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dimanche, 07 janvier 2024

Dimanche de L'Epiphanie. Sainte Famille.

- Dimanche de l'Epiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ ; Sainte Famille.

Extraits de L'année liturgique de dom Prosper Guéranger :


L'adoration des mages. Rogier van der Weyden. XVe.

A LA MESSE

C’est encore la Royauté du divin Enfant que l'Eglise proclame en tête des Cantiques qui doivent accompagner la célébration du saint Sacrifice, en ce Dimanche dans l'Octave de l'Epiphanie. Elle chante le Trône de l'Emmanuel, et s'unit aux concerts des Anges qui célèbrent son empire éternel. Adorons aussi avec les Esprits bienheureux le Roi des siècles, dans son Epiphanie.

INTROÏT



Lorenzo Monaco. XVe.

" Sur un trône élevé, j'ai vu assis un homme ; la multitude des Anges l'adorent, répétant en chœur : C'est lui dont l'Empire est éternel.
Ps. Jubilez à Dieu, habitants de la terre ; servez le Seigneur dans l'allégresse. Gloire au Père. Sur un trône élevé."


COLLECTE

Les vœux que la sainte Eglise exprime au Père céleste dans la Collecte, sont d'avoir part à la lumière de notre divin Soleil, qui seul peut nous révéler la voie où nous devons marcher, et par sa chaleur vivifiante nous donner les forces pour arriver jusqu'à lui.

" Recevez, Seigneur, dans votre céleste bonté, les vœux et les supplications de votre peuple ; et faites que vos fidèles connaissent ce qu'ils doivent faire, et deviennent forts pour accomplir ce qu'ils auront connu. Par notre Seigneur Jésus-Christ."

Mémoire de l'Epiphanie

" Ô Dieu, qui avez manifesté aujourd'hui, par une étoile, votre Fils unique aux Gentils ; faites, dans votre bonté, que nous qui vous connaissons déjà par la foi, nous arrivions un jour à contempler l'éclat de votre gloire. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
"

EPÎTRE

Epître du bienheureux Apôtre Paul aux Romains. CHAP. XII.



Joos van Wassenhove. Flandres. XVe.

" Mes Frères, je vous conjure, parla miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, capable d'un culte spirituel. Ne vous conformez point au siècle présent ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, pour reconnaître la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable à ses yeux et parfait. Je vous exhorte donc vous tous, par la grâce qui m'a été donnée, de ne point être sages plus qu'il ne faut être sage ; mais d'être sages avec sobriété, chacun selon la mesure du don de la foi que Dieu vous a départie. Car, comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous ces membres n'ont pas la même fonction : ainsi, quoique nous soyons plusieurs, nous ne sommes néanmoins qu'un seul corps en Jésus-Christ, étant réciproquement les membres les uns des autres, en Jésus-Christ notre Seigneur."

L'Apôtre nous invite à faire notre offrande au Dieu nouveau-né, à l'exemple des Mages ; mais l'offrande que désire ce Seigneur de toutes choses n'est pas une offrande inerte et sans vie. Il se donne tout entier, lui qui est la Vie ; en retour, présentons-lui, dans notre cœur, une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu, dont l’obéissance à la grâce divine soit raisonnable, c'est-à-dire fondée sur l'intention formelle de s'offrir. Comme les Mages encore qui revinrent dans leur patrie par un autre chemin, évitons tout rapport avec les idées de ce siècle, c'est-à-dire du monde, ennemi secret de notre aimable Roi. Réformons notre vaine prudence sur la divine sagesse de Celui qui, étant la Sagesse éternelle du Père, peut bien, sans doute, être aussi la nôtre. Comprenons que nul ne fut jamais sage sans la foi, qui nous révèle que l'amour doit nous unir tous pour ne former qu'un même corps en Jésus-Christ, participant de sa vie, de sa sagesse, de sa lumière et de sa royauté.

GRADUEL

Dans les chants qui suivent, l'Eglise continue d'exalter l'ineffable merveille du Dieu avec nous, la paix et la justice descendues du ciel sur nos humbles collines.

" Béni notre Seigneur, le Dieu d'Israël, qui seul opère de telles merveilles à jamais.

V/. Que les montagnes de votre peuple soient visitées par la paix ; que les collines reçoivent la justice."

ALLELUIA

" Alleluia, alleluia.
V/. Jubilez à Dieu, habitants de la terre ; servez le Seigneur dans l'allégresse. Alleluia.
"

EVANGILE

Suite du saint Evangile selon saint Luc. CHAP. II.



Adoration des rois mages. Gérard David. Flandres. XVIe.

" Jésus étant âgé de douze ans, Marie et Joseph montèrent à Jérusalem, selon qu'ils avaient accoutumé à cette fête. Comme ils s'en retournaient, les jours de la fête étant passés, l'Enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et ses parents ne s'en aperçurent pas. Mais, pensant qu'il serait avec ceux de leur compagnie, ils marchèrent durant un jour, et ils le cherchaient parmi leurs parents et ceux de leur connaissance. Et ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent a Jérusalem pour l'y chercher. Et il arriva que, après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Or, ceux qui l'entendaient étaient dans la surprise de sa sagesse et de ses réponses. Lors donc qu'ils le virent, ils furent dans l'étonnement, et sa mère lui dit : Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà votre père et moi qui vous cherchions tout affligés. Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois vaquer à ce qui regarde le service de mon Père ? Et ils ne comprirent pas cette parole qu'il leur disait. Et il descendit avec eux et vint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère conservait dans son cœur toutes ces paroles. Et Jésus croissait en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes."



Albrecht Dürer. XVIe.

C'est ainsi, Ô Jésus, que pour nous enseigner vous êtes venu du ciel La faiblesse de l'enfance, sous les traits de laquelle vous vous montrez à nous, n'arrête point votre ardeur à nous faire connaître le seul Dieu qui a fait toutes choses, et vous, son Fils, qu'il a envoyé. Etendu dans la crèche, d'un seul regard vous avez instruit les bergers ; sous vos humbles langes, dans votre silence volontaire, vous avez révélé aux Mages la lumière qu'ils cherchaient en suivant l'étoile.

A douze ans, vous expliquez aux docteurs d'Israël les Ecritures qui rendent témoignage de vous ; peu à peu vous dissipez les ombres de la Loi par votre présence et par vos paroles. Pour accomplir les ordres de votre Père céleste, vous ne craignez pas d'inquiéter le cœur de votre Mère, en cherchant ainsi des âmes à éclairer. Votre amour pour les hommes transpercera bien plus durement encore ce tendre cœur, au jour où, pour le salut de ces mêmes hommes, Marie vous verra suspendu au bois de la croix, expirant dans toutes les douleurs. Soyez béni, ô Emmanuel, dans ces premiers mystères de votre enfance, où vous apparaissez déjà uniquement occupé de nous, et préférant à la société même de votre Mère ces hommes pécheurs qui doivent un jour conspirer votre mort.

OFFERTOIRE

Pendant l'Offrande, l'Eglise continue de faire entendre les cantiques de joie que lui inspire la présence de l'Enfant divin.

" Jubilez à Dieu, habitants de la terre : servez le Seigneur dans l'allégresse : entrez en sa présence avec des transports de joie ; car ce Seigneur Enfant c'est Dieu lui-même."

SECRETE

" Faites, Seigneur, que le Sacrifice qui vous est offert nous vivifie et nous fortifie à jamais. Par notre Seigneur Jésus-Christ."

Mémoire de l'Epiphanie

" Regardez, s’il vous plaît, d'un œil favorable, Seigneur, les dons de votre Eglise, qui ne vous offre pas de l'or, de l'encens et de la myrrhe, mais Celui-là même qui est figuré par ces présents, et qui maintenant est immolé et donné en nourriture, Jésus-Christ votre Fils, Notre Seigneur, qui vit et règne avec vous.

En distribuant le Pain de vie descendu du ciel, l'Eglise répète les paroles de Marie à son divin Fils : qu’avez-vous fait ? Votre père et moi, nous vous cherchions. Le bon Pasteur, qui nourrit ses brebis de sa propre chair, répond qu'il se doit aux ordres de son Père céleste. Il est venu pour être notre Vie, notre lumière, notre nourriture : voilà pourquoi il quitte tout pour se donner à nous. Mais les docteurs du Temple ne firent que le voir et l'entendre, et nous, dans ce Pain vivant, nous le possédons, et nous goûtons sa douceur."

COMMUNION

" Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voici votre père et moi qui vous cherchions, tout affligés. — Pourquoi me cherchiez-vous ? ne saviez-vous pas que je dois vaquer à ce qui regarde le service de mon Père ?"

POSTCOMMUNION

La sainte Eglise, qui vient de voir ses enfants ranimés par cette nourriture d'un si haut prix, demande pour eux la grâce de devenir agréables à Celui qui leur donne la preuve d'un si grand amour.

"Nous vous supplions humblement, Dieu tout-puissant, de faire que ceux que vous nourrissez par vos Sacrements, vous puissent servir par une vie et des actes qui vous soient agréables. Par Jésus-Christ notre Seigneur."

Mémoire de l'Epiphanie

" Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant, que, par l'intelligence d'un esprit purifié, nous puissions goûter le Mystère que nous célébrons parce solennel service. Par Jésus-Christ notre Seigneur."

7 janvier. Saint Lucien d'Antioche, prêtre et martyr. 312.

- Saint Lucien d'Antioche, prêtre et martyr. 312.
 
Pape : Saint Miltiade. Empereur romain d'Orient : Licinius ; Maximin II Daïa. Empereur romain d'Occident : Galère ; Maxence (Rome) ; Constantin Ier.

" Seigneur, l'explication de votre parole éclaire et donne de l'intelligence aux petits."
Ps. CXVIII.


Saint Lucien d'Antioche. Bas-relief. Arles. XIe.

Ce grand personnage était Syrien de nation, d'une famille illustre de Samosate (d'après l'hagiographe Baillet, cette famille était d'Antioche). Ses parents, Chrétiens, prirent un soin particulier de l'élever dans la crainte de Dieu. Il devint orphelin de père et de mère à l'âge de douze ans et dès lors, jugeant que la vie religieuse était un port assuré contre les orages du monde, il se retira chez un saint personnage appelé Macaire, qui faisait profession d'étudier et d'interpréter les saintes écritures à Edesse. Lucien profita si bien à cette sainte école, qu'il se prescrivit dès lors une façon de vivre très austère. L'oraison et le silence étaient ses plus familiers entretiens, et, s'il lui échappait parfois une parole, elle était toujours puisée dans les saintes Ecritures.

Avançant de plus en plus en âge et en vertu, il se fit ordonné prêtre à Antioche ; et, pour se fiare utile au public, il entreprit d'instruire la jeunesse, tant dans les belles lettres que dans la pratique de la piété. Pour cet effet, il tint école ouverte, à l'exemple de son maître saint Macaire, afin que tous ceux qui voulait jouir de ses travaux le pussent faire sans aucune difficulté. De plus, pour avoir de quoi faire l'aumône aux pauvres, il s'acquit une telle facilité de bien écrire, qu'il y gagnait assez pour son entretien et celui des autres. Il entreprit en outre un ouvrage très difficile ; car, ayant observé que les hérétiques, traduisant diversement les livres sacrés, y avaient glissé beaucoup d'erreurs, il résolut d'en revoir toutes les traductions, et d'en faire une toute nouvelle de l'hébreu en grec. Cette édition mérita l'estime universelle et fut très utile à saint Jérôme qui rapporte que l'on s'en servait dans l'Eglise d'Orient, particulièrement depuis Constantinople jusqu'à Antioche.

C'est pour partie à saint Lucien d'Antioche que l'on doit l'invention des reliques de saint Etienne. Il vint un jour s'entretenir avec l'évêque de Jérusalem du lieu, qu'il avait vu en songe, où les précieuses reliques seraient découvertes.

Comme notre saint travaillait ainsi pour la religion, l'empereur Maximin renouvela les édits de ses prédécesseurs Dioclétien et Maximien, et continua de persécuter les Chrétiens. Sachant que ce très saint prêtre était un des plus fermes soutiens et une des plus fortes colonnes de l'Eglise catholique d'Antioche, et que les fidèles avaient pour lui beaucoup de déférence, il résolut de le faire arrêter. Le saint homme en ayant avis, pour ne pas s'exposer témérairement au péril, il sortit de la ville et se retira secrètement dans la campagne, pratiquant en cela le conseil du Sauveur qui dit à ses disciples (Matth. X, 23.) :
" Quand les hommes vous persécuterons en une ville, fuyez en une autre."


Saint Lucien d'Antioche. D'après une Icône grecque du Xe.

Cependant, ayant été dénoncé par un méchant apostat partisan de l'hérésiarque Sabellius, il fut fait prisonnier et conduit à Nicomédie en 303.

En passant par la Cappadoce, il rencontra quelque soldats de sa connaissance, qui, par crainte ou par la violence des tourments, avaient renoncé au Christianisme : notre saint, animé de ferveur et de zèle, leur fit une si vive et charitable remontrance, que, touchés de repentir, ils promirent de ne faire désormais que des actes de bons Chrétiens ; et de quarante qu'ils étaient, la plupart moururent courageusement pour Notre Seigneur Jésus-Christ ; les autres, triomphant de la cruauté des tourments, survécurent à la rage du tyran.

Le saint martyr ne produisit pas un moindre fruit quand il arriva à Nicomédie. Il trouva encore quelques Chrétiens qui avaient fait naufrage dans la foi. Il les ramena par ses ferventes exhortations et les fit rentrer dans le sein de l'Eglise. Aussi, ce très saint prêtre porte-t-il à très juste titre le nom de Lucien, qui vient de lux, lumière, brillant par l'éclat de sa foi, de sa doctrine et de ses vertus, non seulement pour lui-même mais aussi pour les autres.

Il semble que Maximin craignait d'être éclairé par cette lumière s'il l'interrogeait lui-même ; en effet, il se couvrit pour ainsi dire d'un voile, et ne parla à Lucien que par un interprète. Il lui offrit de se l'associer au gouvernement de l'empire et de la faire son collègue et conseil s'il voulait " seulement " sacrifier aux idoles ; mais notre saint se moquant de ces vaines promesses, protesta hautement qu'il n'en ferait jamais rien. Alors Maximin, passant des promesses aux menaces, le fit conduire an prison, où, après plusieurs autres outrages, le saint confesseur eut à subir d'affreux traitements. On prépara une grosse pièce de bois, percée en quatre endroits différents, et après lui avoir fait entrer les jambes jusqu'aux genoux dans les deux trous de dessus, on les replia pour les faire entrer dans les trous de dessous, ce qui lui déboîta les os et força horriblement les jointures. Ensuite, on lui attacha les mains par-dessus la tête à une autre pièce de bois, afin qu'étant couché il ne pût nullement remuer, et, la place ayant été couverte de têts de pots cassés, on l'étendit nu sur ce lit de douleur pour lui faire souffrir sans relâche une torture insupportable.

Les bourreaux le laissèrent ainsi douze ou quatorze jours, sans rien lui donner à manger que les viandes qui avaient été présentées aux idoles ; mais, comme il eût plutôt souffert mille morts que de toucher un seul de ces morceaux, s'appuyant sur cette loi qu'on ne peut manger ce qui a été offert aux idoles s'il en doit résulter du scandale pour les faibles et s les Païens l'exigeet comme un acte d'idolâtrie, il s'abstint sans défaillance.

Cependant la fête de l'Epiphanie approchait, et ses disciples qui le venait visiter, eussent bien voulu de le voir libre en ce jour afin de participer avec lui aux saints mystères de notre rédemption. Le saint le leur promit. Ainsi, le jour arrivé, il leur dit que sa poitrine servirait d'autel, et eux, d'église, en se rangeant autour de sa personne. Ils apportèrent donc le pain et le vin sur le sein du prêtre qui, après les prières accoutumées, les bénit l'un et l'autre, les consacra et reçut la sainte Eucharistie, qu'il fit distribuer ensuite à toute l'assistance. Chose admirable : Dieu ne permit pas qu'un seul Païen se présentât pour interrompre l'auguste cérémonie.
Ce fait, qui se trouve dans les Actes de saint Lucien, est aussi rapporté par Philostorge, historien arien (liv. II, ch. 12, 13).

Le lendemain, l'empereur, irrité de ce que le martyr vivait si longtemps, envoya voir s'il était mort ; mais d'aussi loin qu'il apercut les ministres d'iniquité, saint Lucien s'écria :
" Je suis Chrétien !"
Le bourreau, étonné de cette constance, lui demanda de quel pays il était :
" Je suis Chrétien !" répondit saint Lucien.
" Quelle est ta profession ?" demanda le ministre de Satan.
" Je suis Chrétien !" répondit le saint prêtre.
" Mais qui sont tes parents ?" ajouta encore le Païen.
" Je suis Chrétien !" reprit encore le généreux martyr.

Il n'eut pas si tôt fait cette dernière profession de foi que saint Lucien rendit son âme à Dieu : ce fut le 7 janvier de l'an 312.
 
Saint Lucien d'Antioche s'entretient avec l'évêque de Jérusalem au
sujet du lieu où se pourront découvrir les reliques de saint Etienne.
Détail. Tapisserie de la Légende de saint Etienne. Colyn de Coter.
Cathédrale Saint-Etienne d'Auxerre. XVIe.

On croit qu'il resta 9 ans en prison, puisque, au rapport d'Eusèbe, il en reçut la couronne du martyre qu'après la mort de saint Pierre d'Alexandrie arrivée en 311.

Saint Jean Chrysostome a écrit des merveilles sur cette admirable réponse de saint Lucien ; " parce que le disciple de Notre Seigneur Jésus-Christ, en disant qu'il est Chrétien, explique parfaitement bien, en un seul mot, quelle est sa patrie, sa famille et sa profession. Sa partie parce que, n'en ayant point sur la terre, il n'en reconnaît pas d'autre que la Jérusalem céleste ; sa famille, parce qu'il ne croit pas avoir d'autres parents que les Saints ; enfin sa profession, puisque toute sa vie est dans le ciel ".

Le tyran, écoutant sa rage, même après la mort de saint Lucien, commanda qu'on lui attachât une grosse pierre à la main droite, et que son corps fût jeté dans la mer, afin d'en ôter à jamais le souvenir. Mais le Créateur de toutes choses le conserva 14 jours dans les eaux, autant qu'il avait souffert de jours le martyre ; et au 15e, le saint apparut à l'un de ses parents qui était son disciple, Glycérius, pour lui dire qu'il allât en un tel endroit du rivage qu'il lui marquait, et qu'il y trouverait alors infailliblement son corps. Glycérius se rendit à cet endroit avec quelques autres Chrétiens. Ils n'y furent pas plus tôt arrivés, qu'ils apercurent un grand dauphin qui, portant ce précieux trésor sur son dos, le déchargea à leur vue sur le bord de la mer. On put facilement se convaioncre que ce dauphin n'était pas un fantôme mais un vrai poisson, car il expira qur le rivage aussitôt qu'il se fut déchargé, ainsi qu'il paraît par le dernier couplet d'une hymne que l'on chante en l'honneur de saint Lucien :

" Le dauphin, paraissant, se chargea du Martyr,
Et voulant à son corps rendre un pieux hommage,
Le porta sur son dos jusqu'au bord du rivage,
Où devant tout le monde il mourut de plaisir."

Ce saint corps fut reçut tout entier et sans aucune corruption ni mauvaise odeur, si ce n'est la main droite qui en avait été séparée par la pesanteur de la pierre qui y avait été attachée. Mais Dieu voulant ratifier par un nouveau miracle le travail de cette même main qui avait servi à la correction des erreurs introsuites dans les versions des saintes Ecritures, fit que peu de temps après, la mer l'ayant rapportée sur ses ondes, elle fut parfaitement réunie au corps de saint Lucien ; lequel reut les honneurs de la sépulture autant que ses disciples le pouvaient faire dans ces circonstances de persécutions.

Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, passant par Nicomédie au retour de la visite des lieux saints, eut dévotion d'honorer le sépulcre du saint martyr Lucien, et fit bâtir une belle ville, qui changea son nom de Drépan et Hélenopolis, dans laquelle elle fit élever un beau temple dédié à saint Lucien.


Colonne Saint-Lucien. Vestige de l'église dédiée à saint Lucien.
Place du Forum. Arles.

Dans la suite des temps, saint Charlemagne fit apporter les saintes reliques de notre saint prêtre et martyr dans la ville d'Arles, en Provence, après y avoir fait bâtir une église en son honneur.

Après que les bêtes féroces de 1793 aient profané cette église, l'archevêque d'Aix, Mgr Bernet, reconnut néanmoins en 1839 les reliques qui avaient échapé aux outrages comme étant bien celles de saint Lucien et de saint Vincent.

L'église Saint-Lucien s'élevait autrefois sur la place du Forum, dans la partie occupée actuellement par le café Van Gogh. Elle était aussi désignée sous l'appellation de Notre-Dame-du-Temple ou Notre-Dame-de-la-Minerve à cause d'une tradition voulant qu'elle ait été fondée sur un ancien temple de Minerve dont une portion lui aurait servi de nef. Saint Charlemagne y fit placer des reliques de saint Lucien, ce qui lui conféra son nom.

Elle était au cœur d'une paroisse de gens aisés, principalement de négociants, majoritairement de merciers. Un escalier donnait accès à une chapelle basse, du XIIe siècle, dont on peut encore voir l'abside ainsi que la base de l'autel à l'extrémité de la galerie Nord des Cryptoportiques. Chapelle placée sous la dédicace de Saint-Michel.

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samedi, 06 janvier 2024

6 janvier. Epiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ.

- Epiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Extraits de L'année liturgique de dom Prosper Guéranger :


L'adoration des mages. Rogier van der Weyden. XVe.

Le jour des Mages, le jour du Baptême, le jour du Festin nuptial est arrivé ; les trois puissants rayons du Soleil de justice luisent sur nous. Les ténèbres matérielles sont aussi moins épaisses ; la nuit a déjà perdu de son empire, la lumière progresse de jour en jour. Dans son humble berceau, les membres sacrés du divin Enfant prennent accroissement et force. Aux Bergers, Marie le fit voir étendu dans la crèche ; aux Mages, elle va le présenter sur ses bras maternels. Les présents que nous avons à lui offrir doivent être préparés : suivons donc nous aussi l'étoile, et mettons-nous en marche pour Bethléhem, la Maison du Pain de vie.

CAPITULE
(Isaïe, LX.).


Lorenzo Monaco. XVe.

" Lève-toi, Jérusalem ! sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi."

R/. br. " Les Rois de Tharsis et des îles lointaines lui offriront des présents : Alleluia, alleluia. Les Rois de Tharsis."

V/. " Les Rois de l'Arabie et de Saba lui apporteront des dons. * Alleluia, alleluia. Gloire au Père. Les Rois de Tharsis."

V/. " La foule viendra de Saba, alleluia, "

R/. " Lui apporter l'or et l'encens, alleluia."

A LA MESSE

A Rome, la station est à Saint-Pierre, au Vatican, près de la tombe du Prince des Apôtres, à qui toutes les nations ont été données en héritage dans le Christ.

EPÎTRE

Lecture du Prophète Isaïe. Chap. LX.


Joos van Wassenhove. Flandres. XVe.

" Lève-toi, Jérusalem ; sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi. Les ténèbres couvriront la terre, une nuit sombre enveloppera les peuples ; mais sur toi le Seigneur se lèvera, et sa gloire éclatera sur toi. Et les Nations marcheront à ta lumière, et les Rois à la splendeur de ta clarté naissante. Lève les yeux, considère autour de toi, et vois : tous ceux-ci, que tu vois rassemblés, sont venus pour toi. Des fils te sont venus de loin, et des filles se lèvent à tes côtés. En ce jour, tu verras, et tu seras dans l'opulence, et ton cœur sera dans l'admiration, et il se dilatera : en ce jour où la multitude des nations qui habitent les bords de la mer se tournera vers toi, quand la force des Gentils viendra à toi. Les chameaux, les dromadaires de Madian et d'Epha, arriveront chez toi comme un déluge : la foule viendra de Saba t'apporter l'or et l'encens, en chantant la louange du Seigneur."

Ô gloire infinie de ce grand jour, dans lequel commence le mouvement des nations vers l'Eglise, la vraie Jérusalem ! Ô miséricorde du Père céleste qui s'est souvenu de tous ces peuples ensevelis dans les ombres de la mort et du crime ! Voici que la gloire du Seigneur s'est levée sur la Cité sainte ; et les Rois se mettent en marche pour l'aller contempler. L'étroite Jérusalem ne peut plus contenir ces flots des nations ; une autre ville sainte est inaugurée ; et c'est vers elle que va se diriger cette inondation des peuples gentils de Madian et d'Epha. Dilate ton sein, dans ta joie maternelle, Ô Rome ! Tes armes t'avaient assujetti des esclaves ; aujourd'hui ce sont des enfants qui arrivent en foule à tes portes ; lève les yeux, et vois : tout cela est à toi ; l'humanité tout entière vient prendre dans ton sein une nouvelle naissance. Ouvre tes bras maternels ; et accueille-nous, nous tous qui venons du Midi et de l'Aquilon, apportant l'encens et l'or à Celui qui est ton Roi et le nôtre.

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.


Adoration des rois mages. Gérard David. Flandres. XVIe.

" Jésus étant né en Bethléhem de Juda, aux jours du roi Hérode, voici que des Mages vinrent d'Orient à Jérusalem, et ils disaient :
" Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer."
A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et toute la ville de Jérusalem avec lui. Et rassemblant tous les Princes des prêtres et les Docteurs du peuple, il leur demandait où le Christ devait naître.
Et ils lui dirent :
" En Bethléhem de Juda ; car il est écrit par le Prophète : " Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n'es pas la moindre entre les principales villes de Juda ; car de toi sortira le Chef qui régira mon peuple d'Israël."
Alors Hérode, ayant appelé les Mages en secret, s'enquit d'eux avec grand soin du temps auquel l'étoile leur avait apparu.
Et les envoyant à Bethléhem, il leur dit :
" Allez et informez-vous exactement de cet enfant, et lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que je vienne aussi l'adorer."

Ayant ouï ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient les précédait, jusqu'à ce que, étant arrivée sur le lieu où était l'enfant, elle s'y arrêta. Lorsqu'ils revirent l'étoile, ils furent transportés de joie, et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère, et se prosternant (ici on se met à genoux), ils l'adorèrent, et ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent pour présents l'or, l'encens et la myrrhe. Et ayant reçu en songe l'ordre de ne point aller trouver Hérode, ils s'en retournèrent dans leur pays par un autre chemin."


Albrecht Dürer. XVIe.

Les Mages, prémices de la Gentilité, ont été introduits auprès du grand Roi qu'ils cherchaient, et nous les avons suivis. L'Enfant nous a souri comme à eux. Toutes les fatigues de ce long voyage qui mène à Dieu sont oubliées ; l'Emmanuel reste avec nous, et nous avec lui. Bethléhem, qui nous a reçus, nous garde à jamais ; car à Bethléhem nous possédons VEnfant et Marie sa Mère. En quel lieu du monde trouverions-nous des biens aussi précieux ?

Supplions cette Mère incomparable de nous présenter elle-même ce Fils qui est notre lumière, notre amour, notre Pain de vie, au moment où nous allons approcher de l'autel vers lequel nous conduit l'Etoile de la foi. Dès ce moment ouvrons nos trésors ; tenons à la main notre or, notre encens et notre myrrhe, pour le nouveau-né. Il agréera ces dons avec bonté ; il ne demeurera point en retard avec nous. Quand nous nous retirerons comme les Mages, comme eux aussi nous laisserons nos cœurs sous le domaine du divin Roi ; et ce sera aussi par un autre chemin, par une voie toute nouvelle, que nous rentrerons dans cette patrie mortelle qui doit nous retenir encore, jusqu'au jour où la vie et la lumière éternelle viendront absorber en nous tout ce qui est de l'ombre et du temps.

 
SEQUENCE

Pour honorer la pure et glorieuse Mère de notre divin Roi, empruntons cette Séquence au pieux moine Herman Contract :

" Salut, glorieuse Etoile de la mer ; votre lever divin, Ô Marie, présage la lumière aux nations.

Salut, Porte céleste, fermée à tout autre qu'à Dieu ! Vous introduisez en ce monde la Lumière de vérité, le Soleil de justice, revêtu de notre chair.

Vierge, beauté du monde, Reine du ciel, brillante comme le soleil, belle comme l'éclat de la lune, jetez les yeux sur tous ceux qui vous aiment.

Dans leur foi vive, les anciens Pères et les Prophètes vous désirèrent sous l'emblème de ce rameau qui devait naître sur l'arbre fécond de Jessé.

Gabriel vous désigna comme l'arbre de vie qui devait produire, par la rosée de l'Esprit-Saint, l'amandier à la divine fleur.

C'est vous qui avez conduit l'Agneau-Roi, le Dominateur de la terre, de la pierre du désert de Moab à la montagne de la fille de Sion.

Vous avez écrasé Léviathan, malgré ses fureurs, et brisé les anneaux de ce tortueux serpent, en délivrant le monde du crime qui causa sa damnation.

Nous donc, restes des nations, pour honorer votre mémoire, nous appelons sur l'autel, pour l'immoler mystérieusement, l'Agneau de propitiation, Roi éternel des cieux, le fruit de votre enfantement merveilleux.

Les voiles étant abaissés, il nous est donné à nous, vrais Israélites, heureux fils du véritable Abraham, de contempler, dans notre admiration, la manne véritable que figurait le type mosaïque : priez, Ô Vierge, que nous soyons rendus dignes du Pain du ciel.

Donnez-nous de nous désaltérer, avec une foi sincère, à cette douce fontaine représentée par celle qui sortit de la pierre du désert; que nos reins soient ceints de la ceinture mystérieuse ; que nous traversions heureusement la mer, et qu'il nous soit donné de contempler sur la croix le serpent d'airain.

Les pieds mystérieusement dégagés de leurs chaussures, les lèvres pures, le cœur sanctifié, donnez-nous d'approcher du feu saint, le Verbe du Père, que vous avez porté, comme le buisson porta la flamme, Ô Vierge devenue mère !

Ecoutez-nous ; car votre Fils aime à vous honorer en vous exauçant toujours.

Sauvez-nous, Ô Jésus ! nous pour qui la Vierge-Mère vous supplie.

Donnez-nous de contempler la source de tout bien, d'arrêter sur vous les yeux purifiés de notre âme.

Que notre âme, désaltérée aux sources de la Sagesse, puisse aussi percevoir la saveur de la vraie Vie.

Qu'elle orne par les œuvres la foi chrétienne qui habite en elle, et que, par une heureuse fin, elle passe de cet exil vers vous, Auteur du monde.

Amen."


Il Corregio, le Corrège. Italie. XVe.

PRIERE

" Nous venons à notre tour vous adorer, Ô Christ, dans cette royale Epiphanie qui rassemble aujourd'hui à vos pieds toutes les nations. Nous nous pressons sur les pas des Mages ; car, nous aussi, nous avons vu l'étoile, et nous sommes accourus. Gloire à vous, notre Roi ! A vous qui dites dans le Cantique de votre aïeul David : " C'est moi qui ai été établi Roi sur Sion, sur la montagne sainte, pour annoncer la loi du Seigneur. Le Seigneur m'a dit qu'il me donnerait les nations pour héritage, et l'empire jusqu'aux confins de la terre. Maintenant donc, Ô rois, comprenez ; instruisez-vous, arbitres du monde !" (Psalm. II.).

Bientôt vous direz, Ô Emmanuel, de votre propre bouche : " Toute puissance m'a été donnée au ciel et sur la terre " (Matth. XXVIII) ; et, quelques années plus tard, l'univers entier sera sous vos lois. Déjà Jérusalem s'émeut ; Hérode tremble sur son trône ; mais l'heure approche où les hérauts de votre avènement iront annoncer à la terre entière que Celui qui était l'attente des nations est arrivé. La parole qui doit vous soumettre le monde partira ; elle s'étendra au loin comme un vaste incendie. En vain les puissants de la terre tenteront de l'arrêter dans son cours. Un Empereur, pour en finir, proposera au Sénat de vous inscrire solennellement au rang de ces dieux que vous venez renverser ; d'autres croiront qu'il est possible de refouler votre domination par le carnage de vos soldats. Vains efforts ! Le jour viendra où le signe de votre puissance ornera les enseignes prétoriennes, où les Empereurs vaincus déposeront leur diadème à vos pieds, où cette Rome si fière cessera d'être la capitale de l'empire de la force, pour devenir à jamais le centre de votre empire pacifique et universel.

Ce jour merveilleux, nous en voyons poindre l'aurore ; vos conquêtes commencent aujourd'hui, Ô Roi des siècles ! Du fond de l'Orient infidèle, vous appelez les prémices de cette gentilité que vous aviez délaissée, et qui va désormais former votre héritage. Plus de distinction de Juif ni de Grec, de Scythe ni de barbare. Vous avez aimé l'homme plus que l'Ange, puisque vous relevez l'un, et laissez l'autre dans sa chute. Mais si, durant de longs siècles, votre prédilection fut accordée à la race d'Abraham, désormais votre préférence est pour nous Gentils. Israël ne fut qu'un peuple, et nous sommes nombreux comme les sables de la mer, comme les étoiles du firmament. Israël fut placé sous la loi de crainte ; vous avez réservé pour nous la loi d'amour.

Dès aujourd'hui vous commencez, Ô divin Roi, à éloigner de vous la Synagogue qui dédaigne votre amour ; aujourd'hui vous acceptez pour Epouse la Gentilité, dans la personne des Mages. Bientôt votre union avec elle sera proclamée sur la croix, du haut de laquelle, tournant le dos à l'ingrate Jérusalem, vous étendrez les bras vers la multitude des peuples. Ô joie ineffable de votre Naissance ! Mais joie plus ineffable encore de votre Epiphanie, dans laquelle il nous est donné à nous, déshérités jusqu'ici, d'approcher de vous, de vous offrir nos dons, et de les voir agréés par votre miséricorde, Ô Emmanuel !

Grâces vous soient donc rendues, Enfant tout-puissant, " pour l'inénarrable don de la foi " (II Cor. IX, 15) qui nous transfère de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière ! Mais donnez-nous de comprendre toujours toute l'étendue d'un si magnifique présent, et la sainteté de ce grand jour où vous formez alliance avec la race humaine tout entière, pour arriver avec elle à ce mariage sublime dont parle votre éloquent Vicaire, Innocent III : " mariage, dit-il, qui fut promis au patriarche Abraham, juré au roi David, accompli en Marie devenue Mère, et aujourd'hui consommé, confirmé et déclaré : consommé dans l'adoration des Mages, confirmé dans le baptême du Jourdain, déclaré dans le miracle de l'eau changée en vin ". Dans cette fête nuptiale où l'Eglise votre Epouse, née à peine, reçoit déjà les honneurs de Reine, nous chanterons, Ô Christ, dans tout l'enthousiasme de nos cœurs, cette sublime Antienne des Laudes, où les trois mystères se fondent si merveilleusement en un seul, celui de votre Alliance avec nous :
" Aujourd'hui l'Eglise s'unit au céleste Epoux : ses péchés sont lavés par le Christ dans le Jourdain ; les Mages accourent aux Noces royales, apportant des présents ; l'eau est changée en vin, et les convives du festin sont dans la joie. Alleluia."

vendredi, 05 janvier 2024

5 janvier. Saint Télesphore, pape et martyr. 138.

- Saint Télesphore, pape et martyr. 138.

Papes : Saint Sixte Ier (prédécesseur) ; saint Hygin (successeur). Empereurs romains : Hadrien (+138) ; Antonin le Pieux (dit).

" Frère bien-aimés, nous avons la confiance que vous gardez intacte la foi des Apôtres."
Epître de saint Télesphore aux évêque de la catholicité. (Patrol. grecque, T. V.).


Saint Télesphore. Frise des papes.
Basilique Saint-Pierre. Rome.

Saint Télesphore était Grec de nation et anachorète. C'est une tradition, dans l'ordre des Carmes, que le lieu où il exerça sa vie solitaire, avant d'entreprendre la prédication de l'Evangile, était le mont Carmel célèbre par le séjour des saints prophètes Elie et Elisée.

Etant venu à Rome pour travailler à l'établissement de la religion chrétienne, il donna des marques si visibles d'une sagesse et d'une sainteté consommées, qu'après le martyre de saint Sixte, premier de ce nom, il fut mis en sa place, et créé souverain Pontife, sous l'empire d'Adrien.

Entre plusieurs beaux réglements qu'il fit pour l'avancement de l'Eglise, l'un des principaux fut celui du jeûne de quarante jours avant Pâques, que nous appelons le Carême. Ce n'est pas qu'il soit le premier auteur de cette observance ; car saint Ignace, martyr, qui vivait avant lui, en fait mention dans son Epître aux Philippiens ; et c'est le sentiment commun des Pères de de l'Eglise, qu'elle est de tradition apostolique : plusieurs même en parlent comme d'une institution divine, en tant que Notre Seigneur Jésus-Christ nous l'a apprise par son exemple. Mais ce que fit ce saint pape, fut d'établir par un décret ce qui n'était gardé que par l'autorité de la tradition, de réveiller la ferveur des Chrétiens qui commençait à se relâcher dans cette sainte pratique : on peut voir à ce sujet un traité fort curieux touchant les jeûnes, que la père Thomassin, si connu par sa pénétration dans l'antiquité ecclésiastique, a donné au public.

On dit aussi que notre Saint ordonna qu'à la sollennité de Noël, on célèbrerait la messe au milieu de la nuit, au lieu qu'aux autres temps, on ne la célébrait qu'à l'heure de tierce c'est-à-dire sur les neuf heures du matin : ce qui se doit entendre de la messe solennelle, et de ce qui se faisait le plus ordinairement dans les églises.


Vierge de la Très Sainte Trinité. Cimabue. Italie.. XIIIe.

On lui attribue encore le commandement de chanter l'hymne des anges, Gloria in excelcis, avant l'action du sacrifice. On sait, à ce sujet, que les premières paroles de ce cantique ont été chantées par les anges, lorsqu'ils annoncèrent la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ, Notre Divin Sauveur. De là lui est venu le nom d'hymne angélique. L'origine des paroles qui suivent n'est pas tout à fait certaine : on les attribuent aux Apôtres, à saint Télesphore, au pape Symnaque à saint Hilaire, évêque de Poitiers. Il est facile de voir l'analogie qu'il y a entre notre Gloria in excelcis et celui des Constitutions apostoliques, tel que le transcrit le docteur Grancolas :
" Gloria in excelcis Deo et in terra pax hominibus bonae voluntatis."

Toutes ces ordonnances sont rapportées dans le Liber pontificalis.

Il s'éleva, du temps de ce bienheureux pontife, trois hérétiques très permicieux, savoir : Valentin, Marcion et Appelès, dont les dogmes gnostiques, impies et sacrilèges sont rapportés par saint Epiphane et par les auteurs ecclésiastiques qui ont écrit sur les hérésies.

Cet homme apostolique ne manqua pas de les combattre avec toute la vigueur que l'on pouvait attendre d'un chef de l'Eglise aussi savant et aussi pieux qu'il l'était, et il fut aider dans ce combat par le grand saint Justin, philosophe chrétien, qui présenta aussi, depuis, aux empereurs, deux excellentes apologies, pour justifier notre sainte religion des crimes que les païens lui imputaient, poussés qu'ils étaient par leur propre malice, et par la doctrine diabolique et les moeurs corrompues de ces hérétiques qui se donnaient pour chrétiens.


Couronnement de la sainte Vierge.
Maître de la vie de Marie. Flandres. XVe.

Enfin, saint Télesphore, après avoir gouverné l'Eglise onze ans, trois mois et vingt-deux jours, fut couronné d'un très glorieux martyre, comme le dit expressément saint Irénée. Il avait fait trois fois les ordres au mois de décembre, et créé douze prêtres, huit diacres et treize évêques. Son corps fut enterré au Vatican, proche de celui du Prince des Apôtres, et sa mémoire est célébrée dans l'Eglise au jour même de son martyre, selon l'ordre du bréviaire réformé par Clément VIII.

On représente saint Télesphore avec un calice surmonté de trois hosties, pour rappeler qu'il institua la pratique de dire trois messes le jour de Noël.

MEMOIRE DE SAINT TELESPHORE

" Ô Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, accordez à nous qui célébrons sa Naissance, de jouir de sa protection."

" Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont offerts ; et, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, qu'ils vous apaisent et attirent sur nous vos regards."

" Rassasiés par la participation du don sacré, nous vous prions, Seigneur notre Dieu, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l'effet du Mystère que nous célébrons."

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5 janvier. La Vigile de l'Epiphanie.

- La Vigile de l'Epiphanie.


Adoration des bergers. Andrea Mantegna. XVIe.

La fête de Noël est terminée ; les quatre Octaves ont achevé leur cours ; et nous voici en présence de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur. Une seule journée nous reste pour nous préparer à la Manifestation pleine de mystère que nous doit faire de sa gloire celui qui est l'Ange du grand Conseil. Encore quelques heures, et l'étoile se sera arrêtée, et les Mages frapperont à la porte de la maison de Bethléhem.

Cette Vigile n'est pas, comme celle de Noël, un jour de pénitence. L'Enfant que nous attendions alors, dans la componction et dans l'ardeur de nos désirs, est venu ; il reste avec nous et nous prépare de nouvelles faveurs. Ce jour d'attente d'une nouvelle solennité est un jour de joie comme ceux qui l'ont précédé. Cette Vigile ne sera donc point marquée par le jeûne ; et la sainte Eglise n'y revêtira point ses habits de deuil. Aujourd'hui, elle se pare de la couleur blanche, comme elle le fera demain. Ce jour est le douzième de la Naissance de l'Emmanuel.

Célébrons donc cette Vigile dans l'allégresse de nos cœurs, et préparons nos âmes aux nouvelles faveurs qui leur sont réservées.


Adoration des bergers. Anonyme flamand. XVIe.

L'Eglise Grecque observe le jeûne aujourd'hui, en mémoire de la préparation au Baptême qui s'administrait autrefois, principalement en Orient, dans la nuit qui précédait le saint jour de l'Epiphanie. Elle bénit encore les eaux avec une grande solennité en cette fête ; nous parlerons avec détail de cette cérémonie dont les vestiges ne sont pas encore entièrement effacés dans l'Occident.

La sainte Eglise Romaine fait mémoire en ce jour d'un de ses Papes Martyrs, saint Télesphore. Ce Pontife monta sur le Siège Apostolique l'an 127 ; et parmi les décrets qu'il rendit, on remarque celui par lequel il établissait l'usage de célébrer la Messe durant la nuit de Noël, pour honorer l'heure delà Naissance du Christ, et un autre dans lequel il décrète que l'Hymne Angélique Gloria in excelsis Deo serait chantée ordinairement au commencement du saint Sacrifice. Cette piété du saint Pape envers le grand mystère que nous célébrons en ces jours, rend sa mémoire plus vénérable encore à l'époque de l'année où elle tombe. Télesphore souffrit un glorieux martyre, selon l'expression de saint Irénée, et fut couronné de la gloire céleste, l'an 138.


Adoration des bergers. Jacopo Negretti. Début du XVIe.

A LA MESSE

La Messe de la Vigile de l'Epiphanie est la même que celle du Dimanche dans l'Octave de Noël, sauf la commémoration de saint Télesphore et l'Evangile.

EVANGILE

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.


Adoration des bergers. Luca Signorelli. XVIe.

" En ce temps-là, Hérode étant mort, voici que l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, lui disant : " Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et va dans la terre d'Israël " ; car ils sont morts, ceux qui poursuivaient la vie de l'Enfant. Joseph, s'étant levé, prit l'Enfant et sa Mère, et vint dans la terre d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode son père , il craignit d'y aller ; et averti en songe, il se retira dans la Galilée. Et il vint habiter dans la ville qui est appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen."

IN CHRISTI NATIVITATE

Pour couronnement des pièces liturgiques qui nous ont aidé si suavement à pénétrer le mystère de Noël, nous avons réservé les strophes suivantes. Nulles autres ne pouvaient mieux convenir à ce jour qui prépare l'introduction des Mages près de la Crèche. Elles sont tirées du poème que le prince des mélodes de l'Eglise Grecque, saint Romanus, consacra, comme prémices de son génie, à la Vierge Mère. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte même, remis dans nos temps en honneur par un illustre prince de l'Eglise (Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, I.), et dont aucune traduction ne saurait rendre l'incomparable harmonie.

La Vierge aujourd'hui met au monde Celui qui dépasse la nature ; la terre donne une grotte pour gîte à l'inaccessible. Les Anges avec les bergers font assaut de louanges ; les Mages sont en route à la suite de l'étoile. Car pour nous voici qu'est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.


Adoration des bergers. Francesco de Rossi. XVIe.

Voici qu'en Bethléhem Eden est ouvert ; venez donc, et voyons : quel mets suave est là caché pour nous ! Venez : dans cette grotte, abreuvons-nous des délices du paradis. Là fleurit, sans être arrosée, la tige qui produit la grâce. Là est le puits qu'aucune main n'a creusé , et dont David un jour eût voulu boire. Ici tout d'un coup, grâce à la Vierge qui enfante, d'Adam et de David la soif est apaisée. Donc hâtons-nous d'aller où vient de naître, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

Le père de la mère a voulu être son fils ; le sauveur des enfants gît enfant dans une crèche. Fixant ses yeux sur lui, celle qui l'enfante a dit :
" Qu'est-ce cela, Ô mon fils ! En quelle manière as-tu pris germe en moi ? En quelle manière as-tu trouvé en moi vie et croissance ? Je te vois, Ô fruit de mes entrailles, et suis dans la stupeur ; mon sein s'emplit de lait, et je n'ai point connu d'homme. Et tandis que je t'admire en ces langes, je contemple la fleur de ma virginité toujours sauve, Ô toi qui l'as gardée, en daignant naître, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.

Roi très-haut, qui t'attire au milieu des mendiants ? Créateur des cieux, pourquoi viens-tu chez les habitants de la terre ? Une grotte fait tes délices, une crèche est ton amour ! Voici bien que pour ta servante il n'y a point de place dans l'hôtellerie ; et non seulement pas de place : pas de grotte même, car celle-ci est à d'autres. Pourtant à Sara, quand elle eut un fils, beaucoup de terre fut donnée : à moi, pas une tanière ; pour tout j'ai cet antre où tu as voulu habiter, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles."


Adoration des bergers. Lorenzo d'Andrea d'Oderigo. XVIe.

Tandis qu'elle formule ces pensées dans son cœur et s'adresse suppliante à Celui qui connaît les mystères, elle apprend que les Mages sont là, cherchant le nouveau-né. Venant à eux :
" Qui êtes-vous ?" dit la Vierge.
Ceux-ci lui répondent :
" Bien plutôt, quelle est ta naissance, Ô toi qui as mis au monde un tel enfant ? De quel père, de quelle mère es-tu descendue, toi qui nourris un fils dont tu es la mère sans qu'il ait eu de père ? A la vue de son étoile, nous avons prononcé de concert qu'elle annonçait, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Balaam en effet nous avait avec soin préparés à comprendre les oracles dont il fut le prophète, lorsqu'il prédit le lever d'une étoile : étoile éteignant toutes divinations et présages ; étoile résolvant les paraboles des sages, leurs énigmes et sentences ; étoile dont la lumière l'emporte d'autant mieux sur le soleil qui nous éclaire, qu'elle-même a créé tous les astres ; par elle il était annonce que de Jacob sortirait comme la lumière, l’enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles."

Ayant entendu si merveilleux discours , Marie prosternée adora l'enfant né de ses entrailles, et dit en pleurs :
" Grandes pour moi, Ô mon fils, grandes sont toutes les choses que vous avez faites avec mon indigence. Car voici que dehors se tiennent les Mages, et ils vous cherchent ; les rois des nations de l'Orient désirent votre visage ; le contempler est la prière des riches de votre peuple. Ce peuple n'est-il pas vôtre, en effet, pour qui vous êtes né, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles ?
Puis donc qu'ils sont vôtres, Ô mon fils, ordonnez qu'ils entrent sous votre toit, pour voir cette opulente pauvreté, cette noble indigence ; car je vous ai pour richesses et pour gloire, aussi n'ai-je point à rougir, en vous sont la grâce et la vérité ; et maintenant permettez qu'ils viennent en cet abri : comment m'inquiéterais-je de ma misère, vous possédant, vous le trésor que viennent contempler les princes, l'objet de l'étude des rois et des Mages cherchant où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles ?"


Adoration des bergers. Jacob Jordaens. Début du XVIIe.

Jésus le Christ et notre vrai Dieu se fit entendre intérieurement au cœur de sa mère, et lui dit :
" Introduis ceux qu'amène ma parole ; car cette parole est la lumière de ceux qui me cherchent, étoile aux yeux, force pour l'âme intelligente. C'est elle qui, comme mon serviteur, a conduit les Mages, et maintenant elle s'est arrêtée pour remplir son office et désigner par ses rayons l'endroit où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.
Maintenant donc reçois-les, ô toute belle, reçois ceux qui m'ont reçu ; car je suis en eux, comme je suis dans tes bras, et, en les accompagnant, je ne t'ai point quittée."
Elle donc ouvre la porte et reçoit l'assemblée des Mages ; elle ouvre, celle qui est la porte fermée à tous, que seul le Christ a traversée ; elle ouvre, celle qui fut toujours close, celle qui jamais rien ne perdit des trésors de la virginité ; elle ouvre, celle par qui fut donnée au monde, porte des cieux, l'enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.

Les dernières paroles de notre Avent étaient celles de l'Epouse, dans la prophétie du Disciple bien-aimé :
" Venez, Seigneur Jésus ! Venez !"
Nous terminerons cette première partie du Temps de Noël par ces paroles d'Isaïe que la sainte Eglise a répétées avec triomphe :
" Un petit Enfant nous est né! Les cieux ont envoyé leur rosée, le juste est descendu du ciel, la terre a enfanté son Sauveur, LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, la Vierge a produit son doux fruit, Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Le Soleil de justice brille maintenant sur nous, les ténèbres sont passées ; au ciel, Gloire à Dieu ! Sur la terre, Paix aux hommes !"


Adoration des bergers. Jusepe de Ribeira. XVIIe.

" Tous ces biens nous sont venus par l'humble et glorieuse Naissance de cet Enfant. Adorons-le dans son berceau, aimons-le pour tant d'amour ; et préparons les présents que nous irons demain lui offrir avec les Mages. L'allégresse de la sainte Eglise continue, la nature angélique est dans l'étonnement, toute la création tressaille de bonheur : Un petit Enfant nous est né !"

jeudi, 04 janvier 2024

4 janvier. Saint Tite, disciple de saint Paul, évêque de Crète. Ier siècle.

- Saint Tite, disciple de saint Paul, évêque de Crète. Ier siècle.

Pape : Saint Anaclet. Empereur romain : Domitien.

" Il faut qu'un évêque soit sans tache, comme il convient à un dispensateur des dons de Dieu."
Ep. ad Tit.


Saint Paul et saint Tite. Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.

Un saint Evêque de l'âge apostolique, un disciple du grand Paul, s'offre aujourd'hui à notre vénération. Ses actions nous sont peu connues ; mais en lui adressant une de ses Lettres inspirées, le Docteur des Gentils l'a rendu immortel. Partout où la foi du Christ a été et sera portée, Tite, ainsi que Timothée, sera connu des fidèles ; jusqu'à la fin des temps, la sainte Eglise consultera, avec un souverain respect, cette Epître adressée à un simple évêque de l'île de Crète, mais dictée par l'Esprit-Saint, et par là même destinée à faire partie du corps des Ecritures sacrées qui contiennent la pure Parole de Dieu. Les conseils et les directions que renferme cette admirable lettre, furent la règle souveraine du saint Evêque à qui Paul avait voué une si affectueuse tendresse. Tite eut la gloire d'établir le Christianisme dans cette île fameuse où le paganisme avait un de ses principaux centres. Il survécut à son maître immolé dans Rome par le glaive de Néron ; et comme saint Jean, à Ephèse, il s'endormit paisiblement dans une heureuse vieillesse, entouré des respects de la chrétienté qu'il avait fondée. Sa vie a laissé peu de traces ; mais les quelques traits qui nous restent à son sujet donnent l'idée d'un de ces hommes de vertu supérieure que Dieu choisit au commencement, pour en faire les premières assises de son Eglise.

Tite, évêque de Crète, fut initié par les enseignements de l'Apôtre saint Paul aux mystères de la foi chrétienne ; et, préparé par les sacrements, il répandit une telle lumière de sainteté sur l'Eglise encore au berceau, qu'il mérita de prendre place entre les disciples du Docteur des Gentils. Appelé à partager le fardeau de la prédication, son ardeur à répandre l'Evangile et sa fidélité le rendirent si cher à saint Paul, que celui-ci étant venu à Troade, pour prêcher la foi dans cette ville, atteste lui-même qu'il n'y trouva pas le repos de son esprit, parce qu'il n'y rencontra pas Tite son frère. L'Apôtre, s'étant rendu peu après en Macédoine, exprime son affection pour ce disciple par ces paroles :
" Dieu qui console les humbles nous a consolés par l'arrivée de Tite."


Un messager apporte le lettre que saint Paul adressa à saint Tite.
Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.

Envoyé à Corinthe par l'Apôtre, il sut s'acquitter de cette mission qui consistait principalement à recueillir les aumônes offertes par la piété des fidèles pour soulager la pauvreté de l'Eglise des Hébreux, avec tant de sagesse et de douceur, que non seulement il maintint les Corinthiens dans la foi du Christ, mais qu'il excita en eux des regrets accompagnés de larmes, et l'empressement le plus vif pour revoir Paul qui leur avait donné la première instruction. Après de nombreux voyages sur terre et sur mer, pour répandre la semence de la divine parole chez les nations les plus dissemblables par le langage et par la situation géographique ; après avoir supporté avec la plus grande fermeté d'âme mille soucis et mille travaux pour établir ainsi l'étendard de la Croix, il aborda à l'île de Crète avec Paul son maître. L'Apôtre le choisit pour remplir la charge d'Evêque dans l'Eglise qu'il fonda en cette île ; et il est certain que Tite y remplit ses fonctions de manière à devenir le modèle des fidèles dans les bonnes œuvres, et que, selon les conseils de son maître Paul, il brilla par la doctrine, par son intégrité et la gravité de ses mœurs.

Semblable à un flambeau, il répandit les rayons du christianisme sur ceux qui étaient assis sous les ombres de la mort, dans les ténèbres de l'idolâtrie et du mensonge. Une tradition prétend qu'il serait ensuite passé chez les Dalmates, et qu'il aurait essuyé les plus rudes fatigues pour planter la foi chez ces peuples.


Saint Paul et saint Tite. Bible historiale. Guiard des Moulins.
Abbaye de Saint-Omer. XIVe.

Enfin, plein de jours et de mérites, âgé de quatre-vingt-quatorze ans, il s'endormit dans le Seigneur, de la mort précieuse des justes, la veille des nones de janvier ; et il fut enseveli dans l'église où l'Apôtre l'avait établi ministre de la parole. Son nom couvert déloges par saint Jean Chrysostome et par saint Jérôme se lit en ce même jour au Martyrologe romain ; mais, en établissant sa fête pour être célébrée avec l'Office et la Messe dans tout le monde catholique par le clergé séculier et régulier, le souverain Pontife Pie IX l'a fixée au premier jour libre qui suit l'anniversaire de la mort du saint. Mais cette fête est plus ou moins différée, selon les lieux, par la liberté qu'a laissée le Saint-Siège de la placer au premier jour qui ne se trouve pas occupé par une autre fête. Dans la plupart des Eglises, elle n'est célébrée qu'en février.

PRIERE

" Heureux disciple du grand Paul, la sainte Eglise a voulu qu'un jour dans l'année fût employé à célébrer vos vertus et à implorer votre suffrage ; soyez propice aux fidèles qui glorifient le divin Esprit pour les dons qu'il a répandus en vous. Vous avez rempli avec zèle et constance la charge pastorale ; tous les traits que Paul énumère dans l'Epître qu'il vous a adressée comme devant former le caractère de l'Evêque, se sont trouvés réunis en votre personne ; et vous brillez sur la couronne du Christ, le Prince des Pasteurs, comme l'un de ses plus riches diamants. Souvenez-vous de l'Eglise de la terre dont vous avez soutenu les premiers pas. Depuis le jour où vous lui fûtes ravi, dix-huit siècles ont achevé leur cours. Souvent ses jours ont été mauvais ; mais elle a triomphé de tous les obstacles, et elle chemine dans la voie, recueillant les âmes et les dirigeant vers son céleste Epoux, jusqu'à l'heure où il viendra arrêter le temps, et ouvrir les portes de l'éternité.


Un messager apporte le lettre que saint Paul adressa à saint Tite.
Bible historiale. Guiard des Moulins. XVe.

Tant que cette heure n'a pas sonné, nous comptons , Ô Tite , sur votre puissant suffrage ; du haut du ciel, sauvez les âmes par votre intercession, comme vous les sauviez ici-bas au moyen de vos saintes fatigues. Demandez pour nous à Jésus des Pasteurs qui vous soient semblables. Relevez la Croix dans cette île que vous aviez conquise à la vraie foi, et sur laquelle s'étendent aujourd'hui les ombres de l'infidélité et les ravages du schisme ; que par vous la chrétienté d'Orient se ranime, et qu'elle aspire enfin à l'unité, qui, seule, peut la préserver d'une dissolution complète. Exaucez, Ô Tite, les vœux du Pontife qui a voulu que votre culte s'étendît à l'univers entier, afin d'accélérer par votre suffrage les jours de paix et de miséricorde que le monde attend."

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4 janvier. L'Octave des Saints Innocents.

- L'Octave des Saints Innocents.


Massacre des Saints Innocents. Pieter Brueghel le Jeune. XVIe.

Nous terminons aujourd'hui les huit jours consacrés à honorer la mémoire des bienheureux Enfants de Bethléhem. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous les a donnés pour intercesseurs et pour modèles ! Leur nom ne paraîtra plus sur le Cycle, jusqu'au retour des solennités de la Naissance de l'Emmanuel : rendons-leur donc aujourd'hui un dernier hommage.

La sainte Eglise, qui, au jour de leur fête, a revêtu dans ses habits sacrés une couleur de deuil, par égard pour les douleurs de Rachel, reprend, dans ce jour de l'Octave, la pourpre des Martyrs, dont elle veut honorer ceux qui ont la gloire d'en être comme les prémices. Mais l'Eglise ne cesse pas pour cela de s'attendrir sur la désolation des mères qui ont vu égorger entre leurs bras les enfants qu'elles allaitaient. A l'Office des Matines, elle lit ce passage si dramatique d'un ancien Sermon attribué autrefois à saint Augustin :


Massacre des Saints Innocents. Missel à l'usage de Besançon. XVe.

" A peine le Seigneur est-il né, qu'un deuil commence, non au ciel, mais sur la terre. Les mères se lamentent, les Anges triomphent, les enfants sont enlevés. Un Dieu est né : il faut des victimes innocentes à Celui qui vient condamner la malice du monde. Il faut immoler des agneaux, puisque l'Agneau est venu qui ôte le péché et qui doit être crucifié. Mais les brebis, leurs mères, poussent de grands cris ; car elles perdent leurs agneaux, avant même qu'ils puissent faire entendre le bêlement. Cruel martyre ! Le glaive est tiré, et sans motif ; la jalousie seule est en fureur, et Celui qui est né ne fait violence à personne.

Mais considérons les mères se lamentant sur leurs agneaux. Une voix a retenti dans Rama, des pleurs et des hurlements : c'est qu'on leur enlève un dépôt qu'elles n'ont pas seulement reçu, mais enfanté. La nature, qui se refusait à leur martyre, en face même du tyran, attestait assez sa puissance. La mère souillait et arrachait les cheveux de sa tête, parce qu'elle en avait perdu l'ornement dans son fils ! Que d'efforts pour cacher cet enfant ! et l'enfant lui-même se trahissait. N'ayant pas encore appris à craindre, il ne savait pas retenir sa voix. La mère et le bourreau luttaient ensemble : celui-ci ci arrachait l'enfant, celle-là le retenait.

La mère criait au bourreau :
" Pourquoi sépares-tu de moi celui qui est sorti de moi ? Mon sein l'a enfanté : aura-t-il donc en vain sucé mon lait ? Je le portais avec tant de précautions, celui que ta main cruelle enlève avec tant de violence ! A peine mes entrailles l'ont-elles produit, que tu l'écrases contre terre."
Une autre mère s'écriait, parce que le soldat se refusait à l'immoler avec son fils :
" Pourquoi me laisses-tu privée de mon enfant ? Si un crime a été commis, c'est moi qui en suis coupable : fais-moi mourir aussi, et délivre une pauvre mère."
Une autre disait :
" Qui cherchez-vous ? Vous n'en voulez qu'à un seul, et vous en tuez un grand nombre, sans pouvoir atteindre le seul que vous cherchez."
Une autre s'écriait :
" Venez, oh ! Venez, Sauveur du monde : jusqu'à quand vous laisserez-vous chercher ? Vous ne craignez personne : que le soldat vous voie, et qu'il laisse la vie à nos enfants."
Ainsi se mêlaient les lamentations des mères ; et le sacrifice des enfants montait jusqu'au ciel."


Massacre des Saints Innocents. François-Joseph Navez. XIXe.

Parmi les enfants si cruellement immolés depuis l'âge de deux ans et au-dessous, quelques-uns durent appartenir aux bergers de Bethléhem qui étaient venus, à la voix de l'Ange, reconnaître et adorer le nouveau-né dans la crèche. Ces premiers adorateurs du Verbe incarné, après Marie et Joseph, offrirent ainsi le sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher au Seigneur qui les avait choisis. Ils savaient à quel Enfant leurs enfants étaient sacrifiés, et ils étaient saintement fiers de cette nouvelle distinction qui venait les chercher au milieu de leur peuple.

Cependant, Hérode, comme tous les politiques qui font la guerre au Christ et à son Eglise, était déçu dans ses projets. Son édit d,e carnage embrassait Bethléhem et tous ses alentours ; il enveloppait tous les enfants de cette contrée, depuis la naissance jusqu'à l'âge de deux ans ; et malgré cette atroce précaution, l'Enfant tant recherché échappait au glaive et fuyait en Egypte. Le coup était donc manqué comme toujours ; et de plus, contre le gré du tyran, l'Eglise du ciel ne tarderait pas à recevoir avec triomphe de nouveaux protecteurs pour celle delà terre.

Ce Roi des Juifs nouveau-né, que la jalousie d'Hérode poursuivait, n'était qu'un Enfant sans armées et sans soldats ; Hérode cependant tremblait devant lui. Un secret instinct lui révélait, comme à tous les tyrans de l'Eglise, que cette faiblesse apparente cachait une force victorieuse ; mais il se trompait, comme tous ses successeurs, en essayant de lutter avec le glaive contre la puissance de l'Esprit. L'Enfant de Bethléhem n'est pas encore arrivé au terme de son apparente faiblesse : il fuit devant la face d'un tyran ; plus tard, quand il sera un homme, il restera sous les coups de ses ennemis : on l'attachera à une croix infâme, entre deux larrons ; mais c'est précisément ce jour-là qu'un gouverneur romain proclamera, dans une inscription écrite de sa propre main : " Celui-ci est le Roi des Juifs ".
Pilate donnera au Christ, d'une manière officielle, ce titre qui fait pâlir Hérode ; et malgré les sollicitations des ennemis du Sauveur, il s'écriera : " Ce que j'ai écrit est écrit ".

Jésus, sur l'arbre de la croix, associera à son propre triomphe un des compagnons de son supplice ; aujourd'hui, dans son berceau, il appelle des enfants à partager sa gloire.


Massacre des Saints Innocents. Heures à l'usage de Besançon. XVe.

ORAISONS

Les deux Oraisons qui suivent sont empruntées au Sacramentaire Léonien :

" Ô Dieu, grand dans les grandes choses, mais qui opérez cependant, avec plus de gloire, vos merveilles dans les petites ; accordez-nous, s'il vous plaît, de nous réjouir dans la solennité de ceux qui, même sans parler, ont rendu témoignage à votre Fils, Notre Seigneur."

" Faites, Seigneur, que vos fidèles, selon la parole de l'Apôtre, ne deviennent pas enfants par l'intelligence, mais qu'ils deviennent innocents en fait de malice, comme des enfants; en sorte qu'ils imitent, par la simplicité de l'âme, les martyrs de la présente solennité, s'ils ne peuvent les égaler en mérites. Par Jésus-Christ notre Seigneur."


CAPITULA

L'Eglise Gothique nous donne cette belle prière que nous empruntons au Bréviaire Mozarabe :

" Ô Christ, ineffable lumière du monde, qui, encore dans le berceau, n'étant pas encore martyr, avez consacré, par la palme du martyre, la troupe des Innocents ; qui, lorsqu'ils ne parlaient pas encore, leur avez fait pousser des gémissements sous le glaive des soldats ; et qui, au moment de votre mort volontaire pour nous, avez retiré avec joie leurs âmes des profondeurs secrètes de la terre : inspirez-leur de prier sans relâche pour nous qui sommes faibles et petits, afin que nous, dont les prières ne sauraient nous purifier de nos péchés, nous en soyons lavés présentement et à jamais, par les supplications de ceux qui vous accompagnent de leurs hymnes et de leurs cantiques, partout où vous allez."


Massacre des Saints Innocents. Pierre-Paul Rubens. XVIIe.

ORAISON

La même Eglise, nous offre cette autre prière dans son Missel :

" Ô Dieu ! Dont la miséricorde s'adresse, avec empressement, à tout sexe et à tout âge, vous avez daigné montrer une affection et une tendresse paternelle aux Innocents, en ne permettant pas que la captivité de l'Egypte retînt ces enfants, ni que l'Evangile leur fût celé, leur faisant éviter les souillures du monde, comme à leurs pères, au moyen de la Loi, et les appelant par grâce dans votre royaume, avec les parfaits : afin que leur innocence, exempte de tout mal, devînt un exemple solennel ; accordez à nous, qui sommes vos serviteurs, que, purgés du virus du péché, affaiblis dans la concupiscence de la chair, nous conservions une volonté docile à vos enseignements. Que notre esprit ne soit ni rigide ni superbe; qu'il soit doux sans mollesse, innocent et prudent ; qu'il soit humble sans être faible ; afin que, par la maturité d'un jugement discret, il sache discerner ce qui vous plaît, et qu'il ne sache pas entreprendre ce qui vous offense. Enfin qu'il sache employer une salutaire tempérance, un conseil discret, au moyen desquels il puisse imiter la simplicité des enfants, revendiquer le courage des combattants. Amen."

HYMNE

Le chantre des Mystères et des Martyrs, Prudence, à qui l'Eglise a emprunté les gracieuses strophes Salvete, flores Martyrum, célèbre l'immolation des enfants de Bethlehem, dans sa belle Hymne de l'Epiphanie, à laquelle la Liturgie Romaine a emprunté encore plusieurs de ses chants :


Massacre des Saints Innocents. Fresque de l'église
Saint-Sauveur-in-Chora de Constantinople. Début du XIVe.

" Le tyran soucieux a ouï dire que le Roi des rois vient de naître, celui qui doit régir Israël et occuper le trône de David.

A cette nouvelle, il s'écrie avec transport : " Un compétiteur nous presse ; on nous détrône ; allez, soldats, prenez le fer, inondez de sang les berceaux.

Tuez tout enfant mâle, cherchez jusque dans le sein des nourrices ; que l'épée égorge le fils sur la poitrine même de la mère.

Je soupçonne quelque fraude de la part des mères de Bethlehem ; je crains que quelqu'une ne soustraie son enfant du sexe mâle."

Un bourreau, dans sa fureur, transperce du glaive ces petits Corps à peine nés a la vie ; il poursuit une vie toute nouvelle en eux.

Sur ces faibles membres, à peine le meurtrier trouve-t-il place aux blessures ; son épée dépasse en largeur la gorge même de ses victimes.

Ô spectacle barbare ! La tête des enfants, brisée contre la pierre, répand la cervelle blanche comme le lait, et les yeux sortent par l'horrible blessure.

Ailleurs l'enfant palpitant est précipité dans un gouffre profond ; son faible gosier dispute cruellement le passage à l'eau.

A quoi aura servi un tel forfait ? Quelle utilité apporte ce crime à Hérode ? Seul le Christ échappe au massacre général.

Au milieu des flots du sang des enfants d'un même âge, le fruit de la Vierge évite seul les atteintes du fer qui désolait les mères.

Ainsi fut soustrait à l'édit insensé de l'impie Pharaon, Moïse, libérateur de son peuple et figure du Christ."


Massacre des Saints Innocents. Psautier à l'usage d'Arras. XVe.

SEQUENCE

Nous terminerons par cette antique Prose de Notker, empruntée au recueil de Saint-Gall :

" Louange à vous, Ô Christ ! Fils du Père très bon, Dieu de toute-puissance :

Vous que le brillant concert de ce peuple qui habite au delà des astres, célèbre avec joie dans les cieux ;

Vous que des troupes d'enfants chantent sur les sommets du firmament, dans des hymnes retentissantes.

Ce sont ceux qu'un impie, en haine de votre Nom, immola par une cruelle blessure :

Maintenant, dans les cieux, vous payez, Ô Christ, leurs peines par la gloire, dans votre bonté ;

Usant de votre grâce, par laquelle toujours vous décorez les vôtres de splendides couronnes.

Par leurs prières sacrées, daignez, nous vous en prions, effacer les crimes de notre vie.

Et comme vous les associez à votre gloire, faites-les aussi participer pour nous à votre clémence.

Vous leur donnez la lumière de gloire éternelle : donnez-nous de triompher des choses terrestres ;

Qu'il nous soit donné d'obtenir pleinement, par des actions pures, l'effusion de votre grâce.

De tous ceux qui s'empressent à la louange des Innocents, que nul ne devienne compagnon d'Hérode ;

Mais que tous soient éternellement mêlés à leur troupe glorieuse, en votre présence, Seigneur !

Amen."


Massacre des Saints Innocents. Sano di Pietro. XVe.

PRIERE

" Nous vous quittons aujourd'hui, Ô fleurs des Martyrs ! Mais votre protection demeure sur nous. Dans tout le cours de cette année de la sainte Liturgie, vous veillerez sur nous, vous parlerez pour nous à l'Agneau dont vous êtes les fidèles amis. Nous plaçons sous votre garde les fruits que nos âmes ont produits pendant ces jours de grâce. Nous sommes devenus enfants avec Jésus ; nous recommençons avec lui notre vie : priez, afin que nous croissions comme lui en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes. Par votre suffrage, assurez notre persévérance ; et pour cela, maintenez en nous la simplicité chrétienne, qui est la vertu des enfants du Christ.

Vous êtes innocents, et nous sommes coupables ; aimez-nous cependant d'un amour de frères. Vous fûtes moissonnés à l'aurore de la Loi de Grâce ; nous sommes les fils de ces derniers temps dans lesquels le monde envieilli a laissé refroidir la Charité. Tendez vers nous vos palmes victorieuses, souriez à nos combats; demandez que bientôt notre repentir obtienne cette couronne qui vous fut octroyée par une si divine largesse.

Enfants Martyrs ! Souvenez-vous des jeunes générations qui s'élèvent aujourd'hui sur la terre. Dans cette gloire où vous êtes arrivés avant l'âge d'homme, vous ne sauriez oublier les petits enfants. Ces tendres rejetons de la race humaine dorment aussi dans leur innocence. La grâce du Baptême est entière en eux ; et leurs âmes pures réfléchissent comme un miroir la sainteté du Dieu qui les habite par sa grâce. Hélas ! De terribles périls les attendent, ces nouveau-nés ; beaucoup d'entre eux seront souillés ; leurs robes sans tache perdront bientôt, peut-être, cette blancheur dont elle resplendit. La corruption du cœur et de l'esprit les infectera ; et qui pourra les soustraire à d'affreuses influences ? La voix des mères retentit encore dans Rama ; Rachel chrétienne pleure ses fils immolés ; et rien ne peut la consoler de la perte de leurs âmes. Innocentes victimes du Christ ! priez pour les enfants. Obtenez-leur des temps meilleurs : qu'ils puissent un jour entrer dans la vie, sans avoir à redouter d'y rencontrer la mort dès le premier pas."