dimanche, 16 février 2025
16 février. Saint Grégoire X, pape. 1275.
- Saint Grégoire X, pape. 1276.
Papes : Clément IV (prédécesseur) ; Innocent V (successeur). Roi de France : Philippe III le Hardi. Empereur du Saint Empire : Rodolphe Ier de Habsbourg. Roi d'Aragon : Jacques Ier le Conquérant. Roi de Castille : Alphonse X le Sage. roi d'Angleterre : Edouard Ier Plantagenêt.
" Bous avons vécu en ce monde avec la simplicité du coeur et la sincérité de Dieu ; non selon la sagesse de la chair, mais selon la grâce de Dieu."
Saint Paul ; IIe aux Cor., chap. I, 12.

Saint Grégoire X. Gravure. XVIe.
Théobald, depuis Grégoire X, naquit à Plaisance, de la noble famille des Visconti. On remarqua en lui, dès sa jeunesse, une vertu peu commune et une application extraordinaire à l'étude ; il acquit surtout une connaissance parfaite du droit canon.
Ayant entendu parler de la sainteté de Jacques de Pécoraria, cardinal-évêque de Préneste, il alla le trouver et se mit humblement à son service. Il en eut d'autant plus de joie que le cardinal lui parut encore plus saint que ne le disait la renommée.
Il le suivit dans la légation de France, l'an 1239, sous le pape Grégoire IX. Il y fut successivement chanoine de Lyon et archidiacre de Liège. Il refusa l'évêché de Plaisance, que lui offrait le pape Innocent IV. Il revenait de Rome, quand l'archevêque de Lyon, Philippe, le supplia instamment de rester auprès de lui pendant le concile général, afin de lui apprendre comment se conduire à l'égard du pape et des cardinaux.

Grace aux révélations de Nicolas Donin, Juif converti à la vraie foi,
Le pieux archidiacre de Liège passait une partie de son temps à l'Université de Paris, pour s'y perfectionner dans les sciences convenables à son état. Le roi saint Louis lui témoignait une affection et une vénération si grandes, que beaucoup s'étonnaient qu'un si excellent roi honorât tant un ecclésiastique qui n'occupait point une haute dignité (Théobald n'était pas prêtre et ne le deviendra qu'à l'occasion de son élection sur le siège de Pierre). Mais le saint roi savait bien ce qu'il faisait ; il avait appris de lui et vu lui-même tant de choses merveilleuses, qu'il le regardait comme un temple de Dieu et un sanctuaire de l'Esprit-Saint.
Le cardinal-légat Ottobon, passant en Angleterre pour rétablir la paix entre le roi et barons, emmena Théobald avec lui à cause de son amour de la paix et de sa grâce particulière pour y amener les autres.
Saint Louis et les barons de France s'étant croisés pour la seconde fois, le pieux Théobald regarda comme une honte pour les clercs et les prélats de ne pas suivre l'exemple des laïques. Il prit donc la croix avec beaucoup de dévotion, et se rendit en Palestine. Le prince Edouard d'Angleterre et sa soeur Béatrice, comtesse de Bretagne, l'y reçurent avec beaucoup de joie. Et de fait sa présence n'y fut pas inutile. Il ranima le courage des pusillanimes, apaisa les différends et confirma un grand nombre dans leurs sainte résolution.

Hommage d'Edouard Ier Plantagenêt, roi d'Angleterre à
C'était en 1271. Tout à coup, l'on apprit en Palestine que le saint archidiacre de Liège avait été élu pape. Il y avait près de trois ans que la chaire apostolique était vacante, les cardinaux assemblés à Viterbe n'ayant pu s'accorder sur le choix d'un pontife. Ennuyés, à la fin, de ne pouvoir rien terminer, jeûnant au pain et à l'eau, ils eurent recours à un compromis, et les six cardinaux, auxquels tous les autres avaient remis leurs pouvoirs, élurent à l'unanimité notre Saint, le 1er septembre 1271. C'est après cet épisode de vacance long et difficile que fut institué le conclave pour ordonner plus précisément l'élection des papes.
Le nouveau pape reçut l'acte de son élection à Saint-Jean d'Acre (ou Ptolémaïde) ; il y acquiesça le 27 octobre et prit le nom de Grégoire X. La nouvelle de son élection donna beaucoup de joie aux Chrétiens de la Terre-Sainte ; ils espéraient qu'il leur enverrait un grand secours. Lui-même, dans un sermon qu'il fit au moment de partir, s'écria avec le Psalmistes :
" Si je t'oublie, Ô Jérusalem ! Que ma main droite soit mise en oubli ! Que ma langue s'attache à mon palais, si je ne te garde pas dans mon souvenir, si je ne mets pas Jérusalem au commencement de toutes mes joies !"
La première chose que le nouveau pape, saint Grégoire X, eut à faire, ce fut de répondre, comme chef de l'Eglise catholique, et d'envoyer des nonces au grand khan des Tartares, l'empereur de Chine, Koubilaï (ou Chi-Tsou).

Koubilaï khan, empereur des Tartares et de la Chine. Estampe. XIVe.
Ce puissant monarque, de l'avis de ses princes, envoya au Pape les deux frères vénitiens Paolo, avec un seigneur de l'empire chinois nommé Gogak. Ces trois ambassadeurs devaient demander au Pontife suprême cent hommes savants et bien instruits dans la loi chrétienne, qui pusse montrer que la foi des Chrétiens doit être préférée à toutes les sectes diverses, qu'elle est l'unique voie du salut et que les dieux des Tartares sont des démons qui en imposent aux Orientaux.
En effet, l'empereur, ayant beaucoup entendu parler de la foi catholique, mais voyant avec quelle témérité les savants de la Tartarie et de la Chine soutenaient leur créance, ne savait de quel côté pencher, ni quelle voie embrasser comme la véritable. Il pria, de plus, les ambassadeurs de lui apporter un peu d'huile de la lampe qui brûlait devant le Seigneur au Saint Sépulcre, persuadé qu'elle ne lui serait pas peu utile si Notre Seigneur Jésus-Christ était le Sauveur du monde.
Après trois ans de voyage, le seigneur tartare étant demeuré en route pour maladie, les deux autres ambassadeurs arrivèrent à Saint-Jean-d'Acre. Y ayant appris la mort du pape Clément IV (franc originaire d'Auvergne, Guy Foucault, ancien évêque du Puy, ami de saint Thomas d'Aquin et conseiller de saint Louis, avait règné du 5 février 1265 au 29 novembre 1268), ils s'adressèrent à l'archidiacre Théobald, qui faisait les fonctions d'internonce apostolique en Palestine. Il leur conseilla d'attendre qu'il y eut un nouveau pape. Dans l'intervalle, ils allèrent à Venise, leur patrie, et, après deux ans d'attente, repassèrent à Saint-Jean d'Acre, avec le fils de l'un d'eux, le célèbre Marco Paolo qui fit une relation de leur voyage. Le nonce Théobald leur donna des lettres avec une exposition de la foi chrétienne.
A peine s'étaient-ils mis en route, que Théobald, devenu Grégoire X, les rappela, leur donna d'autres lettres pour le suprême empereur des Tartares, et leur adjoignit deux Frères Prêcheurs, Nicolas et Guillaume de Tripoli. Après leur long périple, ils furent reçus avec une extrême bienveillance par l'empereur des Tartares et de la Chine. Ils lui présentèrent les lettres du nouveau Pape, ainsi que l'huile de la lampe du Saint Sépulcre, qu'il fit placer dans un lieu honorable. C'est ce que témoigne Marco Paolo qui était présent.
Saint Grégoire X s'embarqua au milieu de l'hiver, à Saint-Jean-d'Acre. Le prince Edouard d'Angleterre le fournit abondamment de toutes choses. L'empereur grec, Michel Paléologue, se plaignit amicalement de ce qu'il n'avait point passé par Constantinople, où il eût été reçu avec la pompe et la joie les plus grandes. Enfin, il arriva heureusement au port de Brindes (Brindisi), le 1er janvier 1272. Son arrivée répandit la joie dans toutes l'Italie et dans toute la Chrétienté. A Bénévent, le roi Charles de Sicile vint à sa rencontre et l'accompagna par tout son royaume, lui servant d'écuyer. A Cépérano, il trouva plusieurs cardinaux qui venaient au-devant de lui, entra avec eux à Viterbe le 10 février, y revêtit le manteau papl, et prit solennellement le nom de Grégoire, tant à cause de sa dévotion pour saint Grégoire le Grand, que parce que sa fête était proche.

Charles Ier de Sicile. Tombeau dans la basilique de Saint-Denis.
Etant encore sur les terres du roi de Sicile, il avait reçu une députation des plus grands de Rome, qui le priaient instamment d'y venir. Mais il considéra qu'à Rome, il pourraient trouver d'autres affaires qui le détourneraient de celle de la Terre-Sainte, à laquelle il voulait donner ses premiers soins. Il étaiot donc allé à Viterbe où résidaient les cardinaux et la cour de Rome. Là, sans se donner le temps de se reposer après un si long voyage, et fermant la porte à toutes les autres affaires, il travailla uniquement, pendant huit jours, au secours de la Terre-Sainte, qu'il avait laissée réduite à l'extrémité. Il engagea Pise, Gênes, Marseille et Venise, à fournir chacune trois galères armées ; et, pour subvenir aux frais de la guerre, il donna ordre au recouvrement des legs pieux qui étaient destinés à cet effet et qui étaient considérables.
Il envoya ensuite l'archevêque de Corinthe en France, avec une lettre au roi Philippe III le Hardi, où il parle avec effusion du roi saint Louis qu'il témoigne avoir aimé de tout son coeur, et où il rapelle au fils le zèle de son père pour la délivrance de la Terre-Sainte. Il ajoute aussi :
" Quand nous y étions, nous avons conféré avec les chefs de l'armée chrétienne, avec les Templiers, les Hospitaliers et les grands du pays, sur les moyens d'en empêcher la ruine totale. Nous en avons encore traîté depuis avec nos frères les cardinaux, et nous avons trouvé qu'il faut y envoyer dès à présent une certaine quantité de troupes et de galères, en attendant un plus grand secours, que nous espérons de lui procurer par un concile général."
Saint Grégoire X fut sacré à Rome, dans la basilique Saint-Pierre, le 27e jour de mars 1272 qui était le troisième dimanche de Carême. Il fut reconduit avec pompe de la basilique au palais de Latran ; le roi Charles de Sicile marchait à sa droite, faisant les fonctions d'écuyer. Au repas qui eut lieu ensuite, le même prince voulut servir au Pape le premier plat. A la fin de la solennité, le roi fut au Pape l'hommage et le serment de fidélité qu'il devait pour le royaume de Sicile.
Deux jours après, le Pape fit expédier une lettre circulaire à tous les évêques, pour leur faire part de son ordination, suivant la coutume. Cette lettre fut suivi de près d'une autre, également adressée aux évêques, afin d'assembler un concile général. Le saint Pape en marque principalement trois causes :
- le schisme des Grecs ;
- le mauvais état de la Terre-Sainte ;
- les vices et les erreurs qui se multipliaient dans l'Eglise.
Dans cette bulle, qui est datée du dernier jour de mars 1272, saint Grégoire y précise notamment :
" Voulant donc remédier à tant de maux par un concile commun, nous vous demandons de vous trouver le 1er mai de l'an 1274 au lieu que nous vous indiquerons dans le temps convenable. Nous voulons qu'en chaque province demeurent un ou deux évêques pour exercer les fonctions épiscopales, et que ceux qui demeureront envoient des députés au concile, aussi bien que les Chapîtres, tant des cathédrales que des collégiales. Cependant, vous examinerez et mettrez par écrit ce qui a besoin de correction pour l'apporter au concile."
Pour prendre soin du spirituel dans la Terre-Sainte, le pape Grégoire donna le titre de patriarche de Jérusalem au frère Thomas de Lentini, en Sicile, dominicain, précédemment évêque de Béthléem. Il le fit encore son légat en Arménie, en Chypre, dans la principauté d'Antioche, les îles voisines et toute a côte d'Orient. Il lui recommanda surtout de travailler à la réformation des moeurs des chrétiens latins de ces provinces. Voici comme il lui en parle dans une de ses lettres :
" Vous savez par vous-mêmes les crimes énormes qui s'y commettent, et que les malheureux esclaves de la volupté, s'abandonnent aux mouvements de la chair, ont attiré la colère de Dieu sur Antioche et tant d'autres lieux que les ennemis ont détruits. Il est étonnant que nos frères soient si peu touchés de ces exemples qu'ils continuent les mêmes désordres, sans s'en repentir, jusqu'à ce qu'ils périssent eux-mêmes."

Le frères Paolo remettant les lettres de saint Grégoire X
En attendant le concile général qui devait se tenir à Lyon, le pape Grégoire travaillait à pacifier les villes d'Italie. Sa sainte vie était bien propre à gagner les coeurs. Tous les jours il lavait les pieds à plusieurs pauvres avec une humilité qui tirait les larmes des yeux de tous les assistants. Il avait des officiers pour aller à la découverte des malheureux et leur distribuer des aumônes. Il ne fit jamais qu'un repas par jour, uniquement pour soutenir la faiblesse du corps, non pour aucun plaisir. A table, il était si attentif à la lecture, qu'en sortant il n'aurait pu dire ce qu'il avait mangé. Tout le temps que lui laissaient ses affaires, il le consacrait à la prière et à la contemplation.
De son vivant, on rapporte de lui ce miracle : étant à Lyon pendant une inondation de la Saône, il vit de saa fenêtre une pauvre femme tombée dans le fleuve et submergée par les flots, à tel point que des mariniers partis à son secours s'en revinrent sans aucun espoir ; mais dès le premier moment, le saint pontife avait prié la Miséricorde divine, qui a soutenu saint Pierre marchant sur les flots et sauvé trois fois saint Paul du naufrage, de tendre une main secourable à cette pauvre femme et de la délivrer d'une mort aussi fâcheuse. Bientôt la femme reparaît sur les eaux ; les mariniers surpris retournent à son secours et la sauvent dans leur barque, n'ayant pas plus de mal que si elle avait pris un bain. Le Pape envoya un de ses chambellans (ou camériers) interroger la femme, qui lui raconta qu'elle été délivrée par un personnage vénérable qu'elle ne connaissait pas.

Edouard Ier Plantagenêt, roi d'Angleterre. Gravure. XVIIIe.
A cette tendre charité pour les pauvres, saint Grégoire X joignait une fermeté invincible envers les grands coupables. Le roi Edouard d'Angleterre lui avait demandé justice du meurtre commis sur la personne d'Henri d'Allemagne, son cousin, par Guy de Montfort. Voici comment le saint Pape lui rendit compte, le 29 novembre 1273, de ce qui s'était passé en cette affaire :
" Quand nous fûmes à Florence, Guy de Montfort nous envoya sa femme et plusieurs autres personnes demander instamment la permission de venir en notre présence, assurant qu'il était prêt à obéir à nos ordres ; mais nous voulûmes prendre du temps pour éprouver la sincérité de son repentir. Au sortir de Florence, environ à deux milles, il se présenta à nous, accompagné de quelques autres, tous nu-pieds, en tunique, la corde au cou, prosternés à terre et fondant en larmes. Comme plusieurs de notre suite s'arrêtèrent à ce spectacle, Guy de Montfort s'écria qu'il se soumettait sans réserve à nos commandements, et demandait instamment d'être emprisonné en tel lieu qu'il nous plairait, pourvu qu'il obtînt son absolution.
Toutefois, nous ne voulûmes pas alors l'écouter ; nous ne lui fîmes aucune réponse ; au contraire, nous adressâmes une réprimande à ceux qui l'accompagnaient, comme prenant mal leur temps. Mais ensuite, de l'avis de nos frères, nous avons mandé à nos cardinaux-diacre résidant à Rome, de lui assigner en quelque forteresse de l'Eglise romaine un lieu pour sa prison, et de la faire garder pendant notre absence par les ordres du roi Charles de Sicile."
Guy de Montfort se soumit à tous les ordres du Pape, qui, l'année suivante, en tempéra la sévérité en permettant au patriarche d'Aquilée de le rendre à la communion des fidèles, mais sans préjudice du reste de sa peine.

Ouverture du 2e concile de Lyon par saint Grégoire X.
Saint Grégoire X étant arrivé à Lyon, le roi Philippe de France l'y alla visiter, et lui laissa pour sa garde une troupe choisie de gens de guerre pour sa garde commandée par Imbert de Beaujeu, son parent. Ce monarque avait remis au Pape le comtat Venaissin, qui avait été cédé au Saint-Siège sous le pontificat de Grégoire IX, et que néanmoins Alphonse, comte de Toulouse, dont le roi Philippe venait d'hériter, avait retenu jusqu'alors.
Cependant les prélats et les ambassadeurs arrivaient de toutes part pour le concile. Il s'y trouva cinq cents évêques, soixante-dix abbés et mille autres prélats. Parmi les cardinaux, on distinguait saint Bonaventure, évêque d'Albano, et Pierre de Tarantaise, évêque d'Ostie, depuis pape sous le nom d'Innocent V. Saint Thomas d'Aquin avait reçu ordre du Pape de s'y trouver, mais il mourut en chemin. Saint Bonaventure mourut quelques temps après, avant la quatrième et dernière session du concile, trois jours avant la fin du concile. On lui fit des funérailles magnifiques, auxquelles tous les membres du concile, le pape lui-même et des rois assistèrent.
Le Concile, deuxième de Lyon, s'ouvrit le 2 mai 1274, après un jeûne de trois jours. Le 24 arrivèrent les ambassadeurs de l'empereur grec, Michel Paléologue, pour travailler à la réunion des Grecs schismatiques avec l'Eglise romaine, ce qui eut lieu le jour de saint Pierre et de saint Paul, 29e jour de juin 1274.
Le 4 juillet vit un spectacle plus étonnant encore, des Tartares arrivant au Concile. C'étaient seize ambassadeurs du khan Abaga, arrière-petit-fils de Gengis khan. Le Pape Grégoire X, pour leur faire honneur, voulut que les officiers des cardinaux et des prélats allassent au-devant d'eux. On les lui amena dans son appartement, où se trouvait des cardinaux pour parler des affaires du concile. Cette ambassade n'avait pour but qu'un traîté d'alliance avec les chrétiens contre les musulmans. Après le concile, on lut la lettre du khan dans la quatrième session ; le Pape répondit à ce prince qu'il enverrait ses légats en Tartarie pour traîter avec lui non seulement des propositions qu'il faisait, mais aussi d'autres affaires touchant son salut. Notons qu'un des ambassadeurs reçut le saint baptême pendant le concile.
Saint Grégoire X publia plusieurs constitutions importantes qui font partie du droit canon. Un article défend à l'évêque nommé d'un diocèse de s'ingérer à l'administration sous couleur quelconque, jusqu'à ce que sa nomination soit confirmée par le Saint-Siège. Le 17 juillet, le saint Pontife termina le concile en donnant sa bénédiction à tous les assistants. Il congédia les ambassadeurs grecs, comblés de présents et enchantés de la manière honorable et cordiale dont ils avaient été reçus. Il congédia de même les ambassadeurs tartares, avec des lettres pour le khan Abaga. Il adressa des lettres et admonitions aux Chrétiens d'Europe, pour les obliger à gouverner chrétiennement leurs peuples.
A Lausanne, en 1275, il eut une entrevue avec le nouveau roi des Romains, Rodolphe de Habsbourg, qui lui prêta serment comme défenseur de l'Eglise romaine et futur empereur.

Rodolphe Ier, roi des Romains. Statue. Musée du mausolée
Le saint Pape s'en retournait ainsi à Rome, faisant le bien partout, lorsqu'il tomba malade à Arezzo, en Toscane, et mourut le 10 janvier 1276, après avoir tenu le Saint-Siège trois ans, neuf mois et quinze jours. Il mourut comme il avait vécu, en Saint. Quand il sentit approcher sa dernière heure, il demanda le crucifix, baisa dévotement les pieds du Sauveur, les arrosant de larmes, adressa la Salutation angélique à la Sainte Vierge, recommanda son âme à Dieu et rendit si tranquillement l'esprit qu'il avait l'air de s'endormir d'un doux sommeil. Sa fête est marquée au 16 février dans le martyrologe romain de Benoît XIV.
Tous les historiens parlent de Grégoire X comme d'un saint. Les Grecs eux-mêmes, dans le concile qu'ils tinrent à Constantinople après sa mort, l'appellent un homme bienheureux et très-saint : si toutefois, ajoutent-ils, on doit l'appeler un homme et non pas un ange.

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16 février. Saint Onésime, disciple de saint Paul, évêque d'Ephèse et martyr. 95.
IIe aux Cor., I, 12.

Saint Philémon accueillant saint Onésime.
Bible historiale. Guiard des Moulins. XIVe.
Onésime eut le bonheur de saluer à Smyrne, saint Ignace d'Antioche qui se rendait à Rome pour y être exposé aux bêtes. Dans sa lettre aux Éphésiens, le martyr loue la charité de l'évêque d'Éphèse.
Le procureur d'Asie, voyant qu'Onésime, malgré la persécution, prêchait avec courage, le fit arrêter et l'envoya à Tertulle, gouverneur de Rome, ennemi personnel d'Onésime. Comme saint Onésime refusait de sacrifier aux idoles, le gouverneur le fit étendre sur le dos, lui fit rompre les jambes et les cuisses avec des leviers et le fit lapider.
Saint Onésime est le patron des serviteurs et des domestiques. Son attribut est le bâton avec lequel on lui rompit les jambes, ou bien la lapidation.
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samedi, 15 février 2025
15 février. Saint Faustin et saint Jovite, frères, martyrs. 122.
- Saint Faustin et saint Jovite, frères, martyrs. 122.
Pape : Saint Sixte Ier. Empereur romain : Hadrien.
" Mon esprit, dit le Seigneur, se plaît en trois choses : la concorde entre frères, l'amour des proches, un mari et une femme qui n'ont qu'un coeur et qu'une âme."
Eccli., XXV, 1.
Les deux frères martyrs que nous honorons aujourd'hui souffrirent au commencement du second siècle de l'ère chrétienne ; leur mémoire s'est cependant conservée avec honneur dans l'Eglise. La gloire des conquérants et des hommes d'Etat passe rapidement, et bientôt leurs noms décolorés s'effacent de la mémoire des peuples ; on interroge les savants pour savoir s'ils ont existé, à quelle époque, et quelles ont été leurs actions. Brescia, la capitale de la Cénomanie italienne, se souvient à peine de ceux qui l'ont régie ou illustrée au IIe siècle ; mais voici deux de ses citoyens dont le souvenir durera autant que le monde. L'univers entier proclame leur gloire et célèbre leur invincible courage. Glorifions-les en ces jours où leurs exemples nous parlent si éloquemment de la fidélité que le chrétien doit à Dieu.
Saint Faustin et saint Jovite étaient frères et appartenaient à une famille distinguée de la ville de Brescia en Lombardie. Dès leur jeunesse, ils furent remarquables par leur piété et par leur zèle, non moins que par leur amitié mutuelle : on ne vit jamais deux frères si unis de sentiments et d'inclinations.
Faustin, l'aîné, avait été ordonné prêtre par Apollonius, l'évêque de Brescia, et Jovite était diacre. Quand l'empereur Adrien raviva la persécution contre les chrétiens, ils furent les premiers dénoncés, à cause de leur ardeur à prêcher Jésus-Christ. Italique, qui fut chargé par Adrien d'appliquer la persécution à Brescia, n'arrivait pas à faire adorer les idoles par nos deux saints. Conduits près de l'empereur qui passait par Brescia pour se rendre en France, dans un temple du soleil, pour assister au sacrifice, celui-ci leur dit :
" Adorez le soleil, leur dit-il, si vous voulez continuer de vivre et d'être heureux.
- Nous n'adorerons que le Dieu vivant qui a créé le soleil pour éclairer le monde."
La statue que leur montrait l'empereur était fort brillante et environnée de rayons d'or. Jovite, la fixant, s'écria :
" Oui, nous adorons le Dieu qui règne dans le Ciel et le Créateur du soleil. Pour toi, vaine statue, deviens à l'instant même toute noire, pour la confusion de ceux qui t'adorent."
A sa parole, la statue perdit son éclat et devint noire, comme l'avait demandé le saint martyr. L'empereur commanda de la nettoyer ; mais à peine les prêtres païens y eurent-ils touchée, qu'elle tomba en cendres. Irrité, il ordonna alors de jeter les deux frères aux bêtes féroces.
A peine étaient-ils entrés dans l'amphithéâtre, que quatre lions, lâchés pour les dévorer, vinrent se coucher à leurs pieds, et qu'ensuite les ours et les léopards s'approchèrent d'eux avec la douceur des agneaux.
Attribuant ce prodige à Saturne, Italique et des prêtres apportèrent en procession une statue du faux dieu dans l'amphithéâtre afin de la leur faire adorer. Les bêtes féroces se jettèrent sur eux et les tuèrent tous.
La femme d'Italique, Affre dit alors à l'empereur :
" Quels dieux adorez-vous ô empereur ? des dieux qui be sauraient garantir leurs sacrificateurs ni eux-mêmes ; et votre cruauté et votre superstition sont cause que je suis veuve aujourd'hui."
Ainsi Affre se convertit-elle à la vraie foi avec sa suite, mais aussi Calocère, un des premiers de la cour de l'empereur, avec tous ses gens.
Jetés dans un sombre cachot, ils y furent laissés sans nourriture. Les anges descendirent du Ciel, éclairèrent leurs ténèbres et leur rendirent la force et la joie pour de nouveaux combats. Adrien était très inquiet de l'exemple que donnait saint Faustin et saint Jovite et des conversions qu'il provoquait jusque dans son entourage proche. Il fit massacrer un certain nombre d'entre eux et fit conduire nos deux saints et Calocère à Milan.
Arrivés à Milan, on les attacha tous trois ensemble, les allongea le visage vers le ciel et leur versa du plomb fondu dans la bouche. Nouveau prodige : le plomb brula cruellement les bourreau sans faire aucun mal à nos trois saints compagnons. Ensuite on les tortura en leur enfonçant dans le côté des lames ardentes. Calocère, qui ressentit l'immense douleur que cette torture produisit leur dit :
" Priez Dieu pour moi, saints Martyrs ! Car je suis extrêmemnt tourmenté par ce feu !
- Bon courage Calocère, cela ne durera pas longtemps, et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ sera avec vous !"
Alors que l'on faisait un grand feu autour d'eux, les flammes ne leur firent aucun mal et ils n'eurent plus aucune douleur à souffrir. Ce que voyant, un nombre important d'assistant aux supplices se convertirent.
L'empereur donna le soin à Antiochus, gouverneur des Alpes, de faire périr Calocère ainsi que d'autres chrétiens, et retourna à Rome avec saint Faustin et saint Jovite. Là, ils souffrirent à nouveau un grand nombre de tortures. Celles-ci n'eurent à nouveau pour effet que la conversion d'un grand nombre de païens. Nos deux frères reçurent le secours en prison du pape Evariste qui vint les visiter discrètement.
De là, l'empereur se rendit à Naples, toujours se faisant accompagner de nos saints. Ils y furent jetés dans la mer : en vain... les flots les portèrent jusqu'au rivage.
Enfin, l'empereur les fit reconduire à Brescia, espérant que tous ceux qui s'étaient convertis reviendraient au paganisme à la vue de leur mort. Ils y eurent a tête tranchée, à la porte qui conduit à Crémone, le 15 février de l'an 122 selon Baronius.
Leur martyre dura longtemps car il commenca sous Trajan et finit sous Adrien. Ils sont les saints patrons de la ville de Brescia qui conserve toujours leurs précieuses reliques.
Saint Faustin et saint Jovite sont représentés avec une croix entre eux deux pour signifier leur ardeur à prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ jusque dans les pires tourments, mais aussi avec l'épée, l'attribut de leur supplice. Ils sont invoqués comme exemple de concorde et d'amour chrétien entre les frères et plus généralement dans les familles.
PRIERE
" Martyrs de Jésus-Christ, lorsque nous comparons nos épreuves aux vôtres, vos combats avec ceux que nous avons à soutenir, quelle reconnaissance ne devons-nous pas à Dieu qui a tant ménagé notre faiblesse ! Nous qui sommes si prompts à violer la loi du Seigneur, si lents à nous relever quand nous sommes tombés, si faibles dans la foi et dans la charité, comment eussions-nous supporté les tourments qu'il vous a fallu traverser pour arriver au repos éternel ? Cependant, nous sommes en marche vers le même terme où vous êtes déjà parvenus. Une couronne aussi nous attend, et il ne nous est pas libre d'y renoncer. Relevez notre courage, Ô saints Martyrs ; armez-nous contre le monde et contre nos mauvais penchants, afin que non seulement notre bouche, mais nos œuvres et nos exemples confessent Jésus-Christ, et témoignent que nous sommes chrétiens."
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vendredi, 14 février 2025
14 février. Saint Valentin, prêtre et martyr. 268.
- Saint Valentin, prêtre et martyr. 268.
Pape : Saint Denys Ier (dit aussi " de Calabre "). Empereurs romains : Gallien ; Claude II le Gothique.
" Vita carnum, sanitas cordis."
" La santé du coeur est la vie du corps."
Prov., XIV, 80.

Saint Valentin. Legenda aurea. Bx J. de Voragines.
L'Eglise honore aujourd'hui la mémoire de ce saint prêtre de Rome, qui souffrit le martyre vers le milieu du troisième siècle. L'injure du temps nous a privés de la plupart des circonstances de sa vie et de ses souffrances ; à peine quelques traits en sont venus jusqu'à nous. C'est la raison pour laquelle la Liturgie romaine ne contient pas de Légende en son honneur. Le culte de saint Valentin n'en est pas moins célèbre dans l'Eglise, et nous devons le regarder comme l'un de nos protecteurs en la saison liturgique où son nom et ses mérites viennent se joindre à ceux de tant d'autres martyrs, pour nous animer à chercher Dieu, au prix de tous les sacrifices qui peuvent nous faire rentrer en grâce avec lui.La vertu de saint Valentin, prêtre, était si éclatante, qu'il fut arrêté par l'empereur Claude II.
Valentin vient de valorem tenens, c'est-à-dire qui persévère dans la sainteté. Ou bien de valens tiro, soldat vaillant qu'il fut de Notre Seigneur Jésus-Christ. On appelle un soldat vaillant celui qui n'a jamais succombé, qui frappe avec force, qui se défend avec valeur, qui remporte de grandes victoires. Valentin ne succomba pas en fuyant le martyre, il frappa l’idolâtrie. en l’anéantissant, il défendit la foi en la confessant, et il vainquit en souffrant.
Après deux jours de prison, l'empereur le fit comparaître à son tribunal :
" Pourquoi, Valentin, voulez-vous ainsi être l'ami de nos ennemis et rejetez-vous notre amitié ?
- Seigneur, dit le prêtre chrétien, si vous saviez le don de Dieu, vous seriez heureux, et votre empire aussi ; vous rejetteriez le culte que vous rendez aux esprits immondes et à leurs idoles que vous adorez, et vous sauriez qu'il n'y a qu'un Dieu qui a créé le ciel et la terre et que Notre Seigneur Jésus-Christ est son fils unique."
Un des juges, prenant la parole, demanda au martyr ce qu'il pensait de Jupiter et de Mercure :
" Qu'ils ont été des misérables, et qu'ils ont passé toute leur vie dans la débauche et le crime."
Le juge, furieux de cette réponse, s'écria :
" Il a blasphémé contre les dieux et contre l'empire !"
L'empereur continua ses questions avec curiosité, heureux de cette occasion de savoir ce que pensaient les chrétiens ; Valentin, de son côté, avait le courage d'exhorter le prince à faire pénitence pour le sang des chrétiens qu'il avait répandu :
" Croyez en Jésus-Christ, faites-vous baptiser, vous serez sauvé, et dès cette vie vous assurerez la gloire de votre empire et le triomphe de vos armes."
Claude commençait à se laisser persuader, et dit à ceux qui l'entouraient :
" Écoutez la belle doctrine que cet homme nous apprend."
Mais le préfet, mécontent, s'écria :
" Voyez-vous comment ce chrétien séduit notre prince ! Quitterons-nous la religion que nos pères nous ont enseignée ?"

Saint Valentin. Missel romain. XIVe.
Le faible Claude, craignant des troubles, abandonna le martyr, qui eut à subir un autre interrogatoire devant un nouveau juge qui l'interrogea ainsi :
" Comment peux-tu dire que Jésus-Christ est la vraie lumière ?
- Il n'est pas seulement la vraie lumière, mais l'unique lumière.
- S'il en est ainsi, rends la vue à ma petite fille adoptive, aveugle depuis deux ans ; je croirai en Jésus-Christ, et je ferai tout ce que tu voudras."
L'enfant fut amenée ; le prêtre, lui mettant la main sur les yeux, fit cette prière :
" Ô Jésus-Christ, qui êtes la vraie lumière, éclairez cette aveugle."
A ces paroles, l'aveugle voit ; le juge Astérius, avec toute sa famille, confesse Jésus-Christ et reçoit bientôt le baptême. L'empereur, averti de ces merveilles, aurait bien voulu fermer les yeux sur les conversions nouvelles ; mais la crainte lui fit trahir sa conscience et le sentiment de la justice ; Valentin et les autres chrétiens furent livrés aux supplices - saint Valentin fut battu et brisé à coups de bâtons noueux puis décapité - et allèrent recevoir au Ciel la récompense de leur courage, en l'année 268, le 14 février, sur la voie Flaminienne.
Le pape Jean Ier fit construire bientôt une église sous son invocation, près du Ponte Mole. Ruinée, elle fut remplacé par une autre église par le pape Théodose, dont il ne reste plus de trace aujourd'hui. La porte du Peulple à Rome s'appelait autrefois la porte Saint Valentin. Ses reliques sont gardées dans l'église Sainte Praxède.
Il existe encore, à Rome, une catacombe de Saint-Valentin, témoin de la vénération dont fut, de tout temps, entouré cet illustre martyr.

Saint Valentin. Bartholomäus Zeitbloom. Munich. XVIIe.
Saint Valentin, nommé Illustre martyr dans le Sacramentaire de saint Grégoire Le Grand, est représenté tenant une épée et une palme ou guérissant la fille du juge Astérius.
Il est le patron des jeunes gens à marier et l'on se met sous sa protection pour se garder de la peste et de l'épilepsie.
Saint Valentin est le patron de la ville de Tarascon en Provence.

Buste reliquaire conservant le chef de saint Valentin.
PRIERE
" Priez donc, Ô saint Martyr, pour les fidèles qui, après tant de siècles, conservent encore votre mémoire. Au jour du jugement, nos yeux vous reconnaîtront dans l'éclat de la gloire que vos combats vous ont acquise ; obtenez par votre suffrage que nous soyons placés à la droite et associés à votre triomphe."
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jeudi, 13 février 2025
13 février. Sainte Catherine de Ricci, de l'Ordre de Saint-Dominique, vierge. 1590.
" Non est mortale quod opto."
" Mes voeux s'élèvent bien au-dessus des chose mortelles."
Sainte Catherine de Ricci.
" On ne donne pas des joyaux et des perles à ceux qui n'en connaissent pas le prix. Ni moi non plus, je ne livre pas mes dons et mes faveurs à ceux qui ne savent pas les apprécier. Je ne les donne qu'aux âmes qui les recherchent et me les demandent instamment."
Notre Seigneur Jésus-Christ à Sainte Catherine de Ricci.

Sainte Catherine de Ricci.
La vie de notre grande sainte est l'une des plus prodigieuses, par les ravissements, les extases, les grâces extraordinaires et variées qui la remplissent.
Sainte Catherine (" Alexandrine " avant d'entrer en religion) de Ricci naquit à Florence en 1522.
Dès l'âge de trois ans, on la voyait s'exercer à la prière, rechercher la solitude et le silence pour s'y livrer plus à l'aise, et sa prière était si recueillie, qu'elle y paraissait l'esprit absorbé en Dieu, et comme plongée dans la contemplation de Ses mystères.
La Passion de Jésus-Christ était déjà l'objet des vives ardeurs de son amour, et elle préludait par ses exercices enfantins à cette admirable dévotion envers Jésus crucifié, qui est le caractère le plus éclatant de sa vie.
Elle prit le voile à treize ans, chez les Dominicaines. C'est à l'âge de dix-neuf ans qu'elle reçut cette grâce inouïe de voir changer par Notre-Seigneur son coeur en celui de Marie. Quelques mois après, elle eut une mémorable extase de la Passion, qui dura vingt-huit heures, et dans laquelle elle assista successivement au détail de toutes les scènes de la Passion du Sauveur, paraissant elle-même, par ses gestes, subir chacun des supplices dont elle était témoin. Ce spectacle devait se renouveler toutes les semaines pendant les douze dernières années de sa vie. On entendait, dans ces extases, la Sainte pousser des exclamations de douleur et d'amour. Quelle impression pour les innombrables témoins de ces merveilles !
Le cachet de la vertu véritable, c'est l'humilité ; un seul fait montrera que Catherine était bien conduite par l'esprit de Dieu. Elle avait appris que ses soeurs s'étaient plu à écrire, pour en garder le souvenir, la relation de toutes les grâces et faveurs extraordinaires dont le Ciel l'avait comblée. Elle n'eut point de repos avant d'avoir mis la main sur tous ces écrits. Un jour, pendant que ses soeurs étaient à l'office, elle entra dans leurs cellules, s'empara de tous les manuscrits qu'elle put rencontrer, les mit dans un sac, et, le portant à la soeur boulangère, qui chauffait le four :
Notre sainte eut une influence très importante sur saint Pie V, saint Charles Borromée, saint Philippe Neri et sainte Marie-Madeleine de Pazzi.
Au cours de l'une de ses extases, la Sainte Vierge la prend par la main et l'amène à son Fils :
" Ô mon Fils, voici que je vous présente notre très chère vierge Catherine, qui sollicite de votre tendresse la grâce de changer son cœur de chair en un cœur tout céleste, afin qu'elle soit plus digne de vous, en prenant un cœur semblable au vôtre. O ma chère Mère, vous ai-je jamais refusé quelque chose, et votre cœur n'est-il pas le chemin naturel qui mène à mon cœur ? Il sera fait comme vous avez demandé. Et vous, ma très chère fille Catherine, souvenez-vous que dès cet instant vous ne vous appartenez plus, et que vous êtes toute à moi ; car voici que je purifie votre cœur de toute affection qui n'est pas la mienne, et que je le remplis de mon seul amour."

Extase et vision de sainte Catherine de Ricci.
Sa dernière prière fut le Pater Noster. Le couvent retentit alors des chants harmonieux des anges. En différents lieux, de saints personnages eurent la vision d'une magnifique procession de Saints et de Saintes ; au bout du cortège, Jésus conduisait en triomphe Sa glorieuse épouse.
Il faut relever que sainte Catherine de Ricci était une amie de saint Philippe de Néri, le fondateur de l'Oratoire, avec lequel elle entretint des rapports épistolaires, et qu'elle communia avec lui dans un même culte pour la mémoire de Savonarole.
On représente sainte Catherine de Ricci recevant de Notre Seigneur Jésus Christ l'anneau des vierges, une couronne d'épines sur la tête, priant devant le crucifix - Notre Seigneur semblant s'en détaché pour embrasser notre sainte.
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mercredi, 12 février 2025
12 février. Saint Saturnin, saint Datif (ou Dative), et leurs compagnons, Martyrs en Afrique. 304.
" J'ai vu les âmes de ceux qui ont été tués pour la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils lui avaient rendu ; elles se tenaient debout devant le trône de l'Agneau, avec des palmes à la main."
Apoc., VII, 9.
A la suite de l'édit de 303, un grand nombre d'Eglises avaient suspendu l'assemblée des fidèles. Si quelques exceptions passèrent inaperçues grâce, souvent, à la tolérance des fonctionnaires, il n'en allait pas de même dans les provinces où la persécution était conduite avec rigueur, notamment en Afrique. Dans la ville d'Abitène une communauté avait pu se reformer sous la présidence d'un prêtre, car l'évêque avait perdu toute autorité morale depuis qu'il avait livré les saintes Ecritures.
Les Actes très complets que nous possédons dispensent d'entrer ici dans plus de détails. Ces Actes viennent du greffe officiel, un écrivain donatiste y a mêlé de son style dans la seule version que l'on en ait :
" Ici commencent la Confession et les Actes des martyrs Saturnin, prêtre, Félix, Dative, Ampèle, et des autres dont on lira les noms plus bas. Ils ont confessé le Seigneur, à Carthage, le 11 février, sous le proconsul d'Afrique Aurèle, à cause des Collectes et des Écritures divines ; depuis ils ont répandu leur sang bienheureux en divers lieux et à différentes époques pour la défense de leur foi.
Sous le règne de Dioclétien et Maximien, le diable dirigea contre les chrétiens une nouvelle guerre. Il recherchait, pour les brûler, les Livres saints, renversait les églises chrétiennes et interdisait la célébration du culte et des assemblées des fidèles. Mais la troupe du Seigneur ne put supporter un commandant aussi injuste, elle eut horreur de ces défenses sacrilèges, saisit à l'instant les armes de la foi, et descendit au combat moins pour lutter contre les hommes que contre le démon.
Sans doute quelques-uns tombèrent détachés de la foi qui faisait leur appui, en livrant aux païens, pour être brûlés par eux, les Écritures divines et les livres de la liturgie (ce terme est employé pour traduire le mot latin sacrosancta Domini Testamenta et plus bas divina Testamenta, parce que, rapproché les deux fois de Scriptura divina, il me semble pouvoir viser les livres. dans lesquels était consignée la liturgie du sacrifice dont le Sauveur avait dit : " Ceci est le Testament nouveau et éternel.") ; le plus grand nombre cependant surent mourir avec courage et répandirent leur sang pour les défendre. Remplis de Dieu qui les animait, après avoir vaincu et terrassé le diable, ces martyrs ont conquis dans leurs souffrances la palme de la victoire, et écrit de leur sang, contre les traditeurs et leurs congénères, la sentence par laquelle l'Eglise les rejetait de sa communion, parce qu'il n'était pas possible qu'il y eût, à la fois, dans l'Eglise de Dieu, des martyrs et des traditeurs.
On voyait de toutes parts accourir au lieu du combat d'innombrables légions de confesseurs, et partout où chacun d'eux trouvait un adversaire, il y dressait le champ clos du Seigneur.
Lorsque eut sonné la trompette de guerre dans la ville d'Abitène, dans le logis d'Octave Félix, de glorieux martyrs levèrent le drapeau du Christ, leur Seigneur. Tandis qu'ils y célébraient, comme ils avaient coutume de faire, le mystère de l'Eucharistie, ils furent arrêtés par les magistrats de la colonie, assistés des hommes de police.
Invincibles dans cet équipage, ils donnaient aux frères l'assurance de leur prochaine victoire. Enfin, ils arrivèrent sur le Forum, où ils livrèrent leur premier combat, duquel, de l'aveu des magistrats, ils sortirent vainqueurs. C'est sur ce Forum que le ciel s'était déjà révélé. On venait de jeter au feu les Écritures livrées par l'évêque Fundanus ; aussitôt, quoique le ciel fût sans nuage, une averse subite éteignit le feu, tandis que la grêle et les éléments déchaînés, respectueux des Écritures, ravageaient tout le pays.
Ce fut donc à Abitène que les martyrs commencèrent de porter ces chaînes tant souhaitées. On les mena à Carthage au proconsul Anulinus. Pendant la route les confesseurs chantaient des hymnes ; à leur arrivée, afin de leur enlever l'appui qu'ils tiraient de leur réunion, on les fit comparaître séparément.
Ce qui suit contient les propres paroles des martyrs qui feront voir l'impudence de l'ennemi, ses attaques sacrilèges, la patience des frères et, dans leur confession, la toute-puissante vertu du Christ Notre-Seigneur. L'huissier les présenta au proconsul sous le titre de chrétiens envoyés par les magistrats d'Abitène sous l'inculpation d'assemblées illicites pour la célébration de leurs mystères.
Le proconsul demanda à Dative quelle était sa condition et s'il avait pris part à une assemblée. Dative se déclara Chrétien et reconnut avoir assisté aux réunions.
Le proconsul demanda ensuite qui était l'organisateur des réunions ; en même temps on étendit Dative sur le chevalet, et les bourreaux s'apprêtèrent à lui déchirer le corps avec des ongles de fer ; ils mettaient à leur besogne une hâte fiévreuse ; déjà les flancs étaient à nu, les valets prenaient les ongles de fer, lorsque Thélique fendit la foule et, bravant la souffrance, cria :
" Nous sommes chrétiens ! Nous nous sommes assemblés."
Le proconsul rugit, il fit rouer de coups le chrétien, puis le fit mettre sur le chevalet d'où les ongles de fer faisaient voler les lambeaux de sa chair.
Thélique priait :
" Grâces à vous, mon Dieu. Par ton nom, Christ Fils de Dieu, délivre tes serviteurs."
Le proconsul lui demanda :
" Qui fut ton collègue pour l'organisation des assemblées ?"
Les bourreaux redoublaient. Thélique cria :
" C'est Saturnin et tous."
Généreux martyr ! Tous sont au premier rang ! Il ne nomma pas le prêtre sans les frères, mais au prêtre il joint les frères dans une confession commune.
Le proconsul se fit montrer Saturnin. Thélique le lui désigna. Il ne trahissait pas, puisque Saturnin était là, à ses côtés, combattant le diable, mais il tenait à prouver au proconsul qu'il s'agissait réellement d'une assemblée, puisqu'un prêtre était avec eux.
Cependant le martyr unissait ses prières à son sang, et, fidèle aux préceptes de l'Évangile, il priait pour ceux qui déchiraient son corps. Pendant la torture il ne cessa de parler et de prier :
" Malheureux, tu agis injustement ; tu combats contre Dieu. Dieu très haut, ne leur impute pas ce péché. Tu pèches, malheureux, tu combats Dieu. Observe les commandements du Dieu très haut. Malheureux, tu agis injustement, tu déchires des innocents. Nous n'avons pas commis d'homicides, ni de fraudes. Mon Dieu, aie pitié ; je te rends grâces, Seigneur. Pour l'amour de ton nom, donne-moi la force de souffrir. Délivre tes serviteurs de la captivité du monde. Je te rends grâces. Je ne suffis pas à te rendre grâces."
Les ongles de fer creusaient dans la chair de plus en plus, le sang ruisselait ; à ce moment le proconsul dit :
" Tu vas commencer à sentir les souffrances qui vous sont réservées."
Thélique riposta :
" C'est pour la gloire. Je rends grâces au Dieu des royaumes. Il apparaît, le royaume éternel, le royaume incorruptible. Seigneur Jésus-Christ, nous sommes Chrétiens, nous te servons ; tu es notre espérance, tu es l'espérance des chrétiens. Dieu très saint, Dieu très haut, Dieu tout-puissant ! Nous louons ton saint nom, Seigneur Dieu tout-puissant."
Le juge, porte-voix du diable, lui dit :
" Il te fallait observer l'ordre des Empereurs et des Césars."
Thélique, malgré son état d'épuisement, répondit :
" Je m'occupe seulement de la loi de Dieu qui m'a été enseignée. C'est elle que j'observe, je vais mourir pour elle, j'expire en elle, il n'y en a pas d'autres.
- Cessez !", dit le proconsul aux tortionnaires.
Thélique fut mis au cachot, réservé à des souffrances plus dignes de lui et de son courage.
Ce fut alors au tour de Dative, resté étendu sur le chevalet d'où il voyait le combat de Thélique. Il répétait souvent :
" Je suis Chrétien ", et il déclarait s'être trouvé à l'assemblée, lorsque l'on vit sortir de la foule Fortunatien, frère de la martyre Victoire.
C'était un grand personnage, qui avait droit de porter la toge, il était encore païen ; il interpella Dative :
" C'est toi qui, pendant que je faisais ici mes études et que mon père était absent, as séduit ma soeur Victoire, et de cette splendide cité de Carthage l'a conduite, en même temps que Seconde et Restitute, dans la colonie d'Abitène. Tu n'es entré chez nous que pour corrompre l'esprit de quelques jeunes filles."
Victoire fut indignée d'entendre ces mensonges contre le sénateur. Prenant la parole avec la liberté d'une chrétienne, elle s'écria :
" Je n'ai eu besoin de personne pour partir. Ce n'est pas avec Dative que je suis venue à Abitène. Qu'on interroge les gens de la ville. Tout ce que j'ai fait, c'est de moi-même, en toute liberté. Oui, j'étais de la réunion, parce que je suis Chrétienne."
Fortunatien continua d'incriminer Dative, qui, du haut de son chevalet, niait, réfutait tout. Anulinus ordonna qu'on reprît les angles de fer, les bourreaux mirent à nu les flancs du martyr et prirent leurs crocs; leurs mains volaient, déchirant la peau, accrochant les entrailles, mettant à jour jusqu'au coeur. Dative demeurait calme : les membres se rompaient, les entrailles sortaient, les côtes volaient en éclats, son coeur restait intact et ferme. Jadis sénateur, il se souvenait du rang qu'il avait occupé dans la cité, et tandis qu'on frappait, il disait :
" Ô Christ Seigneur, que je ne sois pas confondu !
- Cessez !", dit le proconsul tout troublé.
On s'arrêta. Il n'était pas juste que le martyr du Christ fût tourmenté dans une cause qui regardait la seule Victoire.
Un avocat, Pompeianus, entra en scène, apportant contre Dative d'infâmes insinuations, mais le martyr lui dit avec mépris :
" Que fais-tu, démon ? Que tentes-tu contre les martyrs du Christ ?"
On reprit la torture. Cette fois on interrogeait sur la participation à l'assemblée. Dative répéta qu'étant survenu pendant les mystères, il s'était uni à ses frères et que la réunion n'avait pas été organisée par un seul.
Le bourreau redoubla. Dative répétait :
" Je te prie, Ô Christ, que je ne sois pas confondu.
- Qu'ai-je fait ?
- Saturnin est notre prêtre."
On appela Saturnin. Celui-ci, perdu en Dieu, n'avait regardé les tourments de ses frères que comme une chose peu importante.
Le proconsul lui dit :
" Tu as contrevenu aux édits des Empereurs et des Césars en réunissant tous ces gens-là.
- Nous avons célébré en paix les mystères.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il n'est pas permis de suspendre les mystères du Seigneur."
Le proconsul le fit étendre sur un chevalet en face de Dative, qui assistait comme insensible à l'émiettement de son corps et répétait à Dieu :
" Aide-moi, je t'en prie, Christ, aie pitié. Sauve mon âme, garde mon esprit, que je ne sois pas confondu. Je te prie, Ô Christ, donne-moi la force de souffrir."
Le proconsul dit à Dative :
" Toi, membre du conseil de cette splendide cité, tu devais ramener les autres à de meilleurs sentiments, au lieu de transgresser l'ordre des Empereurs et des Césars.
- Je suis Chrétien ", répondit Dative.
Par ces seuls mots, le démon fut vaincu.
" Cessez !", dit-il, et il fit reconduire le martyr à la prison.
Saturnin, étendu sur un chevalet déjà mouillé du sang des martyrs, trouvait dans ce contact une nouvelle vigueur.
Le proconsul lui demanda s'il était l'organisateur de la réunion.
" J'étais présent ", dit Saturnin.
Un homme bondit, c'était le lecteur Ernéritus :
" L'organisateur c'est moi, la maison c'est la mienne."
Le proconsul continua de s'adresser au vieux prêtre :
" Pourquoi violes-tu le décret des empereurs ?
- Le jour du Seigneur ne peut être omis, c'est la loi.
- Tu n'aurais pas dû mépriser la défense, mais obéir à l'ordre impérial."
La torture commence, les nerfs sont brisés, les entrailles mises à nu, la foule voit les os du martyr ruisselant de sang. Lui craignait que, à cause des lenteurs de la torture, son âme ne s'échappât dans un instant de répit.
" Je t'en prie, dit-il, Christ, exauce-moi. Je te rends grâces, Ô Dieu, ordonne que je sois décapité. Je te prie, Christ, aie pitié ; Fils de Dieu, viens à mon secours."
" Pourquoi violais-tu l'édit ?"
Le prêtre répondit :
" La loi l'ordonne... le commande.
- Cessez !", dit Anulinus, et il fit emmener le vieux prêtre à la prison.
Ce fut au tour d'Eméritus.
" Des assemblées ont eu lieu chez toi.
- Oui, nous avons célébré le jour du Seigneur.
- Pourquoi permettais-tu à ceux-ci d'entrer ?
- Parce qu'ils sont mes frères et que je ne pouvais le leur défendre.
- Tu aurais dû le faire.
- Je ne pouvais pas, nous ne pouvons vivre sans célébrer le jour du Seigneur."
On l'étendit sur le chevalet et on appela un nouveau bourreau.
" Je t'en prie, Christ, disait Eméritus, viens à mon secours.
- Tu vas contre les commandements de Dieu, malheureux."
Le proconsul l'interrompit :
" Tu n'aurais pas dû les recevoir.
- Je ne puis pas ne pas recevoir mes frères.
- L'ordre des empereurs doit l'emporter sur tout.
- Dieu est plus grand que les empereurs. Ô Christ, je t'invoque reçois mes hommages, Christ, mon Seigneur, donne-moi la force de souffrir.
- Tu as des Écritures dans ta maison ?
- J'en possède, mais dans mon coeur.
- Sont-elles dans ta maison, oui ou non ?
- Je les ai dans mon coeur. Christ, je t'en supplie, à toi mes louanges : délivre-moi, Ô Christ, je souffre pour ton nom. Je souffre pour peu de temps, je souffre volontiers : Christ, Seigneur, que je ne sois pas confondu."
" Cessez !", dit le proconsul, et il dicta le procès-verbal des premiers interrogatoires, puis il ajouta :
" Conformément à vos aveux, vous recevrez tous le châtiment que vous avez mérité."
La rage de cette bête commençait à se calmer, quand un chrétien nommé Félix, qui allait réaliser à l'instant, dans les supplices, la vérité de son nom, s'offrit au combat. Le groupe des accusés était là, toujours invincible.
" J'espère, dit Anulinus s'adressant à Félix et à tous les autres, j'espère que vous prendrez le parti d'obéir, afin de conserver la vie."
Les confesseurs dirent d'une seule voix :
" Nous sommes Chrétiens ; nous ne pouvons que garder la saine loi du Seigneur jusqu'à l'effusion du sang."
Se tournant vers Félix :
" Je ne te demande pas si tu es Chrétien, mais si tu as pris part à une assemblée et si tu possèdes les Écritures.
- La réunion, dit Félix, nous l'avons célébrée solennellement : nous nous réunissons toujours le jour du Seigneur pour lire les divines Écritures."
Anulinus, confondu, fit bâtonner Félix ; le martyr mourut pendant le supplice, mais un autre Félix lui succéda, semblable au précédent par le nom, par la foi, par le martyre. Descendu dans l'arène avec le même courage, il fut brisé comme lui sous le bâton et mourut pendant le supplice.
Vint le tour du lecteur Ampèle, à qui le proconsul demanda s'il avait assisté à la réunion :
" Je me suis réuni aux frères, j'ai célébré le jour du Seigneur, je possède les Écritures, mais dans mon coeur. Ô Christ, je te loue ; Ô Christ, exauce-moi."
On le frappa à la tête et on le reconduisit à la prison, où il pénétra comme dans le tabernacle du Seigneur.
Rogatien confessa, mais ne fut pas frappé.
Quintus, Maximien, et un troisième Félix furent bâtonnés. Pendant son supplice Félix disait :
" J'ai célébré avec dévotion le jour du Seigneur, je fus de l'assemblée avec les frères, parce que je suis Chrétien."
On le joignit aux autres dans la prison.
Saturnin, le fils du vieux prêtre, s'avança, impatient d'égaler son père :
" Étais-tu présent ?" dit le proconsul.
" Je suis Chrétien.
- Je ne te demande pas cela, étais-tu à la réunion ?
- J'y étais, parce que le Christ est mon Sauveur."
On mit le fils sur le chevalet où le père avait été étendu.
" Choisis ! Tu vois ta position. As-tu les Écritures ?
- Je suis chrétien.
- Je te demande si tu étais de la réunion et si tu as les Ecritures.
- Je suis chrétien. Le nom du Christ est le seul par qui nous puissions être sauvés.
- Puisque tu t'obstines, tu vas être torturé. Une dernière fois as-tu les Ecritures ?"
Se tournant vers le bourreau :
" Commence."
Le sang du fils se mêlait sur les crocs au sang du père. Dans ce mélange sacré l'enfant sembla trouver une vigueur nouvelle :
" J'ai les divines Écritures, dit-il, mais dans mon coeur. Je t'en prie, Ô Christ, donne-moi la force de souffrir, en toi est mon espérance.
- Pourquoi désobéis-tu à l'édit ?
- Parce que je suis chrétien.
- Cessez !", dit le proconsul, et l'enfant alla rejoindre son père.
Le jour baissait (il régnait une sorte de lassitude générale parmi les assistants et les bourreaux). Le proconsul s'adressa aux chrétiens qui n'avaient pas encore été interrogés :
" Vous voyez, leur dit-il, ce qu'ont souffert ceux qui se sont obstinés, et ce qu'il leur faudra souffrir encore s'ils persistent dans leur foi. Celui d'entre vous qui espère l'indulgence et veut avoir la vie sauve n'a qu'à avouer."
Les confesseurs s'écrient :
" Nous sommes chrétiens."
Le proconsul fit conduire tout le monde en prison.
Les femmes, toujours avides de sacrifice et de dévouement, le glorieux choeur des vierges saintes, ne devait pas être privé des honneurs de ce grand combat ; toutes, avec l'aide du Christ, combattirent dans la personne de Victoire et triomphèrent avec elle. Victoire, la plus sainte des femmes, la fleur des vierges, l'honneur et la gloire des confesseurs, de grande race, plus grande encore par sa foi et sa piété, modèle de tempérance, d'autant plus belle qu'elle était plus chaste, également belle dans son âme et dans son corps, éclatante dans sa foi et dans la perfection de sa sainteté, Victoire se réjouissait de trouver dans le martyre la seconde palme qu'elle ambitionnait. Dès l'enfance sa pureté étincelait, en ces années d'imprévoyance elle se montrait pénitente et grave. A l'âge où la virginité se voue pour toujours, afin d'échapper à la violence morale de ses parents, elle s'enfuit par la fenêtre, presque à l'heure même de ses noces, se cacha dans une grotte et coupa sa chevelure.
Le proconsul lui demanda quelle était sa foi :
" Je suis chrétienne."
Fortunatien s'efforça de la faire passer pour folle.
Victoire dit :
" Telle est ma volonté, je n'ai jamais changé."
Le proconsul :
" Veux-tu retourner avec Fortunatien, ton frère ?
- Jamais ! Je suis Chrétienne, mes frères sont ceux-ci qui gardent les commandements de Dieu.
- Réfléchis ; tu vois que ton frère veut te sauver.
- J'ai ma volonté. Je n'en ai jamais changé. Je fus de l'assemblée parce que je suis Chrétienne."
On l'adjoignit aux autres martyrs dans la prison.
Restait le dernier fils du vieux Saturnin, Hilarion, un petit enfant.
Le magistrat lui dit :
" As-tu suivi ton père et tes frères ?"
Hilarion grossit sa voix pour dire :
" Je suis Chrétien, c'est de moi-même, volontairement, que je fus à l'assemblée avec papa et mes frères."
Le proconsul essaya d'intimider l'enfant :
" Je vais te couper les cheveux, le nez et les oreilles.
- Comme tu voudras, je suis Chrétien.
- Qu'on le mette en prison.
- Grâces à Dieu."
Rq : D'après le R. P. Allard, " les détails donnés par le compilateur donatiste sur le séjour des martyrs dans la prison sont trop suspects pour que nous en puissions retenir quelque chose. Un seul fait paraît vraisemblable : Anulinus les y oublia volontairement, et, l'un après l'autre, ils moururent de faim ".
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mardi, 11 février 2025
11 février. Notre Dame de Lourdes. 1858.
" Je suis l'Immaculée Conception !"
Notre Dame à sainte Bernadette Soubirous.

Dans la Grotte de Massabiel, Notre Dame dit à sainte Bernadette
Proclamée Immaculée dans Sa Conception, le 8 décembre 1854, Marie ne devait pas tarder à montrer combien Elle agréait ce nouvel hommage de la sainte Église. Quatre ans plus tard, en 1858, elle daigna Se montrer, à dix-huit reprises, à une petite fille de Lourdes, bourgade des Pyrénées.
L'enfant, ignorante et candide, s'appelait Bernadette. La Vierge paraissait dans une grotte sauvage. Son visage était gracieux et vermeil; Elle était enveloppée dans les plis d'un long voile blanc; une ceinture bleue flottait autour d'Elle; sur chacun de Ses pieds brillait une rose épanouie. L'enfant regarda longtemps, étonnée et ravie; elle prit son chapelet et le récita pieusement. L'apparition lui ordonna de revenir.
La dix-huitième fois, Bernadette supplia la vision de Se faire connaître. Alors, l'Être mystérieux, joignant les mains devant Sa poitrine, et revêtant une majesté toute divine, disparut en disant :
" JE SUIS L'IMMACULÉE CONCEPTION !"
C'était la Sainte Vierge, patronne de l'Église et de la France, qui venait appeler Son peuple à la prière et à la pénitence.
A partir de cette époque, la ville de Lourdes devenait immortelle. L'Apparition triompha de toutes les impiétés et de toutes les persécutions. Des foules immenses sont venues, selon le désir exprimé par l'Apparition, saluer la Vierge Immaculée dans Sa grotte bénie et dans les splendides sanctuaires érigés à Sa demande et en Son honneur, sur le flanc de la montagne.
De nombreux et éclatants miracles ont récompensé et récompensent toujours la foi des pieux pèlerins ; et chaque jour ce grand mouvement catholique va croissant ; c'est par centaines de mille, chaque année, que les dévôts de Marie affluent, à Lourdes, de toutes les parties du monde.
La piété catholique a multiplié les Histoires et les Notices de Notre-Dame de Lourdes ; mille et mille cantiques de toutes langues ont été chantés au pied de la Grotte bénie; partout, en France et dans toutes les parties du monde, se sont multipliées les représentations de la Grotte de Lourdes et de sa basilique, les images et les statues de la Vierge Immaculée. Les féeriques processions aux flambeaux, les merveilleuses illuminations, les grandioses manifestations qui s'y renouvellent souvent, ont fait de Lourdes comme un coin du Paradis.

Sainte Bernadette Soubirous.
Bernadette Soubirous (Bernadeta Sobirons en Gascon), de son vrai nom Marie-Bernarde Soubiroux (Maria Bernada Sobeirons), née le 7 janvier 1844 à Lourdes, et décédée le 16 avril 1879 à Nevers, est une sainte catholique, célèbre pour avoir vu des apparitions de la Vierge dans une grotte de sa ville natale.
Ses parents, François Soubirous (1807-1871) et Louise Castérot (1825-1866), exploitent le moulin de Boly, où elle est née, jusqu'en 1854. Les Soubirous qui avaient, dit-on, fait un mariage d'amour, ont eu au total neuf enfants dont cinq sont morts en bas-âge. Bernadette est l'aînée. À cette date, l'entreprise familiale est ruinée (trop artisanale pour cette époque d'industrialisation, et sans doute mal gérée). Bernadette connaît la faim et la maladie, elle sait à peine lire et écrire. De santé fragile (elle est notamment asthmatique), elle paraît moins que son âge. Elle est par ailleurs belle fille, selon les témoignages de l'époque et comme en attestent les photographies qui ont été prises d'elle. Son sentiment religieux est déjà très fort même si elle ignore à peu près tout du catéchisme (" [...] si la Sainte Vierge m’a choisie, c’est parce que j’étais la plus ignorante !" dira-t-elle plus tard).
Les parents de Bernadette l'envoient chez sa marraine et tante, Bernarde Castérot (1823-1907), qui l'emploie comme servante à la maison et au comptoir de son cabaret.
Les Soubirous déménagent pour une cellule de l'ancienne prison de la rue Haute, surnommée Le cachot (que l'on peut visiter actuellement) et où ils logent à six dans 3,77 x 4,40 m. En 1857, François Soubirous est accusé (à tort) du vol de deux sacs de farine. Il est envoyé en prison. La famille Soubirous est dans une période de détresse noire.
Bernadette témoigne d'apparitions de la Vierge à partir de 1858. Lors de sa neuvième apparition, elle suit les indications de la Vierge et découvre une source d'eau au pied de la grotte de Massabielle, à Lourdes. Entre le 11 février et le 16 juillet 1858, la Vierge lui apparaît dix-huit fois.
RESUME CHRONOLOGIQUE

Statue de Notre Dame à Lourdes.
- Jeudi 11 février 1858. Avec sa sœur Marie (1846-1892), dite Toinette, et Jeanne Abadie, une amie, Bernadette se rend le long du Gave pour ramasser des os et du bois mort. Du fait de sa santé précaire, elle hésite à traverser le Gave, gelée, comme sa sœur et son amie. Elle est alors surprise par un bruit et lève la tête vers la grotte de Massabielle :
" J'aperçus une dame vêtue de blanc : elle portait une robe blanche, un voile blanc également, une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied."
Bernadette récite une prière, la dame disparaît.
- Dimanche 14 février 1858. Ses parents interdisent à Bernadette de retourner à la grotte. Elle insiste, ils cèdent. Sur place, elle récite des chapelets et voit apparaître la dame. Elle lui jette de l'eau bénite. La dame sourit, incline la tête et disparaît.
- Jeudi 18 février 1858. Bernadette, sous la pression d'une dame de la bourgeoisie lourdaise, demande à la dame de lui écrire son nom. Celle-ci lui répond :
" Ce n'est pas nécessaire."
Puis elle ajoute :
" Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre. Voulez-vous avoir la grâce de venir ici pendant quinze jours ?"
- Samedi 20 février 1858. La dame apprend une prière personnelle à Bernadette qui, à la fin de sa vision, est saisie d'une grande tristesse.
- Dimanche 21 février 1858. Une centaine de personnes accompagnent Bernadette. La dame se présente (à Bernadette seule) et le commissaire de police Jacomet l'interroge sur ce qu'elle a vu. Bernadette se contente de répéter :
" Aquerò." (cela).
- Mardi 23 février 1858. Accompagnée de cent cinquante personnes, Bernadette se rend à la grotte où l'apparition lui révèle un secret " rien que pour elle ".
- Mercredi 24 février 1858. La dame transmet un message à Bernadette :
" Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs ! Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs !"
- Jeudi 25 février 1858. Trois cents personnes sont présentes. Bernadette explique que la dame lui demande de boire à la source :
" Allez boire à la fontaine et vous y laver. Vous mangerez de cette herbe qui est là."
Bernadette racontera plus tard :
" Je ne trouvai qu'un peu d'eau vaseuse. Au quatrième essai je pus boire."
La foule l'accuse d'être folle et elle répond :
" C'est pour les pécheurs."
- Samedi 27 février 1858. Huit cents personnes accompagnent Bernadette. L'Apparition reste silencieuse, Bernadette boit l'eau.
- Dimanche 28 février 1858. Deux mille personnes assistent à l'extase de Bernadette qui prie, baise la terre, rampe sur les genoux. Le juge Ribes la menace de prison.
- Lundi 1er mars 1858. Mille cinq cents personnes accompagnent Bernadette, dont, pour la première fois, un prêtre. La même nuit, Catherine Latapie, une amie de Bernadette, se rend à la Grotte et trempe son bras déboîté dans l'eau de la source : son bras et sa main retrouvent toute leur souplesse.
- Mardi 2 mars 1858. La foule est très importante. La dame demande à Bernadette :
" Allez dire aux prêtres qu'on vienne ici en procession et qu'on y bâtisse une chapelle."
- Mercredi 3 mars 1858. Trois mille personnes accompagnent Bernadette. La vision ne vient pas. Plus tard, Bernadette se sent appelée et retourne à la grotte où elle demande son nom à la Dame qui lui répond par un sourire. Le curé Peyramale insiste :
" Si la Dame désire vraiment une chapelle, qu'elle dise son nom et qu'elle fasse fleurir le rosier de la Grotte."
- Jeudi 4 mars 1858. Environ huit mille personnes attendent un miracle à la grotte. La vision est silencieuse. Pendant vingt jours, Bernadette ne ressent plus l'invitation à se rendre à la grotte.
- Jeudi 25 mars 1858. L'apparition se montre à Bernadette et dit en Gascon bigourdan - la langue que parlait Bernadette -, levant les yeux au ciel et joignant ses mains :
" Que soy era immaculada councepciou."
Bernadette retient ces mots, qu'elle ne comprend pas, et court les dire au curé, qui est troublé : quatre ans plus tôt, le pape Pie IX a fait de l'Immaculée Conception de Marie un dogme, et Bernadette dit ignorer qu'elle désigne la Vierge. Le rosier n'a toujours pas fleuri.
- Mercredi 7 avril 1858. Le docteur Douzous constate que la flamme du cierge que tient Bernadette pendant l'apparition entoure sa main sans la brûler.
- Jeudi 16 juillet 1858. C'est la dernière apparition. Une palissade interdit l'accès à la grotte. Bernadette franchit le Gave et voit la vierge exactement comme si elle se trouvait devant la grotte.

L'Immaculée Conception. Vittore Crivelli. XIVe.
Le 28 juillet 1858, soit douze jours seulement après la dernière apparition, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, réunit une commission d'enquête destinée à établir le crédit que l'Église doit apporter aux affirmations de Bernadette Soubirous. Cette commission est chargée de vérifier la validité des miracles annoncés, en recueillant des témoignages divers et les avis de scientifiques ou de gens d'Église. Elle est aussi chargée d'interroger Bernadette dont la sincérité semblera " incontestable " à l'évêque :
" Qui n'admire, en l'approchant, la simplicité, la candeur, la modestie de cette enfant ? Elle ne parle que quand on l'interroge ; alors elle raconte tout sans affectation, avec une ingénuité touchante, et, aux nombreuses questions qu'on lui adresse, elle fait, sans hésiter, des réponses nettes, précises, pleines d'à propos, empreintes d'une forte conviction."
Le fait que la jeune fille répète des mots dits par la Vierge qu'elle ne pouvait pas connaître eu égard à son manque d'instruction, sera un argument décisif.
Entre-temps, la foule des pèlerins venant voir la grotte et y demander de l'aide à Marie ne cesse de croître, il vient des gens de toute l'Europe et de nouveaux témoignages de miracles s'accumulent.
" Si l'on doit juger l'arbre par ses fruits, nous pouvons dire que l'apparition racontée par la jeune fille est surnaturelle et divine ; car elle a produit des effets surnaturels et divins."

L'Immaculée Conception. Francesco Maria Schiaffino. XVIIe.
Quatre ans plus tard, le 18 janvier 1862, l'évêque rend son avis, favorable :
" Nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858 et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes ; que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire certaine. Nous soumettons humblement notre jugement au Jugement du Souverain Pontife, qui est chargé de gouverner l'Église universelle."
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