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mardi, 23 avril 2024

23 avril. Saint Georges, officier, martyr. 303.

- Saint Georges, officier, martyr. 303.
 
Pape : Saint Marcellin. Empereur romain : Dioclétien.
 
" Magnum et memorabile nomen."
" Voilà un grand nom et un nom immortel."
 

Saint Georges. Carlo Crivelli. XVe.

Georges est ainsi appelé de Geos, qui veut dire terre, et orge, qui signifie cultiver, cultivant la terre, c'est-à-dire sa chair. Saint Augustin au livre de la Trinité avance que la bonne terre est placée sur les hauteurs des montagnes, dans les collines tempérées et dans les plaines des champs. La première convient aux herbes verdoyantes, la seconde aux vignes, la troisième aux blés. De même saint Georges s'éleva en méprisant les choses basses ; ce qui lui donna la verdeur de la pureté : il fut tempéré en discernement, aussi eut-il le vin de l’allégresse intérieure. Il fut plein d'humilité ce qui lui fit produire des fruits de bonnes oeuvres.
 

Anonyme flamand du XVe.
 
Georges pourrait encore venir de gerar, sacré, de gyon, sable, sable sacré ; or, Georges fut comme le sable, lourd par la gravité de ses mœurs, menu par son humilité, et sec ou exempt de volupté charnelle. Georges viendrait aussi de gerar, sacré, et gyon, lutte, lutteur sacré, parce qu'il lutta contre le dragon et contre le bourreau. On pourrait encore le tirer de Gero, qui veut dire pèlerin, gir, précieux, et ys, conseiller ; car saint Georges fut pèlerin dans son mépris du monde, précieux (ou coupé) dans son martyre, et conseiller dans la prédication du royaume.

Mort vers 303. Nombre de légendes se sont rassemblées autour du nom de saint Georges, et il y a différents récits concernant son origine. Il y a une évidence, c'est que Georges fut, en effet, un martyr, qui souffrit à Diospolis (Lydda, Ludd), en Palestine, avant l'époque de Constantin, probablement sous Dioclétien.
 

Bernat Martorell. XVe.

Il naquit de parents Chrétiens en Cappadoce, où son père fut martyrisé après avoir servit dans de hautes fonctions militaires et judiciaires. Par la suite il se réfugia en Palestine, où il devint soldat Romain et fit preuve de courage. On dit qu'il aurait été élevé au grade de tribun militaire des gardes impériaux. A la mort de sa mère, il hérita une fortune et s'attacha à la cour de l'empereur Dioclétien dans l'espoir d'obtenir de l'avancement.

Un jour que l'empereur était présent, des prêtres païens étaient occupés à consulter les entrailles d'animaux pour prédire l'avenir. Les Chrétiens se trouvant parmi les gardes firent le Signe de Croix sur leur front. L'empereur fut terriblement fâché et ordonna de les flageller puis de les congédier. Il publia alors un édit ordonnant au clergé Chrétien de sacrifier aux divinités païennes.


Heures à l'usage de Paris. XVe.

Lorsqu'éclata la persécution, Georges se déclara Chrétien et distribua son argent aux pauvres. Lorsque le décret précédant la persécution fut publié contre les églises à Nicomédie, " un homme " nous dit saint Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique, " d'origine non sans importance, mais hautement estimé pour ses dignités temporelles, stimulé par un zèle divin, et excité par une Foi ardente, le prit [cet édit] car il était placé en public et affiché pour être lu du public, et le déchira en morceaux comme si c'était l'acte le plus profane et le plus maudit ".

Cet homme qui montra un tel courage, on pense qu'il s'agissait de saint Georges, et une telle action courageuse et défiante correspond bien avec ce que nous connaissons de son caractère.


Paolo Uccello. XIVe.

Suite à cela, il fut soumis à des tortures sans nom, 7 ans durant. Il fut attaché à une roue équipée de lames et d'épées, jeté dans un trou de chaux vive, on le fit courir avec des souliers en métal chauffé à blanc, flageller avec des fouets de cuir, battre avec des marteaux, et jeter dans un précipice ; ses entrailles furent brisées et exposées à la flamme, et il souffrit encore bien d'autres tourments.

Un des éléments les plus familiers concernant sa vie est son combat avec le dragon. On rapporte que Georges chevauchait dans la province de Lydie et parvint à une ville appelée Sylène. Près de la ville se trouvait un marécage dans lequel vivait un dragon. Les gens tentèrent de le tuer mais furent empoisonnés par l'haleine fétide de la créature.


Raphaël. XVIe.

Pour apaiser le dragon, ils lui offrirent 2 moutons chaque jour, mais quand leurs moutons vinrent à manquer, ils furent obliger d'y substituer un humain chaque jour, tirant au sort pour savoir qui serait sacrifié. A l'époque de l'arrivée de saint Georges, le sort venait juste de s'abattre sur la fille du roi. Personne ne voulant être volontaire pour prendre sa place, alors elle fut habillée avec les vêtements de fiancée et envoyée à la rencontre du dragon.

Arrivant à cheval sur les lieux, Georges attaqua le dragon et le perça de sa lance. Puis il lui attacha la ceinture de la princesse autour du cou, et la fille amena le dragon dans la ville. Le peuple fut effrayé et commença à s'enfuir, mais Georges leur dit de ne pas avoir peur ; que si toute la ville se mettait à croire en Jésus-Christ et être baptisé, il tuerait le dragon.


Legenda aurea. Bx J. de Voragine. J. de Besançon. XVe.

Le roi et le peuple acceptèrent et plus de 15.000 furent baptisés. Georges tua le dragon et ce dernier fut transporté en morceaux sur 4 chars à boeufs. Il n'accepta aucune récompense pour ce service, mais demanda que le roi bâtisse des églises, honore les prêtres et fasse preuve de compassion pour les pauvres.

Le récit ci-dessus est bien plus tardif que Georges lui-même. Cependant, les paroles qu'on lui attribue sont caractéristiques de sa Foi et de son courage, et pourraient bien avoir été sur ses lèvres pendant qu'il faisait face à ses tortures, comme par ici :
" Christ, mon Capitaine, mon Seigneur, je n'ai pas de force si ce n'est celle que Tu me donnes. Aide-moi ce jour, et la gloire sera à Toi à jamais."

Il prêcha l'Evangile et baptisa nombre de gens dans la Foi Chrétienne. Les Grecs l'appellent " le Grand Martyr ". Son nom et son influence se sont aussi largement répandus en Occident sous l'influence des Croisés ; cependant, la dévotion date d'avant les Croisades. Depuis le Ve siècle, nombre d'églises ont été fondées en Occident sous son patronage. Cependant, c'est en Angleterre que sa renommée devint la plus populaire.

Il n'est pas certain du pourquoi il est devenu le saint patron de l'Angleterre, bien que son culte se soit répandu dans les Iles Britanniques avant la conquête Normande (1066).


Pierre-Paul Rubens. XVIIe.

Dans les Eglises Occidentales, les légendes qui avaient grandi autour de son nom ne furent pas facilement acceptées, et le pape Gélase, au Ve siècle, place saint Georges parmi ces saints, " dont les noms sont à juste titre vénérés parmi les hommes, mais dont les actions ne sont connues que de Dieu ". Cependant, au Moyen-Age, l'histoire de saint Georges et du dragon devint une lecture populaire, et fut reprise dans la Légende Dorée du bienheureux Jacques de Voragine.

Ce sont les Croisades qui rendirent saint Georges vraiment populaire en Occident, bien qu'il soit présent dans les antiques calendriers Irlandais et Anglo-Saxons. A Canterbury, il y a une ancienne église dédiée à saint Georges, et il est tentant de penser que la dédicace serait l'oeuvre de saint Théodore le Grec, qui vint à Canterbury comme archevêque en 609, venant d'Asie Mineure, patrie de saint Georges. Cependant, lorsque les armées Chrétiennes d'Europe Occidentale arrivèrent en Terre Sainte, elles se retrouvèrent, pour la première fois, dans cette partie du monde où saint Georges était considéré comme un saint majeur.
Les " bras de Saint Georges " sont devenus la base des uniformes des soldats Britanniques et des marins, et la croix rouge de Saint Georges apparaît dans l'Union Jack (drapeau Britannique).

Dans l'art, Georges est représenté en jeune avec une armure, souvant à cheval, tuant ou ayant tué un dragon. Son bouclier et le fanion de sa lance sont une croix rouge sur un fond blanc. En général, il y a une princesse près de lui. Dans certains portraits, on voit :
1. la princesse guide le dragon ;
2. Sainte Margaret est la princesse ;
3. Saint Georges est en armure se tenant sur le dragon (à ne pas confondre avec l'Archange Michel, qui est toujours ailé) ;
4. Saint Georges est dans la tenue de l'Ordre de la Jarretière ;
5. avec Saint Dimitri sur les icônes ;
6. Saint Georges étant martyrisé dans un taureau en bronze, écartelé par des chevaux, décapité avec une épée (Roeder).
 

Saint Georges. Donatello. Bargello. Florence. XVe.

HYMNE

" Saint Georges sur un grand cheval
Sauva la vierge du dragon,
Sur sa lance, le Signe de la Croix,
Arme sainte et invincible,
Avec cette arme, il tua le dragon,
La vierge épargnée, à son père il ramena,
Avec sa bonté, Dieu Lui-même lui fut redevable
Et avec la couronne de gloire, Dieu le repaya.
 

Image pieuse éthiopienne du début du XXe.
 
Saint Georges avec le coeur d'un héros,
Toute sa richesse, il la distribua aux pauvres,
Rejeta les honneurs et la gloire de ce monde,
Pour l'amour du Nom du Christ, le Victorieux,
Il embrassa les souffrances ; souffrances volontaires,
Avec son corps écrasé pour le Salut des âmes,
Avec sa bonté, il fit de Dieu Lui-même son débiteur,
Avec la couronne de gloire, Dieu le repaya.
Georges, le Saint et porteur de la victoire
Même maintenant marche avec la croix sur sa lance,
Il défend la justice, punit l'injustice,
Quiconque l'invoque avec foi et larmes,
Quiconque le prie avec une âme repentante,
Georges, le Saint, vole à son aide.
Avec sa bonté, il fit de Dieu Lui-même son débiteur,
Avec la couronne de gloire, Dieu le repaya."
 
 
HYMNE

Honorons le sublime athlète du Christ, en répétant à sa gloire quelques-unes des strophes que l'Eglise grecque lui consacre dans ses Menées :

" Fidèle ami du Christ, prince de ses athlètes. splendide flambeau de la terre, astre brillant entre tous, protecteur vigilant de ceux qui t'honorent, Ô George, Ô Martyr, aie-nous sous ta garde.

Nous célébrons aujourd'hui les combats dans lesquels tu as détruit les vaines idoles, et réduit à néant l'erreur propagée par les démons, Ô George, glorieux Martyr du Christ !

Tu es entré dans les rangs de l'armée céleste, bienheureux George ! Tu contemples maintenant la divine essence, autant qu'il est possible à la créature : daigne nous protéger, nous tous qui te vénérons avec foi.

George, le grand guerrier, a aimé avec ardeur le Christ-roi qui a donné sa vie pour le salut du monde : il s'est empressé de mourir pour lui ; enflammé d'un zèle divin, il s'est livré lui-même. Célébrons-le donc avec foi dans nos cantiques comme notre ardent défenseur, comme le glorieux serviteur du Christ, le fidèle imitateur de son Maître, le constant intercesseur auprès de Dieu, afin qu'il obtienne à tous la rémission et le pardon des péchés.

L'armée des Anges elle-même admire tes exploits, Ô prince de la milice, le Roi des Anges, satisfait de ton courage, a désiré embellir son palais de ta présence, Ô Martyr ! Et il est allé jusqu'à t'associer pour jamais à son royaume.

Imitateur de ton Seigneur, tu t'es élance spontanément dans les combats, Ô Martyr ! A ton retour victorieux, tu as mérité d'être proclamé le champion de l'Eglise du Christ ; garde-la et défends-la toujours par ta protection.
 

Rituale. Ethiopie. XIVe.
 
Comme un invincible martyr, comme un soldat couronne, comme un vaillant défenseur de la foi, sois maintenant comme une citadelle inébranlable pour tous ceux qui célèbrent tes louanges, Ô George plein de sagesse ; protège-les en tous lieux de ton intercession.

Le front ceint d'une brillante couronne, honoré du diadème royal et du sceptre, couvert de la pourpre éclatante de ton sang, heureux Martyr, tu règnes maintenant dans les cieux avec le Roi des armées angéliques.

Accourez tous, Ô fidèles, pour célébrer par vos cantiques la splendide et glorieuse résurrection du Seigneur; fêtons en même temps la mémoire solennelle de George le Martyr ; couronnons-le des fleurs du printemps comme un athlète insurmontable, et méritons d'être, par ses prières, affranchis de nos tribulations et de nos péchés.

Le printemps est venu, livrons-nous aux transports de la joie ; la résurrection du Christ a lui sur nous, tressaillons d'allégresse ; la fête du martyr George couronné pour sa bravoure apparaît aujourd'hui pour réjouir les fidèles ; nous tous qui aimons cette solennité, célébrons-la par des chants mystiques.

Comme un vaillant soldat, George a déployé contre les tyrans un mâle courage, et ils ont été couverts de confusion. Imitateur des souffrances de Jésus-Christ notre Sauveur, il n'a pas eu pitié du vase d'argile de son corps, et le livrant aux tortures, comme s'il était d'airain, il l'a transformé. Chantons donc à sa gloire : Ô Martyr entré en possession de la récompense, supplie le Seigneur de sauver nos âmes."
 

Martyre de saint Georges. Psautier cistercien. XIIIe.
 
PRIERE

" Ô George ! Vous êtes l'honneur de la milice chrétienne. Le service du prince temporel ne vous a pas fait oublier ce que vous deviez au Roi du ciel. Votre sang généreux a coulé pour la foi du Christ, et en retour le Christ vous a établi chef et conducteur des armées chrétiennes. Soyez leur appui devant les bataillons ennemis, et assurez la victoire aux défenseurs de la cause juste. Protégez-les sous les plis de votre étendard, couvrez-les de votre bouclier, et répandez la terreur devant eux.

Le Seigneur est le Dieu des armées, et la guerre entre souvent dans les plans de sa Providence, tantôt dans un but de justice, tantôt dans des vues de miséricorde. Chefs et soldats ont besoin de l'appui céleste. En faisant la guerre, ils semblent souvent faire l'œuvre de l'homme, tandis qu'ils font en réalité l'œuvre de Dieu. C'est pour cette raison qu'ils sont plus accessibles que les autres hommes aux sentiments généreux, que leur cœur est plus religieux. Le sacrifice, le péril, les élèvent au-dessus d'eux-mêmes : aussi les soldats occupent-ils une large place dans les fastes des Martyrs. Veillez en particulier sur la milice française, Ô George ! Rendez-la aussi chrétienne qu'elle est valeureuse ; nous savons que ce n'est pas en vain que les hommes de guerre ont espéré en vous.

Mais, Ô puissant guerrier, la milice temporelle n'est pas la seule qui s'exerce ici-bas : il en est une autre dans laquelle sont enrôlés tous les fidèles du Christ! Le grand Paul, parlant de nous tous, a dit : " qu'il n'y aura de couronnés que ceux qui auront légitimement combattu "  (II Tim. II, 5.). Nous avons donc à compter sur la lutte en ce monde, si nous écoutons les exhortations que nous adresse le même Apôtre : " Couvrez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir tenir contre les embûches du diable. Ayez pour ceinture la vérité, pour cuirasse la justice, pour chaussure la résolution de marcher dans la voie de l'Evangile, pour bouclier la foi, pour casque l'espérance du salut, pour glaive enfin la parole de Dieu " (Eph VI, 13-17.).
 

Statuts de la confrérie de Saint-Georges d'Avignon. XIVe.
 
Nous sommes donc des guerriers ! comme vous, Ô George ! Notre divin Chef ressuscité veut, avant de monter au ciel, passer en revue son armée ; présentez-nous à lui. Il nous a admis dans les rangs de sa garde malgré nos infidélités passées ; c'est à nous maintenant de nous rendre dignes d'un tel honneur. Nous possédons le gagé de la victoire dans le divin aliment pascal : comment pourrions-nous nous laisser vaincre ? Veillez sur nous, vaillant guerrier ! Que vos prières nous aident, pendant que vos exemples nous encourageront à marcher comme vous contre le dragon infernal Chaque pièce de notre armure lui est redoutable ; c'est Jésus lui-même qui l'a préparée pour nous, et qui l'a trempée dans son sang: tortillez notre courage, afin que nous puissions, comme vous, la lui présenter entière, au jour où il nous invitera à son repos éternel.

La chrétienté tout entière a besoin, Ô George ! Que vous vous souveniez des hommages qu'elle vous prodiguait autrefois L'antique piété envers vous s'est, hélas  refroidie, et pour beaucoup de chrétiens votre fête passe inaperçue. Ne vous irritez pas, Ô saint Martyr ; imitez votre Maître qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants ; ayez pitié de ce monde au sein duquel l'erreur a été semée, et qui s'agite en ce moment dans des convulsions si terribles. Considérez avec compassion votre Angleterre que le dragon infernal a séduite, et qu'il fait servir à ses noirs desseins contre le Seigneur et contre son Christ.

Armé de la lance avec laquelle vous l'avez autrefois terrassé, courez sur le monstre et affranchissez enfin l'Île des Saints de son joug ignominieux. Au ciel, les ancêtres vous le demandent, Ô puissant guerrier ! Sur la terre, leurs derniers et rares neveux vous en supplient. C'est au nom de Jésus ressuscité que nous vous conjurons tous d'aider a la résurrection d'un peuple qui fut le vôtre."
 

Bréviaire franciscain. XIVe.

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lundi, 22 avril 2024

22 avril. Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.

- Saint Soter et saint Caïus, Papes et martyrs. 170 et 295.
 
Empereur : Marc-Aurèle.
 
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir supporter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession."
Saint Caïus.
 
Saint Caïus bénissant pendant le sacrement
de la transmission des pouvoirs de l'Ordre.
Legenda aurea. Bx J. de Voragine. Jean le Tavernier. Flandres. XVe.

Deux Papes martyrs croisent aujourd'hui leurs palmes sur le Cycle. Soter souffrit pour le Christ au deuxième siècle, et Caïus au troisième ; cent années les séparent, et l'énergie de la foi, la fidélité au divin dépôt ; se retrouvent les mêmes. Quelle société humaine a jamais produit des siècles entiers de héros ? La nôtre est fondée sur ce dévouement traditionnel qui se prouve par le sang. Nos chefs n'ont pas voulu laisser aux soldats le monopole du sacrifice ; les trente premiers successeurs de Pierre ont payé de leur vie l'honneur du pontificat. Quel trône que celui de notre divin Ressuscité entouré de tous ces rois revêtus de la pourpre triomphale !

Soter fut le successeur immédiat d'Anicet, dont nous avons honoré la mémoire il y a peu de jours. Le temps nous a dérobé la connaissance de ses actions. Un trait seulement est arrivé jusqu'à nous. Eusèbe nous a conservé un fragment d'une lettre de saint Denys, évêque de Corinthe, dans laquelle il remercie notre saint pontife des largesses qu'il a envoyées aux fidèles de cette Eglise qui souffraient d'une famine. Une lettre apostolique accompagnait ces aumônes, et saint Denys atteste qu'on la lisait dans l'assemblée des fidèles, avec celle que saint Clément avait adressée à la môme Eglise au siècle précédent. La charité des pontifes romains s'est toujours unie à leur fidélité à conserver le dépôt de la foi. Quant à Caius. il fut enlevé dans la terrible tempête suscitée par Dioclétien contre l'Eglise, et ses gestes occupent à peine quelques lignes dans les annales de Rome chrétienne. Nous ne serons donc pas étonnés de trouver tant de concision dans le récit liturgique que l'Eglise consacre à ces deux Papes martyrs, et dont voici la teneur.


Saint Soter. Fresque de la chapelle Sixtine. Rome.

Saint Soter fut le successeur du Pape saint Anicet (que l'on fête au 17 avril). Il naquit à Fundi, ville de l'Italie méridionale. Son père se nommait Concorde.

Saint Soter décréta que les religieuses et les vierges consacrées ne toucheraient pas les vases de l'autel, ni les linges sacrés, et qu'elles n'offriraient pas l'encens ni ne tiendraient elle-même l'encensoir à l'Eglise. Rappelons qu'en ce temps-là, l'hérésie des Montanistes était cause de désordre et de confusion, et que, parmi eux, les femmes elle-même se permettaient d'administrer les saints Mystères.
Si ensuite dans l'histoire, certaines permissions de toucher aux linges sacrés furent concédées à de particulièrement saintes religieuses, ce ne fut que par exception, tout en maintenant que les dits linges sacrés devait être lavés au moins par un sous-diacre.

Il ordonna aussi que le Jeudi saint, tous les fidèles recevraient le corps du Christ, hors ceux qui en seraient empêchés pour quelques péchés graves. Il déclara que les serments faits contre la justice ne devaient pas être gardés.

Il déploya une ardente charité pour les Églises qui souffraient de la persécution. Il subvenait, par des aumônes, aux nécessités des chrétiens exilés pour la foi et n'oubliait pas les indigents des provinces. Il accueillait, avec la tendresse d'un père, les étrangers qui venaient à Rome, et leur prodiguait toutes les consolations qui étaient en son pouvoir.

Il se montra intrépide défenseur de la foi contre les hérésies, en particulier contre celle des Montanistes, qui se répandait alors partout. Il écrivit aux évêques d'Italie une lettre où il traite de la foi en Jésus-Christ.

Il siégea sur la chaire pontificale trois ans, onze mois et dix-huit jours. Il fut enveloppé dans la cruelle persécution qui s'éleva sous Marc-Aurèle et reçut la couronne du martyre le 22 avril 170. Il fut enseveli dans le cimetière appelé plus tard de Calliste. Il avait, selon la coutume de ses prédécesseurs, ordonné, au mois de décembre, dix-huit prêtres, neuf diacres et onze évêques pour les divers lieux.


Le martyre de saint Caïus. Lorenzo Monaco. XIVe.

Saint Caius était de Dalmatie et de la famille de l'empereur Dioclétien. Son père se nommait Caïus et il avait un frère nommé Gabinus (Gabin). Ce fut un Pontife d'une rare prudence et d'une vertu courageuse.

Il ordonna que dans l'Eglise, avant de monter à l'épiscopat, on passerait par les degrés des ordres et rangs de portier, de lecteur, d'exorciste, d'acolythe, de sous-diacre, de diacre et de prêtre.
Saint Caïus n'est assurément pas le premier auteur de cette ordonnance puisqu'on la pratiquait du temps des apôtres et que Notre Seigneur Jésus-Christ le leur enseigna ainsi. Mais il la rappela et la renouvela afin que perosnne ne fût admis à l'épiscopat sans avoir auparavant officié et servi le temps qui était precrit dans les ordres inférieurs.

On attribue de plus à saint Caïus, une épître fort grave touchant le mystère de l'incarnation du Verbe éternel.

La persécution contre les chrétiens sévissait alors dans toute sa fureur : les fidèles, pour s'y soustraire, étaient obligés de se tenir cachés dans les cavernes et les tombeaux. Saint Caïus mit tout son zèle à confirmer dans la foi les serviteurs de Jésus-Christ. Il conseilla au patricien Chromatius de recevoir dans sa villa les fidèles qui voudraient échapper aux bourreaux et alla les y visiter afin de soutenir leur courage. Ce fut alors qu'il fit diacres Marc et Marcellin, qu'il éleva leur père Tranquillin à la prêtrise et établit Sébastien défenseur de l'Église.

Monnaie de Dioclétien, le parent - et néanmoins persécuteur
cruel des Chrétiens - de saint Caïus et de saint Gabin son frère.
Monnaie du IIIe.

En cette occasion, notre saint Pape dit à tous ceux qui étaient assemblés chez Chromatius :
" Notre Seigneur Jésus-Christ, connaissant la fragilité de la nature humaine, a établi deux différents degrés pour tous ceux qui croient en lui : la Confession et le Martyre, afin que ceux qui ne croient pas pouvoir suppoter la rigueur des tourments, conservent néanmoins la grâce de la foi par leur confession.
Que ceux qui veulent demeurer dans la maison de Chromatius, y demeurent avec Tiburce ; et que ceux qui préfèrent alle ravec moi à la ville y viennent."

Afin d'éviter lui-même les cruautés de Dioclétien, il se tint caché quelques temps dans une caverne ; mais, huit ans plus tard, il remporta la couronne du martyre avec son frère Gabinus, après avoir siégé douze ans, quatre mois et cinq jours. Il avait ordonné vingt-cinq prêtres, huit diacres et cinq évêques.
Il fut enseveli dans le cimetière de Calliste, le dix des calendes de mai.

Son corps fut retrouvé en 1622, avec une inscription propre à le faire reconnaître et avec deux monnaies de l'empereur Dioclétien son parent. Le pape Grégoire XV en donna la majeure partie à Alphonse de Gonzaque, archevêque de Rodhes, qui la fit transporter à Novellara en Lombardie.
En 1631, Urbain VIII a renouvelé sa mémoire à Rome et rétabli son église qui était ruinée et qui avait été bâtie peu après son martyre sur la maison qu'il habitait, y créant un Titre avec une Station, et l'ayant enrichie d'une autre partie des reliques du saint pape.

 
PRIERE
 
" Saints Pontifes, vous êtes du nombre de ceux qui ont traversé la grande tribulation, et qui ont passé par l'eau et par le feu pour aborder au rivage de l'éternité. La pensée de Jésus vainqueur de la mort soutenait votre courage ; vous saviez que les gloires delà Résurrection ont succédé aux angoisses de la Passion. Immolés comme Jésus pour votre troupeau, vous nous avez appris par votre exemple que la vie et les intérêts de ce monde ne doivent compter pour rien, quand il s'agit de confesser la foi.

Armez-nous de ce courage. Le Baptême nous a enrôlés dans la milice du Christ ; la Confirmation nous a donné l'Esprit de force : nous devons donc être prêts pour les combats. Saints Pontifes, nous ignorons si nos temps sont appelés à voir l'Eglise exposée à la persécution sanglante; quoi qu'il advienne, nous avons à lutter avec nous-mêmes, avec l'esprit du monde, avec les démons ; soutenez-nous par vos prières. Vous avez été les pères de la chrétienté ; la charité pastorale qui vous anima ici-bas vit toujours dans vos cœurs. Protégez-nous, et rendez-nous fidèles à tous les devoirs qui nous lient au souverain Maître dont vous avez soutenu la cause."

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dimanche, 21 avril 2024

IIIe dimanche après Pâques.

- Le IIIe dimanche après Pâques.

LE PATRONAGE DE SAINT JOSEPH

 
Saint Joseph. Détail. Josse Lieferinxe. XVe.


La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd'hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Eglise nous propose de donner la journée au culte de l'Epoux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l'Eglise universelle. Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n'est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s'agit d'ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l'appui de tous ceux qui l'invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Eglise se propose aujourd'hui, dans l'intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun.

La dévotion à saint Joseph avait été réservée pour ces derniers temps. Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l'Evangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l'Eglise ; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l'économie du mystère de l'Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu'ils auraient voulu lui rendre ; mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l'Epoux de Marie. L'Orient précéda l'Occident, ainsi qu'il est arrivé d'autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph ; mais au XVe siècle l'Eglise latine l'avait adopté tout entière ; et depuis lors il n'a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques. Les grandeurs de saint Joseph ont été exposées au 19 mars ; le but de la présente fête n'est pas de revenir sur cet inépuisable sujet. Elle a son motif spécial d'institution qu'il est nécessaire de faire connaître.

La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s'unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l'étincelle de vie surnaturelle qu'il doit conserver jusqu'au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. A partir du XIIIe siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l'Eglise elle-même nous en rend témoignage (Frigescente mundo. Oraison de la fête des Stigmates de saint François.) , chaque époque a vu s'ouvrir une nouvelle source de grâces. Ce fut d'abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la Procession solennelle, les Expositions, les Saluts, les Quarante Heures. Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l'influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe fut promulgué le culte du sacré Cœur de Jésus, qui s'établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suspendus parles préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l'Immaculée Conception, préparé et attendu dans des siècles moins favorisés.

Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l'Incarnation, l'une comme Mère du Fils de Dieu, l'autre comme gardien de l'honneur de la Vierge et Père nourricier de l'Enfant-Dieu, pour que l'on puisse les isoler l'un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très sainte Vierge. Mais la dévotion à l'égard de l'Epoux de Marie n'est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d'un secours nouveau aussi étendu qu'il est puissant, ayant été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu lui-même. Ecoutez le langage inspiré de l'Eglise dans la sainte Liturgie :
" Ô Joseph, l'honneur des habitants du ciel, l'espoir de notre vie ici-bas, le soutien de ce monde !"
(Coelitum, Joseph, decus atque nostrae Certa spes vite, columenque mundi ; Hymne des Laudes de la fête du patronage de saint Joseph).

Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu sur la terre des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas; au ciel, il tient à glorifier celui dont il voulut dépendre, et à qui il confia son enfance avec l'honneur de sa Mère. Il n'est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph ; et la sainte Eglise nous invite aujourd'hui à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l'invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l'âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, qu'il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi de l'Egypte disait à ses peuples affamés : " Allez à Joseph " (Gen. XLI, 55.) ; le Roi du ciel nous fait la même invitation ; et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n'en eut auprès de Pharaon.

Mettons donc notre confiance dans le pouvoir de l'auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n'ont été accumulées qu'afin qu'il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l'Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre.

 
Le repentir de saint Joseph. Alessandro Tiarini. XVIIe.


 A LA MESSE

Le troisième Dimanche après Pâques porte, dans L'Eglise grecque, le nom de Dimanche du Paralytique, parce qu'on y célèbre d'une manière particulière la commémoration du miracle que notre Seigneur opéra à la Piscine Probatique.

L'Eglise Romaine commence aujourd'hui, à l'Office des Matines, la lecture de l'Apocalypse de saint Jean.

En cette fête dédiée à saint Joseph comme Protecteur des fidèles, la sainte Eglise, dans l'Introït, nous met à la bouche les paroles dans lesquelles David exprime la confiance qu'il a placée dans la Protection du Seigneur. Saint Joseph est le ministre de cette protection divine, et Dieu nous la promet, si nous nous adressons à son incomparable serviteur.

EPÎTRE

Lecture du livre de la Genèse. Chap. XLIX.


 
La sainte Famille. Ivoire du XIIIe.

 


 " Mon fils Joseph a été élevé en gloire ; sa puissance va toujours croissant ; il est beau et plein de charmes ; les jeunes filles ont couru sur les galeries pour le voir. Mais avant ses grandeurs, ses frères l'avaient poursuivi avec malice, et lui avaient suscité des rixes ; dans leur envie, ils lui lançaient des traits. Mais son arc tendu est demeuré dans sa force ; les chaînes qui liaient ses bras et ses mains ont été déliées par la main du tout-puissant Dieu de Jacob ; et il est sorti de là pour être le pasteur d'un peuple et la force d'Israël. Ô mon fils, le Dieu de ton père sera ton protecteur, le Tout-Puissant te comblera de ses bénédictions du haut du ciel ; le sol que tu habiteras sera arrosé par les sources qui procèdent de l'abîme des eaux, pour être aussi une bénédiction ; et tu seras béni également dans la fécondité des mères. Les bénédictions que répand sur toi ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses aïeux; et elles seront sur toi, jusqu'à ce que s'accomplisse le désir des collines éternelles. Que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph, sur la tète de celui qui est comme le Nazaréen au milieu de ses frères."

Cette magnifique prophétie de Jacob mourant, et révélant à son fils Joseph le sort glorieux qui l'attend dans sa personne et dans ses enfants, vient à propos en ce jour pour nous rappeler les touchantes relations que saint Bernard a si éloquemment relevées entre les deux Joseph. Nous les avons signalées au dix-neuf mars, et le pieux lecteur a pu se convaincre que le premier Joseph fut le type du second. Le vieux Patriarche, après avoir prophétisé la destinée de ses dix premiers enfants, s'arrête avec complaisance sur le fils de Rachel. Après avoir loué sa beauté, il rappelle les persécutions auxquelles il fut en butte de la part de ses frères, et les voies merveilleuses par lesquelles Dieu le délivra de leurs mains, et le conduisit à la puissance. De là Jacob montre ce fils de sa tendresse élevé en gloire, et devenu le type du second Joseph. Qui a mérité plus que l'Epoux de Marie, le Protecteur des fidèles, d'être appelé " le Pasteur d'un peuple et la force d'Israël " ?

Nous sommes tous sa famille : il veille sur nous avec amour ; et dans nos tribulations, nous pouvons appuyer sur lui notre confiance, comme sur un roc inébranlable. L'héritage de saint Joseph est l'Eglise, que les eaux du Baptême arrosent sans cesse et rendent féconde ; c'est là qu'il exerce son pouvoir bienfaisant sur ceux qui se confient en lui. Jacob promet au premier Joseph d'immenses bénédictions, dont l'effet durera jusqu'au jour où le Sauveur promis a descendra des " collines de l'éternité ". Alors commencera le ministère du second Joseph, ministère de secours et de protection, qui durera jusqu'au second avènement du Fils de Dieu. Enfin, si le premier Joseph est présenté dans la prophétie comme Nazaréen, c'est-à-dire consacre à Dieu et saint au milieu de ses frères, le second remplira l'oracle plus littéralement encore ; car non seulement sa sainteté dépassera celle du fils de Jacob, mais sa demeure sera Nazareth. C'est dans cette ville qu'il habitera avec Marie, dans cette ville qu'il reviendra au retour de l'Egypte, dans cette ville qu'il achèvera sa sainte carrière ; enfin pour avoir habité cette ville avec lui, son fils adoptif, Jésus, Verbe éternel, " sera appelé Nazaréen ".

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Luc. Chap. III.

 
La sainte Famille. Pietro di Cristoforo Vannucci - Le Pérugin. XVe.


 " En ce temps-là, il advint que dans les jours où tout le peuple venait recevoir le baptême de Jean, Jésus lui-même, ayant été baptise et priant, le ciel s'ouvrit ; et l'Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme visible d'une colombe ; et une voix du ciel parla ainsi :
" Vous êtes mon Fils bien-aimé : en vous j'ai mis mes complaisances."
Et Jésus avait alors environ trente ans, et il était regardé comme le fils de Joseph."


" Jésus était regardé comme le fils de Joseph !"

Ainsi l'amour filial de Jésus pour sa Mère, les égards dus à l'honneur de la plus pure des vierges, allèrent jusqu'à faire accepter au Fils de Dieu, durant trente années, le nom et l'extérieur de fils de Joseph. Joseph s'est entendu appeler père par le Verbe incréé dont le Père est éternel ; il a reçu d'un homme mortel les soins de l'enfance et les aliments dans ses premières années. Joseph a été le chef de la sainte famille de Nazareth, et Jésus a reconnu son autorité. L'économie de la divine incarnation exigeait ces étonnantes relations entre le créateur et la créature. Mais si le Fils de Dieu assis à la droite de son Père a retenu la nature humaine indissolublement unie à sa personne divine, il n'a pas non plus dépouillé les sentiments qu'il professa ici-bas envers les deux autres membres de la famille de Nazareth.

Envers Marie, qui sera éternellement sa Mère dans l'ordre de l'humanité, sa tendresse filiale et ses égards n'ont fait que s'accroître ; mais nous ne pouvons douter que l'affection et la déférence qu'il eut pour son père d'adoption ne soient aussi représentées éternellement dans le cœur de l'Homme-Dieu. Nul mortel n'a eu avec Jésus des rapports aussi intimes et aussi familiers. Joseph, par ses soins paternels envers le fils de Marie, a fait ressentir la reconnaissance au Fils de l'Eternel ; il est juste de penser que des honneurs particuliers et un crédit supérieur dans le ciel ont acquitté cette reconnaissance. Telle est la croyance de l'Eglise, telle est la confiance des âmes pieuses, tel est le motif de l'institution de la solennité d'aujourd'hui.

21 avril. Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, Docteur de l'Eglise. 1109.

- Saint Anselme, archevêque de Cantorbéry, docteur de l'Eglise. 1109.
 
Papes : Benoît IX ; Pascal II. Rois de France : Henri Ier ; Louis VI, le Gros.
 
" Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, mais je crois afin de comprendre. Car je crois ceci : si je ne crois pas, je ne comprendrai pas."
Saint Anselme in Proslogium.
" Sire, vous attelez sous le même joug un taureau et un agneau."
Saint Anselme apprenant sa nomination à Cantorbéry par le roi Guillaume le Conquérant en personne.
 

Recontre de saint Anselme et de la comtesse Mathilde
devant saint Grégoire VII. Romanelli. XVIIe.

Moine, Evêque et Docteur, Anselme réunit en sa personne ces trois grands apanages du chrétien privilégié ; et si l'auréole du martyre n'est pas venue apporter le dernier lustre à ce noble faisceau de tant de gloires, on peut dire que la palme a manqué à Anselme, mais qu'il n'a pas manqué à la palme. Son nom rappelle la mansuétude de l'homme du cloître unie à la fermeté épiscopale, la science jointe à la piété ; nulle mémoire n'a été à la fois plus douce et plus éclatante.

Le Piémont le donna à la France et à l'Ordre de saint Benoît. Anselme, dans l'abbaye du Bec, réalisa pleinement le type de l'Abbé tel que l'a tracé le Patriarche des moines d'Occident : " Plus servir que commander."

Il fut de la part de ses frères l'objet d'une affection sans égale, et dont l'expression est arrivée jusqu'à nous. Sa vie leur appartenait tout entière, soit qu'il s'appliquât à les conduire à Dieu, soit qu'il prît plaisir à les initier aux sublimes spéculations de son intelligence. Un jour il leur fut enlevé malgré tous ses efforts, et contraint de s'asseoir sur la chaire archiépiscopale de Cantorbéry. Successeur en ce siège des Augustin, des Dunstan, des Elphège, des Lanfranc, il fut digne de porter le pallium après eux, et par ses nobles exemples, il ouvrit la voie à l'illustre martyr Thomas qui lui succéda de si près.


Bas-relief. Abbatiale de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes.
Maine. XIXe.

Sa vie pastorale fut tout entière aux luttes pour la liberté de l'Eglise. En lui l'agneau revêtit la vigueur du lion :
" Le Christ ne veut pas d'une esclave pour épouse ; il n'aime rien tant en ce monde que la liberté de son Eglise."
Le temps n'est plus où ce Fils de Dieu consentait à être enchaîné par d'indignes liens, afin de nous affranchir de nos péchés ; il est ressuscité glorieux, et il veut que son épouse soit libre comme lui. Dans tous les siècles, elle a à combattre pour cette liberté sacrée, sans laquelle elle ne pourrait remplir ici-bas le ministère de salut que son Epoux divin lui a confié. Jaloux de son influence, les princes de la terre, qui n'ignorent pas qu'elle est reine, se sont ingéniés à lui créer mille entraves.

De nos jours [Nous reprenons ici la notice de dom Prosper Guéranger dans L'année liturgique, et qui parle donc dans la deuxième moitié du XIXe siècle], un grand nombre de ses enfants ont perdu jusqu'à la notion des franchises auxquelles elles a droit : sans aucun souci de sa royauté, il ne lui désirent d'autre liberté que celle qu'elle partagera avec les sectes qu'elle condamne ; ils ne peuvent comprendre que, dans de telles conditions, l'Eglise que le Christ a faite pour régner, est en esclavage.

Ce n'est pas ainsi qu'Anselme l'entendait ; et tout enfant de l'Eglise doit avoir de telles utopies en horreur. Les grands mots de progrès et de société moderne ne sauraient le séduire ; il sait que l'Eglise n'a pas d'égale ici-bas ; et s'il voit le monde en proie aux plus terribles convulsions, incapable de s'asseoir désormais sur un fondement stable, tout s'explique pour lui par cette raison que l'Eglise n'est plus reine. Le droit de notre Mère n'est pas seulement d'être reconnue pour ce qu'elle est dans le secret de la pensée de chacun de ses fidèles ; il lui faut l'appui extérieur. Jésus lui a promis les nations en héritage ; elle les a possédées selon cette divine promesse ; mais aujourd'hui, s'il advient qu'un peuple la mette hors la loi, en lui offrant une égale protection avec toutes les sectes qu'elle a expulsées de son sein, mille acclamations se font entendre à la louange de ce prétendu progrès, et des voix connues et aimées, se mêlent à ces clameurs.


Dessin. Anonyme d'après Raphaël. XVIe.

De telles épreuves furent épargnées à Anselme. La brutalité des rois normands était moins à redouter que ces systèmes perfides qui sapent par la base jusqu'à l'idée même de l'Eglise, et font regretter la persécution ouverte. Le torrent renverse tout sur son passage ; mais tout renaît aussi lorsque sa source est tarie. Il en est autrement quand les eaux débordées envahissent la terre en l'entraînant après elles.

Tenons-le pour sûr : le jour où l'Eglise, la céleste colombe, n'aura plus ici-bas où poser son pied avec honneur, le ciel s'ouvrira, et elle prendra son vol pour sa patrie céleste, laissant le monde à la veille de voir descendre le juge du dernier jour.

Anselme docteur n'est pas moins admirable qu'Anselme pontife. Sa haute et tranquille intelligence se plut dans la contemplation des vérités divines ; elle en chercha les rapports et l'harmonie, et le produit de ces nobles labeurs occupe un rang supérieur dans le dépôt où se conservent les richesses de la théologie catholique. Dieu avait départi à Anselme le génie. Ses combats, sa vie agitée, ne purent le distraire de ses saintes et dures études, et, sur le chemin de ses exils, il allait méditant sur Dieu et ses mystères, étendant pour lui-même et pour la postérité le champ déjà si vaste des investigations respectueuses de la raison dans les domaines de la foi.


Bas-relief. Lucca della Robbia. Empoli. XVIe.

Anselme, né dans la ville d'Aoste, aux confins de l'Italie, eut pour père Gondulphe et pour mère Hermenberge, nobles et catholiques parents. Dès ses tendres années son assiduité à l'étude et son élan vers la vie parfaite firent pressentir qu'un jour il brillerait à la fois par la sainteté et la doctrine. La fougue de la jeunesse l'entraîna cependant quelque temps dans les plaisirs du siècle ; mais bientôt il se sentit attiré de nouveau aux habitudes de sa vie antérieure.

Renonçant alors à son pays et à sa fortune, il se rendit à l'abbaye du Bec, de l'Ordre de saint Benoît. Ce fut là qu'il émit sa profession religieuse sous l'Abbé Herluin, prélat très zélé pour l'observance, au temps du très docte Lanfranc. La ferveur de sa vie et son application continuelle à s'avancer dans la science et les vertus développèrent tellement ses dispositions, qu'on le regarda bientôt comme un modèle admirable de sainteté et de doctrine.


Saint Anselme reçut à l'abbaye du Bec en Normandie par le
saint abbé Herluin. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Son abstinence et sa sobriété étaient si grandes, que l'assiduité au jeûne avait détruit en lui le sentiment des besoins du corps. Il employait le jour aux exercices monastiques, à l'enseignement et à écrire des réponses aux diverses questions qu'on lui adressait sur la religion, et dérobait la plus grande partie de la nuit au sommeil pour rafraîchir son âme dans les méditations divines, auxquelles il se livrait avec une grande abondance de larmes.

Elu Prieur du monastère, il sut se concilier, par sa charité, son humilité et sa prudence, les frères qui lui étaient contraires, à tel point que ces hommes qu'il avait eus pour rivaux s'attachèrent étroitement à lui, en même temps qu'ils se rapprochaient de Dieu : ce qui ne contribua pas peu à l'avancement de l'observance religieuse dans le monastère. A la mort de l'Abbé, Anselme fut établi malgré lui à sa place. Ce fut alors que sa réputation de science et de sainteté se répandit au loin, et le rendit l'objet de la vénération des princes et des évêques. Saint Grégoire VII l'honora de son amitié, et au milieu des grandes épreuves qu'il avait à subir, ce Pontife lui adressa des lettres remplies d'affection, dans lesquelles il recommandait à ses prières sa personne et l'Eglise catholique.

Saint Anselme prit naturellement parti pour son successeur Urbain II contre l'antipape Clément III.


Manuscrit anglais du XIIIe.

A la mort de saint Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, son ancien maître (que l'on fête au 28 mai), saint Anselme se vit contraint par les instances de Guillaume, roi d'Angleterre, ainsi que du clergé et du peuple, à accepter le gouvernement de cette Eglise. Tout aussitôt il s'appliqua à la réforme des moeurs très relâchées de son peuple, et employant d'abord à cet effet ses discours et ses propres exemples, ensuite ses écrits, auxquels il joignit la célébration des conciles, il vint à bout de rétablir la piété antique et la discipline de l'Eglise. Mais bientôt le même roi Guillaume ayant voulu usurper les droits de l'Eglise, et joignant à cet effet la violence aux menaces, Anselme lui résista avec une constance sacerdotale.

Dépouillé des possessions de son siège et condamné à l'exil, il se rendit à Rome auprès d'Urbain II, qui le reçut avec honneur, et le combla de louanges dans le concile de Bari, où Anselme démontra contre l'erreur des Grecs, par d'innombrables témoignages des Ecritures et des saints Pères, que le Saint-Esprit procède aussi du Fils.


Vision de saint Anselme. XVIIIe.

Saint Anselme de Cantorbéry est connu du monde profane pour son établissement des preuves de l'existence de Dieu. Il est utile de savoir que son principal souçi en la matière n'était pas à proprement parler de " prouver l'existe,ce de Dieu ", mais de démontrer principalement, contre l'avis du moine de l'abbaye de Marmoutiers Gaunilon qui soutenait que la foi suffsait et que l'existence de Dieu n'était pas démontrable rationnellement, que la raison, sous l'empire de la foi, accède aux preuves de l'existence de Dieu.
En d'autres termes, il ne s'agit pas pour saint Anselme de s'adresser aux " Athées ", ces " pauvres insensés qui nient l'existence de Dieu ", qui sont de très exacts marginaux se livrant aux désordres d'une intelligence altérée et affaiblie.

Rappelé en Angleterre, après la mort de Guillaume, par le roi Henri son frère, Anselme s'endormit bientôt dans le Seigneur. Non seulement la renommée de ses miracles et de sa sainteté, ainsi que son insigne dévotion envers la Passion de notre Seigneur et la bienheureuse Vierge sa Mère, l'ont rendu célèbre ; mais il s'est encore illustré par sa doctrine, qui a servi puissamment à la défense de la religion chrétienne, à l'avancement des âmes, en même temps qu'elle a frayé la voie à tous les théologiens qui ont traité la science sacrée selon la méthode scolastique, au point que l'on sent, à la lecture de ses livres, que c’est au ciel même que le ce saint docteur l'a puisée, appuyé fermement sur une dévotion profonde à Notre Dame la très sainte Vierge Marie, dont il soutint, exposa et démontra l'Immaculée conception.

L'Immaculée conception avec saint Anselme et saint Martin.
Giuseppe-Maria Crespi. XVIIIe.

Très affaibli au seuil de cette vie, un moine qui le veillait lui cita l'Evangile :
" Puisque vous avez été ferme avec moi dans la lutte et dans les tentations, voici que je vais vous préparer le ryaume que mon Père m'a préparé à moi-même, pour que vous mangiez et buviez avec moi, dans mon royaume." (Joan. XXII, 23.).
Saint Anselme sourit et leva les yeux au ciel ; sa respiration devint plus lente. Il se fit mettre sur de la cendre, reçut le saint Viatique et l'Extrême onction (la sainte huile, dont il ne restait que quelques gouttes, s'accrut miraculeusement à cette occasion), et expira le 21 avril 1109. Il fut enterré dans la cathédrale de Cantorbéry.

Canonisé en 1494, il a été mis au rang des docteurs de l'Église par Clément XI en 1720.


Mort de saint Anselme. Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Les titres de ses principaux ouvrages, outre le Proslogium déjà cité :
- Monologium de essentia divinitatis, sive exemplum meditandi de ratione fidei ;
- Cur Deus homo ;
- De concordia praescientiae et praedestinationis necnon gratiae Dei cum libero arbitrio ;
- Liber de Conceptu virginali et originali peccato ;
- Liber apologeticus contra Gaunilonem respondentem pro insipiente ;
- De fïde Trinitatis ;
- De Incarnatione Verbi contra blasphemias Roscelini ;
- De casu Diaboli, dialogues ;
- De processione Sancti Spiritus, traité dirigé contre l'Église grecque, dont Anselme avait combattu la doctrine au concile de Bari.


Rq :
- On lira et téléchargera cette vie de saint Anselme paru au XIXe et composée par Charles de Rémusat sur ce lien.
- On trouvera la liste des écrits de saint Anselme, ainsi qu'une solide notice biographique, dans la patrologie de M. l'abbé Migne, parue au XIXe, et disponible sur le site de la Bibliothèque natinale de France, Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209868f.pagination.
- On trouvera une notice hagiographique dans les Petits Bollandistes (T. IV, pp 567 et suiv.) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30734t.pagination.
- On trouvera une version latine de la vie de saint Anselme écrite par son secrétaire, le moine Eadmer : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50356f.

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samedi, 20 avril 2024

20 avril. Saint Marcellin, évêque d'Embrun. 374.

- Saint Marcellin d'Embrun, évêque d'Embrun. 374.

Pape : Saint Damase. Empereur romain d'Occident : Valentinien.

" Si le Sauveur a bien voulu prendre sur lui les iniquités de nous tous, pourquoi ne porterai-je pas, pour son amour, le faix que vous m'imposez ?"

Saint Marcellin d'Embrun.

Saint Marcellin d'Embrun. Détail.
Fresque du couvent des Cordeliers. Embrun. Hautes-Alpes. XVe.

Saint Marcellin, que l'on fait passer pour le premier évêque de la ville d'Embrun, dans les Gaules, était né en Afrique. Pieux et illustre, il s'appliqua de bonne heure aux saintes lettres. Sollicité par l'Esprit de Dieu de porter l'Evangile dans les Gaulas, il choisit pour compagnons Vincent et Domnin, et s'étant embarqué à l'insu de ses parents, il arriva heureusement à Rome, sous le pontificat d'Eusèbe et l'empire de Dioclétien. Le Pape approuva le dessein de ces généreux prédicateurs, et les adressa, pour être guidés, à Eusèbe, évêque de Verceil, qui, par un esprit prophétique, leur annonça d'avance tout ce qu'ils auraient à souffrir, et les exhorta fortement à s'acquitter avec courage de leur pénible mission. Ils la commencèrent tout de suite, jetant, sur leur passage, la semence de la foi divine. Ayant franchi les Alpes, ils arrivèrent à Embrun ; l'état de cette chrétienté était alors déplorable, il n'y restait presque plus rien des principes de la vraie religion établis sous le règne de Néron, par les saints Nazaire et Celse.

Saint Marcellin commence par élever un oratoire près de la ville, et c'est là qu'il se prépare, avec ses compagnons, à exécuter son pieux dessein. Dieu donna à la parole de ces prédicateurs tant de force que, le nombre des fidèles croissant chaque jour, il fallut bâtir une église plus grande. On pria Eusèbe de Verceil de venir la consacrer. Ce prélat, assisté d'Emilien, évêque de Valence, imposa les mains à Marcellin, malgré ses résistances, et l'établit évêque d'Embrun. Se trouvant ainsi renfermé dans les bornes d'un diocèse, et désirant néanmoins évangéliser les pays d'alentour, Marcellin envoya, à cet effet, Vincent et Domnin dans la ville de Digne.

Il avait reçu, suivant la promesse de Jésus-Christ, faite à ses disciples, la vertu des miracles, afin de pouvoir confirmer la doctrine qu'il annonçait aux païens.

Vue de la ville archi-épiscopale d'Embrun. Ce siège, fondé par
saint Marcellin, fut supprimé en 1802 et rattaché à celui de Gap.

A l'approche des fêtes de Noël un grand nombre de catéchumènes se préparaient à recevoir la grâce du baptême et comme on se disposait à remplir d'eau l'ancien baptistère où l'on baptisait encore, celui que Marcellin avait fait construire avec la nouvelle église se remplit insensiblement d'eaux vives et limpides. Le miracle dura sept jours, après lesquels les eaux se retirèrent peu à peu comme pour permettre que le miracle pût se renouveler chaque fois qu'il plairait à Dieu de manifester ainsi sa puissance. Les malades qui burent de cette eau furent guéris de leurs infirmités. Le peuple, dans l'admiration et dans la joie la plus vive, fit éclater sa reconnaissance envers le Seigneur, qui bénissait et les travaux de saint Marcellin et les généreux efforts de la ville d'Embrun, en agréant l'édifice qui venait d'être solennellement consacré à sa gloire. Mais la joie ne connut plus de bornes, lorsqu'on vit, au samedi saint de la même année, le prodige éclater de nouveau et durer pareillement sept jours. Il devait en être ainsi pendant plus de cinq cents ans, c'est-à-dire, autant de temps que le monument demeurerait debout. Saint Grégoire de Tours et saint Adon de Vienne attestent ce fait et ce dernier ajoute qu'il se renouvelait encore de son temps.

Ce miracle, joint à tous ceux que Marcellin opérait habituellement sur les malades, les infirmes et les possédés du démon, fit que toute la ville d'Embrun embrassa la foi chrétienne. Il n'y restait plus qu'un seul idolâtre d'un rang distingué voici comment cet homme obstiné se convertit.

Un jour, notre Saint ayant invité plusieurs personnes à sa table, l'infidèle se trouva parmi les convives. Pendant le repas, le pieux évêque lui adressa quelques paroles bienveillantes, et lui dit gracieusement que les chrétiens n'avaient pas coutume de manger avec les gentils, et que, l'apercevant en leur sainte compagnie, il croyait voir dans cette occurrence l'heureux présage de sa conversion prochaine.
" Oh combien je serais heureux, ajouta-t-il avec une bonté touchante, de vous voir suivre l'exemple de vos frères. N'est-il pas étonnant qu'instruit et savant comme vous l'êtes, vous demeuriez seul incrédule au milieu de vos concitoyens ?
- J'ai bien ouï parler, répond cet homme, de divers prodiges qu'on vous attribue, mais je n'en ai pas été témoin ; je ne vous ai vu opérer jusqu'à ce jour rien qui puisse me faire oublier le grand Apollon."

Cathédrale Notre-Dame du Réal. Embrun. Hautes-Alpes. XIIIe.

A ces derniers mots, Dieu permet qu'une coupe en cristal s'échappe des mains de l'échanson, tombe à terre et se brise.
" Ordonnez, dit aussitôt l'infidèle en se tournant d'un air incrédule vers le saint Prélat, ordonnez à cette coupe de revenir en son entier."
Marcellin, gémissant en lui-même de ce défi railleur, conjure Dieu de ne pas endurcir cette âme, mais de la sauver, et plein de cette confiance qui commande au ciel même et à laquelle il obéit, il fait un signe de croix, et aussitôt les éclats du vase brisé se réunissent. Le païen, singulièrement frappé de cette merveille, tombe aux pieds de l'homme de Dieu et demande instamment le baptême c'était un jour de fête ; cette faveur lui fut accordée en présence d'une grande multitude, rendant grâces à Dieu d'une si éclatante conversion. Le thaumaturge se servit, le reste de ses jours, de la coupe miraculeuse.

Sa foi, sa sainteté, son abnégation, son dévouement pour les autres, des prodiges opérés en mille rencontres, firent bénir et vénérer son nom dans toutes ces contrées. Voici un trait qui, mieux que tous les discours, fera connaître le respectueux attachement que portaient à notre Saint les habitants de ces rudes montagnes, en même temps qu'il témoigne de sa douceur et de son humilité.

Il revenait d'une excursion lointaine, et il allait, selon sa coutume, récitant des psaumes, quand il voit, à quelque distance d'Embrun, une foule assez nombreuse arrêtée sur la voie publique. Ne sachant ce qu'il en est, il double le pas et s'approche. Aux cris qu'il entend pousser, il comprend ce dont il s'agit des voyageurs se rendaient à la ville, une de leurs montures, trop fatiguée ou trop chargée, s'était abattue et on ne pouvait la relever. Le Saint arrive il adresse la parole à ces étrangers et les exhorte à ne pas se décourager, surtout à ne pas proférer de blasphèmes. Mais, irrités de ce contretemps et poussés par le démon, ils s'emportent contre le Saint, et vont jusqu'à, lui mettre un fardeau accablant sur les épaules. Marcellin se soumet à tout sans laisser échapper la moindre plainte il se contente de leur dire :
" Si le Sauveur a bien voulu prendre sur lui les iniquités de nous tous, pourquoi ne porterai-je pas, pour son amour, le faix que vous m'imposez ?"
Puis, s'adressant à Dieu, il répète avec émotion ce texte du Psalmiste :
" Je suis devant vous, Ô mon Dieu, comme une bête de somme, mais je suis toujours avec vous."

Eglise Saint-Marcellin. Crévoux. Queyras. Hautes-Alpes. XVe-XVIIe.

En entrant dans la ville, un de ces misérables, avant d'avoir repris la charge, a l'insolence de se railler de l'humilité du Saint. Le peuple, attiré par la singularité du spectacle, se rassemble et reconnaît son évoque. Aussitôt on entoure les étrangers grossiers et inhumains chacun s'arme de pierres, on veut absolument les exterminer. Mais Dieu lui-même se charge de glorifier son ministre outragé un tourbillon de feu enveloppe tout à coup le plus furieux de cette troupe impie, et lui fait éprouver d'inconcevables douleurs. Effrayé désespéré il pousse des cris lamentables, il se jette aux pieds du Prélat, donnant à comprendre qu'il attend de lui sa délivrance et son pardon. Le feu, en effet, ne le quitta que quand l'homme de Dieu, débarrassé du lourd fardeau, eut prié pour la vie du coupable. Touchés d'une si grande clémence, ces hommes lui offrirent des présents et le pressèrent vivement de les accepter, mais il ne voulut jamais y consentir, et après avoir apaisé son peuple, il le conjura de se retirer en paix.

Peu après, Marcellin apprit qu'on venait de construire une nouvelle église à Seynes, petite ville éloignée d'Embrun de seize milles ou sept lieues communes. Evangélisée depuis plusieurs années, Seynes, non-seulement avait persévéré dans la vraie foi, mais avait vu les populations voisines suivre son noble exemple et recevoir le baptême elle avait demandé la permission de se bâtir une église, et l'édifice achevé, elle avait invité le saint Pontife à venir en faire la consécration solennelle.

Il partit d'Embrun, accompagné d'une foule de fidèles. Le pieux concours s'accrut le long de la route mais arrivé à la rivière d'Ubaye, qui descend de la vallée de Barcelonnette, il la trouva tellement grossie par l'abondance des pluies et la fonte des neiges, que chacun perdit courage et jugea qu'il était impossible d'aller plus avant. Marcellin s'adresse alors à cette multitude triste et déconcertée il l'exhorte à mettre en Dieu son espoir et s'écrie :
" Confiance, mes enfants, le Seigneur nous donnera les moyens d'accomplir ce pèlerinage tout est possible à celui qui croit."

Il se met en prière, fait le signe de la croix, et les eaux, refoulées miraculeusement sur elles-mêmes, permettent à Marcellin et à sa suite de traverser à pied sec le lit de la rivière. Elle fut depuis appelée du nom de torrent sanctifié. Ce prodige éclatant, attesté par un nombre considérable de témoins oculaires, fit grand bruit dans toute la province, et confirma dans la foi ces nouveaux chrétiens.

Ces consolations que le saint Prélat put goûter au milieu de son peuple, docile à la voix de la grâce, furent douloureusement troublées par les luttes violentes dans lesquelles l'arianisme poussa l'Orient, l'Italie, les Gaules et même les Alpes luttes de la foi contre l'erreur, combats sacrés qui eurent aussi leurs victimes ou plutôt leurs martyrs.

A l'occasion des divers conciles qui furent tenus en ces tristes circonstances, Marcellin se permit une démarche qui rend témoignage de son zèle et de sa prudence, et qui fit beaucoup d'honneur à son Eglise. Il envoya des courriers afu3és vers les défenseurs de la foi, qui se trouvaient à Vienne, à Arles, à Béziers, et dans les autres parties de la Gaule, pour les prémunir contre toute surprise. Ce message se fit au nom de l'Eglise d'Embrun.

Malgré la sage réserve avec laquelle le pontife avait agi, il paraît que l'empereur eut connaissance de cette démarche et qu'il voulut l'en punir, car, un jour que le saint Confesseur, ne soupçonnant rien, était occupé sur la place publique à une œuvre de zèle, les émissaires de l'empereur se présentèrent pour l'arrêter. L'un d'eux le reconnut, et levant le bras, il allait le frapper au visage d'un fouet qu'il tenait à la main, quand une force invisible le terrasse lui-même avant qu'il ait consommé son attentat.

Eglise Saint-Marcellin.
La-Salle-les-Alpes. Queyras. Hautes-Alpes.

Le coupable se roule dans la poussière, s'agite, grince des dents. Ses compagnons, témoins de son étrange supplice et saisis de la plus grande terreur, reconnaissent la main de Dieu qui les frappe. Ils n'osent s'approcher du saint Evêque pour implorer sa clémence et sa toute-puissante intercession en faveur de leur malheureux compagnon mais saint Marcellin, avec sa bonté habituelle, prévient leur demande. Il sort de la maison où il s'était déjà retiré, et il s'avance vers la victime étendue par terre. A l'approche du saint Pontife, l'esprit de ténèbres s'écrie, par la bouche du malheureux possédé :
" Ô Marcellin, ce n'est donc pas assez que tu nous aies chassés des rivages de l'Afrique ? Faut-il encore que tu viennes troubler notre repos dans les Gaules ?"

Le Saint, à l'instant, lui impose silence puis invoquant le secours du Dieu dont il est le ministre et s'adressant au démon :
" Esprit impur, lui dit-il, je te le commande au nom de Jésus-Christ, sors et éloigne-toi à jamais de cet homme que Dieu a daigné créer à son image. A cet ordre, le démon vaincu se retire du possédé, qui, reprenant l'usage de ses sens, ouvre les yeux à la lumière, pleure son crime, reçoit avec plusieurs autres le baptême, et accepte avec actions de grâces le doux et aimable joug du Sauveur."

Un autre jour, des Ariens s'emparèrent de saint Marcellin, et le conduisant au bord du roc sur lequel la ville d'Embrun est bâtie, ils le sommeront de souscrire aux ordres .de l'empereur, le menaçant, en cas de refus, de le précipiter de ce lieu élevé. Le crime suivit de près la menace mais les anges de Dieu soutinrent sans doute le saint Confesseur dans sa chute, car la tradition, vivante encore aujourd'hui à Embrun, affirme qu'il se releva sans avoir éprouvé là plus légère blessure.

Cependant la tempête, au lieu de diminuer de violence, grandissait toujours. L'empereur avait envoyé un formulaire dans toute la Gaule, et donné des ordres sévères aux magistrats dans toutes les. villes pour faire souscrire tous les évoques. Les porteurs de ce formulaire étaient accompagnés de clercs ariens qui déféraient à l'empereur les magistrats négligents à faire exécuter ces prescriptions. Ainsi, par un renversement étrange qui ne pouvait être que l'ouvrage de l'erreur, les laïques devenaient les juges de la foi.

Les évêques comparaissaient devant les tribunaux profanes pour y rendre compte de leur croyance, et là, on leur disait : " Souscrivez ou quittez vos Eglises ; l’empereur l’ordonne !"

Sur la résistance des évêques, on les dépouillait de leurs biens, et on les emprisonnait. On maltraitait aussi les laïques qui prenaient leur défense, et, comme en perdant la foi on perd ordinairement toute pudeur, on ne rougissait pas de flageller publiquement les vierges chrétiennes inviolablement attachées à la foi de Nicée.

Chapelle Saint-Marcellin.
Boulbon. Provence.

Ce fut dans ces fâcheuses circonstances que, sur les vives instances de son clergé qui craignait d'un jour à l'autre de le voir exilé ou mis à mort, saint Marcellin, déjà épuisé par ses travaux, se retira dans les gorges des montagnes situées à l'est d'Embrun il ne revint plus qu'à la dérobée et nuitamment aux environs de sa ville épiscopale pour y transmettre ses ordres et y exercer dans l'ombre les augustes fonctions du saint ministère. Combien cette séparation dut navrer le cœur du Pontife et le cœur de son peuple fidèle ! Aujourd'hui, les habitants de Crévoux montrent encore le rocher sous lequel le nouvel Elie s'abritait autrefois et passait les nuits, exposé aux attaques des bêtes farouches, moins à craindre pour lui que celles des Ariens furieux.

Enfin, Constant mourut dans les bras de l'hérésie, hélas, le 3 novembre de l'année 361, après vingt-cinq ans de règne. Julien l'Apostat, son plus cruel ennemi, devint son successeur. Ce prince philosophe, qui, plus tard, se déclara l'ennemi de Jésus-Christ, toléra d'abord la foi chrétienne, sans distinction de communion. Tous les évêques et les prêtres bannis furent rappelés et réintégrés dans leurs Eglises. Notre saint Prélat, modèle des pasteurs prudents, zélés et fidèles, put rentrer dans Embrun, et y recevoir avec attendrissement les hommages de son clergé et de tout son peuple.

Saint Marcellin mourut comblé de mérites, après avoir éclairé de la lumière de la foi la plus grande partie du sud des Alpes (13 avril 374). Ses miracles ne finirent pas avec sa vie. La ville d'Embrun ayant eu recours à ce saint Patron, lorsque des troupes ennemies l'assiégeaient, on vit aussitôt le saint Pontife dans le ciel, avec une croix fulgurante qu'il opposait aux ennemis, qui prirent la fuite. En temps de peste, un ecclésiastique d'Embrun fut guéri par des onctions faites avec l'huile qui coulait miraculeusement du sépulcre de saint Marcellin. A cette nouvelle, toute la ville implora le Saint, et fut délivrée du fléau.

" Au sépulcre de ce Saint, rapporte saint Grégoire de Tours, brûle une lampe qui, une fois allumée, dure plusieurs nuits de suite sans qu'on l'alimente si le vent l'éteint, elle se rallume d'elle-même. L'huile de cette lampe est un remède pour les malades."

Eglise Saint-Marcellin.
Ristolas. Queyras. Hautes-Alpes.

RELIQUES

Ses dépouilles mortelles avaient été déposées dans l'église bâtie par ses soins, et les prodiges qui s'opérèrent sur son tombeau se multiplièrent tellement, que cette même église, dont une fontaine indique encore la place, ne fut plus connue que sous le nom d'Eglise de Saint-Marcellin.

On en construisit, depuis lors, plusieurs autres sous le même titre, soit dans le diocèse d'Embrun à Châteauroux, à Crévoux, à Bréziers, à Vars, à Ristolas, à Névache ; soit dans les diocèses de Turin, de Grenoble, de Valence, de Gap, de Maurienne, de Sisteron et de Digne, où, comme à Embrun, l'office de saint Marcellin a continué d'être célébré le 20 avril, jour de sa sépulture.

Le corps du saint Archevêque fut transporté à Chanteuge en Auvergne, sur les bords de la Deuge, et non loin de Langeac, au diocèse du Puy. Ce déplacement a eu lieu de l'année 916 à l'année 93S. Ces dates, qui paraissent insignifiantes, jettent cependant un jour nouveau sur l'une des plus tristes époques qu'aient traversées les églises d'Embrun et de Gap. Elles coïncident, hélas avec l'épiscopat de saint Libéral et de saint Benoit, archevêques d'Embrun elles nous rappellent l'accablante journée où saint Libéral, cassé de vieillesse, sortit de cette ville pour s'en retourner à Brives en Auvergne, mendiant son pain elles nous rappellent saint Odilard, évêque de Maurienne, et saint Benoit, impitoyablement massacrés avec une multitude de prêtres et de fidèles, dans une nouvelle incursion Sarrasine.

Le 10 mars 1852, M. Mauzen, curé de Chanteuge, écrivait à Mgr Auguste de Morlhon, évêque du Puy :
" Les anciens de la paroisse de Chanteuge se rappellent que la statue de saint Marcellin était exposée trois ou quatre fois l'année avec les reliques qui y étaient en grande vénération.
Elles étaient renfermées dans une chasse assez grande en bois de chêne doré. Cette châsse existe encore ; mais la statue fut brûlée pendant la Révolution française devant la porte de l'église probablement les reliques furent aussi la proie des flammes il n'en existe aucune trace."

Abbatiale Saint-Marcellin.
Chanteuges. Auvergne. XIIe.

Mgr Auguste de Morlhon, évoque du Puy, en adressant ces pieux détails à Mgr Irénée Depéry, évêque de Gap, son ami, eut l'extrême obligeance d'ajouter dans une lettre écrite de sa propre main et en date du 12 mars 1852, ce qui suit :
" Il est indubitable, soit d'après les documents que vous avez trouvés, soit d'après ceux que j'ai recueillis ici et dont je vous envoie un extrait dans les notes ci-jointes, que le monastère des religieux bénédictins de Chanteuge possédait autrefois des reliques insignes de saint Marcellin, évêque d'Embrun. Malheureusement, ces reliques ont disparu et il n'en existe pas de vestige. Le monastère a été également détruit il n'en reste que l'église, beau monument de la fin du XIIe siècle, qui est aujourd'hui l'église paroissiale.

D'après la tradition, cette église était dédiée à saint Marcellin ; des personnes encore pleines de vie se souviennent d'y avoir vu la statue colossale et très-riche du saint évêque. Cette statue, qui était en grande vénération dans la contrée, fut brûlée en 1792 devant la porte de l'église avec plusieurs autres objets du culte. C'est alors, selon toutes les probabilités, que périrent les précieuses reliques ; il existe encore dans le bourg de Chanteuge des témoins oculaires de cet odieux sacrilège.

Vers 1789, les habitants de Chanteuge, dont l'église paroissiale, dédiée à saint Saturnin, évêque de Toulouse, était trop petite et en mauvais état, obtinrent des religieux, qui étaient alors fort peu nombreux, que le culte paroissial fût transporté dans l'église du monastère, mais ils ne voulurent pas abandonner leur patron. Saint Saturnin a toujours été honoré et invoqué comme protecteur de la paroisse, et dès lors, la dévotion de saint Marcellin fut négligée aujourd'hui, elle est presque entièrement oubliée."


L'église d'Embrun, encore moins fortunée que celle de Chanteuge, ne garda pas même jusqu'à la Révolution française les parcelles considérables qu'elle avait soustraites aux grandes invasions, et qu'elle avait cachées avec tant de soin, qu'il fut très-difficile de les découvrir plus tard. Quelques-uns disent que cette découverte eut lieu en creusant les fondements d'une petite maison sur les bords du roc où est bâtie la ville d'Embrun.

Chanteuges et son abbaye Saint-Marcellin. Auvergne. XIIe.

On les exposa dès lors à la vénération publique dans une riche statue d'argent que le duc de Lesdiguières fit enlever en 1585, lorsque, à la tête des bêtes féroces qu'étaient les Huguenots, il assiégea et pilla la ville. Dépouillée de son précieux trésor, la métropole d'Embrun sentit vivement cette perte et comme l'église de Digne, en 1340, possédait déjà la tête du saint Archevêque, ainsi qu'on le voit dans un inventaire dressé par les religieux de cette église, Embrun demanda et obtint, en 1764 ; une portion de cette insigne relique avec une portion des reliques des saints Domnin et Vincent. Le chapître de la métropole fit renfermer ces divers fragments dans trois riches boites d'argent adaptées à tout autant de bustes en bronze doré et d'un grand prix.

Il parait encore que l'abbaye de Lérins avait été enrichie d'une autre relique de saint Marcellin, puisqu'il en est fait mention dans le catalogue du monastère. Un reste de ses vêtements fut aussi donné par le chapitre d'Embrun à la paroisse de Crévoux en 1534 ; elle l'a conservé jusqu'à ce jour.

Rq : En France, depuis 1629 (Louis XIII fut le premier), le chef de l'Etat est titré " proto-chanoine " de Notre-Dame-de-Réal d'Embrun. Pour porter ce titre pleinement, il doit venir à Embrun pour que ce titre soit effectif. Le dernier à l'avoir réclamé fut le général à titre provisoire Charles De Gaulle.

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vendredi, 19 avril 2024

19 avril. Saint Vernier, ou Verny, Garnier, Warner, Werner, Wherner ou Vherner, martyr. Patron des vignerons. 1287.

- Saint Vernier, ou Verny, Garnier, Warner, Werner, Wherner ou encore Vherner, martyr. Patron des vignerons. 1287.

Pape : Nicolas IV. Empereur d'Allemagne : Rodolphe Ier.

" Je suis la vigne et vous en êtes les sarments : celui-là porte beaucoup de fruits qui demeure en moi et en qui je demeure ; sans moi, vous ne pouvez produire aucun fruit."
Evangile selon saint Jean. XV, 5.


Statue franc-comtoise de saint Vernier.

Vernier était du village de Mammerath, distant seulement de quelques lieues de la ville de Baccarach, dans la basse Allemagne. Cet enfant, très pieux, ayant perdu de trop bonne heure son père qui était vigneron, fut contraint, quand il fut un peu plus grand, de sortir de la maison de sa mère, à cause des mauvais traitements qu'il recevait de son beau-père, homme emporté et sans honneur.

Ayant reçu en chemin un morceau de pain de quelques bergers, il les récompensa très abondamment en leur obtenant de Dieu, par ses prières, une source d'eau vive dans un lieu où l'on n'en pouvait pas espérer.


Saint Verny. Statue. Beaujolais. XVIe.

Lorsqu'il fut dans la ville de Wesel (Oberwese en Allemand), au pays de Trèves, des Juifs, voyant qu'il ne demandait que de l'ouvrage pour gagner sa vie, l'engagèrent aisément à travailler chez eux.

Le Jeudi saint suivant, dans l'année où il avait été engagé, lorsqu'il eut fait ses Pâques avec les autres Chrétiens, ces Juifs l'attirèrent chez eux et le suspendirent par les pieds pour lui faire rendre la sainte hostie ; mais, voyant leurs efforts inutiles, ils lui écorchèrent tout le corps à coups de verges, et lui ouvrirent les veines en plusieurs endroits, afin d'en reccuillir le sang en vue de pratiquer des actes de sorcellerie talmudique.


La chapelle Saint-Werner d'Oberwesel.

Une jeune Chrétienne s'en aperçut, aux cris du pauvre petit Vernier, et courrut en donner avis au bourgmestre qui accourut assez rapidement pour interrompre ces épouvantables tortures et reccueillir les plaintes de cette innocente victime.

Notre Martyr lui représenta qu'il n'avait eu, pendant ses terribles épreuves, recours qu'à Dieu, et, qu'au milieu de ses douleurs, prononçait sans cesse les noms de Jésus et de Marie.

Hélas, ce bourgmestre, corrompu par les bourreaux par une forte somme d'argent, ferma ses oreilles aux plaintes et aux suppliques de notre petit saint Vernier, et l'abandonna à la fureur de ces tigres : ils achevèrent sans crainte leur tragédie dans des conditions que l'on ne peut rapporter ici.


Martyre de saint Vernier. Gravure allemande du XVIe.

Dans la nuit, ils jetèrent le corps du Martyr dans un bateau, avec ordre de remonter le Rhin jusqu'à Mayence (faut-il préciser pourquoi ils demandèrent à remonter et non à descendre le cours du fleuve ?), et de le transporter dans quelque endroit couvert de brousailles. Ces Juifs talmudiques, en effet, selon les prescriptions des livres ignobles dont ils s'inspiraient, ne donnaient pas la sépulture aux Chrétiens, même pour cacher un crime.

Mais la vengeance de Dieu les poursuivait. Après avoir navigué toute la nuit, le bateau, le lendemain matin, avait fait à peine une lieue. Les criminels essayèrent alors de jeter le corps de saint Vernier à l'eau. Vains efforts ! Voyant cela, ils le mirent dans une caverne entourée de buissons, non loin de Baccarac, près de l'endroit où s'éleva ensuite Winsbach. Ils croyaient avoir ainsi bien caché leur meurtre.

Mais Dieu, qui met en évidence les secrets les plus profonds, fit paraître, la nuit suivante, de si grands flambeaux au-dessus et autour de ce buisson, que tout le voisinage y accourut pour reconnaître la cause de ce prodige. Le corps de notre petit et saint martyr Vernier y fut trouvé encore tout baigné dans son sang ; ce qui amena les magistrats à faire la recherche des auteurs de ce meurtre. Il ne fut pas difficile de les connaître par la déposition de la jeune Chrétienne qui avait alerté le bourgmestre corrompu, par celle de ce dernier et celles des coupables.

Les ignobles homicides, ainsi que leur complice le bourgmestre, furent punis comme ils le méritaient.


Saint Vernier. Eglise de Lods. Franche-Comté.

Les honneurs dus aux saints furent rendus immédiatement aux petit Vernier.
Son martyre arriva le 19 avril 1287.

RELIQUES ET CULTE

Ses restes furent déposés dans un cercueil de chêne avec la serpette dont il se servait pour tailler la vigne. Ce cercueil fut porté à Baccarach, sur le Rhin, et mis dans la chapelle de Saint-Cunibert. On peut voir, dans les Bollandistes, les nombreux miracles dont Dieu l'honora. Son culte fut approuvé par le Saint-Siège en 1427. Le diocèse de Trèves célèbre publiquement son office.

Caché dans une muraille, à l'époque où l'on craignait les profanations des bêtes féroces Calvinistes, le corps de de saint Vernier fut découvert en 1621 et porté à Bruxelles.

Le culte de saint Vernier fut en honneur en Franche-Comté dès le XVIe siècle : il y fut probablement importé par Thiébaut de Rougemont qui avait visité les reliques de notre petit martyr en 1426 et qui avait pu constater les nombreux miracles qui s'opéraient à son tombeau.

En 1548, Jean Chuppin, chanoine de l'église Sainte-Madeleine de Besançon, rempli du désir d'honorer Dieu en honrant ses Saints dont saint Vernier, se transporta à Baccarac, et demanda pour son église une parcelle des reliques du Martyr. A la permission de l'Electeur palatin et de Jean, évêque de Trèves, il obtint l'index de la main droite et une partie du suaire teint du sang de saint Vernier.


Eglise Sainte-Madeleine de Besançon.

Quand la précieuse relique arriva à Besançon, les chanoines de Sainte-Madeleine et tout le clergé de la ville allèrent à sa rencontre et la reçurent avec le plus grand respect. L'archevêque de Besançon en fit une reconnaissance authentique et accorda une indulgence de quarante jours à tous les pieux fidèles qui visiteraient dévotement la châsse du martyr, exposée dans l'église Sainte-Madeleine.

Le nom de saint Vernier devint bientôt célèbre dans toute la Franche-Comté. Les vignerons de Besançon le choisirent pour leur patron spécial, et formèrent une confrérie sous son invocation. La fête s'en célébrait avec grande pompe le mardi après Quasimodo, et le prédicateur, choisi par les confrères, devait faire le panégyrique de saint Vernier. Cette confrérie, célèbre en Franche-Comté, fut enrichie d'indulgences par le souverain Pontife Innocent XI, le 10 décembre 1684 et toujours protégée par les archevêques de Besançon, honorée par les magistrats de la cité. Elle conserva longtemps l'amour des pratiques religieuses publiques chères aux Bizontins et aux Francs-Comtois.

Le suaire de saint Vernier ainsi que son index étaient autrefois portés publiquement en procession par toute la ville une fois l'an.

Les précieuses reliques de notre Saint ont hélas disparu pendant la tempête révolutionnaire.


Saint Simon de Trente, petit enfant chrétien, martyrisé par
des Juifs le vendredi saint de 1475. Gravure du XVIIe.

Au sujet de ce martyre caractéristique et singulier, il convient d'ajouter, qu'après un siècle passé à nier les " accusations de crimes rituels perpétrés par des Juifs et forgés par l'antisémistisme chrétien à partir du Moyen-Âge ", un certain nombre d'historiens contemporains, étudiant sérieusement cette délicate question, ont modifié leurs conclusions.

Ainsi, en février 2007, le professeur et chercheur israélien Ariel Toaff, fils d'un ancien Grand-rabbin de Rome, a publié un livre dont le titre est Pasque di sangue : Ebrei d'Europa e omicidi rituali (Pâques sanglantes : Juifs d'Europe et meurtres rituels). Dans ce livre, il conclut, entre autres, que les crimes rituels imputés aux Juifs ne furent pas des inventions, que le sang récupéré avait vocation à être utilisé pour des pratiques talmudiques et magiques, pour l'incorporer au pain azyme confectionné et consommé pour la Pâque que célèbrent les Israëlites post-christiques, et, séché, qu'il était utilisé à des fins médicales et qu'un marchant itinérant juif venant de Venise, impliqué dans le procès qui eut lieu à la suite de la découverte du meurtre rituel de saint Simon de Trente, en faisait commerce.

Faut-il préciser que ses conclusions sont contestées et que son livre fit, et fait encore scandale ?

Rq : Sur ce sujet grave, nous recommandons aux seuls lecteurs adultes la lecture et le téléchargement du livre " Le mystère du sang ", de monsieur l'abbé Henri Desportes, paru à la fin du XIXe siècle.
Ce livre, très sérieux et documenté, était encore consultable sur le site Gallica - site de la Bibliothèque nationale de France - voilà encore un an environ ; il a été retiré de la consultation.
Il est désormais disponible sur ce lien :
http://www.thule-italia.net/religione/Desportes.pdf...

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19 avril. Saint Expédit, commandant de la légion Fulminante et martyr. 303.

- Saint Expédit, commandant de la légion Fulminante et martyr. 303.
 
Pape : Saint Marcelin. Empereur romain : Dioclétien.

" Tout me semble une perte auprès de la connaissance de Jésus-Christ pour l'amour duquel je me suis privé de toutes choses."
Saint Paul. Ep. aux Philippiens, III, 8.


Saint Expédit. Eglise Saint-Didier. Brain-sur-Longuenée. Touraine.

C'est du Martyrologium Hieronymianum(1) que l'on tire que saint Expedit est mort martyr sous la persécution de Dioclétien le 19 avril 303. Il était le commandant en chef de la XIIe légion romaine, dénommée la Fulminante, qui tenait ses quartiers dans la ville de Mélitène, chef-lieu de la province romaine d’Arménie. Il avait donc 6821 hommes sous ses ordres. Cette légion était constituée d’Améniens chrétiens et avait déjà protégé Jérusalem contre les assauts des Barbares. En ce temps-là, elle avait pour mission de veiller sur la protection de la frontière orientale. Saint Expédit était donc investi d’une fonction de tout premier ordre.

Le nom de Fulminante donné à cette légion, provenait d’un fait d’armes miraculeux. C’était quelque cent ans plus tôt, sous le règne, et en la présence de Marc-Aurèle lui-même. L’armée romaine, engagée dans la pénible campagne de Germanie, s’était retranchée dans un oppidum fortifié de la région des Quades, dans le nord-est de la Hongrie, mais surprise par les Barbares, elle s’était laissée encercler. On se trouvait en été et l’eau finit par disparaître. Mourants de soif, les soldats romains n’avaient plus la force de combattre ; leur moral déclinait rapidement. L'armée romaine était sur le point de périr tout entière.

Faisant appel aux augures magiques qui accompagnaient inévitablement les troupes en campagne, et prédisaient la bonne ou la mauvaise issue d’une campagne, Marc-Aurèle ordonna que des prières publiques fussent adressées aux dieux. Tandis que le reste de l’armée s’adonnait à de stériles et répugnantes invocations et pratiques, la Fulminante sortit du camp, s’agenouilla dans la plaine et fit monter vers Jésus-Christ, le seul vrai Dieu, des prières ferventes. En voyant ces 6000 soldats à genoux, les bras en croix, l’ennemi interloqué n’osa attaquer.


Miracle de la Légion Fulminante. Sur la partie droite, Dieu est
représenté faisant pleuvoir pluie et grêle sur les Germains.
Détail de la Colonne antonine. Rome. IVe.

Leur prière une fois achevée, d’un même élan, les soldats se dressent et courent sus aux Barbares. A cet instant, une pluie torrentielle se met à tomber. Dans leurs casques, les soldats recueillent cette eau providentielle, s’en abreuvent à longs traits sans cesser de combattre et reprennent des forces. Aussitôt le combat engagé par la Fulminante, un terrible orage éclata. La foudre cribla les rangs des Barbares qui fuirent sous une pluie de grêlons gros comme des pierres alors que les chrétiens ne furent pas touchés. C’est en commémoration de ce miracle que la XIIe légion romaine reçut ce nom de Fulminante.

Ce fait est avéré et rapporté par Marc-Aurèle lui-même. Il aurait lui-même baptisé de Fulminante cette légion. Cette légion, composée très majoritairement de soldats chrétiens, s'était déjà illustrée précédemment par de hauts faits d'armes ; raison pour laquelle Marc-Aurèle, pendant cette terrible sécheresse, avait défendu que les autres troupes, qui l'accusaient d'en être responsable, ne s'en prissent à ses soldats, et même ne l'en accusât publiquement.
 
Nous avons à Rome, sur la Colonne antonine, un haut-relief rapportant ce miracle et en particulier Dieu faisant tomber la pluie et la grêle qui décimèrent les Germains. Ce fait est rappelé d'ailleurs par Apollonius (ou Apollinaire) de Rome, que nous avons fêté hier 18 avril, dans l'appologie de la vraie religion qu'il fit au Sénat pour sa défense. Saint Eusèbe de Césarée rapporte aussi l'événement et Tertullien apporte d'autres détails sur le sujet.
 

Eglise Saint-Briac. Saint-Briac-sur-Mer. Bretagne.

Du supplice de saint Expédit, quelque cent ans plus tard donc, nous ne connaissons que la date et le lieu : Mélitène. Flagellé jusqu’au sang puis décapité par le glaive. Son corps a entièrement disparu, ou du moins n'a pas été retrouvé. Nous n’avons aucune relique de lui.
 
A ce sujet, il en va de l'existence de saint Expédit, et des preuves de celle-ci, comme de celle de sainte Philomène, la " petite et chère sainte " de saint Jean-Marie Vianney, le curé d'Ars. Longtemps, l'Eglise n'avait ratifié le culte de sainte Philomène que sur la foi de la tradition. C'est à la charnière du XIXe et du XXe siècle seulement que des preuves de son existence furent découvertes à la faveur de fouilles entreprises dans les catacombes à Rome.

L'Eglise procède ainsi avec un certain nombre de saints, dont saint Expédit. Sur cette matière, le scepticisme, érigé en religion depuis le XXe siècle, et qui a disposé les usurpateurs du trône de Pierre à rayer un certain nombre de saints de LEUR calendrier, est au moins hasardeux. Ils auraient fait subir le même sort à sainte Philomène...

Quant au calendrier des dits usurpateurs : il n'est pas catholique. Rappelons que ce n'est pas parce qu'ils y conservent des saints authentiquement catholiques - avec lesquels ils ne partagent d'ailleurs presque rien de la vrai foi professée par ceux-ci, et ce qui illustre au passage leur volonté de subvertir sournoisement et de tromper les pauvres fidèles qui les suivent en changeant l'identité catholique de manière rampante et progressive afin de les pervertir " en douceur " -, qu'ils le sont eux-mêmes.
 

Verrière de l'église Saint-Etienne. Saint-Etienne-l'Allier. Normandie.

Bien d'autres sectes issues du Christiannisme, voire d'autres religions, aux tendances syncrétiques notamment, " vénèrent " des saints catholiques : cela n'en fait bien évidemment pas des religions catholiques.

Ce calendrier n'est pas catholique ; il n'est donc pas le nôtre, comme on l'aura compris. Ces notices ne tiennent donc aucun compte en la matière des curiosités et autres scandales postérieurs au pontificat de Pie XII.

Revenons à notre cher saint Expédit. Il a donc rejoint au ciel ses compagnons d’arme, saint Sébastien (que l'on fête le 2 janvier) et saint Maurice (que l'on fête au 22 septembre) de la légion Thébaine. Soldat de grands mérites militaires comme eux, chef courageux et reconnu comme eux, mais aussi et surtout martyr comme eux, pour avoir professé héroïquement Notre Seigneur Jésus-Christ.

On représente saint Expedit vêtu en légionnaire romain, tenant d’une main la palme du martyre, il présente de l’autre la croix sur laquelle est frappée le mot Hodie qui veut dire aujourd’hui. Du pied il écrase un corbeau (ou parfois l'aigle romaine) qui crie : Cras, c'est-à-dire demain.
 
Hodie, la devise de saint Expedit (qui est aussi le premier mot de la réponse de Notre Seigneur Jésus-Christ à la prière du Bon Larron pour aller avec lui en Paradis et qui a été choisit pour présider à ce blog), exprime que nous ne devons jamais attendre au lendemain pour rendre à Dieu l’hommage d’amour et de reconnaissance qui lui est dû, pour implorer sa miséricorde et obtenir ses grâces pour nous convertir.

Demain, en effet, c’est peut-être jamais.
Hodie, Aujourd'hui, nous invite à vivre au jour le jour ; chaque jour suffit sa peine. Vivre en présence de Dieu, voilà l’unique et sage façon de prévoir le demain.
 

Eglise Saint-Nicolas. Milan.

Saint Expedit est plus spécialement invoqué en faveur de trois causes principales (mais on peut le prier pour d’autres grâces) :
- le succès dans les examens, car il est le patron de la jeunesse ;
- l’intercession dans les affaires pressantes, quelles qu’elles soient ;
- la médiation dans les différends et les procès, afin de trouver une heureuse issue.
 
1. Le Martyrologium Hieronymianum (Martyrologe de Jérôme) fut compilé du Ve au VIe siècle par des moines de l'Eglise latine en Italie à la suite de travaux de saint Jérôme lui même et des monuments liturgiques nombreux et fiables (calendriers d'Eglises particulières, actes authentiques de martyres, etc.). Le Martyrologium Hieronymianum est notamment reproduit dans les Acta Sanctorum Novembris, T. II,  par le commandeur Giovanni-Battista de Rossi et le R. P. Louis Duchesne, 1894. La Bibliothèque nationale de France conserve plusieurs exemplaires manuscrits datant du haut Moyen-Âge le reproduisant. On le trouve aussi dans la Patrologie latine de l'abbé Migne et chez bien d'autres commentateurs et compilateurs réputés.

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