Antoine, par un mouvement divin, t'a découvert, toi qui étais comme caché, et il t'a manifesté à l'univers.

Livré, Ô Paul, à un genre de vie inaccoutumé sur la terre, tu as habité avec les bêtes, assisté du ministère d'un oiseau, par la volonté divine ; à cette vue, le grand Antoine stupéfait, au jour où il te découvrit, te célébra sans relâche, comme le Prophète et le Maître de tous comme un être divin."


Scènes de la vie de saint Paul ermite avec saint Antoine.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.
 
PRIERE
 
" Vous contemplez maintenant dans sa gloire, Ô prince des Anachorètes, le Dieu dont vous avez médité, durant soixante années, la faiblesse et les abaissements volontaires ; votre conversation avec lui est éternelle. Pour cette caverne, qui fut le théâtre de votre pénitence, vous avez l'immensité des cieux ; pour cette tunique de feuilles de palmier, un vêtement de lumière ; pour ce pain matériel, l'éternel Pain de vie ; pour cette humble fontaine, la source de ces eaux qui jaillissent jusque dans l'éternité.

Dans votre isolement sublime, vous imitiez le silence du Fils de Dieu en Bethléhem ; maintenant, votre langue est déliée, et la louange s'échappe à jamais de votre bouche avec le cri de la félicité. Souvenez-vous cependant de cette terre dont vous n'avez connu que les déserts ; rappelez à l'Emmanuel qu'il ne l'a visitée que dans son amour, et faites descendre sur nous ses bénédictions. Obtenez-nous la grâce d'un parfait détachement des choses périssables, l'estime de la pauvreté, l'amour de la prière, et une continuelle aspiration vers la patrie céleste."

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lundi, 30 décembre 2024

30 décembre. Saint Pierre d'Ambleteuse, Apôtre de l'Angleterre, Ier abbé de Cantorbéry. 608.

- Saint Pierre d'Ambleteuse, Apôtre de l'Angleterre, Ier abbé de Cantorbéry. 608.

Pape : Boniface IV. Roi de Kent : Aethelbert de Kent. Roi de France : Clotaire II.

" L'office de la prédication est plus agréable au Père des miséricordes que tout espèce de sacrifice, surtout quand on l'accomplit avec une ardente charité."
Saint François d'Assise.


Saint Grégoire le Grand envoyant saint Augustin évangéliser
les Angles et les Saxons. Legenda aurea. Bx J. de Voragine.
R. de Montbaston. XIVe.

Saint Pierre fut envoyé, sous la conduite du moine, le grand saint Augustin de Cantobéry, avec d'autres ouvriers évangéliques destinés par le pape saint Grégoire le Grand à la régénération de la Grande Bretagne. Ils traversèrent la France et s'arrêtèrent un instant à Tours, pour y rendre en passant leurs pieux hommages aux précieuses reliques du grand saint Martin.

Au printemps de l'année 577, Pierre et ses compagnons, suivis de 40 autres personnes qu'ils avaient prises en France en qualité d'interprètes, abordèrent à la petite île de Thanet. Ils députèrent aussitôt auprès du roi de Kent, pour lui faire connaître l'objet de leur voyage et lui annoncer qu'ils venaient lui apporter une bonne nouvelle ; savoir, la promesse certaine d'une joie éternelle et d'un règne sans fin avec le Dieu vivant et véritable.

Prévenu en faveur de ces envoyés par tous les discours que lui avait tenus sur la religion son épouse Berthe et son confesseur Luidhart, le roi de Kent, Ethelbert, bien qu'adonné encore à l'idolâtrie, leur témigna dans son accueil une généreuse hospitalité, et veille à ce qu'ils ne manquassent d'aucune choses qui pouvaient leur être nécessaires. Là ne se bornèrent point ses bienfaits ; car il voulut en outre qu'ils eussent dans la capitale de son royaume un logement convenable.

Saint Pierre et ses compagnons ne tardèrent donc pas à quitter Thanet pour Cantorbéry. On était alors dans le temps pascal. En passant devant la petite église de Saint-Martin, où la pieuse Berthe avait tant de fois prié et pleuré pour la conversion de l'Angleterre, ils chantèrent comme si ç'eût été au nom des habitants :
" Seigneur, nous faisons appel à votre miséricorde ; détournez votre colère de ce peuple et de votre sainte maison, car nous avons péché."

Les missionnaires habitaient tout auprès du palais d'Ethelbert, qui assistait souvent à leurs pieux exercices et prenait plaisir à leurs édifiants entretiens. Ils vivaient, comme des apôtres, dans la prière, les veilles et les jeunes. Ils prêchaient la parole de vie à tous ceux qui étaient disposés à l'entendre, ne recevant de leurs disciples que ce qui était absolument indispensable à leurs besoins, et se conformant en toutes choses avec une extrême rigueur à leur profession et à leur doctrine. Ils semblaient mettre de côté les bonnes choses de ce monde comme ne leur appartenant pas. Ils supportaient les désappointements et les obstacles avec calme et sans inquiétude ; ils seraient mort voilontiers pour défendre la vérité qu'is prêchaient, si telle eût été la volonté de Dieu. Aussi, un grand nombre d'indigènes, gagnés par la simplicité, la pureté de leur vie et la douceur de leur céleste doctrine, crurent et reçurent le baptême.

Les conversions se pultiplièrent avec une rapidité toujours croissante, jusqu'à ce qu'enfin Celui qui tourne le coeur des rois comme le cours des rivières, daignât faire ressentir à Ethelbert lui même les premiers effets de son esprit de lumière. Les raisons qui décidèrent ce prince à embrasser la foi chrétienne furent la multitude des miracles qui, opérés sous ses yeux, donnèrent plein crédit aux promesses des missionnaires.

Ce fut le jour de la Pentecôte, le 2 juin 597, que le roi d'Angleterre reçut le baptême, suivant les formes encore aujourd'hui en usage aujourd'hui dans le rituel de l'Eglise catholique romaine.

Cinq mois après cette cérémonie, saint Augustin retourna en France, où il fut sacré évêque de la Grande-Bretagne par les mains de l'archevêque Virgile. Durant cet intervalle, la prédication du bon exemple donné par Ethelbert avait été si puissante, que dans la même année, au our de Noël, plus de dis mille Anglais vinrent cherche la grâce de la régénération dans les eaux saintes.

Depuis qu'Ethelbert avait revêtu le glorieux titre d'enfant de Dieu, tous les honneurs et toutes les grandeurs de la terre étaient devenues pour lui comme s'ils n'eussent jamais été ; et afin que seul Dieu soit glorifié à sa place dans la personne de ses ministres, il s'éloigne volontairement de son palais, qu'il met intégralement à la disposition de saint Augustin de Cantorbéry et des autres religieux, ses frères. Sous cet illustre toit, érigé en monastère, nos missionnaires revinrent à leurs anciennes habitudes de vie claustrale, les conciliant toutefois avec les obligations actives que leur imposait envers la société leur qualité de missionnaires, et y puisant, pour l'accomplissement de ces mêmes obligations, une vigueur de foi et une énergie d'action qu'ils eussent en vain chercher ailleurs.


Abbaye Saint-Augustin. Cantorbéry. Angleterre.

Jusqu'à présent, nous n'avons rien dit de saint Augustin qui ne soit applicabe à saint Pierre d'Ambleteuse, depuis longtemps le fidèle compagnon de tous ses travaux. Investi de la confiance particulière du chef de la mission, c'est notre Saint qui, avec Laurence, eut en 598 l'honneur d'être délégué par lui auprès du pape, pour lui rendre compte du succès de leur entreprise, et lui demander un renfort d'ouvriers évangéliques rendu nécessaire par le nombre toujours croissant de leur néophytes. Saint Pierre et le prêtre Laurence passèrent deux années à Rome et retournèrent en Angleterre en 601, accompagnés de 12 nouveaux missionnaires. Ils étaient munis de lettres de recommandation pour les évêques et les princes souverains de la partie de la France qu'ils devaient traverser. Tous s'empressèrent de les accueillir avec les marques d'honneur et de distonction que réclamaient leur mérite personnel joint à la qualité d'envoyé de Dieu. Le roi Clotaire II surtout conçut pour notre Saint une estime et une affection toutes particulières.

Les saints apôtres, afin de regagner les côes de l'Angleterre, choisirent pour lieu de leur embarquement le port d'Ambleteuse, qui ne manquait pas alors d'une certaine renommée. Ils y furent, de la part des habitants, l'objet des soins les plus attentifs.

Aussi, en retour de l'aliment corporel qu'ils en recevaient avec abondance, ne crurent-ils pouvoir mieux leur prouver leur reconnaissance, qu'en leur prodiguant avec largesse la nourriture spirituelle? Saint Pierre se distingua entre tous par Les témoignages d'affection qu'il leur donna. Pendant la nuit qu'il passa à Ambleteuse, il se releva tour à tour avec ses compagnons pour faire des stations et prier dans l'église devant les reliques de plusieurs saints et martyrs, entre autres, grâce à la munificence du pape Grégoire pour en enrichir l'Angleterre.

Le lendemain, le navire qui devait ramener notre Saint en Angleterre leva l'ancre, et celui-ci, après une heureuse et courte traversée, eut la satisfaction de remettre lui-même à saint Augustin, au roi Ethelbert et à la reine Berthe, les lettres et les présents que saint Grégoire le Grand leur envoyait.

Un peu après le départ de saint Pierre d'Ambleteuse pour Rome, saint Augustin de Cantorbéry, de concert avec son royal disciple, avait fondé dans le voisinage de Cantorbéry un monastère, non seulement destiné à offrir le modèle de la société chrétienne dans ce qu'elle a sur la terre de plus parfait, mais consacré aussi à recevoir la sépulture d'Augustin et de ses successeurs, ainsi que des rois de Kent. Les premiers patrons de ce monastère furent d'abord les Apôtres saint Pierre et saint Paul ; mais saint Dunstan, qui y passait des nuits entières devant l'autel de la sainte Vierge Marie, en renouvella plus tard la dédicace et ajouta saint Augustin au nombre de ses protecteurs spéciaux.

Saint Pierre d'Ambleteuse fut élu par ses compagnons pour être le premier abbé du monastère royal de Cantorbéry. Le roi Ethelbert, en sa qualité de fondateur, lui en donna l'investiture, et saint Augustin la bénédiction abbatiale?

Le premier soin du vénérable abbé fut de choisir parmi les Anglais des sujets propres à recruter et à fortifier sa communauté. Rien ne saurait donner idée du zèle et de la prudence qu'il déploya dans le gouvernement de cette petite république. Toutefois, sa vive et constante sollicitude pour le salut des âmes ne pouvait se renfermer dans les limites très circonscrites de son abbaye. S'il arrivait que quelques ouvriers évangéliques éprouvassent le besoin de venir auprès de lui se reccueillir et se retremper dans la solitude du cloître, c'était saint Pierre qui renouvellait leurs forces, ranimait leur courage, rallumait leur ardeur pour la conversion des idoleâtres, les excitait à supporter avec joie toutes les peines et les fatigues inséparables d'une vie toute de labeur et de dévouement, et leur suggérait les moyens les plus propres à attirer sur leurs travaus un heureux succès.

Après que saint Pierre eut avec honneur parcouru cette noble carrirère l'espace de deux années, il se présenta une affaire majeure à négocier en Fra,ce pour le bien de l'Agleterre ? Ethelbert, qui connaissait toute la sagesse de notre Saint et le haut degré d'estime dont il jouissait auprès du roi de France, ne voulut confier à aucun autre le soin de cette mission importante. Pierre s'embarqua donc pour la France, s'abandonnant de nouveau et sans hésiter à tous les périls de la mer. Mais à peine avait-il fait la moitié du trajet qui sépare l'Agletrre du Boulonnais, que le navire qui le portait, assailli par une violente tempête, périt avec une grande partie de son équipage. Ce naufrage coûta la vie à notre Saint, ou, pour mieux dire, il la lui procura, puisqu'il ne lui ravissait la vie du corps qu'afin de le mettre en pleine possession de celle de l'âme. C'était le 6 janvier de l'an 608.


Eglise Saint-Pierre d'Ambleteuse. Ambleteuse. Boulonnais. XIXe.

CULTE ET RELIQUES

Son corps, trouvé sur la plage d'Ambleteuse, fut d'abord enseveli sans honneur comme celui de l'inconnu le plus vulgaure. Cependant cette injusticene tarda pas à être réparée, car Dieu permit qu'un merveilleux prodige vînt faire briller à tous les yeux le mérite de notre Saint et révéler toute la gloire dont son âme jouissait dans le ciel. Chaque nuit une lumière éclatante vint resplendir au-dessus de sa tombe. Les habitants, surpris d'un fait aussi miraculeux, allèrent aux informations pour savoir quel pouvait être le saint personnage que Dieu favorisait de la sorte. C'est ainsi qu'ils reconnurent en lui ce vénérable Pierre, qui déjà de son vivant leur avait témoigné tant de bonté et de dévouement ; et la possession inespérée de ses précieux restes était pour eux comme la confirmation et le gage assuré de sa protection persévérante.

Cependant la petite ville d'Ambleteuse n'étant pas aussi apte à se défendre contre les entreprises de l'ennemi que pouvait l'être la ville de Boulogne, celle-ci réclama et obtint bientôt la garde de cet inestimable trésor. Le transport s'en effectua d'Ambleteuse à Boulogne le 30 décembre 608 et de la manière la plus solennelle. L'inhumation eut lieu dans l'enceinte même de la cathédrale.

La dévotion aux reliques de saint Pierre d'Ambleteuse attira pendant longtemps à Boulogne une grande affluence de fidèles qu'on voyait obtenir par son intercession une multitudes de grâces temporelles et spirituelles. Gocelin témoigne que le corps entier de saint Pierre d'Ambleteuse reposait au XIe siècle dans l'église des chanoines réguliers de Boulogne. Dans la suite, les chairs s'étant consumées, les ossements furent transférés dans la sacristie. La tête fut enfermée, en 1528, dans un riche reliquaire d'argent d'un poids de 24 marcs. Un de ses bras fut enchâssé dans un bras d'argent dont la main était dorée? L'autre bras, ainsi que plusieurs autres parties du corps, furent laissées à la vénération des habitants d'Ambleteuse.

Mais tous ces glorieux débris, qui avaient concouru à former un véritable temple vivant de l'Esprit-Saint, furent impitoyablement profanés et dispersés en 1567 par les bêtes féroces calvinistes, qui enlevèrent en outre les reliquaires d'or et d'argent au nombre de près de 100 que possédait la cathédrale de Boulogne. Comme si cela ne suffisait pas, quelques temps plus tard, les autres reliques de saint Pierre disparurent également de l'église d'Ambleteuse, lorsque les fanatiques protestants venus d'Angleterre occuper le port de cette ville, s'appliquèrent à effacer les moindres vestiges de la piété catholique.

Il entrait pourtant dans les vue de la Providence de relever son serviteur de l'oubli dans lequel il était quelque peu tombé. En 1763, le bruit se répand que l'on a retrouvé deux parties des reliques de notre saint à la cathédrale de Boulogne. Le 24 janvier, avec l'approbation de l'évêque de Boulogne, Mgr de Partz de Pressy, le village tout entier d'Ambleteuse fait une demande solennelle pour prendre possession d'une partie des reliques retrouvées au chapelain du chapître, M. Ballin. Ce dernier leur remet les protions de notre Saint et la translation se fait dans un grand concours de peuples pleins de ferveur et de piété.

En 1789, on voyait encore une chapelle consacrée à saint Pierre dans l'église d'Ambleuteuse. La portion de relique y était conservée très pieusement. Hélas, le flot révolutionnaire renversa tout sur son passage. L'église fut entièrement dévastée par les ces autres bêtes féroces que furent les révolutionnaires.
De pieux et courageux Chrétiens sauvèrent pourtant la relique et la tinrent dissimulée dans la maison de M. Antoine Poilly jusqu'en 1806 : date à laquelle cette maison fut détruite entièrement par le feu, et la précieuse relique avec.

En 1846, M. Hamy, curé d'Ambleteuse, avait achevé de faire contruire l'église et notamment un autel à notre Saint, lorsqu'il reçut de M. Leroy, prêtre, un autre fragment notable de saint Pierre, lequel avait lui aussi été soustrait à la fureur de 1793 et avait été caché dans un mur d'un immeuble de la haute ville.

A ce sujet, rappelons que très souvent, les pieux Chrétiens de l'antique royaume des Francs qui sauvèrent des reliques pendant cet épouvantable période, dispersèrent volontiers les reliques dans diverses caches, afin de garantir le sauvetage d'au moins une portion de celles-ci.

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