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mercredi, 11 septembre 2024

11 septembre. Saint Prote, saint Hyacinthe et sainte Eugénie *, frères, eunuques, martyrs. 262.

- Saint Prote, saint Hyacinthe et sainte Eugénie *, frères, eunuques, martyrs. 262.

Pape : Saint Denys. Empereur romain : Gallien.

" Le Ciel serait sans douceur si la vie était sans souffrance."
Saint Augustin.


Saint Prote et saint Hyacinthe et sainte Eugénie.
Bréviaire romain. XVe.

Extraits de La légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine :

Prote et Hyacinthe furent, eu raison de leur illustre noblesse chez les Romains, attachés à la maison de la fille de Philippe, nommée Eugénie (qui est fêtée au 25 décembre, jour de son martyre), et ses émules dans l’étude de la philosophie. Le sénat avait, confié à ce Philippe la préfecture d'Alexandrie où il conduisit avec lui Claudia, sa femme, Avitus et Sergius, ses fils, et Eugénie, sa fille.

Or, Eugénie avait atteint la perfection dans la science des lettres et des arts libéraux ; Prote et Hyacinthe, qui avaient étudié avec elle, possédaient aussi toutes les sciences dans le plus haut degré. Parvenue à l’âge de quinze ans Eugénie fut demandée en mariage par Aquilin, fils du consul Aquilin. Eugénie lui dit :
" Quand on doit faire choix d'un mari, il faut moins s'attacher à la naissance qu'à la bonne conduite."
Les livres qui renferment la doctrine de saint Paul lui étant tombés entre les mains, elle commença à devenir chrétienne au fond du coeur.


Saint Prote et saint Hyacinthe.
Bréviaire à l'usage du diocèse de Paris. XVe.

Il était à cette époque permis aux chrétiens d'habiter dans les environs d'Alexandrie, et il arriva que Eugénie, allant à une maison de campagne comme pour se délasser, entendit les chrétiens qui chantaient :
" Omnes du gentium daemonia, Dominas autem caelos fecit " (Ps. XCV). (" Tous les dieux des nations sont des démons ; mais le Seigneur est le créateur des cieux ").

Alors elle dit aux jeunes Prote et Hyacinthe qui avaient étudié avec elle :
" Nous nous sommes livrés à une étude scrupuleuse des syllogismes des philosophes, mais les arguments d'Aristote, les idées de Platon, les avis de Socrate, en un mot, les chants des poètes, les maximes des orateurs et des philosophes sont effacés par cette sentence ; je ne dois qu'à une puissance usurpée le titre de votre maîtresse, mais la science m’a faite votre sœur, soyons donc frères et suivons Jésus-Christ."

Cette résolution leur plaît ; elle prend alors des habits d'homme, et vient au monastère dont le chef Hélénus ne permettait l’entrée à aucune femme. Cet Igélénus, dans une discussion avec un hérétique, n'ayant pu détruire la force des arguments qu'on lui opposait, fit allumer un grand feu afin que celui qui ne serait pas brûlé fût reconnu comme ayant la croyance véritable. Ce qui fut fait ; Hélénus entra le premier dans le feu d'où il sortit sain et entier ; mais l’hérétique ne voulant pas y entrer fut chassé par tous.

Or, Eugénie s'étant présentée à Hélénus et ayant dit qu'elle était un homme : " Tu as raison, lui répondit Hélénus, de te dire homme, car bien que tu sois une femme, tu te comportes comme un homme ".


Sainte Eugénie. Frontal de l'église Sainte-Eugénie.
Le maître de Soriguela. IXe. Cerdagne, Catalogne.

Dieu en effet lui avait révélé son sexe. Elle reçut donc de ses mains, avec Prote et Hyacinthe, l’habit monastique et se fit appeler frère Eugène. Quand le père et la mère d'Eugénie virent son char revenir vide à la maison, ils en furent contristés et firent partout chercher leur fille, sans pouvoir la trouver. Ils interrogent des devins pour savoir ce qu'elle était devenue ; ceux-ci leur répondent qu'elle est transportée par les dieux parmi les astres. En conséquence son père fit élever une statue à sa fille qu'il commanda à tous d'adorer. Quant à Eugénie, elle persévéra avec ses compagnons dans la crainte de Dieu, et fut choisie pour gouverner la communauté après la mort du supérieur.

Il se trouvait alors à Alexandrie une matrone riche et noble du nom de Mélancie (Mélas, veut dire noir) que sainte Eugénie avait délivrée de la fièvre quarte en lui faisant des onctions avec de l’huile au nom de Jésus-Christ Pour cette raison, Mélancie envoya beaucoup de présents à Eugénie qui ne les accepta point. Or, cette matrone, dans la conviction que frère Eugène était un homme, lui faisait de trop fréquentes visites. En voyant sa bonne grâce, sa jeunesse et la beauté de son extérieur, elle brûla d'amour pour lui et se tourmenta l’esprit pour trouver le moyen d'avoir commerce ensemble. Alors feignant une maladie, elle envoya le prier de venir chez elle pour la voir. Quand il fut arrivé, elle lui déclara comment elle était éprise d'amour pour lui, elle lui exposa ses désirs et le pria d'avoir commerce avec elle.

Aussitôt elle le saisit, l’embrasse, le baise et l’exhorte à commettre le crime. Frère Eugène, rempli d'horreur de ces avances, lui dit : " C'est à juste titre que tu portes le nom de Mélancie : tu es remplie de noirceur et de perfidie ; tu es une noire et obscure fille des ténèbres, une amie du diable, un foyer de débauche, une soeur d'angoisses sans fin et une fille de mort éternelle ".

Mélancie se voyant déçue, dans la crainte qu'Eugène ne publiât le crime, voulut le découvrir la première et se mit à crier qu'Eugène a voulu la violer. Elle alla trouver le préfet Philippe et elle porta plainte en ces termes : " Un jeune homme perfide qui se dit Chrétien est venu chez moi pour me guérir ; il entre, se jette sur moi et veut me faire violence : si je n'avais été délivrée par le moyen d'une servante qui était dans l’intérieur de ma chambre, il m’eût fait partager sa débauche ".

Le préfet, à ce récit, fut enflammé de colère, et avait envoyé une multitude d'appariteurs, il fit prendre Eugène et les autres serviteurs de Jésus-Christ, qu'on avait chargés de chaînes : il fixa un jour où ils devaient tous être livrés aux morsures des bêtes.

Puis les ayant fait venir devant lui, il dit à Eugènie :
" Dis-moi, infâme scélérat, si votre Christ vous a enseigné, pour doctrine, de vous livrer à la corruption et d'oser attenter avec une impudente rage à la vertu des matrones ?"
Eugénie, qui conservait la tète baissée pour ne pas être reconnue, répondit :
" Notre-Seigneur a enseigné la chasteté et a promis la vie éternelle à ceux qui gardent la virginité. Nous pouvons montrer que cette Mélancie commet un faux témoignage ; mais il vaut mieux que nous souffrions, plutôt qu'elle soit punie après avoir été convaincue ; nous perdrions alors le fruit de notre patience. Toutefois qu'elle amène la servante qu'elle dit avoir été témoin de notre crime afin que par ses aveux les mensonges puissent être réfutés."


Martyr de sainte Eugénie, de saint Prote et de saint Hyacinthe.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Cette femme fut amenée, et comme elle avait été endoctrinée par sa maîtresse, elle ne cessait de prétendre contre Eugène qu'il avait voulu violer sa dame. Tous les gens de la maison, qui avaient été également corrompus, attestaient qu'il en était ainsi ; alors Eugénie dit :
" Le temps de se taire est passé et le temps de parler est arrivé : je ne veux pas qu'une impudique charge d'un crime les serviteurs de Jésus-Christ et que la fausseté soit glorifiée. Or, afin que la vérité l’emporte et que la sagesse triomphe de la malice, je démontrerai la vérité sans être mue par la vanité mais par la gloire de Dieu."
En disant ces mots, elle déchira sa tunique depuis sa tète jusqu'à la ceinture, et alors on vit qu'elle était une femme, puis elle dit au préfet :
" Tu es mon père, Claudia est ma mère ; ces deux jeunes gens qui sont assis avec toi, Avitus et Sergius, ce sont mes frères ; je suis Eugènie ta fille ; ces deux-ci, c'est Prote et Hyacinthe."
A ces mots, le père qui commençait à reconnaître sa fille se jeta dans ses bras pour l’embrasser ainsi que la mère, en versant un torrent de larmes.

Eugènie est aussitôt revêtue de ses habits couverts d'or et portée aux nues. Le feu du ciel tomba sur Mélancie et la consuma avec les siens. Ce fut ainsi qu'Eugénie convertit à la foi de Jésus-Christ. son père, sa mère, ses frères et toute sa famille ; de telle sorte que le père, ayant été cassé de sa dignité, fut ordonné évêque par les chrétiens, et fut tué par les infidèles après avoir persévéré dans le bien.


Martyr de saint Prote et saint Hyacinthe.
Vies de saints. R. de Monbaston. XIVe.

Claudia retourna à Rome avec ses deux fils et Eugénie et ils y convertirent beaucoup de personnes à Jésus-Christ. Or, Eugénie, par l’ordre de l’empereur, fut attachée à une grosse pierre et précipitée dans le Tibre ; mais la pierre s'étant brisée, Eugénie marchait saine et sauve sur les eaux. Alors elle est jetée dans une fournaise ardente ; mais la fournaise s'éteignit et devenait pour la martyre un lieu de rafraîchissement. Ensuite elle est renfermée dans un cachot obscur, mais une lumière toute resplendissante rayonnait pour elle ; et après avoir été laissée dix jours sans nourriture, le Sauveur lui apparut et lui dit eu lui présentant un pain très blanc : " Reçois cette nourriture de Ma main ; Je suis ton Sauveur, que tu as aimé de toute l’étendue de ton esprit ; le jour que Je suis descendu sur la terre, Je te prendrai moi-même ".

En effet, au jour de la naissance du Seigneur, un bourreau est envoyé lui couper la tête. Elle apparut ensuite à sa, mère et lui prédit qu'elle la suivrait. le dimanche après. Quand arriva le dimanche, Claudia s'étant mise en prières, rendit l’esprit.

Prote et Hyacinthe ayant été traînés au temple des idoles, brisèrent la statue en faisant une prière, et comme ils ne voulaient pas sacrifier, ils accomplirent dans la suite leur martyre en ayant la tête coupée. Or, ils pâtirent sous Valérien et Gallien, vers l’an du Seigneur 256 (262 selon les découvertes ultérieures à la rédaction de la Légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine et exposées dans les Petits bollandistes).

* Nous incluons ici la vie de sainte Eugénie, fêtée au 25 décembre, jour de son martyre.

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mardi, 03 septembre 2024

3 septembre. Saint Pie X, pape, confesseur. 1914.

- Saint Pie X, pape, confesseur. 1914.


Giuseppe Sarto, plus connu sous le nom de Pape Pie X, naquit le 2 juin 1835 à Riese, une bourgade de 4 500 habitants, dont ses parents, Jean Baptiste Sarto et Marguerite Sanson, contractèrent mariage le 13 février 1833 à l'église paroissiale st. Mathieu. C'est justement là que fut baptisé le petit Joseph, le lendemain de sa venue au monde.

Issu d'une famille modeste, Jean Baptiste exerçait l'emploi d'huissier municipal ; quant à Marguerite, elle était couturière de campagne. De leur union naquirent dix enfants : Joseph, Giuseppe (Joseph), Ange, Thérèse, Rose, Antonia, Marie, Lucie, Anne, et Pierre ; mais le premier et le dernier des garçons (Joseph et Pierre), à peine nés s'envolèrent au Paradis. Voilà pourquoi le second enfant fut baptisé Giuseppe (Joseph). Pourtant, qui pouvait dire de ce dernier, qu'un jour il serait le successeur de saint Pierre !...

Comme dans toutes les modestes familles nombreuses, la famille Sarto devait faire attention, car les revenus étaient faibles, mais tous se résignaient à la volonté du Seigneur, contents de la table qu'il leur servait chaque jour.

Epouse et mère exemplaire, Marguerite s'efforçait d'inculquer à ses enfants les vertus chrétiennes qu'elle avait elle même hérité de ses parents.

C'est dans cet esprit que le petit Joseph grandissait. Souvent, il allait prier au sanctuaire de Cendrole, à un kilomètre de Riese, car déjà très jeune il avait une dévotion toute spéciale pour la Sainte Vierge. Jamais il ne manquait le catéchisme ni manquait à la Messe. C'était pour lui une joie d'assister aux offices et servir à l'autel comme enfant de chœur. À la maison, il se plaisait à construire avec ses frères de petits autels, où, avec une simplicité enfantine, il s'exerçait aux cérémonies de l'église. Ces actes de piété naïve déposaient en son cœur les premiers germes de cette vocation qui un jour devait faire de lui le saint Pape que nous connaissons.

Ce goût prononcé pour le catéchisme et la Messe ne manqua pas d'attirer l'attention de Don Fusarini, le curé qui l'avait baptisé. Quand il eut terminé, avec succès, ses études élémentaires, il apprit le latin et fréquenta comme externe, de 1846 à 1850, le collège de Castelfranco (à 7 km de Riese) pour des études secondaires. Sur ces entrefaites, Joseph Sarto reçut la Confirmation le 1er décembre 1845 dans la cathédrale d'Asolo, et la première Communion le 6 avril 1847.

Été comme hiver, il parcourait à pied deux fois par jour la route qui le conduisait de chez lui au collège, avec un morceau de pain dans la poche pour son repas. Excellent élève, il était toujours le premier. Après un brillant succès aux examens, le jeune garçon voulait entrer au Séminaire car il se sentait appelé par le sacerdoce. Ses parents n'étaient pas en état de faire des frais pour payer les études de leur fils. Les maigres revenus de ses parents suffisaient à peine à faire vivre la nombreuse famille, et il était impossible de s'engager dans des frais supplémentaires.
 
Les prières et la confiance en la Divine providence apporta consolation à la famille : Le patriarche de Venise disposait de plusieurs bourses d'études pour le séminaire de Padoue, en faveur des jeunes gens qui souhaitaient aspirer au sacerdoce. Le cardinal Jacopo Monico, originaire de Riese, fut informé par un curé du cas difficile de la famille Sarto, et très volontiers on lui attribua l'une de ces bourses.

AU SEMINAIRE DE PADOUE
 

Le jeune Joseph entra au séminaire à l'automne de 1850 où il y resta pendant huit ans. Ses supérieurs avaient gardé de lui un très bon souvenir. Il devint bien vite pour ses condisciples un modèle d'humilité et de simplicité ; vertus qu'il sut toujours allier à une grande fermeté de caractère. Maîtres et élèves appréciaient son intelligence, mais lui n'en tirait point vanité, ni ne cherchait point à paraître.

A Riese, tout le monde connaissait la situation très modeste de la famille Sarto. Bien que reçu gratuitement au Séminaire pour ce qui regarde la pension, les parents devaient faire face aux frais d'habillement, aux achats de livres et tout ce qu'il faut à un élève de Grand Séminaire. Quelques familles, qui estimaient et aimaient le jeune Sarto lui fournissaient un peu d'argent pour ces dépenses.

Le 4 mai 1852 un grand malheur vint troubler la joie de Joseph Sarto : la mort de son père, qui du coup plongea la famille dans une situation économique plus que dramatique. En cette douloureuse circonstance, Don Fusarini, archiprêtre, fut vraiment son ange consolateur : il assura à son père mourant qu'il continuerait à aider son fils Joseph dans ses études et ne cesserait de soulager les misères de la famille. Ainsi, le jeune séminariste se remit entre les mains de Dieu et se résigna à Sa volonté divine en esprit de sacrifice.

Son attention était aussi tourné à la musique et au chant d'église, si bien que ses supérieurs firent de lui le maître de chapelle du Séminaire. À la fin de l'année scolaire 1857-58, Joseph Sarto termina ses brillantes études.

PREMIÈRE MESSE

Le 18 septembre 1858 il fut ordonné prêtre. L'ordination se fit à la cathédrale de Castelfranco, et le lendemain, assisté par le curé de Riese, il put chanter avec une grande dévotion se première Messe là même où il fut baptisé. Peu après il fut nommé vicaire à Tombolo.

CURÉ À SALZANO

Au mois de mai 1867, alors âgé de 32 ans, il fut nommé archiprêtre de Salzano où il restera pendant neuf ans. Ses revenus étaient un peu plus important ici, mais ils servaient aux pauvres et aux malades. Il pensait à tous, excepté à lui-même, heureux seulement quand il pouvait faire du bien au prochain.
En neuf ans, il avait gagné les cœurs des paroissiens par sa parole, par ses actes et l'exemple d'une vie sainte.

CHANOINE À TRÉVISE

Trévise est situé à trente kilomètres de Venise. En 1875, trois stalles de chanoines se trouvèrent vacantes à la cathédrale de Trévise. L’Évêque songea donc à l'archiprêtre Sarto, dont il appréciait les éminentes qualités d'esprit et de cœur. En apprenant que l'Évêque voulait le nommer chanoine, il demanda à être ; dispensé de cette charge, mais en vain. C'est donc le 21 juillet 1875 qu'il se rendit à la cathédrale de Trévise pour prendre possession de son canonicat.
 
Joseph Sarto au séminaire de Trévise, entre les supérieurs et
les professeurs (3e, 2de rangée). Assis au centre,
Mgr Zinelli, qui l'avait appelé à Trévise.
 
Quand il entra en fonction comme Directeur spirituel, le Séminaire comptait deux cent trente élèves, dont soixante-dix clercs. A Trévise aussi Mgr. Sarto distribuait en aumônes une bonne partie des ses revenus. Il voulait que personne ne le sût, selon le mot de l'Èvangile : " Que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite " (Matt. VI, 3) ; mais il avait beau agir dans le secret, on sut bientôt qu'il venait en aide aux séminaristes pauvres, qu'il payait aux uns la soutane, aux autres le chapeau, à beaucoup les livres...

Autant il était charitable pour les autres, autant par contre il était sévère pour lui-même : il se souciait peu de ses vêtements ou de ses chaussures. Quel bel exemple de charité pour son prochain... !

VICAIRE CAPITULAIRE

Après la mort de Mgr. Zinelli, survenu le 24 novembre 1879, il eut la charge de gouverner le diocèse de Trévise du 27 novembre 1879 au 23 juin 1880. Ce peu de temps lui suffit pour faire beaucoup : Il prêchait plus qu'à l'ordinaire, redressait les mauvaises habitudes, introduisait les réformes que les constitutions Apostoliques permettent aux vicaires capitulaires ; mais son plus grand souci était que le peuple fût instruit de la religion, les enfants catéchisés et préparés avec soin à la première Communion.

LE SIÈGE ÉPISCOPAL DE MANTOUE


Les multiples mérites de cet homme de Dieu, ses vertus remarquables, sa sainteté de vie, son zèle pour le salut des âmes, sa compétence à gouverner le diocèse de Trévise étaient choses bien connues du Pape Léon XIII, qui, voulant lui témoigner sa confiance, le nomma dans le Consistoire du 10 novembre 1884, à l'évêché de Mantoue.
 
Mgr Sarto, évêque de Mantoue.
 
L'humble Joseph Sarto, loin de s'en réjouir, regarda cette nomination comme un malheur et écrivit même au Vatican pour la faire révoquer, se déclarant indigne d'un tel honneur et incapable de porter ce fardeau ; mais sa demande fut rejetée. Il partit donc pour Rome, où, le dimanche 16 novembre 1884, jour dédié au patronage de Marie la Vierge Immaculée protectrice de Mantoue, il fut sacré évêque dans l’Église de Saint-Apollinaire.

Le 25 février 1885, Mgr. Sarto obtint l'exequatur à la Bulle pontificale qui le nommait à l'évêché de Mantoue ; et c'est le 18 avril 1885 qu'il fit son entrée solennelle dans cette ville sous les applaudissements de la foule joyeuse et au son des cloches de la citée.

Pour les hommes destiné à de grandes choses, les voies de la Providence sont souvent mystérieuses. Mgr Sarto dut faire face à beaucoup de difficultés ; sa nouvelle fonction se présentant toute hérissée d'épines : nombreuses étaient les réformes à faire ; mais avec une inaltérable confiance en Dieu, il se mit au travail.

Il s'occupa d'abord du clergé : afin de relancer les vocations, il demanda que chacun selon son pouvoir vînt en aide aux séminaristes, de qui dépendait tout espoir d'un avenir meilleur pour le diocèse. Le résultat fut positif car le nombre des clercs s'éleva à 147.

Mgr Sarto eut particulièrement à cœur de former les séminaristes à l'esprit sacerdotal, au zèle pour le salut des âmes jusqu'au sacrifice de soi-même. Pour chaque jeune homme qui souhaitait entrer au séminaire, il voulait savoir si celui-ci avait la vocation, s'il était pieux, s'il fréquentait les sacrements, s'il priait... Bref, il souhaitait de vrais futurs prêtres pour l’Église.

Face au laissé aller qu'il y avait déjà à cette époque là dans certaines paroisses, il décida la tenue d'un Synode diocésain au terme duquel on y édita certaines prescriptions relatives à l'instruction religieuse du peuple :
- Explication, chaque dimanche, de l’Évangile ;
- Meilleure préparation des enfants à la première Communion ;
- Création de cercles et associations catholiques de jeunes gens, pour les tenir éloignés des dangers du monde ;
- Réorganisation des confréries.

On peut considérer ce Synode comme le point de départ de la restauration morale et religieuse de tout le diocèse de Mantoue.

CARDINAL ET PATRIARCHE
 
Cardinal et Patriarche de Venise.
 
Suite au décès, à, du Cardinal Patriarche Dominique Agostini, le Pape Léon XIII nommait, le 12 juin 1892, Joseph Sarto pour lui succéder. Une fois de plus, il demanda à être dispensé de ces fonctions, mais en vain, et se soumit à la volonté de Dieu.

En octobre de cette année là, il alla revoir sa mère bien-aimée et sa ville natale. Il baptisa un grand nombre d'enfants. Ce fut la dernière fois qu'il embrassa sa chère maman : celle-ci rendit sa belle âme à Dieu en février de l'année suivante. On grava sur sa tombe cette inscription composée par son fils :
 
Madame Jean-Baptiste Sarto, née Marguerite Sanson.
 
MARGUERITE SANSON
FEMME EXEMPLAIRE, ÉPOUSE VERTUEUSE
MÈRE INCOMPARABLE
LE 4 MAI 1852
PERDIT SON MARI BIEN-AIME
JEAN-BAPTISTE SARTO
RÉSIGNÉE ET CALME
DANS LES PEINES COMME DANS LES JOIES
AVEC UN COURAGE VIRIL
ELLE ÉLEVA CHRÉTIENNEMENT SES NEUF ENFANTS
LE 2 FÉVRIER 1894
DANS SA QUATRE-VINGT UNIÈME ANNÉE
ELLE COURONNA
PAR LA MORT DU JUSTE
UNE VIE DE TRAVAIL ET DE SACRIFICE.
POUR LEURS CHERS PARENTS
LE CARDINAL JOSEPH SARTO
SON FRÈRE ET SES SŒURS
DEMANDENT
L'ÉTERNELLE PAIX.

La perte de sa mère lui causa une grande douleur.

Le 25 novembre 1894, il officia pontificalement pour la première fois dans la Basilique Saint-Marc, à Venise. Le nouveau Patriarche recevait chaque jour quiconque avait besoin de lui et administrait le sacrement de Confirmation. Né pauvre lui-même, il vécut toujours pauvre d'esprit, plein de pitié pour les souffrances des malheureux ; aussi était-il toujours prêt à secourir ceux d'entre eux qui s'adressaient à lui. On peut dire que personne ne frappa vainement à sa porte sans avoir été secouru.

Souvent, il visitait les hôpitaux, les hospices d'aliénés et les prisons. Le zèle et l'activité du Cardinal Sarto n'avaient pas de bornes quand il s'agissait de soulager les misères humaines de toutes sortes.

Pour ses armoiries, Mgr Sarto choisit : " d'azur à l'ancre tridentée d'argent au naturel au dessus d'une mer agitée, illuminée d'une étoile d'or ".

Les 3 branches de l'ancre symbolisent la foi, la charité et l'espérance ; " que nous retenons pour notre âme comme une ancre sûre et ferme " (Hebr. VI-19) ; l'étoile rappelait Marie, Étoile de la mer. Devenu patriarche de Venise, il ajouta à ses armoiries le lion ailé tenant l’Évangile, qui représente l'évangéliste saint Marc, patron principal de l'auguste cité, avec ces mots : " Pax tibi Marce evangelista meus !" ; devenu Pape, Sa Sainteté Pie X a conservé le lion dans ses armes, y ajoutant seulement les insignes du Souverain Pontificat.

UN PAPE REMARQUABLE

Le 20 juillet 1903, Léon XIII rendit son âme à Dieu. Quelques jours plus tard, le 26, il quittait Venise pour se rendre au Conclave. Après les neuf jours de prières prescrites pour le Pontife défunt, le soir du 31 juillet, les Cardinaux entrèrent en Conclave ; ils étaient au nombre de 62.

 
Les premiers scrutins s'étaient orientés vers le cardinal Rampolla, collaborateur direct de Léon XIII, et fort intelligent ; " Rampolla avait pour lui tous ceux qui voulaient voir se poursuivre la politique libérale du Pape défunt ".

Le 1er août, le veto de l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier fut apporté par l'évêque de Cracovie, contre le cardinal Rampolla. Ce veto, qui fut tant critiqué, sauva l’Église ; car, après sa mort, Mgr Jouin découvrit des documents prouvant qu'il était Franc-maçon.

 
Très régulièrement - et pendant une époque chaque samedi -, le cardinal Rampolla allait en Suisse y chercher les instructions du pouvoir occulte qu'il avait mission d'appliquer dans le gouvernement de la Sainte Église. D'après ces documents, il avait reçu l'ordre, pour la France, de faire rallier les catholiques à la république (c'est sous son influence que Léon XIII exécuta cette malheureuse disposition) ; et pour l'église, de fonder au Vatican même une loge dont les membres seraient destinés à occuper les plus hauts postes dans la hiérarchie ecclésiastique.

Suite à ce veto, le choix du Conclave se porta en faveur du Cardinal Sarto. A chaque tour de scrutin les voix allaient croissant, et il supplia très humblement ses collègues de ne plus voter pour lui. Il s'efforçait, après chaque tour, d'énumérer avec preuves à l'appui, les titres qui lui manquaient, d'après lui, pour pouvoir être Pape ; mais Dieu avait décidé autrement : Au septième tour le Cardinal Sarto fut élu Successeur de saint Pierre, le 4 août 1903, par 50 voix en sa faveur.

L'humble élu, la tête basse, les yeux fermés et les lèvres murmurant une prière, écoute la sentence, et selon la formule habituelle, le Cardinal doyen s'approche de lui et l'interroge :
" Acceptez-vous votre élection, selon les règles canoniques, au Souverain Pontificat ?"
L'auguste élu, levant au ciel des yeux baignés de larmes dit, à l'exemple du Sauveur au Jardin des Oliviers :
" Si ce calice ne peut être éloigné de moi, que la volonté de Dieu soit faite : J'accepte."
Le grand sacrifice est accompli ; Joseph Sarto, l'humble enfant de l'huissier municipal et de la couturière de campagne, est Pape !
Très émouvante fut la cérémonie du couronnement, le 9 août 1903, dans la basilique saint Pierre où Pie X y célébra sa toute première Messe en tant que Souverain Pontife. La cérémonie dura cinq heures.

Durant les onze années de son pontificat, ce ne sont pas moins de 3 300 documents officiels qu'il rédigera pour restaurer tout dans le Christ : " Nous déclarons que notre but unique, dans l'exercice du suprême Pontificat, est de tout restaurer dans le Christ afin que le Christ soit tout et en tout ", écrivait-il dans sa première Encyclique E Supremi Apostolatus du 4 octobre 1903.

LE DEFENSEUR DE JESUS-CHRIST ET DE SON ÉGLISE

Un témoin rapporte :
" Quel est le rôle d'un Pape ? demandais-je un jour au curé qui se chargeait de faire le catéchisme. Le Pape, me dit-il, en sa qualité de Vicaire de Jésus-Christ sur la terre et défenseur de l’Église, a pour rôle de maintenir intacte la foi et la doctrine catholique."
A peine monté sur le trône pontifical, Pie X se mit courageusement à l'œuvre et commença par revendiquer la pleine liberté du Sacré-Collège dans l'élection du Souverain Pontife.

Un peu plus d'un an après son élection, Pie X dut faire face à l'injuste loi française de séparation de l’Église et de l'état, votée par le parlement, le 9 décembre 1905. Les effets de cette loi se firent sentir aussitôt :
- Spoliation des biens du clergé ;
- Persécution contre les institutions de bienfaisance ;
- Dissolution des congrégations religieuses ;
- Attaque sans merci contre les Sœurs des hôpitaux, des écoles ; des orphelinats et des asiles d'aliénés.
C'est dans ce contexte que Pie X protesta énergiquement : par l'Encyclique Vehementer du 11 février 1906 ; le Pape condamna solennellement la loi de séparation ; puis, près d'un an plus tard, il condamna dans son Encyclique " Une fois encore " la persécution contre l’Église, en France.

L’Église du Portugal fut elle aussi persécutée, d'une manière plus violente et plus barbare que l'avait été celle de France. Là encore, Pie X se conduisit comme il s'était conduit pour la France : L'Encyclique Jamdudum in Lusitania du 24 mai 1911 condamna les lois de persécutions et renouvela l'appel à l'union et à la persévérance dans la foi catholique. Ainsi, une seconde fois, le Pape Pie X, avec une charité évangélique, vint au secours des victimes de la persécution, accueillant par la même occasion, au Vatican, les prêtres et évêques portugais.

Le 24 mai 1910, il publia l'Encyclique Editae saepe dans laquelle il mettait en relief sa force d'âme dans la lutte contre les erreurs du temps. Il indiquait les caractères qui distinguent la vraie réforme de la fausse, en démasquant les prétendus réformateurs dont le but inavoué était de détruire la foi. C'est pourquoi, Pie X exhortait tous les fidèles à vivre en bons chrétiens, à fréquenter les sacrements et à se dépenser pour le salut des âmes.

Il eut également à protester contre les vexations des indiens du Pérou et des autres pays voisins. Il le fit par la lettre Lamentabili, du 7 juin 1912, aux évêques de l'Amérique Latine.

Les incroyants eux-mêmes ne purent s'empêcher d'admirer l'œuvre de Pie X : c'est ainsi que, le 24 juin 1914, la Serbie conclut un Concordat aux termes duquel les catholiques de ce pays jouiraient désormais d'une pleine liberté dans l'exercice du culte, et un Séminaire ouvrit à Belgrade.

DÉFENSEUR ET VENGEUR DE LA FOI


Déjà à l'époque, des théories nouvelles menaçaient l’Église. Certains éprouvaient la démangeaison de réformer les doctrines catholiques en les remplaçant par d'autres mieux adaptées aux conditions des temps modernes ; comme si les dogmes catholiques devaient changer avec les idées des hommes et comme si c'était à la religion à s'adapter aux hommes, et non le contraire. Dieu devrait-il être au service de l'homme ?

Les modernistes commençaient à s'infiltrer. Pie X s'en inquiéta pour le salut des âmes et pour la doctrine même de Eglise. Le 8 septembre 1907, il publia son admirable Encyclique Pascendi dominici gregis contre le modernisme, qui faisait suite au décret Lamentabili sane exitu paru un trimestre plus tôt, le 3 juillet 1907. C'est aussi à cette époque qu'il intervint dans la question du Sillon.

LE RÉFORMATEUR

Le Pape Pie X réglementa aussi la prédication et l'enseignement du catéchisme. Rappelant aux curés leur devoir d'instruire le peuple des vérités de la religion, il voulut que, chaque dimanche et à chaque fête de l'année, ils expliquent le texte du catéchisme du Concile de Trente.

Le 20 décembre 1905, il publia le décret Sacra Tridentina Synodus où il exhortait à la Communion fréquente et quotidienne, tous les fidèles ayant atteint l'âge de raison.

Cette sollicitude du Saint-Père à rappeler tous les fidèles à la Communion fréquente et quotidienne produisit partout une bonne impression : les prêtres rivalisèrent de zèle pour répandre cette sainte pratique, et les fidèles répondirent avec empressement à l'appel du Souverain Pontife. Ce fut un véritable réveil universel de la dévotion à l'Eucharistie.

Constatant qu'un peu partout on retardait d'une façon abusive l'acte solennel de la première Communion, il décida que celle-ci se ferait désormais à l'âge de sept ans.

LE LITURGISTE

Le seul chant liturgique adopté par l'Eglise fut celui auquel St Grégoire le Grand a donné son nom. A côté du chant grégorien l’Église admit aussi la musique polyphonique, que le génie classique de Palestrina entre autres porta à son apogée au XVIe siècle.

Ca et là, les compositions profanes et théâtrales prenaient le pas sur le chant grégorien qui, par ailleurs commençait à être dénaturé par les liturgistes.

Dans son Encyclique Motu proprio du 22 novembre 1903, le Pape Pie X s'élevait avec force contre cette profanation. Il créa une commission spécialement chargée de rétablir dans sa beauté primitive le chant liturgique, et fonda l'école supérieure de musique sacrée.

A ses réformes nécessaires, il se devait d'y ajouter celle du Bréviaire et du Missel : par la Bulle Divino afflatu du 1er novembre 1911, il traça les grandes lignes de cette importante réforme, à l'issu de quoi le nouveau Bréviaire et le nouveau Missel furent publiés.

Comme chacun le sait, les Saints et les Bienheureux sont nos intercesseurs auprès de Dieu. Pie X canonisa quatre Saints et béatifia soixante-treize Bienheureux :

Canonisations :

- 11 décembre 1904 : saint Alexandre Sauli, barnabite, Supérieur de sa congrégation, puis évêque du diocèse d'Aléria. Saint Gérard Majella, Frère laïque chez les rédemptoristes. Nombreux miracles.
- 20 mai 1909 : saint Joseph Oriol, Chanoine de Sainte-Marie du Pin, près de Barcelone. Saint Clément-Marie Hofbauer, Rédemptoriste. Fonda à Varsovie une congrégation de son Ordre.

Béatifications :


- 18 décembre 1904 : Bx Gaspar del Buffalo, fondateur de la congrégation des Missionnaires du Précieux-sang.
- 27 décembre 1904 : Bx Etienne Bellesini, Ermite de l'Ordre de St. Augustin, puis curé de Notre-Dame de Gennazano.
- 1er janvier 1905 : Bx Agathange de Vendôme, Capucin à Vendôme, fut envoyé en Egypte. Martyr en Abyssinie. Bx Cassien de Nantes, Capucin. Martyrisé en Abyssinie.
- 8 janvier 1905 : Bx Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, en France
- 15 janvier 1905 : Bx Marc Crison, Chanoine, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie. Bx Etienne Pongracz, Jésuite, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie.
Bx Melchior Grodecz, Jésuite, brutalement tué par des soldats calvinistes à Körösi, en Hongrie.
- 13 mai 1906 : Bse Julie Billiart, fondatrice de l'institut de N.D pour l'éducation chrétienne des filles, à Amiens (France).
- 20 mai 1906 : Huit Martyrs dominicains du Tonkin, missionnaires envoyés au Viêt-nam, Martyrisés à Tonkin, en 1745
- 27 mai 1906 : Les seize Carmélites de Compiègne, Religieuses Martyrs sous la Révolution française, exécutées en 1794.
- 10 juin 1906 : Bx Bonaventure Gran, Frère mineur, fonda plusieurs maisons de retraite de son Ordre, en Italie.
- 17 mai 1908 : Bse Marie-Madeleine Postel, Fondatrice des Sœurs des écoles chrétiennes.
- 24 mai 1908 : Bse Madeleine-Sophie Barat, Fondatrice de la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus.
- 31 mai 1908 : Bx Gabriel dell'Addolorata, Passioniste.
- 18 avril 1909 : Bse Jeanne d'Arc, Fille de paysans, elle délivra la France des anglais.
- 25 avril 1909 : Bx Jean Eudes, fonda la congrégation N.D de la Charité du refuge, et la Société de Jésus et de Marie.
- 2 mai 1909 : Trente-quatre missionnaires Martyrs d'Extrême-Orient, missionnaires envoyés en Chine, martyrs.

Saint Pie X au travail à son bureau face à une statue de
saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, qu'il vénérait et qu'il béatifia.

Le cinquantième anniversaire de la proclamation du Dogme de l'Immaculée Conception fut pour Pie X un motif de faire aimer notre très sainte Vierge Marie. L'Encyclique Ad diem illum du 2 février 1904 exhorte tous les fidèles à honorer cette bonne Mère du Ciel et à implorer sa protection.

LE LÉGISLATEUR

Le 19 mars 1904, Pie X décida qu'il fallait codifier le Droit canonique. Dans ce but, il établit une commission de Cardinaux chargée d'établir des projets de lois. Le nouveau code fut publié sous Benoît XV, son successeur, mais cela n'enlève rien à la gloire de Pie X, qui vraiment mit toute son âme au service de son élaboration.

En France, la famille commençait à être attaquée par les idées franc-maçonnes. Aussi, pour protéger l'intégrité de la famille, Pie X modifia, par décret Ne temere, du 2 août 1907, les règles relatives aux fiançailles et à la célébration du mariage.

LA MORT DU SAINT PAPE

L'agonie de saint Pie X.

1914 : la première guerre mondiale allait éclater. Saint Pie X eut la claire pensée de l'affreuse tuerie qui se préparait. L'ardente prière pour la paix qu'il envoya à tous les catholiques du monde, le 2 août 1914, fut l'expression la plus émouvante de sa douleur et de ses avertissements.

Une bronchite avait affaibli sa robuste constitution. L'auguste malade priait pour la paix. Le 19 août 1914, le Prélat Sacriste lui administra les derniers sacrements. Il avait perdu déjà l'usage de la parole, mais gardé sa pleine lucidité. A une heure et quart du matin, dans la nuit du 19 au 20, le saint Pape rendit son âme à Dieu.

Pour être complet, il faut savoir que saint Pie X s'apprêtait à excommunier les princes et les gouvernants catholiques en cause dans le futur conflit. Son aura et le respect dont il était entouré étaient un obstacle au déclenchement du conflit et ses ennemis le trouvaient extrêmement embarrassant. Un certain nombre de commentateurs dignes de foi ont évoqué la possibilité que l'on ait empoisonné ce saint pape à la santé robuste...


Saint Pie X sur son lit de mort.
 
LE TESTAMENT DE PIE X

Pie X débute son testament par une invocation à la Très Sainte Trinité, suivie d'un acte de confiance en la divine miséricorde, puis il ajoute :
" Je suis né pauvre, j'ai vécu pauvre et je veux mourir pauvre. Je prie le Saint-Siège d'accorder à mes sœurs Anne et Marie une pension qui ne dépasse pas 300 francs par mois, et à mon valet de chambre une pension de 60 francs."
De plus, il légua 10 000 francs à ses neveux, mais en soumettant ce don à l'approbation de son Successeur.
Il demanda que ses funérailles soient aussi simples que les règles liturgiques le permettaient, défendit d'embaumer son corps, et voulut qu'on l'ensevelît dans les souterrains de la Basilique Vaticane.

La dépouille mortelle de Pie X, revêtue des ornements pontificaux, fut exposée dans la Salle du Trône, puis on le transporta à la Basilique saint Pierre et exposée dans la chapelle du Très-Saint-Sacrement. La cérémonie religieuse eut lieu le 23 août 1914.

Le premier procès en vue de sa canonisation eut lieu le 14 février 1923 et dura jusqu'en 1931. Douze années plus tard, le Pape Pie XII ouvrit le second procès et, le 3 juin 1951 au matin, après le chant des Litanies des Saints, Pie X fut solennellement proclamé Bienheureux dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, puis enfin canonisé en 1954.


Verrière représentant saint Jean-Marie Vianney et saint Pie X.
Église Notre-Dame de Combourg. Bretagne.

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samedi, 03 août 2024

3 août. Le bienheureux Pierre-Julien Eymard, confesseur, fondateur des Pères du Saint-Sacrement. 1868.

- Le bienheureux Pierre-Julien Eymard, confesseur, fondateur des Pères du Saint-Sacrement et de celle des Servantes du Saint-Sacrement. 1868.

Pape : Pie IX. Empereur des français : Napoléon III.

" Les miracles visibles n'apparaissent que pour élever les coeurs à la foi des choses invisibles, afin que la merveille extérieure fasse
connaître la merveille, beacoup plus grand, de l'intérieur."

Saint Grégoire le Grand.

" Donnez-moi la croix, Seigneur, pourvu que vous me donniez aussi votre amour et votre grâce."
Le bienheureux Pierre-Julien Eymard.

Le bienheureux Pierre-Julien Eymard naquit le 4 février 1811 à La Mure d’Isère. Il y mourut, le 1er août  1868, à l’âge de 57 ans. Il fut béatifié par Pie XI, le 12 juillet 1925.

Mis en contact avec toutes les classes de la société et tous les états de vie, Pierre-Julien avait été providentiellement préparé à sa mission eucharistique. Tour à tour vicaire, curé, religieux et provincial chez les Frères Maristes, supérieur de collège et directeur du Tiers-ordre de Marie, catéchiste des chiffonniers de Paris, et, enfin, fondateur des Prêtres du Très Saint Sacrement, il a connu tous les besoins de toutes les catégories d’âmes et a compris l’influence et la force, pour elles, de l’Eucharistie.

Pierre-Julien eut une vie débordante d’activité. Ce fut cependant un grand mystique. En effet, dès l’âge de vingt six ans, alors qu’il n’était encore que vicaire à la Chatte, il fut, au cours d’une méditation devenue extase, favorisé d’une grâce mystique qui lui fit pénétrer la réalité de l’amour et de la bonté du Père. Pendant longtemps il en parla avec reconnaissance. Cette grâce fut le point de départ d’un apostolat dominé par une pensée dominante: devenir l’apôtre infatigable de l’amour de Dieu et travailler à la glorification du Sacrement de l’Amour du Fils : l’Eucharistie.

L’enfance et la jeunesse de Pierre-Julien Eymard furent relativement tristes. Il était le dixième enfant de Julien Eymard, son père, et  quatrième de sa mère, deuxième femme de Julien devenu veuf. Un destin cruel semble avoir marqué la famille Eymard. Successivement moururent ses frères et sœurs aînés : Cécile, en 1805, François-Julien en 1807, Joseph-Justin-Julien en 1809. Du premier lit quatre enfants sur six étaient également morts. De ce qui aurait pu être sa grande famille, Pierre-Julien, notre futur saint, ne connut qu’Antoine et Marianne, respectivement âgés de dix-sept et de douze ans à sa naissance en 1811. On croit savoir que la mère de Julien était très pieuse. Quant à son père, Julien Eymard, coutelier de son état, il fut reçu dans la Confrérie des Pénitents du Saint-Sacrement le 8 décembre 1817.

Dans ce milieu sérieux et fervent, il n’est pas étonnant que la piété de Pierre-Julien ait été précoce. Un fait est dûment attesté : vers l’âge de cinq ans, le petit garçon fait une fugue. On le cherche partout... On le retrouve dans l’église, grimpé sur l’escabeau placé derrière l’autel :

" Que fais-tu là, demande  sa sœur, impatiente.
– Je suis près de Jésus, et je l’écoute, répond naïvement le petit garçon."


A mesure qu’il grandit, Pierre-Julien est de plus en plus attiré par l’Eucharistie. Très jeune il désirera  devenir prêtre. Son père,  meurtri par tant de deuils subis, refusa : il ne pouvait pas accepter de perdre encore le dernier garçon qui lui restait et qui aurait dû prendre la succession de son entreprise.

Pierre-Julien connut donc des difficultés énormes pour faire ses études. Il apprit seul le latin, en cachette de son père. Le 5 août 1828, sa mère mourait ; le pauvre père restait seul avec sa fille Marianne et Pierre-Julien. Pierre-Julien se devait d’aider son père.

Enfin la foi du papa l’emporta, et Pierre-Julien fut reçu chez les Oblats de Marseille de Mgr de Mazenod, le 7 juin 1829...

Pour rattraper son retard scolaire, Pierre-Julien travaillait comme quatre. Il tomba rapidement malade ; on crut qu’il allait mourir. Mais il se rétablit lentement et, après la mort de son père, il entra au grand séminaire. Il fut ordonné prêtre le 20 juillet 1834 et nommé vicaire à la Chatte, dans l’Isère. Le 10 juin 1835 il était reçu tertiaire de l’Ordre des Capucins. C’est à la Chatte qu’il fut gratifié d’une grâce mystique exceptionnelle qu’il garda lontemps secrète, mais qui nourrit toute sa vie spirituelle.

Pierre-Julien crachait le sang. Il dut quitter la Chatte ; on le nomma curé de Monteynard où il resta deux ans. Fin 1839, il entra chez les Frères Maristes de Lyon et fut nommé directeur du collège de Belley. En janvier 1845, on lui conféra la charge de provincial dans sa congrégation, charge qu’il exerça pendant deux ans avant de devenir Visiteur Général.

En décembre 1845 le Père Eymard prit la direction de Tiers-Ordre de Marie au sein duquel il fonda de nombreuses branches.

Au sujet de la cérémonie de la Fête-Dieu à Lyon, le 25 mai 1845, le Père Eymard écrit, entre autres : “Je sens dans moi un grand attrait vers Notre-Seigneur ; jamais je ne l’avais éprouvé si fort. Cet attrait m’inspire dans mes prédications, conseils de piété, de porter tout le monde à la connaissance et à l’amour de Notre-Seigneur, de ne prêcher que Jésus-Christ et Jésus-Christ Eucharistique... ”

Cette grâce exceptionnelle est une grâce de foi et d’amour envers le Christ-Eucharistique. L’amour de Dieu est premier, mais il se concentre sur la contemplation du mystère de Jésus dans son Eucharistie.

En juin 1848 le Père Eymard est vivement frappé par l’intensité du culte eucharistique qui se déploie à Paris, grâce à l’adoration nocturne des hommes et à la création, par Adeline Dubouché, d’un Tiers-Ordre qui deviendra l’Adoration Réparatrice.

C’est ce que notre saint appellera une grâce de vocation. Emu à la vue du délaissement de tant de prêtres séculiers, et par le manque de direction spirituelle des hommes, le Père Eymard envisage la création “ d’un corps d’hommes comparable à l’Adoration Réparatrice en cours de création pour les femmes ".

L’époque était rude alors : le décret du 13 mars 1848 avait supprimé les congrégations religieuses en France, et de très nombreux religieux vivaient dispersés. À Mme Tholin-Bost qui avait créé l’Association de l’Adoration du Saint Sacrement à domicile, le Père Eymard écrivit, en octobre 1851 : “ J’ai souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en trouve qu’un: l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de la foi vient de la perte de l’amour.”

Et en février 1852, à la même personne : “ Maintenant il faut se mettre à l’œuvre, sauver les âmes par la divine Eucharistie, et réveiller la France et l’Europe engourdies dans un sommeil l’indifférence parce qu’elles ne connaissent pas le don de Dieu : Jésus, l’Emmanuel Eucharistique. C’est la torche de l’amour qu’il faut porter dans les âmes fidèles et qui se croient pieuses, et ne le sont pas parce qu’elles n’ont pas établi leur centre et leur vie dans Jésus au saint Tabernacle.”

Les événements se succèdent, et en avril 1856, le Père Eymard est relevé de ses vœux qui le liaient à l’Ordre des Maristes. Il allait pouvoir travailler à la fondation d’une nouvelle congrégation. Le 13 mai 1956, il reçoit, de l’archevêque de Paris, Mgr Sibour, l’autorisation de fonder son œuvre, la Société du Saint-Sacrement. Mgr Sibour était, en effet, très désireux de voir commencer une Œuvre de la Première communion des adultes. Le Père Eymard sera assisté, pour cette fondation, par le Père de Cuers.

Le dénuement matériel des premiers temps sera extrême et les vocations se firent longtemps attendre. Enfin, le 6 janvier 1857, l’Adoration du Saint-Sacrement exposé était inaugurée dans l’Institut. Les épreuves detoutes sortes se multiplièrent...

Parallèlement à la Société du Saint-Sacrement, une communauté féminine se mettait en place : Les Servantes du Saint-Sacrement, et l’Œuvre de la Première Communion des adultes était fondée dès 1858.

Le Père Eymard décrit la situation des jeunes ouvriers parisiens de cette époque : “ A peine capables de travailler, les enfants pauvres de Paris sont placés dans les fabriques pour y gagner quelques sous d’abord, puis dix, puis un franc ; et cela aide à avoir un peu de pain pour sa pauvre famille, et à payer les quarante sous de loyer par semaine. S’il n’y a pas de place dans les fabriques de boutons, de papier, etc, l’enfant, avec sa petite hotte, part le matin ou le soir, chiffonner dans la ville. Que de centaines d’enfants en sont là dans Paris !...

Si du moins la vie religieuse compensait la misère de la vie du corps ! Mais, hélas ! elle est encore plus déplorable. Le petit ouvrier ne va pas à l’Église apprendre à connaître, à aimer et à servir Dieu ; ses parents ne lui en parlent pas. Ils ont été élevés ainsi, ou bien l’indigence les rend honteux et les abrutit.  
Car Paris a son côté de missions étrangères, sa population nomade, sans autre religion que le culte des morts... Non, rien ne ressemble à ce Paris de la misère et de l’indifférence ! ”

Malgré les difficultés l’œuvre se développe et essaime en province. L’adoration du Saint-Sacrement est toujours la base de la vie de la congrégation.

Entre temps, au bord du découragement, le Père Eymard avait consulté le Saint Curé d’Ars. Le Père A.Tesnières raconte la rencontre :
“ ...Le Curé d’Ars éclata en sanglots et répondit : “ Mon bon ami, vous voulez que je prie le bon Maître pour vous ? Mais vous l’avez, vous, vous l’avez toujours devant vous ! ” Le Père touché des larmes du Curé laissa jaillir les siennes à son tour, et il s’efforçait de le consoler en lui disant : “ Pardonnez-moi, Monsieur le Curé, je ne voulais pas vous faire de peine, pardonnez-moi, je vous en prie. Et ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre.”

Le 10 juin 1863, Pierre-Julien Aymard recevait le décret d’approbation de son institut, La Congrégation du Très Saint-Sacrement. L’approbation avait été donnée par le pape Pie IX le 8 mai précédent.

Le but essentiel de cette congrégation était double :

– rendre un culte solennel et perpétuel d’adoration à Notre Seigneur Jésus-Christ, demeurant perpétuellement au. Très-Saint-Sacrement de l’autel, pour l’amour de l’homme.

– se dévouer à l’amour et à la gloire de ce très auguste Sacrement par l’apostolat de chacun de ses membres qui, sous les auspices et la conduite de l’Immaculée Vierge Marie, doivent s’y appliquer dans la mesure de leur grâce et de leurs vertus.

Il convient d’ajouter que cette congrégation doit être, de par la volonté de son fondateur, entièrement dévouée au Successeur de Pierre.

Parallèlement à la fondation de la Congrégation du Très Saint-Sacrement, Pierre-Julien Eymard, de 1858 à 1865, oeuvra activement à la fondation d’une congrégation féminine : Les Servantes du Saint-Sacrement, entièrement centrée sur l’Eucharistie, tout en étant au service des pauvres. Les épreuves, là aussi, furent nombreuses et parfois très douloureuses.

En plus des activités liées au développement de ses communautés religieuses, le Père Eymard prêche beaucoup: il veut faire connaître l’Eucharistie, l’Amour qui institua l’Eucharistie, c’est-à-dire le Cœur de Jésus, le Cœur Eucharistique. Il n’hésitait pas à dire, au cours des retraites eucharistiques qu’il prêchait : “ Quand on veut donner un mouvement plus puissant, on double, on triple, on centuple la puissance du moteur. Le moteur divin, c’est l’amour, l’amour eucharistique.”

Il écrivait aussi à des correspondants : “ J’ai eu la consolation de parler de Jésus au Très Saint Sacrement à Rouen et à Tours; on est bien venu, on a écouté avec dévotion: ce sera la semence.”

“ Le Cœur Eucharistique de Jésus a eu sa belle part à Rouen et Tours. J’ai fait un sermon spécial à Tours. C’est la semence.”

“ Je viens de prêcher la neuvaine solennelle du Sacré-Cœur. Vous pensez bien que c’est surtout du Cœur Eucharistique de Notre Seigneur que j’ai parlé ; il n’est que là vivant, puis au ciel ! J’ai parlé de son amour, de l’ingratitude des hommes, du peu d’âmes fidèles et dévouées qui se donnent entièrement à lui.”

Au cours d’une retraite à Rome, en janvier 1865, le Père Eymard fait retour sur lui-même et écrit : “ J’ai vu comment je ne me suis donné à Notre Seigneur au Très Saint-Sacrement que par le dévouement de l’amour, que par le service, le culte, le zèle. La nature y trouvait son élément ; la vanité et l’activité de l’esprit aussi.”

Car la vie avec Jésus-Eucharistie doit être contemplation et don du coeur : “ Notre Seigneur m’a fait comprendre qu’il préfère le don de mon cœur à tous les dons extérieurs que je pourrais lui faire, quand même je lui donnerais les cœurs de tous les hommes, sans lui donner le mien.”

Sur sa vocation eucharistique il s’émerveille : “ Comme le Bon Dieu m’a aimé! Il m’a conduit par la main jusqu’à la Société du Très Saint-Sacrement ! Toutes mes grâces ont été des grâces de préparation, tous mes états, un noviciat ! Toujours le Saint-Sacrement a dominé. C’est la Très Sainte Vierge qui m’a conduit à Notre-Seigneur : à la communion de tous les dimanches par le Laus à 12 ans ; de la Société de Marie à celle du Très Saint Sacrement.”

À la messe d’action de grâce de cette longue retraite, le 21 mars 1865, saint Pierre-Julien Eymard écrit : “ ... de même je dois être anéanti à tout désir, à tout propre intérêt, et n’avoir plus que ceux de Jésus-Christ qui est en moi afin d’y vivre pour son Père. Et c’est pour être ainsi en moi qu’il se donne dans la Sainte Communion. C’est comme si le Sauveur disait : " En m’envoyant par l’Incarnation, le Père m’a coupé toute racine de recherche de moi-même, en ne me donnant pas la personne humaine, mais en m’unissant une personne divine afin de me faire vivre pour lui, ainsi par la communion tu vivras pour moi, car je serai vivant en toi. Je remplirai ton âme de mes désirs et de ma vie qui consumera et anéantira en toi tout ce qui est propre; tellement que ce sera moi qui vivrai et désirerai tout en moi, au lieu de toi. Et ainsi tu seras le corps de mon cœur ; ton âme, les facultés actives de mon âme; ton cœur, le réceptacle, le mouvement de mon cœur. Je serai la personne de ta personnalité, et ta personnalité sera la vie de la mienne en toi ".”

Le Père Eymard, dès lors, fait un vœu qui le livre définitivement au Christ Jésus dans une configuration au mystère de son Incarnation, à l’exemple de Marie : “ Oh ! Que je voudrais adorer Notre-Seigneur comme l’adorait cette bonne Mère !... Je vais faire toutes mes adorations en union avec cette Mère des adorateurs, cette Reine du Cénacle.”

Sur sa Congrégation : “ Ne serait-il pas nécessaire dans la Société d’avoir les contemplatifs et les apôtres ? D’avoir des adorateurs et des incendiaires, puisque Notre-Seigneur veut voir ce feu eucharistique incendier le monde... ”

Dans les constitutions de la Société du Saint-Sacrement, P.J.Eymard avait clairement indiqué la raison suprême de l’Institut : “ Afin que le Seigneur Jésus soit toujours adoré dans son Sacrement et glorifié socialement dans le monde entier.”

Voici quelques-unes de ses réflexions : “ Le mal du temps, c’est qu’on ne va pas à Jésus-Christ comme à son Sauveur et à son Dieu... L’amour divin qui n’a pas de vie, son centre, dans le Sacrement de l’Eucharistie, n’est point dans les vraies conditions de sa puissance : il s‘éteindra bientôt.
Que faire donc ? Remonter à la source, à Jésus... et surtout à Jésus dans l’Eucharistie.”


Les forces du Père Eymard commencent à décliner ; il sent la mort approcher. À l’une de ses dirigées il écrit, le 26 avril 1868 : “ Plus les années se multiplient, plus elles affaiblissent la nature : c’est la mort par degrés, il faut s’y résigner ! Mais heureusement que le coeur ne vieillit pas ; il se rajeunit, au contraire, en héritant de ce que les autres facultés perdent. Aimez bien Notre Seigneur.”
C’était comme son testament.

Le 21 juillet 1868 au soir, le Père Eymard usé, amaigri, incapable de prendre la moindre nourriture, arrive à La Mure, sur ordre formel du médecin, pour se reposer. Il a célébré la dernière Messe de sa vie à Grenoble, dans la chapelle consacrée à l'adoration perpétuelle. Sans un mot, il se met péniblement au lit: sa soeur descend vite chercher le médecin qui diagnostique une hémorragie cérébrale doublée d'un épuisement général. Le Père se confesse par signes. Le samedi 1er août, il reçoit l'Extrême-Onction à une heure du matin. Dès le lever du jour, un Père de sa Congrégation célèbre la Messe dans sa chambre et lui donne la Sainte Communion. On lui présente l'image de Notre-Dame de La Salette. Il la presse sur son coeur. Au début de l'après-midi, c'est à peine si l'on entend son dernier soupir: son âme est entrée au Ciel dans le Bonheur infini de Dieu, pour toujours. Il est mort à 57 ans dans la maison où il était né.

On connaît relativement peu la vie mystique de Pierre-Julien Eymard, ni ses combats avec Satan. Seul le frère Tesnière qui le soignait a pu apporter des témoignages. En voici un : “ Trois semaines avant sa mort le Père m’a dit avec l’accent de quelqu’un qui a besoin de se soulager d’un mauvais coup reçu : " Oh! que le diable est mauvais quand il vous bat. Ses soufflets sont secs, comme s’il frappait sur du marbre. Ah ! c’est qu’il frappe vraiment et non pas seulement d’une manière imaginaire ".”

Saint Pierre-Julien Eymard connut aussi les terribles épreuves de la nuit de l’esprit. C’est encore le Père Tesnière qui témoigne, lors lors du procès ordinaire de Paris : “ Il entra dans une voie d’oraison douloureuse : sécheresse du cœur, impuissance de l’esprit à raisonner sur les vérités ou même à se représenter les mystères : obscurité de la foi, insensibilité absolue, vains efforts pour formuler une prière dans son cœur, vains appels à Dieu qui semblait sourd à ses cris et s’éloignait à mesure qu’il le cherchait davantage... vues très claires de l’inutilité de ses efforts dans la prière comme de toutes ses actions dont il ne voyait que lacunes, défauts et fautes, et par suite tentations de découragement et de désespoir qui le poussaient à abandonner au moins la prière comme inutile ou même injurieuse à Dieu.

Telle fut la voie du Serviteur de Dieu durant ses dernières années... C’était donc plusieurs heures par jour qu’il devait affronter ce combat de la prière, mais il n’en abandonna jamais l’exercice ni par fatigue, ni par dégoût, et surmonta ainsi cette longue et rude épreuve. Mais aller à la prière équivalait pour lui à aller au sacrifice pour y immoler son âme sur le plus cruel des bûchers.”


SAINT PIERRE-JULIEN EYMARD ET L'EUCHARISTIE

Le Père Eymard, s’extasiant sur les merveilles de l’Eucharistie s’écrie :

“ L’institution de la divine Eucharistie est, au dire de Saint Thomas d’Aquin, le plus grand des miracles de Jésus-Christ : il les surpasse tous par son objet, il les domine par la durée. C’est l’Incarnation permanente, c‘est le sacrifice perpétuel de Jésus-Christ ; c’est le buisson ardent qui brûle toujours sur l’autel ; c’est la manne, véritable pain de vie, qui descend tous les jours du Ciel... Celui qui, du limon de la terre, a fait le corps de l’homme, peut bien changer le pain et le vin en son Corps et en son Sang. D’ailleurs l’homme change bien, naturellement, le pain qu’il mange et le vin qu’il boit, en sa chair et en son sang.”

Pour le Père Eymard, l’Eucharistie c’est Jésus passé, présent et futur. C’est la fin de sa vie mortelle, c’est l’expression de son Amour. Dans l’Eucharistie, tous les mystères divins sont glorifiés, et toutes les vertus sont présentes. “ L’Eucharistie est le royal mystère de la foi où toutes les vérités aboutissent comme les fleuves dans l’océan. Dire l’Eucharistie, c’est tout dire.”

Le Père Eymard envisageait l’Eucharistie, Pain de vie, sous tous ses aspects et, en particulier, sous celui de ses fruits et de son efficacité dans les âmes. Il ne craignait pas de déclarer : “ C’est le jansénisme qui, fermant les tabernacles, a préparé l’apostasie des peuples, dont la Révolution a été la manifestation ; c’est en ouvrant les tabernacles qu’on ramènera les nations à Dieu.”

Saint Pierre-Julien écrit :  “ Je pose en principe que plus on doit être pur, plus on doit être saint, et plus on a besoin de communier...
Plus la vie que vous menez est sainte et difficile, plus vous devez vous approcher de la Table sainte.”


Pour être fort, il faut communier, il faut avoir faim. “ Vous dites : donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Désirez donc le pain de votre âme, et alors, venez le chercher.

Communiez donc, mais en regardant le Cœur de Notre-Seigneur qui vous appelle... Sans doute, lorsque la Communion sacramentelle ne vous sera pas possible, Dieu la remplacera par la communion de sa présence de grâce et d’amour; il faut cependant désirer la première, parce que Jésus et l’Église la veulent.”


“ Ni le Baptême qui donne la vie de la grâce, ni la Confirmation qui l’augmente, ni la Pénitence qui la restaure, ne suffisent. Tous ces sacrements sont une préparation à l’Eucharistie qui les complète et les couronne...

Jésus a dit: Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruits. Mais Comment demeurer en Jésus ? Il l’a bien précisé : celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.“


“ L’Eucharistie est le pain des faibles, et elle est aussi le pain des forts. Elle est nécessaire aux uns comme aux autres. Aux faibles, c’est évident. Aux forts car l’Apôtre les avertit : ” Que celui qui a l’impression d’être debout prenne garde de tomber.” Ils portent leur trésor dans des vases d’argile; leur route est entourée de brigands.”


“ Jésus-Christ ne se cache dans ce mystère que par égard pour la faiblesse de l’homme, pour se manifester graduellement à lui, à mesure qu’il grandit dans l’amour...

Ainsi en l’Eucharistie l’âme n’épuise jamais Jésus. À mesure qu’elle entre dans les profondeurs insondables de sa bonté, elle y découvre toujours des trésors nouveaux. Jésus est toujours plus aimable à ses yeux. “ Celui qui m’aime, dit-il, sera aimé de mon Père, et moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui.

Qu’est-ce que cette manifestation de Jésus ? C’est le mystère de son amour qui devient lumière, douceur, force, joie, bonheur : le Ciel dans l’âme.”

“ Une seule chose est nécessaire ici-bas: aimer Dieu et le servir, et c’est la sainte Communion qui, en nous faisant vivre de Notre-Seigneur, alimente en nous cet amour et nous fait avancer dans la voie de la sainteté... La sainte Communion est la fin de la vie et sa perfection, elle est la dévotion royale et qui remplace tout. Elle est pour vous le grand exercice des vertus chrétiennes, l’acte souverain de l’amour, la pluie du matin.”

“ Jésus, par l’Eucharistie, répand d’abord dans notre âme, et, par elle dans nos sens, la grâce et l’onction de son amour... C’est une attraction délicieuse vers Jésus, qui nous fait désirer de le mieux connaître...

La Communion, voilà aussi le grand triomphe de Jésus-Christ en l’homme ; par elle, il l’unit à son corps et à son sang. C’est une fusion par l’amour et dans l’amour ; c’est un foyer d’amour divin qui s’allume dans l’homme et dont les étincelles embraseront toutes ses facultés pour le bien."


Etre prêtre

“ Pour être prêtre, dit notre Saint, il faut avoir le pouvoir d’offrir le sacrifice, qui est essentiel à la religion et au sacerdoce... C’est à la Cène que le Sauveur a consacré les premiers prêtres, lui, le souverain Prêtre selon l’ordre de Melchisédech... ”


Saint Pierre-Julien Eymard précise : " Jésus donne une victime à ses prêtres : Lui-même : “ L’autel, ce sont les mains de Jésus-Christ ; ce seront les mains des apôtres et, bientôt, les corps des martyrs sur lesquels on célébrera la sainte Messe. Le temple, c’est le Cénacle et toutes les églises catholiques de l’avenir. Jésus ajoute alors ces paroles effrayantes par leur puissance, adorables dans leurs effets : “ Faites ceci en mémoire de moi.” Faites ceci. Voilà l’ordre qui donne le pouvoir et imprime le caractère sacerdotal.

Oh ! comme Jésus fut heureux quand il eut fait, de ses apôtres, ses prêtres ! Comme son Cœur tressaillit de joie !... A peine eut-il institué l’Eucharistie et le sacerdoce... Jésus s’écria : Maintenant le Fils de l’Homme a été glorifié... ”


Ce qui frappe saint Pierre-Lulien, c‘est la condition humaine du prêtre revêtu d’un tel pouvoir. Il écrit : “ Quand je regarde le prêtre, que vois-je ? Jésus lui a laissé toutes les conséquences du péché originel dont il était souillé en naissant. Aussi puis-je trouver un prêtre pécheur, esclave de Satan, tout en gardant sa dignité et sa puissance. Quel contraste ! Quel déshonneur pour Jésus-Christ ! Le sacerdoce ne rend donc pas impeccable.

Pourquoi Notre-Seigneur a-t-il laissé au prêtre une humanité d’origine pécheresse ?

1. Par miséricorde pour lui, et par amour pour les fidèles... ;

2. Pour le tenir
– dans l’humilité : il se perdrait par orgueil, comme le séraphin Lucifer ;
– dans la vigilance : il se perdrait au milieu du monde ; il a besoin de ce voile de la pauvre humanité pour lui rappeler qu’il est homme, même au pied de l’autel ;

3. Par égard pour les âmes et pour que leur foi soit simple et forte ; car si la validité de la consécration était attachée à la perfection du consécrateur, qui oserait monter à l’autel ? Les prêtres les plus saints seraient les premiers à s’en croire indignes...

L’amour de Jésus-Christ a tranché la difficulté. Le pouvoir consécrateur est attaché au caractère de l’Ordre et à la volonté du prêtre. C’est un acte humain et divin du prêtre.

Les mauvais prêtres

Et que dire du mauvais prêtre, publiquement pécheur ? Consacrera-t-il l’Eucharistie ? Offrira-t-il Jésus en oblation au Père céleste ? Pourra-t-il donner Jésus comme pain de vie aux foules affamées ? Jésus répond :“ Oui, j’obéirai à un Judas comme à un saint, à un ennemi de mon amour comme au disciple de ma dilection... Comme j’ai obéi à mes bourreaux sur la Croix pour être la victime du salut du monde, j’obéirai de même au sacrificateur de mon Corps sur l’autel pour être un holocauste d’amour... ”

La Passion sera renouvelée par le divin Sacrement, tous les jours et partout dans le monde. Cela, Jésus le sait et il “ se voit trahi par l’apostasie, vendu par l’intérêt, crucifié par le vice qui le recevra dans un cœur coupable.”

Mais tout prêtre est sacré

Les chrétiens ne doivent donc pas s’arrêter à l’homme faible et même pécheur. Aussi le père Eymard a-t-il soin de les mettre en garde : “ Que les chrétiens se gardent de mépriser ce Jésus-Christ humilié ; leur plus grande punition serait de perdre la foi dans le sacerdoce ; qu’ils se gardent de naturaliser cet être divin ; ils épuiseraient pour eux les bienfaits de son ministère sacré. En voyant un prêtre, il faut se dire : que Jésus-Christ est bon, qu’il est grand !...

Pour avoir foi en l’Eucharistie, il faut d’abord avoir foi au sacerdoce. Le prêtre peut se présenter à nous comme un homme ordinaire, simple, pauvre, pécheur même. Le monde s’en montre scandalisé. Et cependant c’est le prêtre qui est le ministre consécrateur de l’Eucharistie. Pour croire à l’Eucharistie, il faut avant tout, croire à ce pouvoir du prêtre... C’est un pouvoir  de glorification, car une messe rend plus de gloire à Dieu que les hommages de tous les êtres créés réunis, sur la terre et dans le ciel... Et ce pouvoir est attaché au caractère sacerdotal et non à la sainteté du prêtre.”

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jeudi, 01 août 2024

1er août. Dédicace de Saint-Pierre-Es-Liens. 439.

- A Rome sur le mont Esquilin*, la dédicace de Saint-Pierre-Es-Liens ou fête des chaînes du Prince des Apôtres. 439.

Sous saint Sixte III, pape,  et grâce à la dévotion de l'impératrice Eudoxie.

" Heureux liens qui tenaient captifs les mains et les pieds de saint Pierre ; ils lui ont valu une couronne immortelle, et d'un Apôtre ils ont fait un martyr !"
Saint Augustin. Serm. XXIX de Sanctis.


Saint Pierre délivré par l'ange du Seigneur. Bible historiale.
Guiard des Moulins de l'abbaye de Saint-Omer. XIVe.

L'Eglise a institué cette fête, non seulement pour rendre grâces à Dieu de l'insigne faveur qu'Il fit à l'assemblée des fidèles de Jérusalem, lorsqu'Il leur rendit le Prince des Apôtres que le roi Hérode, surnommé Agrippa, avait fait lier de deux chaînes, en attendant que la fête de Pâques fût passée pour le faire mourir ; mais aussi afin d'honorer ces chaînes, avec lesquelles les membres précieux de ce grand Apôtre avaient été attachés. Elle sait bien que lui-même les estimait plus que tous les trésors du monde, et qu'il préférait la qualité de captif et d'enchaîné pour Jésus-Christ à celle de Prince de son peuple et Chef de tous les disciples.


Saint Pierre délivré par l'ange du Seigneur. Murillo. XVIIe.

Saint Luc rapporte, dans les Actes des Apôtres, que cet Hérode, neveu du second par son père et petit-fils du premier, voulant gagner l'affection des Juifs, après avoir fait trancher la tête à saint Jacques le Majeur, frère de saint Jean l'Evangéliste, fit arrêter saint Pierre et l'envoya en prison, dans le dessein de le faire exécuter publiquement et devant une foule nombreuse assemblée à Jérusalem à l'occasion de la fête de Pâques. Craignant qu'il n'échappât à sa cruauté, il ne se contenta pas de le faire enfermé ; il le fit lier avec deux chaînes aux murs de la prison où il était et le donna en garde à des soldats qui en répondaient.


Saint Pierre délivré par l'ange du Seigneur.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine Jacques de Besançon. XVe.

Cependant les Chrétiens de la ville et des environs sentirent vivement ce coup et, sachant combien cet Apôtre était nécessaire à l'Eglise, qui, à peine naissante, se voyait exposée à de si terrible persécutions, ils envoyaient continuellementleur voeux et leurs soupirs ver le Ciel, suppliant le Souverain Pasteur de ne pas permettre que son troupeau fût si tôt privé de celui qu'Il lui avait donné pour Son vicaire.

Cette prière fut exaucée : la nuit même où saint Pierre devait être exécuté, comme il dormait paisiblement dans ses chaînes, au milieu de deux soldats, outre les autres gardes qui étaient en faction devant la porte, l'ange du Seigneur descendit du Ciel et remplit toute la prison d'une grande lumière et lui dit :
" Lève-toi promptement !"
Et comme saint Pierre se levait pendant que ses chaînes tombaient l'ange ajouta :
" Prend ta ceinture et chausse-toi ! Met ton manteau et suis-moi !"
Saint Pierre obéit et se mit à sa suite tout en pensant qu'il ne vivait qu'un songe et qu'il n'était pas délivré en réalité. Mais, passant devant tous les gardes qui ne s'apercevaient de rien, puis passant la porte de fer qui s'ouvrit toute seule sans que personne y mît la main, saint Pierre s'écria :
" Je reconnais maintenant que Dieu a envoyé véritablement Son ange et qu'Il m'a délivré de la main d'Hérode et de toute l'attente du peuple juif."

Tous les fidèles reçurent une joie incroyable de cette délivrance ; ils en rendirent beaucoup d'actions de grâces à Dieu, et s'étant procuré les chaînes dont l'Apôtre avait été lié, ils les gardèrent religieusement dans le trésor de l'église de Jérusalem, comme une très précieuse relique.


Saint Pierre et l'ange du Seigneur.
Eglise Saint-Pierre-Es-Liens de Rançon. Limousin.

C'ets pour ce grand bienfait que la fête d'aujourd'hui a été instituée. On y doit honorer les peines et les souffrances de saint Pierre, le calme et la tranquillité qu'il avait en prison et sous ses liens, la constance et la joie avec lesquelles il attendait le coup de la mort, et l'égalité d'esprit qui parut an lui, tant dans l'humiliation de son emprisonnement que dans la gloire de sa délivrance.

On doit aussi remercier Notre Seigneur de la faveur qu'Il fit à son troupeau en lui rendant un si bon pasteur, des miracles qu'Il a opérés pour le délivrer, et des grands fruits qu'Il lui a fait produire depuis, tant parmi les Juifs que parmi les Gentils, pour le parfait établissement du Christianisme.


Saint Pierre délivré par l'ange. Philippe Rivière XVIIIe.
Eglise Saint-Pierre-Es-Liens de Jourgnac. Limousin.

Saint Pierre eut encore d'autres liens que ceux qui l'enchainèrent à Jérusalem ; car étant à Rome pour y prêcher l'Evangile, et ayant gagné à Jésus-Christ un grand nombre de personnes des trois ordres qui composaient cette ville (des sénateurs, des chevaliers et de nombreux membres du peuple), l'empereur Néron le fit saisir et commanda qu'il fût mis en prison et enchaîné.

C'est de ces chaînes dont parle saint Alexandre, pape, lorsque, voyant sainte Balbine porter un respect singulier aux chaînes diont lui même venait d'être lié, il l'exorta à cherhcer plutôt les chaînes de saint Pierre : ce qu'elle fit aussitôt avec beucoup de succès et de consolations.


Basilique Saint-Pierre-Es-Liens. Rome. Cette basilique fut bâtit par
l'impératrice Eudoxie au Ve siècle afin de conserver les chaînes du
Prince des Apôtres.Deux chaînes de saint Pierre sont rassemblées
dans ce reliquaire : celle de Rome et celle de Jérusalem.

C'est donc à la fois les chaînes que porta le Prince des Apôtres à Rome puis à Jérusalem que nous fêtons aujourd'hui.


Les chaînes de saint Pierre. Basilique Saint-Pierre-Es-Liens. Rome.

Il serait trop long ici de rescencer le nombre formidable de miracles que ces précieuses chaînes opérèrent et tout autant le nombre d'églises qui vénèrent ces admirables reliques.


Les chaînes de saint Pierre. Basilique Saint-Pierre-Es-Liens. Rome.

* Le mont Esquilin, appelé aujourd'hui le mont de sainte Marie-Majeure, est l'une des sept collines de Rome, au sud du Quirinal et au nord du mont Coelius. Il fut renfermé dans la ville par Tulius Hostilius, troisième roi de Rome (671-639 av. J.-C.). C'est là qu'on exécutait les criminels. Il donnait son nom à la Porte Esquiline, une des portes occidentales de Rome, appelée aujourd'hui Porte Saint-Laurent.

Rq : On lira le petit livre de M. Paul Mencacci, " Les chaînes de saint Pierre ", que l'auteur, membre de l'Archiconfrérie romaine qui se dépensa tant pour ériger dans la ville éternelle un monument en l'honneur des saintes chaînes et dédié, à l'occasion de son jubilé épiscopal, au pape Pie IX. Ce livre est disponible en téléchargement sur l'excellente " bibliothèque Saint-Libère " : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=249

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samedi, 27 juillet 2024

27 juillet. Saint Pantaléon, médecin, martyr à Nicomédie. 303.

- Saint Pantaléon, médecin, martyr à Nicomédie. 303.

Pape : Saint Marcelin. Empereur romain d'Orient : Dioclétien. Empereur romain d'Occident : Maximilien-Hercule.

" Ce qui donne le plus d'éclat à la toute-puissance du Verbe, c'est la puissance qu'il communique à ceux qui espèrent en lui."
Saint Bernard. Serm. LXXXIII sub Cant.

L'Orient célèbre aujourd'hui un de ses grands martyrs. Médecin des corps et conquérant des âmes, son nom qui indiquait la force du lion fut, au moment où il allait mourir, changé par le ciel en celui de Pantéléèmon ou tout miséricordieux : présage des biens que la gratuite libéralité du Seigneur se proposait de répandre par lui sur la terre. Les diverses translations et le partage de ses restes précieux dans notre Occident, y propagèrent son culte et sa renommée secourable, qui le fit ranger parmi les Saints auxiliateurs.

Saint Pantaléon vivait à Nicomédie. Son père était païen et sa mère chrétienne ; celle-ci mourut malheureusement bien trop tôt pour son enfant. Pantaléon, élevé dans la religion de Jésus-Christ, quoique non encore baptisé, subit l'influence de son père et finit par oublier les principes que sa mère lui avait inculqués dans son enfance.

Il s'attacha à l'étude de la médecine et y devint si célèbre, que l'empereur Maximien-Galère le choisit pour son médecin et voulut l'avoir à sa cour. Un prêtre chrétien, nommé Hermolaüs, résolut de ramener à la foi chrétienne un homme qui avait de si brillantes qualités ; il s'introduisit dans sa confiance et en vint à lui rappeler les vérités de la religion :
" A quoi, lui dit-il, vous serviront vos connaissances, si vous ignorez la science du salut ?"


Martyre de saint Pantaléon. Vies de saints.
Le maître de Fauvel. XIVe siècle.

Hermolaüs, voyant que ses paroles faisaient impression sur Pantaléon, le pressa davantage, et celui-ci lui déclara qu'il y penserait sérieusement. Ces heureuses dispositions s'affermirent par un miracle qu'il opéra en invoquant le nom de Jésus-Christ. Un jour qu'il se promenait dans la campagne, il rencontra un enfant mort, et, tout près de lui une vipère. Il ne douta point que l'enfant n'eût été la victime de ce reptile venimeux. Inspiré par la grâce, il s'adressa, plein de confiance, à Jésus-Christ, et dit :
" Enfant, lève-toi, au nom de Jésus-Christ !"
Puis, se tournant vers la vipère :
" Et toi, méchante bête, reçois le mal que tu as fait."
A l'instant l'enfant se relève vivant, et la vipère demeure inerte sur le sol. Pantaléon n'hésita plus à se faire baptiser.

Le martyre de saint Pantaléon. Verrière de la cathédrale de Chartres.

Le salut de son père fut sa première pensée, et il employa tout pour y réussir, la raison, le sentiment, la piété filiale et surtout la prière ; il acheva sa conquête par un miracle. Un jour, un aveugle vint le trouver et lui dit : " J'ai depuis longtemps employé sans effet tous les remèdes ; on m'a dit que vous êtes très habile médecin ; pourriez-vous me secourir ?
– Je vous guérirai, dit le médecin, si vous vous engagez à devenir chrétien."

L'aveugle promit avec joie et fut aussitôt guéri par l'invocation de Jésus-Christ. Son père, témoin de ce miracle, reçut le baptême avec l'aveugle guéri.

Pantaléon devint de plus en plus un apôtre de la foi ; à la mort de son père il vendit tous ses biens, les employa en bonnes oeuvres et ne se réserva que le produit de l'exercice de sa profession. Des médecins jaloux le dénoncèrent comme chrétien à l'empereur. Pantaléon fut condamné à divers supplices pendant plusieurs jours, dont celui d'être plongé dans une chaudière de plomb fondu, et fut enfin décapité.


Le martyre de saint Pantaléon. Legenda aurea.
Bx J. de Voragine. R. de Monbaston. XIVe siècle.

Saint Hermolaüs, qui avait converti saint Pantaléon à la foi, et les saints ermites Hermippe et Hermocrate, frères, furent martyrisés par le même arrêt de Maximien-Galère.

Saint Charlemagne obtint une partie notable des reliques de notre saint - lesquelles étaient jusqu'alors conservées à Constantinople, et les fit mettre au trésor de l'abbaye de Saint-Denis. Le crâne de saint Pantaléon fut envoyé à Lyon et de là une partie dans l'église Saint-Etienne du village corrézien de Saint-Pantaléon-de-Lapleau.


Reliquaire contenant des fragments de crâne de saint Pantaléon.
Eglise Saint-Etienne de Saint-Pantaléon-de-Lapleau. Corrèze.

Saint Pantaléon, honoré comme le principal patron des médecins après saint Luc, a bénéficié très vite d'un culte dans tous le monde chrétien. En France, un grand nombre de lieux de cultes lui furent rapidement dédiés ; la plus fameuse étant probablement celle de Troyes, caractéristique de l'école champenoise d'archotecture, de statuaire et de peinture.

Gueberschwihr, en Alsace, peut s'ennorgueuillir de
sa splendide église romane Saint-Pantaléon.

PRIERE

" Qu'y a-t-il de plus fort que le lion, déplus doux que le miel (Jud., XIV, 18.) ? Plus grand que Samson, vous avez dans votre personne même, ô Martyr, posé et résolu l'énigme : du fort est sortie la douceur (Ibid. 14.). Ô lion qui marchiez si intrépidement à la suite du Lion de Juda,vous sûtes aussi imiter sa mansuétude ineffable ; et, comme il mérita d'être appelé  l’Agneau à jamais, ainsi voulut-il que sa miséricorde resplendît dans le nom éternel par lequel, transformant votre nom de la terre, il vous appelait au festin des cieux. Pour l'honneur de celui qui en fit votre titre de gloire, justifiez-le toujours plus. Soyez propice à ceux qui vous implorent, aux malheureux qu'une triste consomption rapproche chaque jour des portes du tombeau, aux médecins qui comme vous se dépensent dans les soins donnés à leurs frères : aidez-les à soulager la souffrance physique, à guérir les corps ; montrez-leur à panser mieux encore les plaies morales, à conduire l'âme au salut."

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dimanche, 21 juillet 2024

21 juillet. Sainte Praxède, vierge romaine. 164.

- Sainte Praxède, vierge romaine. 164.
 
Pape : Saint Anicet. Empereur romain : Lucius Verus ; Marc-Aurèle.
 
" La vertu seule accompagne les morts, seuls la charité les suit."
Saint Ambroise. Lib. VII sup Luc.
 

Pie Ier et sainte Praxède. Anonyme italien. XVIIe.

Enfin l'angélique sœur de Pudentienne obtient de l'Epoux que ses liens soient brisés. L'exil était lourd à ce dernier rejeton d'une souche illustre pour la terre et pour Dieu. Des races nouvelles que ses pères n'avaient point connues, quand ils soumettaient le monde à la Ville éternelle, gouvernaient maintenant Rome et l'univers ; plus que Néron et Domitien, qui du moins ne s'inspiraient dans leurs errements que de l'instinct de la tyrannie, les césars philosophes du moment faisaient preuve de la méconnaissance la plus absolue des destinées de la cité reine. Le salut de Rome était aux mains d'une autre dynastie ; un siècle déjà s'était passé depuis que l'aïeul de Praxède, plus authentique héritier des traditions du Capitole que tous les empereurs présents ou futurs, avait incliné devant cette principauté venue d'en haut la majesté des grands souvenirs des sept collines, et salué dans Simon fils de Jean le dominateur de l'avenir.

Hôte du Prince des Apôtres, Pudens transmit à sa descendance l'estime d'un titre plus glorieux que tous ceux qu'il tenait des ancêtres ; au temps de Pie Ier comme à celui de Pierre, sa maison continuait d'abriter le Vicaire de Dieu. Restée seule avec de tels souvenirs, Praxède, après la mort de sa sœur bien-aimée, avait achevé de transformer ses palais en églises où nuit et jour retentissait la divine louange, où les païens accouraient en foule au baptême ; la police impériale respectait la demeure d'une descendante des Cornelii. Délivré de la tutelle d'Antonin son père adoptif, Marc Aurèle ne devait pas connaître longtemps cette barrière : une descente eut lieu au Titre de Praxède ; nombre de chrétiens furent pris, dont le glaive abattit les têtes. La vierge connut le tourment de voir tout frapper autour d'elle, sans elle-même être atteinte.-Brisée, elle se tourna vers Dieu et demanda de mourir. Son corps fut réuni à ceux des siens dans le cimetière de son aïeule Priscille.


Mosaïque. Sainte Praxède à Rome. VIIe.
 
Praxède viendrait de prasin, vert, elle verdit et porta fleur de virginité.

Praxède, vierge de Rome, était sœur de la vierge sainte Pudentienne. Au temps où l'Empereur Marc Antonin persécutait les chrétiens, elle leur consacra son temps et ses richesses, les soulageant par toutes les industries de sa charité, cachant chez elle les uns, exhortant les autres à la constance dans la foi , ensevelissant leurs corps ou pourvoyant à ce que rien de ce qu'elle pouvait ne leur fît défaut dans les prisons et les bagnes.

Mais le massacre des chrétiens prit de telles proportions, qu'elle se sentit impuissante à en supporter la vue davantage : elle pria Dieu que, s'il était expédient de mourir, il l'enlevât à tant de maux. Le douze des calendes d'août, elle fut donc appelée pour recevoir au ciel la récompense de sa piété. Le prêtre Pastor ensevelit son corps dans le tombeau de son père et de sa sœur Pudentienne, au cimetière de Priscille sur la voie Salaria.


Fresque. Basilique Sainte-Praxède à Rome. VIe - VIIe.
 
PRIERE

" L'Eglise Mère vous est restée reconnaissante, Ô Praxède! Depuis si longtemps déjà près de l'Epoux, vous continuez d'exercer sur la terre en faveur des Saints les traditions de votre noble famille. Quand, aux huitième et neuvième siècles, les Martyrs, exposés aux profanations lombardes, se levèrent de leurs tombeaux pour rentrer dans les murs de la Ville éternelle, on vit Pierre, dans la personne de Pascal Ier, chercher pour eux l'hospitalité là où lui-même l'avait trouvée au premier âge. Ce fut un grand jour que ce 20 Juillet 817 où, quittant les catacombes, deux mille trois cents de ces héros du Christ vinrent retrouver au Titre de Praxède un repos que troublaient les barbares. Quelles fleurs Rome en ce jour vous offrait, Ô vierge ! Que pourrions-nous qu'associer notre hommage à celui de l'auguste phalange venant, au jour de votre fête bénie, reconnaître ainsi vos bienfaits ? Fille de Pudens et de Priscille, communiquez-nous votre amour de Pierre, votre dévouement à l'Eglise, votre zèle pour les Saints de Dieu militant encore ou déjà dans la gloire."

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jeudi, 11 juillet 2024

11 juillet. Saint Pie Ier, pape et martyr. 156.

- Saint Pie Ier, pape et martyr. 156.
 
Papes : Saint Hygin (prédécesseur) ; saint Anicet (successeur). Empereur romain : Antonin le Pieux.
 
" Le souverain pontife doit avoir l'amour tendre d'une mère et la sévérité d'un père, afin d'être ferme envers les superbes et plein de douceur envers ceux qui sont modestes."
 

Saint Pie Ier et sainte Praxède, vierge.

Un saint Pape du second siècle, le premier de cette série de Pontifes que le nom de Pie a illustrés jusqu'à nos jours, projette sur nous sa douce et sereine lumière. Malgré la situation toujours précaire de la société chrétienne, en face d'édits de persécution que les meilleurs des princes païens n'abrogèrent jamais, il mit à profit la paix relative que valait à l'Eglise la modération personnelle d'Antonin le Pieux, pour affermir les assises de la tour mystérieuse élevée par le Pasteur céleste à la gloire du Seigneur Dieu (Herm. Past.). Exerçant ses droits de suprême hiérarque, il établit que, nonobstant la pratique contraire suivie encore en divers lieux, la fête de Pâques serait désormais célébrée au dimanche par toutes les Eglises. Bientôt la glorieuse mémoire de Victor, successeur de Pie à la fin de ce siècle, viendra nous rappeler l'importance de la mesure qu'il crut ainsi devoir prendre et le retentissement qu'elle eut dans l'Eglise entière.

L'ancienne Légende de saint Pie Ier, modifiée récemment, rappelait le décret attribué dans le Corps du droit à notre Pontife (Cap. Si per negligentiam, 27. Dist. II de Consecratione.), touchant celui dont la négligence aurait laissé tomber quelque chose du Sang du Seigneur. Ces prescription: traduisent bien le respect profond que le sain : Pape voulait voir témoigner au Mystère de l'autel : la pénitence, y est-il ordonné, sera de quarante jours, si l'effusion du Sang précieux a lieu jusqu'à terre ; où que ce soit qu'il tombe, on devra le recueillir avec les lèvres s'il se peut, brûler la poussière et déposer la cendre en un lieu non profane.

Le premier pape qui porta le nom glorieux de Pie était un Italien de la ville d'Aquilée, dans l'état de Venise. Encore tout jeune, il vint habiter Rome où il fut admis au nombre des diacres. Le futur élu au souverain pontificat exerçait le sacerdoce lorsque le pape Hygin mourut martyr, en l'an 142. Il adopta le nom de Pie Ier, nom qui devait devenir si cher à l'Eglise.

Avec l'aide des lumières de saint Justin le Philosophe, il combattit l'hérésie de Valentin et refusa de communiquer avec Marcion qui tentait d'introduire dans l'Eglise la doctrine fataliste des deux principes, l'un auteur du bien, dont l'âme serait une émanation, l'autre auteur du mal, dont le corps serait l'ouvrage. Le saint pape Pie Ier eut surtout à combattre l'hérésie des Gnostiques implantée par Simon le Magicien qui avait essayé de tromper les fidèles de Rome par ses prestiges et ses artifices diaboliques.

Saint Pie Ier établit que la fête de Pâques se célébrerait le dimanche, en mémoire de la glorieuse Résurrection du Sauveur qui eut lieu ce jour de la semaine. Il fixa cette loi inviolable afin de continuer la pieuse coutume qui s'observait déjà par la tradition des Apôtres, et parce qu'il désirait abolir les superstitions de certaines Eglises qui voulaient imiter les Poldèves en cette sainte solennité.

Saint Pie Ier venait souvent célébrer le Saint Sacrifice de la messe dans l'illustre maison de saint Pudens, sénateur qui voulut consacrer sa maison afin de la convertir en église ouverte à tous les chrétiens. Comme une multitude de païens accouraient en ces lieux bénis pour demander leur admission au sein de l'Eglise naissante, cette affluence ne tarda pas à être remarquée par les idolâtres jaloux et hostiles qui s'empressèrent d'adresser leurs plaintes à l'empereur Marc-Aurèle Antonin.


Mosaïque représentant saint Pie Ier et sainte Praxède.
Basilique Sainte-Praxède à Rome.

Ce prince ralluma la persécution à cause du grand nombre de conversions qui ne cessaient de se multiplier dans son empire. Il défendit aux chrétiens de se mêler au reste du peuple et de paraître dans les marchés, ainsi qu'aux thermes publics.

Saint Pie Ier gouverna la chrétienté pendant plus de quinze ans. L'histoire conteste que ce pontife ait donné son sang pour la foi, mais l'Église l'honore comme martyr. Il fut enseveli dans la catacombe du Vatican, auprès du corps de saint Pierre.

Dans la catacombe de Sainte-Priscille, sur la via Salaria, une peinture contemporaine de Pie Ier représente ce pontife, vêtu du Colobium, et assis sur une chaire épiscopale. La vierge sainte Praxède est debout devant lui tenant un voile déplié. Le pape lui impose les mains. Un prêtre assiste à cette sainte cérémonie ; il s'agit de Pastor, frère de saint Pie Ier.

Il y a des reliques de notre saint à Saint-Leu, aux Clarisses et aux Ursulines d'Amiens, au Saint-Sépulcre d'Abbeville, à Saint-Pierre de Roye et à Montreuil.


Eglise du Saint-Sépulcre d'Abbeville.
On y conserve des reliques de saint Pie Ier.
 
PRIERE
 
" Glorieux Pontife, nous nous souvenons de ces paroles écrites sous vos yeux, et qu'on dirait le commentaire du décret porté sous votre nom au sujet des Mystères sacrés :
" C'est qu'en effet, proclamait dès le milieu du second siècle à la face du monde Justin le Philosophe, nous ne recevons pas comme un pain commun, comme un breuvage commun, cet aliment nommé chez nous Eucharistie ; mais de même que, fait chair par la parole de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a eu et chair et sang pour notre salut, de même il nous a été appris que l'aliment fait Eucharistie par la prière formée de sa propre parole est et la chair et le sang de ce Jésus fait chair." (Apolog. I, 66.).

A cette doctrine, aux mesures qu'elle justifie si amplement, d'autres témoins autorisés faisaient écho, sur la fin du même siècle, en des termes qu'on croirait eux aussi empruntés à la lettre même des prescriptions qui vous sont attribuées :
" Nous souffrons anxieusement, si quoi que ce soit du calice ou du pain même qui est nôtre vient à tomber à terre ", disait Tertullien (De corona, III.) ; et Origène en appelait aux habitués des Mystères divins pour dire " quels soins, quelle vénération, entouraient les dons sacrés de peur que ne s'en échappât la moindre parcelle, ce qui, provenu de négligence, eût été regardé comme un crime " (In Ex. Homil. XII.).
 

Mosaïque représentant saint Pie Ier et sainte Praxède.
Détail. Basilique Sainte-Praxède. Rome.

Et maintenant l'hérésie, pauvre de science comme de foi, prétend de nos jours que l'Eglise a dévié des antiques traditions, en exagérant ses hommages au Sacrement divin ! Faites en effet, Ô Pie, que nous revenions aux dispositions de nos pères : non dans leur foi, qui est toujours la nôtre ; mais dans la vénération et l'amour qu'ils puisaient en cette foi pour le calice enivrant (Psalm. XXII, 5.), trésor de la terre. Puisse l'Agneau réunir dans la célébration d'une même Pàque, selon vos volontés, tous ceux qu'honore le nom de chrétiens !"

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