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mercredi, 18 décembre 2024

Mercredi des Quatre-Temps de l'Avent. 14 décembre 2022.

- Mercredi des Quatre-Temps de l'Avent.

" Prope est jam Dominus : venite, adoremus."
" Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le."
Office du jour.


L'Annonciation. Francisco de Zurbarán. XVIe.

L'Eglise commence à pratiquer en ce jour le jeûne appelé des Quatre-Temps, lequel s'étend aussi au Vendredi et au Samedi suivants. Cette observance n'appartient point à l'économie liturgique de l'Avent : elle est une des institutions générales de l'Année Ecclésiastique. On peut la ranger au nombre des usages qui ont été imités de la Synagogue par l'Eglise ; car le prophète Zacharie parle du Jeûne du quatrième, du cinquième, du septième et du dixième mois. L'introduction de cette pratique dans l'Eglise chrétienne semble remonter aux temps apostoliques ; c'est du moins le sentiment de saint Léon, de saint Isidore de Séville, de Rhaban Maur et de plusieurs autres écrivains de l'antiquité chrétienne: néanmoins, il est remarquable que les Orientaux n'observent pas ce jeûne.

Dès les premiers siècles, les Quatre-Temps ont été fixés, dans l'Eglise Romaine, aux époques où on les garde encore présentement ; et si l'on trouve plusieurs témoignages des temps anciens dans lesquels il est parlé de Trois Temps et non de Quatre, c'est parce que les Quatre-Temps du printemps, arrivant toujours dans le cours de la première semaine de Carême, n'ajoutent rien aux observances de la sainte Quarantaine déjà consacrée à une abstinence et à un jeûne plus rigoureux que ceux qui se pratiquent dans tout autre temps de l'année.

Les intentions du jeûne des Quatre-Temps sont les mêmes dans l'Eglise que dans la Synagogue : c'est-à-dire de consacrer par la pénitence chacune des saisons de l'année. Les Quatre-Temps de L'Avent sont connus, dans l'antiquité ecclésiastique, sous le nom de Jeûne du dixième mois ; et saint Léon nous apprend, dans un des Sermons qu'il nous a laissés sur ce jeûne, et dont l'Eglise a placé un fragment au second Nocturne du troisième dimanche de l'Avent, que cette époque a été choisie pour une manifestation spéciale de la pénitence chrétienne, parce que c'est alors que la récolte des fruits de la terre étant terminée, il convient que les chrétiens témoignent au Seigneur leur reconnaissance par un sacrifice d'abstinence, se rendant d'autant plus dignes d'approcher de Dieu, qu'ils sauront dominer davantage l'attrait des créatures.


Vision de saint Léon. Legenda aurea. Bx J. de Voragine.
R. de Monbaston. XIVe.

" Car, ajoute le saint Docteur, le jeûne a toujours été l'aliment de la vertu. Il est la source des pensées chastes, des résolutions sages, des conseils salutaires. Par la mortification volontaire, la chair meurt aux désirs de la concupiscence, l'esprit se renouvelle dans la vertu. Mais parce que le jeûne seul ne nous suffit pas pour acquérir le salut de nos âmes, suppléons au reste par des œuvres de miséricorde envers les pauvres. Faisons servir la vertu ce que nous retrancherons au plaisir ; et que l'abstinence de celui qui jeûne devienne la nourriture de l'indigent."

Prenons notre part de ces avertissements, nous qui sommes les enfants de la sainte Eglise ; et puisque nous vivons à une époque où le jqoeûne de l'Avent n'existe plus, portons-nous avec d'autant plus de ferveur à remplir le précepte des Quatre-Temps, que ces trois jours, en y joignant la Vigile de Noël, sont les seuls auxquels la discipline actuelle de l'Eglise nous enjoigne d'une manière précise, en cette saison, l'obligation du jeûne.

Ranimons en nous, à l'aide de ces légères observances, le zèle des siècles antiques, nous souvenant toujours que si la préparation intérieure est surtout nécessaire pour l'Avènement de Jésus-Christ dans nos âmes, cette préparation ne saurait être véritable en nous, sans se produire à l'extérieur par les pratiques de la religion et de la pénitence.


L'Annonciation. Jan van Eyck. XVe.

Le jeûne des Quatre-Temps a encore une autre fin que celle de consacrer, par un acte de piété, les diverses saisons de l'année ; il a une liaison intime avec l'Ordination des Ministres de l'Eglise, qui reçoivent le samedi leur consécration, et dont la proclamation avait lieu autrefois devant le peuple à la Messe du Mercredi. Dans l'Eglise Romaine, l'Ordination du mois de Décembre fut longtemps célèbre ; et il paraît, par les anciennes Chroniques des Papes, que, sauf les cas tout à fait extraordinaires, le dixième mois fut, durant plusieurs siècles, le seul où l'on conférât les saints Ordres à Rome. Les fidèles doivent s'unir aux intentions de l'Eglise, et présenter à Dieu l'offrande de leurs jeûnes et de leurs abstinences, dans le but d'obtenir de dignes Ministres de la Parole et des Sacrements, et de véritables Pasteurs du peuple chrétien.

En l'Office des Matines, l'Eglise ne lit rien aujourd'hui du prophète Isaie ; elle se contente de rappeler le passage de l'Evangile de saint Luc dans lequel est racontée l'Annonciation de la Sainte Vierge, et lit ensuite un fragment du Commentaire de saint Ambroise sur ce même passage.

Le choix de cet Evangile, qui est le même que celui de la Messe, selon l'usage de toute l'année, a donné une célébrité particulière au Mercredi de la troisième semaine de l'Avent. On voit, par d'anciens Ordinaires à l'usage de plusieurs Eglises insignes, tant Cathédrales qu'Abbatiales, que l'on transférait les fêtes qui tombaient en ce Mercredi ; qu'on ne disait point ce jour-là, à genoux, les prières fériales ; que l'Evangile Missus est, c'est-à-dire de l'Annonciation, était chanté à Matines par le Célébrant revêtu d'une chape blanche, avec la croix, les cierges et l'encens, et au son de la grosse cloche ; que, dans les Abbayes, l'Abbé devait une homélie aux Moines, comme aux fêtes solennelles. C'est même à cet usage que nous sommes redevables des quatre magnifiques Sermons de saint Bernard sur les louanges de la Sainte Vierge, et qui sont intitulés : Super Missus est.


Vision de saint Bernard.
Pietro di Cristoforo Vannucci : Le Pérugin. XVIe.

Fin de la première homélie Super Missus est de saint Bernard :

[...] Ô homme, apprends à obéir, terre et poussière apprends à plier et à te soumettre. En parlant de ton Créateur, l'Evangéliste dit : " et il leur était soumis ", c'est-à-dire à Marie et à Joseph. Rougis donc, Ô cendre orgueilleuse ! Un Dieu s'abaisse et toi tu t'élèves ! Un Dieu se soumet aux hommes, et toi, non content de dominer tes semblables, tu vas jusqu'à te préférer à ton Créateur ? Ah ! Pussé-je, si jamais je suis dans ces dispositions, avoir la grâce que Dieu lui-même me dise comme il le fit un jour, mais sur le ton du reproche, à son Apôtre :
" Retirez-vous de moi, Satan, car vous ne goûtez point les choses de Dieu." (Matth., XVI, 23).

En effet, toutes les fois que j'ambitionne de commander aux hommes, je veux m'élever au dessus de Dieu même, et il est vrai de dire alors que je ne goûte point les choses de Dieu, car c'est de lui qu'il est dit : " et il leur était soumis ". Ô homme, si tu ne trouves pas qu'il soit digne de toi de prendre modèle sur un de tes semblables, certainement il l'est de marcher du moins sur les pas de ton Créateur. Si tu ne peux le suivre partout où il va, daigne au moins le suivre partout oit il condescend à ta bassesse. C'est-à-dire si tu ne peux t'engager dans les sentiers élevés de la virginité, suis au moins Dieu dans les voies parfaitement sûres de l'humilité, dont les vierges mêmes ne peuvent s'écarter, à vrai dire, et continue de suivre l'Agneau partout où il va. Sans doute, celui qui a perdu son innocence, s'il est humble ; l'orgueilleux s'il a conservé sa pureté, suivent l'Agneau ; mais ils ne le suivent point partout où il va.

En effet, le premier ne peut s'élever à la pureté de l'Agneau sans tache, et le second ne saurait descendre à la douceur de Celui qui a gardé le silence, non-seulement devant celui qui le dépouillait de sa toison, mais même sous la main de celui qui le mettait à mort. Toutefois, le pécheur a pris, pour marcher sur ses pas, en suivant les sentiers de l'humilité, un chemin plus sûr que l'homme qui, dans sa virginité, suit les voies de l'orgueil, car l'humilité de l'un le purifiera de ses souillures, tandis que l'orgueil de l'autre ne peut manquer de souiller sa pureté.

Mais heureuse est Marie, à qui ni l'humilité ni la virginité n'ont fait défaut. Et quelle virginité que celle que la fécondité a rendue plus éclatante au lieu de la flétrir. De même quelle incomparable fécondité que celle que la virginité et l'humilité accompagnent. Y a-t-il là quelque chose qui ne soit point admirable ? Qui ne soit point incomparable ? Qui ne soit point unique ? Je serais bien surpris si vous n'étiez embarrassé pour décider en y réfléchissant lequel des deux est le plus étonnant de voir une vierge féconde ou une mère demeurant vierge ; et ce qu'on doit plus admirer de cette sublime fécondité ou de cette humilité dans une elle élévation ; ou plutôt si vous ne préfériez sans hésiter toutes ces choses réunies, à chacune d'elles en particulier, et si vous ne regardiez comme incomparablement meilleur et préférable de les posséder toutes, que de ne posséder que l'une ou l'autre d'elles.

Après tout je serais bien surpris si le Dieu que les saintes Lettres nous montrent et que nous voyons nous-mêmes admirable dans ses saints (Psalm., LXVII, 36), ne s'était pas surpassé dans sa mère. Ô vous qui êtes mariés, respectez la pureté dans une chair corruptible ; mais vous, Ô vierges sacrées, admirez la fécondité dans une Vierge : enfin nous tous ô hommes admirons l'humilité de la Mère de Dieu. Anges saints, honorez la Mère de votre Roi, vous qui adorez le Fils de notre Vierge, qui est en même temps notre roi et le vôtre, le réparateur de notre race et l'architecte de votre cité. A ce Dieu si humble parmi nous si grand au milieu de vous, rendons également les uns et les autres les hommages qui lui sont dus. Honneur et gloire soient rendus à sa grandeur, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il."


Vision de saint Léon. Ta'amra Mâryâm. Ethiopie. XVIIe.

Rappels sur le jeûne et l'abstinence :

Le jeûne :
C'est ne faire qu'un repas complet par jour. On peut prendre une légère collation, le matin et le soir.

L'abstinence :
C'est s'abstenir de viande et de jus de viande.

Aliments défendus :
- La viande, les produits laitiers, les oeufs, bien sûr les friandises et ces choses dont nul n'a besoin pour vivre.
- Pas d'alcool non plus en ce jour béni, ni de ces boissons sucrées dont nul n'a besoin pour vivre.

Repas conseillé :
- Eau, pain, soupe.

Jours de jeûne et d'abstinence :
- Obligatoires (de 21 à 60 ans) sous peine de péché mortel : mercredi des Cendres, vendredi Saint, vigile de l'Immaculée Conception de la très sainte Vierge Marie (7 décembre), Vigile de Noël (24 décembre).
- Outre ces 4 jours, l'Eglise désire que tous ceux qui le peuvent observent l'ancienne discipline : jeûne tous les jours du Carême (du mercredi des Cendres au samedi Saint, sauf les dimanches) ; les jours des Quatre-Temps ; les vigiles de la Pentecôte et de la Toussaint.

Jours d'abstinence :
- Obligatoire (dès l'âge de 7 ans) sous peine de péché mortel : tous les vendredis de l'année.
- Outre les vendredis, l'Eglise désire que tous ceux qui le peuvent observent l'ancienne discipline : abstinence les samedis de Carême, les jours des Quatre-Temps, les vigiles de la Pentecôte et de la Toussaint.

Le jeûne eucharistique :
Avec la Sainte Communion, il est obligatoire de s'abstenir, sous peine de péché mortel :
- pendant 3 heures, de toute nourriture solide et de toute boisson alcoolisée,
- pendant 1 heure, de toute boisson non alcoolisée..
L'eau et les vrais médicaments peuvent être pris sans limite de temps.

Par respect pour le Saint Sacrement, l'Eglise désire que tous ceux qui le peuvent observent l'ancienne discipline : ne rien manger ni boire depuis minuit.

" Si vous m'aimez, gardez mes commandements." (Saint Jean, XIV,15.).

Extraits du catéchisme de Saint Pie X :

Q. Que nous ordonne le second précepte de l’Eglise par les mots : Jeûner aux jours commandés ?
R. Le second précepte de l’Eglise par les mots : Jeûner aux jours commandés nous ordonne de jeûner :
1. pendant le Carême ;
2. à certains jours de l’Avent, là où le jeûne est prescrit ;
3. aux Quatre-Temps ;
4. à certaines vigiles.

Q. En quoi consiste le jeûne ?
R. Le jeûne consiste à ne faire qu’un seul repas par jour et à s’abstenir des aliments défendus.

Q. Aux jours de jeûne, peut-on faire le soir une petite collation ?
R. Par une condescendance de l’Eglise on peut, les jours de jeûne, faire le soir une petite collation.

Q. A quoi sert le jeûne ?
R. Le jeûne sert à mieux nous préparer à la prière, à faire pénitence des péchés commis, et à nous préserver d’en commettre de nouveaux.

Q. Qui est obligé au jeûne ?

R. Sont obligés au jeûne tous les chrétiens qui ont vingt-et-un ans accomplis, et qui ne sont ni dispensés ni excusés par un empêchement légitime.

Q. Ceux qui ne sont pas obligés au jeûne sont-ils absolument dispensés de toute mortification ?

R. Ceux qui ne sont pas obligés au jeûne ne sont pas absolument dispensés de toute mortification, parce que nous sommes tous obligés à faire pénitence.

Q. Dans quel but a été institué le jeûne de l’Avent ?
R. Le jeûne de l’Avent a été institué pour nous disposer à célébrer saintement la fête de Noël.

Q. Dans quel but a été institué le jeûne des quatre-temps ?
R. Le jeûne des quatre-temps a été institué :
- pour consacrer chaque saison de l’année par une pénitence de quelques jours ;
- pour demander à Dieu la conservation des fruits de la terre ;
- pour le remercier des fruits qu’il nous a déjà donnés ;
- pour le prier de donner à son Eglise de saints ministres, dont l’ordination est faite les samedis des quatre-temps.

Q. Dans quel but a été institué le jeûne des vigiles ?
R. Le jeûne des vigiles a été institué pour nous préparer à célébrer saintement les fêtes principales.

Q. Qu’est-ce qui nous est défendu le vendredi, et les samedis où il n’y a pas de dispense ?

R. Le vendredi et les samedis où il n’y a pas de dispense, il nous est défendu de manger de la viande, sauf en cas de nécessité.

Q. Pourquoi l’Eglise a-t-elle voulu que nous nous abstenions ces jours-là de manger de la viande ?

R. Afin que nous fassions pénitence chaque semaine, et surtout le vendredi en l’honneur de la Passion, et le samedi en souvenir de la sépulture de Jésus-Christ, et en l’honneur de la très sainte Vierge Marie.

18 décembre. " O Adonai ".

- " O Adonai ".

" O Adonaï, et dux domus Israël , qui Moysi in igne flammae rubi apparuisti, et ei in Sina legem dedisti : veni ad redimendum nos in brachio extento."

" Ô Adonaï, Seigneur, chef de la maison d'Israël, qui avez apparu à Moïse, dans la flamme du buisson ardent, et lui avez donné la loi sur le Sinaï ; venez nous racheter dans la force de votre bras."


Statuette votive de la Très Sainte Trinité. Art franc du XVe.

PRIERE

" Ô Seigneur suprême ! Adonaï ! Venez nous racheter, non plus dans votre puissance, mais dans votre humilité. Autrefois vous vous manifestâtes à Moïse, votre serviteur, au milieu d'une flamme divine ; vous donnâtes la Loi à votre peuple du sein des foudres et des éclairs : maintenant il ne s'agit plus d'effrayer, mais de sauver. C'est pourquoi votre très pure Mère Marie ayant connu, ainsi que son époux Joseph, l'Edit de l'Empereur qui va les obliger d'entreprendre le voyage de Bethléhem, s'occupe des préparatifs de votre heureuse naissance. Elle apprête pour vous, divin Soleil, les humbles langes qui couvriront votre nudité, et vous garantiront de la froidure dans ce monde que vous avez fait, à l'heure où vous paraîtrez, au sein de la nuit et du silence. C'est ainsi que vous nous délivrerez de la servitude de notre orgueil, et que votre bras se fera sentir plus puissant, alors qu'il semblera plus faible et plus immobile aux yeux des hommes. Tout est prêt, Ô Jésus ! Vos langes vous attendent : partez donc bientôt et venez en Bethléhem, nous racheter des mains de notre ennemi."

mardi, 17 décembre 2024

17 décembre. Saint Lazare de Béthanie, Ier évêque de Marseille et martyr. Ier siècle.

- Saint Lazare de Béthanie, Ier évêque de Marseille et martyr. Ier siècle.

Pape : Saint Clément Ier. Empereur romain : Domitien.

" Fortis ligatum mors tenet,
Sed fortior dilectio.
Amore victa mors fugit,
Vitamque vita contulit."

" Dans les formidables étreintes de la mort,
Lazare gémissait captif ;
Plus fort que la mort, l'amour a vaincu sa rivale,
Et une vie nouvelle, puisée à la source même de la vie est venue ranimer cette victime de la mort."
Propre de Marseille.


La résurrection de saint Lazare. Sebastiano Luciani del Piombo. XVIe.

L'Evangile renferme un grand nombre de récit pleins de grandeur et de simplicité : nous ne sachions pas qu'il en soit de plus calme et de plus puissant, de plus familier et de plus divin, que celui de la résurrection de Lazare, l'ami de Jésus.

" Il y avait un malade appelé Lazare, qui était du bourg de Béthanie, où demeuraient Marie (Marie-Madeleine) et sa soeur Marthe. C'était cette Marie qui avait répandu des parfums sur le Seigneur et qui lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade était son frère.

Les deux soeurs envoyèrent donc vers Jésus :
" Seigneur, lui mandèrent-elles, celui que vous aimez est malade."
"Cette maladie ne va point à la mort, répondit Jésus à cette nouvelle ; mais elle advient pour la gloire de Dieu, c'est-à-dire afin que le fils de Dieu soit glorifié par son moyen."


Résurrection de saint Lazare. Fleur des histoires. Jean Mansel. XVe.

Or Jésus aimait Marthe, et Marie sa soeur, et Lazare. Et pourtant, lorsqu'il eut appris qu'il était malade, il demeura, malgré cela, encore deux jours dans le lieu où il était. Après avoir laissé écouler ce laps de temps :
" Retournons en Judée, dit-il à ses disciples.
- Maître, lui répondirent-ils, les Juifs vous cherchaient pour vous lapider, et vous voulez de nouveau aller vous mettre entre leurs mains ?"
" N'y a-t-il pas douze heures au jour ? Luer répartit Jésus. Si quelqu'un marche durant le jour, il ne trébuche point parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais s'il marche pendant la nuit, il trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui."


Grandes heures d'Anne de Bretagne. Jean Bourdichon. XVe.

Puis il ajouta :
" Notre ami Lazare dort ; mais je vais pour le secouer de son sommeil."
"Seigneur, lui dirent alors les disciples, s'il dort, il sera sauvé."
Mas Jésu avait parlé de sa mort ; et ils crurent qu'il parlait du sommeil ordinaire.
Alors Jésus expliqua ouvertement :
" Lazare est mort, et je me félicite à cause de vous, de ne m'être point trouvé là-bas, afin que vous croyiez. Maintenant, allons vers lui."
Sur ce mot, Thomas, surnommé Didyme, s'adressant aux autres disciples :
" Et nous aussi allons ! Et nous aussi allons ! Afin de mourir avec lui !"

" Jésus étant arrivé, il trouva Lazare enseveli depuis quatre jours dans le tombeau. Et, comme Béthanie n'était éloignée de Jérusalem que d'environ quinze stades, beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie pour les consoler au sujet de la perte de leur frère. Marthe, dès qu'elle eût apprit que Jésus arrivait, courut au-devant de lui, cependant que Marie demeurait à la maison.
" Seigneur, dit Marthe Jésus, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait point mort ; mais je sais que, même en ce moment, tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l'accordera."
Jésus lui répondit :
" Votre frère ressuscitera.
- Oui, je sais qu'il ressuscitera à la résurrection du dernier jour.
- Je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et pour toujours ne mourra point, quiconque vit et croit en moi. Croyez-vous en cela ?
- Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant qui est venu en ce monde."


La résurrection de saint Lazare. Petrus Christus. XVe.

Ayant dit ces paroles, elle s'éloigne et va appeler sa soeur :
" Le Maître est là, et il te demande, lui dit-elle tout bas."
A ces mots, Marie se lève précipitemment et va vers Jésus ; car il n'était pas encore entré dans la bourgade, et se trouvait toujours en ce même endroit où Marthe l'avait rencontré.

" Cependant, les Juifs qui étaient avec Marie dans la même maison et la consolaient, l'ayant vue se lever si vite et partir, la suivirent.
" Elle va sans doute pleurer au tombeau, dirent-ils."
A peine arrivée à l'endroit où était Jésus, Marie, l'apercevant, se précipita à ses pieds.
" Seigneur, dit-elle, si vous eussiez été ici, mon frère ne serait point mort."
Jésus, la voyant pleurer, et les Juifs venus avec elle pleurer aussi, fut saisit par le frémissement de l'Esprit et se troubla lui-même.
" Où l'avez-vous déposé ?
- Venez et voyez."
Et Jésus pleura.
Les Juifs dirent alors :
" Voyez combien il l'aimait !"
" Eh quoi ! Reprenaient cependant quelques-uns d'entre eux, ne pouvait-il donc pas empêcher qu'il mourût, lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle-né ?"


La résurrection de saint Lazare. Maître de Coetivy. XVe.

" Jésus donc, frémissant à nouveau en lui-même, vint au sépulcre. C'était une caverne dont l'entrée était fermée par une pierre tumulaire. Jésus dit alors :
" Otez la pierre !
" Seigneur, lui dit Marthe, il sent déjà mauvais, car il est mort depuis quatre jours.
- Ne vous ai-je pas assuré que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ?"
Et ils otèrent la pierre.

Alors Jésus, élevant les yeux vers le ciel :
" Mon Père, je vous rends grâce de ce que vous m'avez écouté. Pour moi, je savais bien que vous m'écoutez toujours ; mais je parle ainsi à cause de ce peuple qui m'environne, afin que l'on ait foi que c'est vous qui m'avez envoyé."
Et, ayant dit ces paroles, il cria à pleine voix :
" Lazare, sors du tombeau !"
Et soudain le mort se leva et apparut. Ses pieds et ses mains étaient liés par des bandelettes, et son visage enveloppé du suaire.
" Déliez-le et laissez-le aller, dit Jésus."
Alors, plusieurs des Juifs qui étaient venus voir Marthe et Marie, et qui se trouvait témoin de ce que Jésus avait fait, crurent en lui."


La résurrection de saint Lazare. Pseudo-Monvearni. XVe.

En rappelant Lazare à la vie, Jésus voulait bien moins conserver un ami que se ménager un propagateur zélé de ses sublimes enseignements. La vocation du nouvel élu était miraculeuse, et il ne devait point y faiblir ; aussi bien la persécution est l'épreuve ordinaire des vocations élevées : elle ne manqua point à l'ami de Jésus. Dix ans environ après l'Ascension de Notre Seigneur Jésu-Christ, Lazare fut jeté par les Juifs sur un vaisseau sans voiles et sans rames, avec ses soeurs Marthe et Marie-Madeleine, avec sainte Marcelle, saint Maximin et d'autres Chrétiens.

Exposée ainsi sans ressources à la merci des flots, cette frêle embarcation devait, dans l'esprit des Juifs, sombrer à quelques pas du rivage et engloutir avec elle toutes les espérances de la troupe naissante des fidèles.

Mais les méchants furent déçus et le vaisseau qu'ils avaient voués au naufrage, conduit par la main de Celui qui avait dirigé l'Arche de Noé, aborda heureusement sur la terre hospitalière de Provence. Marseille lui ouvrit son port, et acclama Lazare son évêque.


Saint Lazare arrivant en Provence avec ses soeurs sainte Marthe
et sainte Marie-Madeleine, sainte Marcelle et saint Maximin.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Le nouvel apôtre planta sur cette terre le drapeau de la foi, et autour de cet étendard du Christ, il travailla pendant trente années entières à réunir une foule compacte de néophytes. Le paganisme s'effraya des progrès de l'Evangile, et les infidèles s'étant emparés de la personne de Lazare, le conduisirent devant le juge de la ville. Celui-ci le somma de sacrifier sur-le-champ aux idoles : s'il refusait, il lui faudrait mourir. Le vénérable vieillard répondit qu'il était serviteur de Jésus-Christ, par lequel il avait déjà été ressuscité une fois, et qu'il ne reconnaitrait jamais d'autre Dieu que lui, avec son Père, Créateur de toutes choses. Cette confession si généreuse mérita au bienheureux apôtre la palme du martyre.

On lui déchira le corps avec des peignes de fer, on jeta sur ses épaules une cuirasse de fer embrasée, on le coucha violemment, pour être rôti, sur un gril rouge de feu, sur sa poitrine on décocha plusieurs flèches qui néanmoins furent impuissantes à pénétrer les chairs ; enfin, sa tête roula sous le glaive du bourreau.


La résurrection de saint Lazare. Pierre-Paul Rubens. XVIIe.

On représente saint Lazare :
1. sortant du tombeau à la voix de Notre Seigneur Jésus-Christ ;
2. en costume épiscopal, tenant sur la main une petite bière qui rappelle sa résurrection ;
3. en groupe avec ses deux soeurs Marthe et Marie-Madeleine ;
4. abandonné sur la mer dans un vaisseau désempara.

Saint Lazare est le patron, notamment, de Marseille, d'Autun, d'Avallon et de Carcassonne.

Rq : On lira avec fruit et passion la notice consacrée à saint Lazare par Mgr Gaume dans le tome Ier  (pp 392 et suiv.) de ses " Biographies évangéliques " en téléchargeant ce monument d'érudition sur le site de la bibliothèque Saint-Libère : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=182

08:05 Publié dans L | Lien permanent | Commentaires (2)

17 décembre. " O Sapientia ". Commencement des Grandes Antiennes.

- " O Sapientia ". Commencement des Grandes Antiennes.


La Très Sainte Trinité. Bréviaire à l'usage de Paris. XVe.

COMMENCEMENT DES GRANDES ANTIENNES

L'Eglise ouvre aujourd'hui la série septenaire des jours qui précèdent la Vigile de Noël, et qui sont célèbres dans la Liturgie sous le nom de Féries majeures. L'Office ordinaire de l'Avent prend plus de solennité ; les Antiennes des Psaumes, à Laudes et aux Heures du jour, sont propres au temps et ont un rapport direct avec le grand Avènement. Tous les jours, à Vêpres, on chante une Antienne solennelle qui est un cri vers le Messie, et dans laquelle on lui donne chaque jour quelqu'un des titres qui lui sont attribués dans l'Ecriture.

Le nombre de ces Antiennes, qu'on appelle vulgairement les " O " de l'Avent, parce qu'elles commencent toutes par cette exclamation, est de sept dans l'Eglise romaine, une pour chacune des sept Féries majeures, et elles s'adressent toutes à Jésus-Christ. D'autres Eglises, au moyen âge, en ajoutèrent deux autres : une à la Sainte Vierge, " O Virgo Virginum !", et une à l'Ange Gabriel, " O Gabriel !", ou encore à saint Thomas, dont la fête tombe dans le cours des Fériés majeures. Cette dernière commence ainsi : " O Thomas Didyme !". Elle est plus moderne ; mais à partir du XIIIe siècle elle remplaça presque universellement celle : " O Gabriel !".

Il y eut même des Eglises qui portèrent jusqu'à douze le nombre des grandes Antiennes, en ajoutant aux neuf dont nous venons de parler, trois autres, savoir : une au Christ, " O Rex pacifice !", une seconde à la Sainte Vierge, " O mundi Domina !", et enfin une dernière en manière d'apostrophe à Jérusalem, " O Hierusalem !".

L'instant choisi pour faire entendre ce sublime appel à la charité du Fils de Dieu, est l'heure des Vêpres, parce que c'est sur le Soir du monde, vergente mundi vespere, que le Messie est venu. On les chante à Magnificat, pour marquer que le Sauveur que nous attendons nous viendra par Marie. On les chante deux fois, avant et après le Cantique, comme dans les fêtes Doubles, en signe de plus grande solennité ; et même l'usage antique de plusieurs Eglises était de les chanter trois fois, savoir : avant le Cantique lui-même, avant Gloria Patri, et après Sicut erat.

Enfin, ces admirables Antiennes, qui contiennent toute la moelle de la Liturgie de l'Avent, sont ornées d'un chant plein de gravité et de mélodie ; et les diverses Eglises ont retenu l'usage de les accompagner d'une pompe toute particulière, dont les démonstrations toujours expressives varient suivant les lieux. Ajoutons en toute fin que la deuxième lettre de chacune de ces sept antiennes  forment un acrostiche en partant de celle qui précède la venue du Sauveur, " ERO CRAS " qui signifie littéralement en latin " JE SERAI DEMAIN ".

Entrons dans l'esprit de l'Eglise et recueillons-nous, afin de nous unir, dans toute la plénitude de notre cœur, à la sainte Eglise, lorsqu'elle fait entendre à son Epoux ces dernières et tendres invitations, auxquelles il se rend enfin.

PREMIÈRE ANTIENNE

" O Sapientia, quae ex ore Altissimi prodiisti, attingens a fine usque ad finem fortiter, suaviterque disponens omnia : veni ad docendum nos viam prudentiae."

" O Sagesse, qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut , qui atteignez d'une extrémité à l'autre, et disposez toutes choses avec force et douceur : venez nous apprendre les voies de la prudence."


La Très Sainte Trinité. Agnolo Gaddi. XIVe.

" O Sagesse incréée qui bientôt allez vous rendre visible au monde, qu'il apparaît bien en ce moment que vous disposez toutes choses ! Voici que, par votre divine permission, vient d'émaner un Edit de l'empereur Auguste pour opérer le dénombrement de l'univers. Chacun des citoyens de l'Empire doit se faire enregistrer dans sa ville d'origine. Le prince croit dans son orgueil avoir ébranlé à son profit l'espèce humaine tout entière. Les hommes s'agitent par millions sur le globe, et traversent en tous sens l'immense monde romain ; ils pensent obéir à un homme, et c'est à Dieu qu'ils obéissent. Toute cette grande agitation n'a qu'un but : c'est d'amener à Bethléhem un homme et une femme qui ont leur humble demeure dans Nazareth de Galilée ; afin que cette femme inconnue des hommes et chérie du ciel, étant arrivée au terme du neuvième mois depuis la conception de son fils, enfante à Bethléhem ce fils dont le Prophète a dit : " Sa sortie est dès les jours de l'éternité ; Ô Bethléhem ! Tu n'es pas pas la moindre entre les mille cités de Jacob ; car il sortira aussi de toi ".

Ô Sagesse divine ! que vous êtes forte, pour arriver ainsi à vos fins d'une manière invincible quoique cachée aux hommes ! que vous êtes douce, pour ne faire néanmoins aucune violence à leur liberté! mais aussi, que vous êtes paternelle dans votre prévoyance pour nos besoins ! Vous choisissez Bethléhem pour y naître, parce que Bethléhem signifie la Maison du Pain. Vous nous montrez par là que vous voulez être notre Pain, notre nourriture, notre aliment de vie. Nourris d'un Dieu, nous ne mourrons plus désormais. Ô Sagesse du Père, Pain vivant descendu du ciel, venez bientôt en nous, afin que nous approchions de vous, et que nous soyons illuminés de votre éclat ; et donnez-nous cette prudence qui conduit au salut."


La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste. José Vergara. XVIIIe.

PRIERE POUR LE TEMPS DE L’AVENT

D'après le bréviaire Mozarabe, IVe dimanche de l’Avent, oraison :

" Ô Christ, Fils de Dieu, né d'une Vierge en ce monde, vous qui ébranlez les royaumes par la terreur de votre Nativité, et contraignez les rois à l'admiration : donnez-nous votre crainte qui est le commencement de la sagesse ; afin que nous y puissions fructifier et vous présenter en hommage un fruit de paix. Vous qui, pour appeler les nations, êtes arrivé avec la rapidité d'un fleuve, venant naître sur la terre pour la conversion des pécheurs, montrez-nous le don de votre grâce, afin que toute frayeur étant bannie, nous vous suivions toujours dans le chaste amour d'une intime charité. Amen."

lundi, 16 décembre 2024

16 décembre. Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.

- Saint Eusèbe, évêque de Verceil, confesseur. 370.

Pape : Saint Damase Ier. Empereur romain d'Occident : Valentinien Ier. Empereur romain d'Orient : Valens.

" Avec l'austérité du jeûne, il gouvernait son Eglise."
Saint Ambroise de Milan.

" Les pasteurs doivent exhorter les fidèles à ne pas considérer les villes du monde comme leur demeure stable, mais à chercher la Cité future, la Jérusalem du Ciel définitive."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.

" Je vous recommande chaudement de conserver la foi avec le plus grand soin, de préserver la concorde, d'être assidus dans la prière."
Saint Eusèbe de Verceil. Ep. secunda.


Les Ariens lapidant saint Eusèbe de Verceil.
Bréviaire romain. Auvergne. XVe.

Né en Sardaigne, d'une famille noble - fils de sainte Restitute -, saint Eusèbe se retira en Italie après la mort de son père et fit ses études à Verceil (alors sous l'autorité de l'intendance de Novare). Il se distingua tellement dans le clergé de cette ville, que, le siège épiscopal étant venu à vaquer, il fut élu à l'unanimité pour le remplir.

Le nouvel évêque s'appliqua de tout son pouvoir à former de dignes ministres de Notre Seigneur Jésus-Christ. Sa conduite fut justifiée par le succès : plusieurs églises voulurent être gouvernées par ses disciples, et l'on vit sortir de son clergé un grand nombre de saints prélats aussi reccommandables par leurs vertus que par leurs lumières.


Verceil se situe à la frontière du Piémont et de la Savoie.

Saint Eusèbe s'était déjà acquis une haute réputation de sainteté : celle-ci allait être éprouvée par les persécutions. En 355 se tint à Milan un concile où plusieurs Catholiques, intimidés par les menaces de l'empereur Constance et les fureurs des Ariens, signèrent la sentence qui fut pronocée par les hérétiques contre saint Athanase d'ALexandrie. Notre saint résista ouvertement à l'empereur et lui reprocha hautement son impiété. Constance répondit par des violences : saint Eusèbe fut exilé à Scythopolis, en Palestine ; plus tard, on le transféra en Cappadoce, et quelques temps après, il fut conduit dans la Haute-Thébaïde. En ces différents endroits, les Ariens l'accablèrent d'outrages et lui firent souffrir les plus cruels traitements dont une lapidation pendant laquelle notre saint ne fléchit jamais.


Baptême de saint Eusèbe de Verceil par le pape saint Sylvestre (?).
Avec le pape saint Libère. Avec une pénitente.
Speculum historiale. V. de Beauvais. XVe.

Cependant, l'heure de la délivrance vint à sonner. Constance étant mort en 361, Julien l'Apostat permit à l'illustre exilé de retourner dans son diocèse : il revint en effet, et l'Italie quitta ses habits de deuil. Eusèbe ne resta pas inactif : de concert avec saint Hilaire de Poitiers, il dépensa tout son zèle à combattre l'Arianisme dans ses derniers retranchements. Enfin, rempli de jours et de mérites, il s'endormit plein d'espérance dans le Seigneur, le 1er août 370.

On garde dans la cathédrale de Verceil la châsse qui renferme ses précieuses reliques.


Cathédrale Saint-Eusèbe de Verceil.

Il ne nous reste des écrits de saint Eusèbe que deux lettres, adressées, l'une à son Eglise, pendant son exil à Scythopolis ; l'autre à Grégoire, évêque d'Elvire, rédigée dans son exil en Haute-Thébaïde. Il y exhorte Grégoire à s'opposer courageusement à Osius, qui avait eu le malheur de tomber dans l'hérésie, ainsi qu'à tous ceux qui avaient abandonné la foi de l'Eglise, et (exhorte) de ne point craindre la puissance des princes. Ces deux lettres se trouvent dans les Annales de Baronius et dans le tome XII de la Patrologie de M. l'abbé Migne.

On trouve aussi, dans la même Patrologie un traîté sur la Très Sainte Trinité, De Sanctissima Trinitate Confessio, attribué à notre saint évêque.

PRIERE

" Athlète invincible du Christ que nous attendons, Eusèbe, Martyr et Pontife, que vos fatigues et vos souffrances pour la cause de ce divin Messie ont été grandes ! Elles vous ont cependant paru légères, en comparaison de ce qui est dû à ce Verbe éternel du Père, que son amour a porté à devenir, par l'Incarnation,le serviteur de sa créature. Nous avons, envers ce divin Sauveur, les mêmes obligations que vous. C'est pour nous qu'il va naître d'une Vierge aussi bien que pour vous ; priez donc, afin que notre cœur lui soit toujours fidèle dans la guerre comme dans la paix, en face de nos tentations et de nos penchants, comme s'il s'agissait de le confesser devant les puissances du monde. Fortifiez les Pontifes de la sainte Eglise, afin que nulle erreur ne puisse tromper leur vigilance, nulle persécution lasser leur courage. Qu'ils soient fidèles imitateurs du souverain Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qu'ils paissent toujours le troupeau dans l'unité et la charité de Jésus-Christ."

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dimanche, 15 décembre 2024

IIIe dimanche de l'Avent.

- IIIe dimanche de l'Avent.

Extraits de L'année liturgique de dom Prosper Guéranger :



Saint Jean-Baptiste. Paolo Veneziano. XIVe.

La joie de l'Eglise s'accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu'il approche, et elle croit pouvoir tempérer l'austérité de cette carrière de pénitence par l'innocente allégresse des pompes religieuses. D'abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l'orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l'Evoque assiste, paré de la mitre précieuse.

Admirable condescendance de l'Eglise, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd'hui, à cause de l'approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu'il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore.

La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l'asile universel du peuple chrétien ; il convient qu'il soit témoin des joies comme des tristesses de l'Eglise. L'Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l'Eglise ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d'allégresse; tous les jours, jusqu'à la Vigile de Noël, elle ouvre les Nocturnes par ces grandes paroles :

" Prope est jam Dominus : venite, adoremus."
" Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le."


Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Eglise, du Prophète Isaïe. Chap. XXVI :

" En ce jour-là on chantera ce cantique en la terre de Juda : Sion est la ville de notre force : le Sauveur en sera la muraille et le rempart. Ouvrez les portes et qu'un peuple juste y entre, un peuple observateur de la vérité. L'erreur ancienne est passée : vous nous conserverez la paix ; la paix, car nous avons espéré en vous. Vous avez mis à jamais votre espérance dans le Seigneur, dans le Seigneur Dieu, toujours invincible ; car il abaissera ceux qui sont dans l'élévation, il humiliera la cité superbe. Il l'humiliera jusqu'en terre, il la fera descendre jusqu'à la poussière. Le pied la foulera, le pied des pauvres, le pas de l'indigent. Le sentier du juste est droit, le chemin où il marche est sans détour : aussi nous vous avons attendu, Seigneur, dans le sentier de votre justice ; votre Nom et votre souvenir sont les délices de l'âme. Mon âme vous a désiré pendant la nuit, et je m'éveillerai vers le point du jour, pour m'occuper de vous dans mon esprit et dans mon cœur."

Ô sainte Eglise Romaine, Cité de notre force ! Nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t'éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c'est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d'enceinte ; car c'est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c'est par lui que les puissances de l'enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s'oppose à la foi finir bientôt, et la paix s'étendre sur tout le troupeau !

Ô sainte Eglise Romaine ! tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d'orgueil. Où sont les Césars qui crurent t'avoir noyée dans ton propre sang ? Où sont les Empereurs qui voulurent forcer l'inviolable virginité de ta foi ? Où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s'attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? Où sont les princes ingrats qui tentèrent de t'asservir, toi qui les avais faits ce qu'ils étaient ? Où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l'orgueil de ses conquêtes ? Où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? Où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n'étais plus qu'un fantôme impuissant et vermoulu ? Où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l'Eglise, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Eglise Romaine, assise sur la pierre inébranlable.


Saint Jean-Baptiste. Luca di Tommè. XIVe.

Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n'as cessé de l'être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n'éclaire que les variations de l'humanité. D'où te vient cette solidité, si ce n'est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t'apporte de nouveaux dons, pour t'aider à achever le pèlerinage ; et jusqu'à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l'objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l'Epoux. Nous prions avec toi, Ô notre Mère ! Et nous disons : " Venez, Seigneur Jésus !" Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous réveillons pour songer à vous.

A LA MESSE

Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l'Apôtre :

INTROÏT

" Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications."
Ps. Seigneur, vous avez béni la terre qui est à vous ; vous avez ramené Jacob de la captivité,
V/. Gloire au Père, ...


Saint Jean-Baptiste. Hans Memling. XVe. 

EPITRE

Lecture de l'Epître de saint Paul, Apôtre, aux Philippiens. Chap. IV.

" Mes Frères, réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur; je vous le dis encore : réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tout le monde: le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications accompagnées d'actions de grâces. Et que la paix de Dieu, laquelle est au-dessus de toutes nos pensées, garde vos cœurs et vos intelligences, en Jésus-Christ notre Seigneur."


Nous devons, en effet, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l'Apôtre s'accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l'un et l'autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche; il est proche de son Eglise ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d'un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l'Apôtre.

GRADUEL

Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Eglise, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d'abord avec elle :

" Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez.
V/. Ecoutez-nous, Ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis.
Alleluia, alleluia.
V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alleluia."

EVANGILE

Suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. I.



Prédication de saint Jean-Baptiste. Filippo d'Angeli. XVIIe. 

" En ce temps-là, les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour lui demander :
" Qui êtes-vous ?"
Et il confessa, et il ne nia pas ; et il confessa qu'il n'était pas le Christ.
Et ils l'interrogèrent de nouveau, disant :
" Quoi donc ? Êtes-vous Elie ?"
Et il leur dit :
" Je ne le suis point."
- Etes-vous prophète ?
Et il répondit :
" Non."
Ils lui dirent donc :
"Qui êtes-vous, afin que nous puissions rendre réponse a ceux qui nous ont envoyés ? Que dites-vous de vous-même ?
- Je suis, dit-il, la voix qui crie dans le désert : " Rendez droites les voies du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe."
Or, ceux qu'on lui avait envoyés étaient Pharisiens. Et ils l'interrogèrent, et ils lui dirent :
" Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n'êtes ni le Christ, ni Elie, ni prophète ?
Jean leur fit cette réponse, disant :
" Pour moi, je baptise dans l'eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ignorez. C'est celui-là même qui doit venir après moi, et qui est avant moi : et je ne suis pas digne de délier les cordons de sa chaussure."
Ces choses se passèrent en Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait."


" Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas ", dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n'être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l'Eglise et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l'arrivée de l'Epoux ; mais il est entouré d'hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s'il n'était pas.

Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l'Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l'arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l'aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? Les collines songent-elles à s'abaisser ? La cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l'attente du divin Enfant, nous les conjurerions d'ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d'une visite qui sera pour eux, dans le temps, l'objet d'une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. Ô Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d'abondance encore; forcez-les d'entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : " Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas ".

15 décembre. Sainte Chrétienne, vierge et esclave, apôtre des Ibériens. 309.

- Sainte Chrétienne, ou Christiane, ou Nina ou Ninon, vierge et esclave, apôtre des Ibériens. 309.

Papes : Saint Marcel Ier (+ 309) ; saint Eusèbe Ier. Empereur romain d'Orient : Maximin II Daïa (+ 310) . Empereur romain d'Occident : Constantin Ier. Roi d'Ibérie (Géorgie) : Mirian III.

" Etonnante est la puissance de la prière."
Saint Bonaventure.

Sainte Chrétienne ou Nina. Icone du XXe.

Parmi les industries dont la sagesse divine s'est servie pour convertir les peuples les plus barbares qui étaient hors les bornes de l'empire romain, une des plus merveilleuses a été d'y envoyer des bannis, des fugitifs, des captifs et des esclaves chrétiens, lesquels, par la pureté de leurs moeurs, par l'éclat de leurs miracles et par la lumière de leurs exhortations, ont converti leurs propres maîtres et leur ont fait ouvrir les yeux pour connaître la vérité de l'Evangile.

Nous en avons un grand nombre d'exemples dans toute l'histoire ecclésiastique ; mais un des principaux et des plus illustres est celui de sainte Chrétienne, qui se trouva captive et esclave chez les Ibériens, au-delà du Pont-Euxin, du temps de l'empereur Constantin le Grand. On ne dit point de quel pays elle était, ni par quel malheur elle tomba entre les mains de ces barbares ; son nom même n'a pu être connu, et celui de Chrétienne est plutôt le nom de la religion qu'elle professait et qu'elle fit recevoir dans l'Ibérie, que celui de son baptême.

Dans la servitude, son esprit ne fut point captif ; elle y servait Dieu avec une innocence et une pureté admirables. L'oraison était sa vie et le jeûne sa nourriture. Elle obéissait à son maître et à sa maîtresse avec une douceur, une patience et une modestie qui les ravissaient ; elle méprisait l'or, l'argent et les ornements du corps, et ne se mettait en peine que de parer son âme des plus nobles vertus ; on la voyait, après avoir fait le devoir de sa condition, se rtirer dans un coin de la maison et y passer des heures entières, tant de jour que de nuit, les larmes aux yeux, et dans une prière très fervente.

Mtskheta. Géorgie : autrefois appelée Ibérie.

Cette conduite étonna d'abord les femmes du pays. Elles ne pouvaient assez admirer qu'elle vécût chaste dans un corps corruptible, et qu'elle fût joyeuse et contente dans une condition si misérable. Ses prières et ses abstinences, si longues et si constantes, les effrayaient, et elles ne comprenaient pas pourquoi elle refusait tous les plaisirs de la vie, lors même qu'ell en pouvait jouir et qu'ils lui étaient offerts. Elles l'interrogèrent sur toutes ces choses, et elle leur dit que le Dieu qu'elle adorait était un Dieu d'une pureté infinie ; que Notre Seigneur Jésus-Christ, son Fils, étant descendu sur la terre pour le salut des hommes, leur avait donné, par son exemple et sa parole, des leçons de mortification et de pénitence qu'elle était obligée de pratiquer, et qu'elle attendait après cette vie de misère un bonheur éternel, qui récompenserait abondamment toutes ses bonnes actions.

Cette réponse les étonna encore davantage, mais elles n'y comprenaient rien. Comme elles avaient coutume, lorsqu'un enfant était malade, de le porter à leurs voisines pour savoir si elles n'avaient point quelque remède à son mal, une de ces barbares lui apporta un jour son fils et lui demanda si elle ne savait point un moyen pour le guérir. Elle lui dit qu'elle n'en savait point de naturel, mais que Jésus-Christ, son Seigneur et son Dieu, le pouvait faire, et qu'elle espérait qu'il ne lui refuserait point cette grâce. En effet, elle le prit, le mit sur le cilice qui lui servait de lit et par une fervente prière, elle le rendit à la santé.

Ce miracle fit grand bruit dans la ville. La reine, qui était extrêmement malade, en fut avertie, et elle envoya aussitôt chercher la captive pour recevoir d'elle le même bienfait ; mais cette sage Chrétienne refusant d'y aller par modestie et par humilité, la reine se fit porter dans sa chambre, où, s'étant couchée sur son cilice, elle guérit semblablement par sa prière.

Mirian III, premier roi chrétien d'Ibérie.
Fresque de la cathédrale de Mtskheta. Géorgie. Ve.

Notre sainte lui dit aussitôt que Jésus-Christ l'ayant guérie, elle devait croire en Lui si elle voulait éviter les peines éternelles préparées aux idolâtres et aux infidèles. Dès qu'elle fut retournée au palais, elle raconta au roi ce qui s'était passé, et ce prince voulant envoyer de grands présents à Chrétienne, en reconnaissance d'une grâce si considérable, la reine lui dit que la captive ne voulait ni or, ni argent, ni habits précieux, parce qu'elle aimait la pauvreté et les souffrances ; mais qu'elle demandait seulement que l'on reconnût Jésus-Christ pour vrai Dieu, et que l'on quittât la superstition de l'idolâtrie, qui n'est qu'un culte abominable des démons.

Le roi fit d'abord la sourde oreille à ces propositions ; mais étant allé à la chasse et s'y trouvant en grand danger de mort, il fit voeu, s'il en était délivré, d'embrasser la religion de la captive et de croire en Jésus-Christ. Sa délivrance suivit aussitôt son voeu ; ainsi, étant retourné sain et sauf dans son palais, il fit appeler notre Sainte et lui demanda les avis nécessaires pour embrasser cette nouvelle religion. Elle lui expliqua nos mystères, selon les instructions qu'elle avait reçues dans l'Eglise et les lumières surnaturelles qui lui avaient été données dans l'oraison, et le pria de faire bâtir une église dont elle lui donna le plan. Il se rendit à tout ce qu'elle voulut, assembla son peuple avec les seigneurs de son Etat, leur fit la proposition de tout ce qu'il avait appris d'une si sainte femme, leur rapporta les miracles que Jésus-Christ avait déjà faits par son moyen, et les exhorta comme un apôtre à quitter les erreurs où il avait vécu jusqu'alors, pour reconnaître la vérité d'un seul Dieu.

Cathédrale de Mtskheta. Géorgie. IVe-Xe.

La reine, de son côté, et notre sainte, prêchèrent les femmes d'une manière très forte et très touchante. Ainsi, tout le monde convint qu'il fallait embrasser le Christianisme, détruire les idoles et leurs temples et bâtir une église où on adorerait Notre Seigneur Jésus-Christ. Le roi et la reine s'appliquèrent avec un grand zèle à cette construction, où il arriva que l'enceinte des murs étant faite et deux colonnes déjà placées sur leur base et leur piédestal, la troisième devint tellement immobile, que ni les hommes, ni les boeufs ne la purent jamais remuer ; mais la nuit, à la prière de la captive, elle s'éleva d'elle-même au-dessus de sa base, de telle sorte, néanmoins, qu'elle était suspendue en l'air à un pied au-dessus de son assiette. Le matin, tout le monde fut témoin de cette merveille, et l'on vit la colonne descendre peu à peu au lieu où elle devait être placée. Les Ibériens ayant vu ce nouveau miracle, furent parfaitement confirmés dans la foi. Le roi, par le conseil de  sainte Chrétienne, envoya des ambassadeurs à Constantin pour avoir un évêque et des prêtres, et il obtint ce qu'il demandait, avec de grands honneurs que l'empereur lui fit de son propre mouvement. Il se fit baptiser avec tout son peuple, et se maintint toute sa vie dans le zèle ardent qu'il avait pour la religion chrétienne.

Quant à notre bienheureuse captive, elle continua jusqu'à la mort la vie sainte qu'elle avait menée parmi ces peuple, et elle les confirma toujours de plus en plus dans la foi par ses paroles et ses miracles. Enfin, Notre Père des Cieux, le Grand Père de famille l'appela dans le ciel pour la récompenser des services qu'elle lui avait rendus sur la terre, et tout le pays l'honora depuis comme une sainte.

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