mercredi, 04 décembre 2024
4 décembre. Saint Pierre Chrysologue, archevêque de Ravenne, docteur de l'Eglise. 450.
- Saint Pierre Chrysologue, archevêque de Ravenne, docteur de l'Eglise. 450.
Pape : Saint Léon Ier, le Grand. Empereur romain : Valentinien III.
" Ce bienheureux est véritablement un oiseleur apostolique : il prend au vol les âmes des jeunes gens, dans les filets de la divine parole."
Saint Adelphe de Metz. Eloge du saint.
La même Providence divine qui n'a pas permis que l'Eglise, au saint temps de l'Avent, fût privée de la consolation de fêter quelques-uns des Apôtres qui ont annoncé la venue du Verbe aux Gentils, a voulu aussi qu'à la même époque, les saints Docteurs qui ont défendu la vraie Foi contre les hérétiques, fussent pareillement représentés dans cette importante fraction du Cycle catholique.
Deux d'entre eux, saint Ambroise et saint Pierre Chrysologue, resplendissent au ciel de la sainte Eglise, en cette saison, comme deux astres éclatants. Il est digne de remarque que tous deux ont été les vengeurs du Fils de Dieu que nous attendons. Le premier a vaillamment combattu les Ariens, dont le dogme impie voudrait faire du Christ, objet de nos espérances, une créature et non un Dieu ; le second s'est opposé à Eutychés, dont le système sacrilège détruit toute la gloire de l'Incarnation du Fils de Dieu, osant enseigner que, dans ce mystère, la nature humaine a été absorbée par la divinité.

Imagerie populaire. D'après une enluminure italienne du XIIIe.
C'est ce second Docteur, le pieux Pontife de Ravenne, que nous honorons aujourd'hui. Son éloquence pastorale lui acquit une haute réputation, et il nous est resté un grand nombre de ses Sermons. On y recueille une foule de traits de la plus exquise beauté, bien qu'on y sente quelquefois la décadence de la littérature au Ve siècle.
Le mystère de l'Incarnation y est souvent traité, et toujours avec une précision et un enthousiasme qui révèlent la science et la piété du saint évêque. Son admiration et son amour envers Marie Mère de Dieu qui avait, en ce siècle, triomphé de ses ennemis par le décret du concile d'Éphèse, lui inspirent les plus beaux mouvements et les plus heureuses pensées. Nous citerons quelques lignes sur l'Annonciation :

Illustration dans un manuscrit du XIIe.
" A la Vierge Dieu envoie un messager ailé. C'est lui qui sera le porteur de la grâce ; il présentera les arrhes et en recevra le retour. C'est a lui qui rapportera la foi donnée, et qui, après avoir conféré la récompense à une si haute vertu, remontera en hâte porteur de la promesse virginale. L'ardent messager s'élance d'un vol rapide vers la Vierge ; il vient suspendre les droits de l'union humaine ; sans enlever la Vierge à Joseph, il la restitue au Christ à qui elle fut fiancée dès l'instant même où elle était créée. C'est donc son épouse que le Christ reprend, et non celle d'un autre ; ce n'est pas une séparation qu'il opère, c'est lui qui se donne à sa créature en s'incarnant en elle."
[On voit que saint Pierre Chrysologue proclame ici le mystère de la Conception immaculée. Si Marie était engagée au Fils de Dieu dès le moment même de sa création, comment le péché originel eût-il eu action sur elle ?]
Mais écoutons ce que le récit nous raconte de l'Ange. Etant entré près d'elle, il lui dit : " Salut, Ô pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous. De telles paroles annoncent déjà le don céleste ; elles n'expriment pas un salut ordinaire. Salut ! C'est-à-dire : recevez la grâce, ne tremblez pas, ne songez pas à la nature. Pleine de grâce, c'est-à-dire : en d'autres réside la grâce, mais en vous résidera la plénitude de la grâce. Le Seigneur est avec vous : qu'est-ce à dire ? Sinon que le Seigneur n'entend pas seulement vous visiter, mais qu'il descend en vous, pour naître de vous par un mystère tout nouveau ". L'Ange ajoute : " Vous êtes bénie entre toutes les femmes " : pourquoi ? parce que celles dont Eve la maudite déchirait les entrailles, ont maintenant Marie la bénie qui se réjouit en elles, qui les honore, qui devient leur type. Eve, par la nature, n'était plus que la mère des mourants ; Marie devient, par la grâce, la mère des vivants (Sermon CXI.).
Dans le discours suivant, le saint Docteur nous enseigne " avec quelle profonde vénération nous devons contempler Marie en ces jours où Dieu réside encore en elle. Quand il s'agit, dit-il, de l'appartement intime du roi, de quel mystère, de quelle révérence, de quels profonds égards ce lieu n'est-il pas entouré ? L'accès en est interdit à tout étranger, à tout immonde, à tout infidèle. Les usages des cours disent assez combien doivent être dignes et fidèles les services que l'on y rend ; l'homme vil, l'homme indigne seraient-ils soufferts à se rencontrer seulement aux portes du palais ? Lors donc qu'il s'agit du sanctuaire secret de l'Epoux divin, qui pourrait être admis, s'il n'est intime, si sa conscience n'est pure, si sa renommée n'est honorable, si sa vie n'est vertueuse ? Dans cet asile sacré, où un Dieu possède la Vierge, la virginité sans tache a seule le droit de pénétrer. Vois donc, Ô homme, ce que tu as, ce que tu peux valoir, et demande-toi si tu pourrais sonder le mystère de l'Incarnation du Seigneur, si tu as mérité d'approcher de l'auguste asile où repose encore en ce moment la majesté tout entière du Roi suprême, de la Divinité en personne ".
Pierre, surnommé Chrysologue, pour l'or de son éloquence, naquit à Forum Cornelii, dans l'Emilie, de parents honnêtes. Dès l'enfance, tournant son esprit vers la religion,il s'attacha à l'Evêque de cette ville,Cornelius, romain, qui le forma rapidement à la science et à la sainteté de la vie, et l'ordonna Diacre. Peu après, l'Archevêque de Ravenne étant mort, comme les habitants de cette ville envoyèrent, selon l'usage, à Rome, le successeur qu'ils avaient élu solliciter du saint Pape Sixte III la confirmation de cette élection, Cornélius se joignit aux députés de Ravenne, et emmena avec lui son diacre.

Basilique Saint-Vitale, IVe au VIe. Ravenne, Emilie-Romagne.
Cependant l'Apôtre saint Pierre et le Martyr saint Apollinaire apparurent en songe au Pontife romain, ayant au milieu d'eux un jeune lévite, et lui ordonnant de ne pas placer un autre que lui sur le siège archiépiscopal de Ravenne.
Le Pontife n'eut pas plus tôt vu Pierre, qu'il reconnut en lui l'élu du Seigneur. Rejetant donc celui qu'on lui présentait, il promut, l'an de Jésus-Christ 433, le jeune lévite au gouvernement de cette Eglise métropolitaine. Les députés de Ravenne, offensés d'abord, ayant appris la vision, se soumirent sans peine à la volonté divine et acceptèrent avec le plus grand respect le nouvel archevêque.
Ainsi consacré Archevêque contre son gré, Pierre fut conduit à Ravenne. où l'empereur Valentinien, Galla Placidia sa mère, et tout le peuple, l'accueillirent avec les plus grandes réjouissances. Pour lui, il déclara qu'ayant consenti à porter un si lourd fardeau pour leur salut, il n'exigeait d'eux, en compensation, qu'une seule chose, qui était de les voir obéir à ses avis avec zèle, et ne pas résister aux préceptes du Seigneur.
Il ensevelit, après les avoir embaumés des parfums les plus excellents, les corps de deux saints morts en cette ville, le prêtre Barbatien, et aussi Germain, évêque d'Auxerre, dont il retint comme héritage la cuculle et le cilice. Il ordonna Evoques Projectus et Marcellin. Il fit creuser à Classe une fontaine d'une merveilleuse grandeur, et il bâtit quelques églises magnifiques au bienheureux Apôtre André et à d'autres saints.

Mosaïque de la basilique Saint-Vitale. Ravenne. Emilie-Romagne.
On célébrait, aux calendes de janvier, des jeux, accompagna de représentations théâtrales et de danses ; il les abolit par la force de ses exhortations. Il dit alors entre autres choses remarquables :
" Qui veut rire avec le diable, ne se réjouira pas avec le Christ."
Par l'ordre de saint Léon le Grand, il écrivit au Concile de Chalcédoine contre l'hérésie d'Eutychès, et adressa à l'hérésiarque lui-même une autre lettre qu'on a jointe aux Actes du Concile dans les dernières éditions, et qui est consignée dans les Annales Ecclésiastiques.
Dans ses homélies à son peuple, son éloquence était si véhémente, que parfois la parole lui manquait dans l'ardeur de sa prédication, comme il arriva à son sermon sur l'Hémorrhoïsse ; et il y eut dans l'assemblée émue tant de larmes, d'acclamations et de ferventes prières, que, depuis, le Saint rendait grâces à Dieu de ce que l'interruption de son discours eût tourné au profit de la charité.
Il gouvernait très saintement cette Eglise, depuis environ dix-huit ans, lorsqu'ayant connu, par une lumière divine, que la fin de ses travaux approchait, il passa dans sa ville natale, se rendit à l'église de Saint-Cassien, et déposa sur le grand autel, en offrande, un grand diadème d'or enrichi de pierres précieuses, une coupe également d'or, et une patène d'argent qui donne à l'eau qu'on y répand, comme on l'a souvent éprouvé, la vertu de guérir les morsures de la rage et de calmer la fièvre.

Mosaïque de la basilique Saint-Vitale. Au centre,
Cependant il renvoya à Ravenne ceux qui l'avaient suivi, en leur recommandant de veiller attentivement au choix d'un excellent pasteur. Puis, adressant d'humbles prières à Dieu, priant saint Cassien, son protecteur, de recevoir avec bonté son âme, il trépassa doucement, vers l'an 450, le trois des nones de décembre. Son corps, qui fut enseveli avec pompe, au milieu des larmes et des prières de toute la ville, auprès de celui du même saint Cassien, y est encore de nos jours religieusement vénéré.
L'un de ses bras, enchâssé dans l'or et les pierreries, a été transporté à Ravenne, où on l'honore dans la basilique Ursicane.
PRIERE
" Saint Pontife, dont la bouche d'or s'est ouverte dans l'assemblée des fidèles, pour faire connaître Jésus-Christ, daignez considérer d'un œil paternel le peuple chrétien qui veille dans l'attente de cet Homme-Dieu dont vous avez si hautement confessé la double nature.

Basilique Saint-Apolinaire in Classe. Ravenne. Emilie-Romagne.
Obtenez-nous la grâce de le recevoir avec le souverain respect dû à un Dieu qui descend vers sa créature, et avec la tendre confiance que l'on doit à un frère qui vient s'offrir en sacrifice pour ses frères indignes. Fortifiez notre foi, Ô très saint Docteur ! Car l'amour qu'il nous faut procède de la foi.
Détruisez les hérésies qui dévastent le champ du Père de famille ; confondez surtout l'odieux Panthéisme, dont l'erreur d'Eutychès est une des plus funestes semences. Eteignez-le enfin dans ces nombreuses chrétientés d'Orient qui ne connaissent l'ineffable mystère de l'Incarnation que pour le blasphémer, et poursuivez aussi parmi nous ce système monstrueux qui, sous une forme plus repoussante encore, menace de tout dévorer. Inspirez aux fidèles enfants de l'Eglise cette parfaite obéissance aux jugements du Siège Apostolique, dont vous donniez à l'hérésiarque Eutychès, dans votre immortelle Epître, une si belle et si utile leçon, quand vous lui disiez :
" Sur toutes choses, nous vous exhortons, honorable frère, de recevoir avec obéissance les choses qui ont été écrites par le bienheureux Pape de la ville de Rome ; car saint Pierre, qui vit et préside toujours sur son propre Siège, y manifeste la vérité de la foi à tous ceux qui la lui demandent."
Rq : On lira avec fruits un certain nombre de textes de saint Pierre Chrysologue : http://www.jesusmarie.com/pierre_chrysologue.html
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mardi, 26 novembre 2024
26 novembre. Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.
- Saint Pierre, patriarche d'Alexandrie, martyr. 310-311.
Pape : Saint Eusèbe. Empereur romain d'Orient : Galère. Empereur romain d'Occident : Licinius.
Antienne.

Maximin Daïa persécutant les Chrétiens.
Saint Pierre succéda à saint Théonas (23 août) vers l'été de l'an 300 comme évêque d'Alexandrie, et mourut martyr de la grande persécution, très probablement le 25 novembre 311. Il aurait versé son sang le dernier, et c'est pour cela qu'on l'appela en Orient le " sceau des martyrs ".
" Après Théonas qui avait servi 19 ans, Pierre reçoit la succession de l'épiscopat sur Alexandrie ; il se distingue lui aussi pendant 12 années entières. Avant la persécution, il dirigea cette Église pendant 3 ans ; le reste de sa vie, il le passe dans des exercices assez durs et pourvoit, sans se cacher, au bien général des Églises. C'est pourquoi, la IXe année de la persécution, il a la tête coupée et il est paré de la couronne du martyre... " (L. 7, c. 32, 31.).
" Parmi ceux qui moururent glorieusement à Alexandrie, dans toute l'Égypte et la Thébaïde, il faut citer en premier lieu Pierre, l'évêque de cette Alexandrie, l'un de ces docteurs divins de la piété Chrétienne..." (L. 8, c. 13, 7.).

Vision de saint Pierre d'Alexandrie. VIIe.
" Pierre présidait très brillamment aux Églises d'Alexandrie, l'un de ces évêques divins par sa vie vertueuse et ses exercices dans les paroles sacrées. Sans nul motif, il est appréhendé contre toute attente ; subitement, sans jugement, comme sur ordre de Maximin, il est décapité. Avec lui, plusieurs évêques d'Égypte subissent même traitement." (L. 9, c. 6, 2.).
En dehors de ces textes trop brefs, la documentation est d'allure légendaire. Par exemple, vers la fin du Xe siècle, dans l'Histoire des patriarches d'Alexandrie, Sévère Ibn al Moqaffa, évêque d'El-Eschmounein (Haute-Égypte), nous conte que Pierre, après avoir banni Arius, fut emprisonné. Mais tous les fidèles d'Alexandrie voulaient mourir avant lui.
La femme d'un apostat nommé Socrate, qui vivait à Antioche, tenait absolument à se rendre à Alexandrie pour faire baptiser ses enfants. Socrate refusait. Elle s'embarqua malgré tout avec ses deux fils. Éclate une tempête. La vaillante Chrétienne se fait une incision au sein droit et avec 3 gouttes de son sang elle trace une croix sur le front et le coeur de ses petits, puis elle les baptise dans l'eau salée en prononçant les paroles sacramentelles, et les embrasse. On atteint enfin Alexandrie. Elle présente ses garçons au baptême. Mais l'eau du baptistère, pour eux, se congèle subitement. Pierre s'informe, et conclut que le Ciel a ratifié le baptême maternel.

Saint Pierre d'Alexandrie en prison.
Arius est de nouveau repoussé par Pierre, qui est décapité dans sa prison, à travers un trou dans le mur.
" Je vis un enfant entrer par la porte de cette cellule. Il avait environ 12 ans. Son visage brillait d'un tel éclat que toute la pièce en était éclairée. Il portait un colobium de lin, mais déchiré du cou jusqu'aux pieds ; des 2 mains il en serrait les morceaux sur la poitrine, et couvrait ainsi sa nudité. A cette vue, tout effrayé, je dis :
" Seigneur, qui t'a déchiré ta tunique ?"
Il répondit :
" Arius m'a tout déchiré. Attention ! ne l'admets pas à ta communion. On fera des démarches en sa faveur, ne te laisse pas influencer... Toi, tu es appelé au martyre."
Arius étant le grand hérésiarque du IVe siècle, la légende a fait de lui le grand adversaire de Pierre. Mais c'est Mélèce que Pierre combattit. Mélèce, évêque de Lycopolis, en Haute-Égypte, venait le premier après l'évêque d'Alexandrie. Dès 305 (?), il se permit d'intervenir en maître dans les territoires de quatre évêques emprisonnés et de Pierre, qui était très gêné par la persécution. Sans tenir compte d'une protestation collective des quatre prisonniers, Mélèce se rendit à Alexandrie et substitua ses créatures aux délégués de Pierre. Celui-ci défendit au peuple de communier avec Mélèce, et annonça un synode pour connaître de cette affaire. Mélèce s'installa dans le schisme.
En 306 (?), Pierre écrivit une circulaire pleine de charité concernant les Chrétiens qui avaient plus ou moins renié leur foi durant la persécution. Mélèce se posa en rigoriste. Et pourtant, au dire de saint Athanase, il avait faibli au début de la tourmente. Le conflit entre indulgence et rigueur sévissait jusqu'en prison, jusque dans les mines où les Chrétiens étaient mis aux travaux forcés. Mélèce, Pierre se retrouvaient, avec des clercs, sous les verrous.

Cathédrale d'Alexandrie.
Saint Épiphane nous raconte que Pierre, au milieu de la prison, étendit par terre un manteau qui lui servait de couverture, et fit crier par un diacre :
" Ceux qui pensent comme moi, qu'ils passent de mon côté ! Ceux qui pensent comme Mélèce, qu'ils passent du côté de Mélèce !"
Le grand nombre fut pour Mélèce.
Au printemps de 311, un édit de Galère libéra les captifs, mais bientôt Maximin Daïa reprit la persécution. Le 25 novembre, Pierre fut décapité. Malheureusement, son oeuvre écrite a péri en très grande partie. Il fut l'adversaire des idées d'Origène, condamna la préexistence des âmes et l'interprétation allégorique de la Genèse. Il n'admettait pas le subordinatianisme.
Dans l'iconographie, notre Pierre, avec sa barbe ronde, ressemble fort à son homonyme le grand apôtre. La vision de Jésus au vêtement déchiré a été peinte plus d'une fois. A Mistra (région du Taygète, dans le Péloponnèse), l'artiste a pris soin d'écrire auprès de Jésus les paroles que lui prête la légende " Arius m'a dépouillé ".
Ici, le Sauveur est un bel adolescent un peu grêle : sa posture rappelle l'Apollon de Cassel. En Serbie, c'est un tout petit enfant qui apparaît sur l'autel, un Ange en diacre lève sur lui le ripidion (un éventail au long manche) en usage avant et après l'épiclèse (cf. Fr.-J. Moreau, Liturgies euchar., 1924, p. 100, 144-145.).
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