jeudi, 25 décembre 2008
Credo de saint Athanase
SYMBOLE DE SAINT ATHANASE
Saint Athanase au concile de Nicée.
Histoire et continuation. Guillaume de Tyr. Acre. Terre Sainte. XIIIe.
1. Quicumque vult salvus esse, ante omnia opus est ut teneat catholicam fidem :
- Quiconque veut être sauvé, doit avant tout tenir la foi catholique :
2. Quam nisi quisque integram inviolatamque servaverit, absque dubio in æternum peribit.
- Celui qui ne la conservera pas intègre et inviolée périra, sans aucun doute, pour l'éternité.
3. Fides autem catholica haec est : ut unum Deum in Trinitate, et Trinitatem in unitate veneremur.
- Voici quelle est la foi catholique : c'est que nous vénérions un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité.
4. Neque confundentes personas, neque substantiam separantes.
- Sans confondre les personnes, ni séparer la substance.
5. Alia est enim persona Patris, alia Filii, alia Spiritus Sancti :
- Autre est en effet la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit :
6. Sed Patris et Filii et Spiritus Sancti una est divinitas, æqualis gloria, coæterna majestas.
- Mais du Père, du Fils et du Saint-Esprit, il n'est qu'une seule divinité, une gloire égale, une majesté coéternelle.
7. Qualis Pater, talis Filius, talis Spiritus Sanctus.
- Tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint-Esprit.
8. Increatus Pater, increatus Filius, increatus Spiritus Sanctus.
- Le Père est incréé, le Fils est incréé, le Saint-Esprit est incréé.
9. Immensus Pater, immensus Filius, immensus Spiritus Sanctus.
- Le Père est immense, le Fils est immense, le Saint-Esprit est immense.
10. Aeternus Pater, æternus Filius, æternus Spiritus Sanctus.
- Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint-Esprit est éternel.
La Très Sainte Trinité. Sculpture votive anonyme italienne du XVe.
11. Et tamen non tres æterni, sed unus æternus.
- Et pourtant il n'y a pas trois éternels, mais un seul éternel.
12. Sicut non tres increati, nec tres immensi, sed unus increatus et unus immensus.
- De même, il n'y a pas trois incréés, ni trois immenses, mais un seul incréé et un seul immense.
13. Similiter omnipotens Pater, omnipotens Filius, omnipotens Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est tout-puissant, le Fils est tout-puissant, le Saint-Esprit est tout-puissant.
14. Et tamen non tres omnipotentes, sed unus omnipotens.
- Et pourtant, il n'y a pas trois tout-puissants, mais un seul tout-puissant.
15. Ita Deus Pater, Deus Filius, Deus Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu.
16. Et tamen non tres dii, sed unus est Deus.
- Et pourtant, il n'y a pas trois dieux, mais un seul Dieu.
17. Ita Dominus Pater, Dominus Filius, Dominus Spiritus Sanctus.
- De même, le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur.
18. Et tamen non tres Domini, sed unus est Dominus.
- Et pourtant, il n'y a pas trois seigneurs, mais un seul Seigneur.
19. Quia, sicut singillatim unamquamque personam Deum ac Dominum confiteri christiana veritate compellimur : ita tres deos aut dominos dicere catholica religione prohibemur.
- De même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chaque personne est Dieu et Seigneur, ainsi la religion catholique nous interdit de dire qu'il y a trois dieux ou seigneurs.
20. Pater a nullo est factus : nec creatus, nec genitus.
- Le Père ne vient de nul autre : ni fait, ni créé, ni engendré.
La Très Sainte Trinité couronnant Notre Dame la Vierge Marie.
Heures à l'usage de Sarum et de Poitiers. XVe.
21. Filius a Patre solo est : non factus, nec creatus, sed genitus.
- Le Fils est du Père seul : ni fait, ni créé, mais engendré.
22. Spiritus Sanctus a Patre et Filio : non factus, nec creatus, nec genitus, sed procedens.
- Le Saint-Esprit est du Père et du Fils : ni fait, ni créé, ni engendré, mais procédant.
23. Unus ergo Pater, non tres Patres ; unus Filius, non tres Filii ; unus Spiritus Sanctus, non tres Spiritus Sancti.
- Il y a donc un seul Père, et non trois Pères ; un seul Fils, et non trois Fils ; un seul Saint-Esprit, et non trois Esprits Saints.
24. Et in hac Trinitate nihil prius aut posterius, nihil majus aut minus : sed totæ tres personæ coæternae sibi sunt et coæquales.
- Et en cette Trinité, il n'y a rien d'antérieur ou de postérieur, rien de plus grand ou de plus petit, mais les trois personnes sont tout entières coéternelles et coégales entre elles.
25. Ita ut per omnia, sicut jam supra dictum est, et unitas in Trinitate, et Trinitas in unitate veneranda sit.
- En sorte qu'en toutes choses, ainsi qu'il a été dit plus haut, on doit vénérer l'unité dans la Trinité, et la Trinité dans l'unité.
26. Qui vult ergo salvus esse : ita de Trinitate sentiat.
- Que celui qui veut être sauvé pense donc ainsi de la Trinité.
27. Sed necessarium est ad æternam salutem, ut Incarnationem quoque Domini nostri Jesu Christi fideliter credat.
- Mais il est nécessaire au salut éternel de croire aussi fidèlement à l'Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ.
28. Est ergo fides recta ut credamus et confiteamur quia Dominus noster Jesus Christus, Dei Filius, Deus et homo est.
- La rectitude de la foi est de croire et confesser que Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.
29. Deus est ex substantia Patris ante sæcula genitus : et homo est ex substantia matris in sæculo natus.
- Il est Dieu, engendré avant les siècles de la substance du Père : il est homme, né dans le siècle de la substance de sa mère.
La Très Sainte Trinité. Agnolo Gaddi. XIVe.
30. Perfectus Deus, perfectus homo ex anima rationali et humana carne subsistans.
- Dieu parfait, homme parfait subsistant d'une âme raisonnable et d'une chair humaine.
31. Aequalis Patri secundum divinitatem : minor Patre secundum humanitatem.
- Égal au Père selon sa divinité, inférieur au Père selon son humanité.
32. Qui, licet Deus sit et homo, non duo tamen, sed unus est Christus.
- Bien qu'il soit Dieu et homme, il n'y a pas deux mais un seul Christ.
33. Unus autem non conversione divinitatis in carnem, sed assumptione humanitatis in Deum.
- Il est un, non par conversion de la divinité en chair, mais par l'assomption de l'humanité en Dieu.
34. Unus omnino, non confusione substantiæ, sed unitate personæ.
- Un absolument, non par confusion de substance, mais par l'unité de la personne.
35. Nam sicut anima rationalis et caro unus est homo : ita Deus et homo unus est Christus.
- Car, de même que l'âme raisonnable et la chair est un seul homme, ainsi le Dieu et l'homme n'est qu'un seul Christ.
36. Qui passus est pro salute nostra, descendit ad inferos tertia die resurrexit a mortuis.
- Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, et le troisième jour il est ressuscité des morts.
37. Ascendit ad cælos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis : inde venturus est judicare vivos et mortuos.
- Il est monté aux cieux, il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant : d'où il reviendra juger les vivants et les morts.
38. Ad cujus adventum omnes homines resurgere habent cum corporibus suis : et reddituri sunt de factis propriis rationem.
- À son avènement, tous les hommes seront appelés à ressusciter avec leurs corps, et à rendre raison de leurs propres actes.
39. Et qui bona egerunt ibunt in vitam æternam : qui vero mala, in ignem æternum.
- Ceux qui auront fait le bien iront à la vie éternelle, ceux qui ont fait le mal, au feu éternel.
40. Haec est fides catholica, quam nisi quisque fideliter firmiterque crediderit, salvus esse non poterit.
- Telle est la foi catholique : quiconque ne la croira pas fidèlement et fermement ne pourra pas être sauvé.
Le Jugement dernier. Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto, sicut erat in principio et nunc et semper et in saecula saeculorum. Amen.
- Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement et maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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mercredi, 05 novembre 2008
5 novembre. Saint Zacharie, époux de sainte Elizabeth, père de saint Jean-Baptiste. Ier siècle.
- Saint Zacharie, époux de sainte Elizabeth, père de saint Jean-Baptiste, Ier siècle.
" Ne craignez point, Zacharie,car votre prière a été exaucée ; et Elizabeth, votre épouse, vous donnera un fils que vous nommerez Jean."
L'ange Gabriel à saint Zacharie.
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samedi, 12 janvier 2008
12 janvier. VIIe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
- VIIe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
Domenico Ghirlandaïo. XVe.
Ayant déposé leurs offrandes aux pieds de l'Emmanuel, comme le signe de Vaillance qu'ils contractent avec lui au nom du genre humain, combles de ses plus chères bénédictions, les Mages prennent congé de ce divin Enfant ; car telle est sa volonté. Ils s'éloignent enfin de Bethléhem ; mais désormais la terre entière leur paraît vide et déserte. Comme ils désireraient fixer leur séjour auprès du nouveau Roi, dans la compagnie de son ineffable Mère ! Mais le plan du salut du monde exige que tout ce qui sent l'éclat et la gloire humaine soit loin de Celui qui est venu chercher nos abaissements.
Il faut d'ailleurs qu'ils soient les premiers messagers de la parole évangélique ; qu'ils aillent annoncer dans la Gentilité que le Mystère du salut est commencé, que la terre possède son Sauveur, que le salut est à la porte. L'Etoile ne marche plus devant eux ; elle n'est plus nécessaire pour les conduire à Jésus ; ils le portent maintenant et à jamais dans leur cœur. Ces trois hommes prédestinés sont donc déposés au sein de la Gentilité, comme ce levain mystérieux de l'Evangile, qui, malgré son léger volume, procure la fermentation de la pâte tout entière. Dieu bénit à cause d'eux les nations de la terre ; à partir de ce jour, l'infidélité diminue, insensiblement la foi monte; et quand le sang de l'Agneau aura été versé, quand le baptême aura été promulgué, les Mages, initiés aux derniers mystères, ne seront plus seulement hommes de désirs, mais chrétiens parfaits.
Corregio. XVIe.
Une ancienne tradition chrétienne, que nous voyons déjà rappelée par l'auteur de l'Ouvrage imparfait sur saint Matthieu inséré dans toutes les éditions de saint Jean Chrysostome, et qui paraît avoir été écrit vers la fin du VIe siècle ; cette tradition, disons-nous, porte que les trois Mages furent baptisés par l'Apôtre saint Thomas, et qu'ils se livrèrent à la prédication de l'Evangile. Quand bien même cette tradition n'existerait pas, il est aisé de comprendre que la vocation de ces trois Princes ne devait pas se bornera visiter, eux premiers des Gentils, le Roi éternel manifesté sur la terre : une nouvelle mission, celle de l'apostolat, découlait tout naturellement de la première.
De nombreux détails sur la vie et les actions des Mages devenus chrétiens sont arrivés jusqu'à nous ; nous nous abstenons cependant de les relater ici, attendu qu'ils ne sont ni assez anciens, ni assez graves, pour que l'Eglise ait cru devoir en faire usage dans sa Liturgie. Il en est de même de leurs noms, Melchior, Gaspar, Bahhasar : l'usage en est trop récent ; et s'il nous paraît téméraire de les attaquer directement, il nous semblerait aussi trop difficile d'en soutenir la responsabilité.
Maître du Prado. XVIe.
Quant aux corps de ces illustres et saints adorateurs du Seigneur nouveau-né, ils furent transportés de Perse à Constantinople sous les premiers Empereurs Chrétiens, et reposèrent longtemps dans l'Eglise de Sainte-Sophie. Plus tard, sous l'Evêque Eustorge, Milan les vit transférer dans ses murs ; et ils y restèrent jusqu'au XIIe siècle, où, avec le concours de Frédéric Barberousse, Reinold, archevêque de Cologne, les plaça dans l'Eglise cathédrale de cette auguste Métropole. C'est là qu'ils reposent encore aujourd'hui dans une magnifique châsse, le plus beau monument, peut-être, de l'orfèvrerie du moyen âge, sous les voûtes de cette sublime Cathédrale qui, par sa vaste étendue, la hardiesse et le caractère de son architecture, est l'un des premiers temples de la chrétienté.
Ainsi, nous vous avons suivis, Ô Pères des nations, du fond de l'Orient jusqu'en Bethléhem ; et nous vous avons reconduits dans votre patrie, et amenés enfin au lieu sacré de votre repos, sous le ciel glacé de notre Occident. Un amour filial nous attachait à vos pas ; et d'ailleurs ne cherchions-nous pas nous-mêmes, sur vos traces, ce Roi de gloire auprès duquel vous aviez à nous représenter ? Bénie soit votre attente, bénie votre docilité à l'Etoile, bénie votre dévotion aux pieds du céleste Enfant, bénies vos pieuses offrandes qui nous donnent la mesure des nôtres ! Ô Prophètes ! Qui avez véritablement prophétisé les caractères du Messie par le choix de vos dons ; Ô Apôtres ! Qui avez prêché, jusque dans Jérusalem, la Naissance du Christ sous les langes de son humilité, du Christ que les Disciples n'annoncèrent qu'après le triomphe de sa Résurrection ; Ô fleurs de la Gentilité ! Qui avez produit de si nombreux et de si précieux fruits ; car vous avez produit pour le Roi de gloire des nations entières, des peuples innombrables : veillez sur nous, protégez les Eglises.
Maître du Prado. Détail. XVIe.
Souvenez-vous de cet Orient du sein duquel vous êtes venus, comme la lumière ; bénissez l'Occident plongé encore dans de si épaisses ténèbres, au jour où vous partiez à la suite de l'Etoile, et devenu depuis l'objet de la prédilection du divin Soleil. Réchauffez-y la foi qui languit ; obtenez de la divine miséricorde que toujours, et de plus en plus, l'Occident envoie des messagers du salut, et au midi, et au nord, et jusque dans cet Orient infidèle, jusque sous les tentes de Sem, qui a méconnu la lumière que vos mains lui apportèrent. Priez pour l'Eglise de Cologne, cette illustre sœur de nos plus saintes Eglises de l'Occident ; qu'elle garde la foi, qu'elle ne laisse point s'affaiblir la sainte liberté, qu'elle soit le boulevard de l'Allemagne catholique, toujours appuyée sur la protection de ses trois Rois, sur le patronage de la glorieuse Ursule et de sa légion virginale. Enfin, Ô favoris du grand Roi Jésus, mettez-nous à ses pieds, offrez-nous à Marie ; et donnez-nous d'achever dans l'amour du céleste Enfant, les quarante jours consacrés à sa Naissance, et notre vie tout entière.
HYMNE
Ce beau chant à la gloire de l'Enfant Jésus appartient à saint Ephrem, le chantre sublime de l'Eglise Syrienne :
Fra Angelico. XVe.
" Les filles juives, accoutumées jusqu'alors à répéter les Thrènes de Jérémie sur le mode lugubre de leurs Ecritures sacrées, aujourd'hui pleines de l'Esprit divin, éclatent en hymnes d'allégresse :
" Que du fond des demeures souterraines, Eve élève ses regards pour voir ce jour où l'un de ses fils, l'auteur de la vie, descend pour la réveiller du sommeil de la mort, elle l'aïeule de sa Mère. L'adorable enfant a brisé la tête du serpent, dont les poisons causèrent la mort de cette mère des humains.
Sara, mère du bel Isaac, contemplait votre enfance, Ô Christ ! Dans le berceau de son fils ; célébrant les mystères de votre enfance, exprimés dans cet enfant, elle songeait à vous quand elle l'endormait par la douceur de ses chants : " Fruit de mes désirs, Ô mon fils ! Chantait-elle, je vois le Seigneur qui en toi est voilé, lui qui reçoit les vœux et les prières de tous les cœurs pieux, et qui daigne les exaucer ".
Samson, le Nazaréen, dans sa vigoureuse adolescence, fut la figure de votre force ; il déchira le lion, symbole de la mort que vous avez écrasée. Cette mort, vous l'avez déchirée ; aussi de son ventre plein d'amertume,vous avez fait sortir la vie, si délicieuse à la bouche des mortels.
C'était vous que l’heureuse Anne pressait contre son cœur en la personne de Samuel, de ce Prophète qui deux fois figura votre ministère : la première, en faisant éclater votre juste sévérité, au jour où il mutila le roi Agag, figure du démon ; la seconde, en imitant votre miséricorde, quoique sous des traits imparfaits, lorsqu'on le vit déplorer sans relâche la réprobation de Saül, avec des larmes tendres et sincères."
XVI DIE JANUARII
Les Menées de l'Eglise Grecque nous offrent encore ces belles strophes à la gloire de la Mère de Dieu :
Bartolomeo di Giovanni. XVe.
" Comme une terre vierge, tu nous as produit sans culture le divin épi, auguste Marie, le Seigneur Jésus qui nourrit l'univers, et qui, devenu notre aliment, nous rappelle à la vie.
Contemplant le Dieu incarné en toi, Ô chaste Vierge ! nous te confessons véritablement Mère de Dieu, toi qui, sans aucun doute, es devenue la cause de la régénération de toutes choses.
Celui qui est au-dessus de toute substance, et qui n'avait rien de commun avec la chair, s'est incarné, et a été formé de ton sang digne de nos hommages, ô très pure ! Il s'est fait chair sans subir aucun changement, et il a conversé avec les hommes.
Chaste Vierge, les lois de la nature sont interverties en toi ; tu demeures vierge après l'enfantement, comme avant l'enfantement par lequel tu as mis au jour le Christ législateur.
Guéris les passions de ma pauvre âme, Mère de Dieu très pure ; rends la paix à mon âme agitée par les invasions de l'ennemi, comme par une tempête continuelle, et donne la sérénité à mon cœur, Ô Vierge !
Jésus, le jardinier de ce monde, t'a rencontrée comme une rose au milieu des épines, dans les vallons de cette terre, Ô Vierge sans tache ! et ayant daigné naître de ton sein, il nous a embaumés des suaves parfums de la doctrine qui fait connaître Dieu.
Nous te reconnaissons, Ô Vierge Marie, pour le candélabre spirituel qui a porté la lumière inaccessible ; c'est toi qui as illuminé les âmes de tous les fidèles et dissipé les ténèbres du péché.
Dans nos cantiques d'actions de grâces, nous réunissons nos voix pour te dire : Salut, Ô la très pure demeuré de la lumière immatérielle ! Salut, toi qui es l'auteur de la déification de tous ! Salut, toi qui abolis la malédiction ! Salut, toi qui rappelles de l'exil les habitants de la terre !"
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vendredi, 11 janvier 2008
11 janvier. VIe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
- VIe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
Heures à l'usage de Bayeux. XVe.
Les Mages ne se contentèrent pas d'adorer le grand Roi que Marie présentait à leurs hommages. A l'exemple de la Reine de Saba qui vint honorer le Roi pacifique, en la personne du sage et opulent fils de David, les trois Rois de l'Orient ouvrirent leurs trésors et en tirèrent de riches offrandes. L'Emmanuel daigna agréer ces dons mystérieux ; mais, à l'exemple de Salomon son aïeul, il ne laissa point partir les Princes sans les combler lui-même de présents qui dépassaient infiniment en richesse ceux qu'il avait daigné agréer. Les Mages lui présentaient les offrandes de la terre ; et Jésus les comblait des dons célestes. Il confirmait en eux la foi, l'espérance et la charité ; il enrichissait, en leurs personnes, son Eglise tout entière qu'ils représentaient ; et les paroles du divin Cantique de Marie recevaient leur accomplissement sur eux, et aussi sur la Synagogue qui les avait laissés seuls marcher à la recherche du Roi d'Israël :
" Ceux qui avaient faim, il les a remplis de biens ; et ceux qui étaient opulents, il les a renvoyés dans la disette."
Mais considérons ces présents des Mages, et reconnaissons, avec l'Eglise et les Pères, les Mystères qu'ils exprimaient. Ces dons étaient au nombre de trois, afin d'honorer le nombre sacré des Personnes dans l'Essence divine ; mais le nombre inspiré trouvait une nouvelle application dans le triple caractère de l'Emmanuel. Ce Fils de Dieu venait régner sur le monde : il convenait de lui offrir l'Or qui marque la puissance suprême. Il venait exercer le souverain Sacerdoce, et réconcilier, par sa médiation, le ciel et la terre : il convenait de lui présenter l'Encens qui doit fumer dans les mains du Prêtre. Sa mort pouvait seule le mettre en possession du trône préparé à son humanité glorieuse ; cette mort devait inaugurer le Sacrifice éternel de l'Agneau divin : la Myrrhe était là pour attester la mort et la sépulture d'une victime immortelle.
Heures à l'usage de Rouen. XVe.
L'Esprit-Saint qui inspira les Prophètes avait donc dirigé les Mages dans le choix de ces mystérieuses offrandes; et c'est ce que nous dit éloquemment saint Léon, dans un de ses Sermons sur l'Epiphanie :
" Ô admirable foi qui mène à la science parfaite, et qui n'a point été instruite à l'école d'une sagesse terrestre, mais éclairée par l'Esprit-Saint lui-même ! Car où avaient-ils découvert la nature inspirée de ces présents, ces hommes qui sortaient de leur patrie, sans avoir encore vu Jésus, sans avoir puisé dans ses regards la lumière qui dirigea si sûrement le choix de leurs offrandes ! Tandis que l'Etoile frappait les yeux de leur corps, plus pénétrant encore, le rayon de la vérité instruisait leurs cœurs. Avant d'entreprendre les fatigues d'une longue route, ils avaient déjà connu Celui à qui étaient dus, par l'Or, les honneurs de Roi ; par l'Encens, le culte divin ; par la Myrrhe, la foi dans sa mortalité."
Si ces présents représentent merveilleusement les caractères de l'Homme-Dieu, ils ne sont pas moins remplis d'enseignements par les vertus qu'ils signifient, et que le divin Enfant reconnaissait et confirmait dans l'âme des Mages. L'Or signifie pour nous, comme pour eux, la charité qui unit à Dieu ; l'Encens, la prière qui appelle et conserve Dieu dans le cœur de l'homme ; la Myrrhe, le renoncement, la souffrance, la mortification, par lesquels nous sommes arrachés à l'esclavage de la nature corrompue. Trouvez un cœur qui aime Dieu, qui s'élève à lui par la prière, qui comprenne et goûte la vertu de la croix : vous aurez en ce cœur l'offrande la plus digne de Dieu, celle qu'il agréera toujours.
Heures à l'usage de Saintes. XVe.
Nous ouvrons donc aussi notre trésor, Ô Jésus ! et nous mettons à vos pieds nos présents. Après avoir confessé votre triple gloire de Dieu, de Prêtre et d'Homme, nous vous supplions d'agréer le désir que nous avons de répondre par l'amour à l'amour que vous nous témoignez ; nous osons môme vous dire que nous vous aimons, Ô Dieu ! Ô Prêtre ! Ô Homme ! Augmentez cet amour que votre grâce a fait naître. Recevez aussi notre prière, tiède et imparfaite, mais cependant unie à celle de votre Eglise. Enseignez-nous à la rendre digne de vous, et proportionnée aux effets que vous voulez qu'elle produise; formez-la en nous, et qu'elle s'élève sans cesse de notre cœur, comme un nuage de parfums. Recevez enfin l'hommage de nos cœurs contrits et pénitents, la volonté que nous avons d'imposer à nos sens le frein qui les règle, l'expiation qui les purifie.
Illuminés par les hauts mystères qui nous révèlent la profondeur de notre misère et l'immensité de votre amour, nous sentons qu'il nous faut, plus que jamais, nous éloigner du monde et de ses convoitises, et nous attacher à vous. L'Etoile n'aura pas lui en vain sur nous ; elle ne nous aura pas en vain conduits jusqu'à Bethléhem, où vous régnez sur les cœurs. Quand vous vous donnez vous-même, Ô Emmanuel ! Quels trésors pourrions-nous avoir que nous ne devions être prêts à déposer à vos pieds ?
Protégez notre offrande, Ô Marie ! Celle des Mages, accompagnée de votre médiation, fut agréable à votre Fils ; la nôtre, présentée par vous, trouvera grâce, malgré son imperfection. Aidez notre amour par le vôtre ; soutenez notre prière par l'intervention de votre Cœur maternel ; fortifiez-nous dans la lutte avec le monde et la chair. Pour assurer notre persévérance, obtenez-nous de ne jamais oublier les doux mystères qui nous occupent présentement ; qu'à votre exemple, nous les gardions toujours gravés dans notre cœur. Qui oserait offenser Jésus dans Bethléhem ? Qui pourrait refuser quelque chose à son amour, en ce moment où, sur vos genoux maternels, il attend notre offrande ? Ô Marie ! Ne nous laissez jamais oublier que nous sommes les enfants des Mages, et que Bethléhem nous est toujours ouverte.
HYMNE
Pour épancher les sentiments de joie et d'admiration que nous causent de si ineffables merveilles, empruntons la voix de la Liturgie ; et chantons d'abord cette Hymne de la Naissance que nous a laissée le saint Evêque de Poitiers, Venance Fortunat :
Missel à l'usage d'Autun. XVe.
" Que le monde entier se réjouisse en apprenant l'arrivée de Celui qui est la récompense de vie; après le joug d'un ennemi farouche , la rédemption nous apparaît.
Ce qu'avait chanté Isaïe, s'accomplit dans la Vierge : l'Ange lui a annoncé le mystère ; l'Esprit-Saint l'a remplie de sa vertu.
Marie conçoit dans ses entrailles ; sa foi dans la parole a été féconde ; Celui que le monde entier ne peut contenir est contenu au sein d'une Vierge.
La tige de Jessé a fleuri, la branche a porté son fruit ; la Mère féconde a mis au jour son Fils, et la Vierge a gardé son intégrité.
Il s'est laissé placer dans une crèche, Celui qui est l'auteur de la lumière ; avec son Père il a créé les cieux ; la main de sa Mère l'a enveloppé de langes.
Celui qui donna la Loi au monde, Celui qui promulgua les dix préceptes, a daigné, devenu homme, se placer sous le joug de la Loi.
La souillure du vieil Adam, le nouvel Adam l'a lavée ; ce que le premier, dans son orgueil, avait renversé, le second, dans son humilité, le relève.
La lumière et le salut viennent de naître, la nuit s'enfuit, la mort est vaincue ; venez, nations, visiter avec foi le Dieu que Marie nous enfante.
Amen."
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jeudi, 10 janvier 2008
10 janvier. Ve jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
- Ve jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
Bréviaire à l'usage de Besançon. XVe.
Les Mages sont arrivés à Bethléhem ; l'humble retraite du Roi des Juifs s'est ouverte pour eux. Ils y trouvent, dit saint Luc, l'Enfant et Marie sa Mère. Ils se prosternent, et adorent le divin Roi qu'ils ont tant cherché, et que la terre désire.
En ce moment, l'Eglise chrétienne commence à apparaître. Dans cet humble réduit, le Fils de Dieu fait homme préside comme le Chef de son corps mystique ; Marie assiste comme la coopératrice du salut, et la Mère de grâce ; Juda est représenté par elle et par Joseph son époux ; la Gentilité adore, en la personne des Mages ; car leur foi a tout compris à la vue de cet Enfant. Ce n'est point un Prophète qu'ils honorent, ni un Roi terrestre à qui ils ouvrent leurs trésors ; c'est un Dieu devant qui ils s'abaissent et s'anéantissent.
Heures à l'usage d'Angers. XVe.
" Voyez, dit saint Bernard, dans son deuxième Sermon sur l'Epiphanie, voyez quelle est la pénétration des yeux de la foi ! La foi reconnaît le Fils de Dieu à la mamelle, elle le reconnaît attaché au bois, elle le reconnaît jusque dans la mort. Le larron le reconnaît sur le gibet, les Mages dans l'étable: celui-là, malgré les clous qui l'attachent ; ceux-ci, à travers les langes qui l'enveloppent."
Tout est donc consommé. Bethléhem n'est plus seulement le lieu delà naissance du Rédempteur, elle est encore le berceau de l'Eglise ; et combien le Prophète avait raison de s'écrier :
" Ô Bethléhem ! Tu n'es pas la moindre entre les villes de Juda !"
Comme il nous est aisé de comprendre l'attrait qui porta saint Jérôme à dérober sa vie aux honneurs et aux délices de Rome, aux applaudissements du monde et de l'Eglise, pour venir s'ensevelir dans cette grotte, témoin de tant et de si sublimes merveilles ! Qui ne désirerait aussi vivre et mourir dans cette retraite bénie du ciel, toute sanctifiée encore de la présence de l'Emmanuel, tout embaumée des parfums de la Reine des Anges, toute retentissante de l'écho des concerts célestes, toute remplie du souvenir des Mages, nos pieux ancêtres !
Heures à l'usage de Paris. XVe.
Rien n'étonne ces heureux Princes en entrant dans l'humble séjour. Ni la faiblesse de l'Enfant, ni la pauvreté de la Mère, ni le dénûment de l'habitation, rien ne les émeut. Loin de là, ils comprennent tout d'abord que le Dieu éternel, voulant visiter les hommes, et leur montrer son amour, devait descendre jusqu'à eux, et si bas, qu'il n'y eût aucun degré de la misère humaine qu'il n'eût sondé et connu par lui-même. Instruits par leur propre cœur de la profondeur de cette plaie d'orgueil qui nous ronge, ils ont senti que le remède devait être aussi extrême que le mal ; et dans cet abaissement inouï, ils ont reconnu tout d'abord la pensée et l'action d'un Dieu. Israël attend un Messie glorieux et tout éclatant de gloire mondaine ; les Mages, au contraire, reconnaissent ce Messie à l'humilité, à la pauvreté qui l'entourent ; subjugués par la force de Dieu, ils se prosternent et adorent, dans l'admiration et l'amour.
Qui saurait rendre la douceur des conversations qu'ils eurent avec la très pure Marie ? Car le Roi qu'ils étaient venus chercher ne sortit pas pour eux du silence de son enfance volontaire. Il accepta leurs hommages, il leur sourit avec tendresse, il les bénit ; mais Marie seule pouvait satisfaire, par ses célestes entretiens, la sainte curiosité des trois pèlerins de l'humanité. Comme elle récompensa leur foi et leur amour en leur manifestant le mystère de ce virginal enfantement qui allait sauver le monde, les joies de son cœur maternel, les charmes du divin Enfant ! Eux-mêmes, avec quel tendre respect ils la considéraient et l'écoutaient ! Avec quelles délices la grâce pénétrait dans leurs coeurs, à la parole de celle que Dieu même a choisie pour nous initier maternellement à sa vérité et à son amour !
Heures à l'usage de Rome. XVIe.
L'étoile qui naguère brillait pour eux au ciel avait fait place à une autre Etoile, d'une lumière plus douce, et d'une force plus victorieuse encore ; cet astre si pur préparait leurs regards à contempler sans nuage Celui qui s'appelle lui-même l’Etoile étincelante et matinale. Le monde entier n'était plus rien pour eux ; l'étable de Bethléhem contenait toutes les richesses du ciel et delà terre. Les nombreux siècles de l'attente qu'ils avaient partagée avec le genre humain, leur semblaient à peine un moment : tant était pleine et parfaite la joie d'avoir enfin trouvé le Dieu qui apaise, par sa seule présence, tous les désirs de sa créature.
Ils s'associaient aux desseins miséricordieux de l'Emmanuel ; ils acceptaient avec une humilité profonde l'alliance qu'il contractait par eux avec l'humanité ; ils adoraient la justice redoutable qui bientôt allait rejeter un peuple incrédule ; ils saluaient les destinées de l'Eglise Chrétienne, qui prenait en eux son commencement ; ils priaient pour leur innombrable postérité.
Heures à l'usage de Rome. XVe.
C'est à nous, Gentils régénérés, de nous joindre à ces chrétiens choisis les premiers, et de vous adorer, Ô divin Enfant, après tant de siècles, durant lesquels nous avons vu la marche des nations vers Bethléhem, et l'Etoile les conduisant toujours. C'est à nous de vous adorer avec les Mages ! Mais plus heureux que ces premiers-nés de l'Eglise, nous avons entendu vos paroles, nous avons contemplé vos souffrances et votre croix, nous avons été témoins de votre Résurrection ; et si nous vous saluons comme le Roi de l'univers, l'univers est là devant nous qui répète votre Nom devenu grand et glorieux, du lever du soleil à son couchant. Le Sacrifice qui renouvelle tous vos mystères s'offre aujourd'hui en tous lieux du monde ; la voix de votre Eglise retentit à toute oreille mortelle ; et nous sentons avec bonheur que toute cette lumière luit pour nous, que toutes ces grâces sont notre partage. C'est pourquoi nous vous adorons, ô Christ! nous qui vous goûtons dans l'Eglise, la Bethléhem éternelle, la Maison du Pain de vie.
Instruisez-nous, Ô Marie, comme vous avez instruit les Mages. Révélez-nous de plus en plus le doux Mystère de votre Fils ; soumettez notre cœur tout entier à son empire adorable. Veillez, dans votre attention maternelle, à ce que nous ne perdions pas une seule des leçons qu'il nous donne ; et que ce séjour de Bethléhem, où nous sommes entrés à la suite des pèlerins de l'Orient, opère en nous un complet renouvellement de notre vie tout entière.
HYMNE
Finissons cette journée par nos chants accoutumés en l'honneur du divin Mystère de notre Roi nouveau-né. Nous les ouvrirons par ces strophes d'une Hymne qu'on a attribuée à saint Ambroise :
Heures à l'usage de Rouen. XVe.
" Le Christ a franchi la porte virginale, la porte pleine de grâce ; le Roi a passé, et cette porte demeure fermée à jamais, comme elle le fut toujours.
Le Fils du Dieu suprême est sorti du sanctuaire de la Vierge ; il est l'Epoux, le Rédempteur, le fondateur, le géant de son Eglise.
Gloire et joie de sa Mère, espoir immense des croyants, en épuisant le noir breuvage de la mort, il guérira nos crimes.
Il est cette pierre détachée delà montagne qui couvre de grâce le monde entier ; cette pierre que la main de l'homme n'a pas taillée, qu'avaient annoncée les anciens Prophètes.
Le Verbe fait chair à la parole de l'Ange, naissant vierge, s'est élancé de la retraite sacrée d'un sein virginal.
Les cieux ont versé leur rosée, les nuées ont répandu le Juste ; la terre altérée, enfantant son salut, a reçu Celui qui est son Seigneur.
Ô merveilleuse conception ! Elle a produit le Christ ; et la Vierge dans l'enfantement, est demeurée vierge après l'enfantement.
Que toute âme tressaille de joie ; le Rédempteur des nations, le Seigneur du monde, est venu racheter ceux qu'il a formés.
Le créateur de la race humaine, Celui que l'univers ne saurait contenir, Mère sainte, il s'est renfermé dans vos entrailles.
Celui que le Dieu Père a engendré Dieu avant tous les temps, la virginité d'une mère féconde l'a mis au jour dans le temps.
Il ôtera tous les péchés, il apportera les trésors de la grâce ; par lui la lumière recevra son accroissement, l'empire des ténèbres sera ruiné."
ORATIO
La prière qui suit est tirée du Bréviaire de l’Eglise Gothique d’Espagne :
Homiliae in Testamentum Vetus. Ardennes. XIIe.
" Seigneur Jésus-Christ, qui, au moment où Hérode les interroge, illuminez la réponse des Mages par une confession de votre vérité, en vous manifestant comme le Roi des rois qu'ils annoncent, en déclarant le prodige de cette brillante étoile qui verse sa lumière sur le monde entier; donnez, nous vous en prions, à votre Eglise, la lumière désirée de votre vision : apparaissez en elle comme l'astre cher à tous vos fidèles, afin que, n'étant jamais effrayés des interrogations de l'adversaire, nous annoncions à pleine bouche vos merveilles, et méritions de resplendir dans l'asile de la lumière éternelle.
Amen."
SEQUENCE
Nous empruntons cette Séquence au Missel Parisien du XVIe siècle :
Missel à l'usage d'Aix-en-Provence. XVe.
" A l'enfantement de la Vierge, les cieux racontent la gloire de Dieu.
La lumière céleste descend sur les bergeries, l'étoile se lève pour les Mages, brillante d'un éclat nouveau.
Le Christ naît, et les oracles se taisent ; et les Anges chantent autour de son berceau pour réjouir son enfance.
Les bergers entendent des voix dans les airs : un astre le révèle aux Rois de la Chaldée.
Le ciel daigne parler à tous ; mais la voix est pour les Juifs, la langue pour les Gentils.
Les cieux daignent parler à tous ; mais la nation infidèle au lieu de voix n'obtient qu'un prodige.
C'est le jour fécond en miracles, le jour qui manifeste le Christ, à divers instants de sa vie :
Il manifeste le Christ, quand le Père déclare qu'il a mis en lui ses complaisances ;
Il le manifeste, quand le Christ lui-même commande au vase d'eau de verser le vin au festin nuptial ;
Il le manifeste encore, sous le mystère de la triple offrande des Mages.
L'or déclare sa royauté, l'encens sa divinité, là myrrhe sa sépulture.
Ô Vierge toujours vierge, vous êtes l'étoile merveilleuse qui conduisez au Seigneur :
Glorieuse Dame, douce Vierge des vierges, illuminez nos esprits.
Amen."
HYMNE
L'Eglise Syriaque doit cette Hymne des Mages à son admirable poète, saint Ephrem :
Missel à l'usage d'Autun. XVe.
" Les Princes de Perse, pleins de joie, quittant leur pays, se munirent de présents, et apportèrent au Fils de la Vierge l'or, l'encens et la myrrhe.
Etant entrés, ils trouvèrent l'enfant couché dans un berceau, dans la maison d'une mère pauvre ; prosternés, ils l'adorèrent d'un cœur joyeux et lui offrirent leurs présents.
Marie leur dit : " Pour qui ces présents ? Dans quel but ? Quel motif vous a appelés de votre région, vous a fait venir vers cet enfant avec vos trésors ?"
Ils répondirent : " Votre fils est Roi ; il réunit tous les diadèmes, car il est Roi universel ; son royaume est plus grand que le monde, et tout cède à son empire."
" Comment serait-il possible qu'une femme pauvre eût enfanté un Roi ? Je suis humble et manquant de toutes choses ; comment serais-je la mère d'un Prince ?"
" Vous seule cependant avez l'honneur d'avoir mis au jour le grand Roi ; par vous la pauvreté est glorifiée, et toutes les couronnes sont soumises à votre fils."
" Les trésors des rois ne sont point pour moi ; jamais les richesses n'ont été mon partage. Cette demeure est ce qu'il y a de plus pauvre ; cette retraite est dénuée de tout : pourquoi donc dites-vous que mon fils est un Roi ?"
" Votre fils est lui-même un grand trésor : ses richesses suffisent à enrichir tous les hommes. Les trésors des rois s'épuisent : lui ne saurait ni s'épuiser, ni se mesurer."
" Ce Roi qui vous est né est peut-être un autre que cet enfant : examinez celui-ci ; ce n'est que le fils d'une pauvre mère qui ne saurait même être admise en présence d'un Roi."
" La lumière, quand elle descend du ciel, pourrait-elle donc s'égarer dans sa route ? Les ténèbres ne nous ont ni appelés ni conduits ici ; c'est à la lumière que nous avons marché. Votre Fils est Roi."
" Vous n'avez devant vous qu'un enfant muet, que la maison nue et dépouillée de sa mère ; aucune trace de royauté n'y apparaît : comment pourrait être Roi l'habitant d'un tel séjour ?"
" Oui, nous le voyons dans son silence et dans son repos; il est pauvre, comme vous l'avez dit, mais il est Roi. N'avons-nous pas vu les astres du ciel s'ébranler à son commandement, afin d'annoncer sa naissance ?"
" Il n'y a ici qu'un petit enfant : vous le voyez ; il n'y a ici ni trône ni diadème royal ; qu'apercevez-vous donc qui vous engage à l'honorer de vos trésors comme un Roi ?"
" S'il est un petit enfant, c'est qu'il l'a voulu ; il aime la mansuétude et l'humilité, jusqu'au jour où il se manifestera ; mais il viendra un temps où les diadèmes s'abaisseront devant lui pour l'adorer."
" Mon fils n'a ni armées, ni légions, ni cohortes ; le voilà couché dans la pauvreté de sa mère : comment pouvez-vous l'appeler Roi ?"
" Les armées de votre fils sont en haut ; elles parcourent le ciel, et illuminent tout de leurs feux. Un seul de ses soldats est venu nous appeler, et toute notre contrée en a été dans la stupeur."
SÉQUENCE
Pour offrande à Marie, nous lui présenterons cette gracieuse Séquence des Eglises d'Angleterre, au moyen âge :
Psautier cistercien. XIIIe.
" Fleur de virginité,
Sanctuaire de pureté,
Mère de miséricorde.
Salut ! Vierge sereine,
Source de vie,
Lumière aimable,
Baignée de la rosée
De l'Esprit aux sept dons ;
De vertus ornée,
De mérites toute fleurie.
Rose chérie,
Lis de chasteté,
Mère féconde,
Tu enfantes le Fils de Dieu,
Et tu demeures vierge
Après l'enfantement.
Par une merveille,
Sans le secours de l'homme,
Tu deviens féconde ;
Du grand Roi,
De la vraie lumière
L'enfantement fait ta gloire.
La branche, la fleur,
Le buisson, la rosée,
Prophétisent ta virginité ;
Et aussi la toison
Humide de rosée,
Digne Mère du Seigneur.
Vierge , tu produis un Fils,
Etoile, un Soleil,
A jamais sans égale.
Pour ce prodige,
La Voie de la vie
Nous t'appelons.
Tu es l'espoir et le refuge
Des pauvres âmes tombées,
Le remède des péchés,
Le salut des pénitents.
Tu es la consolation des affligés,
Le soulagement des faibles,
Purifiant les souillures,
Affermissant les cœurs.
Tu es la gloire et le secours
De ceux qui en toi se confient,
La récompense pleine de vie
Pour ceux qui servent sous tes lois
Miséricordieuse Marie,
Avocate des criminels,
A tous les malheureux
Douce et gracieuse espérance ;
Elève et dirige
Les cœurs de tes esclaves
Vers les saintes joies
Du céleste royaume,
Où goûter la vraie joie
Par toi nous pourrons,
Et, avec ton Fils,
Régner à jamais.
Amen."
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mercredi, 09 janvier 2008
9 janvier. IVe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
- IVe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.
Maître du retable de saint Bartholomée. Flandres. XVe.
L'Etoile annoncée par Balaam s'étant levée sur l'Orient, les trois Mages, dont le cœur était ouvert à l'attente du Messie libérateur, ont senti tout d'abord l'impression d'amour qui les porte vers lui. Ils reçoivent la nouvelle du joyeux avènement du Roi des Juifs d'une manière mystique et silencieuse, à la différence des bergers de Bethléhem, que la voix d'un Ange convia vers la crèche. Mais le langage muet de l'Etoile était expliqué dans leurs cœurs par l'action même du Père céleste, qui leur révélait son Fils. En cela, leur vocation l'emporta en dignité sur celle des bergers qui, selon la disposition divine dans l'ancienne Loi, ne connurent rien que par le ministère des Anges.
Mais, si la grâce céleste s'adressa directement à leurs cœurs, on peut dire aussi qu'elle les trouva fidèles. Les bergers vinrent en hâte à Bethléhem, nous dit saint Luc. Les Mages parlant à Hérode expriment avec non moins de bonheur la simplicité de leur empressement :
" Nous avons vu, disent-ils, son Etoile, et nous sommes venus pour l'adorer."
Abraham, par sa fidélité à suivre l'ordre que Dieu lui donnait de sortir de la Chaldée, terre de ses aïeux, et de se rendre dans une contrée inconnue pour lui, mérita de devenir le Père des Croyants ; les Mages, par leur foi docile et non moins admirable, ont été jugés dignes d'être les ancêtres de l'Eglise des Gentils.
Eux aussi sortaient de la Chaldée, au rapport de saint Justin et de Tertullien ; du moins quelqu'un d'entre eux avait-il cette terre pour patrie. Les mêmes auteurs, dont le témoignage est fortifié par d'autres Pères, donnent l'Arabie pour lieu de naissance à l'un ou l'autre de ces pieux voyageurs. Une tradition populaire, admise depuis quelques siècles dans l'iconographie chrétienne, assigne l'Ethiopie pour patrie au troisième. On ne peut nier du moins que David et les Prophètes n'aient signalé les noirs habitants de l'Afrique parmi ceux qui devaient, de bonne heure, devenir l'objet de la prédilection divine.
Par la qualité des Mages, il faut entendre la profession que faisaient ces trois hommes d'étudier le cours des astres, et l'attention qu'ils avaient de chercher au ciel l'indice du lever prochain de l'Etoile prophétique vers laquelle ils soupiraient ; car ils étaient du nombre de ces Gentils craignant Dieu, comme le centurion Corneille, qui ne s'étaient pas souillés par le contact des idoles, et conservaient, au milieu de tant de ténèbres, les pures traditions d'Abraham et des Patriarches.
Retable des sept Joies. Maître de la Sainte Parenté. Flandres. XVe.
L'Evangile ne dit pas qu'ils aient été rois ; mais l'Eglise ne leur applique pas sans raison les versets où David parle des Rois d'Arabie et de Saba, arrivant aux pieds du Messie avec des offrandes d'or. Cette tradition s'appuie sur le témoignage de saint Hilaire de Poitiers, de saint Jérôme, du poète Juvencus, de saint Léon et de plusieurs autres; et il serait impossible de l'attaquer par des arguments d'une valeur sérieuse. Sans doute, nous ne devons pas nous figurer les Mages comme des potentats dont l'empire pût entrer en comparaison, par l'étendue et l'importance, avec la puissance romaine ; mais nous savons que l'Ecriture attribue fréquemment le nom de roi à de petits princes, à de simples gouverneurs de provinces. Il suffit donc que les Mages aient exercé l'autorité sur les peuples ; et d'ailleurs, les ménagements qu'Hérode se croit obligé de garder envers des étrangers qui viennent, jusque dans sa cour, annoncer la naissance d'un Roi des Juifs, auquel ils se montrent si empressés de rendre hommage, témoignent suffisamment de l'importance de ces personnages, de même que le trouble dans lequel leur arrivée jette la ville de Jérusalem démontre jusqu'à l'évidence que leur présence avait été accompagnée d'un extérieur imposant.
Ces rois dociles quittent donc tout d'un coup leur patrie, leurs richesses, leur repos, pour marcher à la suite de l'Etoile ; la puissance de Dieu qui les avait appelés les réunit dans un même voyage comme dans une même foi. L'astre qui les invitait se met en marche devant eux et leur fraie le chemin ; les périls du voyage, les fatigues d'une route dont ils ignorent le terme, la crainte d'éveiller contre eux les soupçons de l'Empire romain, rien ne les fait reculer.
Leur premier repos est à Jérusalem, parce que l'Etoile s'y arrête. C'est dans cette ville sainte, qui bientôt sera maudite, qu'ils viennent, eux Gentils, annoncer Jésus-Christ, déclarer sa venue. Avec toute l'assurance, tout le calme des Apôtres et des Martyrs, ils professent leur désir ferme d'aller l'adorer. Ils contraignent Israël, dépositaire des oracles divins, à confesser un des principaux caractères du Messie, sa naissance à Bethléhem. Le Sacerdoce Poldève remplit, sans en avoir l'intelligence, son sacré ministère ; Hérode s'agite sur sa couche, et médite déjà des projets de carnage. Mais il est temps pour les Mages de quitter la cité infidèle qui a déjà reçu, par leur présence, l'annonce de sa répudiation. L'Etoile reparaît au ciel, et les sollicite de reprendre leur marche ; encore quelques pas, et ils seront à Bethléhem, aux pieds du Roi qu'ils sont venus chercher.
Nous aussi, Ô Emmanuel ! nous vous suivons, nous marchons à votre lumière ; car vous avez dit dans la Prophétie du Disciple bien-aimé : " Je suis l'étoile étincelante et matinale " (XXII, 16). L'astre qui conduit les Mages n'est que le symbole de cette Etoile immortelle. Vous êtes l’Etoile du matin ; car votre naissance annonce la fin des ténèbres, de l'erreur et du péché. Vous êtes l’Etoile du matin ; car, après avoir subi l'épreuve de la mort et du sépulcre, vous sortirez tout à coup des ombres, à l'aube matinale du jour de votre glorieuse Résurrection.
Vous êtes l’Etoile du matin ; car vous nous annoncez, par votre Naissance et par les mystères qui vont la suivre, le jour sans nuage de l'éternité. Oh ! Que votre lumière soit toujours sur nous ! Que nous soyons toujours dociles à tout quitter, comme les Mages, pour la suivre ! Au sein de quelles ombres ne l'avez-vous pas fait luire, en ce jour où vous nous avez appelés à votre grâce ! Nous aimions les ténèbres, et vous nous avez fait aimer la lumière.
Conservez en nous cet amour de la lumière, Ô Christ ! Que le péché, qui n'est que ténèbres, n'approche pas de nous. Que les perfides lueurs de la fausse conscience ne viennent pas nous séduire. Eloignez de nous l'aveuglement de Jérusalem et de son roi, pour qui l'Etoile ne luit pas ; mais qu'elle nous guide toujours, qu'elle nous conduise à vous, notre Roi, notre paix et notre amour.
Nous vous saluons aussi, Marie, Etoile de la mer, qui luisez sur les vagues de ce monde pour les calmer, et pour protéger ceux qui crient vers vous dans la tempête. Vous fûtes favorable aux Mages à travers le désert ; guidez aussi nos pas, et dirigez-nous jusqu'à Celui qui repose entre vos bras et vous illumine de sa lumière éternelle.
HYMNE
Empruntons à saint Ephrem une partie des chants si mélodieux qu'il a consacrés à la divine Naissance :
Ivoire. Anonyme. Bourgogne. XVe.
" Que tu es doux, Ô Enfant ; mais que la force de tes jugements est entraînante et invincible ! Qu'il est suave, qu'il est doux ton amour ! Qui pourra te résister ?
Ton Père habite les cieux ; ta mère rampe sur la terre ; qui jamais pourra te comprendre ? Si l'homme terrestre cherche ta nature élevée au-dessus de la portée humaine, c'est au vaste sein de la divinité qu'il la trouve, au plus haut des cieux.
S'il veut connaître ta nature sensible, la voici sur la terre ; issue de l'étroite demeure du sein de Marie, elle est visible à tous les yeux. L'intelligence confondue est flottante ; elle se perd à supputer les divers modes de ton être plein de richesses.
Ta divinité, qu'on croirait inaccessible sous des verrous redoublés, n'en est pas moins une mer immense, un océan qu'on ne saurait sonder, depuis même que tu as réduit ta grandeur à la mesure de notre petitesse.
Si nous cherchons à te voir, c'est un homme que nous apercevons, nous qui espérions voir un Dieu ; si en toi nous voulons contempler l'homme, tout aussitôt une éclatante splendeur de divinité vient éblouir nos regards.
Qui te prendrait pour l'héritier du trône de David, toi qui, au lieu du riche ameublement de ce grand roi, n'as qu'une crèche; au lieu de ses vastes palais, qu'une caverne ; qu'un âne en place de ses nombreux coursiers ?
Mais, Ô Enfant ! Que tu es aimable, accessible, et gracieux pour tous ceux qui t'approchent ! Ton amour est vraiment l'amour de Celui qui désire les hommes, comme celui qui a faim désire le pain.
Tu ne fais point de distinction entre tes parents et les étrangers, entre ta mère et de vils esclaves, accueillant l'impure prostituée comme la vierge qui te nourrit de son lait. Quoi donc ? Est-ce l'extrême facilité de ton cœur, qui te porte à cet excès d'indulgence, ou plutôt cette charité qui fait que tu ne hais rien de ce que tu as fait ?
Quel motif te porte à descendre ainsi vers le riche comme vers le pauvre, à courir à eux, même lorsqu'ils ne t'appellent pas ? D'où te vient ce si grand amour de la nature humaine ?
Quelle est cette charité que tu as si grande, que si l'on te blasphème, tu ne t'enflammes pas ; si Fonte menace, tu n éclates pas ; si l'on agit cruellement avec toi, ton front ne s'empreint pas de colère ? C'est que ta charité est au-dessus de cette loi, en vertu de laquelle l'homme poursuivait son ennemi et vengeait son injure."
IV DIE JANUARII
Honorons la Vierge-Mère, en lui présentant ces strophes consacrées à sa gloire par saint Joseph l'Hymnographe, dans les Menées de l'Eglise Grecque :
Bas-relief. Anonyme. Frise. XIVe.
" Honorons le divin palais du Roi, dans lequel il a habité selon son désir ; célébrons la Mère de Dieu, la Vierge, l'unique, par qui nous sommes élevés jusqu'à Dieu.
Pure avant l'enfantement, dans l'enfantement, après l'enfantement : ainsi tu as paru à nos regards, Ô Vierge-Mère ! C'est toi qui as enfanté le Dieu qu'annonce le Collège Apostolique.
Le très heureux chœur des Prophètes, inspiré de l'Esprit-Saint, t'appela divinement, dans ses sacrés oracles, la Porte et la Montagne ombragée, Ô très chaste !
Illumine, Ô Vierge ! Les yeux de mon cœur, brille sur moi par un rayon de componction; délivre-moi des ténèbres éternelles, Porte de la lumière, Refuge de tous les chrétiens qui chantent ta louange avec fidélité.
Je te loue, Ô toi la seule digne de toute louange ; je te rends gloire, Ô toi que Dieu lui-même glorifie; je te proclame heureuse, Ô Vierge, de cette félicité divine que proclament les générations qui célèbrent ta béatitude.
Ô très pure ! Tu es le propitiatoire de ceux qui pèchent souvent; dépassant toutes les lois de la nature, tu as enfanté le Christ, qui ôte les péchés du monde, et vers qui nous prions : " Tu es béni, Seigneur, Dieu de nos pères !"
Ô prodige qui surpasse tous les prodiges ! Tu enfantes et tu demeures vierge, très chaste épouse de Dieu ! Tu a mis au jour le Verbe coéternel au Père, Celui que nous célébrons dans ce cantique : " Œuvres du Seigneur, louez et exaltez le Seigneur dans tous les siècles ".
La splendeur de ton enfantement a éclaté avec gloire ; elle a inondé l'univers d'une joyeuse lumière; elle a terrassé le prince des ténèbres, Ô Mère de Dieu très pure, la gloire des Anges, le salut de tous les hommes qui te célèbrent, sans se lasser, par leurs concerts."
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dimanche, 25 novembre 2007
25 novembre 2007. XXVIe et dernier dimanche après la Pentecôte.
- XXVIe et dernier dimanche après la Pentecôte.
Extraits de l'Année liturgique de dom Prosper Guéranger.
Résurrection de la fille de Jaïre. Véronèse. XVIIe.
A LA MESSE
L'Antiphonaire se termine aujourd'hui ; l'Introït, le Graduel, l'Offertoire et la Communion ci-après, devront être repris en chacun des Dimanches qui peuvent se succéder encore plus ou moins nombreux, suivant les années, jusqu'à l'Avent. On se rappelle qu'au temps de saint Grégoire, l'Avent étant plus long que de nos jours (Avent, Historique.), ses semaines avançaient dans la partie du Cycle occupée maintenant par les derniers Dimanches après la Pentecôte. C'est une des raisons qui expliquent la pénurie de composition des Messes dominicales après la vingt-troisième.
En celle-ci même autrefois, l'Eglise, sans perdre de vue le dénouement final de l'histoire du monde, tournait déjà sa pensée vers l'approche du temps consacré à préparer pour ses enfants la grande fête de Noël. On lisait pour Epître le passage suivant de Jérémie, qui servit plus tard, en divers lieux, à la Messe du premier Dimanche de l'Avent :
" Voici que le jour arrive, dit le Seigneur, et je susciterai à David une race juste. Un roi régnera, qui sera sage et qui accomplira la justice et le jugement sur la terre. En ces jours-là Juda sera sauvé, et Israël habitera dans la paix ; et voici le nom qu'ils donneront à ce roi : Le Seigneur notre juste ! C'est pourquoi le temps " vient, dit le Seigneur, où l'on ne dira plus :
" Vive le Seigneur qui a tiré les enfants d'Israël de la terre d'Egypte ! mais : Vive le Seigneur qui a tiré et ramené la postérité de la maison d'Israël de la terre d'aquilon et de tous les pays » dans lesquels je les avais dispersés et chassés ! Et ils habiteront dans leur terre (Jerem. XXIII, 5-8.)."
Le saint prophète Jérémie (détail). Rembrandt. XVIIe.
Comme on le voit, ce passage s'applique également très bien à la conversion des Juifs et à la restauration d'Israël annoncée pour les derniers temps. C'est le point de vue auquel se sont placés les plus illustres liturgistes du moyen âge, pour expliquer toute la Messe du vingt-troisième Dimanche après la Pentecôte. Mais pour bien les comprendre, il faut observer aussi que, primitivement, l'Evangile du vingt-troisième Dimanche était l'Evangile de la multiplication des cinq pains. Cédons la parole au pieux et profond Abbé Rupert qui, mieux que personne, nous apprendra le mystère de ce jour où prennent fin les accents, si variés jusqu'ici, des mélodies grégoriennes.
" La sainte Eglise, dit-il, met tant de zèle à s'acquitter des supplications, des prières et des actions de grâces pour tous les hommes demandées par l'Apôtre (I Tim. II, 1.), qu'on la voit rendre grâces aussi pour le salut à venir des fils d'Israël, qu'elle sait devoir être un jour unis à son corps. Comme, en effet, à la fin du monde leurs restes seront sauvés (Rom. IX, 27.), dans ce dernier Office de l'année elle se félicite en eux comme en ses futurs membres.
Dans l'Introït, elle chante tous les ans, rappelant ainsi sans fin les prophéties qui les concernent : Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d'affliction. Ses pensées sont toutes de paix en effet, puisqu'il promet d'admettre au banquet de sa grâce les Juifs ses frères selon la chair, réalisant ce qui avait été figuré dans l'histoire du patriarche Joseph. Les frères de ce dernier, qui l'avaient vendu, vinrent à lui poussés par la faim, lorsqu'il étendait sa domination sur toute la terre d'Egypte ; ils furent reconnus, reçus par lui, et lui-même fit avec eux un grand festin : ainsi notre Seigneur, régnant sur tout le monde et nourrissant abondamment du pain de vie les Egyptiens, c'est-à-dire les Gentils, verra revenir à lui les restes des fils d'Israël ; reçus en la grâce de celui qu'ils ont renié et mis à mort, il leur donnera place à sa table, et le vrai Joseph s'abreuvera délicieusement avec ses frères.
Le bienfait de cette table divine est signifié, dans l'Office du Dimanche, par l'Evangile, où l'on raconte du Seigneur qu'il nourrit avec cinq pains la multitude. Alors, en effet, Jésus ouvrira pour les Juifs les cinq livres de Moïse, portés maintenant comme des pains entiers et non rompus encore, par un enfant, à savoir ce même peuple resté jusqu'ici dans l'étroitesse d'esprit de l'enfance.
Alors sera accompli l'oracle de Jérémie, si bien placé avant cet Evangile; on ne dira plus : Vive le Seigneur qui a tiré les enfants d'Israël de la terre d'Egypte ! mais : Vive le Seigneur qui les a ramenés de la terre d'aquilon et de toutes celles où ils étaient dispersés !
Le saint prophète Jérémie. Plaque de reliquaire. XIIe.
Délivrés donc de la captivité spirituelle qui les retient maintenant, ils chanteront du fond de l'âme l'action de grâces indiquée au Graduel : Vous nous avez délivrés, Seigneur, de ceux qui nous persécutaient.
La supplication par laquelle nous disons, dans l'Offertoire : Du fond de l'abîmej'aicrié vers vous, Seigneur, répond manifestement, elle aussi, aux mêmes circonstances. Car en ce jour-là, ses frères diront au grand et véritable Joseph : " Nous vous conjurons d'oublier le crime de vos frères "[/b] (Gen L, 17.).
La Communion : En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez dans vos prières, et le reste, est la réponse de ce même Joseph disant, comme autrefois le premier (Ibid. 19-21.) : " Ne craignez point. Vous aviez formé contre moi un dessein mauvais ; mais Dieu l'a fait tourner au bien, afin de m'élever comme vous voyez maintenant " et de sauver beaucoup de peuples. Ne craignez donc point : je vous nourrirai, vous et vos a enfants "." (Rup. De div. Off. XII, 23).
EPITRE
Saint Paul écrivant. Valentin de Bourgogne. XVIIe.
Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Philippiens. Chap. III.
" Mes Frères, soyez mes imitateurs, et observez ceux qui se conduisent suivant le modèle que vous avez en nous. Car il y en a plusieurs dont je vous ai parlé souvent, dont je vous parle encore avec larmes, qui sont les ennemis de la croix du Christ. Ils ont pour fin la mort, pour dieu leur ventre ; ils placent la gloire pour eux dans leur honte, n'ayant de goût que pour les choses de la terre. Mais pour nous, déjà nous vivons dans les cieux ; c'est de là aussi que nous attendons pour Sauveur notre Seigneur Jésus-Christ, qui reformera le corps de notre bassesse et le rendra conforme à son corps glorieux, par la puissance qui lui permet de s'assujettir aussi toutes choses. C'est pourquoi, mes frères très chers et très désirés, ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, Ô mes bien-aimés. Je prie Evodia et je conjure Syntychès de s'unir et d'avoir les mêmes sentiments dans le Seigneur.
Je vous prie aussi, vous mon fidèle compagnon, d'aider celles qui ont travaillé avec moi pour l'Evangile, ainsi que Clément et les autres qui ont été mes aides, dont les noms sont au livre de vie."
Le nom de Clément, qui vient d'être prononcé par l'Apôtre, est celui du second successeur de saint Pierre. Assez souvent, le vingt-troisième Dimanche après la Pentecôte ne précède que de fort peu la solennité de ce grand pontife et martyr du premier siècle. Disciple de Paul, attaché depuis à la personne de Pierre, et désigné par le vicaire de l'Homme-Dieu comme le plus digne de monter après lui sur la chaire apostolique, Clément, nous le verrons au 23 novembre, était l'un des saints de cette époque primitive les plus vénérés des fidèles. La mention faite de lui à l'Office du Temps, dans les jours qui précédaient son apparition directe au cycle de la sainte Eglise, excitait la joie du peuple chrétien et ranimait sa ferveur, à la pensée de l'approche d'un de ses plus illustres protecteurs et amis.
Au moment où saint Paul écrivait aux Philippiens, Clément, qui devait longtemps encore survivre aux Apôtres, était bien des hommes dont parle notre Epître, imitateurs de ces illustres modèles, appelés à perpétuer dans le troupeau confié à leurs soins (I Petr. V, 3.) la règle des mœurs, moins encore par la fidélité de l'enseignement que par la force de l'exemple. L'unique Epouse du Verbe divin se reconnaît à l'incommunicable privilège d'avoir en elle, par la sainteté, la vérité toujours vivante et non point seulement lettre morte. L'Esprit-Saint n'a point empoché les livres sacrés des Ecritures de passer aux mains des sectes séparées ; mais il a réservé à l'Eglise le trésor de la tradition qui seule transmet pleinement, d'une génération à l'autre, le Verbe lumière et vie (Johan. I, 4.), par la vérité et la sainteté de l'Homme-Dieu toujours présentes en ses membres, toujours tangibles et visibles en l'Eglise (I Johan. I, 1.).
La sainteté inhérente à l'Eglise est la tradition à sa plus haute expression, parce qu'elle est la vérité non seulement proférée, mais agissante (I Thess. II, 13.), comme elle l'était en Jésus-Christ, comme elle l'est en Dieu (Johan. V, 17.). C'est là le dépôt (I Tim. VI, 20.) que les disciples des Apôtres recevaient la mission de transmettre à leurs successeurs, comme les Apôtres eux-mêmes l'avaient reçu du Verbe descendu en terre.
Aussi saint Paul ne se bornait point à confier l'enseignement dogmatique à son disciple Timothée (II Tim. III, 2.) ; il lui disait : " Sois l'exemple des fidèles dans la parole et la conduite " (I Tim. IV, 12.). Il redisait à Tite : " Montre-toi un modèle, en fait de doctrine et d'intégrité de vie " (Tit. II, 7.). Il répétait à tous : " Soyez mes imitateurs, comme je le suis de Jésus-Christ " (I Cor. II, 16.).
Il envoyait aux Corinthiens Timothée, pour leur rappeler, pour leur apprendre au besoin, non les dogmes seulement de son Evangile, mais ses voies en Jésus-Christ, sa manière de vivre ; car cette manière de vivre de l'Apôtre était, pour une part, son enseignement même en toutes les Eglises (Ibid. 17.) ; et il louait les fidèles de Corinthe de ce qu'en effet ils se souvenaient de lui pour l'imiter en toutes choses, gardant ainsi la tradition de Jésus-Christ (I Cor. XI, 1-2.).
Les Thessaloniciens étaient si bien entrés dans cet enseignement tiré de la vie de leur Apôtre, que, devenus ses imitateurs, et par là même ceux de Jésus-Christ, ils étaient, dit saint Paul, la forme de tous les croyants ; cet enseignement muet de la révélation chrétienne, qu'ils donnaient en leurs mœurs, rendait comme inutile la parole même des messagers de l'Evangile (I Thess. I, 5-8.).
L'Eglise est un temple admirable qui s'élève à la gloire du Très-Haut par le concours des pierres vivantes appelées à entrer dans ses murs (Eph. II,20-22.). La construction de ces murailles sacrées sur le plan arrêté par l'Homme-Dieu est l'œuvre de tous. Ce que l'un fait par la parole (I Cor. XIV, 3.), l'autre le fait par l'exemple (Rom. XIV, 19.) ; mais tous deux construisent, tous deux édifient la cité sainte ; et, comme au temps des Apôtres, l'édification par l'exemple l'emporte sur l'autre en efficacité, quand la parole n'est pas soutenue de l'autorité d'une vie conforme à l'Evangile.
Mais de même que l'édification de ceux qui l'entourent est, pour le chrétien, une obligation fondée à la fois sur la charité envers le prochain et sur le zèle de la maison de Dieu, il doit, sous peine de présomption, chercher dans autrui cette même édification pour lui-même. La lecture des bons livres, l'étude de la vie des saints, l'observation, selon l'expression de notre Epître, l'observation respectueuse des bons chrétiens qui vivent à ses côtés, lui seront d'un immense secours pour l'œuvre de sa sanctification personnelle et l'accomplissement des vues de Dieu en lui.
Cette fréquentation de pensées avec les élus de la terre et du ciel nous éloignera des mauvais, qui repoussent la croix de Jésus-Christ et ne rêvent que les honteuses satisfactions des sens. Elle placera véritablement notre conversation dans les cieux. Attendant pour un jour qui n'est plus éloigné l'avènement du Seigneur, nous demeurerons fermes en lui, malgré la défection de tant de malheureux entraînés par le courant qui emporte le monde à sa perte.
L'angoisse et les souffrances des derniers temps ne feront qu'accroître en nous la sainte espérance ; car elles exciteront toujours plus notre désir du moment solennel où le Seigneur apparaîtra pour achever l'œuvre du salut des siens, en revêtant notre chair même de l'éclat de son divin corps. Soyons unis, comme le demande l'Apôtre, et, pour le reste : " Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ", écrit-il à ses chers Philippiens ; " je le dis de nouveau, réjouissez-vous : le Seigneur est proche " (Philip, IV, 4-5.).
ÉVANGILE
Résurrection de la fille de Jaïre. Gustave Doré. XIXe.
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. IX.
" En ce temps-là, comme Jésus parlait au peuple, voici qu'un prince de la synagogue s'approcha, et l'adorant, il lui disait :
" Seigneur, ma fille vient de mourir ; mais venez, imposez votre main sur elle, et elle vivra."
Et Jésus, se levant, le suivait avec ses disciples. Or voici qu'une femme qui souffrait d'un flux de sang depuis douze années s'approcha par derrière, et toucha la frange de son vêtement. Car elle disait en elle-même : " Si je touche seulement son vêtement, je serai sauvée ".
Jésus se retournant alors, et la voyant, lui dit :
" Aie confiance, ma fille ; ta foi t'a sauvée."
Et de cette heure même, la femme fut guérie. Jésus venant ensuite à la maison du prince, et voyant les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, leur dit :
" Retirez-vous, car la jeune fille n'est pas morte, elle n'est qu'endormie."
Et ils se moquaient de lui. Mais lorsqu'on eut mis tout ce monde à la porte, il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva. Et le bruit s'en répandit dans tout le pays."
Quoique le choix de cet Evangile pour aujourd'hui ne remonte pas partout à la plus haute antiquité, il entre bien dans l'économie générale de la sainte Liturgie, et confirme ce que nous avons dit du caractère de cette partie de l'année. Saint Jérôme nous apprend, dans l'Homélie du jour, que l'hémorroïsse guérie par le Sauveur figure la gentilité, tandis que la nation juive est représentée par la fille du prince de la synagogue (Matth. IX.). Celle-ci ne devait retrouver la vie qu'après le rétablissement de la première ; et tel est précisément le mystère que nous célébrons en ces jours, où, la plénitude des nations avant reconnu le médecin céleste, l'aveuglement dont Israël avait été frappé cesse enfin lui-même (Rom. XI, 25.).
De cette hauteur où nous sommes parvenus, de ce point où le monde, ayant achevé ses destinées, ne va sembler sombrer un instant que pour se dégager des impies et s'épanouir de nouveau, transformé dans la lumière et l'amour : combien mystérieuses et à la fois fortes et suaves nous apparaissent les voies de l'éternelle Sagesse (Sap. VIII, 1.) !
Le péché, dès le début, avait rompu l'harmonie du monde, en jetant l'homme hors de sa voie. Si, entre toutes, une famille avait attiré sur elle la miséricorde, la lumière, en se levant sur cette privilégiée, n'avait fait que manifester plus profonde la nuit où végétait le genre humain. Les nations, abandonnées à leur misère épuisante, voyaient les attentions divines aller à Israël, et l'oubli s'appesantir sur elles au contraire. Lors même que les temps où la faute première devait être réparée se trouvèrent accomplis, il sembla que la réprobation des gentils dût être consommée du même coup ; car on vit le salut, venu du ciel en la personne de l'Homme-Dieu, se diriger exclusivement vers les Juifs et les brebis perdues de la maison d'Israël (Matth. XV, 24.).
Résurrection de la fille de Jaïre. Gravure de Schnorr. XIXe.
Cependant la race gratuitement fortunée, dont les pères et les premiers princes avaient si ardemment sollicité l'arrivée du Messie, ne se trouvait plus à la hauteur où l'avaient placée les patriarches et les saints prophètes. Sa religion si belle, fondée sur le désir et l'espérance, n'était plus qu'une attente stérile qui la tenait dans l'impuissance de faire un pas au-devant du Sauveur ; sa loi incomprise , après l'avoir immobilisée , achevait de l'étouffer dans les liens d'un formalisme sectaire. Or, pendant qu'en dépit de ce coupable engourdissement, elle comptait, dans son orgueil jaloux, garder l'apanage exclusif des faveurs d'en haut, la gentilité que son mal, toujours grandissant lui aussi, portait au-devant d'un libérateur, la gentilité reconnaissait en Jésus le Sauveur du monde, et sa confiante initiative lui méritait d'être guérie la première. Le dédain apparent du Seigneur n'avait servi qu'à l'affermir dans l'humilité, dont la puissance pénètre les cieux (Eccli. XXXV, 21.).
Israël devait donc attendre à son tour. Selon qu'il le chantait dans le psaume, l'Ethiopie l’avait prévenu en tendant ses mains vers Dieu la première (Psalm. LXVII, 32.). Désormais ce fut à lui de retrouver, dans les souffrances d'un long abandon, l'humilité qui avait valu à ses pères les promesses divines et pouvait seule lui en mériter l'accomplissement. Mais aujourd'hui la parole de salut a retenti dans toutes les nations, sauvant tous ceux qui devaient l'être. Jésus, retardé sur sa route, arrive enfin à la maison vers laquelle se dirigeaient ses pas dès l'abord, à cette maison de Juda où dure toujours l'assoupissement de la fille de Sion.
Sa toute-puissance compatissante écarte de la pauvre abandonnée la foule confuse des faux docteurs, et ces prophètes de mensonge qui l'avaient endormie aux accents de leurs paroles vaines ; il chasse loin d'elle pour jamais ces insulteurs du Christ, qui prétendaient la garder dans la mort. Prenant la main de la malade, il la rend à la vie dans tout l'éclat de sa première jeunesse; prouvant bien que sa mort apparente n'était qu'un sommeil, et que l'accumulation des siècles ne pouvait prévaloir contre la parole donnée par Dieu à Abraham son serviteur (Luc. 1, 54-55.).
Au monde maintenant de se tenir prêt pour la transformation dernière. Car la nouvelle du rétablissement de la fille de Sion met le dernier sceau à l'accomplissement des prophéties. Il ne reste plus aux tombeaux qu'à rendre leurs morts (Dan. XII, 1-2.). La vallée de Josaphat se prépare pour le grand rassemblement des nations (Joël, III, 1.) ; le mont des Oliviers va de nouveau (Act. I, 11.) porter l'Homme-Dieu, mais cette fois comme Seigneur et comme juge (Zach. XIV, 4.).
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