jeudi, 11 juillet 2024
11 juillet. Saint Pie Ier, pape et martyr. 156.

Saint Pie Ier et sainte Praxède, vierge.
Un saint Pape du second siècle, le premier de cette série de Pontifes que le nom de Pie a illustrés jusqu'à nos jours, projette sur nous sa douce et sereine lumière. Malgré la situation toujours précaire de la société chrétienne, en face d'édits de persécution que les meilleurs des princes païens n'abrogèrent jamais, il mit à profit la paix relative que valait à l'Eglise la modération personnelle d'Antonin le Pieux, pour affermir les assises de la tour mystérieuse élevée par le Pasteur céleste à la gloire du Seigneur Dieu (Herm. Past.). Exerçant ses droits de suprême hiérarque, il établit que, nonobstant la pratique contraire suivie encore en divers lieux, la fête de Pâques serait désormais célébrée au dimanche par toutes les Eglises. Bientôt la glorieuse mémoire de Victor, successeur de Pie à la fin de ce siècle, viendra nous rappeler l'importance de la mesure qu'il crut ainsi devoir prendre et le retentissement qu'elle eut dans l'Eglise entière.
L'ancienne Légende de saint Pie Ier, modifiée récemment, rappelait le décret attribué dans le Corps du droit à notre Pontife (Cap. Si per negligentiam, 27. Dist. II de Consecratione.), touchant celui dont la négligence aurait laissé tomber quelque chose du Sang du Seigneur. Ces prescription: traduisent bien le respect profond que le sain : Pape voulait voir témoigner au Mystère de l'autel : la pénitence, y est-il ordonné, sera de quarante jours, si l'effusion du Sang précieux a lieu jusqu'à terre ; où que ce soit qu'il tombe, on devra le recueillir avec les lèvres s'il se peut, brûler la poussière et déposer la cendre en un lieu non profane.
Le premier pape qui porta le nom glorieux de Pie était un Italien de la ville d'Aquilée, dans l'état de Venise. Encore tout jeune, il vint habiter Rome où il fut admis au nombre des diacres. Le futur élu au souverain pontificat exerçait le sacerdoce lorsque le pape Hygin mourut martyr, en l'an 142. Il adopta le nom de Pie Ier, nom qui devait devenir si cher à l'Eglise.
Avec l'aide des lumières de saint Justin le Philosophe, il combattit l'hérésie de Valentin et refusa de communiquer avec Marcion qui tentait d'introduire dans l'Eglise la doctrine fataliste des deux principes, l'un auteur du bien, dont l'âme serait une émanation, l'autre auteur du mal, dont le corps serait l'ouvrage. Le saint pape Pie Ier eut surtout à combattre l'hérésie des Gnostiques implantée par Simon le Magicien qui avait essayé de tromper les fidèles de Rome par ses prestiges et ses artifices diaboliques.
Saint Pie Ier établit que la fête de Pâques se célébrerait le dimanche, en mémoire de la glorieuse Résurrection du Sauveur qui eut lieu ce jour de la semaine. Il fixa cette loi inviolable afin de continuer la pieuse coutume qui s'observait déjà par la tradition des Apôtres, et parce qu'il désirait abolir les superstitions de certaines Eglises qui voulaient imiter les Poldèves en cette sainte solennité.
Saint Pie Ier venait souvent célébrer le Saint Sacrifice de la messe dans l'illustre maison de saint Pudens, sénateur qui voulut consacrer sa maison afin de la convertir en église ouverte à tous les chrétiens. Comme une multitude de païens accouraient en ces lieux bénis pour demander leur admission au sein de l'Eglise naissante, cette affluence ne tarda pas à être remarquée par les idolâtres jaloux et hostiles qui s'empressèrent d'adresser leurs plaintes à l'empereur Marc-Aurèle Antonin.

Mosaïque représentant saint Pie Ier et sainte Praxède.
Ce prince ralluma la persécution à cause du grand nombre de conversions qui ne cessaient de se multiplier dans son empire. Il défendit aux chrétiens de se mêler au reste du peuple et de paraître dans les marchés, ainsi qu'aux thermes publics.
Saint Pie Ier gouverna la chrétienté pendant plus de quinze ans. L'histoire conteste que ce pontife ait donné son sang pour la foi, mais l'Église l'honore comme martyr. Il fut enseveli dans la catacombe du Vatican, auprès du corps de saint Pierre.
Dans la catacombe de Sainte-Priscille, sur la via Salaria, une peinture contemporaine de Pie Ier représente ce pontife, vêtu du Colobium, et assis sur une chaire épiscopale. La vierge sainte Praxède est debout devant lui tenant un voile déplié. Le pape lui impose les mains. Un prêtre assiste à cette sainte cérémonie ; il s'agit de Pastor, frère de saint Pie Ier.
Il y a des reliques de notre saint à Saint-Leu, aux Clarisses et aux Ursulines d'Amiens, au Saint-Sépulcre d'Abbeville, à Saint-Pierre de Roye et à Montreuil.

Eglise du Saint-Sépulcre d'Abbeville.
" C'est qu'en effet, proclamait dès le milieu du second siècle à la face du monde Justin le Philosophe, nous ne recevons pas comme un pain commun, comme un breuvage commun, cet aliment nommé chez nous Eucharistie ; mais de même que, fait chair par la parole de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a eu et chair et sang pour notre salut, de même il nous a été appris que l'aliment fait Eucharistie par la prière formée de sa propre parole est et la chair et le sang de ce Jésus fait chair." (Apolog. I, 66.).
A cette doctrine, aux mesures qu'elle justifie si amplement, d'autres témoins autorisés faisaient écho, sur la fin du même siècle, en des termes qu'on croirait eux aussi empruntés à la lettre même des prescriptions qui vous sont attribuées :
" Nous souffrons anxieusement, si quoi que ce soit du calice ou du pain même qui est nôtre vient à tomber à terre ", disait Tertullien (De corona, III.) ; et Origène en appelait aux habitués des Mystères divins pour dire " quels soins, quelle vénération, entouraient les dons sacrés de peur que ne s'en échappât la moindre parcelle, ce qui, provenu de négligence, eût été regardé comme un crime " (In Ex. Homil. XII.).

Mosaïque représentant saint Pie Ier et sainte Praxède.
Et maintenant l'hérésie, pauvre de science comme de foi, prétend de nos jours que l'Eglise a dévié des antiques traditions, en exagérant ses hommages au Sacrement divin ! Faites en effet, Ô Pie, que nous revenions aux dispositions de nos pères : non dans leur foi, qui est toujours la nôtre ; mais dans la vénération et l'amour qu'ils puisaient en cette foi pour le calice enivrant (Psalm. XXII, 5.), trésor de la terre. Puisse l'Agneau réunir dans la célébration d'une même Pàque, selon vos volontés, tous ceux qu'honore le nom de chrétiens !"
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mercredi, 10 juillet 2024
10 août. Sainte Philomène, vierge et martyre. IIIe siècle.
- Sainte Philomène, vierge et martyre. IIIe siècle.
Pape : Saint Caïus. Empereur romain d'Occident : Maximien-Hercule. Empereur romain d'Orient : Dioclétien.
" Le Christ l'a choisie pour son épouse avant que l'âge ne lui permît de se choisir elle-même un autre fiancé."
Saint Ambroise.

On trouvera neuvaines et prières à sainte Philomène, la " chère petite sainte " de notre non moins cher saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars, à la fin de la notice de sa fête, le 9 août.
Le tombeau de cette vierge et martyre, inconnue jusqu'aux premières années du siècle dernier, fut providentiellement découvert aux catacombes, l'an 1802. Dieu a rendu célèbre par tant de miracles la découverte du corps de sainte Philomène ; le culte de cette jeune Sainte s'est répandu dans tout l'univers avec une rapidité si merveilleuse ; elle a reçu et reçoit de toutes parts des hommages si exceptionnels, qu'elle mérite d'être placée au premier rang parmi les vierges et martyres que vénère l'Église.
Le saint curé d'Ars l'appelait sa chère petite Sainte et faisait des merveilles par son invocation.
D'après les études fort sérieuses des savants, sainte Philomène aurait été une enfant du peuple, immolée au IIe siècle pour Jésus-Christ, à l'âge de douze ou treize ans. L'examen de ses ossements a permis d'apprécier son âge ; la fiole de sang desséché trouvée dans sa tombe indique clairement son martyre ; les instruments de supplice peints sur la plaque de terre cuite qui fermait le tombeau, les flèches, l'ancre, la torche, nous montrent quels genres de tortures elle a souffert.
L'inscription : " Pax tecum " (" La paix soit avec toi "), Philomène, nous fait connaître son nom vénéré.
C'est à bon droit que sainte Philomène a été appelée la Thaumaturge du XIXe siècle. Aucun Saint peut-être, dans ce siècle, n'a opéré tant de prodiges. On l'invoque dans tous les besoins ; mais elle semble s'être déclarée surtout l'amie et la protectrice des petits enfants. De tous les miracles qu'elle a faits, le plus grand est l'explosion de confiance et d'amour qu'elle a excitée en toute l'Église.
Très peu nous est connu de la vie de Sainte Philomène avant la découverte du lieu d'enterrement de sa dépouille mortelle dans les catacombes de Priscillia à Rome.
- Le peu d'information nous est venu de la révélation qu'elle même fit à sa dévouée fidèle, la Vénérée Mère Maria Luisa de Jésus le 3 août, 1833.
Pendant que cette sainte sœur priait devant la statue de Sainte Philomène, elle lui dévoila l'histoire de sa vie.
Elle lui dit :
" Je suis la fille d'un roi grec. Mes parents étaient des païens et n'ayant pas d’enfants à eux, ils offrirent des sacrifices aux faux dieux. Un docteur chrétiens de Rome leur dit de se faire baptiser, de devenir chrétiens et que Dieu les récompenserait avec une progéniture. Ils acceptèrent ce propos volontiers et furent baptisés dans la religion catholique.
Un an plus tard je suis née et on m'appela Philomena.
J'ai été élevée avec une éducation chrétienne, j'ai reçu ma première communion à l'âge de cinq ans et j'ai fait un vœu de virginité à Dieu à l'âge de onze ans.
A l'âge de treize ans, l'empereur Dioclétien (du IIe siècle), déclara la guerre aux forces de mon père. Alors mon père dut se rendre à Rome pour faire la paix pour éviter la guerre. C'était son désir que ma mère et moi l'accompagnions.
Lorsqu'on arriva à Rome on trouva Dioclétien dans les Bains. Aussitôt qu'il me vit, il fut épris de ma beauté et promis la paix à mon père à condition qu'il puisse me prendre en mariage.
Mon père et ma mère me supplièrent : "Aie pitié pour ton père, ta mère et ton pays ". Je lui répondis " Mon père est Dieu et mon pays c'est le ciel ".
Quand l'empereur Diocétien apprit ma décision, il fut troublé et dit : " Si tu veux pas de mon amour, tu ressentiras mon pouvoir !". Il donna l'ordre de m'enchaîner et de me jeter en prison avec seulement du pain et de l'eau chaque jour.
Après trente sept jours, la Sainte Vierge m'apparut et me dit : " Mon enfant choisi, tu devras rester en prison trois autres jours et ensuite tu vas souffrir différentes épreuves (supplices). L'Archange Gabriel et ton ange gardien vont t'aider et tu seras victorieuse ".
Le quarantième jour on m'enleva mes vêtements et je fus fouettée. Mon corps était recouvert de plaies et on me remit en prison pour mourir. Je fus visitée par deux anges et Dieu prit soin de moi ce soir même.
L'empereur me proposa le mariage de nouveau. J'ai continué de refuser et c'est alors qu'il ordonna de me lancer des flèches. Lorsqu'on m'attacha, je tombai en extase. Et les flèches n'atteignirent pas mon corps mais revinrent sur les archers tuant plusieurs d'eux.
L'empereur enragé de nouveau donna l'ordre de m'attacher une ancre autours du cou et de me noyer dans le fleuve du Tibre. De nouveau, deux anges intervinrent et me libérèrent et je fus ramenée sur terre. Le peuple qui venait de témoigner d'un miracle se mirent à crier aux bourreaux : " Elle est libre ! Elle est libre !". L'empereur qui avait craint de voir le peuple se soulever me fit décapiter.
Tout ceçi se passa le vendredi, 10 août, à un heure de l'après-midi."
Malgré le fait que le Saint Siége ne peut affirmer l'authenticité de cette révélation écrite, il a quand même reconnu le droit de publication le 21 décembre, 1883.
NEUVAINE A SAINTE PHILOMENE

Statue de sainte Philomène dans l'église d'Ars.
V. Ô Dieu ! Venez à mon aide ;
R. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
Gloire au Père, au Fils, et au Saint-Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Après cette invocation, on lira avec attention et piété l'une des prières qui suivent, selon le jour, et l'on terminera par la récitation du Pater, de l'Ave, du Gloria, du Credo, et par l'oraison suivante.
V. Priez pour nous, Ô sainte Philomène,
R. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.
Prions
Nous vous supplions, Seigneur, de nous accorder le pardon de nos fautes par l'intercession de la Bienheureuse Philomène, vierge et martyre, qui vous a toujours été agréable par le mérite de sa chasteté et par le bon usage de la force que vous lui aviez donnée. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ.
V. Bénissons le Seigneur.
R. Rendons grâces à Dieu.
Ière PRIÈRE, pour les deux premiers jours :
" Vierge très pure, très fidèle disciple de l'Évangile, et invincible Martyre de Jésus-Christ ; ornée de tant de grâces, de pureté ; enrichie d'une foi si vive et d'une force si rare, au milieu d'un monde infidèle et corrompu, et surtout à Rome, qui était le centre de l'idolâtrie, de la tyrannie et de l'infernale superstition, et qui était l'école des vices les plus monstrueux, puisque cette ville idolâtre n'était qu'un affreux amas d'erreurs et de crimes ; sainte Philomène, vous qui dans cette capitale du monde, païenne et corrompue, vous vous conservâtes dans une foi inébranlable et une inviolable pureté jusqu'au dernier soupir pour votre Époux céleste, lui sacrifiant votre vie par tant de martyres douloureux, nous vous supplions, par l'éminence de vos mérites, de nous obtenir auprès du trône miséricordieux du Père céleste le don de la persévérance dans la foi, de la pureté de l'esprit et du corps, et d'une sainte mort dans la grâce de Jésus-Christ. Ainsi soit-il."
Pater, Ave, Gloria, Credo.
IIe PRIÈRE, pour le troisième et le quatrième jour :
" Ô courageuse Martyre et très fidèle Vierge de Jésus-Christ ! Pour conserver sans tache le trésor de la pureté et de la foi en votre Dieu, vous souffrîtes d'être jetée avec une ancre au cou, dans les eaux du Tibre, dont votre céleste Époux vous préserva : nous réclamons humblement votre intercession, afin qu'au milieu des eaux, des amertumes, des anxiétés et des tribulations qui nous environnent sans cesse, nous soyons revêtus de force et préservés du naufrage de nos péchés et de la mort de nos âmes, et que nous ne soyons pas submergés par les eaux des tentations. Ainsi soit-il."
Pater, Ave, Gloria, Credo.
IIIe PRIÈRE, pour le cinquième et le sixième jour :
" Épouse chérie et intrépide Martyre de Jésus-Christ ! Pour conserver votre virginité, votre foi héroïque vous fit endurer avec constance un supplice ignominieux en présence de tant de païens vicieux, dans les rues de Rome idolâtre. De plus, pour la gloire de la virginité et de la doctrine évangélique, vous renonçâtes aux plaisirs de la chair, aux délices et aux pompes du monde, et même à la vie de votre chaste corps. Vous souffrîtes encore la cruelle flagellation de fouets de cuirs armés d'anneaux de métal; et sous un déluge de coups meurtriers, vous fûtes couverte de plaies et vous devîntes parfaitement semblable au Sauveur que vous aimiez si ardemment. Hélas ! Nous avouons que nous sommes de misérables pécheurs, des mondains sensuels et délicats ; obtenez-nous la force nécessaire pour vivre loin de la fange du péché, et pour mourir comme vous, avec fermeté, dans la foi de l'Église romaine, dût-il nous en coûter des peines, le déshonneur et la mort même. Ainsi soit-il."
Pater, Ave, Gloria, Credo.
IVe PRIÈRE, Pour le septième et le huitième jour :
" Ô Vierge courageuse ! Qui défendîtes si courageusement votre virginité et la foi de Jésus-Christ, par cette joie surnaturelle et cette force invincible dont vous fîtes preuve en sacrifiant trois fois votre corps virginal, pour persévérer dans la doctrine de Jésus-Christ ; vous estimant heureuse d'être à trois reprises cruellement percée de dards, et vous enrichissant d'autant de palmes et de couronnes, que vous reçûtes de blessures mortelles pour votre céleste époux, priez pour nous qui observons si faiblement la loi de Dieu ; obtenez-nous la force nécessaire pour arriver au salut éternel, afin que nous souffrions avec une sainte résignation, les douleurs et les peines de cette vie, et que nous résistions à toutes les attaques de l'enfer. Ainsi soit-il."
Pater, Ave, Gloria, Credo.
Ve PRIÈRE, pour le neuvième jour :
" Illustre Martyre et glorieuse Épouse de Jésus-Christ ! Ce Dieu sauveur, qui vous destinait une couronne éminente, ne se contenta pas des peines atroces que vous aviez endurées, il ne permit pas que vous y succombassiez ; pour multiplier vos souffrances au milieu de tant de blessures et de douleurs, il vous prolongea la vie comme un moyen d'augmenter vos triomphes et vos lauriers immortels, et vous rendit ainsi plus admirable aux yeux des esprits célestes, et plus élevée entre les glorieux martyrs. Par suite de ces divins conseils, vous fûtes de nouveau chargée de chaînes, et traduite au tribunal des tyrans de Rome ; votre angélique pureté et votre sainte foi furent mises à de nouvelles épreuves ; et vos barbares ennemis, désespérant de vaincre la constance héroïque de votre cœur, vous condamnèrent à être décapitée ; dernier supplice qui en mettant le comble à votre mérite et à votre couronne, vous introduisit triomphante et glorieuse dans le royaume de votre époux."
" Nous vous supplions, en terminant cette neuvaine, de jeter sur nous un regard de charité. Daignez nous montrer, par une marque de bonté, que nos pauvres hommages vous ont été agréables, et obtenez-nous les grâces que nous désirons pour notre salut, et toutes celles dont vous voyez que nous avons besoin pour être préservés de la mort éternelle que nous avons si souvent méritée. Faites que, dans cette espérance, nous respirions dans tous nos troubles, c'est-à-dire, que votre douce charité nous anime et nous console. Nous bénissons de tout notre coeur et avec le plus profond respect la très sainte et auguste Trinité, qui vous prévint sur la terre de tant de bénédictions, qui vous orna de tant de pureté, de foi et de force, qui vous éleva à une si haute sainteté, vous soutint au milieu de vos ennemis et de si horribles supplices, et vous conduisit en triomphe à la gloire éternelle. Nous rendons encore grâces à la très pure vierge Marie, mère de Dieu, reine des martyrs, qui, comme une mère tendre, vous aida de sa puissante protection au milieu de vos tourments. Sainte Martyre, nous espérons que vous nous protégerez vous-même, maintenant que nous honorons vos mérites et votre glorieux triomphe. Ainsi soit-il."
On pourrait aussi se borner à réciter, tous les jours de la neuvaine, la prière suivante, en la faisant précéder et suivre de l'invocation et de l'oraison données plus haut.
PRIÈRE
" Ô très sainte Philomène ! Thaumaturge de notre siècle, me voici prosterné devant ce trône auguste où la très sainte Trinité vous a placée, avec la double couronne de la virginité et du martyre ; je lève vers vous mes mains suppliantes. Quel spectacle de force et de constance ne donnâtes-vous pas au ciel, à la terre, aux anges et aux hommes, lorsque les Césars persécutaient les brebis du Sauveur, et empourpraient l'Église du sang de tant de millions de martyrs ! L'ancre pesante qu'on attacha à votre cou, les eaux mêmes dans lesquelles on vous précipita n'ébranlèrent pas un seul instant la foi que vous aviez jurée à votre céleste époux. Lorsque la main cruelle du bourreau, armée d'un fouet meurtrier, déchirait votre corps virginal, et en faisait ruisseler le sang, on ne vous vit ni pâlir, ni pleurer ; les dards, les chaînes, le glaive même qui acheva le sacrifice, et accéléra pour votre belle âme la juste possession de la gloire, ne purent abattre un seul moment l'ardeur de votre cœur généreux pour l'amant céleste qui était votre tout et vos délices. Maintenant le Seigneur, en récompense de vos peines atroces, pour la gloire de ce lis que vous conservâtes intact au milieu des épines du monde, et pour la confusion de l'impiété de ce siècle corrompu, ce Dieu magnifique a voulu vous glorifier par la puissance de votre intercession. Du levant au couchant, du midi au nord, le bruit de vos prodiges se fait entendre ; les peuples vont en foule se réfugier sous les ailes de votre protection."
" C'est donc à vous, je le répète, c'est à vous, illustre Martyre, que je m'adresse ; je vous tends mes mains suppliantes. Ah ! Du haut de la céleste patrie, daignez jeter un regard sur moi votre humble serviteur (ou servante). Ô vierge pure! Ô sainte martyre Philomène ! Soulagez-moi dans mes afflictions, fortifiez-moi dans les tentations; préservez-moi dans les persécutions ! Aidez-moi dans tous les dangers, mais surtout à l'heure terrible de la mort, lorsque j'aurai à combattre toutes les puissances de l'enfer ; à ce moment redoutable et décisif d'où dépend mon éternité. Dans ces jours ténébreux protégez la sainte Église, que l'impie menace à main armée ; déjouez les desseins des méchants, et maintenez les fidèles dans l'unité de l'Église catholique. Voilà ce que je demande par votre intercession. Ainsi soit-il."
AUTRE NEUVAINE
Se mettre en la présence de Dieu... Invoquer les lumières de L'Esprit Saint (on peut réciter le Veni Creator)...
Réciter trois fois Pater, Ave, Credo, Gloria.
Puis faire cette prière :
" Je m'adresse à vous, illustre martyre, je tends vers vous mes mains suppliantes. Ah ! Du haut de la céleste patrie, daignez jeter un regard sur moi. Ô Vierge pure !
Ô sainte martyre Philomène ! Soulagez-moi dans mes afflictions; fortifiez-moi dans les tentations ; préservez-moi dans les persécutions ; aidez-moi dans tous les dangers, mais surtout à l'heure terrible de la mort, lorsque j'aurai à combattre toutes les puissances de l'enfer, à ce moment redoutable et définitif d'où dépend mon éternité. Dans ces jours ténébreux protégez la sainte Église, que l'impie menace à main armée ; déjouez les desseins des méchants, et maintenez les fidèles dans l'unité de l'Église catholique. Voilà ce que je demande par votre intercession. Ainsi soit-il.
Je vous salue, ô innocente Philomène, qui, pour l'amour de Jésus, avez conservé dans tout son éclat le lis de la virginité.
Je vous salue, ô illustre Philomène, qui avez si courageusement donné votre sang pour la défense de la loi de Jésus-Christ.
Je vous salue, ô célèbre Philomène, arche du salut, qui opérez partout les plus grands prodiges."
Après cette prière, on fera la méditation indiquée pour chaque jour, et on terminera par la prière suivante :
V. Priez pour nous, sainte Philomène.
R. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.
Méditation du premier jour
Considérons que sainte Philomène fut vierge et toujours pure... au milieu du monde... malgré la persécution... jusqu'à la mort...
Et moi... N'ai-je pas lieu d'être humilié ?... Ai-je conservé mon innocence ?... Y ai-je attaché quelque prix ?
Résolution pratique : Je me mettrai en garde contre les affections trop naturelles : Je demanderai tous les jours pardon à Dieu de l'avoir tant de fois offensé.
Méditation du deuxième jour
Considérons ce que fit sainte Philomène pour conserver sa pureté... Elle mortifia ses inclinations... elle lutta. Elle fut modeste dans ses sens, dans ses yeux... dans ses oreilles... Elle se tint éloignée du monde et des occasions dangereuses... L'ai-je imitée dans cette vigilance sur moi-même ?
Résolution pratique : Je veillerai sur mes yeux, afin de ne jamais les arrêter sur un objet dangereux. J'éviterai les occasions qui m'ont été funestes...
Méditation du troisième jour
Considérons encore comment sainte Philomène eut et accrut l'amour qu'elle avait pour la pureté parfaite... Elle usa des sacrements... Elle puisa dans la communion fréquente le germe de la virginité... N'ai-je pas les mêmes moyens?...
Résolution pratique : Je m'unirai un peu plus à Dieu par la prière, la méditation, la réception des sacrements. Je me souviendrai que mes membres sont les membres de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit.
Méditation du quatrième jour
Considérons que sainte Philomène fut martyre… elle eut à souffrir... beaucoup... jusqu'à la mort... elle fut patiente dans les tourments. J'ai rarement à souffrir... peu aussi.., ai-je de la patience, de la résignation ?
Résolution pratique. Pour souffrir un peu, je me priverai de toute superfluité ; je ferai le sacrifice de quelques plaisirs permis ; de tout ce qui flatte la nature... Je supporterai du moins avec patience les douleurs et les contrariétés que le Seigneur m'enverra.
Méditation du cinquième jour
Considérons que sainte Philomène souffrit le martyre pour Jésus-Christ. On voulait lui faire quitter la religion, renier son baptême. Le démon, le monde, la chair me demandent la même chose… J'ai renoncé aux pompes du démon, aux vanités du monde, et cependant n'ai-je pas la faiblesse d'abandonner mon devoir pour le plaisir ?
Résolution pratique : Je vaincrai le respect humain; je ne rougirai plus d'être pieux; je me séparerai des réunions mondaines avec courage : il vaut mieux plaire à Dieu qu'aux hommes.
Méditation du sixième jour
Considérons que sainte Philomène mit en pratique cette parole de Jésus-Christ :
Celui qui ne hait pas sa vie même pour l'amour de moi, celui-là n'est pas mon disciple. Elle sacrifia tout, même ce qu'elle devait le plus aimer. Suis-je disposé à sacrifier mon repos, ma fortune, mes parents, ma vie pour Jésus-Christ ?
Résolution pratique : Je m'habituerai à me détacher des richesses par l'aumône et par la générosité envers l'Église... Je n'aimerai les créatures que pour Dieu et selon Dieu.
Méditation du septième jour
Considérons que sainte Philomène, pour souffrir le martyre, eut à essuyer les railleries, les sarcasmes, les injures de ses persécuteurs... des bourreaux... des spectateurs. Néanmoins elle resta ferme et joyeuse. Si le monde nous dédaigne, nous méprise, nous persécute, en sommes-nous peinés ? Ne cherchons-nous pas un peu l'honneur, et l'estime des autres ?
Résolution pratique : Si le monde nous dédaigne, cherchons la société de Jésus, dans les pauvres que nous soulagerons, dans les enfants que nous instruirons... Je resterai calme, et je ferai même effort pour remercier Dieu, si l'on me dit des paroles brusques, grossières.
Méditation du huitième jour
Considérons que sainte Philomène, en mourant pauvre à toutes les choses d'ici-bas, entra dans la joie de la vie éternelle. Elle savait qu'en perdant des biens périssables, elle recevrait la couronne de justice. Pensons-nous au ciel, quand il s'agit de faire un sacrifice ? Pour avoir tout, perdons tout.
Résolution pratique : Je m'imposerai, dès aujourd'hui, un sacrifice volontaire. Il faut acheter un peu le ciel... Je remplirai exactement tous mes devoirs...
Méditation du neuvième jour.
Considérons que sainte Philomène, pour avoir tout sacrifié à Jésus-Christ, reçoit, non seulement la couronne éternelle, mais de grands honneurs sur la terre. Quelle puissance ! Quels miracles ! Que de pèlerins ! Que de triomphes ! Que d'hommages à ses statues, à ses reliques ! C'est ainsi que Dieu récompense. Soyons fidèles. Ayons courage.
Résolution pratique : J'imiterai les saints, les honorant, les imitant, les invoquant... Aujourd'hui je ferai une œuvre de charité, une aumône en l'honneur de sainte Philomène... Je veux me disposer à faire pour sa fête une bonne et sainte communion.
AUTRES PRIERES
LITANIES DE SAINTE PHILOMÈNE
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, qui êtes Dieu, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, Reine des vierges, priez pour nous.
Sainte Philomène, dont la naissance récompensa la foi de vos parents, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui, jeune encore, avez été agréable à Dieu par votre fidélité, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui avez voué votre virginité à Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Philomène, dont le cœur fut constamment en garde contre la vanité, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui n'avez désiré de plaire qu'à Jésus-Christ, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui avez vaincu la chair et le monde, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui avez fait généreusement à Dieu le sacrifice de vos affections les plus chères, priez pour nous.
Sainte Philomène, inébranlable à la vue des tourments, priez pour nous.
Sainte Philomène, pleine de confiance en la grâce de Dieu, priez pour nous.
Sainte Philomène, consolée dans votre prison par la divine Marie, priez pour nous.
Sainte Philomène, flagellée comme votre divin Époux, priez pour nous.
Sainte Philomène, percée d'une foule de dards, priez pour nous.
Sainte Philomène, guérie miraculeusement dans la prison, priez pour nous.
Sainte Philomène, conduite pour être précipitée dans le Tibre, priez pour nous.
Sainte Philomène, miraculeusement transportée par les Anges sur le rivage, priez pour nous.
Sainte Philomène, inaccessible, par la protection divine, aux dards enflammés, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui, par votre admirable constance, avez converti les témoins de vos divers supplices, priez pour nous.
Sainte Philomène, qui avez livré généreusement votre tête au fer des bourreaux, priez pour nous.
Sainte Philomène, puissante dans le ciel, priez pour nous.
Du malheur de perdre la foi, préservez-nous, sainte Philomène.
D'une coupable indifférence pour la Religion, préservez-nous, sainte Philomène.
De la lâcheté dans le service de Dieu, préservez-nous, sainte Philomène.
D'une volonté faible dans le bien, préservez-nous, sainte Philomène.
De l'amour du monde et de la vanité, préservez-nous, sainte Philomène.
Du démon de l'orgueil, préservez-nous, sainte Philomène.
Du démon de l'impureté, préservez-nous; sainte Philomène.
De l'amour désordonné de nous-mêmes, préservez-nous, sainte Philomène.
Du respect humain, préservez-nous, sainte Philomène.
Du danger des mauvais exemples, préservez-nous, sainte Philomène.
Du malheur de préférer le service du monde au service de Dieu, préservez-nous, sainte Philomène.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, faites-nous miséricorde.
V. Priez pour nous, sainte Philomène,
R. Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.
Oraison
" Ô glorieuse Vierge ! Ô invincible Martyre sainte Philomène, vous qui, pour l'amour de Jésus, votre Époux, avez enduré tant de tourments, donné votre sang et votre vie en confirmation de cette Religion que j'ai moi-même le bonheur de professer, obtenez-moi une foi vive, une espérance ferme, une ardente charité, et la grâce de... (chacun la spécifie), afin que, servant fidèlement notre Seigneur Jésus-Christ pendant la vie, j'ai le bonheur de le posséder après la mort. Ainsi soit-il."
" Saluts à l'innocente, illustre et célèbre Philomène.
Je vous salue, ô innocente Philomène ! qui, pour l'amour de Jésus, avez conservé dans tout son éclat le lis de la virginité.
Je vous salue, ô illustre Philomène ! qui avez donné si courageusement votre sang pour la défense de la loi de Jésus-Christ.
Je vous salue, ô célèbre Philomène ! arche de salut, qui opérez partout les plus grands prodiges."
Pour demander le détachement du monde
" Ô sainte Philomène, vous vous êtes entièrement détachée du monde où vous appelaient la famille, les plaisirs, les honneurs et la puissance ; et moi je suis les maximes de corruption qu'il professe ; je crains ses railleries, je désire avoir part à ses applaudissements. Ô sainte Philomène, aidez-moi à quitter ces affections frivoles, à briser ces biens criminels. Mais, pour obtenir votre secours, je m'engage à un sacrifice... Tel jour, je me priverai de tel plaisir... je m'abstiendrai de telle... réunion... faites-moi la grâce d'être fidèle à cette résolution."
Pour obtenir la sainte vertu de pureté
" Je vous salue, ô vous qui êtes restée pure, et qui n'avez pas craint de sacrifier votre vie pour sauver votre virginité. Vous me montrez bien en quelle estime je dois avoir cette vertu. Bien des ennemis s'efforcent de me l'enlever, ou du moins d'en tenir l'éclat. Ô aimable et courageuse Vierge, veillez sur moi du haut du Ciel, afin que je sois chaste... Pour vous honorer, pour obtenir plus sûrement votre protection, dès aujourd'hui je prendrai les mesures qui me sont recommandées : Défiance de moi-même, modestie, fréquentation des sacrements, fuite des occasions... Ô chaste Philomène, priez pour moi."
Pour demander l'esprit de sacrifice
" Ô admirable sainte Philomène, vous avez sacrifié votre jeunesse, sacrifié votre avenir, sacrifié votre vie au milieu des tourments, pour rester fidèle à Dieu ; vous avez même exposé vos parents à la fureur d'un tyran. Et moi, j'obéis à peine quand il n'en coûte rien ni à la chair, ni à la nature. Aidez-moi, ô bonne sainte, afin que je sache porter ma croix, accepter l'infortune, me résigner à la maladie ; aidez-moi à accomplir les devoirs même les plus pénibles ; à me montrer franchement chrétien ; à fouler aux pieds le respect humain. Je suis prêt à tout souffrir plutôt que d'offenser Dieu. Seigneur, donnez-moi la grâce d'être fidèle ; je vous le demande par les mérites de sainte Philomène."
Pour demander la persévérance dans le bien
" Vous avez été sauvée, ô illustre martyre, parce que vous avez persévéré jusqu'à la fin. Les supplices qui se sont succédé n'ont jamais lassé votre constance. Et moi, combien de fois ne m'est-il pas arrivé de regarder en arrière ! Souvent, à l'occasion d'une retraite, au Carême, lors d'une grande solennité, j'ai fait sur moi-même un sérieux retour, et pris des résolutions que je disais sincères et fermes. Un instant après je succombais. J'avais dit adieu au monde, et je courais vers lui; j'avais promis de fuir les lieux où ma vertu avait fait plusieurs naufrages, et j'y volais à la première occasion. Cette fois, je veux devenir vertueux, fixer ma volonté, vaincre mon inconstance. Sainte Philomène, vous qui avez été si forte et si courageuse, je vous en conjure, venez à mon secours."
Pour demander une grâce temporelle
" Vous m'avez bien appris, Ô sainte Philomène, que je dois mépriser ce que le monde admire et recherche ; toutefois, vous avez si souvent exaucé vos dévots serviteurs, guéri tant de malades et consolé tant d'affligés, que j'ai recours avec confiance à vous pour vous demander de m'obtenir (spécifier la faveur désirée)... Si cependant ce bien temporel devait nuire à mon salut, je prie Dieu de rejeter ma demande. Je m'unis en tout à la sainte volonté de Dieu..."
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jeudi, 29 février 2024
29 février. Saint Dosithée de Gaza, solitaire. VIe.
" Obéissez à vos chefs et soyez-leur soumis ; car ils veillent, sachant bien qu'il doivent rendre compte de vos âmes."
Saint Paul, Heb., XIII.

Saint Dosithée de Gaza. D'après une ancienne icône byzantine.
Dosithée vient de Dosis, Don, et de Théos, Dieu, c'est-à-dire le don de Dieu, donc l'équivalent grec du latin Dieudonné.
On ne connaît rien du lieu ni du temps où il vécut. Il fut élevé par un des principaux officiers de l’armée de l’empereur d’Orient. Dosithée reçut de son officier une éducation mondaine un peu molle et relâchée. Il était sensible et ne manquait pas de générosité. Cependant, l’officier ne l’informa jamais de la vie des Chrétiens.
Dosithée eut un jour l’occasion d’aller à Jérusalem et il profita de ce séjour pour visiter Gethsémani. Là, Dosithée se trouva tout à coup devant un tableau qui représentait les supplices des damnés. Une dame qui était là lui expliqua ce que signifiait tout ce qui était représenté sur le tableau. Dosithée lui exprima sa crainte de subir tous ces supplices. Alors la dame lui dit que pour éviter cela, il devait jeûner et prier.
Il fut si troublé par cette rencontre qu’il changea subitement de régime alimentaire et passa le plus clair de son temps à genoux en prière et son aspiration à mener une vie sainte le conduisit bientôt jusqu’à celui de Gaza en Palestine, chez l’abbé Séride (Séridos), qui gouvernait un monastère de plusieurs dizaine de Cénobites et qui faisait aussi office d'hôpital.
L’abbé, voyant un jeune homme si “ bien fait, délicat, vêtu en habit de cour ” craignait que ce ne fût une passade, une velléité de nanti. Il fit donc examiner Dosithée par saint Dorothée, un des moines-infirmiers.
A toutes les questions que posait Dorothée, Dosithée répondait invariablement “ je veux me sauver ”. Un peu décontenancé, Dorothée passa rapporta à Séride que Dosithée était indemne de tout vice, mais qu’il faudrait le ménager.
Dorothée conseilla alors à Dosithée de manger ce qu’il voulait et autant qu’il voulait. Celui-ci lui répondit qu’il avait mangé un pain de cinq livres, soit deux kilos et demi. Dorothée.
Comme Dorothée était infirmier-chef, il prit Dosithée à son service, le sachant doux, propre, soigneux et serviable.
Seulement, Dosithée, quand il n’obtenait pas le résultat voulu, se fâchait et certains mots un peu rudes lui échappaient. Chaque fois que cela lui arrivait, il allait dans sa cellule et fondait en larmes, prosterné contre terre, regrettant ses emportements.
Dorothée venait alors le trouver pour le calmer et l’encourager à persévérer puis lui rappeler qu’il n’avait pas à crier contre les malades car c’étaient des représentants de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après bien des soupirs, Dosithée repartait travailler car il avait une confiance absolue en son maître.
Une fois où Dosithée s’était encore laissé emporter brusquement à la suite d’une bêtise qu’il avait faite, Dorothée lança :
“ Ici, il ne manque plus qu’une bouteille de vin, ça irait bien avec l’ambiance !”
Dosithée obéit à la lettre et courut chercher une bouteille de vin pour l’apporter à Dorothée.
“ Oh insensé, dit Dorothée, j’ai dit cela parce que vous parlez comme un Goth qui crie toujours pour rien, comme s’il était ivre !”
Dosithée rapporta la bouteille dans la cave.
Dorothée s’occupa alors à l’endurcir un peu. Malgré les précautions qu’il prenait, Dosithée subissait difficilement ces épreuves qui devaient servir à renforcer son humilité. Un jour il cracha du sang, atteint par la maladie.
A la dernière extrémité, il demanda à Dorothée :
“ Père permettez-moi de sortir de mon exil.”
Dorothée, lui dit en pleurant :
“ Allez en paix mon fils.”
Et Dosithée expira en toute obéissance.
Un peu plus tard, Dosithée apparut à Dorothée. Il était au milieu d’une troupe de saints et resplendissait de lumière et de gloire.
Certains auteurs anciens attribuent à saint Dosithée la fameuse oraison :
" Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, Ayez pitié de moi, pauvre pécheur."
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dimanche, 04 février 2024
Dimanche de la Sexagésime.
- Dimanche de la Sexagésime.
Dans le cours de la semaine qui commence aujourd'hui, la sainte Eglise présente à notre attention l'histoire de Noé et du déluge universel. Malgré la sévérité de ses avertissements, Dieu n'a pu obtenir la fidélité et la soumission de la race humaine. Il est contraint d'employer un châtiment terrible contre ce nouvel ennemi. Toutefois, il a trouvé un homme juste, et, dans sa personne, il fera encore alliance avec nous. Mais auparavant il veut faire sentir qu'il est le souverain Maître, et que tout aussitôt qu'il lui plaira, l'homme si fier d'un être emprunté s'abîmera sous les ruines de sa demeure terrestre.
Nous placerons d'abord ici, comme base des enseignements de cette semaine, quelques lignes du Livre de la Genèse empruntées à l'Office des Matines de ce jour :
Lecture du Livre de la Genèse. Chap. VI.
Noé trouve grâce aux yeux de Dieu.
Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.
" Dieu voyant que la malice des Hommes était extrême sur la terre, et que toutes les pensées de leur coeur se tournaient continuellement vers le mal, il se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre. Et, étant touché de douleur jusqu'au fond du cœur, Il dit :
" J'exterminerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé ; je les détruirai tous, depuis l'homme jusqu'aux animaux, depuis ceux qui rampent sur la terre jusqu'aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits."
Mais Noé trouva grâce devant le Seigneur.
Voici les enfants qu'engendra Noé : Noé, homme juste et parfait dans toute la conduite de sa vie, marcha avec Dieu, et engendra trois fils, Sem, Cham et Japheth. Or la terre était corrompue devant Dieu, et remplie d'iniquité. Dieu, voyant donc cette corruption de la terre (car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre), dit à Noé :
" J'ai résolu de faire périr tous les hommes ; ils ont rempli la terre d'iniquité ; je les exterminerai avec la terre."
La catastrophe qui fondit alors sur l'espèce humaine fut encore le fruit du péché ; mais du moins un homme juste s'était rencontré,et le monde fut sauvé d'une ruine totale par lui et par sa famille. Après avoir daigné renouveler son alliance, Dieu permit que la terre se repeuplât, et que les trois enfants de Noé devinssent les pères des trois grandes races qui l'habitent.
Noé trouve grâce aux yeux de Dieu.
Heures à l'usage de Rome. XVe.
Tel est le mystère de l'Office durant cette semaine. Celui de la Messe, qui est figuré par le précédent, est plus important encore. Dans le sens moral, la terre n'est- elle pas submergée sous un déluge de vices et d'erreurs ? Il faut qu'elle se peuple d'hommes craignant Dieu, comme Noé. Cette génération nouvelle, c'est la Parole de Dieu, semence de vie, qui la suscite. C'est elle qui produit ces heureux enfants dont parle le Disciple bien-aimé, " qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu même " (Johan. I, 13.).
Efforçons-nous d'entrer dans cette famille, et, si nous en sommes déjà membres, gardons chèrement notre bonheur. Il s'agit, dans ces jours, d'échapper aux flots du déluge, de chercher un abri dans l'arche du salut ; il s'agit de devenir cette bonne terre dans laquelle la semence fructifie au centuple. Songeons à fuir la colère à venir, pour ne pas périr avec les pécheurs, et montrons-nous avides de la Parole de Dieu qui éclaire et convertit les âmes (Psalm. XVIII.).
Chez les Grecs, ce Dimanche est le septième jour de la semaine qu'ils appellent Apocreos, laquelle commence dès le lundi qui suit notre Dimanche de la Septuagésime. Cette semaine est ainsi nommée dans l’Église grecque, parce qu'elle annonce et précède immédiatement celle où l'on suspend déjà l'usage de la viande, jusqu'à la fête de Pâques.
A LA MESSE
A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs. C'est autour du tombeau du Docteur des nations, du propagateur de la divine semence, du père de tant de peuples par sa prédication, que l'Eglise Romaine réunit les fidèles en ce jour où elle veut leur rappeler que le Seigneur a épargné la terre, à la condition qu'elle se peuplera de vrais croyants et d'adorateurs de son Nom.
EPITRE
Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Corinthiens. II, Chap. XI.
Saint Paul. Filippo di Memmo. XIVe.
" Mes Frères, étant sages comme vous êtes, vous supportez sans peine les imprudents, puisque vous souffrez même qu'on vous réduise en servitude, qu'on vous dévore, qu'on vous pille, qu'on s'élève contre vous, qu'on vous frappe au visage. C'est à ma confusion que je rappelle cela : puisque nous passons pour avoir été trop faibles dans des épreuves semblables. Cependant aucun d'eux - excusez mon imprudence - ne saurait se glorifier de rien que je ne le puisse aussi moi-même.
Sont-ils Hébreux ? Je le suis aussi. Sont-ils enfants d'Israël ? Je le suis aussi. Sont-ils de la race d'Abraham ? J'en suis aussi. Sont-ils ministres du Christ ? Au risque de passer encore comme imprudent, j'ose dire que je le suis plus qu'eux : j'ai plus souffert de travaux, plus enduré de prisons, plus reçu de coups. Souvent je me suis vu près de la mort.
J'ai reçu des Juifs, à cinq différentes fois, trente-neuf coups de fouet ; j'ai été battu de verges trois fois ; j'ai été lapidé une fois ; j'ai fait naufrage trois fois ; j'ai passé un jour et une nuit au fond de la mer. Fréquemment j'ai été en péril dans les voyages ; en péril sur les fleuves ; en péril du côté des voleurs ; en péril de la part de ceux de ma nation ; en péril de la part des gentils ; en péril dans les villes ; en péril dans les solitudes ; en péril sur la mer ; en péril au milieu des faux frères.
J'ai souffert toutes sortes de travaux et de fatigues, des veilles fréquentes, fa faim, la soif, des jeûnes réitérés, le froid et la nudité. A ces maux extérieurs ajoutez mes préoccupations quotidiennes, la sollicitude de toutes les Eglises. Qui est faible, sans que je me fasse faible avec lui ? Qui est scandalisé, sans que j'en sois brûlé ? Que s'il est permis de se glorifier, je me glorifierai de mes souffrances.
La flagellation de saint Paul et de saint Silas.
Louis Testelin. Cathédrale Notre Dame. Paris. XVIIe.
Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui est béni dans tous les siècles, sait que je ne mens pas. A Damas, le gouverneur de la province pour le roi Arétas faisait faire la garde dans la ville pour m'arrêter prisonnier : on me descendit par une fenêtre, le long de la muraille, dans une corbeille ; et je m'échappai ainsi de ses mains. S'il faut se glorifier, quoique cela ne convienne pas, je viendrai maintenant aux visions et aux révélations du Seigneur. Je connais en Jésus-Christ un homme qui fut ravi, il y a quatorze ans ; si ce fut en son corps, ou hors de son corps, je n'en sais rien, Dieu le sait ; qui fut ravi, dis-je, jusqu'au troisième ciel. Et je sais que cet homme, si ce fut en son corps, ou hors de son corps, je ne sais, Dieu le sait ; que cet homme, dis-je, fut ravi dans le Paradis, et qu'il entendit des paroles mystérieuses qu'il n'est pas permis à un homme de rapporter. Je pourrais me glorifier en parlant d'un tel homme ; mais, pour moi, je ne veux me glorifier que dans mes infirmités.
Ce ne serait cependant pas imprudence à moi, si je voulais me glorifier, car je dirais la vérité ; mais je me retiens, de peur que quelqu'un ne m'estime au-dessus de ce qu'il voit en moi, ou de ce qu'il entend de moi. Aussi, de peur que la grandeur des révélations ne me causât de l'orgueil, il m'a été donné un aiguillon dans ma chair, un ange de Satan, qui me donne des soufflets. C'est pourquoi j'ai prié trois fois le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a répondu : " Ma grâce te suffit " ; car la force se perfectionne dans l'infirmité. Je prendrai donc plaisir à me glorifier dans mes infirmités, afin que la force du Christ habite en moi."
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. VIII.
Parabole du semeur. Pieter Brueghel l'Ancien. XVIe.
" En ce temps-là, le peuple s'assemblant en foule et se pressant de sortir des villes pour venir au-devant de Jésus, il leur dit en parabole :
" Celui qui sème s'en alla pour semer son grain ; et comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, où elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent. Et une autre partie tomba sur la pierre, et, après avoir levé, elle sécha, parce qu'elle n'avait point d'humidité. Et une autre tomba au milieu des épines, et les épines croissant avec la semence l'étouffèrent. Et une autre partie tomba sur de la bonne terre, et ayant levé, elle porta du fruit, cent pour un."
En disant cela, il criait :
" Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre."
Ses disciples l'interrogèrent sur le sens de cette parabole, et il leur dit :
" Pour vous, il vous a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu ; mais pour les autres, il ne leur est proposé qu'en paraboles, de sorte que voyant ils ne voient point, et qu'entendant ils ne comprennent point.
Voici donc le sens de cette parabole : La semence est la Parole de Dieu. Ceux qui sont marqués par ce qui tombe le long du chemin, sont ceux qui écoutent ; mais le diable vient, et enlève de leurs cœurs la parole, de peur que croyant, ils ne soient sauvés.
Ceux qui sont marqués par ce qui tombe sur la pierre, sont ceux qui, ayant écouté la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n'ont point de racines ; ils croient pour un temps, et ils se retirent à l'heure de la tentation.
Cequi tombe dans les épines, ce sont ceux qui écoutent la parole, mais en qui elle est étouffée par les inquiétudes, par les richesses et parles plaisirs de cette vie, et ils ne portent point de fruit.
Enfin, ce qui tombe dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant écouté la parole, la conservent dans un cœur bon et excellent, et portent du fruit par la patience."
Parabole du semeur. Heures à l'usage de Rouen. XVe.
Saint Grégoire le Grand observe avec raison que la parabole qui vient d'être lue n'a pas besoin d'explication, la Sagesse éternelle s'étant chargée elle-même de nous en donner la clef. Il ne nous reste donc plus qu'à profiter d'un si précieux enseignement, et qu'à recevoir en bonne terre la semence céleste qui tombe sur nous. Combien de fois jusqu'ici ne l'avons-nous pas laissée fouler aux passants, ou enlever par les oiseaux du ciel ? Combien de fois ne s'est-elle pas desséchée sur le rocher de notre cœur, ou n'a-t-elle pas été étouffée par de funestes épines ? Nous écoutions la Parole ; elle avait pour nous un certain charme qui nous rassurait. Souvent même nous la reçûmes avec joie et empressement ; mais, si quelquefois elle germait en nous, sa croissance était bientôt arrêtée.
Désormais, il nous faut produire et fructifier ; et telle est la vigueur de la semence qui nous est confiée, que le divin Semeur en attend cent pour un. Si la terre de notre cœur est bonne, si nous avons soin de la préparer en mettant à profit les secours que nous offre la sainte Eglise, la moisson sera abondante au jour où le Seigneur, s'échappant vainqueur de son sépulcre, viendra associer ses fidèles croyants aux splendeurs de sa Résurrection.
HYMNE A VÊPRES
Nous terminerons cette journée par une Hymne que nous empruntons aux anciens Bréviaires des Eglises de France, et qui exprime les sentiments dont les fidèles doivent être animés au temps de la Septuagésime :
Parabole du semeur. Missel à l'usage de Saint-Didier d'Avignon. XIVe.
" Les jours de liberté s'écoulent ; ceux des saintes observances arrivent : le temps de la sobriété est proche ; d'un cœur pur cherchons le Seigneur.
Nos cantiques et nos louanges apaiseront celui qui est notre juge et Seigneur : il ne refuse pas le pardon, lui qui veut que l'homme implore de lui sa grâce.
Après avoir subi le joug de Pharaon, après avoir porté les chaînes de la cruelle Babylone, que l'homme affranchi cherche la céleste Jérusalem, sa patrie.
Fuyons de cet exil ; cherchons demeure auprès du Fils de Dieu : la plus grande gloire pour le serviteur, c'est de devenir le cohéritier de son maître.
Ô Christ ! Soyez notre guide dans cette nouvelle souvenez-vous que nous sommes vos brebis pour lesquelles, ô pasteur, vous avez donné votre vie et subi la mort.
Au Père, au Fils, soit la gloire ; honneur pareil au saint Paraclet ; comme il était au commencement, et maintenant et toujours.
Amen."
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dimanche, 28 janvier 2024
Dimanche de la Septuagésime.
- Dimanche de la Septuagésime.
La Cité de Dieu. Bourgogne. XVe.
La sainte Eglise nous rassemble aujourd'hui pour repasser avec nous le lamentable récit de la chute de notre premier père. Un si affreux désastre nous fait déjà pressentir le dénouement de la vie mortelle du Fils de Dieu fait homme, qui a daigné prendre sur lui la charge d'expier la prévarication du commencement et toutes celles qui l'ont suivie. Pour être en mesure d'apprécier le remède, il nous faut sonder la plaie. Cette semaine sera donc employée à méditer la gravité du premier péché, et toute la suite des malheurs qu'il a entraînés sur l'espèce humaine.
Autrefois l'Eglise lisait en ce jour, à l'Office de Matines, la narration simple et sublime par laquelle Moïse a initié toutes les générations à ce triste événement. La disposition actuelle de la Liturgie n'amène pas cette lecture avant le Mercredi de cette semaine, les jours qui précèdent étant employés à lire le récit des six jours de la création. Nous placerons néanmoins dès aujourd'hui cette importante lecture, comme le fondement des enseignements de la semaine.
Lecture du Livre de la Genèse. Chap. III. :
Eve écoute le serpent. Ars moriendi. XVe.
" Or, le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait formés sur la terre. Il dit à la femme :
" Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne pas manger du fruit de tous les arbres du jardin ?"
La femme lui répondit :
" Nous mangeons du fruit des arbres qui sont dans le jardin ; mais, pour ce qui est du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu nous a commandé de n'en point manger, et de n'y point toucher, de peur que nous ne mourrions."
Le serpent dit à la femme :
" Assurément, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que le jour où vous en aurez mangé, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal."
La femme donc considéra que le fruit de cet arbre était bon à manger, qu'il était beau et agréable à la vue, et, en ayant pris, elle en mangea, et en donna à son mari qui en mangea aussi. Et en même temps, leurs yeux furent ouverts à tous deux.
Adam et Eve mange du fruit de l'Arbre.
Heures à l'usage de Rouen. XVIe.
Ayant reconnu leur nudité, ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s'en firent des ceintures. Et ayant entendu la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le jardin après midi, à l'heure où il s'élève un vent doux, Adam et son épouse se cachèrent sous l'ombrage des arbres du jardin, pour fuir la face du Seigneur Dieu.
Et le Seigneur Dieu appela Adam, et lui dit :
" Où es tu ?"
Il répondit :
" J'ai entendu votre voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que j'étais nu ; c'est pourquoi je me suis caché."
Le Seigneur reprit :
" Qui t'a appris que tu étais nu, si ce n'est que tu as mangé du fruit de l'arbre dont je t'avais commandé de ne pas manger ?"
Et Adam répondit :
" La femme que vous m'avez donnée pour compagne m'a présenté du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé."
Et le Seigneur Dieu dit à la femme :
" Pourquoi as-tu fait cela ?"
Elle répondit :
" Le serpent m'a trompée , et j'en ai mangé."
Dieu surprend Adam et Eve. Ars moriendi. XVe.
Et le Seigneur Dieu dit au serpent :
" Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et les bêtes de la terre. Tu ramperas sur ton ventre, et tu mangeras la terre tous les jours de ta vie. Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : elle t'écrasera la tête, et tu tâcheras de la mordre au talon."
Il dit aussi à la femme :
" Je multiplierai tes angoisses après que tu auras conçu ; tu enfanteras tes fils dans la douleur ; tu seras sous la puissance de l'homme, et il te dominera."
Il dit ensuite à Adam :
" Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé du fruit de l'arbre dont je t'avais commandé de ne pas manger, la terre sera maudite à cause de ce que tu as fait : tu tireras d'elle ta nourriture à force de travail, tous les jours de ta vie. Elle te produira des épines et des ronces, et tu te nourriras de l'herbe de la terre. Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, jusqu'à ce que tu retournes en la terre dont tu as été tiré : car tu es poussière, et tu rentreras dans la poussière."
Adam et Eve sont chassés du Paradis.
La Cité de Dieu. Bourgogne. XVe.
La voilà cette page terrible des annales humaines. Elle seule nous explique la situation présente de l'homme sur la terre. Par elle aussi, nous apprenons l'attitude qui nous convient à l'égard de Dieu. Nous reviendrons sur ce lugubre récit dans les jours qui vont suivre ; dès à présent, il doit faire le principal objet de nos réflexions. Reprenons maintenant l'explication de la Liturgie d'aujourd'hui.
Dans l'Eglise grecque, le dimanche que nous appelons de la Septuagésime est désigné sous le nom de Prosphonésime, c'est-à-dire Proclamation, parce qu'il annonce au peuple le jeûne du Carême qui doit bientôt commencer. Il est aussi appelé le dimanche de l'Enfant prodigue, parce qu'on y lit cette parabole, comme une invitation aux pécheurs de recourir à la miséricorde de Dieu. Il faut observer néanmoins que ce Dimanche est le dernier jour de la semaine appelée Prosphonésime, laquelle commence dès le lundi précédent, selon la manière de compter des Grecs.
A LA MESSE
La Station, à Rome, est dans l'Eglise de Saint-Laurent-hors-les-Murs. Les anciens liturgistes font remarquer la relation qui existe entre le juste Abel, dont le sang répandu par son frère fait l'objet d'un des Répons des Matines d'aujourd'hui, et le courageux martyr sur le tombeau duquel l'Eglise Romaine vient ouvrir la Septuagésime.
ÉPÎTRE
Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Corinthiens. Chap. IX.
La Cité de Dieu. Bourgogne. XVe.
" Mes Frères, ne savez-vous pas que, quand on court dans la lice, tous courent, mais qu'un seul remporte le prix ? Courez donc de telle sorte que vous le remportiez. Or, tout athlète garde en toutes choses la tempérance, et ils ne le font que pour gagner une couronne corruptible ; la nôtre au contraire sera incorruptible. Pour moi, je cours, mais non pas comme au hasard ; je combats, mais non pas en donnant des coups en l'air ; je châtie mon corps, et je le réduis en servitude ; de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne devienne moi-même réprouvé. Je ne veux pas que vous ignoriez, mes Frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tous passé la mer ; qu'ils ont tous été baptisés sous la conduite de Moïse, dans la nuée et dans la mer ; qu'ils ont tous mangé la même nourriture spirituelle et bu le même breuvage spirituel. Car ils buvaient de l'eau de la Pierre spirituelle qui les suivait ; et cette Pierre était Jésus-Christ. Mais cependant, sur un si grand nombre, il y en eut peu qui fussent agréables à Dieu."
La parole énergique de l'Apôtre vient augmenter encore l'émotion que nous apportent les grands souvenirs qui se rattachent à ce jour. Il nous dit que ce monde est une arène dans laquelle il faut courir, et que le prix n'est que pour ceux dont la marche est agile et dégagée. Gardons-nous donc de ce qui pourrait appesantir notre course et nous faire manquer la couronne.
Ne nous faisons pas illusion : rien n'est sûr pour nous, tant que nous ne sommes pas au bout de la carrière. Notre conversion n'a pas été plus sincère que celle de saint Paul, nos œuvres plus dévouées et plus méritoires que les siennes; toutefois, il le confesse lui-même, la crainte de devenir réprouvé n'est pas entièrement éteinte dans son cœur. Il châtie son corps, et il le réduit en servitude.
L'homme dans l'état actuel n'a plus cette volonté droite qu'avait Adam avant son péché, et dont cependant il sut faire un si malheureux usage. Un penchant fatal nous entraîne, et nous ne pouvons garder l'équilibre qu'en sacrifiant la chair à l'esprit.
Cette doctrine paraît dure au grand nombre, et c'est pour cela que beaucoup n'arriveront pas au terme de la carrière, et n'auront pas part à la récompense qui leur était destinée.
Comme les Israélites dont parle ici l'Apôtre, ils mériteront d'être ensevelis dans le désert, et ne verront pas la terre promise. Néanmoins, les mêmes merveilles dont turent témoins Josué et Caleb s'étaient accomplies sous leurs yeux ; mais rien ne guérit l'endurcissement d'un cœur qui s'obstine à mettre tout son espoir dans les choses de la vie présente, comme si leur périlleuse vanité ne se révélait pas d'elle-même à chaque heure.
Mais si le cœur se confie en Dieu, s'il se fortifie par la pensée que le secours divin ne manque jamais à celui qui l'implore, il parcourra sans faiblir l'arène de cette vie, et il arrivera heureusement au terme. Le Seigneur a les yeux constamment ouverts sur celui qui travaille et qui souffre.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. XX.
Les ouvriers de la dernière heure.
Nicolaes Cornelisz Moyaert. Pays-Bas. XVIIe.
" En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole :
" Le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui sortit de grand matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Etant demeuré d'accord avec eux d'un denier pour leur journée, il les envoya dans sa vigne. Et étant sorti vers la troisième heure, il en vit d'autres qui se tenaient sur la place sans rien faire, et il leur dit :
" Allez-vous-en aussi dans ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste."
Et ils y allèrent.
Il sortit encore sur la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose.
Enfin étant sorti sur la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient là, et il leur dit :
" Pourquoi demeurez-vous ici le long du jour sans travailler ?"
Et ils lui dirent :
" Parce que personne ne nous a loués."
Il leur dit :
" Allez-vous-en aussi dans ma vigne."
Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant :
" Appelle les ouvriers, et donne-leur le salaire, en commençant par les derniers et finissant par les premiers."
Ceux donc qui n'étaient venus que vers la onzième heure, s'étant approchés, reçurent chacun un denier. Ceux qui étaient venus les premiers pensèrent qu'ils allaient recevoir davantage ; mais ils ne reçurent que chacun un denier. Et en le recevant, ils murmuraient contre le père de famille et disaient :
" Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et vous leur avez donné autant qu'à nous qui avons porté le poids du jour et de la chaleur."
Mais il répondit à l'un d'eux :
" Mon ami, je ne vous fais point de tort. N'êtes-vous pas convenu avec moi d'un denier ? Prenez ce qui vous appartient et vous en allez ; mais je veux donner à ce dernier autant qu'à vous. Est-ce qu'il ne m'est pas permis de faire ce que je veux ? Votre œil est-il mauvais parce que je suis bon ? Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers, parce qu'il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus."
Missel à l'usage de Saint-Didier d'Avignon. XIVe.
Il importe de bien saisir ce célèbre passage de l'Evangile, et d'apprécier les motifs qui ont porté l'Eglise à le placer en ce jour. Considérons d'abord les circonstances dans lesquelles le Sauveur prononce cette parabole, et le but d'instruction qu'il s'y propose directement. Il s'agit d'avertir les Juifs que le jour approche où leur loi tombera pour faire place à la loi chrétienne, et de les disposer à accueillir favorablement l'idée que les Gentils vont être appelés à former alliance avec Dieu.
La vigne dont il est ici question est l'Eglise sous ses différentes ébauches, depuis le commencement du monde, jusqu'à ce que Dieu vînt lui-même habiter parmi les hommes et constituer sous une forme visible et permanente la société de ceux qui croient en lui.
Le matin du monde dura depuis Adam jusqu'à Noé ; la troisième heure s'étendit de Noé jusqu'à Abraham ; la sixième heure commença à Abraham pour aller jusqu'à Moïse ; la neuvième heure fut l'âge des Prophètes, jusqu'à l'avènement du Seigneur. Le Messie est venu à la onzième heure, lorsque le monde semblait pencher à son déclin. Les plus grandes miséricordes ont été réservées pour cette période durant laquelle le salut devait s'étendre aux Gentils par la prédication des Apôtres.
C'est ce dernier mystère par lequel Jésus-Christ veut confondre l'orgueil judaïque. Il signale les répugnances que les Pharisiens et les Docteurs de la Loi éprouvaient en voyant l'adoption s'étendre aux nations, par les remontrances égoïstes que les ouvriers des premières heures osent faire au Père de famille. Cette obstination sera punie comme elle le mérite. Israël, qui travaillait avant nous, sera rejeté à cause de la dureté de son cœur; et nous, Gentils, qui étions les derniers, nous deviendrons les premiers, étant faits membres de cette Eglise catholique, qui est l'Epouse du Fils de Dieu.
Evangéliaire à l'usage de Cambrai. XIIIe.
Telle est l'interprétation donnée à cette parabole par les saints Pères, notamment par saint Augustin et saint Grégoire le Grand ; mais cet enseignement du Sauveur présente encore un autre sens également justifié par l'autorité de ces deux saints Docteurs. Il s'agit ici de l'appel que Dieu adresse à chaque homme pour l'inviter à mériter le Royaume éternel par les pieux labeurs de cette vie.
Le matin, c'est notre enfance ; la troisième heure, selon la manière de compter des anciens, est celle où le soleil commence à monter dans le ciel : c'est l'âge de la jeunesse.
La sixième heure, par laquelle on désignait ce que nous appelons Midi, est l'âge d'homme.
La onzième heure précède de peu d'instants le coucher du soleil : c'est la vieillesse.
Le Père de famille appelle ses ouvriers à ces différentes heures ; c'est eux de se rendre, dès qu'ils ont entendu sa voix ; mais il n'est pas permis à ceux qui sont conviés dès le matin de retarder leur départ pour la vigne, sous le prétexte qu'ils se rendront plus tard, lorsque la voix du Maître se fera entendre de nouveau. Qui les a assurés que leur vie se prolongera jusqu'à la onzième heure ? Lorsque la troisième sonne, peut-on compter même sur la sixième ? Le Seigneur ne convoquera au travail des dernières heures que ceux qui seront en ce monde lorsqu'elles viendront à sonner ; et il ne s'est point engagé à adresser une nouvelle invitation à ceux qui auront dédaigné la première.
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vendredi, 05 janvier 2024
5 janvier. La Vigile de l'Epiphanie.
- La Vigile de l'Epiphanie.

Adoration des bergers. Andrea Mantegna. XVIe.
La fête de Noël est terminée ; les quatre Octaves ont achevé leur cours ; et nous voici en présence de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur. Une seule journée nous reste pour nous préparer à la Manifestation pleine de mystère que nous doit faire de sa gloire celui qui est l'Ange du grand Conseil. Encore quelques heures, et l'étoile se sera arrêtée, et les Mages frapperont à la porte de la maison de Bethléhem.
Cette Vigile n'est pas, comme celle de Noël, un jour de pénitence. L'Enfant que nous attendions alors, dans la componction et dans l'ardeur de nos désirs, est venu ; il reste avec nous et nous prépare de nouvelles faveurs. Ce jour d'attente d'une nouvelle solennité est un jour de joie comme ceux qui l'ont précédé. Cette Vigile ne sera donc point marquée par le jeûne ; et la sainte Eglise n'y revêtira point ses habits de deuil. Aujourd'hui, elle se pare de la couleur blanche, comme elle le fera demain. Ce jour est le douzième de la Naissance de l'Emmanuel.
Célébrons donc cette Vigile dans l'allégresse de nos cœurs, et préparons nos âmes aux nouvelles faveurs qui leur sont réservées.

Adoration des bergers. Anonyme flamand. XVIe.
L'Eglise Grecque observe le jeûne aujourd'hui, en mémoire de la préparation au Baptême qui s'administrait autrefois, principalement en Orient, dans la nuit qui précédait le saint jour de l'Epiphanie. Elle bénit encore les eaux avec une grande solennité en cette fête ; nous parlerons avec détail de cette cérémonie dont les vestiges ne sont pas encore entièrement effacés dans l'Occident.
La sainte Eglise Romaine fait mémoire en ce jour d'un de ses Papes Martyrs, saint Télesphore. Ce Pontife monta sur le Siège Apostolique l'an 127 ; et parmi les décrets qu'il rendit, on remarque celui par lequel il établissait l'usage de célébrer la Messe durant la nuit de Noël, pour honorer l'heure delà Naissance du Christ, et un autre dans lequel il décrète que l'Hymne Angélique Gloria in excelsis Deo serait chantée ordinairement au commencement du saint Sacrifice. Cette piété du saint Pape envers le grand mystère que nous célébrons en ces jours, rend sa mémoire plus vénérable encore à l'époque de l'année où elle tombe. Télesphore souffrit un glorieux martyre, selon l'expression de saint Irénée, et fut couronné de la gloire céleste, l'an 138.

Adoration des bergers. Jacopo Negretti. Début du XVIe.
A LA MESSE
La Messe de la Vigile de l'Epiphanie est la même que celle du Dimanche dans l'Octave de Noël, sauf la commémoration de saint Télesphore et l'Evangile.
EVANGILE
La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.

Adoration des bergers. Luca Signorelli. XVIe.
" En ce temps-là, Hérode étant mort, voici que l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, lui disant : " Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et va dans la terre d'Israël " ; car ils sont morts, ceux qui poursuivaient la vie de l'Enfant. Joseph, s'étant levé, prit l'Enfant et sa Mère, et vint dans la terre d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode son père , il craignit d'y aller ; et averti en songe, il se retira dans la Galilée. Et il vint habiter dans la ville qui est appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen."
IN CHRISTI NATIVITATE
Pour couronnement des pièces liturgiques qui nous ont aidé si suavement à pénétrer le mystère de Noël, nous avons réservé les strophes suivantes. Nulles autres ne pouvaient mieux convenir à ce jour qui prépare l'introduction des Mages près de la Crèche. Elles sont tirées du poème que le prince des mélodes de l'Eglise Grecque, saint Romanus, consacra, comme prémices de son génie, à la Vierge Mère. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte même, remis dans nos temps en honneur par un illustre prince de l'Eglise (Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, I.), et dont aucune traduction ne saurait rendre l'incomparable harmonie.
La Vierge aujourd'hui met au monde Celui qui dépasse la nature ; la terre donne une grotte pour gîte à l'inaccessible. Les Anges avec les bergers font assaut de louanges ; les Mages sont en route à la suite de l'étoile. Car pour nous voici qu'est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

Adoration des bergers. Francesco de Rossi. XVIe.
Voici qu'en Bethléhem Eden est ouvert ; venez donc, et voyons : quel mets suave est là caché pour nous ! Venez : dans cette grotte, abreuvons-nous des délices du paradis. Là fleurit, sans être arrosée, la tige qui produit la grâce. Là est le puits qu'aucune main n'a creusé , et dont David un jour eût voulu boire. Ici tout d'un coup, grâce à la Vierge qui enfante, d'Adam et de David la soif est apaisée. Donc hâtons-nous d'aller où vient de naître, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Le père de la mère a voulu être son fils ; le sauveur des enfants gît enfant dans une crèche. Fixant ses yeux sur lui, celle qui l'enfante a dit :
" Qu'est-ce cela, Ô mon fils ! En quelle manière as-tu pris germe en moi ? En quelle manière as-tu trouvé en moi vie et croissance ? Je te vois, Ô fruit de mes entrailles, et suis dans la stupeur ; mon sein s'emplit de lait, et je n'ai point connu d'homme. Et tandis que je t'admire en ces langes, je contemple la fleur de ma virginité toujours sauve, Ô toi qui l'as gardée, en daignant naître, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Roi très-haut, qui t'attire au milieu des mendiants ? Créateur des cieux, pourquoi viens-tu chez les habitants de la terre ? Une grotte fait tes délices, une crèche est ton amour ! Voici bien que pour ta servante il n'y a point de place dans l'hôtellerie ; et non seulement pas de place : pas de grotte même, car celle-ci est à d'autres. Pourtant à Sara, quand elle eut un fils, beaucoup de terre fut donnée : à moi, pas une tanière ; pour tout j'ai cet antre où tu as voulu habiter, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles."

Adoration des bergers. Lorenzo d'Andrea d'Oderigo. XVIe.
Tandis qu'elle formule ces pensées dans son cœur et s'adresse suppliante à Celui qui connaît les mystères, elle apprend que les Mages sont là, cherchant le nouveau-né. Venant à eux :
" Qui êtes-vous ?" dit la Vierge.
Ceux-ci lui répondent :
" Bien plutôt, quelle est ta naissance, Ô toi qui as mis au monde un tel enfant ? De quel père, de quelle mère es-tu descendue, toi qui nourris un fils dont tu es la mère sans qu'il ait eu de père ? A la vue de son étoile, nous avons prononcé de concert qu'elle annonçait, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Balaam en effet nous avait avec soin préparés à comprendre les oracles dont il fut le prophète, lorsqu'il prédit le lever d'une étoile : étoile éteignant toutes divinations et présages ; étoile résolvant les paraboles des sages, leurs énigmes et sentences ; étoile dont la lumière l'emporte d'autant mieux sur le soleil qui nous éclaire, qu'elle-même a créé tous les astres ; par elle il était annonce que de Jacob sortirait comme la lumière, l’enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles."
Ayant entendu si merveilleux discours , Marie prosternée adora l'enfant né de ses entrailles, et dit en pleurs :
" Grandes pour moi, Ô mon fils, grandes sont toutes les choses que vous avez faites avec mon indigence. Car voici que dehors se tiennent les Mages, et ils vous cherchent ; les rois des nations de l'Orient désirent votre visage ; le contempler est la prière des riches de votre peuple. Ce peuple n'est-il pas vôtre, en effet, pour qui vous êtes né, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles ?
Puis donc qu'ils sont vôtres, Ô mon fils, ordonnez qu'ils entrent sous votre toit, pour voir cette opulente pauvreté, cette noble indigence ; car je vous ai pour richesses et pour gloire, aussi n'ai-je point à rougir, en vous sont la grâce et la vérité ; et maintenant permettez qu'ils viennent en cet abri : comment m'inquiéterais-je de ma misère, vous possédant, vous le trésor que viennent contempler les princes, l'objet de l'étude des rois et des Mages cherchant où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles ?"

Adoration des bergers. Jacob Jordaens. Début du XVIIe.
Jésus le Christ et notre vrai Dieu se fit entendre intérieurement au cœur de sa mère, et lui dit :
" Introduis ceux qu'amène ma parole ; car cette parole est la lumière de ceux qui me cherchent, étoile aux yeux, force pour l'âme intelligente. C'est elle qui, comme mon serviteur, a conduit les Mages, et maintenant elle s'est arrêtée pour remplir son office et désigner par ses rayons l'endroit où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Maintenant donc reçois-les, ô toute belle, reçois ceux qui m'ont reçu ; car je suis en eux, comme je suis dans tes bras, et, en les accompagnant, je ne t'ai point quittée."
Elle donc ouvre la porte et reçoit l'assemblée des Mages ; elle ouvre, celle qui est la porte fermée à tous, que seul le Christ a traversée ; elle ouvre, celle qui fut toujours close, celle qui jamais rien ne perdit des trésors de la virginité ; elle ouvre, celle par qui fut donnée au monde, porte des cieux, l'enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.
Les dernières paroles de notre Avent étaient celles de l'Epouse, dans la prophétie du Disciple bien-aimé :
" Venez, Seigneur Jésus ! Venez !"
Nous terminerons cette première partie du Temps de Noël par ces paroles d'Isaïe que la sainte Eglise a répétées avec triomphe :
" Un petit Enfant nous est né! Les cieux ont envoyé leur rosée, le juste est descendu du ciel, la terre a enfanté son Sauveur, LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, la Vierge a produit son doux fruit, Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Le Soleil de justice brille maintenant sur nous, les ténèbres sont passées ; au ciel, Gloire à Dieu ! Sur la terre, Paix aux hommes !"

Adoration des bergers. Jusepe de Ribeira. XVIIe.
" Tous ces biens nous sont venus par l'humble et glorieuse Naissance de cet Enfant. Adorons-le dans son berceau, aimons-le pour tant d'amour ; et préparons les présents que nous irons demain lui offrir avec les Mages. L'allégresse de la sainte Eglise continue, la nature angélique est dans l'étonnement, toute la création tressaille de bonheur : Un petit Enfant nous est né !"
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samedi, 08 janvier 2011
8 janvier. IIIe jour de l'Octave de l'Epiphanie.
- IIIe jour dans l'Octave de l'Epiphanie.

Bartolo di Fredi. XIVe.
Le grand Mystère de l'Alliance du Fils de Dieu avec son Eglise universelle, représentée dans l'Epiphanie par les trois Mages, fut pressenti dans tous les siècles qui précédèrent la venue de l'Emmanuel. La voix des Patriarches et des Prophètes le fit retentir par avance ; et la Gentilité elle-même y répondit souvent par un écho fidèle.
Dès le jardin des délices, Adam innocent s'écriait, à l'aspect de la Mère des vivants sortie de son côté :
" C'est ici l'os de mes os, la chair de ma chair ; l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à son épouse ; et ils seront deux dans une même chair."
La lumière de l'Esprit-Saint pénétrait alors l'âme de notre premier père; et, selon les plus profonds interprètes des mystères de l'Ecriture, Tertullien, saint Augustin, saint Jérôme, il célébrait l'Alliance du Fils de Dieu avec l'Eglise, sortie par l'eau et le sang de son côté ouvert sur la croix ; avec l'Eglise, pour l'amour de laquelle il descendit de la droite de son Père, et s'anéantissant jusqu'à la forme de serviteur, semblait avoir quitté la Jérusalem céleste, pour habiter parmi nous dans ce séjour terrestre.
Le second père du genre humain, Noé, après avoir vu l'arc de la miséricorde annonçant au ciel le retour des faveurs de Jéhovah, prophétisa sur ses trois fils l'avenir du monde. Cham avait mérité la disgrâce de son père ; Sem parut un moment le préféré : il était destiné à l'honneur de voir sortir de sa race le Sauveur de la terre ; cependant, le Patriarche, lisant dans l'avenir, s'écria :
" Dieu dilatera l'héritage de Japhet ; et il habitera sous les tentes de Sem !"
Et nous voyons peu à peu dans le cours des siècles l'ancienne alliance avec le peuple d'Israël s'affaiblir, puis se rompre; les races sémitiques chanceler, et bientôt tomber dans l'infidélité ; enfin le Seigneur embrasser toujours plus étroitement la famille de Japhet, la gentilité occidentale, si longtemps délaissée, placer à jamais dans son sein le Siège de la religion, l'établir à la tête de l'espèce humaine tout entière.
Plus tard, c'est Jéhovah lui-même qui s'adresse à Abraham, et lui prédit l'innombrable génération qui doit sortir de lui.
" Regarde le ciel, lui dit-il ; compte les étoiles, si tu peux : tel sera le nombre de tes enfants."
En effet, comme nous l'enseigne l'Apôtre, plus nombreuse devait être la famille issue de la foi du Père des croyants, que celle dont il était la source par Sara ; et tous ceux qui ont reçu la foi du Médiateur, tous ceux qui, avertis par l'Etoile, sont venus à lui comme à leur Seigneur, tous ceux-là sont les enfants d'Abraham.

Bernardino da Parenzo. XVe.
Le Mystère reparaît de nouveau dans le sein même de l'épouse d'Isaac. Elle sent avec effroi deux fils se combattre dans ses entrailles. Rébecca s'adresse au Seigneur, et il lui est répondu :
" Deux peuples sont dans ton sein ; ils s'attaqueront l'un l'autre ; le second surmontera le premier, et l'aîné servira le plus jeune."
Or, ce plus jeune, cet enfant indompté, quel est-il, selon l'enseignement de saint Léon et de l'Evêque d'Hippone, sinon ce peuple gentil qui lutte avec Juda pour avoir la lumière, et qui, simple fils de la promesse, finit par l'emporter sur le fils selon la chair ?
C'est maintenant Jacob, sur sa couche funèbre, ayant autour de lui ses douze fils, pères des douze tribus d'Israël, assignant d'une manière prophétique le rôle à chacun dans l'avenir. Le préféré est Juda ; car il sera le roi de ses frères, et de son sang glorieux sortira le Messie. Mais l'oracle finit par être aussi effrayant pour Israël, qu'il est consolant pour le genre humain tout entier.
" Juda, tu garderas le sceptre ; ta race sera une race de rois, mais seulement jusqu'au jour où viendra Celui qui doit être envoyé, Celui qui sera l'attente des Nations."
Après la sortie d'Egypte, quand le peuple d'Israël entra en possession de la terre promise, Balaam s'écriait, la face tournée vers le désert tout couvert des tentes et des pavillons de Jacob :
" Je le verrai, mais non encore ; je le contemplerai, mais plus tard. Une Etoile sortira de Jacob ; une royauté s'élèvera au milieu d'Israël." Interrogé encore par le roi infidèle, Balaam ajouta :
" Oh ! qui vivra encore quand Dieu fera ces choses ? Ils viendront d'Italie sur des galères ; ils soumettront les Assyriens ; ils dévasteront les Hébreux, et enfin ils périront eux-mêmes."
Mais quel empire remplacera cet empire de fer et de carnage ? Celui du Christ qui est l’Etoile, et qui seul est Roi à jamais.
David est inondé des pressentiments de ce grand jour. A chaque page, il célèbre la royauté de son fils selon la chair ; il nous le montre armé du sceptre, ceint de l'épée, sacré par le Père des siècles, étendant sa domination d'une mer à l'autre ; puis il amène à ses pieds les Rois de Tharsis et des îles lointaines, les Rois d'Arabie et de Saba, les Princes d'Ethiopie. Il célèbre leurs offrandes d'or et leurs adorations.
Dans son merveilleux épithalame, Salomon vient ensuite décrire les délices de l'union céleste de l'Epoux divin avec l'Eglise ; et cette Epouse fortunée n'est point la Synagogue. Le Christ l'appelle avec tendresse pour la couronner; mais sa voix s'adresse à celle qui habitait au delà des confins delà terre du peuple de Dieu.
" Viens, dit-il, ma fiancée, viens du Liban ; descends des sommets d'Amana, des hauteurs de Sanir et d'Hermon ; sors des retraites impures des dragons, quitte les montagnes qu'habitent les léopards."
Et cette fille de Pharaon ne se trouble pas de dire : " Je suis noire !" ; car elle peut ajouter qu'elle a été rendue belle par la grâce de son Epoux.
Le Prophète Osée se lève ensuite, et il dit au nom du Seigneur :
" J'ai choisi un homme, et il ne m'appellera plus Baal désormais. J'ôterai de sa bouche ce nom de Baal, et il ne s'en souviendra plus. Je m'unirai à toi pour jamais, homme nouveau ! Je sèmerai ta race par toute la terre ; j'aurai pitié de celui qui n'avait point connu la miséricorde ; à celui qui n'était pas mon peuple, je dirai : mon peuple ! Et il me répondra : mon Dieu !"

Anonyme italien. XVe.
A son tour, le vieux Tobie, du sein de la captivité, prophétisa avec magnificence ; mais la Jérusalem qui doit recevoir les Juifs délivrés par Cyrus, disparaît à ses yeux, à l'aspect d'une autre Jérusalem plus brillante et plus belle.
" Nos frères qui sont dispersés, dit-il, reviendront dans la terre d'Israël ; la maison de Dieu se rebâtira. Tous ceux qui craignent Dieu viendront s'y retirer ; les Gentils même laisseront leurs idoles, et viendront en Jérusalem, et ils y habiteront, et tous les rois de la terre y fixeront leur séjour avec joie, accourus pour adorer le Roi d'Israël."
Et si les nations doivent être broyées, dans la justice de Dieu, pour leurs crimes, c'est pour arriver ensuite au bonheur d'une alliance éternelle avec Jéhovah. Car voici ce qu'il dit lui-même, par son Prophète Sophonie :
" Ma justice est de rassembler les nations, de réunir en faisceau les royaumes, et je répandrai sur elles mon indignation, et tout le feu de ma colère; la terre entière en sera dévorée. Mais ensuite je donnerai aux peuples une langue choisie, afin qu'ils invoquent tous le Nom du Seigneur, et qu'ils portent tous ensemble mon joug. Jusqu'au delà des fleuves de l'Ethiopie, ils m'invoqueront ; les fils de mes races dispersées viendront m'apporter des présents."
Le Seigneur avait déjà dénoncé ses oracles de miséricorde par la bouche d'Ezéchiel :
" Un seul Roi commandera à tous, dit Jéhovah ; il n'y aura plus deux nations, ni deux royaumes. Ils ne se souilleront plus avec leurs idoles ; dans les lieux mêmes où ils ont péché, je les sauverai ; ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. Il n'y aura qu'un Pasteur pour eux tous. Je ferai avec eux une alliance de paix, un pacte éternel ; je les multiplierai, et mon sanctuaire sera au milieu d'eux à jamais."
C'est pourquoi Daniel, après avoir prédit les Empires que devait remplacer l'Empire Romain, ajoute :
" Mais le Dieu du ciel suscitera à son tour un Empire qui jamais ne sera détruit, et dont le sceptre ne passera point à un autre peuple. Cet Empire envahira tous ceux qui l’ont précédé ; et lui, il durera éternellement."
Quant aux ébranlements qui doivent précéder rétablissement du Pasteur unique, et de ce sanctuaire éternel qui doit s'élever au centre de la Gentilité, Aggée les prédit en ces termes :
" Encore un peu de temps, et j'ébranlerai le ciel, la terre et la mer ; je mêlerai toutes les nations ; et alors viendra le Désiré de toutes les nations."

Giotto. XIVe.
Il faudrait citer tous les Prophètes pour donner tous les traits du grand spectacle promis au monde par le Seigneur au jour où, se ressouvenant des peuples, il devait les appeler aux pieds de son Emmanuel. L'Eglise nous a fait entendre Isaïe dans l'Epître de la Fête, et le fils d'Amos a surpassé ses frères.
Si maintenant nous prêtons l'oreille aux voix qui montent vers nous du sein de la Gentilité, nous entendons ce cri d'attente, l'expression de ce désir universel qu'avaient annoncé les Prophètes hébreux. La voix des Sibylles réveilla l'espérance au cœur des peuples ; jusqu'au sein de Rome même, le Cygne de Mantoue consacre ses plus beaux vers à reproduire leurs consolants oracles :
" Le dernier âge, dit-il, l'âge prédit par la Vierge de Cumes est arrivé ; une nouvelle série des temps va s'ouvrir ; une race nouvelle descend a du ciel. A la naissance de cet Enfant, l'âge de fer suspend son cours ; un peuple d'or s'apprête à couvrir la terre. Les traces de nos crimes seront effacées ; et les terreurs qui assiégeaient le monde se dissiperont."
Et comme pour répondre aux vains scrupules de ceux qui craignent de reconnaître, avec saint Augustin et tant d'autres saints Docteurs, la voix des traditions antiques s'énonçant par la bouche des Sibylles : Cicéron, Tacite, Suétone, philosophes et historiens gentils, viennent nous attester que le genre humain, dans leurs temps, attendait un Libérateur ; que ce Libérateur devait sortir, non seulement de l'Orient, mais de la Judée ; que les destinées d'un Empire qui devait renfermer le monde entier étaient sur le point de se déclarer.

Giovanni di Paolo di Grazia. XVe.
PRIERE
" Ils partageaient cette universelle attente de votre arrivée, Ô Emmanuel, ces Mages aux yeux desquels vous fîtes apparaître l'Etoile ; et c'est pour cela qu'ils ne perdirent pas un instant, et se mirent tout aussitôt en route vers le Roi des Juifs dont la naissance leur était annoncée. Tant d'oracles s'accomplissaient en eux ; mais s'ils en recevaient les prémices, nous en possédons le plein effet. L'alliance est conclue, et nos âmes, pour l'amour desquelles vous êtes descendu du ciel, sont à vous ; l'Eglise est sortie de votre flanc divin, avec le sang et l'eau ; et tout ce que vous faites pour cette Epouse prédestinée, vous l'accomplissez en chacun de ses enfants fidèles.
Fils de Japhet, nous avons dépossédé la race de Sem qui nous fermait ses tentes ; le droit d'aînesse dont jouissait Juda nous a été déféré. Notre nombre, de siècle en siècle, tend à égaler le nombre des étoiles. Nous ne sommes plus dans les anxiétés de l'attente ; l'astre s'est levé, et la Royauté qu'il annonçait ne cessera jamais de répandre sur nous ses bienfaits. Les Rois de Tharsis et des îles, les Rois d'Arabie et de Saba, les Princes de l'Ethiopie sont venus, portant des présents ; mais toutes les générations les ont suivis. L'Epouse, établie dans tous ses honneurs, ne se souvient plus des sommets d'Amana, ni des hauteurs de Sanir et d'Hermon, où elle gémissait dans la compagnie des léopards ; elle n'est plus noire, mais elle est belle, sans taches, ni rides, et digne de l'Epoux divin. Elle a oublié Baal pour jamais ; elle parle avec amour la langue que Jéhovah lui a donnée. L'unique Pasteur paît l'unique troupeau ; le dernier Empire poursuit ses destinées jusqu'à l'éternité.
C'est vous, Ô divin Enfant, qui venez nous apporter tous ces biens et recevoir tous ces hommages. Croissez, Roi des rois, sortez bientôt de votre silence. Quand nous aurons goûté les leçons de votre humilité, parlez en maître ; César-Auguste règne depuis assez longtemps ; assez longtemps Rome païenne s'est crue éternelle. Il est temps que le trône de la force cède la place au trône de la charité, que la Rome nouvelle s'élève sur l'ancienne. Les nations frappent à la porte et demandent leur Roi ; hâtez le jour où elles n'auront plus à venir vers vous, mais où votre miséricorde doit les aller chercher par la prédication apostolique. Montrez-leur Celui à qui toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre ; montrez-leur la Reine que vous leur avez choisie. De l'humble demeure de Nazareth, du pauvre réduit de Bethléhem, que l'auguste Marie s'élève bientôt, sur les ailes des Anges, jusqu'au trône de miséricorde, du haut duquel elle protégera tous les peuples et toutes les générations.
Le Prince des poètes de la Liturgie latine, Prudence, va chanter le voyage des Mages à Bethléhem :

Jans Geertgen Tot Sint. XVe.
" Au sein de l'Empire persan, de cette contrée où se lève le soleil, des Mages, investigateurs habiles, aperçoivent l'étendard du Roi.
A peine a-t-il brillé aux cieux que les autres sphères pâlissent : l'étoile du matin, malgré sa beauté, n'ose se montrer auprès de lui.
" Quel est, disent les Mages, ce Roi qui commande aux astres, qui émeut les globes célestes, à qui la lumière et l'air obéissent ?
Ce que nous voyons est le signe de Celui qui ne connaît pas de terme, le Dieu sublime, immense, sans limites, dont la durée précède celle du ciel et du chaos.
Il est le Roi des nations, le Roi du peuple judaïque ; il fut promis au Patriarche Abraham et à sa race, dans les siècles.
Ce premier Père des croyants, qui sacrifia son fils unique, connut que sa race serait un jour nombreuse comme les étoiles.
Voici que la fleur de David s'élève sur la tige de Jessé ; la branche fleurit et devient un sceptre qui commande à l'univers."
L'œil fixé au ciel, les Mages suivent en hâte le sillon de lumière que l'étoile leur traçait à l'horizon, pour régler sur la terre la voie qu'ils devaient suivre.
Le signe s'arrêta au-dessus de la tête de l'Enfant qu'ils cherchaient ; il abaissa son flambeau, et leur découvrit cette tête sacrée.
Les Mages le voient ; aussitôt ils ouvrent les trésors de l'Orient, et, prosternés, lui offrent i'encens, la myrrhe et l'or des rois.
Reconnais les illustres symboles de ta puissance et de ta royauté, Enfant, à qui le Père a conféré par avance une triple destinée.
L'or annonce le Roi, l'odeur suave de l'encens de Saba proclame le Dieu, la myrrhe présage le tombeau :
Tombeau par lequel ce Dieu, laissant périr son corps, et le ressuscitant après la sépulture, brisera la mort et ses cachots."
HYMNE
L'Hymnographe sublime de l'Eglise de Syrie, saint Ephrem, continue de chanter les doux mystères de la Naissance du Sauveur :

Quentin Massys. Flandres. XVIe.
" Les laboureurs des campagnes de Bethléhem vinrent à leur tour ; ils vénérèrent Celui qui venait sauver leur vie, et, dans leur allégresse, ils prophétisaient ainsi : " Salut, Ô toi qui es appelé à cultiver nos champs ; toi fertiliseras les guérets de nos cœurs, et tu en ramasseras le froment dans le grenier de la vie."
Les vignerons se présentèrent ensuite ; ils célébrèrent la Vigne sortie du tronc de Jessé, la Vigne qui de son cep sacré a produit la grappe virginale : " Divin vigneron, chantaient-ils, rends-nous notre arôme, en nous versant dans des vases dignes de ton vin nouveau qui régénère toutes choses ; viens rétablir ta vigne ; jusqu'ici elle n'a produit que d'amers raisins ; greffe tes propres rameaux sur ces ceps sauvages."
Les charpentiers vinrent à leur tour au fils de Joseph, à cause de Joseph leur frère : " Nous saluons ton heureuse naissance, Ô Prince des artisans ! C'est toi qui te donnas à Noé le plan de son arche ; tu fus l'architecte de ce tabernacle qui fut fait à la hâte, et qui ne devait durer qu'un temps ; nos travaux célèbrent tes louanges. Sois notre gloire ; daigne faire toi-même le joug que nous voulons porter, doux et léger fardeau."
Les nouveaux mariés saluèrent de concert le nouveau-né ; ils disaient : " Salut, Ô Enfant dont la Mère a été l'épouse du Dieu de sainteté ! Heureuses les noces auxquelles tu assisteras ! Heureux les époux qui, manquant de vin, le n verront tout à coup abonder sur un signe de ta puissance !"
Les petits enfants crièrent à leur tour : " Heureux sommes-nous de t'avoir pour frère, pour compagnon dans nos ébats ! Heureux Ô jour ! Heureux enfants, auxquels il est donné de dire tes louanges, arbre de vie, qui as daigné mettre ta cime en rapport avec notre taille enfantine."
L'oracle était parvenu jusqu'aux oreilles des femmes, qu'une Vierge devait enfanter un jour ; chacune espérait pour elle-même l'honneur d'un tel enfantement : " Les plus nobles, les plus belles se flattaient de devenir ta mère. Ô Très-Haut ! Nous te bénissons d'avoir choisi une mère pauvre."
Les jeunes filles qui lui furent présentées, prophétisaient aussi ; elles disaient : " Que je sois belle, que je sois difforme, que je sois pauvre, je n'en serai pas moins à toi : à toi je m’attacherai. Le lit d'un mortel jamais ne sera pour moi préférable à ta couche "."
SEQUENCE
A la gloire de Marie, nous chanterons cette gracieuse Séquence de nos antiques Eglises du moyen âge :

Rodrigo de Osona, le Vieux. Flandres. XVe.
" Faisons retentir ce Salut, parole heureuse et douce, Salut par lequel devient le sanctuaire du Christ la Vierge qui est à la fois sa mère et sa fille.
A peine entend-elle ce Salut, qu'elle conçoit son divin Fils, la Vierge issue de David, le lis entre les épines.
Salut ! Mère du vrai Salomon,toison de Gédéon,vous dont les Mages honorent l'enfantement par une triple offrande.
Salut ! vous qui avez enfanté le soleil. Salut ! Vous qui, en donnant votre fruit, avez rendu à l'homme tombé la vie et la puissance.
Salut ! Epouse du Verbe souverain, port du navigateur, buisson mystérieux, nuage de parfums, Reine des Anges.
Nous vous en supplions, amendez-nous et nous recommandez à votre Fils, qui daigne nous donner l'éternelle joie !
Amen."
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