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mercredi, 26 avril 2023

26 avril. Notre Dame du Bon Conseil. 1467.

- Notre Dame du Bon Conseil. 1467.

Papes : Paul II ; Sixte IV ; Léon XIII.


L'apparition de Notre-Dame du Bon Conseil est si célèbre, Son image si répandue et si honorée dans l'Église, qu'il convient de donner place à cette forme de dévotion.

La petite ville de Gennazano, à dix lieues environ de Rome, sur les montagnes de la Sabine, honora, dès le Ve siècle, la Sainte Vierge sous le vocable de Notre-Dame du Bon Conseil.

Au XVe siècle, l’Église menaçait ruine. Une pieuse femme, nommée Petruccia, entreprit de la reconstruire, malgré ses quatre-vingts ans ; elle y employa sa fortune, qui ne suffit pas à l'achever. Petruccia prédit que la Sainte Vierge achèverait l’œuvre.

Or, le 25 avril 1467, à l'heure des vêpres, une céleste harmonie se fit entendre dans les airs, la foule vit descendre une nuée brillante qui alla se reposer sur l'autel de la chapelle de Saint-Blaise, par où avait commencé la restauration de l'église. Au même moment, toutes les cloches du pays sonnèrent leurs plus joyeuses volées. La nuée disparue, la foule émerveillée aperçut une image de Marie portant l'Enfant Jésus, peinte sur enduit et se tenant au fond de l'autel, près du mur, sans appui naturel.

Il fut dûment constaté que cette peinture avait été transportée miraculeusement d'une église de Scutari, ville d'Albanie. La Providence avait voulu la soustraire aux profanations des Turcs, maîtres de ce pays, et l'envoyer comme récompense de la foi de Petruccia et des habitants de Gennazano.

L'histoire des merveilles de tous genres accomplies, depuis ce temps, autour de l'image miraculeuse, demanderait des volumes entiers. Souvent on a vu l'image changer d'aspect, et les yeux de la Sainte Vierge prendre un air de vie exprimant la joie ou la douleur. Que de maladies et d'infirmités guéries ! Que de grâces spirituelles obtenues !

Gennazano est toujours un lieu de pèlerinage vénéré et très fréquenté, et beaucoup de pieux pèlerins même étrangers à l'Italie, si le temps le leur permet, tiennent à visiter ce sanctuaire béni. Les souverains Pontifes ont comblé d'indulgences la dévotion à Notre-Dame du Bon Conseil, et Léon XIII a inséré dans les Litanies de la Sainte Vierge le titre de Mère du Bon Conseil.

Notre Dame du Bon Conseil est particulièrement fêtée à Ajaccio en Corse, à Châteauroux en Berry et à Cuébris dans le comté de Nice.

Rq : Nous signalons au lecteur l'existence de l'institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Cet institut catholique mérite d'être encouragé et soutenu. Il permet notamment aux catholiques de la région parisienne de pouvoir accéder aux sacrements, notamment à la très sainte communion et à la confession chaque semaine, grâce au saint dévouement de ses prêtres. E toute justice, il convient de signaler que ces prêtres ont une opinion déplorable concernant l'apparition de Notre Dame à La Salette. Prions pour que cela ne leur nuise pas et pour qu'ils reviennent à la raison concernant Notre Dame et " Mélanie la sainte " (saint Pie X dixit).

Le site de l'institut est riche d'une publication d'excellente qualité, Sodalitium : http://www.sodalitium.eu/index.php

27 avril. Saint Pierre Canisius de Nimègue, docteur de l'Eglise, apôtre de l'Allemagne. 1597.

- Saint Pierre Canisius de Nimègue, docteur de l'Eglise, apôtre de l'Allemagne. 1597.

Pape : Clément VIII. Empereur du Saint-Empire : Rodolphe II de Habsbourg.

" Renoncez-vous à vous-même, pour ne pas être renoncer par le Christ ; reniez-vous, pour être reçu par le Christ."
Salvien.


Saint Pierre Canisius. Gravure du XVIe.

Humilité et soumission, ces deux mots résument toute l'oeuvre de saint Ignace, dont saint Pierre Canisius fut l'un des premiers et des plus grands disciples. On a souvent tourné en dérision cette sublimité de l'obéissance recommandée aux religieux de la Compagnie de Jésus. On s'est moqué du fameux perinde ac cadaver. Mais a-t-on réfléchi que ce grand précepte de la soumission est la condition sine qua non de toute autorité divine ou humaine ? Conçoit-on une royauté, comprend-on une armée, imagine-t-on une traversée maritime sans l'obéissance au chef du pouvoir, de l'expédition ou du vaisseau ? La soumission est la garantie de toute puissance.

Et l'humilité, cette vertu qu'il n'est donné à l'homme de comprendre que se lève les yeux en haut, n'a-t-elle pas été de tous temps le cartère distinctif de la vraie grandeur ? L'orgueil qui lui est opposé, comme l'indépendance à la soumission, ne sont-ils pas les deux vices fondamentaux qui ont amené la ruine du protestantisme ?

Luther et saint Ignace naissent en même temps : l'un prêche la révolte à l'autorité, et ses premiers disciples appliquant rigoureusement les principes de leur maître, arrivent à l'impuissance et à l'alarchie ; l'autre recommande à ses enfants la soumission à l'autorité, et trois siècles ne font qu'assurer à son oeuvre une plus longue durée.

Magnifique et vivant enseignement que cette lutte perpétuelle de la vérité contre l'erreur ! Chaque ère qui se lève sur le monde l'atteste, mais chaque ère aussi vient proclamer plus haut le triomphe de cette vérité immuable comme son principe, qui est le bien et le vrai éternel, sur l'erreur qui, malgré ses formes chaque jour différentes, n'est que ruine et poussière ; car elle ne s'appuie que sur le faux et sur le mal.


Martin Luther. Lucas Cranach. XVIe.

Notre saint du jour n'est plus " populaire ". Et pour cause ! Il fut un combattant jamais vaincu des droits de l'Eglise contre les désordres de l'anarchie, un champion de la vérité contre les sectateurs des ténèbres du mensonges. Nos temps qui s'enfoncent chaque jour un peu plus sous l'empire du prince de ce monde combattent ardemment - jusque dans leur commémoraison - des figures comme celle de saint Pierre Canisius. Ce champion du concile de Trente ne saurait guère plus plaire à la secte usurpatrice du si beau nom catholique qui plastronne à Rome et coule lentement dans un syncrétisme satanique.

N'importe ! Honorons en ce 27 avril, le grand saint Pierre Canisius, infatigable apôtre de la vérité, de Notre Seigneur Jésus-Christ et de son Eglise, et de Notre Dame pour laquelle il avait - avec saint Michel archange - une particulière et tendre dévotion.

La famille de Pierre Canisius était l'une des plus distinguées de la Hollande ; son père, d'abord conseiller du duc Charles de Lorraine, fut ensuite bailli de Verdun. Né en 1521, c'est sous le toit paternel que Pierre passa, dans l'innocence, ses premières années. Puis, il fut envoyé à Cologne, pour y apprendre les belles-lettres. En peu de temps, il eut achevé son cours d'humanités et reçut le grade de docteur en droit civil. Il vint alors à Louvain pour s'initier au droit canonique.

On était alors aux plus mauvais jours du XVIe siècle. Luther s'était levé du sein de l'Eglise, impétueux, opiniâtre, orgueilleux à l'excès. Poussé par l'esprit du mal et de la révolte, cet homme avait dépouillé sa robe de moine et, l'anathème à la bouche, avait voué au catholicisme la plus implacable des haines ; il avait juré la ruine de la Papauté. Canisius naissait à Nimègue pendant que le moine brûlait, à Wittemberg, les bulles de Léon X.


Le Pape Léon X.

Rien désormais ne devait arrêter l'hérésiarque. Il jeta du même coup le gant au Pape et à l'empereur Charles Quint. Le Pape, assisté de Jésus-Christ, résiste et triomphe ; mais l'empereur, d'abord fidèle, se trouble bientôt à la vue de la guerre qui le menace et, au prix de concessions malheureuses, achète la soumission momentanée de ses sujets révoltés. Quand Luther meurt, dans une agonie ignoble et digne de celui qui l'inspira depuis qu'il avait quitter l'Eglise, son oeuvre est achevée, la prétendue Réformation a jeté dans l'Europe entière ses racines profondes.

Elles se développe rapidement. L'Allemagne qui les reçoit avec le plus de faveur doit en être la première victime ; avec la foi catholique la constitution impériale est menacée ; les princes, qui ne sont plus obéis, se révoltent à leur tour contre Charles Quint ; le sang coule à flots de tous côtés.

L'Eglise se reccueille un instant : puis assistée de l'Esprit Saint, elle se lève tout entière à la voix de son chef, et s'affirme plus vivante et plus forte que jamais. A la ligue formée à Smalkalde par les protestants, elle oppose le concile de Trente... C'est saint Pierre Canisius qui doit nous introduire dans l'assemblée des Pères de l'Eglise.

C'est là que se forma le jeune religieux ; aussi ses progrès dans la voie de la perfection furent si rapides que son noviciat à peine achevé à Cologne sous la direction du Père Pierre Lefèvre, il fut jugé digne de la prêtrise et tout aussitôt appelé à succéder à ce même Pierre Lefèvre, dans la charge de supérieur. Nous le retrouvons expliquant aux théologiens de l'Université les épîtres de saint Paul, et les Evangiles aux élèves du collège du Mont, et préparant en même temps une édition des oeuvre du mystique Jean Tauler et une nouvelle édition des oeuvres de saint Cyrille d'Alexandrie et de saint Léon le Grand. Mais tout à coup il est convié à de plus grandes destinées. De ce moment commence sa lutte contre la Révolution ou prétendue Réforme.


Charles Quint. Tiziano Vecellio. XVIe.

Un grand scandale est venu fondre sur l'Eglise d'Allemagne : l'archevêque de Cologne, Hermann de Weda, s'est laissé séduire et entraîné dans l'hérésie. A la vue de la trahison de son pasteur, la cité s'indigne ; le clergé, l'Université, les magistrats, jaloux de conserver intact le trésor de leur foi, se décident à demander la déposition du coupale. Toutefois, nul n'osait se rendre près de Charles Quint et de Georges d'Autriche, prince-évêque de Liège, pour présenter une aussi grave requête. On jette les yeux sur notre saint : c'est lui qui sera, près de l'empereur et du cardinal, l'interprète chargé de réclamer contre l'indignité du coupable. Délicate mission qui témoigne de l'estime qu'on avait déjà pour le jeune jésuite !
Dieu seconde alors l'envoyé des habitants de Cologne ; le Pape excommunie Hermann et le remplace par un saint prêtre.

Pendant son voyage, le saint s'était rencontré à Ulm avec le cardinal Othon Truchess, évêque d'Augsbourg. Le prélat, frappé de son rare mérite, résolut de l'envoyer au concile de Trente comme son théologien. Saint Ignace de Loyola, consulté, répondit au cardinal que son choix ne pouvait mieux tomber. Ce fut en vain qu'au retour de son négociateur, Cologne fit valoir ses droits sur lui ; Canisius avait sa place marquée au sein des Pères du concile.

La réunion des Pères de l'Eglise à cette époque semblait impossible. L'empereur Charles-Quint pris entre les Catholiques et les Protestants, ne voulait rien faire qui semblât favoriser les uns ou les autres ; le roi de France ne souhaitait pas une assemblée où le Pape serait le maître : enfin le Pape lui-même pouvait craindre quelque entreprise contre son autorité : et cependant, au milieu de tant de difficultés et d'entraves, l'oeuvre de Dieu s'accomplit, et la foi fut sauvée. Eternel enseignement que de tout temps Dieu se plaît à donner aux audacieux qui voudrait résister à son Christ et à son Eglise.
 

Saint Ignace de Loyola.

Parmi la foule nombreuse de prélats et de théologiens appelés au concile par la voix du Pontife romain, Canisius, dès le début des sessions, fut placé au premier rang. Au moment où, les préliminaires terminés, le concile allait commencer ses séances dogmatiques, des fièvres se déclarèrent à Trente et le siège de l'assemblée fut transféré à Cologne. Assisté du savant jésuite Jacques Laynez, théologien du Pape, Canisius fut chargé de faire le relevé exact des erreurs avancées au sujet des sacrements par les hérétiques et de reccueillir dasn les monuments de la tradition les bases des règles définitives. L'attente de saint Ignace et du cardinal Othon Truchess ne fut pas trompée : chaque fois que le jeune jésuite élevait la voix au sein de l'assemblée, les Pères du concile admiraient en lui l'homme de Dieu, venant avec sa noble et touchante éloquence remuer les coeurs et convaincre les esprits.

Mais voici qu'après les troubles qui suivirent le meurtre du duc de Plaisance l'assemblée est dissoute : notre saint Pierre Canisius est appelé à Rome par saint Ignace. Nous le retrouverons bientôt à la prochaine session du concile.

Saint Ignace et saint Pierre Canisius avaient, il semble, hâte de se mieux connaître... Qui dira les épanchements de ces deux âmes ! Saint Ignace initiait saint Pierre Canisius aux secrets desseins du Seigneur sur son oeuvre naissante, et, qui sait ? dans sa sublime bonté, le Très-Haut déchirant les voiles de l'avenir, leur montraiet peut-être cette compagnie de Jésus embrassant l'univers entier de flammes de l'amour divin et tout à la fois régénérant l'ancien monde et convertissant le nouveau.


Saint Pierre Canisius conférant avec le cardinal
Othon Truchess et un légat apostolique.

Tout, au temps de saint Ignace, était à fonder : il fallait des maîtres capables d'éclipser leurs rivaux hérétiques. On sait que Luther dut une partie de sa puissance à son éloquence ardente, à sa facilité prodigieuse pour traiter les matières philosophiques et religieuses dans sa langue maternelle ; les disciples qui devaient le remplacer dans son enseignement l'imitaient et acquéraient très vite ce prestige qui éblouit les esprits faibles. Saint Ignace forma des maîtres qui surpassèrent bien vite les prétendus réformateurs.

Saint Pierre Canisius, après cinq mois passés dans la prière et l'étude près de son supérieur, partit pour Messine ; et lui qui peu de temps auparavant siégeait parmi les Pères du concile, eut à enseigner la réthorique. Pendant un an, il s'acquitta de cette mission avec ce dévouement, cet amour du devoir qui lui faisait trouver du charme au moindre des emplois. Il devait reparaître bientôt sur une plus vaste scène.

Il est subitement rappelé par Rome pour y prononcer ses voeux solennels : c'était, pour ainsi parler, l'achèvement de l'homme de Dieu. Pierre se consacre solennellement et irrévocablement à l'oeuvre de la Providence ; Ignace peut mourir en paix, il compte un vaillant lutteur de plus dans son armée d'élite.

C'est à l'Allemagne qu'appartient désormais le religieux profès ; nous allons voir ce vrai réformateur à l'oeuvre.


Le duc Guillaume de Bavière. Peter Gartner. XVIe.

Le duc Guillaume a fait demander de saints maîtres pour relever l'instruction publique en Bavière. Canisius, Le Jay, Salmeron, trois disciples prédestinés du général de la Compagnie de Jésus, reçoivent l'ordre de se rendre à Ingolstadt pour y fonder un collège. Ils int pour tout bagage le crucifix, les Exercices spirituels et le Ration studiorum ou " plan d'études ". Avec ces deux petits livres, les Jésuites ont remué le monde ; dans le premier, ils puisent cette force surhumaine qui les guide au-delà des mers vers les peuples infidèles ; le second leur sert de règle infaillible dans l'oeuvre d'éducation de la jeunesse.

Le duc Guillaume n'eut qu'à se louer des Jésuites ; le succès le plus éclatant vint couronner leurs efforts. L'Université nomme Canisius son recteur ; il se défend de cet honneur, mais Ignace ordonne, et le religieux se soumet. De ce jour tout prospère, les livres entachés d'hérésie sont enlevés aux étudiants, les discussions entre maîtres et élèves s'apaisent, la parole du saint ranime au coeur de la jeunesse le respect et l'amour du travail. Aussi, l'Université veut perpétuer la mémoire de son recteur et inscrit son éloge dans ses annales.

Quand les six mois de son rectorat furent achevés, l'apôtre d'Ingolstadt put rendre grâces à Celui qui se plaisait à répandre tant de faveurs par ses mains.

Le bruit de ses merveilles se répandait rapidement dans l'Allemagne ; de tous côtés, des lettres et des prières étaient adressées aux supérieurs de Canisius ; on le voulait partout. Ferdinand, roi des Romains, appuyé par le souverain Pontife, obtint sa présence à Vienne.


Ferdinand, roi des Romains.

L'Autriche, à son arrivée, présentait un spectacle navrant. Le clergé séculier, les Ordres religieux, les écoles, étaient infectés de la lèpre hideuse dont Luther avait partout déposé le germe. Les villes n'avaient plus de pasteurs, les sacrements n'étaient plus administrés, les cérémonies religieuses n'étaient plus célébrées. Saint Pierre Canisius est d'abord effrayé de l'immensité du mal, mais bientôt il se prosterne devant Dieuet obtient de lui que l'Autriche soit régénérée.

Notre saint se multiplie ; il prêche à la cour, il prêche au peuple, il catéchise les enfants. Soudain, terrible châtiment de Dieu ! La peste éclate dans la ville ; c'est encore notre saint qu'on retrouve au chevet des mourants, soignant les corps et régénérant les coeurs des malheureux Viennois. Enfin, il obtient du Saint-Père un jubilé, c'est lui qui en est le prédicateur ; et au milieu d'un concours immense, il venge l'honneur méconnu des indulgences.

En même temps, la générosité de nobles familles aidant, il ouvre un pensionnat ; les fils des plus nobles habitants y accourent. Bientôt l'angélique Stanislas Kotska, guidé par la Vierge Marie, viendra se former là aux saintes vertus qui doivent charmer le monde. Vienne renaissait à la foi ; le roi des Romains voulut récompenser le zèle de l'apôtre, en lui offrant le siège épiscopal de ce diocèse, qu'il venait de transformer si heureusement. Notre saint accepta pendant quelques temps le devoir d'une charge si lourde mais il en refusa les honneurs.

Nous l'avons dit : à l'apostaolat de la parole, saint Pierre Canisius sut joindre l'apostolat de la plume. Faisons halte, pour ainsi dire, au milieu de sa vie, pour parler de celui de ses ouvrages qui est rester le plus célèbre et le plus populaire ; son catéchisme.

Ferdinand, ce prnce que nous voyions tout à l'heure si plein d'admiration pour le saint, avait réclamé de saint Ignace un exposé court et solide de la doctrine chrétienne. C'est à Canisius, comme au plus capable, que fut confié une oeuvre aussi importante. Cet abrégé de la doctrine chrétienne, Summa doctrinae christianae, restera, avec le catéchisme du concile de Trente, comme un éternel monument du triomphe de l'Eglise sur l'erreur au temps de Luther.
 

Saint Pierre Canisius. Gravure du XVIe.

A peine le livre eut-il paru, que Ferdinand, par un rescrit solennel, le répandit dans tout l'empire. Philippe II d'Espagne imita bientôt son oncle, et le fit imprimer dans les Etats de l'ancien et du nouveau monde ? Il fut traduit dans toutes les langues de l'Europe : la Russie, la Pologne, la Suède, le Danemark, l'Angleterre, l'Irlande, la Hollande et la Suisse, connurent à peine, pendant bien longtemps, d'autre exposition élémentaire de la foi catholique.

" En 1686, nous dit le révérend Père Alet, quand le catéchisme de Canisius fut publié à Paris par l'autorité de Mgr de Harlay, on était au moins, la préface le constate, à la quatre centième édition."

La raison de ce succès et en même temps son plus grand éloge sont tombés des lèvres augustes de Pie IX, dans le bref de la béatification de saint Pierre Canisius :
" Ayant remarqué que l'hérésie se propageait partout au moyen de petits livres, Canisius pensa qu'il n'y avait pas de meilleur remède contre le mal qu'un bon abrégé de la Doctrine chrétienne. Il composa donc le sien, mais avec tant d'exactitude, de clarté et de précisions qu'il n'en existe pas de plus propre à instruire et à confirmer les peuples dans la foi catholique."

Dominé par les sentiments de cette extrême humilité qui le caractérisait, saint Pierre Canisius avait résolu de ne pas se faire connaître comme l'auteur du catéchisme, mais le secret, peut-être mal gardé, fut bientôt divulgué, et la renommée de notre saint s'en accrut immensément. Ce ne fut plus l'Allemagne seulement qui réclama sa présence ; la Transylvanie, la Hongrie, la Silésie, la Pologne se le disputèrent bientôt.


La Summa doctrinae christianae.

Nommé sur ces entrefaites provincial d'Allemagne par saint Ignace, le saint s'occupa d'abord d'assurer l'existence complète des collèges de Prague, d'Ingolstadt et de Munich ; puis au moment où il allait se rendre en Bavière, il fut appelé au colloque de Worms.

Les Protestants avaient demandé aux seigneurs d'Allemagne, présents à la diète de Ratisbonne, qu'un certain nombre d'hommes choisis dans les deux camps vinssent se réunir en conféérence dans la ville de Worms? Cette proposition plus à Ferdinand : il voulait ménager les susceptibilités des princes luthériens, dont il allait avoir besoin pour faire la guerre aux Musulmans. Saint Pierre Canisius, malgré une certaine répugnance, se rendit au colloque sur le désir de ses supérieurs : il y trouva déjà réunis le vieux Philippe Mélanchton, l'âme damnée de Luther, Erasme Scneff, Henri Buttinger et Flach Francowitz, tous prédicants acharnés du " pur Evangile ". Il y eut d'abord, il faut le dire, et le triomphe n'en fut que plus éclatant, il y eut peu d'enthousiasme du côté des catholiques, les discussions chaque jour renouvelées n'amenaient point de vrais résultats. Saint Pierre Canisius eut alors recours à son grand moyen ; il pria, et une inspiration du ciel le secourut aussitôt.


Philippe Mélanchton. Lucas Cranach. XVIe.

Il était facile de voir que les théologiens de l'hérésie ne s'entendaient pas entre eux, même sur les articles les plus essentiels. Or, le colloque n'avait été accordé qu'aux seuls partisans de la Confession d'AUgsbourg. Il insinua donc que, pour éviter la confusion, il serait utile d'écarter les docteurs qui n'admettraient pas cette règle de foi. On ne saurait dire combien cette proposition inattendue déconcerta les dissidents. Les voilà qui commencent à s'attaquer les uns les autres. Les Sacramentaires condamnent les Anabaptistes, les Anabaptistes les Sacramentaires et ainsi des différentes sectes. Mélanchton, malgré son grand âge, a le chagrin de se voir insulté par ses disciples. Bientôt on en vient aux injures, aux outrages les plus violents, et l'on pu craindre un moment qu'il n'y eut une véritable mêlée. Enfin, les plus emportés ont le dessus, et cinq, qui avaient montré plus de modération, sont réduits à quitter la place. Ils s'éloignent, en laissant entre les mains du président une protestation contre l'indigne conduite de leurs collègues.

Le colloque ne pouvait plus se prolonger dans des conditions si nouvelles. Le roi des Romains décida que l'assemblée était dissoute et l'on se sépara, à la grande désolation des hérétiques, qui s'en prirent à saint Pierre Canisius de leur échec. En effet, amis et ennemis s'accordaient à reconnaître que c'était à lui que revenait l'honneur d'un résultat si heureux pour la cause catholique.

Les Luthériens vaincus essayèrent alors leurs armes les plus honteuses contre celui qu'on appelait déjà le " marteau des hérétiques " : ils inventèrent contre lui des fables ridicules, répandirent partout les plus infâmes calomnies. L'homme de Dieu redoubla de patience et méprisa ces attaques et s'ingénia sans s'émouvoir à multiplier contre ses adversaires les actes de la plus ardentes charité. On l'appelait dans l'Alsace supérieure, il en traversa toutes les villes en faisant le bien et en guérissant les tristes blessures que la prétendue Réforme infligeait à l'Eglise.


Buste de saint Pierre Canisius. Munich. XVIIe.

Mais le mal s'aggravait toujours et il venait d'atteindre la Pologne? Le Pape aussitôt y envoie un nonce apostolique ; deux théologiens l'accompagnent ; l'un est notre saint. A son arrivée, il trouva la religion dans le plus grand des périls.

Ce malheureux pays était alors gouverné par l'indolent Sigismond. Ce prince, à la vue des ravages déjà causés par la prétendue Réforme, réunit une diète à Piotrkow. Mais l'élan et l'enthousiasme manquèrent d'abord à cette assemblée ; saint Pierre Canisius essaya à plusieurs reprise de remuer la foi dans les coeurs indifférents, ses efforts furent à la fin récompensés. Sigismond, stimulé par lui, déclara solennellement qu'il n'entendait point qu'on touchât aux droits de l'Eglise.

Cependant les sessions du concile de Trente, un instant suspendues, allaient reprendre leur cours. Pie V, l'empereur Ferdinand et les légats apostoliques jugèrent d'un commun accord que la présence de Canisius était nécessaire ; ils n'avaient pas oublié cette éloquence si douce à la fois et si ferme qui les avaient aussi de quel poids était l'autorité de Canisius, de quelle valeur serait une décision motivée par lui.


Edition du catéchisme de saint Pierre Canisius.

Arrivé à Trente le 14 mai 1562, il trouva le saint cardinal Osius, son ami, tout près de mourir. Mais la joie que ressentit le prélat à embrasser celui qu'il désirait voir si ardemment lui rendit soudain la santé.

A la reprise des travaux de l'assemblée, Canisius fut chargé de présider une commission qui dut revoir l'Index ou Catalogue des livres condamnés. Plusieurs fois le saint apôtre eut à traîter devant les Pères le grand sujet de l'Eucharistie. C'est alors que son coeur débordait vraiment sur ses lèvres. La foi l'inspirait et les théologiens assemblés rendaient grâces à Dieu qui leur parlait par une bouche si éloquente. Quant à l'orateur, il écrivait à ce propos :
" Il m'a été commandé de parler au Concile, c'est à d'autres que le succès était recommandé. Le Seigneur m'a aidé en vue des prières de notre Compagnie. A Lui seul toute la gloire."

Le Concile se sépara définitivement en 1563. Restait maintenant à faire accueillir ses décisions par les princes de l'Allemagne.

Le souverain Pontife, dans son anxiété, ne savait qui charger d'une aussi délicate mission, quand il jeta les yeux sur Canisius ; il le nomma aussitôt nonce apostolique et l'envoya en Allemagne. La tâche fut remplie au-delà de toute espérance, et bientôt l'on vit les seigneurs promulguer les décrets du Concile apportés par le nonce. Cette mission touchait à sa fin quand le Pape Pie V ordonna à Canisius de se rendre à la diète d'Augsbourg qui s'ouvrait le 24 mars 1566.


Eglise Saint-Pierre-Canisius de Vienne. Autriche.

Un nouveau péril menaçait l'Eglise. L'Islamisme était prêt à fondre sur la Chrétienté. Pour détourner ce fléau, il fallait une armée puissante. Les Protestants refusaient de souscrire aux subsides nécessaires pour lever des troupes. A la diète, ce fut encore Canisius qui par sa fermeté triompha de toutes ces résistances, et on le vit provoquer de la part des Catholiques une adhésion solennelle aux décrets du Concile de Trente.

Après tant de labeurs, le repos semblait permis ; mais pour le saint le repos était dans la lutte même. Le souverain Pontife apprend un jour que les principautés hérétiques de Magdebourg on t composé et publié les annales ecclésiastiques intitulées : Centuries de Magdebourg. C'était un odieux pamphlet, rempli des calomnies les plus perfides contre l'Eglise catholique. Le saint Pape, ému d'une telle nouvelle, ordonne à Canisius de réfuter cette mordante satire, et le bienheureux donne au monde le livre des Altérations de la parole divine, chef-d'oeuvre de controverse en même temps que brillante apologie de la Religion.


Le pape Grégoire XIII.

A peine la réfutation a-t-elle paru que Grégoire XIII envoie Canisius en députation auprès des princes de l'Allemagne, pour les engager à consolider l'établissement du collège germanique en fondant dans leur pays d'autres collèges et des séminaires en faveur de la jeunesse allemande.

D'Allemagne, saint Pierre Canisius revient à Rome pour régler les affaires de la fondation du collège germanique, puis il repart pour le colloque de Nuremberg, accompagnant l'évêque de Brescia. Le colloque est différé, et tandis que le saint se croit un instant libre, voici qu'il lui reste à accomplir une dernière et magnifique mission.

Une supplique des évêques de Bâle, de Constance et de Lausanne était venue signaler à Grégoire XIII le danger que la foi courait dans la Suisse catholique. L'évêque de Verceil, chargé par le Pape de rendre compte de l'état du pays, écrivit à Rome que le seul moyen de sauver la religion était d'y établir un collèges dirigé par les Pères de la Compagnie de Jésus. Ce projet fut approuvé, mais lorsqu'on apprit en Suisse que les Jésuites étaient sur le point d'arriver, Protestants et Catholiques s'unirent dans les plus menaçantes déclamations. Les calomnies répandues à dessein sur la compagnie de Jésus portaient leurs fruits. Un seul homme, pensa-t-on à Rome, est capable de triompher de ces résistances. C'était nommer Canisius. La présence seule du saint apôtre changea l'aspect de ce pays.


Saint Pierre Canisius prêchant. Suisse. XVIIe.

A peine arrivé à Fribourg, le saint fut l'objet de la vénération de tous : un collège y fit fondé et Canisius se plut à le diriger lui-même. Quoique recteur de la maison qui veanit de s'ouvrir, notre saint trouvait encore le temps de prêcher, de visiter les malades et de convertir les dissidents.

Les Fribourgeois s'attachaient de plus en plus à leur apôtre. Un jour, les Luthériens de Genève, de Lausanne, de Bâle, envoient à Fribourg de honteux libelles contre la Compagnie de Jésus. Le canton de Fribourg répond à ces calomnies en s'engageant par un serment solennel à maintenir toujours intacte la foi catholique.

Le 5 août 1596, les bâtiments du collège venaient d'être terminés : on en fit la solennelle inauguration. A la fin de la cérémonie, le saint vieillard appuyé sur son bâton voulut remercier les Fribourgeois de leurs généreux sacrifices et de leurs fidélité : il les supplia de ne jamais trahir leur sainte foi et leur promit le dévouement impérissable de la Compagnie de Jésus.


Cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg. Suisse.

Ce fut son Nunc dimittis. Ne désirant plus rien que le ciel, le saint vieillard se renferma tout entier en Dieu. Bientôt, pour que rien ne manquât à ses mérites déjà si nombreux, il fut atteint d'une hydrophisie qui lui fit souffrir un véritable martyre. Le 20 décembre 1597, après quatre mois de souffrances aigües, il déclara que sa vie sur la terre était enfin terminée et le lendemain, vers trois heures de l'après-midi, en présence de ses frères, il rendit à Dieu sa belle âme. Il était âgé de 78 ans ; il en avait passé 54 dans la Compagnie de Jésus.

A peine la nouvelle se fut-elle répandue, qu'on eut dit qu'une calamité publique avait soudain fondue sur la cité. On se pressait en foule aux portes du collège, on attendait avec anxiété que les restes du saint fussent exposés à la vénération publique. Enfin, une chapelle ardente fut disposée, et les Fribourgeois purent venir en foule s'agenouiller près du corps du bienfaiteur. Les uns restaient là immobiles et comme attendant que ses lèvres vinssent se ranimer pour leur adresser de saintes paroles ; d'autres se prosternaient pour baiser avec respect les mains et les pieds du serviteur de Dieu ; quelques uns, voulant à tout prix satisfaire leur dévotion, lui coupaient en cachette une mèche de cheveux ; on alla jusqu'à mettre en lambeaux ses vêtements sacrés.

Le surlendemain, le clergé, le sénat, la magistrature firent élever le corps et lui rendirent les honneurs funèbres, aux frais du trésor public, dans la cathédrale Saint-Nicolas, où il fut inhumé, avec la réserve que la précieuse dépouille serait rendue aux Jésuites dès qu'ils disposeraient d'une église pour la recevoir.


Eglise Saint-Michel de Fribourg. Le corps de notre saint
y repose toujours dans une magnifique châsse. Suisse.

L'oraison funèbre du vénérable défunt fut prononcée par le prévôt du Chapitre. Les Fribourgeois, jalous de perpétuer à jamais la mémoire de saint Pierre Casinius, firent graver sur sa tombe une inscription qui retraçait en termes magnifiques les services que le saint apôtre avait rendu à la cause de la Religion.

Le 20 novembre 1864, Rome était en fête. Pie IX ordonnait qu'aux yeux de la ville et du monde le titre et les honneurs de Bienheureux fussent décernés au vénérable Pierre Canisius.

Canonisé, il a été proclamé Docteur de l'Eglise en 1925 et sa fête fut déplacée du 20 décembre au 27 avril.

On représente saint Pierre Canisius ayant près de lui un chien qui aboie contre l'hérésie. En effet, son nom hollandais, De Hond, signifie chien. C'est aussi la raison pour laquelle les Luthériens, furieux de leurs défaites systématiques contre lui et mécontents de ses oeuvres, l'appellent encore aujourd'hui le chien de Nimègue.
 

Statue de saint Pierre Canisius dans sa ville natale, Nimègue.

On peut trouver sa châsse dans la chapelle du Collège Saint-Michel de Fribourg autrefois tenu par les Jésuites.

Rq : On téléchargera le trésor qu'est le Catéchisme de saint Pierre Canisius sur ce lien : http://liberius.net/auteur.php?id_auth=10

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mardi, 25 avril 2023

25 avril. Saint Marc l'Evangéliste. 68.

- Saint Marc l'Evangéliste. 68.

Papes : Saint Pierre ; saint Lin. Empereur : Néron.

" Je suis la chaire de Marc. Ma règle divine me fut donnée par Marc : Toujours avec Rome."
Inscription araméenne gravée sur la chaire de saint Marc conservée à Venise.

Saint Marc était probablement de la race d'Aaron ; il était né en Galilée. Il semble faisait partie du groupe des soixante-douze disciples du Sauveur ; mais il nous apparaît surtout dans l'histoire comme le compagnon fidèle de l'apostolat de saint Pierre.

C'est sous l'inspiration du chef des Apôtres et à la demande des Chrétiens de Rome qu'il écrivit l'Évangile qui porte son nom. Marc cependant ne suivit pas saint Pierre jusqu'à son glorieux martyre ; mais il reçut de lui la mission spéciale d'évangéliser Alexandrie, l'Égypte et d'autres provinces africaines.

Le disciple ne faillit pas à sa tâche et porta aussi loin qu'il put, dans ces contrées, le flambeau de l'Évangile. Alexandrie en particulier devint un foyer si lumineux, la perfection chrétienne y arriva à un si haut point, que cette Église, comme celle de Jérusalem, ne formait qu'un coeur et qu'une âme dans le service de Jésus-Christ. La rage du démon ne pouvait manquer d'éclater.

Les païens endurcis résolurent la mort du saint évangéliste et cherchèrent tous les moyens de s'emparer de lui. Marc, pour assurer l'affermissement de son oeuvre, forma un clergé sûr et vraiment apostolique, puis échappa aux pièges de ses ennemis en allant porter ailleurs la Croix de Jésus-Christ. Quelques années plus tard, il eut la consolation de retrouver l'Église d'Alexandrie de plus en plus florissante.


Evangile de Loisel. XIVe.

La nouvelle extension que prit la foi par sa présence, les conversions nombreuses provoquées par ses miracles, renouvelèrent la rage des païens. Il fut saisi et traîné, une corde au cou, dans un lieu plein de rochers et de précipices. Après ce long et douloureux supplice, on le jeta en prison, où il fut consolé, la nuit suivante, par l'apparition d'un ange qui le fortifia pour le combat décisif, et par l'apparition du Sauveur Lui-même.

Le lendemain matin, Marc fut donc tiré de prison ; on lui mit une seconde fois la corde au cou, on le renversa et on le traîna en poussant des hurlements furieux. La victime, pendant cette épreuve douloureuse, remerciait Dieu et implorait Sa miséricorde. Enfin broyé par les rochers où se heurtaient ses membres sanglants, il expira en disant :
" Seigneur, je remets mon âme entre Vos mains."

CULTE

Tous les anciens martyrologes parlent de saint Marc. Quelques-uns, comme l'hiéronymien, le placent au 23 septembre ; Tillemont déclare qu'on n'en sait pas la raison. La plupart le mettent au 25 avril ; tels sont le martyrologe de Bède qui se base sur la passion de saint Marc ; on y déclare que le martyre eut lieu la quatorzième année de Néron ; le martyrologe de Florus qui ajoute à Bède quelques détails puisés dans saint Jérôme ; le Vetus Romanum, et enfin Adon qui trouve moyen d'insérer une interpolation relative aux loca Bucoliae ; le martyrologe romain dit la huitième année de Néron.

Les grecs nomment encore saint Marc, le 11 janvier, en un quartier dit le Taureau, peut-être à cause d'une dédicace d'église.


RELIQUES

Le corps de saint Marc fut longtemps vénéré à Alexandrie. Les Actes de saint Pierre d'Alexandrie disent positivement que Marc fut martyrisé à Bucoles, qu'il y avait là une église bâtie vers 310 et un cimetière dit de " Saint-Marc ". Pierre lui-même souffrit en ce lieu, et demanda à ses bourreaux la liberté d'aller prier sur le tombeau de Marc.
D'après Palladius, le saint prêtre Philorome vint à pied de Galatie en Cappadoce pour visiter le tombeau de saint Marc.

Le corps de saint Marc était encore vénéré à Alexandrie au VIIIe siècle, bien que la ville fût alors sous la domination mahométane : il se trouvait dans un tombeau de marbre en une église située à droite de l'entrée de la ville. On prétend que, vers 815, des marchands vénitiens emportèrent les ossements dissimulés au fond d'un panier. Les bollandistes donnèrent à ce sujet une relation tirée de Baronius, mais considérée comme suspecte par Tillemont.

Bernard, moine français, qui fit le voyage d'Orient en 870, assure qu'alors le corps de saint Marc n'était plus à Alexandrie, mais avait été porté à Venise. Mais, dans cette ville, on ne savait pas précisément où était le corps. Au XIVe siècle, le Doge et les procurateurs de la république prétendaient connaître seuls l'endroit où se trouvait le corps et en faisaient un secret aux autres.

Les Vénitiens ont pris saint Marc pour leur patron, et font mémoire de la translation du corps, le 31 janvier.

Ses reliques donnent la guérison au peuple, contre toutes les afflictions, douleurs et maladies.

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lundi, 24 avril 2023

24 avril. Saint Fidèle de Sigmaringen, Capuçin, martyr. 1622.

- Saint Fidèle de Sigmaringen, Capuçin, martyr. 1622.
 
Papes : Grégoire XIII ; Grégoire XV. Empereurs : Rodolphe II ; Ferdinand II. Roi de France : Louis XIII, le Juste.
 
" Soyez fidèle jusqu'à la mort et je vous donnerai la couronne de vie."
Paroles du Père gardien de Fribourg adressées à notre saint le jour où il reçu l'habit de novice.
 

Marc Rey naquit en 1577 à Sigmaringen, une petite ville de la principauté de Hohenzollern. Son père Jean Rey et sa mère Geneviève de Rosenberg étaient catholique et noble et lui donnèrent une éducation digne de ces deux titres.
 
Il fit ses premières études à Fribourg en Brisgaü. Il édifia ses compagnons et ses professeurs par sa sagesse et sa science, au point qu'on l'appela le philosophe chrétien. Il fut reçu docteur dans les deux droits.
 
Dès lors il s'approchait souvent des sacrements, visitait et soignait les malades dans les hôpitaux et passait des heures entières au pied des autels, dans une intime conversation avec Jésus-Christ.

De 1604 à 1610, à la tête d’un groupe de trois jeunes nobles souabes, il voyagea en Italie, en France et en Espagne. Durant les six ans que dura le voyage, il restait fidèle à ses résolutions et donna de grand exemples de vertu, attentif à soulager les malades dans les hôpitaux, à visiter les églises, à donner aux pauvres jusqu’à ses propres habits ; déjà, sa piété était toute remise aux mains de la Sainte Vierge dont il méditait longuement les mystères.
 

Maison natale de saint Fidèle. Sigmaringen.

Au retour, il alla se perfectionner dans la connaissance des lois à Dillingen et se préparer à la profession d’avocat. Docteur utriusque juris, il fut nommé avocat-conseiller de la Cour de justice d’Autriche, dans la ville alsacienne d’Ensisheim (1611).

Il exerça quelques temps la profession d'avocat à Colmar, en Alsace, et s'y fit remarquer par sa loyauté, sa haine du mensonge et la sagesse de ses plaidoyers ; il mérita le surnom d'Avocat des pauvres.

Bientôt pourtant la Lumière divine lui fit comprendre qu'il était difficile d'être en même temps riche avocat et bon chrétien : aussi il quitta sans hésiter le monde, où il eût fait bonne figure.

Il renonça donc au barreau, fut ordonné prêtre à Constance (septembre 1612) et, moins d’un mois après, il entra chez les Capucins où il reçut le nom de Fidèle (4 octobre 1612) :
" Afin d’imiter parfaitement mon Sauveur, je vivrai constamment dans une extrême pauvreté, dans la chasteté et l’obéissance, dans les souffrances et les persécutions, dans une austère pénitence, une grande humilité, une sincère charité."

Ayant parfait ses études ecclésiastiques, à partir de 1617, il fut un prédicateur prestigieux, tout en remplissant, au sein de son Ordre, les fonctions de gardien (supérieur) de couvent à Rheinfeldn (1618-1619), à Feldkirch (1619-1620 et 1621-1622) et à Fribourg (1620-1621). Il déploya une intense activité parmi les catholiques de ces régions menacés par le protestantisme, surtout aux environs de Coire et dans la vallée du Praetigau.

Les premières années de sa vie religieuse, d'abord remplies de consolations, furent bientôt éprouvées par de rudes et persistantes tentations de doutes sur sa vocation. Des doutes, il eut la prudence de les confier au guide de son âme, qui le rassura et lui dit de prier Dieu avec ferveur pour connaître Sa Volonté définitive. Dieu lui rendit dès lors la force et la paix ; il fit vendre tous ses biens, dont il distribua le prix en bonnes oeuvres, et dépouillé de tout, il se réjouit d'être désormais un véritable enfant de saint François. Il se félicitait souvent depuis de l'heureux échange qu'il avait fait avec Dieu :
" J'ai rendu les biens de la terre, et Dieu me donne en retour le royaume du Ciel !"

Fidèle ajoutait aux mortifications de la règle bien d'autres mortifications. Les meubles les plus pauvres, les habits les plus usés étaient l'objet de son ambition ; les haires, les cilices, les ceintures armées de pointes de fer, les disciplines, suppléaient au martyre après lequel il soupirait ; l'Avent, le Carême, les vigiles, il ne vivait que de pain, d'eau et de fruits secs. Il résumait sa vocation, qui est la vocation du Chrétien, ainsi :
" Quel malheur si je combattais mollement sous ce Chef couronné d'épines !"

Voué au culte fervent de la Vierge Mère de Dieu et propagateur de son saint Rosaire, il demanda à Dieu par son intercession et celle des autres saints la grâce de donner sa vie et de verser son sang pour le service de la foi catholique.


Saint Fidèle prêchant la vraie foi et abattant l'hérésie.
Giovanni Battista Tiepolo. XVIIIe.

Cet ardent désir prenait de nouvelles forces chaque jour dans la célébration du saint Sacrifice, lorsque, par une admirable providence de Dieu ses supérieurs l'envoyèrent prêcher, et ses succès furent tels, que la Congrégation de la Propagande, établie par Grégoire XV, le choisit pour être le chef des missions dans les Grisons. Fidèle reçut cette charge laborieuse d'un coeur zélé et plein d'allégresse, et la remplit avec tant d'ardeur, qu'ayant réussi en peu de temps à convertir un grand nombre d'hérétiques à la foi orthodoxe, il fit concevoir l'espérance de voir cette province se réconcilier avec l'Eglise et avec le Christ.

Une fièvre contagieuse étant venue à sévir sur les troupes autrichiennes, on le vit se livrer avec la plus vive ardeur aux oeuvres de la charité à l'égard des malades dont les besoins étaient extrêmes. Il excellait à réconcilier ceux que des querelles avaient divisés, à soulager les nécessités du prochain par son action et ses conseils, et mérita ainsi le nom de Père de la patrie.

Doué du don de prophétie, il prédit plus d'une lois son martyre et les malheurs qui menaçaient le pays, dont la défaite militaire des Calvinistes.

Son zèle fut celui d'un apôtre, sa vie sainte et austère était une prédication si éloquente, qu'elle convertit beaucoup plus d'âmes que les sermons et les raisonnements. Parmi des sectaires furieux, il était chaque jour exposé à la mort. Le martyre vint enfin couronner ses voeux et ses mérites.

Il se rendit le 6 avril 1622, de Grusch à Sévis, pour exhorter les catholiques à demeurer fidèle. Alors qu'il prêchait en public, un Calviniste lui déchargea un coup de mousquet qui ne l'atteignit pas.
On l'engagea à se mettre à l'abri, mais il répondit qu'il ne craignait pas de professer la vraie foi.


Martyre de saint Fidèle de Sigmaringen. Robert Séri.
Eglise de Saint-Agnant-de-Versillat. Limousin. XVIIIe.

Retournant à Grusch, une troupe de Calviniste avec un de leurs ministres à leur tête s'emparèrent de lui, le traitèrent de séducteur et l'engagèrent à rejoindre l'hérésie :
" Je suis venu pour réfuter vos erreurs et non pour les embrasser, et je n'ai garde de renoncer à la doctrine catholique qui est la doctrine de tous les siècles. Au reste, sachez que je ne crains point la mort."

Un de la troupe l'ayant renversé par terre d'un coup d'estramaçon, il se mit à genoux et fit cette prière :
" Seigneur Jésus, ayez pitié de moi, sainte Marie, Mère de Dieu, assistez-moi."
Saint Fidèle reçut ensuite plusieurs coups de couteau et expira. Il était âgé de 45 ans.

Quelques temps plus tard, les Calvinistes furent défaits par les Impériaux, ainsi que saint Fidèles le leur avait prédit. Le ministre calviniste qui commandait ses bourreaux fut si frappé par cette prédiction de notre saint, qu'il se convertit et abjura bientôt publiquement l'hérésie.

Le corps de saint Fidèle fut transporté à Weltkirchen, à l'exception de son chef et de sa jambe gauche qui en avaient été détachés par les bêtes féroces calvinistes, et qui furent placés dans la cathédrale de Coire. De très nombreux miracles s'y opérèrent. Benoît XIII le béatifia en 1729 et Benoît XIV le canonisa en 1745.
 
Saint Fidèle est le premier martyr d'entre les missionaires envoyés par la Congrégation pour la Propagande. Il est représenté avec l'instrument de son martyr, l'estramaçon ou massue, mais aussi avec un crucifix à la main et une large blessure à la tête.
 

Imagerie populaire allemande. XIXe.
 
PRIERE
 
" Vous avez accompli votre course avec gloire, Ô Fidèle ! et la fin de votre carrière a été plus belle encore que n'avait été son cours. Avec quelle sérénité vous êtes allé au trépas ! Avec quelle joie vous avez succombe sous les coups de vos ennemis qui étaient ceux de la sainte Église ! Semblable à Etienne, vous vous êtes affaisse en priant pour eux ; car le catholique qui doit détester l'hérésie, doit aussi pardonner à l'hérétique qui l'immole.

Priez, Ô saint Martyr, pour les enfants de l'Eglise ; obtenez qu'ils connaissent mieux encore le prix de la foi, et la grâce insigne que Dieu leur a faite de naître au sein de la seule vraie Eglise ; qu'ils soient en garde contre les doctrines perverses qui retentissent de toutes parts à leurs oreilles ; qu'ils ne se scandalisent pas des tristes défections qui se produisent si souvent dans ce siècle de mollesse et d'orgueil. C'est la foi qui doit nous conduire à Jésus ressuscité ; il nous la recommande, quand il dit à Thomas :
" Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui cependant ont cru !"

Nous voulons croire ainsi, et c'est pour cela que nous nous attachons à la sainte Eglise qui est la souveraine maîtresse de la foi. C'est à elle que nous voulons croire, et non à la raison humaine qui ne saurait atteindre jusqu'à la parole de Dieu, et moins encore la juger. Cette sainte foi, Jésus a voulu qu'elle nous arrivât appuyée sur le témoignage des martyrs, et chaque siècle a produit ses martyrs.

Gloire à vous, Ô Fidèle, qui avez conquis la palme en combattant les erreurs de la prétendue réforme ! Vengez-vous en martyr, et demandez sans cesse à Jésus que les sectateurs de l'erreur reviennent à la foi et à l'unité de l'Eglise. Ils sont nos frères dans le baptême ; priez afin qu'ils rentrent au bercail, et que nous puissions célébrer un jour tous ensemble la véritable Cène de la Pâque, dans laquelle l'Agneau divin se donne en nourriture, non d'une manière figurée, comme dans la loi ancienne, mais en réalité, comme il convient à la loi nouvelle."

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dimanche, 23 avril 2023

23 avril. Saint Georges, officier, martyr. 303.

- Saint Georges, officier, martyr. 303.
 
Pape : Saint Marcellin. Empereur romain : Dioclétien.
 
" Magnum et memorabile nomen."
" Voilà un grand nom et un nom immortel."
 

Saint Georges. Carlo Crivelli. XVe.

Georges est ainsi appelé de Geos, qui veut dire terre, et orge, qui signifie cultiver, cultivant la terre, c'est-à-dire sa chair. Saint Augustin au livre de la Trinité avance que la bonne terre est placée sur les hauteurs des montagnes, dans les collines tempérées et dans les plaines des champs. La première convient aux herbes verdoyantes, la seconde aux vignes, la troisième aux blés. De même saint Georges s'éleva en méprisant les choses basses ; ce qui lui donna la verdeur de la pureté : il fut tempéré en discernement, aussi eut-il le vin de l’allégresse intérieure. Il fut plein d'humilité ce qui lui fit produire des fruits de bonnes oeuvres.
 

Anonyme flamand du XVe.
 
Georges pourrait encore venir de gerar, sacré, de gyon, sable, sable sacré ; or, Georges fut comme le sable, lourd par la gravité de ses mœurs, menu par son humilité, et sec ou exempt de volupté charnelle. Georges viendrait aussi de gerar, sacré, et gyon, lutte, lutteur sacré, parce qu'il lutta contre le dragon et contre le bourreau. On pourrait encore le tirer de Gero, qui veut dire pèlerin, gir, précieux, et ys, conseiller ; car saint Georges fut pèlerin dans son mépris du monde, précieux (ou coupé) dans son martyre, et conseiller dans la prédication du royaume.

Mort vers 303. Nombre de légendes se sont rassemblées autour du nom de saint Georges, et il y a différents récits concernant son origine. Il y a une évidence, c'est que Georges fut, en effet, un martyr, qui souffrit à Diospolis (Lydda, Ludd), en Palestine, avant l'époque de Constantin, probablement sous Dioclétien.
 

Bernat Martorell. XVe.

Il naquit de parents Chrétiens en Cappadoce, où son père fut martyrisé après avoir servit dans de hautes fonctions militaires et judiciaires. Par la suite il se réfugia en Palestine, où il devint soldat Romain et fit preuve de courage. On dit qu'il aurait été élevé au grade de tribun militaire des gardes impériaux. A la mort de sa mère, il hérita une fortune et s'attacha à la cour de l'empereur Dioclétien dans l'espoir d'obtenir de l'avancement.

Un jour que l'empereur était présent, des prêtres païens étaient occupés à consulter les entrailles d'animaux pour prédire l'avenir. Les Chrétiens se trouvant parmi les gardes firent le Signe de Croix sur leur front. L'empereur fut terriblement fâché et ordonna de les flageller puis de les congédier. Il publia alors un édit ordonnant au clergé Chrétien de sacrifier aux divinités païennes.


Heures à l'usage de Paris. XVe.

Lorsqu'éclata la persécution, Georges se déclara Chrétien et distribua son argent aux pauvres. Lorsque le décret précédant la persécution fut publié contre les églises à Nicomédie, " un homme " nous dit saint Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, " d'origine non sans importance, mais hautement estimé pour ses dignités temporelles, stimulé par un zèle divin, et excité par une Foi ardente, le prit [cet édit] car il était placé en public et affiché pour être lu du public, et le déchira en morceaux comme si c'était l'acte le plus profane et le plus maudit ".

Cet homme qui montra un tel courage, on pense qu'il s'agissait de saint Georges, et une telle action courageuse et défiante correspond bien avec ce que nous connaissons de son caractère.


Paolo Uccello. XIVe.

Suite à cela, il fut soumis à des tortures sans nom, 7 ans durant. Il fut attaché à une roue équipée de lames et d'épées, jeté dans un trou de chaux vive, on le fit courir avec des souliers en métal chauffé à blanc, flageller avec des fouets de cuir, battre avec des marteaux, et jeter dans un précipice ; ses entrailles furent brisées et exposées à la flamme, et il souffrit encore bien d'autres tourments.

Un des éléments les plus familiers concernant sa vie est son combat avec le dragon. On rapporte que Georges chevauchait dans la province de Lydie et parvint à une ville appelée Sylène. Près de la ville se trouvait un marécage dans lequel vivait un dragon. Les gens tentèrent de le tuer mais furent empoisonnés par l'haleine fétide de la créature.


Raphaël. XVIe.

Pour apaiser le dragon, ils lui offrirent 2 moutons chaque jour, mais quand leurs moutons vinrent à manquer, ils furent obliger d'y substituer un humain chaque jour, tirant au sort pour savoir qui serait sacrifié. A l'époque de l'arrivée de saint Georges, le sort venait juste de s'abattre sur la fille du roi. Personne ne voulant être volontaire pour prendre sa place, alors elle fut habillée avec les vêtements de fiancée et envoyée à la rencontre du dragon.

Arrivant à cheval sur les lieux, Georges attaqua le dragon et le perça de sa lance. Puis il lui attacha la ceinture de la princesse autour du cou, et la fille amena le dragon dans la ville. Le peuple fut effrayé et commença à s'enfuir, mais Georges leur dit de ne pas avoir peur ; que si toute la ville se mettait à croire en Jésus-Christ et être baptisé, il tuerait le dragon.


Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.

Le roi et le peuple acceptèrent et plus de 15.000 furent baptisés. Georges tua le dragon et ce dernier fut transporté en morceaux sur 4 chars à boeufs. Il n'accepta aucune récompense pour ce service, mais demanda que le roi bâtisse des églises, honore les prêtres et fasse preuve de compassion pour les pauvres.

Le récit ci-dessus est bien plus tardif que Georges lui-même. Cependant, les paroles qu'on lui attribue sont caractéristiques de sa Foi et de son courage, et pourraient bien avoir été sur ses lèvres pendant qu'il faisait face à ses tortures, comme par ici :
" Christ, mon Capitaine, mon Seigneur, je n'ai pas de force si ce n'est celle que Tu me donnes. Aide-moi ce jour, et la gloire sera à Toi à jamais."

Il prêcha l'Evangile et baptisa nombre de gens dans la Foi Chrétienne. Les Grecs l'appellent " le Grand Martyr ". Son nom et son influence se sont aussi largement répandus en Occident sous l'influence des Croisés ; cependant, la dévotion date d'avant les Croisades. Depuis le Ve siècle, nombre d'églises ont été fondées en Occident sous son patronage. Cependant, c'est en Angleterre que sa renommée devint la plus populaire.

Il n'est pas certain du pourquoi il est devenu le saint patron de l'Angleterre, bien que son culte se soit répandu dans les Iles Britanniques avant la conquête Normande (1066).


Pierre-Paul Rubens. XVIIe.

Dans les Eglises Occidentales, les légendes qui avaient grandi autour de son nom ne furent pas facilement acceptées, et le pape Gélase, au Ve siècle, place saint Georges parmi ces saints, " dont les noms sont à juste titre vénérés parmi les hommes, mais dont les actions ne sont connues que de Dieu ". Cependant, au Moyen-Age, l'histoire de saint Georges et du dragon devint une lecture populaire, et fut reprise dans la Légende Dorée du bienheureux Jacques de Voragine.

Ce sont les Croisades qui rendirent saint Georges vraiment populaire en Occident, bien qu'il soit présent dans les antiques calendriers Irlandais et Anglo-Saxons. A Canterbury, il y a une ancienne église dédiée à saint Georges, et il est tentant de penser que la dédicace serait l'oeuvre de saint Théodore le Grec, qui vint à Canterbury comme archevêque en 609, venant d'Asie Mineure, patrie de saint Georges. Cependant, lorsque les armées Chrétiennes d'Europe Occidentale arrivèrent en Terre Sainte, elles se retrouvèrent, pour la première fois, dans cette partie du monde où saint Georges était considéré comme un saint majeur.
Les " bras de Saint Georges " sont devenus la base des uniformes des soldats Britanniques et des marins, et la croix rouge de Saint Georges apparaît dans l'Union Jack (drapeau Britannique).

Dans l'art, Georges est représenté en jeune avec une armure, souvant à cheval, tuant ou ayant tué un dragon. Son bouclier et le fanion de sa lance sont une croix rouge sur un fond blanc. En général, il y a une princesse près de lui. Dans certains portraits, on voit :
1. la princesse guide le dragon ;
2. Sainte Margaret est la princesse ;
3. Saint Georges est en armure se tenant sur le dragon (à ne pas confondre avec l'Archange Michel, qui est toujours ailé) ;
4. Saint Georges est dans la tenue de l'Ordre de la Jarretière ;
5. avec Saint Dimitri sur les icônes ;
6. Saint Georges étant martyrisé dans un taureau en bronze, écartelé par des chevaux, décapité avec une épée (Roeder).
 

Saint Georges. Donatello. Bargello. Florence. XVe.

HYMNE

" Saint Georges sur un grand cheval
Sauva la vierge du dragon,
Sur sa lance, le Signe de la Croix,
Arme sainte et invincible,
Avec cette arme, il tua le dragon,
La vierge épargnée, à son père il ramena,
Avec sa bonté, Dieu Lui-même lui fut redevable
Et avec la couronne de gloire, Dieu le repaya.
 

Image pieuse éthiopienne du début du XXe.
 
Saint Georges avec le coeur d'un héros,
Toute sa richesse, il la distribua aux pauvres,
Rejeta les honneurs et la gloire de ce monde,
Pour l'amour du Nom du Christ, le Victorieux,
Il embrassa les souffrances ; souffrances volontaires,
Avec son corps écrasé pour le Salut des âmes,
Avec sa bonté, il fit de Dieu Lui-même son débiteur,
Avec la couronne de gloire, Dieu le repaya.
Georges, le Saint et porteur de la victoire
Même maintenant marche avec la croix sur sa lance,
Il défend la justice, punit l'injustice,
Quiconque l'invoque avec foi et larmes,
Quiconque le prie avec une âme repentante,
Georges, le Saint, vole à son aide.
Avec sa bonté, il fit de Dieu Lui-même son débiteur,
Avec la couronne de gloire, Dieu le repaya."
 
 
HYMNE

Honorons le sublime athlète du Christ, en répétant à sa gloire quelques-unes des strophes que l'Eglise grecque lui consacre dans ses Menées :

" Fidèle ami du Christ, prince de ses athlètes. splendide flambeau de la terre, astre brillant entre tous, protecteur vigilant de ceux qui t'honorent, Ô George, Ô Martyr, aie-nous sous ta garde.

Nous célébrons aujourd'hui les combats dans lesquels tu as détruit les vaines idoles, et réduit à néant l'erreur propagée par les démons, Ô George, glorieux Martyr du Christ !

Tu es entré dans les rangs de l'armée céleste, bienheureux George ! Tu contemples maintenant la divine essence, autant qu'il est possible à la créature : daigne nous protéger, nous tous qui te vénérons avec foi.

George, le grand guerrier, a aimé avec ardeur le Christ-roi qui a donné sa vie pour le salut du monde : il s'est empressé de mourir pour lui ; enflammé d'un zèle divin, il s'est livré lui-même. Célébrons-le donc avec foi dans nos cantiques comme notre ardent défenseur, comme le glorieux serviteur du Christ, le fidèle imitateur de son Maître, le constant intercesseur auprès de Dieu, afin qu'il obtienne à tous la rémission et le pardon des péchés.

L'armée des Anges elle-même admire tes exploits, Ô prince de la milice, le Roi des Anges, satisfait de ton courage, a désiré embellir son palais de ta présence, Ô Martyr ! Et il est allé jusqu'à t'associer pour jamais à son royaume.

Imitateur de ton Seigneur, tu t'es élance spontanément dans les combats, Ô Martyr ! A ton retour victorieux, tu as mérité d'être proclamé le champion de l'Eglise du Christ ; garde-la et défends-la toujours par ta protection.
 

Rituale. Ethiopie. XIVe.
 
Comme un invincible martyr, comme un soldat couronne, comme un vaillant défenseur de la foi, sois maintenant comme une citadelle inébranlable pour tous ceux qui célèbrent tes louanges, Ô George plein de sagesse ; protège-les en tous lieux de ton intercession.

Le front ceint d'une brillante couronne, honoré du diadème royal et du sceptre, couvert de la pourpre éclatante de ton sang, heureux Martyr, tu règnes maintenant dans les cieux avec le Roi des armées angéliques.

Accourez tous, Ô fidèles, pour célébrer par vos cantiques la splendide et glorieuse résurrection du Seigneur; fêtons en même temps la mémoire solennelle de George le Martyr ; couronnons-le des fleurs du printemps comme un athlète insurmontable, et méritons d'être, par ses prières, affranchis de nos tribulations et de nos péchés.

Le printemps est venu, livrons-nous aux transports de la joie ; la résurrection du Christ a lui sur nous, tressaillons d'allégresse ; la fête du martyr George couronné pour sa bravoure apparaît aujourd'hui pour réjouir les fidèles ; nous tous qui aimons cette solennité, célébrons-la par des chants mystiques.

Comme un vaillant soldat, George a déployé contre les tyrans un mâle courage, et ils ont été couverts de confusion. Imitateur des souffrances de Jésus-Christ notre Sauveur, il n'a pas eu pitié du vase d'argile de son corps, et le livrant aux tortures, comme s'il était d'airain, il l'a transformé. Chantons donc à sa gloire : Ô Martyr entré en possession de la récompense, supplie le Seigneur de sauver nos âmes."
 

Martyre de saint Georges. Psautier cistercien. XIIIe.
 
PRIERE

" Ô George ! Vous êtes l'honneur de la milice chrétienne. Le service du prince temporel ne vous a pas fait oublier ce que vous deviez au Roi du ciel. Votre sang généreux a coulé pour la foi du Christ, et en retour le Christ vous a établi chef et conducteur des armées chrétiennes. Soyez leur appui devant les bataillons ennemis, et assurez la victoire aux défenseurs de la cause juste. Protégez-les sous les plis de votre étendard, couvrez-les de votre bouclier, et répandez la terreur devant eux.

Le Seigneur est le Dieu des armées, et la guerre entre souvent dans les plans de sa Providence, tantôt dans un but de justice, tantôt dans des vues de miséricorde. Chefs et soldats ont besoin de l'appui céleste. En faisant la guerre, ils semblent souvent faire l'œuvre de l'homme, tandis qu'ils font en réalité l'œuvre de Dieu. C'est pour cette raison qu'ils sont plus accessibles que les autres hommes aux sentiments généreux, que leur cœur est plus religieux. Le sacrifice, le péril, les élèvent au-dessus d'eux-mêmes : aussi les soldats occupent-ils une large place dans les fastes des Martyrs. Veillez en particulier sur la milice française, Ô George ! Rendez-la aussi chrétienne qu'elle est valeureuse ; nous savons que ce n'est pas en vain que les hommes de guerre ont espéré en vous.

Mais, Ô puissant guerrier, la milice temporelle n'est pas la seule qui s'exerce ici-bas : il en est une autre dans laquelle sont enrôlés tous les fidèles du Christ! Le grand Paul, parlant de nous tous, a dit : " qu'il n'y aura de couronnés que ceux qui auront légitimement combattu "  (II Tim. II, 5.). Nous avons donc à compter sur la lutte en ce monde, si nous écoutons les exhortations que nous adresse le même Apôtre : " Couvrez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir tenir contre les embûches du diable. Ayez pour ceinture la vérité, pour cuirasse la justice, pour chaussure la résolution de marcher dans la voie de l'Evangile, pour bouclier la foi, pour casque l'espérance du salut, pour glaive enfin la parole de Dieu " (Eph VI, 13-17.).
 

Statuts de la confrérie de Saint-Georges d'Avignon. XIVe.
 
Nous sommes donc des guerriers ! comme vous, Ô George ! Notre divin Chef ressuscité veut, avant de monter au ciel, passer en revue son armée ; présentez-nous à lui. Il nous a admis dans les rangs de sa garde malgré nos infidélités passées ; c'est à nous maintenant de nous rendre dignes d'un tel honneur. Nous possédons le gagé de la victoire dans le divin aliment pascal : comment pourrions-nous nous laisser vaincre ? Veillez sur nous, vaillant guerrier ! Que vos prières nous aident, pendant que vos exemples nous encourageront à marcher comme vous contre le dragon infernal Chaque pièce de notre armure lui est redoutable ; c'est Jésus lui-même qui l'a préparée pour nous, et qui l'a trempée dans son sang: tortillez notre courage, afin que nous puissions, comme vous, la lui présenter entière, au jour où il nous invitera à son repos éternel.

La chrétienté tout entière a besoin, Ô George ! Que vous vous souveniez des hommages qu'elle vous prodiguait autrefois L'antique piété envers vous s'est, hélas  refroidie, et pour beaucoup de chrétiens votre fête passe inaperçue. Ne vous irritez pas, Ô saint Martyr ; imitez votre Maître qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants ; ayez pitié de ce monde au sein duquel l'erreur a été semée, et qui s'agite en ce moment dans des convulsions si terribles. Considérez avec compassion votre Angleterre que le dragon infernal a séduite, et qu'il fait servir à ses noirs desseins contre le Seigneur et contre son Christ.

Armé de la lance avec laquelle vous l'avez autrefois terrassé, courez sur le monstre et affranchissez enfin l'Île des Saints de son joug ignominieux. Au ciel, les ancêtres vous le demandent, Ô puissant guerrier ! Sur la terre, leurs derniers et rares neveux vous en supplient. C'est au nom de Jésus ressuscité que nous vous conjurons tous d'aider a la résurrection d'un peuple qui fut le vôtre."
 

Bréviaire franciscain. XIVe.

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Dimanche du Bon Pasteur. IIe après Pâques.

- Le IIe dimanche après Pâques, dit aussi le Dimanche du Bon Pasteur.


Le Bon Pasteur. Mosaïque. Basilique Saint-Appolinaire. Ravenne. Ve.



A LA MESSE

Ce Dimanche est désigné sous l'appellation populaire de Dimanche du bon Pasteur, parce qu'on y lit à la Messe le passage de l'Evangile de saint Jean où notre Seigneur se donne à lui-même ce titre. Un lien mystérieux unit ce texte évangélique au temps où nous sommes ; car c'est en ces jours que le Sauveur des hommes, établissant et consolidant son Eglise, commença par lui donner le Pasteur qui devait la gouverner jusqu'à la consommation des siècles.

Dans l'Eglise grecque, le deuxième Dimanche après Pâques que nous appelons du Bon Pasteur, est désigné sous le nom de Dimanche des saintes myrophores, ou porte-parfums. On y célèbre particulièrement la piété des saintes femmes qui apportèrent des parfums au Sépulcre pour embaumer le corps du Sauveur. Joseph d'Arimathie a aussi une part dans les cantiques dont se compose l'Office de l'Eglise grecque durant cette semaine.

L'Eglise Romaine lit les Actes des Apôtres, à l'Office des Matines, depuis lundi dernier jusqu'au troisième Dimanche après Pâques exclusivement.

EPÎTRE


Lecture de l'Epître du bienheureux Pierre, Apôtre. I, Chap. II.



Peter Paul Rubens. XVIIe.


" Mes bien-aimés, le Christ a souffert pour nous, vous laissant ainsi un exemple, afin que vous suiviez ses traces. Lui qui n'avait commis aucun péché, et dans la bouche duquel la tromperie ne se trouva jamais, il ne répondait pas d'injures quand on le maudissait ; quand on le maltraitait, il ne menaçait pas ; mais il s'est livré à celui qui le jugeait injustement. C'est lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois de la Croix ; afin qu'étant morts aux péchés, nous vivions à la justice ; et c'est par ses meurtrissures que vous avez été guéris ; car vous étiez comme des brebis errantes ; mais maintenant vous êtes retournés au Pasteur et à l'Evêque de vos âmes."

C'est le Prince des Apôtres, le Pasteur visible de l'Eglise universelle, qui vient de nous faire entendre sa parole. Voyez comment il termine ce passage en reportant nos pensées sur le Pasteur invisible dont il est le Vicaire, et comment il évite avec modestie tout retour sur lui-même. C'est bien là ce Pierre qui, dirigeant Marc son disciple dans la rédaction de son Evangile, n'a pas voulu qu'il y racontât l'investiture que le Christ lui a donnée sur tout le troupeau, mais a exigé qu'il n'omît rien dans son récit du triple reniement chez Caïphe. Avec quelle tendresse l'Apôtre nous parle ici de son Maître, des souffrances qu'il a endurées, de sa patience, de son dévouement jusqu'à la mort à ces pauvres brebis errantes dont il devait composer sa bergerie !



Michele Giambono. XVe.


Ces paroles auront un jour leur application dans Pierre lui-même. L'heure viendra où il sera attaché au bois, où il se montrera patient comme son Maître au milieu des outrages et des mauvais traitements. Jésus le lui avait prédit ; car, après lui avoir confié brebis et agneaux, il ajouta que le temps viendrait où Pierre " devenu vieux étendrait ses mains sur la croix ", et que la violence des bourreaux s'exercerait sur sa faiblesse. (Johan. XXI.) Et ceci arrivera non seulement à la personne de Pierre, mais à un nombre considérable de ses successeurs qui tous ne font qu'un avec lui, et que l'on verra, dans la suite des siècles, si souvent persécutés, exilés, emprisonnés, mis à mort. Suivons, nous aussi, les traces de Jésus, en souffrant de bon cœur pour la justice ; nous le devons à Celui qui, étant de toute éternité l'égal de Dieu le Père dans la gloire, a daigné descendre sur la terre pour être " le Pasteur et l'Evêque de nos âmes ".

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. X.



Le miroir de l'humaine salvation. Ecole française. XVe.


" En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens :
" Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ; mais le mercenaire, et celui qui n'est pas le pasteur, à qui les brebis n appartiennent pas, voyant venir le loup, laisse là les brebis et s'enfuit : et le loup ravit les brebis et les disperse. Or le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et n'a point souci des brebis. Moi, je suis le bon Pasteur, et je connais mes brebis, et elles me connaissent. Comme mon Père me connaît, moi aussi je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis. Et j'ai d'autres brebis qui ne sont point de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il n'y aura qu'une bergerie et qu'un Pasteur."


Selon le décret éternel, l'Homme-Dieu, après quelques jours encore, doit cesser d'être visible ici-bas. La terre ne le reverra plus qu'à la fin des temps, lorsqu'il viendra juger les vivants et les morts. Cependant il ne saurait abandonner cette race humaine pour laquelle il s'est offert en sacrifice sur la croix, qu'il a vengée de la mort et de l'enfer en sortant victorieux du tombeau. Il demeurera son Chef dans les deux ; mais sur la terre qu'aurons-nous pour suppléera sa présence ? Nous aurons l'Eglise. C'est à l'Eglise qu'il va laisser toute son autorité sur nous ; c'est entre les mains de l'Eglise qu'il va remettre le dépôt de toutes les vérités qu'il a enseignées ; c'est l'Eglise qu'il va établir dispensatrice de tous les moyens de salut qu'il a destinés aux hommes.



Catacombes Praetexta. Rome. IVe.


Cette Eglise est une vaste société dans laquelle tous les hommes sont appelés à entrer ; société composée de deux sortes de membres, les uns gouvernant et les autres gouvernés, les uns enseignant et les autres enseignés, les uns sanctifiant et les autres sanctifiés. Cette société immortelle est l'Epouse du Fils de Dieu : c'est par elle qu'il produit ses élus. Elle est leur mère unique : hors de son sein le salut ne saurait exister pour personne.

Mais comment cette société subsistera-t-elle ? Comment traversera-t-elle les siècles, et arrivera-t-elle ainsi jusqu'au dernier jour du monde ? Qui lui donnera l'unité et la cohésion ? Quel sera le lien visible entre ses membres, le signe palpable qui la désignera comme la véritable Epouse du Christ, dans le cas où d'autres sociétés prétendraient frauduleusement lui ravir ses légitimes honneurs ? Si Jésus eût dû rester au milieu de nous, nous ne courions aucun risque ; partout où il est, là est aussi la vérité et la vie ; mais " Il s'en va ", nous dit-il, et nous ne pouvons encore le suivre. Ecoutez donc, et apprenez sur quelle base il a établi la légitimité de son unique Epouse.

Durant sa vie mortelle, étant un jour sur le territoire de Césarée de Philippe, ses Apôtres assemblés autour de lui, il les interrogea sur l'idée qu'ils avaient de sa personne. L'un d'eux, Simon, fils de Jean ou Jonas, et frère d'André, prit la parole, et lui dit : " Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ". Jésus reçut avec bonté ce témoignage qu'aucun sentiment humain n'avait suggéré à Simon, mais qui sortait de sa conscience divinement inspirée à ce moment ; et il déclara à cet heureux Apôtre que désormais il n'était plus Simon, mais Pierre. Le Christ avait été désigné par les Prophètes sous le caractère symbolique de la pierre (Isai. XXVIII, 16.) ; en attribuant aussi solennellement à son disciple ce titre distinctif du Messie, Jésus donnait à entendre que Simon aurait avec lui un rapport que n'auraient pas les autres Apôtres.



Manuscrit. Speculum humanae salvationis. Allemagne. XIVe.


Mais Jésus continua son discours. Il avait dit à Simon : " Tu es Pierre " ; il ajouta : " et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ".
Pesons ces paroles du Fils de Dieu :
" Je bâtirai mon Eglise."
Il a donc un projet : celui de bâtir une Eglise. Cette Eglise, ce n'est pas maintenant qu'il la bâtira ; cette œuvre est encore différée ; mais ce que nous savons déjà avec certitude, c'est que cette Eglise sera bâtie sur Pierre. Pierre en sera le fondement, et quiconque ne posera pas sur Pierre ne fera pas partie de l'Eglise.

Ecoutons encore :
" Et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre mon Eglise."
Dans le style des Juifs les portes signifient les puissances ; ainsi l'Eglise de Jésus sera indestructible, malgré tous les efforts de l'enfer. Pourquoi ? Parce que le fondement que Jésus lui aura donné sera inébranlable.
Le Fils de Dieu continue :
" Et je te donnerai les clefs du Royaume des cieux."
Dans le langage des Juifs, les clefs signifient le pouvoir de gouvernement, et dans les paraboles de l'Evangile le Royaume de Dieu signifie l'Eglise qui doit être bâtie par le Christ. En disant à Pierre, qui ne s'appellera plus Simon : " Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ", Jésus s'exprimait comme s'il lui eût dit : " Je te ferai le Roi de cette Église, dont tu seras en même temps le fondement ".

Rien n'est plus évident ; mais ne perdons pas de vue que toutes ces magnifiques promesses regardaient l'avenir (Matth. XVI.).



Saint Pierre. Détail. Marco Zoppo. XVe.


Or, cet avenir est devenu le présent. Nous voici arrivés aux dernières heures du séjour de Jésus ici-bas. Le moment est venu où il va remplir sa promesse, et fonder ce Royaume de Dieu, cette Eglise qu'il devait bâtir sur la terre. Fidèles aux ordres que leur avaient transmis les Anges, les Apôtres se sont rendus en Galilée. Le Seigneur se manifeste à eux sur le bord du lac de Tibériade, et après un repas mystérieux qu'il leur a préparé, pendant qu'ils sont tous attentifs à ses paroles, il interpelle tout à coup son disciple :
" Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
Remarquons qu'il ne lui donne pas en ce moment le nom de Pierre ; il se replace au moment où il lui dit autrefois : " Simon, fils de Jonas, tu es Pierre " ; il veut que les disciples sentent le lien qui unit la promesse et l'accomplissement. Pierre, avec son empressement accoutumé, répondu l'interrogation de son Maître : " Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime ". Jésus reprend la parole avec autorité : " Pais mes agneaux ", dit-il au disciple. Puis réitérant la demande, il dit encore : " Simon fils de Jean, m'aimes-tu ?" Pierre s'étonne de l'insistance avec laquelle son Maître semble le poursuivre ; toutefois il répond avec la même simplicité :
" Oui, Seigneur ; vous savez que je vous aime."
Après cette réponse, Jésus répète les mêmes paroles d'investiture :
" Pais mes agneaux."

Les disciples écoutaient ce dialogue avec respect ; ils comprenaient que Pierre était encore une fois mis à part, qu'il recevait en ce moment quelque chose qu'ils ne recevraient pas eux-mêmes. Les souvenirs de Césarée de Philippe leur revenaient à l'esprit, et ils se rappelaient les égards particuliers que leur Maître avait toujours eus pour Pierre depuis ce jour.
Cependant, tout n'était pas terminé encore. Une troisième fois Jésus interpelle Pierre : " Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?"
A ce coup l'Apôtre n'y tient plus. Ces trois appels que fait Jésus à son amour ont réveillé en lui le triste souvenir des trois reniements qu'il eut le malheur de prononcer devant la servante de Caïphe. Il sent une allusion à son infidélité encore si récente, et c'est en demandant grâce qu'il répond cette fois avec plus de componction encore que d'assurance :
" Seigneur, tout vous est connu ; vous savez que je vous aime."
Alors le Seigneur mettant le dernier sceau à l'autorité de Pierre, prononce ces paroles imposantes :
" Pais mes brebis." (Johann, XXI.).



Le Bon Pasteur. Catacombes Saint-Calixte. Rome. IIe.


Voilà donc Pierre établi Pasteur par celui-là même qui nous a dit : " Je suis le bon Pasteur ". D'abord le Seigneur a donné à son disciple et par deux fois le soin des agneaux ; ce n'était pas encore l'établir Pasteur ; mais quand il le charge de paître aussi les brebis, le troupeau tout entier est placé sous son autorité. Que l'Eglise paraisse donc maintenant, qu'elle s'élève, qu'elle s'étende ; Simon fils de Jean en est proclamé le Chef visible. Est-elle un édifice, cette Eglise ? Il en est la Pierre fondamentale. Est-elle un Royaume ? Il en tient les Clefs, c'est-à-dire le sceptre. Est-elle une bergerie ? Il en est le Pasteur.

Oui, elle sera une bergerie, cette Eglise que Jésus organise en ce moment, et qui se révélera au jour de la Pentecôte. Le Verbe de Dieu est descendu du ciel " pour réunir en un les enfants de Dieu qui auparavant étaient dispersés " (Johann, XI, 52.), et le moment approche où il n'y aura plus " qu'une seule bergerie et un seul Pasteur " (Ibid. X, 16.).



Le Bon Pasteur. Bartolome Esteban Murillo. XVIIe.


Nous vous bénissons, nous vous rendons grâces, Ô notre divin Pasteur ! C'est par vous qu'elle subsiste et qu'elle traverse les siècles, recueillant et sauvant toutes les âmes qui se confient à elle, cette Eglise que vous fondez en ces jours. Sa légitimité, sa force, son unité, lui viennent de vous, son Pasteur tout-puissant et tout miséricordieux. Nous vous bénissons aussi et nous vous rendons grâces, Ô Jésus, pour la prévoyance avec laquelle vous avez pourvu au maintien de cette légitimité, de cette force, de cette unité, en nous donnant Pierre votre vicaire, Pierre notre Pasteur en vous et par vous, Pierre à qui brebis et agneaux doivent obéissance, Pierre en qui vous demeurez visible, Ô notre divin Chef, jusqu'à la consommation des siècles.

Divin Pasteur de nos âmes, qu'il est grand votre amour pour vos heureuses brebis ! Vous allez jusqu'à donner votre vie pour qu'elles soient sauvées. La fureur des loups ne vous fait pas fuir ; vous vous donnez en proie, afin de détourner d'elles la dent meurtrière qui voudrait les dévorer. Vous êtes mort en notre place, parce que vous étiez notre Pasteur. Nous ne nous étonnons plus que vous ayez exigé de Pierre plus d'amour que vous n'en attendiez de ses frères : vous vouliez l'établir leur Pasteur et le nôtre. Pierre a pu répondre avec assurance qu'il vous aimait, et vous lui avez conféré votre propre titre avec la réalité de vos fonctions, afin qu'il vous suppléât quand vous auriez disparu à nos regards. Soyez béni, divin Pasteur ; car vous avez songé aux besoins de votre bergerie qui ne pouvait se conserver Une, si elle eût eu plusieurs Pasteurs sans un Pasteur suprême. Pour nous conformer à vos ordres, nous nous inclinons avec amour et soumission devant Pierre, nous baisons avec respect ses pieds sacrés ; car c'est par lui que nous nous rattachons à vous, c'est par lui que nous sommes vos brebis.



Le Bon Pasteur. Thomas Cole. XIXe.


Conservez-nous, Ô Jésus, dans la bergerie de Pierre qui est la vôtre. Eloignez de nous le mercenaire qui voudrait usurper la place et les droits du Pasteur. Intrus dans la bergerie par une profane violence, il affecte les airs de maître ; mais il ne connaît pas les brebis, et les brebis ne le connaissent pas. Attiré, non par le zèle, mais par la cupidité et l'ambition, il fuit à l'approche du danger. Quand on n'est mû que par des intérêts terrestres, on ne sacrifie pas sa vie pour autrui ; le pasteur schismatique s'aime lui-même ; ce n'est pas vos brebis qu'il aime ; pourquoi donnerait-il sa vie pour elles ? Gardez-nous de ce mercenaire, Ô Jésus ! Il nous séparerait de vous, en nous séparant de Pierre que vous avez établi votre Vicaire. Nous n'en voulons pas connaître d'autre. Anathème à quiconque voudrait nous commander en votre nom, et ne serait pas envoyé de Pierre ! Faux pasteur, il ne poserait pas sur la pierre du fondement, il n'aurait pas les clefs du Royaume des cieux ; il ne pourrait que nous perdre. Accordez-nous, Ô bon Pasteur, de demeurer toujours avec vous et avec Pierre dont vous êtes le fondement, comme il est le nôtre, et nous pourrons défier toutes les tempêtes. Vous l'avez dit, Seigneur :
" L'homme sage a bâti sa maison sur le rocher ; les pluies ont fondu sur elle, les fleuves se sont déchaînés, les vents ont soufflé, toutes ces forces se sont ruées sur la maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la Pierre."(Matth. VII, 24, 25.).

samedi, 22 avril 2023

22 avril. Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.

- Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.
 
Empereur : Marc-Aurèle.
 
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir supporter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession."
Saint Caïus.
 
Saint Caïus bénissant pendant le sacrement
de la transmission des pouvoirs de l'Ordre.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. Jean le Tavernier. Flandres. XVe.

Deux Papes martyrs croisent aujourd'hui leurs palmes sur le Cycle. Soter souffrit pour le Christ au deuxième siècle, et Caïus au troisième ; cent années les séparent, et l'énergie de la foi, la fidélité au divin dépôt ; se retrouvent les mêmes. Quelle société humaine a jamais produit des siècles entiers de héros ? La nôtre est fondée sur ce dévouement traditionnel qui se prouve par le sang. Nos chefs n'ont pas voulu laisser aux soldats le monopole du sacrifice ; les trente premiers successeurs de Pierre ont payé de leur vie l'honneur du pontificat. Quel trône que celui de notre divin Ressuscité entouré de tous ces rois revêtus de la pourpre triomphale !

Soter fut le successeur immédiat d'Anicet, dont nous avons honoré la mémoire il y a peu de jours. Le temps nous a dérobé la connaissance de ses actions. Un trait seulement est arrivé jusqu'à nous. Eusèbe nous a conservé un fragment d'une lettre de saint Denys, évêque de Corinthe, dans laquelle il remercie notre saint pontife des largesses qu'il a envoyées aux fidèles de cette Eglise qui souffraient d'une famine. Une lettre apostolique accompagnait ces aumônes, et saint Denys atteste qu'on la lisait dans l'assemblée des fidèles, avec celle que saint Clément avait adressée à la môme Eglise au siècle précédent. La charité des pontifes romains s'est toujours unie à leur fidélité à conserver le dépôt de la foi. Quant à Caius. il fut enlevé dans la terrible tempête suscitée par Dioclétien contre l'Eglise, et ses gestes occupent à peine quelques lignes dans les annales de Rome chrétienne. Nous ne serons donc pas étonnés de trouver tant de concision dans le récit liturgique que l'Eglise consacre à ces deux Papes martyrs, et dont voici la teneur.


Saint Soter. Fresque de la chapelle Sixtine. Rome.

Saint Soter fut le successeur du Pape saint Anicet (que l'on fête au 17 avril). Il naquit à Fundi, ville de l'Italie méridionale. Son père se nommait Concorde.

Saint Soter décréta que les religieuses et les vierges consacrées ne toucheraient pas les vases de l'autel, ni les linges sacrés, et qu'elles n'offriraient pas l'encens ni ne tiendraient elle-même l'encensoir à l'Eglise. Rappelons qu'en ce temps-là, l'hérésie des Montanistes était cause de désordre et de confusion, et que, parmi eux, les femmes elle-même se permettaient d'administrer les saints Mystères.
Si ensuite dans l'histoire, certaines permissions de toucher aux linges sacrés furent concédées à de particulièrement saintes religieuses, ce ne fut que par exception, tout en maintenant que les dits linges sacrés devait être lavés au moins par un sous-diacre.

Il ordonna aussi que le Jeudi saint, tous les fidèles recevraient le corps du Christ, hors ceux qui en seraient empêchés pour quelques péchés graves. Il déclara que les serments faits contre la justice ne devaient pas être gardés.

Il déploya une ardente charité pour les Églises qui souffraient de la persécution. Il subvenait, par des aumônes, aux nécessités des chrétiens exilés pour la foi et n'oubliait pas les indigents des provinces. Il accueillait, avec la tendresse d'un père, les étrangers qui venaient à Rome, et leur prodiguait toutes les consolations qui étaient en son pouvoir.

Il se montra intrépide défenseur de la foi contre les hérésies, en particulier contre celle des Montanistes, qui se répandait alors partout. Il écrivit aux évêques d'Italie une lettre où il traite de la foi en Jésus-Christ.

Il siégea sur la chaire pontificale trois ans, onze mois et dix-huit jours. Il fut enveloppé dans la cruelle persécution qui s'éleva sous Marc-Aurèle et reçut la couronne du martyre le 22 avril 170. Il fut enseveli dans le cimetière appelé plus tard de Calliste. Il avait, selon la coutume de ses prédécesseurs, ordonné, au mois de décembre, dix-huit prêtres, neuf diacres et onze évêques pour les divers lieux.


Le martyre de saint Caïus. Lorenzo Monaco. XIVe.

Saint Caius était de Dalmatie et de la famille de l'empereur Dioclétien. Son père se nommait Caïus et il avait un frère nommé Gabinus (Gabin). Ce fut un Pontife d'une rare prudence et d'une vertu courageuse.

Il ordonna que dans l'Eglise, avant de monter à l'épiscopat, on passerait par les degrés des ordres et rangs de portier, de lecteur, d'exorciste, d'acolythe, de sous-diacre, de diacre et de prêtre.
Saint Caïus n'est assurément pas le premier auteur de cette ordonnance puisqu'on la pratiquait du temps des apôtres et que Notre Seigneur Jésus-Christ le leur enseigna ainsi. Mais il la rappela et la renouvela afin que perosnne ne fût admis à l'épiscopat sans avoir auparavant officié et servi le temps qui était precrit dans les ordres inférieurs.

On attribue de plus à saint Caïus, une épître fort grave touchant le mystère de l'incarnation du Verbe éternel.

La persécution contre les chrétiens sévissait alors dans toute sa fureur : les fidèles, pour s'y soustraire, étaient obligés de se tenir cachés dans les cavernes et les tombeaux. Saint Caïus mit tout son zèle à confirmer dans la foi les serviteurs de Jésus-Christ. Il conseilla au patricien Chromatius de recevoir dans sa villa les fidèles qui voudraient échapper aux bourreaux et alla les y visiter afin de soutenir leur courage. Ce fut alors qu'il fit diacres Marc et Marcellin, qu'il éleva leur père Tranquillin à la prêtrise et établit Sébastien défenseur de l'Église.

Monnaie de Dioclétien, le parent - et néanmoins persécuteur
cruel des Chrétiens - de saint Caïus et de saint Gabin son frère.
Monnaie du IIIe.

En cette occasion, notre saint Pape dit à tous ceux qui étaient assemblés chez Chromatius :
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir suppoter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession.
Que ceux qui veulent demeurer dans la maison de Chromatius, y demeurent avec Tiburce ; et que ceux qui préfèrent alle ravec moi à la ville y viennent."

Afin d'éviter lui-même les cruautés de Dioclétien, il se tint caché quelques temps dans une caverne ; mais, huit ans plus tard, il remporta la couronne du martyre avec son frère Gabinus, après avoir siégé douze ans, quatre mois et cinq jours. Il avait ordonné vingt-cinq prêtres, huit diacres et cinq évêques.
Il fut enseveli dans le cimetière de Calliste, le dix des calendes de mai.

Son corps fut retrouvé en 1622, avec une inscription propre à le faire reconnaître et avec deux monnaies de l'empereur Dioclétien son parent. Le pape Grégoire XV en donna la majeure partie à Alphonse de Gonzaque, archevêque de Rodhes, qui la fit transporter à Novellara en Lombardie.
En 1631, Urbain VIII a renouvelé sa mémoire à Rome et rétabli son église qui était ruinée et qui avait été bâtie peu après son martyre sur la maison qu'il habitait, y créant un Titre avec une Station, et l'ayant enrichie d'une autre partie des reliques du saint pape.

 
PRIERE
 
" Saints Pontifes, vous êtes du nombre de ceux qui ont traversé la grande tribulation, et qui ont passé par l'eau et par le feu pour aborder au rivage de l'éternité. La pensée de Jésus vainqueur de la mort soutenait votre courage ; vous saviez que les gloires delà Résurrection ont succédé aux angoisses de la Passion. Immolés comme Jésus pour votre troupeau, vous nous avez appris par votre exemple que la vie et les intérêts de ce monde ne doivent compter pour rien, quand il s'agit de confesser la foi.

Armez-nous de ce courage. Le Baptême nous a enrôlés dans la milice du Christ ; la Confirmation nous a donné l'Esprit de force : nous devons donc être prêts pour les combats. Saints Pontifes, nous ignorons si nos temps sont appelés à voir l'Eglise exposée à la persécution sanglante; quoi qu'il advienne, nous avons à lutter avec nous-mêmes, avec l'esprit du monde, avec les démons ; soutenez-nous par vos prières. Vous avez été les pères de la chrétienté ; la charité pastorale qui vous anima ici-bas vit toujours dans vos cœurs. Protégez-nous, et rendez-nous fidèles à tous les devoirs qui nous lient au souverain Maître dont vous avez soutenu la cause."

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